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18/06/2014

« Face à la dimension criminelle de la crise, les élites sont aveugles, incompétentes ou complices »

 

par Agnès Rousseaux 5 juin 2014

Et si la crise financière était une vaste fraude ? Dérégulé à l’excès, le capitalisme comporte des incitations au crime et à la fraude absolument inédites, explique Jean-François Gayraud, commissaire de police et criminologue. Il pose dans son ouvrage Le nouveau capitalisme criminel un diagnostic décapant : les responsables politiques sont dans le déni ou l’aveuglement, les acteurs de la fraude de 2008 sont aujourd’hui revenus dans le jeu, les lois votées pour tenter de réguler le système financier n’ont rien changé, et des techniques comme le trading haute fréquence échappent à tout contrôle. Il y a urgence à reprendre en main un système économique devenu criminogène, avec ses dérives frauduleuses et prédatrices. Entretien.

Basta ! : Vous analysez les crises financières au prisme de la criminologie. Pour vous, la crise de 2008 est-elle due à des comportements criminels ?

Jean-François Gayraud [1] : Le nouveau capitalisme qui se développe depuis les années 80 comporte des incitations et des opportunités à la fraude d’une ampleur inédite. L’alliance entre la financiarisation, la dérégulation et une mondialisation excessives forme un cocktail explosif. La criminalité est l’angle mort de la pensée économique, un impensé radical, et ce depuis le 18ème siècle. Cela avait peu de conséquences durant le capitalisme fordiste et keynésien, plus régulé. Désormais, cet impensé est mortifère. On nous explique que cette crise financière des subprimes est liée à un simple dysfonctionnement des marchés : comme si, une fois ce dysfonctionnement disparu, on reviendrait à une situation à peu près normale. Je tente de combler cette erreur de diagnostic en analysant les mutations du capitalisme à la lumière de la criminologie [2].

Il ne s’agit pas d’être « mono-causal » et de tomber dans la théorie du complot. Mais simplement de montrer qu’il y a dans ce capitalisme une dimension criminogène qui n’est ni marginale ni folklorique. « Criminogène » ne veut pas dire criminel. Cela signifie simplement que ce système a des potentialités et des vulnérabilités à la fraude, qui étaient jusqu’à présent inconnues. On voit que toutes les crises financières depuis les années 1980 ont été causées par des bulles immobilières et boursières en parties nées de fraudes systématiques. Au point que désormais, la fraude fait système.

Avons-nous avancé depuis la crise de 2008, pour éviter de nouvelles crises ? Vous dites que nous n’avons fait que rajouter des canots de sauvetage autour du Titanic – des canots qui profiteront aux premières classes...

Entre 2008 et 2012, nous avons connu une révolution, dans le sens astronomique du terme : nous sommes revenus au point de départ ! Rien n’a changé. Les grandes promesses de re-régulation se sont traduites par de petites lois à caractère cosmétique, qui n’ont modifié ni l’architecture du système financier international, ni les mauvaises pratiques, ni les incitations à la prise de risques inconsidérés et à la fraude. Ou alors de manière marginale. Le lobby de la finance a su neutraliser les volontés de réforme en profondeur du système. Il est fascinant de voir que tous les mécanismes à l’origine de la crise de 2008 – comme les modes de rémunération des grands dirigeants par exemple – sont quasiment restés inchangés.

Comment l’expliquez-vous ?

Il y a un problème de déni et d’aveuglement. Pointer la dimension criminelle de la crise est inconfortable. C’est un diagnostic nouveau, moins confortable que ceux qui tentent des explications par les dysfonctionnements du marché ou la théorie des cycles. La dimension sociologique doit aussi être prise en compte. Ces crises financières à répétition, à forte dimension criminelle, naissent en haut de la société, au sein de l’Upper World. Elles interrogent le mode de fonctionnement des élites. Celles-ci n’ont aucun intérêt à revenir sur un système qui, dans sa dimension à la fois prédatrice et frauduleuse, fonctionne à leur avantage depuis les années 80. Il leur a permis de s’enrichir de manière anormale, dans des proportions inconnues depuis le 19ème siècle. Conséquence ? Une montée des inégalités faramineuse, intenable, qui nous conduira au chaos si cette tendance mortifère perdure.

D’où vient cette situation ?

C’est une question de rapport de force entre pouvoir politique et pouvoir financier. Il s’agit d’ailleurs moins d’une confrontation que d’un fonctionnement symbiotique : aux États-Unis, ce sont les grands lobbys, dont celui de la finance, qui permettent l’élection des candidats. Une partie de la classe politique américaine a été capturée par le lobby de la finance : ces élus votent donc des lois en faveur de Wall Street. Depuis 2013, plus de la moitié des parlementaires américains sont millionnaires en dollars ! Qu’en conclure ? Soit qu’il faut être riche pour être élu, soit que l’élection permet de devenir riche ! Exactement ce que les Grecs nommaient une « ploutocratie » : un gouvernement des riches, par les riches, pour les riches.

Ce qui me frappe, c’est la corrélation entre la financiarisation de l’économie, la montée des inégalités, et la multiplication des fraudes sur les marchés financiers. Depuis l’émergence de ce nouveau capitalisme, des élites mondialisées réunies dans une Upper class internationale vivent hors-sol, dans une sorte de séparatisme social, financier, territorial et symbolique. Au même moment, les classes moyennes et populaires en Occident se précarisent et se paupérisent. Ce vaste transfert de richesses, des classes moyennes et pauvres vers les plus riches, est le fruit d’un phénomène de prédation – qui relève d’une analyse de sciences économiques – et aussi d’un phénomène de fraude – qui relève alors plus d’une lecture criminologique.

Au-delà des mécanismes – criminels – de fraude et de manipulation, vous parlez de mécanismes de prédation, comme mode de fonctionnement naturel du capitalisme. Ces mécanismes peuvent-ils être aussi considérés comme un crime ? Où se situe la frontière entre le légal et l’illégal ?

C’est la question centrale. Pour l’ensemble des crises financières nées de la dérégulation, je propose deux niveaux d’analyse. Le premier est macro-économique et macro-criminologique : il s’agit d’analyser comment le système s’organise, afin de repérer ses dimensions criminogènes et prédatrices. On est ici dans le « supra-pénal » : personne ne mettra une paire de menottes à un système économique ou à une idéologie. Et il y a le second niveau d’analyse, micro-économique et micro-criminologique. On entre alors dans le droit pénal. Là, il faut savoir détecter, matériellement et juridiquement les fraudes que le système génère concrètement.

Les régulateurs ont montré leur impuissance jusqu’à présent à agir à ces deux niveaux…

Oui. La crise financière des subprimes est née d’un défaut de régulation. Les gouvernements ont la responsabilité de s’interroger sur les risques de fraude engendrés par les lois qu’ils font voter. On peut être politiquement favorable à la dérégulation, mais encore faut-il être conscient des risques gigantesques que comporte une dérégulation excessive. Penser qu’une dérégulation débridée du secteur financier est « neutre », c’est de la complicité, de l’aveuglement ou de l’ignorance. Imaginez un poulailler, un renard et un fermier. Vous n’allez pas reprocher à la poule d’être une poule, ou au renard d’être un renard. Mais vous êtes en droit de vous poser des questions si systématiquement le fermier laisse la porte du poulailler ouverte la nuit. Il peut toujours feindre de s’indigner en retrouvant ses poules égorgées le matin. Mais il est ou aveugle, ou incompétent, ou complice ! A vous de choisir entre ces qualificatifs.

Est-il encore possible de punir les responsables de comportements criminels ? La justice ne semble pas effrayer les banques...

Dans la crise des subprimes, il y a eu une vraie criminalité. Mais les Etats-Unis se sont contentés a minima et ponctuellement d’une justice transactionnelle (basée sur les transactions en amont de procès, ndlr), qui est loin d’être satisfaisante. Le système judiciaire doit avant tout rechercher la vérité. Telle est notre vision de la justice en Europe. Alors que le système de justice nord-américain ne recherche pas tant la vérité qu’un accord négocié, pour résoudre une situation [3]. Cette justice transactionnelle est-elle de la justice ? On peut en douter. Résultat : il y a une réelle difficulté à connaître la vérité des situations – comme si personne n’ouvrait jamais le capot de la voiture endommagée ! On l’a vu de manière caricaturale dans l’affaire Madoff : le coupable a avoué, mais l’on ne sait toujours pas qui a réellement fait quoi, quels ont été les mécanismes criminels à l’oeuvre, qui sont les complices et où est passé l’argent !

Cette justice transactionnelle ne prévoit que des sanctions financières, payées par les entreprises. Mais ces pénalités sont socialisées et mutualisées, les entreprises les anticipent et les intègrent dans leurs comptes d’une année sur l’autre. Jamais aucun banquier n’est réellement sanctionné à titre individuel. A Wall Street, tous les grands acteurs de la fraude de 2007-2008 sont restés impunis. Les rares qui ont été écartés sont aujourd’hui revenus dans le jeu. Au final, cette justice transactionnelle génère de l’impunité. C’est un encouragement à récidiver.

Est-ce mieux en Europe ?

La situation est parfois pire. Le système américain a au moins une vertu : souvent, il sait poser les diagnostics. Sur l’affaire des subprimes, le diagnostic criminel a été très bien posé par les deux commissions d’enquête du Congrès. Il suffit de lire ces rapports, sans œillères. En France, on a tendance à mettre le couvercle sur les faits. Ainsi, la gigantesque faillite de la banque Dexia a coûté des milliards aux contribuables français, et pourtant il n’y a aucune investigation judiciaire ou parlementaire digne de ce nom. Il y a certainement eu beaucoup d’incompétence et de démesure à l’origine de cette affaire. Mais expliquer cette faillite par l’incompétence et la démesure est peut-être aussi un écran de fumée pratique pour masquer d’autres choses.

Vous décrivez dans votre ouvrage le cas du trading haute fréquence, emblématique de la fraude que peut générer le système – une fraude de très grande ampleur, invisible, et quasiment impossible à sanctionner. Est-ce possible aujourd’hui d’enquêter sur ces fraudes ?

Quel est le bilan des organes de régulation, et de la justice pénale, face aux acteurs du trading haute fréquence (THF) aux États-Unis et en Europe ? Il est égal à zéro. Tout au plus, les régulateurs américain et britannique ont-ils réussi à sanctionner certains acteurs, mais de manière très rare et très ponctuelle, et ce dans un cadre transactionnel, donc non pénal. Pourtant, il n’y a pas de marché sans fraude ni fraudeurs. On le sait depuis Durkheim : rien de plus normal que le crime ! Si vous n’observez pas de fraude sur un marché, il n’y a que deux possibilités : soit les fraudes sont devenues totalement invisibles, soit le marché est tenu par une congrégation de saints ! Un exemple : lorsque l’entreprise états-unienne de trading haute fréquence Virtu Financial a publié ses comptes financiers des cinq dernières années, pour entrer en bourse, on a constaté qu’elle n’avait perdu de l’argent qu’une seule fois sur 1238 séances de bourse ! Voilà qui pose question... A Las Vegas, ceux qui ne perdent jamais d’argent, ce sont les propriétaires de casino. Qui sont les propriétaires du casino à Wall Street ?

Aux États-Unis, les régulateurs ne font que courir après les avancées technologiques. Ils sont en permanence à la traîne d’un système qu’ils ne comprennent pas ou auquel ils ne veulent pas toucher.

Le FBI enquête actuellement sur des délits d’initié concernant des processus de trading haute fréquence... A quoi cela peut-il aboutir ?

Le THF est intrinsèquement un délit d’initié systémique, notamment avec le front running technologique (lorsque les traders utilisent l’information de leurs clients pour s’enrichir, ndlr). Mais tellement visible que nous ne le voyons pas. Nous sommes aveuglés par son omniprésence, telle la Lettre volée dans la nouvelle d’Edgar Poe. Le délit d’initié consiste à disposer d’une information privilégiée avec un temps d’avance : 24 heures du temps des pigeons voyageurs qu’utilisaient les Rothschild au début du 19ème siècle, quelques nanosecondes aujourd’hui ! Les enquêtes ouvertes aux États-Unis [4] concernent certaines pratiques spécifiques, et aussi semble-t-il, l’architecture même du système de THF, avec un questionnement sur le principe de la « colocation », qui consiste à placer les ordinateurs des traders au plus près des serveurs des bourses, pour gagner du temps dans les transmissions. Mais restons prudents : apporter des preuves de fautes pénales est très compliqué, surtout en matière financière. Les financiers ont recours à des armadas d’avocats très compétents. Ce qui peut provoquer des stratégies d’évitement : les États ont-ils encore envie de s’engager dans des bras de fer difficiles à gagner face à des acteurs puissants et influents ?

