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30/04/2012

A paraître le 19 mai prochain : Gazogène n°33


   

gazogene escard.jpg

 

 

« L’Explorateur de l’Art Brut. André Escard, archives et documents »

 

(1ère partie)

 


 

Plus de 60 pages en couleur, le nouveau "Gazogène" sera exceptionnel !

 

Ce numéro est entièrement consacré aux archives d’André Escard.

 

 

 

Il présentera des sites visités par celui-ci à partir de 1985, dont la plupart ont disparus à ce jour ! S'y ajouterons des documents inédits sur Pierre Avezard à La Coinche, Marcello Cammi à Bordighera, Albert Chasseray à Loué, etc.

 

Dès à présent vous pouvez commander ce numéro

 

en envoyant un chèque de 20 € (18 € + 2 € de port = 20 €) à l'adresse suivante :

 

 

 

Librairie Ancienne RAPAUD, 1, place de la Libération, 46000 CAHORS

 

 

 

(Chèque à l’ordre de : Association des Amis de "Gazogène")


 

 

Ce numéro sera également disponible :

 

 

 

- à la Librairie Ancienne de Valérie Rapaud, 1, place de la Libération à CAHORS

 

 

 

- et à Bélaye (Lot) à partir du 19 mai date de l'inauguration du lieu d'exposition sur le thème de l’Art Brut américain/American Folk-Art !          

Belaye 2012.jpg

 

 

A cette occasion, seront mis en vente numéros anciens de "Gazogène", gravures, affiches, livres et brochures concernant l’Art Brut et ses apparentés pour permettre de financer ce nouveau lieu d'exposition à Bélaye!

 

A l’automne suivra la parution de la deuxième partie de cette publication des archives d’André Escard qui réserve encore quelques perles et autres inédits !

 

 

 

Nous comptons sur vous, sur votre fidélité, sur votre présence et votre soutien !

 


 

Amitiés à tous.

 



 

J.F. MAURICE

15:48 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

Je n'en dirais guère plus de Jean-Michel Bongiraud

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/je-n-en-dirais-guere-plus...

 

 

je n'en dirai guère plus.jpg

  Ed. de l’Atlantique 2012 

Édition à tirage limité et numéroté - 45 pages – 14 €

 

 

Il est pas mal question du doute dans ce recueil, mais en le refermant, c’est du titre que l’on doute. Difficile en effet de croire que Jean-Michel Bongiraud n’en dira guère plus, et on ne le souhaite pas en tout cas, car lire ce livre, c’est comme passer un moment en tête à tête avec un ami. Il ne s’agit pas ici juste d’une formule, mais d’un ressenti bien réel. L’auteur est comme assis en face de nous, le livre devient une table à laquelle on s’accoude, on partage un verre, voire plusieurs, et Jean-Michel Bongiraud nous ouvre son cœur, sans prétention, sans flonflons, sans faux semblants. Une telle simplicité est rare, une telle sincérité aussi. Elle mettra ceux qui sont prompts à juger sans doute mal à l’aise. Il y a quelque chose d’inconvenant, pour ceux qui ne jouent pas cœur sur table, à se livrer ainsi. C’est donc un livre qui fait du bien, qui remet les choses à leur place, la poésie dans la vie, l’homme au cœur de sa vie d‘homme, ni plus, ni moins et les mots tissent des ponts, car au centre de ce livre, il y a un irrépressible désir de partage.

  

Résoudre par les mots de tous les jours

 

l’équation de la vie

 

mesurer la distance

 

entre son ombre

 

et la main qui s’ouvre

 

montrer la lucidité

 

du poème

 

au regard qui le croise

 

 

Mais entre le désir et sa réalisation, le réel peut devenir un obstacle qui ne cesse de nous interroger.

  

 

Depuis quand les hommes

 

sont devenus si durs

 

et pourquoi leur langue

 

est-elle brutale et acerbe

 

  

Et c’est cela que Jean-Michel Bongiraud partage ici avec nous, les questionnements, les doutes, les élans et les dépits d’un homme parmi les hommes, et chacun de nous lecteur, devient l’ami auquel il offre sans retenue toute sa confiance.

 

pour vivre entre nous

 

que faudrait-il

 

un rire un ronronnement

 

une peau contre une peau

 

ou un tassement de vertèbres

 

au niveau du cerveau

 

 

L’auteur pour qui, on le sent, des mots comme humanisme et fraternité ont gardé toute leur puissance, n’a cure d’être considéré comme naïf, mais donne au contraire tout sa véritable signification à ce mot. Naïf, c'est-à-dire naturel, sans fard, sans apprêt, sans artifice.

  

ce monde est clair est simple

 

tel je vous le dis

 

il a ses qualités

 

et même celles que j’ignore

 

car tout n’a pas été dévoilé

 

et il est bien vivant et serein

 

et vous pouvez le voir

 

c’est un monde d’étonnement

 

 

 

Témoin de la beauté, il sait aussi la transmettre.

 

Les oiseaux sont des êtres

 

bien innocents et agréables

 

(…)

 

à part froisser l’air

 

ils ne font aucun mal

 

 

 

Et cette naïveté si on peut dire, n’est possible que parce que l’auteur est doté aussi d’une grande lucidité.

 

Un grain bouleverse la vie

 

on ne sait jamais

 

la raison de sa venue

 

  

(…)

 

  

On veut toujours savoir

 

si ce que l’on fait est juste ou non

 

suis-je élégant ai-je une belle bouche

 

pourquoi celui-ci ne dit pas bonjour

 

(…)

 

et je me demande

 

ce que cherche à dire ce poème

 

  

 

Il n’a pas peur de se voir tel qu’il est. L’écriture ici n’est pas un faire-valoir, mais un miroir qui ne ment pas.

 

  

J’aimerais apparaître

 

tel que je ne suis pas

 

un peu plus grand moins gros

 

plus cultivé plus spontané

 

mais je l’ai déjà dit

 

écris à longueur de page

 

(…)

 

d’ailleurs de quelle consolation

 

ai-je vraiment besoin

 

de changer de forme

 

ou de cesser la répétition

 

 

Jean-Michel Bongiraud n’est dupe ni de la vanité de notre condition, ni de la profondeur de notre ignorance, ni de notre petitesse face aux forces de l’univers, mais cela ne l’empêche pas d’aimer. Aimer la nature, aimer les oiseaux, aimer l’autre, égaré peut-être, mais vivant comme lui dans ce monde, où la beauté et l’horreur se partage la mise.

 

  

Nous chantons fort

 

et sans bien suivre la partition

 

nul ne l’a vraiment apprise

 

les plus purs la récitent

 

nuit et jour avec opiniâtreté

 

les autres avec nonchalance

 

mais ce n’est pas très cruel

 

comme jeu juste subtil

 

les vaches y arrivent et les girafes

 

je ne sais pas si les cafards le font

 

mais d’instinct chacun en est capable

 

au fond pour vivre

 

il suffit de suivre le troupeau

 

  

 

J’aime le murmure du vent

 

et la parade des oiseaux amoureux

 

les poules qui ponctuent leur pondaison

 

par un incessant caquètement

 

c’est la nature dans sa simplicité

 

comme un vin qui remplit le verre

 

il faut tout oublier pour le déguster

 

les voisins les enfants les supérieurs

 

dans le gosier tombe la poule

 

les oiseaux et les brins d’herbe

 

surtout il ne faut rien recracher

 

 

 

Il s’interroge sur ce qui le pousse encore et encore à user de mots pour se faire entendre.

 

 

Je pourrais rester tranquille

 

écouter cette même poule pleine d’orgueil

 

envahir le silence de cette après-midi paisible

 

elle non plus ne sait pas

 

ce qui la pousse à chanter

 

suis-je aussi orgueilleux qu’elle

 

à vouloir que tout le monde m’entende

 

mais elle a cessé son vacarme

 

je peux recommencer le mien.

