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08/01/2011

Colombie : Nouvelle découverte de fosses communes

6 janvier 2011

« Nous croyons que l’armée colombienne s’est convertie en une armée d’occupation contre son propre peuple : une armée qui protège les intérêts des grandes multinationales, contre notre propre peuple, une armée qui veut livrer les richesse, le pétrole, l’or, la biodiversité aux entreprises multinationales » Ramiro Orejuela, avocat défenseur des victimes des crimes d’état.

Des défenseurs des droits humains dénoncent la gravissime crise humanitaire qui vit la Colombie. Ils dénoncent la découverte d’au moins 1 505 corps supplémentaires dans des fosses communes en Colombie, dans le département de la Meta, la même région que la plus grande fosse commune du continent, avec 2 000 cadavres découverte en décembre 2009, et dont les cadavres sont les corps de disparus et d’assassinés par l’armée, comme il en a été conclus lors des audience publique de témoins et de proches en juillet 2010 près de la gigantesque fosse commune de la Macarena. La plus grande fosse commune du continent américain est située près du bataillon militaire de la Force Oméga du Plan Colombie, qui dispose d’une étroite collaboration militaire étasunienne.

 

Des défenseurs des droits humains dénoncent que les nouveaux 1 505 restes humains découverts dans la région peuvent être encore plus de civils assassinés par l’armée.

 

De nombreux défenseurs des droits humains, les congressistes du Polo Democrático Alternativo (PDA) Gloria Inés Ramírez et Iván Cepeda Castro, accompagnèrent le groupe de spécialistes de la justice colombienne qui le jeudi 16 décembre réalisa une inspection judiciaire avec pour but d’exhumer 66 corps qui se trouvaient dans une tombe collective dans la municipalité de Granada dans le département de la Meta. Cette tombe coïncide avec les dénonciation du PDA lors de deux sessions du Congrès de la République il y a quelques mois ; des dénonciation basées sur les réitérés et courageuses dénonciation de familles de disparus et d’habitants de la zone.

 

Bien que le gouvernement dit que les corps trouvés sont ceux de personnes "morts aux combats" (ce qu’il dit aussi dans le cas de la fosse de la Macarena, ce qui se révéla faux), les dirigeants du Polo le jésuite Javier Giraldo, qui s’est aussi déplacé dans la zone, ont avertit qu’il y a beaucoup de mineurs morts, ce qui pourrai signifier des bombardements contre la population civile, mais aussi de disparus ou de "faux positifs" de la part de l’armée. les "faux positifs" sont des enlèvements de civils par l’armée qui ensuite les assassine et les déguise en "guérilleros abattus au combat" ; ils y a eu des milliers de cas dénoncés d’assassinats de "faux positifs" en Colombie.

 

Sur cette dantesque nouvelle découverte, Telesur a interviewé Ramiro Orejuela, avocat défenseurs des droits humains :

"grâce aux dénonciations des organisations de droits humains et des familles des victimes, familles de disparus, on a réussit à ce que la justice trouve une énorme nouvelle fosse commune [...] il est important que maintenant les familles qui sont venues dénoncer les disparition de ses proches donnent des échantillons d’ADN [...] le plus important est que les dénonciations que nous faisons depuis longtemps soit corroborées ... chose que refuse de faire le gouvernement à travers du ministre de la défense qui dit qu’il n’y a pas de fosses communes, nous avons démontré que durant les quatre derniers mois ont a découvert 1 500 personnes non identifiées [...]seulement dans 3 cimetières de la Meta ont a trouvé plus de 1 500 personnes, une situation dantesque pour l’humanité, qui montre que la violation des droits humains de la part de la force publique contre le peuple".

 

Et au sujet de l’origine des morts il déclare :

"[...] Il peut exister quelques cas de personnes "mort au combat", mais cette situation a été utilisée par le gouvernement, par l’armée pour assassiner des personnes innocentes et les faire passer comme "guérilleros morts au combat", ce qui a été dénommé "faux positifs". Le gouvernement profite de ces circonstances pour discréditer les défenseurs des droits humains : les défenseurs des droits humains sommes persécutés, victimes de menaces, d’assassinats, d’emprisonnement ... quelques camarades sont aujourd’hui prisonniers avec de fausses accusations de personnes travaillant pour le gouvernement [...] La tragédie humanitaire de Colombie est énorme : cette situation de déplacement de millions de personnes de la part de l’armée et des bandes paramilitaires qui travaillent en compagnie de l’armée et avec l’appui et la défense de la part de l’armée des assassins paramilitaires depuis des décennies, la tragédie vient premièrement de l’armée."

 

Au sujet de savoir si les autres fosses communes découvertes en Colombie peuvent servir comme jurisprudence pour cette nouvelle découverte :

"La Colombie est une fosse commune [...] Nous alertons la communauté internationale : plus de 1 500 corps seulement dans une région .... comme ce sera dans tout le pays ? [...] la communauté internationale doit connaitre ceci. ET nous devons recevoir de l’aide pour enquêter et punir les responsables pour l’action, l’omission et la connivence [...] ces enquêtes doivent avoir lieu au plus haut niveau : doivent être inculpé des hauts généraux, politiques, nous osons même demander des comptes à l’ex président Uribe pour sa connivence avec tant de crimes contre le peuple colombien [...] beaucoup de ses haut fonctionnaires sont aujourd’hui poursuivit, quelques uns ont fuit pour des crimes qu’ils ont commis contre notre peuple [...]

"Nous croyons que l’armée colombienne s’est convertie en une armée d’occupation contre son propre peuple : une armée qui protège les intérêts des grandes multinationales, contre notre propre peuple, une armée qui veut livrer les richesse, le pétrole, l’or, les émeraudes, la biodiversité aux entreprises multinationales et pour cela elle persécute nos paysans qui sont les seuls qui ont résisté pour défendre la souveraineté et pour défendre les richesse naturelle de Colombie, qui est une des pays les plus riches du monde"

 

Source : Le grand soir

via http://www.michelcollon.info

Au Honduras, les uns comptent leurs dollars, les autres leurs morts

Hélène Roux

6 janvier 2011

Le 15 novembre 2010, la région du bas Aguán au Honduras a été le théâtre d’un massacre de plus, perpétré contre cinq paysans membres de l’organisation paysanne Movimiento Campesino del Aguán (MCA). Les faits se sont produits à l’aube du 15 novembre, lorsque deux cents gardes armés à la solde de M. Miguel Facussé Barjum (1), le magnat hondurien de la palme africaine, ont tiré avec des armes de gros calibre sur un groupe de paysans qui venait présenter les papiers les accréditant comme légitimes propriétaires de la finca (propriété) El Tumbador (municipalité de Trujillo).

 

Ces assassinats constituent un nouvel épisode dans le conflit agraire qui oppose de longue date le MCA aux grands entrepreneurs et propriétaires terriens de la région : M. Facussé Barjum – président de la société Dinant et oncle de l’ex-président libéral Carlos Flores Facussé (1998-2002) –, M. René Morales Carazo – industriel et frère du vice-président de la République du Nicaragua, M. Jaime Morales Carazo –, M. Reynaldo Canales – lui aussi grand patron –, et M. Oscar Najerá – député du parti Libéral (droite).

