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29/07/2016

Les crânes oubliés de la conquête de l’Algérie Abonnés

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LE TERRORISME A UNE HISTOIRE [REPORTAGE RADIO 40’41]

 

Le

 

« … Un plein baril d’oreilles… Les oreilles indigènes valurent longtemps dix francs la paire et leurs femmes, demeurèrent comme eux d’ailleurs, un gibier parfait… »  [1]

C’est en ces termes choisis qu’un général français racontait les exploits de ses troupes pendant la guerre de conquête de l’Algérie.

 

« … Tout ce qui vivait fut voué à la mort… On ne fit aucune distinction d’âge, ni de sexe… En revenant de cette funeste expédition plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances… »

REPORTAGE : Les crânes oubliés de la conquête d’Algérie (EXTRAIT)

 

Vous êtes sans doute déjà allé visiter le musée de l’Homme, place du Trocadéro à Paris… Mais les souterrains, avez-vous déjà pensé aux souterrains ? Dans les caves du musée de l’Homme, il y a des crânes, des murs de crânes !

18 000 crânes entreposés les uns à côté des autres, conservés, classés, répertoriés. Sur les étiquettes, on lit :

« Bou Amar Ben Kedida, crâne n°5 943. Boubaghla, crâne n°5 940. Mokhtar Al Titraoui, crâne n°5 944. Cheikh Bouziane, crâne n°5 941. Si Moussa Al Darkaoui, crâne n°5 942. Aïssa Al Hamadi, lieutenant de Boubaghla, tête momifiée n°5 939… »

Ils sont trente-sept Algériens au total.

Les crânes de ces Algériens décapités pendant la conquête coloniale furent longtemps exhibés comme des trophées de guerre. Ils témoignent de la résistance tenace opposée, dès 1830, à la colonisation. Comme à Zaatcha, une oasis du sud-est algérien, théâtre, en 1849, d’un massacre colonial d’une rare barbarie…

Remisés dans les collections du Muséum national d’Histoire naturelle, jamais réclamés par l’Algérie, ces restes mortuaires sont tombés dans l’oubli. L’historien et anthropologue Ali Belkadi en a retrouvé la trace en 2011 et depuis, une pétition réclame leur retour au pays natal… Retour sur une histoire peu transmise et mal connue…

« Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir à extirper une seule valeur humaine. » Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme

Les différentes séquences du reportage :


Programmation musicale :
- Souad Massi : Raoui
- Serge Reggiani : Le Zouave Du Pont De L’Alma
- Gesky : Abd El-Kader
- Tramel : Qu’est-ce que t’attends pour aller aux colonies ?

Marie GALL attend vos messages sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.

reportage : Anaëlle VERZAUX et Rosa MOUSSAOUI
réalisation : Sylvain RICHARD

(


En savoir plus :

« Les crânes de résistants algériens » n’ont rien à faire au Musée de l’homme

LE MONDE | 09.07.2016 à 13h30 | Par collectif

En mai 2011, l’archéologue et historien algérien Ali Farid Belkadi lançait une pétition « pour le rapatriement des restes mortuaires algériens conservés dans les musées français », en particulier les crânes de résistants algériens tués par le corps expéditionnaire français dans les années 1840 et 1850, qu’il venait de retrouver dans les réserves du Musée de l’homme à Paris.
Alors que cet appel était lancé un an après le vote, par le Parlement français, d’une loi exigeant la « restitution [à la Nouvelle-Zélande] de toutes les têtes maories détenues en France », il n’a eu malheureusement que très peu d’écho. En mai dernier, l’universitaire et écrivain algérien Brahim Senouci a lancé un nouvel appel pour que soient restituées les « têtes des résistants algériens détenues par le Musée de l’homme », afin que leur pays les honore, avec cette fois un écho nettement plus large.
Il nous a paru important de le relayer en rappelant la raison de la présence dans un musée parisien de ces restes mortuaires, à partir de l’histoire de l’un d’entre eux : le crâne du cheikh Bouziane, chef de la révolte de Zaâtcha en 1849, écrasée par une terrible répression, emblématique de la violence coloniale.

Un siège de quatre mois
En 1847, après la reddition d’Abd-el- Kader, les militaires français croient que c’en est fini des combats en Algérie après plus de dix ans d’une guerre de conquête d’une sauvagerie inouïe. Mais, alors que le danger était surtout à l’ouest, il réapparaît à l’est début 1849, dans le Sud-Constantinois, près de Biskra, où le cheikh Bouziane reprend le flambeau de la résistance. Après des affrontements, il se retranche dans l’« oasis » de Zaâtcha, une véritable cité fortifiée où, outre des combattants retranchés, vivent des centaines d’habitants, toutes générations confondues.

« Le cheikh Bouziane reprend le flambeau de la résistance. Après des affrontements, il se retranche dans l’« oasis » de Zaâtcha, une véritable cité fortifiée où, outre des combattants retranchés, vivent des centaines d’habitants, toutes générations confondues ».
Le 17 juillet 1849, les troupes françaises envoyées en hâte entament un siège, qui durera quatre mois. Après un premier assaut infructueux, l’état-major prend la mesure de la résistance et envoie une colonne de renfort de plus de 5 000 hommes, commandée par le général Émile Herbillon (1794-1866), commandant de la province de Constantine, suivie d’une autre, des zouaves dirigés par le colonel François Canrobert (1809-1895). Deux officiers supérieurs, plusieurs milliers d’hommes contre une localité du grand sud algérien, deux décennies après la prise d’Alger : la résistance algérienne était d’une ampleur et d’une efficacité exceptionnelles.
Le 26 novembre, les assiégeants, exaspérés par la longueur du siège, voyant beaucoup de leurs camarades mourir (des combats et du choléra), informés du sort que les quelques Français prisonniers avaient subi (tortures, décapitations, émasculations…), s’élancent à l’assaut de la ville. Chaque maison devient un fortin, chaque terrasse un lieu d’embuscade contre les assaillants. Après d’âpres combats, au cours desquels les Français subissent de lourdes pertes, le drapeau tricolore flotte sur le point culminant de l’oasis.
Deux ans plus tard, Charles Bourseul, un « ancien officier de l’armée d’Afrique » ayant participé à l’assaut, publiera son témoignage : « Les maisons, les terrasses sont partout envahies. Des feux de peloton couchent sur le sol tous les groupes d’Arabes que l’on rencontre. Tout ce qui reste debout dans ces groupes tombe immédiatement sous la baïonnette. Ce qui n’est pas atteint par le feu périt par le fer. Pas un seul des défenseurs de Zaâtcha ne cherche son salut dans la fuite, pas un seul n’implore la pitié du vainqueur, tous succombent les armes à la main, en vendant chèrement leur vie, et leurs bras ne cessent de combattre que lorsque la mort les a rendus immobiles. ». Il s’agissait là des combattants.

