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10/11/2016

Les safaris-chasse de Benjamin de Rothschild impliqués dans des abus contre les « Pygmées »

 

"Peter Flack, un administrateur du WWF, pose avec un éléphant de forêt mort."
"Peter Flack, un administrateur du WWF, pose avec un éléphant de forêt mort."

© Peter Flack

Survival International a découvert qu’une opération de safaris de chasse à l’éléphant, conjointement détenue par le milliardaire français Benjamin de Rothschild, a été impliquée dans la violation des droits de « Pygmées » baka locaux et de leurs voisins. Parmi ces violations figurent des expulsions illégales et des tortures.

L’opération est basée au Cameroun, dans deux « aires protégées » louées par Benjamin de Rothschild. Elle offre aux touristes la possibilité d’abattre, contre la somme de 55.000 euros, un éléphant de forêt.

Afin de créer cette opération de chasse aux trophées, les Baka ont été expulsés de leur territoire ancestral — ce qui est contraire au droit international. Des soldats, policiers et gardes armés patrouillent le territoire; les Baka ont maintenant été informés que les patrouilleurs tireraient à vue si les Baka pénétraient sur le territoire pour chasser afin de nourrir leurs familles, ramasser des plantes ou se rendre sur des sites sacrés.

Les Baka signalent que, rien que l’an dernier, trois de leurs campements en forêt ont été incendiés par des gardes forestiers et des employés du safari. Des hommes baka qui chassaient dans la forêt ont été frappés par la police locale, des soldats et des gardes forestiers.

 

Un Baka a raconté : « Ils m’ont dit de porter mon père sur le dos. J’ai commencé à marcher, [le garde] m’a frappé, il a frappé mon père. Pendant trois heures, on m’a frappé à chaque fois que je criais, jusqu’à ce que je tombe évanoui avec mon père. »

Un autre Baka a déclaré : « Quand le safari nous trouve ici, ils brûlent les campements, même les habits aussi, ils nous tapent, ils nous cherchent, ils mettent les chiens derrière toi, les armes derrière toi. »

Un troisième Baka a dit : « Le safari a dit que s’ils voyaient qui que ce soit [dans la forêt], les balles siffleraient. Maintenant, ceux qui ont de la famille là-bas sont allés les chercher. Comment on va vivre à présent? »

Survival a contacté M. de Rothschild pour l’informer que de graves violations des droits de l’homme commises pour le maintien de l’opération de chasse aux trophées avaient été signalées. Aucune réponse n’a été reçue à ce jour.

"Les Baka utilisent la forêt tropicale camerounaise pour leur nourriture, leurs remèdes et leurs rites religieux. Désormais, on les en exclue par la force."
"Les Baka utilisent la forêt tropicale camerounaise pour leur nourriture, leurs remèdes et leurs rites religieux. Désormais, on les en exclue par la force."

© Selcen Kucukustel/Atlas

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) est très actif au Cameroun où les « aires protégées » permettant la chasse aux trophées font partie de l’un de ses « paysages écologiques » clefs. Le WWF doit encore commenter ces allégations ou annoncer s’il compte prendre des mesures.

Un agent de réservation a déclaré à Survival : « Tous nos somptueux campements en forêt sont des constructions solides entièrement équipées — des chalets privatifs climatisés, avec salle de bain complète et dressing. De délicieux repas gastronomiques sont servis accompagnés de grands crus et d’autres boissons européennes de grande qualité. (…) Notre campement le plus récent possède une grande piscine protégée. »

A travers la région, les « Pygmées » baka et leurs voisins sont expulsés de leurs terres ancestrales et risquent d’être arrêtés, battus, torturés, et même tués, tandis que la chasse aux trophées est encouragée. L’administrateur du WWF Peter Flack a également chassé l’éléphant dans la région.

Violations des droits de l’homme et chasse aux trophées au CamerounUne opération de safaris de chasse à l’éléphant, conjointement détenue par le milliardaire français Benjamin de Rothschild, a été impliquée dans des violations des droits de « Pygmées » baka locaux et de leurs voisins. Parmi ces violations figurent des expulsions illégales et des tortures.

Cliquez ici pour en savoir plus et agir

Il ne s’agit pas d’un incident isolé. A travers le continent africain, les peuples autochtones sont accusés de « braconnage » parce qu’ils chassent pour nourrir leurs familles. Ils risquent d’être arrêtés, battus, torturés, et même tués, tandis que les amateurs de trophées de chasse sont encouragés. Survival mène la lutte contre ces abus.

 

Le directeur de Survival, Stephen Corry, a déclaré : « A travers l’Afrique, de riches amateurs de trophées de chasse sont accueillis dans les zones mêmes où des chasseurs autochtones sont illégalement expulsés de leurs terres ancestrales et brutalisés lorsqu’ils chassent pour nourrir leurs familles. Cela doit prendre fin. La protection de la nature dans le bassin du Congo est une spoliation des terres et une poursuite du colonialisme. Elle provoque de fréquentes et atroces violations des droits de l’homme, y compris des exécutions sommaires. Pourquoi si peu de personnes s’expriment sur le sujet? Survival mène la lutte contre ces abus. Les défenseurs de l’environnement doivent, comme n’importe qui est censé le faire, respecter les droits de l’homme.

Note aux rédactions : « Pygmées » est un terme couramment employé pour faire référence aux peuples chasseurs-cueilleurs du bassin du Congo et d’Afrique centrale. Ce terme a acquis une connotation péjorative et certains peuples autochtones évitent de l’utiliser. Cependant il est considéré par certains groupes comme un facteur d’identité. En savoir plus

 

Source :  http://www.survivalfrance.org/actu/11491

 

 

 

 

 

12/03/2016

Angela Loij entre deux amies lors de la cérémonie du Hain de 1923 - Selk´nam - Tierra del Fuego, Chili

 

Selk´nam women, Tierra del Fuego, Chili le dernier est mort en 1974.jpg

Les Selk'nam, également nommés Ona étaient l'une des principales ethnies, chasseurs-cueilleurs nomades ils se déplaçaient sur leur territoire au grès des saisons et furent, comme la plupart des peuplades amérindiennes, victimes de massacres et d'un génocide culturel organisés par les colons européens venus s'approprier leurs terres entre la fin du dix-neuvième siècle et les années cinquante. L'ethnologue et anthropologue franco-américaine Anne Chapman (1922-2010) leur a consacré, à partir de 1964 de longues années de recherche afin de recueillir et mettre en forme leur patrimoine culturel avant que celui-ci ne s'efface complètement. Quand le Soleil voulait tuer la Lune paru en 1982, résume la somme du travail d'investigation qu'elle a mené auprès des derniers Selk'nam ayant mené une existence traditionnelle. Deux femmes en particulier, Lola Kiepja et Angela Loij, nées vers 1880 et 1900, décédées en 1966 et 1974, lui ont été d'une aide précieuse par les témoignages de ce qu'était la vie de leurs ancêtres et de ce que fut leurs existences lors des temps incertains de la colonisation.

Lola Kiepja était la dernière des Selk’nams.

Le titre du livre "Quand le Soleil voulait tuer la Lune', vient de l'un des récits fondateurs de la mythologie Selk'nam : en des temps fort lointains, la terre était peuplée d'esprits, le soleil et la lune vivaient encore parmi les humains mais diverses luttes de pouvoir s'engagèrent qui conduisirent le soleil a frapper la lune au visage pour la tuer ne réussissant cependant qu'à lui creuser de larges cratères sur sa face. Depuis cette époque mythique, les deux astres se poursuivent inlassablement dans le ciel. Les Selk'nam mettaient en scène ce récit et bien d'autres lors d'une cérémonie rituelle annuelle de plusieurs jours, le Hain, durant laquelle hommes et femmes prenaient l'apparence d'esprits en peignant leurs peaux, maquillant leurs visages, portant parures, décorations et masques de bois.

 

Un site à visiter : http://selknamstudy.blogspot.fr/

 

 

11/03/2016

Soutenez Onanyati, un documentaire de Vincent Gallet (2016)

 

 

Un documentaire sur l'association franco-péruvienne Onanyati. Ce film nous entraine sur la piste d'une aventure artistique et humaine au cœur de la forêt primaire: ses mythes, ses dieux et déesses, la nécessaire préservation de cette forêt et de ses cultures ancestrales.


On peut aider ce projet en réservant son CD à l'adresse de l'association: ONANYATI / LUZINART, ancienne usine du chemin de vaux, 91580 Etrechy avec un chèque de 20 Euros à l'ordre de Luzinart, merci). L'édition sera disponible dans 6 mois (en mai 2016) et les bénéfices versés au profit de notre projet de protection de la réserve nationale de CERRO DIVISORIA au Pérou.

 

 

 

 

15/01/2016

Maxima Acuna, la Péruvienne qui fait front aux multinationales

 

13 janvier 2016 /

L’accaparement des terres est considéré par beaucoup comme un véritable fléau du siècle autant sur le plan social qu’environnemental. Comme tout pays où les ressources sont abondantes, le Pérou est la cible de grands groupes qui tentent de s’approprier les terres paysannes notamment à la recherche de minerais précieux. Une paysanne péruvienne, propriétaire d’une parcelle de terre, contrecarre les projets d’une multinationale, devenant un véritable symbole de la résistance dans son pays.

