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02/03/2017

La revue du mois par Jacmo (Décharge), parle d'Yves Artufel

 

Chiendents n° 116 : Yves Artufel

publié le 2 mars 2017 , par Jacmo dans Accueil> Revue du mois

 

C’est Georges Cathalo qui a coordonné cette livraison consacrée à notre ami Yves Artufel. Comme souvent dans ce genre de cas précis et spécifique, il est difficile de distinguer l’éditeur du poète.

En effet, Yves Artufel, ça « parle » en poésie comme l’éditeur de Gros textes (200 auteurs, 400 livres). (Son aventure de revuiste est demeurée plus erratique, avec Gros textes, plusieurs séries, et Liqueur 44, et s’est achevée pour l’heure en 2011).

Il y a donc aussi, à part égale, le poète, qui s’est édité lui-même pour 4 recueils (alors que c’est Polder qui publiait son premier recueil en 1999, n° 101). Et quelque part, tout est dit, Yves Artufel qui se met au service des autres (et comment !) pousse la modestie et la discrétion à ne pas solliciter lui-même d’autres éditeurs et préfère ne déranger personne pour se publier tout seul.

Les divers auteurs sollicités hésitent souvent entre l’hommage à l’un ou à l’autre de ce Janus moderne. Une façon d’éviter le hiatus, c’est de célébrer l’homme, le bonhomme qui n’est pas coupé en deux. Roland Nadaus fait la synthèse : Cher Poèteéditeurami… Jean-Pierre Lesieur titre son article : « Yves Artufel, homme à tout faire de la poésie » et conclut plus laudateur : …homme à tout faire et seigneur de la poésie de notre temps. Christian Bulting écrit une critique élaborée de son dernier recueil Il faut repeindre le moteur et souligne son côté « sauvagement libre ». Jean-Claude Touzeil donne trois qualités cardinales et voisines du personnage : « douceur, discrétion et humilité ». Ce que reprend à son compte Georges Cathalo : « Humilité, patience et modestie ». Thomas Vinau offre un poème : ...Il est le cœur battant / saignant / puant / vivant / de la poésie. Ses plus proches insistent sur l’aspect humain, comme Dominique Oury qui écrit : Yves c’est mon ami, ou bien Alain Sagault en écho : Yves, mon ami. Il conclut sa page : … la création la plus authentique consiste à voguer, modestement mais sans concession, à la découverte de l’essentiel tel qu’il peut s’incarner à travers chacun de nous. Jean-Claude Touzeil et François-Xavier Farine insistent sur l’inlassable militant de la poésie ou le militant des autres poètes.

Georges Cathalo a intercalé entre les hommages des auteurs Gros textes des pages tirées des recueils d’Yves Artufel. Christian Bulting et Jean-Claude Touzeil donnent quelques clés de cette poésie qu’on peut qualifier de mineure dans le sens où, comme on l’a compris, il ne s’agit pas d’une poésie sonore, tonitruante et tapageuse, qui prendrait tout le devant de la scène, mais toute la personnalité d’Yves Artufel s’y trouve. Sa fibre libertaire sait domestiquer la vanité qui entrave plus d’un poète. On peut parler de dérision, d’humour fin. Le poète à présent monte sur son cheval à bascule. Il espère qu’il va faire chavirer le monde. On peut parler de désillusion, de désenchantement, mais jamais d’amertume. Les déceptions qui nous sont communes dans le quotidien demeurent souvent l’objet de ses réflexions et de ses écrits. Et il sait en sourire, parfois âprement et nous en faire sourire de même, avec distance. Enfin, autre manière de ne pas se prendre au sérieux, c’est la longueur de plus en plus resserrée de ses poèmes. Et une véritable prédilection pour l’aphorisme, art compliqué de la densité qui doit faire mouche, sans concession, ni au style ni à l’impact sémantique. Conseil valable : fais ce que tu peux. Aux dernières nouvelles, il semblerait que Dieu en soit là. Par ailleurs, Yves sait trouver des métaphores inattendues qu’il file de même façon : Je vais penser à me refaire l’intérieur. Ca fait longtemps que je n’ai pas changé la tapisserie du cerveau, la moquette de l’âme, ni repeint le cœur. Cette façon de comparer deux domaines, de mélanger deux univers peut aboutir au court-circuit créatif et hallucinant : Mon ombre sur le mur se mit à saigner. En outre, Yves Artufel est commerçant-libraire, colporteur, comédien, lecteur…

Artisan-militant, et poète avant tout, poète à la base, poète primordial. Je vais jusqu’à l’horizon pousser ma brouette de décombres. Après on avisera.


Chiendent Yves Artufel : 6 €. 20, rue du Coudray – 44000 Nantes.

Editions Gros Textes, chez Yves Artufel, Fontfourane, 05380 - Châteauroux-les Alpes.
Rappelons que la collection Polder est une collection Gros Textes (en coédition avec la revue Décharge).

