04/11/2008
Tchernobyl génétique
La contamination génétique du maїs dans la province de Chihuahua au Mexique est une nouvelle gravissime et met une fois de plus en exergue les méthodes les plus basses auxquelles sont disposées Monsanto et les multinationales de la biotech pour s’emparer de l’agriculture, de l’alimentation et de la souveraineté du Mexique.
En Septembre déjà, la Sargapa, le ministère mexicain de l’Agriculture, avait reconnu l’existence d’une plantation illégale de 70 hectares de maїs transgénique à Chihuahua, tout en annonçant qu’elle prendrait des mesures pour sanctionner cet acte. Une mesure tardive et hypocrite puisque cela fait déjà plus d’un an que le Frente Democrático Campesino de Chihuahua (FDCCh) et El Barzón, avec l’appui de Greenpeace, avaient détecté et dénoncé les cultures illégales dans l’Etat du Chihuahua mais le gouvernement n’avait rien fait (voir cet article). En fait, il a fait beaucoup. Les autorités du Sargapa ont initié une campagne interne en faveur des OGM afin d’obtenir des autorisations pour Monsanto et la mise en culture de son maїs transgénique, ce qui reviendrait à légaliser a posteriori la contamination. Greenpeace a même dénoncé le ministère de l’Agriculture pour avoir réalisé illégalement des essais d’OGM en plein champ, alors même que la loi Mexicaine l’interdit.
Cette fois la fraude est encore plus grave. Selon des témoignages de producteurs locaux recueillis par la FDCCH, les vendeurs de semences de la région auraient re-emballé plus de 3000 sacs de graines de maїs pour y mélanger illégalement des graines transgéniques. Les organisations de protection de l’environnement estiment que la contamination génétique pourrait toucher jusqu’à 25000 hectares de culture.
Il s’agit d’un véritable Tchernobyl génétique puisque le Mexique est le centre historique et originel du maїs, sa contamination pourrait avoir des effets potentiellement destructeurs non seulement pour le pays et sa biodiversité mais il s’agit aussi, comme le pointe Victor Quintana de la FDCCH, « d’un coup féroce contre l’agriculture paysanne et indigène». Le maїs est cultivé par les populations mexicaines et indigènes depuis plus de 10 000 ans, il est le coeur de leur économie, de leur autonomie et de leur culture.
Mais quel est l’intérêt de mélanger des graines transgéniques avec les semences traditionnelles alors que les graines transgéniques sont plus chères ? Cette fraude serait vraiment le pire coup économique en terme de rentabilité. Malheureusement, le but de cette fraude n’est pas de s’enrichir dans l’immédiat, non, cette fois il s’agit de la volonté délibérée de provoquer une contamination généralisée des semences de maїs pour en forcer la légalisation de fait et ouvrir un nouveau marché pour les semences transgéniques, qui sera cette fois très lucratif pour Monsanto.
La contrebande et la contamination intentionnelle font parties du répertoire de Monsanto qui, non content de contrôler 87% du marché des semences transgéniques, cherche à s’imposer par tous les moyens dans les pays récalcitrant aux OGM. C’est ainsi que le soja transgénique a déjà été introduit illégalement au Paraguay et au Brésil, pour créer une situation de fait ne laissant plus aucun choix aux gouvernements sauf celui légaliser les cultures (voir cet article). Une fois cette formalité entérinée, Monsanto se retourne alors contre l’Etat et les producteurs pour réclamer les royalties qui lui sont dues au nom des brevets qu’elle possède. Une situation qui ne manquera pas de se reproduire au Mexique.
Pour Monsanto, il est fondamental de contrôler le marché mexicain du maїs puisque il s’agit du quatrième producteur mondial. Bien que l’entreprise dispose aussi de semences non transgéniques, avec de meilleurs rendements d’ailleurs, elle veut vendre son maїs GM à tout prix car ses semences sont sous brevet ce qui justifie un prix plus élevé et permet d’empêcher la conservation des semences pour la saison suivante. Monsanto n’oubliera pas de vendre au passage quelques milliers de litre de Roundup aux agriculteurs mexicains.