 

Máxima Acuña de Chaupe est une paysanne péruvienne qui lutte depuis plus de cinq ans contre un projet minier pharaonique qui risque de saccager ses terres et la nature qui y vit. Face à elle, deux géants de l’industrie : la multinationale Newmont et la compagnie minière Yanacocha dont la Banque Mondiale fait partie des investisseurs.

Le super-projet « Conga » mené par ces groupes vise à exploiter les ressources en or, en argent et en cuivre abondantes dans la région. Une opération qui nécessite non seulement le déplacement de populations mais également l’appropriation des lacs des montagnes qui fournissent une eau saine aux communautés locales. L’un de ces lacs se trouve sur la propriété de Máxima…

04maximaPhotographie prise par la fille de Máxima lors d’une attaque sur leur propriété.

L’histoire de Máxima débute en 1994 quand elle achète légalement des terres où elle vit actuellement avec sa famille. En 2011, une multinationale se présente à elle pour racheter ses terres. Malgré des offres généreuses, elle refuse de vendre sa propriété aux promoteurs du projet minier. Impensable pour l’entreprise Yanacocha qui estime que les terres furent déjà cédées par les responsables de la communauté Sorochuco. Depuis, la multinationale tente d’expulser Máxima et les siens faisant usage des forces de police péruviennes. Lors d’une perquisition violente en août 2011, des membres de la DINOES (police nationale péruvienne) auraient violentés la paysanne et la plus jeune de ses filles jusqu’à ce qu’elles soient inconscientes. Son élevage fut saccagé et de nombreux animaux furent retrouvés morts. La militante dénonce une véritable campagne de harcèlement moral à son encontre et une peur quotidienne pour sa famille.

« J’ai peur pour ma vie, pour la vie de mon mari, pour la vie de mes enfants et pour la vie des gens de la communauté qui nous défendent, nous et notre eau. » exprimait Máxima en 2012 alors qu’elle était attaquée en justice par l’entreprise Yanacocha qui réclame la propriété de ces terres. Octobre 2012, le juge de Celendín se range aux côtés de la multinationale en condamnant la famille de Máxima pour occupation illégale et usurpation de propriété. La justice la condamne alors à trois ans de prison avec sursis et à payer des dédommagements à la multinationale. À peine un an après, soutenue par des associations des Droits de l’Homme, Máxima remporte son procès en appel. La Haute Court de Cajamarca a estimé que le dossier comportait de nombreuses irrégularités autant légales que factuelles, dont la négation pure et simple de son titre de propriété. L’activiste redevient alors la seule et unique propriétaire des lieux.

02maximaDes jets de projectiles provenant des travailleurs de la mine vont blesser et crever un œil du chien mascotte de la communauté. (source)

L’histoire éprouvante ne s’est malheureusement pas arrêtée là. Les tentatives d’intimidation vont se multiplier jusqu’à aujourd’hui. En février 2015, comme ce fut le cas en 2011, un groupe de 200 hommes ont pénétré dans la propriété de l’activiste pour démolir une nouvelle construction entamée par la famille en vue de remplacer leur demeure actuelle. Orchestrée par les forces de police nationales (DINOES) ainsi que des membres d’une milice privée appartenant à Yanacocha, la mise à sac s’est déroulée sans aucun document légal. Par ailleurs, l’entreprise fermerait arbitrairement l’accès à certaines routes traditionnelles à l’aide de barbelés, empêchant la famille de travailler ou de se rendre au marché local. Même les membres d’ONG humanitaire peinent aujourd’hui à se rendre sur place pour rencontrer la paysanne. Glevys Rondón, de l’agence Latin American Mining Monitoring Programme, s’est vu barrer la route à l’approche des terres de Máxima par un garde de la compagnie minière. La multinationale se comporte en pratique comme si la zone lui appartenait. « On a passé quelques heures dans une espèce de commissariat. Une fois libérées, on a dû faire un détour impressionnant pour constater enfin les conditions épouvantables dans les quelles vit la famille Chaupe. » explique l’homme à la presse.

En avril 2015, suite à ces nouvelles exactions, l’activiste recueillait 150 000 signatures pour protester contre les tentatives d’intimidation de Yanacocha. À travers ce triste exemple, le lien indéfectible existant entre la défense des Droits de la Terre et ceux des Droits de l’Homme saute aux yeux. Si cette histoire fut fortement médiatisée, elle est tristement banale dans une mondialisation où les capitaux ont plus de pouvoir que les peuples. Au Pérou, les conflits sociaux se multiplient entre communautés autochtones et grandes entreprises. Si, sur le terrain, ils sont nombreux à dire « No Pasarán », le combat de Máxima Acuña semble devenir emblématique et porteur d’espoir. Au péril de sa vie, depuis bientôt cinq ans, sans savoir ni lire ni écrire, cette femme lutte de toutes ses forces, incarnant la résistance du pot de terre contre le pot de fer pour de nombreux militants péruviens. Car derrière elle, ce sont désormais des centaines de militants qui s’activent pour défendre leurs terres. De son côté, visiblement soutenue par des décideurs politiques animés par la nécessaire Croissance du pays, la multinationale maintient que les terres lui appartiennent et qu’elle continuera de réclamer sa propriété par toutes voies « légales » possibles. Une Zone à Défendre si loin des yeux du consommateur occidental, et pourtant si proche de lui…

05maxima

 


Source : m.lalibre.be / facebook.com/MaximaChaupe / congaconflict.wordpress.com / tiki-toki.com / ecowatch.com / indiancountrytodaymedianetwork.com / information.tv5monde.com

10/01/2016

John Trudell, poet, activist for American Indian rights, dies at age 69

 

John Trudell, a Native American activist who became a spokesman for American Indian protesters during their 1969 occupation of Alcatraz Island — and whose personal grief-inspired poetry was celebrated by famous fans such as Bob Dylan — died Tuesday. He was 69.

Trudell, who ran a radio broadcast from the island called Radio Free Alcatraz, died of cancer at his home in Santa Clara County in Northern California, according to a trustee for his estate.

 

He was born Feb. 15, 1946, in Omaha. His father was a Santee Sioux. Trudell grew up near the Santee Sioux reservation and served in the Navy on a destroyer off Vietnam.

In 1969, Trudell, who had studied radio and broadcasting at a college in San Bernardino, joined American Indians occupying the former federal prison on Alcatraz Island in San Francisco Bay.

The activists, equipped with bedrolls and potato salad, had hitched boat rides to the bleak, chilly outcropping in the middle of the night.

They claimed the prison as a Native American cultural center, citing 19th century treaty rights. They wrote "INDIANS WELCOME" on the old walls and offered to buy the island with glass beads and red cloth.

They set up a school, clinic and sweat lodge, and invited the Interior secretary to a powwow.

The occupation drew media coverage and substantial official sympathy — at least at first. Actress Jane Fonda paid a visit. Berkeley community radio station KPFA gave the protesters a radio transmitter. The California State Assembly unanimously passed a resolution supporting them.

A Los Angeles Times editorial opined that "perhaps the occupiers have a point."

Government officials opted to wait it out. As the months wore on, temperatures dipped near freezing on the 12-acre island and hunger stalked the protest.

A 13-year-old girl among the occupiers died after falling down a stairwell. The government shut off power to a barge the group had used. A fire ripped through buildings.

Trudell publicly vowed to stay. But the protest eventually dwindled. The last 15 demonstrators were removed by federal officers after 19 months. The occupation won widespread attention and was credited with launching a new wave of Native American activism.

Trudell remained a well-known counterculture figure and continued his protests. He went on to serve as national chairman of the activist American Indian Movement from 1973 to 1979.

By then, the FBI had built a 17,000-page dossier on him. "He's extremely eloquent," one FBI memo read, "therefore extremely dangerous."

In 1979, while Trudell was demonstrating in Washington, D.C., his pregnant wife, Tina Manning, three children and mother-in-law were killed in a fire at her parents' home on the Duck Valley Indian Reservation in Nevada. The fire occurred hours after Trudell had burned an American flag at the FBI building in Washington.

Trudell and others said they suspected government involvement. But a cause was never determined.

"One world ended abruptly and completely and could not be resurrected or re-put together," Trudell told the Los Angeles Times a few years after.

The loss of his family impelled him to write, he said. His poetry was promoted by Dylan and others. Through the rest of his life, Trudell had a coterie of famous fans.

Robert Redford likened him to the Dalai Lama. Jackson Browne, Val Kilmer, Bonnie Raitt and others offered praise.

Trudell later had a relationship with Marcheline Bertrand, the mother of actress Angelina Jolie, before she died in 2007 of cancer. She was an executive producer of a 2005 documentary about him called "Trudell." A Times critic faulted the film for its worshipful style but echoed its insistence on the importance of Trudell's story to counterculture history.

