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31/01/2018

Nouveaux Délits numéro 59, revue du mois pour Décharge

 

Février, c’est

Nouveaux Délits n° 59

publié le 31 janvier 2018 , par Jacmo dans Accueil> Revue du mois

 
 

Cathy Garcia la « coupable responsable » de la revue poursuit son chemin de livraisons expédiées sans anicroche. Elle conclut pour l’année nouvelle son édito ainsi : ….que la paix ferme le bec des imbéciles qui ne laissent pas passer la lumière.
Cinq auteurs sont conviés dans ce numéro à qui sont attribuées entre 7 et 12 pages, ce qui constitue un bel aperçu pour chacun.

Illustrateur du numéro : Arnaud Martin.

Pénélope Corps. Les gens naissent avec des trous dans le ventre… Un langage oralisé qui ne s’embarrasse des conventions ni des conformités ordinaires. S’il y a figures de style, ce n’est pas par jeu mais par nécessité, entre anaphores et répétitions. D’une façon générale, les poètes choisis ici par Cathy Garcia ne sont pas économes de mots et usent de vers proches de la phrase et de strophes voisines de la période. Les titres des textes résumeraient à eux seuls l’angle assez brut de sa poésie : L’humanité est un trou, Super 8, J’écris pas, On n’est pas meilleurs, Dimanche en décembre.

Le passé de Benoit Arcadias, ancien interné des hôpitaux, résonne dans ses textes. Lesquels racontent chaque fois des rencontres dans le métro ou le train. Des choses qui lui sont arrivées, mettant en scène au final hostilité ou déception.
Jean-Louis Millet propose 7 fragments d’un « psychorama holographique ». Il s’agit de listes assez longues de ce qu’on pourrait appeler des données à la fois abstraites et précises. Exemples pris presque au hasard : La valise éventrée des restes du quotidien d’une vie ou La croûte d’une banquise dans la fermentation d’un rêve ou encore, avec, pour le coup, une image L’ombre d’un pommier vivante au moindre souffle d’air Cette accumulation de traits, ayant pour point commun l’article défini, tend à rendre réel un univers hétéroclite et poétique. Ajoutons que ces listes sont seulement interrompues parfois par un Question/ réponse ou la réponse vient avant la question. Réponse : dans l’ombre de la lumière / Question : Où est la seule réalité ?

Marc Guimo est l’auteur du tout récent Polder (Co-collection Décharge/Gros textes) : Un début de réalité. Il donne ici des extraits d’un ensemble dans la prolongation intitulé : « Réalité dispersée ». On reste dans la même logique. Le problème du mur, c’est qu’il ne croit pas naturellement à la fenêtre. On est toujours à la limité de l’absurde et du fantastique. On est allé trop loin / En ne bougeant pas L’auteur n’est pas fixé sur la forme, passant facilement de l’aphorisme au long poème, avec ce vers final : Voulez-vous qu’on rajoute une musique d’ascenseur qui descend ?
Enfin Pablo Gelgon qui, en tant que charpentier, sait parler des « Mains qui voyagent » : Elles n’en finissent plus de saigner sur le beau bardage d’épicéa / On voudrait bien avoir des mains comme un pied de biche et soulever / Agripper sans avoir peur de rien suinter / On voudrait bien l’oublier l’écorchure / La bonne vieille croûtasse / La main finit par ajuster la manière…
Deux résonances critiques à propos de recueils de Walter Rhuhlmann et Murièle Modély et le tour est joué.

Illustrations d’Arnaud Martin : sensible à l’expressionnisme et au romantisme sombre du XIX° siècle et à la mélancolie sous toutes ses formes…

 

Rappel  : On se procure le polder de Marc Guimo : Un début de réalité contre 6 €, à nos éditions (4 rue de la Boucherie - 89240 - Egleny). Paypal possible : ici.

 

MERCI à Jacques Morin !

Lien : http://www.dechargelarevue.com/Nouveaux-Delits-no-59.html

 

30/01/2018

La vengeance des mères de Jim Fergus

 

 

traduit de l’anglais (Usa) par Jean-Luc Piningre

Cherche-Midi, 22 septembre 2016

 

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464 pages, 22 €.

 

 

La Vengeance des mères est sortie en 2016, la suite, seize ans après, de Mille femmes blanches, paru également aux éditions Cherche-Midi, un best-seller qui racontait l'incroyable échange proposé en 1875 par le chef cheyenne, Little Wolf : mille chevaux contre mille femmes blanches pour sceller la paix entre les deux peuples. L'échange est accepté par le président Grant, mais en dépit de cet accord, l'armée américaine ne tarde pas à massacrer la tribu cheyenne, seules quelques femmes blanches échappent au carnage.

Dans La Vengeance des mères, elles sont rejointes par d'autres recrues de ce programme mille femmes blanches qui entre temps n'existe plus, voire est même censé n'avoir jamais existé. Nous les découvrons au travers de plusieurs journaux intimes : celui de Molly McGill, qui était emprisonnée à Sing Sing après avoir tué un mari violent et alcoolique qui venait de battre à mort leur petite fille de 6 ans et celui des sœurs Kelly, deux jumelles irlandaises aux cheveux roux comme les flammes de l'enfer, quasi les seules rescapées du précédent massacre où elles ont perdu leurs bébés. Horrifiées par le comportement atroce de l'armée américaine, les rares rescapées ont définitivement tourné le dos au monde dont elles venaient et les nouvelles arrivées, prises elles aussi dans la tourmente, vont choisir de se ranger aux côtés des Cheyennes, jusqu'à prendre les armes avec les Lakota et les Arapahos, contre l'État fédéral qui après avoir une fois de plus manqué de respect aux traités et accords de paix*, s'est engagé dans l’extermination radicale des tribus encore libres des Black Hills, ceci avec l'aide d'éclaireurs Crows et Shoshones, tribus traditionnellement ennemies des Cheyennes.

Ces femmes guerrières ont existé, des "blanches" alliées à des indiennes, comme Pretty Nose, que l'on voit en photo sur la couverture, un portrait de Layton Alton Huffman qui date de 1878.

Dans cette version romanesque de ces faits bien réels, les journaux des sœurs Kelly et de Molly Mc Gill couvrent la période du 9 mars au 25 juin 1876, la bataille en question est celle de Rosebud Creek dans le Comté de Big Horn qui s'est déroulée le 17 juin 1876 avec des guerriers menés par Crazy Horse.

Dans ces journaux, il sera question entre autre d’une aristocrate mais non conformiste anglaise, Lady Hall qui a suivi les traces de sa bien-aimée, de Lulu la française, d'Astrid la Norvégienne, de Maria la Mexicaine, d’Euphemia la "Black White Woman" et de bien d'autres femmes toutes plus braves les unes que les autres, blessées et parfois terriblement par la vie. Les unes espérant pouvoir tout oublier, tentent une nouvelle vie auprès des Indiens et qui cherchant la paix d’une vie simple et paisible trouvent la guerre et les autres qui ne peuvent rien oublier sont déjà en guerre, assoiffées de vengeance.

Comme dans le volume précédent, La Vengeance des mères est un chant d'amour à la culture indienne et à la liberté. L'auteur, ami de Jim Harrison, sillonnait l'Ouest des États-Unis avec son père durant toute son enfance, ce qu'il a vu de la condition de ce peuple l'avait profondément marqué et il n'a cessé depuis de se passionner pour lui, partageant son profond amour des grands espaces et le respect de la nature.

 

* "Depuis 1778, 371 traités avaient été signés avec les Indiens, la Loi d'"Indian Appropriation Act" adoptée par le Congrès le 3 mars 1871 permet de rompre avec l'ancienne politique des traités avec les tribus indiennes qui était pratiquée depuis la période coloniale. la Loi ne reconnait plus les nations indiennes indépendantes mais seulement les individus. En adoptant l'"Indian Appropriations Act", le Congrès met fin à cent ans de traités avec les tribus et lui permet d'affirmer son emprise sur les Indiens. Cette loi modificative réaffirmait toutefois la validité de tous les traités conclus avant le 3 mars 1871 avec les différentes tribus indiennes. Mais les règlements et dispositions adoptés après 1871 vidèrent de leur substance les traités, qui furent interprétés par les Américains dans un sens qui leur était favorable."

Source : http://medarus.org/NM/NMTextes/nm_06_02_indianwars_7.htm

 

0d72627b5b313435313932303432393831393434.jpgJim Fergus est né à Chicago d’une mère française et d’un père américain. Il vit dans le Colorado. Journaliste réputé, il écrit des articles sur la gastronomie, la chasse, la pêche et la nature dans les magazines Newsweek, The Paris Review, Esquire sportmen, Outdoor Life, etc. Après son premier roman Mille femmes blanches (le cherche midi, 2000, vendu à près de 400 000 exemplaires en France), La Fille sauvage (2004), Marie Blanche (2011), Espaces sauvages (2011), Chrysis (2013) et Mon Amérique (2013).