 

 

 

07/02/2017

Rencontre avec Jacques Auberger et Alexandre Gain, chercheurs au Centre National de Recherche du Vortex, pour une analyse détaillée de leurs expériences du Vortex

 

 

27/12/2016

Trop intelligent pour être heureux, Jeanne Siaud-Facchin

 Comment définir cette population, au delà de ce que les médias montrent, de l’impression trompeuse d’un simple effet de mode et des débats de terminologie, et pourquoi s’en préoccuper? Le mythe d’un surdoué « hyper-performant » et « sur-avantagé » domine dans les esprits (y compris chez certains thérapeutes), avec en fond les confusions régnant autour de la notion d’intelligence, alors même que les psychologues reçoivent de plus en plus de patients, enfants et adultes en souffrance, présentant ce profil singulier, vulnérables psychiquement, car leur mode de fonctionnement est atypique. L’intellect et l’émotionnel se mêlant en eux de manière permanente, leur personnalité se construit singulièrement avec ces ressources-là, puissantes mais avec des bases inhabituelles, qui doivent être reconnues, intégrées et exploitées pour devenir une force et non source de trouble. La terminologie utilisée est souvent discutable en raison des confusions que les différents termes impliquent, le terme « zèbre » que [je] leur préfère et ai choisi a l’avantage de les affranchir de ces a priori : le zèbre, difficilement apprivoisable, se fond dans le décor tout en s’y distinguant par des caractères (leurs rayures) propres à chaque individu… ça colle.

Les recherches en neurosciences menées sur cette population tendent à démontrer des particularités neurobiologiques, et viennent en appui des observations des thérapeutes sur la singularité de cette pensée. Mais elles ne disent pas comment vivre avec les difficultés qu’elle pose au niveau du « ressentir », du « dire », du « faire ». Et c’est pourtant tout l’enjeu, dont la reconnaissance constitue le point de départ, y compris chez l’adulte, car ce mode de fonctionnement ne disparaît pas avec les années et, bien souvent, le surdoué vit avec un image erronée de qui il est, presque étranger parmi les autres, en recherche, en souffrance.

Si l’on reprend les éléments du développement d’une personne surdouée, on note que dès la naissance, il existe des singularités (langage, motricité, comportement). Les premières réactions de l’entourage poseront les premières bases de l’estime de soi. Durant l’enfance viennent s’ajouter les problématiques d’adaptation de ces particularités avec la scolarité, c’est alors que naissent les premières désillusions, l’ennui, les difficultés de socialisation qui vont entamer cette estime et une certaine confiance en l’autre. C’est là aussi que les relations avec les adultes et notamment les parents vont se complexifier. A l’adolescence, les problématiques identitaires, les choix de vie nécessaires et une lucidité affinée viendront encore renforcer angoisses, sentiments de vacuité et écorner un peu plus l’image de soi. Des pathologies spécifiques pourront alors apparaître, nécessitant des prises en charges psychologiques adaptées à ce fonctionnement singulier. Arrivée enfin à l’âge adulte, la personne surdouée demeure avec ce sentiment de différence, l’impression de ne pas vraiment être un « adulte » tel qu’elle l’imaginait.

Se découvrir surdoué implique un dépassement de l’image de soi, souvent négative, et une prise en compte de toutes les composantes de la personnalité des surdoués, au delà de la sur-efficience. A l’âge adulte cela débute souvent par l’intermédiaire de diagnostics posés dans l’entourage ou à travers des rencontres, des lectures, qui font office de miroirs. Sauter le pas vers le bilan psychologique est difficile et courageux, et ce sera le seul moyen pour valider ses hypothèses. Le diagnostic se fait à partir d’une évaluation intellectuelle (en général, il s’envisage à partir d’un score de QI de 130) associée à une exploration de la personnalité par un psychologue expérimenté. La démarche diagnostique est toujours une démarche globale, d’autres éléments (hors QI) devront impérativement être considérés, et seul le psychologue peut effectuer ce travail. Quel que soit le résultat, le bilan permet à la personne de mieux se comprendre. Plusieurs étapes se distinguent dans le cheminement post-bilan : soulagement, puis doutes (tests, compétence du psychologue… tout est bon lorsque l’on se trouve avec cette difficulté de se reconstruire une image différente de soi), puis colère (sentiment de gâchis, peur de ne pas se montrer à la hauteur, maintenant que l’on sait). Le diagnostic est un choc qui fait parfois perdre le nord, et après lequel l’objectif « faire » (en faire quelque chose) masque celui bien plus essentiel d’ « être », d’être enfin soi. Se faire accompagner pourra alors être d’une aide précieuse. On pourra choisir de le dire à certaines personnes de son entourage pour être enfin compris ou pas, ce qui importe surtout c’est ce que le diagnostic va changer dans le regard que l’on porte sur soi, car c’est ce regard-là qui modifiera celui des autres. On pourra choisir encore de rencontrer d’autres personnes concernées par la douance et parfois cela fera avancer très vite si l’on sait en contourner les écueils (ghettoïsation notamment).

Si chaque personnalité est unique, on relève plusieurs facettes communes. On peut tout d’abord noter qu’une certaine typologie se dessine chez les surdoués : ceux qui acceptent le cadre (qu’ils s’étouffent dans une vie banale, au risque de développer des dépressions ou qu’ils utilisent toute leur énergie à réussir engoncés dans ce cadre, à ne montrer aucune faiblesse au risque de développer une angoisse chronique), ceux qui s’affrontent au cadre (créatifs, mais frustrés, en colère, souvent découragés), ceux qui évoluent sans cadre (vivant leur vie mais errants dans le flou, désabusés). Bien entendu, ces groupes ne sont pas figés et l’on peut passer de l’un à l’autre au cours de la vie. Quel que soit son fonctionnement, accéder au sentiment de réussite est vital mais souvent utopique pour un surdoué, or l’idée traditionnelle de ce qu’est la « réussite » ne convient généralement pas à l’image qu’il s’en fait lui. Le bonheur semble un idéal lointain pour cet adulte dont l’âme d’enfant demeure vivace, accolée au sentiment contradictoire d’être « sans âge » (hypermaturité), et de n’être pas indépendant d’un contexte global (dans l’espace et dans le temps). Il est perpétuellement tiraillé entre ce qu’il pense et ce qu’il peut mettre en application, en décalage aussi, et souvent en difficulté lorsqu’il s’agit de vivre le moment présent.