Trudell combined spoken words and music on more than a dozen albums, including one released earlier this year. His fans included Kris Kristofferson, who paid tribute to Trudell with the 1995 song "Johnny Lobo," a tune Kristofferson still performs live. Trudell also appeared in movies, including 1992's "Thunderheart," starring Val Kilmer, and 1998's "Smoke Signals," starring Adam Beach.

In 2012, Trudell and singer Willie Nelson co-founded Hempstead Project Heart, which calls for the legal cultivation of hemp for clothing, biofuel and food.

Trudell considered poetry to be first among the arts. "When one lives in a society where people can no longer rely on the institutions to tell them the truth, the truth must come from culture and art," he said.

 

Leovy is a Times staff writer; Jablon reports for the Associated Press.

 

 

 

 

29/12/2015

Intelligence, savoirs et cohérence....

Les Indiens d'Amazonie renouvellent leurs traditions pour défendre la biodiversité

Deux indiennes waorani tiennent une fève de cacao, à Gareno, au sud-est de Quito, le 7 décembre 2015
Deux indiennes waorani tiennent une fève de cacao, à Gareno, au sud-est de Quito, le 7 décembre 2015
afp.com - PABLO COZZAGLIO
Des bananes dans une hutte d'Indiens waorani, à Gareno, au sud-est de Quito, le 7 décembre 2015
Des bananes dans une hutte d'Indiens waorani, à Gareno, au sud-est de Quito, le 7 décembre 2015
afp.com - PABLO COZZAGLIO
Vue de Gareno, au sud-est de Quito, le 7 décembre 2015
Vue de Gareno, au sud-est de Quito, le 7 décembre 2015
afp.com - PABLO COZZAGLIO
Une Indienne waorani tient une fève de cacao à Gareno, au sud-est de Quito, le 7 décembre 2015
Une Indienne waorani tient une fève de cacao à Gareno, au sud-est de Quito, le 7 décembre 2015
afp.com - PABLO COZZAGLIO

Troquer la chasse pour le cacao en Equateur, protéger un poisson de rivière au Brésil, créer des autorités autonomes contre le pillage de richesses au Pérou: en cette année de l'accord climatique de Paris, des indigènes d'Amazonie ont misé sur la biodiversité.

Peu importe la chaleur humide pour les Indiens waorani de Gareno, un hameau de huttes de bois au milieu de la jungle, à 175 km de Quito. Chaque matin, pour se donner du cœur à l'ouvrage, ils entonnent des chants en waotededo, leur langue, puis rejoignent leurs plantations.

Soucieux de préserver leur environnement, ils ont en 2010 abandonné la chasse au profit du cacao, devenu leur principale source de subsistance.

Pour enrayer l'abattage du gibier qui se raréfiait, l'Association des femmes waorani de l'Amazonie équatorienne (Amwae) a créé un programme qui consiste à donner des plants de cacao à celles dont les conjoints cessent de chasser.

"Ainsi, ils ont arrêté de chasser des animaux sauvages. Mais nous ne déboisons pas" pour cultiver, a déclaré à l'AFP Patricia Nenquihui, présidente d'Amwae, basée à Puyo (est).

Dix communautés indigènes participent à ce programme, dont 70 familles qui cultivent 25 hectares de cacao dans les provinces de Pastaza et Napo (est).

L'association leur achète le cacao à 1,25 dollar la livre, soit 0,45 cents au dessus du cours habituel, et l'expédie à Quito où il est transformé en chocolat.

Au début, les hommes waorani se sont "offensés". Mais les anciens ont fini par admettre qu'il fallait marcher de plus en plus loin, jusqu'à une journée entière, pour trouver du gibier, selon Mme Nenquihui.

Ligia Enomenga, une veuve de 26 ans qui élève ses six enfants grâce aux revenus du cacao, se félicite que les Waorani aient "ouvert les yeux". "Avant, ils chassaient beaucoup. Mais maintenant qu'ils sont impliqués dans le programme du cacao, ils ont arrêté de tuer les animaux", explique-t-elle.

"Nous chassions énormément (...) singes, toucans, cerfs. Parfois nous en tirions jusqu'à cinq à six quintaux (230 à 276 kg - en Equateur un quintal vaut 46 kg) de viande pour vendre sur les marchés", raconte Moisés Enomenga, dont l'épouse cultive désormais du cacao.

- Au secours du pirarucu -

Dans le même esprit, au Brésil, qui abrite la majeure partie des 6,1 millions de km2 de forêt de la région, les Paumari du bassin du Tapaua (état d'Amazonas, nord) défendent le pirarucu, énorme poisson de rivière, qui peut atteindre les 200 kg.

Sa pêche a été totalement interdite. Mais au bout de sept ans de travail avec l'ONG Opération Amazonie Native (Opan), sa population a augmenté et les Paumari ont obtenu que la pêche redevienne légale et durable.

"Cela va au-delà de la commercialisation du poisson. Cela se traduit aussi par un renforcement de l'organisation de la communauté et de la ressource (...) La gestion et le contrôle qu'ils ont aujourd'hui sur leur territoire est fantastique", estime Gustavo Silveira, de l'Opan.

Ainsi, les prises de moins d'un mètre et demi sont relâchées. L'Institut brésilien de l'environnement (Ibama) procède à un recensement chaque année, tandis que les indiens surveillent les lacs alimentés par la rivière Tapaua.

- 'Protéger nos terres ancestrales' -

De leur côté, les Wampis du Pérou ont réagi face à la déforestation et la présence dévastatrice des compagnies pétrolières et minières. Ils ont constitué un gouvernement autonome pour préserver leur territoire.

"Nous ne voulons pas l'indépendance, mais protéger nos terres ancestrales et que soient reconnus nos droits sur 1,3 million d'hectares où vivent plus d'une centaine de communautés wampis", déclare par téléphone Wrays Perez Ramirez, président de ce gouvernement non reconnu officiellement. Et il souligne que "les nouvelles générations vont avoir besoin de ressources naturelles pour survivre".

En Colombie, les Ingas du département du Nariño (sud-ouest) ont eux aussi lutté pour préserver la biodiversité menacée cette fois par la guerre qui dévaste ce pays depuis les années 60.

Ils ont obtenu du gouvernement un fonds commun destiné à libérer 22.283 hectares de la culture du pavot (base de l'héroïne) qui abîmait l'éco-système et était cause d'affrontements entre groupes armés.

"La terre pleurait (...) et exigeait que nous prenions soin d'elle", affirme Hernando Chindoy, gouverneur de la réserve indigène d'Inga de Aponte.

 

 

07/12/2015

Un important prisonnier politique papou enfin libéré

 

Une foule en liesse célèbre la libération de Filep Karma.
Une foule en liesse célèbre la libération de Filep Karma.

© Free West Papua/ Survival

Filep Karma, un prisonnier politique papou de premier plan, a été libéré après avoir passé plus d’une décennie en prison pour avoir agité le drapeau de la Papouasie occidentale.

Karma, âgé de 56 ans, avait été arrêté en 2004 après avoir brandi le drapeau indépendantiste ‘l’Etoile du matin’, interdit en Papouasie occidentale, lors d’une manifestation pacifique.

Il avait été condamné à 15 ans de prison pour trahison. Il a été reconnu ‘prisonnier d’opinion’ par Amnesty International et sa détention a été qualifiée d’arbitraire par les Nations unies.

Filep Karma aurait pu être libéré en août dernier, lorsqu’on lui a proposé de l’amnistier à condition qu’il reconnaisse sa culpabilité. Il a refusé en déclarant : ‘Si le président Widodo souhaite me libérer sans condition, alors oui, merci’. Le gouvernement a finalement réduit sa peine pour ‘bonne conduite’ afin qu’il soit libéré.

Cependant, brandir le drapeau indépendantiste est toujours considéré comme une infraction passible d’emprisonnement en Papouasie occidentale. En réponse à la nouvelle de la libération de Filep Karma, le général Badrodin Hait, chef de la police nationale indonésienne, a déclaré : ‘Si vous dites que Filep Karma est un prisonnier politique, j’affirme que c’est un criminel’.

Le revirement du gouvernement est intervenu alors que le président indonésien, Joko Widodo, s’est de nouveau engagé à améliorer les conditions de vie des populations de la région. Mais rien ne prouve que la répression brutale exercée par les forces de sécurité à l’encontre des Papous ait pris fin. Fin septembre, on comptait au moins 45 prisonniers politiques derrière les barreaux. De plus, les assassinats politiques, les fusillades meurtrières, les arrestations arbitraires et les actes de torture commis par les services de sécurité restent monnaie courante.

 

Source : http://www.survivalfrance.org/actu/11031

 

 

 

 

06/12/2015

La disparition de la forêt veut dire aussi la nôtre...

