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14/01/2009

Lettre ouverte à tous ceux qui soutiennent les inculpés du 11 novembre

jeudi 8 janvier 2009, par Benjamin (Date de rédaction antérieure : 7 janvier 2009).

de Benjamin

Salut à tous,

C’est après trois semaines de décompression et un temps de réflexion, de lecture intensive de tout ce qui s’est dit sur cette affaire pendant que nous étions au trou, que j’entame l’écriture de cette lettre.

Je suis sorti de Fresnes voilà un peu plus de trois semaines maintenant, un peu déboussolé. Je ne m’attendais plus à être libéré aussi vite devant ce qui semblait être un traquenard si bien orchestré. Retrouver l’air du dehors et l’horizon du monde ont bien sûr été un grand soulagement, on s’habitue si vite à voir son existence bornée par des murs et des grilles, qu’il semble que ça fait des siècles quand bien même ça ne fait au fond que 2 ou 3 semaines. Je remercie du fond du cœur tous ceux qui se sont démenés pour nous sortir de là. Je suis sûr que malgré tout l’arbitraire qui entoure les décisions de justice, cette pression nourrie par les comités, les parents, amis et tous ceux qui ont senti à raison que cette affaire les concernait au plus près a eu un effet conséquent. J’aurais aimé pouvoir le faire d’une seule voix avec mes camarades co-inculpés mais comme vous le savez il nous est interdit de rentrer en contact d’une quelconque manière sous peine notamment de retourner en prison.

Mais je suis hanté d’une certitude : cette libération relève d’une « chance » inespérée, chance qui remonte à loin, celle d’une part d’être né blanc, d’avoir eu l’opportunité d’être diplômé, d’avoir des parents et des amis issus de cercles « privilégiés » dont la mobilisation a sans nul doute plus de chance d’être entendue que si j’étais né ailleurs et dans un autre milieu.

Je suis hanté bien sûr par le fait que deux de mes amis et camarades soient toujours incarcérés pour des motifs aussi rocambolesques, mais aussi par la pensée que des centaines d’autres personnes croisées notamment au cours de ma courte détention n’ont jamais eu cette « chance » et pour cause. Les prisons françaises ont englouti au cours des dernières années toute une frange de la jeunesse de ce pays, cette frange jugée inassimilable, sans cesse harcelée, toujours « déjà condamnée » et qui refuse toujours de rentrer dans les rangs étouffoirs de cette société. Un fait saute aux yeux quand on fréquente les cours de prison, une très claire majorité de détenus est composée par des jeunes des quartiers populaires, dont certains ont été abonnés aux séjours en prison. On remarque aussi le nombre effarant de personnes détenues, pour des périodes souvent très longues, sous le régime de la détention provisoire, régime dit « exceptionnel ». 6 mois, 9 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans, sans procès et bien souvent sans preuve tangible. C’est qu’il est sans doute plus compliqué d’avoir des ‘témoignages de moralité’, des garanties de représentation recevables quant on vient de Villiers-le-Bel, Aubervilliers ou Bagneux, quand vos parents sont considérés comme étrangers, qu’ils ne maîtrisent pas la langue des magistrats et des media ou quand ils ne justifient pas d’une activité professionnelle stable et surtout reconnue.

Pas de misérabilisme toutefois, la solidarité se forge aussi derrière les murs des prisons, la politique pénale de ce gouvernement est en train de fabriquer une bombe à retardement. Plus on bourrera jusqu’à la gueule les geôles de ce pays, plus des destins vont s’y croiser et dresser des ponts entre tous ces milieux si savamment séparés à l’extérieur.

Le rapprochement entre les traitements politiques, policiers et médiatiques (cette triade tend à devenir une expression consacrée, peut être faudrait-il penser à les fusionner officiellement !), de l’affaire de Tarnac et celle de Villiers-Le-Bel l’année dernière est pertinente à plus d’un titre…

Novembre 2005 (Clichy sous Bois), CPE, élection présidentielle, Villiers-le-Bel, LRU, … deux parties de la jeunesse que tout a priori oppose, nourrissent conjointement la paranoïa du pouvoir.

La réponse ne se fait pas attendre et prend les même traits. D’un côté « lutte contre le règne des bandes » pour justifier la répression dans les quartiers après les émeutes, de l’autre, fabrication de toutes pièces d’une « mouvance anarcho-autonome », de « groupuscules d’ultra-gauche », comme repoussoirs à la révolte diffuse qui essaime au fil des mouvements de la jeunesse étudiante ou « précaire ». Dans les deux cas, une politique de communication de longue haleine pour dessiner les contours de « l’ennemi intérieur », qui débouche bruyamment sur des opérations coup de poing sur-médiatisées. Démonstrations de force démesurées, curées médiatiques, embastillements purs et simples. Faut-il le rappeler, outre les inculpés et incarcérés multiples de novembre 2005, cinq personnes sont toujours incarcérées après le coup de filet de Villiers-le-Bel et attendent un procès qui ne vient pas, faute de preuves. Aujourd’hui c’est notre tour, mais la chasse aux dits « anarcho-autonomes » est ouverte depuis plus d’un an, six personnes au moins ont déjà été interpellées et entendues devant les juridictions anti-terroristes depuis décembre 2007 pour des faits ou des suspicions qui n’avaient jamais relevé d’un tel régime juridique jusque là. L’étau se resserre et tous les coups semblent désormais permis.

Il a déjà été développé largement dans les communiqués des comités de soutien à quel point le recours aux outils de l’anti-terrorisme représente un glissement significatif des procédés de gouvernement et de la « gestion » de la contestation. Des scénarii déjà vus dans plusieurs pays au cours des dernières années (USA, Royaume-Uni, Allemagne, Italie…) débarquent avec fracas en France et signent l’entrée dans un régime où l’exception devient la règle. Ces procédures n’ont la plupart du temps rien à voir avec le « terrorisme » et ce quelle que soit la définition qu’on en donne, elle répondent à la logique millénaire de « en réprimer un pour en apeurer cent ». En d’autres temps on en aurait pendu « quelques-uns » à l’entrée de la ville, pour l’exemple.

Dans notre cas, il est très vite apparu que « l’affaire des sabotages de la SNCF » n’était qu’un prétexte opportun pour déployer au grand jour une opération de communication et de « neutralisation préventive » prévue de longue date (depuis l’arrivée de MAM au ministère de l’intérieur). La rapidité de la mise en branle de « l’opération Taïga » et l’absence quasi totale d’éléments matériels au dossier, même après les perquisitions et les interrogatoires croisés, dévoile très vite à qui n’est pas occupé à hurler avec les loups, la grossièreté du montage policier. Il aura pourtant été fait de sévères efforts d’assaisonnement de cette histoire un peu fadasse, un « groupuscule en rupture de ban et s’adonnant à la clandestinité », un « chef incontesté », son « bras droit », ses « lieutenants », des « relations amicales » ménagées dans le village par « pure stratégie ». Mais rien n’y fait les gens croient définitivement et heureusement plus « à ce qu’ils vivent qu’à ce qu’ils voient à la télé ».

Une fois répondu pour chacun à la question de sa participation ou non aux « actes de dégradation » sur les caténaires de la SNCF, reste cet immense gloubi-boulga qu’est l’accusation de « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ». C’est d’ailleurs le seul chef d’accusation qui pèse sur la plupart des inculpés dont moi-même.

Ce chef d’inculpation repose sur un faisceau d’informations et d’hypothèses disparates, réunies par les services de renseignement, mais que seule une prose policière pour le moins imaginative permet d’articuler entre elles d’une manière aussi unilatérale. Les liens d’amitié, politiques chacun à leur manière, deviennent sans l’ombre d’un doute des affiliations organisationnelles voire hiérarchiques. On fait d’une série de rencontres, de la participation de quelques uns à des manifestations, de la présence de certains autres relevée au cours des mouvements sociaux qui ont émaillé les dernières années, les présages de la raison d’être strictement ‘politique’ (au sens le plus classique et plat du terme) d’un « groupe » identifiable et isolable comme « cellule » (cancéreuse ?). Cela est une contre vérité absolue et détermine un certain nombre de contre-sens vis à vis de ce dont nous avons été diversement porteurs au fil des années.

Le délit « d’association » permet d’englober d’un seul coup l’entièreté de l’existence des personnes visées et tout peut y devenir un élément à charge : lectures, langues parlées, savoir-faire, relations à l’étranger, mobilité, absence de téléphone portable, rupture avec son ‘plan de carrière’ où avec son extraction sociale, vie amoureuse et j’en passe.

L’utilisation de ces outils « antiterroristes » n’est finalement rien d’autre que l’indice de l’agressivité propre à tout pouvoir qui se sait de toutes parts menacé. Il ne s’agit pas tant de s’en indigner. Il s’agit en tout cas de ne pas, ou plus, être dupe de cette opération de police politique. Elle n’est que la tentative, des tenants du pouvoir, de communiquer au « corps social » leur propre paranoïa, qui, elle, n’est peut être pas totalement sans fondement.

On parle beaucoup autour de cette affaire de l’essai intitulé « L’insurrection qui vient » et tout le monde y va de son hypothèse pour dire QUI est derrière cette signature qu’est le « comité invisible ». Cette question n’est intéressante que d’un point de vue strictement policier. Le choix éditorial d’anonymat qui a été fait doit être entendu, à mon avis, non comme une particulière paranoïa des auteurs (même si elle se trouverait aujourd’hui cent fois justifiée) mais par l’attachement à une parole essentiellement collective. Non pas la parole d’un collectif d’auteurs qu’on pourrait dénombrer, mais une parole qui s’est forgée dans les aléas d’un mouvement où la pensée ne saurait plus être attribuée à tel ou tel en tant qu’auteur.

Ce livre suscite beaucoup de désaccords, voire de réprobation y compris parmi nous qui avons pourtant fait l’effort de le lire et le comprendre. Il me semble que c’est l’objet même de l’écriture politique : mettre ce qui demande a être débattu sans délai au centre, le rendre incontournable, quitte à être cru et sans nuance.

Tous ceux qui, par ailleurs, prétendent savoir QUI est l’auteur de ce livre mentent purement et simplement ou prennent leur hypothèse pour la réalité.

