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21:56 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
Commentaire supplémentaire du citoyen interrogé :
"Je dois préciser que j'ai fait cette entrevue sur l'adrénaline... on venait de se faire charger par l'anti-émeute... et tabasser... alors oui il manque quelques précisions à mon témoignage... Voilà plutôt le fils de ma pensée par écrit :
Les étudiants ne laisseront pas les libéraux saboter nos acquis sociaux si facilement.
Dis moi carrés «verts», dans quel monde une hausse des prix entraîne une hausse de la demande?
Seulement 17% des étudiants recevront des bourses. C'est donc dire que 83 % des étudiants s'endetteront davantage.
Considérant qu'un emprunt de 28 000 $ remboursé pendant 10 ans aura coûté 42 563 $ à l'étudiant, les banques privées à charte fédérale encaissent un profit de 14 563 $. Le Régime de remboursement proportionnel aux revenus permettra, certes, aux étudiants de payer moins chaque mois, mais on sait que plus il prendra de temps plus les intérêts sur sa dette étudiante s'accumuleront.
Les Banques doivent saliver à l'idée de cette nouvelle niche de titrisation pour des papiers commerciaux adossés à des prêts étudiants dont ces derniers ne peuvent même pas se départir s'ils font faillite et qui sont garantis par le gouvernement. Pour les Banques, aucun risque, profits élevés!
À l'inverse, un investissement public de 28 000 $ coûtera à l'État par ses recettes fiscales 28 000 $ (aucun intérêt ici). En fait, pour les contribuables, la hausse des frais de scolarité équivaut à 1¢ par contribuable par jour (sans vouloir rire de Mme Beauchamp).
Si on se fit à la période libérale de 1990 à 1996 où les frais ont considérablement augmenté passant de 563 $ à environ 1300 $, il est permis d'estimer la baisse de fréquentation scolaire liée à une hausse des frais à 7 000 étudiants par année. C'est donc dire que si on ne hausse pas les frais, 7 000 étudiants resteront sur les bancs de nos universités.
Sur 25 ans, c'est donc 175 000 étudiants (autant d'ingénieurs, de cinéaste, de travailleurs sociaux, d'infirmières, d'agronomes, de géographes, d'historiens, de philosophes, de sociologues, d'anthropologue, de designers industriels, etc.)
Néanmoins, la vie humaine n'est pas que comptable. Considérant que la valeur sociale de l'éducation est encore jeune et fragile chez les Québécois (90 % de la population était analphabète en 1963 quand on a construit notre système d'éducation, aujourd'hui 40% de la population est analphabète fonctionnel), il est normal que peu d'entre nous y soient déjà allés.
Je suis le premier de toute ma famille élargie à atteindre l'université. À l'Université du Québec en Outaouais, 70 % des étudiants sont les premiers de leurs familles à atteindre les études supérieures. Il est donc permis de dire que nous devons être vigilents face à nos acquis sociaux.
Ceci étant dit, on peut néanmoins être fier de notre système d'éducation. Et comme le rappelait Guy Rocher, le 11 avril dernier dans Le Devoir : « Mais la gratuité est-elle possible à l'aune de la mondialisation? C'est vrai qu'on vit dans un monde élargi de compétition, mais il y a d'autres pays qui vivent dans le même monde que nous et qui ont adopté de tout autres politiques», souligne-t-il en faisant allusion à la Scandinavie, où la gratuité est une idée plus répandue. «J'ai l'impression que la Finlande a lu le rapport Parent et qu'elle l'a appliqué! », conclut-il. [1] Parlant de compétition mondiale, les Québécois se situe au « 2e rang dans le monde occidental en mathématique, après la Finlande; 13e rang mondial en sciences; 6e rang mondial en lecture et compréhension (2e en Occident, toujours après La Finlande) ». [2]
Selon moi, si l'éducation est publique, c'est qu'elle repose sur un pacte intergénérationnel sacré. À savoir, les aînés paieront par leurs impôts l'éducation des plus jeunes qui à leur tour leur permettront d'avoir une retraite et des services sociaux adéquats en fin de vie.
Il s'agit pour moi de solidarité et de justices sociales.
Jean-Pierre Lord
Étudiant en travail social -- UQÀM
Président de l'association locale de Sainte-Marie-Saint-Jacques
Parti Québécois
www.facebook.com/SMSJ.PQ
www.facebook.com/jeanpierre.lord
Sources :
[1] http://www.ledevoir.com/societe/education/347145/la-lutte... (diffusé le 11 avril 2012)
[2] http://www.ledevoir.com/societe/education/312879/resultat...
14:44 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
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14:07 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
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10:36 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
de Anaelle Verzaux - journaliste
(De Somonte) L’Espagne sombre dans la crise. Lundi 9 avril encore, le premier ministre, Mariano Rajoy, annonçait de nouvelles coupes budgétaires. Mais tous les Espagnols ne baissent pas les bras. Il y a eu la grève générale du 29 mars. Et en Andalousie, depuis le 4 mars, des paysans journaliers occupent des terres. Comme il y a un siècle...
Il y a dans l’orange, comme un arôme d’enfance, un arrière goût d’avant. Sur la route d’une quinzaine de kilomètres, qui part de Palma del Rio, une ville de la province de Cordoue, pour rejoindre la Finca (la ferme) Somonte, il y a des oranges partout, rondes, girondes, juteuses, bien mûres. Mais au sol, elles pourrissent, sans que personne ne les ramasse.
