Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/06/2010

Ateliers sauvages en liberté dans les Pyrénées avec Beb Kabahn

écriture nomade et expression créatrice

21-22 août


 

Dormir sous la tente ou à la belle étoile, cuisiner au feu de bois. Créer en mouvement, à ma rencontre, me relier à mon essentiel, au vivant, à l'eau, à l'air, à la terre, au feu. Marcher dans la nuit, sous un ciel de Lune. Veiller à la lumière des chants, contes et tambour Sioux.

 

Différents ateliers vous sont proposés au rythme de la journée, du soir et de la nuit. Des tours de parole bouclent chaque atelier. Nous laissons les portables éteints, les montres hors des poignets. Le temps se déroule comme une respiration. Vivre l'ici et maintenant. Précieux instants offerts à la créativité, à l'expression, à l'écriture, émergeant de et à soi-même.

 

 

SAMEDI départ 14h:

Un temps de balade pour s'approprier humblement cet espace,

et le vivant qui nous entoure.

 

- Carnets de route/livres-objets expression créatrice

Où les matières se mêlent à la trame, à la trace.

Trace à être, à écrire, graphismes des sous bois, encres vives de fleurs... tout est à naître de nos mains et la nature s'offre abondante pour porter notre créativité.

 

- les pieds dans l'eau écriture nomade

Dans le chant de la rivière, un monde à découvrir en pleine écoute. Ondines, légendes, mythes à réinventer.

 

-rencontre avec l'arbre écriture nomade

Sur propositions, vous entrerez doucement en écriture dans un rythme végétal.. Se retrouver, partager. Lectures en voyage d'arbre en arbre.

 

 

 

repas au feu de bois

merci de privilégier les nourritures végétariennes,

alcool et psychotropes ne sont pas admis sur le stage, merci de votre compréhension

 

 

Soirée

 

- les mains dans la terre expression créatrice

Modelage à la lueur du feu, dans le silence du crépuscule. Ponts secrets de mots pétris de terres et d'encres. Lectures chuchotées. Tour de parole.

 

Veillée autour du feu

*les contes de Win Waste Omani (histoire d'une femme médecine Lakota en Béarn)

Contes traditionnels des amérindiens des plaines, ponctués de chants sioux et croisés d'un réel local, atypique.

*cérémonie des "give-away" ("donner loin", fête Sioux de partage et de don)

vous apporterez un objet que vous souhaitez offrir et transmettre, ayant une histoire que vous pourrez raconter.


Atelier de nuit:

- Atelier d'écriture sous les étoiles, la Lune bientôt pleine.

Allumer ses yeux de chouette, écouter trembler la nuit.

DIMANCHE petit déjeuner

mise en jambes, corps et voix pour démarrer la journée souples et légers

- improvisation poétique orale

polyphonies déjantées, collectives et faces à faces (joutes ludiques)

 

repas

13h30-15h30

- atelier au tambour

voyage en écriture au rythme du son (au son du rythme?)

- lectures

- tour de parole

échanges, bilan, rangement, aurevoirs!

 

 

 

 

Bulletin d'inscription

Atelier d'écriture nomade en montagne

RENSEIGNEMENTS:

Prénom :.............................................................................

Nom :..................................................................................

Date d’anniversaire :......................................................

Adresse :..........................................................................

............................................................................................

Adresse virtuelle:...........................................................

N° de téléphone :............................................................

 

 

TARIF:

frais pédagogiques: de 80€ à 120€ selon votre possibilité

dormir: à la belle étoile ou sous la tente, chacun amène son matériel et son duvet

repas: chacun apporte quelque chose à partager pour 2 jours, la cuisine se fera au feu de bois

L'inscription sera validée à réception des arrhes (30 €), elles ne seront pas remboursées

en cas de désistement moins de huit jours avant le stage.

Le paiement se fera par chèque à l’ordre de l’association "L’Atelier Sans Porte".

Merci de retourner la fiche d'inscription

accompagnée des arrhes avant le 30 juillet à:

"L'atelier Sans Porte"

5 chemin de Prade

64260 Lys

CONTACT: Beb Kabahn: 05.59.71.47.66 ou mail: lateliersansporte@gmail.com

 

 

11:37 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

25/06/2010

A bas Monsanto en Haiti !

Non au don mortel de Monsanto en Haïti! Non au don mortel de Monsanto en Haïti!

Le séisme qui a frappé Haïti a causé plus de 300.000 morts, 500.000 blessés, plus d’un million de sans abri. La vulnérabilité de ce pays face aux catastrophes naturelles est due à plusieurs facteurs. Les principaux pays colonialistas et neocolonialistas responsables de ces processus sont l‘Espagne, la France, les Etats-Unis et les institutions financières internationales, les corporations transnationales et les groupes nationaux de pouvoir économique et politique.

Pour sa part, l‘entreprise américaine Monsanto est le plus grand producteur mondial de semences. De semences transgéniques. Les profits de la multinationale ont diminué de 19% durant le premier trimestre de l‘année comparativement aux bénéfices correspondant à la même période de l‘année précédente. La chute était due à la diminution des ventes d’herbicides et produits chimiques. Ne pouvant pas monter le prix de leurs produits à l‘heure actuelle, ils voient leur seule issue dans l‘ouverture de nouveaux marchés consommateurs. Monsanto arriva en Haïti à travers les instances de coopération internationale et l‘ambassade américaines, WINNER et USAID. Sa mission consiste a “promouvoir les intérêts de la politique externe des Etats-Unis dans l‘expansion de la démocratie et des marchés libres, en améliorant la vie des citoyens des pays en voie de developpement”.

Monsanto a déjà débuté la distribution des semences de maïs transgéniques dans les régions de Gonaives, Kenscoff, Pétion-Ville, Cabaret, Arcahaie, Croix-des-Bouquets et Mirebalais. Ils ont oublié de clarifier que ces semences hybrides de maïs pourront seulement garder leurs promesses de productivité et d’adaptation au climat tropical haitien si elles sont traités avec des herbicides, engrais et produits chimiques spécifiques qui sont non accidentellement produits par Monsanto elle-même.

En outre, la caractéristique des semences hybrides de Monsanto est que seulement sa première génération (la première semence, celle qui est achetée) est adéquate pour l‘ensemencement. Si les paysans voulaient continuer à produire dans le prochain ensemencement, ils devraient acheter à nouveau de nouvelles semences de la Monsanto. Ce type de semences signifie la fin de l‘indépendance des agriculteurs. Dans ce contexte, les organisations paysannes qualifient «donation» «d‘une attaque très grave à l‘agriculture paysanne, aux paysans, à la bio-diversité, aux semences créoles que nous défendons, à ce qui reste de notre environnement en Haïti».

C‘est pourquoi, il s‘agit d‘un nouveau séisme plus dangereux à long terme que celui de du 12 janvier. Selon les denonciations des paysans, le gouvernement haitien profite du séisme pour «vendre ou donner le pays en cadeau aux forces impérialistes et à leurs principaux instruments qui sont les multinationales». Le scandale a été tel, que le Ministre d‘Agriculture lui-même se voyait obligé d‘admettre que «Haïti n‘a pas la capacité d’administrer les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) ”. ET il a admis qu‘en l‘absence d‘une loi qui réglemente l‘utilisation d‘Organismes Génétiquement Modifiés à Haïti, on ne peut pas permettre l‘introduction de semences `Roundup Ready’; ou tout autre variété de transgéniques.

Les organisations paysannes haitiennes ont effectué une grande marche le 4 juin dernier a laquelle ont pris part des milliers de paysans avec l‘objectif fondamental «De combattre Monsanto et ses complices en Haïti» et de montrer une fois de plus la volonté de protéger l‘environnement d’Haïti et de la planète. Au rythme du tambour et des instruments a vent comme le bambou, les manifestants ont parcouru les rues, se coiffant des chapeaux sur lesquels on pouvait lire ” A BAS Monsanto” et ” A BAS Preval”; ils portaient des chemisettes rouges en revendiquant la souveraineté alimentaire. Pour symboliser leur rejet à la donation de Monsanto qu‘ils qualifient de «toxique et mortel», ils ont brûlé une partie du maïs de l’entreprise transnationale et ont distribué des semences créoles de maïs et plusieurs varietes de haricots.

Ils lancent un appel à la solidarité vers les personnes et organisations de tout le monde de continuer à les soutenir dans leurs revendications. Écrivez les autorités haitiennes en leur exprimant votre appui aux organisations paysannes haitiennes. L‘entreprise Monsanto reçoit copie du document. Si vous le souhaitez, en plus de signer, vous pouvez copier la lettre, la coller dans un email, et l‘envoyer à l‘ambassade d’Haïti dans votre pays.

Globalisons la lutte, Globalisons l‘espoir !

Pétition en ligne : http://www.sauvonslaforet.org/protestaktion.php

 

22:11 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

16/06/2010

La yourte de Léa et Tom : agissons !

 


APPEL A SOUTIEN POUR LE DROIT A UN HABITAT MODESTE ET CHOISI !

LE DROIT DE VIVRE ET TRAVAILLER AU PAYS !

LEA ET TOM CONDAMNES PAR L'ETAT A DEVENIR DES SDF!!!

49543014_p

NON, Vous ne rêvez pas : l’Etat fabrique des SDF ! En pleine crise du logement ! En pleine crise économique !

Des jeunes qui travaillent, intégrés socialement ! Des jeunes qui ont choisi de vivre en milieu rural, donc qui revitalisent les campagnes ! Des jeunes fortement impliqués dans une démarche d’habitat écologique et de préservation de la nature !

Ont été CONDAMNES par l’ETAT devant le Tribunal Correctionnel de Foix à la DESTRUCTION DE LEUR HABITAT, une amende de 600€ et 10€ par jour de PENALITES.

Leur DELIT : avoir choisi d’habiter une tente (une yourte) plutôt que de crever de froid dehors !

