10/01/2007
Pour la décroissance
Contrairement à ce qu'a annoncé le journal "Le Monde" le 2 décembre dernier, le "Parti pour la décroissance" n'est pas "mort né". Comme toutes les structures politiques, il connaît des difficultés bien naturelles et s'emploie tant à les dépasser qu'à en tirer des enseignements. Construire du collectif dans une société marquée par l'individualisme forcené est une gageure.
Surtout quand les médias dominants, renonçant à leur rôle de quatrième pouvoir, se font les outils de la propagande consumériste.
Une idéologie qui amène chaque jour davantage de nos contemporains à se considérer d'abord comme des consommateurs et non plus avant tout comme des citoyens. Contrairement aussi à ce que laisse soupçonner la journaliste du "Monde", nous n'avons aucune accointance avec "des milieux très réactionnaires". La décroissance que nous défendons est au service des valeurs humanistes, républicaines, démocrates. Elle est au service d'un partage équitable des ressources de la planète. Elle combat l'idéologie du "sans limite" qui conduit à produire autant d'obèses que d'anorexiques. Est-ce cela être réactionnaire ? Est-il progressiste d'accepter le pillage et le gaspillage des ressources naturelles ou l'accaparation des ces ressources par une minorité ?
Nous constatons avec quels moyens les médias sous influence des intérêts économiques défendent les puissants. Heureusement, l'excellent dernier livre du journaliste du même journal Hervé Kempf "Comment les riches détruisent la planète" permet de comprendre les raisons de ces insinuations ignominieuses.
Le "Parti pour la décroissance" n'est pas mort né mais bien vivant. En revanche, la croissance et le développement économique sans limites sont, eux, condamnés. Cette idéologie irrationnelle et contre l'homme n'a pas d'avenir sauf de tout détruire. Les membres du "Parti pour la décroissance" s'emploient à réfléchir à une transition vers une société sobre et partageuse pour notre pays riche. Car la première des décroissances que nous voulons est celle des inégalités. La démocratie consiste à exposer les tensions pour engager un débat pacifique. C'est un exercice difficile et rebutant pour beaucoup. Pourtant, avons-nous d'autres choix ? Non. En nous y refusant nous contribuerions aux maux que nous dénonçons. En nous y refusant nous préparerions le chaos ou des politiques autoritaristes que vont engendrer inéluctablement un système qui ne tient compte ni des limites physiques, ni des limites humaines. Et ce n'est pas la farce médiatique conduite par l'animateur de TF1 Nicolas Hulot qui permettra de nourrir et sauver la démocratie, au contraire. Ce n'est pas non plus l'escroquerie sémantique du développement durable défendue par les Verts pour repeindre la société de consommation en vert. Foncièrement démocrates, nous voulons donc être le plus nombreux possibles lors des élections législatives de juin 2007 pour présenter la décroissance aux Français. Le "Parti pour la décroissance" y présentera des candidats pour la première fois de sa jeune existence.
L'Assemblée générale du Parti pour la décroissance le 27 janvier, à Lyon, sera un nouveau moment fondateur dans la vie de notre mouvement. Il est encore temps de présenter des motions ou de rejoindre celles déjà présentées pour nourrir le débat. Nous comptons sur vous pour cette nouvelle année 2007 que nous vous souhaitons la meilleure possible.
Julien Gonzalez, secrétaire national du "Parti pour la décroissance", le 8 janvier 2007.
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Vous pouvez retrouver cet éditorial sur le site ainsi que toutes les informations sur www.partipourladecroissance.net
20:49 Publié dans ALTERNATIVES | Lien permanent | Commentaires (8)
09/01/2007
J'ai lu Une saison de machettes de Jean Hatzfeld
Une saison de machettes
Jean Hartzfeld
Seuil 2003
Ancien reporter à Libération, Jean Hatzfeld a quitté le journalisme pour se pencher exclusivement sur le génocide rwandais. Après Dans le nu de la vie, dans lequel il rapportait les récits des rescapés tutsis, il sort un nouvel ouvrage consacré cette fois aux tueurs des marais, Une saison de machettes. Jean Hatzfeld y raconte ses entretiens avec les auteurs du massacre.