 

Une indigène Yanomami avec son enfant

Les Yanonami sont un des 240 peuples indigènes du Brésil ( © Wikimedia/Cmacauley (CC BY-SA 3.0) )

 

Les peuples indigènes du Brésil luttent pour leur survie. Les lobbies industriels œuvrent à faire amender la Constitution afin de s’accaparer leur territoires ancestraux et des forêts protégées. Leur but : y installer monocultures de soja, bétail, barrages et mines. Exhortons les autorités brésiliennes à rejeter le PEC 215 !

 

Deux projets de loi vont être soumis à la Chambre des députés du Brésil en 2015 : la nouvelle loi minière et surtout l’amendement à la constitution PEC 215.

Un de leurs objectifs est de transférer du gouvernement au Congrès national la compétence en matière de délimitation des territoires indigènes, y compris la révision de ceux déjà reconnus. De facto, elles auraient aussi pour conséquences d’empêcher la mise en place de nouvelles zones protégées.

Les industries minières, agricoles et de l’énergie poussent au vote de ces lois, elles dont les lobbies ont encore plus d’influence au Parlement brésilien depuis les élections de fin 2014. Elles lorgnent toujours plus sur les territoires indigènes pour leurs plantations, bétail, mines et barrages hydroélectriques.

Une menace de grande ampleur plane sur l’Amazonie et ses habitants

Il pleut de moins en moins en Amazonie. Plusieurs régions éloignées souffrent actuellement d’une grave sécheresse. L’approvisionnement en eau de millions de personnes n’est plus assuré. Certains scientifiques voient un lien de cause à effet entre la déforestation de l’Amazonie et la sécheresse au Brésil. Les forêts tropicales jouent un rôle crucial pour le climat, aussi en tant que réservoir d’eau.

Les peuples autochtones du Brésil ont réussi plusieurs fois à stopper ces projets de loi par le passé. En avril 2013, des centaines d’indigènes venus de tout le pays avaient occupé le Congrès dans la capitale Brasilia. En décembre 2014, les manifestants avaient de nouveau empêché les débats au parlement.

Les politiques avaient promis d’abandonner le projet d’amendement de la constitution PEC 215. Il aura fallu seulement quelques mois pour que le président du Congrès national le remette à l’ordre du jour.

Soutenons les peuples indigènes en écrivant aux autorités brésiliennes !

 

Signez ici : https://www.sauvonslaforet.org/petitions/992/la-disparition-de-la-foret-veut-dire-aussi-la-notre?mtu=124187264&t=446

 

 

 

 

27/11/2015

L'Étreinte du serpent de Ciro Guerra (sortie le 23 décembre 2015)

 

http://diaphana.fr/film/el-abrazo-de-la-serpiente

 

06/11/2015

Lakota Voices - Arlette Loud Hawk

 

Arlette raconte ce que c'était d'être une jeune fille Lakota à Wounded Knee en 1975....

 

Et Leonard Peltier, militant amérindien anishinaabe/lakota, est incarcéré depuis 1976 et condamné à deux peines à perpétuité. C'est le plus ancien prisonnier politique au monde....

http://freepeltier.free.fr/

 

 

 

 

 

Wakanyeja Pawaciyapi (2010)

 

Wakanyeja Pawicayapi is a non-profit organization based in Porcupine, South Dakota, on the Pine Ridge Indian Reservation.

 

Une vision qui mériterait d'être développée partout.

22/07/2015

La déforestation ne décime pas que les arbres...

Émission spéciale avec en direct deux chefs d'une tribu amazonienne. Est - il possible de mettre fin à la déforestation ?
 
Pour en parler avec nous :

- Valdelice Veron, porte-parole du peuple des Guarani Kaiowá en Amazonie brésilienne  

 

- Natanael Vilharva-Cáceres, learder indigène du peuple des Guarani Kaiowá en Amazonie brésilienne

 

- Gert-Peter Bruch, président de Planète Amazone

 

- Yannick Jadot, député eurodéputé EELV 
 
- Nicolas Métro, président de l'ONG Kinomé
 
 
et à partager au maximum, des choses très importantes y ont été dites
nous sommes toutes et tous concernés et co-responsables et nous pouvons changer les choses en changeant notre façon de consommer, des décennies ont déjà été perdues, alors c'est maintenant qu'il faut agir !
 
 
 

20/06/2015

A l’occasion de la journée mondiale de l’Environnement, Survival livre un aperçu des savoirs écologiques indigènes

-  5 Juin 2015

Un Awá fabriquant des flèches, Brésil. Les Awá connaissent intimement la forêt et sont d’excellents chasseurs.
Un Awá fabriquant des flèches, Brésil. Les Awá connaissent intimement la forêt et sont d’excellents chasseurs.

© Survival International

Pour célébrer la journée mondiale de l’Environnement, Survival met en valeur des exemples marquants de savoirs écologiques des peuples indigènes.

- Les Indiens awá du nord-est de la forêt amazonienne du Brésil ont l’usage d’au moins 275 plantes et connaissent une trentaine d’espèces d’abeilles productrices de miel. Chaque abeille est associée à un autre animal de la forêt tel que la tortue ou le tapir. Pour en savoir plus.

- Les Pygmées baka d’Afrique centrale consomment 14 variétés de miel sauvage et connaissent plus de 10 variétés d’igname sauvage. Ils laissent une partie intacte de la racine dans la terre – l’un des aliments favoris des éléphants et des sangliers. Pour en savoir plus.

Une mère bushman et son enfant cueillent des baies dans la réserve du Kalahari central.
Une mère bushman et son enfant cueillent des baies dans la réserve du Kalahari central.

© Philippe Clotuche/Survival

- Les Bushmen du Botswana consomment plus de 150 variétés de plantes et leur régime alimentaire est riche en vitamines et en nutriments. Pourtant, les derniers chasseurs-cueilleurs d’Afrique sub-saharienne sont maltraités, torturés et arrêtés lorsqu’ils sont surpris en train de chasser pour nourrir leurs familles. Pour en savoir plus.

- En Inde, les Baiga ont lancé un projet visant à ‘sauver leur forêt du Département des Forêts’ – en imposant une réglementation destinée aux membres de leur communauté et aux étrangers afin de préserver la forêt et sa biodiversité. Ainsi, la quantité d’eau potable disponible a augmenté et ils ont pu cueillir davantage de plantes comestibles et médicinales dans la forêt. Pour en savoir plus.

Une femme baiga contemple la forêt de sa tribu. Des milliers de Baiga ont été expulsés au nom de la protection des tigres.
Une femme baiga contemple la forêt de sa tribu. Des milliers de Baiga ont été expulsés au nom de la protection des tigres.

© Harshit Charles/ Survival

Il existe bien d’autres exemples qui attestent que les peuples indigènes sont les meilleurs défenseurs de l’environnement et les meilleurs gardiens du monde naturel – des images satellite et des études ont montré que les peuples indigènes constituaient un obstacle vital à la déforestation de leurs terres. Pourtant, ils continuent d’être illégalement expulsés de leurs territoires ancestraux au nom de la conservation. On affirme souvent, à tort, que leurs territoires sont vierges alors qu’ils en dépendent et les gèrent depuis des millénaires.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Les peuples indigènes savent mieux que quiconque prendre soin de leur environnement – ils en dépendent et le gèrent depuis des millénaires. Pour une pratique efficace de la préservation de l’environnement les acteurs de la conservation devraient avant tout se soucier de l’opinion et des besoins réels des peuples indigènes pour protéger leur territoire et être prêts à les soutenir autant que possible. Il est urgent de repenser la conservation.

Notes aux rédactions :

- Voir la galerie des savoirs écologiques indigènes.
- De nombreuses personnalités, des organisations indigènes et des milliers de sympathisants de Survival ont rejoint notre appel pour une nouvelle approche de la conservation dont les peuples indigènes seraient les principaux acteurs.
- ‘Pygmée’ est un terme générique couramment employé pour désigner les peuples de chasseurs-cueilleurs du bassin du Congo et d’Afrique centrale. Ce terme est considéré comme péjoratif et est évité par certains groupes mais considéré par d’autres comme un facteur d’identité. En savoir plus.

 

http://www.survivalfrance.org/

 

 

L’histoire des terres indigènes en 60 secondes...

 

 

20/05/2015

CANADA: Les autochtones remportent une victoire historique pour leurs droits

 

CANADA: Les autochtones remportent une victoire historique pour leurs droits | Nature to Share | Scoop.it

Montréal - La Cour suprême du Canada a reconnu pour la première fois jeudi que des autochtones avaient un titre ancestral d'occupation et de gestion d'un territoire de près de 2.000 km2 dans la province de Colombie-Britannique (ouest).

 

Cette décision favorable aux quelque 3.000 membres semi-nomades de la Première Nation Chilcotin (Tsilhqot'in) risque de peser sur des revendications amérindiennes semblables en suspens et affecter de nombreux projets d'exploitation de matières premières (mines, forêts, pétrole, oléoducs, etc.) sur de vastes portions de territoire.

 

En 2012, une Cour d'appel de cette province avait refusé de reconnaître le titre ancestral revendiqué par les Chilcotins sur ce territoire au centre de la Colombie-Britannique, parce qu'ils n'avaient pas prouvé qu'à l'arrivée des colons européens leurs ancêtres utilisaient une parcelle de terrain spécifique.

