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01/06/2013

Le recul de la mort: L' immortalité à brève échéance?: Laurent Alexandre at TEDxParis

 

vous imaginez les possibilités et leurs conséquences suivant qui en a les clés.... ?

 

 

La singularité technologique : en route vers le transhumain....

La singularité technologique est un concept qui voit dans certaines avancées scientifiques la prévision d’une croissance explosive de la connaissance humaine. Ses aspects révolutionnaires ne se trouvent pas tant au niveau épistémologique que dans les conséquences politiques et sociales d’un tel essor du savoir.

Cet article est le premier volet de trois articles qui tentent de cerner le concept de singularité technologique et ses possibles impacts sur notre société.

La singularité technologique : en route vers le transhumain

L’humain est mort, vive le transhumain ! Des mots qui claquent et rayent nos consciences forgées par des siècles d’une lente et douloureuse dialectique qui n’a eu de cesse de faire et défaire l’humain. Et voilà que quelques extravagants viennent bousculer une construction séculaire ! Les esprits politisés de nos vieux pays tentent cahin-caha d’ignorer ces visions annonciatrices de chaos, et continuent de penser la polis munis de poussiéreuses idées – antiques concepts qui nous ont certes menés à un précaire équilibre social. Pourtant, ces énergumènes terrés devant leurs ordinateurs, que l’on qualifie avec dédain de techno-béats, cyberutopistes, geeks apolitiques, qui ne nourrissent leurs rêves que d’une science-fiction doucereuse, pensent le monde et construisent l’avenir.
Quelle est alors cette menace contre l’humain qui grandit dans la pensée scientifique ? Quelle est cette singularité qui prédit la fin d’un monde ? La singularité n’est point une menace mais une révolution qui fait de la croissance explosive de la connaissance la voie vers le dépassement de l’humain. Une nouvelle ère se dresse devant nous, et la science modèlera l’avenir. Alors risquons-nous à la technomancie !

Singulière singularité

Cet étrange terme singularité correspond à l’avènement d’une courbe exponentielle de l’évolution de la connaissance. La civilisation humaine connaîtra grâce à une découverte scientifique une croissance telle que tous les fondements de notre société ne pourront plus être pensés avec leurs valeurs actuelles. Nombreux sont ceux qui estiment que la singularité technologique sera l’intelligence artificielle. Ce concept trouve ses sources dans la pensée cybernétique du début du XXe siècle, et se trouve être attribué au mathématicien John von Neumann. Il estima dans les années 1950 que l’accélération du progrès humain entraînerait une singularité dans l’histoire humaine.
La singularité technologique fait référence à la singularité gravitationnelle, zone de l’espace-temps où les quantités permettant de calculer le champ gravitationnel deviennent infinies et les connaissances scientifiques actuelles ne peuvent plus s’appliquer. La singularité technologique annoncerait un évènement à nul autre pareil dont l’historicité fausserait toutes les analyses des sciences humaines et sociales. Ce « trou noir » de l’histoire a été popularisé par Vernor Vinge, notamment dans un article de 1993 qui fut largement diffusé, The Coming Technological Singularity : How to Survive in the Post-Human Era. Il voit le début de cette ère dans l’apparition d’une intelligence surhumaine ; elle peut se manifester tantôt dans le développement d’ordinateurs intelligents, notamment à travers une architecture en réseau, tantôt dans l’accroissement de l’intelligence humaine par les avancées de la biologie.

C’est pour quand ?

Les prévisions varient entre 2020 et 2050. Ray Kurzweil, informaticien, futurologue et transhumaniste, estime dans son livre The singularity is near que la singularité apparaîtrait en 2045, tandis que Vernor Vinge prédit, dans son article précédemment cité, une date aux alentours de 2030. Face à une courbe exponentielle de la croissance du savoir, toute la question serait de trouver le nombre e de la fonction exponentielle de l’évolution humaine.

A cette fin, la loi de Moore est intéressante. Gordon E. Moore, chimiste et cofondateur de la société Intel, a expliqué de manière empirique que le nombre de transistors sur les microprocesseurs double tous les deux ans environ. Cela entraîne une croissance exponentielle de la capacité de calcul des ordinateurs. Ray Kurzweil estime néanmoins une possible stagnation de cette loi avec l’atteinte des limites des microprocesseurs actuels en 2019. Elles seraient toutefois rapidement dépassées par de nouvelles technologies comme l’ordinateur quantique, qui catalysera sans aucun doute la recherche informatique. Il envisage la généralisation de la loi de Moore dans sa théorie the law of accelerating returns à d’autres domaines scientifiques liés à cette capacité de calcul. Cette croissance exponentielle continuerait jusqu’à atteindre la singularité, soit une intelligence surhumaine pour Kurzweil. Il estime que le progrès qui aura lieu au cours du XXIe siècle correspondra à l’équivalent de 20 000 ans d’évolution humaine. L’ingénieur Robert Zubrin juge que la singularité technologique nous conduirait à une civilisation de Type I sur l’échelle de Kardashev, qui mesure l’évolution des civilisations sur une base technologique en fonction de la quantité d’énergie pouvant être utilisée. Nikolaï Kardashev estimait qu’une civilisation de Type I aurait le pouvoir d’utiliser l’équivalent de toute l’énergie disponible sur sa planète, de toute son étoile pour le Type II et de toute sa galaxie pour le Type III. Selon Guillermo A. Lemarchand, l’énergie en question pour une civilisation de Type I correspond à une valeur entre 1016 et 1017 watts.

Une telle idée d’accélération du progrès alarme l’esprit qui tente de la cerner, mais de quelle façon notre société envisagera sa propre croissance technologique ? A suivre…

 

http://www.transhumaniste.com/transhumanisme/singularite-...

19/04/2013

PRIX GOLDMAN 2013 : 6 NOUVEAUX HÉROS DE L'ÉCOLOGIE RÉCOMPENSÉS

 

Postée le 18/04/2013 à 03h14

Prix Goldman 2013 : 6 nouveaux héros de l'écologie récompensés

 

Les lauréats du prix Goldman 2013 qui récompense 6 militants écologistes du monde entier viennent d'être annoncés. Ce prix -surnommé le prix Nobel de l'écologie- récompense chaque année depuis plus de 20 ans un ou une militant écologiste par continent pour ses actions.

Pour en savoir plus sur ce que sont les prix Goldman pour l'environnement, lire ICI

Cette année, pour l'Europe, Rossano Ercolini, maîtresse d'école d'une petite ville de Toscane a reçu le prix pour avoir lancé, en 1994, une campagne d'information sur les risques sanitaires des incinérateurs, campagne qui s'est transformée en mouvement national pour la réduction des déchets. Depuis, la ville d'où est partie la campagne, Capannori recycle plus de 80 % de ses déchets.

En janvier 2011, Jonathan Deal et sa femme lisent dans la presse locale un article sur les projets de Shell d'exploiter du gaz naturel grâce à la fracturation hydraulique dans le Karoo, une région aride d'Afrique du Sud. Dès lors, ils créent une page facebook qui rassemble rapidement plusieurs milliers de personnes et développent des études d'impact et leur expertise afin d'empêcher ces projets. Ainsi l'Afrique du Sud a mis, dès avril 2011, en place un moratoire sur la fracturation. Même si le moratoire a été levé en septembre 2012, le pays attend des résultats de différentes enquêtes et études d'experts pour décider ou non d'employer cette technologie.

En 2003, Azzam Alwash, un ingénieur hydraulique irakien exilé aux Etats-Unis décide de quitter la Californie pour revenir dans son pays ravagé par la guerre. Il désire y restaurer les zones humides détruites par Saddam Hussein. Il fonde donc une ONG Nature Irak afin de les protéger. Depuis 2013, ces marais sont devenus le premier parc national du pays. Cependant, ils sont encore menacés par les barrages en amont des fleuves Tigre et Euphrate.

En Colombie, Nohra Padilla est née dans une famille de recycleurs et elle a donné un statut aux travailleurs des déchets. Pendant longtemps, cette activité a été exercée de façon informelle plus ou moins tolérée par les pouvoirs publics, mais sans être prise en compte dans les contrats de gestions des déchets. En créant une coopérative, elle a permis à ceux qui exerçaient de façon informelle le métier de recycleur de le faire dans de meilleures conditions. En effet elle obtient de la justice en 2011 qu'ils soient pris en compte dans les schémas de traitement des ordures de la ville de Bogotá.

Après s'être opposée à des projets de mines de marbre en Indonésie, Mama Aleta a échappé de justesse à une tentative d'assassinat. Elle a aussi dû se cacher avec son bébé dans la forêt. Elle a poursuivi une lutte pacifique en organisant des occupations de sites miniers, ce qui a conduit en 2010 la compagnie minière concernée à renoncer à leurs projets.

Dans la région de Chicago, Kimberly Wasserman a lutté pour la fermeture de deux centrales au charbon considérées comme les plus polluantes du pays et pour la reconversion de friches industrielles en espaces verts.

 

Un article publié par goodplanet.info

15/04/2013

Quand la bêtise a le pouvoir...

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12/04/2013

Génial ? Non, flippant !

Plus fort que la Wii ou la Kinect : après la reconnaissance des mouvements, le monde du jeu vidéo s'ouvre au pilotage par la pensée. Trois jeux développés spécifiquement pour une interface cerveau-ordinateur (ICO) seront présentés aujourd'hui à Paris. Ils ont été conçus dans le cadre du projet OpenVibe 2, financé par l'Agence nationale de la recherche, qui associe des partenaires venus notamment de la recherche (Inria, Inserm, CEA…) et du jeu vidéo (Ubisoft, Kylotonn Games, Black Sheep Studio…). Le projet, qui concerne à la fois les neurosciences (pour étudier l'activité électrique émise par le cerveau), le traitement du signal (pour éliminer les interférences) et l'ergonomie (pour que les pensées du joueur soient traduites en action), a permis de développer un jeu d'action, un jeu sérieux (« serious game ») destiné aux enfants souffrant de troubles de l'attention et un jeu d'entraînement cérébral (« brain trainer »). « Ces recherches peuvent avoir des répercussions bien au-delà du jeu vidéo, par exemple pour aider les personnes handicapées », explique Anatole Lecuyer, chef de projet à l'Inria. Des casques d'ICO munis d'électrodes sont déjà disponibles sur le marché pour environ 300 euros.

Benoit Georges 

Benoît Georges

08/04/2013

ROUNDUP : LE PESTICIDE SE FAIT SÉCHER AU PAYS DU SOJA

 

Postée le 07/04/2013 à 21h51

Roundup : le pesticide se fait sécher au pays du soja

 

Des lanceuses d'alertes argentines ont obtenu la première condamnation pénale de deux producteurs de soja OGM. Une petite révolution en terre d'élection de la multinationale Monsanto.

Correspondance. Dans son pavillon de banlieue bordé de roses, Maria semble heureuse, loin du battage médiatique qui la poursuit depuis l'issue du procès mené contre les producteurs de soja.

Sirotant son maté, elle feuillette un album photo: «Ce voisin-là a perdu son fils d'une triple tumeur au cerveau; cette femme a fait quinze fausses couches; celui-ci s'est suicidé...» Depuis les années 2000, la liste de ces anecdotes alimente régulièrement la nécrologie du quartier ouvrier d'Ituzaingo.

«Quand le gouvernement de Carlos Menem a autorisé la culture d'OGM, les agriculteurs dont les champs jouxtaient nos maisons ont commencé à produire exclusivement du soja.» La ruée sur l'or vert qui secoue alors l'Argentine va de pair avec le glyphosate, ce pesticide commercialisé sous le nom de Roundup par Monsanto.

«Au début, ça faisait marrer les gamins de voir passer les avions d'épandage, se souvient Maria. Puis les habitants ont commencé à avoir la gorge sèche, les lèvres bleutées...»

La découverte du désastre sanitaire n'a pourtant lieu qu'en 2001, lorsque Sofia, voisine de Maria, perd sa fille d'une malformation rénale. «Je remarquais de plus en plus de femmes du quartier portant des foulards, des enfants avec des masques... Petit à petit, j'ai compris qu'il ne s'agissait pas de cas isolés», raconte-t-elle.

Elle entreprend alors, épaulée par un médecin, un relevé épidémiologique. «C'est au cours de ce périple que Maria m'a emboîté le pas, suivie d'une dizaine de femmes», raconte ce dernier.

Ce qu'ils découvrent surpasse leurs pronostics les plus pessimistes: «Dans les foyers les plus proches des zones d'épandage, il y avait parfois trois ou quatre cas de cancer par famille.» Au total, le collectif recense 200 cas pour 5?000 habitants. «La thèse de la coïncidence ne tenait plus.»

Rebaptisé « Les mères d'Ituzaingo», le collectif de voisines s'acharne à faire établir la contamination du quartier par les épandages toxiques. Elles obtiennent quatre rapports publics, dont les conclusions sont aussitôt occultées.

En 2004, le pédiatre Medardo Avila, adjoint à la santé de la ville, leur apporte un soutien salutaire en réclamant une expertise de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS). Après enquête, celle-ci classe le quartier en «?état d'urgence sanitaire?», sommant le gouvernement Kirchner de réagir.

« À l'époque, le ministère de l'Agriculture affirmait qu'on pouvait boire du Roundup sans danger», se souvient le médecin, dont le service hospitalier traite aujourd'hui près de 300 patients exposés aux pesticides. Sous le feu naissant des médias, les mères d'Ituzaingo ouvrent un débat public, jusqu'alors inexistant.

«On a profité de cette brèche pour lancer une dénonciation au pénal contre les producteurs», poursuit Medardo Avila. En 2012, malgré leurs tentatives l'intimidation, le tribunal pénal les condamne à trois ans de prison avec sursis. En Argentine, c'est une première: la toxicité des pesticides est enfin reconnue et leur épandage – à moins de 1000 mètres des habitations – est désormais passible de dix ans de prison.

«Mais ce n'est pas parce qu'on a gagné le prix Goldman et qu'on est reçus au Parlement européen que le dossier est clos?», jure aujourd'hui Sofia, qui planche déjà sur un futur projet de loi. Les mères d'Ituzaingo ont, en effet, du pain sur la planche : en 2012, Monsanto comptait implanter sous peu sa plus grande filiale latino-américaine d'expérimentation OGM... à la lisière de Cordoba.