Ce que j’en pense :
On ne lit pas Une saison de machettes, on l’avale, comme on peut, difficilement.
On en prend un petit bout, puis on laisse reposer, afin que la nausée passe puis on reprend et comme ça peu à peu on arrive au bout de ces récits qui à vrai dire se passent de tout commentaires. On ne peut que saluer le courage de l’auteur qui a entrepris de recueillir ces témoignages et d’en faire ce document essentiel. Jean Hatzfeld avait déjà fait paraître en 2001 Dans le nu de la vie, Récits des marais rwandais, où il avait recueilli les témoignages des rescapés du génocide. Je n’ai pas lu ce livre, mais j’imagine qu’aussi insupportable qu’il soit, il demeure pourtant un témoignage de victimes, dont on ne peut que se sentir solidaires. Mais quand il s’agit de leurs tueurs, des tueurs qui sont leurs voisins, leurs collègues, leur co-équipiers de foot, leur instituteur, leurs époux… Des tueurs partis "couper", qui vous racontent ça comme des chasseurs du sud-ouest vous raconteraient une partie de chasse aux palombes, des tueurs qui quelque part ne font pas vraiment preuve de remords, qui ne saisissent ou ne veulent pas saisir l’horreur de leurs gestes, alors ces témoignages prennent une coloration complètement surréalistes, atrocement absurdes.
Et pourtant ces hommes là ont parlé, ont accepté de parler. Ils ont même, sauf un, posé pour une photo que l’on retrouve à la fin de l’ouvrage. Pourquoi ?
Et comment garder confiance en l’Homme lorsqu’on se trouve confronté à la folie bestiale d’un génocide ?
Ce sont les questions que posent ce livre, en tentant quelques comparaisons avec d’autres génocides et des ouvrages comme Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne, publié en 1992 par le chercheur américain Christopher Browning, mais il n’y répond pas. Je crois bien qu’il est impossible d’y répondre.
Et en refermant Une saison de machettes, on ne peut s’empêcher de se demander lesquels d’entre nos voisins viendraient nous découper, nous éliminer ou nous vendre si tout à coup tout basculait…
Cathy Garcia
17:45 Publié dans CG - NOTES DE LECTURE | Lien permanent | Commentaires (0)
le pétrole tue encore et toujours
L’explosion d’un oléoduc fait des centaines de morts au Nigeria
27-12-2006 http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2...
Si la NNPC parle de 200 à 250 morts, le quotidien évoque des sources non officielles faisant état d’au moins 1 000 victimes et de centaines de blessés.
Durant les périodes de pénurie de pétrole, au Nigeria, de tels pillages et accidents ne sont pas rares. Le plus meurtrier a fait un millier de morts, en 1998, à Warri, dans le sud du pays.
La NNPC aurait enregistré 2 258 actes de vandalisme sur ses oléoducs ces 5 dernières années. L’année dernière plus de 650 000 tonnes de pétrole auraient ainsi été détournées, soit plus de 20 % de la production nationale.
De tels faits, dans un pays qui est l’un des principaux fournisseurs mondiaux de pétrole brut, et le premier africain, avec 2,6 millions de barils par jour, sont scandaleux, mais hélas pas étonnants pour quiconque connaît la grande misère qui règne sur place. En effet, si le pays tire plus de 95 % de ses revenus, en devises étrangères, du pétrole, la population n’en tire quasiment aucun bénéfice avec une corruption généralisée du secteur.
Les Nigérians ne voyant pas la couleur des milliards déversés par l’or noir, comment s’étonner du pillage et des attentats contre les installations pétrolières. Par ailleurs, l’état des installations laisse à désirer, les fuites et autres accidents de production sont fréquents, faisant que chaque année, des milliers de tonnes de pétrole se déversent dans l’environnement, atteignant des milieux aussi riches que les mangroves, polluant les ruisseaux et rivières, pour au final mettre en danger la vie des habitants en polluant des lieux traditionnellement utilisés pour la pêche, l'agriculture...
