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06/12/2013

Poème de la cassure - Roger Arnould-Rivière (1930~1959)

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Je sais la cassure du petit matin, l’aplomb brutal de midi, la sournoise inversion du soir

Je sais le vertigineux à-pic de la nuit et l’accablante horizontalité du jour

Je sais les hauts et les bas, les hauts d’où l’on retombe à coup sûr, les bas dont on ne se relève pas

Je sais que le chemin de la douleur n’a de stations qu’en nombre limité

Je sais le souffle haché, le souffle coupé, l’haleine fétide, les effluves d’air cru et les émanations du gaz de ville 

Je sais les étreintes vides, la semence crachée par dépit sur la porcelaine

Je sais la face du mot qui vous sera renvoyée comme une gifle

Je sais que l’amitié et l’amour n’ont pas d’aubier

Je sais que les amarres rompues, le cou brisé, la semelle usée ont pour commun dénominateur la corde

Je sais que la détonation contient le même volume sonore que les battements de cœur qui bâtissent toute une vie

J’ai vécu pour savoir et je n’ai pas su vivre.

(Septembre 1959)

 

 

 

Lieu du larcin : http://bernardlherbier.unblog.fr/

 

 

 

Ernest Pépin - Pour Mandela...


A bras d'homme l'histoire, les émeutes, la prison
l'insolence aux assises de l'ombre
A bras d'homme le temps d'un pays emprisonné et qu'il faut débarbeler
J'ai dit
le temps de modeler d'un seul vœu
Graffiti des mots que l'on massacre à Soweto
Le temps
d'une seule parole pure...
d'une seule goutte d'eau pure à la pointe obscure du temps
J'ai dit
Ce temps végétal qui pousse sans bruit au fond même des barreaux
et dans le lit du prisonnier
et sur les murs de l'apartheid
et se répand dans les bantoustans
Les gens de Soweto
Les gens de Soweto
jonglent avec la mort en livrant bataille aux murailles des couleurs
Aux molosses
Aux rapaces
Aux hommes à figure d'hommes
A bras d'homme et précieuse la liberté de la terre
malgré meurtrie
malgré prison
La flamme des sans papiers
Et ce fut une longue marche de fantômes marchant sans peur
La longue marche des orages brisant le cou des barreaux
Du sang
Oui, du sang
c'est ça même que je dis
Inexorable sang
du sang du pardon
Sabotage
Sabotage de toute vie
de toute gamme de beauté
Tu fus la tête froide des matins
très haut perché sur l'arc-en-ciel à venir
sur les cent mille collines de l'horizon
Forgeron des vents
et libre avec tous les autres
libérateur de la liberté
Homme de toute urgence
Homme de beau matin
Amandla!
Amandla!
L'ombre du prince déplace les montagnes
Honneur et Respect
MANDELA !

 

 

 

 

Nelson Mandela par Marco Cianfanelli - Monument in Howick, Natal, RSA - 2012

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"Etre libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres".

 

Nelson Mandela (18 juillet 1918- 5 décembre 2013)

 

 

04/12/2013

Genesis, la nouvelle exposition de Sebastião Salgado

par Joanna Eede de Survival    

Dans la Péninsule de Yamal en Sibérie, une femme nenets agenouillée sur le sol découpe la glace à l’aide d’une hache. Un chien de traîneau se tient à coté d’elle; devant eux, jusqu’à l’horizon lointain, l’immense étendue de neige gelée par le vent ne se distingue pas du ciel lourd et bas.

Les Nenets sont des éleveurs de rennes nomades; cette femme a été photographiée durant la transhumance, depuis les mélèzes de la taiga méridionale jusqu’aux vastes étendues du nord qui bordent la mer de Kara. Les Nenets vivent dans cette région depuis plus de mille ans, accompagnant leurs rennes sur ces routes très anciennes qui s’entrecroisent sur le pergélisol, brisant la surface gelée pour atteindre l’eau et se nourrissant de viande de renne bouillie, de saumon blanc et de canneberge.

Cette image est tirée de ‘Genesis’, une nouvelle exposition du photographe brésilien Sebastião Salgado, qui sera présentée à la Maison européenne de la photographie à Paris du 25 septembre 2013 au 5 janvier 2014. ‘Genesis’ est l’aboutissement de huit années de travail durant lesquelles, comme l’explique le catalogue de l’exposition, Salgado a photographié dans une trentaine de pays ‘ces régions vastes et lointaines où, intacte et silencieuse, la nature règne encore dans toute sa majesté’.