 

A la différence d’autres pays d’Amérique latine, où la culture de la palme africaine connaît un essor très récent – lié à l’élaboration des agro-carburants –, celle-ci est présente au Honduras depuis les années 1970. A cette époque, des réformes agraires ont en effet été promues – souvent par des gouvernements militaires, comme au Pérou et au Honduras – pour réduire la pression sur les latifundia (grandes propriétés) et contrôler le mouvement paysan. La culture de la palme constitue donc un enjeu économique important, qui explique d’une part la force et la capacité des coopératives paysannes, et d’autre part la convoitise des grands propriétaires et entrepreneurs de l’industrie de transformation du précieux végétal.

 

Au début des années 1990, sous la présidence de M. Leonardo Callejas (Parti national [PN], droite), se met en place la loi de modernisation et développement du secteur agricole (2), qui modifie celle de 1962 sur la réforme agraire. Suivant la même tendance que dans le reste des pays d’Amérique latine, la nouvelle loi privilégie la « sécurisation de la propriété » à travers la titularisation individuelle des terres et l’incursion croissante du secteur privé dans le financement de la production agricole. Ce procédé – développé et promu par la Banque mondiale – est également connu sous l’appellation trompeuse de « réforme agraire assistée par le marché ».

 

La majorité des organisations paysannes du Honduras s’accorde sur le fait que cette loi marque le début d’une accélération de la réappropriation privée des terres anciennement attribuées à des coopératives dans le cadre de la réforme agraire des années 1960.

 

Considérant cet accaparement comme illégal, les paysans partent à la reconquête des terres. C’est dans ce contexte que le MCA voit le jour, début mai 2000, en occupant les terres du Centre régional d’entraînement militaire (CREM), soit plusieurs milliers d’hectares utilisés pendant les années 1980 par les instructeurs de l’armée des Etats-Unis pour former les combattants de la Contra nicaraguayenne.

 

Pour le MCA, l’objectif consiste à faire pression pour l’application des dispositions légales établissant l’usage social de la terre et limitant la concentration agraire.

 

Dans les premiers temps, la tension entre les paysans et les propriétaires terriens est si forte que le président de la République (l’homme d’affaires Ricardo Maduro, PN) n’a d’autre choix que d’intervenir en personne. Le 12 octobre 2000, 1124 hectares sont titularisés au nom des coopératives du MCA, cependant que l’Institut national agraire (INA) entreprend des démarches pour annuler les titres de propriété indûment attribués aux grands propriétaires.

 

Toutefois la victoire est de courte durée et, pendant des années, la situation reste explosive et le harcèlement constant.

 

Le 12 juin 2009, un accord est pourtant signé entre le président hondurien, M. Manuel Zelaya, et les organisations paysannes de l’Aguán. Il établit qu’aucune expulsion ne pourra se réaliser avant que la légalité sur les titres de propriété et les ventes de terres n’ait été établie par les autorités compétentes. Mais le coup d’Etat du 28 juin 2009 met fin à cette courte trêve. Le MCA, qui, comme de nombreuses organisations populaires, a rejoint le Front national de résistance contre le golpe (3), se retrouve une fois de plus dans la ligne de mire.

 

Les attaques reprennent avec plus de vigueur au début de l’année 2010, avec l’entrée en fonction du gouvernement de facto de M. Porfirio Lobo, parvenu au pouvoir lors des élections organisées à l’ombre du putsch militaire, en novembre 2009. Face à la paralysie du processus de titularisation, le mouvement (4), qui recense désormais plus de 3 500 familles organisées en centaines de coopératives, a en effet décidé de reprendre, le 9 décembre 2009, les occupations de terres.

 

Le 8 janvier, une première expulsion violente des terres nouvellement occupées a lieu : 27 personnes, dont dix femmes, sont détenues. Le 13 janvier, trois dirigeants du MCA sont arrêtés, ce qui porte à 18 le nombre de membres du MCA emprisonnés depuis la création du mouvement. Dans un communiqué, l’organisation dénonce par ailleurs la présence menaçante d’hommes armés aux alentours des terrains des coopératives et accuse un colonel de l’armée de « prêter ses services » aux entrepreneurs de la palme africaine.

 

Mi-février 2010, des groupes paramilitaires à la solde des grands propriétaires, appuyés par l’armée et la police, attaquent les campements du MCA et font plusieurs blessés. Les faits se produisent alors même qu’une délégation du MCA négocie la ratification des accords signés avant le putsch de 2009, avec l’actuel ministre de la réforme agraire, Cesar Ham. Ce dernier, un ancien député du parti de gauche Union démocratique (UD), s’est à la fois opposé au coup d’Etat… et l’a légitimé en acceptant d’entrer au gouvernement de M. Lobo. Depuis cette « position », il prétend jouer le rôle de « courroie de transmission » des revendications populaires auprès du gouvernement.

 

Début mars 2010, de nouvelles négociations s’ouvrent entre le gouvernement et les paysans du MCA alors que la région est totalement militarisée et subit une intense répression. Quarante personnes ont été détenues pendant le processus de dialogue, y compris le responsable régional de l’INA, M. Coronado Ávila Mendoza. Le dirigeant du MCA, M. Rudy Hernandez, décrit la situation : « La région du bas Aguán a été inondée de militaires, 28 coopératives étaient en cours de récupération (de leurs terres) et c’est pour cette raison que le 13 avril, après une réunion de plus de quinze heures avec le gouvernement, qui ne voulait nous concéder que 6000 hectares, nous en avons obtenu 11 000. Nous avons signé parce que nous étions sous la menace des canons et nous ne pouvions pas mettre en danger la vie de nos compagnons. Malgré tout, la lutte n’a pas été seulement pour cette quantité de terres mais pour toute la terre assignée à la réforme agraire (5). »

 

Le 13 avril 2010 les deux parties « s’entendent » donc : 3 000 hectares de terres affectées à la palme africaine seront titularisés immédiatement en faveur de 28 coopératives et après évacuation volontaire des champs occupés (par les paysans), les mêmes surfaces (en friche) leur seront attribuées dans un délai de trois mois et à un autre emplacement. Enfin, dans un délai d’un an, les paysans devront recevoir 1 000 hectares cultivés en palme et 4 000 hectares non cultivés. Le président de facto se rend lui-même sur place et se porte garant des accords.

 

Mais l’apaisement qu’on aurait pu attendre à partir de la signature des accords n’a pas lieu. Au contraire, la zone de l’Aguán connaît un regain de tension. En effet, le magnat de la palme, M. Facussé, donne la mesure du peu de cas qu’il fait des dispositions légales. Il annonce qu’il fera appel des décisions prises auprès des tribunaux.

 

Allant au-devant de ses désirs, le 20 avril, l’armée resserre son étau autour de la communauté Guadalupe Carney (fondée sur les terres occupées du CREM), qui se retrouve complètement encerclée par plus d’une centaine d’effectifs des commandos Cobras et de militaires. Le prétexte : l’arrestation de membres du MCA. Par ailleurs, le syndicat des travailleurs de l’INA (Sindicato de Trabajadores del INA [SITRAINA]) de la région dénonce des menaces et des intimidations contre ses membres.

 

Le 23 avril, alors que le MCA fait état de l’invasion imminente de la communauté Guadalupe Carney par l’armée, M. Facussé annonce qu’il refuse de négocier ne serait-ce qu’un hectare de terre. Le bras de fer engagé avec le MCA s’étend à l’INA et à son directeur dont le propriétaire réclame ouvertement la tête. Cette situation révèle le double jeu du gouvernement qui, d’un côté, fait mine de jouer la conciliation par le biais de l’INA, et de l’autre, prend prétexte du climat de tension pour militariser la région.