 

  

Sans aucun doute, la réponse est dans ce livre. Rien n’a de sens ici-bas sans l’échange et la communication véritable, celle du cœur. En ces temps où les mots sont tellement galvaudés, vidés de leur sens, la poésie demeure une parole vraie qui peut permettre de nouer avec autrui une relation touchant directement à l’essentiel. En toute simplicité.

 

Cathy Garcia

 

Jean-Michel%20BONGIRAUD%2001.jpgJean-Michel Bongiraud, est né en 1955 à Saint-Mard (Aisne). Il est l'auteur de plusieurs recueils de poésie ainsi que d'un essai, L'Empreinte humaine, ouvrage publié par les Éditions Editinter. Il a également fait paraître la revue Parterre Verbal entre 1992 et fin 2001 et depuis 2008, il anime la revue Pages Insulaires : http://parterreverbal.unblog.fr/ Il a écrit des articles pour différentes revues ou journaux, dont Le Monde Libertaire, Alternatives Libertaires...

 

 Bibliographie :

 

Éditions Editinter : Fermentations poétiques ; Apesanteur fiscale ; le livre des silences ; Du bout de mes orteils ; Un livre pour la pluie ; L'herbe passagère ; Arpège précédé de Une quinte sous nos doigts ; L'Empreinte humaine

Éditions Encres Vives : A la fin du cri ; Les fruits de l'alphabet ; Mouvements ; Mains

Éditions Gros textes : Les mots de la maison ;  Pages Insulaires ; Pour retendre l'arc de l'univers

Éditions L'Épi de seigle : Les mots du manœuvre ; La noisette

Autres éditeurs : Mots d'atelier, Edition le dé bleu ; Le cou de la girafe, Éditions l'Amourier ; L'ombre de la bêche, Éditions Alain Benoït ; Abeilles, Éditions des Vanneaux ; Sang et broussailles, Éditions Rafaêl de Surtis ; L'herbe et le néant (1994 première édition), Éditions En Forêt (Allemagne) ; Je n’en dirai guère plus, Éditions de l’Atlantique.

 

 

 

 

 

 

 

 

23/04/2012

Les mots allumettes, présenté par Christian Saint-Paul

dans l’émission Les Poètes.fr du 12 avril 2012 sur Radio Occitania, écoutable en ligne ici :http://lespoetes.fr/emmission/emmission.html

 

Les éditions CARDERE www.cardere.fr poursuivent leur difficile travail de diffusion et font paraître deux livres de poésie dont nous recommandons la lecture aux auditeurs ; chacun coûte 12 € et l’achat peut se faire directement sur le site de l’éditeur.

 

Le premier est celui de l’infatigable revuiste, artiste, photographe et surtout poète Cathy GARCIA« Les mots allumettes » richement illustré par elle-même. Un appel à la sérénité, une quête spirituelle où la révolte n’appelle qu’à la tendresse, à la fraternité des êtres, tous en mal d’absolu :

 

Les mots en gravats dans ma tête. Des tonnes.

 

Je retiendrai celui qui brise l’encerclement, dégage une spirale et m’élève jusqu’au ciel.

 

Jusqu’au grand, grand ciel. N’avoir que celui-là en bouche.

 

 

Lecture d’extraits du recueil.

 

Le second « Triptyque du veilleur » est celui de Louis RAOUL poète connu des abonnés des éditions Encres Vives qui l’ont publié dès 1992, qui totalise aujourd’hui une quinzaine de recueils et a obtenu en 2008 le Prix de la Librairie Olympique pour son livre « Logistique du regard » publié chez N&B/Pleine Page. Ecriture délicate et pudique qui semble effleurer mais imprègne sa trace durable dans les esprits. Il faut lire ce poète discret. Lecture d’extraits du livre.

 

Vous abordez

 

Au pied de la tour

 

Qui est vous

 

Il vous faut rejoindre la hauteur

 

Où veiller

 

Dans l’éternité d’une heure

 

La rouille d’un jour

 

Qu’on aurait oublié.

 

Café Littéraire - Atelier Thot'M - 26 avril à Tarbes

« Poésie Feu Rebelle… »


« Il n'y a de véritable résistance que dans et par la création… » (Patrick Chamoiseau)


Lectures, échanges, débat, autour de la poésie comme insurrection de l'imaginaire, invention du futur, avec


Cathy Garcia, Plasticienne, Poète, Revuiste,

et

Eric Barbier, Poète.


Cette rencontre, organisée par L'Atelier Thot'M, aura lieu à la Librairie « Les Beaux Jours », avenue de la Marne, à Tarbes, le Jeudi 26 Avril de 20h30 à 23h.

Renseignements: E-mail : ogam.pc7@orange.fr

« Thot'M, l'Atelier d'Ecriture »

voir : tract EB.CG 4.pdf

Le vent d’Anatolie - Zyrànna Zatèli

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/le-vent-d-anatolie-zyrann...

 

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Quidam éditeur (collection Poche) 2012 - Traduit du grec par Michel Volkovitch - 56 pages - 5 €


 

Sympathiques petits livres pour un prix plus qu’abordable, la collection Poche de Quidam séduit d’emblée. Un beau chat bleu en couverture de celui-ci. Le Vent d’Anatolie est une nouvelle de Zyrànna Zatèli, tirée du recueil Gracieuse dans ce désert.

C’est un texte qui se lit d’un trait, d’une grande beauté, troublant, qui raconte dans une langue simple, très fortement empreinte de poésie, une étrange histoire d’amitié. Celle d’une jeune fille et d’une vieille tuberculeuse un peu folle. Mais est-elle réellement folle ou plutôt désespérément seule ? Isolée par la communauté qui craint sa maladie, mais la nourrit quand même par acquis, sans doute, de bonne conscience, elle meurt à petit feu dans sa maison, comme une pestiférée, brassant souvenirs et délires.

Un jour, la jeune fille qui est la narratrice de l’histoire, est chargée d’apporter à manger à Anatolie, c’est le nom de la vieille malade. La nouvelle débute ainsi par le trajet qui mène à sa maison, un bref portrait de quelques personnages de ce coin perdu au nord de la Grèce : Naoum le bijoutier qui met des pompons aux oreilles des chats et qui vend aussi bien des bijoux que des fusils de chasse, le souvenir d’une jeune fille morte à 17 ans dans un sanatorium, un boucher cynique, pétomane, coureur de jeunes jupons et ainsi, on arrive chez Anatolie.

« Je suis là » dit-elle sèchement, levant haut le menton. Puis elle tourna la tête et ajouta l’air songeur : « Gracieuse dans le désert… ».

 

L’auteur a une façon de traduire le regard de la jeune fille sur Anatolie qui donne le ton de tout ce qui suivra, on est un peu chez la sorcière du conte de fée. La maladie, la différence, la solitude donnent à Anatolie une sorte d’aura magique, à la fois inquiétante et fascinante.

 

« ses mollets luisaient comme la gélatine »

« Sa démarche et son corps lui-même avaient quelque chose d’oblique, une ondulation incessante et fascinante en forme de huit… huit… huit… ».

« Deux très grandes chaussures, presque autant que celles des clowns, vertes comme des poivrons et munies d’attaches rouges en corne ».

 

Peu à peu, se tisse un lien entre Anatolie et cet enfant qui vient la nourrir, qui brave les interdits en demeurant auprès d’elle et qui, dès la première fois, va jusqu’à partager la nourriture à la même cuillère.

 

« C’est Anatolie, on s’en doute, qui eut cette idée imprévue de manger ensemble, issue d’un désir pas vraiment clair et généreux mais plutôt cruel : celui de partager avec quelqu’un, avec moi, le poids de sa solitude, de cette maladie qui la torturait ».

 

Parfois Anatolie souffre trop, délire ou se laisse aller à une certaine méchanceté, malice plutôt.

 

« Tu veux donc voir une photo rouge ? demanda-t-elle quand la terrible toux se calma. Tiens ! Et elle déplia le mouchoir, plein de sang… Voilà mes rubis ! Tu en as, toi, des comme ça ? »

 

D’autres fois elle raconte, son passé, son père, sa mère, sa sœur et son frère cadets. Bien qu’elle ne le montre pas, elle s’attache à sa visiteuse, celle qui ose rester avec elle et les deux finalement ont une certaine bizarrerie en commun.