Les splendides images de la nature sauvage de Salgado montrent tour à tour des pingouins manchots glissant sur un iceberg; le vol des albatros en larges cercles au dessus de leur colonie dans les îles Malouines; l’amusant clin d’œil d’un gélada; une vague arrosant la queue d’une baleine tel un rideau de perles de verre et un babouin solitaire traversant les dunes de sable de Namibie.

L’exposition présente également des paysages à couper le souffle, bibliques dans leur grandeur : des nappes de brouillard se formant sur une rivière de Zambie; des chaînes de montagnes aux arêtes déchiquetées surgissant d’un champ de glace en Patagonie; la majesté d’un iceberg d’une blancheur étincelante dérivant lentement dans la mer de Weddell; une horde de zèbres vue du ciel soulevant des nuages de poussière dans leur galop à travers la plaine; des centaines de caïmans dans l’obscurité de la nuit brésilienne dont les yeux apparaissent comme des lucioles. Une photo cocasse prise depuis une jeep en Zambie, montre Salgado fuyant à toutes jambes pour échapper à un éléphant mâle en train de le charger.

Les peuples indigènes sont bien sûr à l’honneur dans cette exposition. On peut y voir un chasseur bushman faisant tournoyer des petits brins d’épineux pour allumer le feu; des membres de la tribu des Dinka avec leurs troupeaux de bovins à longues cornes ou des femmes mursi de la vallée inférieure de la rivière Omo en Ethiopie.

La profondeur du lien qui existe entre les peuples indigènes et leur environnement apparaît très clairement dans les photos de Salgado. Que ce soit dans les portraits d’Indiens waura du Haut Xingu, au Brésil, pêchant dans une rivière disparaissant dans la brume ou d’un Mentawai grimpant à un arbre sur un fond de palmiers géants et de lianes grimpantes ou encore des femmes yali de Papouasie occidentale portant des paniers tissés en fibres d’orchidées, cette intimité avec la nature est évidente. Tous ces environnements distincts ont non seulement permis la survie de ces peuples durant des siècles, mais ont contribué à façonner leur pensée, leurs langues et leur identité collective. ‘Sur cette terre, nous nous sentons chez nous, nous connaissons tout d’elle’, dit une femme akawaio du Guyana.

Ce n’est pas une surprise si 80% des zones les plus riches en biodiversité du monde sont les territoires de communautés indigènes qui, au fil des siècles, ont élaboré des méthodes ingénieuses pour répondre à leurs besoins tout en maintenant l’équilibre écologique de leur environnement.

Dans le discours qu’il a prononcé lors de l’inauguration de l’exposition ‘Genesis’ à Londres, l’ex-président brésilien Lula da Silva a déclaré : ‘Ceux qui connaissent son travail vont voir ici des photographies qui racontent vraiment une histoire’. Ces histoires inspirent l’émerveillement, exaltent notre imagination en nous rappelant que nous vivons dans un monde resplendissant de beauté. Faire naître de fortes émotions grâce à la puissance de l’art est un processus très précieux, surtout s’il agit comme catalyseur du changement de la conscience des êtres humains, et tout particulièrement si les politiques mises en place pour protéger les peuples vulnérables, les espèces et l’environnement sont le fruit de ces réactions.

Mais il existe un envers du décor accablant pour ces tribus représentées dans les images de Salgado. Il nous donne à voir ce que nous risquons de perdre si nous galvaudons la diversité humaine, si les espèces disparaissent et si la nature est continuellement avilie. Comme il l’a dit dans une interview : ‘Nous vivons aujourd’hui sur une planète qui peut mourir. Notre existence même est en danger’. Malheureusement, au vu de ses photos, il n’est pas possible de dire quels sont les peuples indigènes qui ont déjà tout perdu – leurs familles, leurs foyers, la santé et le bonheur – ou si la survie d’un grand nombre de peuples est menacée depuis bien longtemps. Il n’y a par exemple plus que cinq survivants de la tribu akuntsu au Brésil, après le massacre de leur groupe par les hommes de main de propriétaires terriens. Tragiquement, certains peuples ont complètement disparu : durant tout le XXe siècle, une tribu brésilienne a disparu en moyenne chaque année.