 

Quelques jours plus tard, le 28 avril, la radio communautaire de Zacate Grande (une communauté située dans le golfe de Fonseca, région pacifique, à 150 km de la capitale) est attaquée et détruite par des hommes armés à la solde de M. Facussé.

 

Le 25 mai, le quotidien La Prensa avait publié un entretien avec M. Facussé dans lequel celui-ci affirmait que « le problème de l’Aguán détruirait l’économie », laissant ainsi entendre que le « climat d’insurrection » dans la région faisait fuir les investisseurs étrangers (6). En juin 2010, l’annonce du licenciement de 500 employés des entreprises de Miguel Facussé dans la région constitue une manœuvre de plus pour attiser les dissensions entre les paysans.

 

Le 21 juin, une opération conjointe de membres des bataillons Cobras et des vigiles de l’entreprise de sécurité Orión (recrutée par M. Facussé), menée dans le but d’arrêter deux membres de la coopérative La Aurora, provoque la mort d’un jeune de 17 ans. L’autopsie révèle douze impacts de balles (7). Le communiqué du MCA souligne que la finca La Aurora avait été assignée à la coopérative par l’INA.

 

Le 17 août, trois membres du MCA (dont un adolescent de 14 ans) sont assassinés. Quelques jours plus tard, un affrontement a lieu à Zacate Grande entre les occupants des terres récupérées et les habitants de villages voisins, à qui M. Facussé a remis des « titres de propriété » et fait miroiter la construction d’un collège pour leurs enfants.

 

La liste des intimidations et arrestations arbitraires s’allonge tous les jours mais les institutions financières internationales ne sourcillent pas. Dans une lettre (8) adressée le 17 novembre 2010 au président de la Banque mondiale, M. Robert Zoellick, l’ONG canadienne Rights Action accuse celle-ci d’être coresponsable des exactions commises dans l’Aguán. Dénonciation fondée sur le fait que le 5 novembre 2009, Dinant avait reçu de la Corporation financière internationale (IFC) – chargée de l’attention au secteur privé au sein de la Banque mondiale – le prêt n° 27.250, à hauteur de 30 millions de dollars.

 

Les rumeurs, régulièrement relayées par la presse, faisant état de l’existence de groupes armés au sein du MCA se sont renforcées ces derniers jours. Certains médias croyant même savoir que les bases d’entrainement de la guérilla se trouveraient au Nicaragua (9)… Ironie du sort : les terres originalement occupées par le MCA, avaient, elles, bel et bien servi de base pour les troupes de la Contra, dont l’objectif était précisément d’agresser le Nicaragua voisin…

 

Le massacre du 15 novembre a donné un nouveau prétexte à l’envoi de l’armée dans la région. Mais contre toute attente, au lieu de s’en prendre aux milices armées des entrepreneurs de la palme, ce sont les bureaux de l’INA – ceux-là même où sont entreposés les dossiers de régularisation des terres du MCA – qui ont été militarisés.

 

Le 6 décembre les paysans ont repris les blocages de route pour exiger que justice soit faite. Le 7 décembre, un communiqué du MUCA avertit que la communauté Guadalupe Carney est de nouveau encerclée par l’armée.

 

Le 15 décembre, 600 militaires ont pris position sur les collines alentours et des hélicoptères survolent la zone.

 

 

Note :

(1) Giorgio Trucchi, « Masacre y barbarie en el Bajo Aguán », Secrétariat régional latino-américain (Rel-UITA), 16 novembre 2010.

(2) « Ley para la Modernización y Desarrollo del Sector Agrícola (LMDSA) », Institut agraire national (INA), 5 mars 1992.

(3) Aujourd’hui Front national de résistance populaire (FNRP).

(4) Qui se présente également sous le sigle MUCA (Mouvement uni des paysans de l’Aguán).

(5) German Reyes, « Incumplimiento del gobierno caldea los animos en el Aguán », Revistazo, 18 novembre 2010.

(6) « Problema del Aguán destruiría la economía », La Prensa, 25 mai 2010.

(7) Giorgio Trucchi, « Asesinato salvaje de joven del MUCA », Rel-UITA, 22 juin 2010.

(8) « Letter to the World Bank », Rights Action, 17 novembre 2010.

(9) « Hondureños estarían entrenándose en Nicaragua para desestabilizar orden legal y democracia », El Proceso, 24 novembre 2010.

 

Source : Le monde diplomatique

via http://www.michelcollon.info

Chili : la résistance mapuche face aux multinationales

 

Source : www.michelcollon.info

Victor Ancalaf

1er janvier 2011

Víctor Ancalaf est un werken (porte-parole en Mapudungun, langue des Mapuche). Il lutte pour le respect des droits des peuples indigènes du Chili. Il s’exprime sur le long combat des Mapuche, la loi antiterroriste dont il a été victime, leur résistance face à la dictature de Pinochet et aux gouvernements qui ont suivi. Il décrit l’organisation à laquelle aspirent les Mapuche et nous initie au concept nouveau d'Etat plurinationale.

Cette interview a été réalisée, lors du passage de Víctor Ancalaf à Bruxelles après son témoignage aux Nations-Unies, par les membres du collectif Investig’Action (Rachida Bouganzir et VH) ainsi que par Bahar Kimyongür pour le journal turc Yürüyüs.

Víctor Ancalaf Llaupe est porte-parole de la communauté mapuche Choin Lafkenche, située dans la commune de Collipulli au sud du Chili. Víctor Ancalaf s'est rapidement affirmé en tant que leader mapuche lorsqu'en 1998, il fonda avec plusieurs autres dirigeants des localités d’Arauco et Malleco la "Coordination de Communautés en conflit Arauco-Malleco" (CAM), dans laquelle il jouera le rôle principal de porte-parole pendant deux ans. En 2002, il a été condamné pour délit d’incendie terroriste à 5 ans de prison ferme et à d’autres peines annexes. Il a été libéré en mars 2007. 
Tout a débuté en décembre 1997, dans le secteur de Lumaco, lorsqu’un convoi de camions de l'entreprise Forestal Bosques Arauco est attaqué par un groupe de Mapuche. Les communautés de Pichilonkoyan et de Pilinmapu revendiquent cette action. L'impact médiatique fait la une de la presse chilienne. A Tirùa, Traiguen, Collipulli, los Alamos, les communautés prennent la décision de suivre l'exemple.
C’est dans ce contexte conflictuel que Víctor Ancalaf apparaît comme l’un des dirigeants les plus conséquents du conflit mapuche pour la récupération des terres.
Il n’a pas bénéficié d’un procès équitable et s’est vu appliquer la loi anti-terroriste mise en place par la dictature de Pinochet afin de réprimer toute résistance populaire.
Sa communauté vit actuellement sur des terres récupérées en 2000, après une forte mobilisation des communautés de Collipulli.

Trente-deux prisonniers politiques mapuche ont mené une grève de la faim durant quatre-vingt cinq jours l’été dernier. Ils protestaient contre la loi anti-terroriste que le gouvernement chilien appliquait aux Mapuche. Vous avez vous-même été victime de cette loi antiterroriste. Quelle en est la nature et quels sont ses champs d’application ?
VA  : L’application de cette loi démontre l’hypocrisie du gouvernement chilien. Le but est de criminaliser pour mieux réprimer toutes les luttes sociales, qu’elles soient menées par le peuple chilien ou par le peuple mapuche. Aujourd’hui par exemple, mettre le feu à une forêt, au camion d’une entreprise ou au véhicule d’un particulier, est considéré comme un acte terroriste.
Les gouvernements de la Concertación[1] et l’actuel gouvernement de Sebastian Piñera ont recours à cette loi pour « appliquer la rigueur maximale » comme ils l’ont déclaré eux-mêmes. Mais devant la grève de la faim menée cet été, le gouvernement chilien a été contraint de reculer : bien qu’il refuse d’abroger la loi, il a toutefois déclaré qu’il ne l’appliquerait plus.
En effet, notre lutte n’a pas fait couler de sang et n’a provoqué aucune terreur. Elle a été menée dans le cadre d’une revendication historique, sociale, politique et culturelle. Ce droit à la terre que nous revendiquons est reconnu par l’accord Nº 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT).