Pourtant, en Andalousie (communauté autonome au sud de l’Espagne, 8 millions d’habitants), 30% de la population active est au chômage, et survit de bouts de rien, depuis le début de la crise, en 2008. A cause de l’économie de marché, c’est plus cher de les ramasser que de les laisser, apprend-on dans le journal local (El dia de Cordoba) du 1er avril, qui rappelle aussi qu’un huitième des orangers de la région a brûlé, à cause du froid cet hiver.
On pense aux milliers de jus frais perdus, aux morts de faim, aux bienfaits de l’agriculture traditionnelle, et avec une tendresse nostalgique, au parfum d’une mère qui jadis, déposait trois gouttes d’eau de fleur d’oranger sur un oreiller, pour nous endormir.
La voiture ralentit soudain. Au bord de la route, un drapeau andalous flotte au vent. On entend de la musique, un flamenco dont les paroles appellent les paysans à reprendre une terre dépossédée. « Esta tierra es tu tierra » (cette terre est ta terre). Puis un bâtiment de ferme, tout en longueur. Champs, potager, chiens, chevrette, poules, des enfants, un vieillard, Lola, Juan, Rafael, Marco et trente autres personnes s’empressent de nous embrasser.
Lola a la quarantaine, la peau mate, les cheveux longs et noirs. Sa beauté semble incarner la dignité de sa lutte. Comme la plupart des autres occupants, elle fait partie du Syndicat andalou d’ouvriers agricoles (Sindicato de Obreros del Campo, SOC), qui mène, avec le mouvement de la Gauche unie (Izquierda Unida), l’occupation de Somonte, depuis le 4 mars.
D’un geste, Lola nous invite à la suivre dans la cuisine, prendre un café. Elle s’assoit, boit une gorgée, dit :
« Notre occupation est directement liée à la crise. On n’a plus de travail, on est dans une situation de survie ici. »
En 2012, le SOC, créé en 1976, renoue avec la vieille tradition des occupations massives de terres ! Jusqu’à la Seconde République espagnole (1931-1939), en Andalousie et dans tout le sud de l’Espagne, les terres agricoles (les latifundios) appartenaient à une aristocratie de propriétaires fonciers. Face aux mauvaises conditions de travail, régulièrement, les paysans ont occupé ces terres, en signe de protestation.
Parfois, les occupations ont débouché sur de grands mouvements de révolte, à l’image de ce qui se passe, toujours aujourd’hui, dans de nombreux pays d’Amérique Latine (le plus important est le mouvement des Sans-Terre, au Brésil.). A l’image aussi des luttes des années 70 menées à Marinaleda, une petite ville communiste depuis 1979, dirigée par le Collectif unitaire des travailleurs (Colectivo de unidad de los trabajadores, CUT), et située à une cinquantaine de kilomètres de Somonte.
Ici, Marinaleda, qui ne connaît pas le chômage, est un modèle. Et son maire, Juan Manuel Sanchez Gordillo, un nouveau Che. Lola repose sa tasse de café.
« Aujourd’hui, en Andalousie, 2% des propriétaires possèdent 50% des terres. »
Le domaine occupé, 400 hectares, dont 40 à l’arrosage, fait partie des 20 000 hectares que le gouvernement andalou (la junta) a décidé de vendre aux enchères. « Or, poursuit-elle, seules les grandes entreprises espagnoles ou étrangères et la duchesse d’Albe, ont les moyens de les acheter ».
La duchesse d’Albe, c’est un peu notre Liliane Bettencourt, en plus excentrique. Elle est l’aristocrate la plus titrée au monde (une cinquantaine de titres), possède 30 000 hectares de terres, et des biens estimés entre 600 millions et 3,5 milliards d’euros. Un bel héritage en perspective, qui a failli briser sa famille, quand le 5 octobre 2011, à 85 ans, la duchesse s’est mariée avec un employé de la sécurité sociale, de 24 ans son cadet...
Sur les 20 000 hectares mis aux enchères par la junta, la moitié a récemment été vendue à des propriétaires discrets. Dans la région, le nom des acquéreurs n’est pas connu... d’autant moins que, selon les occupants, ils n’auraient encore embauché personne. Pour Lola, c’est évident, « ils achètent pour spéculer ! ».
Mais 8 000 hectares pourraient être occupés. La question a d’ailleurs été longuement évoquée, pendant l’assemblée générale quotidienne, de fin de matinée. Mais pour le moment, les journaliers préfèrent se concentrer sur Somonte. C’est déjà beaucoup d’organisation.
Rafael, un homme solide et volubile, était à Somonte, le premier jour de l’occupation. Il raconte :
« Le 4 mars, on était 500 journaliers agricoles à occuper le domaine. La nuit du 4 au 5 mars, des policiers de la garde civile sont venus nous rendre visite, il n’y a pas eu de violence, les policiers ont seulement donné des coups dans la porte, qu’on avait blindée. Mais le gouvernement andalou a déposé une plainte contre sept d’entre nous. »
Comme la plupart des occupants, Rafael, issu d’une famille de paysans, a d’abord travaillé dans les champs, qu’il a quittés pour le bâtiment en 2000, en plein boom immobilier.
