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16/12/2013

Greek crisis : Les lugubres

Quelques nouvelles de la Grèce via http://www.greekcrisis.fr/

samedi 14 décembre 2013

 

 

 


Cette semaine se termine comme tant d’autres. Les fêtes arrivent, c’est désormais certain car les rues du centre-ville sont bien animées, et... on y met de l’ambiance comme on peut. Le “gouvernement” y participe à sa manière nous prévenant que 1.676 lycées professionnels seront fermés ou fusionnés avec la nouvelle année, d’après les récents reportages. Notre aventure se poursuit et autant, certaines des dernières apparences ou alors survivances de l’ancien temps.

Place de la Constitution. Athènes, le 13 décembre

Place de la Constitution c’est le traditionnel bateau décoré qui remplace le sapin “lequel ne fait pas partie des traditions grecques”, le maire d’Athènes a bien insisté sur ce dernier point, un argument suffisant pour que l'on retienne du moins son contexte. Nous observons les décorations de saison, l’aliénation de plus en plus mal contenue des dits achats de Noel à travers l’énervement généralisé, perceptible, à chaque recoin des relations interpersonnelles, fortuites ou pas.

Ils ferment 1.676 écoles” et “60% de la population active sans travail”. Presse du 12 décembre

Rue marchande. Athènes, le 14 décembre

Les fêtes se transforment autant et à leur manière ; avant “c'était de la folie douce”, suivant l’expression naïvement consacrée, désormais, même cette folie devient amère à son tour. Et les gens lorsqu’ils s’observent, ils examinent plutôt les emplettes d’autrui comme jamais auparavant, c’est une forme de sondage ou alors sinon, un jugement rapide quant au niveau de vie ou de la mort lente ou parfois rapide, une sentence claire et décisive sur l'avenir, c’est selon.

Abri de fortune, son occupant et sa bougie. Athènes, le 13 décembre

L'Acropole. Athènes, le 13 décembre

Les abris de fortune des délogés attirent autant les regards, tel celui d’un vieil homme qui s’éclaire ou qui se chauffe à la bougie au beau milieu d’un square près de l’avenue du Pirée, l’Acropole bien en face... sans doute pour ne rien oublier. Les passants adaptent leur allure pour peut-être... anticiper le ralentissement social, restant figés juste un moment bref devant le spectacle.

Certains feront leur signe de croix accompagné d’une grimace fort significative autant de soulagement, avant de trouver le réconfort et surtout le chauffage, à l’intérieur des magasins et dans les cafés. C’est tellement mieux que la rue, même si, nos appartements sont si insuffisamment chauffés depuis déjà l’hiver 2011. Le froid, c’est inlassablement le grand sujet de conversation en Grèce ce décembre.

Moyens de chauffage. Athènes, décembre 2013

Sur une chaîne de télévision, une journaliste... analyste, a tiré à sa manière la sonnette d’alarme: “Si la Régie d'électricité remettra le courant aux plus démunis pour éviter les nouveaux morts probables, qui alors va-t-il payer la facture ? Pensons-y, c'est tout de même une SA introduite en bourse, le cours de son action baissera, ce qui affectera autant les actionnaires que les futurs investisseurs” (cité de mémoire, extraits de la bande sonore de l’émission rediffusés sur la radio Real-FM le 11 décembre).

Tout le monde attend le redoux pour qu’un certain confort revienne enfin, tandis que dans le domaine des surprises qui ne relèvent pas visiblement du temps de crise, un train de voyageurs a déraillé au centre du pays après avoir heurté un troupeau de vaches heureusement sans victimes... du côté des bipèdes que nous sommes encore.

Le déraillement. Région de Lamia, décembre 2013

Sauf que c’est le pays entier qui a déjà déraillé. Alexis Tsipras a rencontré Olli Rehn à Bruxelles cette semaine, il a offert en cadeau de Noël au commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, le texte du “Livre noir du mémorandum en Grèce”, avant de lui souhaité bon courage.

Alexis Tsipras et Olli Rehn. Quotidien “Avgi” du 12 décembre

C’est vrai que le chaos grec serait bien prévisible ou peut-être que (presque) non. Toujours cette semaine, une grenade lancée contre un centre des Impôts à Glyfada au sud d'Athènes en plein jour, n'a pas explosé, heureusement. Une vingtaine d'individus cagoulés ont saccagé les bureaux de deux avocats d'affaires qui se spécialisent aux saisies pour dettes impayées, “Vous buvez le sang du peuple”, tel fut le message laissé sur place par les inconnus, ensuite cet acte a été revendiqué par un groupe se réclamant de l’anarchisme. Détail important, les deux jeunes avocats sont les fils de Dimitris Sioufas, ancien Président au Parlement et ancien ministre au gouvernement de la Nouvelle démocratie entre 2007 et 2009. Pavlos Sioufas, cousin de Dimitris, a aussitôt démissionné de son poste de député (Nouvelle démocratie), officiellement pour des raisons de santé. Certains, prétendent qu’il supportait mal l’immoralité flagrante de cette récente activité de ses neveux.