On ne peut pas deviner sur les photos des femmes mursi portant un labret dans la lèvre inférieure que leur avenir ainsi que celui des nombreuses autres tribus qui vivent le long de la vallée inférieure de l’Omo en Ethiopie est en péril. Les tribus de cette région, historiquement importante, ont toujours dépendu de la rivière pour assurer leur survie; mais un important barrage hydroélectrique actuellement en construction va bloquer la partie sud-ouest de la rivière, mettant ainsi fin au cycle naturel des crues, privant les tribus du précieux limon déposé sur les berges de la rivière par le long retrait des eaux. ‘Il n’y a plus ni chant ni danse maintenant le long de la rivière Omo’, déplore un Mursi, ‘Les gens ont trop faim. Les enfant restent silencieux. Si les crues de l’Omo disparaissent, nous mourrons’.

Les Zo’é, qui sont l’un des groupes les plus isolés du Brésil, ont vécu pendant des milliers d’années dans une région de forêts luxuriantes de la partie nord-ouest du pays. Ces dernières années, des chercheurs d’or et des missionnaires ont régulièrement envahi leur terre. Ils ont néanmoins continué à vivre selon leurs coutumes, mais ils sont extrêmement vulnérables aux maladies transmises par les gens de l’extérieur qui accaparent périodiquement leur territoire.

Comme les Zo’é et les Mursi, les Bushmen d’Afrique australe ne sont pas seulement un peuple vulnérable, mais aussi le peuple le plus victimisé dans l’histoire de cette région. Ils étaient des chasseurs-cueilleurs depuis des millénaires, mais lorsqu’on a découvert d’importants gisements de diamants sur leurs terres ancestrales dans la Réserve du Kalahari central, nombre d’entre eux ont été contraints d’abandonner leurs terres et leurs foyers. Ils ont été déportés dans des camps de relocalisation hors de la réserve, où prostitution, dépression, alcoolisme et sida – des problèmes sociaux qu’ils n’avaient jamais rencontrés – sont désormais monnaie courante. ‘Je ne veux pas de cette vie’, nous a confié un Bushman gana. ‘Ils nous ont d’abord rendus indigents en nous prenant nos vies et ensuite ils disent que nous ne valons rien parce que nous sommes indigents’. Les Bushmen se préparent aujourd’hui à engager un nouveau procès pour obtenir le droit de vivre en paix sur leurs propres terres. La terre qu’ils connaissent si bien, la terre qui fait partie intégrante de leur identité en tant que peuple. ‘Nous sommes faits comme le sable’, dit l’un d’entre eux. ‘Cet endroit est la terre du père du père de mon père’.

Il est donc important que dans l’appréciation des histoires extraordinaires que Salgado raconte visuellement, nous puissions aussi avoir accès à des informations sur leur situation : celles par exemple sur les territoires indigènes dévastés par la déforestation ou l’extraction minière par des gouvernements ou des compagnies qui ne s’intéressent qu’aux ressources qui se trouvent sous leurs territoires, aux arbres qui s’y épanouissent et à l’or qui gît dans leurs rivières; celles aussi sur le fait que les peuples indigènes sont rarement consultés sur les projets qui affectent leurs terres et qu’ils en sont souvent expulsés au nom du ‘progrès’; celles aussi qui rappellent que depuis les années 1960, environ 100 000 Papous ont été tués par les autorités indonésiennes ou bien que la désintégration sociale, les maladies chroniques, le suicide et l’espérance de vie réduite sont quelques-unes des conséquences des tentatives d’assimilation par la force des peuples indigènes à la société dominante.

La disparition des peuples indigènes du monde n’est pas une fatalité. Ils ne sont pas des sociétés condamnées, destinées à disparaître naturellement. Il existe des solutions, et ces solutions se trouvent dans la reconnaissance de deux droits fondamentaux : le droit à l’autodétermination et le droit à la terre. Depuis plus de 40 ans, Survival International a connu de nombreux succès dans son combat pour faire respecter ces droits.

Mais c’est seulement en étant conscient de la situation des peuples indigènes – en considérant aussi bien la triste réalité que la beauté de leurs cultures comme celle que Salgado a fixée en images – que leur histoire peut se comprendre dans son intégralité.