 

La Cour suprême a infirmé cette décision en soulignant que l'existence d'un titre ancestral ne se limite pas aux lieux spécifiques d'établissement mais à des territoires utilisés pour la chasse ou la pêche par exemple, là où ces peuples exerçaient un contrôle effectif au moment de l'affirmation de la souveraineté européenne.

 

La décision met un terme à une saga judiciaire d'une vingtaine d'années qui avait démarré lorsque le gouvernement de la province avait accordé en 1983 un permis commercial de coupe de bois sur des terres que les Chilcotins considéraient comme faisant partie de leur territoire ancestral.

 

Le gouvernement fédéral à Ottawa et celui de la province avaient contesté la revendication du titre, mais jeudi la Cour suprême a estimé que la Colombie-Britannique a manqué à l'époque, à son obligation constitutionnelle de consultation envers cette communauté.

 

Cette reconnaissance n'accorde pas pour autant de droits absolus aux autochtones sur leur territoire ancestral. Mais la province ne pourra autoriser de projets économiques ou autres sans leur consentement, à moins de démontrer l'existence d'un objectif public réel et impérieux, et de dédommager de façon conséquente ces derniers.

 

Cette décision passera certainement à l'histoire comme l'un des jugements les plus importants et les plus fondamentaux jamais rendus par la Cour suprême du Canada, a estimé le porte-parole de l'Assemblée des Premières Nations du Canada, le chef Ghislain Picard, principale organisation représentant les 1,4 million d'autochtones du pays.

 

19/03/2015

Tailinh Agoyo - The Warrior Project: Indigenous Children Defend the Planet

 

 

https://www.kickstarter.com/projects/2049080322/the-warri...

 

 

17/03/2015

Parution de « Sauver la planète. Le message d’un chef indien d’Amazonie »

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Éd. Albin Michel / 2015

Corine Sombrun se fait la plume d’Almir Narayamoga Surui, afin de raconter l’histoire d’un peuple et le destin d’un homme devenu représentant de la cause des Indiens Suruí et de la sauvegarde des ressources naturelles de la planète.  Né en 1974, cinq ans après la visite du premier homme blanc dans le territoire des Indiens Suruí, au nord-ouest du Brésil,  Almir Surui est considéré comme l’un des plus grands activistes autochtones d’Amérique du Sud.  Prenant part à de nombreuses conférences internationales sur le changement climatique et le développement durable, il travaille également à présenter son projet de compensation carbone, consistant à demander aux plus gros pollueurs d’acheter des crédits- carbone qui pourraient permettre de financer la protection de la forêt amazonienne.
Récompensé à Genève par le Prix des Droits de l’Homme et classé parmi les cent personnalités les plus importantes du Brésil, son combat contre la déforestation a fait de lui l’ennemi de nombreux exploitants forestiers, qui en 2007 ont placé un premier contrat de 100 000$ sur sa tête. Il a alors été évacué en Californie, où loin de se décourager, il a souhaité rencontrer les dirigeants de Google et leur présenter son projet : utiliser Google Earth pour montrer la détérioration galopante de la forêt amazonienne, ses conséquences pour l’environnement de la planète tout entière et celles, plus immédiates, pour les 400.000 Indiens du Brésil qui y vivent encore.

Le livre, lettre ouverte d’Almir Suruí à ses enfants, au cas où il serait assassiné, alterne entre son parcours personnel, son combat contre la catastrophe écologique qui menace l’humanité et l’histoire et les traditions de son peuple, les Paiter-Surui, surnommés “Les indiens Hi-tech” par la presse internationale.

 

http://www.albin-michel.fr/Sauver-la-plan-egrave-te-EAN=9...

 

 

Almir Narayamoga Surui, invité de 28 minutes sur Arte le 18 mars 2015:

 

 

 

 

 

 

21/02/2015

“Nous aussi sommes des êtres humains” - Le leader guarani Eliseu Lopes raconte la quête de sa tribu pour retourner sur sa terre ancestrale

 

 

15/08/2014

Matriarcat Zapotèque (Mexique) : Juchitan, la ville mexicaine des travestis

 

Source : Fantasme Travesti le 7 avril 2013

Elles boivent de la bière et fument le cigare

A Juchitan, ville zapotèque du Mexique, les muxe sont reconnus comme un troisième sexe et bénéficient d’un statut social valorisé. Ils perpétuent les traditions et renforcent ainsi la cohésion ethnique du groupe. A Juchitan de Zaragoza, les femmes boivent de la bière et fument le cigare. Et certains hommes portent… des jupes à fleurs. Au sein de leur communauté zapotèque, les travestis sont reconnus comme un genre à part. Descendants d’une grande civilisation de l’ère précolombienne, ces Amérindiens se caractérisent, en plus de leur anticonformisme, par leur âme rebelle.

Représentante en bijoux fantaisie

EIle, c’est Casandra de Lamord. Du moins, c’est le nom qu’elle s’est choisi pour pavaner en public. En équilibre sur des talons aiguilles, elle évite de trop se mouvoir et reste figée dans une attitude provocante. Une minijupe couleur treillis découvre ses jambes et un bustier noir, ses épaules plutôt carrées. Sa longue chevelure d’ébène, soulevée par une brise automnale, lui confère un air glamour dont elle aime jouer. À 22 ans, cette représentante en bijoux fantaisie préfère minauder que parler. Son regard de braise, agrandi par un épais trait d’eye-liner, semble fuir, pour ne jamais se poser par crainte d’affronter la réalité ou d’être démasquée. Lorsqu’elle s’exprime, flattée de l’intérêt qu’on lui porte, c’est avec parcimonie, sans trop d’adjectifs. Sa voix naturellement grave souffre alors quelques ratés dans la gamme des aigus. La plupart des « copines », avec lesquelles elle échange ce soir des bises colorées de rouge et pailletées de gloss, ont les mêmes soucis de justesse. Et les cris perçants qu’elles poussent en chœur pour encourager leur équipe de basket rivalisent avec les hurlements des oiseaux zanates, dans une cacophonie redoutable pour les tympans.

L’une des plus grandes civilisations préhispaniques

Mais ici, à Juchitân de Zaragoza, ville mexicaine de 120 000 habitants située sur l’isthme de Tehuantepec, réputée libérale et anticonformiste, cela ne choque personne. D’ailleurs, dans la foule bigarrée rassemblée pour ce match amical, en face de l’église San Vicente Ferrer (saint patron local), chacun sait bien que Casandra de Lamord et ses pairs ont une empreinte vocale et un corps d’homme mais qu’elles épousent une identité de femme et que l’accord entre les deux peut, par conséquent, présenter quelques fausses notes. Dans ce fief de la communauté amérindienne zapotèque, héritière de l’une des plus grandes civilisations préhispaniques, les homosexuels masculins, travestis ou non, sont acceptés par la population comme un troisième sexe, bénéficient d’un statut social valorisé et sont communément désignés sous l’appellation de muxe -une déformation du mot espagnol mujer (femme).

Le principal soutien de la mère

« Dans le vocabulaire zapotèque du XVIIe siècle, il existait déjà des noms spécifiques pour les hommes efféminés. Cette société ancienne n’était sans doute pas fondée sur une bipolarité des genres mais sur un modèle qui en prenait au moins trois en compte. Ce qui est récent, et date des années 1970, c’est de se travestir au quotidien, précise Marinella Miano Borruso, anthropologue à l’École nationale d’anthropologie et d’histoire (ENAH), de Mexico. D’après la culture traditionnelle, la différenciation sexuelle commence socialement à partir de l’âge de 3 ans. Auparavant, on désigne l’enfant sous le terme deba’du’huini ou « créature ». S’il a un sexe masculin mais développe un comportement et des goûts féminins, on le classera dans une catégorie de genre intermédiaire et on lui enseignera aussi bien à travailler les champs qu’à tenir une maison. Au sein de la famille, il deviendra le principal soutien de la mère. »

Le meilleur des fils

Abraham, 27 ans, dit Kenya, a décidé de quitter Tapachula, sa ville natale, pour s’installer définitivement à Juchitan. Afin de pouvoir se travestir en toute liberté, sans risquer d’être agressé ou même tué.

Alejandro, 11 ans, est issu d’une « lignée de muxe ». « Le frère de son grand-père paternel l’était ainsi que deux de ses oncles. L’un d’eux a arrêté de se vêtir en femme, après son mariage. Aujourd’hui, il élève trois enfants et vit quelque part aux États-Unis », explique tranquillement Maria Virgen, 33 ans, la maman d’Alejandro, en chassant les mouches de son étal de fruits et légumes. Légèrement maniéré, son petit garçon porte un short, des tongs roses offertes par une tante et du vernis pailleté aux pieds. Mais ne revêt une robe, depuis deux ans, que pour les vêlas (fêtes). C’est son amie Erika, muxe de 23 ans, qui lui prête les tenues. « Alejandro est né ainsi, souffle Javier, le papa, résigné et fier, tandis que son fils distribue quelques tapes viriles à sa sœur cadette. Il a commencé à marcher comme une petite fille puis à jouer à la poupée. » Depuis, celui que sa maman considère comme « le meilleur des fils » apprend à la seconder dans les tâches ménagères, en cuisinant de l’iguane, en lavant le linge et en s’occupant de la benjamine. À la question : « Te sens-tu garçon ? », le petit homme répond spontanément : « Je ne sais pas. » Puis il lance avec force : « Je ne veux pas être un homme, je veux faire de la décoration ! » Or, dans cette société où la division des tâches est très marquée, la décoration est exclusivement un métier de femme ou… de muxe.