Un jour Anatolie parle du vent, ce vent qui devient parfois un homme et qui vient la chercher, la harcèle, mais elle lui résiste, alors il repart.

 

Elle l’appelait le vent (…) il avait toujours le dos tourné ; elle voyait seulement son omoplate gauche, nue, son cou, une partie de sa tête, puis rien que le torse – il devait être assis au bord du lit, à sa droite –, tandis que l’autre côté se perdait dans les ténèbres.

(…)

Comme il doit se sentir seul de n’être désiré par personne… C’est pour ça qu’il vient vers moi comme un sauvage. Comme un mendiant.

 

C’est que malgré tout elle est solide Anatolie, elle en a vu dans sa vie, cependant, vient le jour où elle arrête de manger. La jeune fille continue de lui rendre visite, de rester avec elle.

 

Je précise que je n’ai jamais cru un seul instant que j’étais l’amie d’Anatolie par héroïsme. C’était ce charme surnaturel qui m’enveloppait quand je traversais sa cour, en arrivant ou en repartant (…). C’était cette image de la brume dorée, le premier matin, qui ne m’avait pas quittée depuis (…). C’était ses paroles, qui lorsqu’elles ne débordaient pas de méchanceté, étaient attirantes comme la nuit.

 

Elle sera là jusqu’à la fin, jusqu’à ce que :

« J’ai sommeil, dit-elle ».

(…)

Je me levai enfin pour partir. Le vent avait laissé la porte ouverte.

 

Et on referme le livre, non sans une certaine émotion, ébloui par cette histoire si simple, mais que l’auteur, grâce à un véritable talent de conteuse, réussit à rendre absolument envoûtante.

 

Cathy Garcia

 

 

 

Zyrànna Zatèli.jpg

Zyrànna Zatèli est née en 1951 à Sohos, près de Thessalonique et vit à Athènes. Elle a reçu le Grand prix national du roman en 1994 et 2002. Du même auteur : Le Crépuscule des loups, le Seuil 2001 ; La Fiancée de l’an passé, Le Passeur 2003 - Publie-net 2009 ; La Mort en habits de fête, Le Seuil 2007.

 


Preachetez le DVD "Comment on nourrit les gens ?" pour financer partiellement le prochain documentaire de Marie-Monique Robin

 
Marie-Monique Robin, journaliste et realisatrice de nombreux documentaires
("Voleurs d'organes", "Escadrons de la mort : l'ecole francaise", etc.), a ouvert recemment sa propre maison de production audiovisuelle, M2R Films. Forte de cette nouvelle perspective, elle pousse la demarche encore plus loin en permettant a chacun de participer au projet de son prochain documentaire sur l'agroecologie, par le biais d'un financement partiel.
 
« Comment on nourrit les gens ? », le titre provisoire de l'œuvre, poursuivra l'investigation engagee dans le secteur agro-alimentaire avec « Le monde selon Monsanto » et « Notre poison quotidien ». 

 

 

Ce reportage, mene a travers quatre continents et rapportant des temoignages d'experts, tente de montrer que l'agroecologie, modele agricole qui s'inscrit dans le cadre d'un developpement durable et porte par l'agriculture familiale, est capable de faire face aux besoins alimentaires d'une population mondiale croissante. Un livre accompagne egalement la sortie du film, offrant davantage de details sur l'enquete menée.
 
Si vous souhaitez prendre part au financement du documentaire, des souscriptions sont encore disponibles sur le site. Pour la somme de 30€, vous recevrez le DVD du documentaire en edition speciale, avec des bonus et un livret d'accompagnement, et beneficierez d'un acces privilegie au site du reportage, afin de pouvoir suivre la production dans son ensemble.




>
Le documentaire sera diffuse sur Arte le 16 octobre 2012, journee mondiale de l'alimentation. La bande-annonce, avec notamment l'interview de Olivier de Schutter, rapporteur special des Nations Unies pour le droit a l'alimentation, peut etre visionnee sur le site.

>
En savoir plus

> Decouvrir le site M2R Films

> Participer au projet en preachetant le DVD « Comment on nourrit les gens ? »

14:49 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

22/04/2012

Petit rappel....

21/04/2012

Mon père de Marie-Florence Ehret

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il a été référencé sous le titre initial de l'Epreuve ce qui complique les choses pour les libraires, mais le n° d'ISBN est le même
Il est sorti le 11 avril, il s'appelle Mon père. il est publié par les Editions Oskar et distribué par Belin.


Couverture, 4ème, référence ICI
Il s'adresse aux ados, collégiens et lycéens.

21:01 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

20/04/2012

Ordures et résidus, de BAN (collectif)

Ouvrage collectif,
sous la direction de Julien Blaine, Edith Azam, Bernard Noël (156 pages)

« Qu’est-ce que BAN ?
C’est le rassemblement de plusieurs générations – (69 ans / 81 ans) à l’initiative de la plus jeune (38 ans) – dans le but de dénoncer un certain état ordurier du présent afin, bien évidemment, de le combattre.

Les problèmes sont aujourd’hui nombreux depuis que les maîtres de l’économie se vengent librement des concessions sociales qu’ils avaient dû accorder peu à peu durant un siècle aux divers travailleurs : ouvriers, employés, fonctionnaires. Leur force est qu’ils détiennent ou contrôlent le pouvoir en restant anonymes et masqués derrière les politiciens de la droite ou de la gauche libérale, leurs complices. Ces dominateurs ont perverti à leur service la plupart des rouages de l’État, mais ils disposent surtout des media populaires et, par eux, du moyen d’occuper les têtes en les privant de pensée, de réflexion et de conscience. Ainsi font-ils en sorte de rendre la servitude aimable en assurant la promotion d’une seule valeur : la consommation.

Nous n’avons pas d’illusions quant à l’avenir mais une volonté de résistance qui nous interdit la résignation et le renoncement. Cette résistance, nous pensons la développer par la réflexion et par le rassemblement de témoignages venus de milieux et de pays très divers. Ainsi, des écrivains se proposent de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas et de créer pour cela un lieu d’expression qui ne sera pas, comme d’habitude, réservé à leur seul usage. ».


Manifeste de BAN

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 lire ici : http://editionlebleuduciel.free.fr/ordures_et_residus.html

à télécharger ici : http://editionlebleuduciel.free.fr/ordures_et_residus.pdf

19/04/2012

Greek Crisis : nouvelles du jour

Source : http://greekcrisisnow.blogspot.fr/2012/04/temps-de-bruxel...

 
Voile déchirée - Mer Égée mai 2010

Retour à la capitale, Pâques c'est fini. La circulation était même très fluide dans le sens des retours, sous un temps maussade, voilà que toute la Grèce est sur la tempête. Pas de résurrection en vue non plus. « Nous avons un vrai temps de Bruxelles, ciel bas et froid », c'était la blague du jour ce mercredi matin à la radio. Autrement sinon, et sur ces mêmes ondes radiophoniques, on fait semblant de s'occuper des prochaines élections. À la télévision c'est encore plus grotesque. Sur une aire d'autoroute hier déjà, achetant un double café grec deux euros, je n'ai pas pu échapper à l'écran géant de la télévision en pleine... action : « Nous ne répèterons pas les erreurs graves du PASOK, nous sommes une formation politique responsable, et notre pays, il a besoin de nous, car nous gouvernerons guidés par le sens de la responsabilité... », c'était Antonis Samaras, chef de la droite (Nouvelle Démocratie). Une seule personne parmi les automobilistes de passage, un homme voyageant apparemment seul, a vaguement suivi les propos de Samaras, et encore. Indifférence.