Les « lectures » récentes de ce livre, notamment celle de la police et de quelques criminologues de salon posent à beaucoup la question de la « radicalité ». Cette « radicalité » nous est renvoyée à nous comme trait d’identité, voir comme chef d’inculpation qui ne dit pas son nom. Je ne me sens pas particulièrement radical, au sens d’être prêt à accorder les constats, les pensées et les actes (ce que plus personne ne fait malheureusement et depuis longtemps). Par contre la situation est radicale et l’est de plus en plus. Elle détermine des mouvements de radicalisation diffus, qui ne doivent rien à quelque groupuscule que ce soit. Chaque jour dans mon activité d’épicier notamment ou quand je sers au bistrot, ou bien encore quand j’étais en prison, je discute, j’écoute ce qui se dit, se pense, se ressent, et je me sens parfois bien modéré face à la colère qui monte un peu partout. Ce gouvernement a sans doute raison d’avoir peur que la situation sociale lui échappe, mais nous ne servirons pas sa campagne de terreur préventive, car le vent tourne déjà. Il vient de Méditerranée.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire, de doutes à lever, de manipulations à déjouer, mais tout ça ne fait que commencer. Ainsi ma position est en phase avec celle des comités de soutien qui fleurissent un peu partout : abandon des charges de « entreprise terroriste » et « d’association de malfaiteurs », libération immédiate de Julien et Yldune et de tous ceux et celles qui sont incarcérés à ce titre, pour commencer…

Viendra le moment où on devra bien nous rendre des comptes pour le préjudice énorme qu’on nous a fait subir, à nous, à Tarnac, mais aussi pour ce qui n’est qu’une provocation supplémentaire à l’encontre de tout ce qui ne se résigne pas au désastre en cours.

13/01/2009

Mexique : massacre contre les indigènes et les paysans qui protégeaient leurs territoires de façon autonome

 

L'organisation « Maderas del Pueblo del Sureste, A.C. » (Bois des peuples du Sud-Est) informe dans un récent communiqué que le 3 octobre dernier a eu lieu, de façon beaucoup trop rusée et brutale, une opération policière des gouvernements fédéral et d'état contre la population indigène et paysanne tojolabal de la communauté Miguel Hidalgo, municipalité de la Trinitaria, Chiapas, violant ainsi les droits de l'homme individuels et collectifs les plus élémentaires.

Cette opération a été réalisée par des centaines d'agents de la Police Ministérielle, de l'Agence Fédérale de Recherche (AFI) et de la Police d'État Préventive (PEP), qui sont entrés dans le village en véhicules motorisés, à cheval et à pied. Dans le village, les forces répressives ont dû faire face à la résistance d'hommes, de femmes et d'enfants, ce à quoi elles ont réagi – selon le rapport de journalistes témoins des événements – avec fureur. « Ils frappaient sans discrimination les enfants, les femmes et les personnes âgées. Ils ont donné le coup de grâce à trois blessés graves et assassiné un chauffeur qui les transportait à l'hôpital de Comitán ».

L'action répressive exercée contre la communauté de Miguel Hidalgo en a complété une autre, déployée quelques heures auparavant, contre des groupes indigènes tojolabal des communautés de Santa Rita, Ojo de Agua, Nuevo Porvenir, Venustiano Carranza, Antela, San Nicolás, Tierra Blanca et Nueva Rosita. Ces groupes indigènes s'étaient approprié de façon pacifique, depuis le début du mois de septembre dernier, l'accès au Parc National Lagunes de Montebello, controlé et administré jusqu'alors par la Commission Nationale des Zones Naturelles Protégées (CONANP).

Le bilan de ces actes de force démesurée contre la population civile fut d'au moins six morts et deux douzaines de blessés, en plus d'au moins cinquante personnes détenues.

Avec cette répression, l'État mexicain (gouvernement fédéral et d'état) à violé de façon flagrante les droits des hommes, femmes et enfants qui ...

ont été attaqués, et non seulement leurs droits individuels, relatifs à l'intégrité et à la vie – droits consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Convention américaine relative aux droits de l'homme et dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques- mais aussi leurs droits en tant qu'indigènes, le respect de leur territoire et le droit à récupérer, protéger et administrer leurs patrimoines naturel et culturel ancestraux, comme le reconnaît la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (article 11), la Convention 169 de l'OIT (article 14) et comme le signale aussi le Centre des droits de l'homme « Fray Bartolomé de Las Casas » et la Commission civile internationale d'observation pour les droits de l'homme.

Cette brutale opération répréssive et ce massacre constituent un fait ignoble et l'exigence de justice et d'un châtiment exemplaire s'impose, non seulement envers les auteurs matériels mais aussi et surtout envers les auteurs intellectuels qui ont donné l'ordre depuis l'échelon le plus haut.

Cependant, ceci n'est qu'un exemple du genre et de l'envergure des intérêts qui vont de pair avec les intentions de s'emparer des territoires indigènes du Chiapas et du Sud-Est du pays et de les privatiser à des fins lucratives multinationales, car ces territoires sont riches en ressources naturelles de caratère stratégique (biodiversité, ressources génétiques, eau douce non polluée et débits d'eau producteurs potentiels d'hydroélectricité, vents – en tant qu'énergie éolienne-, couverture forestière qui capture le carbone) et aussi de paysages à la beauté inégalable et de centres cérémoniels sacrés et archéologiques – et non pas « ruines ».

Dans ce cas-ci, l'acharnement dont a fait preuve l'opération policière à Chinkultic semble être un signe que cette opération fut effectuée dans le but donner l'exemple ainsi que d'affaiblir et de décourager d'éventuelles résistances et tentatives de la part des indigènes qui – quelle que soit leur appartenance politique : aux zapatistes, au PRD (Parti de la révolution démocratique), au PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) / PAN (Parti d'action nationale) – visent à défendre, récupérer, protéger et administrer de façon autonome leurs patrimoines culturel et naturel. Tout cela dans le but de garantir à l'investissement privé multinational (voire entre plusieurs autres Monsanto, Sanofi Aventis, Glaxo, Ford Motors Co., Iberdrola, Repsol, Femsa-Cocacola, Groupe Carso, entreprises hôtelières Meliá, Riu et Barceló) la « tranquilité sociale et politique » qu'ils exigent de plus en plus impatiemment.

C'est pour ces raisons que dans ce cas-ci, comme dans bien d'autres cas semblables au Chiapas et dans le reste du pays, l'enjeu ne concerne pas seulement les droits, territoires et ressources naturelles des peuples indigènes et des communautés en résistance, mais plutôt les droits de l'ensemble du peuple mexicain et la souveraineté même de notre nation.

World Rainforest Movement

 

... Article écrit le 2008-11-14 par Miguel Angel Garcia Aguirre
Source: World Rainforest Movement/ Article basé sur l’information contenue dans le communiqué de « Maderas del Pueblo del Sureste, A.C.

Revue de poésie LIBELLE

Spécialité/Genre : Poésie, Nouvelle, Critique, Bloc-notes & Concours.

Raison sociale, Statuts, administration, secrétariat, rédaction, éditeur,

Diffuseur & distributeur : Association loi 1901 « Libelle »

 

Adresse : 116, rue Pelleport - 75 020 Paris

Téléphone : 01.43.61.52.40

E-mail : pradesmi@wanadoo.fr    

Adresse de site : http://michelprades.estsurle.net

 

Directeur de publication & rédacteur en chef : Michel Prades

Illustration : Michèle Cirès-Brigand

 

 

Périodicité : Mensuelle

Format : largeur 14,8 cm & hauteur 21 cm

Nombre de pages : 6

Langue de publication : Française

Dépôt légal & ISSN : n° 1160 - 4043

 

 

Tarifs 2009

 

Prix de vente au numéro : 2 €

Abonnement annuel : 25 €

Abonnement annuel de soutien : 40 €

 

 

Il existe un recueil de l’année 1992 jusqu’à 2008 de tous les numéros de l’année parus.

Chaque recueil est de 30 € (Frais d'envoi inclus)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

Micro revue mensuelle de poésie qui débute en 1991 par la création d’une association loi 1901 qui a pour nom « Libelle ». Bernard Rivet et Michel Prades sont les membres fondateurs. En 1994, Bernard Rivet « a rejoint les grands indiens » comme l’a dit Richard Bohringer. Nous vous livrons ici la conception « rivéenne » du poème :

« Sans lieu ni date. Le poème s’inscrit à l’envers du non-sens : mots de chair vive et sable chaud, verbe arraché aux brûlures du soleil, à l’angle de la pierre. Son dernier domicile est dans le vent ».

Michel Prades et ses animateurs continuent pour lui.

        

Sans prétention et avec de petits moyens, elle s’étoffe en qualité (pages, tirage…). Elle publie des inédits de poésie contemporaine en restant ouverte au plus grand nombre de poètes, peu ou pas connus, et aux maximums de styles. Elle est le reflet des goûts les plus divers, ne dédaigne pas les polémiques et affiche des aspirations profondes. Un bulletin anthologique paraît chaque année, proposant un éclectisme poétique de bon aloi. Libelle est un rêve porté à bout de bras par une équipe bien motivée.

Depuis plusieurs années, avec ce petit recueil de poèmes, vous prenez connaissance du « microcosme » et de ses acteurs, de quelques critiques, de beaux dessins, de l’annonce des concours et d’un bloc-notes en six pages. C’est une revue ouverte aux jeunes auteurs (nous voulons dire jeunes par la pratique de l'écriture). Le lectorat est très ouvert : 80% d'auteurs inconnus qui expédient leurs travaux, 20% des auteurs abonnés à la revue.

                 

Comme nous recevons de plus en plus de textes au fur et à mesure qu’on nous connaît, nous sommes un peu plus exigeants sur la « qualité », sur le travail poétique, mais toujours aussi libres, toujours aussi ouverts. Cinq personnes constituant le comité de lecture se réunissent tous les mois pour décider quels poètes devront figurer dans le libelle prochain. Chaque mois cinq cent exemplaires sont expédiés aux cent cinquante abonnés et aux revues de poésie françaises et étrangères.

         Libelle est une histoire d'amitié, d'amitiés, un cas d'écriture non installé, volontairement non installé. Bien sûr, il nous faut aussi des lecteurs, et nous comptons sur vous, sur le bouche-à-oreille pour amener d’autres abonnés. Nous comptons vivement sur le soutien fidèle des abonnés, unique condition de notre existence pour attaquer les années à suivre avec sérénité. Concrétisez votre fidélité.

 

 

 

Poétiques salutations     Michel Prades

11:12 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

12/01/2009

C'était dimanche dernier (4.01.09), à Annapolis, dans le Maryland

http://www.dailymotion.com/video/x7ymhl_gaza-rabbin-weiss...

 

URGENT - Scandale de très grande ampleur dans le nucléaire français

- Défaillance généralisée des mesures de rejets radioactifs dans l'environnement :
les laboratoires de toutes les centrales nucléaires EDF ont perdu leurs agréments !

- Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à M Borloo des explications immédiates


Le Réseau "Sortir du nucléaire" rend publique aujourd'hui une information de la plus grande importance et qui doit interpeller la totalité des citoyens français, menacés de façon chronique par les rejets radioactifs liquides et gazeux opérés dans l'environnement par les installations nucléaires.

Les laboratoires de toutes les centrales nucléaires françaises, censés faire en continu des mesures autour des installations en question, sont défaillants : leurs agréments sont actuellement suspendus ou refusés par le biais de quatre Décisions de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), datées du 16 décembre 2008. (Voir liens ci-dessous)

On ne peut d'ailleurs qu'être stupéfait du silence total de l'ASN à propos de ses propres décisions qui, de par leur importance, méritent au contraire la plus grande publicité. Et ce d'autant que des questions graves se posent. Les autorités françaises doivent y répondre de toute urgence et le Réseau "Sortir du nucléaire" interpelle aujourd'hui même par courrier à M Borloo (voir ci-dessous), ministre en charge de l'énergie :
- alors que les laboratoires des centrales nucléaires EDF ne sont plus agréés, qui réalise actuellement les mesures exigées par les arrêtés autorisant EDF à exploiter ces centrales ? Si ces mesures ne sont pas faites, les centrales doivent être immédiatement arrêtées.

- quelles sont précisément les défaillances des laboratoires des centrales nucléaires EDF, et depuis quand ces défaillances existent-elles ?

- quelle peut être l'ampleur des rejets effectués depuis des années par les centrales nucléaires au-delà des limites légales (qui, pourtant, sont déjà fort laxistes) ?

- comment les citoyens peuvent-ils faire confiance aux "responsables" d'une industrie aussi dangereuses et qui s'avèrent incapables de mesurer leurs rejets radioactifs opérés l'environnement ?
Il est déjà choquant que, en France, ce soient les exploitants, en l'occurrence EDF, qui effectuent eux-mêmes la surveillance de l'environnement autour de leurs installations nucléaires : il est légitime de se méfier de l'industrie nucléaire qui est habituée à cacher ou travestir la vérité. Mais la situation est en réalité encore plus intolérable puisque les contrôles opérés par EDF sont défaillants et permettent très probablement des rejets radioactifs supérieurs aux limites légales, pourtant déjà fort laxistes.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que, fin 2007, une étude de l'université de Mayence (Allemagne) a montré que, parmi les enfants de moins de cinq ans grandissant à moins de cinq kilomètres d'une centrale nucléaire, les cas de leucémie sont deux fois plus fréquents que dans d'autres régions.

Une fois de plus, l'industrie nucléaire montre qu'elle est très loin d'être irréprochable alors que les conséquences et les risques qu'elle fait peser sur l'environnement et la santé des populations sont incommensurables et incomparables à tous les autres. Il est plus que temps de sortir du nucléaire.


LISTE DES REFUS ET SUSPENSIONS D'AGREMENTS :


Réseau "Sortir du nucléaire" - Fédération de 840 associations
Communiqué du lundi 12 janvier 2009 Contact : 06.64.100.333


Liste des suspensions et refus d'agréments des
laboratoires des centrales nucléaires françaises



1) Refus d'agrément pour les mesures de l'indice d'activité bêta global des eaux

Toutes les centrales nucléaires françaises (!), y compris l'ex-surgénérateur Superphénix (toujours en cours de démantèlement à Creys-Malville) :

Belleville (Cher), Blayais (Gironde), Cattenom (Moselle), Bugey (Ain), Civaux (Vienne), Chinon (Indre-et Loire), Chooz (Ardennes), Cruas (Ardèche), Dampierre en Burly (Loiret), Fessenheim (Haut-Rhin), Flamanville (Manche), Golfech (Tarn-et-Garonne), Gravelines (Nord), Nogent-sur-Seine (Aube), Paluel (Seine-Maritime), Penly (Seine-Maritime), Saint Alban (Isère), Saint Laurent (Loir-et-Cher), Tricastin (Drôme), ainsi que Creys-Malville (Isère)


2) Refus d'agrément pour les mesures de l'activité du tritium dans les eaux

Toutes les centrales nucléaires françaises (!), y compris l'ex-surgénérateur Superphénix :

Belleville (Cher), Blayais (Gironde), Cattenom (Moselle), Bugey (Ain), Civaux (Vienne), Chinon (Indre-et Loire), Chooz (Ardennes), Cruas (Ardèche), Dampierre en Burly (Loiret), Fessenheim (Haut-Rhin), Flamanville (Manche), Golfech (Tarn-et-Garonne), Gravelines (Nord), Nogent-sur-Seine (Aube), Paluel (Seine-Maritime), Penly (Seine-Maritime), Saint Alban (Isère), Saint Laurent (Loir-et-Cher), Tricastin (Drôme), ainsi que Creys-Malville (Isère)


3) Refus d'agrément pour les mesures de l'activité du tritium dans l'air

Belleville (Cher), Blayais (Gironde), Cattenom (Moselle), Civaux (Vienne), Chinon (Indre-et Loire), Cruas (Ardèche), Flamanville (Manche), Golfech (Tarn-et-Garonne), Gravelines (Nord), Nogent-sur-Seine (Aube), Paluel (Seine-Maritime), Penly (Seine-Maritime), Saint Alban (Isère), Saint Laurent (Loir-et-Cher), Tricastin (Drôme), ainsi que Creys-Malville (Isère).

Seules les centrales de Bugey (Ain), Chooz (Ardennes), Dampierre en Burly (Loiret) et Fessenheim (Haut-Rhin) échappent à la sanction sur ce critère.


4) Suspension et refus d'agrément pour les mesures de l'indice d’activité bêta global des aérosols sur filtre

Toutes les centrales nucléaires sont concernées :

- Suspension d'agrément :  Belleville (Cher), Blayais (Gironde), Cattenom (Moselle), Chinon (Indre-et Loire), Chooz (Ardennes), Cruas (Ardèche), Dampierre en Burly (Loiret), Fessenheim (Haut-Rhin), Flamanville (Manche), Golfech (Tarn-et-Garonne), Gravelines (Nord), Nogent-sur-Seine (Aube), Paluel (Seine-Maritime), Penly (Seine-Maritime), Saint Alban (Isère), Saint Laurent (Loir-et-Cher), Tricastin (Drôme).
- Refus d'agrément : Bugey (Ain), Civaux (Vienne) et Creys-Malville (Isère).

Liens vers les quatre décisions de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) :
Attention : par une recherche appropriée, on peut trouver ces Décisions sur le site web de l'ASN. Mais... encore faut-il être au courant de leur existence. Or, aucune annonce ne figure sur la page d'accueil du site web, et aucune information n'a été faite par l'ASN qui semble vouloir garder confidentielles ces informations pourtant si sensibles. C'est une forme de "transparence invisible" : les informations sont disponibles... mais personne n'en a connaissance. Heureusement, le Réseau "Sortir du nucléaire veille...


Lundi 12 janvier 2009
Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 840 associations
9 rue Dumenge 69004 Lyon cedex
à M Borloo, ministre de l’Ecologie, de
l’Energie, du Développement durable
et de l’Aménagement du territoire

Objet : Défaillance généralisée des mesures de rejets radioactifs par les centrales nucléaires EDF

Monsieur le Ministre,

Nous attirons votre attention sur une situation absolument injustifiable qui concerne une nouvelle fois l'industrie nucléaire française qui, plus que jamais, met en danger les citoyens.

En effet, nous rendons publique une information qui est à ce jour restée cachée aux citoyens malgré sa gravité : les laboratoires de toutes les centrales nucléaires françaises, censés faire en continu des mesures autour des installations en question, sont défaillants, et leurs agréments sont actuellement suspendus ou refusés par le biais de quatre Décisions de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), datées du 16 décembre 2008.

On ne peut d'ailleurs qu'être stupéfait du silence total de l'ASN à propos de ses propres décisions qui, du fait de leur importance, méritent au contraire la plus grande publicité. Et ce d'autant que des questions graves se posent, auxquelles nous vous demandons de répondre au plus vite et publiquement.

- alors que les laboratoires des centrales nucléaires EDF ne sont plus agréés, qui réalise actuellement les mesures exigées par les arrêtés autorisant EDF à exploiter ces centrales ? Si ces mesures ne sont pas faites, les centrales doivent être immédiatement arrêtées.

- quelles sont précisément les défaillances des laboratoires des centrales nucléaires EDF, et depuis quand ces défaillances existent-elles ?

- quelle peut être l'ampleur des rejets effectués depuis des années par les centrales nucléaires au-delà des limites légales (qui, pourtant, sont déjà fort laxistes) ?

- comment les citoyens peuvent-ils faire confiance aux "responsables" d'une industrie aussi dangereuses, qui montrent leur incompétence et leur incapacité à mesurer les rejets radioactifs opérés dans l'environnement ?

Il est déjà choquant que, en France, ce soient les exploitants, en l'occurrence EDF, qui effectuent eux-mêmes la surveillance de l'environnement autour de leurs propres installations nucléaires : il est légitime de ne pas faire confiance à une industrie nucléaire habituée à cacher ou travestir la vérité. Mais la situation est en réalité encore plus intolérable puisque les contrôles opérés par EDF sont défaillants et permettent très probablement des rejets supérieurs aux limites légales, pourtant déjà fort laxistes.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" vous rappelle que, fin 2007, une étude de l'université de Mayence (Allemagne) a montré que, parmi les enfants de moins de cinq ans grandissant à moins de cinq kilomètres d'une centrale nucléaire, les cas de leucémie sont deux fois plus fréquents que dans d'autres régions. Les mêmes conséquences sont très probables autour des centrales nucléaires françaises, et ce d'autant plus du fait des défaillances de mesure par EDF des rejets radioactifs.

Avec les évènements graves survenus cet été au Tricastin, cette nouvelle affaire confirme que l'interdiction de parler du nucléaire lors du Grenelle de l'environnement, décision ubuesque que nous avons condamnée, était irresponsable. Nous vous proposons à nouveau de vous rencontrer pour vous présenter divers scénarios de sortie du nucléaire, option incontournable et urgente pour protéger l'environnement et les êtres vivants.