Être un adulte surdoué n’est pas simple, et cela tient autant à la manière dont la personnalité s’est construite qu’au fonctionnement spécifique qui perdure, avec des facettes qui peuvent se retrouver chez d’autres types de personnalités, mais dont l’intensité n’a pas d’égales : lucidité acérée, sentiment de peur omniprésent, sentiment de culpabilité, sensation d’incomplétude, ennui permanent, envie, empathie, hypersensibilité et hyperconscience, sentiment de solitude, amitiés ambivalentes entre engagement indéfectible et repli lié à la peur de la déception, incompréhension réciproque entre soi et le monde, idéalisme, hypercontrôle, absences… chacune de ces caractéristiques colore la personnalité d’une teinte unique. Chacune de ses caractéristiques recèle en elle de nouvelles sources de douleur psychique potentielle.

Pour le cas de la femme surdouée, d’autres éléments encore sont à prendre en compte. Elle adoptera plus fréquemment une stratégie d’hyperadaptation qui pourra finir par devenir très lourde à porter (douleurs cristallisée plutôt qu’extériorisées), d’autant qu’elle trouvera rarement une aide extérieure (elles intimident). Si elle est mère, il lui faudra également gérer les relations avec son enfant (souvent surdoué également) et avec le monde scolaire, ce qui la replacera face à ses propres démons, notamment face à cette peur de ne pas être à la hauteur. Quant à construire un couple… il lui faudra pouvoir réussir à être elle-même sans faire peur ou être vécue comme « castratrice »…

Si l’on considère ce couple, on notera que, fréquemment, les deux personnes qui le composent sont surdouées, leurs failles et leurs forces répondant positivement à celles de l’autre. Le diagnostic lorsqu’il n’est pas posé avant la formation du couple va apporter un élément nouveau, le couple sera nécessairement repensé et réajusté à la lumière de cette nouvelle information. Parfois une thérapie sera nécessaire. Un couple de surdoués n’est pas nécessairement un couple heureux, de nombreux paramètres entrent en ligne de compte…

Pour finir, il paraît important de parler des surdoués qui vont bien, car ils existent, même si les psychologues les connaissent moins (ils ne consultent pas). On peut cependant appréhender, à travers les enfants et adolescents qui grandissent sereinement, les composantes probables de l’accès à l’épanouissement pour un surdoué avec principalement une estime de soi solide, et un développement mesuré entre adaptation et affirmation de soi. A l’âge adulte, la résilience, la plasticité cérébrale, la capacité à saisir les petits bonheurs de la vie et à utiliser ses ressources particulières (intelligence, hypersensibilité, créativité, capacité à rebondir, empathie, énergie notamment) seront les clés du mieux-être, rien n’est donc perdu. Un surdoué devra simplement garder en tête les mécanismes qui peuvent laisser place à des pathologies et peuvent faire sombrer. Les thérapeutes, eux, devront retenir que si la douance n’est pas une pathologie, elle peut induire une souffrance qui se manifestera d’une manière toute particulière. Connaître et reconnaître ce fonctionnement sera indispensable à un diagnostic correct et une prise en charge adaptée.

« Rien n’est jamais joué tant que l’on est en vie »!

 

 

 

19/12/2016

La face cachée du sexe féminin par Maïa Mazaurette

 

Cachez ce sexe qu’on ne saurait voir – depuis la feuille de vigne, nous avons bien compris le message. Quand on cache le sexe, on cache la sexualité… Mais si un sexe est « naturellement » caché, la sexualité devrait-elle l’être aussi ? Peut-on être censurée de naissance ?

 

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l'origine du monde  Gustave Courbet  musée d'Orsay

 

Vous connaissez la chanson : le sexe féminin serait contrariant parce que invisible, au contraire de celui des hommes, qui ont un pénis bien en évidence, aux excitations spectaculaires, contenues entre l’érection et l’éjaculation.


Les femmes seraient non seulement affublées d’un orifice, mais elles en seraient un tout entier. Leur désir serait impalpable. On ne sait ni quand une femme mouille, ni quand elle ovule, ni quand elle jouit, et ça commence à faire beaucoup. D’où, d’ailleurs, notre condamnation de la simulation – si on pouvait passer les femmes au détecteur de mensonge, on le ferait (on n’aimerait pas les résultats).


Tout cela est charmant (pas vraiment) et peut sembler pratique (pas non plus). Pourrait-on maintenant faire une pause dans la malhonnêteté intellectuelle ? Déjà, le pénis des hommes n’est pas si évident que ça – même les chanceux affublés ici-bas d’une andouillette king-size 5A ont une fâcheuse tendance à porter des vêtements (ah, les prudes).


Un set génital impressionnant


Même dans l’intimité, la majorité se couvrira de pyjamas ou de boxers – un coup de froid est vite arrivé. Dans l’espace public, le pénis n’est pas plus visible qu’un vagin, et si certains hommes le voient partout, tout le temps, ça s’appelle de l’obsession (personnellement, je parviens à regarder même Rocco Siffredi dans les yeux).


Ensuite, réduire le sexe féminin à un orifice, expliquer que les femmes se construisent dans l’absence, c’est 1) amusant, 2) condescendant, mais il faudrait peut-être leur demander leur avis. Les petites filles ayant reçu une éducation féministe n’ont pas grandi dans l’amputation.