L’assaut des entreprises de biotechnologie contre le marché des semences est un véritable acte de vandalisme. Alors qu’il y a moins de quarante ans, les semences circulaient librement et étaient encore dans les mains des paysans ou d’institutions publiques, aujourd’hui 82% du marché des semences commerciales est sous le régime de la propriété intellectuelle (Brevet ou Certificat d’Obtention Végétale). De ces 82%, Monsanto, Syngenta y DuPont contrôlent quasi la moitié (47%) du marché mondial.
La collaboration – par action ou inaction- dont font preuves les autorités mexicaines à l’égard de ces multinationales, pour les aider à mettre la
main sur le maїs et la vie des habitants du pays, est un véritable crime historique. En un mandat, ce petit groupe de fonctionnaires se prétend en droit d’offrir à six entreprises multinationales non seulement l’héritage de 10 000 ans de culture et de traditions des peuples d’Amérique centrale mais aussi la souveraineté alimentaire du Mexique.
Cependant la majorité du patrimoine des espèces de maїs (rouge, noir,…) reste dans les mains des peuples indigènes qui les ont créées. Comme l’ont déjà annoncé les organisations du Chihuahua et beaucoup d’autres « s’ils continuent de nous pousser à bout, il ne nous restera d’autre solution que de nous lancer à l’assaut des champs infestés par les transgéniques. »
Source : Journal La Jornada (Mexique), 11 octobre de 2008 par Silvia Ribeiro Grupo ETC
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Venezuela : la révolution des femmes
RIDENOUR Ron
Tchou tchou tchou
Chug, chug, chug
Che Che Che
QUOI ? C’est bien ça ? J’ai entendu "Che" ?
Emergeant d’un rêve liturgique ou réveillé par des slogans révolutionnaires, je repousse mes draps, enfile mon kimono, descends les escaliers quatre à quatre et je sors dans la nuit noire. Des slogans scandés à l’unisson m’attirent jusqu’au coin de la rue. Des gens qui luttent pour la cause avec un fervent enthousiasme. Mes jambes avancent rapidement maintenant, me portant jusqu’à la révolution toujours en marche permanente. Les slogans sont amplifiés ou étouffés selon le sens du vent.
Ron ! Arrête-toi ! Tout de suite ! Tu sais que tu cours dans la rue en kimono ? Les gens ne vont pas comprendre. Les slogans se sont éloignés maintenant et si tu rattrapais ceux qui les scandent que ferais-tu et quelle réaction auraient-ils en te voyant ? Peux-tu rejoindre leur cercle, toi l’homme aux cheveux gris en kimono bleu et en sandales ? Ils seraient perplexes ou offensés. Personne ne comprendra que c’est l’émotion d’entendre des slogans révolutionnaires qui t’a poussé jusque là.
Je reviens sur mes pas. La nuit est plus claire maintenant. J’enfile un pantalon et un t-shirt et je ressors en courant, toujours dans la semi pénombre. Les voix à l’unisson sont plus ou moins intenses. Il me vient alors à ’idée que ces gens sont catholiques et que certains ils sont peut-être en train de chanter un cantique en choeur. J’aperçois un homme devant un bâtiment public encore fermé et je lui demande ce qui se passe. Est-ce que ces chants ont quelque chose à voir avec des esprits évangéliques ou bien la future commémoration prochaine de la victoire à La Victoria, en 1814, bataille menée par des étudiants de l’université et du séminaire sous le commandement du Général José Félix Ribas ?
"Non", répond-il en riant tout bas, "ce sont des soldats qui font leur entraînement matinal".
Diego m’avait un jour présenté à un sergent à la base d’entraînement militaire situé à l’orée de la ville. La base préparait un spectacle de jeunes beautés pour la "journée de la jeunesse", et qui fait partie de la politique de solidarité avec la communauté de l’armée. La fille de l’ami(e)) de Diego participait au concours de beauté qui élirait la "Reine de La Victoria" et il m’avait invité à y assister.
Le lendemain de ma folle escapade, je suis entré, mal à l’aise, dans la cour de la base pour assister au spectacle.
Partout, il y avait de belles adolescentes juchées sur des talons hauts, vêtues de robes blanches, leurs fesses rondes mouvantes, leurs seins bien remontés dans des décolletés plongeants, qui caressaient nerveusement leurs longs cheveux noirs. Le public tournait dans la cour ou s’était installé sur des chaises pliantes, beaucoup buvaient la boisson des escadrons de la mort colombiens, du coca. Les garçons et les pères avaient les yeux rivés sur les jeunes filles et les mères souriaient avec fierté.