 

Un article de Flora Beillouin, publié par humanite.fr

04/04/2013

Nouvelles technologies : Une réflexion très intéressante

Source : http://www.peripheries.net/article333.html

 

[31/03/13] D’images et d’eau fraîche - Ode à Pinterest par Mona Chollet

Fantômes, extase et effroi sur les Internets

L’une des raisons pour lesquelles les mises à jour de Périphéries sont devenues si rares, c’est que j’ai été avalée par les réseaux sociaux. Maintenant, quand j’ai envie de recommander un livre, au lieu de me fatiguer à synthétiser le propos de l’auteur, à le décortiquer et à le commenter, à le mettre en relation avec des lectures passées, je balance deux lignes sur Facebook ou sur Twitter : « Lisez ça, c’est super. » Une grande avancée pour la finesse de la pensée et la richesse du vocabulaire.

Dans son étude des usagers du téléphone portable, le sociologue Francis Jauréguiberry (1) analyse ce que change dans les relations humaines le fait d’avoir à disposition des moyens de communication instantanée, et de pouvoir atteindre n’importe qui, n’importe quand, par un appel ou un SMS — mais sa réflexion vaut aussi pour un statut Facebook ou un tweet. Avec le portable et les réseaux sociaux, au lieu de laisser décanter en soi ce qu’on veut dire, au lieu de le ruminer longuement dans son coin, de le laisser mûrir, on s’exprime à flux tendus, par bribes. « La pulsion interdit l’élaboration de l’élan », écrit Jauréguiberry. Certains de ses interlocuteurs disent eux-mêmes que le portable représente à leurs yeux, dans leurs relations avec leurs proches, « un danger pour l’émotion pensée non plus comme passage à l’acte, mais comme tension créatrice. Le risque est de voir l’impulsion chasser l’imagination, et le bavardage remplacer l’échange. Le silence et le différé, condition de retour sur le passé et de projection dans l’avenir, sont les complices d’un présent créateur. Mais lorsque ce présent n’est plus qu’une succession d’immédiats éphémères, où se situe la continuité ? ».

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Denys Finch Hatton en safari

L’un des enquêtés de Jauréguiberry s’inquiète pour les lettres d’amour, en particulier : « Le téléphone a un aspect simplificateur de la pensée que le billet doux ou la lettre n’a pas. Parce que la lettre, on l’écrit, on la réécrit, on la jette, on la recommence... On prend plus de temps à faire passer le message. Avec le portable, c’est : “Je t’aime, tu me manques.” Non seulement c’est brut et peu sophistiqué, mais ça appauvrit, je crois, la relation. » Forcément, à l’époque où une lettre devait voyager pendant des jours, voire des semaines, avant d’atteindre son destinataire, il aurait paru légèrement incongru de se contenter d’un « Je t’aime mon chéri, bisous ». Ou alors, il fallait être Denys Finch Hatton (1887-1931), l’amant de l’écrivaine danoise Karen Blixen, dont Robert Redford a interprété le rôle dans Out of Africa de Sydney Pollack. Alors qu’il était parti en safari, son frère, qui avait besoin d’un renseignement urgent, avait envoyé des hommes à sa recherche. Les types avaient marché des jours avant de le dénicher. Et là, à la question « Connais-tu l’adresse de X ? », ce farceur de Finch Hatton avait fait répondre : « Oui. » Un peu comme s’il croyait qu’il avait les SMS gratuits dans son forfait.

« J’ai noté quelques subtilités récentes
de la technologie
pour nous rendre dépendants,
augmenter indéfiniment
les surfaces d’échanges,
j’ai noté le recul
des possibilités d’autarcie »
Emmanuelle Pireyre

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Lettre d’Eugène Delacroix à son marchand de tableaux, 28 octobre 1827

Cet appauvrissement des échanges ne concerne pas forcément le mail — même si certains observent que la logique du SMS est en train de le contaminer, et qu’on s’envoie des courriers électroniques de plus en plus brefs, à un rythme de plus en plus rapide. On peut penser au contraire que le mail, et le Net en général, à travers sites, blogs et forums, ont amené beaucoup de gens à développer une pratique de l’écriture qu’ils n’auraient pas eue autrement. Ce qui disparaît, en revanche, c’est la lettre, c’est-à-dire un support de communication physique, que l’on peut décorer, enluminer, parfumer, tacher, cacher, déchirer, et qui, à travers l’écriture manuelle, conserve l’empreinte du corps de l’autre. Les lettres ne se comptent plus qu’en millions chaque année en France, alors qu’il y a quinze ans c’était par milliards. Mais « la décrue date des années 1970 », quand tous les foyers de France ont finalement été équipés d’un téléphone. Sébastien Richez, chargé de recherche au Comité pour l’histoire de La Poste, indique que les lettres représentent aujourd’hui moins de 3% des échanges postaux, et prédit qu’en 2030 il n’y aura plus du tout de courrier : « J’ai fait un jour une petite présentation sur le thème : 1830-2030, vie et mort du courrier ! » (2)

Bref. Reste le problème des réseaux sociaux, et de la façon dont ils ôtent toute profondeur au temps, mais aussi dont ils nous privent de nos capacités de retrait et de concentration. « Mon cerveau d’avant Internet me manque », dit une illustration de Douglas Coupland qui a beaucoup circulé... sur Internet. Dans mon cas, il y a effectivement de quoi rester perplexe en comparant la personne tranquille et posée que j’étais avant — pas exactement avant Internet, mais disons aux débuts du Net, avant la grande accélération du web 2.0 —, lorsque je pouvais rester de très longs moments seule dans ma bulle, avec la créature fébrile et frénétique que je suis devenue : une zébulonne en surchauffe perpétuelle, incapable de ne faire qu’une chose à la fois, qui consulte à tout bout de champ ses multiples comptes (mail, RSS, Facebook, Twitter), qui abandonne les livres au bout de cinquante pages et qui ne sait plus où donner de la tête entre tous les objets dignes de son attention. Mon cerveau est devenu une passoire. J’envisage d’essayer la technique Pomodoro, qui consiste à installer un minuteur pour s’obliger à se consacrer à une seule tâche pendant vingt-cinq minutes : gros challenge en perspective. Dans Féerie générale (éditions de l’Olivier, lisez-ça-c’est-super), Emmanuelle Pireyre écrit : « J’ai noté quelques subtilités récentes de la technologie pour nous rendre dépendants, augmenter indéfiniment les surfaces d’échanges, j’ai noté le recul des possibilités d’autarcie. »

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Dans le « New Yorker »

En étant consciente de ces enjeux, pourquoi ne pas me déconnecter, alors, ou au moins lever le pied ? Parce que je suis accro. La curiosité de voir ce que postent les autres et la pulsion de partage sont les plus fortes. Je fais partie de ces internautes qui ont des idées politiques affirmées, et qui sont contrariés des décalages qu’ils peuvent constater entre ces idées et leur mode de vie, mais qui, quand il s’agit des réseaux sociaux, bien qu’avertis de leurs multiples pièges, se retrouvent face à une force d’attraction irrésistible. Ce qui conforte encore ma conviction que la gauche, en général, compte trop sur le sens moral des gens, néglige leur part d’irrationnel, et sous-estime la facilité avec laquelle leurs repères moraux et politiques peuvent être balayés par des stratégies de séduction efficaces.

Le plus affolant, c’est que l’un des moyens récents que j’ai trouvés pour me reposer l’esprit est encore... un réseau social : Pinterest (AU SECOURS, SAUVEZ-MOI). C’est plus fort que moi : toute cette richesse à disposition, c’est comme si une main géante sortait de l’écran pour m’empoigner et m’entraîner dans les méandres des Internets. Etant avant tout portée, par goût personnel et par nécessité professionnelle, sur le texte et sur l’information, j’ai mis longtemps à réaliser qu’il y avait un autre domaine dans lequel Internet avait mis fin au régime de la rareté, pour rassembler et systématiser une quantité vertigineuse de ressources : les images — photos et reproductions d’art. Je guettais avec avidité celles qui surgissaient de temps en temps sur Facebook (et je me perdais surtout dans le splendide Désordre de Philippe De Jonckheere), j’aimais la beauté et la respiration qu’elles apportaient dans le flot de l’actualité, mais sans avoir l’idée d’aller voir à la source, sur les sites spécialement dédiés à leur partage.

Sur Pinterest, pour ceux qui ne connaissent pas, on se crée un compte personnel avec des tableaux thématiques sur lesquels on épingle les images qui nous plaisent. On peut les télécharger depuis son disque dur, ou repiquer celles des autres et s’abonner à leurs tableaux quand ils nous intéressent. On peut aussi installer sur son navigateur un bouton « Epingler » totalement jouissif, qui permet de rafler en quelques secondes une image sur n’importe quel site qu’on visite pour l’ajouter à sa collection. L’ensemble est une vaste boucherie de droits d’auteur, mais beaucoup d’utilisateurs demandent expressément à ceux qui reprennent leurs images de ne pas enlever les crédits. Le droit commercial passe à la trappe, mais pas le droit moral — ou pas toujours...

Avant, pour se faire une collection personnelle, pour décorer son agenda de l’année ou les murs de son appartement, il fallait se contenter d’inspecter les tourniquets de cartes postales dans les musées ou les librairies, de découper les journaux et les magazines, de récupérer des programmes de spectacles ou des prospectus d’expositions. Maintenant, il suffit de taper le nom d’un artiste dans Google, ou de plonger dans l’univers vertigineux de Tumblr, de Flickr et de Pinterest, pour en recevoir une avalanche continue sur la tête. C’est sans fin : un compte ou un site mène à un autre, tout aussi alléchant, voire encore plus. Comme pour l’information et les idées, on plonge là-dedans avec émerveillement, mais en ayant aussi une conscience aiguë du caractère forcément dérisoire de ses explorations, ce qui procure une démangeaison de frustration, et le sentiment d’une démesure, d’une disproportion effrayante avec les capacités de l’esprit humain. On peut, à certains moments, nager avec aisance dans un flot d’informations et de productions passionnantes, et, à d’autres, avoir l’impression de ventiler des fils RSS comme un forçat casse des cailloux. Il y a presque de quoi paniquer, surtout que pendant ce temps-là le monde physique ne cesse pas d’exister pour autant, il continue à vous solliciter lui aussi.

C’est curieux : pourquoi on ne panique pas de la même façon quand on se trouve dans une bibliothèque, alors qu’on sait très bien, là aussi, qu’on ne pourra jamais lire tout ce qu’elle contient, et qu’on passera forcément à côté de livres qui, si ça se trouve, auraient changé notre vie ? Sans doute parce que la bibliothèque, on en voit les limites, on peut en faire le tour. Le livre, lui aussi, est un objet bien distinct : il est séparé des autres, même s’il contient une bibliographie qui y renvoie. Ce qui est flippant avec le web, c’est ce contenu à la fois dématérialisé et enchevêtré par le jeu des liens hypertextes, qui ne vous autorise jamais à le lâcher — il faut s’y arracher —, qui vous offre une image très proche de ce qu’est votre cerveau — même si les différences sont aussi nombreuses — et semble par là vous lancer un défi.

L’image de la « toile » est pertinente y compris dans sa dimension de piège collant dont il est impossible de se dépêtrer. Rien d’étonnant à ce qu’on soit engloutis, dépassés. Rien d’étonnant à ce qu’on soit absorbés au point de négliger au moins un peu notre environnement matériel, comme l’illustre assez bien ce dessin d’une utilisatrice typique de Pinterest (« The typical pinner », « l’épingleuse typique »). Peut-être qu’au bout de quelques années on sera dégrisés, on aura gagné en maîtrise, on aura pris un minimum de recul et rééquilibré nos vies ? Ou peut-être que c’est seulement ce que je me raconte pour me rassurer ? Plus le temps passe, plus le titre du premier numéro de Manière de voir consacré à Internet, « L’extase et l’effroi », en 1996, me semble un titre parfait (3).

Bovarysme 2.0

Sinon, autant le dire tout de suite : Pinterest, c’est la honte. J’aurais mieux fait de choisir Tumblr. Pour l’essentiel, Tumblr est branché, second degré, plein de gifs animés, de chats aux yeux rouges qui volent, de dérision et de parodies, ou alors de collections d’art pointues et dérangeantes. Alors que Pinterest est résolument premier degré, à la limite de la niaiserie. Chacun y met ce qui le fait rêver, de sorte qu’il offre une vue en coupe des fantasmes et des idéaux contemporains. On comprendra que ça m’intéresse... C’est sans doute pour cette raison qu’il a la réputation d’un réseau « féminin » : il déborde de robes de mariée, d’images romantiques et vaporeuses, de listes de shopping, de cupcakes, de cocktails, de fringues et de sacs, de mamans et de bébés, de photos de décoration intérieure, de produits de beauté, de mannequins filiformes et de recettes de cuisine. C’est la version 2.0 du bovarysme.

En fait, Pinterest reflète bien cette « culture féminine » que j’ai essayé de décrire dans Beauté fatale, une culture que les femmes se sont constituée au fil du temps autour des occupations et des préoccupations dans lesquelles la société les enfermait : le quotidien, l’univers domestique, le soin des enfants, le corps, la mode, la sensualité, ou encore le goût des choses petites, secrètes, cachées. Il s’agit d’une culture à laquelle beaucoup d’entre elles adhèrent encore, et qui est méprisée par la culture légitime, mais habilement récupérée et exploitée par la société de consommation et les médias de masse. Elle mêle des éléments à mes yeux tout à fait défendables, et d’autres franchement aliénants. La présence massive des seconds sur Pinterest a d’ailleurs amené certaines à estimer que ce réseau social « tuait le féminisme » (Amy Odell, « How Pinterest is killing feminism », Buzzfeed, 1er octobre 2012).

« Ce n’est pas ce qu’Internet était censé nous apporter », proteste Amy Odell dans cet article. Sauf que, là encore, Internet a deux visages : d’un côté, inévitablement, il est une vaste régurgitation de la vision du monde, de l’esthétique, des aspirations et des préoccupations que nous ont fait bouffer pendant des décennies, et que continuent à nous faire bouffer, les médias traditionnels, télé et magazines. Mais, de l’autre, il est aussi un lieu où les contester, et où faire mieux que les contester : les concurrencer, leur proposer des alternatives. Dans le domaine des images comme dans les autres, pour qui veut bien aller fouiller, il réintroduit une diversité inimaginable, alors qu’autrefois les médias traditionnels étaient seuls, ou presque, à façonner notre environnement culturel.

Certes, Pinterest est accablant au premier abord ; et, sur Tumblr, on trouve des flopées de comptes intoxiqués par l’univers de la mode et de la publicité, d’un érotisme glacial et glaçant, saturés de corps minces, lisses et aseptisés qui semblent en plastique, de logos de marques de luxe. Mais il suffit de creuser un peu pour découvrir des comptes qui vous emmènent radicalement ailleurs. On dirait que le monde entier (ou du moins une partie non négligeable du monde) a déversé en ligne tout ce qui dormait dans ses greniers. Et la circulation des images est fascinante à suivre, ou plutôt à deviner : une photo apparaît sur un Tumblr, elle est aussitôt repostée sur d’autres, et, quelques jours plus tard, vous la voyez ressurgir comme une fleur sur la page Facebook d’un de vos amis, après avoir probablement déjà fait plusieurs fois le tour de la Terre.