Ils ont comparu en première instance le 9 février 2010 suite à une plainte de la DDEA* (un service public !), sur le fondement d’articles du code de la construction et de l’habitat.

Suite à ce jugement INIQUE, ils font APPEL et réclament la RELAXE et le droit à un habitat MODESTE ET CHOISI ! pour vivre et travailler au pays !

La situation du logement en Ariège est catastrophique ; impossible de trouver des locations dans le département ; alors que les zones rurales se désertifient, les touristes dont beaucoup d’étrangers, Anglais, Allemands, Hollandais, font main basse sur l’immobilier.

Las de vivre en camion faute de trouver un logement, Léa et Tom qui VIVENT et TRAVAILLENT en Ariège décident en 2007 de s’installer sous une tente, une yourte. Un propriétaire toulousain leur prête son terrain en friches au milieu des bois en échange du défrichage et de l’entretien de la parcelle. Ils fabriquent une tente toute ronde, une yourte ; ils filent le feutre à la filature de Belvès en Dordogne ; les perches de châtaignier sont prélevées dans le bois environnant ; un maître menuisier façonne le cercle de toit, pièce maîtresse...

Outre l’entretien de la parcelle, ils mettent en valeur le lieu, créant des terrasses pour cultiver un potager...

Cela a représente un long travail de plusieurs mois avec un bilan plus que positif : la création d’un habitat bien intégré au paysage, avec un impact écologique nul ou quasi-nul sur un site dont la biodiversité a été recréée. Exemplaire !
Tom et Léa ont fait le choix de vivre là et de travailler dans la région alentour, modestement, de façon écologique et dans le plus grand respect de la nature. Ils sont bien intégrés localement : accueillis et soutenus par le maire et les habitants de la commune, ils se sont inscrits sur les listes électorales et ont demandé à payer les impôts locaux.
Les habitants de la commune les soutiennent depuis le début, une motion pour le droit au logement a même été votée par le conseil municipal.

Mais c’est sans doute trop beau ! Il faut s’acharner à détruire ces initiatives (CQFD) ! C’est ce que vont faire les services publics d’Etat, en l’occurrence la DDEA* qui fonde sa plainte sur des infractions au Code de la Construction et de l’Habitat qui dans le cas d'espèce ne devrait même pas être évoqué car il existe un vide juridique concernant cette forme d'habitat (la yourte n'EST PAS UNE CONSTRUCTION, ce n'EST PAS UN IMMEUBLE, ce n'EST PAS UN BATIMENT en DUR avec des FONDATIONS!... C'est une TENTE! Donc un habitat réversible qui ne laisse aucune empreinte durable sur le sol.

On demeure pantois devant l’acharnement des services publics dans ce dossier, « quand on connaît ce que peuvent être par ailleurs les infractions au code de l’urbanisme » !… Qu’en est-il de l’égalité des citoyens devant la Loi ? L’Etat ne ferait-il pas mieux de s’en prendre aux spéculateurs qui enfreignent vraiment ce même code pour faire de JUTEUX PROFITS!

Inouï le sort réservé aux élus locaux des petites communes rurales ! Le jugement rendu ne tient aucun compte de la position du maire de la commune, de son conseil municipal et des autochtones. Qu’en est-il de la décentralisation ? Qu’en est-il de la REVITALISATION DES ZONES RURALES ? Qu’en est-il de l’EQUITE TERRITORIALE !

Ce dossier pose le problème du DROIT AU LOGEMENT, en particulier du droit des personnes aux revenus modestes dans un contexte de crise économique grave. Non seulement le montant des loyers est prohibitif jusqu’à constituer plus de 50 % des revenus des plus modestes d’entre nous mais dans certaines zones dédiées au tourisme comme en Ariège, il est IMPOSSIBLE de trouver à se loger… Qu’en est-il du DROIT AU LOGEMENT ?

Il pose aussi le problème du DROIT AU TRAVAIL, du droit à s’abriter quand on participe à la richesse locale par son travail : comment occuper des emplois, être flexible, mobile… comment créer une activité… si on n’a pas de TOIT pour s’abriter et autour duquel rayonner ?

Des jeunes qui choisissent de vivre en respectant leur devoir en matière d’écologie et de préservation de la nature sont sanctionnés et condamnés par l’Etat en Correctionnelle comme des délinquants au lieu d'être encouragés pour ces initiatives exemplaires !

Alors, il faut rappeler à l’Etat les obligations qu’il a lui-même fixées en matière de DROIT au LOGEMENT et d’ENVIRONNEMENT ! EXIGEONS !

JUSTICE POUR LEA ET TOM

EN APPEL, ILS DOIVENT OBTENIR LA RELAXE !

ET LE DROIT DE VIVRE DANS LEUR YOURTE

HABITAT MODESTE ET CHOISI

MERCI DE LES SOUTENIR en signant et diffusant largement la pétition jointe. Ici la pétition

Quelques informations complémentaires :

http://dal.droitaulogement.org/index.php?/caravane-dal/la...

http://yurtao.canalblog.com/archives/2010/02/09/16850670....

http://www.libetoulouse.fr/2007/2010/04/l%C3%A9a-et-tom-p...

http://katipik.free.fr/docshalem/YourteTom_Arrout(09)%20f...

* DDEA : Direction Départementale de l’Environnement et de l’Agriculture

Soutiens : associations HALEM (association pour les Habitants de Logements Ephémères et Mobiles), DAL (Droit Au Logement), et… liste en cours

 

Source : http://creasdeminouche.canalblog.com/archives/2010/06/08/18196343.html

 

15:10 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

09/06/2010

Soutien à la lutte du peuple kichwa de Sarayaku (Amazonie équatorienne)

Une première série de pétitions ont été remises les 10 mai et 31 mai à l’ambassade d’Equateur en Belgique, une rencontre a lieu mercredi 2 juin à l’ambassade d’Equateur en France.

Les dernières nouvelles reçues de Sarayaku ne sont pas trés bonnes et ils ont plus que jamais besoin de votre soutien.

Les trois blessés vont mieux, ils récupèrent peu à peu. Les habitants de Sarayaku sont très touchés psychologiquement par la violence des événements et par le manque d’appui de la part des autorités locales.

Le risque actuel est grand, en effet les communautés indigènes favorables aux compagnies pétrolières se rallient au groupe qui a été chassé de Kutukachi et profèrent actuellement des menaces à la radio contre les dirigeants de Sarayaku. Le gouvernement équatorien, a qui profite la confusion, réduit ces événements à un simple conflit entre populations indigènes niant ainsi la discorde causée par la pression de l’exploitation pétroliére sur les communautés indiennes.

Depuis plus de cinq ans Sarayaku dénonce l’installation illégale de ce groupe sur la zone de Chuyayaku réservée à la chasse et au repos. D’un commun accord avec les autorités légale de Puyo, la date d’expulsion de cette communauté illégale avait été fixée et devait se faire avec la présence de policiers venus de Puyo. A la dernière minute, ceux-ci ne sont pas venus, abandonnant Sarayaku dans cette situation delicate et aboutissant à des heurts et trois blessés graves du côté de Sarayaku.

Le 26 mai une délégation de Sarayaku a rencontré le parlementaire équatorien Marco Murillo qui a promis de transmettre toutes les informations rélatives à ces événements auprès de la Cour interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) afin d’établir toute la vérité.

Pour pouvoir soigner les blessés, accompagner leur convalescence, renforcer la mobilisation nécessaire face aux attaques multiples, rassembler tous les éléments légaux afin de constituer un dossier auprès de la  CIDH, le peuple Kichwa de Sarayaku a besoin d’être soutenu financièrement. Ils estiment leur besoin urgent à 6 000 euros.

Pour envoyer au plus vite vos dons ou proposer votre soutien, merci de contacter :

info@frontieredevie.net (Belgique) ou sarayaku@parolesdenature.org (France)

 

Pour parrainer un arbre de la Frontière de Vie http://www.frontieredevie.net/fr/parrainez.htm

Continuer à diffuser la pétition : http://7111.lapetition.be/

05/06/2010

Parution de la revue : La Soeur de l'Ange, numéro 7

http://lasoeurdelange.free.fr/presentation_033.htm

 

A QUOI BON LA CRISE


 

OUVERTURE

Spéciale dédicace à Edmund Husserl

Senancour Oberman Lettre

Editorial Jean-Luc Moreau Ramener l’homme

James Noël Amour contre

Bruno Doucey Haïti 2010

 

 

Dossier A QUOI BON LA CRISE ?

 

 

Hugues Rabault Sémantique de la crise

Bruno Courbon Sur le mot «crise » dans l’histoire

Honoré de Balzac La maison Nucingen

Frédéric Sylvanise Sur « Ballade de Roosevelt »

Jules Jouy Le temps des crises

Sandy Proust Crise de la parole dans le monde du travail

Didier Bazy Une retraite bien méritée

Ludovico Testa Italie, une crise dans la crise

Nicolas Kurtovitch Et si la crise avait caché un désir d’amitié ?