 

 

Laton Alton Huffman - Pretty Nose (à droite) - 1878.jpg

Pretty Nose photographiée par Laton Alton Hufman en 1878 à Fort Keogh, Montana

 

 

 

 

 

 

 

 

27/01/2018

#AppleContreAttac : signez l’appel pour la justice fiscale

 

mardi 23 janvier 2018, par Attac France

Depuis plusieurs mois, Attac mène des actions citoyennes pour dénoncer l’évasion fiscale massive pratiquée par Apple. La marque à la pomme, qui ne paye quasiment aucun impôt en France, nous assigne en référé et demande à la justice française une astreinte bâillon de 150 000 € pour toute future action ciblant un magasin Apple Store.

Seule, l’association Attac ne peut pas lutter contre l’empire Apple, sa puissance financière et son armée d’avocat·e·s. Alors que les scandales fiscaux se multiplient et que les États sont incapables de prendre les mesures nécessaires, nous avons besoin de votre aide pour montrer qu’Attac agit dans l’intérêt général en dénonçant l’impunité fiscale dont jouissent les multinationales comme Apple.

Signez cet appel et faites le signer autour de vous pour que nous puissions nous présenter le 12 février prochain devant le tribunal de grande instance de Paris, fort du soutien de dizaines de milliers de personnes.

Ensemble, réclamons la justice fiscale.

 

Signez l’appel !

 

https://france.attac.org/se-mobiliser/applecontreattac/ar...

 

 

13:13 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

25/01/2018

Hervé COVES - Gestion holistique des limaces

 

 

24/01/2018

#Nano - Impossible de les voir, pourtant elles sont partout

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M&M's, Ducros, Maxwell, Casino, Aquafresh, Avene… Et encore une fois, une nouvelle étude vient de démontrer que les industriels dissimulent massivement des nanoparticules dans des produits alimentaires et cosmétiques de consommation courante. Ces substances dangereuses devraient en effet être indiquées avec la mention [nano] sur l'étiquette, comme l'exige la loi depuis 2014.

Pour comprendre ce nouveau sujet et vous donner les outils pour vous protéger de ces substances dangereuses, lisez l'excellente BD réalisée par Géraldine Gramon, en collaboration avec plusieurs ONG dont Agir pour l'environnement. Ici :

https://www.agirpourlenvironnement.org/partage/bd-nano.html

 

Drôle, pédagogique, simple et intelligente, cette BD vous permettra de mieux saisir la question des nanomatériaux qui peut parfois paraître complexe…

Les nanos sont présents dans notre vie quotidienne à tous :

alimentation,
cosmétiques,
peintures,
articles de sport
médicaments …

Il est fondamental de mieux comprendre ce sujet pour mieux agir !

N'oubliez pas de partager cette BD dans votre entourage ! Plus nous serons nombreux à être informés, plus il sera difficile aux industriels de cacher ces substances dans leurs produits !

Depuis qu'Agir pour l'environnement a lancé l'alerte en juin 2016, les choses ont progressé :

La Répression des Fraudes a enfin lancé une vaste enquête en 2017 et les résultats qui commencent à sortir confirment le mensonge généralisé des fabricants.
Les industriels sont de plus en plus nombreux à cesser d'utiliser les additifs qui font polémique (voir la liste verte infonano.org)
La question nano figure de plus en plus dans le débat public, grâce notamment à la mobilisation citoyenne dont vous êtes les acteurs.

 

Les nouvelles sont encourageantes mais beaucoup reste à faire :

Les pouvoirs publics doivent rester fermes et protéger la santé de tous et l'environnement.
Un moratoire est à mettre en place au plus vite pour se donner les moyens d'évaluer et d'encadrer ces substances dangereuses.

 

 

Et encore une fois, on peut aussi ne pas consommer du tout ou presque des produits de l'agro-industrie, c'est possible, c'est bon pour tout le monde, bon pour la planète ! Des alternatives existent et il faut les soutenir.

Pour en savoir plus sur les nanos, vous pouvez consulter la catégorie nanotechnologies, elle est alimentée depuis......2007 :

http://delitdepoesie.hautetfort.com/nanotechnologies/

 

 

 

 

23/01/2018

Stop au coup de la panne ! Guide écocitoyen de la réparation

 

 

 ICIGUIDE RÉPARATION WEB.pdf

 

 

22/01/2018

Le nombre de milliardaires a connu en 2017 sa plus forte hausse de l’histoire

Dans son nouveau rapport, l’organisation Oxfam constate qu’1 % de la population mondiale s’est approprié 82 % du surplus de richesse. Et que le nombre de milliardaires a connu l’année dernière sa plus forte hausse de l’histoire.

- Présentation du rapport par Oxfam :

Des richesses engendrées l’année dernière, 82 % ont profité aux 1 % les plus riches de la population mondiale, alors que les 3,7 milliards de personnes qui forment la moitié la plus pauvre de la planète n’en ont rien vu. C’est ce que révèle le nouveau rapport d’Oxfam, Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent, publié aujourd’hui, à la veille du Forum économique mondial qui rassemblera le gotha du monde politique et des affaires à Davos, en Suisse.

Ce rapport montre comment le système économique mondial permet à une minorité fortunée d’accumuler d’immenses richesses, tandis que l’immense majorité des travailleurs ne touche pas sa juste part qui lui permette d’accéder à un niveau de vie décent.

- Télécharger le rapport :

Rapport Oxfam sur les inégalités dans le monde-janvier 2018

Entre mars 2016 et mars 2017, le nombre de milliardaires a connu l’année dernière sa plus forte hausse de l’histoire, avec un nouveau milliardaire tous les deux jours. En 12 mois, la richesse des milliardaires a augmenté de 762 milliards de dollars, soit plus de sept fois le montant nécessaire par an pour sortir de l’extrême pauvreté les personnes qui y sont plongées.

Le patrimoine des milliardaires a augmenté en moyenne de 13 % par an depuis 2010, soit six fois plus vite que la rémunération des travailleuses et travailleurs, qui n’a progressé que de 2 % par an en moyenne. Quatre jours suffisent au PDG de l’une des cinq premières marques mondiales du secteur du textile pour gagner ce qu’une ouvrière de la confection bangladaise gagnera au cours de sa vie.

Porter les salaires des 2,5 millions d’ouvrières et ouvriers du textile vietnamiens à un niveau décent coûterait 2,2 milliards de dollars par an. Cela équivaut à un tiers des sommes versées aux actionnaires par les cinq plus grands acteurs du secteur du textile en 2016.

De la même manière, 10 % des dividendes versés par Carrefour à ses actionnaires en 2016 suffirait à assurer un niveau de vie décent pour plus de 39.000 travailleurs du secteur du textile au Bangladesh.

Pour Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam : « Ces chiffres vertigineux démontrent que le boom des milliardaires n’est pas le signe d’une économie florissante, mais le symptôme d’un système économique défaillant qui enferme les plus vulnérables dans la pauvreté et porte aussi atteinte à la prospérité économique de toutes et tous, comme le reconnaissent de plus en plus d’institutions comme le Fonds monétaire international (FMI) ou l’OCDE ».

- Ecouter Manon Aubry :

 
 
 
 
 

La France n’échappe pas à cette réalité. L’année dernière, les 10 % les plus riches détenaient plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres se sont partagés seulement 5 % du gâteau. Au sommet de la pyramide la richesse des milliardaires français a été multipliée par trois en 10 ans et 32 milliardaires français possèdent désormais autant que les 40 % les plus pauvres de la population française.

La France se distingue en se présentant comme la championne d’Europe de la rémunération de ses actionnaires : 44 milliards d’euros de dividendes ont ainsi été reversés en 2017 par les entreprises du CAC 40 à leurs actionnaires. C’est trois fois plus qu’il y a 15 ans, tandis que le salaire moyen n’a augmenté que de 14 % en France au cours de la même période. Les écarts sont ainsi particulièrement significatifs au sein même des entreprises françaises et dans leur chaîne de production : le PDG de Sanofi gagne par exemple en moins d’une journée le salaire annuel moyen d’un français.

Pour Manon Aubry, « Des scandales d’évasion fiscale tels que les Paradise Papers, les écarts de rémunérations au sein de grandes entreprises ou la réforme fiscale d’Emmanuel Macron, montrent que les responsables économiques et politiques ne sont pour l’instant pas décidé.e.s à s’attaquer sérieusement à cette injustice ».

