14/09/2015
Démonstration sur le terrain qu'il ne manque pas d'eau dans la vallée du Tescou
Lisle sur Tarn, 11 septembre 2015
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Démonstration sur le terrain qu'il ne manque pas d'eau
dans la vallée du Tescou
De mi-juillet à début août 2015, des partisans du projet de barrage de Sivens, notamment les FDSEA 81 et 82 et l’association Vie Eau Tescou ont mené des actions médiatiques pour faire croire que la vallée du Tescou manquait d’eau et que les agriculteurs « crèveraient » si le barrage de Sivens ne se faisait pas. Le Collectif organisait ce jour une visite de terrain avec des journalistes pour leur permettre de constater par eux-mêmes une situation très différente de l’état des réserves d’eau et des cultures. L’argumentation du Collectif s’est également appuyée sur des photos du niveau des réserves d’eau prises par ses membres entre les 29 juillet et le 16 août 2015.
Comme les experts missionnés par la Ministre l’ont reconnu dans leurs rapports, il existe déjà un stockage d’eau très important sur le bassin du Tescou : ils estiment le nombre de plans d’eau « de 185 à 198 aujourd’hui selon les sources pour une capacité cumulée de 4,3 Mm3 » et qui « captent les eaux de ruissellement et interceptent 32 % du bassin versant ». S’y ajoute le barrage de Thérondel pour 0.8 Mm3 soit un stockage existant de 5.1 Mm3. Mais surtout, les experts ont identifié que plus de 2,3 Mm3 stockés dans ces plans d’eau n’étaient pas utilisés en moyenne chaque année (rappel : le projet de barrage de Sivens était de 1.5 Mm3). L’enquête photographique menée par le Collectif cet été confirme l’analyse des experts. Sur les 31 retenues visitées, ¼ étaient totalement pleines, ¼ pleines entre 70 et 95%, ¼ autour de 40% et 65% et le dernier quart presque vide (entre 10 et 35 %). Ceci fait un taux moyen de remplissage de 66 % (entre 62 et 70 %).
Même en aval, malgré la sécheresse, les réserves d’eau restaient abondantes. Le lac du barrage de Thérondel était encore rempli à 80% à la date du 9 août ! La quantité d’eau stockée sur le bassin (à l’aval comme à l’amont) est donc supérieure aux besoins des agriculteurs, même lors d’un été sec et chaud comme en 2015. Cette offre d’eau stockée ne correspond plus à la demande, certains propriétaires et/ou irrigants n’utilisent plus leur eau alors que des voisins en ont besoin. C’est cela qu’il faut résoudre plutôt que de sacrifier des terres agricoles, une zone humide et beaucoup d’argent public en voulant créer plus de stockage. Les FDSEA 81 et 82 doivent accepter d’étudier sérieusement cette solution de bons sens pour lever collectivement les obstacles à sa mise en œuvre.
Contrairement aux propos mensongers de certains pro-barrages, la sécheresse n’a pas entraîné de mortalité piscicole anormale. Lorsque le débit est naturellement bas dans le Tescou durant l’été, les poissons vivent dans les parties les plus profondes et s’adaptent à ces conditions difficiles. Les pêches électriques menées ces dernières années par la FDPPMA 81 (mai 2014, juin 2015) démontrent une présence d’espèces aquatiques diversifiées et nombreuses.
Le 5 août 2015, lors de leur barrage filtrant sur la D999, des agriculteurs pro-barrages ont montré quelques parcelles de cultures en mauvaise état pour faire croire que les rendements, et donc l’avenir des fermes de la vallée, étaient condamnés en l’absence de barrage à Sivens. Là aussi, il suffit de parcourir la vallée du Tescou pour observer que les cultures sont dans un état tout à fait correct, très loin des parcelles « témoins » volontairement choisies (et mal travaillées pour la démonstration ?) par ces probarrages. Lors de cette opération de propagande, la parcelle de maïs « témoin », très asséchée, était située à 100 m de la réserve d’eau du même propriétaire et qui a été presque pleine tout l’été et l’est encore…
La crise que vit une majorité d’éleveurs montre bien que ce qui assure l’avenir d’une ferme est bien le revenu net que tire l’agriculteur de sa production. Des bons prix pour des productions diversifiées sur la ferme permettent aussi d’absorber des aléas climatiques. A Sivens comme ailleurs, le soutien public ne doit donc pas être accaparé par une minorité d’agriculteurs pour garantir leurs rendements. Seules des politiques publiques visant des prix rémunérateurs permettront de revenir à des fermes nombreuses et diversifiées sur le territoire. Les conseils départementaux et régionaux peuvent agir en soutenant les filières locales notamment pour fournir la restauration collective publique dont ils sont les acheteurs (collèges et lycées).
Des produits locaux et biologiques dans les écoles, les hôpitaux, etc, voilà un des leviers indispensables pour résoudre les crises agricoles et alimentaires. Plus globalement, en 2050, les neuf milliards d’êtres humains qui peupleront la planète pourraient se nourrir grâce à l’agriculture biologique. Celui qui l’affirme présentera ses arguments scientifiques lors d’une conférence publique à Lisle sur Tarn le lundi 21 septembre à 20h45 (salle des fêtes, place de la Mairie). Auteur d’ouvrages de références, Marc Dufumier est un agronome de réputation mondiale qui a observé en France et dans le monde le bon fonctionnement des systèmes agro-écologiques et les dysfonctionnements des systèmes " productivistes ". Dans la perspective des discussions qui vont bientôt se tenir sur le projet de territoire du bassin du Tescou, le Collectif invite les agriculteurs de la vallée et tous les habitants du bassin à venir à cette conférence et à débattre avec ce scientifique.
Plus de détails...
Rapport de synthèse de l'enquête menée par le Collectif
Carte interactive des retenues + photo du barrage de Thérondel le 9/8/15
Carte des retenues référencées sur le plan de la vallée du Tescou (3 pages A3)
Ce fichier vous permet d'imprimer une carte en A3
(entre l’aval du projet de barrage de Sivens
et la confluence du Tescou
avec le Tescounet)
avec, à droite de la photo, sa référence (sur le plan)
et la date de prise de la photo.
08:13 Publié dans QUAND LA BÊTISE A LE POUVOIR | Lien permanent | Commentaires (0)
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