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06/03/2009

Changement de politique à Washington? Le Venezuela, une menace imaginaire

par Mark Weisbrot

 

Sous la présidence de George Bush, les relations entre les États-Unis et les pays d’Amérique latine ont été à leur plus bas niveau, si bien que l’arrivée de Barack Obama à la Maison blanche a permis d’espérer une nouvelle approche, aussi bien au nord qu’au sud de la Frontière. Pour l’heure, la plupart des signes semblent indiquer que la continuité l’emportera sur le changement.
 
Barack Obama a commencé sans raison à s’en prendre verbalement au Venezuela . Dans une interview diffusée par la chaîne de télévision hispanophone Univisión le dimanche qui a précédé son investiture, il a accusé Hugo Chávez « d’avoir entravé le progrès dans la région » et « d’exporter des activités terroristes » [1].

Même mesurés à l’aune de la précédente administration, ces propos ont été anormalement hostiles et comminatoires. D’autant plus qu’ils sont erronés et diamétralement opposés à la manière dont les autres pays de la région perçoivent le Venezuela. En effet, la plupart des gouvernements d’Amérique latine ne prennent pas au sérieux l’accusation selon laquelle le Venezuela « exporte le terrorisme ».

Le président de l’Organisation des États américains (OEA), le Chilien José Miguel Insulza, a parlé au nom de pratiquement tous les pays du continent lorsque, l’année dernière, il a déclaré devant le Congrès des États-Unis qu’ « il n’y a pas de preuve » et qu’aucun des pays membres, pas même les États-Unis, n’a apporté « une telle preuve » selon laquelle le Venezuela soutient des groupes terroristes.

Pas une seule des démocraties latino-américaines ne perçoit non plus le Venezuela comme un obstacle au progrès dans la région. Au contraire, le président brésilien Lula da Silva et plusieurs autres présidents sud-américains ont, à plusieurs reprises, défendu Chávez et reconnu le rôle qu’il joue dans la région. Quelques jours après que Barack Obama a accusé le Venezuela, Lula était dans l’État vénézuélien de Zulia, situé dans le nord-ouest du pays, d’où il a souligné l’importance de son partenariat stratégique avec Chávez et leurs efforts communs en faveur de l’intégration économique régionale.

La déclaration de Barack Obama n’a pas été fortuite. Quiconque lui a suggéré ces paroles voulait fort probablement faire savoir aux électeurs vénézuéliens, préalablement au référendum du dimanche 15 février [2], que leur pays n’aura pas de relations normales avec les États-Unis tant que Chávez restera président.

Il est certain que, au sein de l’administration Obama, un certain nombre de personnes souhaitent poursuivre les politiques de Bush. Durant son processus de nomination, James Steinberg, le numéro deux du département d’État après Hillary Clinton, a lancé une pique gratuite contre la Bolivie et le Venezuela en déclarant que les États-Unis devraient « faire contrepoids à des gouvernements tels que ceux actuellement au pouvoir au Venezuela et en Bolivie, qui mènent des politiques qui ne servent pas les intérêts de leurpeuple ou de la région.»

Le fait que Barack Obama n’ait toujours pas remplacé Thomas Shannon, le principal diplomate pour l’hémisphère occidental [les Amériques] sous l’administration Bush, constitue un autre signe de continuité.

Dans cette situation, les médias états-uniens jouent le rôle de provocateur. Ainsi, l’Associated Press ne tient pas compte des attaques lancées par Washington et dépeint la réponse de Chávez comme une simple manœuvre électoraliste de sa part, alors que, contrairement à son habitude, le président vénézuélien a fait preuve de retenue. Durant tout le temps qu’a duré la longue campagne électorale états-unienne, il n’a pas répondu aux attaques, et ce, même lorsque Hillary Clinton et Joe Biden l’ont traité de « dictateur » et Barack Obama, de « despote », qualificatifs que pas un politologue sérieux au monde n’accepterait pour parler d’un président élu démocratiquement dans un pays où l’opposition domine les médias. Il a mis tout cela sur le compte de l’influence du sud de la Floride sur les élections présidentielles étasuniennes.

Pourtant, dans le monde, rares sont les présidents qui auraient subi des agressions verbales répétées sans répondre.

Les conseillers de Barack Obama savent pertinemment que la presse dépeindra Hugo Chávez comme l’agresseur, peu importe la manière dont leur administration se comporte envers le Venezuela. Par conséquent, le fait d’empoisonner dès le départ les relations entre les deux pays relève du calcul politique facile, quoique cynique. Mais ce que ces conseillers n’ont pas encore compris, c’est que ce faisant, ils s’aliènent la majeure partie de la région.

Néanmoins, il est toujours possible d’espérer un changement dans la politique étrangère des États-Unis pour l’Amérique latine, une politique qui, de la lutte antidrogue à la politique commerciale en passant par l’embargo contre Cuba, a perdu toute crédibilité. Mais, comme à l’époque de Bush, il faudra une pression constante du Sud sur nous. En septembre dernier, l’Union des nations sud-américaines (UNASUR) a vigoureusement soutenu le gouvernement bolivien contre la violence et la déstabilisation de l’opposition. Ce soutien s’est avéré extrêmement efficace pour contrer le soutien tacite que Washington a apporté aux éléments les plus extrémistes de l’opposition et il a montré à l’administration Bush que la région ne tolérerait pas que les États-Unis essaient de légitimer, en Bolivie, une opposition qui sort du cadre des lois, ni qu’ils lui accordent des droits particuliers en faisant abstraction du processus démocratique.

Lorsqu’ils l’ont félicité de sa victoire, plusieurs présidents, dont Lula, ont demandé à Barack Obama de lever l’embargo contre Cuba. Lula lui a également demandé de rencontrer Hugo Chávez. Il est à espérer que ces gouvernements continueront d’affirmer - de manière réitérée, publiquement et d’une seule voix - que les conflits qui opposent Washington à Cuba, à la Bolivie et au Venezuela sont des problèmes de Washington et pas le résultat d’une quelconque action de ces gouvernements. Lorsque l’équipe du président Obama comprendra que, dans la région, la méthode du « diviser pour mieux régner » échouera aussi lamentablement pour la nouvelle administration que pour la précédente, peut-être alors verrons-nous l’avènement d’une nouvelle politique envers l’Amérique latine.

Notes :
[1] [RISAL] « Chavez has been a force that has impeded progress in the region » ; « We must be very firm when we see this news that Venezuela is exporting terrorist activities or backing malicious entities like FARC ».

[2] [RISAL] La majorité des électeurs vénézuéliens ont accepté approuvé l’amendement constitutionnel permettant à tout élu de se représenter à un élection sans limitation du nombre de mandat.


Traduction : Arnaud Bréart, pour RISAL.info.


Source: http://socio13.wordpress.com/2009/03/03/changement-de-pol...
 

Source originale: Center for Economic and Policy Research, Common Dreams, The Guardian, Venezuelanalysis, février 2009.

18/01/2009

Le Venezuela rompt les relations diplomatiques avec Israël


Il y a quelques jours le Venezuela avait expulsé du pays, l’ambassadeur et une partie du corps diplomatique d’Israël en signe de soutient au peuple palestinien.

Le Gouvernement du Venezuela a annoncé ce mercredi par un communiqué officiel, qu’il rompt les relations diplomatiques avec l'État d'Israël, en mesure de protestation face à l'invasion du territoire palestinien de la Bande de Gaza, qui a fait au moins mille morts et plus de 4500 blessés.

La République Bolivarienne du Venezuela rend publique, devant les peuples et les gouvernements du monde, son indignation pour l'insolence réitérée et le non-respect par l'État d'Israël des résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU, dont la dernière a été approuvée le 8 janvier 2009 ".

Il est ajouté dans le texte que « Israël a systématiquement ignoré les appels des Nations Unies, en violant de manière réitérée et effrontée les résolutions approuvées par l’écrasante majorité de ses membres, en se plaçant chaque fois plus en marge du droit international ».

« À cette occasion, le comportement infâme du gouvernement israélien s’est traduit en 19 jours continus de bombardements, par le meurtre de plus de mille personnes, et à la dévastation des infrastructures de la population de Gaza ; une catastrophe humaine est en train de se déchaîner devant les yeux du monde entier », déclare le texte officiel.

Il signale que « cet acharnement répugnant contre la population civile, n'est que le fidèle exemple de l'utilisation réitérée du terrorisme d'État par Israël, en touchant les vies des êtres les plus faibles et innocents : les enfants, les femmes et les personnes âgées ».

« La gravité des violations du principe de coexistence pacifique entre les peuples et l'utilisation systématique de la guerre comme politique d’expansion et d’outil de persécution contre le peuple palestinien, éliminent toute possibilité de justification de ces actes atroces et montrent le calcul insensible effectué par le gouvernement d'Israël », indique-t-il.

Au travers du communiqué, le gouvernement vénézuélien condamne « pour tout ce qui précède, la République Bolivarienne du Venezuela, en cohérence avec sa vision d'un monde de paix, de solidarité et de respect au droit international, a décidé en définitive de rompre les relations diplomatiques avec l'État d'Israël ».

« Et plus encore, face à la persécution inhumaine envers le peuple palestinien, dirigée par les autorités d'Israël, le Gouvernement de la République Bolivarienne du Venezuela insistera devant la communauté internationale, pour que soient dénoncés les crimes contre l’ humanité commis par leurs chefs, et il ne prendra aucun repos tant qu’ils ne seront pas sévèrement punis,», conclut le texte.

La décision a été prise après que le gouvernement vénézuélien avait décidé d'expulser de son territoire le représentant diplomatique d'Israël dans le pays.

Dans un communiqué diffusé par le Ministère des Affaires Étrangères le 5 janvier dernier, le Venezuela condamne catégoriquement les violations flagrantes du Droit International dans lesquelles s’est aventuré l'État d'Israël, ainsi que l'utilisation du terrorisme d'État pour châtier un peuple entier.

Le président Hugo Chávez Frías avait invité ce mardi la communauté juive vénézuélienne à se prononcer contre l'attaque entreprise par l'État d’Israël contre le peuple palestinien, dans la Bande de Gaza.

« Les juifs, qui rejettent avec force tout acte de persécution, doivent se prononcer, mettre la main sur le cœur et rejeter cette barbarie. Soyez justes », avait demandé le Chef d'État au cours d’une visite effectuée à l'Hôpital de Cardiologie Infantile Latino-américain ‘Dr.Gilberto Rodriguez Ochoa’, à Caracas.

En même temps, il a exhorté le peuple d'Israël à rejeter lui aussi les décisions prises par son gouvernement sur l'invasion de la Bande de Gaza.

À ce sujet, il a souligné : « Il y a une crise humanitaire terrible. Un véritable massacre, avec des bombardements toutes les 15 minutes, et maintenant l'invasion terrestre de la Bande de Gaza ».

La décision du Venezuela a été connue le même jour où la Bolivie a annoncé une mesure semblable.

Ce mercredi, au cours de la mise en congés du corps diplomatique accrédité en Bolivie, le président bolivien, Evo Morales, a informé que « la Bolivie avait des relations diplomatiques avec Israël, mais face à ces graves faits, atteinte à la vie, atteinte contre l'humanité, la Bolivie rompt les relations diplomatiques avec Israël ». Le président déposera également une plainte contre l’État israélien devant la Cour Pénale Internationale, pour les faits produits dans la Bande de Gaza.

Il a également sollicité le Comité du Prix Nobel dont le siège est à Oslo, pour qu’il retire le prix Nobel de la Paix décerné en 1994 au président Israélien Simon Peres. « Le monsieur Simon Peres, actuel président de l’État d’Israël, doit aussi être trainé devant la Cour Pénale Internationale puisqu’il n’a rien fait pour freiner l’attitude criminelle du premier ministre israélien et son gouvernement ».

«  Les crimes que commet le Gouvernement d’Israël affectent la stabilité et la paix mondiale et ont fait reculer le monde dans la pire période des crimes de lèse humanité qui n’a été vécue depuis la seconde guerre mondiale » a-t-il ajouté.


TeleSUR / in - yr / PLL
Source :
TELESUR, 14/1/2009

Traduit par Esteban G., Tlaxcala

13/01/2009

Mexique : massacre contre les indigènes et les paysans qui protégeaient leurs territoires de façon autonome

 

L'organisation « Maderas del Pueblo del Sureste, A.C. » (Bois des peuples du Sud-Est) informe dans un récent communiqué que le 3 octobre dernier a eu lieu, de façon beaucoup trop rusée et brutale, une opération policière des gouvernements fédéral et d'état contre la population indigène et paysanne tojolabal de la communauté Miguel Hidalgo, municipalité de la Trinitaria, Chiapas, violant ainsi les droits de l'homme individuels et collectifs les plus élémentaires.

Cette opération a été réalisée par des centaines d'agents de la Police Ministérielle, de l'Agence Fédérale de Recherche (AFI) et de la Police d'État Préventive (PEP), qui sont entrés dans le village en véhicules motorisés, à cheval et à pied. Dans le village, les forces répressives ont dû faire face à la résistance d'hommes, de femmes et d'enfants, ce à quoi elles ont réagi – selon le rapport de journalistes témoins des événements – avec fureur. « Ils frappaient sans discrimination les enfants, les femmes et les personnes âgées. Ils ont donné le coup de grâce à trois blessés graves et assassiné un chauffeur qui les transportait à l'hôpital de Comitán ».

L'action répressive exercée contre la communauté de Miguel Hidalgo en a complété une autre, déployée quelques heures auparavant, contre des groupes indigènes tojolabal des communautés de Santa Rita, Ojo de Agua, Nuevo Porvenir, Venustiano Carranza, Antela, San Nicolás, Tierra Blanca et Nueva Rosita. Ces groupes indigènes s'étaient approprié de façon pacifique, depuis le début du mois de septembre dernier, l'accès au Parc National Lagunes de Montebello, controlé et administré jusqu'alors par la Commission Nationale des Zones Naturelles Protégées (CONANP).

Le bilan de ces actes de force démesurée contre la population civile fut d'au moins six morts et deux douzaines de blessés, en plus d'au moins cinquante personnes détenues.

Avec cette répression, l'État mexicain (gouvernement fédéral et d'état) à violé de façon flagrante les droits des hommes, femmes et enfants qui ...

ont été attaqués, et non seulement leurs droits individuels, relatifs à l'intégrité et à la vie – droits consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Convention américaine relative aux droits de l'homme et dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques- mais aussi leurs droits en tant qu'indigènes, le respect de leur territoire et le droit à récupérer, protéger et administrer leurs patrimoines naturel et culturel ancestraux, comme le reconnaît la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (article 11), la Convention 169 de l'OIT (article 14) et comme le signale aussi le Centre des droits de l'homme « Fray Bartolomé de Las Casas » et la Commission civile internationale d'observation pour les droits de l'homme.

Cette brutale opération répréssive et ce massacre constituent un fait ignoble et l'exigence de justice et d'un châtiment exemplaire s'impose, non seulement envers les auteurs matériels mais aussi et surtout envers les auteurs intellectuels qui ont donné l'ordre depuis l'échelon le plus haut.

Cependant, ceci n'est qu'un exemple du genre et de l'envergure des intérêts qui vont de pair avec les intentions de s'emparer des territoires indigènes du Chiapas et du Sud-Est du pays et de les privatiser à des fins lucratives multinationales, car ces territoires sont riches en ressources naturelles de caratère stratégique (biodiversité, ressources génétiques, eau douce non polluée et débits d'eau producteurs potentiels d'hydroélectricité, vents – en tant qu'énergie éolienne-, couverture forestière qui capture le carbone) et aussi de paysages à la beauté inégalable et de centres cérémoniels sacrés et archéologiques – et non pas « ruines ».

Dans ce cas-ci, l'acharnement dont a fait preuve l'opération policière à Chinkultic semble être un signe que cette opération fut effectuée dans le but donner l'exemple ainsi que d'affaiblir et de décourager d'éventuelles résistances et tentatives de la part des indigènes qui – quelle que soit leur appartenance politique : aux zapatistes, au PRD (Parti de la révolution démocratique), au PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) / PAN (Parti d'action nationale) – visent à défendre, récupérer, protéger et administrer de façon autonome leurs patrimoines culturel et naturel. Tout cela dans le but de garantir à l'investissement privé multinational (voire entre plusieurs autres Monsanto, Sanofi Aventis, Glaxo, Ford Motors Co., Iberdrola, Repsol, Femsa-Cocacola, Groupe Carso, entreprises hôtelières Meliá, Riu et Barceló) la « tranquilité sociale et politique » qu'ils exigent de plus en plus impatiemment.

C'est pour ces raisons que dans ce cas-ci, comme dans bien d'autres cas semblables au Chiapas et dans le reste du pays, l'enjeu ne concerne pas seulement les droits, territoires et ressources naturelles des peuples indigènes et des communautés en résistance, mais plutôt les droits de l'ensemble du peuple mexicain et la souveraineté même de notre nation.

World Rainforest Movement

 

... Article écrit le 2008-11-14 par Miguel Angel Garcia Aguirre
Source: World Rainforest Movement/ Article basé sur l’information contenue dans le communiqué de « Maderas del Pueblo del Sureste, A.C.

10/12/2008

Argentine : les Desaparecidos réapparaissent...

Desaparecidos: Découverte macabre en

Argentine, des milliers de fragments d'os

humains mis à jour


10 Décembre 00:08


BUENOS AIRES - Un mur utilisé pour fusiller les prisonniers ainsi que plus de 10 000 os humains calcinés.

La découverte, 25 ans après la fin de la dernière dictature, a été faite par un groupe de médecins argentins dans l’un des centres  de torture par des militaires dans la province de Buenos Aires.

« C’est la première fois que des fragments d'os des "desaparecidos" viennent d’être retrouvés dans un lieu de torture », déclaration faite par  la secrétaire aux Droits de l'Homme à Buenos Aires, Sarah Derotier De Cobacho. (AGR)

 (source : Corriere della sera – traduction non officielle)

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 RAPPEL

Le coup d’État d’Argentine, le 24 mars 1976 fut la porte pour le génocide commis avec la somme du Pouvoir. Ce fut un produit de l’Operación Cóndor, qu’ont planifié les USA pour l’Amérique Latine.

Il est habituel d’écouter parler dans le monde, du génocide chilien Augusto Pinochet, qui a massacré 10.000 vies.

Tout de même, il se parle très peu du génocide de l’Argentine.
On ne peut comparer « Dracula » et « Frankenstein », ni donner un avis selon le nombre des victimes. Il faut dire que l’action des militaires argentins –des vrais terroristes à la somme du Pouvoir— a fait « disparaître » 30.000 personnes, voire des enfants.
Lisez, s.v.p. :

Lorsqu’il m'a accompagnée jusqu'à l'ascenseur, je lui ai demandé :
- Docteur, que sentiez- vous lorsque vous saviez que dans les prisons clandestines du génocide en Argentine la radio s’amplifiait de tout volume, pour que les cris des personnes torturées ne s'entendent pas ?
(Le ministre de l'économie du génocide en Argentine a baissé la tête).
- Docteur, ils ont mis des rats dans les vagins de beaucoup de femmes et ils leur ont « cousues » ; nos mers et fleuves logent cadavres d’enfants et d’adultes et...
(Martínez de Hoz a baissé plus la tête).
- Docteur : Que signifie le respect à la sacralité de la vie ?
- Voici l’ascenseur, Mademoiselle....
Il a ouvert la porte et a respiré, soulagé de mon départ.