Destruction méthodique
Or, l’oasis abritait aussi des femmes, des vieillards, des enfants, des adolescents. La destruction de la ville fut totale, méthodique. Les maisons encore debout furent minées, toute la végétation arrachée. Les « indigènes » qui n’étaient pas ensevelis furent passés au fil de la baïonnette.
Dans son livre La Guerre et le gouvernement de l’Algérie, le journaliste Louis de Baudicour racontera en 1853 avoir vu les zouaves « se précipiter avec fureur sur les malheureuses créatures qui n’avaient pu fuir », puis s’acharner : « Ici un soldat amputait, en plaisantant, le sein d’une pauvre femme qui demandait comme une grâce d’être achevée, et expirait quelques instants après dans les souffrances ; là, un autre soldat prenait par les jambes un petit enfant et lui brisait la cervelle contre une muraille ; ailleurs, c’étaient d’autres scènes qu’un être dégradé peut seul comprendre et qu’une bouche honnête ne peut raconter. Des procédés aussi barbares n’étaient pas nécessaires, et il est très fâcheux que nos officiers ne soient pas plus maîtres en expédition de leurs troupes d’élite, qu’un chasseur ne l’est d’une meute de chiens courants quand elle arrive avant lui sur sa proie. »
D’après les estimations les plus basses, il y eut ce jour-là huit cents Algériens massacrés. Tous les habitants tués ? Non. Le général Herbillon se crut obligé de fournir cette précision : « Un aveugle et quelques femmes furent seuls épargnés ». Le pire est que la presse française d’alors reprit ce rapport cynique.

Fusillés puis décapités
Il y eut trois autres « épargnés »… provisoirement. Les Français voulurent capturer vivant – dans le but de faire un exemple – le chef de la résistance, le cheikh Bouziane. Au terme des combats, il fut fait prisonnier. Son fils, âgé de quinze ans, l’accompagna, ainsi que Si-Moussa, présenté comme un marabout. Que faire d’eux ? Ces « sauvages » n’eurent pas droit aux honneurs dus aux combattants.
Le général Herbillon ordonna qu’ils soient fusillés sur place, puis décapités. Leurs têtes, au bout de piques, furent emmenées jusqu’à Biskra et exposées sur la place du marché, afin d’augmenter l’effroi de la population. Un observateur, le docteur Ferdinand Quesnoy, qui accompagnait la colonne, dessina cette macabre mise en scène qu’il publia en 1888 dans un livre, témoignage promis à un certain avenir…
Que devinrent les têtes détachées des corps des combattants algériens ? Qui a eu l’idée de les conserver, pratique alors courante ? Où le furent-elles et dans quelles conditions ? Quand a eu lieu leur sordide transfert en « métropole » ? Cela reste à établir, même si certaines sources indiquent la date de 1874, d’autres la décennie 1880. Il semble certaines d’elles aient été d’abord exposées à la Société d’anthropologie de Paris, puis transférées au Musée de l’homme. Elles y sont encore aujourd’hui.
Soutenir les appels de citoyens algériens à rapatrier ces dépouilles dans leur pays, pour leur donner une sépulture digne comme cela fut fait pour les rebelles maori ou les résistants kanak Ataï et ses compagnons (en 2014), ne revient aucunement pour nous à céder à un quelconque tropisme de « repentance » ou d’une supposée « guerre des mémoires », ce qui n’aurait strictement aucun sens. Il s’agit seulement de contribuer à sortir de l’oubli l’une des pages sombres de l’histoire de France, celles dont l’effacement participe aujourd’hui aux dérives xénophobes qui gangrènent la société française.

Les signataires : Pascal Blanchard historien ; Raphaëlle Branche, historienne ; Christiane Chaulet Achour, universitaire ; Didier Daeninckx, écrivain ; René Gallissot, historien ; François Gèze, éditeur ; Mohammed Harbi, historien ; Aïssa Kadri, sociologue ; Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire ; Gilles Manceron, historien ; Gilbert Meynier, historien ; François Nadiras, Ligue des droits de l’homme ; Tramor Quemeneur, historien ; Malika Rahal, historienne ; Alain Ruscio, historien ; Benjamin Stora, historien ; Mohamed Tayeb Achour, universitaire.

 

 

 

24/07/2016

Les Deschiens - le bénévole

 

 

 

21/07/2016

Seul le bleu reste de Samaël Steiner

 

avec des estampes de Judith Bordas, éditions le Citron Gare, juin 2016

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88 pages, 10 euros.

 

 

Une traversée, voici ce qu’évoque ce recueil de Samaël Steiner. Ombre et lumière tissées par une langue dense et sensuelle. Traverser et être traversé et Seul le bleu reste. Des villes, des lieux, traversés par des corps, des corps qui marchent, des corps qui glissent,

 

« Nous allons ensemble,

la rue n’est plus bordée de portes

mais de larges entailles, par lesquelles

on peut se glisser

et apparaître ailleurs et autrement »

 

des corps qui se touchent, des corps et des êtres que seul un voile de peau sépare, des corps qui se désirent, des êtres qui s’aiment, des corps ouverts souvent comme des fruits ou des poissons, des corps qui tombent, des corps comme des morceaux de pays traversés de guerre. « les corps sont là/la tête traversée » comme celle du danseur de la place Maïdan :

 

« Il danse,

il a un trou rouge à l’arrière de la tête. »

 

Ces corps « dont ne reste plus que cet amas de nerfs, noués

et cette peau qui sans ton être n’est même

pas le début d’un tambour »

 

car voilà, le corps ne se suffit pas, il doit être habité, comme est habité ce recueil, habité d’âme et d’un cœur qui bat, pas seulement pour lui-même mais aussi et surtout pour l’autre.