Oxfam appelle le gouvernement français à prendre les mesures fortes pour que cesse la spirale infernale des inégalités. Les décideurs politiques doivent pour cela réguler les multinationales afin que les richesses soient mieux partagées, et défendre les droits des personnes pauvres, notamment les femmes, victimes des inégalités.

Oxfam lance à cette occasion sa nouvelle campagne « Contre les inégalités, pesons de tout notre poids ».

A cet effet, une pétition a été lancée le 22 janvier sur www.loi-inegalites.fr pour demander aux citoyen.ne.s de soutenir les demandes formulées par Oxfam auprès du Président de la République, Emmanuel Macron. Oxfam lui demande d’adopter les mesures suivantes dans le cadre d’une loi contre les inégalités afin que nos économies bénéficient à toutes et tous, et non à quelques privilégié.e.s :

  • Partager équitablement les richesses créées au sein des entreprises, entre dirigeant.e.s, salarié.e.s et actionnaires : en finir avec le versement de dividendes records et limiter les écarts démesurés de revenus au sein d’une même entreprise, garantir un salaire décent à tous les travailleurs tout au long de la chaîne de production
  • Renforcer les mesures de lutte contre l’évasion fiscale pour financer les services publics qui réduisent les inégalités : imposer la transparence fiscale aux entreprises, lister véritablement les paradis fiscaux et mettre fin à l’impunité fiscale pour les fraudeurs
  • Redistribuer équitablement les richesses par la défense d’un système fiscal juste et progressif : privilégier les impôts dont sont surtout redevables les plus riches, tels que l’impôt sur la fortune plutôt que des impôts injustes comme la TVA et assurer que les entreprises contribuent leur juste part d’impôts.

- Source : Communiqué de presse envoyé à Reporterre par Oxfam France 22 janvier 2018

- Photo : Actu-Maroc

 

 

21/01/2018

Lille: Vaxinano, la pépite lilloise qui révolutionne le vaccin

Petite info anodine, qui a plus d'un an, lisez, réfléchissez...

Les nanoparticules en amidon permettent de concevoir des vaccins plus efficaces et non toxiques...

Olivier Aballain

 

Le parasite Toxoplasma Gondii dans une cellule de souris

Le parasite Toxoplasma Gondii dans une cellule de souris — By Jitinder P. Dubey [Public domain], via Wikimedia Commons

C’est peut-être une petite révolution médicale qui se prépare dans l’incubateur du parc Eurasanté, à Lille. La société Vaxinano a mis au point une technique de vaccination à base de nanoparticules d’amidon, qui permet d’administrer le vaccin avec un maximum d’efficacité et un minimum de toxicité. Une grande entreprise du secteur vient d’acheter l’utilisation de la technique, et les possibilités sont immenses.

Aujourd’hui, Vaxinano a déjà testé sa solution, avec succès, pour agir sur la toxoplasmose du mouton. « Il n’y avait qu’un seul vaccin, et il a été retiré du marché », précise Étienne Vervaecke, le directeur du parc Eurasanté.

Des nanoparticules oui, mais… en amidon !

Le principe du système Vaxinano ? La base du vaccin est véhiculée sur une nanoparticule en amidon, jusqu’au cœur des cellules à traiter.

C’est un peu comme ces vieux remèdes que l’on versait sur un sucre avant de les avaler… Sauf que là c’est un tout, tout petit sucre (de moins de 100 millionnièmes de millimètre). Et qu’il suffit de le respirer pour l’absorber.

La structure en amidon a un double avantage par rapport à une nanoparticule classique (en oxyde métallique, par exemple). Poreuse, elle permet de transporter une plus grande quantité de matière. Les chercheurs peuvent y loger les 2.200 protéines de la toxoplasmose, qui provoqueront la réponse immunitaire désirée.

Et ensuite, l’amidon s’élimine rapidement. « Dans le corps d’une souris, la nanoparticule est éliminée en 48h », précise Vincent Lemmonier, le PDG de Vaxinano. Concrètement, la nanoparticule ne sera donc toxique ni pour l’animal, ni pour l’environnement.

Pas de piqûre

A tout cela s’ajoute un troisième atout : fixé sur ses nanoparticules, le vaccin peut être administré par voie respiratoire (les muqueuses). Finies les piqûres ! « Imaginez l’avantage pour un poisson d’élevage. Il suffit de le diriger vers un couloir où on envoie le produit, et hop… », explique encore Vincent Lemmonier.

Les applications à la médecine humaine ne sont pas moins intéressantes, mais demandent naturellement un temps de développement plus long. Cependant la technique intéresse déjà plusieurs acteurs majeurs du marché mondial du vaccin. « C’est la première fois que l’on voit des grandes sociétés toquer à notre porte pour une entreprise incubée, avant même qu’on les sollicite », assure Étienne Vervaecke.

 

Source : http://www.20minutes.fr/lille/1919543-20160906-lille-vaxinano-pepite-lilloise-revolutionne-vaccin

 

 

L'eugénisme hante encore les États-Unis. Plus de 60 000 stérilisations furent pratiquées de force de 1907 à 1960.

 

Un article qui a vingt ans...............
 
Par Patrick SABATIER

Washington de notre correspondant

«Il vaut mieux pour tout le monde qu'au lieu d'avoir à exécuter un jour des criminels enfantés par des dégénérés, ou de les voir mourir de faim en raison de leur débilité, la société empêche de procréer ceux qui sont manifestement incapables d'y fonctionner"» Par ce jugement de 1927, la Cour suprême des Etats-Unis avait rejeté la plainte déposée au nom de Carrie Buck, une «pauvre Blanche», adolescente de 18 ans, contre la direction de l'asile de Virginie où elle avait été placée et stérilisée de force après avoir été jugée (à tort) «débile». Le mouvement eugéniste était alors à son apogée, et les Etats-Unis, bien avant l'Allemagne nazie, en étaient le centre.

«Indésirables». Selon le docteur Philip Reilly, auteur d'une Histoire de la stérilisation involontaire aux Etats-Unis publiée par l'université John Hopkins de Baltimore, plus de 60 000 stérilisations ont été ordonnées par la justice et pratiquées dans les hôpitaux publics américains entre 1907 et 1960, dans le cadre d'une politique d'élimination des «indésirables» (handicapés mentaux, alcooliques, criminels violents, mais aussi délinquants sexuels, «dégénérés» ou tout simplement membres de groupes ethniques perçus comme une menace pour la suprématie de la race blanche). De 1907 à 1932, trente-deux Etats américains ont promulgué des lois autorisant la stérilisation forcée. Ce n'est que depuis 1973 que le département de la Santé a interdit cette pratique.

Noirs et pauvres. Cette année-là (1973), un couple de Montgomery (Alabama), M. et Mme Reif, avait porté plainte. Leurs deux filles, Minnie Lee, 14 ans et Mary Alice, 12 ans, avaient été stérilisées sans leur consentement par l'hôpital. Leur fille aînée, Katie, 17 ans, n'avait échappé à l'opération qu'en prenant la fuite. Les Reif étaient Noirs et pauvres. Ils vivaient de l'aide publique. La publicité donnée à l'affaire par une organisation de défense des droits civiques, le Southern Poverty Law Center, entraîna un torrent d'autres révélations. A l'hôpital d'Aiken (Caroline du Sud), la moitié des accouchements pratiqués en 1972 sur des femmes vivant de l'aide publique avaient été suivis de leur stérilisation. Une commission sénatoriale d'enquête, présidée par Ted Kennedy, révéla que, dans la seule année 1972, 16 000 hommes et 8 000 femmes au moins avaient été stérilisés dans le cadre de programmes fédéraux. Les travaux de la commission amenèrent le département de la Santé à agir en septembre 1973. Mais, note le professeur Barry Mehler, qui enseigne l'histoire à Ferris State University (Michigan) et dirige l'Institute for the Study of Academic Racism, «aucun Etat, ni la nation dans son ensemble, n'a jamais reconnu qu'un crime horrible avait été commis contre ces gens. Aucune des victimes n'a jamais été indemnisée». Des propositions de lois ont même été faites ces dernières années dans divers Etats qui suggèrent de proposer aux criminels la stérilisation en échange de réductions de peine (Colorado), ou aux pauvres de s'y soumettre en échange d'aides financières (Dakota du Sud).