Voici un tout petit extrait d’une interview que j’ai fait à José Martínez de Hoz, premier ministre de la dictature génocide en Argentine.
Pour lire la suite de l’article :
http://les-risques-du-journalisme.over-blog.com/article-20240370.html
Et /ou :
http://les-risques-du-journalisme.over-blog.com/article-20152863.html 

Cristina Castello

 

09/12/2008

La conférence de la honte n'a pas eu lieu

     
LA CONFERENCE DE DOMINGO CAVALLO


A L’UNIVERSITE DE PARIS I


SUSCITA UNE VIVE CONTESTATION


8 décembre 2008




Invité par la Chaîre des Amériques de l’Université de Paris I – La Sorbonne,
l’ex-Ministre de l’Economie de l’Argentine, Domingo Cavallo,
devait prononcer une conférence sur un thème de sa spécialité :
les recettes monétaristes qui ont ruiné les économies des pays émergents.
Plus de 50 personnes attendaient dans la salle l’arrivée de Cavallo.
La conférence était publique et avait été diffusée par mail
  et annoncée dans le site internet de la Chaîre des Amériques :  

http://chairedesameriques.univ-paris1.fr



Dans la salle des conférences du 6ème étage de la Maison
 des Sciences Economiques  de l’Université de Paris I  
 (102, boulevard de l’Hôpital,  Paris, 13ème arrondissement),   
 se trouvaient les étudiants du Master en Economie  
 et Relations Internationales ainsi que des étudiants,  
 enseignants et chercheurs d’autres universités  
 françaises concernés par les thèmes argentins.  

 

Avant l’arrivée du conférencier, une association de droit français, le Collectif Argentin pour la Mémoire, commence à distribuer des articles de presse et des résumés sur le parcours intellectuel et politique de celui que la société argentine avait démissionné de son poste de Ministre avec des célèbres concerts des casseroles, le 19 et 20 décembre 2001. Pendant le temps d’attente, le public s’appliquait à lire attentivement cette documentation. Le conférencier, arrivé en retard, fut présenté par le responsable de la Chaire. Avant de commencer sa conférence Cavallo demande au public s’il doit s’exprimer en Espagnol ou en Anglais. La réponse du fond de la salle fut nette, d’une acoustique que l’ex-Ministre de l’Economie n’arrivera pas à effacer de sa mémoire : un concert des casseroles.

 

Des casseroles pour exprimer l’indignation et la honte. Un concert des casseroles pour dire « ça suffit » et demander qu’il s’en aille de l’Université publique. Pour clamer la honte de voir un homme recherché par la justice argentine vouloir enseigner en France la doctrine qui a amené l’Argentine à la débâcle.

 

Domingo Cavallo ne peut supporter l’humiliation. Il se met alors à hurler, à agiter les bras et à crier de toutes ses forces contre ces « gauchistes » ; puis il rectifie, mélangeant les étiquettes, il hurle contre ces « fascistes » qui ne le laissent pas parler et qui exigent que la conférence soit annulée.

 

Les casseroles laissent la place à un échange musclé entre l’ex-ministre et un nombre important des personnes du public. Les arguments des uns et des autres sont de plus en plus audibles, l’expérience de la faillite argentine ne laisse personne dans l’indifférence. L’ex-Ministre devient rouge de colère. Cela dure exactement 60 minutes. Les responsables de la Chaire demandent alors le secours du personnel de sécurité de l’Université. C’est une femme qui arrive et qui fait irruption dans la salle agitant un grand trousseau de clés. Un concert de clés en soutien au concert des casseroles ? Non, la dame est une gardienne de l’Université. Très fâchée elle exige d’abord que dans l’Université française l’on s’exprime en Français. Des étudiants de l’Université commencent à lui expliquer la situation. D’autres ajoutent que l’Université vient d’inviter un délinquant recherché par la justice argentine. Elle conclut alors, avec tout le poids de son autorité, que les professeurs-organisateurs ont mal conçue la conférence  et qu’il faut alors l’annuler. En criant « dehors tout le monde », elle fait évacuer la salle, éteint la lumière et ferme la porte à clé.  L’expression pathétique des organisateurs de la conférence, trois économistes, professeurs à la Sorbonne de surcroît, indique qu’ils n’ont toujours pas compris les enjeux de la crise argentine. Il faudra pourtant que ces professeurs comprennent l’ampleur de la catastrophe économique dont Cavallo est responsable. Il faudra aussi qu’ils puissent tirer les conclusions de la gravité de leur geste : avoir invité à l’Université de Paris l’artisan d’un modèle économique désastreux. On ne peut pas impunément ignorer les conséquences des actes intellectuels et des partis pris en faveur de politiques économiques meurtrières.

 

  

 

 

Domingo Cavallo

 C’est sous la dictature militaire (1976-1983) - qui a fait assassiner plus de 30 000 personnes - que la dette publique extérieure a bondi de 8 à 43 milliards de dollars, jetant le pays dans une spirale infernale. Durant cette période, la doctrine de sécurité nationale impose la phase préparatoire au plan d’ajustement. Le général-président Jorge Videla, le ministre de l’Économie Martinez de la Hoz, un cadre du fonds monétaire international au service du régime, M. Dante Simone, ainsi que le président de la Banque centrale, un certain… Domingo Cavallo occupent les rôles principaux.

C’est au même Domingo Cavallo que le gouvernement du péroniste Carlos Menem demande, en 1991, de terrasser l’hyperinflation. Béni par la communauté financière internationale, artisan d’une « révolution économique » dont les réformes figurent parmi les plus radicales du continent, celui-ci applique rigoureusement les lettres d’intention des experts de Washington : démantèlement du secteur public à travers le licenciement de dizaines de milliers de fonctionnaires, privatisations, libéralisation de l’économie et des échanges extérieurs, hausse des taux d’intérêt. M. Cavallo invente le système de convertibilité, une parité fixe entre le dollar et le peso - qui deviendra un carcan pour les exportations.

Lorsque le président de centre Fernando de la Rúa est élu, le 24 octobre 1999, la démocratie n’est plus que la façade élégante du meilleur élève du néolibéralisme, géré par une administration corrompue au-delà de l’imaginable (2). Rappelé aux affaires le 20 mars 2001, l’artisan du « miracle » des années 1990, M. Domingo Cavallo, obtient du Parlement des pouvoirs spéciaux et fait passer, le 30 juillet, la « loi du déficit zéro ». Entre autres mesures, les traitements des fonctionnaires et certaines pensions de retraite sont réduits de 13 % en juillet. Le projet de budget 2002 prévoit une diminution des dépenses de 18,6 % - 9,2 milliards de dollars - par rapport à celui de 2001.

Depuis le début des années 1970, la dette extérieure est passée de 7,6 à 132 milliards de dollars (certaines estimations la chiffrent à 155 milliards de dollars), sans parler des 40 milliards de dollars encaissés par l’Etat en raison des privatisations et évaporés…. Entre-temps, le chômage est passé de 3 % à 20 % ; l’extrême pauvreté de 200 000 personnes à 5 millions ; la simple pauvreté de 1 million de personnes à 14 millions ; l’analphabétisme de 2 % à 12 %, et l’analphabétisme fonctionnel de 5 % à 32 %…

Mais la fortune placée à l’étranger des dirigeants politiques, syndicaux et du patronat atteint 150 milliards de dollars. L’« élève modèle » du néolibéralisme aura constitué un cas d’école en tout : dans le larcin et dans ses désastreux effets sociaux. « Le Monde »affirme que “le principal allié ” des nombreux banquiers qui ont sorti leur argent du pays a été Domingo Cavallo, le superministre de l’Économie des années 1990, qui détenait ce portefeuille en décembre 2001 et qui a inventé « le corralito « : « Cavallo a attendu que les banquiers exportent leurs dollars avant de freiner la fuite des capitaux, quand il ne restait plus que les dépôts bancaires des petits épargnants. »

COLLECTIF  ARGENTIN  POUR  LA  MEMOIRE

PARIS, 8 décembre 2008


02/12/2008

Vénézuela : une victoire au goût très amer

Source de ces deux articles : http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008... et http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008...#

Romain Migus

Les élections régionales et municipales de ce dimanche 23 novembre au Venezuela se sont déroulées de façon paisible. Dès quatre heures du matin, au son des trompettes et des feux d'artifices, les Vénézuéliens ont commencé à se masser devant les bureaux de vote pour un scrutin électoral qui allait durer jusqu'à 9 h du soir. Vers 23 h 30, la présidente du Centre national électoral pouvait annoncer les premiers résultats qui allaient par la suite s'annoncer irréversibles.

26/11/2008

Confirmation du camp chaviste et baptême plutôt réussi pour le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV)

Les chiffres au niveau national sont sans appel. Le PSUV remporte 233 mairies (80% des Municipios) et 17 Etats régionaux sur les 22 qui étaient en jeu lors de cette élection. Le camp chaviste a obtenu 5.073.774 voix contre 3.948.912 pour l'opposition (53,45% contre 41.65%). La participation était de 65%. Du jamais vu au Venezuela pour des élections régionales et municipales si l'on tient compte du fait que le nombre d'électeur a augmenté de prés de 8 millions en 8 ans !

On peut déjà noter que l'opposition perd 555.442 voix par rapport au référendum sur la proposition de Réforme Constitutionnelle de l'année passée. En revanche, les chavistes augmentent eux de 694.342 voix. Et encore, ces résultats ne tiennent pas compte des nombreuses voix (451.131 pour être précis) qui ont été captées par des candidats ayant appartenu au camp chaviste et qui avaient décidé pour ces élections de faire cavalier seul, contre les candidats du PSUV.

Tous les Etats ruraux ont été remporté par le PSUV ainsi que des Etats industriels comme Aragua, Bolivar et dans une certaine mesure Anzoátegui (où PDVSA a une forte implantation). La grande majorité des capitales des Etats régionaux a été remporté (18 sur 22).

Les partis politiques qui avaient appuyés Chavez et s'étaient retournés contre lui (comme c'est le cas pour Podemos) ou avaient présenté des candidats contre les candidats du PSUV (comme le parti Patrie Pour Tous - PPT) ont été balayés, perdant ainsi toute leur représentations au niveau régional et la grande majorité du peu de mairies qu'ils contrôlaient. Tant les chavistes que l'opposition leur ont fait payer leur manque de clarté idéologique. Exception faite du Parti Communiste Vénézuélien dont la claire affirmation à son idéologie marxiste-léniniste ne lui a fait ni perdre ni gagner de sièges. Pour sa première confrontation réelle en tant que Parti Politique, le PSUV a remporté son pari.

Et pourtant cette victoire quantitative ne doit pas être un élément pour se voiler la face: la Révolution Bolivarienne a sérieusement été ébranlé dans des Etats stratégiques.


L'opposition remporte des victoires déterminantes.

L'opposition au processus révolutionnaire remporte les Etats du Zulia, de Carabobo, de Nueva Esparta, du Táchira, de Miranda, ainsi que la Mairie de la grande Caracas.


Nueva Esparta et Táchira ont une importance stratégique. Le premier est un ensemble d'îles dont l'île Marguerite est la plus importante. C'est le plus petit Etat du Venezuela mais il revêt un caractère très important pour son insularité et sa proximité avec les frontières maritimes du Venezuela avec les îles des Antilles. Cette position stratégique est renforcée par la présence de la IV flotte des Etats-Unis dans la mer des Caraïbes. Le gouverneur élu (un membre du parti Accion Democratica) l'a déjà été pendant 10 ans. Il est réélu pour 4 ans.

La perte de l'Etat du Táchira pourrait avoir des conséquences désastreuses. Frontalier avec la Colombie, c'est un des deux Etats (avec le Zulia contrôlé aussi par l'opposition) par lequel transite toute la contrebande venant du pays voisin. Plus grave encore c'est un Etat occupé militairement de manière partielle par la Colombie à travers ses organisations paramilitaires (1) . Comme d'une part, celles-ci ont réglé le problème de l'insécurité au moyen de la terreur fasciste et de couvre-feux imposés à la population et que d'autre part l'insécurité est l'axe central du nouveau gouverneur (issu du parti COPEI), on peut légitimement craindre une expansion de ce problème et une violation croissante de la souveraineté du territoire vénézuélien par un corps d'armée étranger. Notons aussi qu'avec le maintien du Zulia dans le camp de l'opposition, les deux Etats régionaux qui entretiennent les relations les plus importantes avec le voisin colombien maintiendront désormais une proximité idéologique. L'étau se resserre sur le Venezuela bolivarien.

Les Etats Nueva Estparta et Tachira sont des pertes stratégiques mais ne constituent pas les revers les plus importants pour la Révolution Bolivarienne lors de ces élections régionales et municipales. Les Etats du Zulia, de Miranda, et de Carabobo sont les Etats les plus peuplés du Venezuela, n'étant dépassés en nombre que par la mairie de la grande Caracas également aux mains de l'opposition. Ce sont des Etats très riches qui concentrent une bonne partie de l'industrie vénézuélienne.

Dans le cas du Zulia, on pense bien sur à l'industrie pétrolière mais aussi aux tentatives difficiles de réformes agraires bloquées par Manuel Rosales durant 8 ans, politique que continuera son dauphin, le gouverneur Pablo Perez.

L'Etat du Carabobo compte sur son territoire de très nombreuses industries privées (nationales et internationales) qui en font le poumon industriel du pays, et possède le deuxième port de marchandises du Venezuela (Puerto Cabello).

Quant à l'Etat du Miranda, il englobe quatre mairies de Caracas sur cinq, dont la mairie qui dispose des ressources les plus importantes par habitant de toute l'Amérique Latine (Chacao – fief de l'opposition). Si l'on ajoute à cela que les quatre mairies de Caracas qui dépendent de l'Etat du Miranda ont toutes été gagnées par l'opposition, on comprend aisément comment la grande mairie qui chapeaute les cinq mairies qui constituent Caracas soit passée elle aussi à l'opposition.

Si nous insistons sur la richesse de ces Etats régionaux, c'est pour souligner l'importance des ressources dont disposeront les gouverneurs d'opposition à travers les impôts régionaux. De plus, la Constitution vénézuélienne oblige par ses articles 167 et 179, l'Etat central à financer les Etats régionaux et les Municipios à hauteur de 20% de ses rentrées fiscales. 70% de ce montant est réparti en fonction de la population des Etats régionaux. Autrement dit, comme les Etats les plus peuplés ont été gagnés par l'opposition, le gouvernement bolivarien va devoir financer les prochaines campagnes que les partis d'opposition mèneront contre lui. Cette manne financière (répartition de l'assiette fiscale de l'Etat pour les régions de l'opposition et impôts régionaux) ne manqueront pas d'avoir des répercussions sur les prochaines campagnes nationales ainsi que sur le renforcement de la structure des partis d'opposition.

Comment en est-on arrivé là ? Le Peuple aurait-il abandonné Chavez comme s'empressent à le souligner certains employés des entreprises de communication transnationales ?


Le discours et les faits

A regarder les résultats de plus prés (2) , on se rend compte que les résultats des bureaux de vote des quartiers populaires de tous les Etats régionaux ou mairies gagnés par l'opposition (et surtout Caracas) démentent les affirmations de certains media transnationaux. Le chavisme y gagne largement mais avec un faible taux de participation. En revanche, les quartiers de classe moyenne, où vit une population moins nombreuse ont fait le plein de vote pour l'opposition. Exemple type, la mairie de Baruta dans Caracas, où vit une population de classe moyenne a enregistré une différence de 94.868 voix en faveur de l'opposition plaçant le candidat de l'opposition en tête avec 83.08%.

Ces chiffres doivent selon nous s'interpréter de la même manière: selon l'espace entre le discours et les faits. Faire coller les actes avec les discours dans le cas de la classe moyenne, et faire coller les discours aux actes dans le cas des classes populaires.

Dans le cas des classes moyennes, le gouvernement bolivarien est certainement celui qui a le plus fait pour protéger le peu de propriétés de cette classe sociale. Aide aux crédits immobiliers, suppression de la TVA sur les vente d'automobiles, politique de crédit pour monter (ou renforcer) leurs commerces. Des cliniques publiques ont été construites dans leur quartier, des marchés alimentaires publics à prix réduits se tiennent dans leurs quartiers, des écoles bolivariennes publiques accueillent leurs enfants. Les prix des écoles privées ont été congelés par le gouvernement leur permettant ainsi d'avoir une alternative aux écoles bolivariennes…etc. Mais surtout, le gouvernement a assuré une stabilité du système bancaire qui leur a permis d'épargner en toute tranquillité (3). Malgré les réalisations faites pour les classes moyennes par le gouvernement bolivarien, celles-ci se maintiennent dans une haine antichaviste largement exploitée par les media. Il ne s'agit pourtant pas d'oligarques ni de propriétaires de moyen de production. Parfois, la frontière qui sépare la grande majorité des classes moyennes (basses et moyennes) de certaines classes populaires est plus liée à des questions d'espaces urbains qu'à des conditions économiques réellement différentes. Il conviendrait certainement pour le gouvernement et le PSUV d'apaiser la rhétorique contre les classes moyennes, ou tout au moins de la mettre en adéquation avec la politique avantageuse qu'ils mènent pour cette classe sociale.

De la même manière, si les classes populaires ont largement voté pour le PSUV, elles l'ont faites dans une faible mobilisation. Là aussi, il convient de faire coller les actes et les réalisations sociales à la rhétorique socialiste du Pouvoir Populaire et de l'amélioration des conditions de vie. Les défaites du PSUV s'expliquent par des mauvaises gestions locales et régionales (pourtant réalisées par des militaires très proches de Chavez qui avaient même participé aux coups d'Etat de 1992). Plus que d'appuyer la loyauté au chef de l'Etat, les électeurs ont préféré sanctionner l'incompétence en matière de gestion publique, notamment pour ce qui traite de la sécurité, du logement, de la collecte des ordures, des transports, etc… Problème qui selon de nombreux instituts de sondages vénézuéliens arrivent en tête des préoccupations des habitants des grandes villes devant l'emploi !

En bref, le discours politique devra désormais marcher de pair avec la réalité du processus pour reconquérir les électeurs perdus des classes moyennes et populaires.


Une victoire de la démocratie ?

Les porte-parole des partis politiques, du Centre National Electoral, les élus et observateurs se sont tous accordés pour dire que la grande gagnante de ces élections, au delà des résultats, fut la Démocratie. Est-ce si sûr ?

Nous pensons qu'il s'agit surtout d'une victoire quant à l'acceptation du système électoral par les vénézuéliens. Mais qu'en est-il alors de la fameuse démocratie participative et protagonique ? N'est-elle plus digne de définir elle aussi le contenu de la Démocratie vénézuélienne ?

De plus, si l'on s'attarde sur la journée électorale, en effet, on ne trouve plus les fraudes régulières qui étaient commises avant l'arrivée de Chavez au pouvoir mais certains aspects d'un système démocratique représentatif parfait tiennent de l'absurde. La loi électorale vénézuélienne stipule que les bureaux de vote ne peuvent fermer tant qu'il y a un électeur dans la file d'attente. Les résultats serrés vers la fin de la journée électorale ont échauffé les esprits. Pour ne citer que deux exemples, on a pu voir ainsi des militants de Manuel Rosales dans le Zulia vider les hôpitaux dans les dernières minutes pour emmener à voter des personnes en fauteuils roulant ou carrément sur des brancards. Il y a en effet du progrès dans les pratiques. Avant, ils faisaient voter les morts, aujourd'hui ils font bénéficier aux invalides de leur droit de vote à la dernière minute…
Ces pratiques électoralistes ont pu être vu aussi dans le camp chaviste. A Caracas, les militants du PSUV se chargèrent de faire descendre des collines ceux qui n'avaient pas encore voté dans les derniers instants. Du coup, au lieu de fermer à 16h, beaucoup de bureaux de vote fermèrent avec le dernier électeur aux alentours de 21h. Rien à dire sur les méthodes (après tout, chaque parti pouvait ou vider les hôpitaux ou faire une campagne basé sur le remords), il s'agit de militantisme. Mais pour ce qui est de la démocratie en tant que telle, cela ressemble plus à un cirque qu'à des décisions prises par des citoyens rationnelles. Le système représentatif ne peut à lui seul être garant de la démocratie. De plus, là où l'opposition n'a pas gagné mais n'a pas non plus été écrasé, on a vu se dérouler des manifestations violentes pour contester les résultats comme ce fut le cas dans l'Etat du Barinas ou dans la ville de Maracay. Autrement dit, lorsque le résultat ne les favorise pas, les militants de l'opposition n'acceptent toujours pas le système de démocratie représentative vénézuélien.