Les êtres humains sont pleins de contradictions. Les concours de beauté machos sont toujours populaires.
D’autre part, Maria Leon, présidente de l’Institut National des femmes affirmait dans une interview le jour de la Journée de la Femme : "C’est la révolution des Femmes". Le jour même, le président Chavez annonçait un nouveau ministère de la condition féminine et nommait Mme Leon ministre. Il n’y a aucun lien de parenté avec Rosa Leon qui n’était d"’ailleurs même pas née quand Maria a pris les armes aux côtés des camarades du parti communiste contre le régime répressif de Romulo Betancourt dans les années 60.
Dès l’été 2008, le nouveau ministère avait des représentants dans la plupart des localités, pour mettre en place les programmes récemment créés en faveur des femmes, dont Banmujer – la seule banque nationalisée au monde réservée aux femmes. Elle a été créée le jour de la journée des femmes en 2001 et a depuis accordé des prêts modestes à deux millions de femmes, qui servent essentiellement à les aider à créer leur propre entreprise pour leur permettre de se sortir de la pauvreté et de participer à la société. Le ministère s’occupe également de Meeting Points (Points de Rencontre) et de Madres del Barrio (Mères du Barrio). La mission "les Mères du Barrio", qui a débuté en 2006, offre un salaire mensuel (80% du salaire minimum) aux mères démunies qui n’ont pas d’emploi à plein temps.
Le droit de vote des femmes a été accordé tardivement au Venezuela, en 1946. Mais ce n’est pas avant les modifications de la Constitution en 1960 que les femmes ont obtenu officiellement l’égalité devant la loi. Et, ce n’est que dans les années 80 que les femmes ont eu le droit de décider d’elles-mêmes, comme, entre autres signer des documents officiels sans l’accord de leur mari ou de leur concubin. Les femmes ont commencé à s’organiser pour réclamer l’égalité des droits dans les années 70, mais la plupart des actions portaient sur des questions cruciales, comme, par exemple, le droit à l’avortement. Il y avait peu de femmes dans la sphère publique avant que Chavez n’arrive au pouvoir. L’Assemblée nationale de 1997, par exemple, ne comportait que 6% de femmes.
Avec la victoire électorale de Chavez en 98, a été lancée une nouvelle campagne constitutionnelle qui incluait les droits des femmes. Des milliers de propositions ont sitôt été envoyées par les organisations féministes. La nouvelle constitution de décembre 1999 était la seule au monde rédigée en des termes non sexistes, à savoir que le féminin et le masculin sont tous deux utilisés pour parler de métiers ou de titres, cette Constitution ayant été appelée "Magna Carta non sexiste", parce qu’elle donne aux femmes les pleins droits et les avantages dans tous les domaines. Toute forme de discrimination dans le cadre privé est également proscrite.
Dans la première assemblée nationale sous le gouvernement Chavez, le nombre de femmes députées a été multiplié par deux et depuis, par trois. Les femmes représentent 38% de la population active et 56% des diplômés de l’université. Six femmes ont accédé au grade de général. Six des 15 membres du comité exécutif du Nouveau Parti Socialiste du Venezuela sont des femmes. Il y a 11 femmes ministres, qui représentent 40% des 29 ministères. Et plus extraordinaire encore : 4 sur les 5 postes clés du gouvernement sont tenus par des femmes. Aux côtés de Chavez, chef de l’exécutif, ce sont des femmes qui président l’Assemblée Nationale, le Conseil Électoral National, le Bureau des droits de l’homme et la Cour Suprême.