« J’ai même travaillé en France, dans la construction d’un tunnel. Mais une fois les travaux terminés, l’entreprise nous a tous licenciés. Depuis, je suis au chômage, comme ma femme et ma fille de 22 ans, qui a pourtant fait cinq années d’études de droit . »
Et maintenant, comment vivre à Somonte ? Lola ramasse une chevrette blessée.
« Nous ne voulons surtout pas demander de subventions ou spéculer, ni même créer une coopérative de salariés. Ce que nous voulons, c’est créer une coopérative de résistance. L’objectif, c’est de faire travailler et vivre ici quarante familles. Dès que nous aurons réglé le problème de l’irrigation, ce sera possible. »
Elle presse la chevrette contre sa poitrine.
« D’ici là, il faut tenir. Le plus dur, c’est de dormir tous ensemble, dans seulement deux pièces. Mais on n’a pas le choix. Et encore, on a la chance d’avoir des soutiens financiers des habitants de Palma del Rio. »
Devant nous, un gigantesque « arroz caldoso con pollo » (riz dans son jus, au poulet) mijote dans sa poêle profonde, installée en extérieur. Marco interrompt brièvement la cuisson pour nous faire visiter le poulailler, puis le potager, où quelques hommes travaillent. Tomates, laitues, poivrons, encore des tomates... et bientôt des asperges :
« La terre est bonne ici, pour les asperges, et l’avantage, c’est qu’on peut les vendre assez cher. »
Le maire de Marinaleda, Juan Manuel, nous rejoint :
« Ensuite, on pourra importer les produits de Somonte, pour qu’ils soient transformés à Marinaleda, où nous avons tous les outils nécessaires. »
Autour, les enfants jouent, la chèvre boitille, Lola clôt les débats, Rafael chante le Flamenco (« Yo soy del pueblo ! », je suis du peuple !), tout en appelant ses amis à venir se servir en riz. Jusque-là, ni la junta andalouse, ni Mariano Rajoy, le premier ministre espagnol, du Parti populaire (Partido popular, PP, droite), n’ont sévèrement menacé les journaliers.
Mais les occupants demandent de l’argent et du temps, pour vivre et montrer, comme à Marinaleda, qu’au moins à petite échelle, l’utopie n’est pas seulement un rêve.
http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/04/12/en-andalousie-d...
14:08 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
> Si quelqu'un croit qu'il n'y a pas de censure actuellement, qu'il nous dise pourquoi on a tout su au sujet de ce qui se passe en Egypte, en Syrie ou en Lybie et pourquoi les journaux n'ont absolument rien dit sur ce qui se passe en Islande …
> En Islande,
> - le peuple a fait démissionner un gouvernement au complet,
> - les principales banques ont été nationalisées et il a été décidé de ne pas payer la dette qu'elles avaient contractée auprès de banques de Grande Bretagne et de Hollande, dette générée par leur mauvaise politique financière
> - une assemblée populaire vient d'être créée pour réécrire la Constitution.
11:53 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi 05 avril 2012, 18:34
AP
Quand on ne la connaît pas encore, Effie peut paraître épargnée par la crise. Elle n'a pas perdu son emploi, elle vit seule dans un grand appartement en plein quartier touristique d'Athènes et elle insiste pour m'offrir un verre dans le restaurant de l'Acropolis museum. Mais il suffit de lui parler un petit peu pour comprendre qu'elle ne fait que sauver les apparences. Sa situation est bien plus précaire qu'elle ne paraît.
« Je gagnais 1200 euros par mois. Aujourd'hui, je n'en touche plus que 800. En juin, mon salaire sera encore diminué pour ne plus représenter que la moitié de ce que je gagnais initialement » En juin, elle sait qu'elle va devoir retourner vivre chez ses parents. « À 32 ans, alors que cela fait dix ans que je paye seule mon loyer, je vais devoir recommencer à dépendre de mes parents. »
Si on lui avait dit cela il y a dix ans, elle n'y aurait certainement pas cru. « . Nous nous pensions à l'abri du besoin. Je parle plusieurs langues, j'ai un Master en criminologie et je fais le boulot dont j'ai rêvé pendant toutes mes études. Jamais je ne pensais en arriver là, et pourtant, tous les jours je dois trouver des petites astuces pour nouer les deux bouts. » Elle confie entre autre ne plus payer le métro depuis des mois et utiliser la carte de la cantine de l'université de sa sœur pour manger gratuitement le midi. « Sans toutes ces petites choses, je ne m'en sortirai pas. »
Quand on marche dans les rues d'Athènes, on voit de nombreuses enseignes de magasins qui ont fermé. Effie me montre un rez-de-chaussée commercial à l'abandon. « C'était mon coiffeur. Maintenant quand tu te rends dans un de ces petits commerces dans lesquels tu avais l'habitude d'aller, tu trouves souvent porte close. »
Pour elle, la crise aura quand même eu un effet positif, même si ce n'est qu'une très maigre consolation. « Ce qui s'est passé nous a réveillés. Avant cela, nous étions fort individualistes. La politique nous intéressait peu, nous étions des consommateurs. Nous ne nous intéressions vraiment qu'à notre petit microcosme. Mais avec la crise, nous nous sommes rendu compte que ce qui se passe hors de nos maisons nous affecte aussi. Cela a renforcé un certain sens du patriotisme. Cela a aussi changé notre vision de l'Europe. Ce qui arrive en Espagne affecte la Grèce, ce qui arrive en Grèce affecte l'Allemagne, la France, on est tous liés et maintenant on en est conscients. »
Pour Konstantinos, journaliste à SKAI TV, la première chaîne du pays, cette prise de conscience n'a pas encore eu lieu dans les pays moins touchés par la crise. « Ce qui se passe en Grèce échappe complètement aux Européens. Ils ne voient que des chiffres, ils ne voient pas les gens fouiller les poubelles ni le coup de pied dans la dignité d'un peuple. Dans six ou sept mois, quand la crise frappera vraiment à leur porte et que les pensions commenceront à être supprimées, alors ils se rendront compte qu'on est tous sur le même maudit bateau. Et seulement, ils comprendront la nécessité d'être solidaire. »
« Ce qui arrive est de notre faute. En fait, c'est plutôt la faute des politiques mais c'est nous qui avons voté pour eux », rectifie Effie. « Nous avons fait une erreur mais nous n'avions pas les outils pour le prévoir. Les autres pays européens, eux, peuvent tirer les leçons de ce qui nous arrive. Reste à espérer qu'ils prendront les bonnes décisions. »
Elodie lamer (st.)