Gérard Henry Hong Kong dans la tourmente

Thierry Maré Lettre édifiante & curieuse du Japon à la Sœur de l’Ange Sta, viator

Phillipe Brenot La crise, c’est toujours avant

Georges Saulus Crise éthique en situation de handicap infantile extrême : « cet autre est-ce vraiment moi ? »

Jacques Perrin Nuits d’après la crise

Geneviève Novellino Ensimismamiento

Monique Castaignède Crise de tête

Ado Huygens La crise, ouvreur potentiel de l’exister

François Cornée La « crise », travestissement moral de la décadence

Jean-François Mattéi La crise spirituelle de l’Europe

Gilles Jallet Joë Bousquet, Albert Béguin et la crise du romantisme

Olivier Bleys Raconter la crise (réponses aux questions de J.-L. Moreau)

Nicolas Lebeau Entreprendre en poésie pour répondre à la crise

Cathy Garcia Dérapages de l’expérience, déraillement de l’humain

Laurine Rousselet Hasardismes

François Barat Lever la caméra sur soi

Marc Kober La crise familiale dans le cinéma japonais

Sarah Vajda Crise d’identité

http://lasoeurdelange.free.fr/a_quoi_bon_la_crise___080.htm

 

12:09 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

01/06/2010

Vient de paraître : AVEC OU SANS PAPIERS de Marie-Florence Ehret

 

 

couverture-avec-ou-sans-papiers.jpg

Il se tenait presque toujours au même endroit, près de la fontaine Wallace, devant la terrasse du café, à la pointe de la rue de Chartres et de la rue de la Goutte d’or. Les hommes ont l’habitude de se retrouver là, le samedi matin, plus nombreux encore que les autres jours, presque en face du commissariat. Le soir, ce sont les jeunes garçons du quartier qui traînent sur cette placette. C’est pratique. On peut s’asseoir sur le muret qui longe l’escalier, dans ces rues en pente, derniers contreforts de la Butte Montmartre. Trois jeunes arbres encore maigres l’habillent en été d’un peu de vert. La nuit, la lune semble se plaire plus qu’ailleurs au-dessus de ce carrefour modestement éclairé.

Très vite, on se salua, mon bel Africain et moi. Rien d’extraordinaire. Dans mon pays, nous ne sommes ni aveugles, ni transparents. On se saluait donc, d’un sourire dans les yeux, d’un mouvement de tête, d’un mot. Cela n’allait pas plus loin, et cela nous suffisait. Nous ne savions rien l’un de l’autre, sinon l’essentiel.

 

Les personnages qui se croisent dans ces nouvelles, pour le meilleur et pour le pire, tentent de partager ce petit bout de planète qu'on appelle la terre. Ils n'ont pas toujours de papiers, et pourtant ils existent, et se croisent.

Car n'est-ce pas toute la question : se croiser ? Croiser les cultures, les peaux, les peurs. Se reconnaître, comme de même origine, humaine.

Chaque nouvelle est un instant de rencontre dans un monde quotidien qui est le nôtre. Rencontres fugitives, parfois fatales, parfois fécondes, où le vivant se révèle, fort de sa fragilité, de son ignorance, de sa sincérité.

Marie-Florence Ehret aime sillonner le monde, aussi bien la France que les autres continents. Elle a notamment posé son sac dans plusieurs pays d’Afrique. Dans Avec ou sans papiers se côtoient réalisme, insolite, poésie et imaginaire.

 

21:24 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

POUR UNE REFONDATION DU RÉSEAU SORTIR DU NUCLÉAIRE

Contribution du groupe Sortir du Nucléaire Lot

Download.html.jpg

Cahors, le 25 juillet 2008 : banderole "le nucléaire tue l'avenir !" dressée sur le pont Valentré - PHOTO Lucien Vayssié

Le problème interne au réseau Sortir du Nucléaire soulève une grande inquiétude au sein du groupe Sortir du Nucléaire Lot, et chacun ressent douloureusement les conflits internes et les choix politiques pris par la direction du réseau, qui ont abouti en particulier au licenciement d'un de ses porte parole historique, Stéphane Lhomme et à une plainte contre ce dernier et les anciens administrateurs débarqués lors de l'AG de février dernier. (Cf. les explications de l'actuelle gouvernance du réseau sur ce sujet)

Cette inquiétude est renforcée par la prophétie d’Anne Lauvergeon, pdg d’Aréva, qui déclarait le 9 décembre dernier à l’Assemblée Nationale : "Dans les années soixante-dix, le mouvement écolo s’est développé à partir de sa lutte antinucléaire, mais je pense qu’une scission interviendra sous peu entre les écolos "canal historique", qui resteront antinucléaires jusqu’à la fin des temps, et les écolos modernes qui vont finir par reconnaître que le nucléaire fait partie des solutions".

Nous ne pouvons que constater le nombre de témoignages sur les dysfonctionnements du réseau et partager leurs analyses (compilés par QV sur son site Internet et dont nous reprenons en annexe les éléments significatifs). Le réseau Sortir du Nucléaire est dans une crise grave mais cette crise, si nous connaissons un peu l'histoire du mouvement antinucléaire en France, n'est ni nouvelle ni originale même si elle est désolante (voir l’ouvrage Histoire des luttes anti nucléaires en France - 1958/2008 d’Henri Chevallier - le journal À Contre Courant a publié une suite d’articles qui présente des extraits de cette histoire du mouvement antinucléaire et de ses relations avec les partis de gauche).

Face à cette crise, il nous semble que la seule solution est d’engager une réflexion de fond, et que, pour ce faire, un congrès extraordinaire, que l'on peut appeler de refondation si on veut, soit décidé pour la fin de l'année (ou le début de l'année prochaine) pour débattre : 1 ) du fonctionnement du réseau, et 2) de notre position vis à vis de ceux qui nous proposeraient de mettre en veilleuse l'antinucléaire pour d'autres avancées 'écologistes'.

 

1) Le fonctionnement du réseau


Il nous faut être anti-nucléaire sur le fond et sur la forme. Si les partis de gauche ont toujours été pro-nucléaires, c’est qu’ils n’ont jamais engagé de réflexion sur le ‘dogme du progrès’. Le terme ‘progressiste’ est traditionnellement associé à la gauche, mais la droite se définit aussi comme progressiste ce qui rend très difficile une identité claire des combats à mener.

Derrière l’opposition classique gauche/droite, se profile une autre opposition, plus radicale entre gauche nucléaire et gauche anti-nucléaire, entre gauche progressiste et gauche écologiste. OUI, il nous faut le réaffirmer : une gauche écologiste ne partage pas le ‘mythe du progrès’ et considère que l’organisation politique qui a conduit l’humanité à l’âge nucléaire - et que l’on qualifie, depuis les Grecs de démocratie, c’est-à-dire de ‘pouvoir du peuple’ - est à réformer comme est à réformer l’idéologie progressiste.

« Si nous sommes opposés, écrit Günther Anders en 1986 après Tchernobyl, au mode de production du courant électrique à l’aide de l’énergie nucléaire, ce n’est pas seulement parce que les produits sont dangereux et mortels mais parce que leur mode de production est lui-même dangereux et mortel… » et il ajoute « Quand au reproche selon lequel nous ne serions pas progressistes, j’affirme (moi qui ai toujours, à juste titre, été classé parmi les radicaux) qu’on peut désormais jeter le terme de “progressiste“ dans le tas des petits mots déjà gâtés du siècle passé » (Günther Anders, La menace nucléaire. Considérations radicales sur l’âge atomique, p. 319-320)

Nous devons certes réformer le fonctionnement du réseau pour éviter que se répète le cycle décrit dans l’ouvrage d’Henri Chevallier, mais nous devons le réformer radicalement en remettant en cause aussi le dogme démocratique qui a conduit la société à l’impasse actuelle.

Si la démocratie est un mauvais système, c’est parce qu’il est progressiste et qu’il renforce le pouvoir. Pouvoir du Peuple certes, mais le peuple est une entité beaucoup trop floue pour ne pas lui faire endosser, au nom de la représentation et de la délégation des pouvoirs, toutes les dérives. En Grèce, le peuple représentait 10 % de la population, c’est-à-dire Les citoyens grecs ; jusqu’en 46 en France, le peuple c’était les hommes, et pas les femmes qui n’avaient pas le droit de vote ; aujourd’hui le peuple c’est le pouvoir des multinationales et des banques qui financent l’industrie nucléaire et que les partis de gauche ne remettent pas en cause.

Il nous faut donc engager cette réflexion même si elle est longue et difficile et même si nous rencontrerons certainement des des contradictions qu’il nous faudra résoudre. Nous pouvons pour cela nous appuyer sur l’histoire du mouvement ouvrier et notamment l’histoire de l’anarchisme qui, pendant tout le 19e siècle a dialogué avec les autres courants. L’anarchie, nous pouvons en donner une définition simple c’est : l’organisation mais pas la hiérarchie.

À partir de cette définition, la réflexion peut s’engager. Il faut éviter, notamment, qu’un petit groupe de personnes, salariés et/ou permanents puisse décider au nom de tous et donc, sans renoncer à une certaine centralisation des décisions, renforcer le pouvoir des groupes locaux et leur capacité de remettre en cause à tout moment des orientations qu’ils ne jugeraient pas conformes à leurs convictions.

Nous pouvons dans notre réflexion nous appuyer sur d’autres formes d’organisation, et notamment celles des peuples traditionnels qui, avec des formes différentes suivant les cultures, mettent en place des mécanismes d’équilibre des pouvoirs, compensent tout pouvoir excessif par un contre-pouvoir et, plus généralement limitent tout pouvoir central. En Afrique, on appelle cela : ‘manger le pouvoir du chef’ - quand un chef devient trop influent, on le ‘mange’. Aux îles Samoa, lorsqu’une loi est votée par la chambre des députés, pour qu’elle puisse s’appliquer à une communauté locale, il faut que celle-ci la vote à son tour. Voilà deux exemples, parmi d’autres, mais qui montrent que de tous temps, les hommes ont réfléchi à cette question du pouvoir et de sa limitation.

 

2) Le nucléaire et l’écologie

Que penser en particulier de la décision prise par la direction du réseau de co-signer l’Ultimatum climatique, avec de grosses ONG à l’occasion du Sommet de Copenhague, pour demander à Nicolas Sarkozy d’être le fer de lance de la lutte contre le changement climatique. Comment le réseau peut-il signer cet appel qui met le principal VRP du nucléaire à la tête du projet écologique, validant l’option du nucléaire propre, en contradiction avec son but même ?

Cette décision a été fermement dénoncée par Stéphane Lhomme. La prise de position du porte-parole du réseau est-elle la cause de son licenciement, exigé par son directeur administratif ?