Le Conseil d'administration du Réseau "Sortir du nucléaire"

16:23 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

11/01/2009

Nous n'avons pas beaucoup rêvé

Il ne reste que le sable
Ni les arbres n'étendent leur ombre sur les dormeurs,
Ni le vent ne s'assouplit lorsqu'une femme le touche,
Ni nos âmes ne nous suffisent…
Nous sommes sortis de l'enfance comme des papillons
Nous avons brûlé autour du feu de la première femme
Et avec sa sagesse la cendre nous a rendus malheureux
Nous étions pressés
Alors nous n'avons pas tété le lait des mères
Nous n'avons pas reniflé l'odeur des pères
Et le ciel ne nous a pas parlé, comme nos parents le souhaitaient

 

Nous étions pressés
Nous sommes nés
Nous avons improvisé la mort, le sens
Et nous nous sommes improvisés nous-mêmes
Nous n'avons pas beaucoup rêvé
Nous n'étions pas sur la terre
Sur les murs nous avons seulement écrit nos cœurs

 

Nous étions pressés
Nous avons grandi comme une obsession dans la nuit
Embryons, nous avions égaré
Nos premiers corps et maisons
Et nos soucis     pas de ciel pour nous ombrager
                        ni terre qui porte la nôtre
Alors nous avons empli la nuit de fantômes
Nous avons grandi
Et soudain nous nous sommes inclinés pour dire adieu aux choses
Avant de les quitter
Nous n'avons pas tété le lait maternel
Et la glaise n'a pas encore séché sur nos os
Il ne reste que le sable
Même les prophètes ont jeté les gouttes de lumière
Et se sont retirés dans leurs prières
Même le ciel est parti sans nous regarder.

 

Zouheir Abou Chayeb, poème publié dans Le poème palestinien contemporain, édition bilingue arabe-français, Le Taillis-Pré, 2008, p. 43

 

quand je gisant menu...

Quand écrire ne suffira plus, ni sa clarté, ni son fouillis, ni les images retournées du corps à secourir. Quand j’aurai raté de peu la vie délicate dans ce coin du monde, ce trottoir doucement inquiet, les jeunes gens, le soleil de biais, la marche lente.

 

(…)

Quand je serai cloué pour de bon à cette ville, lavé de toute enfance, nu, cherchant dans la grande avenue commerçante un morceau de ma clavicule ou de mon sein ; criant, marmonnant, parlant…

 

(…)

Et que j’aurai rejoint dans le plus grand des silences cette confrérie, dans ma ville, des sans logis, sans famille, sans merveilles de l’orient en poudre et sachets, sans guenille, sans histoire. Quand je serai cette ville. Quand je sauterai de haut, et disparu, démuni du fiel, et cousin du safran ou du pin, aimé, chéri.

 

Quand je gisant menu…

 

Alexandre Vallasidis in Quand je gisant menu…

 

Lieu du larcin : Traversées 52 - automne 2008

09/01/2009

Rappel d'un discours prononcé par Mahmoud Darwich à Ramallah en 2002

Extrait du discours prononcé à Ramallah le 25 mars 2002 par le poète
palestinien Mahmoud DARWICH à l'intention de la délégation du
Parlement International des Ecrivains.


" [...] Je sais que les maîtres des mots n'ont nul besoin de
rhétorique devant l'éloquence du sang. C'est pourquoi nos mots seront
aussi simples que nos droits : nous sommes nés sur cette terre, et de
cette terre. Nous n'avons pas connu d'autre mère, pas connu d'autre
langue maternelle que la sienne. Et lorsque nous avons compris
qu'elle porte trop d'histoire et trop de prophètes, nous avons su que
le pluralisme est un espace qui embrasse largement et non une cellule
de prison, que personne n'a de monopole sur une terre, sur Dieu, sur
la mémoire. Nous savons aussi que l'histoire ne peut se targuer ni
d'équité, ni d'élégance. Notre tâche pourtant, en tant qu'humains,
est d'humaniser cette histoire dont nous sommes simultanément les
victimes et le produit.
Il n'est rien de plus manifeste que la vérité palestinienne et la
légitimité palestinienne : ce pays est le nôtre, et cette petite
partie est une partie de notre terre natale, une terre natale réelle
et point mythique. Cette occupation est une occupation étrangère qui
ne peut échapper à l'acception universelle du mot occupation, quel
que soit le nombre de titres de droits divins qu'elle invoque ; Dieu
n'est la propriété personnelle de personne.
Nous avons accepté les solutions politiques fondées sur un partage de
la vie sur cette terre, dans le cadre de deux états pour deux
peuples. Nous ne réclamons que notre droit à une vie normale, à
l'intérieur des frontières d'un état indépendant, sur la terre
occupée depuis 1967, dont Jérusalem Est, notre droit à une solution
équitable du problème des réfugiés, à la fin de l'installation de
colonies. C'est la seule voix réaliste vers la paix qui mettra un
terme au cercle vicieux du bain de sang.
L'état de nos affaires est d'une criante évidence, il ne s'agit pas
d'une lutte entre deux existences, comme aimerait le montrer le
gouvernement israélien : eux ou nous. La question est d'en finir avec
une occupation. La résistance à l'occupation n'est pas seulement un
droit. C'est un devoir humain et national qui nous fait passer de
l'esclavage à la liberté. Le chemin le plus court pour éviter
d'autres désastres et accéder à la paix est de libérer les
Palestiniens de l'occupation, et de libérer la société israélienne de
l'illusion d'un contrôle exercé sur un autre peuple.
L'occupation ne se contente pas de nous priver des conditions
élémentaires de la liberté, elle va jusqu'à nous priver de
l'essentiel même d'une vie humaine digne, en déclarant la guerre
permanente à nos corps et à nos rêves, aux personnes, aux maisons,
aux arbres, en commettant des crimes de guerre. Elle ne nous promet
rien de mieux que l'apartheid et la capacité du glaive à vaincre
l'âme.
Mais nous souffrons d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir. Espoir
de libération et d'indépendance. Espoir d'une vie normale où nous ne
serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans
danger à l'école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance
à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un
poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté
de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir
que cette terre retrouvera son nom original : terre d'amour et de
paix. Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir.
"


Mahmoud DARWICH

Israel - Palestine : un peu d'histoire

"Trente ans d'occupation britannique auront suffi, écrit Nadine Picaudou, pour
que la Palestine, jusqu'alors paisible province de l'Empire ottoman, devienne
le cœur d'un conflit aux répercussions internationales. Deux dates balisent
cette période : 1917 , date de la déclaration Balfour, et 1947, date du plan
de partage de la Palestine présenté par l'ONU comme solution au conflit qui
s'ensuit entre les Juifs et les Arabes."

Au cours de la Première guerre mondiale

C'est au cours de la Première guerre mondiale que se dessine l'avenir de
la
Palestine. L'Empire ottoman, alors engagé aux côté des Empires centraux de
l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie, fait face au Royaume-Uni.

Dès 1915, les accords secrets Sykes-Picot (conclu entre les Britanniques et
les Français) dessinent le projet de démembrement de l'Empire ottoman et donc
les futures zones d'influence au Proche Orient, la Palestine devant rester
sous administration internationale en raison de son enjeu symbolique.

Mais les choses ne se déroulent pas ainsi. Les Britanniques, soucieux de
gagner la guerre contre les Empires centraux, multiplient des engagements
contradictoires en faveurs des nationalités soumises aux Ottomans.
Ainsi, selon l'idée que leur donne Chaïm Weizmann, président de la Fédération
sioniste britannique, les Britanniques promettent aux communautés juives des
Etats-Unis et de la Russie, en échange d'une pression sur leurs Etats pour
que ceux-ci poursuivent l'effort de guerre, de satisfaire à la revendication
du mouvement sioniste qui brigue la constitution d'un Etat juif en Palestine.
(Le mouvement sioniste avait été fondé en 1897 grâce à l'action de Theodor
Herzl notamment. Celui-ci avait, en tant que journaliste, couvert le procès
Dreyfus, et l'injustice qu'il avait constatée - et que Emile Zola avait
également dénoncée - l'avait amené à penser que les juifs seraient toujours
victimes de l'antisémitisme en Europe. Il avait alors imaginé comme solution
qu'ils aient une patrie bien à eux et avait exprimé cette idée dans un
ouvrage, Der Judenstaat. Conscient que son mouvement ne pourrait rien
réaliser de concret sans l'appui d'une grande puissance, il avait mené
plusieurs démarches en ce sens auprès de divers pays. Mais il mourut sans
avoir réussi sur ce point. L'occasion d'obtenir maintenant, en ces années 10
du XXème siècle, l'appui de la Grande-Bretagne paraît donc inespérée au
mouvement sioniste.)
Dans le même temps, aux Arabes (le hashémite Hussein de la Mecque), les
Britanniques promettent, en échange d'un appel général au soulèvement des
Arabes contre les Ottomans, un grand Etat arabe unifié, s'étendant de
la
Méditerranée à
La Perse.

En mars 1917, les Britanniques sont repoussés à Gaza. Durant l'été 1917, des
forces arabes commandées par un fils de  Hussein opèrent contre les Ottomans
dans le sud de l'actuelle Jordanie. En décembre 1917, les Britanniques sont à
Jérusalem. Entre-temps, en novembre 1917, les Britanniques se sont déclarés,
par la voix de Lord Balfour, leur ministre des Affaires étrangères,
"favorables à la création" en Palestine d'un "foyer national" pour les Juifs,
"sous réserve que cela ne contrevienne en rien aux droits des populations
autochtones". C'est la déclaration Balfour (novembre 1917), qui
officiellement récompense les travaux de Chaïm Weizmann ayant permis de
réaliser l'acétone synthétique.

Dans l'entre-deux guerres

Nadine Picaudou écrit en substance : "En novembre 1918, lorsque Londres
proclame son soutien à l'émancipation des peuples libérés du joug ottoman,
l'espoir est immense au Proche-Orient. A Jérusalem, on s'appuie sur cette
proclamation pour dénoncer la déclaration Balfour. Puis, en 1919, le premier
Congrès des Associations islamo-chrétiennes de Palestine, réuni à Jérusalem,
élève une "véhémente protestation" contre la promesse britannique faite aux
sionistes. Le texte n'en est pas encore publié mais les membres du Congrès
croient savoir qu'aux termes de cet engagement, "leur pays deviendrait une
patrie nationale" pour les Juifs. En 1920, une fête traditionnelle
palestinienne tourne à l'émeute et dégénère en troubles communautaires. C'est
le premier accrochage entre Arabes et Juifs. En 1921, la délégation
islamo-chrétienne s'adresse ainsi à Winston Churchill, alors secrétaire
d'Etat aux Colonies, de passage à Jérusalem : "Si les sionistes n'étaient
venus en Palestine que comme des hôtes ou si les choses en étaient restées à
ce qu'elles étaient avant la guerre, il n'y aurait pas de problème de Juifs
et de non-Juifs. Mais c'est l'idée d'une Palestine transformée en un Foyer
national juif que les Arabes rejettent et combattent." Les Palestiniens,
poursuit Nadine Picaudou, appellent à un retour à la Palestine du passé :
celle d'une coexistence communautaire entre musulmans, juifs et chrétiens."
(Nadine Picaudou est historienne, maître de conférences à l'INALCO à Paris.
Tous ses écrits cités dans cette page sont extraits du Géo n° 243, Mai 1999,
pp. 111-116.)