Biologiquement inférieur. Le professeur Mehler a attaqué de front une des principales organisations médicales américaines, l'American Psychological Association, qui devait décerner cette semaine à Chicago une des ses plus hautes récompenses au docteur Raymond Cattell, un psychologue très réputé. Le professeur Mehler a révélé que le docteur Cattell prône l'eugénisme comme «une alternative humaine à la sélection naturelle» dans le cadre d'une pseudo-religion (le beyondism) qui ne rejette pas toute référence à l'hitlérisme et dit vouloir oeuvrer à «l'élimination volontaire et consciente de ceux qui sont incapables d'une vie normale et heureuse». (La remise de la récompense a été gelée en raison de la polémique.) L'eugénisme, rappelle le Pr Mehler, a dominé la vie intellectuelle et scientifique américaine du début du siècle jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Il a eu des avocats aussi prestigieux que le président Teddy Roosevelt. Il a inspiré des lois de restriction de l'immigration (en 1924) qui visaient les races «biologiquement inférieures», tout comme les lois contre les mariages interraciaux, en vigueur jusqu'en 1967. La Société américaine d'eugénisme, fondée en 1921 (et devenue la Société d'étude de la biologie sociale), s'était donné pour programme la stérilisation de 10% de la population américaine dans le but d'éviter un «suicide de la race blanche», celle-ci étant, selon elle, menacée par une natalité en déclin, l'immigration et le fertilité des races dites de couleur.

«QI ethnique». «Les idées eugéniques n'ont jamais complètement disparu aux États-Unis», affirme le professeur Mehler. Il en voit la résurgence dans la polémique et le succès qui a entouré en 1995 la publication de l'ouvrage de Murray et Hernstein, The Bell Curve, qui prétend établir des bases génétiques pour les différences de quotient intellectuel entre les groupes ethniques. «De livre en livre, de proposition de loi en proposition de loi, nous sommes entrés dans une période où ces idées refont surface. Un jour ou l'autre, un État adoptera de nouveau une loi autorisant la stérilisation forcée"», prédit-il sombrement.

Patrick SABATIER
 
 
Et des livres (en anglais, pas de traduction française) :
 
 
51TmE+7Im1L._SX337_BO1,204,203,200_.jpgTHE SURGICAL SOLUTION: A HISTORY OF INVOLUNTARY STERILIZATION IN THE UNITED STATES. Creator. Reilly, Philip R. Bibliographic Citation. Baltimore: Johns Hopkins University Press, 1991. 190 p
 
 

 

41tNfrHJdPL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgA Century of Eugenics in America From the Indiana Experiment to the Human Genome Era - Paul A. Lombardo - Indiana University Press - 2011

 

 

 

 
Les Archives vivantes sur l'eugénisme dans l'Ouest canadien, un projet des Alliances de recherche universités-communautés :

"En 1928, l'Alberta a adopté la Sexual Sterilization Act (loi sur la stérilisation), une loi encourageant la stérilisation chirurgicale des « déficients mentaux ». Cette politique est demeurée en vigueur en Alberta jusqu'en 1972 et en Colombie- Britannique jusqu'en 1973."   http://eugenicsarchive.ca/about/french

 

 

 

19/01/2018

Quatre lettres d’amour de Niall Williams

 

 

traduit de l’anglais (Irlande) par Josée Kamoun

éditions Héloïse d’Ormesson, à paraître le 25 janvier 2018

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395 pages, 20 €.

 

Dans ce roman, qui fut le premier pour l’auteur de théâtre Niall Williams, l’écriture est remarquable, un très beau travail de création littéraire, très inventif, très poétique, les mots sont comme une pâte à pétrir chaude sous la plume de l’auteur et la traduction le rend sans doute admirablement bien, mais aurait-on perdu quelque chose dans ce passage entre les deux langues ? Car il y a tellement d’évanescence dans ce roman malgré une intense dramaturgie, comme un paysage de brumes permanentes qui entourerait les personnages et leur vie. Cela aurait-il à voir avec une particularité du climat irlandais ou bien l’auteur nous aurait-il à notre insu fait pénétrer dans une sorte de grand tableau mouvant et évoluant ? C’est difficile à expliquer en tout cas. Le lecteur lit, imagine, mais il y a comme une distance avec le ressenti. Il y a une profusion de détails pourtant, la mécanique des personnages est précise, il y a oui quelque chose de l’horlogerie, la grande horlogerie divine et d’ailleurs le questionnement sur la place du hasard ou de Dieu dans la destinée des uns et des autres, est au centre de la narration qui prend ainsi une évidente dimension métaphysique.

 

Il y a un chapitre, mais ce n’est pas le dernier donc on ne peut pas parler de crescendo, dans lequel l’émotion afflue d’un coup comme une grande marée, comme si le soleil avait enfin percé la brume, que la pâte avait levé de façon exceptionnelle, mais l’auteur n’a usé d’aucuns artifices pour faire advenir le miracle, juste le temps qui travaille et ce qui devait être s’est mis en place. Le lecteur lui-même ressent là très fortement ce soulagement, mais après une telle l’intensité, la suite qui s‘étire de nouveau en longueur peut provoquer une sorte d’anesthésie émotionnelle et le lecteur peut regretter de ne pas avoir quitté le livre au moment le plus fort, quand les matins sont lustrés et brillants et que la mer frissonne comme une fièvre. Mais ici, comme dans la vraie vie, le fil n’est pas censé s'arrêter au moment le plus intense.

 

Le titre lui-même nous égare un peu car il faut attendre quasiment la fin pour le comprendre. D’ailleurs, que le livre soit divisé en sept parties, n’est peut–être pas un hasard, surtout que la sixième tient sur une seule page. Il faudra d’abord suivre l’histoire de deux enfants, deux familles. L’une à Dublin et c’est le fils, Nicholas Coughlan, qui sera le narrateur des enchainements tragiques qui vont bouleverser son enfance à partir du moment où son père quittera son travail, déclarant que Dieu lui a demandé de se consacrer entièrement à la peinture.

 

« Il n’y a pas de hasard dans la nature, tel était le crédo essentiel de la philosophie de William Coughlan. Ainsi le saumon qui s’en va nager dans les vastes mers, dans cette immensité sans cartes ni repères, démesurée pour un poisson solitaire ; et puis son retour, le bond vertigineux vers l’amour, son élan qui s’argente et le porte vers le lieu de sa naissance. Et pourquoi ? Parce qu’il en a été décidé ainsi. C’est l’ordre des choses. Une fois qu’on a compris l’ordre des choses, c’est la fin des soucis. Ce qui est juste est juste. C’est indéniable, il y a une place pour chaque chose ; Dieu a prévu que tout s’imbrique. »

 

Foi, sagesse mystique ou folie ? Y a-t-il une différence ? C’est la question que se posera inlassablement son fils âgé de 12 ans jusqu’à ce que son destin le conduise bien des années plus tard, à la recherche du seul tableau encore existant de son père, chez l’autre famille, celle qui vit sur une petite île à l’Ouest de l’Irlande, une île « qui parfois semble faire voile à des milles vers le néant noir de l’Atlantique ». La famille d’Isabel Gore, son père, l’instituteur qui a fini par abandonner la poésie pour le whisky, sa mère qui veille sur son frère Sean et sur ce qu’il reste de ses rêves de jeune fille. Famille marquée elle aussi par la fatalité, de celle qui s’abat d’un coup et semble ôter tout sens à l’existence.

 

« – Mais c’est peut-être Dieu qui…

– Rien du tout. Dieu qui rien du tout, comme il le fait depuis des années. »

 

Sombre malheur et sublime grâce, les deux fils avec lesquels sont tissés les destinées, avec pour tableau de fond la beauté et l’âpreté des terres et de la mer d’Irlande, une palette de tristesse, d’espoirs fanés, d’amour fou, d’élans mystiques, à petites touches non dénuées d’humour aussi, tout sauf de la résignation, n’en déplaise aux veuves aigries et puis l’invisible réalité, là tout près, juste de l’autre coté d’un rideau de brume et qui parfois le traverse et traverse les murs.

 

Peut-être que l’essentiel dans ce roman n’est justement pas dans le roman lui-même, ni dans les mots, aussi beaux soient-ils.

 

« Mon père le savait, je crois, il savait que les mots parfois aplatissent les émotions les plus profondes, les épinglent, papillons dont le vol splendide s’engourdit et qui ne seront plus désormais que le lointain souvenir de ce qui naguère colorait l’air et le faisait palpiter comme de la soie. Mieux vaut imaginer. (…) Imaginer que le monde ne contenait rien qui fût sans grâce et que nous marchions, vivantes preuves des miracles, nos pieds touchant à peine le trottoir, sur le visage un sourire, tandis que des milliers d’oiseaux chantaient au ciel.  »

 

Peut-être l’essentiel, nous le trouverons dans notre cœur, nous lecteurs et dans la qualité du silence qui nous entoure, juste après avoir refermé le livre.