Inspirée par l’actuelle présidente de la Cour Suprême, présider la Cour S…. est une des ambitions de Rose Leon. Même si elle, et probablement la plupart, si ce n’est toutes, les miss du concours de beauté, cherchent l’égalité et le pouvoir, cela ne les empêche pas de perpétuer certaines prérogatives féminines traditionnelles en portant de la dentelle rose. Rosa, par exemple, s’offre le luxe (ou l’affectation) d’avoir ses propres WC dans des bureaux où travaillent des dizaines d’employés de la mairie. Il y a deux WC mais un seul est à la disposition des employés et des visiteurs. Une pancarte sur une des portes indique que cet endroit est réservé à son usage exclusif. Incapable de résister à la tentation, j’y suis allé. La lumière était éclairée (ce à quoi tient absolument une femme de ménage de façon à ce que Rose n’ait pas à appuyer sur l’interrupteur) et le siège des toilettes était recouvert de tissu rose ; une serviette de toilette rose était accrochée près du lavabo d’une extrême propreté. Rien ne jurait, à part ma présence, ce que l’attitude de la femme de ménage m’a fait clairement comprendre au moment où je sortais.
Au cours des deux mois que j’ai passés à étudier la Révolution au Venezuela, chaque fois que je parlais avec des travailleurs ou des syndicalistes, j’avais affaire à une majorité de femmes. Les femmes noires militent plus souvent dans les organismes politiques et les associations locales que les hommes, comme c’est le cas pour les femmes indigènes, qui représentent les quelque 50 tribus du pays ou participent activement au mouvement. Elles font partie de Mission Guaicaipuro, le programme mis en place pour restaurer les titres de propriété des terres et les droits d’un demi million de peuples indigènes.
Je n’ai pas été témoin de violences machistes sur des femmes et la plupart des femmes accompagnées ne semblaient pas intimidées ou d’avoir peur de parler. En fait, la plupart avaient un franc-parler et n’avaient aucun gêne à présenter d’autres aspects de leur personnalité, tels que des hanches ondoyantes ou des poitrines avantageuses, autant de visions agréables pour les yeux du petit lubrique que je suis.
Certes, la violence contre les femmes existe, en particulier les violences conjugales. Et il y a des viols et de la prostitution aussi. Les prostituées ont droit à des examens médicaux gratuits de dépistage de maladies vénériennes dans les cliniques locales. Les prostituées ne sont pas poursuivies en justice. Beaucoup de juges sont des femmes. Le nouveau ministère de la Condition Féminine s’occupe à la fois de la violence envers les femmes et de la prostitution grâce à la diffusion d’informations, aux conférences aux "Meeting Points" communautaires et aux services d’assistance téléphoniques destinés aux femme s victimes de violences conjugales.
La révolution bolivarienne est une véritable transformation pour les femmes, un pouvoir que la moitié de la population n’est pas près de laisser filer.
Ron Ridenour
Traduction par des Bassines et du Zèle pour Le Grand Soir http://www.legrandsoir.info
ARTICLE ORIGINAL
The Revolution of Women : http://www.dissidentvoice.org/2008/10/sounds-of-venezuela-part-4/
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03/11/2008
Communiqué de Thierry Lamireau, auteur du film « URANIUM EN LIMOUSIN »
Les vaches pondent des œufs
Les poules ont des dents
Les déchets RADIOACTIFS
En LIMOUSIN et ailleurs
Sont SANS DANGER…
Ou comment redire quelques vérités oubliées.
En France, l’extraction de l’uranium destiné aux centrales nucléaires a engendré plus de 60 millions de tonnes de déchets radioactifs qui contiennent encore 80% de l’activité radioactive initiale. Environ 200 sites d’extraction d’uranium ont été exploités sur 25 départements.
Plus de 70 000 tonnes d’uranium ont été extraites entre 1946 et 2001. Les principaux gisements se situaient dans le LIMOUSIN, le FOREZ, la VENDEE, la LOZERE et l’HERAULT.
De nombreux rapports ont montré une pollution majeure des eaux, des sols et de l’air (gaz radioactif radon) dans toutes ces régions à cause de l’exploitation de l’uranium.
L’on trouve, sur et dans ces sites, toutes sortes de produits radioactifs et chimiques : les déchets des mines, des matériaux contaminés de centrales nucléaires, des déchets militaires, de l’uranium « appauvri », etc.
L’activité de l’uranium 238 est en moyenne de 40 Becquerels par kilogramme dans l’écorce terrestre, 200 Bq/kg dans un granite « classique » et de l’ordre de 25 000 Bq/kg dans un minerai dont la teneur en uranium est de 0,2%.