Les sommes en jeu sont pourtant considérables !

Le THF permet des micro-profits sur chaque transaction grâce à l’hyper-vitesse. Mais pour être rentable, il faut d’énormes volumes ! Les chiffres publiés sur les profits de cette activité ne me semblent pas très sincères. Mais en matière financière quels sont les chiffres fiables ? Nous vivons sous l’empire d’une doxa libérale qui n’a que le mot « transparence » à la bouche, mais dont beaucoup des outils et des dispositifs sont d’une opacité totale !

La difficulté est aussi liée à la complexité du secteur, avec une véritable « course aux armements technologiques » à laquelle se livrent les acteurs du trading haute fréquence...

Le THF est fondamentalement une course au temps. Elle ne peut être gagnée qu’avec des ordinateurs et des algorithmes de plus en plus puissants et rapides qui coutent très chers. Il faut aussi embaucher des compétences rares : les meilleurs mathématiciens, physiciens et informaticiens. Pour transmettre les informations, nous sommes aussi passés de la fibre optique aux ondes courtes. Et le phénomène de colocation, pour s’approcher au maximum des serveurs des bourses, s’est développé. Un paradoxe : dans le monde du cyber et du digital, l’immatérialité devait rendre illusoire les questions de placement géographique, et on redécouvre qu’un trader haute fréquence a les mêmes problématiques qu’un camelot au Moyen Âge !

Le mouvement de dérégulation financière a conduit à la privatisation des places boursières. Elles se sont mises à vendre aux traders des masses d’informations et de données, mais aussi de l’immobilier, en vendant des espaces au plus près des serveurs. Conséquence de cette privatisation : les bourses n’ont aujourd’hui plus aucun intérêt à être regardantes sur les pratiques des traders du THF. Pourquoi renforcer les contrôles, qui feraient migrer les traders vers d’autres places boursières ? Les fraudes étant invisibles, les victimes n’ayant pas de visage et ignorant qu’elles ont été spoliées, quelle peut être l’incitation à bien se comporter ?

Y aura-t-il un gagnant dans cette « course aux armements » ?

On peut douter qu’il y ait un gain pour la collectivité. Quelle est l’utilité sociale de ce système ? En quoi concourt-il au bien public ? Tous ces investissements technologiques et financiers, ces talents qui s’immergent dans le monde de la finance mathématisée, ne seraient-il pas mieux utilisés ailleurs ? Il y a forcément un gain pour les acteurs du THF, sinon ils abandonneraient ce business. L’une des quatre grandes banques françaises a cependant eu le bon sens de se retirer de ce marché (le Crédit agricole. La Société Générale et BNP Paribas restent des acteurs importants du THF, ndlr). Cela montre qu’il y a un début de prise de conscience du fait que cette technique est vicieuse et viciée, et qu’elle peut avoir un coût en terme de réputation.

En cas d’emballement du système, que reste-t-il comme possibilité d’action pour les régulateurs, à part débrancher les machines ?

C’est ce qui s’est passé lors du crash éclair du 6 mai 2010 (le Dow Jones a chuté de 9% en quelques minutes, ndlr) : pour éviter qu’un crash localisé devienne systémique, il faut alors débrancher la prise. Quel terrible aveu d’impuissance ! Par leur poids technologique et financier, ces systèmes de THF sont devenus des immenses blocs de granit jetés dans l’espace financier. Et les lois de régulation n’arrivent plus qu’à limer certaines aspérités de ces blocs.

Le trading haute fréquence menace-t-il l’ensemble du système financier ? A-t-il des conséquences sur nos économies ?

Le THF comporte des risques pour la stabilité des marchés financiers. Il y a une dimension virale. Surtout, le THF est par nature un système de prédation. La proie, c’est d’abord l’investisseur qui s’est jeté dans une grande mare au milieu de requins sans en être conscient. Et ensuite, c’est l’économie réelle. Cet excès de financiarisation n’entraine ni créations d’emploi ni prospérité. Il participe à la spéculation généralisée, comme par exemple celle sur les marchés des matières premières, une spéculation qui contribue à rendre les cours erratiques, ce qui a des conséquences concrètes, dramatiques, sur la vie quotidienne de millions d’hommes et de femmes à travers le monde.

En quoi votre analyse des crises financières sous l’angle du crime est-elle innovante et dérangeante ?

Ce diagnostic est nouveau. Proposer une analyse criminologique des crises financières, c’est aussi montrer, au delà d’une analyse nouvelle des causalités, les conséquences de ces crises issues de la dérégulation. Ces grandes crises ont plongé des millions de personnes dans le chômage, la pauvreté et la précarité. Ces crises à dominante criminelle provoquent également un assèchement du crédit aux entreprises. Celles-ci, mécaniquement, doivent se tourner vers les financements occultes du crime organisé. Les organisations criminelles regorgent toujours d’argent liquide à investir. Les crises financières sont ainsi des périodes d’accélération des processus de blanchiment d’argent et de captation de l’économie légale par le crime organisé. C’est ce qui se produit en Italie depuis 2008.

Les responsables politiques qui cautionnent cela sont-il complices de crimes ?

Il ne faut jamais faire de procès d’intention. L’honnêteté se présume et la culpabilité se démontre. Mais il faudra beaucoup de courage et de lucidité pour sortir d’un système aussi mortifère. 1788 a duré longtemps : près d’un siècle ! Le grand historien de la Révolution française Hippolyte Taine [5] explique comment les élites au 18ème siècle, en l’occurrence la noblesse, furent « en vacances » durant un siècle. Je crois que les élites contemporaines sont en effet en vacances. Elles se divertissent et elles nous divertissent, au sens pascalien. Peu importe de savoir si elles sont conscientes de la situation. La confrontation avec le réel sera de toute façon brutale.

Pour revenir au prisme criminologique, je dirai que les peuples sont pris en tenaille entre une criminalité de l’Upper world et une criminalité de l’Under world, par le haut et par le bas. Il suffit de relire Marx qui explique très bien cela. La seule chose qui me rend optimiste, c’est que je crois au génie national. Le peuple français est plein de ressources, il a des capacités de réaction insoupçonnées. Encore faut-il ne pas le mépriser.

Propos recueillis par Agnès Rousseaux

@AgnesRousseaux

Photo : Source


A lire :
Jean-François Gayraud, Le Nouveau Capitalisme criminel, Odile Jacob, 2014, 350 pages. Pour commander ce livre dans la librairie la plus proche de chez vous, rendez-vous sur le site de lalibrairie.com.

Notes

[1Commissaire divisionnaire, ancien élève de l’École nationale supérieure de police (ENSP, Saint-Cyr-au-Mont-d’Or), docteur en droit, diplômé de l’Institut de criminologie de Paris, il a longtemps travaillé à la direction de la surveillance du territoire (DST). Il est l’auteur notamment de La Grande Fraude. Crime, Subprimes et crises financières (Odile Jacob), 2011, et Le Nouveau Capitalisme criminel (Odile Jacob), 2014.

[2Voir notamment l’analyse de la dimension criminelle de la crise financière de 2008 dans le livre La grande fraude, Crime, subprimes et crises financières, par Jean-François Gayraud, Editions Odile Jacob, 2011.

[3Au civil, cela s’appelle le settlement. Au pénal, c’est le Plea bargaining.

[4Ces enquêtes on été ouvertes par la Securities and Exchange Commission (SEC) (organisme de contrôle des marchés financiers) et le ministère public de l’État de New York. Lire FBI Investigates High-Speed Trading, Wall Street Journal, 31 mars 2014, et FBI Seeks Help From High-Frequency Traders to Find Abuses, Bloomberg, 2 avril 2014.

[5Hippolyte Taine (1828-1893), Les Origines de la France contemporaine.

 

 

 

09/06/2014

Le prénom a été modifié de Perrine Le Querrec

 

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Lu par Jean Azarel

 

« C’est tout noir et marche devant seule droite, avance en face debout ». Ce mantra lourd de sens encore caché, comme pour toute première fois, ouvre chaque paragraphe-confession du dernier livre de Perrine Le Querrec.

 

Car ici, tout est poids. Poids du corps saccagé, poids des corps qui saccagent, poids du souvenir, poids de la vie, poids du passé, du présent, de l’avenir.

« Le prénom a été modifié » raconte six mois de viol collectif d’une adolescente de 15/16 ans par une vingtaine de fous de banlieue sans visage, dans une cité dont on ne s’échappe pas.

Avec « la mort à la main », « ils ont décidé de grandir en remplissant une fille de sperme en la gavant de coups. C’est comme ça qu’ils sont devenus adultes puissants respectés dans le grand ensemble ». Et quinze ans plus tard des pères de famille que la narratrice croise au hasard de ses rares sorties... . « Le prénom a été modifié » raconte le pendant. L’après. L’inoubliable pendant. L’inoubliable après. L’avant, le bienheureux avant, reste en filigrane : lui aussi a été modifié.

 

A chaque rendu/déglutition de sa descente aux enfers terrestres, l’héroïne (sic) « s’assoit par terre étourdie » et le lecteur aussi. Au fil de soixante dix pages nerveuses, l’innommable est nommé, découpé, déchiqueté, mâché, ingéré, péniblement digéré. Il n’y a pas d’échappatoire. La douleur est si forte qu’elle obture quasiment l’idée de vengeance. Si le désir de mourir s’insinue, le désir de tuer est mort-né par trop plein d’horreur, anesthésié par les médicaments, bouffi par la bouffe, rien qu’une ligne sans illusion.

 

Vous avez dit « désir ? ». D’une écriture courte, sèche, serrée comme le cœur, Perrine le Querrec poursuit une œuvre de témoignage rare, à façon, sans concessions. Qui nous colle aux tripes l’outrance de l’outrage. Qui se fout du tabou. Ce court récit, littéralement Dantesque, plaira aux féministes, mettra mal à l’aise les bobos bien pensants, plongera dans l’épouvante les jeunes filles de bonne famille, fera pleurer les hommes comme moi. S’il pouvait briser les barrières du silence littéraire, ce serait merveilleux. « La guerre on pense toujours que c’est bruyant. La guerre c’est aussi un silence total. »

 

A la fin, arrive-t-elle trop tôt ou trop tard, il reste une grande lassitude et l’impérieux besoin d’aimer.

 

Jean Azarel / 8 juin 2014.

 

« Le prénom a été modifié » de Perrine Le Querrec, éditions « Les doigts dans la prose », 13 € port compris.

 

 

05/06/2014

La revue Alimentation Générale devient collection !

 

Après la revue, Alimentation Générale devient une collection !

Alimentation Générale, c'était la revue de bandes dessinées d'humour des éditions Vide Cocagne, dirigée par Terreur Graphique. Aujourd'hui, la collection vient perpétuer l'esprit de la revue, qui pendant 3 ans et 5 numéros, a recueilli la crème de la BD indépendante et lui a donné carte blanche pour des histoires courtes ou à suivre, rassemblant auteurs confirmés ou en devenir sans discrimination et dans la bonne humeur.

Pixel Vengeur ouvre le bal dès juin 2014 avec "Le petit livre noir en couleur de Dominique", et sera suivi de Geoffroy Monde, Fabcaro...

À terme, deux à trois livres viendront enrichir la collection chaque année. Voici les trois premiers, sur lesquels porte cette souscription :

 

Le petit livre noir en couleurs de Dominique, de Pixel Vengeur
Le premier livre de la collection narre la vie de Dominique, le tapir des Sunderbans. Celle-ci aurait pu se résumer à peu de choses, si sa mère n'avait pas eu l'idée de mettre bas sur les ruines d'un vieux cimetière indien... Dès lors, sa vie va être truffée d'obstacles, de malchances et de catastrophes, racontées ici le long des 64 pages couleurs du livre.

Et en bonus, un extrait en avant-première !

sortie 12 juin 2014

 

Serge et Demi-Serge, de Geoffroy Monde
Serge est un vieil homme, Demi-Serge est une demi-tête de renard. Ces deux-là sont déjà apparus sur le blog Saco : Pandemino, et pour Alimentation Générale, Geoffroy Monde les réunit pour de nouvelles aventures absurdes et hilarantes !