 

Cathy Garcia

 

 

 

AVT_Niall-Williams_2870.jpegNiall Williams est un écrivain et dramaturge irlandais, né en 1958. Il a étudié à l'University College de Dublin où il a obtenu une maîtrise en littérature américaine. Après avoir travaillé comme rédacteur à New York, il a quitté les États-Unis en 1985 et vit actuellement à Kiltumper, dans le comté de Clare, dans l’Ouest de l’Irlande. Quatre Lettres d'amour est son premier roman, il a été publié en Irlande en 1997 et chez Flammarion en 1998. Parmi ses autres ouvrages, on peut citer Comme au ciel (1999) et Destins crépusculaires (2003).

 

 

Discours de John Trudell prononcé le 18 Juillet 1980 au Centre de Survivances Interculturelles Amérindien

 

 

 

 

 

On a 20 ans pour changer le monde, un film d'Hélène Médigue (en salle bientôt)

 

 

 

 

 

 

 

12/01/2018

Expulsions à ND-des-Landes ? Un non-sens

 

Lettre ouverte de Léon Maillé, paysan retraité du Larzac

Si après avoir, en 1981, annulé l'extension du camp militaire du Larzac, le président Mitterrand avait expulsé les squatters, le laboratoire rural extraordinaire imaginé par les jeunes illégalement installés sur le plateau n'aurait jamais existé.

Ainsi, fait unique en France, l'admirable gestion collective, depuis 30 ans, des 6 300 ha appartenant à l'Etat et des 1 200 ha aux GFA militants n'aurait, elle non plus, jamais existé. Cela a permis l'éclosion d'une agriculture paysanne très diversifiée que nous les anciens, engoncés dans la mono-production roquefort, n'aurions jamais imaginée, encore moins osée. Transformation à la ferme, vente directe de fromage de brebis et chèvre, de viande d'animaux de plein air (bœuf, agneau, cochon...), très souvent en bio, auxquels il faut ajouter miel, artisanats divers, dresseur de chiens de berger, chèvres angora, et même fabrication de bière et d'apéritifs, etc.

 

En fait, chaque maison ou ferme vide dans les années 1970 est maintenant vivante. Ainsi, par endroit, on a doublé la population agricole et, pour mieux écouler ces produits fermiers, voilà 30 ans a été inventé ici le concept de marché à la ferme, largement repris ailleurs.

 

C'est le résultat du brassage d'idées provoqué par l'arrivée de tous ces jeunes de l'extérieur qui a été le levain de la revitalisation du causse. Ainsi, le prototype du premier rotolactor pour brebis a été inventé par... un natif du Pas-de-Calais, et le créateur de la magnifique coopérative des Bergers du Larzac (34 producteurs et 35 salariés) est venu de Nanterre reprendre une ferme vendue à l'armée. Du coup, ici on innove : ainsi plusieurs hameaux sont chauffés par un réseau de chaleur à la plaquette forestière locale, les toits des fermes hébergent des panneaux photovoltaïques, et depuis peu une Toile du Larzac (copiée sur une initiative de la Manche) amène Internet à haut débit via un collectif d'habitants.

 

N'oublions pas non plus ces débats de société engendrés sur le plateau, comme les combats contre la malbouffe, les OGM, la mondialisation libérale, les gaz de schiste, etc.

 

Ce tumulte local répercuté par les médias a été bénéfique à toute la région, au tourisme et à la vente des produits locaux. Lorsqu'on entend aujourd'hui des décideurs s'abriter derrière le droit pour justifier des expulsions à Notre-Dame-des-Landes, il faut leur rappeler que le droit n'est qu'une règle du moment, qui peut être modifiée, voire inversée. Exemple : l'arrachage des OGM était interdit (Bové a fait de la prison pour cela), maintenant ce sont les OGM qui sont interdits dans les champs, et c'est même l'Etat qui en a fait arracher !

 

Quant à notre « bergerie cathédrale » de La Blaquière, elle a été construite sans permis par des bénévoles, et financée en partie par le refus de l'impôt. Mais au final elle a quand même été inaugurée par un ministre de la République : Michel Rocard. En fait, c'est la légitimité qui devrait toujours l'emporter sur la légalité ; l'oublier, comme à ND-des-Landes, c'est aller à contresens de l'histoire. Et combien d'hommes politiques (De Gaulle, Mandela, Havel, etc.), après avoir enfreint la loi, sont un jour devenus président de leur pays.

 

Bref, heureusement que François Mitterrand n'avait pas eu l'idée saugrenue d'expulser les occupants d'alors...

 

Léon Maillé
paysan retraité

 

 

09/01/2018

Petit rappel de 2016 : Cash investigation - Climat : le grand bluff des multinationales / intégrale

Intéressant de (re)regarder avec le décalage temporel...et Hulot ministre...

 

 

 

 

Hazelwood a fermé normalement au printemps dernier et ENGIE a revendu d'autres de ses mines de charbon australiennes à des investisseurs chinois.

Une info toute récente concernant Total:

 

"Total réduit sa part dans les sables bitumineux de Fort Hills au Canada

 
Crédit photo © Reuters

(Boursier.com) — Le contentieux commercial qui opposait les partenaires du projet de sables bitumineux canadien Fort Hills a été réglé. Suncor et Teck Resources ont annoncé hier soir avoir chacun acquis une part supplémentaire auprès de Total, qui descend de 29,2% à 26,05%. Suncor monte à 53,06% du projet et Teck Resources à 20,89%. Les deux actionnaires ont précisé avoir accru leur investissement, respectivement pour 300 millions de dollars canadiens (environ 240 millions de dollars US) et 120 MCAD (96 M$). Ce prix équivaut à environ 69.330$ par baril de capacité de production, compte tenu des participations directes supplémentaires.

 

 

Loups solitaires, Serge Quadruppani

 

Métailié, collection Noir, 5 octobre 2017

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240 pages, 18 €

 

Des régions désertiques du nord du Mali au Limousin, en passant par l’Italie, Serge Quadruppani nous invite dans un polar d’une brûlante actualité et sans doute pas si rocambolesque qu’il n’y parait. L’auteur prend plaisir cependant à appuyer sur le grand guignolesque de la brutalité des comportements humains, qui font ressortir la sagesse de quelques personnages plus simples, plus droits, plus proches de la nature et des animaux : chat, poules, choucas, ânes, blaireaux, abeilles... qui eux aussi savent faire preuve d’une certaine noblesse.

 

Ce polar est à la fois cruel et drôle, cruel comme le sont les hommes et drôle comme ils peuvent l’être quand il n’y a plus de limite au ridicule de leur arrogance. Il y a une vraie morale qui sous-tend ce polar, entre farce et fable. L’humour avec lequel l’auteur s’empare du sujet ne rend pas moins efficace la critique sous-jacente et soulève des questionnements concernant les nouvelles technologies mises au service de soi-disant guerres menées contre le terrorisme et l’opacité  des agissements de différents services à la solde de pouvoirs, mais aussi concernant notre rapport à la nature et notamment à la destruction méthodique d’animaux qualifiés de nuisibles. Et question méthode, des animaux à l’homme, le pas a déjà été franchi.

 

Pierre Dhiboun, capitaine surentrainé des forces spéciales françaises infiltré dans un groupe djihadiste au Nord du Mali, a soudain déserté sans qu’on sache de quel camp, pour disparaitre de la circulation et réapparaitre dans le Limousin, chez une éthologue anglaise, une séduisante et récente veuve, spécialiste des comportements et routines humaines, qui travaille pour une base militaire aux activités énigmatiques. Pierre Dhiboun est un personnage central, ambigu et intéressant autour duquel plusieurs filets se resserrent et derrière lesquels opèrent différents services plus ou moins officiels, avec toute la discrétion et la bassesse que les magouilles et conflits de pouvoir exigent.

 

Entre le plateau des Millevaches et le bord de Vienne, un territoire peuplé principalement de retraités et de quelques marginaux et fortes têtes, le chemin de deux loups solitaires vont se croiser. L’un des deux est un homme.

 

Serge Quadruppani, auteur de L'Anti-terrorisme en France ou la terreur intégrée (1989), connait son sujet en profondeur, ce qui lui donne une base très solide sur laquelle il peut se permettre d’ironiser car il vise juste et vu la lourdeur justement du sujet, pouvoir en rire un peu est salutaire. La course-poursuite finale est carrément hilarante, un vrai sas de décompression.