Il faut dire que la déclaration Balfour est pour le moins étrange. Arthur
Koestler, écrivain de même nationalité que Lord Balfour, écrit ainsi : "La
déclaration Balfour constitue un des documents politiques les plus
improbables de tous les temps. C'est un document par lequel une première
nation promettait solennellement à une seconde nation le pays d'une troisième
nation. Aucun plaidoyer ne saurait en rien diminuer l'originalité du procédé.
Il est vrai que les Arabes vivaient en Palestine sous la domination turque,
mais ils y vivaient depuis des siècles et il ne fait pas de doute que ce pays
était le leur, au sens généralement admis du mot." (cité dans Mourir pour
Jérusalem, André Larteguy, p. 366)

L'immigration continue cependant :"En 1919, écrivent Jean et André Sellier,
sur un total de 750 000 habitants en Palestine, on recense moins de 70 000
Juifs. En 1936, ils sont 400 000, en 1947 : 600 000 sur un total de près de 2
000 000." La population juive de Palestine passe donc, de moins de 10 % en
1919, à presque 30 % de la population totale en l'espace de moins de 30 ans,
grâce à l'immigration.

La politique britannique est d'abord conforme aux termes du mandat, autrement
dit favorable au programme sioniste : les Britanniques refusent de limiter
l'immigration et les achats de terres. En 1936 cependant, suite à des émeutes
et à une grève générale de la population arabe, les Britanniques
reconsidèrent leur position. En 1937, la commission Peel conclut qu'il faut
partager la Palestine. Il s'agit du premier plan de partage de la Palestine,
et il propose qu'il en soit fait trois parties : un Etat arabe, un Etat juif,
une zone internationale couvrant Jérusalem et ses alentours. Les Arabes
rejettent ces conclusions. Les émeutes reprennent, et durent jusqu'en 1939.

La Seconde guerre mondiale et ses conséquences

L'extermination des Juifs par les nazis en Europe au cours de la Seconde
guerre mondiale bouleverse les opinions publiques européenne et américaine.
Mis face aux horreurs dont s'est rendu coupable une nation européenne et aux
passivités dont ont fait preuve certaines autres nations européennes,
l'Occident est pris d'un remords affligeant, écrit en substance Bruno Guigue.
Il est dès lors prêt à toutes les concessions vis-à-vis du peuple juif pour
obtenir un exutoire à sa mauvaise conscience. (Lire à ce sujet Aux origines
du conflit israélo-arabe, l'invisible remords de l'Occident, Bruno Guigue,
L'Harmattan, 1998, pp. 70-78 et pp. 95-97).

Le mandat britannique sur la Palestine devant prendre fin le 15 mai 1948, le
Royaume-Uni porte, en 1947, la question devant l'ONU. Celle-ci, en novembre
1947, adopte un nouveau plan de partage qui accorde aux Arabes Palestiniens
(qui forment alors environ 70% de la population de toute la Palestine) 45 %
environ, et aux futurs Israéliens (qui forment alors environ 30% de la
population et possèdent environ 07% des terres) 55 % environ du territoire de
la Palestine. Le Haut comité arabe de Palestine répond : "Tout essai (...)
pour établir un Etat juif sur un territoire arabe est un acte d'oppression
auquel il sera résisté par la force en état de légitime défense." Bruno
Guigue commente : "Légitime défense, en effet, que celle d'un peuple qui
refuse la dépossession unilatérale à laquelle on voudrait le contraindre. Ce
partage qui n'en est pas un, pourquoi les Palestiniens auraient-ils dû s'y
résoudre ? Ils n'avaient aucune raison de s'astreindre à un devoir de
réparation pour des crimes affectant la conscience des autres."
(Op. cit., p.
105).

L'historien Elias Sanbar, rédacteur en chef de la Revue d'études
palestinennes, écrit quant à lui : "Les Palestiniens, dit-on aujourd'hui [en
1997] a posteriori, n'ont obtenu, après trois ans de négociations, que 2% de
ce qui fut leur patrie, alors qu'en 1947 on leur en avait proposé 45% et
qu'ils ont refusé. Regardez, leur dit-on, où vous a conduit votre
intransigeance. Il faut dire trois choses à ce sujet : au moment de refuser
les 45% de la Palestine qu'on leur propose, les Palestiniens ont une patrie
entière. Ils sont 1 400 000 personnes face à une communauté juive de 600 000
personnes, composée à 95% d'immigrants venus d'Europe. Ils sont dans leur
pays et ils ne comprennent pas pourquoi ils devraient en abandonner plus de
la moitié. Second point : lors des débats à l'ONU, les Palestiniens ne se
cantonnent pas dans leur refus du plan de partage. Ils réclament
l'indépendance et proposent la citoyenneté pour l'ensemble des habitants de
la Palestine, y compris les 600 000 juifs." (Le Monde, le partage de
la
Palestine, 30 novembre-1er décembre 1997, p. 14)

Toujours est-il que le 14 mai 1948, aussitôt après la proclamation de l'Etat
d'Israël, le conflit éclate ouvertement entre israéliens et arabes. C'est la
première de quatre guerres israélo-arabes. Elle ne se termine qu'en janvier
1949 par un armistice. A la faveur de cette guerre, l'Etat d'Israël s'est
agrandi d'un tiers par rapport à ce que lui offrait le plan de partage de
1947, tandis que plus de 700 000 Palestiniens ont dû connaître l'exode.

Conclusion

Du procès de Dreyfus à la nuit de cristal, du port de la rouelle à celui de
l'étoile jaune, des pogroms du Moyen-âge à l'expulsion du ghetto de Varsovie
et à la rafle du Vel d'Hiv, des bûchers du Moyen-âge aux chambres à gaz de
la
Seconde guerre mondiale, les Juifs ont souffert en Europe. Réellement.
Enormément. Qu'une solution et qu'une réparation à ces exactions aient été
envisagées, cela est totalement compréhensible. Ce qui ne l'est pas, c'est
que la réparation proposée et appliquée ait consisté à léser un autre peuple,
innocent, lui, de ce genre d'exactions, et devant dès lors vivre à son tour
ce que les Juifs avaient vécus dans le passé en Europe : brimades et
humiliations quotidiennes, terreur, exode...
Bruno Guigue écrit : "..."Le monde a trop à se faire pardonner à leur égard,
lit-on dans Le Populaire au lendemain de la proclamation de l'Etat hébreu,
pour disputer au Juifs le droit de se grouper et de vivre selon leurs
traditions." Le monde, vraiment ? Ou bien plutôt l'Europe... ?" (Aux origines
du conflit israélo-arabe, l'invisible remords de l'Occident, Bruno Guigue, p.
88). Nadine Picaudou écrit quant à elle ce qui peut être considéré comme le
mot de la fin : "Tandis que s'impose peu à peu dans l'opinion occidentale
l'idée d'un Etat-refuge en Terre sainte pour les rescapés de l'Holocauste, le
Proche-orient tout entier ne peut se départir du sentiment que l'Europe se
décharge ainsi sur la Palestine de sa propre culpabilité, réparant l'infamie
au prix de l'injustice". (Géo n° 243, mai 1999, p. 116)

 

Source : je ne sais plus où j'ai pris cet article qui date déjà pas mal mais il me semble important de rafraîchir un peu les mémoires en ces temps de confusion sanglante.

Pour la libération de Alexis Sinduhije, Burundi

Signer la pétition : http://www.thepetitionsite.com/246/petition-to-free-polit...

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Alexis SINDUHIJE, un combat pour la paix, la justice et la démocratie

 

Après des études de journalisme, Alexis SINDUHIJE rentre à la radio nationale au début des années 1990. Il y exerce les fonctions de présentateur et de reporter.

 

Avec la libéralisation de la vie politique au Burundi, rapidement le besoin de disposer d’un journal d’information, et non un porte-parole des partis nouvellement créés, s’impose. Alexis fonde avec le soutien de son ancien professeur de journalisme « La semaine du Burundi », hebdomadaire qui rapidement se distinguera pour la rigueur journalistique de ses articles.

« La Semaine du Burundi » couvre de nombreux évènements et déjà s’engage dans une démarche délibérée d’investigations permettant de porter à la connaissance des burundais de nombreux évènements. Il dénonce les menaces de coup d’Etat contre le Président démocratiquement élu Ndadaye (1er président hutu du Burundi, assassiné lors d’un coup d’Etat en octobre 1993) ; il publie des articles sur les massacres des hutus en 1993.

 

Lorsque cette aventure journalistique finit, Alexis quitte la radio nationale où il refuse l’étouffement né des pratiques du Parti Unique pour travailler pour l‘agence de presse Reuters.

Remarqué par les correspondant de la BBC, il rejoint alors le studio Ijambo fondé Search for Common Ground.

ll obtient en 1998 une bourse de recherche pour l’Université d’Harvard.

 

Convaincu de l’importance de donner la parole à tous et notamment à ceux qui n’ont pas la possibilité de s’exprimer et de la nécessité de changer la façon d’analyser les évènements politiques, Alexis  obtient le soutien de la fondation Ford pour la création d’une nouvelle radio. Elle lui octroie 150 000 dollars pour lui permettre de lancer en 2001 la Radio Publique Africaine (RPA).

Réunissant d’anciens soldats du gouvernement, des membres des anciennes milices tutsies et rebelles hutus formés « sur le tas », la RPA permet à ses équipes de journalistes de travailler en complète mixité ethnique. 

Surnommée « la voix des sans voix », la RPA traite des problèmes liés à la justice et aux expropriations, dans un souci de rechercher la vérité. Ses enquêtes permettent la restitution de terres spoliées durant la guerre civile. Et les enquêtes menées sur l’assassinat du représentant de l’OMS en 2001 et sur le meurtre du dernier roi du Burundi en 1972 ont achevé de construire la solide réputation de la radio, au Burundi mais également au niveau international.

 

En 2004, Alexis s’est vu décerné le prix de la liberté de la presse par le CPJ, Comité de Protection des Journalistes.

 

Les espoirs suscités par le processus électoral de 2005 au Burundi, suite aux accords d’Arusha, se sont très vite dissipés quelques mois après l’élection du Président Nkurunziza. Corruption et exactions font toujours partie du quotidien des burundais.