Que pensent les groupes de voir le réseau Sortir du nucléaire qui les représente être co-signataire de l’Ultimatum climatique ? L’AG du réseau a démocratiquement tranché en février en validant (par 56 % de voix favorables, 19 % de voix contre, 6 % de refus de votes et 18 % d’abstention) la motion de Tchernoblaye « concernant le climat, le réseau ne signera aucun texte qui ne condamne pas explicitement le recours au nucléaire », qui confirme la position de 2009 « ni nucléaire ni effet de serre ».

Malgrè cette décision de l’AG souveraine, la signature du réseau est toujours accolée à l’Ultimatum climatique – sous prétexte que cette décision ne saurait être rétroactive... Il est donc des choix de la direction du réseau et de son nouveau CA qui ne se discuteraient pas.

Il faut donner tort à Nicolas Sarkozy et à Anne Lauvergeon, en prenant garde que le réseau n’opère la scission que le lobby nous promet.

L’AG qui se prépare en juin doit élire le nouveau CA du réseau, et, propose sa direction, poser les bases de sa ‘refondation’. Il appartiendra à tous d’y participer. Nul doute que le problème ne se résoudra que si les groupes qui le constituent amènent leur contribution dans un espace de débat et de construction positive.

Encore faudra-t-il que les décisions prises par cette AG soient respectées.

Le retrait de la signature du réseau à l’Ultimatum Climatique en serait le meilleur gage.


Le groupe Sortir du nucléaire Lot :


• dénonce les décisions de licenciement de Stéphane Lhomme et de plainte contre ce dernier et “contre X“ prises par la direction du réseau et son actuel CA, et soutenue par ses salariés.

• s’interroge sur le fonctionnement du réseau et le développement de sa culture d’entreprise, et en particulier sur le fait que le directeur administratif puisse se prévaloir du titre de “directeur“ et imposer par son autorité hiérarchique sa politique, renforçant le côté pyramidal du réseau, et demande à ce que cette fonction soit provisoire et puisse être remise en question.

• considère que les processus de prises de décision du réseau au vu de son fonctionnement pyramidal actuel mettent en péril son existence.

• affirme la nécessité de bâtir la refondation du réseau sur les avis des groupes adhérents afin que les liaisons horizontales puisse s’y déployer, et que s’y cultive la collégialité des choix dans le respect de la pluralité.

• affirme la nécessité de transparence du réseau dans son fonctionnement comme pendant à l’opacité du nucléaire, et à cet effet :

- demande que soit mis en place un nouveau fonctionnement pour que les positionnements du réseau émanent au maximum de la base et à cette fin, que les questions fondamentales soient au maximum posées aux groupes, au delà des AG, afin d’être débattues et conditionnées à l’acceptation du plus grand nombre.

- demande que les débats et les décisions du CA soient argumentées et transparentes, et communiquées aux groupes via le système Intranet.

- demande à ce que le fonctionnement et les prérogatives du CA et du personnel salarié soient redéfinies, et en particulier de veiller à ce qu'il n'y ait pas d'ingérence de la part des salariés du réseau dans les décisions du CA.

• se positionne pour le retrait argumenté de la signature du réseau à l'Ultimatum climatique.

• appelle à la tenue d’un congrès de refondation dans un délai raisonnable et propose que le nouveau CA soit mandaté pour préparer, avec les groupes adhérents au réseau, ce congrès dans le respect le plus large des positions et des orientations de chacun.

 

Bien au-delà des questions de personnes, ce sont des questions de fond qui sont posées et nous ne les résoudrons que par un débat de fond.

 

Le groupe Sortir du Nucléaire Lot, le 31 mai 2010

________________________________________

• annexes : éléments de réflexion

 

> "Histoire des luttes anti nucléaires en France" d'Henry Chevallier, Contre courant, mars/juin 2009
Série d’articles extraits de “Histoire des luttes anti nucléaires en France - 1958 / 2008“
à commander à SDN 32, “La Bertrande“ 32400 Fustérouau - ende.doman@wanadoo.fr / 8 euros l’ex. port inclus / chèques à l’ordre de Ende Doman.

> "Où en est la lutte pour la fermeture de Fessenheim après la manifestation organisée par le Réseau le 3 octobre 2009 à Colmar ?" par Nicole Roelens, Stop Fessenheim.

> Les explications en vidéo de Stéphane LHOMME :

Vidéo 1 : L'historique de SDN, en 4 mn 45.
Vidéo 2 :
L'histoire d'un licenciement, en 9 mn 50.
Vidéo 3 :
A qui profite le licenciement de Stéphane LHOMME, en 4 mn 20.

 

> Analyses de la situation, compilées par QV

Nucléaire de rien, un article du Canard Enchaîné, n° 115, 6 mai 2010, par Gérard BORVON.
Un excellent papier qui explicite la réalité. Prenez le temps de lire ce document. Tout y est !

La lettre de Didier ANGER du CRILAN, aux administrateurs et aux salariés, le 2 février.

La prise de position de Didier ANGER , le 9 mai. Il déclare combien les militants du CRILAN sont attérés par toutes ces procédures à l'encontre de militants antinucléaires !

Où va le réseau Sortir du Nucléaire par Vincent CHEYNET de La Décroissance.

Que se passe t'il au Réseau Sortir du Nucléaire par Marie-Christine Gamberini.

Le bilan par Frédéric BOUTET.

La lettre ouverte, de Pierre PEGUIN, aux administrateurs, le 10 avril

La réponse du 16 mai de Pierre PEGUIN :
au mail signé par le CA du réseau : Remettre les pendules à l'heure, et vite ! daté du 12 mai.

L'analyse de Henry Chevallier de SDN 32

L'analyse des Amis de la Terre France , en date du 27 mai, qui aborde notamment le contenu de la Charte.

Les propositions de Qualité de la Vie pour les bases d'une nécessaire refondation du réseau

21:00 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

Mgv2 n°67 izon-laïn

Le 67ème numéro de Mgv2 est paru sur issuu.com ici: http://issuu.com/mgversion2/docs/mgv2_67
et sur Calaméo.com là: http://www.calameo.com/read/00002815108a36f38954b

entre autre pour rester dans le copinage : Marlène Tissot et moi-même, mais aussi Henri Cachau, Gilbert Marques, mais encore plein d'autres à (re)découvrir...


 

 

Contours de l’ordre mondial. Continuités, changements et défis - L’intervention de Noam Chomsky à Paris.

Texte de la conférence donnée par Chomsky au Théâtre de la Mutualité à Paris, le samedi 29 mai 2010.

Parmi les thèmes apparaissant dans le titre, ce qui est le plus important dans mon esprit, et je présume dans le vôtre également, ce sont les défis pour aujourd’hui ; ils sont en effet bien réels et à certains égards effrayants. Certains défis concernent même la survie des espèces si l’on parle des armes nucléaires et des menaces pesant sur l’environnement, ces sujets traités lors des récentes conférences de Copenhague sur le climat et de New York sur le Traité de Non-Prolifération (TNP), avec dans les deux cas des résultats qui ne sont guère favorables. Parmi les autres défis importants, on trouve l’avenir de l’Union Européenne (actuellement très incertain) et le rôle des économies émergentes et leurs différentes configurations dans un monde qui se diversifie, avec l’Organisation de coopération de Shanghai, les BRIC [Brésil, Russie, Inde, Chine], l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et d’autres. A une autre échelle, la financiarisation de l’économie américaine et des autres économies de premier ordre (étroitement liée à la montée d’un système de production asiatique) a eu un impact majeur sur nos sociétés et le système mondial. Pour prendre un exemple, Martin Wolf, le très respecté commentateur du Financial Times, approuve la conclusion selon laquelle l’origine de la crise des dettes publiques mettant en danger la survie de la zone euro « est la débauche passée de larges segments du secteur privé, en particulier du secteur financier ». Les marchés financiers, écrit-il, « ont financé l’orgie et maintenant, dans la panique, refusent de financer l’assainissement qui en découle. A chaque étape, ils ont agi de façon procyclique », transformant la crise en une catastrophe potentielle. L’économiste John Talbott ajoute : « Si quelqu’un doit être blâmé pour ces crises, ce sont les banques qui ont trop prêté et ce sont donc elles qui devraient payer le prix fort de la restructuration. » Or, au cours de la crise actuelle et contrairement aux pratiques antérieures, le ministère des finances américain a adopté un plan de sauvetage pour l’Europe, qui est un système inventé au cours de la crise actuelle par la Réserve fédérale américaine [FED] et le ministère des finances a garanti aux banques de s’en sortir indemnes. Aux Etats-Unis, les effets à long terme pour le pays incluent une stagnation pour une majorité de la population et une croissance radicale des inégalités, avec des conséquences potentiellement explosives. Le pouvoir politique des institutions financières bloque toute réglementation sérieuse, si bien que les crises financières régulières que nous avons connues ces trente dernières années deviendront donc probablement encore plus sévères.

Il n’est pas difficile de poursuivre : on ne manque pas de défis à relever. Mais on ne peut les comprendre et s’y attaquer de manière sérieuse qu’en les inscrivant dans une perspective plus large.

A un niveau très général, il est utile de garder à l’esprit plusieurs principes de large portée et de grande signification. Le premier est la maxime de Thucydide : « Les forts font comme ils l’entendent, et les faibles souffrent comme il se doit. » Cette maxime a un corollaire important : les systèmes de pouvoir comptent sur des spécialistes en gestion de doctrine, à qui il revient de montrer que ce que font les forts est noble et juste, et que si les faibles souffrent, c’est leur faute. Il s’agit d’une tendance qui fait honte à l’histoire intellectuelle et remonte à ses plus anciennes origines.