 

« Francis n’a aucune idée de ce dont parle ce type en short et chemise ouverte sur le poitrail qui descend de la cabine pour venir contempler, mains aux hanches, le véhicule qui s’enfonce toujours dans la tourbière. Cependant, en raison du trop grand nombre d’erreurs et de contentieux subséquents qui ont marqué ces dernières années son secteur d’activité, il a été entrainé à ne tirer sur les formes de vie incompréhensibles qu’en cas d’hostilité manifeste.

 

(…)

 

C’est ainsi qu’un commando de contractants surentrainés qui a participé à la reprise de Falloujah maison pas maison, affronté les talibans dans la passe de Khyber durant une tempête de neige empêchant toute couverture aérienne et, à cent contre un, les hommes de l’État islamique sur le rivage des Syrtes, fut ce jour là transporté dans la benne à Juju. »

 

Il y  a un parti pris dans ce polar habile qui ne plaira pas à tout le monde, mais c’est ce qui lui donne sa force et son sens. S’il y a un enseignement à tirer des loups solitaires, c’est que ce qui importe pour la survie, plus encore que l’équipement, c’est une vraie connaissance du terrain.

 

Et pour connaître véritablement un terrain, il faut l’aimer et le respecter.

 

 

Cathy Garcia

 

 

 

quadruppani-300x460.jpgNé en 1952 dans le Var, Serge Quadruppani vit dans le Limousin. Après avoir publié des essais, des enquêtes et deux romans historiques, il a surtout écrit des romans noirs. Il a participé à la création du personnage du Poulpe et au lancement de la collection afférente aux éditions de la Baleine, et a créé la collection “Alias” au Fleuve noir. Depuis 1999, avec Giancarlo De Cataldo et Andrea Camilleri, puis d’autres, comme Gioacchino Criaco, Wu Ming, Carlo Lucarelli, Valerio Evangelisti, Sandrone Dazieri, Massimo Carlotto, Marcello Fois, Giuseppe Montesano, il a donné une nouvelle dimension à son activité de traducteur en faisant connaître des auteurs italiens en France. Il dirige la Bibliothèque italienne aux Éditions Métailié. La Nuit de la dinde a reçu le Prix du roman du Var 2003 et le Prix interlycées professionnels de Nantes 2004. L'auteur a également reçu le Prix des lecteurs du festival Quais du polar en 2011 pour son livre Saturne (Éditions du Masque).

 

 

08/01/2018

Le chant des blessures de Sybille Claude

 

LEGS édition, Haïti, août 2017

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110 pages

 

Dans un langage simple, direct, un langage parlé avec des tournures qui peuvent parfois dérouter le lecteur, mais parsemé de fulgurances poétiques, Sybille Claude dans ce premier et court roman, laisse entrevoir la naissance d’un écrivain qui va compter. Cette île on le sait, est ô combien riche de poètes, d’écrivains, dont les désormais célèbres sont majoritairement masculins. Pourtant il y a bien des voix de femmes aussi dans la littérature haïtienne, aussi saluons cette plume nouvelle qui est celle d’une toute jeune femme, tout comme le personnage central et narrateur du roman.

 

Après l’assassinat du père adoré, poète, intellectuel et militant politique, un accident cardiovasculaire cloue la mère inconsolable de Sarah Aurore Barreau dans un fauteuil et toute leur vie avec, qui dégringole au plus bas. Un grand frère, adoré lui aussi, a tenté le tout pour le tout en s’embarquant clandestinement sur une de ces embarcations lancées en vain vers une hypothétique Amérique. « L’eau a eu raison de la ténacité de mon frère ». Sarah Aurore Barreau s’est retrouvée seule avec une mère qui ne la regarde plus et dont elle doit cependant s’occuper à Lanfèpam, nom dans lequel on ne peut qu’entendre le mot « enfer », quartier de tôles et de mouches, d’eaux puantes où « le soleil te cherche et te trouve à l’intérieur de ces trous crasseux » et « où il n’y a pas d’espace entre deux taudis lézardés pour insérer même une plante ». Lanfèpam, quartier de violence, bidonville où la jeunesse ravagée par la drogue n’a guère d’autre avenir que de faire travailler son sexe la nuit venue ou se faire happer par une criminalité souvent au service d’obscurs intérêts politiques. Lanfèpam, rythmée par la musique vaudou enveloppée de fumée, où une pauvre marchande ambulante peut se voir lynchée en plein jour à la machette, parce que le bruit court qu’elle se transforme en chat la nuit pour dévorer les nourrissons.

 

Sarah Aurore Barreau, n’a que les mots pour ne pas couler. « Je ne suis pas Père et je ne suis pas un joyeux poète de l’Amour. Ma poésie c’est l’eau et les quatre planches et les cartouches et les bouches des mitrailleuses et la chaise et les larmes-poignards de Mère. »

 

Ce chant des blessures est un hymne à la lecture et aux livres, à leur pouvoir de tirer vers le haut, d’aider à guérir de l’inguérissable en insufflant le désir de vivre malgré tout, en donnant la force de rêver plus haut, plus fort, d’accomplir sa légende personnelle comme le personnage de L’alchimiste de Coelho, un des ces livres qui va aider la narratrice à franchir le pas qui sépare la mort de la vie, en s’appuyant sur sa passion pour la littérature et son talent pour la photographie, en témoignant pour les disparus, en posant des mots et des visages sur les trous béants des cinq balles qui ont tué son père. « Je veux des mots qui fouettent, des mots qui hurlent, des mots qui sautent, des mots qui tambourinent et qui peuvent obtenir justice pour le poète assassiné. Je veux que les mots explosent comme les cartouches dans le crâne du poète. » Sur le gouffre de la mer qui a englouti son frère, de la douleur qui a avalé sa mère et il en faut de la résilience pour survivre dans cet île où « la crasse caresse le luxe », « terre mangeuse d’hommes » sur laquelle le sort ne cesse de s’abattre sur les plus démunis, « peuple estampillé au feu de la misère ». « Le drame c’est le quotidien des masses. Ces hommes et ces femmes sans lendemain que la vie piétine au quotidien. »

 

La  narratrice se verra offrir une chance de quitter Lanfèpam et elle saura la saisir et surmonter ses blessures, en faire un chant qui se communiquera à d’autres dans cette belle chaîne humaine que les cœurs peuvent tisser entre eux. « Je suis une fille de rien du tout qui tente d’attraper la littérature par la jupe, à titre d’hommage à un poète que le monde n’a pas pu découvrir. »

 

Difficile de ne pas voir chez la narratrice un alter ego de l’auteur dont ce premier roman dédié à sa tendre mère, commence par cette citation de Baudelaire : « J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans ».

 

Cathy Garcia

 

 

Sybille Claude~mv2.jpgSybille Claude est née le 29 mars 1990  à Delmas, Haïti. Ses études secondaires terminées, elle a étudie la Linguistique à la faculté de Linguistique appliquée de l'Université d'État d'Haïti. Passionnée de lettres, elle travaille comme enseignante aux Cours privés Edmé à Pétion-Ville.

 

 

 

Publiée sur le site de la Cause Littéraire

 

 

 

Quand Ford et Volkswagen livraient leurs ouvriers syndicalistes aux tortionnaires des dictatures

 

par Rachel Knaebel

Fin décembre, un procès inédit a débuté en Argentine : d’anciens cadres de la multinationale automobile Ford sont jugés pour leur complicité avec l’appareil répressif de la dictature militaire argentine (1976-1983), durant laquelle 30 000 personnes ont disparu et 15 000 ont été exécutées.

D’anciens dirigeants de la filiale argentine de Ford de l’époque sont soupçonnés d’avoir facilité la séquestration et la torture de 24 ouvriers d’une des usines Ford du pays. « Trois délégués syndicaux n’ont jamais été retrouvés, précise le journal Le Monde.

Quelques jours avant le début du procès argentin, au Brésil, le constructeur automobile allemand Volkswagen présentait les résultats d’une recherche sur sa collaboration avec l’appareil répressif de la dictature militaire brésilienne cette fois (1964-1985), avec ses 20 000 personnes torturées et quelques centaines de morts et « disparus ». Des témoignage recueillis dans le cadre de la Commission vérité sur les crimes de la dictature brésilienne ont révélé que des ouvriers de Volkswagen avaient été arrêtés, frappés et séquestrés sur leur lieu de travail avant d’être envoyés dans des centres de tortures et en prison.