Non seulement nous avons un sexe visible, merci bien, ça s’appelle une vulve, mais quid de cette histoire de trou ? Je suis désolée d’enfoncer des portes ouvertes, mais quelle est cette absence qu’on peut toucher, qui se contracte, qui pulse, qui a des demandes, et ce, dès les premières années ? Dans quel monde vivent les personnes qui parlent d’orifice – s’imagine-t-on que les filles mettent leurs mains dans leur culotte pour n’y trouver qu’un vide, une matière noire ? Que, même sans curiosité graphique, elles ne connaîtraient jamais ni leur goût ni leur odeur ? Qu’elles seraient prises de cécité systématique devant leurs sécrétions ?


On nous renvoie au trou comme si les parois vaginales restaient écartées, propices aux courants d’air. Comme si nos pauvres cerveaux femelles n’allaient jamais vraiment intégrer qu’une fente remonte à l’utérus – un set génital impressionnant, complet, plaisant et reproduisant. C’est exactement comme si on disait que les hommes sont un trou parce qu’ils ont un urètre. Exactement comme si on leur assénait que leur sexe était invisible, parce qu’ils ne peuvent pas voir l’intérieur de leurs testicules. Misère.


Hypocrisies


Cette conception toute politique du corps humain implique une curiosité sans borne pour le désir féminin, toujours à décrypter, contrairement au désir masculin qui serait aussi solide et constant qu’une batte de base-ball (ne vous flattez pas). Comme s’il fallait choisir entre subtilité et bourrinage. Comme si l’excitation sexuelle féminine restait nébuleuse, désincarnée (car comment incarner un trou ?), avec des pâquerettes pour la déco.


En bonnes chérubines dénuées de sexe, éternelles enfants, nous pourrions ignorer le sang qui s’accumule dans les zones érogènes, nous zapperions la lubrification, nous passerions à côté des contractions musculaires. Bienheureuses les femmes, purs esprits flottant au-dessus des réalités matérielles, jamais distraites, dérangées par rien, plus productives au boulot !


Alors d’accord : le désir féminin est plus compliqué à remarquer que le masculin. Tout serait affaire de contraste. Le premier problème, c’est que cette conception binaire invisibilise et disqualifie la moitié de la libido humaine. Le deuxième problème est qu’on ne puisse, en 2016, envisager le corps féminin qu’en relation avec le corps masculin, ou du moins à travers un regard masculin forcément neutre (un intéressant retournement du concept de norme, puisqu’il faudrait moins de la moitié de la population pour créer cette norme).


Outre la pauvreté de cette conception du sexe façon saint Thomas (« Si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point »), on se lasse de telles hypocrisies. Demander à voir, c’est dénier à l’autre une part d’intimité. C’est vouloir tout comprendre pour mieux contrôler. C’est affirmer son désir contre celui de l’autre.


On castre les femmes


De toute façon, s’il fallait voir le désir féminin, pourquoi s’acharner à le couvrir ? Pourquoi ce double standard qui veut qu’un homme puisse montrer ses seins, mais pas une femme, alors même que cette tolérance permettrait de rendre visibles au moins certaines manifestations d’envie ? Pourquoi nous priver de parole sexuelle, de mots cochons, de la liberté de faire des avances (« Dans la bouche d’une femme c’est vulgaire ») ?


Pourquoi célébrer le mystère féminin, alors qu’on se plaint de cette opacité ? Pourquoi cette constante censure – les seins allaitants, les corps trop déshabillés sur les panneaux d’affichage, les corps trop politiques sur la plage ?


Plutôt que de s’interroger sur un désir intrinsèquement invisible, il faudrait se demander pourquoi nous refusons de voir. Pourquoi nous détournons, non pas notre regard, mais des corps en entier. On peut avancer des raisons morales ou religieuses, du double standard, une pudeur sélective. Mais aussi de la méchanceté : on castre les femmes. On les réduit à des orifices, on les réduit au vide. On tente de les anéantir. Ce n’est pas très sympa.


Même si le désir féminin était réellement invisible, on pourrait toujours le rendre dicible. Il suffirait de nous poser la question. Il suffirait de nous demander si nous avons envie. Une fois encore, si l’ordre social s’en abstient, c’est dans l’intérêt des hommes : ne pas savoir, c’est pouvoir outrepasser.


Si les femmes ne peuvent pas exprimer leur désir, il est quasiment justifiable de se raconter soit qu’elles sont toujours consentantes (c’est dans leur nature animale) soit qu’on s’est mal compris (ah, le viol par erreur de communication ! Presque aussi crédible que le crime par passion ou la violence domestique par amour).


Le sexe féminin n’est pas invisible : nous refusons de le voir. Il n’est pas impensable, seulement ignoré, par paresse intellectuelle et par pur égoïsme. Et pourtant. Le désir des femmes est là, présent, complexe, tissé de chair, de neurones et de terminaisons nerveuses. Il est mesurable. Malgré notre culture du déni, il parvient à exister, il commence même à s’exprimer : le sexe parle, tendons l’oreille – ça nous changera.

 

 

Source   le Monde

 

Merci à Voix Dissonantes qui a relayé cet article : http://jlmi.hautetfort.com/

 

 

 

 

 

11/12/2016

Guillaume Meurice, "Que demande le peuple ?" - Allez le voir, c'est excellent !