Les contours persistants de l’ordre mondial reflètent cette maxime de très près. Depuis la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis dominent le monde des affaires et continuent de le faire à bien des égards, malgré des changements importants. Pendant la guerre, des hauts responsables ont compris qu’au bout du compte, les Etats-Unis détiendraient un pouvoir sans précédent dans le monde et ils ont soigneusement planifié l’organisation du monde de l’après-guerre. Ils ont délimité une « vaste zone » dans laquelle les Etats-Unis détiendraient « un pouvoir incontesté » avec « une suprématie militaire et économique » tout en veillant à la « limitation de tout exercice de souveraineté » de la part des Etats qui pourraient interférer avec leurs intentions planétaires. La vaste zone devait inclure au moins l’Extrême-Orient et l’ancien empire britannique, y compris les ressources énergétiques de l’Asie occidentale ; le contrôle de ces ressources apporterait « un contrôle important sur le monde », fit remarquer plus tard un planificateur influent. Alors que la Russie prenait le dessus sur les armées nazies après la bataille de Stalingrad, les objectifs de la vaste zone se sont étendus aussi loin que possible en Eurasie, au moins jusqu’à sa base économique en Europe de l’Ouest. Il a toujours été entendu que l’Europe pourrait choisir de suivre une voie indépendante, peut-être la vision gaulliste d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a été en partie destinée à contrer cette menace et le problème reste tout à fait d’actualité aujourd’hui.

Les Etats-Unis ont continué à protéger avec zèle leur propre souveraineté, tout en rejetant les revendications de même ordre provenant d’autres pays. Les Etats-Unis ont contribué à la création des juridictions internationales, mais n’ont accepté leur autorité qu’avec des réserves décisives : en particulier, les Etats-Unis ne seraient pas soumis aux traités internationaux, y compris la charte de l’ONU. De la même façon, en signant la Convention sur le génocide 40 ans plus tard, les Etats-Unis se sont exemptés de son application. Ces deux réserves ont été invoquées devant la Cour internationale de justice et la Cour a relaxé les Etats-Unis des accusations d’agression et de génocide pour ces motifs. Une autre illustration est fournie par la doctrine Clinton prévoyant que les Etats-Unis se réservent un droit de « recours unilatéral à la force militaire » pour s’assurer « un accès sans restriction aux marchés clés, à l’approvisionnement en énergie et aux ressources stratégiques ». Clinton faisait écho à un thème familier. Dans les premières années suivant la seconde guerre mondiale, le diplomate américain George Kennan a expliqué qu’en Amérique latine « la protection de nos matières premières » doit être une préoccupation majeure. « Nos matières premières », dont le hasard veut qu’elles se trouvent ailleurs, nous appartiennent de droit. Telles sont les prérogatives de la puissance selon la maxime de Thucydide.

Une deuxième maxime importante a été formulée par Adam Smith. Il observa que dans l’Angleterre de son époque « les principaux architectes » de la politique étaient les « marchands et les fabricants ». Ceux-ci s’assuraient que leurs propres intérêts étaient bien servis sans tenir compte des effets « néfastes » sur les autres, y compris sur le peuple anglais, mais plus gravement encore sur ceux qui souffraient ailleurs de « l’injustice sauvage des Européens », en particulier en Inde britannique (qui fut sa principale préoccupation).

Dans les démocraties industrielles d’aujourd’hui, les principaux architectes de la politique sont les institutions financières et les sociétés multinationales. La version actuelle de la maxime d’Adam Smith, dans une version plus sophistiquée, est la « théorie d’investissement de la politique » développée par l’économiste politique Thomas Ferguson, qui considère les élections comme des occasions pour des groupes d’investisseurs de s’allier afin de contrôler l’Etat. Cette théorie permet de faire de très bonnes prédictions politiques sur une longue période. Depuis les années 1970, la part des institutions financières dans les bénéfices des entreprises a fortement augmenté, pour atteindre aujourd’hui environ un tiers aux Etats-Unis. Leur pouvoir politique a évolué de concert, menant au démantèlement de l’appareil de réglementation qui avait évité les crises financières depuis la Grande Dépression. Ces institutions financières ont également fourni l’essentiel du soutien à Barack Obama, l’aidant à le porter à la victoire. Elles s’attendaient à être récompensées, et elles l’ont été, avec un énorme plan de sauvetage (financé par les contribuables) visant à les sauver des conséquences de l’effondrement destructeur de l’économie dont elles portent la plus grande part de responsabilité.

L’un des thèmes principaux dans l’élaboration des politiques des puissants est ce que nous pourrions appeler le « principe de la Mafia ». Le parrain ne tolère pas la « défiance réussie ». Même le plus petit acte de désobéissance est dangereux. Il pourrait devenir un « virus » qui « répandra la contagion », pour emprunter les mots de Henry Kissinger quand il préparait le renversement du gouvernement d’Allende. En d’autres termes, le virus est un domino qui pourrait faire tomber toute la rangée. Le principe a été maintes fois invoqué par les Etats-Unis pendant leur période de domination mondiale, et a bien sûr de nombreux antécédents.

Les principes en vigueur dans l’élaboration d’une politique entrent parfois en conflit. Cuba en est un exemple très instructif. A une écrasante majorité, le monde s’oppose à l’embargo américain, conçu, comme nous le savons à partir des archives internes, pour punir la population de son incapacité à renverser un gouvernement désobéissant. Pendant des décennies, la population américaine a également été favorable à la normalisation des relations. Il n’est pas rare que les décideurs ne tiennent pas compte de l’opinion publique mondiale et nationale, mais ce qui est plus intéressant, dans ce cas, c’est que de puissants secteurs de l’économie privée sont également favorables à la normalisation, notamment l’agro-alimentaire, l’industrie pharmaceutique et les entreprises du secteur énergétique. La politique consistant à punir les Cubains persiste néanmoins, en violation de la maxime d’Adam Smith mais en accord avec le « principe de la Mafia ». Les intérêts plus larges de l’Etat priment sur les intérêts commerciaux locaux. Les mêmes personnes peuvent prendre des décisions différentes en fonction du rôle qu’elles jouent dans les institutions, dans d’autres cas également comme l’Iran d’aujourd’hui avec des précédents intéressants remontant au renversement du régime parlementaire par les Etats-Unis et le Royaume-Uni [en 1953] : des entreprises du secteur énergétique ont été contraintes par l’Etat à prendre 40% de la concession britannique, en désaccord avec leurs préférences à court terme mais en accord avec la planification étatique plus large.

Dans le cas de Cuba, les archives et documents historiques sont riches et instructifs. Quelques mois après que Cuba eut obtenu son indépendance (en janvier 1959), les Etats-Unis prirent des initiatives pour renverser le régime. L’une des principales raisons avancées dans les documents internes à l’administration était la « défiance réussie » que représentait Cuba pour les politiques américaines (remontant à la doctrine Monroe de 1823) ; il s’agissait là d’un intolérable affront et d’une menace de contagion. La menace fut immédiatement reconnue par le gouvernement d’Eisenhower, mais plus explicitement par les libéraux de l’équipe de Kennedy qui arriva au pouvoir deux ans plus tard. Avant son entrée en fonction, le président John Fitzgerald Kennedy mit sur pied une mission pour l’Amérique latine, dirigée par l’historien de gauche Arthur Schlesinger. Dans son rapport au nouveau président, Schlesinger ne manqua pas de prévenir que d’autres pays pourraient être infectés par le virus castriste « de l’idée de prendre en main ses propres affaires », un danger particulièrement grave, ajoutait-il « quand la distribution des terres et des autres formes de richesse nationale favorise les classes possédantes… et que les pauvres et défavorisés, encouragés par l’exemple de la révolution cubaine, exigent alors des conditions de vie décentes ». L’ensemble du système de domination pourrait se défaire si l’idée de prendre en mains son destin devait étendre ses funestes tentacules.

Un vaccin contre le virus de la politique.

Dans de telles circonstances, les prescriptions politiques sont sans ambiguïté : il est nécessaire de détruire le virus et de vacciner les victimes potentielles. Ce traitement standard fut appliqué immédiatement : d’abord lors de l’invasion de la baie des Cochons [en 1961], et , après cet échec, une vaste campagne fut menée pour apporter « les terreurs de la terre » à Cuba, pour reprendre les mots utilisés par Schlesinger dans sa biographie du frère du président, Robert Kennedy, qui se vit assigner cette tâche comme mission prioritaire. Cela n’a pas été une mince affaire, en dehors du fait que cela mena le monde à une menace de guerre nucléaire. En attendant, la région fut protégée de l’infection par le fléau d’une répression sans précédent depuis l’époque des conquistadors. Cette répression débuta par un coup d’Etat militaire au Brésil en 1964, planifié par le gouvernement Kennedy qui installa les premiers d’une série d’Etats policiers répressifs comprenant le Chili, l’Uruguay, et les assassins argentins (comptant parmi les chouchous du président Ronald Reagan). Cette calamité s’étendit à l’Amérique centrale sous le gouvernement Reagan, développant la torture, les tueries en série et autres crimes.

Un fait passé pratiquement inaperçu en Occident a pourtant une grande importance : la vaccination des victimes potentielles consista dans une large mesure en une guerre contre l’Eglise, laissant derrière elle une liste sanglante de martyrs religieux. En 1962, lors de Vatican II, le Pape Jean XXIII fut à l’origine d’un effort historique pour réhabiliter le Christianisme des Evangiles qui avait été détruit au quatrième siècle, quand l’empereur Constantin avait fait du Christianisme la religion de l’empire romain, convertissant « l’église persécutée » en une « église de la persécution », pour reprendre les mots du distingué théologien Hans Küng. S’inspirant de Vatican II, les évêques d’Amérique latine adoptèrent « l’option préférentielle pour les pauvres », renouvelant avec le pacifisme radical des Evangiles. Des prêtres, des religieuses et des laïcs apportèrent le message des Evangiles aux pauvres et aux persécutés en les encourageant à prendre leur destin en main et à travailler ensemble pour surmonter la misère de la survie sous la contrainte du pouvoir américain.