 

« Ton bras est ouvert tout le long de la rue,

les passants longent tes veines pour rejoindre le fleuve. »

 

Et la parole elle-même est traversée, transpercée, poésie vêtue de jour et de nuit, de vie et de mort, qui puise à même les peaux et les os, en elle toutes frontières, limites, se dissolvent et le cœur de ce recueil tissé de routes et de passerelles, c’est bien ça, un chemin allant de l’unicité à l’union, l’universel « simplement un homme pour traverser la nuit » et qui dit union, dit aussi perte et séparation, le corps de l’autre et la maladie et la mort dans le corps de l’autre, et toujours l’amour, l’amour qui éblouit et bouleverse le lecteur, tout particulièrement dans les derniers poèmes du recueil.

 

« Je t’aime avec tendresse,

je t’aime à retourner une ville »

 

Et seul le bleu reste, magnifique, sombre et lumineux à la fois, comme le sont les estampes de Judith Bordas qui l’accompagnent.

 

Cathy Garcia

 

 

arton414-9cb40.jpgSamaël Steiner est auteur à la fois pour le théâtre, la poésie et des enregistrements radiophoniques et éclairagiste (formé à l'ENSATT de Lyon pour le théâtre également, la danse et le cirque) deux pratiques qui se nourrissent l’une l’autre. Sa rencontre avec l'auteur, acteur et metteur en scène André Benedetto à qui est dédié ce recueil, fut décisive, autant pour le théâtre que pour la poésie. Ses précédents recueils ont été publiés dans de nombreuses revues, en France et à l'étranger. Vie imaginaire de Maria Moline de Fuente Vaqueros, récit poétique, est paru aux éditions de l'Aigrette en mars dernier. Seul le bleu reste est son deuxième livre.

Judith Bordas est plasticienne ainsi qu'auteure pour le théâtre et la radio. Auteure d'images imprimées (linogravures, eaux-fortes, monotypes), auteure de partitions pour corps et voix sur une scène ou à la radio, son travail de plasticienne est multiple.

 

 

Pour commander :

http://lecitrongareeditions.blogspot.fr/2016/06/seul-le-b...

 

 

 

 

20/07/2016

Cartes postales de propagande prévenant les hommes des dangers des droits des femmes - 1900-1914

Source :  http://dangerousminds.net/comments/absurd_propaganda_post...

 

 

 


  


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
via Vintage Everyday

 

 

 

 

 

12/07/2016

La carte mondiale des accaparements de terres : plus de 30 millions d’hectares concernés

Concentration

 

par Sophie Chapelle

Le mouvement d’accaparement de terres se poursuit et s’aggrave. C’est le constat tiré par un nouveau rapport de l’ONG Grain, basée à Barcelone, qui recense près de 500 cas d’accaparement de terres dans le monde dans 78 pays [1]. Plus de 30 millions d’hectares sont concernés, une superficie à peu près équivalente à celle de la Finlande ! La carte ci-dessous, réalisée par Grain, recense les transactions foncières qui ont débuté à partir de 2006 et sont menées par des investisseurs étrangers au pays (la carte recense les superficies supérieures à 500 hectares et destinées à la production de cultures alimentaires) [2] :

L’Afrique, l’Europe de l’Est et le Pacifique demeurent des régions très convoitées. Selon Grain, ce sont « des pays dans lesquels l’agro-industrie est déjà implantée et dans lesquels l’environnement juridique favorise les investisseurs étrangers et les exportations ». Parmi les cas recensés, celui de l’Australie où la Consolidated Pastoral Company (CPC), appartenant à 90 % à la société britannique de capital-investissement Terra Firma Capital, détient un portefeuille foncier de 20 ranchs couvrant une superficie de 5,7 millions d’hectares. L’équivalent de la Croatie ! « Ces élevages de bétail australiens sont intégrés verticalement avec, en Indonésie, deux parcs d’engraissement en joint-venture, qui contiennent plus de 375 000 bêtes », précise Grain.

Les autres pays faisant l’objet d’accaparement de terre sont ceux « dans lesquels les infrastructures d’exportation sont déjà construites et où l’on peut obtenir pour un prix modique des superficies importantes ». Au Mozambique par exemple, des demandes de permis couvrant 607 236 ha sont en cours d’examen. Le principal soutien de ce « projet agricole » est la National Holding, une société des Émirats arabes unis, holding de la famille royale d’Abu Dhabi. Selon une ONG mozambicaine, ce projet pourrait provoquer le déplacement forcé de plus de 500 000 familles.

« Méga-transactions foncières »

Quelques-unes des « méga-transactions foncières », qui ont suivi la crise alimentaire et financière de 2008, se sont depuis retournées contre leurs protagonistes ou ont échoué. En 2009, l’indignation publique à propos du projet de Daewoo sur 1,3 million d’hectares à Madagascar a aidé au renversement du gouvernement, ce qui a conduit à la suspension de la transaction. « En 2011, l’assassinat du leader libyen Mouammar Kadhafi a mis fin au projet de riziculture du régime sur 100 000 hectares au Mali », illustre Grain.

Le groupe indien Siva, qui avait accumulé un portefeuille de près d’un million d’hectares de terres agricoles pour des plantations de palmiers à huile, essuie maintenant des procédures de faillite aux Seychelles. Foras, la branche privée de la Banque islamique de développement, qui était sur le point d’acquérir 700 000 hectares de terres agricoles dans toute l’Afrique pour un énorme projet de riziculture, a disparu. D’autres transactions de grande ampleur ont été révisées à la baisse. Au Cameroun par exemple, après de nombreuses protestations, le projet Herakles visant à raser des milliers d’hectares de forêts pour les convertir en une gigantesque plantation industrielle de palmiers à huile, a été réduit de 73 000 à 19 843 hectares.

Nouvelles formes d’accaparement

Si le rythme de ces « méga-transactions foncières » s’est ralenti depuis 2012, « beaucoup de ces transactions sont de plus en plus souvent reformulées et rebaptisées "investissements responsables" ». L’accession aux terres agricoles s’inscrit désormais dans une stratégie d’entreprise visant à bénéficier des marchés carbone, des ressources minérales et en eau, des semences, des sols et des « services environnementaux ». « Au fur et à mesure des vicissitudes des transactions foncières, les politiciens et les états-majors des sociétés s’emploient à faciliter leur réussite », dénonce Grain.