Dans l’usage que j’en fais, Pinterest est un antidote à Twitter. Twitter me sert à échanger des informations et des commentaires sur la politique nationale et internationale, sur la crise financière, sur la situation des femmes, sur le racisme, sur l’environnement... Autant dire tout ce qui va mal sur la planète. Certains font aussi un usage militant de Pinterest, mais ce n’est pas mon cas — même si la politique a tendance à revenir par la fenêtre. Le partage d’images est un moyen que j’ai trouvé de restaurer la vision du monde plutôt sombre que je retire de Twitter, qui, sinon, finirait par être minante. Un moyen parmi d’autres, mais assez fabuleux. Il me rappelle l’existence des trains qui arrivent à l’heure, sur lesquels il n’y a rien à écrire (encore que...), mais qui peuvent être rassérénants à contempler.

Pour ça, il faut accepter de se laisser aller à admirer béatement, sans se sentir stupide, en faisant taire son rabat-joie intérieur. Il faut accepter aussi, le cas échéant, d’avoir des goûts banals, ne pas vouloir jouer toujours à la plus maligne, ne pas chercher à se distinguer à tout prix ; un réflexe dont je constate qu’il est bien plus ancré que je ne le croyais. Mon amour-propre a résisté plusieurs semaines avant de me laisser créer un tableau « Chats », comme j’en mourais d’envie : tu ne peux pas ! Tu es journaliste au Monde diplomatique ! Ignacio Ramonet et Serge Halimi ne collectionnent pas les photos de chats, eux ! (Pour Alain Gresh, je ne jurerais de rien.) J’ai fini par craquer. Mais je me contrôle : pour le moment, du moins, je fais un casting impitoyable, je ne sélectionne que des chats artistiques et distingués. Enfin, presque. Il faut que je pense à me créer un tableau secret plein de chatons ébouriffés et trop mignons qui jouent avec des pelotes de laine.

De toute façon, en systématisant l’accès aux ressources documentaires, le web est une école d’humilité : on a très peu de chances d’être seul à détenir une image. Et, si on a la naïveté de le croire, un minimum de navigation dans les collections des autres nous détrompera vite. Il est d’ailleurs étonnant d’observer qu’on en retrouve certaines de façon régulière, insistante, au fil de ses déambulations, chez les gens les plus différents : des images qui ont visiblement tapé dans l’œil de tout le monde, pour des raisons souvent mystérieuses. Et, à l’inverse, je suis aussi parfois perplexe, presque choquée, en constatant que d’autres récupèrent une de « mes » images pour l’inscrire dans des univers tout à fait étrangers au mien. Chacun se sert chez les autres de façon un peu cynique, sans forcément adhérer à tous leurs choix. Ou alors, quelqu’un publie une image en l’accompagnant de commentaires extatiques, et vous la scrutez en essayant en vain de comprendre ce qu’il lui trouve, au juste. Sur Pinterest, chacun est à la fois très commun, très prévisible, très semblable aux autres, et absolument seul dans son monde. Ce qui amène à se poser des questions à peu près insolubles sur la formation du goût et les voies mystérieuses qu’elle emprunte : pourquoi est-ce que telle image me plaît autant, pourquoi est-ce qu’elle suscite ma convoitise, pourquoi est-ce qu’elle déclenche immédiatement un réflexe d’appropriation, alors que telle autre, pourtant très semblable, avec le même sujet, le même auteur, le même style, me laisse de marbre ? Ou comment s’offrir une psychanalyse sauvage par les images.

Toi aussi,
succombe au porno des escaliers

Ce dont je ne reviens pas, en tout cas, après trois mois, c’est le plaisir que j’y prends. Les images agissent comme des cataplasmes, comme une thérapie. Elles ont un pouvoir nourrissant, apaisant. On dirait qu’elles produisent des effets au niveau physiologique. C’est d’ailleurs ce que dit bien l’appellation « porn », si souvent accolée par les blogueurs à la catégorie particulière qui les passionne : Tree Porn pour les arbres, Cabin Porn pour les cabanes, Bookshelf Porn pour les bibliothèques, Interiors Porn pour la décoration intérieure... Le terme traduit l’idée d’orgie, d’abondance (« binge » est également un suffixe très prisé), mais il suggère aussi que ces images vous comblent, qu’elles répondent à un désir profond, qu’elles vous font un effet qui déborde la simple appréciation esthétique. S’y ajoute le plaisir de la collection : accumuler des variations sur un même thème permet de l’explorer de plus en plus finement, sous tous les angles, en conjuguant le bonheur de la répétition, de l’obsession, de l’entêtement, et celui de la nouveauté, de la variation, de l’élargissement progressif du champ. On vise une exhaustivité qu’on n’atteindra jamais, mais au moins, on balise le terrain, on pose des jalons.

On hésite cependant à faire ce constat, comme si ce plaisir procuré par les images n’était pas un phénomène homologué, comme si on n’était pas prêt à admettre qu’un objet visuel serve à autre chose qu’à nous communiquer une information ou à enrichir notre culture. « J’ADORE LES ESCALIERS. Est-ce que c’est bizarre ? Est-ce que c’est seulement moi ? » s’alarme par exemple le titulaire d’un Tumblr consacré au design. Alors que non, pas du tout. Vous commencez par vous surprendre et vous inquiéter vous-même en créant un tableau « Escaliers », et vous finissez par passer des heures à fouiller dans les images de cette catégorie, la langue pendante. D’ailleurs, bien sûr, il y a un porno des escaliers (à ne pas confondre avec le porno dans les escaliers, qui existe aussi). C’est fantastique, un escalier, quand on y pense. Sa façon de sculpter l’espace, de rappeler les cabanes et les escalades de l’enfance, de faire virevolter le corps et le regard, de suggérer une échappée, un ailleurs mystérieux qu’on ne fait qu’entrevoir et qu’on est libre d’imaginer... (D’accord, j’arrête.)

« Une estampe est un objet
qui permet de pénétrer
à l’intérieur de l’œuvre »

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Portrait posthume à la mémoire d’Hiroshige peint par Kunisada Utagawa. (Source : Wikipédia)

Dans son introduction à l’exposition de l’artiste japonais Hiroshige (1797-1858), cet hiver, le directeur de la Pinacothèque de Paris, Marc Restellini, écrivait :

« Grâce à Hiroshige, il nous est permis, à nous, public occidental, de comprendre comment une œuvre d’art est perçue au Japon et plus largement en Asie. Notre manière de voir une œuvre en Europe et en Occident est finalement très superficielle, purement esthétique ou simplement intellectuelle et s’attache à apprécier la forme, les couleurs, la composition ou la signification. (...). Le Japonais s’attache moins à l’apparence, mais vit la vision de l’œuvre comme un support de méditation. Une œuvre est avant tout un prétexte à un voyage intérieur. Ainsi, une estampe est un objet qui lui permet de pénétrer à l’intérieur de l’œuvre. C’est la raison pour laquelle la perspective dans les gravures japonaises est si évidente et si profonde. Elle aide à accompagner l’œil dans son voyage à l’intérieur de l’estampe. »

C’est intéressant, mais on peut se demander si le rapport décrit ici comme « japonais » n’est pas en réalité universel, et si la différence ne tient pas simplement au fait que, en Occident, on répugne à le reconnaître. Parce que, d’après ma modeste expérience, sur Pinterest, tout le monde, ou quasiment, est japonais. On y recherche des images qu’on peut habiter, dans lesquelles on peut se projeter, devant lesquelles on peut rêvasser. Les photos d’intérieurs, d’architecture, de maisons, de cabanes dans les arbres et d’abris en tout genre remportent un grand succès : les tableaux consacrés à ces thèmes font partie de ceux qu’on retrouve chez pratiquement tout le monde ; mais la plupart des images, quel que soit le sujet représenté, semblent choisies parce qu’elles offrent un abri, même si ce n’est pas au sens littéral. Je rêve des textes qu’une exploration de l’Internet des images aurait pu inspirer à Gaston Bachelard.

Et puis, il y a le mode de relation qu’induit Pinterest, lui aussi très reposant. Twitter, en permettant à tout le monde de parler à tout le monde, a un côté autos tamponneuses, mais sans la dimension enivrante et joyeuse : ça va à toute allure, c’est violent, ça s’accroche, ça s’engueule, ça s’insulte à l’occasion. Sur Pinterest, on se contente de communier dans les « oh ! » et les « ah ! » d’admiration. On ne cultive pas son réseau et son influence — même si on a aussi vu émerger quelques reines du life-style qui font exploser le compteur d’abonnés. Ici, il est pratiquement impossible de sortir une énorme connerie qui ruinera instantanément votre réputation auprès de centaines ou de milliers de gens. Très difficile aussi de frimer ou de céder au narcissisme : on ne court pas le risque de voir ses petits ou grands accès de vanité épinglés pour l’éternité sur Personal Branling. On est dans une activité gratuite, ce qui fait un bien fou.

Ce que je préfère, c’est les moments où vous explorez un compte qui vous plaît, vous le passez en revue minutieusement, pendant que son propriétaire fait de même avec le vôtre, chacun gratifiant l’autre d’un réépinglage, d’un « j’aime », d’un abonnement à l’un de ses tableaux. J’adore l’idée d’être en train d’échanger des objets d’admiration — un plaisir auquel m’avaient déjà fait goûter les albums Panini de mon enfance — avec une personne totalement inconnue, dont je ne sais parfois même pas si elle est un homme ou une femme, si elle habite à deux rues de chez moi ou à l’autre bout de la planète. Même l’âge n’a plus d’importance : je me retrouve à suivre les publications d’un Américain de 16 ans d’origine pakistanaise, et de pas mal d’autres gamins qui, entre deux envois d’images, soupirent sur leur Tumblr qu’ils sont déprimés de devoir retourner à l’école demain, ou postent des photos de leurs orgies au MacDo. Il se crée des entités déconcertantes, à la fois complètement opaques et très familières : « Bon, Thorstein Ulf est à fond dans les peintres chinois, ces temps-ci... Il vient encore d’en balancer quinze d’un coup, franchement, il est pénible... Mais patience, ça lui passera... »

Expansion du « fantomatique
entre les hommes »

Certains diront que c’est triste d’échanger avec de parfaits inconnus qu’on ne rencontrera jamais, alors qu’on n’adresse même pas la parole à son voisin de palier. Je ne suis pas sûre qu’on puisse voir les choses de cette façon. Il y a effectivement une grande pauvreté relationnelle dans nos sociétés, mais il n’est pas certain qu’Internet y soit pour grand-chose. Ce qui change, c’est que le type de rapport qu’on n’entretenait autrefois qu’avec des artistes — compositeurs, peintres, écrivains — à travers leurs œuvres, on l’entretient aujourd’hui avec une foule d’inconnus. Chacun devient auteur, à un degré plus ou moins grand : chacun met à disposition ses textes, ses réflexions, ses photos, ses compositions, ou, plus modestement, ses sélections d’images, de musiques ou d’articles, et se crée un public plus ou moins important qui y trouve de l’intérêt. Est-ce qu’on aurait l’idée de conseiller à quelqu’un qui lit un roman ou qui écoute un disque de sortir plutôt parler à ses voisins ?

Pour autant, difficile de prétendre que tout va bien avec cette nouvelle configuration. Ce type de communication fantomatique, avec ses richesses et ses limites, devient beaucoup plus présent, voire envahissant, qu’il ne l’était quand il concernait seulement les artistes. Avant Internet, on communiquait très rarement de façon virtuelle avec des inconnus non artistes, même si cela pouvait arriver : ces accidents — car c’en était — ont par exemple inspiré la trame de romans comme Papa Longues Jambes (Daddy Long Legs), de Jean Webster, en 1912 (adapté au cinéma avec Fred Astaire et Leslie Caron), dans lequel une jeune fille entretient une correspondance avec le mystérieux homme riche qui paie ses études, et dont elle n’a fait qu’entrapercevoir l’ombre — aux jambes interminables — au détour d’un couloir. Ou comme Les deux moitiés de l’amitié, le roman jeunesse de Susie Morgenstern : un garçon solitaire appelle un numéro pris au hasard dans l’annuaire et tombe sur une fille de son âge, juive alors que lui-même est arabe, et une amitié naît entre eux. Aujourd’hui, ce scénario — qui était aussi celui du film de Nora Ephron You’ve got mail, en 1998, avec Meg Ryan et Tom Hanks — est devenu banal : on entretient des relations virtuelles avec une foule de gens qu’on peut finir par rencontrer un jour... ou pas.

Mais ce n’est pas forcément trop grave, pourvu qu’on conserve par ailleurs assez de rapports directs avec des êtres humains en chair et en os. Ce qui est peut-être plus troublant, c’est que les relations s’hybrident. Avant, on cloisonnait : il y avait d’un côté les gens avec qui on était en interaction directe, physique, multilatérale — amis, famille, collègues, voisins... — et de l’autre ceux qu’on connaissait de loin, artistes, écrivains, peintres, acteurs, qui communiquaient de façon unilatérale avec la masse de leur public. Aujourd’hui, on peut à la fois voir ses amis de façon plus ou moins régulière et, entre deux rendez-vous, les lire sur leur blog, ou simplement sur leur compte Facebook, où ils s’adressent à une audience plus large. C’est une manière de rester en contact avec des proches que de toute façon, par la force des choses, on voit rarement, parce qu’on n’habite pas ou plus dans la même ville ou le même pays ; mais cela peut aussi créer des trous d’air étranges dans la relation, favoriser la paranoïa, les malentendus, les illusions, et laisser chacun enfermé dans son monde.

Dans une intervention au Théâtre du Rond-Point, en novembre dernier, Christian Salmon citait l’expression de Kafka parlant de la « crise mondiale de son âme ». Par « âme », il faut entendre « la possibilité humaine de faire et d’échanger des expériences ». A son époque déjà, Kafka estimait cette possibilité menacée. Il distinguait, résume Salmon, « deux sortes d’inventions techniques : celles qui permettent de rapprocher les hommes entre eux, d’établir des relations réelles, naturelles : le chemin de fer, l’auto, l’aéroplane ; et celles qui contribuent à rendre ces relations irréelles ou fantomatiques : la poste, le télégraphe, le téléphone, la télégraphie sans fil ». Alors Internet, on n’en parle même pas...