La réaction à cette grave hérésie que constituait la théologie de la libération fut immédiate. Le coup d’Etat au Brésil en constitua la première étape. La guerre contre les Evangiles a été consommée en novembre 1989, quelques jours après la chute du mur de Berlin, quand six intellectuels latino-américains de premier plan, des prêtres jésuites, ont été assassinés par un bataillon d’élite du Salvador, fraîchement sortis de l’école spéciale de guerre de John F. Kennedy [John F. Kennedy Special Warfare School]. La responsabilité de l’écrasement des efforts faits pour faire renaître le Christianisme n’est pas masquée. Cette école de formation à la guerre a depuis été renommée l’Ecole des Amériques [School of the Americas] ; célèbre pour son entraînement des tueurs d’Amérique latine, elle annonce fièrement dans son message publicitaire que la théologie de la libération a été « vaincue avec l’aide de l’armée américaine », avec un petit coup de main du Vatican qui utilisa des moyens plus doux : l’expulsion et l’autocensure.

Nous apprenons beaucoup sur nous-mêmes en comparant un événement qui a dominé l’actualité de novembre dernier [2009], avec un non événement du même mois. L’événement fut la célébration euphorique du vingtième anniversaire de l’émancipation de l’Europe de l’est de la tyrannie russe, saluée comme une victoire de la non-violence et de l’idéalisme, et il s’agit bien de cela. Le non événement fut le silence qui entoura, dans le même temps, la consommation de la guerre haineuse qui écrasait la théologie de la libération et détruisait « les organisations populaires combattant pour défendre les droits humains les plus fondamentaux », pour reprendre les mots prononcés par l’archevêque Oscar Romero, « la voix des sans voix », quelques jours avant son assassinat par ceux-là mêmes qui menaient cette guerre. La comparaison entre ce qui s’est passé dans les années 1980 au sein des sphères d’influence de la Russie et des Etats-Unis (ainsi que les réactions que cela a suscité en Occident), est très éclairante, mais régulièrement expédiée aux oubliettes d’une histoire inacceptable.

Les guerres d’Indochine, qui comptent sans doute parmi les crimes les plus horribles de l’après-guerre, illustrent également le fonctionnement du « principe de la mafia ». Lorsque les Etats-Unis décidèrent de soutenir la guerre meurtrière de la France pour reconquérir son ancienne colonie, la préoccupation centrale était que l’indépendance du Vietnam ne puisse devenir un virus contaminant les autres pays, peut-être même l’Indochine riche en ressources et même enfin le Japon, ce que l’historien John Dower appela le « super domino ». Le Japon pourrait devenir le centre industriel d’un continent asiatique indépendant, et ceci en établissant le Nouvel Ordre qu’il avait cherché à créer dans les années 1930. Les Etats-Unis n’étaient pas prêts à perdre la phase du Pacifique de la seconde guerre mondiale même si Washington avait bien l’intention de fournir au Japon « une sorte d’empire vers le Sud », quelque chose comme un Nouvel Ordre pour reprendre la phrase de George Kennan, mais maintenant au sein du système mondial dominé par les Etats-Unis, donc acceptable.

Là aussi, les moyens standard pour faire face à un virus furent mis en œuvre avec une extrême brutalité. Le virus fut supprimé en démolissant la résistance sud-vietnamienne, puis une grande partie de l’Indochine. La région fut vaccinée en mettant en place dans les pays voisins de féroces dictatures militaires. L’Indonésie fut protégée de la contamination par ce que le New York Times appela le « stupéfiant massacre de masse » de 1965 – un « rayon de lumière en Asie » claironna son correspondant de gauche, exprimant ainsi l’euphorie occidentale débridée pour, d’une part, le massacre de centaines de milliers de personnes (la plupart des paysans sans terre) et, d’autre part, la destruction du seul parti politique de masse tandis que le pays s’ouvrait à la libre exploitation occidentale, dont les crimes ont été comparés (par la CIA ) à ceux de Hitler, Staline et Mao. Le conseiller à la sécurité nationale de Kennedy et Johnson, McGeorge Bundy, fit observer rétrospectivement que la guerre du Vietnam aurait bien pu s’arrêter après que l’Indonésie avait été vaccinée en toute sécurité par cet opportun « stupéfiant massacre de masse ».

Révision de l’histoire.

Après l’offensive du Têt de janvier 1968, la communauté des affaires américaine conclut qu’il était inutile de prolonger la guerre qui alors nuisait à l’économie du pays. Le gouvernement suivit à contrecœur. Comme la politique du gouvernement évolua, l’opinion des élites changea également, et une histoire imaginaire fut inventée dans laquelle tout le monde était une « colombe » qui s’ignorait (tellement bien cachée qu’on n’en trouvait aucune trace dans les archives). Les équipes de Kennedy réécrivirent leurs premiers récits pour répondre aux nouvelles exigences. Cette révision de l’histoire fut un succès complet, comme le fut le maintien de limites strictes sur des critiques acceptables A la fin de la guerre, les plus dissidents au sein du courant dominant jugèrent que la guerre était « une erreur », qu’elle avait débuté par des « efforts maladroits pour faire le bien », et que, finalement, elle nous coûtait trop cher (selon Anthony Lewis). Assez étonnamment, pour 70% de la masse de la population peu éclairée, la guerre était « fondamentalement et moralement un mal », et non « une erreur ». Les critiques formulées par les élites concernant la guerre en Irak sont très similaires. Obama, par exemple, est considéré comme un critique de principe de cette guerre parce qu’il l’a jugée comme étant une « erreur stratégique ». Des critiques semblables de l’invasion russe en Afghanistan avaient paru dans la Pravda. Nous ne les jugions pas « fondées sur des principes », alors que c’est ce que devait penser la classe des commissaires d’alors. Partout les réactions sont tout à fait conformes à la norme historique et aux mêmes principes.

Généralement, on convient que la guerre du Vietnam fut une défaite pour l’Amérique. C’est exact si l’on prend en compte les objectifs maximaux : le Vietnam n’a pas été transformé en un pays comme les Philippines. Si toutefois on prend en compte les objectifs principaux, la guerre fut plutôt une réussite. Le virus a été détruit et la région vaccinée avec succès contre la contamination. Les conséquences à long terme sont mitigées, mais le succès reste considérable. Un titre récent du Financial Times en donne un exemple significatif : « Tokyo accepte la défaite de la base navale d’Okinawa ». L’article indique que « le premier ministre japonais a reconnu hier une défaite concernant ses efforts pour déloger d’Okinawa une base maritime américaine dont la présence est controversée, tout en suggérant que le sud de l’île devait continuer à "porter ce fardeau" pour le bien de l’alliance entre Tokyo et Washington », malgré l’écrasante opposition populaire. Le Japon est le principal détenteur de la dette américaine, mais il reste à l’abri au sein du système mondial. C’est une des continuités qui mérite notre attention.

Observez en revanche la guerre en Irak. Les Etats-Unis ont été contraints de céder pas à pas aux pressions populaires réclamant la démocratie et l’indépendance. Il s’agit d’une grande victoire pour la résistance non-violente. Les forces d’invasion pouvaient tuer les insurgés et détruire Falloujah, commettant d’horribles crimes de guerre, mais elles n’ont pas été capables de faire face à des centaines de milliers de manifestants exigeant des élections, et à plusieurs reprises Washington à dû faire marche arrière face au nationalisme irakien. Récemment encore, en janvier 2008, Washington tenait toujours fermement à ses principaux objectifs de guerre : le président a ainsi indiqué au Congrès qu’il ne tiendrait aucun compte d’une loi qui pourrait entraver l’engagement américain en vue d’établir des bases militaires « permettant le stationnement permanent des forces américaines en Irak » ou « permettant aux Etats-Unis de contrôler les ressources en pétrole de l’Irak ». Quelques mois plus tard, les Etats-Unis ont dû également abandonner ces objectifs. Washington a été contraint d’accepter la défaite en Irak devant la résistance nationale irakienne. Mais l’opposition à l’agression au sein du pays agresseur est un autre élément à prendre en compte. C‘est cette opposition qui a empêché les démocrates libéraux d’avoir recours à certaines mesures dont ils pouvaient disposer aux Etats-Unis dans les années 1960. Cela compte parmi les vraies réussites du militantisme politique des années 1960 et des traces qu’il a laissées, contribuant à civiliser la société américaine. Cela s’est également produit ailleurs.

Un vainqueur : l’Iran.

L’Irak a été pratiquement détruit et les Etats-Unis vaincus, mais il existe un vainqueur : l’Iran. Peu d’analystes sérieux contesteraient la conclusion du correspondant respecté du Financial Times au Moyen-Orient écrivant que l’invasion « a énormément accru l’influence de l’islamisme chiite iranien » (David Gardner) pour la plus grande déconvenue des Etats-Unis, de son client israélien et de son protectorat saoudien, celui-ci poursuivant une relation avec les Etats-Unis qui « durera jusqu’au moment où le dernier baril de pétrole aura été extrait des réserves souterraines saoudiennes », comme le fait remarquer l’universitaire Gilbert Achcar.

Les analystes en politique étrangère admettent que c’est l’Iran qui constitue la crise majeure actuelle, avec son programme nucléaire. Aucune personne saine d’esprit ne souhaite que l’Iran, ou n’importe qui d’autre, développe des armes nucléaires. Toutefois, c’est un peu trompeur de dire que l’Iran défie la « communauté internationale » en poursuivant, au mépris des ordres du Conseil de sécurité et de l’AIEA, son programme d’enrichissement nucléaire. En fait, le monde est majoritairement opposé au très rude régime de sanctions que les Etats-Unis cherchent à durcir davantage. L’opposition n’inclut pas seulement les dissidents iraniens, mais aussi les puissances régionales : la Turquie et la Ligue Arabe. Cette opposition comprend également le Brésil, peut-être le pays le plus respecté de l’hémisphère sud, qui a vigoureusement appuyé le droit de l’Iran à enrichir de l’uranium, en tant que signataire du TNP. Il faut faire également un certain effort pour oublier que trois Etats nucléaires ont carrément refusé de signer le TNP : le Pakistan, l’Inde et Israël, tous trois alliés des Etats-Unis, dont les programmes nucléaires bénéficient toujours de l’assistance américaine.

