Personnellement, en tant que Français résident au Japon, je considère que ce reporter français, même si il a enfreint une loi, est dans l’exercice légitime du droit a l’information, qu’il est au contraire une fierté du journalisme français, dans l’absence d’informations fiables sur la catastrophe en cours. Personnellement, je demande que toute poursuite contre lui soit abandonnée, et que la même clémence soit appliquée aux 5 autres personnes qui l’accompagnaient (japonaises, avec peut-être un américain, selon certaines sources).

Le commissariat de Futaba en charge de l’affaire a declaré ceci :

« Cet acte est particulièrement grave, dans le contexte actuel, sachant que beaucoup de personnes désireraient retourner dans la zone et ne peuvent pas y rentrer. Nous allons intensifier nos patrouilles »

Cette déclaration est une ineptie. Les deux motifs de cet argument n’ont absolument rien en commun. D’une part, on doit considérer les 80 000 personnes qui ont été évacuées de cette zone et qui, selon les autorités, espéreraient pouvoir rentrer chez pour y vivre en permanence. De l’autre, les rares journalistes qui se rendent dans cette zone interdite, de façon ponctuelle, afin d’informer le monde entier de la réalité et en ressortent tous très vite avec la même conclusion : Il est impossible de vivre à nouveau dans cette zone. Et c’est la justement que le « bâts blesse » !

Par exemple, voyez le blog du reporter japonais Munetomo YAMAMOTO en date du 29 décembre 2011 [3]

Titre : « Partout dans la zone interdite, j’ai relevé des niveaux de radiations beaucoup trop élevés ».

La photo du jour en est extraite. Sur cette photo le compteur indique, à Okuma, à 1 mètre du sol, plus de 65 microsieverts/ heure ! Sur une année, ceci équivaut à environ 500 millisieverts par an soit en deux ans la dose létale de 1 sievert. Or, le gouvernement a déjà prévu d’accepter qu’en avril prochain les populations puissent se réinstaller dans cette zone. Femmes enceintes et enfants ! La seule condition prévue pour l’instant : ne pas dépasser les 50 millisieverts/an de radiations dans l’air.

Voir aussi cet article en japonais [4]

et en français [5] . Effectivement, cela peut être gênant – pour le gouvernement - si des journalistes libres, a fortiori étrangers, découvrent des radiations 10 fois supérieures à ce seuil qui est déjà totalement inhumain. En réalité, le gouvernement japonais veut pouvoir mesurer lui-même et déclarer sans contradiction que la « décontamination a porté ses fruits ».

 

Il y a pourtant un argument implacable permettant de dénoncer l’inculpation du journaliste français : c’est le fait avéré que 11 personnes - dont la plus jeune aurait la cinquantaine - vivent toujours dans la zone interdite [6]

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Pour faire leurs courses et bien d’autres choses banales, ces personnes sont bien obligées de faire des allers et retours aux travers des barrages !? Sont-elles pour autant « inculpées » ? Non. Alors :

  • Pourquoi un journaliste de passage gênerait-il autant ?
  • Pourquoi, alors que je pense avoir bien cherché, je ne trouve aucun médias français pour évoquer cette affaire ?
  • Pourquoi l’Ambassade de France à Tokyo, qui est aussi là pour protéger les ressortissants français au Japon, n’a rien communiqué au sujet de ce journaliste ?

Oui, j’ose le dire : pourquoi l’omertà voulue par le lobby pro-nucléaire franco-japonais réussit si bien à museler la presse ?