 

http://www.survivalfrance.org/

Indiens d’Amazonie : le dernier combat

A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme des Nations-Unies, Survival International (France) vous invite à la projection en avant-première du film de Laurent Richard : Indiens d’Amazonie : le dernier combat le 10 décembre 2013 à 21h à l’auditorium de la Maison d’Amérique latine 217 boulevard Saint-Germain 75007 Paris M° Rue du Bac ou Solferino

 

Entrée libre dans la limite des places disponibles

 

Ce film raconte le dernier combat mené par les Awá, une tribu amazonienne que Survival considère comme la plus menacée au monde. Les Awá sont l’un des derniers groupes de chasseurs-cueilleurs nomades du Brésil. Une centaine d’entre eux n’a toujours aucun contact avec le monde extérieur. Bien que la plupart des Awá vivent dans des territoires officiellement reconnus par le gouvernement brésilien, ils sont refoulés dans des zones de plus en plus restreintes en raison de l’invasion violente de bûcherons, d’éleveurs de bétail et de colons qui détruisent massivement leurs forêts. Sans leur forêt, les Awá n’ont aucun espoir de survie en tant que peuple. Mais leur forêt, c’est aussi notre histoire. Car ce bois coupé illégalement finit souvent chez nous, dans nos magasins ou dans nos appartements en lames de parquet… Un trafic qui rapporterait plus de 15 milliards par an dans le monde entier.

 

Le film sera diffusé le 7 janvier à 21h35 sur France 5.

 

Source : http://www.survivalfrance.org/

Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier

 

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Denoël, août 2013

205 pages, 16 €

    

 

Avec un titre pareil, on s’attend en commençant la lecture à se faire emporter par un certain lyrisme, il n’en est rien. L’écriture ici est plutôt dépouillée, rêche, comme en retrait, à l’image de ces vieillards retirés du monde dans des cabanes au fond de la forêt. Ceci jusqu’à l’arrivée de Marie-Desneige, qui infusera dans l’histoire une poésie aussi pure et fragile qu’elle.

Au départ ils étaient trois, Ted, Tom et Charlie, plus leurs chiens, tous trois ont en commun d’avoir survécu il y a longtemps au Grand Feu de Matheson en 1916, un de ces violents incendies qui ont ravagé la région québécoise du Témiscamingue au début du XXe siècle. Tom avait ensuite brûlé sa vie dans l’alcool et Charlie, ancien employé des Postes et trappeur à ses heures, avait déjà été donné pour mort suite à une insuffisance rénale. Parti mourir dans la forêt, celle-ci lui avait offert une seconde vie. Ted, lui, son histoire est la plus mystérieuse. Après avoir perdu toute sa famille dans le Grand Feu, on a dit qu’il était devenu aveugle, puis fou… « Une blessure ouverte, disait-on le plus souvent ».

Tous trois avaient chacun leurs raisons et leur façon d’être épris de liberté jusqu’à l’absolu. Ils ont donc décidé de disparaître aux yeux du monde et rejoindre la forêt pour de bon. Ils y vivent coupés de tout, leurs besoins réduits au minimum étant assurés par une production de cannabis dont s’occupe Bruno, un marginal plus jeune, qui fait le va et vient entre le camp des disparus volontaires et le reste du monde. C’est lui qui leur apporte le strict nécessaire : nourriture et matériel divers. Il y a aussi Steve, qui tient un hôtel de luxe qui ne l’a jamais été, un caprice de riche Libanais qui avait fait fortune dans l’alcool frelaté, un immense hôtel vide au milieu de nulle part, et qui est devenu en quelque sorte l’avant-poste de garde du campement des vieux, veillant à ce que personne n’aille fouiner par chez eux. Steve, c’est le désenchantement absolu, un homme qui n’a ni ambition ni vanité. Il régnait sur un domaine avec une totale insouciance. L’hôtel ne lui appartenait pas. Le propriétaire lui avait laissé à sa gérance, autant dire à l’abandon.

Ted, 94 ans, Charlie, 89 ans et Tom, 86 ans, sont liés par une volonté de survie et un pacte de mort, chacun a sur une étagère dans sa cabane une petite boite de strychnine.

« Chacun avait sa boite de sel et s’il fallait un jour aider, chacun savait où était la boite de l’autre ».