Mais sur le terrain, ces transactions intensifient les conflits et se traduisent par une violente répression. « Des militants des droits fonciers sont détenus et emprisonnés, des journalistes sont harcelés par des procès en diffamation [c’est le cas de Basta ! avec deux plaintes en diffamation sur ce sujet, ndlr] ». Pire : « Des dirigeants paysans et autochtones sont régulièrement assassinés », déplore l’ONG. « Mais ce travail difficile et courageux est crucial si nous voulons changer le cours de l’accaparement des terres et d’une agriculture dominée par les grands groupes industriels, et créer un puissant mouvement mondial en faveur de la justice et de la souveraineté alimentaire ».

Sophie Chapelle

Pour aller plus loin :
- le rapport de Grain et la base de données 2016 sont disponibles ici et
- tous les articles de Basta ! sur l’accaparement de terres

Notes

[1En octobre 2008, Grain avait publié un premier rapport intitulé « Main basse sur les terres agricoles en pleine crise alimentaire et financière ».

[2Cette base de données 2016 s’appuie principalement sur le site web farmlandgrab.org

 

 

 

Soutenu par Macron, Attali et Juppé, un minier russe s’apprête à saccager la forêt guyanaise

 

7 juillet 2016 / Fabrice Nicolino

La Guyane est « menacée par un tsunami affairiste » : le gouvernement entend confier la gestion d’une mine d’or à une transnationale russe, explique Fabrice Nicolino dans cette tribune. Il en appelle à Nicolas Hulot, Allain Bougrain-Dubourg, Pierre Rabhi, et aux lecteurs de Reporterre pour que débute la « grande bagarre de Guyane ».

Journaliste engagé pour l’écologie, Fabrice Nicolino est chroniqueur à La Croix et à Charlie Hebdo, où il a été blessé dans l’attentat du 7 janvier 2015. Il s’exprime aussi sur son blog, Planète sans visa, et a publié Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture.

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Fabrice Nicolino.

APPEL À NICOLAS HULOT, ALLAIN BOUGRAIN-DUBOURG, PIERRE RABHI ET A TOUS LES AUTRES

Je souhaite être solennel. Vous lirez ci-dessous un article que j’ai publié dans Charlie-Hebdo voici quelques semaines. Il n’a rien de banal, car il touche aux profondeurs de notre destin commun. Même s’il s’agit de criminels ordinaires, ordinaires dans notre monde criminel. Un groupe minier russe, qui travaille en Afrique dans des conditions scandaleuses, veut s’en prendre au joyau écologique qu’est la forêt tropicale de la Guyane dite française.

On ne peut laisser faire. À aucun prix. Nous sommes en face d’une modeste mais réelle responsabilité historique. Car la France détient sur le continent américain une fraction de la richesse biologique mondiale. Une mine d’or industrielle là-bas serait le signal que tout, désormais, est possible. Si un pays comme le nôtre accepte de sacrifier cette merveille, quel autre se sentirait tenu de s’arrêter pour réfléchir ? La Chine ? L’Indonésie ? Le Brésil ? Le Rwanda ? La Russie de Poutine ? Voyons, un peu de dignité.

Reculer serait avouer que nous ne sommes pas de taille


Nous crevons sous le poids de discours illusoires et de déclarations qui n’engagent à rien. Du haut des tribunes frelatées, comme il est aisé de crier : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs ! » Elle brûle, en effet, et en enfer. Elle se tord, elle hurle sa douleur chaque seconde de chaque minute, et nous faisons comme si tout devait se passer entre gens de bonne compagnie. Cela ne peut plus durer. Qu’on le veuille ou qu’on le cache, une frontière sépare ceux qui accélèrent dans la dernière ligne droite discernable, et ceux qui se jettent de désespoir sur le frein.

Le noble combat de Notre-Dame-des-Landes est essentiel pour la France, car il affirme dans la clarté qu’on ne peut plus faire comme avant. Ici, dans ce pays-ci. La grande bagarre de Guyane que j’appelle de mes vœux est d’emblée internationale, mondiale, planétaire. Elle signifie que la défense de la biodiversité — nom savant de la vie — oblige à sortir du bois et à compter ses forces. Reculer, ce serait avouer que nous ne sommes pas de taille. Reculer, ce serait accepter tout, étape après étape. Je vous suggère, amis de l’homme, des bêtes et des plantes, d’organiser un voyage de protestation en Guyane même, dès qu’il sera possible. Le crime qui se prépare, car c’en est un, mérite que nous bandions toutes nos forces, et elles sont grandes, malgré tout.

Levons-nous ensemble, car sinon, autant se taire pour l’éternité.

Ci-dessous, l’article paru dans Charlie :


LA MINE D’OR GUYANAISE D’ATTALI, JUPPÉ ET MACRON

Attention les yeux, on va voir apparaître comme par magie un Attali, un Juppé, un Macron pour le prix de presque rien. Mais dès l’avance, il faut dire deux mots de la Guyane audacieusement appelée française. Il y a là-bas des Noirs marrons, descendants d’esclaves échappés des plantations philanthropiques. Des Indiens installés au profond de la forêt tropicale, le long des rivières et des fleuves. Et puis des Blancs, car il y a partout des Blancs. Autrement, qui tiendrait le nerf à bœuf, dites-moi ?

La forêt tropicale, qui couvre 95 % du pays, est à peu près intacte, ce qui se fait rarissime dans un monde qui crame tout. Et en théorie, les envolées permanentes des nobles politiques sur la biodiversité devraient pouvoir protéger les singes hurleurs, les aras et les jaguars pour l’éternité.

La puissance de feu des transnationales


Mais il y a l’or. Des milliers d’orpailleurs clandestins pourrissent les eaux de Guyane depuis des décennies en balançant à tout va de charmants produits comme le mercure — idéal pour extraire l’or de son substrat rocheux — dans les rivières. C’est pas bon, c’est pas beau, et c’est artisanal. Tout autre est la puissance de feu des transnationales, qui peuvent mobiliser des concasseurs de la taille d’un avion et pulvériser des millions de tonnes de roches sans coup férir.

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Une barge d’orpaillage artisanal sur la rive surinamaise du fleuve Maroni.

Jusqu’ici, les projets les plus crapoteux ont échoué, mais celui dont on va parler a plus que ses chances. En 2011, la Columbus Gold, boîte canadienne junior — on va expliquer, c’est très malin —, achète huit concessions minières en Guyane. L’une des huit se trouve à 80 km au sud de Saint-Laurent-du-Maroni, au-dedans d’un lieu appelé la Montagne d’Or. Il y aurait 155 tonnes d’or planquées, peut-être le double. Miam.

