30/05/2018
Clap de diamant pour "Trouve le verbe de ta vie"
"Un jour à la Réunion, une enseignante en lycée tombe sur un texte sur internet... elle propose à ses élèves de seconde en décrochage scolaire selon l'expression consacrée, de participer au concours Je filme le métier qui me plaît organisé par Euro-France Médias, Euro-France association et placée sous le haut patronage du ministère de l'Éducation nationale. Le président du jury s'appelle Costa-Gavras.
L'enseignante contacte l'auteur du texte pour lui demander l'autorisation de l'utiliser. Quelques semaines plus tard, un film de trois minutes est né. Le film est sélectionné parmi plus de 2061 candidatures. Sur leur lancée, l'enseignante et les élèves organisent une cagnotte pour financer le voyage à Paris de ces onze adolescents. Ils y arrivent. Neuf mille kilomètres plus tard, le 22 mai, la cérémonie accueille les 656 participants. Au programme de ces trois heures : claps de bronze, d'argent et d'or. Les élèves ont déjà les étoiles pleins les yeux de deux jours de la capitale métropolitaine. Ils sont sans doute bien fatigués et tendus. Leur film n'a pas été appelé. La cérémonie est bientôt terminée. Le clap de diamant, meilleure réalisation toute catégorie confondue, l'équivalent de la Palme d'Or à Cannes est décerné à ... Trouve le verbe de ta vie. Leur film.
Partout dans les écoles, des enseignant comme Martine Nourry se battent au quotidien pour sortir les élèves de l'étau dans lequel bien souvent, on veut les enfermer. Pour leur remettre des étoiles dans les yeux, leur relever le menton et leur dire de marcher leur route, avec toutes les bifurcations autorisées. Leur remettre entre les mains le mot possible qu'on leur a si souvent confisqués, et qu'ils n'osent plus arracher à la société.
Quant à l'auteur du texte, le trophée qui lui a été décerné est celui de la plus belle émotion qu'un créateur puisse ressentir : voir son texte vivre en dehors de lui. Ce qui au départ n'était qu'une lettre postée sur internet qui cherchait à exprimer ce qui semblait ne pas se dire, devient une idée qui traverse des mers, et surtout des océans de résignation et d'habitudes. Il lui faudra encore bien des Martines pour arpenter la route... et bien d'autres passeurs.
Alors n'hésitez pas ! Ce texte* est pour vous.
Merci !
Sarah Roubato"
*Lettre à un ado : trouve le verbe de ta vie, une des lettres de Sarah Roubato postée sur internet
Le film :
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25/05/2018
Ma Patagonie de Guénane
La sirène étoilée, novembre 2017
47 pages, 12 €.
« le bout du monde ressemble au début du monde »
Ce recueil est un hommage, un magnifique et poignant hommage à une terre et à ses habitants disparus.
« L’horizon les dents du vent
aimantent les solitaires
les rêveurs de rupture
ceux qui ne craignent de se rencontrer »
C’est ainsi qu’il faut comprendre le « ma » devant Patagonie : non pas une appropriation conquérante des lieux, pas comme un adjectif possessif donc, mais comme la perception très personnelle de l’auteur au-delà de ce qui se donne à voir aujourd’hui.
Devant l’immensité des paysages, la puissance de leur mémoire et leur beauté qui raconte ce qui fut, elle s’incline avec humilité et une grande sensibilité.
« savoir se taire quand on écrit »
Ce n’est pas le premier recueil de Guénane qui évoque la Patagonie, mais ici elle s’attache avec les maigres outils du poète — « en poésie aucun mot n’est cloué/ il n’a aucune prise » — à rendre âme et justice aux premiers habitants de ces terres :
« Indiens Tehuelche
nomades aux empreintes géantes
onze mille ans de présence
(…)
civilisation Évangiles tourments
hommes blancs qu’ils voyaient roses
les Yámana s’éteignirent en 15 ans
(…)
1839 « Créatures abjectes et misérables »
Darwin écrit dans son Journal
(…)
Indiens Ona
(…) 1880 carnage
Ona tous traqués immolés
Aucun exil possible sur une île
Toutes ces vies horriblement massacrées et l’arrogante bêtise des « découvreurs ».
(…)
Je voyage en silence
Dans la témérité des traces
Une main posée sur la grotte du cœur. »
Rendre justice aussi aux animaux en péril :
« je regarde cabrioler les baleines
dans un golfe de maternité
(…)
elles sombrent jaillissent
trente tonnes de graisse
de grâce
saluent le ciel replongent »
et à la nature défigurée :
« espérer que son souffle survive
sous les talons du tourisme
(…)
Lointain Sud engagé
dans la prolifération assassine
de nos inutilités ».