Cliquez ici pour une présentation détaillée et inédite de Serge et Demi-Serge !

sortie automne 2014

 

Talk Show, de Fabcaro
Collectionneurs d'apéricubes, écrivains du dimanche, défenseurs des causes inutiles... Tous sont interviewés sur le plateau télévisé de Talk Show, le long des strips désopilants de Fabcaro, auteur du recent "Carnet du Pérou" (éd. Six pieds sous terre).

Cliquez ici pour lire d'autres extraits inédits de Talk Show !

sortie premier trimestre 2015

 

Quelque part entre ses cousins Mauvais Esprit ou Fluide Glacial, Alimentation Générale a accueilli dans ses pages : Geoffroy Monde, Jürg, Olivier Besseron, Jorge Bernstein, Fabrice Erre, Emilie Plateau, Fabcaro, David Ziggy Greene, Tib-Gordon, Bob, Abdel de Bruxelles, Gilles Rochier, Nicoby, Pixel Vengeur, Matt Dunhill, Joseph Safieddine, Vincent Lefebvre, Fabien Tê, Thibault Soulcié, Thomas Gochi, Half Bob, Boris Mirroir, Fritz Bol, Guillaume Carreau, Pinpin, Alexis Horellou, Drangiag, Laurent Houssin, Mo CDM, Cécily, Wassim Boutaleb, Elosterv, Wandrille, Vincent Lévêque, Jacqueline Lee, Fabien Grolleau, James, Delphine Vaute, Lionel Serre, Damien Froidboeuf, Terreur Graphique, Pochep, Thierry Bedouet, Aurélien Ducoudray, Olivier Texier, Guillaume Guerse, Quentin Faucompré, Max de Radiguès...

La bande-annonce du 5ème et dernier numéro de la revue :

 

A quoi va servir le financement ?

Le financement va servir à lancer la collection en préparant dès le départ les trois premiers titres, et en s'assurant de la faire dans les conditions optimales.

Avoir un financement en amont de l'impression nous permet d'avoir une marge de manœuvre plus grande et ainsi garder des prix de vente raisonnables (autour de 15 € chaque livre).

 

A propos du porteur de projet

Vide Cocagne est une maison d'édition BD nantaise, qui outre son activité éditoriale promeut la Bande dessinée et les arts graphiques par l'organisation de festivals, d'événements et d'ateliers.

En 2014, Vide Cocagne sort pas moins de 10 livres, inaugure les collections Alimentation Générale et Épicerie Fine, et se déplace dans toute la France.

 plus d'infos sur le site internet / facebook / twitter / youtube

Les premiers auteurs de la collection

Pixel Vengeur fait ses premières armes en bande dessinées dans les années 80 dans des journaux tels que Viper, le Petit Psikopat Illustré et Rigolo. Puis il devient graphiste en jeux vidéo et découvre l’ordinateur. Il recommence à apparaître en tant qu’illustrateur dans différents mensuels, puis par revenir définitivement en 2000 à la bande dessinée. Il travaille aujourd’hui pour Fluide Glacial, le Psikopat et Spirou.

                         Le site de Pixel Vengeur

 

Geoffroy Monde est magique depuis 2004 et a souvent été élu meilleur espoir. Il raconte tout ça dans des albums publiés aux éditions Lapin et Warum, et sur son blog Saco : Pandemino. Des fois, il ment.

Le site de Geoffroy Monde

 

Fabcaro poursuit depuis une dizaine d'années son exploration de la bande dessinée d'humour entre expérimentation, autobiographie et absurde, seul ou officiant au scénario pour d'autres, alternant les albums pour des éditions indépendantes avec notamment Le steak haché de Damoclès, L'album de l'année ou La clôture, et albums plus grand public, parmi lesquels Z comme Don Diego (avec Fabrice Erre) ou Amour, passion et CX diesel (avec James). Il a également collaboré à divers magazines ou journaux comme Tchô !, L'écho des savanes, Psikopat, ZOO, CQFD, Kramix ou Fluide Glacial pour lequel il travaille actuellement, ou des revues comme Jade et Alimentation générale. Il est aussi l'auteur d'un roman, Figurec, paru en 2006 aux éditions Gallimard.

 

 

 

30/05/2014

Alexandre Jardin - Des gens très bien

 
"Dès que les gens très biens rejoignent les fous, c'est la fin du monde..."

 

 

 

 

12/05/2014

L’Anthologie de la Poésie mauricienne contemporaine d’expression française

vient de paraître aux éditions Acoria

 

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Textes réunis par Yusuf Kadel
Préface Eileen Lohka
Introduction Robert Furlong

Existe-t-il, comme pour la mesure du progrès humain, des paramètres, des indices permettant de mesurer le développement poétique ? Probablement pas, car la poésie transcende le temps et un poème d’il y a mille ans peut paraître plus contemporain qu’un poème tout juste accouché… L’outil pouvant faciliter à la fois une vision panoramique, voire une lecture diagonale d’échantillons d’une production littéraire tant romanesque que poétique reste l’anthologie. Même si celle-ci n’est jamais totalement exempte de directivité, l’anthologie reste un acte littéraire fondateur en soi, car, à travers elle, un auteur ou un collectif d’auteurs considère que telle ou telle somme de production littéraire est représentative d’un génie particulier et/ou reflète une maturité littéraire suffisante… En quelque sorte, elle est une vitrine rassemblant de façon quasi muséale ce qui mérite d’être pérennisé en bloc et qu’il convient de considérer comme emblématique.

 

Y figurent donc avec bien d 'autres à découvrir, trois auteurs publiés dans la revue Nouveaux Délits : Yusuf Kadel, Alex Jacquin-Ng et Umar Timol.

 

Pour commander : http://www.acoria.site-fr.fr/produit/210040/

 

 

 

 

07/05/2014

L'érotisme arabe de Malek Chebel

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Malek Chebel, anthropologue et philosophe vient de faire paraître un ouvrage baptisé "L'érotisme arabe" (Robert Laffont). Il présente dans cet entretien la réalité des rapports entre islam et sexualité, des interactions complexes et nuancées, transcendant les préjugés religieux et sociétaux :

 

 

 

L'érotisme arabe est le fruit d'une tradition millénaire qui a pris son essor bien avant l'arrivée de l'islam. Malek Chebel a rassemblé dans cet ouvrage un florilège des meilleurs textes issus de cette veine littéraire méconnue.
Le Kama-sutra arabe, en premier lieu. Conçu comme un manuel de savoir-vivre amoureux et d'éducation sexuelle, il traite des questions relatives à l'art de la séduction, de la jouissance et de la sensualité. Cet hymne à l'amour physique sous toutes ses formes, sans complexe ni tabou, est ici illustré par le traité de psychologie amoureuse d'Ibn Hazm l'Andalou, Le Collier de la colombe, par le torride Jardin parfumé de Nafzaoui, et par Les Cimes du savoir dans le domaine de la copulation de Sheikh Suyûti, théologien et auteur d'une dizaine de traités d'érotologie.
Le lecteur pourra aussi s'initier à la poésie épistolaire qui a marqué la culture arabe classique, une poésie métaphorique qui use du langage comme d'une arme subversive, la littérature devenant ainsi le meilleur paravent pour parler librement de sexe et d'érotisme. Deux auteurs parmi les plus importants à cet égard ont été repris intégralement dans ce volume : Jahiz, à travers son épître Éloge des éphèbes et des courtisanes, et Ibn Fûlayta avec son Instruction de l'amant en vue de la fréquentation intime de l'aimé(e), traduit pour la première fois en français pour la présente édition et qui relève de l'érotologie pure.
Malek Chebel clôt cet ensemble par un « Dictionnaire culturel de l'érotisme arabe », dans lequel s'expriment en toute liberté la diversité amoureuse comme l'audace d'une tradition aux antipodes de tout intégrisme.

 

 

 

 

06/05/2014

Entretien avec Monique et Michel Pinçon-Charlot, autour de leur livre «La violence des riches - Chronique d'une immense casse sociale» (Editions Zones - La Découverte 2013)

 

 

04/04/2014

HISTOIRES TOUTES BÊTES de Jean-Marc Couvé

 

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avec des illustrations de Jacques Basse

 

 

Le sol est à la fois stable et souple. Pattes et antennes en éveil, je progresse prudemment, malgré le mouvement de l’eau autour de moi, régulier, rassurant. Le coin que je viens de trouver conviendra à merveille pour mes œufs. D’ici, je vois et sens venir, sans qu’on me voit. De cette façon, ce n’est pas encore aujourd’hui que je servirai d’amuse-gueule au Bec Pointu, le terrible volant, qui nous paralyse, moi et mes semblables, quand il pousse son cri strident… »  (extrait)

 

L’Entonnoir – Collection folie douce (2014)
66 pages
9,50 €
Pas d’ISBN
Un peu plus sur l’auteur
Pour un exemplaire dédicacé, contactez l'ami Jean-Marc
Le site de l’éditeur
 

 

 

 

26/03/2014

Appel à souscription pour Brune esclave de la lenteur de Jacques Abeille


(à paraître en mai 2014 chez Ab irato),
(sortie en "avant première" à la Machine à Lire à Bordeaux le 11/04/2014)
ISBN 978-2-911917-62-2
12 €
  • Tirage sur Vergé : 80€
  • Tirage sur Munken : 25€
  • Édition courante : 12€
 Télécharger le bulletin de souscription :
http://abiratoeditions.files.wordpress.com/2014/03/sous-a...
A renvoyer à Ab irato – 6 rue Boulle, 7501 Paris
 
 
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Extrait

les fesses du ciel
façonnent autour de toi
les noirs festons de la passion
tu cernes ma silhouette de craie
tu choisis pour maître
le plus modeste
j’abuserai dans la lenteur

L'auteur
Jacques Abeille est né à Lyon en 1942, il vit à Bordeaux depuis plus
d’un demi-siècle. Il a commencé à participer aux activités surréalistes
en 1964 et n’en a jamais démordu.
Ses principaux romans – Les Jardins statuaires, Les Mers perdues,
Les Barbares, La Barbarie – publiés aux éditions Attila constituent
un cycle de contes fantaisistes. On trouve aux éditions des Vanneaux
un ensemble de proses plus ou moins brisées (D’Ombre) accompagnées
d’encres de Pauline A. Berneron.
Sous le pseudonyme de Léo Barthe, l’auteur a également commis
quelques livres érotiques.

N'oubliez de télécharger le bulletin de souscription !
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Retrouvez-nous le 11 avril 2014 à la librairie La Machine à Lire (Bordeaux)
pour la sortie du livre en "avant première", en présence de Jacques Abeille.
 



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Ab irato éditions
6 rue Boulle - 75011 Paris - France
http://abiratoeditions.wordpress.com/

Diffusion et distribution en librairie :
Diffusion Hobo : 06 46 79 40 71 – http://www.hobo-diffusion.com/
Distribution  Makassar : 01 40 33 69 69 – http://www.makassar-diffusion.com

 

21/01/2014

Le manuscrit original et illustré d’Alice au Pays des Merveilles à lire en ligne

La British Library a mis sur son site la version originelle manuscrite du fameux roman de Lewis Caroll. L’occasion de découvrir des illustrations inédites d'Alice et de ses aventures au Pays des Merveilles.

Le manuscrit des Aventures d'Alice au Pays des Merveilles de Lewis Caroll est désormais disponible sur le site de la British Library, la bibliothèque nationale anglaise. Cette version originale du roman, réalisée entre 1862 et 1864, diffère de celle qui a fait son apparition sur les étales des libraires en 1866 puisque plus courte de deux chapitres. L’histoire est évidemment la même, celle des aventures d’Alice et surtout, en plus d’être totalement manuscrite, contient un grand nombre d’illustrations de l’auteur lui-même (la version de 1866 contenait 42 illustrations signées John Tenniel).

 Première page du manuscrit original d'Alice au Pays des Merveilles © The British Library Board, Add.46700 f2

Le roman populaire anglais est chargé d’histoire. Charles Dodgson, sous le nom d’emprunt Lewis Carroll, était mathématicien à Oxford. La British Library explique : "Dodgson adorait les enfants. Il s’est lié d’amitié avec Lorina, Alice et à Edith Liddell, les filles du doyen de l’université Christ Church. Un jour d'été en 1862, il les a emmenées pour une sortie en bateau et leur a raconté les aventures d'Alice dans un monde magique. L’histoire a tellement plu à la petite Alice Liddell, dix ans, que cette dernière l’a prié d’en écrire une version pour elle. Ecrire à la main et dessiner les 37 illustrations lui a pris beaucoup de temps mais il finalement offert le livre de 90 pages à Alice en novembre 1864."