Gardiens d’artisanat ancestral

Souvent stylistes, coiffeurs, chorégraphes pour les nombreuses vêlas, les muxe sont aussi brodeurs de costumes traditionnels, et perpétuent des coutumes artisanales ancestrales, souvent délaissées par les femmes, renforçant ainsi davantage la cohésion ethnique du groupe. À la mort de leur mère, ils héritent de son autorité morale et deviennent l’élément unificateur de la famille, en veillant aux besoins de ses membres.

Ils travaillent plus qu’un homme et qu’une femme réunis

Lors du bal bisannuel des "folles", la jeune reine Maria Fernanda Ire fête sa couronne sous des projecteurs internationaux, tandis que la bière coule à flots.

« Ils travaillent plus qu’un homme et qu’une femme réunis, dans la mesure où ils savent accomplir les tâches allouées aux deux », reconnaît Silvia Santiago Pineda, présidente du bureau municipal de Développement intégral de la famille (DIF) et épouse du maire de Juchitân (issu du Parti révolutionnaire institutionnel, PRI).

Les piliers de la communauté

Les femmes sont leurs principales alliées. Des alliées de poids. Imposantes physiquement, dominantes socialement, puissantes économiquement, les Juchitèques sont considérées comme l’emblème de la société, le pilier de la communauté, et les garantes de la transmission de la culture. Ce sont elles qui enseignent la langue zapotèque – parlée par près de 80 % de la population – et transmettent, de ce fait, une conception spécifique du monde. On les aperçoit dans les rues, transférant péniblement le poids de leur corps d’un pied sur l’autre, affrontant les bourrasques du vent du nord avec leurs larges jupes (enagua) et leurs tuniques (huipil) régionales brodées de fleurs aux couleurs flamboyantes, un sac Winnie the Pooh ou Titi à la main. Sur les marchés, vendant, entre autres, du chocolat, des poissons ou des fleurs. Dans les vêlas, en tant qu’organisatrices ou invitées installées au premier rang.

Gardiennes de la résistance ethnique

De caractère indépendant et bagarreur, insoumis et travailleur, elles ont orchestré la résistance ethnique au fil des siècles, en défendant leur spécificité tout en l’enrichissant d’éléments extérieurs.

« Les immigrants européens, nord-américains et libanais qui se sont installés par vagues successives sur l’isthme au moment de la construction d’une voie de chemin de fer et d’une route se sont rapidement intégrés grâce à leur aide, et la culture zapotèque a prévalu sur les caractéristiques des autres autochtones et des métis », constate Marinella Miano Borruso, spécialiste de la région depuis seize ans.

Aux hommes il leur reste la politique

Malgré leur rôle majeur, ces femmes sont, pour l’instant, très peu représentées en politique, secteur réservé aux hommes, de même que dans les arts, la pêche et l’agriculture. C’est donc dans cet univers très « compartimenté », où le féminisme rivalise avec le machisme, parfois dans de violentes scènes conjugales (dues en grande partie à l’alcoolisme), que les homosexuels masculins ont réussi à trouver leur place.

Fils-fille brodeuse traditionnelle

A 36 ans, Oliver habite avec Sabina, sa mère, âgée de 73 ans l’a toujours soutenu dans ses choix vestimentaires et dans son mode de vie contre l’avis de son mari, aujourd’hui décédé. Celui qu’elle désigne tantôt comme "mon fils", tantôt comme "ma fille" brode des tenues traditionnelles.

La semaine culturelle annuelle des travestis

Ni vraiment homme, ni tout à fait femme, les « folles », comme ils se surnomment, manifestent une telle présence sociale qu’une semaine culturelle annuelle leur est dédiée, avec défilé de mode, projection cinématographique, mais aussi messe d’action de grâce célébrée en mémoire de leurs camarades morts du sida et, surtout, deux fêtes, dont la Vela de las Intrépidas Buscadoras del Peligro. Créée il y a vingt-huit ans, cette soirée attire des centaines d’homosexuels et d’hétérosexuels, de tout âge, de toutes classe sociale et nationalité. Ainsi que les flashs et les projecteurs des photographes et des cameramen du monde entier, intrigués par ce rassemblement surréaliste où le kitsch se mêle à l’anachronique. On y croise des personnages hauts en couleur, qui semblent échappés d’une fiction. Ainsi Camélia, héroïne d’une telenovela, qui se trémousse sur l’air de La vida es un carnaval (La vie est un carnaval), avec une ombrelle, dans une robe longue du XIXe siècle, le visage poudré de blanc, le sourire sanguin. Ou la reine Maria Fernanda Iere, qui tout à la joie de son couronnement, agite fièrement son sceptre. Mais aussi Vickie, l’une des très rares femmes à porter un pantalon noir et une chemise blanche, tenue masculine réglementaire.

Les couples de danseurs les plus improbables se forment, homme-femme, femme-femme ou, en y regardant de plus près, femme-muxe ou muxe-muxe. On finit par ne plus trop savoir. Les tenues les plus minimalistes (string couvert d’un voile noir transparent) côtoient les plus traditionnelles. Les frontières entre les genres s’envolent et les tabous tombent. Chacun s’abandonne en toute tranquillité à ses fantasmes identitaires les plus fous. On descend des coronitas, petites bouteilles de bière, on mange des tantales, on rit, on flirte, on savoure la permissivité juchitèque.

Des femmes rebelles. Elles dominent la scène publique et tirent les ficelles économiques, mais n’ont pas le pouvoir absolu. Solidaires, elles s’unissent contre les violences conjugales.

Le lesbianisme est marginalisé

Cette douce folie ambiante masque des contradictions troublantes et des détresses profondes. Certes, à Juchitân, l’homosexualité masculine est institutionnalisée, mais le lesbianisme est marginalisé, considéré comme une maladie, une transgression du discours officiel sur une sexualité reproductrice. Par ailleurs, certains muxe se prostituent à Mexico pour arrondir leurs fins de mois et faire face au poids de leurs responsabilités familiales. Leur vie affective est une perpétuelle meurtrissure. « Trouver un partenaire hétérosexuel dans un couple transgenre, qui assume ma personnalité de femme et mon corps d’homme n’est pas facile… je n’ai pas encore trouvé mon identité. C’est la rencontre de l’amour qui contribuera à la définir », me confie d’un ton grave Ama-ranta, 26 ans, en caressant machinalement ses longues tresses enrubannées de jaune.

Quand les femmes sont inaccessibles hors mariage

« Solitaire, le muxe a des partenaires occasionnels (mayates) souvent fiancés ou mariés qu’il entretient, souligne Marinella Miano Borruso. Dans une culture où la virginité des filles avant le mariage est primordiale, il permet aux hommes d’exercer leur sexualité. C’est un corps pour le plaisir et l’affirmation d’une virilité, menacé en permanence par des femmes fortes, à tendance dominatrice. »

Des curés travestis en privé

Féministe, politicienne, et bientôt auteure, Amaranta s’est présentée aux dernières élections législatives mexicaines, en tant que « transgenre » – une première -, sous les couleurs de Mexico Posible. Son programme – dépénalisation du cannabis, légalisation de l’avortement et égalité des genres -lui a attiré les foudres de l’influent clergé catholique, au niveau national, et n’a pas remporté le succès escompté. À Juchitân, l’Église se montre soit indifférente, soit tolérante envers ce « troisième sexe ». Certains catéchistes sont d’ailleurs des muxe, non travestis pendant les sessions. « Ce qui importe, ce n’est pas qui ils sont mais ce qu’ils font. Leurs initiatives de prévention contre le sida sont très bonnes. À partir du moment où ils défendent la vie… », répond le Padre Hector Correo, 36 ans, curé de la paroisse San Vicente Ferrer.

Des travestis gauchisés

Malgré l’accident qui lui a coûté un bras, Amaranta parcourt les rues, encombrées de porcs noirs et de chiens errants, de la septième section, un quartier populaire où vivent la plupart des travestis, chargée de sacs plastiques pleins de boîtes de préservatifs. Cette sympathisante zapatiste milite depuis neuf ans dans des programmes pour « la promotion de la santé sexuelle » avec d’autres homosexuels. Ensemble, ils se manifestent comme un secteur de la population ayant des demandes spécifiques et commencent à revendiquer des droits de citoyens.« Ce caractère rebelle, nous l’avons hérité de nos ancêtres, qui ont lutté pour notre souveraineté en se révoltant contre le pouvoir étatique d’Oaxaca, dès le XIXe siècle », soutient Rogelia Gonzalez Luis, âgée de 42 ans, présidente du Parti de la révolution démocratique (PRD) local. Plus récemment, le mouvement politique radical de la COCEI (Coalition des ouvriers, paysans et étudiants de l’isthme), aujourd’hui désarticulé, a contribué, notamment dans les années 1980, à façonner une forte conscience citoyenne dont se prévalent aujourd’hui les muxe. Des revendications que certains ne voient pas d’un très bon œil. Des formes latentes de discrimination commencent à apparaître.