Ainsi l’auteur a su capter, non seulement les paysages, mais leur essence même, visions d’un monde disparu. Elle parvient à transmettre au lecteur tout le respect qu’ils lui inspirent, sans tomber dans l’aveuglement d’un romantisme exacerbé, bien au contraire, sa lucidité est vive et aiguisée comme le vent d’été austral « qui garde trace des sauvageries polaires ».
« la Patagonie épineuse érafle
les images faciles
mais elle attire
ses dix millions d’années apaisent
les esprits trop griffés
rassurent les insatiables
les soiffards d’horizon
(…)
La Patagonie c’est elle qui vous explore
ouvre vos brèches fouille votre cœur. »
Ma Patagonie a clairement une dimension écologique et politique engagée. Tout territoire a une histoire, celle de cette « Terre des feux éteints/des rêves consumés » est particulièrement cruelle.
« la colère du vent vient de loin
dans sa voix mugissent des ombres. »
Histoire d’un monde disparu :
« si aujourd’hui les chevaux fiscaux
hennissent sur la piste
la mémoire agrippe les cavaliers du passé
soudés à leur monture ponchos au vent
ils avaient des ailes. »
Et d’un monde sur le point de disparaître sous l’avancée d’un prétendu progrès :
« Le vent happe les dépotoirs sauvages
plaque les plastiques aux buissons
nos indestructibles macromolécules»
et d’un tourisme de masse, « paisible ravage ».
« si tu prononces
Humains
pourquoi cette impression toujours
que s’annonce un déclin ? »
(…)
comment fait-elle l’Histoire
avec ce perpétuel goût de l’échec en bouche
d’où tient-elle cet estomac d’acier ? »
Notre propre histoire finalement, à toutes et tous.
« Si ta mémoire mesure le temps
évite la dangereuse nostalgie
se pencher à la portière de sa vie
c’est déjà la Patagonie »
(…)
Nous gardons tous en nous des lieux que jamais
Nous ne foulerons le cœur tiède »
Ma Patagonie, incontournable.
Cathy Garcia
Guénane est née le 26 juillet 1943 à Pontivy (Morbihan), sa famille ayant quitté la ville de Lorient bombardée par les Alliés. Elle ne se souvient pas avoir appris à lire et à écrire. Elle a commencé à étudier le violon à 7 ans. Elle a grandi au bord du Blavet, un fleuve marin, et a vite compris que chacun porte en lui ses propres marées. Dans les années 1960, elle fait des études de lettres à Rennes ; elle fait aussi partie de la petite troupe de théâtre du Cercle-Paul-Bert et déclame avec le groupe Poésie Vivante de Gilles Fournel, le mot Résistance avait alors son sens fort. Le 24 juillet 1964, avec le poète avignonnais Gil Jouanard, elle rencontre René Char, chez lui, à L'Isle-sur-la-Sorgue, une rencontre intense. Son premier recueil, paru aux éditions Rougerie en 1969, s'intitule Résurgences, un mot emprunté à René Char. Resurgere / renaître ; insurgere / s'insurger : toute sa démarche d'écriture est contenue dans ces mots. Renaître toute la vie à sa manière. Elle a enseigné à Rennes puis elle a longtemps vécu en Amérique du Sud. Années de dictature mais aussi avec la sensation d'avoir foulé les derniers arpents du paradis originel avant l'emballement économique mondial. Elle vit là où le fleuve d'origine qui lui enseigna le large se jette dans l'océan. Dans Un Fleuve en fer forgé (Rougerie), elle évoque son enfance auprès du Blavet en termes durs et implacables. "On ne repeint pas ses lieux d'enfance" dit-elle. Dans La Ville secrète (Rougerie) et La Guerre secrète (Apogée), elle évoque Lorient sous les bombes. Son roman Dans la gorge du diable (Apogée) se déroule dans les dictatures sud-américaines des années 1970-80. Demain 17 heures Copacabana (Apogée) se situe au Brésil dans les années 1970-80. L'Intruse, roman historique (Chemin Faisant) plonge dans le 19 e siècle, du second Empire à la guerre de la Triple-Alliance, l'épopée la plus sanglante de toute l'Amérique du Sud. Le titre de son recueil Couleur femme a été pris comme thème du Printemps des Poètes 20101.
Dernières publications poétiques : Tangerine éclatée, livret, collection La Porte, 2017 ; En Rade 4, brèves de cale illustrées par Pascal Demo et Killian Duviard, édition associative Chemin Faisant, 2017 ; Atacama, éditions La Sirène étoilée, illustrations Gilles Plazy, 2016 ; Le Détroit des Dieux, livret, collection La Porte, 2016 ; La Sagesse est toujours en retard, Éditions Rougerie, 2016 ; Au-delà du bout du monde, livret, collection La Porte , 2015 ; En Rade 3, brèves de cale, illustré par NicoB, édition associative Chemin Faisant, 2015 ; L'Approche de Minorque, livret, collection La Porte, 2014 ; Un rendez-vous avec la dune, Éditions Rougerie, 2014.