J’assume toujours ma vision enthousiaste d’Internet : il a modifié de façon spectaculaire les rapports de force dans la société, permis une éclosion d’expression fabuleuse. Ma génération ne serait nulle part sans Internet. En vingt ans, elle a déjà écrit une épopée. Je suis très consciente de la façon dont, loin de m’isoler, Internet a enrichi, très concrètement, ma vie réelle et relationnelle. Mais en même temps, je suis sensible à ces discours sur le trop-plein, la routine, le fantomatique. Est-ce que je serais en train de céder à un catastrophisme de Cassandre réac façon Finkielkraut ? A partir de quand le « fantomatique entre les hommes » cesse-t-il d’être, comme l’art, un bienfait, une forme de communication profonde et indispensable, complémentaire des autres, pour enfermer chacun dans une dérive solitaire et impuissante ? Est-ce que ce n’est pas aussi la vieille peur, la vieille réprobation sociale de l’imaginaire qui se manifeste dans les discours technophobes ? Entraînés dans des usages qui s’emparent de nous bien avant qu’on ait eu une chance de les penser, on peut seulement s’arrêter de temps en temps pour essayer de comprendre ce qu’on fout, au juste. Mais sans espérer apporter à cette question une réponse définitive.

Mona Chollet
Merci à Aurélia Aurita
pour l’expo Hiroshige,
et à Katia Berger, Constance Frei,
Magdalena Frei-Holzer et Franz-Josef Holzer,
dont la conversation toujours si agréable a nourri cet article...

P.-S. : une remarque de Joëlle Marelli (via Facebook) : « Sur les billets doux, les SMS, la communication instantanée, on a oublié l’usage “mondain” des télégrammes (les “petits bleus”) et des “pneumatiques”, notamment par Proust, qui écrit un mot à telle marquise pour lui dire qu’il a oublié ses gants chez elle puis avant de faire partir le message ajoute : “Ce message est sans objet puisque je viens de les retrouver.” »

(1) Francis Jauréguiberry, Les Branchés du portable. Sociologie des usages, PUF, 2003.

(2) « La passion des lettres », L’Express, 20 mars 2013.

(3) Mais bien sûr, en toute objectivité, le dernier est le meilleur.

 

Sur le(s) même(s) sujet(s) dans Périphéries :


Internet

* « La clé d’un espace commun »- De la gratuité, de Jean-Louis Sagot-Duvauroux - 25 avril 2006
* Patrimoine des savoirs ou marché de l’immatériel ?- Du bon usage de la piraterie, de Florent Latrive - 15 janvier 2005
* Modes de survie de l’Internet culturel- Une enquête réalisée pour le Secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire - 7 février 2004
* Confessions d’un voleur, de Laurent Chemla- La face cachée de l’Internet - 8 mars 2002
* « Une boussole pour des combats dépareillés » - Pour la gratuité, de Jean-Louis Sagot-Duvauroux - mars 2002
* Aiguillage : l’Autre Site- 15 février 2002
* Houellebecq, l’as du patin à glace - Une abjuration de la création littéraire - 8 septembre 2001
* Jaloux des voisins- 22 juin 2001
* Ouverture d’uZine- Un espace pour discuter des (vrais) enjeux d’Internet - 15 septembre 2000
* L’année du blaireau - Nouvelle économie - avril 2000
* La Nouvelle Economie nous gave, II- Par Vassia Halbran - 10 mars 2000
* « Geste commercial »- La Nouvelle Economie nous gave - 9 février 2000
* La clef des champs- Le portail modeste et génial du web indépendant - 19 novembre 1999
* Refuser la fuite en avant - L’industrie de la consolation, de Bertrand Leclair - décembre 1998

29/03/2013

Finlande: « Il ne faut plus sauver les banques avec l’argent public »

Les voix contre le par les contribuables se font de plus en plus nombreuses et s’institutionnalisent, vaut mieux tard que jamais.

Il est lamentable que ce ne soient pas les Etats dits les moteurs de l’ qui soient à l’origine de ce mouvement, c’est dire leur peu de courage et l’accointance de leurs dirigeants avec le et financier.

On n’a pas écouté et reproduit ce qu’a réalisé l’Islande. Espérons qu’on entende la et qu’on cesse avec ces concepts fumeux de « too big too fail » ou de « systémiques ».

 

« La Finlande a appelé mardi à épargner les contribuables de la zone euro dans les plans de sauvetage des banques européennes à l’avenir, estimant que la facture devrait être imputée aux actionnaires et créanciers.
« Partout en Europe nous devrions passer à une économie de marché normale, où les propriétaires et les investisseurs accusent des pertes en cas de débâcle de banque », a déclaré mardi le Premier ministre Jyrki Katainen lors d’un discours à Helsinki sur l’Europe.
Il a souhaité que l’union bancaire européenne, en cours de création, en fasse un principe fondateur, sinon « nous resterons dans la situation actuelle où le contribuable paie les crises bancaires », a-t-il précisé aux journalistes après le discours.
M. Katainen a dit vouloir que les décisions sur l’union bancaire soient prises dans l’année.
Après le discours, l’entourage du chef du gouvernement a précisé à l’AFP que le plan de sauvetage de était vu par la Finlande comme un cas « unique », et non comme un modèle à suivre dorénavant. Cet entourage a aussi rappelé que le gouvernement tenait à la protection des petits épargnants (moins de 100.000 euros).
Les propos de M. Katainen ont été tenus au lendemain de la polémique créée par leprésident de l’, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, qui a d’abord affirmé qu’il faudrait éviter de « reporter sur les épaules du public » le coût des sauvetages de banques, avant de préciser que chaque pays était unique, et que Chypre était « un cas spécifique ».
Mardi matin, Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a jugé que M. Dijsselbloem avait « eu tort » de sembler faire de Chypre un modèle.
La population de la Finlande, le dernier pays de la zone euro noté « triple A » par des agences de notation, se montre de plus en plus hostile à la participation finlandaise aux plans de sauvetage des pays en difficulté.
Selon un sondage récent, commandé par la télévision publique YLE, la moitié des Finlandais ne veut plus financer de plans de sauvetage, même si le résultat doit en être la dissolution de la zone euro. »

Source: Les Echos

23/03/2013

Les robots militaires vont-ils devenir autonomes ?

Source : http://www.rtflash.fr/newsletter/694?email=kannie42%40gmail.com&hash=92153c98efd4ceb64f8bf6addb0f19cbe2990016



En moins de 10 ans, les robots sont devenus des auxiliaires militaires majeurs et irremplaçables. Dans tous les conflits et théâtres d’opérations de ces dernières années, ils ont joué un rôle d’intervention tactique et stratégique incontournable et de plus en plus efficace.

Selon l’université de Washington, en 2020 un tiers des forces armées américaines seront constituées de robots. Rien qu’en Irak et en Afghanistan, on estime que l’armée américaine a déployé plus de 6000 robots. Pour des raisons bien compréhensibles, les militaires communiquent peu sur la présence de ces soldats d’un nouveau genre. Parmi ces derniers, on peut notamment citer le « iRobot Packbot 510 », un robot autonome équipé de capteurs qui lui permettent de détecter et d’éviter les obstacles et d’évoluer dans un environnement complexe.

Ce robot, qui se décline en une dizaine de versions, est devenu un assistant précieux pour les fantassins exposés à des conflits non conventionnels de type guérilla ou insurrection. Il peut non seulement détecter et éliminer les engins explosifs mais également détecter la provenance de tirs ennemis, une qualité très appréciée quand les fantassins doivent évoluer en milieu urbain et sont exposés aux Snipers.

Autre machine étonnante, le SnakeBot, un robot serpent autonome conçu pour espionner l’ennemi. Chaque section de ce robot est autonome et possède sa propre capacité d’autonomie et d’action. Ce robot, même en partie détruit peut s’auto réparer et il est capable de progresser dans pratiquement n’importe quel type d’environnement, soit pour observer l’ennemi soit pour l’attaquer avec des charges explosives.

Un autre type de robot militaire promis à un grand avenir est l’exosquelette qui permet de démultiplier la vitesse, la puissance et la précision des fantassins sur le champ de bataille. Le robot XOS2, présenté il y a deux ans, appartient cette catégorie. Il ne pèse que 10 kg et permet à un soldat de manœuvrer des charges de près de 100 kg !

Il faut également évoquer le projet « BigDog » de robot-mule, destiné au transport d’équipement militaire. Cet étonnant robot se pilote par commande vocale (Voir article) et, après 10 ans de recherche, il peut à présent porter jusqu’à 180 kg d’équipement durant 32 km en 24 heures.

Enfin, la DARPA (le département de recherche de l’armée américaine), a présenté, en octobre 2012, le Pet-Proto, un robot humanoïde « capable de prendre certaines décisions de manière autonome en fonction du contexte » (Voir article).

L’US Air Force travaille également sur des « Micros-Engins Aériens » (MAV), pas plus gros que des insectes et pouvant être utilisés en milieu urbain et même à l’intérieur des bâtiments. Ces microrobots seront d’abord destinés à la reconnaissance à l’observation mais il est tout à fait imaginable qu’ils puissent attaquer l’ennemi, soit en utilisant une micro-charge explosive, soit en lui injectant un poisson.

Mais avant que les robots ne s’imposent aux côtés ou à la place des combattants sur le champ de bataille, on oublie souvent qu’ils sont déjà depuis quelques années omniprésents sur tous les théâtres d’opérations militaires, sous la forme de drones.

Dans tous les conflits non conventionnels qui se déroulent actuellement et qui sont de type asymétrique (c’est-à-dire opposant des armées régulières à des organisations et groupes terroristes et mafieux) les drones, qu’il s’agisse des versions d’observation ou des versions de combat, sont devenus des acteurs irremplaçables.

Que ce soit en Afghanistan, au Moyen-Orient ou plus récemment au Mali, les drones militaires ont joué un rôle déterminant dans le repérage et l’élimination des groupes terroristes. Ces « robots volants » ont complètement modifié la donne stratégique et tactique en à peine 10 ans.

Ils ont notamment permis l’élimination sélective des principaux dirigeants des groupes terroristes qui s’étaient réfugiés dans des régions inaccessibles où des interventions terrestres auraient été très complexes à mettre en œuvre et surtout très coûteuses en vies humaines.

Il y a quelques semaines, le Sénateur américain Lindsey Graham estimait que les Etats-Unis avaient tué depuis 5 ans au moins 4 700 personnes en utilisant ces drones de combat. Un chiffre résume bien la montée en puissance impressionnante de l’utilisation de ces drones sur les théâtres d’opérations militaires : en moins de 10 ans, la fréquence des frappes de drones américains est passée, en moyenne, d’une tous les 40 jours à une tous les trois jours !

Autre indicateur éclairant : l’armée américaine possédait moins d’une centaine de drones il y a 10 ans ; elle en alignerait à présent plus de 8000 et pourrait en posséder 20 000 en 2020. L'armée de l'air américaine a d’ailleurs annoncé qu’elle formait à présent plus d'opérateurs de drones qu'elle n'entraîne de pilotes pour ses avions de chasse.

Mais l’utilisation de ces systèmes d’armes redoutables ne va pas sans soulever de nombreuses questions juridiques morales et éthiques et commence à susciter un large débat aux Etats-Unis. Officiellement chaque attaque de drones fait l’objet d’une évaluation militaire et juridique précise et doit obtenir l’approbation personnelle du Président américain.

Mais le problème est qu’il y a souvent loin entre la mission parfaite programmée par ordinateur et visualisée sur un écran vidéo et les réalités des dommages constatés sur le terrain. Les drones peuvent rarement procéder à une identification visuelle directe des « cibles » à éliminer. Il n’est donc pas rare que des frappes de drones soient décidées sans que l’on puisse être absolument certain qu’elles vont bien tuer les chefs terroristes visés.

Par ailleurs, même quand une frappe de drones élimine un responsable terroriste, il est malheureusement inévitable et assez fréquent qu’elle entraîne également la mort de plusieurs dizaines de personnes innocentes qui vivaient dans l’environnement immédiat de cette «cible».

Cette question des dommages collatéraux causés par les attaques de drones a d’ailleurs pris depuis quelques mois une importance politique considérable car les états concernés, notamment le Pakistan, ont bien compris que ces frappes meurtrières, même si elles sont d’une efficacité indiscutable, exaspèrent les populations locales et alimentent un puissant sentiment antiaméricain et anti-occidental.

En outre il faut rappeler que sur un plan juridique et légal, l’utilisation des drones échappe pour l’instant aux cadres prévus par les conventions internationales en matière de guerre.

Or l’arrivée d’une prochaine génération de drones dotés d’une capacité d’autonomie, d’évaluation de la situation et de prise de décision bien plus grande, va rendre indispensable un vrai débat démocratique et moral sur les conditions d’utilisation de ces systèmes robotisés de destruction.

Actuellement, l’armée britannique expérimente un nouveau drone révolutionnaire, baptisé Taranis, en référence au dieu du tonnerre. Cet engin redoutable qui vole à plus de Mach 1, est de type furtif ; il est donc très difficilement détectable par radar. Il possède un très grand rayon d’action et une puissance de feu considérable mais surtout il est doté d’une autonomie de décision nouvelle.

À terme, Taranis sera en effet capable de suivre une trajectoire définie à l’aide des ordinateurs de bord pour atteindre sa cible mais il pourra également modifier si besoin la trajectoire initialement programmée pour s’adapter à une menace ou un changement imprévu dans son environnement. C’est seulement au stade ultime, lorsqu’il sera en mesure d’exécuter sa frappe, qu’il aura besoin d’une autorisation humaine pour déclencher son tir.

Cette nouvelle génération d’engins volants automatisés pose des problèmes légaux et moraux encore plus complexes que les appareils actuels. Le professeur Noel Sharkey, ingénieur en robotique et spécialiste des systèmes militaires autonomes à l'Université de Sheffield, souligne à ce propos que « Avec ce nouveau type d’engins volants automatisés nous faisons un saut dans l’inconnu car nous ne savons pas du tout comment les gouvernements qui vont disposer d’une telle technologie vont l’utiliser. »

Mais les Britanniques ne sont pas les seuls à développer ces nouveaux drones autonomes. L'armée américaine expérimente également son "X-47B" un drone furtif, capable, comme le Taranis, d’effectuer des missions préprogrammées en utilisant une forme d’intelligence artificielle. Ce drone d’une capacité d’emport de plus de 2 tonnes et bardé d’informatique et de capteurs, utilise des programmes sophistiqués d’intelligence artificielle. Il est capable d’apponter en toute circonstance sur un porte-avions et posséderait une autonomie et un rayon d’action considérables. De l'avis des observateurs, sa "dextérité" de pilotage serait, en toutes circonstances, supérieure à celle des pilotes les plus habiles !