Pourtant, des années plus tard, Alice Liddell fut dans l’obligation de mettre en vente son manuscrit. Acheté aux enchères par un collectionneur américain, il revint à la British Library en 1948 lorsqu’un groupe de bienfaiteurs américains le rendit pour saluer le rôle des Anglais pendant la Seconde guerre mondiale.

Alice et la chenille © The British Library Board, Add.46700 f26

Le reste du manuscrit est à voir ici dans son intégralité.

 

 

Par Fabien Gallet

Source : http://fluctuat.premiere.fr/

06/12/2013

Le moine Ikkyû Sôjun, par Agnès Giard

Peut-être connaissez-vous cette série en BD :Ikkyû, Sakagushi, publiée chez Glénat. Voici donc un bel article pour en savoir plus sur ce moine "fou" du Japon  :

 

Trouver l'éveil entre tes lèvres

Au 15e siècle, un célèbre moine bouddhiste appelé Ikkyû affirma que si une belle femme l’embrassait, il ne résisterait pas au contraire : il goûterait l’instant. Il partagerait l’émotion pure de ce désir sans songer ni aux conséquences, ni au lendemain. Faudrait-il abolir demain pour qu’on se mette à devenir sage ?

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L’esprit du zen se définit comme le désir d’entrer en résonance avec la nature, y compris sa propre nature humaine… Il s’agit de percevoir la beauté cachée des instants et de vivre, avant tout, de vivre. Telle est la leçon de choses proposée par Pascal Fauliot - conteur et adepte d’arts martiaux - qui, dans Contes des sages zen, consacre un grand nombre de pages au moine Ikkyû Sôjun (1394-1481), un personnage resté célèbre dans l’histoire du Japon : il s’accordait toutes les libertés. C’était une sorte d’anar et de libre-bandeur qui décrivait son pénis comme une longue corde rouge, suivant la métaphore du fil de la vie, ou comme un arbre chargé de sève (1).

Alors que des générations de bouddhistes s’étaient cassé la tête sur le kôan de la vieille femme,  le moine Ikkyû  lui régla joliment son compte sous la forme d’un poème  : «Si ce soir une belle femme m’embrassait, le printemps gagnerait mon saule desséché et ferait naître de nouveaux bourgeons». Il mit ce poème érotique dans la préface du Kyôun-shû̄ (Recueil des nuages fous), accompagné des vers suivants : “Le cœur de la vieille femme ? / Comme si elle donnait une échelle à un voleur / elle a offert une femme à un moine pur !” (2). Pour Ikkyû, en vérité, la vieille femme était un Bouddha déguisé. Mettant le feu à la hutte, ne désirait-elle rien d’autre qu’”éclairer” ce moine trop soucieux de sa réputation ? Ikkyû l’avait bien compris, lui qui, refusant de se soumettre aux règles de chasteté, fréquentait les bordels et composait des poèmes iconoclastes : «Si vous me cherchez, rendez-vous chez le poissonnier, le marchand d’alcool ou la prostituée».

Mais ses plus célèbres poèmes sont des poèmes d’amour. Vers la fin de sa vie, Ikkyû composa de superbes déclarations pour sa compagne… Elle s’appelait Shin. On la surnommait Shin-nyô ou Shin-jô, “mademoiselle Shin”. C’était une musicienne aveugle. Ils ont vécu ensemble jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’il meurt à l’âge de quatre-vingt-huit ans, d’une crise aigue de malaria, sur les blancs genoux de son amoureuse… C’est là qu’il situait le paradis. A cette époque, beaucoup de récits bouddhistes, émanant des écoles révolutionnaires zen et tao, vantaient la voie de l’amour comme un des chemins possibles vers l’illumination. Tous les moyens étaient bons pour parvenir à l’éveil, y compris le sexe. Mais on avait rarement vu quelqu’un prôner dans une langue aussi crue les vertus du plaisir ni signifier aussi clairement qu’il n’existe pas d’accomplissement spirituel sans «abandon», dans tous les sens du terme. Ikkyû eut donc ce courage. Le vrai sage n’a cure de la bonne ou mauvaise opinion qu’on peut avoir de lui. Il se contente d’être ce qu’il est.
  
Etant ce qu’il était, avec une pointe d’arrogance mêlée de pessimisme, Ikkyû n’en a jamais fait qu’à sa tête. Peut-être avait-il trop conscience d’être un intouchable. Fils caché de l’empereur Gokomatsu et d’une femme du clan Fujiwara, il a bénéficié toute sa vie d’une certaine licence et sa tombe, dissimulée derrière une lourde porte ornée de chrysanthèmes à seize pétales (par privilège impérial), invisible au commun des mortels, est gérée par l’agence de la famille impériale elle-même. Même sa statue est cachée au public. On sait seulement qu’elle fut sculptée par son disciple Bokusai après sa mort et que l’artiste y colla des poils de moustache, ainsi que des cheveux prélevés sur son cadavre, afin, peut-être, d’en perpétuer la scandaleuse apparence… Ikkyû avait en effet si peu cure de son image qu’il ne se rasait jamais vraiment. Sa biographie est donc celle d’un cas presque unique dans l’histoire du bouddhisme au Japon : celle d’un homme tourmenté, sévère, qui vivait de la façon la plus frugale et qui, vêtu de haillons, courait les filles et composait sans arrêt des poèmes sur la beauté du monde. Son portrait, au Musée National de Tôkyô, également signé par Bokusai, laisse peu de doute sur le caractère angoissé de cet hérétique notoire qui vit pourtant, l’instant d’un croassement de corbeau, le visage souriant d’un Buddha émerger d’une aurore… Voici brièvement sa biographie.

Né pendant la période trouble de Muromachi sous le nom de Senguikumaru, il entra au monastère à l’âge de cinq ans. Il grandit au temple Ankoku puis au Kennin-ji dans la province de Kyotô, mais dès seize ans –ne supportant plus la bêtise, l’arrivisme et l’hypocrisie de ses pairs–, il se mit à chercher désespérement un homme digne de devenir son maître. Aucun ne lui convenait. “Il régnait à l’époque un grand désordre, explique Frank Brinkley, dans une Histoire du peuple japonais. Les maîtres de la secte zen avaient été élevés par le gouvernement des Ashikaga aux plus haute dignités”. Alors que partout régnait le tumulte, une galaxie de prêtres zen affirmaient que les choses de ce monde étaient vaines et sans valeur. Certains donnaient l’exemple en pratiquant la méditation au milieu de la solitude. D’autres violaient sciemment les dogmes de leur propre foi. Ils avaient des femmes, des gitons et des enfants, polissaient des lances dans l’enceinte des temples, entretenaient des milices et géraient des fortunes de magnat. Il était alors commun qu’un homme se rase la tête et porte des vêtements bouddhiste tout en continuant à mener des armées. Les soldats se confondaient avec les moines. Les monastères s’affrontaient même, par les armes et par le feu, pour la possession de beaux garçons…

Dans ce contexte troublé, qualifié de gekokujô (littéralement “l’inférieur renverse le supérieur”, autrement dit n’importe qui peut devenir l’égal d’un noble), la civilisation japonaise connut paradoxalement un essor artistique intense. Sous l’impulsion des seigneurs de la guerre, à la recherche probablement d’un ordre strict au milieu du chaos, l’art des jardins, du thé, de la calligraphie et des parfums se développa avec un raffinement poussé. Il fallait une discipline extrême pour prétendre au statut d’homme de goût. Il n’est pas étonnant que dans ce contexte Ikkyû se soit rapidement distingué. Excentrique et radical, il se mit à composer des vers iconoclastes et passa de temple en temple, sans cesser jamais de les critiquer, jusqu’à ce qu’il rencontre Ken’O, un ermite solitaire, survivant dans une hutte aux environs de Kyôto, qui lui apprit à méditer.

Il  n’y avait rien à gagner auprès de ce prêtre mendiant, rien d’autre que la sagesse. Ce qui explique pourquoi Ikkyû devint son unique disciple et, à la mort de Ken’O, tenta de se suicider par noyade… Ikkyû avait vingt ans. Après avoir brûlé le corps de son maître, il se retrouva seul, désespéré. Quel homme serait désormais capable de le guider ? Il entendit alors parler d’un nommé Kasô, austère adepte du zazen, qui, pour échapper à la corruption ambiante, vivait sur les bords du lac Biwa et faisait faire à ses disciples des vêtements pour poupées qui assuraient de maigres revenus à leur communauté. Ikkyû, enthousiaste, resta cinq jours et cinq nuits à la porte de leur ermitage, mangeant à peine. Pour le dissuader, les moines jetèrent sur lui leurs eaux sales, mais en vain. Kasô l’autorisa finalement à se joindre à eux et lui donna des kôan à résoudre, entre deux vêtements de poupée…

En 1418, Ikkyû eut sa première expérience spirituelle. Il méditait sur le kôan intitulé “les 60 coups de Tozan”. Une troupe de musiciennes aveugles faisait alors résonner ses chants dans les environs. Porté par la musique et les accents joyeux des tambourins, il sentit brusquement son corps se dilater, son esprit ne faire plus qu’un avec le monde… Une vague de bonheur le submergea. Kasô alors lui donna son nom - Ikkyû (“un repos”) -, par allusion à cet espace de liberté parfaite, une pause dans la vacuité, que représente la voie vers l’illumination. Pascal Fauliot note que Ikkyû s’écrit avec deux idéogrammes : le premier est un trait unique qui signifie le chiffre 1. Le deuxième représente «un homme appuyé contre un arbre, signifiant ainsi qu’il se repose entre deux mondes». Est-il possible que la musique des aveugles lui ait ouvert cette porte entre les mondes ? Il eut une deuxième expérience d’illumination, en entendant un corbeau croasser. En 1428, à la mort de Kasô, Ikkyû se fit vagabond sous le nom de “nuage fou”, Kyôun.

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Sa vie errante ne l’empêchait pas de fréquenter les cercles d’artistes et de poètes, de boire en quantité et de se rendre chez les filles en tenue monastique qu’il invitait d’ailleurs, pionnier du genre, à faire partie de ses disciples… Ikkyû “pratiquait” le sexe comme une expérience spirituelle, avec la même assiduité que ses exercices de méditation. Et lorsqu’il fit la connaissance d’une belle aveugle nommée Shin, il s’éprit d’elle passionnément, sans faire la différence entre leurs plaisirs, les jeûnes et sa quête spirituelle. Ikkyû ne distinguait pas le zen de l’amour. C’était une ascèse aux allures excessives. Quand il faisait l’amour à Shin, il fallait que cela soit “dans les trois existences à venir, au cours de soixante kalpa”, c’est-à-dire  un nombre infini de fois, jusqu’à ce que le temps se fige. De leur relation, on ne sait pratiquement rien d’autre que quelques maigres faits. Ils se rencontrèrent durant l’hiver 1470, au temple Yakushido. Shin-nyô était une jongleuse et artiste aveugle née à Tango, âgée de trente ans. Elle battait du tsuzumi, un petit tambour en forme de diabolo, et ses yeux morts émurent Ikkyû. Il avait soixante-seize ans. Personne ne sait vraiment ce qu’il se passa entre eux. Ils se retrouvèrent au même endroit un an plus tard. Leur liaison devint officielle et l’année suivante, à l’automne 1472, Shin-nyô vint s’établir chez Ikkyû, qui avait élu domicile dans un petit temple à l’écart de Kyôto, le Shuon-an. Moins de deux plus tard, malgré le scandale, Ikkyû fut nommé à la tête d’un des plus importants complexes zen de la capitale  : il devint le chef du Daitoku-ji qui avait été rasé pendant les guerres d’Onin et que de nombreux bienfaiteurs contribuaient à reconstruire. Les dons affluaient en masse. Il fallait un homme intègre pour diriger ce nouveau centre du pouvoir religieux. Presqu’à regret, Ikkyû accepta ce poste qui faisait de lui un des hommes les plus importants de son temps, mais il refusa de s’y établir et préféra achever la reconstruction du Shuon-an, afin d’y vivre en concubinage avec sa jeune amie.