Toucher à « l’équilibre séculaire » par l’extraction et l’exploitation du minerai uranifère puis de l’uranium conduit à manipuler des substances radioactives qui ont des caractéristiques très pénalisantes en termes de radioprotection. Ce sont, en effet, des radionucléides dits à très longue période : 4,5 milliards d’années pour l’uranium 238, 345000 ans pour l’uranium 234, 76000 ans pour le thorium 230, 1600 ans pour le radium 226 par exemple.
Libéré en grande quantité par l’activité minière, le gaz Radon 222 peut parcourir des milliers de kilomètres en quelques jours sans jamais trop s’éloigner de la surface du sol à cause de sa pesanteur. Le radon sort aussi en grande quantité des montagnes de résidus miniers (les « stériles » dit AREVA/COGEMA) radioactifs entassées à proximité des mines.
Le radon se désintègre en sous produits appelés les produits de filiation. Absorbées par le corps, ces substances peuvent provoquer des cancers, des maladies du sang, des problèmes cardio-vasculaires, des troubles rénaux, des problèmes de reproduction, etc.
Le radium 226 est un autre sous produit de l’uranium en désintégration. C’est un métal lourd radioactif. En dépit de son caractère dangereux, il est rejeté en totalité dans les résidus miniers alors qu’il est classé «très radiotoxique». Le plomb 210 et le polonium 210 figurent parmi les radionucléides les plus radiotoxiques par ingestion (égale ou supérieure à celle du plutonium 239). Le thorium 230 se trouve dans la liste des radionucléides les plus radiotoxiques par inhalation (égale ou supérieure à celle du plutonium 239).
Le CEA, puis COGEMA/AREVA, fleuron du nucléaire français, sont parvenus, depuis le début de l’exploitation de l’uranium en France jusqu’à nos jours, à passer entre les gouttes de plus de 93 arrêtés préfectoraux et n’ont jamais écopé du moindre procès-verbal en matière d’environnement !
L’histoire de l’uranium en France (et ailleurs) est l’histoire d’une odieuse supercherie.
Face à l’arrogance de COGEMA/AREVA, devant la complicité de l’Administration, confronté à la frilosité, l’ignorance, la culpabilité des élus locaux qui restent dans une culture ancienne du secret « moins on parle des sites miniers radioactifs, mieux c’est », obligé de constater que les médias nationaux et l’Etat font l’impasse sur un dossier majeur de Santé Publique, il faut redire et dénoncer ce qui se passe encore actuellement.
Alors que des Associations de défense de l’environnement indiquent comme COGEMA « que le risque pour l’homme est quasiment inexistant », alors que d’autres Associations s’inquiètent de pollutions futures liées aux stockages de déchets radioactifs comme les déchets « faiblement » radioactifs « à vie longue » (cf. les 3115 communes contactées par l’Administration française), il faudrait à nouveau prendre conscience que depuis l’après-guerre, et ce pour encore des milliards d’années, des régions françaises et les sites miniers de nombreux pays étrangers subissent une pollution majeure alors même qu’aucune étude épidémiologique n’a encore été réalisée sur les populations !
En France, le GEP, Groupe d’Expertise Pluraliste, a été officiellement créé fin 2005.
Le GEP LIMOUSIN est composé de divers groupes de travail composés de multiples membres appartenant à l’Administration, à l’Institut national de Veille Sanitaire, COGEMA/AREVA, à quelques Associations ou nommés pour leur appartenance à des organismes étrangers.
Le GEP a été constitué à la demande des ministres en charge de l’environnement, de la santé et de l’industrie.
L’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) collabore activement aux travaux dont des rapports d’étape en 2007 et 2008 ont retransmis certaines informations.
Je cite volontairement un long passage du document de l’IRSN :
« Les résultats obtenus ont conduit à proposer des pistes d’améliorations du système de gestion et de maîtrise des impacts envisagé par AREVA NC dans le cadre de la surveillance à moyen terme des sites. Ces pistes ont été déclinées en actions de réduction des impacts à court terme, en actions de surveillance et en actions liées au besoin de connaissance. Parmi les actions de réduction des impacts, on peut citer la réduction des rejets non canalisés et plus particulièrement ceux issus du lessivage des stériles miniers déposés en bordure de cours d’eau ou encore la mise en œuvre de traitements pour réduire la teneur en uranium dans les rejets. Concernant la surveillance, des propositions ont été faîtes pour répondre à trois types d’objectifs : accroître la connaissance sur l’écoulement des eaux au sein des entités minières (galeries des travaux miniers souterrains, mines à ciel ouvert, ruissellement,…), suivre les rejets et les impacts associés en termes de marquages environnementaux et enfin acquérir des données nécessaires pour la réalisation des calculs d’impact. Dans son analyse critique, l’IRSN s’est également attaché à évaluer la méthodologie retenue par AREVA NC pour caractériser l’impact des anciens sites miniers du LIMOUSIN sur les populations.