En Europe, plusieurs pays dont la France se sont associés au sein du projet « Neuron » pour développer également un drone furtif et intelligent qui vient d’accomplir ses premiers vols d’essai il y a quelques mois.

Face à cette évolution technologique rapide, l’influente association Human Rights Watch a publié un rapport préconisant que des restrictions d’utilisation soient imposées à ces « robots tueurs», comme les appelle de manière flatteuse cette organisation.

Bien entendu, les responsables militaires américains ou européens ne manquent pas de souligner qu’ils ne permettront jamais à des machines de prendre la décision finale de tuer. Le problème, c’est qu’une fois qu’une technologie est disponible, il est très difficile de ne pas en exploiter toutes les potentialités.

La presse anglaise ou américaine évoque également la possibilité que de tels engins robotisés tombent entre les mains de tyrans ou de dictateurs qui pourraient, sans aucun état d’âme, les utiliser à des fins de répression interne et d’élimination de leurs opposants politiques ou de groupes ethniques particuliers.

Autre point qui ne manque pas de soulever des inquiétudes : la vulnérabilité informatique de ces systèmes robotisés. En 2011, un drone Predator a ainsi brusquement modifié son comportement après avoir été infecté par un bug informatique. Heureusement, dans ce cas précis il n’y a pas eu de conséquences graves. On imagine cependant qu’un tel incident survenant sur un drone lourdement armé et sur le point d’exécuter sa frappe, pourrait avoir des conséquences désastreuses.

Il est certain qu’avec l’arrivée prochaine de systèmes militaires robotisés terrestres et aériens utilisant massivement l’intelligence artificielle et possédant une réelle capacité d’autonomie de décision, la question de la responsabilité morale, politique et financière des dommages causés par ces engins va devenir cruciale.

Comme le souligne une analyse publiée par la presse américaine, le pire n’est jamais sûr mais l’évolution de la technologie conjuguée aux nouveaux types de conflits et de menaces qui déchirent la planète, feront qu’il sera très difficile pour les pouvoirs politiques de ne pas utiliser de manière croissante ces robots militaires autonomes.

Cette tentation sera d’autant plus grande qu’on voit bien que les opinions publiques acceptent de moins en moins l’idée de pertes militaires humaines importantes, quels que soient les enjeux invoqués. En outre, en ces temps de contraintes budgétaires et de crise financière, les armées devront faire plus et mieux avec de moins en moins d’argent et dans un tel contexte, les robots militaires autonomes représentent évidemment une solution irrésistible.

Certains analystes soulignent enfin, non sans raison, qu’aujourd’hui, l’idée qu’une machine puisse faire preuve d’une forme d’intelligence, d’une capacité de libre arbitre d’un sens moral paraît saugrenue voire absurde. Mais qu’en sera-t-il dans 20 ou 30 ans quand ces robots disposeront d’une puissance de calcul et d’une capacité d’analyse et d’évaluation que nous pouvons à peine imaginer à présent ?

Confrontés à cette évolution vertigineuse de la technologie, la question n’est plus de savoir si un jour une machine sera considérée comme intelligente et responsable de ses actes mais, dans le cas qui nous occupe, à quel moment un robot militaire sera pour la première fois considéré comme moralement et légalement responsable des dommages qu’il aura infligés…

Le grand écrivain de science-fiction et visionnaire Isaac Asimov, avait imaginé il y a plus de 70 ans des robots intelligents, pouvant faire preuve d'un comportement imprévisible. Il avait également formulé les trois fameuses lois de la robotique qui devaient donner aux robots un sens moral. Dans l'une de ses nouvelles, des magistrats sont amenés à s'interroger pour savoir si un robot peut être jugé comme un être humain et ils décident de répondre oui à cette question après s'être aperçus que le robot leur avait menti et avait donc adopté un comportement proprement humain.

Espérons que les redoutables robots militaires qui déchaîneront leur puissance de feu sur les champs de bataille du futur auront également une parcelle d'humanité !

René TRÉGOUËT

Sénateur Honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

ASTÉROÏDE : LA NASA MET EN GARDE CONTRE UN RISQUE DE COLLISION AVEC LA TERRE

Astéroïde : la Nasa met en garde contre un risque de collision avec la Terre

 

"D'après les informations dont nous disposons, nous ne savons pas si un astéroïde menace la population des Etats-Unis. Mais si cela doit arriver dans les trois prochaines semaines, priez!". Le conseil ne vient pas d'un quelconque oiseau de mauvais augure mais du très sérieux Charles Bolden, chef de la Nasa. Selon l'agence Reuters, citée par la chaîne CBS, il aurait mis en garde le Congrès américain contre le risque potentiel d'une collision avec la Terre.

Si l'ancien astronaute tient un discours aussi alarmiste, c'est d'abord parce que plusieurs incidents ont été signalés ces derniers mois. Pas plus tard que mardi, un énorme astéroïde découvert l'an dernier a frôlé notre planète à 27.680 kilomètres. Ce qui correspond à une distance inférieure à celle qui sépare la Terre de nos satellites de télévision (35.580 kilomètres).

Autre évènement récent, le 15 février : un astéroïde estimé à 17 mètres de diamètre a explosé dans les airs russes, provoquant des dégâts phénoménaux et blessant 1500 personnes.

Une inquiétude également expliquée par la difficile observation des astéroïdes. Selon la Nasa, 95% des plus gros objets volant près de la Terre (d'un diamètre de 100 kilomètres ou plus) sont détectés et font l'objet d'un suivi attentif. Mais pour les quelque 10.000 astéroïdes pouvant détruire une ville (ceux qui font aux alentours de 50 mètres de diamètre), le chiffre tombe à seulement 10%. En moyenne, un objet de cette taille touche notre planète tous les 1000 ans.

Les évènements récents "sont une preuve que nous vivons dans un système solaire actif avec des objets potentiellement dangereux qui passent près de nous à une fréquence étonnante", s'est ainsi inquiété le représentant démocrate Eddie Bernice Johnson.

"Nous avons de la chance que la proximité de ces évènements soit une coïncidence et non une catastrophe", renchérit le représentant républicain Lamar Smith, qui demande un audit sur le coût estimé d'une protection anti-astéroïdes.

La dernière "vraie" catastrophe remonte à il y a 66 millions d'années, lorsqu'une météorite d'un diamètre estimé à 9,6 kilomètres a réduit à néant l'existence des dinosaures.

 

Un article publié par huffingtonpost.fr

http://www.rtflash.fr/newsletter/694?email=kannie42%40gma...

12/03/2013

Greek crisis : la rage - par Panagiotis Grigoriou

 

Le Pirée 28/02
Nos analystes globaux… estiment que la « crise » se propage alors comme une maladie, d’un pays à l’autre. Depuis la France, des amis et lecteurs du blog décrivent une situation qui à leurs yeux paraît de plus en plus alarmante : les nouveaux mendiants parisiens qui s’exprimeraient à la manière des cadres moyens, le parlé vrai de certaines statistiques récentes sur la criminalité qui repartirait en hausse, les appartements de certains amis franciliens qui se font cambriolés comme les nôtres ici et j’en passe. Et surtout, ce chômage, devenu incontournable. Chez nous, cela relève déjà du fait accompli, le coup est comme on dit « acquis » et « encaissé », y compris, pour ce qui est des mutations dans les représentations politiques.



"Notre télévision du petit matin" - 01/03
 
Tandis qu’au parti communiste grec (KKE) on estime que la menace aubedorienne peut-être encore être combattue (déclarations de Aleka Papariga chef du KKE, 28/02), notre télévision du petit matin, préféra débattre de « l’événementialité posthume » du congrès du Pasok, et de l'heure de « gloire » de son chef Venizélos, tout va bien alors. Pourtant récemment, c’est sur une petite pancarte informative athénienne : « Entrée interdite – Attention immeuble dangereux », que la main invisible… de la société a rajouté : « Venizélos salopard ». Les pasokiens imperturbables, prétendent urbi et orbi que plus de cent mille citoyens auraient pris part au vote (de désignation des délégués), « c’est dire combien le mouvement demeure important », car d’après les intéressés eux-mêmes : « le Pasok est increvable » comme titrait de concert une certaine presse mémorandaire la semaine dernière (Ta Nea par exemple – 25/02). La méta-démocratie serait alors autant le règne des cadavres au royaume des vampires que celui des Fonds «Vautour» [vulture funds]. Nous voilà alors rassurés !
 
 
"Devant une église rue Éole avant-hier" (28/02)
 
Devant une église rue Éole avant-hier (28/02), un mendiant assis sur les escaliers de l’entrée, attendait « paisiblement », et sur un mur de cette même église, c’est sans doute la même main… invisible et potentiellement vengeresse de la société qui aurait dessiné des cercueils, sauf que parmi les passants, plus personne n’y prête attention. Par contre, c’était dans une rame du métro athénien (28/01) qu’un autre mendiant, un retraité, a fini par enfin provoquer de l’émotion chez les voyageurs : « Aidez-moi, ma retraite c’est 240 euros par mois, j’ai faim ». Une femme d’un âge apparemment proche de celui de la retraite, (d’ailleurs plus théorique que jamais), a donné deux euros, et elle soupira : « L’année prochaine ce sera notre tour, on y passera tous… ». Il n’y a que la presse gratuite… (et) d’un endoctrinement indéniablement « payant », qui soutient mordicus « que la Grèce n’est pas un pays si pauvre et si malheureux, [puisque] le pays a tout simplement dégringolé de la 24ème place parmi les pays les plus riches de la planète, à la 35ème place» (Athens-Voice, no 425, 28/02). Je dois supposer que ce même argument doit comporter une variante… italienne, sauf qu’au grand dam de Bruxelles et de Berlin, les Italiens ne l’auraient pas alors suffisamment compris la «pédagogie» de la crise.
 
« Jusqu’à présent – écrit l’hebdomadaire politique et satyrique To Pontiki (28/02) – la réaction des peuples aux petits pays de la zone euro, contre l’austérité imposée par l’Europe, l’Allemagne, la Commission, la BCI et le FMI, avec ou sans mémorandum, était jugée insignifiante. D’autant plus, que ces pays ne disposent pas les capacités suffisantes pour s’immiscer dans le destin de la zone euro, sauf s’ils se décident à devenir « ses kamikazes », mais aux conséquences alors incalculables. Il est évident que l’expression de la colère traduite par les résultats des urnes en Italie, au même titre que le rejet de l’austérité et du système politique en Italie, alors troisième économie de la zone euro et septième au monde, c’est déjà autre chose qu’une action « kamikaze ». D’où cette une première asymétrie flagrante entre la situation en Grèce et celle de l’Italie. Pourtant, certains analystes de portée mondiale, grands financiers comme on dit ou même journalistes, se sont empressés à etablir un parallélisme qui à leurs yeux s’imposerait de fait, entre le mouvement de Beppe Grillo et le parti de la Gauche radicale (Syriza) en Grèce. Or, et au-delà des résultats électoraux respectifs en Grèce et en Italie, il n’est en rien : on ne peut pas comparer un mouvement né depuis la sphère de l’Internet, et un parti politique traditionnel de la gauche (…)
 
« Venizélos salopard » - Athènes 28/02
 
Notons tout de même, que la principale asymétrie entre les deux cas, réside dans la manière suivant laquelle, le banquier technocrate et élu d’Angela Merkel a géré son action politique, pour finalement, subir une cuisante défaite électorale. Il n’y a pourtant pas de commune mesure entre Mario Monti et son confrère Papadémos, et encore moins, entre Monti et le funestes gestionnaires politiques de la crise en Grèce. On peut néanmoins penser que cette asymétrie peut s’amoindrir, dans la mesure où une alliance possible entre pays du Sud deviendrait un jour possible. Sur la base bien entendu du refus de la politique d’austérité sauvage, et ce pari est certes difficile mais pas illusoire (…) C’est une véritable baffe que le Merkelisme a reçu (…) désormais, à Bruxelles, à Francfort ou à Berlin, on craint que l’austérité des dernières années risque de dynamiter l’ensemble de la zone euro, ce qui indiqueraient au moins certains indicateurs moins visibles que les résultats électoraux (…) Et au même moment, la France insiste auprès de la BCI, pour que cette dernière rachète une partie de la dette italienne pour ainsi « sécuriser » ce grand pays en avant poste, en prévention d’un éventuel « pilonnage » des titres français de la part des « marchés ». Il n’est rien, les Allemands s’y refusent et n’admettent aucune concession (…) ».
 
 
"Chiens «adespotes »… ayant élu domicile devant les boutiques closes" - Le Pirée 28/02
"Nos sans abri des environs devenus quasi-invisibles" - Le Pirée 28/02
 
En attendant, on peut toujours savourer le calme plat au Pirée, l’air marin à proximité du port, nous, mais d’abord nos sans abri des environs devenus quasi-invisibles, les chats et autres chiens animaux «adespotes »… ayant élu domicile devant les boutiques définitivement closes. La « crise » qui nous change fatalement tant et si peu temps, ne laissera d’ailleurs plus nos bêtes indifférentes… au mémorandum. Il y a à peine deux mois, C., un ami vétérinaire exerçant dans la région de Trikala (Grèce Centrale – Thessalie), me disait que depuis peu, la rage a fait… triomphalement son retour en Grèce « [car] de nombreux cas ont été détectés chez certains animaux, essentiellement renards et chiens, et ceci bien entendu, depuis l’effondrement du système de prévention active mis en place par les services vétérinaires départementaux.
 
"Adespote" - Trikala 02/2013
 
Leurs crédits ont été supprimés, et par conséquent, nous ne pouvons plus recourir au dispositif de distribution des appâts-vaccinants dans les conditions de terrain, d’abord destinés aux animaux vivant dans les zones forestières du Nord du pays, pour ensuite agir de la manière similaire en ville pour ce qui est des populations d’animaux errants [«adespotes»]. Les cas de rage détectés ne sont plus considérés comme étant isolés, donc, on peut craindre un début d’épizootie, et surtout, la transmission de la maladie à l’homme, ce qui s’est déjà traduit sur le terrain, d’une part par l’augmentation du nombre de foyers et de cas de rage animale et d’autre part, par l’aggravation de l’impact du risque rabique sur la santé humaine. Je crois savoir par contre, que nous ne devrions pas disposer de plus de 400 doses de sérum antirabique, d’ailleurs en partie périmées, et ceci pour l’ensemble de la Grèce. Il s’agit de ces piqures que nous administrerons à tout sujet humain contaminé par la maladie, de préférence dans les 24 heures qui suivent la morsure, surtout lorsque l’animal est déjà contaminé. Il me semble alors que dans pas longtemps, nous devrions alors faire face à une première contamination chez l’homme ».
 