 
Ces élections, à défaut de nous trouver une solution, (retrouver une part de notre souveraineté et de notre dignité pour ainsi faire défaut... tranquillement), eh bien, ces élections, dessinent, et aux dires de tout le monde ici, la « diagonale du vide politique », surtout du côté des politiciens Mémorandistes. Au PASOK par exemple, ils ont parait-il du mal, à trouver même des candidats, pour compléter les listes des candidats. Par conséquent, y figurent des presque inconnus parfois, ou sinon des « seconds couteux ». Sauf que la familiarocratie et le népotisme demeurent, comme à Trikala, ville Thessalienne et chef lieu du département homonyme. Pour la circonscription de cette sympathique région de la Grèce centrale, outre le nouveau Christos Gatselis dont le slogan est « Je suis quelqu'un parmi vous - nouveau début », on retrouve sur les listes du PASOK local, un certain Giorgios Oikonomou, fils de l'ancien député et ministre PASOK Christos Oikonomou, et en même temps époux de la fille de Soula Merenditi. Cette dernière, député du PASOK également, a décidé à se retirer de la vie politique, au profit de son gendre « pour ainsi rendre possible le renouvellement de la vie politique et faire place aux jeunes ». Nous devons ainsi avouer notre théorisation anthropologique dépassée par cette originalité dans l'usage du « prix de la fiancée politique », qui serait donc, un siège au « Parlement ». Soula Merenditi trouve cette pratique, parfaitement conforme aux « bonnes usages », Mémorandum ou pas. Elle avait fait campagne d'ailleurs lors des législatives de 2009, par le slogan : « Votez Soula pour obtenir un petit poste » ; et elle a été élue, car les citoyens du département lui accordèrent alors leur confiance, en bons... démocrates et pourquoi pas, progressistes. Mais depuis, le café chic au centre ville de Trikala a fait faillite, et sur la place, on y vend des beignets, à proximité du stand monté par les Indignés locaux. Leur message est clair : « Grecs réveillez-vous, les chômeurs sont plus d'un million », « Aux urnes, il faut dire Non, aux partis du Mémorandum ».
 
Grecs réveillez-vous... Indignés - Ville de Trikala 16 avril 2012
 
Plus au sud, à Corinthe, Stavros Dimas, député de la circonscription, et Ministre des Affaires Etrangères sous le gouvernement du banquier Papadémos, depuis le 11 novembre 2011, ne sera pas candidat, laissant la « place » à son fils, Christos Dimas. Stavros Dimas, actuel vice-président au parti de la Nouvelle Démocratie (droite), n'a pourtant rien d'un notable politique de sous-préfecture. Juriste de formation, il a travaillé pour la société «Sullivan & Cromwell» à Wall Street, puis, pour la Banque Mondiale, avant de devenir plusieurs fois ministre dans les années 1980, et finalement membre de la Commission Européenne entre 2004 et 2009. Donc, selon une certaine idée assez répandue par la propagande ambiante en Grèce et ailleurs, des « cosmopolites » comme Stavros Dimas, si bien à l'aise au sein de la « gouvernance » supranationale, seraient ainsi porteurs d'une autre éthique, basée sur « l'efficacité avérée », plutôt que sur le népotisme, et pourtant. Sachant que le PASOK de Soula Merenditi et la Nouvelle Démocratie de Stavros Dimas sont les deux principales formations pressenties par les « modernistes et épurateurs » Troïkans pour le pouvoir après les élections, alors, nous comprenons mieux le sens de la... modernité. Certes au même moment, Akis Tsochatzopoulos, ancien ministre de la Défense (PASOK), mêlé à plusieurs scandales où il était question de malversations, est en prison depuis quatre jours, événement rare, aussi bien commenté dans la presse allemande et pour cause : une partie de l'argent corrupteur dont le ministre Akis fut le destinataire, était versé par des entreprises allemandes.
 
Christos Gatselis - candidat PASOK - Trikala avril 2012
 
Les rédacteurs du site francophone paradisfj.info (« Paradis fiscaux et judiciaires »), précisent de leur côté, que « la semaine dernière, l’ancien ministre de la Défense et ancien vice-Premier ministre Akis Tsochatzopoulos (soixante-douze ans), l’un des fondateurs du Pasok en 1974 et proche de l’ancien Premier ministre socialiste Costas Simitis, a été incarcéré. L’arrestation est la conséquence de deux années d’enquête sur des transactions immobilières réalisées ou parrainées par des sociétés offshore contrôlées par l’homme politique et basées à Chypre (Torcaso), au Liberia (Nobilis) et aux Etats-Unis (Blue Bell). L’affaire avait éclaté fin mai 2010, quand deux journaux grecs, « Kathimerini » et « Proto Thema », dévoilaient qu’une société écran d’Akis Tsochatzopoulos avait acquis pour 1 million d’euros un luxueux appartement dans le centre d’Athènes. Le nom du haut dirigeant du Pasok est sorti depuis dans deux grosses affaires de corruption liées à des achats de matériels militaires (Siemens, Ferrostaal). Les magistrats accusent Akis Tsochatzopoulos d’avoir perçu depuis 1997, 8 millions d’euros de pots-de-vin d’anciens employés de Ferrostaal. La police fiscale estime que l’accusé a déposé des millions d’euros dans différentes banques européennes, dont 16,2 millions de francs suisses placés dans la Confédération helvétique. Trois de ses proches ont également été arrêtés dont son cousin, également ancien ministre, Nikolaos Zigras. Sa femme et sa fille pourraient aussi être inquiétées. Le Pasok s’est empressé d’expulser son ancien responsable ».
 
Entre-temps, à la Nouvelle Démocratie, on réhabilite certains hommes politiques « maison », mêlés pour leur part, au scandale du Monastère de Vatopédi, faisant d'eux, des candidats aux législatives du 6 mai, c'est la dernière prouesse de Samaras, le « ré-fondateur ».
 
Reste la rue. Les Grecs affirment que cette incarcération de Akis, c'est de la poudre aux yeux, surtout par ce temps électoral. « Sommes-nous encore... capables de voter en faveur de ces deux partis, oui ou non ? », telle est la question, que les gens se posent tous les jours, à Athènes, comme ailleurs. À ce propos, D., mon ami dentiste (en train de déposer le bilan de son cabinet), émet des doutes : « Je ne sais pas. Les gens sont en colère certes, mais si ils restent assez immobiles, c'est sous le couvercle que ébullition continue. Elle le fera sauter un jour c'est certain. Seulement, les deux ex-grand partis (PASOK et Nouvelle Démocratie), peuvent être insuffisamment affaiblis après ces élections. Dans ce cas, nous verrons se former un deuxième gouvernement de coalition sous le banquier. Que dire dans pareil cas, que faut-il penser des électeurs ? Eh bien... tout simplement que les gens, si ils votent encore ainsi, ils n'ont que ce qu'ils méritent, hélas. Mais je vois que les choses bougent. Moi, et pour la première fois je voterai pour la gauche, mais il y en a d'autres qui adoptent un comportement électoral, disons étrange pour aller vite. Tel un ami, je le connais depuis des années, il était mollement de droite jusque là, il accepte d'y figurer sur les listes électorales de « l'Aube Dorée » (extrême droite). Je lui ai dit : es-tu idiot ou quoi, deviens-tu fasciste maintenant ? Il a répondu par la négative, évidemment, visiblement gêné pourtant, il a prétendu « vouloir punir le système » des partis népotistes. Je ne sais pas ce que les élections vont finalement donner ; je ne suis pas très confiant. Au même moment, nombreux sont ceux qui se débranchent des médias et des informations. Ce n'est pas une réaction politique à première vue, mais un acte de survie psychologique, car les gens, n'en peuvent plus de ce choc permanent, c'est trop violent. Cette auto-exclusion de la sphère publique, est vécue par ces individus comme relevant de autodéfense, comme un dernier acte instinctif, il s'agit de leur dernier recours comme ils disent, avant de sombre dans la folie. Le peu de patients que je vois au cabinet en ce moment, me disent la même chose depuis un mois presque... Mais ils iront voter je pense ».
 