Déçu des dérives du Président Nkurunziza et du parti au pouvoir, Alexis a mit un terme à ses fonctions de journaliste en décembre 2007 pour se lancer dans la vie politique.  Il a fondé le MSD, Mouvement pour la Sécurité et la Démocratie au Burundi, un parti "ouvert à toutes les composantes ethniques, qui veut guérir le Burundi des maux de l'ethnisme et du régionalisme".

 

Le parti n’a toujours pas reçu d’agrément malgré les diverses pièces apporter en réponse aux demandes des autorités[1].

 

Cette année, Alexis a été désigné par le TIME comme l’une des 100 personnalités les plus influentes du monde.

 

Alexis a été arrêté le 3 novembre avec 37 autres personnes du MSD pour « organisation de réunion illégale ». Il est resté en détention provisoire jusqu’au 11 novembre date à laquelle inculpé pour outrage au chef de l’état. Il a été incarcéré à la prison centrale de Mpimba. Les 37 autres personnes arrêtées avec lui ont été libérées.

Son procès a débuté le 28 novembre.

 

"Nous poursuivons Alexis Sinduhije pour avoir à Bujumbura, à une date indéterminée, écrit un document outrageant le chef de l'Etat, je cite: +la responsabilité dans les affaires de corruption et d'assassinats commandités par le parti CNDD-FDD (parti présidentiel) incombent à l'homme qui passe tout son temps dans des séances de prières+", a accusé le ministère public.[2]

 

Alexis a récusé le Président du tribunal, membre du parti présidentiel, ainsi que les deux autres juges étant donné qu’ils ne disposaient pas des diplômes requis pour juger de tels faits.

 

Alexis encourt une peine de prison de 6 mois à 5 ans.

 

Le dossier de l’accusation est vide et vraisemblablement il semblerait que le chef de l’Etat cherche à le maintenir en détention afin de l’empêcher de se présenter aux prochaines élections présidentielles en 2010.

La popularité qu’Alexis a acquise à travers son engagement en tant que journaliste et l’espoir qu’il incarne pour une majorité de burundais, font de lui un adversaire crédible face au Président Nkurunziza.

 


 

[1] Après avoir subi de nombreuses tracasseries administratives pour retarder son agrément, le ministre de l’Intérieur, a refusé d’enregistrer le MSD comme parti politique, prétextant qu’un parti ne peut pas inclure la « sécurité » parmi ses objectifs parce que la sécurité est du ressort exclusif de l’Etat.  Source : HW, communiqué du 5 novembre 2008.

Le MSD a changé de nom suite à l’arrestation d’Alexis pour devenir le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie. Malgré cela, les autorités burundaises continuent à refuser de l’agréer.

[2] Dépêche AFP du 28.11.08

L’arrestation d’Alexis intervient dans un contexte de tensions croissantes au Burundi et d’atteintes aux droits civils et politiques : destitution de 22 députés en juin 2008, intimidations et arrestations fréquentes de militants de l’opposition, refus d’agréer les nouveaux partis, pressions judiciaires contre les défenseurs des droits de l’homme, limitation de la liberté des partis (une ordonnance d’octobre 2008 oblige les partis à obtenir une autorisation de réunion)[1].

Remettant en cause les accords d’Arusha de 2005 qui ont permis de restaurer la démocratie au Burundi, les dérives autoritaires dans tel un contexte alors que de nombreuses armes continuent de circuler dans le pays, inquiètent les observateurs internationaux et font craindre des risques d’aggravations des tensions ethniques[2].

 

« La communauté internationale, qui s’est fortement mobilisée pour le retour de la paix dans ce pays et pour la relance des pourparlers avec le Palipehutu- FNL, doit aussi prendre la mesure des risques qui entourent la préparation des élections de 2010 et exercer les pressions en conséquence. La relance de ce dialogue permettrait en effet d’organiser dans la transparence le débat que beaucoup réclament sur l’avenir institutionnel du pays. Ce dialogue faciliterait également la mise en place, avec l’appui et la participation active des partenaires extérieurs du Burundi et des Nations unies du cadre adapté à la tenue, dans la paix, d’élections libres et démocratiques en 2010. »[3]



[1] Communiqués d’Human Rigths Watch des 17 juin et 5 novembre 2008 ; Briefing Afrique de Crisis Group, n°53 du 19 août 2008, Burundi : renouer le dialogue politique (p 11 à 16).

[2] Briefing Afrique de Crisis Group, n°53 du 19 août 2008, Burundi : renouer le dialogue politique (p 11 à 16).

[3] Extrait de Briefing Afrique de Crisis Group, n°53 du 19 août 2008, Burundi : renouer le dialogue politique, conclusion p16.

Blog : http://alexis-sinduhije.blogspot.com/

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06/01/2009

POUR L'AN NEUF, LA REVUE NOUVEAUX DELITS SE MET SUR SON 31

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NOUVEAUX DELITS
Revue de poésie vive et dérivés
Numéro 31
 
 Janv/Fev/Mars 2009




Nouveaux Délits en panne de vœux
Vous souhaite d’Excellents Délits
Que l’an neuf (ou rien) après deux mille
Vous inspire de nombreux et vifs dérivés
Pour l’occasion ce numéro s’est mis sur son 31
Nous attendrons le prochain pour compter nos dents
 
CG




 
 
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Rester assis, c'est se mettre à genoux
Yanniss Youlountas






AU SOMMAIRE
 
 
Délit de poésie : Marcos Ana (Espagne) suivi d'une présentation par Cristina Castello (Argentine)
 
Délit cut : Rémi Froger (Lot)
 
Délit de filiation : La Toilette du Mort (extrait) de Werner Lambersy (Paris)
 
Délit de poésie non déclarée : Parcours poético-précaire et con/séquences de Cathy Garcia (Lot)
 
Délits d’(in)citations, cuvée de l’an nu comme un neuf.
Vous photocopierez le bulletin de complicité autant de fois que vous le voudrez

 
 
Illustrateur invité :
Jean-Louis Millet (Val de Marne)
jlmillet@free.fr




Je ne pense pas qu’il faille vivre très longtemps pour s’apercevoir
qu’il n’y a d’issue à notre condition que poétique.

Georges Perros
in Papiers collés II (1973)
 



 
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Hommage à Jean-Claude Koutchouk

        Père Noël d'Israël

 

Souviens-toi, aviateur d'Israël,

En ce vingt-sept décembre

Lorsque, lâchant tes bombes,

Tu massacres femmes et enfants,

Victimes innocentes de Gaza,

Gaza blessée, gaza détruite,

Souviens-toi que ton grand-père,

Ta grand-mère, ta grand tante,

il y a soixante cinq ans,

Là-bas, à Auchwitz et Tréblinka,

Furent, eux aussi, massacrés,

Réduits en cendres par milliers.

 

Souviens-toi, citoyen d'Israël,

Que des criminels furent pendus,

Jugés à Nuremberg,

Ceux-la même qui massacrèrent

Ceux de ta propre famille

Le crime a changé de camp

Petit fils de victimes innocentes

Te voici criminel à ton tour :

 

Souvenez-vous, gouvernants de France

Qui, jadis, capitulant à Munich,

Avez laissé les loups entrer dans Paris.

Aujourd'hui les loups sont dans le ciel de Gaza

Et,demain, des meutes entières y rentreront.

Réveillez-vous gens d'ici et d'ailleurs

Réveillez-vous gens de partout

Le peuple de Palestine assassiné

Vous appelle !

 

Jean-Claude Koutchouk – 28 décembre 2008

Jean-Claude Koutchouk nous a quitté hier 5 janvier 2009

Encore un poète que je découvre parce qu'il n'est plus là...

Appel aux intellectuels du monde entier

26 décembre 2007, par Mustapha Cherif

Ce que l’Occident ne veut pas admettre.
Est-il possible d’exprimer une opinion différente de celle qui domine en Occident au sujet de la situation génocidaire en Palestine ? Apparemment, cela paraît quasi impossible. Les données sont tellement manipulées que même des personnes de bonne foi sont trompées.
Tout le monde n’est pas dupe et les manifestations internationales sont encourageantes, mais les discours officiels et médiatiques deviennent des armes d’enfermement. Ils empêchent la critique. Le système occidental, malgré la diversité de parole, impose pour certaines questions une seule manière de voir. J’appelle à nous interroger sur ce que l’Occident refuse d’admettre. A Ghaza, ce n’est pas une guerre comme les autres, ni une agression banale, mais elle a trait à l’avenir du monde. Le droit régira-t-il les relations internationales ou la loi de la jungle ?
 
Tout être objectif ne peut qu’être stupéfait des réactions des autorités en Occident, qui prétendent que cette agression est « défensive » et, dans le meilleur des cas, mettent sur le même plan les parties en présence, en occultant l’injustice dont souffre le peuple palestinien depuis 60 ans. Qui reconnaîtra qu’il y a des oppresseurs et des opprimés, des colonisateurs et des colonisés, des agresseurs et des agressés ? Tout appel à la paix qui ne s’accompagne pas d’un discernement et d’une dénonciation de l’injustice ne peut être entendu. Le mythe grossier d’un encerclement d’Israël ne peut plus tenir. Après des années de tergiversations – car le monde arabe est innocent des crimes commis durant la Seconde Guerre mondiale à l’égard des Juifs – en 1979, l’Egypte a signé un accord de paix. Suivie en 1996 de la Jordanie. Depuis 1991, lors de la Conférence internationale de Madrid, la volonté de paix des Arabes, basée sur le recouvrement des Territoires occupés depuis juin 1967, est évidente. En 1993, les autorités palestiniennes ont accepté le processus de paix, sans garantie d’édifier leur Etat.
 
Depuis, les Palestiniens survivent dans une prison à ciel ouvert, bantoustan qui forme à peine 8% des territoires qui leur reviennent. En 2002, à l’unanimité, les 22 pays arabes soumettent une solution diplomatique de normalisation, confirmée à chaque sommet. A tout cela, les USA et Israël ont toujours préféré le langage de la force et la diabolisation des musulmans. Cette tragique injustice s’est aggravée. A force d’exploitation des crimes commis par des groupes politico-religieux manipulés, poussés au désespoir et apparentés à l’Islam, l’Occident, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, et plus encore après le « 11 septembre 2001 », s’est inventé un nouvel ennemi et pratique l’amalgame pour faire diversion aux impasses politiques. Contrairement à ce qui est colporté, l’immense majorité des musulmans, de par le monde, rejette l’instrumentalisation de la religion et l’islamisme qui sont l’anti-Islam. De plus, en Palestine, c’est un problème de colonisation. Face à la brutalité de la répression, l’attentisme de la plupart des élites et des autorités morales et religieuses, en Occident, est inadmissible.
 