« L’une des plus visibles est l’interdiction faite aux travestis de participer à des vêlas, autrefois populaires », observe le sociologue Vicente Marcial Cerqueda. « Certaines personnes ne veulent pas qu’ils soient le porte-drapeau de Juchitân… », ajoute Griselda Lôpez Vâsquez, avocate exubérante de 28 ans, brusquement interrompue par une fanfare tonique. Tandis que nous essayons de poursuivre notre conversation, des chars allégoriques, précédés par des charrues tirées par des bœufs et des tricycles décorés de ballons gonflables, paradent devant des maisons peintes en bleu, vert, orange, et lancent des paquets de tortillas frites. « Nous avons un goût compulsif pour les fêtes, s’amuse Griselda. On en organise tous les jours de l’année sous n’importe quel prétexte, comme pour la vente d’une maison, une noce et aujourd’hui le septième anniversaire de ce quartier. » À Juchitân, la fantaisie transforme la réalité en un spectacle quotidien dont la rue est une scène privilégiée. Dans ce village urbanisé qui transgresse les règles du sens commun, on vit au rythme d’une symphonie inachevée qui passe sans transition du grave au léger, sous la baguette d’une communauté, consciente de sa différence, qui se nomme elle-même, avec poésie, le « peuple des nuages ».

Casandra de Lamard (en haut à droite) et deux de ses "copines" encouragent leur équipe de basket. Malgré la tolérance affichée, des formes de discriminations apparaissent envers les travestis. Issus de classes populaires, la plupart vivent dans le quartier de la septième section, connu pour ses bandes de narcotrafiquants.

 

 

La confédération des 6 nations iroquoises (USA) : inspiration démocratique des Pères Fondateurs

 

Les sauvages américains, des peuples démocratiques

Les immigrants venus en Amérique à l’époque coloniale cherchaient la liberté. Ils en ont trouvé l’exemple dans la confédération des Iroquois, comme chez d’autres nations indiennes du continent. Des rapports égalitaires régissent les relations entre membres d’une même tribu, car les Amérindiens éprouvent une aversion pour la subordination. Le chef, nommé par tous les membres du clan ou de la tribu (tout dépendant de la structure sociale) est remplacé selon le bon vouloir de ces derniers. Il joue un rôle de porte-parole, ses fonctions sont symboliques et son pouvoir limité. De plus, il ne retire aucun privilège de sa fonction. Ces concepts se sont largement propagés au sein des anciennes colonies britanniques, comme le montrent les propos tenus par Benjamin Franklin, Thomas Jefferson et John Adams à l’occasion de la Convention constitutionnelle de 1787.

Un rôle clé dans la diplomatie avec les européens

Dans tout l’est de l’Amérique du Nord, les nations indiennes avaient formé des confédérations avant l’arrivée des immigrants européens : les Séminoles dans ce qui est aujourd’hui la Floride, les Cherokees et les Choctaws dans les Carolines, et les Iroquois et leurs alliés les Hurons dans le nord de l’État de New York et dans la vallée du Saint-Laurent. Les colons connaissaient surtout le système de confédération des Iroquois, car ces derniers jouaient un rôle clé dans le domaine diplomatique, non seulement en ce qui concerne les relations entre les Français et les Anglais, mais également sur le plan des relations avec les autres confédérations indiennes. Appelés Iroquois par les Français, et Cinq Nations (et plus tard Six Nations) par les Anglais, les peuples iroquois s’appelaient eux-mêmes Haudenosaunee, ce qui signifie le Peuple aux longues maisons. Ils contrôlaient le seul passage terrestre relativement plat entre les colonies anglaises de la côte Est et les comptoirs français de la vallée du Saint-Laurent.

Des sociétés confédérales matrilinéaires

La famille iroquoienne est constituée de six confédérations, chacune regroupant de nombreuses nations amérindiennes. Les Hurons, les Pétuns, les Neutres, les Ériés, les Susquenhannocks et les Iroquois forment les six confédérations. Chacune d’elles regroupe un certain nombre de nations. Les Hurons-Wendat et les Iroquois sont les deux nations les plus connues de cette famille, ainsi que les Tobaccos, qui en comptait toutefois plusieurs autres à l’arrivée des Européens. Au sein de cette grande famille, deux sous-groupes se distinguent, qui s’étalent sur un territoire de plusieurs centaines de kilomètres carrés: les tribus sédentaires de la côte est, qui vivent surtout d’agriculture et de pêche, et les tribus de chasseurs migrateurs, qui sont dispersées entre la côte nord-est, le centre et le nord du Québec, autour des Grands Lacs Érié, Ontario et Huron, au nord du lac Supérieur et la vallée du Saint Laurent. Les confédérations sont des alliances politiques et stratégiques entre plusieurs nations qui, ainsi regroupées, peuvent assurer la défense de leur territoire. Ils formaient une société matriarcale (société dont la mère est le chef de famille, et dont l’héritage matériel et social se transmettait de mère en fille). La confédération huronne, fondée en 1440, comprend cinq nations : les Attignawantans ("peuplade de l’Ours"), les Attigneenongnahacs ("peuplade de la Corde"), les Arhendaronons ("peuplade du Rocher"), les Tahontaenrats ("peuplade du Cerf") et les Ataronchronons ("peuplade des Marais"). Des Iroquoiens, seuls les Hurons furent les alliés des Français.

Les mères garantes de la première démocratie américaine

Matriarcat Iroquois : Dans les institutions démocratiques iroquoises, la mère est le pilier de la société. Elle possède la terre, le foyer, et les enfants, nomme et révoque les chef, et dispose d’un droit de veto ultime. Les Iroquois sont ceux qui se rapprochent probablement le plus de l’état matriarcal. Le jésuite Joseph-François Lafitau qualifie les sociétés iroquoiennes d’«empire de femmes». Elles se comportent parfois en véritables guerrières amazones. Les femmes, surtout celles qui sont âgées, sont reconnues pour leur sagesse. Les femmes nommaient leur candidat lors d’une vacance au conseil des chefs et avaient le droit de désapprouver et même d’empêcher l’élection d’un chef qu’elles jugeaient indigne.

Une société idéale

Armoiries totémiques de la confédération des 6 nations iroquoisesLa Confédération Iroquoise fut l’entité politique la plus puissante en Amérique du Nord, pendant deux siècles avant et après Christophe Colomb. Une société collectiviste et égalitaire, sans état, sans gouvernement et sans forces de l’ordre, dont les marxistes (Engels & Lafargue) eux-même faisaient l’éloge. Aujourd’hui encore, la Confédération Haudenosaunee se considère comme une nation souveraine, sur son territoire de Grand River, en Ontario, au Canada. Depuis 1977, ils disposent de leur propre passeport, reconnu internationalement à l’ONU.

Qui a contribué à l’essor économique des français

On a souvent dit des Iroquois qu’ils étaient des guerriers cruels et sanguinaires s’acharnant sans relâche sur les colons français. Dans son texte, John A. Dickinson atténue cette vision des faits et constate que, loin de causer des pertes dramatiques à la Nouvelle-France, les Iroquois ont plutôt, de façon indirecte, contribué à son essor économique. «L’image traditionnelle de cette guerre (entre français et iroquois) ne résiste pas à une analyse des faits. La cruauté toute relative des Iroquois était bien réelle, mais elle était dirigée le plus souvent contre d’autres nations amérindiennes (algonquins patriarcaux).»

Une société clanique auto-gérée

Les Mohawks et les Oneidas comptaient trois clans, les autres nations iroquoises en avaient de huit à dix. Pour la plupart, ces clans portaient des noms d’animaux (Ours, Loup, Tortue, Aigle, etc.). La ligue était gouvernée par un conseil de 50 sachems, et chacune des nations fondatrices de la confédération était représentée par une délégation de 8 à 14 membres. Les tribus et villages individuels étaient gouvernés par leur propre conseil de sachems et de chefs.

Une constitution exemplaire qui surpasse le droit romain

Deganawida, le Grand Pacificateur, concepteur de la Grande Loi de la Paix, constitution de la Confédération des 6 Nations Iroquoises, inspiration de la déclaration d'indépendance et de la constitution des USA, ainsi que des bases institutionnelles de l'ONULa Gayanashagowa, "grande loi qui lie" ou "grande loi de l’Unité" ou "grande loi de paix", est la constitution orale de la confédération des 6 nations Iroquoises. Elle a été édictée au XIIe siècle par le prophète Deganawida (le Grand Pacificateur), et son disciple Hiawatha, qui prêchaient la Grande Paix. Rédigée en 1720, elle est composée de 117 paragraphes. Elle a servi d’inspiration aux Pères Fondateurs des USA, pour sa déclaration d’indépendance et sa constitution, et pour certains fondements constitutionnels de l’ONU. On a même pu écrire que les Indiens iroquois "avaient surpassé le droit romain".