D'autre part, les Etats-Unis ont investi dans cette campagne électorale plus de 4.7 millions de dollars pour l'année 2008 (4) . Depuis maintenant dix ans, en toute illégalité l'agence du département d'Etat (USAID) et la Fondation Nationale pour la Démocratie (NED) ont déversé plus de 50 millions de dollars aux partis politiques d'opposition, chaînes de télévision commerciales, ONGs d'opposition, association, etc… Ces deux dernières années, l'accent a été mis sur les étudiants et les personnes des classes populaires notamment avec la création de dizaines d'association à Petare, le grand quartier populaire de l'est de Caracas…. Le travail a bien fonctionné. Peut-on alors parler de Démocratie lorsque un Etat étranger investit des dizaines de millions de dollars pour corrompre les électeurs vénézuéliens afin qu'ils choisissent des candidats favorables à leurs intérêts ? Pour parler de réussite démocratique, il faudrait d'abord respecter les règlements préalables aux conditions qui assurent le bon déroulement de la démocratie. Le gouvernement bolivarien est ici le seul coupable de cette ingérence pour ne pas avoir encore expulsé les agences étasuniennes, qui depuis plus de 6 ans, sont basées à Caracas pour financer l'opposition, les étudiants de droite, des mouvements ultralibéraux dans les barrios, etc. Les exemples chilien ou nicaraguayen, yougoslave ou ukrainien montrent bien que ces politiques sont souvent couronnées de succès.

Consécration de la démocratie vénézuélienne, nous dis-t-on. Qui a donc été élu ?

Dans le Zulia, Manuel Rosales, qui au nom de tous les gouverneurs du Venezuela, avait ratifié le coup d'Etat d'avril 2002 a été élu à Maracaibo et a réussi à placer un pantin à ses ordres comme gouverneur de l'Etat.

Dans l'Etat du Miranda a été élu Capriles Radonski. Celui-là même qui main dans la main avec les terroristes tortionnaires d'extrême droite, Salvador Romani et Henry Lopez Sisco, avaient donné l'assaut à l'ambassade de Cuba, le 12 avril 2002. Le monde du fascisme est assez petit puisque Lopez Sisco était un ancien collègue des terroristes Posada Cariles et Orlando Bosh; et ancien responsable de la sécurité de l'Etat du Zulia dirigé par…Manuel Rosales. Comme si ses relations amicales ne suffisaient pas, lorsqu'il était à la tête de la mairie de Baruta, Capriles Radonski a signé des accords de coopération entre sa police municipale et le FBI étasunien. Entre le FBI et les pires fascistes du continent, on peut deviner les lignes de sa nouvelle politique sécuritaire.

Antonio Ledezma, nouveau maire de la grande mairie de Caracas, est un grand démocrate…
En 2002, il participe au Coup d'Etat et au sabotage économique qui le suivi. En 2004, il fait parti des groupuscules fascistes qui contestent la légitimité du résultat au referendum révocatoire. Il est membre fondateur du Commando Nationale de la Résistance, collectif d'extrême droite prônant la violence et la non-reconnaissance du gouvernement bolivarien. En 2005, il est l'un des promoteurs du boycott des élections législatives. En 2007, il fut le promoteur de la "marche sans retour", qui initiait une série de manifestations une semaine avant le référendum sur la proposition de réforme partielle de la Constitution. La consigne donnée aux manifestants était de "faire des provisions et de se préparer" parce qu'ils n'accepteraient jamais la dictature. Il fallait évidemment comprendre une possible victoire du OUI au référendum.

Dans l'Etat du Carabobo, le gouverneur élu, Henrique Salas Feo est le fils de Henrique Salas Römer. Le papa est un patriarche de la région, multimillionaire, et ancien candidat contre Chavez aux élections de 1998. Le 7 mai 2008, il affirmait dans les colonnes du journal El Universal, que l'autonomie est une alternative au gouvernement de Chavez et déclarait: "Ainsi, les revenus pétroliers ne passeront plus par le pouvoir central et iront directement aux régions." (5) Sans commentaires.
En bon chef de seigneurie féodale, il a légué sa succession à son fils non sans donner le ton de la politique à suivre.

Voila donc le visage de quelques uns des nouveaux "démocrates" qui dirigeront certains des Etats les plus importants du Venezuela. Le fascisme étant comme la toux, difficile d'occulter, dés le mardi 25 novembre des actes d'intimidations et de violences contre les institutions nationales étaient perpétrées par les militants d'opposition. Principale cible: les missions d'éducations, Barrio Adentro et les médecins cubains, les sièges des Conseils Communaux, les Universités crées par le gouvernement bolivarien… Leur but est d'interdire l'accès des différentes initiatives impulsés par le Peuple et le gouvernement aux installations dépendant des régions ou des mairies qu'ils contrôlent (6) . Toutes ces actions se sont déroulées….a peine 36 heures après la victoire de ces membres de l'opposition.
Ils leur restent 35040 heures de gestion avant la prochaine élection.

"On vit tranquille aussi dans les cachots, en-est ce assez pour s'y trouver bien" répondait Rousseau à Hobbes…

[1] Voir Romain Migus, "Venezuela: Conclusion d'une année déterminante", Voltaire, http://www.voltairenet.org/article158266.html
 ou encore Jorge Chavez Morales, "Offensive paramilitaire au Venezuela", Bellaciao, http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=32272,%20...

[2] Voir sur le site du Centre National Electoral: http://www.cne.gov.ve/divulgacion_regionales_2008/

[3] Voir Romain Migus & Ernesto J. Navarro, "Le Communisme de Chavez est en train de nous tuer", Le Grand Soir, http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=3911&...
(Cet article a plus de deux ans mais la situation n'a guère changé).

[4] Eva Golinger, "La Injerencia ganó las elecciones venezolanas", YVKE Mundial, http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?15264


[5] Reyes Theis, "Salas Römer propone proyecto de autonomías como alternativa", El Universal, 07/05/08.

[6] Voir http://www.aporrea.org/oposicion/n124634.html

L'ingérence a gagné les élections au Venezuela

Eva Golinger

Des années de travail pour pénétrer des communautés et financer des projets et programmes prétendument démocratiques et à vision antisocialiste ont réussi à remettre ces communautés dans les mains de l'opposition.

C’est le cas de Petare (commune de Sucre, Etat de Miranda ), de Catia (commune de Libertador, Caracas) et d'autres où se concentre la grande majorité de la population de Caracas et de Miranda. Une stratégie à but séparatiste et l'infiltration des paramilitaires à Zulia et Táchira ont réussi à assurer à une opposition subordonnée à l'agenda de Washington et aux objectifs du Plan Colombie qui infestent la région, le contrôle de ces territoires tellement importants pour la sécurité de l'État.

Il ne s'agit pas seulement des 4,7 millions de dollars investis par l'Agence Internationale du développement des États-Unis (USAID), par la National Endowment for Democracy (NED) et ses agences affiliées dans la campagne pour les élections régionales du 23 novembre 2008. Il s’agit également des 50 millions de dollars accordés et utilisés depuis 2000, avec l’aide d’ experts du Nord, pour construire une base solide de l'opposition. En effet, celle-ci a commencé, à partir de 2004, à avoir pour objectif la pénétration des communautés liées au chavisme ainsi que des secteurs étudiants.

Toutefois, on ne peut ni écarter ni ignorer la responsabilité de certains dirigeants qui ont utilisé la révolution et la bonne foi du Président Chávez pour obtenir le pouvoir puis pour en abuser, avec des pratiques corrompues et nuisibles envers les populations qu'ils représentaient.
Mais la campagne médiatique qui accuse le chavisme de l'insécurité et de la corruption dans le pays, surtout dans la capitale Caracas, a eu un fort impact. Et les gouvernements régionaux et nationaux n'ont pas répondu avec une efficacité suffisante. Malheureusement, les Vénézuéliens et les Vénézuéliennes ont la mémoire courte et ont oublié comment gouvernait Antonio Ledezma, quand il était maire de Secteur fédéral en 1993 et qu’il interdisait toute manifestation ou protestation dans la ville. Ils ont aussi oublié pourquoi Ledezma a été un des responsables de la détérioration des services publics de la ville, comme de son infrastructure.
De fait, lors des élections de 2000 et 2004, ce sont des dirigeants pro-Chavez qui ont hérité d'une capitale en ruine totale, avec un centre historique presque détruit, des rues et avenues pleines de trous et de façades détériorées par l’oubli et l’abandon. Est-il possible que le maire même, qui a été responsable de la destruction de la ville 15 ans auparavant, puisse la sauver à présent? Seul le temps le dira, toutefois la probabilité est faible et la courte et triste mémoire des habitants de Caracas leur fera regretter cette décision impulsive.

Les Etats les plus stratégiques et peuplés du pays, comme Carabobo, Miranda, Táchira et Zulia et la plus grande commune de Caracas, ont été livrés à ceux qui, pendant les sept dernières années, ont été responsables de multiples attentats contre la démocratie, y compris de coups d'Etat comme celui d’avril 2002. Car les nouveaux élus font partie des principaux dirigeants du coup d’Etat, commedu sabotage économique qui a presque détruit le pays et son industrie pétrolière en 2002 et 2003, comme également des nombreuses manifestations et actions de déstabilisation qui ont usé la patience de la société vénézuélienne. Pourquoi, alors, ces importantes régions du pays ont-elles rendu à nouveau le pouvoir au « golpismo », au putchisme?

La réponse est simple et complexe à la fois : la révolution n’a pas pris assez au sérieux l'importance et l'impact de la subversion, de même que celle de l'ingérence des agences étrangères dans le pays.
Il ne s’agit pas seulement du financement des partis politiques de l'opposition (par l’étranger, ndt), ce qui doit être interdit fermement par la loi. Il s’agit aussi du réseau complexe de différents acteurs, organismes, façades et agences qui ont réussi à s'infiltrer dans les rangs du chavisme pour en éloigner des partis politiques comme Podemos et PPT, pourtant auparavant tout à fait en faveur de la révolution. Ce réseau, que j'appelle la « toile d'araignée impériale », pénètre aussi les communautés et les quartiers où il promeut des projets et des programmes alternatifs à ceux proposés par le Président Chávez, projets qui peuvent être plus attrayants à court terme et apporter alors une satisfaction instantanée à des secteurs nécessiteux.
Les agences étrangères, comme l'USAID et la NED déjà citées, et d'autres, comme Freedom House, l'Institut Démocrate National (NDI), l'Institut Républicain International (IRI), la Fondation Konrad Adenaeur (Allemagne), FAES (Espagne), FOCAL (Canada), Friedrich Ebert Ztiftung (FEZ, Allemagne) entre autres, travaillent depuis des années au Venezuela. Elles conseillent et financent des partis comme Primero Justicia, Un Nuevo Tiempo et Podemos, les aident à construire des plates-formes et des stratégies politiques correspondant aux nécessités et aux désirs du peuple. Mais elles ont un agenda occulte qui promeut une vision néolibérale et antisocialiste. Rappelez-vous que nous sommes dans la « bataille des idées » et dans cette « guerre sans terrain » où toutes les armes possibles sont utilisées contre l'ennemi.

Ces agences ont aussi fait un travail extrêmement efficace auprès des ONG et des mouvements ou groupes d’étudiants de droite, comme Súmate, Cedice, Hagamos Democracia, Sinergia, Movimiento Estudiantil "Manos Blancas" et d'autres, qui, avec cette aide, ont réussi à conquérir des espaces parfois oubliés ou du moins dans lesquels la révolution ne s’était pas assez investie.
On ne doit pas sous-estimer la capacité et l'efficacité de l'ingérence étrangère et sa poigne impériale.
Sa stratégie de « promotion de la démocratie » dans des pays comme le Venezuela est plus dangereuse qu'une invasion militaire. Car elle est difficile à détecter et se dissimule de façon presque parfaite, par exemple auprès d'ONG et de programmes dont les noms et les missions apparaissent comme nobles et qui prétendent aider les communautés et améliorer le pays. Mais qui en réalité cherchent à le déstabiliser et à mettre en oeuvre un programme contraire aux intérêts souverains du peuple. Son réseau est immense et elle se manifeste dans la société vénézuélienne à travers les médias.
Les beaux discours de porte-parole comme Yon Goicochea essaient de tromper le peuple avec des mots et des phrases poétiques et agréables, de même que les publicités des défenseurs de droits humains comme Human Rights Watch, la Société Interaméricaine de Presse ou la Commission de droits humains de l'Organisation d'États américains (OEA). Cette dernière est l'ingérence la plus dangereuse pour la Révolution bolivarienne. Son réseau mortel se répand dans le pays avec les résultats du 23 novembre. Le peuple et le gouvernement doivent au plus vite réagir pour neutraliser cette menace envers son développement futur.

Le fait que le nouveau Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) ait gagné dans 17 gouvernements provinciaux avec presque 6 millions de voix, constitue un pas important pour la consolidation de la révolution. Il montre aussi l’engagement révolutionnaire d'une majorité de Vénézuéliens. Toutefois, la victoire stratégique des forces adverses ne peut être ni niée ni sous-estimée, et sa reconquête de pouvoirs régionaux doit servir à réveiller le peuple révolutionnaire et le gouvernement vénézuélien. Faute de quoi, l’opposition risquerait d’utiliser ces espaces pour introduire et promouvoir sa vision antisocialiste et individualiste cachée sous une façade de « démocratie et liberté ». Et elle ouvrirait encore plus les portes de ces régions au grand réseau impérial. La zone frontalière est en grave danger. La media luna ( demi-lune, région en forme de croissant de lune et regroupant richesses et opposition, ndt ) est consolidée encore plus avec Táchira et Zulia entre les mains de la droite et des adversaires réactionnaires du pays.

Il est temps de prendre des décisions fermes pour combattre l'ingérence des agences étrangères dans le pays. Si on ne les neutralise pas maintenant, elles réussiront à s’introduire tellement en profondeur dans le pays qu'on ne pourra jamais les en sortir.



Eva Golinger est avocate, auteur des livres « Code Chávez: La Guerre de Washington contre le Venezuela » et « La toile d'araignée impériale: encyclopédie d'ingérence et subversion » qui vient d'être publié au Venezuela en novembre 2008.
evagolinger@gmail.com

 

 

04/11/2008

Tchernobyl génétique

La contamination génétique du maїs dans la province de Chihuahua au Mexique est une nouvelle gravissime et met une fois de plus en exergue les méthodes les plus basses auxquelles sont disposées Monsanto et les multinationales de la biotech pour s’emparer de l’agriculture, de l’alimentation et de la souveraineté du Mexique.

En Septembre déjà, la Sargapa, le ministère mexicain de l’Agriculture, avait reconnu l’existence d’une plantation illégale de 70 hectares de maїs transgénique à Chihuahua, tout en annonçant qu’elle prendrait des mesures pour sanctionner cet acte. Une mesure tardive et hypocrite puisque cela fait déjà plus d’un an que le Frente Democrático Campesino de Chihuahua (FDCCh) et El Barzón, avec l’appui de Greenpeace, avaient détecté et dénoncé les cultures illégales dans l’Etat du Chihuahua mais le gouvernement n’avait rien fait (voir cet article). En fait, il a fait beaucoup. Les autorités du Sargapa ont initié une campagne interne en faveur des OGM afin d’obtenir des autorisations pour Monsanto et la mise en culture de son maїs transgénique, ce qui reviendrait à légaliser a posteriori la contamination. Greenpeace a même dénoncé le ministère de l’Agriculture pour avoir réalisé illégalement des essais d’OGM en plein champ, alors même que la loi Mexicaine l’interdit.

Cette fois la fraude est encore plus grave. Selon des témoignages de producteurs locaux recueillis par la FDCCH, les vendeurs de semences de la région auraient re-emballé plus de 3000 sacs de graines de maїs pour y mélanger illégalement des graines transgéniques. Les organisations de protection de l’environnement estiment que la contamination génétique pourrait toucher jusqu’à 25000 hectares de culture.

Il s’agit d’un véritable Tchernobyl génétique puisque le Mexique est le centre historique et originel du maїs, sa contamination pourrait avoir des effets potentiellement destructeurs non seulement pour le pays et sa biodiversité mais il s’agit aussi, comme le pointe Victor Quintana de la FDCCH, « d’un coup féroce contre l’agriculture paysanne et indigène». Le maїs est cultivé par les populations mexicaines et indigènes depuis plus de 10 000 ans, il est le coeur de leur économie, de leur autonomie et de leur culture.

Mais quel est l’intérêt de mélanger des graines transgéniques avec les semences traditionnelles alors que les graines transgéniques sont plus chères ? Cette fraude serait vraiment le pire coup économique en terme de rentabilité. Malheureusement, le but de cette fraude n’est pas de s’enrichir dans l’immédiat, non, cette fois il s’agit de la volonté délibérée de provoquer une contamination généralisée des semences de maїs pour en forcer la légalisation de fait et ouvrir un nouveau marché pour les semences transgéniques, qui sera cette fois très lucratif pour Monsanto.

La contrebande et la contamination intentionnelle font parties du répertoire de Monsanto qui, non content de contrôler 87% du marché des semences transgéniques, cherche à s’imposer par tous les moyens dans les pays récalcitrant aux OGM. C’est ainsi que le soja transgénique a déjà été introduit illégalement au Paraguay et au Brésil, pour créer une situation de fait ne laissant plus aucun choix aux gouvernements sauf celui légaliser les cultures (voir cet article). Une fois cette formalité entérinée, Monsanto se retourne alors contre l’Etat et les producteurs pour réclamer les royalties qui lui sont dues au nom des brevets qu’elle possède. Une situation qui ne manquera pas de se reproduire au Mexique.

Pour Monsanto, il est fondamental de contrôler le marché mexicain du maїs puisque il s’agit du quatrième producteur mondial. Bien que l’entreprise dispose aussi de semences non transgéniques, avec de meilleurs rendements d’ailleurs, elle veut vendre son maїs GM à tout prix car ses semences sont sous brevet ce qui justifie un prix plus élevé et permet d’empêcher la conservation des semences pour la saison suivante. Monsanto n’oubliera pas de vendre au passage quelques milliers de litre de Roundup aux agriculteurs mexicains.

L’assaut des entreprises de biotechnologie contre le marché des semences est un véritable acte de vandalisme. Alors qu’il y a moins de quarante ans, les semences circulaient librement et étaient encore dans les mains des paysans ou d’institutions publiques, aujourd’hui 82% du marché des semences commerciales est sous le régime de la propriété intellectuelle (Brevet ou Certificat d’Obtention Végétale). De ces 82%, Monsanto, Syngenta y DuPont contrôlent quasi la moitié (47%) du marché mondial.
La collaboration – par action ou inaction- dont font preuves les autorités mexicaines à l’égard de ces multinationales, pour les aider à mettre la
main sur le maїs et la vie des habitants du pays, est un véritable crime historique. En un mandat, ce petit groupe de fonctionnaires se prétend en droit d’offrir à six entreprises multinationales non seulement l’héritage de 10 000 ans de culture et de traditions des peuples d’Amérique centrale mais aussi la souveraineté alimentaire du Mexique.
Cependant la majorité du patrimoine des espèces de maїs (rouge, noir,…) reste dans les mains des peuples indigènes qui les ont créées. Comme l’ont déjà annoncé les organisations du Chihuahua et beaucoup d’autres « s’ils continuent de nous pousser à bout, il ne nous restera d’autre solution que de nous lancer à l’assaut des champs infestés par les transgéniques. »

Source : Journal La Jornada (Mexique), 11 octobre de 2008 par Silvia Ribeiro Grupo ETC

Venezuela : la révolution des femmes

RIDENOUR Ron

 

Tchou tchou tchou
Chug, chug, chug
Che Che Che

QUOI ? C’est bien ça ? J’ai entendu "Che" ?