Dénoncer les syndicalistes au nom du progrès

Des responsables de Volkswagen transmettaient aux organes de répression du régime des rapports sur ses ouvriers syndicalistes (voir ici et ). C’est suite à ces accusations que l’entreprise a initié cette recherche historique, confiée à un historien indépendant. L’auteur de l’étude est finalement arrivé à la conclusion qu’« une collaboration a eu lieu entre certains vigiles de Volkswagen do Brasil et la police politique, du Dops, du régime militaire ». Mais qu’« il n’y avait pas de preuve claire que cette collaboration se basait sur une action institutionnelle du côté de l’entreprise ».

Dans les années 1960, la filiale brésilienne de Volkswagen est la plus grande appartenant au constructeur hors de l’Allemagne, et la cinquième plus grande entreprises brésilienne. L’historien Christopher Kopper souligne d’une part que le directeur de Volkswagen Brésil de l’époque, Friedrich Schultz-Wenk (émigré allemand arrivé au Brésil en 1949), « n’a pas du tout été effrayé par le putsch de 1964 ». « Il y a réagi au contraire de manière très positive, euphorique », écrit-il. « Schultz-Wenk saluait l’emprisonnement des leaders syndicaux et des sympathisants de fait ou supposés des communistes », ajoute l’étude.

« En 1972 j’ai été emprisonné au sein du site de Volkswagen. »

Celui qui lui a succédé à la tête de la filiale brésilienne de Volkqwagen en 1972, Werner P. Schmidt, est même cité, en 1973, dans article du journal allemand Süddeutsche Zeitung. Il y assure que la « fermeté » du régime était nécessaire au progrès : « “Bien sûr”, dit l’homme entre deux gorgées de jus de tomate, “la police et les militaires torturent les prisonniers pour obtenir des informations importantes, bien sûr on ne fait même plus de procès aux subversifs politiques, on les tue immédiatement, mais une information objective doit ajouter à cela que sans fermeté, on irait pas de l’avant. Et on va de l’avant“. »(Voir la citation complète ici).

L’étude détaille plusieurs exemples concrets de collaboration entre Volkswagen et l’appareil répressif. « Le premier travailleur de Volkswagen emprisonné a été arrêté le 29 juin 1972. Le même jour, la police arrêtait l’outilleur Lucio Bellentani. Le 2 août, l’outilleur Antonino Torino, le 8 août le fraiseur Geraldo Castro del Pozzo, le contremaître Heinrich Plagge et la secrétaire Annemarie Buschel », énumère l’étude. « En 1972 j’ai été emprisonné au sein du site de Volkswagen, avait témoigné Lúcio Bellentani en 2012 devant la commission de la vérité de São Paulo. J’étais au travail et deux individus avec des pistolets automatiques sont venus, me les ont collés dans le dos et m’ont posé des menottes. Il était environ 23 heures. Dès que je me suis retrouvé dans le local de sécurité de Volkswagen, la torture a commencé. J’ai reçu tout de suite des coups. Ils voulaient savoir s’il y avait d’autres membres du parti (communiste) chez Volkswagen. » 

Impunité

Le même jour, l’ouvrier est envoyé dans un centre de torture du Dops. S’ensuivent « deux heures de coups ». L’homme a ensuite passé six mois dans ce centre de la police politique, a attendu un an un procès, puis a été libéré, faute d’éléments contre lui. « Le témoignage de Lucio Bellentani accable le vigile de Volkswagen, conclut l’historien. Il aurait pu empêcher les mauvais traitement dans les locaux de Volkswagen. » Le chercheur précise aussi : « Quand le chef de la sécurité de Volkswagen, Ademar Rudge a informé le chef du personnel, le chef de la production, et le directeur, le 9 septembre 1974, du déroulement d’une assemblée syndicale et de la participation de travailleurs de Volkswagen, une copie de ce rapport a manifestement été envoyé, comme de routine, à la police politique »

Il est toutefois peu probable qu’un procès ait jamais lieu contre d’anciens responsables de Volkswagen au Brésil, comme c’est le cas actuellement à l’encontre de ceux de Ford en Argentine. La loi d’amnistie brésilienne de 1979 a permis d’un côté l’amnistie des exilés et prisonniers politiques, mais empêche toute poursuite judiciaire à l’encontre des responsables de la répression durant la dictature militaire.

Rachel Knaebel

http://multinationales.org/

 

 

 

 

04/01/2018

ARTE Regards - Sur les traces de l’accident nucléaire de Maïak

Le 29 septembre 1957, une explosion du complexe militaro-industriel de Maïak causait l’irradiation de plusieurs milliers de personnes et une catastrophe écologique à grande échelle. Ce drame fut tenu secret plus de trente années durant par les autorités soviétiques...
 
L’avocate et militante écologiste russe Nadezhda Kutepova est originaire de l’Oural : c’est là, non loin de la ville d'Oziorsk, qu’a eu lieu il y a soixante ans le premier et l’un des plus graves accidents nucléaires de l’histoire. Le 29 septembre 1957, une explosion du complexe militaro-industriel de Maïak causait l’irradiation de plusieurs milliers de personnes et une catastrophe écologique à grande échelle. Ce drame fut tenu secret plus de trente années durant par les autorités soviétiques : à l’heure actuelle, personne n’a encore été dédommagé. Après avoir défendu les victimes de l’accident devant la justice, Nadezhda Kutepova a dû se réfugier en France : accusée d’espionnage industriel par les médias officiels russes, elle risque vingt ans de prison. Aujourd’hui, elle poursuit son travail militant depuis Paris. Et c’est par hasard qu’elle a découvert au fil de ses recherches des documents suggérant une possible implication des autorités françaises dans l’étouffement de l’affaire…
 
 
visible jusqu'au 19 janvier...
 
 
 
 
 
 

Des abribus pour l’exode de Marc Tison

images et peintures de Raymond Majchrzak

éditions Le Citron Gare, novembre 2017

CouvertureMarcTison.jpg

 

82 pages, 10 €.

 

Sensations vivaces qui imprègnent le mental, maintiennent sous tension le réseau de nerfs, scarifications émotionnelles sur le corps de la mémoire qui n’accepte pas la reddition, ni la soumission. Mémoire du corps jamais rassasiée de cette ivresse qui nous propulse dans le corps de l’autre. Sexe, musique, jeunesse, pures sensations qui lancent les rêves à l’assaut des horizons, pied sur l’accélérateur.

 

On ne va plus dans les étoiles. Les fusées sont dépiécées. La tête en feu de joie c’était pourtant bien là, claquant le réel à l’enchantement du voyage.

 

Il y a si peu de temps. Il y a si peu de soi.

 

Mémoire du corps accro à l’intensité, à la sensation de liberté, aussi illusoire soit-elle.

 

Il y a tant d’espaces délabrés que tu revisites plein d’espoir, incrédule. L’avant ne s’est pas peint d’éternité.

 

Le passé n’existe plus, mais le monde a-t-il mieux à offrir ? Tel est le questionnement qui sourd de ce recueil de Marc Tison. Abribus pour l’exode, tentations en lignes de fuite.

 

L’alcool me flambe toujours au crépuscule

pour saluer les jours brûlés à l’ennui.

Je ne suis pas si fragile

 

Un recueil pas tout à fait nostalgique, ou pas seulement, même lors d’un retour dans le Nord, à Denain.

 

« Je reviens à mon pays, intérieur, affranchi, en orpailleur. (…) Entre les usines désarmées, les terrils décapités, il reste sur les bars de poussière, les traces rondes des bocks de bières. Les jukebox remisés chuchotent mémoriels des Ep gravés pour des bals rock et ouvriers. »

 

Le poète pratique un art magique. Avec ses mots, il peut souffler sur les braises, réanimer à volonté la flamme. Ce n’est pas sans danger d’user de ce pouvoir et l’hypersensibilité permanente lui interdit de s’abrutir dans un confort étanche. Convocation lucide de sensations dont le corps ne parvient pas à se défaire au point parfois de ne pouvoir dormir. La révolte est intacte, la conscience vive et les injustices demeurent insupportables.

 

« Au cœur de l’Europe chrétienne on aime son prochain. (…) Ha qu’est ce qu’on l’aime son prochain quand il est courageux et qu’il reste noyé dans la mer. »

 

Insupportable comme la tiédeur, la médiocrité, l’hypocrisie, le mensonge, le vide de sens contemporain.

 

« Les animateurs des émissions d’actualité et de divertissement des chaines de télévision ont des trous dans leurs mots. A travers passent d’immenses tristesses de rien. Alors les téléspectateurs tombent dedans.

Ceux qui n’ont pas de parachute s’écrasent méchamment le dedans de la tête. »

 

Même la musique est creuse. « Les notes juteuses - qui touchent le corps – se sont tirées des clips maniérés. Parties continuer la fête ailleurs.