Pour récupérer la mornifle, il faudra creuser une fosse d’au moins 2,5 km de long, de 600 à 800 mètres de largeur, de 200 à 250 mètres de profondeur. Compter 460 millions de tonnes de roches à broyer, au bas mot, car on récupère au mieux qu’1,5 gramme d’or par tonne. Prévoir également de gros besoins d’énergie et d’électricité. Disons l’équivalent de ce que consomme la capitale, Cayenne, en un an.

« On ne veut pas que des lobbies écologistes viennent contrecarrer un projet qui serait créateur d’emplois »


Mais une telle apothéose, ami technophile, ne peut être déployée par une petite junior, qui apparaît en la circonstance comme le paravent d’une grosse mère, que les spécialistes nomment une major. La Columbus Gold ne fait qu’explorer, avant de refiler le bébé au vrai bénéficiaire, la Nordgold, sise à Moscou. Nordgold est seule capable d’exploiter et d’ouvrir les entrailles de Guyane. Et elle est, en plus, entre des mains charmantes. Une ONG suisse et catho, Action de carême, a publié en février 2016 un rapport sur les mines d’or au Burkina Faso, où l’on peut lire : « Dans beaucoup d’endroits, l’exploitation aurifère détruit les bases de l’existence de populations, porte atteinte aux droits humains. » Avant de préciser : « Les sociétés minières présentes au Burkina Faso, en l’occurrence Iamgold, Nordgold et Amara Mining, ont une grande responsabilité dans les violations des droits humains exposés. »

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Depuis l’avion reliant Cayenne à Maripasoula.

Si cette mine ouvre, et tous les feux sont au vert, adieu à la forêt tropicale que l’on connaît. En toute certitude, ce sera la ruée vers l’Eldorado, car on trouve de l’or un peu partout. Il y aura des routes, des autoroutes, des barrages, des pylônes à haute tension. Et si tout est désormais sur les rails, c’est que la mine est soutenue par des autorités morales considérables. Jacques Attali, le preux lobbyiste international, siège au comité consultatif de la Columbus Gold. Alain Juppé, fervent écologiste, en meeting à Cayenne ces dernières semaines : « On ne veut pas que des lobbies écologistes viennent contrecarrer un projet qui serait créateur d’emplois. » Quant à l’immense Emmanuel Macron, il s’est carrément rendu sur le futur chantier, vantant l’excellence du projet, précisant : « Cet industriel [la Columbus Gold] est l’un des fers de lance de la mine responsable. »

C’est maintenant que tout se joue, nazes que nous sommes. Ou la mine ou la forêt. Si les écolos de France et de Navarre arrêtent de se branlotter une seconde, il y a peut-être une chance.


AMIS LECTEURS, NE REMETTEZ PAS À DEMAIN 

Amis lecteurs de Reporterre, je vous demande de faire un effort personnel. Si vous êtes d’accord avec ce qui précède, diffusez, aussi massivement qu’il vous sera possible. Auprès de vos proches et de vos amis, auprès de vos élus — qui ne risque rien n’a rien —, auprès de tous les groupes possibles, auprès des personnes auxquelles s’adresse cette lettre ouverte, qui est évidemment destinée à tous. Je vous en prie : une heure de votre temps doit être consacrée à cette nouvelle bagarre, que j’espère nationale, internationale, planétaire. Ne remettez pas à demain. S’il vous plaît, commencez aujourd’hui même. Et merci.

 

Source :

https://reporterre.net/Soutenu-par-Macron-Attali-et-Juppe...

 

 

 

04/07/2016

L'oeuvre plastique de Cathy Garcia par Jean-Paul Gavard Perret

 

 

 
 Lorsqu’elle ne peut plus écrire Cathy Garcia reprend ses « griboulglyphes » pour respirer. C’est pourquoi elle ne se considère pas comme une artiste « professionnelle ».Néanmoins par ses gris brouillages elle embue de couleurs et de taches les figures du dehors pour en consumer le vernis jusqu’à la transparence. Ils créent des no man’s land qui ne laissent rien perdre de l’absence qu’ils retiennent. L’artiste nie la neige et  retourne aux  terres noires.

 

Dans la nudité de la blancheur la créatrice fait sourdre ses angoisses avec les nôtres mais pour créer ce que Ponge nommait l’ « Objoie » à savoir le lieu où le plaisir de gribouiller devient orgasme. Cathy Garcia devient la voyante par intermittence de l’art. Lorsque la poétesse devient taiseuse elle est l’intruse qui sait que les mots parfois ne résolvent rien. Le dessin scanne leur pénombre et auscultent les lieux retirés de l’être.  Les « griboulglyphes » brusquent le regard. Cela répond à une nécessité intérieure. De telles images ressemblent à ces linges de famille qui jadis se transmettaient sur plusieurs générations. Chez elle ce linge invente un univers dont la noirceur éclairait l’intérieur de nos armoires secrètes par soulèvement des vagues et surgissement du vivant.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Source : http://salon-litteraire.com/fr/arts/content/1906082-l-oeu...

 

Auteur : un métier difficile ?

 (et alors, si en plus c'est un poète....)

PAR STÉPHANIE ATEN

  

Écrire à longueur de journée, tranquillement installé chez soi, libre de ses horaires, de son rendement, de ses mouvements.

Pas de patron démoralisant ni de collègue envahissant.

On travaille pour soi, à son rythme, selon ses envies, et dans la passion...

Auteur : le métier idéal !...

Détrompez-vous...

Être auteur, c'est aussi passer son temps à travailler gratuitement, sans garantie de retour sur investissement. C'est galérer financièrement, et ne bénéficier d'aucune considération, ni d'un point de vue juridique, ni d'un point de vue social.

Un auteur, même lorsqu'il est scénariste, n'a aucun statut. Il n'a pas droit aux allocations chômage, en revanche, il cotise. Auprès des "Agessa", qui le ponctionnent sur toutes les sommes touchées, même minimes. Il n'a pas de "congés payés", ni d'assurance maladie avantageuse, ni de "13ème mois". L'auteur n'est protégé par aucune convention collective, et doit se soumettre à ce qu'on tolèrera de lui donner en cas de contrat. Et c'est, le plus souvent, maigre... très, maigre.