De ce point de vue, l’examen des hypothèses et données utilisées par AREVA NC conduit à recommander tout d’abord un recentrage de l’effort de surveillance sur les données réellement pertinentes. Ainsi, la surveillance de la radioactivité des eaux potables distribuées dans les villages voisins des sites miniers, telle qu’envisagée par AREVA NC, n’apparaît pas toujours justifiée et les mesures correspondantes pourraient être abandonnées à condition de confirmer de façon indiscutable que les points de captage d’alimentation en eau potable se situent à l’abri de toute influence des sites miniers. A contrario, la surveillance effectuée sur les denrées alimentaires produites localement nécessite d’être renforcée.
Une amélioration de la précision des mesures et une meilleure représentativité et reproductibilité des prélèvements s’avèrent pour cela indispensable.
En complément, l’IRSN considère également nécessaire d’accompagner systématiquement les calculs de dose effectués par des analyses de sensibilité prenant notamment en compte les incertitudes associées aux mesures. Le recours à la modélisation pourrait par ailleurs être utile pour compléter la démarche.
Enfin, l’analyse du Bilan Décennal Environnemental par l’IRSN a montré que la caractérisation de l’impact environnemental pouvait être nettement amélioré en préférant la surveillance des écosystèmes aux contrôles de radioactivité dans les végétaux et par l’application de la méthodologie innovante d’évaluation du risque à l’environnement développée dans le cadre du programme de recherche européen ERICA ; auquel a contribué l’IRSN en partenariat avec d’autres organismes de recherche étrangers. »
Comme tout ceci est si joliment dit !
Cela équivaut à dire que COGEMA/AREVA a travaillé comme elle l’a voulu, en autocontrôle, comme un porc, sans aucune considération de l’environnement, des eaux, des sols, de l’air, des mineurs et des populations !
Point zéro : tout est faux depuis le départ !
Alors que la dernière mine a fermé en 2001 en LIMOUSIN, il a fallu attendre 1990 pour qu’une Loi oblige l’exploitant à déterminer le point zéro, c’est-à-dire le niveau de radioactivité « naturelle » en surface avant l’exploitation qui a commencé en 1946 !
« Nous n’avons pu obtenir de la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement) aucun dossier scientifique concernant l’établissement des niveaux naturels de référence » (Synthèse rapport CRIIRAD 1992, page 9).
En l’absence de point zéro initial, COGEMA a choisi une station de référence en dehors de la division minière (RILHAC RANCON) avec un « point chaud » (lieu de forte radioactivité) pour dire ensuite que l’exploitation de l’uranium a diminué la radioactivité dans la région !...véritable tricherie évidemment.
Le même rapport CRIIRAD dit : « L’évaluation de l’impact sanitaire autour des sites, qu’il s’agisse de l’exposition externe ou des risques liés à l’inhalation de radon 222 ou des poussières radioactives conduit à des résultats en parfaite contradiction avec les mesures transmises à la DRIRE par COGEMA. »
En clair, qu’a donc fait COGEMA/AREVA… ?
COGEMA a fourni de fausses mesures, effectué des mesures sur site non pertinentes, déplacé des stations de mesure pour éviter le suivi dans le temps, fait disparaître des résultats embarrassants, laissé croire que l’impact est négligeable, pratiqué des moyennes pour éviter les mauvais résultats et diluer l’impact, et n’a pas installé des stations de mesure aux points compromettants pour éviter les comparaisons.
C’est, en fait, ce qui est décrit dans le rapport de l’IRSN en cette année 2008 !