Un modèle à suivre pour s’unir

Dès 1744 à Lancaster, en Pennsylvanie, le tadodaho (chef de la confédération) Canassatego avait expliqué la vision iroquoise de l’unité aux représentants des colonies :

"Nos ancêtres dans leur sagesse ont établi une union et l’amitié entre les Cinq Nations. Cette décision nous as rendu puissants ; elle nous a donné un grand poids et une grande autorité vis-à-vis des nations voisines. Notre confédération est puissante; si vous suivez les méthodes adoptées par nos sages, vous disposerez vous aussi de cette force et de ce pouvoir. Ainsi, quoi qu’il arrive, ne rompez jamais votre union. [...] Frères, vous savez que nous n’avons pas à imposer de règles ou de lois parmi nous."

Quand les civilisés copient les sauvages

Les 13 premières colonies américaines fut le projet d’une poignée de réfugiés et d’exilés de vivre indépendamment de la dictature de la Banque (d’Angleterre) et de l’État (britannique). Benjamin Franklin, l’un des Pères Fondateurs, était un ami du peuple iroquois. Face aux guerres fratricides entre les 13 colonies, il fustigea la puérilité de ces dernières, comparée à la paix et l’unité des "sauvages", pourtant sans écriture et sans technologie. Alors, il demanda aux chefs de la confédération iroquoise de leur traduire leur constitution, afin qu’elle leur serve d’inspiration.

Des colons incapables de s’unir

En 1751, faisant référence à l’unité iroquoise, benjamin Franklin n’avait pas hésité à utiliser des arguments xénophobes pour faire honte aux colons anglais réticents et les encourager à accepter une union : « Il serait tout de même étrange (…) que six nations de sauvages incultes soient capables de former une union et de la maintenir au cours des âges de manière apparemment indissoluble, et qu’une dizaine ou une douzaine de colonies anglaises soient incapables de former une telle union, qui leur est pourtant encore plus nécessaire et qui présente pour elles certainement plus d’avantages. » En réalité, on découvrira par la suite que Franklin avait un très grand respect pour les Iroquois. Il avait commencé sa prestigieuse carrière diplomatique en tant que représentant de la Pennsylvanie lors de la négociation de traités avec les Iroquois et leurs alliés, alors qu’il apparaissait déjà comme l’avocat infatigable de l’union des colonies.

Une juridiction simplifiée

Comme l’a écrit Jefferson : « Le seul État sur terre qui peut, selon moi, se comparer au nôtre, est celui des Indiens, car ils sont sujets à encore moins de contraintes juridiques que nous ne le sommes nous-mêmes. » Thomas Paine avait bien résumé les observations de la civilisation indienne lorsqu’il avait écrit, en première page de son pamphlet Le Sens commun que « l’existence d’un gouvernement, comme le fait de devoir porter des vêtements, manifeste une perte d’innocence ».

Une société anarchiste heureuse

En 1787, dans une lettre à Edward Carrington, Jefferson avait établi un lien entre la  liberté d’expression de l’opinion publique et le bonheur, en donnant les Indiens d’Amérique comme exemple :

« Notre gouvernement ayant pour fondement l’opinion de la population, notre objectif premier devrait être de préserver ce droit ; d’ailleurs, si je devais choisir entre un gouvernement sans presse et une presse sans gouvernement, j’opterais sans hésitation pour la seconde solution. (…) Je suis convaincu que les sociétés qui, [comme les Indiens], vivent sans gouvernement, jouissent dans l’ensemble d’un niveau de bonheur infiniment plus élevé que celles qui vivent sous l’empire des gouvernements européens. »

Un modèle en voie de disparition

Les amérindiens d’aujourd’hui subissent eux aussi de graves problèmes sociétaux (chômage, alcool, violences conjugales…), notamment à cause de la disparition de leur droit clanique traditionnel (matrilinéarité & propriété collective), et de son incompatibilité (rigidité) face aux contraintes du monde moderne (le nomadisme éclate les cellules claniques traditionnelles).

Un indomptable esprit d’indépendance

"Tous ses membres sont des hommes libres, tenus de protéger leur mutuelle liberté, égaux en droits personnels, – ni les sachems, ni les chefs militaires ne revendiquent de prérogatives quelconques; ils forment une collectivité fraternelle, unie par les liens du sang. Liberté, égalité, fraternité, sans avoir été jamais formulés, étaient. les principes fondamentaux de la gens, et celle-ci, à son tour, était l’unité de tout un système social, la base de la société indienne organisée. Ceci explique l’indomptable esprit d’indépendance et la dignité de l’attitude personnelle que chacun reconnaît aux Indiens." – Lewis Henry Morgan : Systems of consanguinity and affinity of the human family, 1871.

L’idéal marxiste réalisé

Friedrich Engels, dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat – Friedrich Engels décrit la société matriarcale iroquoise comme la réalisation de l’idéal marxiste : une société sans état, sans banque, sans classes, sans forces de l’ordre, sans juges, sans prisons, sans pauvres, égalitaire, féministe, anarchiste…

« Et avec toute son ingénuité et sa simplicité, quelle admirable constitution que cette organisation gentilice! Sans soldats, gendarmes ni policiers, sans noblesse, sans rois ni gouverneurs, sans préfets ni juges, sans prisons, sans procès, tout va son train régulier. Toutes les querelles et toutes les disputes sont tranchées par la collectivité de ceux que cela concerne, la gens ou la tribu, ou les différentes gentes entre elles, – c’est seulement comme moyen extrême, et rarement appliqué, qu’intervient la menace de vendetta, dont notre peine de mort n’est d’ailleurs que la forme civilisée, nantie de tous les avantages et de tous les inconvénients de la civilisation. Bien que les affaires communes soient en nombre beaucoup plus grand que de nos jours, – l’économie domestique est commune et communiste dans une série de familles, le sol est propriété de la tribu, seuls les petits jardins sont assignés provisoirement aux ménages, – on n’a quand même nul besoin de notre appareil administratif, vaste et compliqué. Les intéressés décident et, dans la plupart des cas, un usage séculaire a tout réglé préalablement. Il ne peut y avoir de pauvres et de nécessiteux – l’économie domestique communiste et la gens connaissent leurs obligations envers les vieillards, les malades, les invalides de guerre. Tous sont égaux et libres – y compris les femmes. Il n’y a pas encore place pour des esclaves, pas plus qu’en général pour l’asservissement de tribus étrangères. Quand les Iroquois, vers 1651, eurent vaincu les Ériés et la « Nation neutre », ils leur offrirent d’entrer avec des droits égaux dans la confédération; c’est seulement quand les vaincus s’y refusèrent qu’ils furent chassés de leur territoire. Et quels hommes, quelles femmes produit une pareille société, tous les Blancs qui connurent des Indiens non corrompus en témoignent par leur admiration pour la dignité personnelle, la droiture, la force de caractère et la vaillance de ces barbares.

Quant à cette bravoure, l’Afrique nous en a fourni des exemples tout récents. Les Zoulous, il y a quelques années, les Nubiens, – deux tribus chez lesquelles les institutions gentilices ne sont pas encore mortes -, ont fait, il y a quelques mois, ce que ne peut faire aucune armée européenne. Armés seulement de lances et de javelots, sans armes à feu, sous la pluie de balles des fusils à tir rapide de l’infanterie britannique – reconnue la première du monde dans la bataille rangée -, ils se sont avancés jusqu’à ses baïonnettes et l’ont plus d’une fois bousculée et même repoussée, malgré l’énorme disproportion des armes, et bien qu’ils ignorent le service militaire et ne sachent pas ce que c’est que faire l’exercice. Ce qu’ils peuvent endurer et accomplir, les Anglais eux-mêmes en témoignent lorsqu’ils se plaignent qu’un Cafre puisse, en vingt-quatre heures, parcourir plus vite qu’un cheval un plus long chemin; le plus petit muscle fait saillie, dur et tendu comme une lanière de fouet, dit un peintre anglais.

(allusion à l’héroïque résistance que les Zoulous opposèrent en 1879 et les Nubiens en 1881-1883 aux armées de l’Empire britannique)

Voilà ce qu’étaient les hommes et la société humaine, avant que s’effectuât la division en différentes classes. Et si nous comparons leur situation à celle de l’immense majorité des civilisés de nos jours, la distance est énorme entre le prolétaire ou le petit paysan d’aujourd’hui et l’ancien membre libre de la gens. » – L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat – Friedrich Engels

Alexandre Grauer - L'art d'enseignement-des Indiens Iroquois aux-sources de la premiere constitution -Verso

 

Source : http://matricien.org/societes-gentilices/confederalisme-i...