Tout commence quand une photographe du Herald Tribune débarque sans crier gare dans le sanctuaire des vieillards disparus. Elle est sur les traces de Ted, Edward ou Ed Boychuck, l’homme aux plusieurs noms, le garçon qui avait marché dans les décombres fumants, dont la légende marche toujours dans la mémoire locale. La photographe veut prendre des photos de tous les survivants des Grands Feux et recueillir leur témoignage. Mais voilà, Ted est mort. Du moins, c’est ce que lui dit Charlie et il n’y a rien à dire de plus, mais la photographe, loin de se laisser intimider par la rudesse de Charlie, va au contraire s’attacher de plus en plus à ces vieux marginaux, comme elle s’attachera à Marie-Desneige, qui s’attachera à elle en la nommant Ange-Aimée en souvenir de la seule amie qu’elle avait eue à l’asile et de laquelle elle avait été séparée « pour leur bien ».

Marie-Desneige, c’est la fée de l’histoire. Une fée nommée Gertrude, qui fut internée abusivement par son père à l’âge de 16 ans et qui passera 66 ans, ignorée de tous, à l’asile. Marie-Desneige, c’est le nom qu’elle prendra pour disparaître et commencer à vivre. C’est la tante de Bruno. A la mort du frère de cette dernière et donc du père de Bruno, sa mère avait découvert l’existence de cette belle-sœur en retrouvant une lettre qu’elle avait envoyée, dans laquelle elle suppliait son frère de venir la sortir de là. Elle avait alors 37 ans. Il faudra 45 ans de plus pour que quelqu’un réponde à cette lettre. Bruno rencontre sa tante donc chez sa mère. C’était la première fois en 66 ans que quelqu’un la sortait de l’asile. « Sa mère, après sa première visite à sa belle-sœur, a entrepris de lui enjoliver la vie. C’est ce qu’elle disait, lui enjoliver la vie ». Elle l’avait donc invitée pour passer quelques jours chez elle « mais quelques jours seulement, la pauvre ne supporterait pas davantage ». Bruno tombé sous le charme de la vieille dame, qui paraît tout sauf folle, ne pourra se résoudre à la ramener entre ces quatre murs où elle a vécu toute une vie volée… Alors, il fera croire qu’elle s’est échappée sur le chemin du retour et va l’amener là où vont les disparus de son âge. L’arrivée de Marie-Desneige dans le camp des vieux de la forêt va bouleverser les habitudes. Avec elle arrive le désir de vivre et avec elle arrive l’amour le plus inattendu qui va illuminer Charlie. Charlie qui, à l’aube de ses 90 ans, va commencer ainsi sa troisième vie.

Ce serait dommage de trop en dire car l’histoire racontée ici est d’une telle délicatesse, qu’inexplicablement au fur et à mesure de la lecture, qui au départ peut sembler un peu sèche, on tombe sous le charme, on est pris aux tripes, on est parcouru de sensations, d’émotions. Il y a vraiment quelque chose de particulier qui opère malgré nous, l’auteur tisse sans en avoir l’air ses filets et nous voilà pris dedans, bouleversés. On a alors envie d’écouter du Tom Waits, de sentir l’odeur de la forêt, une odeur de terre, de fumée et de bois mouillé. On a le cœur qui bat un peu plus fort et on ne s’y attendait pas, mais on a vraiment basculé de l’autre côté, happé par le livre. C’est là sans aucun doute le talent discret mais terriblement efficace de Jocelyne Saucier.

Ce roman va être prochainement adapté au cinéma, et on s’en réjouit d’avance.

 

Cathy Garcia

 

  

 

jocelyne_saucier.jpgJocelyne Saucier est une romancière canadienne née dans la province du Nouveau-Brunswick en 1948. Elle a fait des études de sciences politiques et de journalisme. Il pleuvait des oiseaux est son quatrième roman.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

03/12/2013

Ambrósio Vilhalva, chef Guarani et acteur de cinéma assassiné dans la nuit de dimanche

In 2008 Ambrósio attended the premiere of 'Birdwatchers' at the Venice Film Festival.
In 2008 Ambrósio attended the premiere of 'Birdwatchers' at the Venice Film Festival.
© Survival

Guarani Indian leader and film-star Ambrósio Vilhalva was murdered on Sunday night, after decades of campaigning for his tribe’s right to live on their ancestral land.