Le Shuon-an, surnommé Ikkyû-ji (temple d’Ikkyû) se situe à  environ 20 kilomètres de Kyôto. On peut encore y voir le grossier palanquin de bois sur lequel Ikkyû, alors âgé de quatre-vingt ans, se faisait transporter pour rejoindre la capitale. Sur les routes glissantes et pierreuses de l’époque, l’aller-retour devait être particulièrement long et douloureux. Malgré tout, c’est à ce temple isolé qu’Ikkyû resta fidèle, jusqu’au bout. C’est là qu’il fit bâtir la minuscule maison, semblable à un pavillon de thé, où il vécut avec Shin. On l’appelle Kokyuan. Ses murs sont en torchis, son toit de chaume et ses ouvertures de bois et de papier laissent passer la bise glaciale d’hiver aussi bien que les chaleurs lourdes de l’été… Fermée aux visiteurs en raison de son extrême fragilité, cette modeste hutte n’est maintenant accessible qu’au prix fort  : il faut la louer, l’espace d’une cérémonie de thé, pour pouvoir contempler, par l’ouverture des cloisons coulissantes, le jardin orné de pierres et d’arbustes qu’Ikkyû et Shin devaient voir chaque matin, serrés l’un contre l’autre. Leur vie était ascétique, mais s’il faut en croire les poèmes qu’Ikkyû écrivit alors et qui furent édités en 1480, un an avant sa mort, ils n’ont presque jamais cessé de s’y aimer. Dans son Recueil de nuages fous, il écrit  :

«Je suis fou de la belle Shin, elle vient des jardins célestes / Allongé sur les oreillers, la langue dans l’étamine de sa fleur / Je remplis ma bouche du parfum pur de sa source / Le crépuscule vient, puis des ombres du clair de lune, alors que nous chantons les chansons fraîches de l'amour.»

Il écrivit aussi  : «Ma main ne vaut pas celle de Shin / Cette femme est maître en jeux de l’amour / Quand ma tige se fane, elle la fait reverdir». Ikkyû trouvait sa délivrance dans le printemps de sa bien-aimée. Lui que les passions violentes et la colère n’ont jamais quitté, en quête constante du "vide véritable", il n’était plus avec Shin que des fleurs qui «s’ouvrent par centaines, puis tombent» dans une sorte de rêve transcendental et embaumé.

«Tu es venue, telle un printemps sur l’arbre desséché. Verts bourgeons, fleurs vibrantes, fraiche promesse… Shin, si jamais j’oubliais tout ce que je te dois, si profondément, amour, Laisse-moi brûler en enfer à jamais».

"Les gens me prennent pour un dément / Mais je n'en ai cure : / Si je suis déjà un démon sur terre, / Plus besoin de craindre les enfers ! / Chaque jour, les moines / Commentent à l'infini le dharma / Et chantent inlassablement / Les précieux soutras. / Ils feraient mieux d'apprendre / Comment déchiffrer / Les lettres d'amour envoyées / Par la pluie, la neige, la lune et le vent." (Traduction de Pascal Fauliot, page 140, Contes des sages zen)

Pour en savoir plus : Contes des sages zen, Pascal Fauliot, éd. du Seuil.

Note 1/ Faut-il le préciser ? Les moines zen n'avaient absolument pas le droit d'épouser une femme. La chasteté était une règle absolue. Ikkyû a donc brisé un interdit majeur.

Note 2/ Traduction de Pascal Fauliot : "La vieille grand-mère a tenté en vain / De donner une échelle à ce vaurien / En lui offrant une jeune beauté. / Si j'avais été à sa place, / Le vieux tronc de saule / Aurait fait de nouveaux bourgeons". (page 65, Contes des sages zen)

 

 

Source : http://sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/page/4/

30/10/2013

Messagers de la vie

 

 

À quelques mois des commémorations marquant le vingtième anniversaire du génocide des Tutsis rwandais, Théophile Kagabo et Norbert Nsabimana ont suivi trois rescapés, Déo Mazina, Marie Niyonteze et Révérien Rumangwa. À travers leur film, « Messagers de la vie », réalisé pour l’association Ibuka mémoire et Justice, tous trois non seulement se sont relevés mais font preuve d’une force et d’un rayonnement extraordinaires, nous offrant un message de foi en l’avenir.
 

 

Marie Niyonteze est l’auteur du livre remarquable « Retour à Muganza, récit d’un avant-génocide », paru aux éditions M.E.O. Voir : NIYONTEZE-MUGANZA.pdf

 

22/06/2013

Pucelles à vendre, Londres 1885 de William Thomas Stead

Présentation et notes de Dominique Kalifa

à paraître en août/septembre aux Editions Alma

1885. Scandale à Londres. Une « commission secrète » de journalistes enquête sur le trafic organisé – et légal… – de jeunes filles vierges dans lequel sont impliquées les élites victoriennes. Immédiatement traduit en français, Le tribut des vierges est le livre fondateur du journalisme moderne. En 1885, à 36 ans, le journaliste W. T. Stead a fait de la Pall Mal Gazette le pilier du parti libéral. Ses campagnes d’opinion et ses enquêtes bousculent l’Angleterre victorienne. La plus célèbre de celles-ci, The Maiden Tribute To Modern Babylon (le tribut des vierges de la Moderne Babylone) fut menée dans les milieux de la prostitution enfantine avec l’aide de collaborateurs du journal. À l’époque, la loi fixait à l’âge de 13 ans la majorité sexuelle des jeunes filles.

Avec ses enquêteurs, Stead décrit les filières qui permettent d’obtenir des fillettes vierges auprès de tenancières de maisons closes ou de respectables maquerelles indépendantes. Une visite et un certificat médical officiel garantissent la qualité du produit. Au-delà des faits l’enquête s’intéresse aux mentalités. Stead recueille des propos et des témoignages auprès de tous les acteurs de ce « labyrinthe » du crime. Ce reportage de la Pall Mall Gazette eut un retentissement international. La loi anglaise porta la majorité sexuelle des jeunes filles à 16 ans. W.T. Stead fut néanmoins condamné à trois mois de prison pour de prétendues diffamations. George Bernard Shaw s’inspira de l’affaire pour Pygmalion et Stevenson pour Dr Jekyll & Mr Hyde.

Cette réédition de la traduction française réalisée elle aussi en 1885, est précédée d’une passionnante étude de Dominique Kalifa.

Les auteurs

William Thomas Stead (1849-1912), fils d’un ministre de l’Église congrégationaliste du Northumberland vint précocement au journalisme. Il devint en 1871 rédacteur en chef du Nothern Echo, le plus jeune de la presse britannique. Arrivé en 1880 à la Pall Mall Gazette, il en fit l’un des quotidiens les plus populaires et les plus influents. Évincé en 1890 pour avoir mis en cause trop de personnalités, il poursuivit ses croisades en fondant un mensuel, la Review of Reviews dont le succès gagna les États-Unis et l’Australie. Il mourut dans le naufrage du Titanic.

Dominique Kalifa, professeur à l’université Paris I - Panthéon Sorbonne est spécialiste de l’histoire du crime et de ses représentations au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Il a notamment publié Biribi. Les bagnes coloniaux de l’armée française (Perrin, 2009) et Les Bas-fonds, histoire d’un imaginaire (Seuil, 2013).

13/06/2013

Le cosmos et le lotus de Trinh Xuan Thuan

 

Trinh Xuan Thuan est né en le 20 août 1948 à Hanoï (Vietnam). Il quitte Hanoi à l'âge de 6 ans. Sa famille s'établit alors à Sài Gon, ancienne capitale du Sud du pays, qui était alors séparé en deux par le 17e parallèle, conformément aux accords de Genève signés en 1954. Là, il fit des études, jusqu'au Bac, à l'école française Jean Jacques Rousseau. C'est grâce à un riche vocabulaire de français acquis à cette époque qu'il a pu écrire de grands ouvrages sur l'astrophysique, renommés tant en raison de leur exactitude scientifique que de leur caractère poétique. Il passe brillamment le bac en 1966 (mathématiques élémentaires mention très bien) au lycée Jean-Jacques Rousseau de Saïgon.

Après une année en Suisse, à l’Ecole polytechnique de Lausanne, il poursuit ses études dans les plus grandes universités américaines : au California Institute of Technology (Caltech), puis à Princeton où il obtient, en 1974, un Ph.D. en astrophysique sous la direction de l’éminent astrophysicien Lyman Spitzer, père du téléscope Hubble et l’un des pionniers de la physique du milieu interstellaire et des plasmas.

Recherche et Enseignement

Depuis 1976 il est professeur d’astrophysique à l’université de Virginie à Charlottesville, et partage son temps entre les Etats-Unis et la France. En tant que professeur invité à l’université de Paris 7, à l’observatoire de Meudon, au service d’astrophysique de Saclay et à l’IAP (Institut d’astrophysique de Paris) du CNRS, il collabore régulièrement avec des scientifiques français.

Spécialiste internationalement reconnu de l'astronomie extragalactique (extérieure à la Voie lactée) il est l'auteur de plus de 230 articles sur la formation et l'évolution des galaxies, en particulier celle des galaxies naines, et sur la synthèse des éléments légers dans le Big Bang. Ses articles font référence dans le monde entier.

Pour ses recherches astronomiques il utilise les plus grands téléscopes au sol (Kitt Peak, Hawaï, Chili…) et dans l’espace (Hubble, Spitzer…). A la fin de l’année 2004, grâce à des observations faites avec Hubble il a découvert la plus jeune galaxie connue de l’univers (I Zwicky 18) – découverte qui a été amplement discutée dans la presse internationale.

Par ailleurs il donne un cours à l'Université de Virginie qu'il a baptisé "Astronomie pour les poètes". Les étudiants non-scientifiques ont ainsi le plaisir de découvrir les merveilles de l¹Univers.

Écriture et Conférences

Parallèlement à son travail de chercheur et de professeur d’université, il mène, par ses livres et ses conférences, une œuvre de diffusion de la connaissance scientifique auprès du grand public.Il est l'auteur de nombreux ouvrages exprimant avec clarté la vision complexe et subtile d’un scientifique sur l’univers et sur la place de l’homme dans le cosmos :

  • La Mélodie secrète (Fayard, 1988, Folio-Gallimard, 1991), panorama de la cosmologie moderne et de ses implications philosophiques,
  • Un astrophysicien (Beauchesne-Fayard, 1992, Champs-Flammarion, 1995), autobiographie,
  • Le Destin de l'Univers – Le Big Bang et après (Découvertes Gallimard, 1992),
  • Le Chaos et l'Harmonie (Fayard, 1998, Folio-Gallimard, 2000), synthèse dans un langage simple des connaissances scientifiques du XXème siècle et de leur implication philosophique,
  • L'Infini dans la paume de la main (Nil/Fayard 2000, Pocket, 2002), dialogue avec le moine bouddhiste Matthieu Ricard sur les convergences et les divergences de la science et du bouddhisme dans leurs descriptions du réel,
  • Origines, (Fayard, 2003 / Folio-Gallimard 2005), illustré de magnifiques photos, raconte la grande fresque cosmique depuis le Big Bang jusqu'a l'émergence de la vie et de la conscience,
  • Les voies de la lumière (Fayard, 2007 ), explique l'Univers au travers du signal qu'il nous envoie: la lumière.

  • Le Cosmos et le Lotus, Albin Michel, 2011

Tous ses livres ont été écrits en français, traduits en de nombreuses langues et ont rencontré la faveur d’un large public, contribuant ainsi au rayonnement de la langue française dans le monde francophone (Vietnam, Québec, Maroc, Sénégal, Ile Maurice…).

Depuis sa première apparition dans l’émission de Bernard Pivot Apostrophes en 1989, Trinh Xuan Thuan est régulièrement invité en tant qu’expert sur de nombreux plateaux de télévision tant en France (Bouillon de Culture, Culture et Dépendances, etc) qu’à l’étranger.

Conférencier apprécié, il est invité dans le monde entier. La plupart de ses conférences sont données en langue française.

26/05/2013

Chômologie portative, ou Dictionnaire du cynisme social

Parfois il faut ranger, et ranger parfois s'apparente à un travail d'archéologie, avec maintes (re)découvertes plus ou moins réjouissantes, comme des photos olé olé de périodes olé olé, des photos de grossesse où la nudité là, se nimbe d'un voile de dignité et de beauté quasi, je dis bien quasi, virginal, un journal intime égaré depuis plus de un an (ouf !) et des livres comme celui-ci :

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Il y a des livres qui vieillissent mal et d'autres qui sont de plus en plus d'actualité, ou en tout cas pas moins que lorsqu'il ont été écrits. Celui-là en fait partie, il m'avait été généreusement envoyé par son auteur, Stéphan Pascau, qui l'avait alors signé sous le nom d'Esteban Capusa. Il est dédié " A tous ceux qui n'ont pas la parole  et qui hésitent encore à en rire" avec en exergue, cette phrase " Chers prétendants au pouvoir, vous n'avez pas le monopole du cynisme." Edité en 2005, chez Les points sur les I tant qu'à faire, en collaboration avec Le Défouloir des précaires, http://precaires.free.fr/, site que je suivais alors, ce livre est jubilatoirement intelligent et je suis absolument ravie que le rangement, car oui parfois il faut ranger, me l'ait replacé entre les mains et donc que je puisse en parler de nouveau.