Eh bien, c’est fait. Vendredi matin, c’est en découvrant le kaléidoscope du jour et de la crise sous le prisme du quotidien Elefterotypia que j’ai retenu la… grande nouvelle : « C’est l’inquiétude qui règne à propos de la rage, suite à la contamination avérée d’une femme, désormais hospitalisée à Trikala. Ce cas, le premier du genre en Grèce depuis plus de quarante ans, vient de s’ajouter aux quinze autres contaminations récentes, détectées chez des animaux. La maladie a été donc transmise à l’homme, ce qui tente à prouver qu’il s’agirait malheureusement déjà d’une épizootie. Plus précisément, cette femme, habitant la bourgade de Palaiokastro à Trikala, a été mordue par un chat errant qu’elle nourrissait régulièrement chez elle. L’animal a été retrouvé mort par la suite dans une grange à proximité, ce qui a alerté cette personne.
 
"Elefterotypia 01/03 la… grande nouvelle"
 
Elle s’est rendue aussitôt à l’hôpital de la ville et depuis, elle reste sous observation (…) deux test différents ont détecté sa contamination par la rage (…) Le premier cas animal de la maladie a été détecté en Grèce il y a seulement quelques mois, et depuis, quinze animaux au moins en sont morts d’après les autopsies, douze renards, deux chiens-bergers et récemment, ce chat à Trikala. Ce qui inquiète le plus les médecins et les vétérinaires, est que la maladie a été d’abord propagée depuis les animaux sauvages aux populations d’animaux domestiqués et ensuite à l’homme. Le virus de la rage n’est pas détectable aussitôt après la contamination, mais parfois, des semaines, voire des mois après, et cette maladie est mortelle. Selon nos informations, les proches de la patiente, suivent également un protocole de thérapie préventive » (Elefterotypia , 01/03, p. 38).
 
On dira alors que l’austérité c’est la Troïka… plus la rage, (et) les naissances en moins. Le reportage du jour (01/03) nous apprend également (Elefterotypia ) que les naissances en Grèce subissent une baisse de 30%. On y ajoutera la condamnation de l’ancien maire de Thessalonique, Papageorgopoulos pour corruption (une bonne nouvelle enfin), mais hélas et surtout, nos cinq victimes de vendredi dernier (28/02) à Larissa en Thessalie… victimes de l’austérité et du chauffage en bois. Deux étudiants sont morts et trois autres ont été hospitalisés dans un état critique en raison des émanations toxiques d’un chauffage en bois. L’Ordre des Médecins d’Athènes s’adressant le lendemain par communiqué au ministre des finances (et des créanciers) Yannis Stournaras, n’y va pas par quatre chemins : «Vous devriez réaliser que c'est avant tout la vie des Grecs qui doit vous préoccuper, et non pas les objectifs imposés par nos créanciers.
 
"Les naissances en Grèce subissent une baisse de 30%" - Elefterotypia 01/03
 
Le changement de la politique fiscale concernant le fioul domestique, ainsi que l’incapacité des mécanismes de contrôle de l'Etat sur la fraude fiscale dans la distribution des produits pétroliers, a transformé cette pratique jadis courante [se chauffer au fioul] en un véritable luxe, désormais inatteignable. Le ministère doit changer de politique en la matière, pour enfin permettre aux gens d'acheter du pétrole à un prix correct, et pour ne plus recourir à d'autres «solutions», moins onéreuses mais finalement mettant en danger la vie des usagers. C’est malheureusement cette incapacité des mécanismes de contrôle de l'Etat concernant la fraude, que nous payons par le sang des victimes innocentes (sic) car il faut enfin comprendre que le droit au chauffage sûr et abordable doit être évident, au même titre que le droit à la vie, le droit à l'accès à un service de santé de qualité » (Elefterotypia 01/03). Décidément, il y a de quoi avoir la rage dans ce pays…
 
"Adespote" - Athènes 28/02

02/03/2013

Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

La est selon la pensée dominante la condition de la reprise économique et de la baisse du . Cette opinion n’est pas toutefois partagée par un nombre croissant de voix dissonantes dont celle de Jean Gadrey, économiste, collaborateur à Alternatives Economiques et membre en 2008-2009 de la « Commission Stiglitz ». Pour lui, cette quête éperdue de la croissance risque de nous mener à notre perte et il est grand temps de changer de logiciel.

Une lubie? Une mode?. On a le droit de le penser. Pourtant, en 1972, le MIT (Massachusetts Institue of Technology) publiait un rapport réactualisé en 2012 intitulé Halte à la croissance ? qui remettait déjà en question la croissance économique et démographique notamment en raison de leur impact sur l’environnement.

 

« On nous dit que, sans croissance, c’est la régression sociale, on ne peut pas réduire les dettes, ni le chômage, ni la pauvreté, et l’on n’aura pas les moyens d’engager la transition écologique. Pourtant, je propose de dire « Adieu à la croissance », qui est le titre de mon livre (voir les bonnes feuilles sur le site d’Alternatives économiques).

Il serait temps que les économistes, s’ils veulent être « responsables », prennent en compte les risques écologiques et qu’ils se posent les questions suivantes : et si ce culte de la croissance relevait d’un aveuglement des élites économiques et politiques ? Et si la quête de la croissance, fondée sur des gains de productivité sans fin, était l’un des facteurs de crises, voire la plus grave des menaces à terme pour l’humanité ? Et si, quoi que l’on fasse, la croissance ne revenait jamais dans les pays « riches » ? Et si une « prospérité sans croissance » était possible et nécessaire pour sortir de la nasse où nous sommes ? Et si notre pays était immensément riche sur le plan économique, ce qui permettrait de faire face à tous les défis, sans croissance, dans le cadre d’une transition ambitieuse ?

Ces hypothèses sont de plus en plus crédibles. Le graphique joint représente l’évolution, depuis 1949, des taux annuels de croissance. On ne peut certes rien en conclure sur les évolutions futures, mais cela pourrait au moins faire réfléchir les dévots de la croissance.

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

Les causes du plongeon

Bien des raisons expliquent cette baisse spectaculaire. La poursuite de la croissance se heurte d’abord à différentes limites sociales. Elle n’est plus depuis longtemps un facteur de mieux vivre, vu qu’elle est définie comme la progression quantitative d’un « truc technique », le PIB (Produit intérieur brut), lequel n’a pas été fait pour enregistrer la qualité de la vie individuelle et collective, les dommages écologiques, les , le temps libre, le bénévolat, le travail domestique, etc. Comme le disait en mars 1968 le sénateur Robert Kennedy, quelques mois avant son assassinat,« le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut d’être vécue ». C’est à un constat semblable qu’est parvenue la « Commission Stiglitz » quarante ans plus tard !

Mais la raison qui va devenir la plus importante est écologique. Elle est résumée par cette citation d’un grand économiste américain, Kenneth Boulding : « Celui qui pense qu’une croissance exponentielle infinie est possible dans un monde fini est soit un fou soit un économiste. »

La finitude des ressources naturelles se manifeste notamment par les premiers effets du pic du pétrole et de bien d’autres pics (le « peak all », le pic de tout), qu’il s’agisse de ressources non renouvelables, extraites du sous-sol, qui s’épuisent et dont le prix va grimper sans cesse, ou de ressources en principe renouvelables mais tellement surexploitées qu’elles ne parviennent plus à se renouveler : climat, eau, biodiversité, forêts, terres arables…

Les avocats de la croissance à perpétuité font penser à de mauvais médecins qui jugeraient la d’une personne par la croissance de sa taille et de son poids alors qu’elle a atteint un âge où son développement qualitatif, individuel et social, devrait primer. C’est pour cela que nous vivons sous un régime d’obésité consumériste, au demeurant très inégalitaire.

Et le chômage dans tout ça ?

Mais alors, si la croissance prend fin dans les pays riches, et s’il faut le souhaiter pour diverses raisons, en particulier pour préserver ou restaurer des patrimoines naturels vitaux aujourd’hui endommagés, le chômage ne va-t-il pas poursuivre son envolée ?

La fin de la croissance sera en effet un drame pour l’emploi si l’on prolonge la trajectoire productiviste symbolisée par les Trente Glorieuses, car les gains de productivité détruisent l’emploi s’il n’y a pas assez de croissance. Sauf – c’est une première piste à exploiter – si l’on réduit la durée du travail. Je suis favorable au passage assez rapide et négocié en aux 32 heures ou à la semaine de quatre jours à la carte. Mais ce n’est pas la seule piste.

En effet, rien ne nous condamne à viser toujours plus de productivité, surtout quand on mesure les dégâts humains et écologiques que cela entraîne, mais aussi la dégradation de la qualité dans bien des cas, dont des cas récents dans l’agriculture et l’alimentation. Il faut s’orienter vers des gains de qualité et de durabilité (le « toujours mieux » à la place du « toujours plus »), qui ont déjà été dans le passé des sources de création d’emplois et qui devraient l’être beaucoup plus à l’avenir : agroécologie, construction et isolation thermiques, énergies renouvelables, circuits courts, relocalisation, mobilité douce, services de bien-être, etc.

Par exemple, on a besoin d’environ 30% d’emplois en plus dans l’agriculture biologique pour produire les mêmes quantités, donc sans croissance quantitative. On est là dans une logique vertueuse favorable aussi bien à l’environnement qu’à la santé publique, à l’emploi et au sens retrouvé du travail. C’est vrai dans bien d’autres activités. La soutenabilité écologique et sociale n’est pas l’ennemie de l’emploi, et donc de la protection sociale, contrairement au productivisme. Encore faut-il des politiques résolues pour cette grande bifurcation, et une réduction des inégalités. Des scénarios de très bonne qualité existent, il faut les mettre à l’agenda politique. Ils ne sont nullement régressifs, bien au contraire.

5% du PIB part en dividendes

Privés de croissance, reste à savoir comment les pouvoirs publics pourraient dégager les financements nécessaires à la protection sociale et à la transition écologique sans creuser la dette. En réalité, on cherche les clés sous le réverbère de la croissance et pas là où elles se trouvent, du côté des inégalités, des privilèges, du pouvoir économique d’une infime minorité, et de la maîtrise du crédit. En termes économiques, les Français sont environ deux fois plus riches qu’au début des années 1970. En fait, les « marges de manœuvre » financières de gouvernements qui chercheraient les clés au bon endroit sont considérables. Voici trois exemples.

 

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

D’abord, depuis les années 1980, le partage de la richesse économique (la « valeur ajoutée ») a évolué en faveur des profits (principalement les dividendes) et en défaveur des salaires, dans des proportions énormes. Le graphique 2 représente les dividendes versés par les entreprises aux actionnaires depuis 1949 en pourcentage de la masse salariale. Il se passe de commentaires. Aujourd’hui, 100 milliards d’euros annuels, soit 5% du PIB, partent en dividendes. Il faudrait cinq fois moins que ce montant pour éradiquer la pauvreté !

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

Ensuite, selon un rapport du député UMP Gilles Carrez, les niches fiscales représentent au bas mot 100 à 120 milliards d’euros par an de manque à gagner pour l’Etat. Certaines sont justifiées, mais plus de la moitié ne le sont pas et sont jugées inefficaces par la Cour des Comptes.

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

Enfin, l’évasion fiscale et la fuite dans les paradis fiscaux, plus la fraude fiscale, représentent elles aussi plusieurs dizaines de milliards d’euros de pertes sèches qui ne peuvent servir ni les objectifs sociaux ni les finalités écologiques.

Ajoutons à cela le fait qu’en se privant de la création monétaire par leur propre banque centrale (c’est-à-dire de la maîtrise du crédit), les Etats de la zone euro se sont privés d’un instrument majeur de réorientation écologique des investissements. Il faudrait, comme le demandent la Fondation Nicolas Hulot, le « collectif Roosevelt » et d’autres associations, récupérer cet outil pour financer la transition.

Quand il s’agit de « sauver l’humanité », ne pourrait-on pas faire ce qu’on a fait pour « sauver les banques » ?

Source: Terra Eco

27/02/2013

Aux Etats-Unis, l'écriture cursive considérée comme un vestige du passé

LOS ANGELES (Sipa-AP) -- Pour Monica Baerg, 16 ans, élève au lycée d'Arcadia en Californie, écrire en attaché ne sert à rien. Les devoirs pour l'école doivent obligatoirement être tapés à l'ordinateur, et pour les messages personnels, il y a les e-mails, souligne la jeune fille. Quand elle doit prendre la plume, Monica écrit en lettres d'imprimerie.

"Personne ne nous a jamais forcés à utiliser l'écriture cursive, donc c'était pénible de mémoriser les lettres", raconte cette adolescente qui a même des difficultés à déchiffrer ce que ses parents écrivent.

Pas moins de 45 Etats américains sont sur le point de lui donner raison. Ils doivent adopter des orientations de programmes scolaires communes pour 2014 en mathématiques et en anglais. Et les belles boucles de l'écriture cursive ne sont plus requises, contrairement à la maîtrise du clavier d'ordinateur, à la sortie de l'école élémentaire.

Plusieurs Etats, dont la Californie, la Géorgie et le Massachusetts, ont ajouté l'écriture cursive à leurs programmes. La plupart des autres, comme l'Indiana, l'Illinois et Hawaï ont laissé le choix aux districts scolaires.

Aux Etats-Unis, les ordinateurs ont envahi les salles de classe. Alors pour certains pédagogues, apprendre à écrire en script est bien suffisant.

"Avez-vous vraiment besoin d'apprendre deux façons d'écrire?", demande Steve Graham, professeur de pédagogie à l'université Arizona State. Il s'est penché sur l'apprentissage de l'écriture, et en conclut: "Il y aura plein d'enfants qui n'apprendront pas la cursive. La compétence la plus importante maintenant, c'est de taper à l'ordinateur".

L'écriture cursive, parée de nombreux bienfaits

L'écriture cursive a néanmoins ses partisans, qui lui trouvent des bienfaits sur les capacités psycho-motrices des enfants. Cette écriture les relie aussi au passé, qu'il s'agisse de la Constitution ou des lettres de leurs parents ou grands-parents. Les boucles de l'attaché en disent également beaucoup plus sur la personnalité que les bâtons des lettres d'imprimerie.

"Je pense que cela fait partie de l'identité et de l'estime de soi", observe Eldra Avery, qui enseigne le langage et la composition au lycée de San Luis Obispo, en Californie. "Il y a quelque chose de très unique et personnel dans une lettre en cursive", ajoute-t-elle.