L'auteur est un être isolé, auquel on demande d'être "professionnel", tout en considérant, dès qu'il s'agit de le payer, qu'il pratique en fait un hobby. Un romancier se doit de "savoir écrire", de maîtriser parfaitement sa langue, de connaître la construction dramatique sur le bout des doigts, et de travailler son talent pour produire des ouvrages dignes de ce nom. Un scénariste se doit d'être à l'aise avec le cahier des charges de l'écriture scénaristique, de travailler vite, de savoir s'adapter, "il s'agit d'un métier", répètent avec sévérité les producteurs.

Par contre, quand il s'agit de le payer... de considérer le travail accompli, de lui donner toute sa valeur, non seulement en termes quantitatifs, mais aussi qualitatifs, là, tout à coup... être auteur devient un "hobby".

"Après tout, il fait ça parce que ça lui plaît, ce n'est pas une profession à proprement parler"...

On me demande souvent pourquoi la création (particulièrement audiovisuelle) est si peu dynamique ou de mauvaise qualité en France.

Je pense que la réponse se trouve dans les phrases précédentes.

Il est psychologiquement et nerveusement extrême, de travailler dans des conditions financières catastrophiques, une reconnaissance quasi-inexistante, une précarité perpétuelle, et un taux d'échecs épuisant.

Car être auteur, c'est aussi accepter de beaucoup travailler sur des écrits, tout en sachant pertinemment que les éditeurs ou les producteurs, 95 fois sur 100, vous diront non, même si votre travail est de qualité. Ce n'est "pas le moment", "pas ce qu'on cherche", "pas la tendance", sont des arguments qu'on vous renvoie en plein visage sans ciller, sans ambages, sans aucune considération pour les semaines de travail fourni en amont, visant à répondre aux demandes d'idées nouvelles et de créativité sans cesse renouvelées.

Quand vous allez voir un architecte pour qu'il vous construise une maison, même si, au final, vous ne tombez pas d'accord sur ses propositions, vous le payez pour le travail fourni.

Lorsqu'un technicien du cinéma travaille sur un tournage, même si le film ne se fait pas pour X raisons, le technicien sera payé.

L'auteur, lui, travaille sans filets, sans garantie, et la plupart du temps, sans être rémunéré.

Être auteur, en France, c'est donc vivre dans le paradoxe.

Notre culture adore la création, l'imagination, les arts. Elle les encense, les vénère, leur reconnaît tous les mérites, et se targue de briller dans le monde entier. Et pourtant, l'auteur n'a pas d'existence tangible. Il n'a pas de factures à payer, pas d'estomac à remplir, et pas de vie à gérer. Il "ne travaille pas", il s'amuse, des heures durant, pour parvenir au résultat final qui vous enthousiasme tant.

Les lecteurs réclament sans cesse de nouveaux livres,

les spectateurs de nouveaux films et programmes télévisés,

toujours et encore, toujours et encore...

Comment pensez-vous que ces œuvres se font pour répondre à vos attentes ?...

Les auteurs travaillent. Beaucoup.

Mais ne sont pas autorisés à vivre de leurs compétences.

Alors oui...

être auteur est un métier difficile.

Mieux vaut être conscient de cet état de fait avant de se lancer à corps perdu dans un métier qu'on fantasme souvent, sans réellement en connaître les tenants et aboutissants.

Être auteur est un sacerdoce, un Everest qu'on gravit en tongs et sans oxygène. Il faut  aimer les défis, et à vrai dire... il ne faut même aimer que cela.

 

Stéphanie Aten

 

Scénariste et romancière "engagée", parce qu'être auteur, c'est alimenter l'inconscient collectif et participer à l'élaboration de la société. Voir la page de l'auteur

 

Source : https://www.skop.io/a/auteur-un-metier-difficile...

 

 

 

 

03/07/2016

Lue par Jean-Paul Gavard-Perret

 

Un article publié il y a 17 mois, sur lequel je viens tout juste et par hasard de tomber, les éditions de l'Atlantique avait déjà mis clé sous porte cependant, donc Eskhatiaï a repris sa forme originelle en deux recueils autoédités et disponibles sur demande : Salines, 2007 et Mystica perdita, 2009,Purgatoire du quotidien est également toujours disponible.

 

 

Et Cathy Garcia-Canales recréa la femme

 
Cathy Garcia sait qu’il n’y a pas d’avènement de la poésie sans un certain sens du rite de la fusion. Mais aussi à ce sur quoi cette fusion butte : l’immobilisation du désir et son achèvement chez l’un qui entraîne l’inachèvement chez l’autre. Mais de ce dernier émerge aussi le langage poétique. C’est sans doute pourquoi chez la poétesse la nudité n’est jamais scabreuse et ne contient rien de frelaté. Loin d’une pathologie sentimentale elle offre une sensation vitale. Même lorsque celle-ci s’affaisse sous le poids de la vie des émotions plus complexes.

 

Dès lors et si les poèmes de Cathy Garcia tourne autour d’elle-même il n’existe pas pour autant la moindre effusion de l’égo. Saurons-nous tout d’elle ? Non sans doute. Mais sa silhouette féminine est mise à nu comme de l'intérieur dans un mouvement poétique rappelant parfois des "glissements" à la Bacon par des effets de déchirures qui ramène l’être à sa douleur, à sa solitude. Par sa voix de fantômes la poétesse permet de faire jaillir de la masse brute de la vie l’écume des sensations et des émotions parfois telluriques. La poésie devient un lieu sobrement lyrique d’épaississement autant que d’éclaircissement  Chaque texte en sa concentration comme en ses élancements produit un renversement : ce qui est matière perd en densité, ce qui est de l'ordre de l'impalpable devient matière. Le lecteur se retrouve  aux sources du langage : la forme décompose le monde pour le recomposer autrement et dans l’espoir de la chimérique expatriation du feu intérieur.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Cathy Garcia-Canalès, « Eskhataï, Salines suivi de Mystica Perdita », Editions de l’Atlantique, « Purgatoire du quotitien », Editions A tire d’ailes.

 

Source : http://salon-litteraire.com/fr/cathy-garcia/review/191602...