Vendeur de Beignets - ville de Trikala - 16 avril 2012
D'autres, redoutent encore le trucage des résultats. Georges M., athénien, a averti tous ses amis par mail : « Comment voulez vous faire confiance à un gouvernement qui a déjà violé la Constitution à six reprises depuis le premier Mémorandum ? Des agents au ministère de l'Intérieur que je connais, m'ont dit que rien cette année n'a été préparé comme les autres années électorales, y compris, l'impression et l'actualisation des listes électorales par bureau de vote. Est-ce encore... de la réalité virtuelle, ces élections ? »
 
Pour l'instant, nous ne pouvons plus qu'espérer le chaos, c'est à dire, un résultat rendant le pays ingouvernable par les forces du Mémorandum déjà, puis nous verrons. « Votez pour nous, sinon le pays sera ingouvernable et connaitra des péripéties pouvant le conduire en dehors de la construction européenne », tel est le tout dernier argument des ténors du PASOK et de la Nouvelle Démocratie, jouant la partition de l'opéra comique dont le livret est écrit par la Troïka. Dans le métro hier matin et à propos du chaos justement, une dame s'est exprimé ainsi : « Je préfère le chaos à l'humiliation. Qu'on meure enfin, mais la tête haute. Puis, qui sait, le chaos, tant redouté par eux, va peut-être nous conduire vers la sortie de la crise, certes, pas tout de suite, dans dix, ou vingt ans, mais nous aurons gagné l'avenir. Nous le devons à nos enfants et non pas aux banques... ». Certains ont applaudi, c'était spontané, la dame même, elle a été surprise.
 
José Manuel Barroso n'a pas l'air rassuré non plus. Depuis Bruxelles, ou devant le Parlement Européen, le président de la Commission a rappelé la logique implacable du Mémorandum, « Le processus de transformation et d'ajustement de la Grèce sera long; il n'en reste pas moins que la mise en œuvre de ces mesures constituera le point de départ de son redressement. Il faut faire comprendre au grand public le programme et la finalité des changements majeurs qui interviendront dans les mois à venir si l'on veut le convaincre que les sacrifices et les efforts consentis aujourd'hui produiront des résultats concrets demain » (Commission Européenne – Communiqué, 18 avril 2012 – 183 final).
 
L'Union Patronale de l'Industrie Hôtelièregrecque, a déjà... ajusté, sans tarder le matin même (18/04). Elle a dénoncée et unilatéralement, les conventions collectives régissant la branche. Désormais, tous les salariés (restants) doivent « négocier » des accords « personnalisés » avec leurs patrons, au cas par cas. C'est aussi (et surtout) cela, le sens du Mémorandum.
 
Le directeur de la Banque centrale européenne, cet ancien de Goldman Sachs, Mario Draghi, dans un long entretien qu'il a accordé au Wall Street Journal vendredi 24 février 2012, affirmait que « le modèle social européen est mort ». Sauf pour les enfants de Soula et de Stavros.
 

17/04/2012

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15/04/2012

En Andalousie, des paysans occupent des terres pour « survivre »

de Anaelle Verzaux - journaliste

(De Somonte) L’Espagne sombre dans la crise. Lundi 9 avril encore, le premier ministre, Mariano Rajoy, annonçait de nouvelles coupes budgétaires. Mais tous les Espagnols ne baissent pas les bras. Il y a eu la grève générale du 29 mars. Et en Andalousie, depuis le 4 mars, des paysans journaliers occupent des terres. Comme il y a un siècle...

Il y a dans l’orange, comme un arôme d’enfance, un arrière goût d’avant. Sur la route d’une quinzaine de kilomètres, qui part de Palma del Rio, une ville de la province de Cordoue, pour rejoindre la Finca (la ferme) Somonte, il y a des oranges partout, rondes, girondes, juteuses, bien mûres. Mais au sol, elles pourrissent, sans que personne ne les ramasse.

Pourtant, en Andalousie (communauté autonome au sud de l’Espagne, 8 millions d’habitants), 30% de la population active est au chômage, et survit de bouts de rien, depuis le début de la crise, en 2008. A cause de l’économie de marché, c’est plus cher de les ramasser que de les laisser, apprend-on dans le journal local (El dia de Cordoba) du 1er avril, qui rappelle aussi qu’un huitième des orangers de la région a brûlé, à cause du froid cet hiver.

On pense aux milliers de jus frais perdus, aux morts de faim, aux bienfaits de l’agriculture traditionnelle, et avec une tendresse nostalgique, au parfum d’une mère qui jadis, déposait trois gouttes d’eau de fleur d’oranger sur un oreiller, pour nous endormir.

« Cette terre est ta terre »

La voiture ralentit soudain. Au bord de la route, un drapeau andalous flotte au vent. On entend de la musique, un flamenco dont les paroles appellent les paysans à reprendre une terre dépossédée. « Esta tierra es tu tierra » (cette terre est ta terre). Puis un bâtiment de ferme, tout en longueur. Champs, potager, chiens, chevrette, poules, des enfants, un vieillard, Lola, Juan, Rafael, Marco et trente autres personnes s’empressent de nous embrasser.


Transito, 86 ans, et son fils Juan (Anaëlle Verzaux)

Lola a la quarantaine, la peau mate, les cheveux longs et noirs. Sa beauté semble incarner la dignité de sa lutte. Comme la plupart des autres occupants, elle fait partie du Syndicat andalou d’ouvriers agricoles (Sindicato de Obreros del Campo, SOC), qui mène, avec le mouvement de la Gauche unie (Izquierda Unida), l’occupation de Somonte, depuis le 4 mars.

D’un geste, Lola nous invite à la suivre dans la cuisine, prendre un café. Elle s’assoit, boit une gorgée, dit :

« Notre occupation est directement liée à la crise. On n’a plus de travail, on est dans une situation de survie ici. »

En 2012, le SOC, créé en 1976, renoue avec la vieille tradition des occupations massives de terres ! Jusqu’à la Seconde République espagnole (1931-1939), en Andalousie et dans tout le sud de l’Espagne, les terres agricoles (les latifundios) appartenaient à une aristocratie de propriétaires fonciers. Face aux mauvaises conditions de travail, régulièrement, les paysans ont occupé ces terres, en signe de protestation.


Un paysan-occupant à la ferme Samonte, Andalousie (Espagne), avril 2012 (Anaëlle Verzaux)

Parfois, les occupations ont débouché sur de grands mouvements de révolte, à l’image de ce qui se passe, toujours aujourd’hui, dans de nombreux pays d’Amérique Latine (le plus important est le mouvement des Sans-Terre, au Brésil.). A l’image aussi des luttes des années 70 menées à Marinaleda, une petite ville communiste depuis 1979, dirigée par le Collectif unitaire des travailleurs (Colectivo de unidad de los trabajadores, CUT), et située à une cinquantaine de kilomètres de Somonte.

Ici, Marinaleda, qui ne connaît pas le chômage, est un modèle. Et son maire, Juan Manuel Sanchez Gordillo, un nouveau Che. Lola repose sa tasse de café.

« Aujourd’hui, en Andalousie, 2% des propriétaires possèdent 50% des terres. »

« Ils achètent pour spéculer ! »

Le domaine occupé, 400 hectares, dont 40 à l’arrosage, fait partie des 20 000 hectares que le gouvernement andalou (la junta) a décidé de vendre aux enchères. « Or, poursuit-elle, seules les grandes entreprises espagnoles ou étrangères et la duchesse d’Albe, ont les moyens de les acheter ».

La duchesse d’Albe, c’est un peu notre Liliane Bettencourt, en plus excentrique. Elle est l’aristocrate la plus titrée au monde (une cinquantaine de titres), possède 30 000 hectares de terres, et des biens estimés entre 600 millions et 3,5 milliards d’euros. Un bel héritage en perspective, qui a failli briser sa famille, quand le 5 octobre 2011, à 85 ans, la duchesse s’est mariée avec un employé de la sécurité sociale, de 24 ans son cadet...


Lola lors d’une assemblée générale (Anaëlle Verzaux)

Sur les 20 000 hectares mis aux enchères par la junta, la moitié a récemment été vendue à des propriétaires discrets. Dans la région, le nom des acquéreurs n’est pas connu... d’autant moins que, selon les occupants, ils n’auraient encore embauché personne. Pour Lola, c’est évident, « ils achètent pour spéculer ! ».