En septembre dernier, le Conseil de Sécurité a adopté la résolution 1887, qui, en dehors de sa condamnation de l’Iran, a invité tous les Etats à signer le TNP et à résoudre leurs conflits en accord avec la Charte des Nations Unies, qui interdit la menace d’intervention par la force. Deux Etats violent les termes de cette résolution : les Etats-Unis et Israël, qui insistent pour que « toutes les options soient ouvertes », y compris les plus violentes. L’Inde a répondu à la résolution 1887 en annonçant qu’elle peut maintenant fabriquer des armes nucléaires avec le même rendement que les superpuissances. L’envoyé d’Obama a immédiatement informé l’Inde qu’elle n’est pas assujettie à cette résolution. L’Inde et le Pakistan continuent de développer des armes nucléaires. Les relations militaires entre les Etats-Unis, l’Inde et Israël sont même en train de se resserrer. Bénéficiant des importations « à double usage [civil et militaire NDT] » en provenance des Etats-Unis (et de France également), l’Inde passe maintenant aux techniques de destruction les plus avancées : celles-ci comprennent des plateformes d’armes laser dans l’espace et des satellites destructeurs, selon le commandant des forces aériennes.

Au même moment, l’AIEA a adopté une résolution demandant à Israël d’adhérer au TNP et de faciliter l’accès des inspections internationales. En dépit des objections de l’Europe et des Etats-Unis, qui ont cherché à bloquer la résolution, celle-ci a tout de même été adoptée. Comme dans le cas de l’Inde, Obama a immédiatement informé Israël qu’il n’était pas soumis à ces exigences, renouvelées encore il y a quelques semaines. Aux Etats-Unis, tout ceci passe totalement sous silence, comme en Europe je suppose, mais il est facile de voir pourquoi les accusations d’hypocrisie faites au président iranien Mahmoud Ahmadinejad peuvent avoir un écho ailleurs.

Obama a également réagi à la résolution 1887 par d’autres moyens. Le Pentagone a annoncé qu’il allait accélérer la livraison des armes les plus meurtrières disponibles, à l’exception des armes nucléaires. Il s’agit de bombes de 13 tonnes conçues pour détruire des bunkers profondément cachés et protégés par 5 tonnes de béton armé. Ce à quoi vont servir ces bombes n’est pas un secret. La planification de ces « obus d’artillerie massive » a débuté dans les années Bush, mais a traîné en longueur jusqu’à la prise de fonction d’Obama ; il a alors immédiatement demandé que soient accélérés leur développement et leur déploiement. Ensuite, Obama a envoyé ces armes aux îles Diego Garcia dans l’Océan indien ; il s’agit d’une base importante pour le bombardement du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Il a également envoyé aux îles Diego Garcia une offre de sous-marins pour contrer les sous-marins aux missiles d’attaque rapide qui opèrent dans les eaux du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Ouest, selon l’annonce de la marine américaine, non confirmée. Ce sont de nouvelles menaces contre l’Iran, en violation de la résolution 1887 et de la Charte des Nations Unies.

Il existe un contexte plus large. Pour ceux qui se sont sérieusement engagés dans la non-prolifération, certaines mesures peuvent être entreprises. L’une d’entre elles serait la création de zones sans armes nucléaires [nuclear weapons-free zones, NWFZ]. L’Union africaine est parvenue récemment à un accord pour créer une zone de ce type, mais cet accord ne peut être mis en œuvre. La Grande Bretagne et les Etats-Unis insistent pour que l’île Diego Garcia ne soit pas incluse, car les Etats-Unis l’utilisent pour stocker des armes et des sous-marins nucléaires. Une zone sans armes nucléaires dans le Pacifique sud connaît les mêmes problèmes. Au début, c’était la France qui bloquait car elle voulait utiliser ses îles pour des essais nucléaires, maintenant ce sont les Etats-Unis qui bloquent en insistant pour que ses îles du Pacifique bénéficient d’une dérogation.

Le cas le plus significatif se trouve bien sûr au Moyen-Orient où les tensions régionales pourraient être atténuées par la création d’une zone sans armes nucléaires. C’est une question brûlante dans la région depuis un certain temps, et elle a été une nouvelle fois posée le mois dernier lors de la conférence conjointe des Nations unies et du TNP. L’Egypte, qui préside le mouvement des non-alignés comptant 118 nations, a fait circuler un appel pour la création d’une zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient, comme cela avait été convenu avec l’Occident (y compris les Etats-Unis) en 1995 lors de la conférence de révision du TNP. Washington s’est officiellement engagé, mais insiste pour qu’Israël y fasse exception, et n’a pas laissé entendre que ces dispositions s’appliqueraient à eux-mêmes. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a déclaré, lors de la conférence du TNP, que ce n’est pas encore le moment de créer une zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient. Washington a par ailleurs insisté pour que ne soient pas acceptées les propositions qui demandent à Israël de se soumettre au contrôle de l’AIEA ou qui invitent les signataires du TNP (les Etats-Unis en particulier) à rendre publiques les informations relatives « aux installations et aux activités nucléaires israéliennes, y compris l’information ayant trait aux précédents transferts de technologie nucléaire vers Israël ».

La technique pour s’y dérober est d’adopter la position d’Israël, demandant que toute proposition soit subordonnée à un règlement de paix total. Si ce n’est qu’il est soumis à une interdiction effective de la part des Etats-Unis, il existe un accord quasi-unanime sur la façon de régler le conflit israélo-arabe, et cela depuis 1976. Il date du moment où des pays arabes de la région introduisirent une résolution au Conseil de sécurité, appelant à un accord pour une solution à deux Etats comprenant la frontière internationale et toutes les garanties prévues par la résolution 242 (le document de base par accord commun). Les Etats-Unis opposèrent leur veto à cette proposition de résolution en 1976, et une nouvelle fois en 1980. Tout s’est poursuivi à l’identique. Les principes de base sont soutenus par pratiquement le monde entier, y compris la Ligue arabe, l’Organisation de la conférence islamique (comprenant l’Iran) et des acteurs concernés qui ne sont pas des Etats, dont le Hamas. Un accord selon ces termes est bloqué par les Etats-Unis et Israël, qui sont à la tête du front du rejet depuis 35 ans, bien qu’il existe une exception décisive et très instructive. Lors de son dernier mois à la présidence des Etats-Unis, en janvier 2001, Bill Clinton a entamé des négociations israélo-palestiniennes à Taba, en Egypte qui sont presque parvenues à un accord (selon les déclarations des participants) avant qu’Israël ne mette fin aux négociations.

Il est important de rappeler que les Etats-Unis et le Royaume-Uni possèdent une responsabilité unique dans le processus de création d’une zone de non prolifération d’armes atomiques au Moyen-Orient. Dans leur tentative de fournir en 2003 une mince couverture juridique à leur invasion de l’Irak, ils ont cité la résolution du Conseil de sécurité 687 (de 1991) qui demandait à l’Irak de mettre fin à son programme de développement d’armes de destruction massive. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni prétendaient que cela n’avait pas été fait. Nous n’avons pas besoin de nous attarder sur ce prétexte mais notons que cette résolution engage ses signataires à créer une zone de non prolifération d’armes atomiques au Moyen-Orient.

La destruction de l’environnement.

J’ai dit que la prolifération des armes nucléaires est l’un des deux défis qui mettent littéralement en danger la survie de notre espèce. Cette question n’est pas prise en compte malgré l’impressionnante rhétorique déployée. Il en va de même pour la deuxième menace : la destruction de l’environnement. Ce qui se passe aux Etats-Unis est particulièrement important, comme toujours, mais est également très révélateur. Le secteur des entreprises mène une campagne massive de propagande pour que l’opinion publique abandonne ses préoccupations concernant le changement climatique lié aux activités humaines, et avec le plus grand succès puisque cette conviction a baissé et réunit maintenant tout juste un tiers de la population. Les responsables à qui revient cette tâche de propagande, visant à lutter contre cette conviction, savent aussi bien que nous que le « canular progressiste » est bien réel et que les perspectives sont peu réjouissantes (1). Ils s’acquittent en fait du rôle que les institutions leur ont assigné. Dans une économie de marché, ces responsables doivent agir de façon à maximiser les gains à court terme. S’ils ne le font pas, ils seront remplacés par d’autres, qui eux le feront. D’ailleurs, selon le droit anglo-américain des sociétés, il s’agit d’une obligation juridique. Ce qui signifie qu’ils ne doivent pas tenir compte des externalités (l’impact d’une opération à l’extérieur de l’entreprise). Dans ce cas, le sort de l’espèce humaine est une externalité qu’ils doivent écarter dans la mesure où l’économie de marché prévaut. La logique est la même lorsque des directeurs de sociétés financières ne prennent pas en compte le risque systémique, tout en sachant qu’en agissant de la sorte ils provoqueront une crise financière. Dans ce cas, leur comportement n’est pas irrationnel. Ils savent qu’après l’effondrement du château de cartes qu’ils construisent, ils peuvent aller se mettre à l’abri de ce qu’ils appellent l’Etat nourricier, tout en serrant fort leur livres de Hayek, Friedman et Rand. Il n’existe pas de tels recours lorsque les externalités liées à la destruction de l’environnement sont ignorées. Il n’est pas facile toutefois de surmonter les nécessités institutionnelles. Les deux grandes menaces pesant notre survie demeurent redoutables.