Emergeant d’un rêve liturgique ou réveillé par des slogans révolutionnaires, je repousse mes draps, enfile mon kimono, descends les escaliers quatre à quatre et je sors dans la nuit noire. Des slogans scandés à l’unisson m’attirent jusqu’au coin de la rue. Des gens qui luttent pour la cause avec un fervent enthousiasme. Mes jambes avancent rapidement maintenant, me portant jusqu’à la révolution toujours en marche permanente. Les slogans sont amplifiés ou étouffés selon le sens du vent.

Ron ! Arrête-toi ! Tout de suite ! Tu sais que tu cours dans la rue en kimono ? Les gens ne vont pas comprendre. Les slogans se sont éloignés maintenant et si tu rattrapais ceux qui les scandent que ferais-tu et quelle réaction auraient-ils en te voyant ? Peux-tu rejoindre leur cercle, toi l’homme aux cheveux gris en kimono bleu et en sandales ? Ils seraient perplexes ou offensés. Personne ne comprendra que c’est l’émotion d’entendre des slogans révolutionnaires qui t’a poussé jusque là.

Je reviens sur mes pas. La nuit est plus claire maintenant. J’enfile un pantalon et un t-shirt et je ressors en courant, toujours dans la semi pénombre. Les voix à l’unisson sont plus ou moins intenses. Il me vient alors à ’idée que ces gens sont catholiques et que certains ils sont peut-être en train de chanter un cantique en choeur. J’aperçois un homme devant un bâtiment public encore fermé et je lui demande ce qui se passe. Est-ce que ces chants ont quelque chose à voir avec des esprits évangéliques ou bien la future commémoration prochaine de la victoire à La Victoria, en 1814, bataille menée par des étudiants de l’université et du séminaire sous le commandement du Général José Félix Ribas ?

"Non", répond-il en riant tout bas, "ce sont des soldats qui font leur entraînement matinal".

Diego m’avait un jour présenté à un sergent à la base d’entraînement militaire situé à l’orée de la ville. La base préparait un spectacle de jeunes beautés pour la "journée de la jeunesse", et qui fait partie de la politique de solidarité avec la communauté de l’armée. La fille de l’ami(e)) de Diego participait au concours de beauté qui élirait la "Reine de La Victoria" et il m’avait invité à y assister.

Le lendemain de ma folle escapade, je suis entré, mal à l’aise, dans la cour de la base pour assister au spectacle.

Partout, il y avait de belles adolescentes juchées sur des talons hauts, vêtues de robes blanches, leurs fesses rondes mouvantes, leurs seins bien remontés dans des décolletés plongeants, qui caressaient nerveusement leurs longs cheveux noirs. Le public tournait dans la cour ou s’était installé sur des chaises pliantes, beaucoup buvaient la boisson des escadrons de la mort colombiens, du coca. Les garçons et les pères avaient les yeux rivés sur les jeunes filles et les mères souriaient avec fierté.

Les êtres humains sont pleins de contradictions. Les concours de beauté machos sont toujours populaires.

D’autre part, Maria Leon, présidente de l’Institut National des femmes affirmait dans une interview le jour de la Journée de la Femme : "C’est la révolution des Femmes". Le jour même, le président Chavez annonçait un nouveau ministère de la condition féminine et nommait Mme Leon ministre. Il n’y a aucun lien de parenté avec Rosa Leon qui n’était d"’ailleurs même pas née quand Maria a pris les armes aux côtés des camarades du parti communiste contre le régime répressif de Romulo Betancourt dans les années 60.

Dès l’été 2008, le nouveau ministère avait des représentants dans la plupart des localités, pour mettre en place les programmes récemment créés en faveur des femmes, dont Banmujer – la seule banque nationalisée au monde réservée aux femmes. Elle a été créée le jour de la journée des femmes en 2001 et a depuis accordé des prêts modestes à deux millions de femmes, qui servent essentiellement à les aider à créer leur propre entreprise pour leur permettre de se sortir de la pauvreté et de participer à la société. Le ministère s’occupe également de Meeting Points (Points de Rencontre) et de Madres del Barrio (Mères du Barrio). La mission "les Mères du Barrio", qui a débuté en 2006, offre un salaire mensuel (80% du salaire minimum) aux mères démunies qui n’ont pas d’emploi à plein temps.

Le droit de vote des femmes a été accordé tardivement au Venezuela, en 1946. Mais ce n’est pas avant les modifications de la Constitution en 1960 que les femmes ont obtenu officiellement l’égalité devant la loi. Et, ce n’est que dans les années 80 que les femmes ont eu le droit de décider d’elles-mêmes, comme, entre autres signer des documents officiels sans l’accord de leur mari ou de leur concubin. Les femmes ont commencé à s’organiser pour réclamer l’égalité des droits dans les années 70, mais la plupart des actions portaient sur des questions cruciales, comme, par exemple, le droit à l’avortement. Il y avait peu de femmes dans la sphère publique avant que Chavez n’arrive au pouvoir. L’Assemblée nationale de 1997, par exemple, ne comportait que 6% de femmes.

Avec la victoire électorale de Chavez en 98, a été lancée une nouvelle campagne constitutionnelle qui incluait les droits des femmes. Des milliers de propositions ont sitôt été envoyées par les organisations féministes. La nouvelle constitution de décembre 1999 était la seule au monde rédigée en des termes non sexistes, à savoir que le féminin et le masculin sont tous deux utilisés pour parler de métiers ou de titres, cette Constitution ayant été appelée "Magna Carta non sexiste", parce qu’elle donne aux femmes les pleins droits et les avantages dans tous les domaines. Toute forme de discrimination dans le cadre privé est également proscrite.

Dans la première assemblée nationale sous le gouvernement Chavez, le nombre de femmes députées a été multiplié par deux et depuis, par trois. Les femmes représentent 38% de la population active et 56% des diplômés de l’université. Six femmes ont accédé au grade de général. Six des 15 membres du comité exécutif du Nouveau Parti Socialiste du Venezuela sont des femmes. Il y a 11 femmes ministres, qui représentent 40% des 29 ministères. Et plus extraordinaire encore : 4 sur les 5 postes clés du gouvernement sont tenus par des femmes. Aux côtés de Chavez, chef de l’exécutif, ce sont des femmes qui président l’Assemblée Nationale, le Conseil Électoral National, le Bureau des droits de l’homme et la Cour Suprême.

Inspirée par l’actuelle présidente de la Cour Suprême, présider la Cour S…. est une des ambitions de Rose Leon. Même si elle, et probablement la plupart, si ce n’est toutes, les miss du concours de beauté, cherchent l’égalité et le pouvoir, cela ne les empêche pas de perpétuer certaines prérogatives féminines traditionnelles en portant de la dentelle rose. Rosa, par exemple, s’offre le luxe (ou l’affectation) d’avoir ses propres WC dans des bureaux où travaillent des dizaines d’employés de la mairie. Il y a deux WC mais un seul est à la disposition des employés et des visiteurs. Une pancarte sur une des portes indique que cet endroit est réservé à son usage exclusif. Incapable de résister à la tentation, j’y suis allé. La lumière était éclairée (ce à quoi tient absolument une femme de ménage de façon à ce que Rose n’ait pas à appuyer sur l’interrupteur) et le siège des toilettes était recouvert de tissu rose ; une serviette de toilette rose était accrochée près du lavabo d’une extrême propreté. Rien ne jurait, à part ma présence, ce que l’attitude de la femme de ménage m’a fait clairement comprendre au moment où je sortais.

Au cours des deux mois que j’ai passés à étudier la Révolution au Venezuela, chaque fois que je parlais avec des travailleurs ou des syndicalistes, j’avais affaire à une majorité de femmes. Les femmes noires militent plus souvent dans les organismes politiques et les associations locales que les hommes, comme c’est le cas pour les femmes indigènes, qui représentent les quelque 50 tribus du pays ou participent activement au mouvement. Elles font partie de Mission Guaicaipuro, le programme mis en place pour restaurer les titres de propriété des terres et les droits d’un demi million de peuples indigènes.

Je n’ai pas été témoin de violences machistes sur des femmes et la plupart des femmes accompagnées ne semblaient pas intimidées ou d’avoir peur de parler. En fait, la plupart avaient un franc-parler et n’avaient aucun gêne à présenter d’autres aspects de leur personnalité, tels que des hanches ondoyantes ou des poitrines avantageuses, autant de visions agréables pour les yeux du petit lubrique que je suis.

Certes, la violence contre les femmes existe, en particulier les violences conjugales. Et il y a des viols et de la prostitution aussi. Les prostituées ont droit à des examens médicaux gratuits de dépistage de maladies vénériennes dans les cliniques locales. Les prostituées ne sont pas poursuivies en justice. Beaucoup de juges sont des femmes. Le nouveau ministère de la Condition Féminine s’occupe à la fois de la violence envers les femmes et de la prostitution grâce à la diffusion d’informations, aux conférences aux "Meeting Points" communautaires et aux services d’assistance téléphoniques destinés aux femme s victimes de violences conjugales.

La révolution bolivarienne est une véritable transformation pour les femmes, un pouvoir que la moitié de la population n’est pas près de laisser filer.

Ron Ridenour

Traduction par des Bassines et du Zèle pour Le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

ARTICLE ORIGINAL

The Revolution of Women : http://www.dissidentvoice.org/2008/10/sounds-of-venezuela-part-4/

02/10/2008

Appel à la solidarité avec la Bolivie à Santa Cruz

Ceux qui se lèvent aux côtés de la Bolivie et d’Evo le font pour tous les peuples et tous les temps !

AUTEUR:   Appel a la rencontre internationale de solidarité avec la Bolivie à Santa Cruz, Bolivie, du 23 au 25 octobre 2008

Traduit par  Fausto Giudice

Lire la suite de l'article sur

http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5937&lg=fr

 

 

 

17/09/2008

Tous avec la Bolivie

NOUS DÉNONÇONS LA CONSPIRATION POUR DIVISER LA BOLIVIE

En Bolivie, le processus de changements pour les majorités court le risque d’être brutalement restreint. L’arrivée au pouvoir d'un président indigène, élu avec un soutien sans précédent dans ce pays, et ses programmes de bénéfice populaire et de récupération des ressources naturelles, ont dû affronter dès les premiers moments les conspirations oligarchiques et l'ingérence impériale.

Récemment, l'escalade conspirative a atteint ses niveaux maximaux. Les actions subversives et anticonstitutionnelles avec lesquelles les groupes oligarchiques prétendent diviser la nation bolivienne, reflètent la mentalité raciste et élitiste de ces secteurs et constituent un très dangereux précédent, non seulement pour l'intégrité de ce pays, mais aussi pour celle d'autres pays de notre région.

L'histoire montre avec une grande éloquence les terribles conséquences que les processus divisionnistes et séparatistes induits et approuvés par de puissants intérêts étrangers ont eu pour l'humanité sur tous les terrains.

Devant cette situation nous, les signataires, voulons exprimer notre soutien au gouvernement du Président Evo Morales Ayma, à ses politiques de changement et au processus constitutif souverain du peuple bolivien. De même, nous rejetons l'appelé Statut autonome de Santa Cruz pour son caractère inconstitutionnel et pour attenter contre l'unité d'une nation de notre Amérique.

Nous appelons toutes les personnes de bonne volonté pour qu'elles unissent leurs voix pour dénoncer, par toutes les voies possibles, cette manœuvre divisionniste et déstabilisatrice dans une heure historique pour l'Amérique Latine.

Pour signer : http://www.todosconbolivia.org/index.php?lang=3

16/09/2008

Des paysans et des militants pro-Morales assassinés en Bolivie

Crime contre l'humanité

Des paysans et des militants pro-Morales assassinés en Bolivie


AUTEUR:   Comissão Pastoral da Terra

Traduit par  Fausto Giudice


 

La crise en Bolivie a occupé pas mal d’espace dans les médias nationaux brésiliens, surtout à cause de la possibilité d’une coupure des fournitures de gaz naturel au Brésil. Mais la situation est beaucoup plus grave qu’il n’y paraît. Il y a eu un massacre de paysans dans la province de Pando, à la frontière avec le Brésil et le Pérou comme le relate très bien une note émise par le Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia (lire ci-dessous). Le massacre est pourtant présenté par la presse comme un affrontement entre partisans du gouvernement et opposants. Plus grave encore, les préfets de Beni, Tarija et Santa Cruz, États qui eux aussi s’opposent à Morales, chercher à imputer le massacre aux troupes de l’armée au service de Morales, comme l’a indiqué la Folha de São Paulo du samedi 13 Septembre.

 

 

Après l’assassinat d’environ 30 paysans dans la nuit de jeudi dernier, 11 Septembre, sur ordre de Leopoldo Fernández, préfet de Pando, le gouvernement d’Evo Morales a décrété l’état de siège dans l’État. Entretemps, Fernández a accepté le décret qui lui a été imposé le 14 Septembre, permettant à l’armée bolivienne de pénétrer dans l’État. Selon des témoignages d’habitants de la région et de survivants de l’attaque, le préfet du Pando avait pris sous contrat des mercenaires et des narcotrafiquants du Pérou et du Brésil pour effectuer cette attaque. Fernández nie cette accusation mais admet que des groupes armés ont participé au massacre des paysans.

Le gouvernement bolivien a promis, dans la nuit de ce dimanche, de faire condamner Leopoldo Fernández à 30 ans de prison pour crimes contre l’ humanité.Le vice-Ministre de la Coordination avec les mouvements sociaux de Bolivie, Sacha Llorenti, a délcaré que ce crime ne restera pas impuni. “Je tiens à être absolument clair : cette affaire ne va pas tomber dans l’impunité, car nous allons montrer que les institutions de l’État bolivien fonctionnent et que Leopoldo Fernández aura une condamnation incompressible à 30 ans de prison pour les crimes qu’il a commis”.

Llorenti a aussi affirmé que le crime avait été prémédité et planifié, vu que les principales cibles des pistoleros étaient les dirigeants paysans et que presque tous les morts avaient été atteints à la tête et au coeur.

Leopoldo Fernández est un politicien d’extrême-droite, membre, de Podemos [“Nous pouvons”], principal parti d’opposition au gouvernement Morales, et il faisait aprte du second gouvernement du généralHugo Banzer Suárez (1997-2001).

Lisez la note du Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia

 

 

 

Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia

Porvenir est une localité située à 30 km de la ville de Cobija, capitale du Département de Pando en Bolivie, l’un des cinq États qui se sont révoltés contre le gouvernement central de cette république. C’est là qu’a eu lieu, le 11 Septembre, ce qui est considéré comme le pire massacre de l’ère démocratique en Bolivie. On a déjà dénombré trente paysans morts et l’on estime qu’il y a eu au moins 20 morts de plus, en plus de dizaines de blessés. Des hommes, des femmes, dont certaines enceintes, des enfants et des personnes âgées.

Voici ce qui ressort d’une série d’interviews de survivants réalisées par le réseau de radio communautaires boliviennes Red Erbol, dans la nuit du 11, cinq véhicules avec des paysans se rendaient, sans armes, à une assemblée gouvernementale convoquée par la Fédération paysanne, dans la localité de Filadelfia, par une route traversant la jungle. À 8h30 du vendredi 12, ils ont été arrrêtés à mi-parcours par un détachement de la police de l’État de Pando. « Les policiers nous ont retenus là, nous déroutant pendant environ trois heures : peu après 11 heures, ont soudain surgi des véhicules transportant de 30 à 50 paramilitaires armés de fusils, de revolvers, de fusils de chasse et de mitraillettes, et ils ont commencé à tirer sur les paysans surpris. Les policiers se sont retirés, et les paysans qui ne sont pas tombés ont tenté de fuir dans la jungle, poursuivis par les paramilitaires. Quand ceux-ci en attrapaient un, ils le dépouillaient et le tuaient de sang-froid. Certains, quoique blessés, sont parvenus à rejoindre une rivière proche et se sont jetés à l’eau. Mais les assassins continuaient à les mitrailler et beaucoup sont morts dans ces circonstances. »

 

 

 

Les paramilitaires, liés au préfet de l’État de Pando M. Leopoldo Fernandez et au “Comité civique” de l’État ont tué sans distinction des femmes enceintes, des personnes âgées et des enfants, selon des rapports diffusés par la radio éducative captée ici à Brasilia par internet. Les véhicules des paysans ont été brûlés et leurs affaires volées. Il n’ya eu aucune résistance de la part des paysans, qui on été pris par surprise dans cette opération. La police de l’État a assisté à tout cela sans prendre de disposition et la tuerie s’est poursuivie jusqu’à cinq heures de l’après-midi.

De nombreux corps gisent encore en pleine jungle et dans la rivière et les autorités de l’État, en rébellion contre le gouvernement central, ne permettent pas l’entrée de secours dans la zone. Des organismes appartenant à diverses institutions ont tenté de parvenir sur les lieux, mais les autorités de l’État interdisent l’accès à la zone de conflit et les empêchent d’entrer dans la ville. Beaucoup de blessés se sont rendus dans les hôpitaux, mais d’autres n’ont pas eu le courage de chercher de l’aide par crainte de mourir, car il n’existe aucune sécurité dans la ville, qui vit dans le chaos, sans forces de l’ordre, et où même les blessés continuent à subir des menaces proférées impunément, tandis que la population se terre chez elle, craignant les saccages fréquents.
Le Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia se déclare solidaire des familles des victimes ; elle demande paix, justice, solidarité et dialogue en Bolivie. Il appelle tout le monde à protester contre cet acte de barbarie perpétré par les autorités du département de Pando et les groupes paramilitaires qu’elles protègent. Il exige que les autorités brésiliennes arrêtent M. Leopoldo Fernandez et toute autre personne responsable de ce crime au cas où ils entreraient dans le territoire national (brésilien), pour qu’ils puissent être jugés pour crime contre l’humanité.

Brasília, 14 Septembre 2008

Paulo Couto Teixeira
Secrétaire
fraternidade@solar.com.br

Conseil en communication
Commission pastorale de la terre
Secrétariat national - Goiânia, Goiás.
Tél. : 62 4008-6406/6412/6400

 

   


 

Source : www.cptnacional.org.br et http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10218

Article original publié le

Sur l’auteur

Fausto Giudice est membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5876&lg=fr

 

A voir absolument pour comprendre mieux (seulement en castillan hélas) : http://video.google.com/videoplay?docid=12178952921985631...

09/08/2008

Bolivie : Evo en danger ?

Mes impressions de Bolivie
MICHEL COLLON

La Bolivie a bien changé. A La Paz, j'assiste à une grande réception donnée par l'ambassadeur de Cuba. Mojitos, buffet, danses, grosse ambiance. Où sommes-nous ? Dans la salle des fêtes de... l'armée bolivienne. Oui, celle qui a tué le Che.
La Bolivie a bien changé, mais tout le monde ne lui veut pas que du bien. Nous sommes venus nous en rendre compte sur place avec quelques intellectuels progressistes d'une quinzaine de pays : Frei Betto, Ernesto Cardenal, Ramsey Clark, François Houtart, Luis Britto Garcia, Pascual Serrano... Quelques journées de rencontres et d'échanges avec des intellectuels boliviens, des représentants des communautés indiennes, des artistes...
Le moment est tendu. La droite essaie de provoquer une scission des riches régions de l'Est. Pour déjouer la manoeuvre, le président Evo Morales, à mi-mandat, appelle à un référendum révocatoire, ce 10 août. Une sorte de vote de confiance. Il remet son mandat en jeu, mais aussi celui des préfets de départements, y compris ceux tenus par l'opposition. La droite tente de saboter le référendum et on craint des incidents...
Nous allons voir qui est derrière ces incidents, quel rôle jouent ici les Etats-Unis, et la CIA, et un ambassadeur vraiment curieux, et aussi l'Europe...