14:32 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
Une interview du journaliste Aris Hatzistefanou, à l'origine du film Debtocracy, le documentaire subversif sur la crise financière qui secoue la Grèce.
Par Stanislas Jourdan pour owni.eu, le 9 juin 2011
Né à Athènes, Aris Hatzistefanou, 34 ans, est un journaliste à toute épreuve depuis ses plus jeunes années. Journaliste en Palestine, puis à Londres pour la BBC, son émission de radio “infowar” sur la station grecque Sky Radio, très écoutée, fut arrêtée quelques jours seulement avant la publication du documentaire Debtocracy, dont le message est à contre-courant de la pensée dominante.
Ce projet a attiré l’attention de plus d’un million de personnes en Grèce, et a popularisé une campagne nationale demandant une commission d’audit de la dette publique du pays. OWNI s’est entretenu avec l’homme derrière ce subversif documentaire qui secoue l’opinion grecque, dans une période très difficile pour le pays.
L’idée nous est venue après une émission sur Sky Radio sur la manière dont le président équatorien avait géré la dette colossale du pays : il mis en place une commission chargée d’auditer la dette souveraine du pays, et arriva à la conclusion que d’autres pays étaient en train d’utiliser l’Équateur comme un “esclave”, tout comme l’Argentine et d’autres pays avant lui. Par conséquent, le gouvernement équatorien força les créanciers à subir un « haircut » [des pertes, ndlr] de 70%.
Dans le même temps, en Grèce, des gens étaient en train de lancer une initiative similaire, et recherchaient du soutien pour cela. Du coup, mon émission sur Sky Radio entrait en écho avec leur discours. Et beaucoup de gens semblaient se demander si nous pouvions faire la même chose en Grèce.
Katerina Kitidi (éditrice en chef de TV XS) et moi nous sommes alors décidés à produire ce documentaire. Mais nous n’avions pas d’argent, et ne voulions surtout pas demander des financements auprès d’un quelconque parti politique, syndicat, entreprise, ou pire, une banque. Nous avons alors eu l’idée de demander aux gens de nous aider en lançant une campagne de crowdfunding.
Et cela a très bien marché ! Nous avons récolté 8.000 euros en seulement dix jours, ce qui est pas mal du tout en Grèce, surtout dans le contexte actuel.
Au début, ce projet était censé n’être qu’une vidéo de plus sur YouTube ! Mais comme beaucoup de gens nous ont proposé leur aide (des professionnels de l’audiovisuel notamment), et que beaucoup de gens nous ont aidés financièrement, nous avons pu réaliser un véritable documentaire. À un moment, nous avions même tellement de dons que nous avons décidé d’investir dans la promotion du film, ce qui n’était pas prévu.
Alors que ce projet avait été initié par deux personnes, environ quarante personnes ont contribué au final.
Nous avons eu plus d’un demi-million de vues en moins d’une semaine, et nous sommes aujourd’hui à plus d’un million. Mais en dépit de ce succès, les média grecs n’en touchèrent pas un mot au début. Puis, quand ils ont vu le succès du film, ils ne pouvaient plus faire comme si nous n’existions pas. Il sont alors commencé à nous critiquer et à tenter de nous décrédibiliser. Jusqu’à présent, aucune chaine de télévision n’a parlé de nous, même négativement.
En fait, le jour où ils le feront, c’est que nous aurons gagné.
Nous défendons le point de vue que la situation actuelle n’est qu’une partie d’un problème bien plus global, notamment lié au problème de l’euro. Parce que l’euro est divisé entre son cœur et la périphérie, nous sommes condamnés à souffrir de pertes de compétitivité face à l’économie mondiale, car nous ne pouvons pas dévaluer notre monnaie.