Alex Belvoit
17:09 Publié dans QUAND LA BÊTISE A LE POUVOIR | Lien permanent | Commentaires (0)
Bolivie, Guaranis, paysans et captifs de père en fils
Bolivie
Guaranis, paysans et captifs de père en fils
Dans l’est de la Bolivie, 3 000 familles indigènes vivent sur des haciendas privées dans des conditions proches du servage. Des « communautés captives » emblématiques du gigantesque problème de la terre dont a hérité Evo Morales.
par Benito Pérez
3 janvier 2007
Une trentaine de cahutes émergent de la forêt. De bois et de paille, entre rivière et collines, Itakuatia a des airs de paradis originel. Pourtant, dans ce petit bout de Chaco [1], à cinq heures de Jeep de Camiri, la capitale pétrolière, guaranis et latifundiste [2] jouent et rejouent un drame ancestral. Comme des dizaines d’autres communautés indigènes de l’est bolivien, les habitants d’Itakuatia vivent sur les terres d’une hacienda. Spoliés de leur territoire, endettés de père en fils auprès de leur karay (seigneur), harcelés par ses sbires, oubliés des autorités, les villageois n’ont d’autre choix que de vendre à vil prix leur force de travail. « On dit que nous sommes une ’communauté captive’... Je n’aime pas. Mais c’est quand même un peu ça, non ? » Cornelio Jarillo ignore à quand remonte le funeste huis clos. « Mon père comme mon grand-père s’occupaient du bétail du karay, se souvient Don Cornelio. Jamais ils n’ont reçu un peso, jamais ils ne se sont plaints malgré les coups et les offenses. Ils avaient trop peur qu’on les jette dehors ! »
Du soja partout
Payés en nature, facilement grugés, les villageois sont tenus par de prétendues dettes. « Chaque année, à Carnaval, le patron de l’hacienda fait les comptes. Comme par hasard, ses paysans n’ont jamais assez travaillé pour rembourser la nourriture qui leur a été fournie », explique Vicki Miller. La coopérante de la Croix-Rouge suisse (CRS), qui soutient plusieurs communautés captives du Chaco, fait part de cas de ventes d’enfants à d’autres haciendas ou de fugitifs pourchassés dans tout le département.
Paradoxalement, la crainte de devoir abandonner leur terre natale est encore plus forte que l’envie de fuir. Jadis paradis des colons, le Département de Santa Cruz ne répertorie plus guère de terres inoccupées. Cinquante ans d’une « réforme agraire » dévoyée ont offert sur un plateau l’immense orient bolivien à une poignée de potentats locaux. Près de 80% de la surface distribuée l’a été à des exploitants possédant plus de 2 000 hectares. Aujourd’hui, ces latifundistes touchent le gros lot avec le boom du soja - 80% de la surface agricole cruceña - alors que les deux tiers des ruraux vivent sous le seuil de pauvreté.
« Les réunions m’ont réveillé »
A Itakuatia, les Chávez ( !) préfèrent consacrer leur 20 000 hectares à une autre juteuse agro-industrie : la cacahuète. Magnanime, la famille en a quand même confié quelques centaines à ses manants. De préférence, un lopin à défricher, qui leur sera repris quelques années plus tard.
Margarita vient de l’expérimenter à ses dépens. Sans cesser d’écosser des pois, de sa voix monocorde, elle raconte son malheur d’avoir perdu, coup sur coup, son mari et son précieux bout de terre. « J’ai quand même semé sur une partie de mon chaco, mais la récolte ne me suffira pas », soupire la jeune veuve, entourée d’une myriade de bambins curieux. Sans le soutien de proches ayant migré vers la ville, elle aurait suivi leurs pas et cherché fortune à Camiri.
Don Cornelio, lui, ne quittera jamais Itakuatia. « Où irais-je ? », interroge-t-il, en se tournant vers les collines avoisinantes. Mburuvicha (chef) du village depuis une dizaine d’années, il ne travaillera plus non plus pour son ancien patron. « Il a essayé de brûler ma maison parce que nous avions refusé qu’il détruise notre école », témoigne Cornelio Jarillo. C’était il y a à peine deux ans.