Mais 8 000 hectares pourraient être occupés. La question a d’ailleurs été longuement évoquée, pendant l’assemblée générale quotidienne, de fin de matinée. Mais pour le moment, les journaliers préfèrent se concentrer sur Somonte. C’est déjà beaucoup d’organisation.

« Une plainte contre sept d’entre nous »

Rafael, un homme solide et volubile, était à Somonte, le premier jour de l’occupation. Il raconte :

« Le 4 mars, on était 500 journaliers agricoles à occuper le domaine. La nuit du 4 au 5 mars, des policiers de la garde civile sont venus nous rendre visite, il n’y a pas eu de violence, les policiers ont seulement donné des coups dans la porte, qu’on avait blindée. Mais le gouvernement andalou a déposé une plainte contre sept d’entre nous. »

Comme la plupart des occupants, Rafael, issu d’une famille de paysans, a d’abord travaillé dans les champs, qu’il a quittés pour le bâtiment en 2000, en plein boom immobilier.

« J’ai même travaillé en France, dans la construction d’un tunnel. Mais une fois les travaux terminés, l’entreprise nous a tous licenciés. Depuis, je suis au chômage, comme ma femme et ma fille de 22 ans, qui a pourtant fait cinq années d’études de droit . »


La chevrette (Anaëlle Verzaux)

Et maintenant, comment vivre à Somonte ? Lola ramasse une chevrette blessée.

« Nous ne voulons surtout pas demander de subventions ou spéculer, ni même créer une coopérative de salariés. Ce que nous voulons, c’est créer une coopérative de résistance. L’objectif, c’est de faire travailler et vivre ici quarante familles. Dès que nous aurons réglé le problème de l’irrigation, ce sera possible. »

Elle presse la chevrette contre sa poitrine.

« D’ici là, il faut tenir. Le plus dur, c’est de dormir tous ensemble, dans seulement deux pièces. Mais on n’a pas le choix. Et encore, on a la chance d’avoir des soutiens financiers des habitants de Palma del Rio. »

Du temps et de l’argent


Des travailleurs dans le potager (Anaëlle Verzaux)

Devant nous, un gigantesque « arroz caldoso con pollo » (riz dans son jus, au poulet) mijote dans sa poêle profonde, installée en extérieur. Marco interrompt brièvement la cuisson pour nous faire visiter le poulailler, puis le potager, où quelques hommes travaillent. Tomates, laitues, poivrons, encore des tomates... et bientôt des asperges :

« La terre est bonne ici, pour les asperges, et l’avantage, c’est qu’on peut les vendre assez cher. »

Le maire de Marinaleda, Juan Manuel, nous rejoint :

« Ensuite, on pourra importer les produits de Somonte, pour qu’ils soient transformés à Marinaleda, où nous avons tous les outils nécessaires. »


Rafael servant l’« arroz caldoso » au maire de Marinaleda (Anaëlle Verzaux)


Des enfants jouent (Anaëlle Verzaux)

Autour, les enfants jouent, la chèvre boitille, Lola clôt les débats, Rafael chante le Flamenco (« Yo soy del pueblo ! », je suis du peuple !), tout en appelant ses amis à venir se servir en riz. Jusque-là, ni la junta andalouse, ni Mariano Rajoy, le premier ministre espagnol, du Parti populaire (Partido popular, PP, droite), n’ont sévèrement menacé les journaliers.

Mais les occupants demandent de l’argent et du temps, pour vivre et montrer, comme à Marinaleda, qu’au moins à petite échelle, l’utopie n’est pas seulement un rêve.

http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/04/12/en-andalousie-d...

Luplicité

 Alessandro Bavari Heads 2005.jpg

     Aux vieux mystères, fasciné

Je marche d’amble, halluciné !

Tôt lanciné des magistères,

J’ai calciné, ci, quelque ensemble

Où dort justice forcefaix

D’un sommeil louche et satisfait !

Et tel forfait, sous le solstice,

M’a fait silencieux et farouche ! 

 

Car je suis d’alliance aux forces lumineuses

Ainsi qu’avec la nuit les noirceurs venimeuses,

Quand lune sinueuse occulte sa brillance,

Lente et vicieuse complice, qui jà me nuit.

 

Insurgés dissidents, factieux,

Cassez les reins aux contentieux !

Crachez aux cieux ! Armez vos dents !

Pour, infectieux, mordre les mains

De  qui nourrissent et conservent,

- Qui perpétuent donc asservent -

Vilaine verve, ah ! qu’ils pourrissent !

Et qu’on s’énerve, impétueux !

 

Révolte grande gronde au cœur, mais d’habitude

Etre féal convient plutôt à multitude.

Son attitude est révérende, aucune fronde !

Sans latitude aux libertés, piètre idéal !

 

Or l’idéal toujours est piètre,

Méchanceté ! Car pour y être :

Elire l’aître où dort le deal

Puis méconnaître fausseté !

Si ma révolte s’évertue

A ne toucher d’autre vertu,

Si le vers tue, ivre, et puis volte

En amertume, effarouché,

 

C’est qu’au mur orbe que la vie oppose à nous

J’ai dû laisser mon énergie, et mes genoux !

Et si je noue en insistant le pouvoir mûr

Et la noue amère des choix, c’est qu’ici gît

 

Notre rêve contrarié !

 

 

Poème de Salus, envoyé par mail

 

Illustration : Alessandro Bavari 2005

14/04/2012

Madame Aline Pauchard de Bollène contre le lobby nucléaire

Accident de juillet 2008 : Madame Aline Pauchard de Bollène est malade et ruinée, pourtant elle résiste et se bat contre le lobby nucléaire avec persévérance et ténacité.

C'est le pot de terre contre le pot d'enfer.

Retrouvez les documents écrits qui retracent son combat à cette adresse : http://www.sanurezo.org/lafemmequiresiste.pdf

Elle a besoin de notre solidarité pour faire échec à l'abomination nucléaire qui nous menace TOUS.

Vidéo d'interpellation à faire tourner très largement.

15:00 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (2)

La catastrophe de Fukushima au jour le jour (ACRO)

Créée à la suite de la catastrophe de Tchernobyl en 1986, l'ACRO est une association d'information et de surveillance de la radioactivité, dotée d'un laboratoire d'analyse et agréée de protection de l'environnement.

http://www.acro.eu.org/chronoFukushima.html

 

FUKUSHIMA : LE BASSIN DE STOCKAGE DU REACTEUR N°4 UNE EPEE DE DAMOCLES SUR LE MONDE

LE BASSIN DE STOCKAGE DU REACTEUR N°4 UNE EPEE DE DAMOCLES SUR LE MONDE | FUKUSHIMA INFORMATIONS | Scoop.it

Ce sont plus de 6 séismes qui ont frappés le Japon ces sept dernier jours, dont un lundi d'une magnitude 4.6 au large de Fukushima. Dans le cas ou le bassin de stockage de combustible du réacteur N°4 considérablent affaibli par les explosions viendrait à s'effondrer, tout l’hémisphère nord serait durablement contaminé, car il ne serait plus possible d’intervenir sur le site à cause d’une trop grande radioactivité, ce qui provoquerait l’abandon des systèmes de refroidissement des autres structures (cœurs et piscines), l’ensemble représentant plus de 2400 tonnes de combustible.

liens vers la carte des séismes : http://www.japanquakemap.com/week ;

Fukushima c'est actuellement 4 réacteurs hors confinement , dont 3 avec la fusion complète ou partielle des coeurs !

Mais tout va bien les cerisiers sont en fleurs, et les compteurs geigers crépitent de joie à Tokyo.

http://www.scoop.it/t/fukushima-informations/p/1594385031...

 

 

10:39 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

13/04/2012

Appel mail-art du Château de Seedorf (Suisse)

 

14:14 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

12/04/2012

Sans nouvelles d'Islande : Pourquoi ?