 

(…) Nous appelons alors musiques les dérangements sonores qui habillent les cliquetis des caisses enregistreuses des supermarchés. »

 

« Au quotidien on se fait à toutes les crapuleries (!?!) » Ce n’est pas un constat résigné, mais un « !?! », car non poète, tant que ton corps est vivant, il vibre ! Il n’est pas dupe mais il sait encore ressentir.

 

« Prends le matin nu en embrassade. Tu l’effleures et tu lui souffles des siroccos. Ta bouche pleine du sucre des figues fraîches de l’aube.

 

Fais l’amour, alors fais l’amour comme se maquillent les rêves. Dans tes yeux explosent des couleurs, des rouges mélangées de jaunes et d’ailleurs. »

 

Mais il faut savoir qu’après chaque shoot de sensations intenses, il y a la redescente. Amertume et dégoût guettent l’insurgé, les focus sur le monde attisent la rage et la nuit, seul espace de rêve, exige l’insomnie.

 

« Une communication interlope avec les fantômes de tes désirs. (…) Le sommeil t’attend. Tu n’en veux pas. Pourtant les draps frais sentent si près la mélancolie de l’enfant. Cet état qui t’apeure.

Comme un licol sur l’encolure d’un mustang. »

 

Le poète est en cavale, ce n’est pas la mort qu’il fuit, ni même la vieillesse, mais bien ce licol à l’encolure. Semant au vent ses brassées de mots indomptables, cet « autochtone des plaines d’exodes » ne se rendra jamais, parce qu’ayant su saisir l’essentiel de sa vie et de ses folies, il le convoque autant qu’il lui plait pour des fêtes intimes subtiles qui passent au travers des mailles de n’importe quel filet.  De toutes les pertes, il sort vainqueur. Il a gagné la plus belle des libertés, sa liberté intérieure.

 

« J’abandonne le champ des batailles en friches. J’abandonne la routine des ultimes charges.

 

J’en reviens à l’absolu.

 

L’absolu silence. D’où se recompose le mystère. La parole et le chant.

 

L’absolue virginité. D’où nait l’amour. La complexité absolue du vivant.

 

L’absolu lointain. D’où se mesure l’avenir. Son effacement conjuré de promesses.

 

(…) Toute disparition fera un renouvellement.

 

 

Pas de nostalgie donc, ou pas seulement. Trop de saveur encore dans la bouche, pour cultiver les regrets.

 

(…) Dans l’espace existentiel de millions d’années lumières, je ne saurais pas l’omniscience. Ça n’a pas d’importance.

 

Ma vie idiote est une merveille. »

 

 

Et quand c’est l’âme qui jouit, il n’y a plus aucune limite.

 

 

Cathy Garcia

 

 

 

tison nb_031433651bfd190a9d553ddfeb391298.jpgMarc Tison est né en 1956 entre les usines et les terrils, dans le nord de la France. Fondamental. A la lisière poreuse de la Belgique. Conscience politique et d’effacement des frontières. Engagé tôt dans le monde du travail. Il a pratiqué dans un premier temps de multiples jobs : de chauffeur poids-lourd à rédacteur de pages culturelles, en passant par la régie d’exposition (notamment H. Cartier Bresson) et la position du chanteur de rock. Puis il s’est spécialisé dans la gestion et l’accompagnement de projets culturels et d’artistes. S’est mis à l’écriture de poésie très tôt comme la juste expression des sensations vivaces. Habite maintenant dans le Tarn où il continue, heureusement troublé, l’exploration des univers à réinventer.

  

Raymond Majchrzak est né en 1955 à Escaudain (59), pays minier et industriel, à quelques kilomètres de Denain. Il a fait les beaux arts à Valenciennes. Il peint et travaille des images numériques. Il déroule aussi de longues improvisations musicales plus ou moins électroniques pour lui même à longueur de temps. 

 

Pour commander le recueil auprès de l'association le Citron Gare, p.maltaverne@orange.fr

 

 

 

02/01/2018

Revue Nouveaux Délits n°59, éclosion !

 

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Eh bien voilà revenue l’année nouvelle ! Nous savons que ça ne veut pas dire grand chose, mais si ça peut nous permettre de nous sentir de même un tant soit peu neufs, décidés à laisser derrière nous le pesant et l’obsolète... Une nouvelle chance, un nouveau départ, un peu de poudre de perlimpinpin qui brille, une virginité en toc, un lustre qui disparaitra en deux coups d’éponge, mais quelques secondes de rêve, ce n’est pas rien, alors on ne va pas se les gâcher en faisant du mauvais esprit, surtout quand on s’appelle « Nouveaux Délits ».

 

Si la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil, comme l’écrivait Char, alors elle est au soleil pendant que d’autres sont au bureau, aussi spacieux soit-il. Alors, fait-elle vraiment souffrir cette lucidité ? Et si elle était justement la garante du rêve ? Entre la transparence et l’opacité, il y a la beauté de la translucidité, ce qui n’est pas sans rapport avec la poésie.

 

Aussi, je vous invite sans plus de blabla à la découverte des poètes de ce nouveau numéro. Je les ai choisis avec mon meilleur mauvais goût, clin d’œil à de pauvres petites idées fixes et préconçues et donc pas très neuves, de ce qu’est, doit être et ne peut pas être la poésie. Ne cherchez pas, la poésie n’y est déjà plus ! Souhaitons-nous plutôt de tirer le meilleur jus de cette année inédite et de le boire en chantant à tue-tête. Soyons sérieux : rions beaucoup et aimons plus encore !

 

Bonne année 2018 à vous toutes et tous et que la paix ferme le bec des imbéciles qui ne laissent pas passer la lumière.

 

CG

 

 

La poésie n’est pas un art pur, indépendant. Elle n’est que révélatrice. La poésie n’a pas besoin d’être, c’est tout le reste qui n’est pas, sans elle.

Cathy Garcia in Qué wonderful monde

(Nouveaux délits, coll. Les délits vrais éd. 2012)


 


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AU SOMMAIRE

 

 

Délit de poésie dans l’irrespect total de la parité (mais c’est LA poésie) :

 

Pénélope Corps

Benoit Arcadias

Jean-Louis Millet avec six fragments de Psychorama holographique

Marc Guimo et des extraits de sa Réalité dispersée

Pablo Gelgon

 

Résonances :

 

Civilisé de Walter Ruhlmann, Urtica 2017

J’écris des poèmes de Murièle Modély, Éd. du Cygne, 2017

 

Délits d’(in)citations, petits flocons mignons qui fondent au coin des pages.

Vous trouverez le nouveau bulletin de complicité au fond en sortant, il est en tout point pareil que l’ancien, en digne résistant à la hausse des tarifs postaux.

 

 

 

Illustrateur : Arnaud Martin


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http://www.arnaudmartinpeintre.com/


 

 

L’homme d’Osa

Il descendait de la montagne,
il rentrait chez lui,
on lui a fait traverser le fjord
depuis Osa jusqu’à Öydvinstö.
Il avait la main ouverte,
il a offert de payer.

Mais l’homme d’Osa
Ne voulut rien entendre.
– Je veux payer ;
j’habite trop loin
pour te rendre la pareille.
– Eh bien, rends service
à un autre homme,
dit l’homme d’Osa,
et il reprit les rames.

Olav H. Hauge

in Nord profond

 

Paru en octobre dernier

 

 

SURSIS

 

Treize micro-fictions poétiques, bizarres, décalées, dérangées… Dérangeantes ?

 

 « Je l'observe avec étonnement et soudain, je vois ses lèvres venir s'écraser contre le rempart de verre et son regard virer au gris. Je la vois se retourner sur elle-même, cette crispation soudaine qui ne trompe pas. Je me demande, l’espace d’un instant, si elle pourra obtenir rapidement son sursis, puis je m'éloigne, je voudrais profiter du mien. »

 

 

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10 € + 1,50 de port

 

neuf collages originaux (impression nb)

28 pages agrafées

 

papier 90 g calcaire,

couverture 250 g calcaire

100 % recyclé

autoédité à tire d’ailes



 

De cet ouvrage, a été réalisé un tirage de tête (épuisé) limité à 13 exemplaires, numérotés et signés avec illustrations en couleurs. Ces collages de format A4 sont maintenant en vente. Visibles sur http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com/

 

 

 

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Et toujours de la poésie À ÉCOUTER (et autres délires vocaux) sur http://cathygarcia.hautetfort.com/donner-de-la-voix/

et sur la chaîne youtube Donner de la voix.

Du fait maison avec les moyens et la technicienne du bord, pour le plaisir et le partage.

 

 

Nouveaux Délits - Janvier 2018 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Illustrateur : Arnaud Martin Correcteur : Élisée Bec          http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com