Un Bolivien sur quatre doit émigrer
Impressions fortes. Physiquement, d'abord. La Paz est à 3.600 mètres d'altitude. Son aéroport à 4.000 mètres. Arrivés dans la nuit, à court d'oxygène, nous sommes au bord de l'évanouissement. Très prévenants, les jeunes qui nous accueillent, nous font asseoir au calme, s'occupent de nos bagages et nous laissent récupérer notre souffle.
Le premier jour sera consacré au repos, à l'acclimatation. Avec Luis, un ami vénézuélien, nous faisons un petit tour, à petits pas et de banc en banc, dans une des plus belles capitales du monde. Imaginez une immense cuvette, bordée par les grandioses montagnes Huayna Potosí (6.094 m) et Nevado Illimani (6.460 m), non loin du lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde. Ici, l'eau bout à 80°. Et toutes les rues sont en pente.
Ce qui frappe à La Paz, en hiver en tout cas, c'est la douceur du climat, ensoleillé et frais. Et la douceur des gens. Partout, on vous accueille avec gentillesse, avec une sorte de sérénité tranquille. Les Indiennes portent de lourds vêtements avec de superbes châles bariolés. Et de curieux petits chapeaux 'boule', noirs, bruns ou gris. Parfois, elles portent aussi des charges impressionnantes. Les Indiens représentent deux tiers de la population.

L'importance des communautés indiennes
« Un Indien président ? L'oligarchie blanche, raciste, ne l'accepte toujours pas. », nous confie Evo. En fait, j'ai commencé à comprendre toute la richesse de cet héritage indien en visitant avec des amis boliviens Tiwanaku, la capitale d'un ancien empire Inca...
Nous sommes sur le très haut plateau de l'Altiplano, bordé de montagnes. Ici, les Indiens vivent, dans des conditions difficiles, d'agriculture et d'élevage. Pas un nuage dans le ciel, un air incroyablement pur, on sent encore le froid de la nuit.
Tiwanaku fut une ville immense, les fouilles commencent à peine. Une centaine d'Indiens de la région sont occupés à restaurer le temple, une énorme pyramide en terrasses. C'était une civilisation très avancée qui construisait ses bâtiments en s'appuyant sur une connaissance poussée de l'astronomie. Elle avait créé une industrie métallurgique et textile. Elle cultivait plus de deux cents sortes différentes de maïs et quatre cents sortes de patates. Dont une espèce qui pouvait se congeler et rester comestible dix ans. Le système d'irrigation était très perfectionné avec une inclinaison très précise pour que les pierres réchauffent l'eau et l'empêchent de geler. Système si perfectionné qu'aujourd'hui, le ministère de l'Agriculture va le réutiliser pour développer l'agriculture en terrasses. L'eau est rare ici, un trésor.
Un vieil Indien opère avec notre petit groupe une cérémonie rituelle, une sorte de sacrifice de petits objets symboliques, pour célébrer l'union avec le Cosmos et rassembler les souhaits que nous formons. Emotion.
Il ne s'agit pas ici de glorifier le passé pour le passé, mais d'en préserver la mémoire et les valeurs pour les intégrer à la nouvelle société. Un journaliste bolivien nous explique l'importance que prend ici la communauté : « C'est un élément fort de la Bolivie. Tenez, selon les statistiques internationales, le paysan bolivien a un revenu moyen de cinquante dollars par an. Autant dire qu'il est mort ! Sauf si on comprend que l'économie communautaire est la base de notre vie ici. »
Bref, un héritage précieux qu'on ne peut pas perdre.

Le sort des Boliviens quand ils émigrent...
Impressions fortes aussi sur les réalités sociales de ce pays. A La Paz, les classes hautes vivent dans le bas de la ville, à 3.000 mètres, où on respire plus facilement. Les basses classes, par contre, à El Alto (pas besoin de traduire) : 4.000 mètres. Petits commerces, petits artisanats, un peu d'élevage dans les hauts plateaux... La vie est dure.
Deuxième pays le plus pauvre d'Amérique latine, la Bolivie a vu émigrer un sur quatre de ses enfants. Pourquoi ? Pendant des siècles, cette terre a été colonisée par l'Espagne. Et tous les bénéfices de ses richesses minières, extraites au prix d'un travail meurtrier dans un quasi-esclavage, ont été emportés en Europe. Pendant des décennies, son gaz et son pétrole ont profité à une poignée de riches, mais surtout à quelques multinationales, européennes notamment. Le Nord a bien saigné le Sud. Ne laissant sur place que la misère.
Et les conflits. Evo Morales, président depuis deux ans et demi, n'est pas tombé du ciel, il est le fruit de longues années de résistances ouvrières et paysannes. Les communautés indiennes ont toujours été exploitées, exclues, méprisées par une élite blanche et raciste, liée aux Etats-Unis et à l'Europe.
Voilà d'où viennent la pauvreté et le sous-développement. Mais quand les Boliviens, pour survivre, vont faire les ménages en Europe, celle-ci les traite comme des criminels et les emprisonne. Même des enfants ! Evo Morales a courageusement dénoncé la récente 'Directive de la Honte' qui permettra à tous les pays européens d'emprisonner jusqu'à dix-huit mois les délinquants, pardon : les immigrés.
Justement, avant de partir, je venais de rencontrer à Bruxelles des travailleurs immigrés, notamment latinos. En lutte depuis des mois pour obtenir des papiers, c'est-à-dire leurs droits, leur dignité. Face à des ministres complètement sourds, ils ont été obligés de mettre leurs vies en danger : grève de la faim, escalade de grues... Appréciant beaucoup la lettre d'Evo à l'U.E. ils m'ont chargé de remettre un petit message de gratitude au président bolivien. Je le lui ai remis. Sourire sur sa figure.
En fait, quand on voit ici la pauvreté, les salaires dérisoires, le manque d'industrie, on comprend pourquoi tant de Boliviens doivent émigrer. Mais, en allant plus loin, on comprend aussi que l'Europe est une sale hypocrite qui porte une lourde responsabilité dans cette émigration. Nous allons y revenir...

Qu'a réalisé Evo ?
Mais voyons d'abord ce qu'a réalisé Evo en deux ans et demi... Il a nationalisé le pétrole et le gaz. Vous voulez savoir pourquoi, dans nos médias, on dit du bien du président colombien Uribe et du mal d'Evo Morales ? Très simple. Le premier a fait passer les taxes sur les multinationales de 14% à... 0,4%. Pour faciliter l'installation de ces multinationales, ses paramilitaires ont chassé de leurs terres quatre millions de paysans. Le second a osé rendre à la nation bolivienne les richesses qui lui appartenaient afin de combattre la pauvreté.
En nationalisant les hydrocarbures, Evo a multiplié par cinq les revenus de l'Etat et s'est donné les moyens de soulager les maux les plus urgents : analphabétisme en baisse de 80%, retour à l'école d'une partie des enfants travaillant dans la rue, création d'écoles dans les langues indiennes aymara et quechua (vingt mille diplômés), soins de santé gratuits déjà pour la moitié des Boliviens, pension Dignidad pour les plus de 60 ans, crédit à zéro pour-cent pour des produits comme le maïs, le blé, le soja et le riz. Grâce à l'aide du Venezuela, six mille ordinateurs ont été offerts, surtout à des écoles. Grâce à l'aide de Cuba, deux cent soixante mille personnes ont été opérées des yeux. Ailleurs en Amérique latine, elles seraient condamnées à être aveugles, car pauvres.
En outre, les investissements publics ont fortement augmenté pour développer l'économie. La Bolivie a comblé son déficit fiscal, remboursé la moitié de sa dette extérieure (de 5 à 2,2 milliards de dollars), reconstitué une petite réserve financière, multiplié par quatre l'emploi dans les mines et la métallurgie, doublé la production et les revenus de ces industries. Le PIB industriel est passé de 4,1 à 7,1 milliards de dollars en trois ans. Mille tracteurs ont été distribués à des paysans. De nouvelles routes ont été construites.
Bref, la Bolivie avance. Pas assez vite, disent certains pour qui Evo n'y va pas assez fort contre la droite et les grands propriétaires. C'est un débat à mener entre ceux qui vivent sur place et peuvent apprécier la situation, ses possibilités, ses dangers. En sachant qu'il ne suffit pas de dire « Y a qu'à » pour sortir un pays de la pauvreté et de la dépendance. En sachant qu'il faut tenir compte du rapport de forces avec la droite qui s'agite beaucoup et sabote. En tenant compte de l'armée (Tous ses chefs seront-ils loyaux jusqu'au bout ?).
Autre facteur négatif : « La Justice demeure totalement corrompue », m'a confié... le plus haut magistrat de La Paz. « C'est une vieille caste qui se protège et protège les intérêts des riches. C'est un véritable business. Pourtant, nous avons menacé de révocation immédiate tout juge qui sera pris en flagrant délit. Mais c'est un combat difficile. »
Et justement, quand je me trouvais là, la Justice venait fameusement en aide à la droite en essayant d'empêcher par une bataille juridique la tenue du référendum. Mais il y a danger bien plus grand que la Justice...

Derrière la droite, les Etats-Unis préparent une guerre civile
C'est le nouveau truc des Etats-Unis. S'avérant incapable de gagner une guerre d'occupation, Washington recourt à la guerre indirecte, la guerre par intermédiaires. Actuellement, la stratégie de Washington est d'essayer de provoquer une guerre civile en Bolivie. Pour cela, les provinces contrôlées par la droite et qui contiennent les grandes propriétés agricoles liées aux multinationales ainsi que la majorité des réserves de gaz et de pétrole, ces provinces multiplient les provocations pour préparer une sécession.
Ayant personnellement étudié l'action secrète des grandes puissances pour faire éclater la Yougoslavie, j'ai tenu à attirer l'attention des Boliviens, lors de quelques interviews : aujourd'hui, Washington risque de transformer leur pays en une nouvelle Yougoslavie.
Voici les ingrédients de son action : 1. Des investissements massifs de la CIA. 2. Un ambassadeur spécialisé dans la déstabilisation. 3. Des fascistes expérimentés. Avec ces ingrédients, vous pouvez préparer un coup d'Etat ou une guerre civile. Ou les deux.
Premier ingrédient. Comme au Venezuela, la CIA investit beaucoup en Bolivie. A travers ses paravents habituels : USAID, National Endowment for Democracy, Institut Républicain International, etc. Les organisations de la droite séparatiste sont abondamment subventionnées. L'USAID a, par exemple, financé Juan Carlos Orenda, conseiller du Comité civique de Santa Cruz d'extrême droite et auteur d'un plan prévoyant la sécession de cette province.
Mais aussi des organisations plus discrètes chargées de semer la confusion et de préparer une propagande anti-Evo. A l'université San Simon de Cochabamba, la Fondation du Millénaire a reçu 155.000 dollars pour critiquer la nationalisation du gaz et défendre le néolibéralisme. Treize jeunes dirigeants boliviens de droite ont été invités à des formations à Washington : 110.000 dollars. Dans les quartiers populaires d'El Alto, USAID lance des programmes pour « réduire les tensions dans les zones sujettes à conflits sociaux ». Lisez : discréditer la gauche.
En tout, des millions de dollars ont été versés à toutes sortes d'organisations, des groupes étudiants, des journalistes, des politiciens, des magistrats, des intellectuels, des hommes d'affaires. Le parti populaire espagnol, autour de José Maria Aznar, participe aux manoeuvres.
Deuxième ingrédient. D'où vient Philip Goldberg, l'actuel ambassadeur des Etats-Unis en Bolivie ? De Yougoslavie. Où il a accumulé une riche expérience sur la manière de faire éclater un pays. De 94 à 96, il a travaillé en Bosnie pour l'ambassadeur Richard Holbrooke, un des stratèges de la désintégration. Puis, il a fomenté les troubles au Kosovo et la scission entre Serbie et Monténégro. Un expert, on vous dit.
Et pas inactif. Comme le raconte le journaliste argentin Roberto Bardini : « Le 28 juin 2007, une citoyenne américaine de vingt ans, Donna Thi, de Miami, a été détenue à l'aéroport de La Paz pour avoir tenté d'introduire dans le pays cinq cents balles de calibre 45 qu'elle avait déclarées aux douanes comme du 'fromage'. Au terminal, l'attendait la femme du colonel James Campbell, le chef de la mission militaire de l'ambassade US en Bolivie. L'ambassadeur US Philip Goldberg est intervenu immédiatement pour obtenir qu'on la relâche en disant qu'il ne s'agissait que d'une 'innocente erreur'. Les munitions, a-t-il déclaré, ne devaient servir qu'au sport et au spectacle. En mars 2006, un autre citoyen US, Triston Jay Amero, alias Lestat Claudius, un Californien de 25 ans, porteur de quinze documents d'identité différents, a fait exploser trois cents kilos de dynamite dans deux hôtels de La Paz. »
Pourquoi a-t-on exporté Goldberg des Balkans à la Bolivie ? Pour transformer, j'en suis sûr, ce pays en une nouvelle Yougoslavie. Le séparatisme est une méthode privilégiée par les Etats-Unis pour reprendre le contrôle de richesses naturelles ou de régions stratégiques lorsque des gouvernements se montrent trop indépendants, trop résistants aux multinationales.
Troisième ingrédient. Des fascistes expérimentés. En Bolivie, Goldberg a ouvertement soutenu et collaboré avec des hommes d'affaires croates à la tête de la sécession. Particulièrement, Branko Marinkovic, membre de la Fédération des entrepreneurs libres de Santa Cruz (province sécessionniste). Très grand propriétaire de terres, Marinkovic tire aussi les ficelles de Transporte de Hidrocarbures Transredes (qui travaille pour Shell). Il gère les six mille kilomètres de pipelines de gaz et de pétrole qui mènent au Chili, au Brésil et en Argentine.
Et quand ces gens sont-ils venus de Croatie ? Il faut rappeler que, durant la Seconde Guerre mondiale, Hitler a installé une Grande Croatie fasciste où ses collaborateurs, les Oustachis, ont mis sur pied des camps d'extermination (y compris un spécialement pour enfants !), perpétrant un génocide épouvantable contre les Serbes, les juifs et les tziganes. Après leur défaite, l'Eglise croate et le Vatican ont organisé, les Ratlines, filières d'évasion des criminels fascistes croates (et de Klaus Barbie). De la Croatie à l'Autriche, puis à Rome. Et de là vers l'Argentine, la Bolivie ou les Etats-Unis.
Quand on sait que Franjo Tudjman et les dirigeants de la 'nouvelle' Croatie née en 1991 ont réhabilité les anciens criminels croates de la Seconde Guerre mondiale, on aimerait savoir si Monsieur Marinkovic renie tout ce passé ou bien si, tout simplement, il emploie les mêmes méthodes là où il se trouve à présent. Quant aux Etats-Unis, on sait qu'ils ont récupéré et recyclé quantité de criminels et d'espions nazis de la Seconde Guerre mondiale. Les réseaux, ça sert toujours.

Ce qui se cache derrière le séparatisme
Voilà, tous les ingrédients sont prêts pour faire exploser la Bolivie... Les dollars de la CIA, plus des experts dans la provocation de guerres civiles, plus des fascistes recyclés en businessmen. Une guerre civile qui servirait bien les intérêts des multinationales, mais que l'opinion internationale doit absolument empêcher. Les Boliviens ont le droit de décider eux-mêmes de leur sort. Sans la CIA.
Car une sécession ne profiterait qu'à l'élite. L'écrivain brésilien Emir Sader vient d'écrire très justement : « Aujourd'hui, une des modalités qui renferme le racisme, c'est le séparatisme, les tentatives de délimiter les territoires de la race blanche, en s'appropriant et privatisant les richesses qui appartiennent à la nation et à son peuple. Nous connaissions déjà ces intentions sous la forme des quartiers riches qui cherchaient à se définir en tant que municipalités, afin que la part des impôts prélevée obligatoirement de leurs immenses richesses, reste dans leur escarcelle pour augmenter les bénéfices de leurs quartiers retranchés, derrière lesquels ils cherchaient à isoler et défendre avec une sécurité privée, évidemment, leurs styles de vie privilégiés ». (...) Le référendum séparatiste est une expression oligarchique, raciste et économique car ils veulent garder l'usufruit des richesses de Santa Cruz pour leur propre bénéfice et parce que les oligarques veulent, en plus, empêcher que le gouvernement d'Evo Morales poursuive son processus de réforme agraire et qu'il l'étende à tout le pays. »
Cette autonomie-là, en effet, ça veut dire que les Blancs riches qui ont contrôlé la Bolivie depuis toujours, refusent d'être gouvernés par la majorité, non blanche, de l'Ouest.
Quand on parle d'autonomie, Evo Morales répond : « Parlons d'autonomie, non pas pour l'oligarchie, mais pour les peuples avec qui nous luttons. Ces groupes séparatistes qui viennent de perdre leurs privilèges, ont été depuis longtemps dans le Palais, ils ont gouverné et ont permis que l'on pille notre pays, nos ressources naturelles, y compris les ressources de base, de même que la privatisation de nos entreprises, et maintenant ils envisagent de nouveau ce système qui démontre son véritable intérêt : le contrôle économique ».
Mais il n'y a pas que les Etats-Unis qui s'acharnent sur la Bolivie...

L'hypocrisie de l'Europe :
qui donc l'a causée, « toute la misère du monde » ?

Pourchassant les sans-papiers, l'Europe glisse dans un soupir de dame patronnesse : « Nous ne pouvons quand même pas accueillir toute la misère du monde ». Ah, bon ? Mais, en réalité, cette misère, c'est vous qui l'avez créée ! Vos Charles-Quint, vos Louis XIV, vos Elisabeth I et vos Léopold II ont allègrement massacré les 'sauvages' pour voler leurs richesses ! Le décollage économique du capitalisme européen s'est construit sur ce pillage. Et jusqu'à aujourd'hui, vos sociétés minières, agricoles et autres n'ont cessé de piller les matières premières sans les payer, n'ont cessé de dominer et déformer les économies locales et de bloquer leur développement ! N'est-ce pas vous qui avez une Dette à rembourser au Sud ?
Serait-ce du passé ? Dans les médias, les responsables européens aiment à raconter qu'aujourd'hui, ils ne veulent que du bien à l'Amérique latine et au tiers monde...
« Totalement faux », me confie avec indignation Pablo Solon qui représente la Bolivie dans les négociations commerciales entre l'Amérique latine et l'U.E : « La Bolivie l'a exprimé à l'U.E. Avant les négociations, nous avions dit que nous ne négocierions pas un traité style Libre Commerce. Et nous avions communiqué nos points de divergence sur les services, les investissements, la propriété intellectuelle et les biens publics. La Commission nous a promis qu'on discuterait ces points dans la négociation. Qu'à la différence des 'autres', on ne nous imposerait pas un format unique. Mais, lorsque nous nous sommes réunis avec Peter Mandelson, commissaire européen pour le Commerce, il nous a dit de façon catégorique et impérative : 'Ceci est un Traité de Libre Commerce. Ou bien vous l'acceptez, ou bien vous êtes hors des négociations.'. J'ai répondu personnellement que nous n'allions pas nous exclure et que nous allions défendre nos points de vue jusqu'au bout. Car la Bolivie a beaucoup d'industries qu'elle doit défendre : acier, plastique, papier, qui ont besoin de mécanismes de protection tout comme ce fut les cas pour les industries naissantes européennes à l'époque. »
Effectivement, l'Europe se montre hyper-dominatrice et arrogante. Elle prétend imposer à toute l'Amérique latine et aux Caraïbes l'arrêt des subventions qui aident à développer les produits locaux, la suppression des droits de douanes aux importations (mais elle refuse de faire de même chez elle !), la suppression de toutes limites pour les exportations européennes (refusant l'inverse), le transfert sans limites de la main d'oeuvre européenne qualifiée, la modification de toutes les lois protégeant les économies locales.
Et en plus, elle veut imposer la privatisation de tous les services, biens et entreprises des Etats. Alors qu'en 2000 déjà, sur les cinq cents plus grandes entreprises d'Amérique latine et des Caraïbes, 46 % appartenaient déjà à des entreprises étrangères.
Et en plus, l'U.E. prétend imposer des brevets sur le vivant (la Bolivie a une biodiversité très riche convoitée par les multinationales chimiques et pharmaceutiques). Mais le vivant, et l'eau aussi, ne sont-ils pas des biens essentiels à la survie, un patrimoine qui doit rester à ceux qui l'ont toujours protégé et utilisé à bon escient ?
En définitive, l'U.E. veut imposer des traités tout à fait déséquilibrés qui tueront les entreprises boliviennes. Tout ce qu'elle cherche, c'est que les entreprises européennes puissent envahir librement les marchés. Donc ruiner ces pays. Donc provoquer de l'émigration. Un système absurde, non ?