Des histoires comme celle-là, tout le village en bruisse. « Un jour, la femme du patron est venue me frapper chez moi : elle disait que je ne l’avais pas saluée », raconte Celso Mendieta. Mais, au dire du jeune maître d’école, la raison est tout autre : « Grâce à mes études, j’ai voyagé un peu, et je sais à quoi ressemble un titre de propriété. Un jour, j’ai demandé au patron de me montrer le sien... Je ne l’ai pas encore vu ! » sourit Celso Mendieta.
Une insolence nouvelle sur une terre de peine et de labeur. Cornelio Jarillo fixe le tournant à la fondation, il y a huit ans, d’une section locale de l’Assemblée du Peuple Guarani (APG). Jusqu’alors isolées, une vingtaine de communautés situées en amont du río Parapetí se sont fédérées en Capitania, faisant renaître la tradition guarani. Don Cornelio insiste : « Les réunions nous ont réveillés. Maintenant, nous connaissons nos droits et nous voulons récupérer notre terre. »
La peur enracinée
Sous le regard acquiesçant de son épouse, le mburuvicha d’Itakuatia parle sans crainte. Ils savent pourtant que le karay viendra bientôt enquêter sur les motifs de la visite. Nous le croisons - le regard noir - dès notre départ pour Guaraca, la communauté voisine de quelques kilomètres.
Ici, malgré l’annonce de notre arrivée, aucun des chefs du village n’est au rendez-vous. Du bout des lèvres, Ricardo [3] accepte de nous recevoir chez lui et nous invite à partager la chicha, la bière de maïs. Le village est en fête, c’est la San Pedro. Personne n’est allé travailler pour Don Mario, leur propriétaire, grand producteur de maïs et de cacahuètes. Un dur. Un jour, il a fait abattre toutes les bêtes d’une famille guarani récalcitrante. Tous ont quitté Guaraca, nous glisse Ricardo.
En contrebas du village, des enfants lancent des pétards, et s’enfuient en se moquant de leurs titubants aînés. La chicha coule à flots, mais elle ne délie pas les langues. Ricardo se ferme à son tour. Nous quittons le village avant de lui attirer des ennuis.
Dans son siège tout neuf - aménagé à Camiri grâce à l’appui d’amis genevois de Vicki Miller - le chef de la Capitania ne cache pas ces difficultés. « Notre organisation est encore très fragile. La peur demeure ancrée. Dans certaines communautés, les menaces des propriétaires nous obligent à nous cacher pour tenir les réunions », admet Marcelino Robles.
Système en crise
Pour les Guaranis du Alto Parapetí, pourtant, comme pour l’ensemble des 3 000 familles captives recensées, la vie n’est plus tout à fait la même. Sous la pression des mouvements indigènes et d’ONG, médias et gouvernement ont fini par admettre, début 2005, la survivance du travail forcé. Une effervescence peu goûtée par les patrons, et aggravée, cette année, par l’arrivée d’Evo Morales à la présidence du pays.
« Le système est entré en crise », confirme Vicki Miller. Pour la coopérante, les karays jouent profil bas, craignant que l’Etat ne vienne étudier de trop près leurs douteux titres de propriété. « Les mauvais traitements sont de plus en plus rares », souligne le « grand capitaine » Marcelino Robles, lui-même chassé naguère de son village.
Mais les latifundistes savent également qu’il leur sera difficile d’être rentables sans leurs travailleurs corvéables à merci. Du coup, certains essaient de vendre, d’autres « de se débarrasser de leur communauté pour qu’elle ne réclame pas ses terres », s’inquiète Mme Miller.
Revoir la propriété foncière
Un danger, semble-t-il, compris par le gouvernement qui entend s’opposer à toute transaction foncière dans la zone. Un paquet de projets de loi déposé en juillet par Evo Morales prévoit aussi de relancer la révision cadastrale et de distribuer les terres usurpées aux communautés paysannes.