10:35 Publié dans CG - NOTES DE LECTURE | Lien permanent | Commentaires (0)
Martin Gusinde - L’esprit des hommes de la Terre de Feu, Selk’nam, Yamana, Kawésqar
Dans cette vidéo, Xavier Barral nous raconte l'histoire de ce projet : de la découverte des images de Martin Gusinde en Terre de Feu jusqu'à la réalisation avec Christine Barthe du livre et de l'exposition "L'esprit des hommes de la Terre de Feu, Selk'nam, Yamana, Kawésqar" (Éditions Xavier Barral, 2015).
À travers quatre voyages en Terre de Feu entre 1918 et 1924, le photographe et missionnaire allemand Martin Gusinde est l’un des rares occidentaux à vivre parmi les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar et à être introduit au rite initiatique du Hain. Les 1200 clichés qu’il rapporte constituent un témoignage unique sur ces peuples aujourd’hui disparus.
Disparus c'est à dire massacrés....
À partir de 1880 les estancieros ou propriétaires terriens, en grande partie d'origine britannique, commencèrent la colonisation du territoire selknam. Leurs territoires qui auparavant étaient un espace libre pour ces chasseurs nomades, furent parsemés de clôtures. Beaucoup de Selknams brisèrent les clôtures et chassèrent, pour se nourrir, les ovins importés, qu'ils appelèrent les «guanacos blancs». Ce fut le prétexte pour la mise en route d'un génocide oublié et volontairement ignoré. Les habitants ancestraux de la Terre de Feu furent dès lors chassés comme des bêtes et exterminés, enfants et bébés inclus. Les riches estancieros reçurent l'appui de troupes régulières de l'armée argentine et de tueurs à gage. Les valeureux indigènes de l'île essayèrent bien de se défendre. Mais leurs arcs et leurs flèches étaient dérisoires face à des fusils. Quelques-uns survécurent dans des missions salésiennes. Peu après, des épidémies dues aux maladies contractées auprès des blancs achevèrent la sinistre besogne... Au fil des décennies, les quelques survivants disparurent. L'une des dernières Ona, appelée Ángela Loij, mourut en 1974. Le dernier représentant du peuple Selknam est décédé en 1999.
Voir aussi :
http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2016/03/12/femm...
10:34 Publié dans PEUPLES PREMIERS | Lien permanent | Commentaires (0)
17/05/2018
Key M. - Journée contre l'homophobie et la transphobie
13:14 Publié dans AGIR, RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (0)
03/05/2018
Traction Brabant 78
14:01 Publié dans CG - PUBLICATION EN REVUES | Lien permanent | Commentaires (0)
01/05/2018
Appel - Collecte solidaire pour publication d'Après le déluge de Jean Monod
« Après le déluge » – le nouvel essai d'anthropologie historique de Jean Monod – Collection Éclipses – à publier
Présentation du projet
Le second volume de l'étude de Jean Monod sera un livre dense de 320 pages au format A5 dont la couverture et la tête de chacun des huit chapitres seront illustrées en noir et blanc par Gwenaëlle d'Azémar.
Origine du projet
L'anthropologue Jean Monod a commencé une série de réflexions sur la conjonction des pouvoirs entre doctrinaires et guerriers. “Du pillage au don”, rédigé en 2014 avec Diane Baratier, révélait cette évidence que partout où ils sont apparus, les États se sont imposés par la force armée : les populations sont réduites au travail ou préparées à des guerres de conquêtes.
Cette critique de l'idée de civilisation s'est poursuivie fin 2015 avec “OURANOS – les trois fonctions de la religion dans l’État”. Par sa connaissance des mythologies, Jean Monod y prouvait que, dans un État, la religion a la triple fonction de sacraliser le pouvoir, d'aliéner les consciences et de mythifier l'histoire.
Son prochain opus décrypte les mythes du Déluge. Ceux-ci travestissent les guerres de conquêtes en cataclysmes naturels. L'endoctrinement des populations repose sur les certitudes de l'histoire réécrite de leurs ancêtres et de l'occupation des terres.
Le 27 juillet 2018, jour de l'éclipse lunaire totale, sera lancé sous ce titre d'APRÈS LE DÉLUGE, le second volume de la collection “Éclipses” lancé par Jean Monod dans la perspective de traiter ces périodes que les historiens officiels préfèrent négliger, où les sociétés ont su évoluer sans armée, sans église et sans police.
A quoi servira l'argent collecté ?
Les sommes collectées devraient pouvoir financer l'illustration, l'imprimerie et le lancement de l'ouvrage, respectivement : 500, 3 000 et 500 €
Notre équipe
L'auteur Jean Monod, l'éditeur Jean-Jacques M’U, l'illustratrice Gwenaëlle d'Azémar, la correctrice Sophie Lauys, le maquettiste Denis Masot.
https://www.helloasso.com/associations/abc-editions-ah-bi...
14:37 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)