Le pape lui-même n’intervient pas, alors que trois jours avant, à l’occasion de Noël, il appelait à la paix au Moyen-Orient. La peur et la propagande rendent-elles à ce point muet, aveugle, sourd et, partant, complice ? Les islamophobes ne mettent l’accent que sur la violence épisodique des faibles et non celle, à grande échelle et permanente, des puissants. Pire, toute critique des crimes de guerre d’Israël est assimilée à de l’antisémitisme. Terrorisme d’un puissant régime doté d’armes de destruction massive, Etat pas comme les autres, aux frontières inconnues, qui agit dans l’impunité, contre une résistance légitime, lorsqu’elle défend le droit à la vie libre et vise des forces armées d’occupation. Que faire, sachant que les régimes arabes perfides sont illégitimes, inertes ou complices ? Il s’agit de dénoncer sans relâche la barbarie que le monde occidental laisse faire, sans oublier que des non-musulmans de tous les pays sont solidaires des Palestiniens. Il est urgent d’exiger des sanctions internationales contre Israël et la traduction des responsables israéliens devant une cour de justice internationale.
 
Comme il y a trois ans, suite à l’agression contre le peuple libanais, tout non-musulman doit comprendre pourquoi ces carnages sont révoltants. L’actuelle guerre totale, air, terre, mer, d’une puissance militaire fascisante, avec près de 500 tués palestiniens et plus de 3000 blessés, démontre que nous sommes dans un début de « solution finale » pour liquider le peuple palestinien et, partant, de la notion de liberté dans le monde. « On n’arrêtera que quand nous aurons fini le travail », répètent les chefs de la soldatesque sioniste. Après un long blocus, c’est la continuation du Mur de l’apartheid en Cisjordanie, des exécutions extrajudiciaires, des crimes de Chabra et Chatila, de Jenine, de Naplouse... Mener des représailles féroces, préméditées et préparées de longue date, contre des opérations dérisoires de très faibles amplitudes comme le lancement de roquettes, par des actions de guerre totale et de destruction massive, prouve que ce qui compte ce n’est pas le prétexte mais un projet de domination. Les pays européens ferment les yeux et demandent aux victimes, coupées du monde et réduites à des conditions inhumaines, de reconnaître leur bourreau. Cette politique inique est vouée à l’échec. A Ghaza, les Palestiniens unis résistent et se battent. Les soutenir, c’est défendre la dignité humaine et notre propre devenir.
 
Quelle folie que cette guerre perpétrée par Israël. Comment des sionistes peuvent-ils croire que c’est en semant la mort et la haine et en maintenant un peuple sous un déluge de feu qu’ils obtiendront la paix et la sécurité ? Le sioniste ne semble pouvoir vivre que dans le bellicisme. Ce sont les prophètes bibliques qui sont trahis, c’est le judaïsme qui est trahi. Tout comme le Prophète est trahi à chaque fois qu’un « islamiste » tue un innocent. Même si son idéologie est contestable, le problème n’est pas « Hamas », mouvement de résistance, choisi démocratiquement par les Palestiniens, qui n’a jamais commis d’attentat en dehors du territoire de l’occupant, rien ne fera plier la volonté de liberté des Palestiniens.
 
Un million de résistants renaîtront des cendres de Ghaza. Sans justice, il ne saurait y avoir de paix. L’impunité détruit l’image de l’Occident moderne et creuse la tombe de l’actuel « ordre mondial ». Que les êtres épris de justice assument leurs responsabilités. Sinon, plus rien n’aura de valeur. Quel est le refoulé de cette guerre que l’Occident ne veut pas voir ? Qui a pris le monde en otage ? Avant que l’humanité ne sombre, dites-le nous

 

"Dakar" : saloperie motorisée

----LE SIFFLET ENROUE n° 26
Paraissant au bon vouloir de son auteur,
présentement, le mardi 6 janvier 2009
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Dakar : ça commence bien !

La sécurité du « Dakar » est paraît-il désormais assurée. L’année dernière, en raison de l’assassinat de quatre touristes perpétré par des islamistes (tendance Al-Qaïda), l’État français a mis fin à l’épreuve. Ce n’était que provisoire puisqu’en février 2008 l’entreprise ASO qui organise ce type d’« événement » sportif, annonçait qu’il était déplacée dans une autre région du monde : en Argentine et au Chili. On l’aura compris, la sécurité qui prime selon ASO n’est que celle du dispositif : le matériel technique avant tout (engins motorisés et aériens, appareils de retransmission télévisuelle).

« Le Dakar a fait ses deux premiers blessés parmi les spectateurs, venus en masse (sic) suivre le célèbre rallye-raid. Vendredi [le 2 janvier 2009], c’est une femme qui a été renversée par un équipage argentin lors de la parade des concurrents à Buenos Aires. Hier [samedi] c’est un petit garçon de 8 ans qui a eu une jambe cassée et une blessure à la tête après avoir été fauché par un camion Mitsubishi, sorti de la route à Saladillo. Tous les deux ont été hospitalisés pour des blessures légères » (Le Journal du Dimanche, 4 janvier 2009, p. 25). Doit-on juger qu’une jambe cassée est une blessure légère ? Que la percussion des corps par des bolides n’est que le fruit du hasard quand on sait que depuis 1979, le Dakar a fait 50 morts ?

Les concurrents payent eux-mêmes un prix élevé pour leur passion puisque deux accidents ont déjà eu lieu pour cette édition 2009 : un coma après une chute et une évacuation par hélicoptère. En ce qui concerne la morbidité et les traumatismes physiques, la continuité est désormais assurée. Mais le mépris et l’arrogance ne sont pas non plus en reste. Et ce d’autant plus que le Dakar risque de s’installer tous les ans dans cette région du monde. Comme en Afrique, l’Amérique du Sud est prise pour un terrain de « jeu » pour riches : il s’agit d’un raid néo-colonialiste qui saccage le paysage et pollue la nature (la faune et la flore). Le mépris s’affiche aussi envers les peuples indiens des contreforts andins qui sont en lutte pour la survie de leurs communautés traditionnelles. Ils entretiennent un rapport sacré à leurs terres : cette caravane de la mort qui passe par le nord de l’Argentine puis par le désert de l’Atacama au Chili ne peut qu’être une offense à leurs égards.

Et le Dakar est toujours une débauche de moyens (humains, financiers, techno-scientifiques) pour une course absurde. Cette profusion doit être mise en rapport avec les conséquences sociales de l’application du « consensus de washington » c’est-à-dire cet accord qui fut adopté en 1990 entre le gouvernement américain, le FMI (Fond Monétaire International) et la banque mondiale. Accord qui définissait le modèle d’Etat et de politique économique applicable à l’Amérique du sud. C’est carlos Menem qui se chargea de cette application pour ce qui concerne l’Argentine. Alors que de ce fait, des enfants du nord meurent parfois de malnutrition, révélant une carence du système de santé et d’éducation, l’opulence ostentatoire de cette course est une véritable provocation. La délocalisation du Dakar ne change pas la nature de cette compétition sportive : peut importe le lieu pourvu que le rêve d’aventure soit au rendez-vous. Mais cette fantaisie dont la publicité envahit les écrans chaque début d’année, n’est que factice : reproduite industriellement, elle n’est là que pour sublimer de manière répressive les frustrations quotidiennes. Il ne s’agit que d’images d’aventures et de paysages de rêve. L’adhésion à ces images et à leurs croyances doit être une évidence selon les organisateurs : quand est-ce que cette autre provocation connaîtra son point-limite ? A ce propos, on se souviendra qu’il y a maintenant sept ans, le 20 décembre 2001, le peuple argentin retrouva sa dignité en s’insurgeant contre l’injustice qui lui était faite…

La trentième édition du Dakar démontre l’érection d’un bloc capitaliste par delà la frontière du Chili et de l’Argentine. Un bloc qui préfigure les futures voies du flux intensif de marchandises dans cette région. Le désert de l’Atacama n’a pas encore recelé tout son potentiel marchand avec ses mines de cuivre. De même l’axe Valparaiso-Mendoza qui donne accès à l’océan pacifique reste encore à exploiter pour faire de cette région du cône de l’Amérique du sud un pôle capitaliste. Ainsi la fonction de l’institution sportive dans l’horizon néo-moderne est de constituer une avant-garde du capital : elle n’est pas seulement un produit passif de la mondialisation néo-libérale. Dans le même temps, et face aux résistances à la destruction des acquis sociaux ou des communautés traditionnelles qui ne manquent pas de se manifester ici ou là, le sport fait corps avec les nouvelles formes de domination. Le Dakar est en phase avec les nouvelles réalités de la société néo-moderne du XXIème siècle. Il véhicule le message de la prédation et c’est pour cela qu’il reste une saloperie motorisée.

Que se vayan todos !

Le Sifflet enroué est édité par le Grouchos

05/01/2009

Janvier 2009 : Pourquoi l’année 2009 peut devenir l’an neuf, par Yannick Yolountas

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Vers un basculement
et un changement radical de société


Dédié à mes ami-e-s athéniens qui résistent encore dans le silence médiatique


Plan :

I - Le mois de l’illusion
II - Ceux qui marchent à l’envers
III - Rester assis, c’est se mettre à genoux
IV - Notre société fonctionne comme un asile
V - Généralisation de la peur : cause, moyen, but
VI - Dynamique de résistance
VII - Le sortilège des perspectives
VIII - Le défi de La Boétie


Ante-scriptum : pour en savoir plus sur l’allusion à L’An 01 de Gébé et Doillon, cliquer ici (jeter un oeil, découvrir ou, éventuellement, se rafraîchir la mémoire).


POURQUOI L’ANNÉE 2009 PEUT DEVENIR L’AN NEUF

I - LE MOIS DE L’ILLUSION

Nous revoilà au traditionnel moment des vœux, au point de bascule du calendrier Grégorien, quelques jours après le point d’orgue de la société de consommation. Chacun y va donc de sa formule, à part quelques récalcitrants. On souhaite le meilleur à ses proches. On espère pour tous les autres. Ou bien on se tait, on hoche la tête ou on répond furtivement, de façon laconique. On proteste rarement.

Il est vrai que les vœux sont d’abord des manifestations d’amitié ou de sympathie, et sont, le cas échéant, difficiles à refuser, à critiquer, à contredire. Même si, chez certains notables, les vœux ressemblent à s’y méprendre à des rots de lendemains de fête, pour d’autres, plus modestes, ils sont simplement le prétexte pour reprendre brièvement contact avec des vieux amis. L’occasion de donner signe de vie, d’exprimer des désirs, de rêver un peu, avant de retourner grossir les rangs de ceux qui travaillent plus pour gagner moins ou de ceux, toujours plus nombreux, qui se débrouillent comme ils peuvent. Après avoir entretenu un peu partout la croyance enfantine au Père Noël, on s’octroie ainsi une variante entre adultes, cette fois complètement factice. Janvier est aux adultes ce que décembre est aux enfants : le mois de l’illusion et, à y regarder de plus près, du renoncement.