 

Stéphan Pascau

Stéphan Pascau est aujourd’hui docteur ès Lettres. Son parcours en dents-de-scie pourrait lui valoir la désignation d’“atypique” si la linéarité, de nos jours, était encore de règle. Il formulera pudiquement qu’en raison d’un contexte social particulier, ainsi que d’un tempérament sans doute enclin à la découverte, sa préférence s’est portée naturellement sur les chemins de traverses… Après un arrêt scolaire à l’âge de 16 ans, l’essentiel de sa vie professionnelle très aléatoire s’est déroulé sans qualification dans l’industrie et les travaux publics. Il reprend les livres en autodidacte dès l’âge de trente ans à partir du niveau des classes de collège, obtient son bac en candidat libre quelques années plus tard, suivi d’un BTS en électrotechnique, puis s’inscrit pour le plaisir à un cursus universitaire littéraire, exclusivement en cours par correspondance. Sa thèse de troisième cycle a été consacrée à rétablir la biographie et à réhabiliter l’œuvre d’un auteur oublié du XVIIIe siècle, au parcours fort étonnant pour son époque ; il est des chemins romanesques qui se croisent avec bienveillance dans le décalage des temps...

Autres publications :

Henri-Joseph Dulaurens (1719-1793), réhabilitation d’une œuvre, Paris, Champion, DHS 109, déc. 2006, 540 p.
Ouvrage consacré à la reconstitution bibliographique de Dulaurens, dont l’œuvre essentiellement anonyme était jusqu’alors mal connue, sous-estimée et controversée. L’étude aborde également la portée des écrits de l’auteur et ses liaisons avec les littératures du siècle.

Écrire et s’enfuir, dans l’ombre des Lumières ; Henri-Joseph Dulaurens (1719-1793), Paris, Les Points sur les i, Collection des Gueux Littéraires, oct. 2009, 326 p.
Cet ouvrage fait suite au premier, avec compléments biographiques et lecture analytique de l’œuvre. Dulaurens y est décrit dans son intimité psychologique. De nombreuses archives inédites ont été retrouvées et consultées pour l’élaboration de ces deux ouvrages, adaptés d’une thèse consacrée à l’auteur.

et donc Chômologie portative, ou Dictionnaire du cynisme social, Paris, Les Points sur les i, 2005, 158 p. Publié sous le pseudonyme à peine voilé d’Esteban Capusa, ce petit pamphlet sans prétention est calqué sur la Théologie portative, ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne (1768), attribué à D’Holbach, où la religion prise pour cible dans le second a été remplacée par l’ANPE dans le premier !

J'ai trouvé sur le site du défouloir des précaires, ces extraits agrémentés d'autres trouvailles qui ne figurent pas dans le livre, que vous pourrez lire ci-dessous :

 

A

 

Abnégation, ou sacrifice de soi au bénéfice d’autrui. Autrement dit : qualité majeure et forcée de tout chômeur, qui en a donc au moins une.

 

Actionnaire. Fainéant chronique, coléreux et menaçant, qui ne bosse jamais et qui réclame tout le temps du pognon, c’est un parfait chômeur qui a raté sa vocation.

 

Aide soignante. Nouvel idéal des jeunes filles n’ayant pas pu obtenir une instruction de 3ème cycle universitaire. Devenir aide soignante en l’an 2000 relève cependant d’un long parcours de la combattante, ponctué de concours et de vastes frais, parcours bien supérieur en difficultés à celui des infirmières des Trente Glorieuses. Ceci est dû au fait que l’accès au métier d’infirmière, en France, est aujourd’hui impossible puisque cet art est réservé aux Espagnoles, beaucoup plus intelligentes et adroites que les Françaises au chômage.

 

Alinéa : C'est un peu comme les puces. Il en sort toujours une du plancher pour te piquer rien qu'à toi, pile au moment où tu devais poser tout nu pour des photos, comme il y a toujours un alinéa quelque part qui s'applique à ton cas pour t'exclure de la nouvelle mesure avantageuse qu'on vient juste d'annoncer à la télé.

 

Ambition. Sentiment naturel visant à s’élever dans la vie pour se situer au-dessus du lot, soit par son travail, soit par son mérite, soit par l’exploitation de son talent. Curieusement, les minus les plus ambitieux du monde politico-économique ont réussi à imposer une façon géniale de s’élever au-dessus d’autrui sans faire le moindre effort, sans talent, et avec encore moins de mérite qu’un gagnant du loto : il suffit d’enfoncer autrui plus bas que soi.

 

Arnaque. C’est drôle, ceux qui réclament le pouvoir finissent toujours par le prendre, alors que ceux qui réclament le travail finissent toujours par se faire prendre pour des cons.

 

ASSEDIC. Il paraît que ce serait une Association pour l’Emploi dans l’Industrie et le Commerce (Qui le savait ?). En vrai, ça ressemble plus exactement à une Aumône Sèche et Suffisante pour Endiguer le Dynamisme et l’Insolence du Chômeur.

 

B

 

Bilan (de compétences), ou intitulé extravagant de l’un des multiples stages utiles proposés par une célèbre agence qui est censée en avoir (des compétences). En gros, c’est une sorte d’initiation où l’on persuade ceux que personne ne veut plus fréquenter, qu’ils ont des tonnes de qualités cachées mais qu’ils ne savent pas les mettre en valeur. Le fin est justement d’apprendre à dissimuler ces qualités, lorsqu’on en a trop, ou en tout cas lorsqu’on en a au moins une bonne. Ceci est destiné à ne pas énerver le monde que vous énervez déjà assez comme ça par votre seule existence de parasite, non mais : pour qui vous prenez-vous ?! Vous aviez évidemment besoin d’un stage afin que des gens compétents, eux, puisqu’ils travaillent, vous rappellent tout ça. D’ailleurs, ces gens compétents, qui travaillent dans la célèbre agence, vous apportent surtout la réponse universelle à cette question fondamentale qui vous tourmente depuis déjà longtemps (sinon vous n’auriez pas accepté ce stage) : question : « Où est la solution de mon problème ? » – réponse : « Continuez à chercher, elle est en vous ; compétent comme vous l’êtes, vous finirez bien par la trouver. »

 

BIT. Bureau International du Travail (si, si, ça existe et c’est à Paris) ! On aurait choisi NIC, c’eut été aussi parlant (Non Intéressé par les Chômeurs). Il n’existe d’ailleurs pas de BIC (Bureau International du Chômage), sans doute parce que ça, c’est jetable.

 

Bras. Il paraît qu’on en manque. Généralement, ce sont les petits patrons et les grosses matrones qui le disent avec indignation, sous-entendant qu’il y en a plein qui se reposent au chômage. Si tu es un homme et que tu te sens visé, n’hésite pas à répondre à ton interlocuteur que pour ce qui est des bras, tu ne peux pas le dépanner parce que tu n’en as pas plus que lui, mais qu’en revanche, tu as un cerveau et une bite, au cas où il en manquerait aussi.

 

Top

 

C

 

Carrière. Archaïsme dont on ne trouve la résurgence que dans les rares métiers médiatiques (présentateur, politicien) ou artistiques (chanteur, écrivain, chômeur).

 

Chômage : [ ! ]  “ ... Chuuuut !... Taisez-vous donc, inconscients, vous n’avez pas honte ?! 

 

Convocation. Terme courtois et respectueux, utilisé notamment par les administrations de la police et de la justice en lieu et place d’invitation. L’ANPE en use avec force prévenance (traduire menace) lorsqu’elle propose au chômeur, soit un (sous-)emploi, soit (et c’est beaucoup plus fréquent) un bilan de situation dite professionnelle (!). Le chômeur serait donc poliment assimilable à un coupable ?

 

Cynique : Toi-même !

 

D  

 

Dégrader (se). « Comme c’est triste de voir les êtres qu’on chérit se dégrader peu à peu », disait déjà Flaubert... On comprend pourquoi ce n’est pas lui qui a inventé l’ANPE. 

 

Délocalisation. Cela doit vouloir dire “déménagement sous protection pour que les chiens errants et les abeilles n’attaquent pas les camions ni les ouvriers”, puisqu’à chaque fois, les déménageurs arrivent en cachette la nuit et sont armés de battes de base-ball. Et puis souvent, le lendemain, il y a des types emmitouflés de noir avec des cagoules et des armes de Rambo qui viennent pour protéger l’ouvrier quand il s’enferme dans le bureau du patron pour éviter les piqûres d’abeilles.

 

E

 

Exclu. Électron libéré de l’ensemble des inclus à coups de pieds au cul, équivalent du relégué antique, du lépreux moyenâgeux, de la femme d’Henri VIII ou du moustique entêté qu’on chasse le soir dans la chambre.

 

F

 

Fainéant. Synonyme inavoué du mot “Fonctionnaire” (défini ci-dessous dans la liste), c’est aussi l’insulte favorite qu’emploient ceux dont la principale source de revenus consiste à faire bosser les autres, ou bien de ceux qui adorent voir transpirer autrui alors qu’eux-mêmes ne transpirent jamais.

 

Fin de droit. C’est exactement l’expression tronquée qu’il convenait de mettre en usage en matière socio-économique et historico-culturelle : la France est, depuis déjà fort longtemps, le pays de la fin des droits de l’homme !

 

Fonctionnaire. Énorme concurrent du chômeur. Il coûte une fortune au contribuable, il a la garantie de son statut à vie car personne ne peut le virer, il est antiproductif et donc ne sert à rien non plus, il a le culot de réclamer son seizième mois hebdomadaire à chaque rentrée comme le second sa prime de Noël à chaque sortie, il détient le record du monde de l’absentéisme occidental et, en outre, il présente cette même tendance surprenante à s’énerver lorsqu’on lui demande s’il a l’intention de travailler un jour.

Footballeur. Seule profession où l'on devient milliardaire à 20 ans en jouant, avec les encouragements de la foule laborieuse ; où l'on prend sa retraite à 30 ans sans que personne n'y trouve à redire, et surtout pas ceux qui doivent bosser plus de 45 ans pour en avoir une de merde ; où l'on peut donner des coups de boule devant la terre entière à quiconque semble vous manquer de respect en italien, sans avoir de compte à rendre à la justice et avec la bénédiction générale.

 

Fumer. Et en plus, tu fumes ?!

 

Futur. Pourquoi du compliques toujours tout ?!

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G

 

Gâteau (part de...) : disons que c’est dommage pour les chômeurs : ils font tous du diabète...

 

H

 

Hippie ou hippy. Mention souvent camouflée dans la partie “années 60 et 70” du CV des chômeurs de plus de cinquante ans.

 

Humour. Avec les comiques d’aujourd’hui, tu sais bien que pour accéder au rire, il faut choisir un camp. Alors si t’es chômeur, l’humour, oui, mais... entre chômeurs seulement, sinon ce serait de la provoc’.

 

I

 

Insécurité... de l’emploi, dans les banlieues, routière ; de l’emploi, dans les banlieues, routière ; de l’emploi, dans les banlieues, routière... Ah! Mince ! J’ai fini les pétales.

 

Intérim : ça vient du latin et ça veut dire pendant ce temps-là. D'où les expressions : “Intérim tu nous fais pas chier”, ou bien “Intérim je peux coucher avec ta femme”, ou encore “Intérim pas de maladies, pas de syndicats, pas de casse-couilles”.

 

Isolement : ou quel est le comble de l’isolement ?… Ben, c’est d’être au chômage, c’est-à-dire dans la plus grande des confréries, où se mêlent toutes les origines, toutes les professions, tous les profils, où la victimisation devrait donner lieu à l’un des plus vastes rapprochement humain, au plus bel élan de solidarité et de soutien collectif, à… Argh !Allez tous vous faire voir.

J

 

Job : 

 

– T’en as trouvé un, chérie ?

 

– Oui, j’en ai trouvé un, mais comme d’habitude, il commence par z.