 

 

 

 

 

 

 

02/07/2016

20 ans ! Numéro anniversaire de mgv2>datura : mgv2_85 | 07_16

 

Introduction par Walter Ruhlmann, éditeur


L'été de mes 21 ans, je m'ai tué… Bon, il ne faut pas exagérer ! Cet été là, dès juin en fait, l'idée de créer une revue littéraire me germe dans la tête. Je lis de la poésie depuis un petit moment et j'en écris depuis plus longtemps encore, avec la publication de L'orchidée noctambule l'automne précédent.
C'est de cette rencontre avec l'éditeur et poète Frédéric Maire que germe réellement la graine, que je veux mauvaise, loin des clichés de la poésie à l'eau de rose que je lis trop souvent ici, ou là.
Thierry Piet, qui co-animait, les éditions Echo Optique fut aussi d'un précieux conseil. Et il y en a eu tellement d'autres qui d'une façon ou d'une autre m'ont fait avancer à coups de pied au derrière ou par leur soutien sans faille : Teresinka Pereira, Jan Bardeau, Erich von Neff, Paul van Melle, Pierre Vaast, Bruno Tomera, Aurora Antonovic...
La graine a alors germé, la plante a pu pousser comme une rose sur un tas d'ordure.
Ce n'est pas une grande surprise si cette revue a souvent été comparée et associée aux fleurs : chardons, orties, mandragores, daturas… Sauf que l'idée n'a jamais été qu'elle respire l'air pur, que son odeur soit agréable, et pour sortir de la métaphore, que les textes qu'on y lit soient complaisants. Notre credo de l'époque (je n'ai pas toujours été seul à la barre: Craig McCafferty, Morgane, Bzone) : que le texte qu'on vient de lire ne nous donne pas envie de lire tout de suite autre chose, que ce texte nous traumatise suffisamment pour ne pas pouvoir en sortir immédiatement.
Dans ce numéro très spécial du 20ème anniversaire, vous découvrirez des textes inédits d'auteurs et des œuvres d'artistes fidèles qui ont eux mêmes choisi des textes ou des illustrations déjà publiés dans la revue ces 20 dernières années. Vous pourrez aussi lire des textes que j'ai choisis de rééditer. Vous verrez aussi à travers les polices de caractère choisies l'évolution de la revue : d'un format A5 tapé à la machine aux dernières possibilités d'éditions en ligne.
J'aurais encore beaucoup à dire, notamment penser à ceux qui sont présents dans ce numéro, ont été publiés dans les pages de Mauvaise graine – mgversion2>datura – mais ont disparu. Je ne dirai rien, je deviendrais liquoreux.
Je n'ai donc plus qu'à remercier tous ceux qui depuis un, cinq, dix ou vingt ans sont là, vous tous de me faire confiance en me confiant vos textes et vos illustrations et vous souhaiter une bonne lecture.

 

 

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Contents | Sommaire mgv2_85 | 07_16