Patients, les Guaranis savent qu’« on ne change pas un pays en six mois », selon Marcelino Robles. A Itakuatia, on préfère insister sur un progrès encore inespéré il y a peu : une journée de travail chez le karay est maintenant rétribuée. Dix bolivianos (près d’un euro) pour dix heures de labeur. Une révolution.
Ce reportage a été réalisé lors d’un voyage de presse organisé par la Croix-Rouge suisse.
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« La santé doit être gérée par les gens, pas par les médecins »
Ne lui dites surtout pas qu’il est un médecin de brousse ! L’image du french doctor se précipitant vers des villages reculés pour sauver la veuve et l’orphelin, très peu pour lui. « Heureusement, je n’ai jamais dû sortir mon stéthoscope ! Je ne suis qu’épidémiologiste... » sourit-il. Pourtant, depuis quatre ans qu’il travaille pour la Croix-Rouge suisse (CRS), Never Aguilera sillonne inlassablement les collines du Chaco bolivien au volant de son pick-up. « Ma deuxième demeure... si ce n’est la première », dit, sans acrimonie, ce père de quatre bambins. « J’adore mon boulot et j’ai besoin de donner autant que possible », s’excuse presque Aguilar, fervent catholique à la mission peu orthodoxe : « Mon idéal, c’est de développer un système de santé à la cubaine : proche des gens et capable de grandes choses malgré de petits moyens. »
Pourquoi la CRS - dont la vocation première est la promotion de la santé - aide-t-elle les communautés captives à se structurer politiquement ?
Never Aguilera : Notre stratégie consiste à renforcer l’organisation de chaque communauté, afin qu’elle soit en mesure de prendre en charge la santé de ses membres, par exemple en revendiquant des moyens aux autorités politiques. Et ça fonctionne : nombre de luxueux postes de santé construits naguère dans le Chaco mais inutilisés faute de médecins ont reçu depuis du personnel. Mais ces soignants ne connaissent souvent rien aux besoins spécifiques des habitants. S’estimant dépositaires du savoir médical, ils se montrent méfiants envers toute demande provenant d’en bas. Selon nous, il faut renverser la pyramide : la gestion de la santé doit partir des gens, les institutions médicales étant simplement à leur service. Une communauté organisée est mieux armée pour forcer médecins et infirmiers à collaborer avec elle. Il y a aussi une autre raison : les principaux problèmes sanitaires que nous rencontrons sont des diarrhées et des infections dues à l’eau, ainsi que des séquelles de la malnutrition, due, elle, au manque de terres. Il est donc logique que la priorité aille à la lutte pour la terre et à la recherche d’eau potable.
Comment s’organise la médecine communautaire ?
Elle a deux principes : la détection et la prévention. Qui, plus que les membres d’une famille, se préoccupe des siens ? Personne. Eh bien la santé communautaire s’inspire du même principe. Dans chaque communauté, nous formons des promoteurs de santé qui visitent régulièrement les villageois, les informent et, si nécessaire, les aiguillent vers les services appropriés. Beaucoup de malades n’osent pas se rendre dans les postes de santé, et n’y vont qu’en dernier recours. Les promoteurs sont nos meilleurs atouts pour éviter que des maux bénins ne deviennent des affections chroniques. Notamment parce qu’ils font remonter l’information jusqu’aux médecins qui ne peuvent se rendre régulièrement dans les communautés reculées. L’autre pilier de la santé communautaire est constitué de contrôles de santé simples et systématiques menés par les villageois eux-mêmes. Ainsi, chaque mois, ils pèsent tous les enfants de moins de cinq ans pour détecter d’éventuels problèmes de dénutrition.
Que faites-vous de la médecine indigène ?
Elle occupe pour moi une place centrale. D’abord parce que les gens ont confiance dans les guérisseurs, qu’ils connaissent et qui parlent le même langage qu’eux. Ensuite, parce qu’il y a dans la médecine indigène un réservoir extraordinaire de remèdes simples, locaux et efficaces. Mais cette médecine va au-delà. Elle parle au coeur des gens. Elle a une dimension psychologique, dirions-nous, par les rites notamment. Malheureusement, ce savoir demeure souterrain et tend à se perdre. Il est rejeté par les médecins classiques et combattu par les religions, en particulier les sectes évangéliques. De notre côté, nous essayons de convaincre médecins traditionnels et classiques de collaborer. La conservation et la diffusion de ce patrimoine nous préoccupe également. L’an dernier, nous avons pu réunir des guérisseurs de diverses régions pour qu’ils échangent leurs savoirs. Une expérience que j’aimerais renouveler.