L’effacement des nations.

Passons à un autre sujet, il y a en ce moment beaucoup de discussions agitées concernant un grand changement de pouvoir dans le monde. Les spéculations vont bon train pour savoir si (ou quand) la Chine pourrait, avec l’Inde, remplacer les Etats-Unis comme puissance dominante mondiale. Si cela devait arriver, cela signifierait que le système mondial redeviendrait proche de ce qu’il était avant les conquêtes européennes. Les taux de croissance des PIB chinois et indien ont été, en effet, très spectaculaires ces derniers temps. Mais il faut ajouter quelque chose. L’indice de développement humain (IDH) des Nations unies indique que l’Inde occupe toujours une place proche du bas du classement : la 134ème, légèrement au-dessus du Cambodge, au-dessous du Laos et du Tadjikistan. La Chine se place à la 92ème place, un peu au-dessus de la Jordanie , en dessous la République Dominicaine et l’Iran. L’Inde et la Chine souffrent également d’inégalités très fortes, si bien que plus d’un milliard de leurs habitants se trouvent beaucoup plus bas dans ce classement. En outre, une comptabilité précise irait au-delà des mesures faites actuellement en prenant en compte les coûts très sérieux que la Chine et l’Inde ne peuvent plus ignorer ; l’écologie, la diminution des ressources naturelles et bien d’autres choses encore. Les spéculations sur le changement de pouvoir dans le monde négligent quelque chose que nous savons tous : les nations, n’occupant plus la même place dans le système interne de distribution du pouvoir, ne sont pas les vrais acteurs au sein des affaires internationales, un truisme porté à notre attention par cet incorrigible radical d’Adam Smith, comme nous en avons déjà parlé.

En gardant à l’esprit le truisme radical d’Adam Smith, on s’aperçoit qu’il existe en effet un changement de pouvoir dans le monde mais pas celui qui occupe le devant de la scène. Il s’agit d’un déplacement allant de la main d’œuvre mondiale vers le capital transnational, ce déplacement s’étant nettement intensifié pendant les années de néolibéralisme. Le coût en est très lourd, y compris pour les travailleurs américains qui sont victimes de la financiarisation de l’économie et de la délocalisation de la production et qui ne parviennent à maintenir leurs revenus qu’en s’endettant et en créant des bulles de valeurs. Les paysans indiens sont affamés et des millions de travailleurs chinois sont en lutte : la part du travail dans le revenu national y décroît plus rapidement que dans la plupart des autres pays.

La Chine joue un rôle de premier plan dans le changement réel du pouvoir mondial, elle est devenue en grande partie une usine d’assemblage au sein d’un système régional de production. Martin Hart-Landsberg a traité cette question dans un ouvrage important (2). Le Japon, Taiwan et d’autres économies d’Asie exportent des pièces et des composants vers la Chine et lui fournissent également la plus grande partie de la technologie de pointe. On s’est beaucoup préoccupé de la hausse du déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine mais on a fait moins de cas du déficit commercial croissant des Etats-Unis avec le Japon et les autres pays d’Asie au moment où le système de production régional se met en place. Le Wall Street Journal en conclut que si l’on comptait uniquement la valeur ajoutée des constructeurs chinois, le véritable déficit commercial entre les Etats-Unis et la Chine serait réduit dans une proportion de 30 % alors que le déficit commercial entre les Etats-Unis et le Japon augmenterait de 25 %. Les constructeurs américains suivent le même chemin en fournissant des pièces et des composants à la Chine , qui les assemble et les exporte en retour en grande partie vers les Etats-Unis. Pour les institutions financières, les géants de la distribution, les propriétaires et les gestionnaires des industries manufacturières ainsi que pour les secteurs étroitement liés à ces centres de pouvoir, tout cela est merveilleux. Mais ce n’est pas le cas pour la majorité des Américains dont les revenus stagnent depuis trente ans au milieu d’une concentration stupéfiante de richesse, de l’effondrement des systèmes d’aide et des infrastructures ; tout ceci conduisant à une situation intérieure des plus inquiétantes. Nous observons des développements similaires en Europe et ailleurs.

La situation en Afghanistan.

Enfin, on devrait dire quelques mots au sujet de l’Afghanistan. Dans la première opération de la nouvelle stratégie d’Obama, les Marines américains ont conquis Marjah, une petite ville faisant partie de la province du Helmand, le principal foyer de l’insurrection. Le New York Times signale que :

« Les Marines se sont heurtés à l’identité des talibans, une identité tellement dominante que l’on peut décrire ce mouvement comme un parti unique dont l’influence touche tout le monde dans la ville. Nous devons reconsidérer notre définition du mot "ennemi" a déclaré Larry Nicholson, commandant de la brigade expéditionnaire des Marines dans la province du Helmand. "La plupart des gens ici se considèrent comme des talibans... Nous avons à réajuster notre manière de penser de façon à ne pas chasser les talibans de Marjah, c’est l’ennemi que nous essayons de chasser", a-t-il déclaré. »

Les Marines sont confrontés à un problème qui a toujours harcelé les conquérants. Il s’agit d’un problème bien connu des anciens Marines du Vietnam. Le plus grand érudit du gouvernement d’alors se lamentait que l’ennemi était le « seul véritable parti politique possédant une assise populaire » et que tous les efforts faits pour se mesurer à lui sur le plan politique ressemblerait à un affrontement entre le menu fretin et une baleine. C’est en en utilisant notre avantage comparatif – la violence – que nous avons donc dû surmonter leur force politique. D’autres ont connu des problèmes similaires, par exemple les Russes en Afghanistan dans les années 1980 : ils ont gagné toutes les batailles mais ont perdu la guerre. Après le triomphe de Marjah, les forces dirigées par les Etats-Unis s’apprêtent à donner l’assaut sur la ville principale de Kandahar où, d’après les sondages de l’armée américaine, 95% de la population s’oppose à l’opération militaire et 5 personnes sur 6 considèrent les talibans comme « nos frères afghans ». Encore une fois, cela fait écho aux conquêtes antérieures.

Contrôle des cerveaux.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les autorités soient préoccupées par le fait que le soutien intérieur puisse s’éroder davantage encore. Une « fuite » récente émanant d’un rapport de la CIA , fait remarquer que « le peu d’informations livrées au public concernant la mission en Afghanistan a permis aux dirigeants allemands et français de ne pas tenir compte de l’opposition populaire et d’augmenter régulièrement leur contingent militaire pour la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS). Berlin et Paris conservent respectivement le troisième et le quatrième rang en termes de forces militaires présentes au sein de la FIAS , malgré l’opposition de 80% des Allemands et des Français à l’augmentation du déploiement des troupes au sein de la FIAS (selon un sondage datant de l’automne dernier) ». Il est donc nécessaire « d’adapter le message » pour « prévenir ou du moins contenir d’éventuelles réactions violentes ». Pour la France , la CIA recommande d’avoir recours à une propagande élaborée pour prendre en compte le « profond souci pour les civils et les réfugiés » et pour expliciter le sentiment de culpabilité des français liée à leur abandon. La note recommande de mettre particulièrement en avant la question de l’éducation des filles qui peut devenir « un point de ralliement pour l’opinion publique française en grande partie laïque, et donner aux électeurs une raison de soutenir une cause nécessaire malgré les victimes ». Les faits, comme d’habitude, n’ont pas la moindre importance. Si l’on prend par exemple les progrès de l’éducation des filles à Kaboul lors de l’occupation russe, ou le véritable impact des opérations militaires.

La note de la CIA doit nous rappeler que les Etats possèdent un ennemi intérieur : leur propre population, qui doit être contrôlée quand elle s’oppose à la politique de l’état. Ce problème se pose même dans les Etats totalitaires. L’Allemagne nazie a ainsi dû disputer une guerre « des armes et du beurre » pour tenir le public en respect. Dans les sociétés plus démocratiques, le recours à la force doit être remplacé par une propagande efficace dans la « bataille éternelle pour contrôler le cerveau des hommes » et pour « fabriquer un consentement » grâce à des « illusions nécessaires » et par une « simplification extrême, puissante émotionnellement ». (Citation des chefs d’entreprise et du philosophe préféré d’Obama, Reinhold Niebuhr, vénéré par les personnalités de l’establishment pour des motifs intéressants que je vais devoir laisser de côté.) La bataille pour contrôler l’ennemi intérieur est tout à fait à propos aujourd’hui, et devrait être une préoccupation de première importance pour ceux qui veulent faire face de manière constructive aux graves défis d’aujourd’hui.

Noam Chomsky

(1) Aux Etats-Unis, une partie des climato-septiques présente le réchauffement climatique comme un canular monté par le camp progressiste qui chercherait ainsi à prendre le pouvoir, NDT.

(2) Martin Hart-Landsberg et Paul Burkett, China and Socialism, Market Reforms and Class Struggle, Monthly Review Press, New York, 2005.

Ecrivez une lettre en soutien aux Peuples de la rivière Madeira

lusieurs méga-barrages sont planifiés dans le cadre du ‘Programme de croissance accélérée’ du Brésil visant à stimuler la croissance économique du pays par la construction de gigantesques infrastructures telles que routes et barrages, principalement en Amazonie.

L’ampleur de ces projets menace de détruire d’immenses territoires sur lesquels de nombreux groupes indiens, y compris des Indiens isolés extrêmement vulnérables, dépendent pour leur survie.

Les barrages de Santo Antônio et Jirau en sont des exemples frappants.

Comment aider

Ecrivez au président Lula pour lui exprimer votre préoccupation quant aux barrages et à leurs effets sur les communautés indigènes qui vivent à proximité.

 

Plus d'infos et modèle de lettre à envoyer :

http://www.survivalfrance.org/agir/lettres/barrages-madeira