Qui 'choisit' l'immigration et pourquoi ?
J'ai écrit que l'Europe chassait les émigrés latinos. Ce n'est pas exact. Elle ne les traite pas tous de la même façon.
D'un côté, le patronat européen importe les meilleurs cerveaux du tiers-monde, et aussi des techniciens très qualifiés. Sous - payés pour grossir les bénéfices des sociétés. C'est ce que Sarkozy et d'autres appellent 'immigration choisie'. Le maître sélectionne ceux qui auront la chance de travailler pour lui. Mais ce vol des cerveaux prive le tiers-monde des gens qu'il a formés (à grand coût) et qui seraient nécessaires à son développement. Une nouvelle forme de pillage.
De l'autre côté, l'Europe accueille aussi une partie des non qualifiés. En les laissant sans papiers, donc sans droits, elle les oblige à vivre dans la peur, à accepter des salaires et des conditions de travail qui constituent un recul social. Bon moyen de diviser et de faire pression sur les autres travailleurs. Voilà comment se fabrique la 'compétitivité' de cette vertueuse Europe. La façon de traiter les sans-papiers n'est pas une bavure, elle est un rouage essentiel d'un système économique égoïste.
Résumons. L'Europe a volé l'Amérique latine. L'Europe continue à voler l'Amérique latine. Elle l'empêche de nourrir ses enfants. Mais quand ceux-ci sont forcés d'émigrer, elle les emprisonne. Ensuite, elle donne des leçons de démocratie et de moralité au monde entier.

Le temps est venu
Je n'ai pu rester longtemps en Bolivie, mais ce peuple m'a profondément impressionné. Je me rappelle ces milliers de manifestants qui descendaient, ce dimanche-là, vers le centre de La Paz, dans leurs minibus, leurs autos ou leurs taxis bondés, Indiens et Blancs, du plus clair au plus foncé..
Avec un calme étonnant, bien moins de bruit que dans n'importe quelle manif du monde. Avec une détermination simple et noble. Et dans leurs yeux, une évidence : le temps est venu de mettre fin à des siècles d'humiliations, le temps est venu de la dignité pour tous, le temps est venu de faire disparaître la misère.
Et je repensais à ces amis sans-papiers de Bruxelles, manifestant eux aussi pour leur avenir et pour leur dignité. Le problème est évidemment le même, à Bruxelles et à La Paz : à qui doivent servir les richesses d'un pays ? Et si ce problème ne se résout pas à La Paz, des millions de sans-papiers continueront à frapper aux portes de l'Europe.

Et demain ?
Comment cela évoluera-t-il ? Pour le 10 août, un institut de sondage pro-US annonce une victoire d'Evo par 60%. Comme la plupart de mes interlocuteurs à La Paz. Certains craignaient, par contre, l'influence du problème de l'inflation et du renchérissement de la vie. D'autres craignent que la droite lance des provocations violentes pour empêcher le référendum.
Quoi qu'il en soit, le référendum ne résoudra rien, ni dans un sens, ni dans l'autre. Evo Morales sera toujours devant le même problème : le gouvernement est à gauche, mais ne contrôle pas l'économie du pays, ni les médias (aux mains des gros propriétaires et de la multinationale espagnole Prisa), ni les universités, ni l'Eglise qui est aux côtés des riches, comme d'habitude dans ce continent. On ne peut pas tout faire en deux ans et demi. Mais, pour avancer, Evo devra réussir à mobiliser plus avant les masses populaires. Sa seule force.
De toute façon, après le référendum, la question restera la même : les richesses du pays doivent-elles servir à enrichir les riches et les multinationales ou bien à développer le pays et à vaincre la pauvreté ?
Pour trancher cette question à leur avantage, les Etats-Unis sont prêts à tout. Et le mouvement progressiste international ? Comment réagira-t-il contre la désinformation et la préparation d'une guerre civile ?
La réponse dépend de nous tous.

Michel Collon
La Paz - Bruxelles
Août 2008

06/07/2008

Déclaration de la coordination populaire colombienne à Paris

Ingrid Bétancourt est libre.  

La Coordination populaire colombienne (CPCP) à Paris s’en  réjouit pour elle, pour sa famille, ses amis, et tous les comités qui l'ont soutenue. C'est un épilogue heureux après plus de six ans d'attente.

Le peuple colombien est toujours otage.  

Le « triomphe » des militaires et du gouvernement d'Uribe n'est pas une bonne nouvelle pour nous : C'est une légitimation de la logique guerrière et des pratiques totalitaires. Une bulle médiatique de plus qui permet d'occulter la para militarisation du régime, la violation quotidienne des Droits de l'Homme, les assassinats systématiques des opposants politiques, syndicalistes, journalistes, défenseurs des Droits de l'Homme.

Nous ne pouvons oublier que, en Colombie, près de quatre millions de personnes ont été déplacées de force à l'intérieur du pays, en majorité à cause des groupes paramilitaires. Ces groupes, qui agissent seuls ou avec des membres des forces armées, ont fait disparaitre au moins 15.000 personnes ; ils les ont enterrées dans plus de 3.000 fosses communes ou ils ont jeté leurs cadavres dans les fleuves. Ils ont assassinés plus de 1.700 indigènes, 2.550 syndicalistes et plus de 5.000 membres de l'Union Patriotique. Régulièrement, ils torturent leurs victimes avant de les tuer. 

Entre 1982 et 2005, les paramilitaires ont perpétré plus de 3.500 massacres et ils ont volé plus de six millions d'hectares de terres. Depuis 2002 et leur supposée "démobilisation", ils ont assassiné 600 personnes chaque année. Ils ont réussi à contrôler 35% du Parlement. De 2002 à aujourd'hui, des soldats de l'Armée régulière ont commis plus de 950 exécutions, la plupart en "maquillant" des paysans en guerrilleros. Récemment, en janvier 2008, les paramilitaires ont commis 2 massacres, 9 disparitions forcées, 8 homicides alors que l'Armée a perpétré 16 exécutions extra-légales. Depuis le début de cette année, 28 syndicalistes ont été assassinés. 

En Colombie, les agents de l'Etat et les paramilitaires violent les Droits de l'Homme et le droit humanitaire. De nombreux groupes paramilitaires ne se sont pas démobilisés. Maintenant ils se font appeler "Aigles Noirs". De nombreux parapolitiques ont des charges publiques ou diplomatiques. En septembre 2007, il y avait 39 affaires. Aujourd'hui, en juillet 2008, il y a plus de 60 parlementaires et hauts fonctionnaires mis en cause dont bon nombre sont en prison). Le président Alvaro Uribe lui-même et son entourage sont mis en cause. L’élection présidentielle de 2006 menace d’être invalidée  par une sentence de  la Cour suprême de justice après qu’une parlementaire ait été reconnue coupable de subornation par cette même cour.

 

Avec la libération d'Ingrid Betancourt par les militaires, c'est "La Mano Fuerte" qui gagne. Nous ne pouvons que regretter que la guerrilla n'ait pas libérés plus tôt tous les otages. Ou mieux, qu'elle n'ait jamais eu recours aux enlèvements. Cette victoire est un coup très dur pour les guerrilleros, mais c'est surtout un coup terrible pour l'opposition politique démocratique.

 

Il va être encore plus difficile de faire entendre une voix divergente dans ce pays en faveur d’une solution politique du conflit, de l’échange humanitaire des prisonniers, en faveur de la vérité, de la justice et de la réparation intégrale pour les victimes.

 

Alors oui : Bravo pour Ingrid. Mais nous pleurons pour la Colombie, sans pour autant baisser les bras.

  

Paris, 3 juin 2008.

http://coordinadora.popular.googlepages.com:80/home

Version espagnole : http://coordinadora.popular.googlepages.com/coordinadorap...

02/07/2008

Traits caractéristiques des expériences en cours au Venezuela, en Equateur et en Bolivie

18 juin 2008 
par Eric Toussaint

En Amérique Latine, si l’on excepte Cuba, il y a en ce moment trois grandes catégories de gouvernements. En premier lieu, les gouvernements de droite, alliés de Washington, jouent un rôle actif dans la région et occupent une position stratégique : le gouvernement d’Alvaro Uribe en Colombie, Alan Garcia au Pérou et Felipe Calderon à Mexico. En deuxième lieu, les gouvernements prétendument « de gauche », qui poursuivent une politique néolibérale et soutiennent leurs bourgeoisies nationales ou régionales dans leurs projets : le Brésil, l’Uruguay, le Chili, le Nicaragua et aussi le gouvernement de Cristina Fernando Kirchner des péronistes argentins. Ce sont des gouvernements qui mènent une politique néolibérale favorable au grand capital teintée de quelques mesures d’assistance sociale. En effet, ils adoucissent un peu la pilule néolibérale en appliquant des programmes d’assistance. Par exemple, au Brésil, des familles pauvres reçoivent un peu d’aide du gouvernement, ce qui assure un appui populaire dans les régions les plus pauvres du pays.

Certains de ces gouvernements essaient d’améliorer leurs relations avec Washington, notamment en concluant des accords de libre échange avec les Etats-Unis. Le Chili en a signé un et Lula, au Brésil, cherche aussi un accord avec Washington autour d’une série de thèmes politiques. Mais en même temps, de fortes divergences d’opinion continuent à exister entre le gouvernement Lula et les Etats-Unis. Ces divergences concernent la défense des intérêts de la bourgeoisie brésilienne au niveau de l’agriculture et d’une série de secteurs industriels, en particulier les secteurs tournés vers les exportations qui n’acceptent pas le protectionnisme des Etats-Unis. Dans la troisième catégorie de pays se trouvent le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur. Ils doivent compter avec une opposition active d’importants secteurs de la classe capitaliste locale et de Washington. Cuba forme à lui tout seul une quatrième catégorie.

L’importance des mobilisations populaires…

Insistons sur la troisième catégorie de pays : le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur. Nous ne pouvons comprendre la politique de ces pays que si nous prenons en compte les très importantes mobilisations populaires qui jalonnent leur histoire récente. En Equateur, quatre présidents de droite ont été renvoyés à la maison entre 1997 et 2005 grâce à de grandes mobilisations de la population. En Bolivie, il y a eu une bataille importante contre la privatisation de l’eau en avril 2000 et à la fin de l’année 2004. Les mobilisations autour du gaz en octobre 2003 ont fait tomber et s’enfuir (vers les Etats-Unis) le président Gonzalo Sanchez de Lozada. Le Venezuela a connu dès 1989 d’importantes mobilisations qui inauguraient les grandes luttes sociales contre le Fonds monétaire international qui se sont développées à l’échelle planétaire dans les années 1990. Mais il y a encore eu plus spectaculaire avec les énormes mobilisations populaires du 12 avril 2002, manifestations spontanées de protestation contre le coup d’Etat pour renverser Hugo Chavez. Ces mobilisations ont eu directement pour effet le retour d’Hugo Chavez au palais présidentiel Miraflores le 13 avril 2002. Les grandes mobilisations populaires sont un facteur décisif dans l’existence et la survie des gouvernements au Venezuela, en Bolivie et en Equateur.

… et de l’adoption démocratique de constitutions nouvelles

Un deuxième point important est la révision de la Constitution. En 1999, durant le premier mandat de Hugo Chavez, une nouvelle Constitution démocratique a été adoptée par voie référendaire (elle avait été rédigée par une Assemblée constituante). Cette Constitution, toujours en vigueur aujourd’hui, a garanti davantage de droits culturels, économiques et sociaux à la majorité de la population. Elle a également instauré un mécanisme démocratique qui permet de révoquer à mi-mandat des élus à tous les niveaux (y compris le président de la République). L’adoption d’une nouvelle Constitution au Venezuela a inspiré ultérieurement les gouvernements de Bolivie et d’Equateur. La Bolivie a adopté une nouvelle Constitution en 2007 et, en Equateur, une Assemblée constituante élue en septembre 2007 est en train de rédiger un projet de nouvelle Constitution qui sera soumise à un référendum en septembre 2008. Ce sont effectivement des réformes profondes ! Ces changements politiques démocratiques en cours dans ces trois pays sont systématiquement passés sous silence dans la presse des pays les plus industrialisés et au-delà. Au contraire, une campagne de dénigrement est systématiquement orchestrée afin de présenter les chefs d’Etat de ces trois pays sous l’image repoussante de dirigeants populistes autoritaires.

Les expériences de ces trois pays andins, en terme d’adoption de nouvelles Constitutions, sont très riches. Elles devraient inspirer les peuples et les forces politiques des autres pays. Il suffit de comparer la situation en Europe avec l’absence de procédure démocratique en matière d’adoption du Traité constitutionnel. Bien sûr, les expériences en cours au Venezuela, de Bolivie et en Equateur sont aussi traversées par des contradictions et des limites importantes qu’il faut analyser. En Equateur, le processus de réforme en cours mobilise de larges couches de la population. Le président actuel, Rafael Correa, a été élu fin 2006 avec une grande majorité sans avoir un parti politique ou des parlementaires derrière lui. En dépit de la forte opposition de la droite et de tous les médias – en Equateur, il n’y a aucun canal public étatique de télévision et de radio –, Correa a gagné le referendum afin de convoquer une Assemblée constituante avec 82% des suffrages exprimés. Le mouvement politique que Correa a construit de manière improvisée dans le courant de 2007 a gagné plus de 70% des voix lors des élections à la Constituante. Si on y ajoute ses alliés, il bénéficie d’une majorité de plus de 80%. Il y a aujourd’hui en Equateur une Assemblée constituante à laquelle les mouvements sociaux sont invités de manière permanente, afin qu’on puisse mieux tenir compte de leurs propositions. De cette façon, la nouvelle Constitution pourrait être portée par une large majorité de la population. C’est donc un processus très ouvert et très intéressant. Nous connaîtrons le résultat final fin juillet quand le projet de nouvelle Constitution aura été adopté par l’Assemblée constituante afin d’être ensuite soumis aux électeurs fin septembre. Il est probable que le texte qui sera soumis aux suffrages sera critiquable sur plusieurs aspects (l’absence du concept de pluri-nationalité pour caractériser le pays –comme le demande les principales organisations indiennes-, l’absence du droit à l’avortement, l’absence d’interdiction des OGM).

En Bolivie, le processus de révision va de pair avec beaucoup plus de conflits. Le parti d’Evo Morales, le MAS, a bien gagné la majorité des parlementaires (55%), mais n’a pas la majorité des deux tiers. Cela complique la situation. Finalement, la nouvelle Constitution a été adoptée en décembre 2007 malgré les obstructions parfois violentes de la droite et des classes dominantes. Par la suite, la situation s’est polarisée à l’extrême à cause d’une mobilisation très agressive du camp réactionnaire. La droite est entrée en action avec une campagne raciste et la menace d’une séparation territoriale de la partie occidentale du pays où elle occupe une situation dominante. Cette agitation réactionnaire a réussi à empêcher jusqu’ici la tenue du referendum sur la nouvelle Constitution.

Retour au contrôle public sur les richesses naturelles

Un troisième point important : les gouvernements du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur ont pris des mesures pour renforcer le secteur public et obtenir un contrôle des ressources naturelles. Au Venezuela, l’Etat a pris le contrôle de la grande compagnie pétrolière (PDVSA) qui, bien que publique, favorisait les intérêts privés et déclarait la plupart de ses revenus aux Etats-Unis. Cela ne s’est pas fait sans bataille et sans heurts. La classe capitaliste a organisé un coup d’Etat en avril 2002 suivi d’un lock-out qui a paralysé l’entreprise en décembre 2002-janvier 2003. Le Produit intérieur brut du Venezuela s’est effondré dans les premiers mois de 2003, mais finalement le gouvernement a repris la situation en main avec le soutien de la majorité du peuple. L’année dernière, l’Etat vénézuélien a aussi pu prendre en main le contrôle d’un important champ de pétrole, la falla del orinoco. Au Venezuela, les deux tiers du pétrole sont produits par l’Etat et un tiers par les grandes compagnies pétrolières. Mais aujourd’hui, le pétrole est exploité dans le cadre de nouveaux contrats négociés, où l’Etat décroche plus de revenus que précédemment. Il faut y ajouter d’autres nationalisations : la production et la distribution électrique, les télécoms (CANTV), la sidérurgie (SIDOR qui compte 15.000 travailleurs), le secteur du ciment, des entreprises de production alimentaire. Sans oublier la réforme agraire qui vise à donner la terre à ceux qui la travaillent. La Bolivie a nationalisé le pétrole et la production de gaz en 2006. Evo Morales a envoyé l’armée pour contrôler les champs pétroliers, mais les multinationales restent actives car ce sont elles qui extraient le pétrole et le gaz. L’Etat est bien propriétaire des richesses naturelles, mais ce sont les grandes multinationales qui exploitent le pétrole et le gaz. D’où l’importance stratégique des accords entre le Venezuela et la Bolivie qui permettront à la Bolivie de renforcer une compagnie pétrolière publique pour exploiter et raffiner elle-même le pétrole et le gaz. La Bolivie n’a pas de raffinerie, l’Equateur n’en a pas assez. La Bolivie et l’Equateur exportent du pétrole et importent du combustible et d’autres produits raffinés. Ici aussi, l’importance d’accords stratégiques entre le Venezuela, l’Equateur et la Bolivie pour renforcer l’autonomie de ces deux derniers pays. Ce que le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur ont de commun avec la deuxième catégorie de pays (le Brésil, l’Uruguay, le Chili, l’Argentine), c’est une certaine politique de programmes d’assistance publique. Il ne s’agit pas de rejeter purement et simplement ces mesures, mais il faut absolument promouvoir la création des postes de travail, augmenter fortement les salaires, garantir davantage de droits sociaux et économiques pour les salariés, les paysans, les artisans, les vendeurs de rue, les retraités et autres allocataires sociaux. Le Venezuela et la Bolivie ont avancé dans cette direction mais il y a encore beaucoup de chemin à faire.

Equateur : Correa suspendra-t-il le paiement d’une partie de la dette ?

L’Equateur a pris une importante initiative concernant la dette publique. Rafael Correa a créé, en juillet 2007, la Commission d’audit intégral de la dette publique interne et externe (CAIC). C’est une commission composée de douze membres des mouvements sociaux et d’ONG d’Equateur, six membres de campagnes internationales pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde (je fais partie de cette commission en tant que représentant du CADTM) et quatre délégués de l’Etat (le Ministère des Finances, la Cour des Comptes, la Commission anti-corruption et le parquet général). Ce qui est intéressant, c’est qu’on ne parle pas ici de représentants de la société civile (ce qui inclut les associations patronales par exemple), mais bien de délégués des mouvements sociaux, comme le mouvement indigène (la CONAIE) et d’autres mouvements sociaux radicaux d’Equateur. L’idée de Correa et d’un secteur de son gouvernement est d’essayer de ne pas rembourser une partie importante de la dette publique. Si Correa réussit dans son intention, cela signifie une confrontation directe avec sa propre bourgeoisie nationale, parce que c’est la bourgeoisie équatorienne qui tire le plus grand profit du remboursement de la charge de la dette publique. Cela signifie également une confrontation avec les marchés financiers internationaux et avec la Banque mondiale. La droite du gouvernement et les grands groupes financiers, sans compter la Banque mondiale et les capitales des pays les plus industrialisés, exercent une forte pression pour convaincre le gouvernement de Correa de ne rien faire. Celui-ci devrait prendre une décision mi-juillet 2008 lorsque la CAIC remettra son rapport. Rien n’est garanti et il est possible que Correa décidera d’éviter l’affrontement.