Est-ce seulement l’acte qui est jugé terroriste ou bien aussi le fait d’appartenir à une organisation ?
VA  : N’importe quelle lutte sociale (pas seulement celle des Mapuche, mais aussi celle des Chiliens) y compris les luttes organisées par les étudiants, les enseignants, les pêcheurs ou les dockers, peut être cataloguée d’« association illégale terroriste ».
Il en est ainsi, à plus forte raison, de l’organisation mapuche. Le territoire mapuche est entièrement militarisé par la police et par le GOPE (Groupe d’Opérations Policières Spéciales), réservé pour les situations d’extrême violence. Ils surveillent le terrain par avion, ils transportent des troupes par hélicoptères et ils utilisent des blindés. Toute cette logistique traduit le niveau de criminalisation de notre lutte.

Cette loi héritée de l’époque de la dictature de Pinochet a-t-elle été modifiée depuis ?
VA : Nous sommes en présence d’un fait objectif précis : le Chili est le seul pays d’Amérique Latine, dont la constitution, héritée de la dictature (1973/1990), n’a pas été changée. Ce changement permettrait de modifier le système binominal et d’abroger cette loi qui a été créée pour réprimer les actes terroristes. Mais nous savons tous que nos luttes sociales sont juridiquement légitimes.
Si la loi n’a pas été modifiée, c’est parce qu’elle renferme un objectif politique : renforcer le modèle néolibéral. En effet, les multinationales profitent de ce système dans notre pays et en Amérique Latine. Et elles sentent que leurs intérêts sont menacés par nos luttes.

En quoi votre lutte menace-t-elle les intérêts des multinationales ?
VA : Les multinationales (Angellini, Matte, Benneton, Esso, la Shell, Oil Company, etc.) sont présentes partout. Elles envahissent les territoires des peuples originaires, en Amérique Latine et dans le monde, et pillent nos richesses naturelles. Nous, les Mapuche, nous représentons 10 % de la population du Chili et nous ne percevons même pas une part minime des profits de nos ressources (le cuivre, les centrales hydroélectriques, les pêcheries, les industries forestières…). Ces multinationales savent que lorsque nous réclamons la souveraineté sur nos terres, nous entendons disposer de nos ressources comme bon nous semble. Ce qui signifie la fin du pillage soutenu par le gouvernement chilien.
 
Quelles sont, sur le long-terme, les revendications des Mapuche ?
VA  : Notre projet politique est historique, car nous sommes un peuple millénaire qui possède un territoire, une culture, une langue et toute une cosmovision qui a trait à la relation entre l’homme et la terre. C’est un projet de libération nationale du peuple mapuche. Il a pris corps et conscience, peu à peu, au sein du monde indigène et particulièrement au sein du peuple mapuche.
Les thèmes de l’autonomie, de la libre détermination, du droit à la terre, au territoire, sont reconnus par l’accord Nº 169 de l’OIT ; par conséquent, nous ne demandons et n’exigeons rien qui soit capricieux ou personnel.

Vous souhaitez la création d’un Etat mapuche ?
VA : La notion d’Etat est un concept winka, c’est-à-dire non-Mapuche. Nous ne parlons pas d’Etat car ce mot signifie opprimer, restreindre. Il existe d’ailleurs un ancien dicton repris par un chanteur : « Les frontières sont pour les pays et pas pour les peuples ». En fait, les indigènes ont été historiquement respectueux de la vie et de la liberté des peuples. Par contre, les États n’ont qu’un seul objectif : servir leurs intérêts économiques.
Récupérer notre territoire, c’est le contrôler, peupler les terres que nous avons perdues à cause d’une usurpation violente pratiquée par cet État dominateur qu’est l’État chilien.

En quoi l’organisation mapuche est-elle différente de celle de l’État chilien sur le plan politique, économique, culturel, social et militaire ?
VA : Historiquement, notre peuple a vécu au sein d’une démocratie participative. Les lonkos et les werken dirigeaient et étaient responsables de l’organisation politique du peuple. Nos yenpin étaient les historiens. Les machi s’occupaient de la partie culturelle, spirituelle et médicale. Le ñaukan ou le sumomachife étaient les assistants en charge de recevoir la parole de la machi quand elle était en transe.
Sur le plan économique, il n’y avait pas la concurrence que nous connaissons aujourd’hui pour savoir qui a le plus d’argent, la meilleure carte de crédit, la plus grande maison, etc. Tout le monde était égal car le territoire était très vaste et les frères possédaient plus que nécessaire. Les poètes disaient que nous étions un peuple libre et un peuple riche, tant sur le plan culturel qu’économique.
Au niveau social, il existait différentes organisations du peuple mapuche qui ont fini par devenir des identités propres. Les frères qui habitaient les hautes terres de la cordillère s’appelaient Pewenche parce que leur nourriture principale provenait de la cueillette de fruits de l’arbre pewen. Ceux qui habitaient sur la côte s’appelaient Lafkenche parce qu’ils se nourrissaient de crustacés et de poisson. Ceux des vallées, les Nache, vivaient de chasse et aussi de la cueillette des fruits de la forêt. Les gens du Nord, les Picunche, vivaient du lama et des ressources naturelles de la région. Les frères de la pampa qui habitaient au Sud, les Huiliches, vivaient de l’élevage qui exige l’occupation d’immenses territoires. Le territoire mapuche s’étendait sur 35 millions d’hectares. Il y avait de la place pour tous.
Sur le plan militaire enfin, le peuple a eu l’intelligence d’adopter une structure politico-militaire horizontale. Leur démocratie n’était pas rigide, mais contenait plusieurs niveaux de commandement dans l’autorité politique ou militaire. Pour arriver à un consensus, les grandes réunions, les trawun, pouvaient durer parfois plus d’un mois. Cela explique la profondeur du débat ainsi que la capacité d’écoute mutuelle. L’histoire rapporte que les frères pouvaient parler toute une journée et que le discours commencé la veille se poursuivait encore le lendemain. Les seules fois où un chef unique, le Toki, était élu, c’était pour diriger la résistance lorsque le territoire était menacé.


A quel type d’organisation aspirez-vous aujourd’hui ?
VA : Une nation pluriculturelle, pluriethnique, c’est à dire plurinationale. Même si le mot pluriethnique n’est pas tout à fait adéquat. Ce mot est surtout utilisé par les winkas. Il nous faudrait dire pluri-indigène parce qu’il s’agit de peuples originaires. Nous avons en effet été capables, durant des millénaires, de vivre en harmonie avec toutes les espèces vivantes de la terre.
Nous parlons de société pluriculturelle parce que nous respectons les êtres humains, les cultures et les frères qui ne sont pas Mapuche mais qui sont métissés mapuche. Je pense donc qu’Evo Morales a totalement raison lorsqu’il dit qu’il est possible de vivre dans un monde meilleur.