Soyons donc clair : les travaux du GEP se basent principalement sur des analyses de COGEMA/AREVA ou sur des documents réalisés en autocontrôle par COGEMA et remis à la DRIRE. Les petites magouilles inutiles, à vouloir vider le lac touristique de SAINT-PARDOUX (près de LIMOGES) et curer un peu les sédiments radioactifs pour les rejeter dans l’ancienne mine de BELLEZANE, à dévier certains cours d’eau, à enlever (un peu) les sédiments radioactifs dans les réserves d’eau de la ville de LIMOGES, ne servent strictement à rien. Les problèmes reviendront plus tard puisque, par gravitation et situation des courbes de niveau, les mines d’uranium sont au-dessus de tous les autres lieux !
Cela ne sert qu’à faire réélire certains élus ou à COGEMA/AREVA de tremper dans des arrangements administratifs pour afficher une image « clean » avec des certifications dites « ISO » qui, bien sûr, ne reflètent absolument pas la réalité.
Toutes ces CLI et ce GEP ne servent à rien puisqu’il n’y aura jamais d’investigations in situ fines et précises sur tous les anciens sites miniers d’uranium.
Ce GEP n’est là que pour endormir les consciences, tranquilliser la population et arroser financièrement ses participants en faisant croire que ces derniers ont bien travaillé.
Ces organismes sont une véritable mascarade. Il est trop tard pour réparer les erreurs car ce qui est dans les eaux, les sols et l’air est là pour des millions d’années et parce qu’aucun moyen de signalement pérenne de ces pollutions majeures n’existe pour être sérieusement transmis à l’échelle de ces millions d’années.
Journalistes, citoyens, militants, vous faîtes fausse route : les inconsciences du passé ne peuvent être corrigées.
Morceler le traitement des pollutions radioactives et chimiques est une erreur ; ne pas traiter toutes les parties en même temps du nucléaire dans le Monde amènera le Genre Humain à sa perte.
Méfions-nous de ceux qui aujourd’hui se présentent en gestionnaires rigoureux pour demain alors que nous devons faire face à leur catastrophique imprévoyance d’hier.
Thierry LAMIREAU
21:27 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (4)
01/11/2008
Nouvelle Histoire de la Chèvre de Monsieur Seguin, 2008
La nouvelle histoire de la chèvre de Monsieur Seguin commence où s’achève la version que nous connaissons tous :
« et au petit matin, le loup la mangea »…
Et bien dans la nouvelle histoire de la chèvre de Monsieur Seguin, au petit matin, le loup ne la mange point.
Un conte pour les petits mais beaucoup pour les grands...
Illustration couverture © Michelle Martinelli
Edité et imprimé par l’auteur sur papier 100 % recyclé
16 pages, format A5
Ed. à Tire d’Ailes (autoédition) 2008
5 euros
Extrait :
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Les saisons s’enchaînent, l’hiver est presque doux. Il y a toujours dans une vallée ou une autre, une petite maison vide, une bergerie qui ne demande qu’à être réchauffée par un bon feu.Le bois, la nourriture, quelques couvertures et le gîte, ne sont pas difficiles à trouver pour qui a peu de besoins et beaucoup de temps à offrir. Il y a toujours quelqu’un à qui donner un coup de main et qui ne rechigne pas à partager sa table.
Le vieux Seguin invente de jolies histoires pour ses hôtes, en assurant que c’est la Blanchette qui les lui raconte, celle-ci acquiesce, ce qui fait beaucoup rire les enfants. Il compose de belles mélodies, de celles qui vous remuent tout en dedans et parfois la Blanchette l’accompagne de doux bêlements.
On les invite aux mariages, aux baptêmes, à toutes les fêtes de village et même une fois pour un enterrement. Celui d’un jeune Rom fauché par la maladie et pour qui les violons ont fait pleurer les roulottes des jours et des nuits entières. C’est avec eux qu’il s’entend le mieux, les gens du voyage. Il apprend à les connaître et ils le respectent parce qu’il aime la musique et parce que, comme eux, il est fils du vent. Il ne s’arrête que pour mieux repartir.
Monsieur Seguin ne parle jamais de son passé à la ville, il semble l’avoir oublié.
Et la vie s’écoule, pleine et ronde, comme la lune.
11:47 Publié dans CG 2008 - NELLE HISTOIRE DE LA CHEVRE DE Mr SEGUIN | Lien permanent | Commentaires (0)