Car accepter l’ensemble des usages de cette saison n’est pas aussi négligeable qu’il y paraît. Cette concession parmi d’autres n’est pas la plus anodine. Si la période des fêtes est habituellement celle des pires épidémies de gastro-entérites, c’est peut-être parce qu’il y a de quoi vomir quand on voit tout ce qu’on veut nous faire avaler, au sens propre comme au sens figuré.

II - CEUX QUI MARCHENT À L’ENVERS

Pourtant, rares sont ceux qui refusent en arguant de l’absurde, de l’injuste, du décalé [1] et et de l’abscons, qui s’insoumettent en faisant un pas de côté à l’heure de la grande marche traditionnelle, qui résistent en diffusant un message à contre-courant. Rares sont ceux qui commettent un tel sacrilège, au milieu de la foule abrutie par le savant mélange de normes coutumières, religieuses, publicitaires et consuméristes. Rares sont ceux qui marchent à l’envers comme le jeune prisonnier de Midnight Express, dans la scène centrale durant laquelle ses compagnons de cellules tournent rituellement – en sens anti-horaire – autour du totem de la prison turque. Rares sont ceux qui prennent le risque de troubler le défilé des salamalecs, le sommeil de la raison, le requiem du corps et l’agonie de la Terre. Rares sont ceux qui mettent l’amitié au défi de la douloureuse raison et de l’insupportable vérité : celle d’être pris – et surtout de nous comporter – une fois de plus comme des imbéciles. Rares sont ceux qui reniflent le piège et restent les yeux ouverts, à l’écart des marchands de sable spirituels et matériels. Rares sont ceux qui observent depuis le bord du monde cette période qui en dit long sur notre lâcheté individuelle et sur notre folie collective. Rares sont ceux qui ne se renient pas sous la pression de la foule coutumière.

III - RESTER ASSIS, C’EST SE METTRE À GENOUX

Car, à première vue, il semble faire plus chaud au coeur du troupeau, docilement à l’écoute des bergers et de leurs chiens en uniformes qu’ils soient médiatiques, institutionnels, économiques ou policiers. De même, il paraît plus facile de contempler le monde à travers une petite fenêtre électronique, confortablement installé dans notre joli petit salon feutré rempli de bibelots collectés comme des trouvailles dans les rues marchandes, entouré de murs d’objets semblant personnaliser notre existence et la rendre unique alors qu’il ne s’agit que de lieux communs d’une ringardise avilissante, ridicule et stérile. Contempler le monde à travers son reflet brouillé ou son ombre sans nuance a toujours été le meilleur subterfuge pour ne pas le regarder en face et lui tourner le dos dans une caverne allégorique ou dans une fuite en avant. Tourner le dos à la réalité, c’est en réalité se tourner le dos. Faire face à un monde voilé, c’est se voiler la face. Rester assis, c’est se mettre à genoux.

Il n’y a d’homme que debout. Debout parmi les autres, comme un arbre parmi les arbres, lointain souvenir de la forêt originelle à l’aube préhistorique de l’humanité. Être humain, c’est porter, emporter, incarner l’arbre duquel l’évolution nous a séparé, éloigné, sevré en nous orientant dans la plaine, dans le désert de sens, dans le monde à réinventer, là où il y a tant à vivre, à faire et à être, à condition de se redresser.

IV - NOTRE SOCIÉTÉ FONCTIONNE COMME UN ASILE

Mais il n’y a pas plus grande menace pour qui veut continuer à se dresser dignement, humainement, solidairement, que l’abandon au dressage normatif qui rabaisse, avilit, asservit. Le spectacle assourdissant du monde et l’interminable répétition de ses rites d’aliénés ont exactement l’effet d’un traitement médico-psychiatrique sur la parole, l’imaginaire, la révolte et la création. Un traitement neurasthénique. Notre société fonctionne comme un asile, dans tous les sens du terme. Elle justifie sa légitimité, son intransigeance et ses rigidités non pas pour conduire à l’émancipation et au bonheur de ses membres, mais pour les protéger contre eux-mêmes en entretenant la peur. La peur de tout et de tous.

V - GÉNÉRALISATION DE LA PEUR : CAUSE, MOYEN ET BUT

Loin des belles devises du genre "Liberté - Égalité - Fraternité", notre société n’a pas d’autre fondement que la peur, pas d’autre cause que la peur, pas d’autre but que la peur, car pas d’autre moyen de conserver son pouvoir et sa forme d’existence. Elle justifie sa légitimité, son autorité et sa violence par la peur généralisée. Elle promet de protéger contre les innombrables motifs de peurs qu’elle suscite, entretient, distille et inocule comme une piqûre quotidienne aux effets inhibants. C’est ainsi que la foule de chenilles reste à l’état de chenilles dans la peur absurde et confuse du papillon et de l’oiseau. C’est ainsi que la foule de fœtus reste à l’état de fœtus dans la peur absurde et confuse de l’être humain et du risque inhérent à la vie.

Cette peur, c’est tout simplement la peur du dehors ou plutôt la peur de la potentialité, de l’être au-delà, au-dehors, c’est-à-dire la peur de la liberté. C’est ainsi qu’est bâtie notre société d’aliénés. C’est ainsi que l’asile n’a pas besoin de portes. Car les seules portes sont la parole, l’imaginaire, la révolte et la création.

VI - DYNAMIQUE DE RÉSISTANCE

Mais, tant que les piqûres seront administrées, les rébellions resteront marginales, les désobéissances illégales, les alternatives chimériques et les différences anormales. Tant que les protestations seront parcellaires, sporadiques et isolées, elles resteront inaudibles, fugaces et fragiles. Devenant plus répandues, fortes et persistantes, les différentes formes de protestations seront d’autant plus chassées, défigurées, brouillées, parodiées, mises à l’index et sévèrement punies. Mais, enfin généralisées, synergiques et permanentes, elles seront impossibles à contenir. La résistance est une danse qui devient irrésistible quand se multiplient, fusionnent et jubilent ses danseurs. Dès lors, ceux-là même qui semblaient les moins enclins à agir s’en font une joie. À condition de ne pas se rasseoir par trop d’impatience ou d’épuisement...

L’année 2009 sera peut-être l’an neuf. L’an neuf où le vieux piège sera déjoué, la piqûre refusée et l’asile déconstruit. L’an neuf où les foetus se débattront pour naître. L’an neuf où la vie sera dehors, partout et au-delà. L’an neuf où la parole, l’imaginaire, la révolte et la création seront libérés. L’an neuf où nous n’aurons plus peur.

VII - LE SORTILÈGE DES PERSPECTIVES

La peur trouble, altère, ruine l’espoir. Mais nous n’avons pas besoin d’espoir pour entreprendre, pour lutter, pour résister. Conditionner nos actes à la perspective d’un résultat, c’est s’appliquer une logique de spéculateur. C’est reproduire les cercles vicieux que suivent les cycles coutumiers des troupeaux. C’est suivre, évaluer et attendre. Attendre une initiative d’envergure. Une initiative entraînante. Toujours attendre. Encore attendre. Tel est le piège du calcul de probabilité qui conduit à l’immobilisme et à l’impuissance. Tel est le sortilège qui repousse au lendemain la multiplication des pas-de-côté. Il n’y a pas lieu d’espérer ni de désespérer, mais d’agir chacun sans attendre que le changement provienne d’ailleurs, de plus haut, de plus loin, de plus grand, de plus fort. Il n’y a rien de plus fort que la synergie des faibles en colère. Il n’y a rien de plus grand que le rassemblement des petits décidés à ne plus l’être. Il n’y a rien de plus loin que le dernier pas à accomplir, non pas en avant, mais de côté.

VIII - LE DÉFI DE LA BOÉTIE

Rien ne peut s’opposer à cette désobéissance – qu’elle soit civique, civile, économique ou financière – si les objecteurs se multiplient et se manifestent tour à tour, sans rien céder aux calculs désuets sur des perspectives insondables.

Le changement ne viendra que de nous-mêmes. L’inespéré n’adviendra que si l’on va au-delà de la pure spéculation à son sujet, si l’on se met vraiment en marche vers lui, si l’on choisit d’oser sans croire aux oiseaux – de bonnes comme – de mauvaises augures. Pas besoin de guide pour avancer dans l’inconnu. L’unique homme providentiel de chacun, c’est lui-même. Sa seule famille, c’est l’humanité. Sa seule patrie, c’est la Terre. Tous les gendarmes du monde n’y feront rien.

Le défi de La Boetie reste à accomplir. Quand nous serons résolus à ne plus servir, à ne plus nous servir, à ne plus nous asservir, nous serons libres.

Ελευθερία ή θάνατος !

Yannick Yolountas (Γίαννης Γιουλούντας)

http://www.youlountas.net/spip.php?article350

 

03/01/2009

Les voeux de Pierre Colin

L’alphabet du chaos et du roitelet

2009, l’année du rouge-gorge.

 

Vivre, à la mesure de la terre, comme une ronce sur un mur,

le verbier du printemps, le présent des amants ;

 

Créer, crier, l’urgence de la main qui se tend,

ou du poing qui se lève, noir, jaune, rouge, blanc ;

 

Lutter dans les mots du désert, pour donner vie et sens

aux voix, aux gestes de l’égalité ;

 

Rêver, non d’un monde réenchanté,

mais d’un temps plus fraternel, réel et libéré ;

 

Voter, pour tous les hommes, pour soi, l’avenir, le passé,

l’Histoire, la nuit, le jour, le bonheur, l’orient ; l’occident,

le sud et le nord, la science et la volupté ;

 

Oser l’inespéré[i], ici, là-bas,

en tout lieu et sans différer ;

 

Car le solstice d’hiver est passé, le rouge-gorge a triomphé du roitelet,

Flèche de Bran, qui a mené le monde aux portes de l’obscurité ! [ii]

 

Tous les Roitelets de Terre ont de quoi s’inquiéter :

le rouge est mis, le printemps sera chaud et beau !

 

« Poésie, feu rebelle,

  nous livrons à troupe de choc de la nuit,

  un dur combat :

  notre arme, c’est notre propre visage. »[iii]

 

Bonne année

                                                                              Pierre Colin



[i] Héraclite

[ii] Légende celte

[iii] Hans Cibulka