Cover illustration: originally by Craig McCafferty, reworked by Bruno Bernard, then Walter Ruhlmann, finally by Stéphane Bernard.
Inside illustrations: Stéphane Bernard, François Biajoux, Volodymyr Bilyk, Sophie Brassart, Alexandra Bouge, Henri Cachau, Gustave Caillebotte, Stephen Farr, Cathy Garcia, Alain Lacouchie, Marie C. Lecrivain, Flora Michèle Marin, Karla Linn Merrifield, Norman J. Olson, Joann Sorolla, Tomasz, Amanda Velocet, Andy Vérol, Laurent de Walick, Brenda Whiteway.
Jan Bardeau: Deux textes courts
Le choix de Jan Bardeau: Textes d'Alexandra Bouge
Editor's picks | Les choix de l'éditeur
Norman J. Olson: Unsafe Sex in the Suburbs
Norman J. Olson's pick: My Lost Brother by Jan Oskar Hansen
Editor's picks | Les choix de l'éditeur
Alexandra Bouge: Deux textes courts – Photographie
Le choix d'Alexandra Bouge: To Be An Asylum Seeker by Handsen Chikorowe
Alain Crozier: Nuit norvégienne
Le choix d'Alain Crozier: Une photo de Flora Michele Marin
Patrice Maltaverne: Trois poèmes
Le choix de Patrice Maltaverne: Une photo de François Biajoux
Cathy Garcia: Mordre le temps et Trois cornues
Le choix de Cathy Garcia: Chutes de Jan Bardeau
Jean-Christophe Belleveaux: toxique
Le choix de Jean-Christophe Belleveaux: Une photo de François Biajoux
Denis Emorine : Chez Tigris
Le choix de Denis Emorine: Une peinture de Norman Olson
Marlène Tissot: Le bon pinard
Le choix de Marlène Tissot: Des excuses, toujours des excuses, (De connerie en connerie) de Ludovic Kaspar
Editor's picks | Les choix de l'éditeur
Steve Klepetar: Reruns
Steve Klepetar's pick: Writer’s Conference Brochure by Lyn Lifshin
Lyn Lifshin: Father Throws Four Kids Off Bridge
Lyn Lifshin's pick
Daniel Y. Harris & Irene Koronas: Two excerpts from h.e/s.he scatology in 315 wor./d sec./tions
Daniel Y. Harris' pick: Anselm by Gregory Vincent St Thomassino
Christopher Barnes: Five Counter-factual Poems
Christopher Barnes' pick: The Slave by Peter O'Neill
Sébastien Ayreault: Oil Change, Une histoire de pingouin et Quelques souvenirs de Bulgarie
Le choix de Sébastien Ayreault: Sur la banquette arrière de Marlène Tissot
Editor's picks | Les choix de l'éditeur
Jeanne Gerval Arouff: La danse du rire
Le choix de Jeanne Gerval Arouff: Beach Boys in Motion
Helen Hagemann: First Seduction and Last Time in a Restaurant
Helen Hagemann's pick: Rose by Lyn Lifshin and an ink by Norman Olson
Fern G. Z. Carr: Pigalle
Fern G. Z. Carr's pick: Dangle Mountain by Katherine Czerwinski
Karla Linn Merrifield: The Twins, Château d’Ivre Is a Long Way from St.-Sulpice Cloister
Karla Linn Merrifield's picks: Biodiverse and Pollen du soir by Sophie Brassart
J.J. Steinfeld: Betrayals
J.J. Steinfeld's pick 1: Photograph by Brenda Whiteway
J.J. Steinfeld: Three Sealed Envelopes with Delicate Wings
J.J. Steinfeld's pick 2: Holocaust Genealogy by Fern G.Z. Carr
Ben Nardolilli: Country Living and No Network Access
Ben Nardolilli's pick: To the Moon and Back by Steve Klepetar
Editor's picks | Les choix de l'éditeur
Stéphane Bernard: Amuser la sève, Un ragoût d'orgueils, Stable comme une tombe et Spermoderme
Le choix de Stéphane Bernard: Deux poèmes de Christophe Bregaint
Fabrice Farre: Poème
Le choix de Fabrice Farre: Deux poèmes de Stéphane Bernard
Vincent: Polaroid d’une autodestruction mal programmée et Barcelone by life
Le choix de Vincent: Un moyen de s'apprivoiser de Marlène Tissot
Caleb Puckett: Diver Down and A Bench in Bonaventure Cemetery.
Caleb Puckett's pick: An ink by Norman J. Olson
David Herrle: Between Chronons, Fatherless Time and Katy Perry and Rihanna
David Herrle's pick: Face by Flora Michèle Marin
Volodymyr Bilyk: Brow, Itch and The Badass Man
Volodymyr Bilyk's pick: A vispo by Amanda Earl
Perrin Langda: Lettre à un jeune poète pour qu'il évite de perdre sa copine une treizième fois, Punchlines d'un lover à un pote et Poème coool
Le choix de Perrin Langda: The Dock Walker de Walter Ruhlmann
Elizabeth Tyrell: Fang
Elizabeth Tyrell's pick: The Dominatrix by Peter O'Neill
Ruth Sabath Rosenthal: City of Lights
Ruth Sabath Rosenthal's pick
Cédric Bernard: Contenance
Le choix de Cédric Bernard: un poème de Sophie Brassart
Alain Lasverne: La vie continue
Le choix d'Alain Lasverne: Pensées de Lucien Suel
James B. Nicola: Three poems
James B. Nicola's picks: “The Dog” by Erich von Neff, a photograph by Marie Lecrivain and a photograph by François Biajoux
Sophie Brassart: A sophisticated war et Le crime et la lumière
Le choix de Sophie Brassart: Trade, Commerce d'Erich von Neff
Emily Ramser:I Googled The Word Exorcise After You Tried To Add Me On Facebook and Stage of Grief
Emily Ramser's picks: A Hungry Creature That Hates Fast Food by J. J. Steinfeld and Rez School Lunch by Emily Severance
Editor's picks | Les choix de l'éditeur
Marie C. Lecrivain: If I Died First…
Marie C. Lecrivain's pick 1:Still Fires Burning by Deborah Guzzi
Marie C. Lecrivain: The Fall and Rise of a Black Star: A Coronet of Sonnets Dedicated to David Bowie
Marie C. Lecrivain's pick 2: drawing tree branches and ink on paper by Norman J. Olson
Peter O'Neill: Grottesque
Peter O'Neill's pick: Sommets by Cee Jay
Gabrielle Burrel: Soufle et Ile
Le premier choix de Gabrielle Burel: Portrait du poète d'aujourd'hui de Jean-Pierre Lesieur.
Le deuxième choix de Gabrielle Burel: un poème extrait de Les chants du malaise de Walter Ruhlmann
Gary Beck: Digital Excess and Contrivance
Gary Beck's pick: The Congo Kid Comes Home by Tom Sheehan
Deborah Guzzi: The Mean High Tide Line, A Case of Ubiquitous Observation, White Man’s Burden
Deborah Guzzi's pick: The Swimming Pool by Jan Oskar Hansen
CeeJay: Aux arbres citoyens
Le choix de Cee Jay: La cuisine du diable (The Devil's Kitchen) by Jack Grady
Jack Grady: Dark Voyage
Jack Grady's pick: Something Grows bt Steve Klepetar
François Ibanez: Trois poèmes
Le choix de François Ibanez: poèmes de Christophe Brégaint
Editor's picks | Les choix de l'éditeur
Murièle Modély: poème
Le choix de Murièle Modély: Sea Out d'Eleannor Bennet
Bruce Louis Dodson: Discovery and Postcard from Kowloon, Chungking Mansions
Margaret O'Driscoll: Dewdrops
Margaret O'Driscoll's pick: The Summer Dawn (extract) by Julien Burri
Greg Patrick: Traveler
Greg Patrick's pick: Cool on my Island by Stephen Farr
Steve Slavin: Swingers
Steve Slavin's pick: Viewing Pleasure by Gary Beck and So It's a Fire by Matt McGee
Tim Tipton: My Hand is a Poem and Solitude
Tim Tipton's pick: God Must Be a Beautiful and Lonely Outcast by Kyle Hemming
Irene Koronas: three excerpts from Codify
Irene Koronas' pick: Flash de Cathy Garcia
Editor's picks | Les choix de l'éditeur
Contributors' biographies | Biographies des contributeurs

 

286 pages ! à commander ici :

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Supermarchés : le plus gros scandale politique de ces 30 dernières années mis en lumière…

Non seulement elles sont mortifères pour les gens qui consomment les saletés qu'elles vendent, pour l'environnement, les petits paysans et producteurs du monde entier, etc. etc., la liste est longue, mais en plus....

 

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Dans cette vidéo, on en apprend plus sur l’un des plus gros scandale politique et sociétal qui sévit en France depuis plus de 30 ans : les supermarchés étendent leur superficie tous les ans, et ce SANS PERMIS DE CONSTRUIRE.

Vous découvriez dans ce reportage le témoigne de Martine, qui a enquêté pendant des années afin de révéler au grand jour comment les supermarchés poussent également de façon VOLONTAIRE les petits commerçant à la ruine financière afin de s’étendre en toute illégalité…

Mais le pire reste à venir. En effet, lorsque Martine gagne son procès contre un supermarché, l’Etat intervient de façon illégale pour soutenir les groupes contre les petits artisans… Etat qui refuse de réclamer les amendes infligées aux supermarchés !!!. Le plus dramatique c’est lorsque l’on apprend le montant de cette somme, et que simplement 10% d’entre-elles pourrait remplacer l’effort financier demandé aux français face à la crise :

 

Un reportage totalement EDIFIANT, hélas diffusé à la télévision à heure de faible écoute, et qu’il convient de faire connaitre au plus grand nombre…

A vos partages !