Notes:
[1] Le Chaco ou Gran Chaco est une région partagée entre le Paraguay, le Brésil, l’Argentine et la Bolivie. Elle se caractérise par sa couverture forestière, ses températures élevées et sa sécheresse.
[2] Grand propriétaire terrien.
[3] Prénom fictif.
www.risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1887...
Source : Le Courrier (www.lecourrier.ch), 19 août 2006.
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08/01/2007
Kokopelli condamné en cour d'appel de Nîmes
L’association Kokopelli défend, promeut, conserve les semences de variétés anciennes depuis de nombreuses années. Forte de 5500 membres, l’association Alésienne cultive, par le biais d’une douzaine de producteurs et de ses membres, plus de 2.000 variétés de fleurs, céréales et légumes anciens ; ce qui fait d’elle le plus important réservoir génétique français qui soit accessible à tous. Sur ses fonds propres, Kokopelli collecte, conserve, multiplie, les semences, héritées de 10.000 ans de sélection familiale constituant le plus ancien et peut-être un des plus précieux des patrimoines communs à l’ensemble de l’humanité.
Au mois de mars 2006, Dominique Guillet, président de l’association Kokopelli, a été relaxé par le tribunal d’Alès, du chef d’accusation : « vente de semences non inscrites ».
La Cour d’Appel de Nîmes, saisie en appel par le Parquet, le GNIS* et la FNPSP* vient d’en décider tout autrement (jugement du 22/12/2006) :
- 17.130 euros d’amendes
- 2 x 1 euro de dommages et intérêts
- 2 x 300 euros de dédommagement
- près de 2000 euros de frais de publication du verdict et affirmation de la culpabilité de M. Guillet pour vente de semences non inscrites.
Il est important de noter que Monsieur l’Avocat Général avait, à l’audience, demandé la relaxe de Dominique Guillet et considéré que l’appel n’était pas recevable, puisque pas effectué devant la bonne cour…
Au mépris des actuelles directives européennes, Madame la Présidente s’est appuyée sur un texte pétainiste qui régit la commercialisation des semences. Un texte vichyste permet encore aujourd’hui de condamner un citoyen oeuvrant pour l’alimentation des générations futures !!! A l’heure où nos « responsables » politiciens s’enflamment pour la biodiversité en danger, pour l’écologie, érigeant en écosalvateurs Al Gore et Hulot, le plus sacré de nos biens est pillé, spolié, séquestré. La maison brûle, le grenier est plein des semences des années futures et le gouvernement, non seulement, ne regarde pas ailleurs, mais alimente le brasier, pour le plus grand profit des multinationales de la semence et l’intérêt financier d’une infime minorité.
Notre patrimoine semencier sert en effet, à notre insu, de base génétique à la création brevetée des hybrides (supercherie sémantique) et des OGM (chimères génétiques). Nous sommes dépossédés de nos racines, de notre culture, par le lobby des groupes semenciers.
Nul doute qu’une telle dérive va être à l’ordre du jour de la création de l’ONU-Environnement, organisé par notre Président de la République, les 2 et 3 février prochains. Comment peut-on se soucier d’environnement, sans prendre en considération le devenir alimentaire de la planète ? « L’appel de Paris » sera en faveur des semences anciennes, puisque reproductibles dans le champ du paysan, dans le jardin du maraîcher, garantes d’une adaptation aux perturbations climatiques et à l’arrivée du Peak Oil. Contrairement aux technologies semencières « modernes », totalement créancées pour être dépendantes du pétrole.