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07/12/2016

Elle est vivante

 

 

01/12/2016

Nicole Ferroni - Nous sommes un sac de vieux vieux vieux atomes

 

*

 

 

 

 

18/11/2016

L'émission Oxymore rend hommage à Hamid Nacer Khodja

Abdelmadjid Kaouah, dans son émission de radio, Oxymore, du 29 septembre 2016, rend un hommage à Hamid Nacer Khodja, poète, écrivain, critique, chercheur, essayiste algérien, spécialiste de Jean Sénac, mort le 16 septembre dernier. On peut y entendre entre autre un poème hommage d'Hamid Tibouchi, lu par la comédienne Danielle Catala.

à écouter ici : http://www.canalsud.net/?HOMMAGE-A-HAMID-NACER-KHODJA-1953

 

 

09/11/2016

C'est lequel qui gagne ?

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25/10/2016

L'extraordinaire au quotidien par Sarah Roubato

Qu’est-ce que « L’extraordinaire au quotidien? »

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Au coin de la rue, il y a des gens qui cultivent l’extraordinaire au quotidien. Hors système, hors norme, ils mènent leur révolution. La nôtre aussi. Celle de demain. Ils ont accepté de me donner quelques heures, quelques jours de leur vie, dans un lieu qui leur parle. Pour ces gens démesurés, il fallait autre chose que des questions réponses et un récit biographie. Un portrait avec des ruptures, des diagonales, et des changements de perspective. 


Encore des portraits ? 

Et si le principal mal de la France était la représentation que les Français ont de leur société ? Quand on bourlingue hors des grands axes et hors des grands médias, on rencontre des gens extraordinaires et on se demande pourquoi personne n’en parle. Il était temps de poser un autre regard sur une France que l’on dit trop vite condamnée et pessimiste, en donnant la parole à des gens qui ont décidé de pratiquer autrement leur métier, ou tout simplement leur vie, là où ils sont et à leur échelle.

Un paysan qui travaille sans tracteur, uniquement par traction animale, un ancien champion du monde de boxe qui allie boxe et soutien scolaire pour les enfants de banlieue, une sculpteure qui part trois mois sur un paquebot pour sculpter des marins, des détenus en prison, des enfants en instituts psychiatriques, des religieuses dans un couvent. Un auteur compositeur interprète qui chante dans des lavomatics, dans des stations service, et qui écrit des chansons sur mesure pour les gens. Un boulanger qui fut chimiste et marin, et ne travaille qu’avec des blés anciens. Un homme qui travaille au Samu Social et fabrique des automates valant des milliers d’euros, refuse de travailler avec JP Gauthier, efface les œuvres qu’il peint sur les murs de son appartement chauffé au pétrole en plein Paris.

Ces inspirateurs impriment un geste à leur vie qui  résonne en chacun de nous. Avec eux, on parle de transmission, de la féminité, d’éducation, du regard qu’on pose sur soi, de résistance. Finalement, peu importe qu’on s’intéresse ou non à la boxe, à la sculpture ou aux chevaux. Ces personnes, essaimées dans toute la France, de toutes générations, exerçant dans des milieux très différents, nous montrent qu’il est toujours possible de faire un pas de côté pour s’inventer une autre manière de vivre.

Comment ça se passe ? 

De bouche à oreille, des errances de la route à celles d’internet, j’atterris un beau matin chez quelqu’un que je ne connais pas. J’y reste quelque jours, le temps d’installer une confiance, un véritable échange, pour tirer autre chose que des récits de vie ou des informations. Je vis à son rythme. Je la laisse me parler de ce qu’elle veut, où elle veut. Pas d’interviews, seulement des conversations informelles où, finalement, c’est l’essentiel qui ressort.

Ça donne quoi ? 

Des portraits d’une vingtaine de minutes croisant la voix de la personne interrogée pendant ses activités, ma narration, et son choix de musiques. C’est le récit d’une rencontre, d’un véritable échange. Je déplie ce que ses paroles m’inspirent.

Comment les écouter ? 

Ces portraits sont réalisés et produits de façon totalement indépendante, sans aucune source de financement. Les dépenses incluent le matériel audio (1000 euros), les déplacements, et le temps de montage (3 semaines à temps plein par épisode). Dans un contexte où les médias se réinventent, les créateurs ne peuvent que faire appel aux auditeurs.

C’est pourquoi ces portraits sont en vente. Oui je sais, il n’est pas commun de payer pour écouter un podcast. Mais nous payons bien pour acheter une musique ou un film, pour ouvrir notre fichier à l’imprimerie, pour nous sécher les cheveux chez le coiffeur ou pour un sac plastique à l’épicerie. Le monde change. Ce qu’on ne payait pas hier, nous le payons aujourd’hui. D’autres choses qu’on payait hier sont accès gratuit aujourd’hui. À vous de décider ce que vous voulez payer pour ces créations sonores, car la bonne nouvelle, c’est que c’est vous qui fixez le prix, en sélectionnant un montant dans le bouton Paypal. Pour chaque portrait, un extrait est en écoute libre.

Les soirées d’écoute collective

Aujourd’hui, on se réunit pour regarder un film ou aller voir un concert. L’expérience de l’écoute, du podcast ou de la musique, reste individuelle. Il est loin le temps où on se réunissait chez le voisin autour du poste de radio.

Pourtant beaucoup d’entre nous souhaitent retrouver du collectif et du partage, s’éloigner du matraquage de l’image et de l’information. Alors pourquoi ne pas se réunir, dans votre salon, dans une cave, dans un café, pour écouter collectivement ces portraits et en parler ? Si vous souhaitez organiser une soirée, rendez-vous sur la page contact.