 

Justice. L’exclu n’y a accès que par le biais des aides juridiques. Autrement dit, il n’y a pas accès. C’est normal, non ? puisqu’il est exclu, ce maraud ne va pas en plus réclamer justice !... Bon, d’accord, il y a eu l’affaire des “recalculés”... Certes, de temps en temps, il y a des juges isolés qui se lancent dans l’humanitaire. Surtout quand le Syndicat de la Magistrature a des comptes à régler avec Monsieur le Ministre. Mais ça ne dure pas. La preuve : tous les recalculés ont été déboutés en appel, après que le Syndicat de la Magistrature a obtenu d’urgence une partie ce qu’il demandait.

 

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K

 

Kleptomane. Terme scientifique. Sauf quand c’est celui qui pique l’argent de ceux qui travaillent, tout en les encourageant à travailler pour continuer à ne rien foutre lui-même : là, on préfère utiliser l’un des termes populaires de chômeur ou de patron (c’est selon).

 

L  

 

Loup-garou. Voir Patron.

 

Luxe : curieusement, pour les uns, c’est synonyme de vacances alors que pour les autres, c’est synonyme de travail. Allez y comprendre quelque chose ! 

 

M

 

Malade. Mais non ! Arrête, avec ça ! C’est pas toi, c’est le système qui est malade.

 

Mexicain. Mention à porter dans la case “dernier emploi exercé” lorsque l’on ne s’en rappelle plus.

 

Motivation. Si tu me demandes encore quelles sont mes motivations, je te les mets dans la fraise toutes les deux.

 

N

 

Non. Généralement assorti de t’es un con (sous-entendu ou pas), c’est le leitmotiv que doit subir le chômeur têtu s’il n’a toujours pas compris qu’il énerve les gens des bureaux d’embauche, à leur poser toujours la même question idiote.

 

Nomade. Aujourd’hui, on dit SDF. Ça fait plus kitch, et ça peut sous-entendre Standing De Fortune.

 

O

 

O.S. Anciennement Ouvrier Spécialisé, de nos jours plutôt Oisif en Solde. Il faut noter que lorsqu’on cherche du travail, on tombe souvent sur des os.

 

 

 

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P

 

Parasite. Le tout est de savoir lequel est le plus nuisible et le moins étranger à tous les maux du monde dit social : le pou, le chômeur, le grand patron, le gros ou le petit actionnaire, l’État, le fonctionnaire, le morpion… Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas les chômeurs qui parasitent le système, mais l’ANPE qui parasite les chômeurs.

 

Patron. Souvent confondu avec le Manager stock-optionné, ou le repris de justic... (Pardon !) le Grand Patron nommé par l’État, il n’est pas forcément cet être abject qui considère que l’employé est un Gnakoué qui lui doit tout et qui doit se contenter de rien. Le patron, parfois petit, prend le risque de dégringoler plus bas que ses employés en cas d’échec, surtout s’il comptait sur le MEDEF pour le soutenir et s’il n’a pas eu la présence d’esprit, comme les grands, de délocaliser son compte bancaire. Lorsqu’il a le temps de lâcher la vapeur en se faisant fouetter chez une maîtresse dominatrice une fois par semaine, il lui arrive alors de ne pas trop faire subir ses états d’âme despotiques à ses subordonnés. Il lui arrive également de ne pas harceler ses secrétaires pendant que sa femme le surveille, de payer les heures sup. au personnel concerné lorsqu’un inspecteur du travail constate par hasard leur effectivité, d’accorder des échelons à ceux qui peuvent y prétendre selon les conventions collectives après intervention syndicale, et de respecter le droit du travail quand il y est contraint par les prud’hommes. Le (petit) patron, parfois, a le mérite d’être un ancien chômeur, même s’il oublie vite son triste passé ou ne s’en sert que pour reproduire, à son profit, les statuts qu’il a précédemment endurés (stages et contrats poubelles à répétition). Il est surtout le grand oublié des inventeurs du suivi de l’emploi : l’ANPE, depuis qu’elle existe, n’a encore pas pensé à lui organiser des “stages de recherche intensive d’employés”, avec apprentissage de la lettre de recrutement motivée, le tout assorti d’un revenu de 420 euros par mois pendant 6 mois, afin de mieux le rapprocher des réalités de l’offre et de la demande.

 

PIB, PNB, PPA, Pnud :

 

– Vous savez ce que c’est, vous ?

 

– Bien sûr. Le premier est la somme annuelle des valeurs ajoutées sur les biens et services réalisés sur le territoire national par l’ensemble des entreprises nationales ou non, le second étant la somme du premier et du solde des revenus des facteurs de productions transférés par ou à l’étranger sachant que le chiffre, à parité de pouvoir d’achat (PPA), caractérise la puissance économique du productivisme national. Ainsi, selon le Pnud (Programme des Nations Unies pour le Développement), le volume des exportations de la France ayant été multiplié par trois durant ces vingt dernières années, la France n’a jamais été aussi compétitive dans le monde.

 

– Ough ! Vous pouvez répéter la réponse ?...

 

– Toi y’en a vivre de mieux en mieux depuis trente ans, Ducon.

 

– T’as raison, Ducapable, c’est pour ça que le chômage n’a pas cessé d’augmenter depuis trente ans et qu’on peut plus se loger même en bossant.

 

Profession : Nom, prénom... jusque-là, ça va, on peut répondre. Mais après... SPF ?

 

Prédation. On ne peut pas parler d’“idéologie libérale”, parce que le terme “idéologie” supposerait qu’il y ait une idée. Il s’agit plutôt de “prédation libérale”. Un prédateur n’a aucune réflexion : il ne méprise pas seulement sa victime, il la culpabilise et la sanctionne. Il ne se lie jamais d’amitié avec ses congénères : il peut s’associer momentanément avec eux par intérêt ou par nécessité, mais il les tuera au moindre moment d’opulence. Voyez le comportement des lions autour de la carcasse de ce salaud de gnou, ou bien celui des requins à l’odeur de la moindre goutte de sang. N’espérez pas raisonner un prédateur : il ne comprendra jamais autre chose que son intérêt bestial, il ne reviendra jamais sur ses positions, même si vous avez réussi par miracle à le conditionner un temps, et il ne mangera jamais des pommes, même si sa femelle en mange de grosses, parfois (voyez certains politiques). Si vous êtes un gnou dans la nature, face à un prédateur, votre seule issue est la fuite. Si vous êtes un homme ou une femme, dans un monde civilisé, vous n’avez aucune raison de continuer à fuir, à vous cacher et à pleurer. Physiquement, votre prédateur n’a rien de plus que vous. Curieusement, il est même souvent plus faible et beaucoup plus lâche que vous.

 

Précarité. Depuis le temps qu’elle dure, on se demande ce qu’attend l’Académie pour en faire un synonyme de “stabilité”.

 

Q

 

Quand ? : « Quand on t’aura besoin. Pas avant, ni après. »

 

Que dalle :

 

– Et pourtant, je cherche, hein ! Et je suis vachement motivé, hein ! Et j’ai fait tous les stages que vous m’avez obligé à faire, hein !...

 

– Hein ?!

 

Quinquagénaire : ancien mort-vivant, aujourd’hui rejoint par le quadra, lui-même bientôt surfait par le trentenaire. C’est fou ce que l’exclusion vous vieillit un homme, alors qu’il passe son temps à faire la couleuvre sur le hamac.

 

R

 

Radar automatique, ou distributeur de sanctions automatisées, tellement le citoyen est coupable et irresponsable. Cette chose bizarre, issue du plus mauvais film de science-fiction ou de l’imaginaire rudimentaire de quelque politicard populiste sans âme, est la machine prémonitoire de ce qui attend le citoyen polisson du meilleur des mondes, au troisième millénaire. En effet, préparons-nous à voir surgir le “Distributeur automatique de coups de pieds au cul dans l’entreprise” pour tout travailleur qui aurait l’outrecuidance de s’octroyer une seconde d’inattention pendant ses heures de travail, ou encore la “Règle sauteuse qui tape systématiquement sur les doigts de la main gauche de tout employé droitier”, lorsque ce dernier se permettrait de laisser sa main gauche au repos pendant que sa main droite se tape tout le boulot.

 

Il y avait tout de même mille autres solutions que les radars automatiques (voir ci-après notre définition de la répression) : rétrécissement des voies, bandes frontales de ralentissement, autorégulation des moteurs, capteurs-émetteurs à l’entrée des lieux sensibles pour ralentissement automatisé, multiplication des ronds-points, pose d’obstacles identiques à ceux des péages, interventions aléatoires de police non pour piéger et réprimer mais pour faire ralentir, stages de sensibilisation obligatoires, 2 ou 3h d’auto-école obligatoires par an ou bien non obligatoires mais assorties d’un point de bonus... Ah, évidemment, la méthode “radar-caisse et débilisation du piégé” est tout à fait dans l’esprit de la délocalisation d’usine. C’est pourquoi tout nous porte à penser qu’il y a aussi mille autres solutions en matière de choix du travail et de gestion du chômage.

Raté : ancienne appellation de l’exclu. De nos jours, on ne peut plus être un(e) raté(e) puisque le système ne vous laisse plus le loisir d’essayer de réussir quelque chose.

 

Retour à l’emploi (aide au). Vu l’orientation de la courbe du chômage qui ne va qu’en croissant depuis bientôt 40 ans, il serait plus utile d’aider les travailleurs provisoires (pardon pour le pléonasme) à l’entrée au chômage.

 

Rien faire, ou chercher du boulot. Pour un chômeur, ça revient au même puisque chercher du boulot, c’est ne rien obtenir non plus, alors, autant ne…

 

Top

 

S

 

S.M.I.C. Stimulant Magique et Incitatif du Chômeur qui, au vu de cet incroyable émolument auquel il a décidément le privilège d’échapper, préfère lâchement rester chez lui dans la béatitude.

 

Stage : officiellement, c'est une période d'activité temporaire en vue de se perfectionner. Qu'est-ce qu'il y en a, ces temps-ci, des gens perfectionnistes, sur le marché ! C'est pas étonnant, avec tous ces fignoleurs, qu'on ne trouve plus assez de bourricots pour occuper des boulots de merde qui ne demandent aucun perfectionnement.

 

T

 

Travailler (ils n’ont qu’à aller). Vous connaissez l’histoire du type qui a perdu son larfeuille et à qui le flic du bureau des pertes demande, sourcil droit froncé, le gauche soupçonneux : « …z’avez votre larfeuille, vous ? »

 

Travailler (ils ne veulent pas aller). Expression consacrée, à l’attention des chômeurs, notamment de la part de ceux qui croient ou qui prétendent travailler. Pourtant, le nombre de gens qui ne fichent rien dans les entreprises, lorsqu’ils n’en ralentissent pas carrément le fonctionnement, est autrement plus élevé que celui des chômeurs ! En effet, demander à des employés attitrés de faire une heure supplémentaire, c’est 99 fois sur 100 leur demander la lune ou provoquer la prochaine grève. Pourquoi voudrait-on que les mêmes, une fois au chômage, se muent en esclaves et en sous-pantins ? Surtout lorsqu’on les pioche et qu’on les jette à la carte du patron, tout en les payant au lance-pierre, et en les persuadant qu’on leur fait là une grande faveur ?

 

En outre, les chômeurs qui ne cherchent plus de travail ont au moins une excuse, eux : on les en a écœurés.

 

Travailleurs. Assorti de “Travailleuses”, il s’agit de l’acouphène résonnant du sempiternel disque rayé de certains vieux Partis très nostalgiques, qui veulent encore croire que le mot est un compliment et la notion un idéal.

U

 

UNEDIC. “Union Nationale pour l’Emploi Dans l’Industrie et le Commerce”. En fait, tout ce qui finit par DIC, ça veut dire “Dans l’Industrie et le Commerce”. Ça ne veut pas dire “Des Incapables au Chômage”. Autrement dit, aucun de ces organismes ne s’occupe vraiment de l’emploi des chômeurs, mais seulement de l’emploi de ceux qui travaillent déjà dans l’industrie et le commerce. Quant aux individus qui perdent un tel emploi, l’Unedic est certes là pour leur jeter une aumône provisoire, mais surtout pour leur rappeler qu’ils sont en train de ruiner ceux qui bossent toujours dans l’industrie et le commerce.

 

V

 

Vérité. C’est sans doute ce qu’il y a de pire chez le chômeur : sa situation est tellement criante de vérité qu’il n’a plus besoin d’ajouter quoi que ce soit pour susciter la haine du reste du monde.

 

W

 

Wagon-lit : dernier hôtel 3 étoiles du sans-emploi qui a la chance d’habiter près d’une gare de triage.