Cela veut-il dire que vous souhaitez votre indépendance ?
VA : Lorsque nous parlons de notre projet, certains Chiliens, surtout les politiciens, ont peur. Ils pensent que nous avons des positions séparatistes. Mais au fond, nous voulons juste que soit reconnu notre droit à exister en tant que peuple, en tant que culture. Évidemment, ils devraient nous rendre ce qu’ils nous ont usurpé parce qu’il s’agit d’une étendue de terres immensément vaste.
Mais ce serait avoir un esprit très étroit que de dire : dehors tous les winkas, depuis le fleuve Bío-bio (frontière historique du territoire mapuche) au Nord, pour que nous restions seuls, entre nous, uniquement les Mapuche. Nous devons être objectifs et clairs : aujourd'hui il y a beaucoup de Chiliens qui ont du sang mapuche. Bref, ce serait une chose bien utopique et bien égoïste.

Existe-t-il une discrimination contre les Mapuche dans la vie quotidienne ? Comment se traduit cette discrimination ?
VA : Dans la vie de tous les jours, les gens ne passent pas leur temps à dire « sale indien » ou des choses de ce genre. Mais on remarque cette discrimination dans les rapports entre les personnes. Par exemple, lorsque vous entrez dans le bureau d’un service public ou dans la salle d’un tribunal pour exposer votre cause, l’attention qu’on vous prête est de piètre qualité. Et si vous allez consulter un médecin, c’est pareil. Lorsque vous faites la queue, dans une banque, on ne s’occupe pas de vous avec le même intérêt que si vous étiez un propriétaire foncier ou un grand blond. Il y a un exemple encore plus parlant : à la télévision, dans la publicité, on ne voit que des femmes blondes. Je n’ai rien contre ces femmes-là, mais elles sont toutes blondes ! Jamais vous ne verrez une femme au teint mat et aux cheveux noirs. Je crois que ça, c’est de la discrimination raciale.
Dans notre pays, le Chili, la majorité de la population est composée de métis et lorsque, après un séjour à l’étranger, vous revenez au pays, vous vous apercevez que nous sommes presque tous bruns, de petite taille et baraqués. Et ça, c’est dû à notre ascendance indigène.

Comment a réagile peuple chilien face à la grève de la faim des prisonniers politiques mapuche ?
VA : Nos frères et nos sœurs chiliens qui ont été témoins, par le passé, de grèves de la faim, ont pris conscience, de ce qu’est réellement, aujourd’hui, notre pays. Cette prise de conscience se fait peu à peu. D’abord parce que les souvenirs de l’époque de la dictature militaire sont encore très importants. Beaucoup de gens ont donc des réticences à prendre parti sur les problèmes d’actualité. Ensuite parce que les luttes sociales du peuple chilien sont toutes atomisées du fait de la répression systématique tant par le pouvoir judiciaire que par la police. C’est pourquoi beaucoup de gens ne veulent pas risquer de perdre leur emploi et acceptent de continuer à travailler dans de très mauvaises conditions.
Mais suite à la grève de la faim et à la position des gouvernements de la Concertación, (et, aujourd’hui, de droite), les choses sont en train de changer. Nous pensons qu’à partir de cette situation, la coordination de notre lutte avec celles des Chiliens grandira et se renforcera. Les acteurs sociaux — par exemple les étudiants, les travailleurs, les enseignants — se sentent en quelque sorte concernés par cette lutte que nous, les Mapuche, menons aujourd’hui dans notre territoire.

Pensez-vous que l’accident de la mine de San José et le sauvetage très médiatisé des mineurs ont été instrumentalisés par le gouvernement pour passer sous silence cette grève de la faim ? 
VA  : Les médias exercent une censure : il y a une volonté systématique de taire la réalité de la lutte du peuple mapuche.
Assurément, l’histoire de nos frères chiliens ensevelis au fond de la mine a été, pour le gouvernement et le président Sebastian Piñera, comme un parachute tombé du ciel pour détourner l’attention.
Mais nous n’oublions pas, bien entendu, la gravité de la situation et le fait qu’il s’agit de vies humaines et que quelques-uns de nos camarades chiliens ensevelis dans la mine étaient aussi Mapuche. Ces travailleurs mineurs connaissaient les pires conditions pour ce qui est de la sécurité au travail. C’est la preuve, encore une fois, que l’accord Nº 169 sur la protection des vies humaines n’est pas respecté par le gouvernement.

Voyez-vous, dans la façon de traiter les revendications mapuche, une différence entre le gouvernement de l’ancienne présidente Michelle Bachelet et celui de Piñera ?
VA : Aucune différence. Autant les gouvernements de la Concertación que le gouvernement actuel de droite sont un prolongement de la dictature militaire des années 70. Pour la consolidation du capitalisme dans notre pays, il n’y avait rien de mieux que de criminaliser notre lutte en appliquant des lois répressives dictatoriales.

Durant la dictature de Pinochet, y a-t-il eu une résistance spécifiquement mapuche ?
VA  : Les premières mobilisations du peuple mapuche sont nées à travers les centres culturels, à la fin des années 80, en partie sous l’égide de l’Église catholique. C’est alors que naît le mouvement d’unification le plus important : Admapu (cela signifie la coutume de la terre en Mapudungun[2]). Ce fut la première organisation mapuche à avoir le courage de se soulever, en pleine dictature, et même à « converser » avec Pinochet.
Notre lutte a toujours été présente. Aujourd’hui les Mapuche sont conscients qu’aucune époque n’a été ni meilleure ni pire. Nous avons toujours été opprimés.

Quelle est la position de la gauche extra-parlementaire chilienne par rapport à la résistance des Mapuche actuellement en prison et par rapport à leur combat en général ?
VA  : En toute objectivité, le P. C. a eu une position assez tiède au sujet de la répression. D’autres secteurs de la gauche, par exemple le Parti des Verts ou bien Juntos Podemos, ont eu une position relativement juste. Relative car s’ils ont été les premiers à se prononcer sur le sujet, ils n’ont tout de même pas eu la clarté politique de prendre position avant que la grève de la faim de nos frères n’entre dans une phase critique pour leur santé. Cela donne une image de ce qu’a été leur position : un peu ambigüe.

Des mouvements révolutionnaires tels que le MIR, le FPMR ou le mouvement Lautaro ont marqué l’histoire du Chili. Leur renommée a même dépassé les frontières de l’Amérique Latine. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
VA  : Je vous disais que les organisations sociales au Chili sont toutes atomisées, désarticulées. Mais comme dit le vieux dicton, je crois que « les vieux étendards sont encore là et qu’ils y seront toujours ». Beaucoup de frères, de camarades révolutionnaires de ferme conscience politique et idéologique, ont appuyé cette lutte malgré tous les efforts faits pour désagréger ces mouvements.
Et je crois que d’une façon ou d’une autre, ils ont toujours transmis leur combativité ainsi que les leçons tirées de leurs erreurs. Aujourd’hui, avec beaucoup de ténacité, nous nous efforçons de transmettre cette expérience à notre peuple. Il faut prendre en compte cette riche expérience d’organisation politique qui a existé. Voilà ce qui doit être sauvé.