Puis, jeudi 12 décembre, un homme a foncé en voiture sur un bâtiment où se réunissait un comité du ministère de la Culture dans le cadre de la restauration décidée après bien longtemps d'une ancienne mosquée à Athènes. Les agents du ministère ont frôlé la mort d’après les reportages. L'individu auteur de l'acte a été aussitôt arrêté, il a revendiqué son action en ces termes: “Je suis le descendant de Kolokotronis” (héros de la Guerre d’Indépendance en 1821). D'après certains reportages “cet individu souffrirait de troubles mentaux”.

Athènes, le 13 décembre

Athènes, le 13 décembre

Enfin, vendredi 13 décembre après minuit, c’est une résidence secondaire appartenant à l’ancien chef du gouvernement du PASOK, Costas Simitis qui a été partiellement détruite par un attentat à l’explosif, l’engin fut actionné à distance, ensuite les auteurs de l’attentat auraient pris la fuite en passant par la plage, d’après la presse. Ces évènements à l'apparence hétéroclite, prouvent du moins que la société grecque est en ébullition comme on dit parfois.

Les fêtes alors passeront et nos moments demeureront si graves. En attendant, le juste-mot sur les marchés c’est celui de “bazar”, autrement-dit, produits soldés, dégriffes, seconde main ou alors d’échange. Parfois, il est possible que de déguster avec parcimonie un morceau de fromage ou deux olives de Crète.

Vitrine. Athènes, le 13 décembre

Dégustation. Athènes, le 14 décembre

Sauf que sur la grande île des oliviers alors vieux de plus de deux mille ans et évidement classés, sont abattus de nuit pour se transformer en bois de chauffage.

“On abat les arbres en Crète”. Kathimerini du 12 décembre

Nos monuments ne résisteraient pas à la rapacité de la dite “dette souveraine”. Mais il y a plus grave. Une toute récente loi troïkanne permet désormais “les investissements touristiques” sur les îles jusqu’alors inhabitées de la mer Égée ou Ionienne, en violation des conventions européennes et internationales sur la protection de la nature, par exemple, Natura 2000 notamment. L’eurodéputé Kriton Arsenis (PASOK), lors d’une intervention publique à Athènes il y a un an, avait déjà qualifié de crime une telle intention.

Sur ces îlots, il subsiste un patrimoine naturel endémique, une richesse qui justement échappait à l’homme, dans la mesure où les îles plus grandes ont fini par ainsi bien connaître notre imposante présence depuis quelques milliers d’années. En cela (aussi et surtout), Antonis Samaras, Evangelos Venizélos et la Troïka (dont la Commission européenne) sont des criminels devant l’éthique planétaire et de civilisation, et de fait plus, qu’en détruisant les rapports sociaux car ces derniers nous ressemblent dans un sens et après-tout, ils seraient toujours transformables au gré des rapports entre les humains.

Antonis Samaras et Evangelos Venizélos, décembre 2013

Le pléonasme de l’austérité fait que nous sommes gouvernés par des inconscients criminels. J’observe alors cette image d’Antonis Samaras et d’Evangelos Venizélos prise sur un plateau de télévision il y a quelques jours. Ces pauvres gens paraissent alors bien sinistres, lugubres, c’est triste à regarder, on dirait même qu’ils en seraient bien malades, de leur vide... moins que du notre. C’est parfois ainsi que les pays “se terminent” autant que leurs “Unions”, au temps des lugubres et en dépit des apparences du politiquement mainstream.

Costas Arvanitis, radio 105,5, le 13 décembre

Mon ami Costas Arvanitis m’a invité vendredi 13 décembre pour une partie d’émission, en direct depuis le studio de la radio qu’il dirige, 105,5 FM “Sto Kokkino”, la radio de SYRIZA. J’ai présenté mon livre de “La Grèce fantôme”, et il a été aussi question de l’Union européenne et de l’euro.

J’ai remarqué depuis la dernière fois que les Syrizistes de la radiophonie rouge (“Sto Kokkino”, au rouge ou en rouge), ont adopté un jeune chat, “il serait probablement mort de froid et de faim dehors, ici, il est au chaud et... au rouge”. Donc tout ne serait pas encore perdu.

Animal désormais desposé (ayant un maître). Radio “Sto Kokkino”. Athènes, le 13 décembre





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