  
>  Si quelqu'un croit qu'il n'y a pas de censure actuellement, qu'il
 nous dise pourquoi on a tout su au sujet de ce qui se passe en Egypte, en Syrie ou en Lybie et pourquoi les journaux n'ont absolument rien dit sur ce qui se passe en Islande 
>  En Islande,
>  -    le peuple a fait démissionner un gouvernement au complet,
>  -    les principales banques ont été nationalisées et il a été
 décidé de ne pas payer la dette qu'elles avaient contractée auprès de banques de Grande Bretagne et de Hollande, dette générée par leur mauvaise politique financière
>  -    une assemblée populaire vient d'être créée pour réécrire la Constitution.

Et tout cela, pacifiquement.
> Toute une révolution contre le pouvoir qui a conduit à cette crise.
> Voilà pourquoi rien n'a été publié pendant deux ans.
> Que se passerait-il si les citoyens européens en prenaient exemple ?
> 
> Brièvement, voici l'histoire des faits :
> -    2008 : La principale banque du pays est nationalisée. La
 monnaie s'effondre, la bourse suspend son activité. Le pays est en banqueroute.
> -    2009 : Les protestations citoyennes contre le Parlement font
 que des élections anticipées sont convoquées et qu'elles provoquent la démission du Premier Ministre et, en bloc, de tout le gouvernement. La situation économique désastreuse du pays persiste. Par le biais d'une loi, il est proposé à la Grande Bretagne et à la Hollande le remboursement de la dette par le paiement de 3.500 millions d'euros, montant que paieront mensuellement toutes les familles islandaises pendant les 15 prochaines années à un taux d'intérêt de 5%.
> -    2010 : le peuple descend à nouveau dans la rue et demande que
 la loi soit soumise à referendum.
> En janvier 2010, le Président refuse de ratifier cette loi et
 annonce qu'il y aura une consultation populaire.
> En mars, le referendum a lieu et le NON au paiement de la dette
 remporte 93% des voix.
> Pendant ce temps, le gouvernement a entamé une investigation pour
 régler juridiquement les responsabilités de la crise.
> Les détentions de plusieurs banquiers et cadres supérieurs
 commencent.
> Interpol lance une enquête et tous les banquiers impliqués
 quittent le pays.
> Dans ce contexte de crise, une assemblée est élue pour rédiger une
 nouvelle Constitution qui reprend les leçons apprises de la crise et qui se substitue à l'actuelle qui est une copie de la constitution danoise.
> Pour ce faire, on a recours directement au peuple souverain.
  On élit 25 citoyens sans filiation politique parmi les 522 qui se sont présentés aux candidatures. Pour cela, il faut être majeur et recueillir le soutien de 30 personnes.
> -    L'assemblée constituante commence ses travaux en février 2011
 afin de présenter, en partant des avis collectés dans les diversesassemblées qui ont eu lieu dans tout le pays, un projet de Grande Charte.
> Elle doit être approuvée par l'actuel parlement ainsi que par
 celui qui sera constitué après les prochaines élections législatives.
> 
> Voici, en bref, l'histoire de la Révolution Islandaise :
> -    Démission en bloc de tout un gouvernement
> -    Nationalisation de la banque
> -    Referendum pour que le peuple puisse se prononcer sur les
 décisions économiques fondamentales
> -    emprisonnement des responsables de la crise et
> -    réécriture de la constitution par les citoyens
> 
> Nous a-t-on parlé de cela dans les médias européens ?
> En a-t-on parlé dans les débats politiques radiophoniques ?
> A-t-on vu des images de ces faits à la TV ?
> Bien sûr que non !
> Le peuple islandais a su donner une leçon à toute l'Europe en
 affrontant le système et en donnant une leçon de démocratie au reste du monde.
> 

 

10/04/2012

J'ai lu Mémoires du Serpent de Michel Host

Note parue sur :  http://www.lacauselitteraire.fr/memoires-du-serpent.html

 

Mémoires du serpent, Michel Host

Hemann éditeur, 2010, 170 pages, 22 €

Dans ces Mémoires du Serpent, on y entre et on y plonge même, avec un plaisir quasi enfantin, et il s’agit bien de cela, d’une fable fantaisiste et ludique, mais néanmoins pleine de fond et de sens. Ces Mémoires du Serpent ne sont rien de moins que la véritable histoire de la Genèse, narrée par celui qui en fut le maître d’œuvre, connu sous le nom de Satan et bien d’autres noms encore plus ou moins désobligeants, et à côté de laquelle la version de la Bible fait figure de mauvaise et lugubre plaisanterie.

« Pourquoi ne m’ont-ils pas reconnu, moi leur créateur, si visible, à leurs pieds parmi les herbes, dans les trous de la terre, ou sous leurs yeux dans les branches des arbres ? Mon nom est Heywa. Je suis l’envers et l’endroit, je suis la vie riante et belle, la vie sombre et laide, je suis le commencement et la fin, le serpent coloré qui aime à dérouler ses anneaux dans les ténèbres et dans la lumière ».

Edmund Orpington, professeur anglais fraîchement retraité, décide d’acquérir pour ses vieux jours un vieux château des Highlands, hanté comme il se doit (mais ceci est une autre histoire), le château de Deathstrike. Outre la population locale des plus accueillantes, il y fait la connaissance de la jeune et charmante Miss Ophélia Mac Callahan, qui deviendra sa nouvelle gouvernante. C’est elle qui conduira le professeur, lors d’une de leurs excursions, dans un souterrain oublié où ils découvriront, après quelques fouilles guidées par un mystérieux reptile, ces mémoires transcrites à cet endroit même par le moine Paphnuce, au XIe siècle. Miss Mac Callahan deviendra alors aussi une assistante à la traduction de ces textes rédigés en latin, non pas en anglais, mais en français, langue bien plus à-propos selon le professeur.

 

« Porter des santés à l’Écosse, à ses collines venteuses, à ses averses rafraichissantes, à ses brouillards impénétrables, à ses habitants valeureux… fit monter la chaleur ambiante de plusieurs degrés Celsius ».

Michel Host avec ce livre s’est fait plaisir et nous prenons tout autant le nôtre, bons vins, bonne chère, soutiennent nos deux traducteurs, et de là à passer aux plaisirs de chair, nous patienterons encore quelques chapitres… Un minimum pour aller au fond du sujet, si gentiment et joyeusement subversif (certains voudront peut-être dresser le bûcher ?).

Nous noterons qu’en cela, nos deux protagonistes et avec eux au moins une bonne partie de la population locale, voire de l’Écosse toute entière, sont les dignes créatures de leur créateur qui, après avoir inventé l’espace et mis le temps en marche, créa sa première œuvre incontournable : le premier bar du monde.

« je vis clairement que “cela était bon”, et cela l’était bel et bien : il fallait que nous nous désaltérions mes aides et moi, la tâche de créateur n’étant pas si simple et la chaleur paradisiaque s’avérant accablante ».

Un roman plein d’humour et de bonnes manières y compris envers les animaux.

On connaît Michel Host pour son amour de la langue et de la culture hispanique, aussi est-il surprenant de voir ce livre prendre place en Angleterre, mais il a eu donc vite fait de déménager en Écosse, et l’Écosse on le sait, n’est pas l’Angleterre. Il faut souligner que l’auteur règle subtilement ses comptes avec certaines manières anglo-saxonnes, avec la présentation de deux démons infréquentables pour leurs pairs, Time is money et My taylor is rich, qui, bannis pour tentative de corruption du couple originel pas même encore réveillé, s’en iront construire la City avant de se répandre plus tard Outre-Atlantique.

« Et dès qu’il leur prit la fantaisie de faire des enfants, j’envoyai ceux-ci plus loin encore, au-delà du grand océan, en un autre lieu qu’ils allaient nommer Wall Street, au bord du fleuve Hudson… Je l’avoue, mon ami, tout cela, qui fut plutôt mal inspiré, mis en œuvre de manière approximative, finira un jour selon le pire des scénarios. Inflation ! Récession ! Chômage ! Rhumatismes chez les banquiers ! Crise mondiale… ! Que sais-je encore ! »

Et nous nous régalons donc d’apprendre enfin la vérité sur l’histoire de nos commencements, mais petite critique, cependant, était-ce l’abondance de plus en plus rabelaisienne de mets et boissons ? Il semblerait que sur la fin, la traduction des Mémoires du Serpent soit un peu vite expédiée, afin sans doute de passer à la fête et au baptême, doux sacrilège, de deux chatons, personnages non négligeables de ce roman, devenus grands. De véritables bacchanales donc, qui devaient clore en beauté ce roman des plus pertinemment facétieux et si délicieusement épicurien.