En Amérique Latine, parmi les peuples qui luttent, le peuple mapuche est reconnu comme un peuple rebelle et héroïque. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?
VA : Le peuple mapuche a toujours été en guerre. Dans son livre « La Araucana », Alonso de Ercilla relate, dans un de ses poèmes, que ce peuple est « belliqueux et vaillant ». Avant l’arrivée des Espagnols, l’Empire Inca avait essayé, en vain, de conquérir le peuple mapuche. Aujourd’hui, il reste des vestiges de la culture Inca dans les zones d’Angol, Collipulli, Negrete, et Los Ángeles, ce qui signifie qu’il y eut une influence réciproque avec ces peuples qui nous ont envahis.
Ensuite, les Espagnols eurent les pires difficultés à nous conquérir. Pas seulement à cause du manque d’alliances avec d’autres peuples voisins, mais surtout grâce à notre forme d’organisation (politique, culturelle, religieuse, militaire, etc.). En effet, durant la Conquista, les Espagnols cherchaient avec certains d’entre nous à lutter contre d’autres. Mais s’ils parvenaient à signer un pacte avec cent Lonkos (chefs de communautés), il y en avait cent autres qui se soulevaient ailleurs. Nous parlons d’un vaste territoire de 35 millions d’hectares. Les Espagnols ne pouvaient donc pas négocier avec un chef unique si bien que lorsque certains signaient la paix, les autres entraient en guerre. C’est comme lorsque vous éteignez un feu ici et qu’un autre se déclare plus loin.
De plus, le peuple mapuche a tiré profit du terrain grâce à sa tactique visionnaire. Se battre dans le désert, ce n’est pas comme dans la montagne. Par exemple, les Mapuche entraînaient les Espagnols vers les marais, leur faisant croire que le gros des troupes se trouvait là. Mais en réalité, il n’y avait qu’un petit détachement de guerriers qui abandonnaient les lieux très rapidement après avoir tendu l’embuscade. Lorsque les Espagnols arrivaient, il n’y avait plus personne. Depuis la pente de la montagne, on pouvait alors entendre le chivateo[3] des Mapuche qui faisaient sonner leurs trutrucas[4].

Un des grands stratèges militaires fut Leftraru. Il fut élu Toki non pas à cause de sa force physique ou parce qu’il aurait eu des pouvoirs magiques, mais parce qu’il avait du talent, de l’audace et de l’intelligence pour amener l’ennemi sur le terrain qui l’avantageait lui. Leftraru avait été prisonnier des Espagnols et, à leur contact, il avait appris leurs tactiques de combat.
Aujourd’hui, à nouveau, nous sommes en train de neutraliser la technologie sophistiquée de nos adversaires avec notre astuce et nos tactiques. Par exemple, le Groupe Opérationnel des Forces Spéciales dispose de lunettes à visée nocturne pour voir le mouvement des Mapuche la nuit. On annule leur avantage en combattant le jour.
Cependant, en ces temps modernes, il y a beaucoup de frères mapuche capables d’étudier les lois, d’analyser la situation politique, de prendre en charge la gestion. C’est là que se trouve notre nouvelle arme pour la lutte. Il n’est pas nécessaire de mener un combat armé. Si cela devait arriver, il faudrait que ça se fasse après une analyse largement partagée par le peuple qui en mesurerait et en assumerait le coût. Je fais confiance au legs historique de notre peuple.
Il existe une capacité de résistance des gens simples, des paysans, qui n’ont rien d’autre que leur confiance, leur force de caractère et leur conviction que ce qu’ils font est juste. En ce XXIème siècle, les policiers ne peuvent éprouver qu’un sentiment de honte lorsqu’ils se battent contre des femmes ou des enfants. C’est pourtant arrivé. Ils ont emporté des enfants dans des hélicoptères et ont menacés de les jeter par-dessus ; ils ont battu des femmes et les ont laissées couvertes de bleus.
Malgré tout, notre résistance ne faiblit pas. Le peuple mapuche, parce qu’il est un peuple réellement démocratique, a été et continue d’être le caillou dans le soulier de tous les gouvernements de la Concertación, y compris le gouvernement de Piñera.

Votre résistance ne faiblit pas. Pourtant, vous menez votre combat depuis longtemps…
Le peuple mapuche a été un des rares peuples de ce continent qui a eu la force de lutter durant des siècles et dont on a reconnu la souveraineté sur son territoire. Cette souveraineté a été établie dans les accords internationaux signés par la Couronne et dans lesquels le Roi d’Espagne reconnaît le territoire du peuple mapuche. Il existe environ 28 pactes internationaux signés à diverses époques, entre autres, les accords de Trapiwue, de Negrete et de Killin. Du point de vue du droit international, ces pactes et conventions n’ont pas de prescription. De plus, ils ont une portée constitutionnelle.
Si nous ne maintenons pas la résistance en tant que peuple mapuche, nous trahirions l’immense sacrifice que firent nos ancêtres. Ils nous ont legué notre territoire ainsi qu’un héritage historique. Le peuple indigène ne s’est jamais laissé dominer par l’ennemi et jamais il n’a capitulé. Malgré tous les événements passés et toutes les tentatives pour faire disparaître notre culture, nous continuons à lutter et à nous référer aux traités. Nous allons poursuivre le combat parce que nous sentons que ce que nous demandons est juste et légitime.


Comme presque toujours, il faut faire des sacrifices énormes pour que soient respectés la dignité humaine et les droits démocratiques…

De tout temps, le courageux peuple mapuche a eu la capacité de donner sa vie pour la noble cause. Aujourd’hui, nous aussi avons dû payer un prix élevé. On dénombre 12 Mapuche morts, mais selon mon calcul, ça en fait plus de 20. Dans les registres officiels, beaucoup de frères n’apparaissent pas, parce qu’ils se sont suicidés (en pensant que ça ne valait pas la peine de continuer à vivre) bien qu’ils aient été d’héroïques combattants.

Nous avons peu à peu élevé le niveau des luttes à partir de 1997 lorsqu’eurent lieu les premiers incendies de camions. Beaucoup de gens étaient encore paralysés par la peur qu’ils avaient connue suite à la répression du temps de la dictature. Ils craignaient le pouvoir et la police faisait ce qu’elle voulait d’eux. C’est vrai que nous ne sommes pas parvenus à récupérer tout le territoire de notre peuple, mais bien une quantité d’hectares, la dignité et le respect.
 
En septembre dernier, vous êtes venu témoigner devant la Commission des Droits de l’homme des Nations Unies, à Genève. Quel était l’objectif de cette démarche ?
VA : Le but de la visite à Genève était d’informer sur ce qui se passe au Chili et de témoigner de ce qu’est notre conflit. Parce que ce sont toujours les gouvernements qui disent ce qu’ils veulent et les représentants des populations ne sont jamais présents.
Alors nous avons voulu rendre public ce qui se passe réellement : le discours populiste, la double morale et tout ce qui ne correspond pas à la réalité. Cela a été pour moi une expérience intéressante parce qu’elle m’a permis d’échanger des expériences et de nouer des liens d’amitié avec d’autres peuples opprimés comme, par exemple, le peuple palestinien.
Ce voyage en Europe a été comme une caisse de résonnance. Je crois que cela a été bénéfique politiquement de venir ici et de parler avec différentes organisations sociales issues de divers pays. Il faut comprendre qu’il y a des revendications de toutes parts. Nous devons donc coordonner nos luttes, partager nos expériences pour mieux nous comprendre et attaquer cet ennemi commun : les multinationales qui envahissent les territoires des peuples originaires et pillent nos ressources.
Pour conclure, nous werken du peuple mapuche, nous sommes satisfaits du travail déjà accompli. Je crois que c’est une lutte qui va continuer et nous ne savons pas encore quand elle s’arrêtera. Et si nous ne voyons pas évoluer les positions afin de mieux prendre en compte notre réalité, il nous faudra continuer à travailler intensément, à fournir une éducation politique, sociale et culturelle à notre jeunesse. Et même enseigner les langues pour que notre message soit mieux diffusé.