 

X

 

X : catégorie professionnelle dans laquelle les jeunes chômeuses peuvent encore espérer bénéficier d’un bon coup de piston.

 

Y

 

Yéti : ou abominable homme des neiges, aussi légendaire et inquiétant pour le chômeur que ne le sont les synonymes de cet animal fabuleux : employeur, ami ou conjoint.

 

Z

 

Zigzag. Cette onomatopée désigne, au figuré, l’évolution sinueuse de la vie de quelqu’un (selon le Larousse). Ne pourrait-elle être aujourd’hui usitée au sens propre pour remplacer l’abréviation latine CV ? En effet, curriculum vitae signifie carrière de la vie. Or, la carrière est une chose qui n’existe plus et qui n’a même jamais existé pour la plupart des chômeurs. Il est donc absurde de demander un CV à un chômeur ! Il serait plus juste de lui demander son Zigzag.

19/04/2013

"Vive la malbouffe, à bas le bio", ou comment être écoeuré par les supermarchés

Par
philosophe écologiste

 
 

En librairie depuis le 17 avril, le livre "Vive la malbouffe, à bas le bio" (ed. Hoëbeke) s'attache à mettre en évidence les multiples fraudes et escroqueries dont l'industrie agroalimentaire serait responsable. Un document édifiant sur les limites de notre sécurité alimentaire qu'a lu notre contributeur Yves Paccalet, militant écologiste.

Illustration sur la "malbouffe" (VIDAL/SIPA).

Illustration sur la "malbouffe" (VIDAL/SIPA).

 

Je viens de lire un bouquin très triste et par conséquent très drôle : "Vive la malbouffe, à bas le bio !", aux éditions Hoëbeke. Ses auteurs sont trois journalistes, Christophe Labbé et Olivia Recasens, du "Point", et Jean-Luc Porquet, du "Canard enchaîné" ; le livre est agrémenté de dessins de Wozniak, du même "Canard enchaîné".

 

On comprend, bien sûr, que le titre est une antiphrase. On saisit l'ironie du propos, qui se résume en une phrase : "Amis de la malbouffe, réjouissons-nous : notre cause avance à pas de géant !"

 

Ces arnaques qui nous détruisent l'intestin et la tête

 

L'argumentaire déglingue, sur le mode du rire jaune ou de l'humour marron foncé, voire noir-noir, l'industrie de l'agroalimentaire, laquelle (au nom du "progrès" et de la grasse rémunération de ses actionnaires) nous gave de bœuf au cheval et de vache folle, de fromage sans lait, de frite pré-aromatisée, de carotte chimiquement colorée, de yaourts aux ferments délirants, de bonbons astiqués au dioxyde de titane, de nouilles à l’aluminium, d'épinards aux nitrates, de laitues à la dioxine, de légumes aux PCB, de ketchup aux nanoparticules et de pesticides à toutes les sauces, en attendant les OGM partout, la cuisine moléculaire en direct du laboratoire, le hachis Parmentier à base d'insectes ou le steak garanti d'origine in vitro veritas

 

Comme si cela n'était pas assez de dénoncer ces rentables arnaques qui nous détruisent l'intestin et la tête (alouette !) ; comme si cela ne suffisait pas de démonter ces combines financières ou de peindre les interventions des lobbies de Bruxelles, les auteurs nous entraînent sur le terrain du "bio". Et ce n'est pas triste non plus !

 

Ainsi écrivent-ils :

 

"Mieux encore : le 'bio', dans lequel certains hurluberlus voyaient leur salut, est en train de rejoindre nos rangs. Fraudes massives, contrôles aléatoires, et surtout très laxiste réglementation européenne, autorisent tous les espoirs : désormais, même les poulets élevés dans des hangars concentrationnaires, ébecqués et traités aux antibiotiques, ont le droit d’obtenir l'estampille 'Agriculture biologique'…"

 

"Bon appétit, m'sieurs dames"

 

On lit cet essai comme on tourne les pages d'un livre de recettes ; mais à l'envers. Au lieu de s'en lécher les doigts par avance, on se sent frustré, trompé, dégoûté, écœuré à chaque page.

 

Si l'on est un tantinet masochiste, on en retire du plaisir. Si l'on se sent sincèrement écolo, on a envie de se révolter et d'aller gentiment fracasser divers rayons de supermarché. Si l'on a des actions chez Aspartame SA, General Fongicides, Huile de Palme Frères, Bœuf aux Hormones Inc. ou Truandage Chimiquement Pur, on a bon espoir de finir l'année en positif sur son compte en banque.

 

Mais si, comme le Candide de Voltaire, on ne désire rien d’autre que "cultiver son jardin", alors je rappelle que c'est le moment de retourner la terre avec du fumier "bio", de semer des carottes et des radis, de repiquer des salades et des betteraves, bref de confier à l'humus fécond du courtil maints végétaux non seulement délicieux et sains, mais indispensables à l'ouverture d'esprit de l'honnête homme du XXIe siècle.

 

Lorsque nous aurons rallié à cette cause suffisamment de bonnes volontés, nous pourrons jeter à la poubelle ce "Vive la malbouffe, à bas le bio !", cet essai d'ironie bienfaisante dont nous espérons qu'il sera rongé par de vrais rats garantis 100 % "bio". Puis recyclé par des lombrics roses et vigoureux comme on en trouve encore dans nos vertes campagnes.

 

En attendant ce jour (hélas) improbable, permettez-moi de vous souhaiter un sincère et chaleureux : "Bon appétit, m'sieurs dames !"

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/826335-vive-la-m...

07/04/2013

LES FEMMES VONT-ELLES SE RETROUVER SEULES SUR TERRE ?

 

Postée le 06/04/2013 à 13h42

Les femmes vont-elles se retrouver seules sur Terre ?

 

SCIENCES - C'est ce qu'affirme une scientifique australienne...

Les hommes sont une espèce en voie d'extinction. Selon la chercheuse australienne Jenny Graves, les femmes pourraient bientôt se retrouver seules sur Terre à cause de la fragilité du chromosome Y.

Ce chromosome est en effet composé d'une petite centaine de gènes, à comparer aux 1.000 gènes qui composent le chromosome féminin X. Sachant que les femmes en ont deux, leur organisme est plus à même de se réparer.

«Le chromosome X est unique chez les hommes, alors que chez les femmes, il a un comparse avec qui il peut s'échanger des éléments et se réparer, explique la chercheuse de l'université de Canberra. Tandis que si le chromosome Y est touché, c'est une spirale vers le déclin.»

Chromosomes «pourris»

Les mauvaises nouvelles pour ces messieurs ne s'arrêtent pas là: les gènes qui composent les chromosomes Y seraient tous «pourris», affirme Jenny Graves. «C'est un exemple de ce que j'appelle une conception idiote, a-t-elle déclaré lors d'une conférence. C'est un accident de l'évolution.»

Si la chercheuse australienne n'est pas tendre avec la gent masculine, certains de ses collègues sont plus rassurants: le chromosome Y n'a pas perdu de gènes depuis au moins 25 millions d'années et il faudrait au moins cinq millions d'années à compter d'aujourd'hui pour que ce phénomène provoque la disparition des hommes.

Jenny Graves, elle, n'envisage pas l'avenir avec des hommes mais plutôt avec un nouveau sexe, qui serait né de l'apparition d'un chromosome remplaçant le Y tel que nous le connaissons aujourd'hui. Cela s'est déjà produit pour les rats d'Okinawa, au Japon, qui ont perdu leur chromosome Y mais ont été sauvés de la disparition par des chromosomes autosomes. Il y a encore de l'espoir pour les hommes. Et les femmes qui les regretteraient.

 

Un article d'Audrey Chauvet, publié par 20minutes.fr

 

Sur ce même sujet je vous conseille la lecture de :

La malédiction d’Adam – Un futur sans homme Pr. Bryan Sykes (Albin Michel 2004)

28/02/2013

Les Quanta, l'invisible et l'au-delà, Emmanuel Ransford


Emmanuel.Ransford est épistémologue, chercheur indépendant spécialiste de physique quantique, et conférencier. Il est l'auteur de la nouvelle physique de l'esprit et co-auteur de Les Quanta, l'invisible et l'au-delà de parution prochaine.

 

Emmanuel Ransford
Après des études scientifiques qui lui donnent un diplôme d’ingénieur et de statisticien, E.R. se tourne vers la physique quantique. Il se passionne pour les questions épistémologiques qu’elle soulève.

Il s’interroge en parallèle sur l’énigme de la psyché et sur celle du cerveau conscient, qu’il tente de reformuler selon une perspective qui n’est pas celle du matérialisme ni celle du spiritualisme. (Pour lui, la psyché humaine n’a pas une matérielle ni une origine surnaturelle.)
Cette double recherche le conduit à proposer la synthèse de l’holomatière (qu’il a aussi nommée la psychomatière), qui rajoute une dimension invisible – mais aux effets parfaitement repérables – à la matière ordinaire. Nous la croyons inerte et passive alors qu’elle ne l’est peut-être pas.
A partir de l’idée d’holomatière, il réinterprète les propriétés très étranges des quanta. Il parvient même à proposer une nouvelle façon, potentiellement testable, d’aborder et de comprendre le cerveau conscient.

Il est l’auteur de plusieurs articles, la plupart publiés en langue anglaise. En 2001 il contribue à l’ouvrage collectif : "Science and the Primacy of Consciousness" (Noetic Press, USA).

En 2007 paraît son premier livre en français, intitulé "La Nouvelle Physique de l’Esprit" (éd. Le Temps Présent). Il est suivi en 2009 par un livre écrit en collaboration avec Tom Atham, qui en est l’auteur principal. Il s’intitule "Les Racines Physiques de l’Esprit" (éd. Quintessence).
Son dernier ouvrage, intitulé "Les Quanta, l’Invisible et l’Au-delà", vient de paraître aux éditions Guy Trédaniel.

 

Conférences

• à venir : mercredi 20 mars 2013 - L'au-delà et la physique quantique à l'Observatoire du Réel
 

 

Livres

• Science and the Primacy of Consciousness (Noetic Press, USA)

• La Nouvelle Physique de l’Esprit, éditions Le Temps Présent, 2007

• Les Racines Physiques de l’Esprit, éditions Quintessence, 2009

• Les Quanta, l’Invisible et l’Au-delà, éditions Guy Trédaniel, 2012

10/12/2012

Un amour de beatnik. Lettres à Lula-Nash 1963-1964, de Claude Pélieu, par Jean Azarel

 

Un amour de beatnik (couv)Ma Lu (tu sais quand je dis « ma Lu » c'est tout sauf possessif), toi la meilleure des p'tites Lu dont l'histoire est si incroyable que j'ai envie de te proposer de la raconter un jour, tu y es enfin arrivée à faire publier ces lettres de Claude, incandescentes, uniques, reflet d'une poésie brute et pourtant si tendre derrière le torrent de mots. C'est beau de voir s'épanouir peu à peu dans ce livre sa voix singulière, au fil des voyages, des espoirs et des dérives. Je voulais te dire que j'ai tremblé en lisant, que j'avais les yeux pas très secs par moments, parce que votre histoire, c'est un peu la mienne, la nôtre, avec sa part de rêve et sa part de désastre. L'histoire d'une lutte personnelle et collective pour changer sinon la vie, du moins la façon de la voir et de la transmettre. Du Libertaire à la guerre d'Algérie, de Paris à l'Amérique, des vadrouilles erratiques aux chambres d'hôtel sans étoiles (mais elles étaient dans vos yeux), un régal d'écriture nous donne à voir les fragments de la Vérité toute nue.
Et elle est bien craquante à poil comme ça la Dame de petite et grande vertu !
Poète beat maudit Claude, poète oublié de la bien-pensance littéraire française, je me marre, and hardly fuck the pigs, whatever they think. Ce livre atteint son but, ton but, celui de Benoît Delaune, d'Alain Jégou, de tous ceux qui ont bossé à tes côtés pour qu'il naisse : faire œuvre de mémoire et rappeler à tous que « le génie d'écriture de Claude Pélieu, lié à cet amour brûlant et absolu — pour toi — transcende le seul témoignage pour nous donner une œuvre littéraire d'une qualité exceptionnelle dont on trouve peu d'écho dans la littérature pourtant riche du XXe siècle ».

Un amour de beatnik, collection Lettres ouvertes, Éd. Non Lieu, 2012

Source : http://www.autour-des-auteurs.net/magazine/new_mag.html

23/11/2012

Corine Sombrun - Les esprits de la steppe, avec les derniers chamanes de Mongolie