Autre argument, la rapidité d'écriture. Eldra Avery réapprend à ses élèves de terminale l'attaché, pour qu'ils réussissent mieux leurs examens de fin d'année. "Ils doivent écrire trois rédactions en deux heures. Ils ont besoin de cette rapidité", affirme-t-elle. "La plupart ont appris l'écriture cursive en CE1 et l'ont oubliée. Leur calligraphie est déplorable."

La plupart des élèves américains préfèrent les lettres d'imprimerie qu'ils ont davantage pratiquées. Sur 32 élèves de CM1, seuls trois écrivent en attaché, note Dustin Ellis, enseignant à l'école élémentaire Big Springs, à Simi Valley en Californie. Si cela ne tenait qu'à lui, il limiterait le programme à l'apprentissage de la lecture des lettres attachées, pas à leur écriture.

"Les élèves peuvent réussir aussi bien avec les lettres d'imprimerie", affirme Dustin Ellis. "Quand un jeune peut écrire par texto 60 mots en une minute, cela signifie qu'on part dans une nouvelle direction. L'écriture cursive est de moins en moins importante."

Monica Baerg, elle, voit un seul intérêt à l'écriture cursive. Pour l'adolescente, on devrait apprendre aux jeunes ce type de calligraphie dans un unique but: "Tout le monde veut une signature cool avec plein de belles boucles".

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20121126.FAP6593/aux...

L'HOMME, "UNE ÉTAPE INTERMÉDIAIRE"........?

 

L'homme, "une étape intermédiaire" que la technologie pourrait améliorer

 

Les transhumanistes pensent que l'homme peut maîtriser sa propre évolution via les innovations technologiques. Une fiction pas si éloignée de la réalité.

En 1984, le premier Terminator répare son bras bionique endommagé par un tir de fusil à pompe et remplace L'homme qui valait trois milliards au panthéon de l'homme-machine. Fiction ? De moins en moins ! Grâce à la science, la race humaine a un début de mainmise sur une obsolescence programmée, la sienne. C'est en tout cas la promesse des transhumanistes.

Comme leur nom l'indique, ils estiment que l'homme peut dépasser sa condition, n'étant pas obligé de la subir. Selon eux, la science actuelle permet non seulement de réparer un dommage, mais de modifier carrément l'évolution naturelle. En d'autres termes de faire de l'homme, diminué ou non, un homme plus fort qu'à l'origine : un homme augmenté.

Et les exemples de réalisation se multiplient. Ainsi, cet homme bionique exposé au Science Museum de Londres et réalisé avec des prothèses et des organes de synthèse. Ou encore ce scientifique britannique spécialiste de la cybernétique, Kevin Warwick, autoproclamé "premier cyborg de l'histoire de l'humanité", qui s'est implanté lui-même des puces électroniques pour pouvoir communiquer avec des ordinateurs et des machines en utilisant son système nerveux.

 

REGARDEZ Kevin Warwick, l'homme-cyborg (vidéo en anglais)

 

Récemment a été mis au point un tatouage électronique capteur de l'activité cardiaque et autres données médicales et qui permet un suivi médical à distance. Les prothèses et les yeux bioniques sont devenus tellement performants que ce serait dommage de les laisser aux seuls handicapés, semblent penser certains industriels. Un coeur artificiel pourrait à terme supprimer les greffons naturels. Une version complètement autonome, quoique temporaire, a déjà été transplantée avec succès.

Le CNRS prend donc la thématique au sérieux et a organisé un premier colloque en décembre sur le sujet. Car, au sein de la communauté scientifique, le débat fait rage sur les enjeux éthiques d'une telle transformation. Pour Hervé Chneiweiss, neurologue, directeur de recherche au CNRS et auteur de L'homme réparé (Plon), l'idéologie transhumaniste est "typique de la tendance au toujours plus" et son argumentaire "est vicié à la base".

Selon lui, les transhumanistes se comportent "comme si tous les ingrédients pour la recette étaient à notre disposition". L'histoire de la biologie devrait pourtant, à son avis, les inciter à plus de modestie. Et de rappeler qu'il y a une quinzaine d'années, l'avènement de l'ADN était porteur de nombreuses promesses que les scientifiques ont été contraints de revoir à la baisse : "Vu les progrès que l'on a faits depuis, on se rend compte que notre ignorance reste monstrueuse", explique le neurologue, pour qui l'on ferait mieux "de soigner les malades plutôt que de doper les bien-portants".

Pannes, piratages et mises à jour...

D'autant que l'hybridation de l'homme avec la machine, même partielle, conduit inexorablement à une dépendance mutuelle. "Prenez un pacemaker. Une personne ne vit pas si le pacemaker ne fonctionne pas", rappelle Édouard Kleinpeter, ingénieur de recherche à l'Institut des sciences de la communication au CNRS. Problème, l'homme augmenté par la machine risque de... tomber en panne !

Pire, un spécialiste de l'informatique qui a réussi à pirater un pacemaker à distance a désormais un droit de vie ou de mort sur l'individu. Et l'homme prétendument augmenté ne serait en fait qu'assujetti à l'industrie des biotechnologies. "Pour rester compétitifs, nous serons dépendants des mises à jour, donc, des fabricants de ces dispositifs...", souligne Édouard Kleinpeter.

L'association française transhumaniste Technoprog! en convient. Elle ne veut pas "aller dans tous les sens, sans aucune précaution", mais considère "ces possibilités sans tabou". "L'humain est le résultat d'une évolution longue de millions d'années", explique Marc Roux, son président. "Le premier bâton, le feu, le développement de l'agriculture et de l'élevage ont été des facteurs d'accélération du processus d'évolution qui n'a donc aucune raison de se terminer." La seule limite possible est par conséquent "celle que les humains voudront bien se donner".

Poser des limites, soit, mais où ? "Où commence la réparation et où s'arrête l'augmentation ?" s'interroge Édouard Kleinpeter. Les lames qui prolongent les jambes de Pistorius ont bel et bien fait de lui un des hommes les plus rapides du monde. Le transhumanisme "procède d'une conception fonctionnelle de l'être humain", déplore le chercheur, et fait "comme si l'homme n'était que la somme de ces capacités". En un mot, comme s'il n'était... qu'une machine.

 

Un article de Rodolphe Baron, publié par lepoint.fr

24/02/2013

Un pistolet qui tire des billes d’ADN pour marquer les suspects

Le High Velocity DNA Tagging System de SelectaDNA permet aux forces de l’ordre de tirer une bille d’ADN sur des suspects, les marquant en vue de leur arrestation future.

Il n’est pas possible d’interpeler et d’arrêter toutes les personnes impliquées dans une émeute ou lorsqu’il y a des pillards et des problèmes pour maîtriser la foule, par exemple. Le pistolet à ADN High Velocity DNA Tagging System de SelectaDNA permet de traquer les individus et de « les appréhender à un moment moins tendu pour les agents », explique la société britannique dans un communiqué.

Histoire de clarifier les choses, les billes d’ADN à codage unique ne changent rien au code génétique du suspect. C’est juste que l’ADN synthétique laisse un marqueur unique sur une personne, chose dont les marqueurs de couleur utilisés aujourd’hui sont incapables, précise Ubergizmo.

Bien entendu, reste aux forces de l’ordre à retrouver le suspect par la suite.

Toujours est-il que les 14 billes contenues dans un paquet ont le même code. Autrement dit, vous pouvez marquer un certain nombre d’individus au cours d’un même événement, explique Popular Science, mais vous ne pourrez pas forcément isoler une personne en particulier dans la foule, de sorte qu’il sera difficile de distinguer qui a déclenché une émeute et qui s’est contenté d’y prendre part.

• Le pistolet à ADN n’a pas d’effet dissuasif sur le suspect et ne permet pas de le mettre hors d’état de nuire, mais grâce à un scanner portatif à lampe UV, les autorités pourront vérifier le marqueur d’ADN synthétique, d’où une identification assez précise d’une personne.

• Si les billes atterrissent sur la peau, leur marquage ADN y restera jusqu’à deux semaines (si elles atterrissent sur les vêtements, c’est moins utile, mais il faudra quand même plusieurs lavages pour éliminer l’ADN du tissu).

• Les billes peuvent être utilisées dans un fusil ou un pistolet, tous deux alimentés par des cartouches de CO2.

• La police et l’armée peuvent se tenir à bonne distance (environ 30 mètres) d’une cible potentielle.

Vous pouvez visionner ici une vidéo d’un exercice de tir ici.

L’entreprise fabrique également de la graisse, du gel et du spray à ADN pour marquer les effets personnels. On pourrait également s’en servir pour marquer les billets de banque en cas de hold-up.

L’équipement a été dévoilé au salon SHOT Show, le mois dernier à Las Vegas.

via PopSci

Photo: SelectaDNA

Source : http://www.smartplanet.fr/smart-technology/un-pistolet-qu...

23/02/2013

Des chercheurs créent la toute première cellule "zombie"

Publié le 22 février 2013 par Maxime Lambert

 
 
La cellule 'zombie' créée par les chercheurs photographiée au cours des premiers stades
 

Des scientifiques sont parvenus à créer pour la toute première fois une cellule "zombie". Il s’agit d'une cellule morte qui reste malgré tout toujours fonctionnelle.

Un organisme mort peut-il encore biologiquement fonctionner ? Face à une telle question, la majorité d'entre nous, fans de science-fiction mis à part, serait tentée de répondre "non". Et pourtant, des scientifiques américains viennent de dévoiler une prouesse qui pourrait nous pousser à revoir notre copie. Pour la toute première fois, ceux-ci seraient parvenus à créer une cellule "zombie" qui, bien que morte, resterait active et fonctionnelle.

Mieux encore, dans cet état, la cellule se serait révélée plus performante encore que de son vivant. Pour arriver à un tel résultat, les scientifiques du Laboratoire National de Sandia et de l'Université du Nouveau-Mexique ont recouvert des cellules de mammifères d'une solution de silice afin de former une sorte de blindage perméable autour de la membrane des cellules vivantes. L’objectif était alors de confronter les cellules à des températures et des pressions extrêmes auxquelles une cellule vivante ne peut normalement pas résister.

Les scientifiques ont ainsi chauffé la cellule à près de 400°C, ce qui a entraîné l’évaporation de la matière organique. Néanmoins, avant de mourir, la structure vivante a laissé, dans la silice une réplique tridimensionnelle parfaite des structures minéralisées et des fonctionnalités complexes qu’elle était capable d’assurer. La précision de cette copie est telle que la spirale de l’ADN cellulaire elle-même a été conservée. Le plus surprenant reste que, même morte, cette cellule est alors restée capable d'effectuer certaines de ses anciennes fonctions.

Des cellules "zombies" plus résistantes

"C'est un vrai défi pour les chercheurs de construire des structures à l'échelle nanométrique. Nous pouvons fabriquer des particules et des "câbles, mais des structures arbitraires en 3D n'ont pas encore pu être obtenues", a expliqué le Dr Bryan Kaehr dans un communiqué cité par le Huffington Post. "Avec cette technique, nous n'avons pas besoin de construire ces structures - la nature le fait pour nous", a t-il ajouté.

Étonnamment, la cellule morte serait même supérieure à son ancêtre biologique grâce aux propriétés de la silice qui lui permettent de résister à des températures et des pressions qu'elle n'aurait jamais pu endurer de son vivant, précisent les chercheurs dans leur étude publiée par la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. "Nos cellules zombies jettent un pont entre la chimie et la biologie en créant des cellules qui, non seulement ressemblent comme deux gouttes d'eau à elles-mêmes mais sont aussi capables de travailler sans relâche", a souligné Bryan Kaehr.

D'après ce scientifique et ses collègues, ces cellules hors normes pourraient, à l’avenir, permettre d’améliorer les performances de certains produits dans les secteurs environnementaux et de la décontamination, notamment.

 

Source : http://www.maxisciences.com/cellule/des-chercheurs-creent...

22/02/2013

Greek crisis now, un blog de Panagiotis Grigoriou, historien et ethnologue

le 20 février 2013

Le muet et le parlant

 

Athènes 20/02 - Grande manifestation syndicale unitaire
La journée d’hier (19/02) était pluvieuse et…. bien curieuse. En fin de matinée les (rares) téléspectateurs branchés sur la chaîne publique NET ont découvert ces séquences surréalistes de la visite du Président Hollande à Athènes : descendre la rue Hérode Atticus en compagnie d’Antonis Samaras à pied, pas de voix off, aucun commentaire ni analyse pour cause de grève des journalistes. Un rare moment de… vérité, deux hommes politiques seuls, le bruit de la ville, le chant des oiseaux du jardin botanique d’en face, enfin une belle image, à notre portée et à la hauteur du monde, c'est-à-dire la nôtre. En début d’après-midi, vers 15h, la grève des journalistes des médias publiques déjà jugée… illégale, les commentaires ont aussitôt repris sur la chaîne NET, les dernières heures de la visite du Président français ont ainsi été couvertes, dont son allocution prononcée devant la communauté française au Lycée franco-hellénique.

François Hollande et Antonis Samaras - 19/02
François Hollande a, à juste titre remarqué, combien ses interlocuteurs grecs issus du monde politique se sont exprimés en français, tous sauf un : le ministre des Finances Yannis Stournaras, il a préféré la langue des marchés (d’après ses propres explications saisies sur le vif) et… des banques du vaste monde dont il est issu. Pour le reste, les mesures de sécurité ont été visiblement draconiennes, ce qui est normal, les automobilistes compatissants l’ont bien compris sans trop broncher. Certes, le Président français n’avait rien à craindre (des habitants du territoire en tout cas), il n’y a pas eu une seule manifestation ou rassemblement, comme lors de la visite d’Angela Merkel en Octobre dernier, ce qui en dit déjà… assez long du sens commun à propos de la géopolitique de l’Europe actuelle, vue d’ici-bas : nous ne sommes pas dupes, nous savons (et à nos dépens) qui dirige véritablement en ce moment l’astéroïde de l’U.E…. car nous devenons ses débris.
 
"Non à l'euro" - Place de la Constitution - 20/02
Malgré les efforts du « gouvernement » Samaras dans la communication (et on peut le comprendre), la visite de François Hollande est presque passée inaperçue, car "déjà manquant d’originalité", telle fut le (non) ressenti chez nous hier. La presse de gauche (et anti-mémorandum) souligna tout simplement que la France s’intéresse évidement à la grande… braderie des bijoux de la baronnie chemin de fer, distribution d’eaux, prospection pétrolière, régie d’électricité… derrière l’Allemagne bien entendu, rien de très original en somme (par exemple To Pontiki sur son portail internet - 20/02). Paradoxalement (!) la pluie a cessé cette nuit, et c’est sous un soleil radieux que notre vie... normale a pu reprendre ce matin, un mercredi, décrété de surcroit, journée d’action nationale par tous les syndicats, décidément, le pays bouge (encore) comme il peut.
 