 

Cathy Garcia

 

 

Michel Host.png Michel Host né en 1942, en Belgique, de parents français, vit actuellement entre Paris et un village de Bourgogne. A enseigné avec un immense plaisir la langue et la littérature espagnoles, successivement à des lycéens, des étudiants et des agrégatifs. A toujours écrit et aussi traduit de l’espagnol et du portugais. A publié des poèmes : Déterrages / Villes (Dumerchez, 1997) ; Graines de pages (Eboris, Genève, 1999) ; Alentours (L’Escampette, 2001), Poème d’Hiroshima (Rhubarbe, 2006). Figuration de l’Amante (Poèmes, Ed. de l’Atlantique, 2010).Des romans chez Grasset : L’Ombre, le fleuve, l’été (1983, prix Robert Walser), Valet de nuit (1986, prix Goncourt)… chez Fayard : Converso ou la fuite au Mexique (2002), Zone blanche (2004)… Des nouvelles : Les Cercles d’or  (Grasset, 1989), Heureux mortels (Grand prix S.G.D.L. de la nouvelle, Fayard, 2003)… etc. L’Amazone boréale (nouvelles, Ed. Luc Pire, Bruxelles, 2008). A traduit de Luis de Góngora : Les Sonnets (Dumerchez, 2002), la Fable de Polyphème et Galatée (L’Escampette, 2006), d’Aristophane, Lysistrata, (Ed. Mille & Une Nuits, 2009),3O Poèmes d’amour de la tradition Mozarabe d’al-Andalus (Ed.de l’Escampette, 2010), de Jorge Manrique, Coplas por la muerte de su padre (Ed. de l’Atlantique -Collection Hermès 2011).« La poésie m’est langue fondamentale, surgissement et violence, parfois traduisibles dans la langue maternelle. Son haut voltage n’est tolérable que par intermittence. Selon ma pratique, elle peut informer le roman, voire la nouvelle. » Direction d’ateliers d’écriture durant plusieurs années en milieux scolaires difficiles, professionnels et étudiants, au Blanc-Mesnil, à Bobigny, Nanterre, Cherbourg, Paris, et aujourd’hui à Muret. « Je suis né à la littérature et à la langue française dans l’exploration des poètes et penseurs de la Renaissance (Marot, du Bellay, Ronsard, Montaigne, Rabelais…). De là m’est venu naturellement un profond intérêt pour les classiques grecs, latins, allemands, espagnols et portugais notamment. Mes philosophes de prédilection : Socrate, Jésus, Jeremy Bentham, tous témoins d’une « morale naturelle » de fond : « Ne fais à autrui ce que tu ne voudrais qu’il te fasse, aime-le, ne porte pas atteinte à sa vie. » Mes devises : « Faisons provision de rire pour l’éternité. » (Marquise de Sévigné) – « Le combat est mon repos. » (Don Quichotte). Ces quelques lignes proposent un portrait subjectivement positif : je laisse de côté des défauts bien ordinaires, entre autres un art certain de déplaire, source de plaisirs et de déplaisirs selon les circonstances. Je ne puis me passer  de silence et de musique, de l’amour et de la conversation des femmes et des enfants ; de la confiance des animaux familiers ou non ; de l’amitié dans les travaux partagés ; d’un jardin où respirer, voir les arbres, les nuages, la beauté du monde, oublier les faux maîtres à penser, penser avec ma tête après avoir lu de vrais maîtres.»

 

Grèce : « Jamais on ne pensait en arriver là »

http://www.lesoir.be/actualite/monde/2012-04-05/grece-jam...

jeudi 05 avril 2012, 18:34

Le suicide d'un septuagénaire grec à quelques pas du Parlement, hier, traduit un désarroi qui touche toute la Grèce. « Nous nous pensions à l'abri du besoin », confient Effie et Konstantinos, deux jeunes grecs. Témoignages

Grèce : « Jamais on ne pensait en arriver là »

AP

Quand on ne la connaît pas encore, Effie peut paraître épargnée par la crise. Elle n'a pas perdu son emploi, elle vit seule dans un grand appartement en plein quartier touristique d'Athènes et elle insiste pour m'offrir un verre dans le restaurant de l'Acropolis museum. Mais il suffit de lui parler un petit peu pour comprendre qu'elle ne fait que sauver les apparences. Sa situation est bien plus précaire qu'elle ne paraît.

« Je gagnais 1200 euros par mois. Aujourd'hui, je n'en touche plus que 800. En juin, mon salaire sera encore diminué pour ne plus représenter que la moitié de ce que je gagnais initialement » En juin, elle sait qu'elle va devoir retourner vivre chez ses parents. « À 32 ans, alors que cela fait dix ans que je paye seule mon loyer, je vais devoir recommencer à dépendre de mes parents. »

« Trouver des petites astuces pour nouer les deux bouts »

Si on lui avait dit cela il y a dix ans, elle n'y aurait certainement pas cru. « . Nous nous pensions à l'abri du besoin. Je parle plusieurs langues, j'ai un Master en criminologie et je fais le boulot dont j'ai rêvé pendant toutes mes études. Jamais je ne pensais en arriver là, et pourtant, tous les jours je dois trouver des petites astuces pour nouer les deux bouts. » Elle confie entre autre ne plus payer le métro depuis des mois et utiliser la carte de la cantine de l'université de sa sœur pour manger gratuitement le midi. « Sans toutes ces petites choses, je ne m'en sortirai pas. »

Quand on marche dans les rues d'Athènes, on voit de nombreuses enseignes de magasins qui ont fermé. Effie me montre un rez-de-chaussée commercial à l'abandon. « C'était mon coiffeur. Maintenant quand tu te rends dans un de ces petits commerces dans lesquels tu avais l'habitude d'aller, tu trouves souvent porte close. »

Pour elle, la crise aura quand même eu un effet positif, même si ce n'est qu'une très maigre consolation. « Ce qui s'est passé nous a réveillés. Avant cela, nous étions fort individualistes. La politique nous intéressait peu, nous étions des consommateurs. Nous ne nous intéressions vraiment qu'à notre petit microcosme. Mais avec la crise, nous nous sommes rendu compte que ce qui se passe hors de nos maisons nous affecte aussi. Cela a renforcé un certain sens du patriotisme. Cela a aussi changé notre vision de l'Europe. Ce qui arrive en Espagne affecte la Grèce, ce qui arrive en Grèce affecte l'Allemagne, la France, on est tous liés et maintenant on en est conscients. »

« Notre situation échappe complètement aux autres pays d'Europe »

Pour Konstantinos, journaliste à SKAI TV, la première chaîne du pays, cette prise de conscience n'a pas encore eu lieu dans les pays moins touchés par la crise. « Ce qui se passe en Grèce échappe complètement aux Européens. Ils ne voient que des chiffres, ils ne voient pas les gens fouiller les poubelles ni le coup de pied dans la dignité d'un peuple. Dans six ou sept mois, quand la crise frappera vraiment à leur porte et que les pensions commenceront à être supprimées, alors ils se rendront compte qu'on est tous sur le même maudit bateau. Et seulement, ils comprendront la nécessité d'être solidaire. »

« Ce qui arrive est de notre faute. En fait, c'est plutôt la faute des politiques mais c'est nous qui avons voté pour eux », rectifie Effie. « Nous avons fait une erreur mais nous n'avions pas les outils pour le prévoir. Les autres pays européens, eux, peuvent tirer les leçons de ce qui nous arrive. Reste à espérer qu'ils prendront les bonnes décisions. »

Elodie lamer (st.)