Stratégie des Etats-Unis et des capitalistes locaux : confrontation et séparation

La stratégie des Etats-Unis et de la classe capitaliste locale est clairement axée sur la confrontation : le coup d’Etat contre Chavez en 2002, le lock-out patronal de décembre 2002-janvier 2003, la campagne des médias en Bolivie, en Equateur et au Venezuela contre le gouvernement. Mais le thème fondamental est une nouvelle stratégie de partage du pays. La classe capitaliste de Bolivie organise la séparation de la partie occidentale du pays. Ils appellent cela Media Luna avec Santa Cruz comme centre économique important. Les grands propriétaires terriens, les patrons d’entreprises d’exportation (notamment le soja transgénique) incitent la population à proclamer l’indépendance vis-à-vis de l’Etat national. Ils recourent à des actes racistes de manière régulière. Il faut dire clairement que la population de cette région riche ne constitue pas une nation qui aurait le droit à l’autodétermination. Le gouvernement répond à la droite qu’il est prêt à accorder une autonomie plus grande des régions mais pas la séparation, et dans ce cas-ci il a raison. En Equateur, le centre économique se trouve à Guayaquil sur la côte pacifique, tandis que Quito – qui est aussi importante économiquement – est la capitale politique située à 2800 mètres d’altitude dans la cordillère des Andes. La classe capitaliste de Guayaquil veut proclamer son indépendance sous la direction du maire local de droite. Au Venezuela, le gouverneur de l’Etat occidental de Zulia (qui a une frontière commune avec la Colombie) brandit la menace d’une séparation. Ceci constitue sans aucun doute une stratégie continentale consciente de Washington, qui essaie de soutenir la bourgeoisie capitaliste locale dans un processus de scission des pays qui vivent des expériences de gauche. Cela rappelle la politique de la Belgique, des Etats-Unis et d’autres puissances à l’égard de la province du Katanga en République démocratique du Congo. Rappelons-nous que les capitales occidentales avaient soutenu le séparatisme du Katanga contre le premier ministre Patrice Lumumba. Quand le dictateur pro occidental Mobutu a pris le pouvoir (après l’assassinat de Lumumba amené de force au Katanga et livré à ses pires ennemis), les grandes puissances ont abandonné le soutien aux séparatistes… Cela me semble un thème important, parce que certains au sein de la gauche considèrent ce partage des pays comme l’expression automatique du droit des peuples à l’autodétermination. Dans le cas de la Bolivie, c’est manifestement la réaction de la bourgeoisie capitaliste locale contre les droits de la majorité indienne de la nation. Par-dessus le marché, ils manient souvent un langage de droite raciste. Le maire de Santa Cruz, Percy Fernández, a déclaré le 9 décembre 2007 en commentant l’adoption par l’Assemblée constituante du projet de nouvelle Constitution : « Dans ce pays, bientôt, il faudra se peindre et se mettre des plumes pour exister ! » . Depuis lors, des ratonnades ont été organisées par ses partisans contre les Indiens qui constituent, faut-il le rappeler, la majorité de la population du pays et sont victimes depuis plus de cinq siècles de la domination exercée par l’Europe puis par ses descendants. La stratégie de Washington et de certaines capitales européennes comprend encore un autre aspect. Il s’agit du différend entre la multinationale ExxonMobil et la compagnie pétrolière nationalisée du Venezuela PDVSA, le différend entre Occidental Petroleum des Etats-Unis et PetroEcuador qui est une entreprise publique en Equateur, le conflit entre Telecom Italia et la Bolivie, etc. De grandes multinationales (sans oublier Petrobras du Brésil) s’opposent aux décisions des trois gouvernements de gauche de restaurer le contrôle public sur les richesses naturelles. Ces multinationales utilisent le tribunal de la Banque mondiale (le CIRDI, Centre international de règlement des différends liés à l’investissement) pour résoudre les différends concernant des investissements. Ils ont aussi recours à des tribunaux de commerce, comme le tribunal de commerce de Londres, d’Amsterdam ou de New York. Un conflit en matière de contrat risque d’éclater dans les mois qui viennent entre deux gouvernements latino-américains. En effet, le nouveau président du Paraguay qui prendra ses fonctions en août 2008, Fernando Lugo, a déclaré qu’il remettait en cause le contrat léonin imposé par le Brésil à son pays, du temps où les deux pays vivaient sous des dictatures militaires (le contrat Itaipu remonte à 1973). Effectivement, à l’heure où le prix de l’énergie augmente très fortement, le Brésil paie un prix ridicule pour l’électricité produite au Paraguay . Le Paraguay et le Brésil pèsent un poids économique totalement différent et le Paraguay a tout à fait raison s’il demande la révision du contrat ou son abrogation. Ce type de situation conflictuelle met en évidence la nécessité pour les pays d’Amérique latine de sortir du CIRDI, ce qu’a fait la Bolivie, et de créer un organisme latino-américain pour régler les litiges qui surgissent entre des Etats et des multinationales (qu’elles soient du Nord ou du Sud) ou qui opposent des Etats latino-américains les uns aux autres. Bien sûr, dans ce dernier cas, il faut d’abord chercher un accord bilatéral avant d’avoir recours à un organisme multilatéral.

Les Traités de commerce entre les peuples

En opposition aux traités de libre commerce que signent certains pays d’Amérique latine avec les Etats-Unis ou l’Union européenne, les nouveaux accords qui ont été passés entre les gouvernements du Venezuela, de la Bolivie et de Cuba méritent d’être soulignés. Citons par exemple les 20.000 médecins cubains qui vont travailler volontairement au Venezuela pour fournir une médecine gratuite, en priorité dans les quartiers pauvres, ou les 40.000 opérations de la cataracte ou d’autres problèmes de la vue dont ont bénéficié gratuitement des citoyens vénézuéliens dans des hôpitaux cubains. En échange, principalement sous forme de troc, le Venezuela fournit du pétrole à Cuba. Le même type d’accords s’applique entre le Venezuela et la Bolivie.

En conclusion, les expériences en cours dans ces pays sont très différentes de l’image caricaturale et négative qu’en donne la majorité des medias. Les processus en cours sont complexes et parfois contradictoires, des reflux sont possibles, même probables, les gouvernements n’iront peut-être pas assez loin dans les transformations politiques et sociales favorables au peuple. La déstabilisation orchestrée par les classes dominantes locales et Washington peut réussir à infléchir le processus en cours. Avec l’agression de la Colombie contre l’Equateur en mars 2002, on voit bien que Bogota et Washington sont prêts à utiliser l’arme de la guerre contre les régimes de Quito et de Caracas. Une des dimensions marquantes qui n’ont pas pu être abordées ici, c’est la faiblesse du contrôle des producteurs sur l’ensemble du processus de production (ce qu’on appelle, dans la tradition du mouvement ouvrier, le contrôle ouvrier et l’autogestion).

Source :  http://www.cadtm.org/spip.php?article3476

 

27/06/2008

Spécial Colombie

Des associations paysannes font appel à votre solidarité pour les protéger

Les médias ne parlent en général que des FARC. Oubliant de dire que le régime en place a déplacé quatre millions de paysans colombiens. Dont les terres sont convoitées par NOS multinationales.

A Bogota, fin juillet, le tribunal des peuples jugera Nestlé, Coca Cola, Anglo American, Repsol, Carrefour, Santander, Rio Tinto, etc.
Des délégations de paysans colombiens viennent de nous rendre visite en Europe. Elles vous invitent et font appel à votre solidarité pour les protéger. Voici pourquoi...

MICHEL COLLON & INVESTIG'ACTION

Teofilo Acuña - « Les multinationales minières chassent nos paysans de leurs terres »
Mais il n'y a pas que les sociétés minières : « Quand vous donnez de l'argent à Coca Cola, il faut savoir que les milices de cette société tuent des paysans. »
Vous êtes invités à rencontrer les associations paysannes et assister au Tribunal des peuples qui jugera les multinationales. Vous contribuerez à protéger ces paysans.

VIDEO DE VANESSA STOJILKOVIC:

http://fr.youtube.com/watch?v=FdzigiDBWPU

Edgar Páez - Nestlé : des parapoliciers suisses aux paramilitaires colombiens
En Suisse, Nestlé espionne attaque. En Colombie, elle pourchasse et tue des syndicalistes.

Paysans de Rio Cimitarra - « Uribe criminalise les associations paysannes »
Aidez à libérer Miguel et Andres

José Gregorio - Réservoirs pleins, assiettes vides
Un film qui lance le débat concret sur les agissements de nos multinationales

José Gregorio - Manger ou conduire ? Les agrocarburants déplacent des millions de Colombiens
"Partez, sinon nous traiterons avec vos veuves!" Signé Monsanto etc...


TROIS TEXTES DE REFERENCE POUR COMPRENDRE LA COLOMBIE :
François Houtart - N'oublions pas les quatre millions de personnes déplacées en Colombie
Le cofondateur du Forum Social Mondial a été enquêter sur place

Hernando Calvez Ospina - Portrait du président Uribe
Passé de drogue, présent de terreur, futur de guerre ?

Jean - Luc Melenchon - Bruit de bottes et rideau de fumée en Amérique latine
Ce que nos médias ne disent pas sur "notre ami"

Allez sur : www.michelcollon.info

16/06/2008

Pour la libération d’Elena Varela López (Chili)

Chili | 6.06.2008
Une documentariste emprisonnée depuis un mois : Reporters sans frontières écrit à la présidente Michelle Bachelet


A l’attention de
Madame Michelle Bachelet
Présidente de la République du Chili
Palais de la Moneda, Santiago
Madame la Présidente,

Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite attirer votre attention sur le sort d’Elena Varela López, détenue depuis le 7 mai 2008 et actuellement incarcérée à la prison de Rancagua. Cinéaste et productrice, Elena Varela est engagée depuis plus de trois ans dans un vaste projet documentaire - Newen Mapuche - consacré au peuple mapuche et à ses revendications territoriales, pour lequel elle a reçu des fonds d’instituts audiovisuels rattachés au ministère de la Culture.

Le 7 mai, Elena Varela López et cinq autres personnes, réputées pour leur ancienne appartenance au Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), ont été arrêtées pour leur participation présumée à deux hold-up commis en 2005 dans les localités de Loncoche et Machalí, ce dernier s’étant soldé par la mort de quatre personnes. Entre autres charges, les prévenus sont également soupçonnés d’avoir reçu un entraînement de la guérilla colombienne de l’Armée de libération nationale (ELN) dans le but de conduire les actions armées qui leur sont imputées. Leur inculpation leur a été formellement notifiée le 22 mai par la juge de Rancagua, Andrea Urbina. Les enquêteurs disent avoir mis la main sur du matériel de combat au domicile d’Elena Varela López, tenue pour la commanditaire de ces hold-up.

Il ne nous appartient pas d’influer sur le cours de la procédure. Certains aspects de cette affaire nous paraissent néanmoins troublants, à commencer par la confiscation du matériel utilisé ou enregistré par Elena Varela López dans le cadre de son travail documentaire. En quoi la rétention de ce matériel s’impose-t-elle dans une enquête portant sur des faits sans aucun rapport avec les activités de cinéaste de la prévenue ? Il est également permis de se demander comment une personne, accusée d’aussi lourdes charges et qu’on pouvait croire recherchée, a pu bénéficier d’une allocation financière de l’État pour réaliser un film. Enfin, Elena Varela López était localisée depuis trois ans en Araucanie. Son arrestation paraît bien tardive. Au Chili comme dans d’autres pays, nombreux sont ceux que son histoire a émus et mobilisés.

Reporters sans frontières note également que le thème, sensible, de la situation des Mapuches expose à des risques les journalistes ou documentaristes qui voudraient s’y consacrer. En 2004 et 2005, le directeur de la revue mapuche Azkintuwe, Pedro Cayuqueo Millaqueo, avait été arrêté à deux reprises, après avoir dénoncé les spoliations de terres dont il estime victime son peuple. Le 17 mars dernier, Christophe Cyril Harrison et Paul Rossj, deux documentaristes français, ont été brièvement détenus à Collipulli, accusés d’avoir provoqué un incendie qu’ils filmaient et d’”appartenir à l’ETA”. Le 3 mai, le scénario s’est répété pour deux cinéastes italiens, Giuseppe Gabriele et Dario Ioseffi, eux aussi qualifiés de “terroristes” avant d’être expulsés.

La question mapuche s’assimile-t-elle à un sujet tabou, synonyme d’entrave à la liberté de la presse ? Nous souhaitons que les journalistes, chiliens ou étrangers, obtiennent la garantie de travailler en toute sécurité en Araucanie. Nous souhaitons également que la justice apporte les éclaircissements nécessaires dans le dossier Elena Varela.

En vous remerciant de l’attention que vous porterez à cette lettre, je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de ma très haute considération.
Robert Ménard
Secrétaire général

      Reporters sans frontières défend les journalistes emprisonnés et la liberté de la presse dans le monde. L'organisation compte neuf sections nationales (Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, France, Italie, Suède et Suisse), des représentations à Bangkok, Londres, New York, Tokyo et Washington, et plus de 120 correspondants dans le monde.      

 © Reporters sans frontières 2008

Source : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=27350

 

Document - Chili. Intimidation / Harcèlement. Elena Varela López
ACTION URGENTE

DOCUMENT PUBLIC Index AI : AMR 22/001/2008 – ÉFAI
3 juin 2008

AU 154/08 Intimidation / Harcèlement

 

Chili Elena Varela López (f), réalisatrice de documentaires
La réalisatrice de documentaires Elena Varela López est détenue à la prison de Rancagua, une ville située au centre du Chili. Elle tourne actuellement un film pour lequel elle fait des recherches depuis quatre ans, consacré au conflit qui oppose les compagnies d'exploitation forestière et le peuple indigène mapuche du Chili au sujet de l'utilisation des terres. Amnesty International pense que les autorités l'ont arrêtée dans le but d'interrompre son enquête sur ce conflit et de l'intimider, de même que les Mapuches.

Elena Varela López a été arrêtée le 7 mai par des policiers à son domicile, dans la région de Novena, à environ 620 kilomètres au sud de son lieu de détention actuel. Elle a été inculpée d'« association illicite dans l'intention de commettre une infraction ».

La police a saisi plusieurs effets personnels à son domicile, notamment des cassettes vidéo, du matériel audio, des appareils photo, des téléphones portables et des costumes dont elle avait besoin pour tourner son documentaire. En outre, les agents qui l'ont arrêtée ont également saisi les recherches qu'elle avait effectuées, ainsi que des documents relatifs au financement du film par le Fonds national audiovisuel, un organisme gouvernemental.Amnesty International craint que ces informations ne soient utilisées par les forces de sécurité chiliennes afin d'intimider et de harceler les militants mapuches et les personnes qui ont contribué à ces recherches en apportant leur avis.

Depuis mars 2008, les autorités ont arrêté trois réalisateurs de documentaires qui ont dénoncé le conflit entre les compagnies d'exploitation forestière et les Mapuches.

INFORMATIONS GÉNÉRALES
La communauté mapuche est reconnue comme un des peuples indigènes du Chili, en vertu de la loi chilienne de 1993 sur les indigènes. D'après ce texte, ces peuples sont« les descendants de groupes humains présents sur le territoire national depuis l'époque précolombienne, qui conservent des caractéristiques ethniques et culturelles propres, la terre étant pour eux l'élément central qui fonde leur existence et leur culture ».

L'utilisation des terres est au cœur du conflit entre les Mapuches et le gouvernement chilien, qui dure depuis plus de dix ans. Dans un rapport soumis en 2003 à la suite de sa mission au Chili, le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales des populations autochtones a notamment recommandé qu'en plus de l'octroi des titres de propriété sur des terres privées, les territoires ancestraux des communautés indigènes comportant des ressources collectives soient restitués.

Amnesty International a signalé des mauvais traitements et des actes de harcèlement dont les Mapuches ont été victimes aux mains de la police chilienne et dénoncé publiquement le recours des autorités à la législation antiterroriste contre les membres de communautés indigènes qui luttent pour le respect de leurs droits humains et de leurs libertés fondamentales (voir par exemple l'AU 121/06, AMR 22/001/2006, 5 mai 2006). En mars 2008, le Comité des droits de l'homme des Nations unies s'est inquiété de l'utilisation de la législation antiterroriste contre des Mapuches ayant participé à des activités de revendication du droit à la terre des populations indigènes.Le 21 mai 2008, le Chili a été élu membre du Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour un mandat de trois ans. En tant que tel, cet État doit montrer sa volonté de respecter les droits humains, à la fois au plan international et au plan national, et de coopérer pleinement avec le Conseil.

ACTION RECOMMANDÉE : dans les appels que vous ferez parvenir le plus vite possible aux destinataires mentionnés ci-après (en espagnol ou dans votre propre langue) :
- déclarez-vous préoccupé par l'arrestation d'Elena Varela López, qui semble être une tentative visant à l'intimider, de même que les militants mapuches ;
- exhortez les autorités à assurer la sécurité de tous les militants mapuches et de toutes les personnes nommées sur les documents de recherche saisis par la police ;
- faites-leur remarquer l'inquiétude exprimée par le Comité des droits de l'homme des Nations unies au sujet de l'utilisation de la législation antiterroriste contre des membres de la communauté mapuche, et engagez le Chili, en tant que nouveau membre du Conseil des droits de l'homme, à respecter les droits humains de tous les citoyens.
APPELS À :
Présidente de la République :
Señora Presidenta de la República de Chile
Sra. Michelle Bachelet
Presidencia de la República
Palacio de la Moneda
Santiago, Chili
Fax : + 56 2 690 4958
Formule d'appel : Señora Presidenta de la República de Chile, / Madame la Présidente de la République,

Ministre de l'Intérieur :
Señor Ministro del Interior
Sr. Edmundo Pérez Yoma
Ministerio del Interior
Palacio de la Moneda
Santiago, Chili
Fax : + 56 2 699 2165
Formule d'appel : Señor Ministro, / Monsieur le Ministre,

Ministre de la Culture :
Señora Ministra Presidenta del Consejo Nacional de la Cultura y las Artes
Sra. Paulina Urrutia Fernández
Consejo Nacional de la Cultura y las Artes
Fray Camilo Henríquez 262,
Santiago, Chili
Fax : + 56 2 665 0803
Formule d'appel : Señora Ministra, / Madame la Ministre,

COPIES À :
Directeur national de la Corporation nationale de développement autochtone (CONADI) :
Señor Wilson Reyes Araya
Director Nacional de Corporación Nacional de Desarrollo Indígena- Conadi
Ahumada 48, piso 10
Santiago, Chili
Fax : + 56 2 6721879

ainsi qu'aux représentants diplomatiques du Chili dans votre pays.

PRIÈRE D'INTERVENIR IMMÉDIATEMENT. APRÈS LE 15 JUILLET 2008, VÉRIFIEZ AUPRÈS DE VOTRE SECTION S'IL FAUT ENCORE INTERVENIR. MERCI

source : http://www.amnesty.org/fr/library/asset/AMR22/001/2008/fr...

03/06/2008

Révolution bolivarienne bonne pour les petits pêcheurs

http://cbparis.over-blog.com/article-20113067.html

Reportage diffusé en février 2007 dans la magazine Thalassa

 

Racisme et violation des Droits de l’Homme à Sucre, en Bolivie

Selon l’usage en Bolivie, samedi 24 mai, la ville de Sucre s’apprêtait à commémorer le premier soulèvement contre l’Espagne coloniale – festivité civique à laquelle participe l’ensemble de la population. Ce qui aurait dû être une fête réunissant les citoyens afin de célébrer les luttes pour l’Indépendance s’est transformé en une journée de furie raciste. La violence qui s’est déchaînée à Sucre contre les paysans indiens n’a nullement ravivé la mémoire des batailles héroïques : ce sont plutôt les heures les plus sombres de l’époque coloniale qui ont paru d’actualité.