 

Sarah Roubato

 

voir aussi :  http://delitdepoesie.hautetfort.com/archive/2016/02/08/le...

 

 

 

05/10/2016

Hommage à Miguel Hernàndez dans l'émission de Christian Saint-Paul

"Trouver pour 3 € un livre de sélection des poèmes de Miguel Hernàndez dans la gare routière de Grenade m'avait réjoui. 

J'avais alors décidé de lire des poèmes de Miguel Hernàndez dans une prochaine émission.
 
 J'ai tenu à reprendre la publication des éditions hegipe qu'animait alors notre ami le jeune poète espagnol Pedro Heras
 
Je revois sa venue dans les studios de Radio Occitania, notre amitié immédiate, notre promenade sur les rives de l'étang de Bouzigues avec Claude Bretin, Michel Eckhard-Elial ; Pedro Heras était serein, splendide d'intelligence. Nous avons connu ce jour là, un arrêt sur la marche inexorable du temps et son lot de misère qui allait l'emporter très vite.
 
Ensuite, Claude et moi étions présents lors de la  Cérémonie hommage au poète Pedro HERAS le 18 février 2008 à Cazevielle Pic Saint-Loup.
Vous pouvez toujours consulter sur notre site un souvenir de ce jour en cliquant sur :  http://les-poetes.fr/pedro/Untitled-2.htm
 
Des douleurs, depuis 1981 où nous parlons des poètes, depuis 1983 à Radio Occitanie, nous en avons connues, fatalement.
 
 Gil Pressnitzer, avant lui Charles Dobzynski, pour les plus récents. Mais ceux qui sont foudroyés dans leur jeunesse, comme Pedro  Heras, comme Matiah Eckhard  auteur du prodigieux livre posthume "Lointains chants sacrés d'où je suis né", laissent une plaie inguérissable. Alors il est de de notre devoir de les faire vivre en puisant dans leurs écrits comme des traces indélébiles.
 
Miguel Hernàndez a été fauché par la tuberculose dans une sordide prison du régime franquiste en 1942. Pablo Neruda était parvenu à lui éviter le peloton d'exécution. Mais les terribles conditions de détention ont fait ce travail de mort, plus lentement, plus douloureusement. Il est mort, Miguel Hernàndez, comme Cadou, à l'âge de 31 ans. Et pourtant quelle oeuvre ! "
 
Christian Saint-Paul
 
 
Vous pouvez écouter l'émission qui lui a été consacrée en cliquant sur :

http://les-poetes.fr/son/2016/160929.wma

 

 

 
 
 
 

24/09/2016

Pie Tshibanda - Un Fou noir au pays des blancs (extrait)

 

 

19/09/2016

Parent pervers narcissique et conséquences sur l'enfant

 

 

 

 

 

 

 

 

14/09/2016

La guerre et l'exil

 

Camp de Frakaport, près de Thessalonique
 

...

Nous sommes ici
depuis trois mois. –
Avant nous étions à Idomeni,
sous des tentes en plein vent. –
Les tentes ici sont installées
dans un ancien entrepôt. –
Nous regrettons Idomeni. –
Ici nous sommes totalement isolés,
sans contact avec le monde extérieur. –
Les Grecs sont aussi pauvres que nous. –
Il n’y a pas de travail, rien à faire. –
En face il y a une usine d’épuration d’eau
et l’air est irrespirable. –
Quand ils nous ont évacués d’Idomeni,
ils nous ont dit qu’on serait mieux dans ce camp. –
Pourquoi nous ont-ils menti ? –
Nous vivons au milieu des déchets. –
Les enfants ont la fièvre. –
Certaines personnes souffrent du paludisme. –
Nous sommes 550 réfugiés entassés sous ces tentes
où nous crevons de chaud jour et nuit. –
Qui pouvons-nous alerter ? –
Nous voudrions partir d’ici. –
Rejoindre des proches en Allemagne. –
Nous errons sur la route à l’entrée du camp. –
Sans jamais croiser personne. –
Nous sommes en Europe
et nous vivons comme des bêtes. –
Quand les camions-citernes arrivent,
tout le monde court
pour aller à la douche ou aux toilettes. –
Il n’y a de l’eau que quelques heures par jour. –
Pourquoi nous ont-ils menti ? –
Pourquoi nous ont-ils évacués
pour nous emmener dans ce camp loin de tout ? –
Nous regrettons Idomeni
et ses tentes en plein vent. –
Là-bas il y avait quelques commerces. –
Nos enfants ne vont pas à l’école,
nos enfants ont la fièvre. –
Nous vivons dans un ghetto. –
Nous avons rêvé de l’Europe,
et maintenant nous y sommes. –
L’hiver approche
et nous devrons rester ici,
dans la puanteur et la saleté. –


Mise en ligne le 4 septembre 2016

 

pour en lire et en savoir plus, allez sur le site de Laurent Margantin, Oeuvres ouvertes :

http://oeuvresouvertes.net/spip.php?rubrique182...