L’état Français soutient des structures privées d’annexion du patrimoine et la justice française cautionne l’état dans ses dérives. En effet, la directive européenne 98/95 permet la création d’une liste de conservation des semences en risque d’érosion génétique. La France a transcrit cette directive, mais ne l’applique pas. En condamnant Kokopelli, l’état français exprime le dédain et le mépris avec lequel il traite la diversité génétique transmissible. La France, régulièrement sanctionnée par l’Europe pour non-respect des décisions communautaires (dernièrement encore, non transcription de la 2001-18, relative aux OGM), préfère gaspiller l’argent des contribuables en payant des pénalités, au lieu d’anticiper en favorisant la répertorisation de notre patrimoine génétique cultivé. Kokopelli assure une mission de salubrité publique. L’association devrait bénéficier, comme le prévoit le Traité de Rome et la FAO, de subsides publics.
Cette évidence n’est pas la priorité de nos dirigeants : au lieu de prévoir (pour une fois) et d’investir de façon cohérente dans une véritable dotation au futur, la justice française préfère réprimer de façon inique et inconsidérée. Les fruits des semences anciennes sont plébiscités par nos concitoyens et les professionnels : plus de goût, formes attrayantes, résistance aux maladies acquises par coévolution avec les facteurs pédoclimatiques, etc... Toutes ces raisons devraient inciter le gouvernement à reconnaître le travail de l’association Kokopelli, dont les graines répondent aux besoins multiples des jardiniers, paysans et consommateurs.
Nous n’avons nul besoin des technologies transgéniques : avec les semences de pays (anciennes), nous disposons de tout le matériel génétique nécessaire pour subvenir à nos besoins, au grand drame des marchands de nécrotechnologies.
Il est temps de cesser de déléguer notre avenir à des scientistes ou à des groupuscules corporatistes. L’eau et les semences libres sont indispensables à notre survie. Les semences ne se suffisent d’aucun qualificatif, elles doivent ETRE, tout simplement.
L’association Kokopelli se fait un devoir de se pourvoir en Cassation et d'assigner l’état Français devant la Cour Européenne de Justice, de façon à obtenir l’application du droit pour les générations futures.
Il est indispensable, en respect de la directive CEE 98/95, de constituer un répertoire de la diversité biologique cultivée existante pour lequel l'inscription doit être libre, gratuite et facultative.
En cette période de vœux et de bonnes résolutions, en cette période de promesses électorales (dont par expérience, on connaît l’assiduité de ceux qui les font, à les tenir…), il ne faut formuler ni vœux, ni promesses. Il est un devoir incontournable : libérer les semences de vie et l’accès à celles-ci pour tous.
Au-delà de la volonté de mainmise sur le vivant, dont font acte les multinationales, soutenues par l’état, nul n’a le droit d’imposer la génétique semencière de demain. Les hybrides ont montré leurs limites, les OGM (refusés par 85 % des consommateurs) sont une faillite sanitaire et technologique. Les semences reproductibles, issues des variétés de population, constituent certainement, sur les acquis de 10.000 ans de recherche, une des grandes solutions d’avenir.
Contact : Raoul JACQUIN-PORRETAZ
04-67-97-50-18
e-mail : raoul@kokopelli.asso.fr
* GNIS : Groupement National Interprofessionnel des Semences et Plants
* FNPSP : Fédération Nationale des Industriels de la Semence
19:55 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)
Non à Céréales Vallée !
¤ réparti sur les trois prochaines années. Ce projet "Semences de demain" a pour but de développer de nouvelles variétés de céréales.
en tiendrons compte aux prochaines échéances électorales.
Clermont-Ferrand
19:52 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)
Kouchner girouette
19:45 | Lien permanent | Commentaires (1)
le paradis ultralibéral
19:42 Publié dans QUAND LA BÊTISE A LE POUVOIR | Lien permanent | Commentaires (0)
Ciné Karavan, appel à courts métrages
3 jeunes femmes viennent de fonder leur association : ciné karavan.
Ca a commencé par l'ouverture en septembre dernier d'un petit cinéma de plein air dans un quartier au sud de mexico, qui propose deux projections par mois.