Je crois que c’est là un des grands défis que je dois relever en tant que dirigeant.





[1] Alliance entre les Démocrates Chrétiens et les Socialistes. Le gouvernement de la Concertación a suivi la dictature de Pinochet (1973-1990) et a duré 20 ans, de 1990 à 2010 (appelée période de “transition vers la démocratie”).
[2] Mapudungun : langue des Mapuche.
[3] Chivateo : cris et insultes que lançaient les guerriers Mapuche à l’ennemi avant d’entrer en combat.
[4] Trutrucas : trompette rustique des Mapuche.

07/01/2011

Les voeux du barbu

Nouvelle pluie mystérieuse d'oiseaux morts aux Etats-Unis

LEMONDE.FR avec AFP | 04.01.11 | 20h30  •  Mis à jour le 05.01.11 | 10h23

 poème des meilleurs vœux pour une année nouvelle

 

« pluie d’oiseaux mort » je lis

ça je lis « pluie d’oiseaux morts »

c’est en Amérique du Nord

que cette pluie est tombée

Bob Dylan américain du nord

chantait autrefois « a hard rain’s a gonna fall »

mais il n’y avait pas d’oiseaux morts

dans sa chanson

et pourtant il y en avait des trucs bizarres

dans sa chanson

une pièce pleine d'hommes avec leurs marteaux qui saignaient,

une douzaine d'océans morts

cent batteurs dont les mains étaient en flamme

une femme dont le corps brûlait

sept forêts tristes

mais pas de pluie d’oiseaux morts

 

et ces oiseaux morts

sont tombés en pluie

dans la nuit d’un 31 décembre

 

quelle « bonne année »

nous souhaitent ils ?

 

“And it's a hard, it's a hard, it's a hard, it's a hard,
It's a hard rain's a-gonna fall.”

mais le jour même

où j’ai lu “pluie d’oiseaux morts”

j’ai  vu  loin de toutes les Amériques 

un petit arc en ciel entre les pattes d’un oiseau

figé depuis longtemps dans le plâtre

d’un bas relief

une adorable femme morte depuis longtemps

l’avait modelé

et ce jour d’hiver un rayon de soleil

« dévié » par des pampilles de verre

y a rajouté un instant

un petit arc en ciel miraculeux

 

ça redonne un espoir possible

 

non ?

 

Roger Lahu

 

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06/01/2011

NOUVEAUX DELITS NUMERO 38 vient de paraître

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Et cetera desunt.

Jusqu’à quand nous laisserons-nous imposer nos pensées, nos mouvements, nos goûts, nos façons d’être, d’aimer, de travailler, de vivre, nos rythmes, nos rêves ? Jusqu’à quand accepterons- nous l’inacceptable ? Face au rouleau compresseur, s’agirait-il de savoir si on va courir de plus en plus vite - et tant pis pour ceux qui tombent, ceux innombrables qui sont déjà tombés - ou si nous allons tenter un saut de côté ? Le problème c’est qu’il n’y a pas un seul rouleau compresseur, unilatéral, et peut-être évitable, mais des multitudes de rouleaux compresseurs qui partent dans tous les sens ! Alors ?

Il ne s’agit plus là de politique mais de prédation. Prédation d’humains envers d’autres humains. Prédation ou plutôt parasitisme. Le prédateur met à mort sa proie pour s’en nourrir et en nourrir sa progéniture, le parasite s’en nourrit, le pompe, le suce, l’épuise, la mort ne vient que plus tard, de façon non directe, et il est souvent difficile de déceler la vraie cause. Les véritables causes de la guerre, de la misère, de la violence, de la malnutrition, des maladies, de la folie, du fanatisme, et de la longue et atroce liste des etc. Et cetera desunt, qui signifie « et les autres choses manquent ». Oui, les autres choses manquent, comme la paix, le respect, la dignité, la clairvoyance, l’échange, le partage – ailleurs que sur ces réseaux dits « sociaux » -, la sororité et la fraternité, l’empathie pour toute forme de vie... Bref, tout ce qui donne SENS à l’existence.

Alors nous voilà en 2011, à la saison des vœux… Que dire ? Que cette nouvelle année ne soit pas pire encore que celle qui vient de s’achever.
Santé, liberté, dignité, joie et création pour toutes et tous et purgeons nos têtes et nos cœurs plutôt dix fois qu’une !
 
 


 
Nous lançons contre ceux qui te pillent et t'épuisent
Contre ceux qui parasitent sur ton grand corps d'humus et de neige
Les imprécations foudroyantes
Qui naissent aux gorges des orages.

 
Gilles Hénault
in Totems
 
 
 

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AU SOMMAIRE
 
 
Délit de résistance : Contes et Récits Rom KALDERACH ou l’avant dernière étape des Tsiganes, de  Georgie Viccini
 
Délit de poésie : Marie-Florence Ehret, Anna Jouy et Guénane Cade
 
Délit de fraternité : Qui Vive de Christophe Manon
 
Délit de souvenance : Il y a des abeilles de Christian Degoutte
 
Délit d’incitation au jardin : Jardin du causse de Cathy Garcia vient de paraître aux Editions de l’Atlantique
 
Et 4 R à Résonances : 1 Revue, 1 Recueil, 1 Roman et 1 Réalisateur.
 
Vous trouverez le bulletin de complicité fidèle à son poste, au fond en sortant.
 
 
Illustrateur invité :

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Jean-Louis Millet
 
 
 
 
 
Ce perpétuel dissident, cet être anachronique :
le poète, a trouvé le moyen de survivre au dodo
et à la liberté, que l'homme sociable a fini,
et non sans peine, par exterminer

 
Robert Edward Hart (1891-1954)
 
 
 
 
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/
 
 
 
 


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Le Comité International de Réflexion Tsigane, se donne pour mission d’engager une réflexion intellectuel, impartiale, raisonnable, responsable et constructive. Son but vise à redéfinir des valeurs et une identité culturelle applicables à l’édification d’une Unité Tsigane Universelle, reconnues et acceptées par les Nations ou les différents peuples ou populations à travers le monde.
Le Conseil d'administration du CIRT, comme défini dans les statuts, est exclusivement composé d'intellectuels émanants, ou appartenant à la population Tsigane, Les Grands Sages. (L’appellation Tsigane regroupe, ici, l’ensemble des Gens du voyage, Gitans, Mânouches, Roms, Sinté, Yéniches, et tout autres noms ou dénominations définissants notre population, dans toutes langues, à travers le monde). Néanmoins, le CIRT est ouvert à toutes les intelligences, Tsigane ou non-Tsigane, Les Justes, qui veulent participer à une réflexion générale sur notre population. Pour rejoindre le CIRT, il suffit d'en faire la demande auprès du Conseil d'Administration. Les droits d'inscription sont libres.
 

Les Grands Sages
Par respect d'âge.
 
Yono RICHAR, Gerard GARTNER, Jean SARGUERA, Alexandre BOUGLIONE, Tony GATLIF, Renardo LORIET, Alain DAUMAS, Milo DELAGE, Joseph STIMBACH, Marcel HOGNON, Johnny MICHELET, Marcel VILLE, Pierre MAITRE, Délia BOUGLIONE.
 