Je ne nie pas que nous avons notre propre part de responsabilité. Le problème de la Grèce est que notre fiscalité ne s’est pas adapté au modèle d’État-providence que nous avons mis en place : les entreprises ne sont pas assez taxées, les déficits ne sont donc pas contrôlés. Nous avons aussi un grave problème de corruption, mais cela reste un détail : nous pourrions mettre tous les politiques en prison, mais qu’est-ce que cela changerait ?
Bref, ce qui se passe actuellement ne peut pas être totalement de la faute des “PIIGS”, comme ils nous appellent.
Nous disons aussi que le modèle allemand n’est pas un modèle à suivre. Ils ont simplement gelé les salaires depuis dix ans ! Ce n’est pas soutenable pour l’ensemble de l’Europe !
Tout d’abord, nous n’avons jamais prétendu être mesurés. C’est même plutôt l’inverse, puisque nous pensons que nos contradicteurs ont largement eu le temps et l’espace médiatique pour faire valoir leur position. D’ailleurs, leur position n’est pas vraiment équilibrée non plus…
Certains critiquent aussi le fait que l’Équateur n’est pas un bon exemple, car c’est un pays en voie de développement qui a du pétrole. Mais le pétrole ne représente que 25% du PIB de l’Équateur, et nous, nous avons nous aussi en Grèce notre propre pétrole : le tourisme.
Après, on aurait pu prendre n’importe quel autre pays comme exemple, il y aurait toujours des gens pour dire que « comparaison n’est pas raison », même si le contexte est tout de même similaire, avec une spirale d’endettement et l’intervention du FMI. Mais au final, ils essaient juste de faire dériver la conversation afin de ne pas répondre au principal sujet de ce film : la nécessité de créer une commission d’audit de la dette.
C’est clair que la Grèce ne peut repayer sa dette, que celle-ci soit légale ou pas, et quel que soit son montant et son taux d’intérêt. Plus de 350 milliards de dettes, c’est déjà trop. Très ironiquement, les marchés semblent plus lucides que le gouvernement, qui continue de dire que l’on peut trouver l’argent. Mais les marchés ne sont pas stupides. Les plans de sauvetage n’ont en vérité qu’un seul objectif : sauver les banques françaises et allemandes, qui tomberaient si la Grèce faisait banqueroute.
Donc, de notre point de vue, nous ne devrions rien attendre des décideurs européens. Si nous attendons, il sera trop tard pour prendre les mesures nécessaires. Nous devons donc trouver nous même des solutions, et lancer des initiatives.
Une fois que cela est dit, la première chose que nous devons faire et de mener un audit de la dette grecque, de manière à discerner la dette légale de celle qui ne l’est pas. Un certain nombre d’indices tendent à montrer qu’une grande partie de la dette est odieuse, voire illégale. Mais seule une commission d’audit saurait le démontrer. C’est pourquoi nous soutenons complètement cette initiative, même si nous soulignons l’importance que cette commission soit menée de manière transparente et démocratique. Pas par les parlementaires.
Après, nous sommes plus radicaux que d’autres dans nos propositions car nous pensons que nous devrions stopper le remboursement de la dette, quitter l’euro, et nationaliser le secteur bancaire. Ce n’est pas quelque chose de facile à défendre, car cela parait très radical, mais même certains économistes et hommes politiques commencent aussi à étudier ces options.
Nationaliser les banques peut sembler être une proposition communiste, mais j’y vois plutôt du pragmatisme : il faut protéger le pays d’une éventuelle fuite des capitaux vers l’étranger, dans le cas où nous quittons l’euro.
Nous avons été contactés par de nombreux groupes, notamment pour que nous traduisions le documentaire. Ce qui est désormais chose faite. Mais nous ne collaborons pas vraiment avec eux en tant que tel, nous leur permettons simplement de réutiliser notre travail, qui est sous licence Creative Commons.
L’année dernière, il y a eu plusieurs soulèvements contre le plan de sauvetage du pays, mais les citoyens sont très découragés depuis. Pendant les dix dernières années, l’opposition n’a jamais rien proposé qui puisse rassembler l’opinion publique. Certains pensent que les grecs se font une raison, mais je sens que l’indignation est toujours bien là, sous nos pieds. Elle n’attend qu’un nouveau prétexte pour être ravivée.
Il est intéressant de noter qu’aucun parti politique n’a le contrôle des mouvements de protestation, et que personne ne guide ce mouvement. Je redoute donc que la situation ne s’enflamme de nouveau, d’une manière violente. Mais il est impossible de prévoir quand et pourquoi.1
Grâce à toutes les personnes qui nous ont soutenus, nous avons collecté plus d’argent que nécessaire pour la production du film. Nous avons donc décidé de créer un compte spécial pour que les gens déposent leurs dons. Si nous n’utilisons finalement pas cet argent pour un nouveau projet dans les six mois, les donateurs seront remboursés.
Franchement, nous ne nous attendions pas à un tel succès avec si peu de moyens. Ce n’était pas facile, mais nous nous sommes prouvé que nous pouvions faire de grande choses avec peu de ressources, surtout quand vous êtes entourés de personnes talentueuses.
Internet nous a beaucoup aidés, mais nous voyons aussi les limites de l’outil. Nous devons aujourd’hui aller à la rencontre de ceux qui ne sont pas forcément sur Internet, notamment à l’extérieur d’Athènes. Si nous n’étions que sur Internet, notre approche resterait trop élitiste. C’est pourquoi nous envisageons de distribuer des DVD et d’organiser des projections dans des théâtres ou des cinémas.