Notre ville, nos écrans du vivant se sont alors préparés en vue de cette transition… vers le « parlant », après les séquences du « muet relatif » de la veille. J’ai d’abord croisé ces innombrables policiers et autres RoboCop sur le trottoir, devant la centrale de la police athénienne. Ils s’apprêtèrent à prendre du service, et d’ailleurs bien souriants, en attente de cette grosse journée de grande manifestation. Jeunes hommes, très jeunes et visiblement conscients d’appartenir à une variante entomologique bien spécifique dans la taxinomie des choses et des êtres sous le régime de la… « Gouvernance », ils s'amusaient entre eux sous le regard ahuri des autres. Pauvres gens finalement, au sens propre et figuré : « J’ai loué un 37m2 depuis peu depuis que je suis fait muter à Athènes. Le coût reste exorbitant... pour mes 800 euros de salaire par mois… c’est dur », expliquait à ses collègues un jeune policier. Effectivement. Et « nos » policiers aux 800 euros, ils ont été nombreux ce matin au centre-ville (et par la suite devant le "Parlement"), à laisser passer les piétons sous surveillance et bien souvent, non sans un certain…. frottement avec eux. Nos trottoirs sont si étroits en ce moment, au même titre que la démocratie je dirais.
 
Devant le "Parlement" - 20/02
J’avais déjà lu quelque part, sans doute à travers un récit littéraire, combien ce « frottement » avait déjà connu ses heures de gloire jadis. Lors des grandes manifestations des démocrates et des gens de gauche dans ce pays, vers 1965 par exemple. On connait la suite : la dictature des Colonels en 1967. Pavlos, rencontré peu après au beau milieu du cortège à la grande manifestation entre Pedion Areos et la place de la Constitution, m’a alors posé cette même question devenue récurrente : « Je crois que nous vivons un temps pré-dictatorial, pas toi ? ». Le frottement y est sans doute…. pour quelque chose. Peu avant, place Omonia dans un café, un jeune homme n’a pas eu d’autres mots plus… démocrates pour exprimer son désarroi : « Demain monsieur c’est mon anniversaire, j’ai tout juste trente ans et je n’ai pas de travail… j’ai honte d’être là, assis dans ce café accompagné de ma maman, surtout parce que c’est elle qui paye mon café ». Devant le café et sur la place, avait lieu le rassemblement organisé par le syndicat du KKE (parti communiste), se séparant volontairement des autres forces syndicales et politiques. Le rassemblement pro-KKE fut pourtant bien moins nombreux que d’habitude, tandis que l’autre rassemblement, a été suivi par des dizaines de milliers de personnes.
 
"Jadis les Colonels, à présent les banquiers" - Athènes 20/02
 
"Déjà tôt ce matin des militants de l’extrême-gauche" - 20/02

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Le rassemblement pro-KKE - Place Omonia - 20/02
Déjà tôt ce matin des militants de l’extrême-gauche, postés devant le musée archéologique préparaient leur manifestation, banderoles, drapeaux, sonos et petite librairie… marxiste – léniniste. On n’effacerait pas si facilement les références d’une certaine vieille gauche européenne, vieilles d’un (si) bon petit siècle… qu’elle-même. Au moins, l’ambiance y était. Malgré la résignation et la peur, si savamment inculquées d’en haut et d’en bas (et… par frottement), c’est la joie qu’elle prédominait. Plus la colère : « Non, nous ne sommes pas morts et nous ne nous rendrons pas. Sauf que nos chefs [chez Syriza] n’ont pas réalisé combien la base, voire certains cadres du mouvement se radicalisent jour après jour. Nous leurs briserons les os... aux nôtres aussi, nous n’avons pas d’autre choix… sinon nous mourrons… comme déjà nos illusions ; les plus naïves parmi elles en tout cas. Il en faudrait dix fois plus de monde dans les manifs déjà, et des actions plus ciblées. Passer et revenir sans cesse devant le Parlement n’a plus de sens. C’est connu, c’est balisé… c’est nous mettre dans la gueule du loup. J’ai 57 ans, je suis ouvrier métallo et syndicaliste. Je n’ai plus de temps, je ne peux plus attendre… les gens sont responsables de leur destin, ils doivent bouger, de même que nos chefs syndicalistes et politiques des partis de la gauche… » (Yannis, rencontré parmi les manifestants, 20/02).
 
Athènes 20/02
Devant le musée archéologique - 20/02
Sous le Parthénon - 20/02
Nous nous radicalisons, peut-être parce que nous réalisons désormais la maigre distance qui nous sépare des… concitoyens-mendiants. Eux, la tête baissée ne regardent même plus les manifestants qui défilent. Nos univers sociaux se croisent sans se rencontrer parfois. Comme lorsque deux journalistes d’un hebdomadaire de la droite populiste ont questionné en pleine manifestation un retraité sur…. l’éventualité de ses difficultés : « Vous rigolez ou quoi Madame, d’où venez-vous, de quelle planète ?».
 
"Vous rigolez ou quoi Madame..." - 20/02
Dans un café - 20/02


 


"Peuple en avant - Hors UE" - Athènes 20/02
"Eux, la tête baissée ne regardent même plus les manifestants qui défilent" - Athènes 20/02
Une question à poser plutôt à Antonis Samaras. Sous le titre : « Les investissements étrangers arrivent», une nouvelle affiche nous informe que « désormais c’est en Grèce qu’on va construire les vaisseaux de l’Empire Galactique. Un grand accord commercial vient d’être signé entre la Grèce et l’Empire Galactique, et ceci, grâce aux efforts titanesques du premier Ministre Antonis Samaras, lequel vient de rencontrer Dark Vador au siège même de l’Empire Galactique. Cet accord prévoit la construction des navires et autres vaisseaux de l’Empire en Grèce, puisque selon les déclarations de Dark Vador, après les reformes du monde du travail chez nous, la main d’œuvre est moins chère en Grèce que sur la planète Tatooine. Bravo la Grèce ».
 
« Les investissements étrangers arrivent » - Athènes 20/02
C’est vrai que depuis tous ces derniers événements qui n’en finissent pas, nous avons tout perdu sauf notre sens de l’humour : « La liberté ou photoshop » voit-on sur un mur place de la Constitution, là où précisément un militant Syriziste paresseux a abandonné l’étendard de son mouvement à la dispersion de la manifestation.
 
« La liberté ou photoshop » - Athènes 20/02
"La place a aussitôt repris ses habitudes" - 20/02
 
Place de la Constitution, terminus. La place a aussitôt repris ses habitudes… de temps de paix, sauf pour ce qui est des pertes sur le champ de la guerre sociale, ou plutôt faite contre la société. Un jeune homme, un tout nouveau mendiant a pris procession de l’angle, situé à droite sur l’embouchure du métro. Bien habillé et propre, visiblement il n’est pas un sans-abri, Il exhibe sa pièce nationale d’identité, sa carte d’inscription au chômage, ainsi qu’un autre document, attestant de son licenciement : « Je suis grec, je suis au chômage, aimez-moi s’il vous plaît ». La Grèce, la vraie vie… muette et parlante.
 
« Je suis grec, je suis au chômage, aimez-moi s’il vous plaît » - Athènes 20/02

 

Source : http://greekcrisisnow.blogspot.fr/

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21/02/2013

Accaparement des terres, un clip de Kolibri

«On n’avait pas vu ça en Grèce depuis l’Occupation»

Article de « Libération » :


Menacés par la famine, comme pendant la Seconde Guerre mondiale, les Grecs ont l’impression de replonger dans la dictature. Economique, cette fois.
 
Par Maria Malagardis Envoyée spéciale à Athènes
 

Tous les jours, la même scène : à midi, une foule silencieuse se presse devant les grilles de la mairie d’Athènes, à deux pas de la place Omonia. Combien sont-ils ? Une centaine ? Bien plus encore ? «Le soir, ils sont deux à trois fois plus nombreux», soupire Xanthi, une jeune femme rousse, chargée par la mairie «de gérer la foule». L’ambiance est tendue quand les grilles s’ouvrent enfin, et qu’une longue cohorte se forme jusqu’au stand où l’on distribue un Coca-Cola light et une sorte de purée de patates dans une gamelle en plastique.
 
Certains tentent de doubler, d’autres de repasser une seconde fois. Il y a des cris, des disputes, tout doit aller très vite : la distribution ne dure qu’une demi-heure. Et tant pis pour les retardataires ! Gestes fébriles, regards fuyants, ils s’accrochent à leur repas qu’ils avalent rapidement assis dans la cour. Au milieu des quelques marginaux et des vieillards aux vêtements usés, on remarque tout de suite cette nouvelle catégorie de citadins jusqu’à présent peu habitués à quémander sa nourriture. La plupart d’entre eux refusent de parler aux journalistes, détournent la tête dès qu’on les aborde. «Ils ont honte», confie Sotiris, 55 ans, qui s’est retrouvé au chômage après avoir travaillé vingt ans dans une compagnie de sécurité. «Mais en Grèce, les allocations chômage ne durent qu’un an», rappelle-t-il. Tirant nerveusement sur sa cigarette, il évoque sa femme, malade du cancer et alitée, ses deux fils, aussi au chômage, qui vivent sous le même toit. «Que va-t-on devenir ?Je n’ai plus d’argent et je ne peux même plus payer les traites pour mon appartement ! Bientôt, ils viendront le saisir», s’affole-t-il. Juste avant de partir, il demande un euro, murmurant : «Juste pour un café. J’en ai oublié le goût.»
 
Années fastes. En Grèce, on les appelle les «néopauvres», ou encore les «SDF avec iPhone» : des salariés virés d’une des nombreuses PME qui ont fait faillite, des fonctionnaires licenciés à la suite des mesures d’austérité prises depuis deux ans. Tous se sont retrouvés au chômage, alors que les crédits à la consommation les avaient poussés à se surendetter pendant les années fastes. Qui ne sont pas si loin : entre 2000 et 2007, la Grèce affichait encore un taux de croissance prometteur de 4,2%. Puis la crise bancaire de 2008 et l’annonce coup de tonnerre d’un déficit budgétaire record de 12,7% du PIB fin 2009 ont fait s’effondrer, comme un château de cartes, une économie aux bases trop fragiles pour résister au jeu spéculatif des marchés.
 
Premier pays «dégradé» d’Europe, la Grèce est aujourd’hui le plus mal noté par les agences financières. Travail au noir, fraude fiscale, administration inefficace : les maux sont connus et une grande partie de la population accepte la nécessité des réformes structurelles exigées par «Merkozy», comme on appelle ici le tandem Angela Merkel-Nicolas Sarkozy, qui domine les négociations à Bruxelles. Mais les plans d’austérité imposés au pays depuis le printemps 2010 passent mal. Ils frappent en priorité les salariés et les retraités, qui ont vu leurs revenus diminuer, voire disparaître quand ils ont été licenciés, et leurs impôts, prélevés à la source, augmenter de façon exponentielle. Résultat ? En deux ans, le nombre de sans-domicile-fixe a augmenté de 25% et la faim est devenue une préoccupation quotidienne pour certains.
 
«J’ai commencé à m’inquiéter lorsqu’en consultation j’ai vu un, puis deux, puis dix enfants qui venaient se faire soigner le ventre vide, sans avoir pris aucun repas la veille», raconte Nikita Kanakis, président de la branche grecque de Médecins du monde. Il y a une dizaine d’années, l’ONG française avait ouvert une antenne en Grèce pour répondre à l’afflux aussi soudain que massif d’immigrés clandestins sans ressources. «Depuis un an, ce sont les Grecs qui viennent nous voir. Des gens de la classe moyenne qui, en perdant leurs droits sociaux, n’ont plus droit à l’hôpital public. Et depuis six mois, nous distribuons aussi de la nourriture comme dans les pays du tiers-monde, constate le docteur Kanakis, qui s’interroge. Le problème de la dette est réel mais jusqu’où peuvent aller les exigences de Bruxelles, quand des enfants qui ne vivent qu’à trois heures d’avion de Paris ou Berlin ne peuvent plus de soigner ou se nourrir ?»
 
Diktats. Jeudi, une scène insolite s’est déroulée au cœur d’Athènes, sur la place Syntagma, juste en face du Parlement : des agriculteurs venus de Thèbes, à 83 km de la capitale, distribuent  50 tonnes de patates et d’oignons gratuitement. Annoncée à a télévision, la distribution tourne vite à l’émeute. Tout le monde se précipite sur les étals. A nouveau des disputes, des cris. «On n’avait pas vu ça depuis l’Occupation», peste Andreas qui observe le spectacle à distance. L’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale avait provoqué une terrible famine qui reste dans toutes les mémoires.
 
Mais si le mot revient si souvent pour décrire le retour de la faim qui frappe les classes moyennes, c’est aussi en référence aux diktats de Bruxelles, et plus encore de Berlin. «Tous les trois mois, on nous menace de faillite immédiate et on nous ordonne d’étrangler encore plus les plus pauvres. L’argent qu’on nous promet ? Ce sont des prêts qui ne servent qu’à rembourser nos créanciers !» s’exclame Andreas.
 
Employé dans une entreprise maritime, il rit en évoquant l’éventualité de supprimer les treizième et quatorzième mois des salariés du privé. Comme beaucoup d’employeurs, le sien ne lui verse aucun salaire depuis des mois. «Les patrons invoquent la crise pour éviter de payer leurs employés», se plaint-il. Puis, se tournant vers l’ancien Palais royal qui abrite le Parlement, il ajoute : «Ici, il y a 300 crétins qui suivent un gouvernement non élu par le peuple. Est-ce qu’ils ont diminué leur train de vie ? Les fonctionnaires de l’Assemblée touchent toujours seize mois de salaires et personne à Bruxelles ne s’en préoccupe.»
 
«Laboratoire». Loin d’avoir, comme en Italie, provoqué un sursaut national face à la crise, Loukas Papademos, le Premier ministre «technocrate» nommé en novembre, brille surtout par son silence. Alors que le pays négocie à nouveau sa survie en promettant de nouvelles mesures de rigueur, la seule interview qu’il a accordée était destinée au… New York Times. Andreas en est persuadé : «Nous vivons sous une dictature économique. Et la Grèce est le laboratoire où l’on teste la résistance des peuples. Après nous, ce sera le tour des autres pays d’Europe. Il n’y aura plus de classe moyenne.»

 

18/02/2013

Mecanopolis : Le temps est venu