 

 

10/09/2016

Pascal Ulrich (1964-2009)

 

pascal ulrich les yeux rouges 2004.jpg

 

Pascal Ulrich est né le 23 février 1964 à Strasbourg dans le quartier Finkwiller. Sa sœur décède à l’âge de un an. Enfant, c’est un bon élève et c’est sa grand-mère qui l’élève jusqu’à son décès. Pascal a alors 9 ans. Vers 14 ans, il commence à rompre avec ses parents et quitte l’école. Deux ans plus tard, il fait une fugue avec une riche hollandaise de 21 ans. Ensemble, ils font le tour de l’Europe et avec elle, Pascal découvre sauvagement ses premiers ébats amoureux, la drogue, l’alcool, la poésie et écrit ses premiers poèmes. A 17 ans, il fait un coma éthylique et est interné durant 3 semaines. Il entre ensuite dans le monde du travail mais ne le supporte pas. A 23 ans, en 1987, il crée une petite revue de poésie « Dada 64 » et publie plusieurs recueils. A 25 ans, il fait une tentative de suicide et reste 6 mois en hôpital psychiatrique. A sa sortie, il obtient une pension d’invalidité et ne travaillera plus. 
 
Pascal se consacre alors exclusivement à l’écriture, au dessin, à la lecture et à la musique qu’il écoute jour et nuit. Ses œuvres sont régulièrement publiées dans de nombreuses revues de poésie. Certaines lui demandent même d’écrire des chroniques et des critiques. Sur France culture, dans plusieurs émissions, on peut entendre ses poèmes. Il participe à plusieurs expositions à Schiltigheim mais aussi au Mexique, au Brésil ou à Cuba même s’il n’est pas présent. Pascal entretient également une importante correspondance avec des écrivains et éditeurs en France, en Belgique mais également en Inde. A partir des années 1990, il commence à décorer ses enveloppes avec des feutres de couleur. Ainsi, l’Art postal deviendra chez Pascal une de ses principales occupations. 
 
       En janvier 1996, il devient micro éditeur en créant « Absurde crépuscule » et publie des recueils de poésie ainsi qu’une revue du même nom. En 1997, il fait une pancréatite aigue et après son hospitalisation, ne boira plus une goutte d’alcool pendant des années. Au cours de l’été 1998, il monte un atelier avec un sculpteur, dans le port de Khel, en Allemagne, avec de nombreux autres artistes, inspirés par Andy Warhol et la Factory de New York. Pascal prend alors le pseudonyme de « Bakou » et découvre la peinture acrylique. Durant les années 2000, Pascal dessine et peint énormément et son style va évoluer d’une manière spectaculaire. Il voyage à Marseille, Toulouse, Paris, Lyon ainsi qu’en Belgique. En 2004, il recommence à boire. Les années suivantes, il va enchaîner dépression, séjours en hôpital psychiatrique, délirium tremens, cure de sevrage alcoolique et nouvelle pancréatite. En janvier 2008, il publie « Epitaphes » un recueil de 105 aphorismes.
 
       Le 1er mars 2009, Pascal saute depuis la fenêtre de son appartement qui se trouve au 5ème étage. L’urne contenant ses cendres est déposée dans le caveau familial à Strasbourg.  
 
     Dans son testament, Pascal Ulrich lègue ses dessins, peintures et sculptures à la ville de Strasbourg et toute sa correspondance à la Bibliothèque Jacques Doucet à Paris.
       
        Après plusieurs mois de démarches auprès de la mairie et de la bibliothèque, personne ne semble désireux d'acquérir ce fond.
 
Ses textes ont été publiés et sont encore publiés ainsi qu'une conséquente bibliographie par son ami Robert Roman, Ed. du Contentieux, Toulouse

voir : http://pascalulrich.blogspot.fr/

 

 

pascal ulrich LE SALUT AU DESSIN 26 07 2008.jpg

 

 

 

06/09/2016

Migrants, mi-hommes #DATAGUEULE 52

 

 

03/09/2016

Asli Erdogan, écrivaine turque, actuelement en prison...

«Inculpée pour incitation au désordre», La romancière Asli Erdogan a été emprisonnée par la Sécurité turque. Suliane Brahim de la Comédie-Française lit ce texte autobiographique. A retrouver en début d'émission La Compagnie des Auteurs http://bit.ly/2bAYXmE

 

 

02/09/2016

À Gourdon, dans le Lot, nous avions un C.A.O, un Centre d'Accueil et d'Orientation

Il avait pour mission d'accueillir des personnes réfugiées et leur permettre de prendre un temps de repos pour faire un choix sur leur devenir. En complément des conditions d'accueil mises en place par l'État et la municipalité, un collectif s'était organisé pour faire le lien entre les personnes réfugiées et la population locale.

Le doc date de quelques mois, mais savoir recevoir et accueillir dignement est plus que jamais d'actualité.

 

 

 

27/08/2016

Alep : l'histoire du marchand de fleurs

L'humanité.....il y en aura toujours un pour nous sauver des autres, de là l'espoir ténu, fragile mais puissant aussi comme le parfum des roses, ça finit mal mais l'essentiel ne meurt pas, prix nobel de la paix pour la mémoire de cet homme !

 

 

 

 

 

 

01/08/2016

Les initiatives citoyennes face aux attentats : la riposte de la société civile

par Sarah Roubato
 
Après les attentats de Nice, pendant que les politiciens nous disent qu’il va falloir vivre avec les attentats, de en plus de Français se demandent comment ré-agir autrement. J’interviens en fin de première partie de l’émission Une semaine en France diffusée sur France Culture samedi, à réécouter ci-dessous :
 
Que faire ? Dans un premier temps éteindre le poste d’information continue, pour avoir d’autres yeux que ceux qui se gargarisent du spectacle de l’horreur. Ne pas se contenter de l’image que les médias projettent de notre société.
 