Nous voulons vraiment aller plus loin, faire face aux tabous des médias mainstream grecs. Aujourd’hui, si les gens ne participent pas eux-mêmes à la production de l’information, il n’y aura jamais aucune entreprise de média prête à leur donner la parole.
Source : owni.eu
11:45 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
12:00 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
Voilà un moment que le soleil se fait très très bavard, et ces derniers temps cela s'amplifie. Pour suivre les infos au jour le jour : http://www.swpc.noaa.gov/
Dernières mises à jour :
:Product: SWPC Space Weather Alerts ALTS.txt
:Issued: 2012 Mar 08 0948 UTC
# Prepared by the US Dept. of Commerce, NOAA, Space Weather Prediction Center
# See http://swpc.noaa.gov/alerts/ for description and other displays
# Send comments and suggestions to SWPC.Webmaster@noaa.gov
#
# SWPC Space Weather Alerts Issued in the last 24 hours
#---------------------------------------------------------------------
Space Weather Message Code: WARPX1
Serial Number: 345
Issue Time: 2012 Mar 07 2355 UTC
EXTENDED WARNING: Proton 10MeV Integral Flux above 10pfu expected
Extension to Serial Number: 344
Valid From: 2012 Mar 07 0030 UTC
Now Valid Until: 2012 Mar 08 2359 UTC
Warning Condition: persistence
Predicted NOAA Scale: S3 - Strong
Potential Impacts: Radio - Minor impacts on polar HF (high frequency) radio propagation resulting in fades at lower frequencies.
#-------------------------------------------------
Space Weather Message Code: WARPC0
Serial Number: 55
Issue Time: 2012 Mar 07 2354 UTC
EXTENDED WARNING: Proton 100MeV Integral Flux above 1pfu expected
Extension to Serial Number: 54
Valid From: 2012 Mar 07 0300 UTC
Now Valid Until: 2012 Mar 08 2359 UTC
Warning Condition: Onset
Potential Impacts: An enhancement in the energetic portion of the solar radiation spectrum may indicate increased biological risk to astronauts or passengers and crew in high latitude, high altitude flights. Additionally, energetic particles may represent an increased risk to all satellite systems susceptible to single event effects. This information should be used in conjunction with the current Solar Radiation Storm conditions when assessing overall impact.
11:03 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
Grèce - Thessalie - 02/02/2012 |
Felis silvestris silvestris |
Mikis Theodorakis et Manolis Glezos - Athènes 01/02/2012 - (source www.epikaira.gr) |
Grèce - Thessalie - 02/02/2012 |
12:24 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
le 29.01.12 | 01h00
Il ne se passe quasiment pas de jour sans que de nouveaux cas d’immolation par le feu soient signalés. On ne compte plus ces Algériens qui se transforment en torches humaines pour crier leur désarroi dans une société qui semble faire la sourde oreille à leurs souffrances. Après les harraga, voici donc venu le cycle des grands brûlés de la vie. On est passé de l’eau au feu, et l’expression de la détresse sociale est ainsi montée d’un cran. En négatif, le tableau noir d’un peuple profondément tourmenté.
En épluchant les comptes rendus de presse, il ressort clairement que, contrairement à une idée largement répandue, les Algériens n’ont pas attendu Mohamed Bouazizi, l’icône de la révolution tunisienne, pour passer à l’acte. Même si l’année 2011 a connu une véritable explosion du phénomène, les immolations ont commencé bien avant. Le premier cas à avoir défrayé la chronique, faut-il le rappeler, est celui de Djamel Taleb, 40 ans, entrepreneur établi à Djelfa, qui s’est immolé par le feu, le 18 mai 2004, devant la Maison de la presse, à Alger, pour protester contre la saisie de ses biens par la justice. Le 29 octobre 2009, c’est toute une famille qui s’asperge d’essence à l’APC de Chlef suite à la démolition de sa construction jugée illicite.
L’année 2010 a été également émaillée par plusieurs tentatives de suicide par le feu. Le 10 avril, un agriculteur de 52 ans s’est brûlé vif après qu’une décision de justice eut été prononcée à son encontre par le tribunal de Remchi. En voulant le sauver, un jeune étudiant, Mustapha Benbekhti, sera mortellement dévoré par les flammes. Le 20 janvier de cette même année, trois chômeurs mettent le feu à leurs corps devant la direction de l’action sociale de la wilaya d’Oum El Bouaghi.
Cependant, il est indéniable, comme nous le disions, que l’année 2011 a enregistré un véritable pic à ce sujet. Parmi les cas les plus marquants, celui de cette femme résidant à Biskra, de condition modeste, mère de six enfants, dont quatre en bas âge. Elle a aspergé de carburant toute sa progéniture après s’être imbibée elle-même (Liberté du 21 mai 2011). Dans le même registre, on retient le geste désespéré de ce père de famille, originaire de la localité de Aïn Rahma, dans la wilaya de Relizane, chauffeur au parc communal de son état, qui, profitant que sa femme et ses trois enfants faisaient la sieste (c’était au mois de Ramadhan, le 11 août), a mis le feu à sa demeure.