Leur second projet est de créer un cinéma ambulant à travers la bolivie et le chili, entre octobre et novembre 2007. Ceci pour amener le cinéma à des gens qui n'y ont d'ordinaire pas accès, à travers des projections (gratuites) dans les rues, les places, les parcs, les églises ou tout autre espaces publics. Elles reviendront ensuite en france sur le même principe de cinéma ambulant pour proposer au public français des films mexicains, boliviens et chiliens glanés là bas, ainsi que le documentaire et les photos qu'elles réaliserons au cours de leur périple, l'été suivant (juillet-aout 2008)
L'ambition n'est rien moins que de "rompre les barrières, traverser les frontières, offrir d'autres regards sur le monde".
C'est dans cette optique qu'elles recherchent des courts métrages de réalisateurs français, muets ou sous titrés en espagnol, tous publics (c'est à dire ni sexe ni violence!)
Amis réalisateurs, si vous êtes intéressé, contactez Rebecca Reumaux ninar@netcourrier.com
leur site http://www.cinekaravan.multiply.com
15:35 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (1)
07/01/2007
SOS POSTE
Cette directive européenne, si elle devait être adoptée, aura des conséquences néfastes pour les citoyens que nous sommes : pertes d’emplois importantes, augmentation des prix, exclusion du service aux plus faibles d’entre nous qui ne seront jamais des clients « rentables » pour les entreprises privées.
Pour que le Parlement européen s'oppose à ce projet de directive, soyons nombreux à faire entendre notre voix pour que l'on ne touche pas à notre facteur et aux services qu’il rend à la population !
17:59 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (2)
06/01/2007
Le grand jamais, DVD
Le label VOUIR et la collection Ceux qui pensent tout seuls vous annonce la sortie du DVD Le grand jamais réalisé à partir d'une sélection de textes de feu la poétesse Joyce Mansour. ...
Textes dits et choisis par Frédérique Bruyas / mise en son et en images : wall°ich ...
En savoir plus sur : http://artitoo.free.fr/cqpts & http://artitoo.free.fr/vouir
15:37 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
05/01/2007
notre vœu le plus sincère
Et si nos vies changeaient vraiment de chemin tout en changeant d'année ?
La Roumanie et la Bulgarie viennent de rallier l'Europe. Et après tout, si la vieille europe est un foutoir, on peut s'y sentir foutrement bien, et plus on est de fous plus ça rigole, plus ça gueule dans toutes les langues, plus ça prie dans toutes les religions, plus ça compte avec d'anciennes monnaies déjà mortes et fantômes, plus ça réinvente d'autres langues métissées & mal foutues pour continuer d'inventer une littérature que personne n'avait prévu, et plus ça fout le bordel dans les frontières et les flux migratoires. Tant mieux. Mais l'important, je le dis comme je pense, c'est bien la place qu'on va laisser aux Roms. Petit peuple mal vu. Les Roms sont une nation sans pays. Un peuple sans terre et qui n'en veut surtout pas. Alors les Roms ont quelque chose d'important à nous apprendre. Quelque chose d'inouï, d'inoubliable. Il faut les écouter chanter quand ils enterrent les morts des pogroms. Ils ne crient pas vengeance, ils continuent la vie, c'est à dire inventer le voyage, la traversée. Tant mieux pour nous. Moi l'europe j'en veux encore, encore plus si l'europe est le seul coin du monde où l'on invente un lieu de passage aux fils du vent, et si ensuite on est capables d'y libérer du même coup les enfants. Les enfants sont des prisonniers politiques. Ne l'oublions pas. Prisonniers d'une réalité pathogène, d'un monde adulte et vieillissant. Alors oui laissons leur le passage. C'est notre vœu le plus sincère.
Tieri Briet' éditeur de livres gitans pour les enfants de Schengen.
Lieu du larcin : dans son dernier mail
Editions Où sont les enfants ?
Derrière la rue - 46240 Vaillac
Courriel : osle@wanadoo.fr
Site : http://ousontlesenfants.hautetfort.com/
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Les enfants regardent le monde.
Donnons-leur des livres qui ne baissent pas les yeux.
14:45 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
01/01/2007
Alors 2007 ?
18:33 | Lien permanent | Commentaires (2)