Le Porte Parole du CIRT
Maître Henry Braun, avocat au Barreau de Paris.
 
Les Justes
André DRYANSKY. Maryse GARGAUD. Lisa CROZE. Thierry CHANTEGRET. Jean-Luc BECQUAERT. Denis TOULME. Esmeralda ROMANEZ. Cathy GARCIA. Asso Notre Route - Amaro Drom. Joseph SAADNA - Comité d'animation Place du Puig.
 
 
L'édification d'une Unité Tsigane ne pourra se faire qu'en harmonie avec les populations qui nous entourent. 
Ceux ou celles qui voudront nous rejoindre dans notre réflexion, seront les bienvenus.
 
http://www.blogg.org/blog-89593.html

 
 
 

 

J’ai toujours peur

de mon visage

dans le regard de l’autre

J’ai toujours peur parce qu’obscurément je sais

que je suis coupable de tout

 

Pensez :

Je viens d’ailleurs

Ma voix est rauque

je suis différent

Mon sang

a coulé d’un feuillage inconnu

ici

j’ai toujours peur

Et pourtant

j’aimerais avec chacun

parler

de la pluie

et du beau temps

leur montrer à tous

les vieilles photos jaunies

de là-bas

du pays

Mais je ne peux pas

faire le premier geste

car j’ai toujours peur

Mais je vous demande

Pardon

 

André Laude

in Avec ma gueule de métèque

 
 
 
 
Nouveaux Délits  - Janvier 2011  -  ISSN : 1761-6530  -  Dépôt légal : à parution  - Auto-impression sur papier recyclé- Autodiffusion  Coupable responsable : Cathy Garcia   Correcteur : Michel Host

http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

 

Le PARIS de Gérald Bloncourt

Gérald Bloncourt signe sont livre "Le PARIS de Gérald Bloncourt"
MERCREDI 12 JANVIER 2011 A PARTIR DE 19 HEURES 30
AU 7 BIS RUE DE TRETAIGNE à 75018 PARIS
voir http://bloncourt.over-blog.net/court.over-blog.net/

 

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02/01/2011

Les voeux de Bernard Mayaudon (Ed. du Corbeau)

 

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Les voeux de Majid Kaouah

Bonne et heureuse année 2011

dans un monde meilleur !

 

Il y a un peu de toutes les mémoires

Dans ce lieu redécouvert

Ni sombre ni amer

Juste ce quil faut d’épreuves

Pour avoir survécu aux saccages

Ni tout à fait entier

Ni tout à fait le même

Toujours cet espace

Où le feu vivace

Sacharne contre

Les premières frayeurs

Des miroirs nubiles

Il y a un peu de toutes les mémoires

Dans ce lieu de péril

Ni sombre ni amer

Juste ce quil faut de patience

 

Abdelmadjid Kaouah

Les voeux d'Anicet, poéticopsychosophe

 

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Lionel Lefèvre

 

 

Les voeux de Gérard Collas

 

 

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Rue du coeur retrouvé

 

 

Les voeux de Patrick Joquel

Fin décembre

le soleil ne pèse pas

il n’ose pas se mêler aux fines étreintes du givre et de la feuille roussie

Il passe

léger adolescent

Celui qui arpente alors sans mot dire et les yeux éblouis les sentiers crissant de ces ubacs s’exile un peu plus profondément à chacun de ses pas

Avec son amour à la main

comme un bouquet de légendes immortelles

il se réjouit du chant d’un lichen

d’un fragment de gui

du crochet d’un pin

Les ombres sont longues

le silence aussi

les pins cembro se reposent

Suspendus

aux ubacs de décembre

ils s’abandonnent à leurs songes

Du secret

le randonneur

engoncé dans sa parole

surprend

parmi les traces de chevreuils

quelques fragments d’écorces

Il s’agenouille et déchiffre une à une

ces cartes égarées

Lorsqu’il reprend sa marche

il n’est plus tout à fait là

nul ne saura jamais vraiment jusqu’où il les a suivies

Pas même lui

En décembre ici

les ombres sont longues

le silence aussi


(c) Patrick Joquel
inédit 2010
http://joquel.monsite.orange.fr

 

Les voeux d'Abdellatif Laâbi

Je passe en revue

ce qui communément se dit :

la pierre respire

le bois travaille

l’arbre se dénude

le ciel se couvre

le vent gémit  

l’herbe se couche

le nuage court

la forêt recule                                                                           

le volcan se réveille                                                           

l’étoile pâlit    

la mer mugit    

le soleil se cache  

la montagne tue   

le désert avance    

etc…                                                                                 

                                                                                                                                                                                                                       

 Et voilà que je songe à ces tribus arabes d’avant l’islam

qui façonnaient des statuettes de dieux avec des dattes, les

adoraient pendant que la nourriture était abondante, puis,

en temps de pénurie, les mangeaient sans état d’âme. Que

faisons-nous d’autre avec la nature, cette divinité que nous

avons recréée à notre image en pétrissant quotidiennement

la pâte de la langue ? Aujourd’hui, ne sommes-nous pas en

train de la dévorer après l’avoir tant adorée ?

 

Abdellatif Laâbi

 

Ce texte est accompagné sur la carte d'une encre de Philippe Amrouche.

01/01/2011

2011

 

fleurs de neige small.JPG

 

réclusion hivernale
de nouveau je m'adosse
à ce pilier

Bashô

Dernières traces de 2010, d'"attouchement à toi mon semblable"...

attouchement poésie

avoir un petit pois dans le cerveau poésie

bijoux coréens

calligrammes couleur

cambodge fille

comment appel t'on l'arbre qui produit l'ananas

confessions érotiques amboise

délits de la route literature

dirty paradise

dont est votre nom

essai nucléaires russes kazakhstan malades

et refusait nos mains de pèlerins

et si les anges nous faisaient signe

femme nue animation

haptophobie

histoire érotique humiliation publique

histoire erotique liban

histoire érotique vivante

poésie pollution de l’école

l'effort humain commenté

tambour d'enrobage inti

les codes email des usines de jouer a hong kong

nudité cirque récit érotique

plan d'implantation d'une central a béton mobile

poème le cauchemar

poésie de supplication

poésie insouciance

poésie sur le pérou

poésie sur les déchets

poètes ratés

recherche des cours gratuits sur la poésie arabe en arabe

récit érotique

nîmes et ses délinquants

toi mon semblable

 

(PS : je rappelle pour ceux qui ne comprennent pas que cette rubrique recense les "recherches" qui ont conduit certaines personnes sur ce blog)

Les voeux de Pierre Colin

que je partage à tous les sens du terme !

 

2011, la fin des années kitch.

Plus de vœux mais des veux, des v’eux,

Babel chancelle dans nos rêves, nos r’Eves.

Ce n’est pas Attila, ni César ni sages ni barbares,

c’est l’homme kitch, la pensée kitch, la chair kitch

qui submergent la Terre, la république kitch

qui pue et vocifère. Les pyramides étaient de pierre,

l’Acropole de marbre et Lascaux de cristal.

Aujourd’hui tout est fric, ordure et capital.

Delphes est cotée en bourse !

Mais déjà le futur s’insurge dans nos poings !

L’un dit Indignez-vous !

L’autre Allumons les étoiles.

Loin du vieux temps en crue,

loin des mots en débâcle,

n’ayons plus peur de ce ciel bleu

qui nous colle à la peau !

Conjuguons l’aube au futur simple,

le bonheur tellurique !


Bonne année


Pierre Colin