Il est important de souligner que le phénomène n’épargne désormais personne : jeunes, vieux, chômeurs, lycéens, entrepreneurs, fonctionnaires… Même les imams ne sont pas en reste, à en croire cette information rapportée par le quotidien Ennahar : «L’imam de la mosquée El Makassem, commune d’El Hanaya, dans la wilaya de Tlemcen, a tenté de se suicider par immolation dès que les services de la commune, accompagnés par la Gendarmerie nationale, avaient procédé à la démolition de son habitation, construite illicitement.» (Ennahar du 2 juillet 2011).
Un instrument de revendication sociale
Le logement et le chômage sont les mobiles les plus invoqués pour expliquer ces actes. Mais en affinant notre enquête, il apparaît que le panel s’élargit à des motifs frisant parfois la désinvolture comme le cas de ce jeune de Bordj Bou Arréridj qui s’est immolé au siège de la wilaya pour s’être vu refuser un récépissé de carte d’identité (Ennahar du 28 février 2011).
A Chréa, dans la wilaya de Tébessa, un collégien s’est embrasé dans la cour de son CEM suite au refus de l’administration de son établissement de valider le certificat médical qu’il avait présenté pour justifier une absence de 17 jours (Le Temps d’Algérie du 20 mai 2011). Dans 9 cas sur 10, les immolations se déroulent sur la place publique, en ciblant le plus souvent un bâtiment officiel : siège d’APC, daïra, wilaya, commissariat de police, direction de l’emploi, tribunal ou quelque autre institution. Cela se passe rarement entre quatre murs comme dans le cas des pendaisons par exemple, et autres suicides exécutés en solitaire.
On ne manquera pas de noter que les immolations sont devenues un instrument de chantage, de négociation ou de pression, c’est selon, et tendent à s’ériger en moyen de revendication sociale. Nous avons été interpellés en l’occurrence par la multiplication des tentatives d’immolation collectives. Parfois, c’est un groupe de chômeurs, d’autres fois, c’est un collectif de travailleurs d’une même entreprise qui entendent protester par ce moyen contre leur précarité socioprofessionnelle. C’est ce qui s’est passé en mars 2011 lorsque 10 travailleurs de la Société des courses hippiques, qui avaient été suspendus, avaient menacé de s’immoler simultanément (Le Soir d’Algérie du 17 mars 2011).
Autre fait à retenir : la communication. Les immolations s’accompagnent, pour certaines d’entre elles, d’une vraie mise en scène, d’un travail sur la signalétique et sur l’image. Le cas de Lakhdar Malki est édifiant à ce propos. Il avait pris le soin de se draper de l’emblème national et d’envelopper sa fille d’un drapeau avant de gagner le siège de la BDL pour s’immoler. Des images de son action manquée ont été prises avec un téléphone portable, et l’on retrouve cela sur facebook et sur YouTube. Notre ami Madani de Ouargla a pris des photos du jeune Mohamed Reghis qui s’est incendié dernièrement à Ouargla et ces images ont fait le tour des réseaux sociaux. Les nouvelles technologies permettent ainsi de combler un tant soit peu le déficit en images sur l’ENTV qui observe un black-out total sur le sujet.
Ce ne sont évidemment-là que quelques enseignements livrés en vrac. Il appartient à la communauté scientifique de s’emparer de ce phénomène dont on peine à cerner les contours. Pourquoi le feu ? Comment le fuel qui est l’emblème de notre richesse nationale est-il devenu une arme de destruction massive ? Des équipes de recherche pluridisciplinaires, des laboratoires spécialisés, sont appelés à se mettre au travail pour se pencher sérieusement sur la question. Des enquêtes sociologiques sont requises. La psychiatrie serait également d’un apport précieux pour comprendre ce qui se passe dans la tête d’un homme qui s’apprête à jeter sa vie au bûcher. Dans la foulée, il n’est pas interdit de réfléchir à un protocole thérapeutique à même de prendre en charge les auteurs de ces actes ainsi que leurs familles.
Bien évidemment, une réponse de type scientifique au phénomène ne suffit pas. Une réponse politique d’envergure s’impose. Au moment où nous abordons les législatives, force est de constater que l’assemblée sortante ne s’est à aucun moment donné la peine de consacrer un débat en plénière à cette tragédie. Aucune commission d’enquête n’a été mise sur pied pour disséquer publiquement le problème. «On dirait des chiens qui sont morts», nous disaient des citoyens au bord du suicide. C’est une affaire de la plus haute gravité qui appelle, nous semble-t-il, une intervention au plus haut niveau de l’Etat.
L’urgence d’une réponse politique
Il n’est pas anodin de faire remarquer qu’à ce jour, aucun chiffre officiel n’a été rendu public à propos des suicides par le feu. C’est pourtant un secret de Polichinelle que de dire que cela a pris des proportions alarmantes. Cela a dû franchir aisément la barre des 100 victimes quand on sait que le service des grands brûlés du CHU d’Oran a enregistré à lui seul 45 tentatives d’immolation, dont 43 ont succombé à leurs brûlures (Liberté du 12 novembre 2011). Le gouvernement craindrait-il à ce point de rendre publiques ces statistiques ? Cela risque, on le comprend, de porter un cinglant discrédit à sa gestion.