Notre système politique ne nous permet pas d’infléchir la politique extérieure de notre pays et sa participation à des guerres, puisque nous remettons ce pouvoir entre les mains d’un seul homme qui n’a pas à nous consulter. Mais on peut agir sur l’autre versant des causes de ce qui nous arrive : les causes sociales qui font que la France est un terreau fertile pour que pousse le djihadisme. Car ces “monstres”, ces “barbares” sont bien les produits de notre société.
 
C’est dans le quotidien, là où chacun se trouve, que de petites initiatives voient le jour. Comment faire qu’un jeune va trouver un autre idéal auquel s’accrocher que celui que propose Daesh ? Ce basculement peut se faire en une une heure, une rencontre. Si on fait l’effort de sortir de son petit monde, de faire quelques stations de métro pour aller voir ces exclus dont les médias nous parlent – et tous ceux dont ils ne nous parlent pas. Leur partager ce qu’on sait faire – la cuisine, la randonnée, la pêche, la création de sites internet, le sort. Offrir ne serait-ce qu’à un seul jeune la possibilité d’exprimer sa frustration dans un art, lui faire rencontrer d’autres exclus sociaux aussi, des vieux qui vivent tout seuls, des jeunes qui vivent dans des villages complètement désertés, des gens avec des handicaps, des maladies, leur donner la possibilité à eux aussi d’aider et donc de retrouver une puissance et un sentiment d’appartenance à la société.
 
L’indifférence fait dégâts considérables. La société est comme la peau d’un tambour, chaque geste que l’on fait – et qu’on ne fait pas – résonne à l’autre bout.
 
 
 
 
 

un commentaire à l'article de Sarah, que je recopie ici, sans citer le nom de l'auteur par respect pour la vie privée :

Il faut donner quelque chose à perdre aux gens qui pourraient basculer par désespoir personnel dans la fabrique de l'horreur pour les autres.
Comment ?
Je parle en tant qu'ancien policier de la BAC mais aussi (encore plus loin dans le temps) ancien policier auxiliaire qui faisait de l'ilotage.
Ilotage : rôle moins répressif que les autres policiers, ce qui permettait d'aller discuter avec des jeunes, certains délinquants mais, qui auraient voulu choisir une autre voie.
La solution tient, je pense, dans l'idée d'utiliser la culture des cités, ses codes, l'identité que les jeunes se sont créée pour en faire une force d'avenir. De par la lâcheté des politiques qui prétendent hypocritement vouloir la liberté, la fraternité, et l'égalité pour tous n'ont fait que donner le sentiment inverse. Conséquence, ces jeunes de cités sensibles sont à ce jour les seuls à pouvoir cloisonner un endroit et en faire une zone de non droit. Tout le monde y perd. Eux entretiennent la ghettoïsation, la population a peur d'eux et les rejette à l'emploi. Les politiques d'aujourd'hui, faut-il encore le rappeler, n'ont aucune vision de terrain, ne voyant la société qu'à travers des graphiques et des camemberts et n'ont que leur carrière à la bouche, et ils sont entourés de conseillers qui par ambitions personnelles (aussi) leur font croire au monde des bisounours où ça n'irait pas encore si mal...
Si ! La société va mal ! Super mal même !
On a de la matière grise ghettoïsée dont on ne fait pas acquisition, vu que la corruption d'en haut de la pyramide ronge les fondations de notre vivre ensemble.
Les jeunes des cités sensibles, il faut leur donner les moyens d'avoir des choses à perdre.
Les voitures electriques high tech doivent être conçues dans les cités où rien ne se passe hormis le traffic de stups. Ils sont capables de faire une entreprise illegale et d'employer du monde ? Pourquoi ne seraient-ils pas capables de faire la même chose pour une entreprise licite ? Pas besoin de diplôme de l'energie et des idées et que ces jeunes collaborent avec les ingenieurs de bonne volonté qui souhaitent les aider. Des ingénieurs que des corrompus ont empêché des réaliser leur rêve, il y en a plein en France. Il suffit que les jeunes des cités sensibles intouchables leur offrent protection au coeur de leur zone de non droit. Là, des miracles vont apparaître !!!
Ces gens (des cités sensibles) doivent pouvoir exprimer leur style, mettre au défi cette société qui a peur d'eux ! La mettre au defi de faire mieux qu'eux en terme de vision d'avenir. Ce sont des cités sensibles françaises que doivent sortir la technologie verte, celle de l'avenir.
La police n'a pas le droit d'entrer ? Consigne venue de très haut ? Ok donc, elle n'aura pas non plus le droit d'entrer quand ces jeunes feront la promotion des générateurs à hydrogène individuels. Ces générateurs vont faire faire la tronche à certains gros groupes industriels français ! Ceux qui ne les embauchent pas !!! La police ne peut pas rentrer dans les cités ? Très bien elle ne rentrera pas non plus quand les jeunes feront la demonstration que leur hypercar électrique dessinée et construite sur place abat le 0 à 100 km/h plus vite qu'une ferrari sur le parking de supermarché du franprix du coin.
Notre cohésion nationale, nous devons maintenant refuser qu'elle vienne d'en haut, nous devons la construire de manière autonome, entre nous. Il suffit d'écouter les derniers titres de Kerry James pour comprendre que certains jeunes ont fait le bon constat. Entre force de l'ordre intelligentes et jeunes de la cité acceptant de franchir le pas, la reprise en main de la société par les forces vives de la Nation est désormais envisageable."

 

en savoir plus sur Sarah Roubato, voir : http://delitdepoesie.hautetfort.com/archive/2016/02/08/le...