Ambrósio was reportedly stabbed at the entrance to his community, known as Guyra Roká, in Brazil’s Mato Grosso do Sul state. He was found dead in his hut, with multiple knife wounds. He had been repeatedly threatened in recent months.

Ambrósio starred as the main character in the award-winning feature film Birdwatchers, which portrays the Guarani’s desperate struggle for their land. He traveled internationally to speak out about the tribe’s plight, and to push the Brazilian government into protecting Guarani land, as it is legally obliged to do.

Police officials examine Ambrósio's body inside his hut.
Police officials examine Ambrósio's body inside his hut.
© Osvaldo Duarte

He said, ‘This is what I most hope for: land and justice… We will live on our ancestral land; we will not give up’.

The Guarani of Guyra Roká were evicted from their land decades ago by ranchers. For years they lived destitute on the roadside. In 2007 they re-occupied part of their ancestral land, and now live on a fraction of their territory, but most has been cleared for enormous sugar cane plantations. One of the principal landowners involved is powerful local politician José Teixeira. The Guarani are left with almost nothing.

Ambrósio spoke out passionately against the planting of sugar cane on his community’s land, and against Raízen, a joint venture between Shell and Cosan which used the sugar cane for biofuel production. His community’s campaign with Survival International forced Raízen not to use sugar cane grown on Guarani land.

Sugar cane plantations (in red) occupy most of the ancestral land (yellow outline) of Ambrósio's community.
Sugar cane plantations (in red) occupy most of the ancestral land (yellow outline) of Ambrósio's community.
© Tribunal Popular

A Guarani spokesman told Survival today, ‘Ambrósio fought hard against the sugar cane. He was one of our main leaders, always at the forefront of our struggle, so he was being threatened. He was an extremely important figure in the Guarani land campaign, and now, we’ve lost him’.

The police are investigating the killing, and two suspects have reportedly been detained.

Survival’s Director, Stephen Corry, said today, ‘The Guarani have one of the highest murder rates in the world and land theft is at the heart of all the violence. In spite of this, the land demarcation process is stalling – the authorities are doing far too little to challenge ranchers who have taken the tribe’s ancestral land. How many more gruesome killings must the Guarani suffer before their territory is mapped out and protected?

 

 

Source : Survival International

02/12/2013

Qu'est ce qu'on attend... par Alexandre Sarhe

 


 

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01/12/2013

Assortiment de crudités, recueil collectif de nouvelles érotiques

 

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Parution 10 décembre 2013

chez Cactus Inébranlable éditions

 

Les auteurs: 

Éric Allard – Massimo Bortolini – Styvie Bourgeois – Isabelle Buisson – André Clette – Hélène Dassavray – Éric Dejaeger – Cathy Garcia

Sylvie Godefroid – Gauthier Hiernaux – Ziska Larouge - Jean-Philippe Querton –  Thierry Roquet – Guillaume SiaudeauAndré Stas

Michel Thauvoye

 

Extrait de la préface (déclinée en termes de préliminaires):

Ce livre ne s’adresse pas aux culs serrés.

Ils sont impénétrables.

Pas le moindre orifice, la moindre ouverture pour y laisser passer un zeste de sensualité, un brin de fantaisie lascive.

Tant pis pour eux.

Affirmer que ce livre n’est pas né de l’idée de surfer sur la vague qui a amené plus de 65 millions de personnes à acheter les cinquante nuances qui ont défrayé la chronique serait un mensonge. Il y a aujourd’hui, semblerait-il, un public nouveau qui lit des livres érotiques dans le train, sur les plages, sans vergogne ni velléité masturbatoire.

Notre assortiment de crudités intéressera-t-il les lecteurs de madame James ? On verra. À tout le moins, notre ouvrage apporte-t-il seize nuances d’érotisme déclinées sur des modes bien différents : l’approche trash, la démarche sado-maso, l’intonation humoristique, la déclinaison anatomique, la variation pornographique, le ton vulgaire, l’inflexion surréaliste… et même quelques touches de poésie.

 

 

Pour les petits (et grands) cul-rieux, présentation de tous les auteurs ici : http://cactusinebranlableeditions.e-monsite.com/pages/cat...