Nous avons fait 2500 km à sillonner le pays. Deux régions connues pour leurs richesses minières et énergétiques ont particulièrement retenu notre attention : Ouargla et Tébessa.
Les citoyens de ces wilayas se demandent à juste titre comment se fait-il qu’ils manquent à ce point de tout au moment où leur potentiel les autorise à aspirer à une vie nettement meilleure. Cela nous fait penser fatalement à cette formule de Benbitour qui a fait florès : «Un pays riche pour un peuple pauvre.» Au moment où nous célébrons le cinquantenaire de l’indépendance, l’épidémie des immolations par le feu couplée à celle des harraga sonne comme un aveu d’échec. Nous ne comptons plus le nombre d’Algériens qui nous disaient un peu partout : «Mazal ma edinache listiqlal.» «Nous n’avons pas encore accédé à l’indépendance.» Cela est sorti même de la bouche d’anciens maquisards pour qui le combat libérateur, le serment fait aux chouhada, ont été trahis. Puisse l’Algérie renaître des cendres de ses enfants…
12:32 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
Par Laurent Mabesoone le vendredi 27 janvier 2012, 15:00 - Chroniques_anti_nucleaires-
http://www.netoyens.info/index.php/contrib/27/01/2012/chr...-
La chaine de télévision publique NHK [1]
et le quotidien Yomiuri [2] l’ont annoncé ce matin, un journaliste cameraman indépendant français a été mis en examen hier, pour s’être introduit dans la zone des 20km et moins autour de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Jusqu’à présent, toutes les personnes s’introduisant dans la zone interdite recevaient une simple « observation », sorte de mise en garde agrémentée d’une amende de 100 000 yens (environ 1000 euros) qui n’a jamais été demandée. Pour la première fois, ce type d’acte donne lieu à une inculpation pénale !
Personnellement, en tant que Français résident au Japon, je considère que ce reporter français, même si il a enfreint une loi, est dans l’exercice légitime du droit a l’information, qu’il est au contraire une fierté du journalisme français, dans l’absence d’informations fiables sur la catastrophe en cours. Personnellement, je demande que toute poursuite contre lui soit abandonnée, et que la même clémence soit appliquée aux 5 autres personnes qui l’accompagnaient (japonaises, avec peut-être un américain, selon certaines sources).
Le commissariat de Futaba en charge de l’affaire a declaré ceci :
Cette déclaration est une ineptie. Les deux motifs de cet argument n’ont absolument rien en commun. D’une part, on doit considérer les 80 000 personnes qui ont été évacuées de cette zone et qui, selon les autorités, espéreraient pouvoir rentrer chez pour y vivre en permanence. De l’autre, les rares journalistes qui se rendent dans cette zone interdite, de façon ponctuelle, afin d’informer le monde entier de la réalité et en ressortent tous très vite avec la même conclusion : Il est impossible de vivre à nouveau dans cette zone. Et c’est la justement que le « bâts blesse » !« Cet acte est particulièrement grave, dans le contexte actuel, sachant que beaucoup de personnes désireraient retourner dans la zone et ne peuvent pas y rentrer. Nous allons intensifier nos patrouilles »
Par exemple, voyez le blog du reporter japonais Munetomo YAMAMOTO en date du 29 décembre 2011 [3]
Titre : « Partout dans la zone interdite, j’ai relevé des niveaux de radiations beaucoup trop élevés ».
La photo du jour en est extraite. Sur cette photo le compteur indique, à Okuma, à 1 mètre du sol, plus de 65 microsieverts/ heure ! Sur une année, ceci équivaut à environ 500 millisieverts par an soit en deux ans la dose létale de 1 sievert. Or, le gouvernement a déjà prévu d’accepter qu’en avril prochain les populations puissent se réinstaller dans cette zone. Femmes enceintes et enfants ! La seule condition prévue pour l’instant : ne pas dépasser les 50 millisieverts/an de radiations dans l’air.
Voir aussi cet article en japonais [4]
et en français [5] . Effectivement, cela peut être gênant – pour le gouvernement - si des journalistes libres, a fortiori étrangers, découvrent des radiations 10 fois supérieures à ce seuil qui est déjà totalement inhumain. En réalité, le gouvernement japonais veut pouvoir mesurer lui-même et déclarer sans contradiction que la « décontamination a porté ses fruits ».
Il y a pourtant un argument implacable permettant de dénoncer l’inculpation du journaliste français : c’est le fait avéré que 11 personnes - dont la plus jeune aurait la cinquantaine - vivent toujours dans la zone interdite [6]
.Pour faire leurs courses et bien d’autres choses banales, ces personnes sont bien obligées de faire des allers et retours aux travers des barrages !? Sont-elles pour autant « inculpées » ? Non. Alors :
Oui, j’ose le dire : pourquoi l’omertà voulue par le lobby pro-nucléaire franco-japonais réussit si bien à museler la presse ?
[1] http://www3.nhk.or.jp/news/html/20120127/t10015567291000....
[2] http://www.yomiuri.co.jp/national/news/20120126-OYT1T0102...
[3] http://asama888.cocolog-nifty.com/blog/2011/12/post-4ff0....
[4] http://www.asyura2.com/11/genpatu19/msg/557.html
[5] http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20111222-fukushima-tokyo...
11:48 Publié dans LE MONDE EN 2012, NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (4)