Les faits

Pour la célébration du ' Cri libérateur ', le Président de la République de Bolivie, Evo Morales, devait venir à Sucre remettre aux délégations paysannes, réunies dans le stade Patria, des fonds destinés à financer des projets de développement ainsi que l’achat d’ambulances. La nuit précédente, des groupes organisés, notamment étudiants, armés de pétards et de dynamite, occupèrent le quartier du stade, décidés à empêcher l’événement. A l’origine de cette initiative se trouve le soi-disant ' Comité Interinstitutionnel ' qui prétend tracer l’avenir

politique de la cité – sans jouir de la moindre représentativité populaire ni de la moindre autorité départementale. Ce Comité est animé par le Recteur de l’Université San Francisco Javier de Chuquisaca, par diverses personnalités universitaires ou de la mairie, par un groupement dénommé ' Comité Civico ', et par la fédération patronale du département. Tout cela en étroite collaboration avec les leaders de l’opposition du Département de Santa Cruz.

En raison du climat de violence instauré depuis la veille, le rendez-vous prévu avec Evo Morales est annulé.

Quand se présentent les paysans venus des campagnes alentour, accompagnés de leurs représentants traditionnels – tel le maire de Mojocoya –, ces membres des communautés indiennes, hommes, femmes et enfants, sont attendus aux entrées de la ville et s’y trouvent bloqués. On leur jette des pierres, on les frappe, et même les femmes et les enfants qui gisent à terre sont roués de coups de pied. Autour de Sucre, et dans divers quartiers, des événements d’une extrême violence se produisent : des indigènes sont insultés, poursuivis, volés et contraints de se réfugier dans des maisons qui sont ensuite saccagées.

Cinquante cinq paysans sont pris en otage et obligés à se mettre torse nu et à marcher mains attachées. Parvenus sur la place principale de Sucre, on les humilie sans que le public proteste, on leur ordonne de faire le tour de la place. Devant le siège des autorités (la Casa de la Libertad), on les force à se mettre à genoux, à embrasser le sol tandis que sont brûlés leurs drapeaux, leurs insignes et leurs vêtements traditionnels. Des groupes de jeunes isolés prennent en otages d’autres paysans, les enferment, les maltraitent, les frappent en leur imposant d’absorber des excréments de poulets.

On dénombre plus de cinquante blessés ; la presque totalité sont des paysans indigènes dont plusieurs sont dans un état grave. Des médecins de l’hôpital Santa Barbara et de l’hôpital universitaire ont refusé de prodiguer des soins à certains d’entre eux.

Ces événements inacceptables, reconstitués à partir de nombreux témoignages de paysans, de témoins oculaires et d’articles de la presse locale (El Correo del Sur du 25 mai 2008), pourraient être interprétés comme la conséquence du climat d’affrontement politique que connaît actuellement la Bolivie. En fait, ils trouvent leurs origines dans le resurgissement d’un profond racisme anti-indigène comme le montrent des appels ' à tuer les Indiens ', ' à empêcher qu’ils entrent dans la ville ', ' à les traiter comme des animaux '. Ces incitations visent à persécuter, dévaloriser et exclure des citoyens boliviens, non seulement à cause de leur extrême pauvreté, mais aussi de leurs origines ethniques.

Refuser l’inacceptable

Nous appelons donc l’opinion internationale à la plus grande vigilance. Et à empêcher que le climat politique ne débouche sur un racisme institutionnalisé, largement accepté par l’opinion publique bolivienne, dans les rues de Sucre et ailleurs.

Nous demandons instamment aux autorités de Sucre de ne pas considérer les paysans indiens comme des citoyens de seconde catégorie : ils ont le droit d’exprimer leurs opinions politiques dans tout espace public, et d’appuyer, s’ils le souhaitent, un Président de la République démocratiquement élu. Le rôle des autorités est précisément de faire respecter ce droit inaliénable.

Rosalia Martinez,

Ethnomusicologue, Université Paris 8, CNRS, France

Tristan Platt,

Anthropologue et historien, Professeur à l’Université St Andrews, Écosse

Gilles Rivière,

Anthropologue, CERMA-EHESS, Paris, spécialistes des cultures andines et de la Bolivie


'Asociación 'América Latina Publicaciones'
       'El Chasqui de América Latina'
                Ed. electrónica.
      Association loi 1901 – France
http://membres.lycos.fr/asocamerlat/index.html

 voir aussi : http://youtube.com/watch?v=5RXUkPrYHcE&feature=related


 

10/04/2008

Urgence pour Melissa Patiño, Pérou

Melissa Patiño accusée de « terrorisme » pour le « péché » de Poésie

Demande urgente de signatures pour sa liberté
(En bas, lettre au Président du Pérou et signatures)
 
La poète Melissa Patiño Hinostroza (20 ans) a été arrêtée et accusée de « terrorisme »
au Pérou.
Son « péché » : avoir participé en tant que promoteur culturel à une rencontre politique de Coordinatrice Continentale Bolivarienne, qui a eu lieu à Quito, Équateur.
Elle appartient au groupe culturel « Cercle du Sud », dont la tâche est d'organiser récitals de poésie à Lima. Melissa prend part aussi à la production d'une émission de radio ; Elle étudie à l'Université.
Son « péché » : être poète, aimer la vie, aimer autrui, aimer un monde juste.
Melissa fut arrêtée par la police péruvienne, lors de son retour au Pérou. La télévision l'a montré ainsi qu'une « terroriste » qui « voulait saboter les sommets de chefs d'État que prépare le Pérou »
Le Président du Pérou, Alan García, ne fait rien d'autre qu'être à genoux face à George W. Bush et sa politique perverse du « terrorisme préventif ».
Melissa est poète, innocente de toute innocence. Elle n'a pas même fait acte de militantisme. 
Elle écrit.
Amis, la vie de Melissa est en sérieux danger !
Il faut agir sur-le-champ.

http://fr.search.yahoo.com/search?p=Melissa+Pati%C3%B1o&ei=UTF-8&fr=moz2
 
Le P.E.N. Club du Pérou, toutes les personnes concernées par les droits de l'homme et ce, d'où qu'ils soient, de même que la famille Patiño, essayent d'aider  notre poète.
Mais elle a besoin de nous ! L'aide internationale est indispensable.
Je vous prie de bien vouloir signer cette lettre aussi vite que possible.
Pour adhérer à la liberté de Melissa Patiño, emprisonnée par le Régime du Pérou, vous devez me faire parvenir un mail à :
 
castello.cristina@gmail.com en complétant les données suivantes :
Prénom, Nom
Activité
Ville
Pays
 
Merci,
Cristina Castello
http://www.cristinacastello.com
-------------------------------------------
Lima, Perú,  2 abril del 2008

Docteur
ALAN GARCÍA PEREZ,
Président constitutionnel de la République du Pérou,
 
Affaire : Nous demandons la liberté immédiate de Melissa Patiño Hinostroza, emprisonnée injustement dans le pénitencier de Sainte Mónica.
De par notre plus grande considération, Monsieur le Président :
Il est très probable qu'étant donné vos multiples tâches et préoccupations en tant que dirigeant, l'affaire qui motive la présente lettre ne soit pas arrivée à votre connaissance, jusqu'à présent, et, peut-être est-ce pour cela aussi, que vous n'y aurez pas accordé plus de signification ou d'importance que cette situation impose.
 Pour nous, Monsieur le Président, elle est d'une urgence suprême. C'est pour cette raison qu'avec tout le respect que nous vous portons, nous nous permettons de nous adresser à vous.
 
Une jeune femme, âgée d’à peine vingt ans, étudiante d'administration de l'Université Nationale, la plus grande de San Cadre, membre d'un groupe culturel qui, entre autres activités, organise des récitals dans le cône sud Lima, et, pour excédent de « malheurs », poète ;
C'était il y a quelques semaines, arrêtée et, aujourd'hui, elle se trouve internée dans ce centre pénitentiaire de sûreté maximale (la Sainte Mónica de Chorrillos), non comme s'il s'agissait d'une délinquante commune, qu'elle n'est seulement pas, mais sous le soupçon infâme d'une chose totalement étrangère à elle, celui de « terroriste » !
Son « péché » : avoir assisté à une activité publique et légitime effectuée dans le voisin pays de l'Équateur.
. Pour avoir dans une représentation de son cercle culturel, en remplaçant — à la dernière heure — le directeur du programme radial qu'elle transmet dans son quartier.
Son délit : être revenu dans un véhicule de transport public, dans lequel voyageaient aussi des personnes auxquelles les policiers « attribuent des liens avec un groupe subversif ». La situation de la poète Melissa est kafkaïenne, c'est-à-dire absurde, insolite, injuste, ironique.
 
Non seulement nous préoccupe ce fait, Monsieur le Président, mais plus encore, il nous répugne.
Melissa Patiño Hinostroza (on appelle ainsi l'étudiant, presque adolescente encore, qui pourrait être une de ses filles), nous allons le dire avec clarté :
Elle n'est pas impliquée dans quelque chose qui pourrait engendrer un souci et, plus encore, un danger pour l'état. Est-ce un impair blâmable et réprouvable : elle étudie, écrit, favorise culture et rêve.
Rien de plus. Tout ceci est-il estimé comme dangereux Monsieur le Président ?
Nous ne considérons pas raisonnable et encore moins admissible que dans un pays démocratique et civilisé l'exercice de ce qui serait persécution mue par une sorte de paranoïa, puisse acquérir un droit de citoyenneté et de légitimité.
 
Ce qui arrive à Melissa nous blesse comme poètes, artistes, intellectuels, professionnels, êtres pensants et critiques. Cette situation nous frappe comme des Péruviens, comme personnes. Nous sentons et sommes sûrs qu'il s'agit d'un attentat flagrant des droits de l'homme. Mais, de plus, nous comprenons qu'elle fait mal à la dignité des créateurs, qui pensent, à ce dont ils rêvent ; qu’ils aspirent à un meilleur monde pour tous.
 
Par cette raison, Monsieur le Président, nous osons exprimer ici notre solidarité absolue avec cette jeune poète, étudiante et promotrice culturelle Melissa Patiño Hinostroza, injustement enfermée dans une prison de notre pays. Non seulement par le droit que les lois peuvent nous octroyer, nous le faisons par la faculté et l'arbitre que le sens commun et l'intelligence nous prodiguent.
 
Il faut lui s'engager sur notre patrie, monsieur le Président - nous l'invoquons respectueusement — Une raison de plus pour penser qu'il y a encore de l'espoir ; que des erreurs soient commises, mais qu'à temps puisse s'appliquer l'équité ; que la raison, que le bon jugement régit l'exercice du pouvoir sans les émouvoir. Convenons, Monsieur le Président, que la liberté est sacrée et que la jeunesse — de Melissa Patiño et de tous — nous inspire de bons sentiments et non de la perversion.
Que ce mois, qui est celui des Lettres, soit aussi celui de l'intelligence, de la beauté et la liberté.
 
Nous sollicitons de votre part, de mettre une attention à ce cas, qu’il n'est ni minuscule ni peu important. Et, s'il vous plaît, indiquez à ceux avec qui elle communique, que les autorités et les fonctionnaires qui ont à voir avec le sujet de sa liberté, évalueront au plus tôt avec pondération, lucidité, justice et célérité, la situation du poète citée. Et que sans perte de temps, soit ordonnée sa libération, qui la délivre, parce que c'est son droit et qu'elle ne mérite pas ce déshonneur traumatique.
 
 
Le plus grave délit est d'avoir retiré la liberté à Melissa Patiño Hinostroza, une jeune poète une Péruvienne, une citoyenne de notre patrie.
 
Une geôlière tend des clefs innombrables, / si tu étais ici,
si tu voyais même/ quelle heure ce sont ces quatre murs. / Avec celles-ci nous serions avec celui-là, les deux, / plus deux que jamais. Et ni tu ne pleureras, / dis, libératrice !  (César Vallejo).
 

06/11/2007

Cyber @ction 230 : GUATEMALA: RETOUR DES ESCADRONS DE LA MORT

Près de onze ans après la signature des accords de paix entre le 
gouvernement et la guérilla, le Guatemala continue de connaître une 
violence propre à un pays en guerre. Une réalité où les droits 
humains, économiques, sociaux et culturels sont constamment violés, 
où le niveau de pauvreté croît de manière inquiétante, résultat du 
Traité de libre commerce et de la concentration extrême du pouvoir 
économique. Durant les trois dernières années du mandat présidentiel 
d’Oscar Berger, on a dénombré 629 agressions contre des défenseurs 
des droits humains. Un chiffre qui place le pays en seconde position, 
juste après la Colombie, dans le triste palmarès des attaques contre 
les militants des droits de l’Homme et les syndicalistes (1). Au 
cours de la récente campagne électorale, on a dénombré pas moins de 
21 homicides. Et voici que maintenant le spectre des escadrons de la 
mort réapparaît avec l’assassinat d’un syndicaliste.

Le 23 septembre 2007, à 5 h 45, Marco Tulio Ramirez Portela quitte 
son domicile pour se rendre à son travail. Sa petite maison est 
située à l’intérieur même de la plantation Yuma, appartenant à 
Bandegua, fournisseur de la multinationale Del Monte. Sous les yeux 
de sa femme, Marco Tulio est froidement abattu par plusieurs hommes 
masqués et lourdement armés. L’ouvrier de la banane était aussi 
secrétaire des sports et de la culture du Syndicat des travailleurs 
de la banane d’Izabal, au Guatemala (SITRABI(2)), qui défend les 
travailleurs des plantations travaillant pour Del Monte. Son frère, 
Noé Antonio Ramirez Portela est l’actuel secrétaire général du 
syndicat. Il ne fait aucun doute que ce sont là les raisons de cet 
assassinat.

A plusieurs reprises, Marco Tulio avait été menacé de perdre son 
emploi, accusé de saboter la production et d’inciter les autres 
ouvriers à cesser illégalement le travail ou se mettre en grève.
Le meurtre du syndicaliste s’inscrit dans la droite ligne d’une 
escalade des violences et d’une impunité institutionnelle au Guatemala.

De plus en plus de menaces

Le 20 juillet 2007, déjà, entre 20 h et 23 h, cinq soldats en 
uniforme avaient effectué une descente au siège du SITRABI et avaient 
interrogé les deux militants présents pour recueillir les noms des 
dirigeants, le nombre des adhérents, les heures de réunions et toute 
une série d’informations de caractère privé. Le numéro 
d’immatriculation de la camionnette qui avait servi à leur transport 
avait pu être noté et un des protagonistes de cette affaire était 
reconnaissable par la casquette qu’il arborait. Les militaires, se 
réfugiant derrière leur statut particulier, avaient refusé de 
décliner leur identité. Le syndicat avait vivement réagi et, au cours 
d’un rendez-vous, enfin obtenu au mois de septembre, le ministre de 
la Défense s’était engagé à mener une enquête interne.

Ces intimidations ne sont pas nouvelles. Le 13 octobre 1999(3), un 
groupe d’hommes armés avait contraint les dirigeants du syndicat à 
renoncer à leur mandat et à leur travail. Poursuivis en justice, les 
hommes de main avaient été condamnés à trois ans et demi de prison, 
mais les dirigeants syndicaux avaient été contraints à l’exil.

Au cours de l’année 2000, les membres du comité exécutif du SITRABI 
reçurent régulièrement des menaces de mort par téléphone. Malgré les 
plaintes déposées auprès du ministère public et de la section 
spéciale chargée des crimes contre les journalistes et syndicalistes, 
aucune suite ne fut donnée, faute de preuves.

Le 26 novembre 2006, vers 20 h 30, Cesar Humberto López, membre du 
comité exécutif, au volant d’un véhicule du syndicat, fut intercepté 
par des hommes armés qui le menacèrent et firent éclater le pare-
brise à coups de pierres. Aucune suite juridique ne fut donnée à 
cette affaire.

Retrouver les assassins, et les commanditaires

L’assassinat de Marco Tulio rappelle le style des tristement célèbres 
“escadrons de la mort” qui ont marqué l’histoire du Guatemala dans un 
passé récent (cf. En savoir plus). Pourtant, il n’est pas possible 
que les assassins n’aient pas été repérés, d’une manière ou d’une autre.

Les faits se sont déroulés au sein d’une propriété surveillée dont 
les entrées et les sorties sont strictement contrôlées par une police 
privée (4). Un laissez-passer est exigé pour toute entrée de véhicule 
dans l’enceinte de l’exploitation. Et les agents de sécurité 
renouvellent un contrôle à la sortie. En outre des rondes régulières 
sont effectuées autour des bâtiments.

Aujourd’hui, les provocations continuent. Le 28 septembre 2007, entre 
20 h et 23 h des motocyclistes masqués et armés de fusils AK47 ont 
circulé entre les habitations de la plantation de Bandegua et menacé 
les responsables syndicaux et leurs familles. Régulièrement, la nuit, 
des véhicules pénètrent dans la propriété et font ainsi régner 
l’insécurité.

Face à cette situation, qui rappelle à tous les heures les plus 
sombres qu’ait connu le Guatemala, le mouvement syndical 
international, et particulièrement les syndicats latino-américains, 
se mobilisent pour protéger les militants du SITRABI et inciter les 
autorités à intervenir pour que justice soit faite.

Les syndicats de l’industrie bananière, regroupés au sein de COLSIBA 
(5), ont alerté leurs homologues et la coordination Euroban pour 
qu’il relaient cette mobilisation.

(1) Selon le rapport annuel commun de l’OMCT et de la FIDH
(2) Sindicato de Trabajadores Bananeros de Izabal
(3) Appel n°213 du 4 novembre 1999 Guatemala : retour de la terreur
(4) C’est la société SERPROP, une société privée qui fournit les 
vigiles pour la plantation de Bandegua.
(5) COLSIBA est la coordination latino-américaine des syndicats de la 
banane

Alain Uguen Association Cyber @cteurs

COMMENT AGIR ?

Sur le site
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http://www.cyberacteurs.org/actions/lettre.php?id=175

Par courrier électronique
C'EST FACILE : A VOUS DE SUIVRE LES 6 ETAPES SUIVANTES :

1- Copiez LE TEXTE À ENVOYER ci-dessous entre les ############
2- Ouvrez un nouveau message et collez le texte
3- Signez le : prénom, nom, adresse, ville
4- Rajouter l'objet de votre  choix : non aux escadrons de la mort
5- Adressez votre message aux  adresses suivantes :
mgarcia@presidencia.gob.gt
cyberacteurs@wanadoo.fr


Cliquer ici :
<mailto:cyberacteurs@wanadoo.fr;mgarcia@presidencia.gob.gt>
ou ici selon votre logiciel de messagerie
<mailto:cyberacteurs@wanadoo.fr,mgarcia@presidencia.gob.gt>

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6- Envoyez le message

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Par cette action, vous ferez connaître votre opinion au Président du 
Guatemala et à Cyber @cteurs pour nous permettre d'évaluer l'impact 
de cette action.


############

Prénom, Nom
Profession :
Adresse :
code postal Localité :

Presidente de la Republica de Guatemala
Licenciado Oscar Berger Perdomo
Casa Presidential
6a. Avenida, 4-18 zona 1
Ciudad de Guatemala
Guatemala

Señor Presidente,

Me he enterado por la asociación Pueblos Solidarios (Francia) del 
asesinato del sindicalista Marco Tulio Ramírez Portela, secretario de 
Cultura y Deportes del Sindicato de Trabajadores Bananeros de Izabal 
(SITRABI), el 23 de septiembre del 2007, por varios hombres 
enmascarados y armados, sobre la propriedad de la Compañía de 
Desarrollo Bananero de Guatemala (BANDEGUA), subsidiaria de la 
multinacional Del Monte Fresh, una de las más grandes productoras y 
distribuidoras de frutas.

Estoy sumamente indignado(a) por este intolerable atentado a la vida 
de un militante sindical pacífico, y exhorto a las autoridades de su 
país a:
- organizar inmediatamente una investigación imparcial e 
independiente sobre el asesinato de Marco Tulio Ramirez Portela ;
- garantizar que los responsables de este crimen, asi como las 
personas que lo ordenaron, sean rapidamente identificados, arrestados 
y debidamente juzgados ;
- tomar las medidas necesarias para poner fin a la impunidad que 
ampara las prácticas de terror de escuadrones de la muerte contra 
sindicalistas o defensores de los derechos humanos.

Atentamente,


############

Traduction de la lettre de protestation:

J'ai été informé(e) par l'association Peuples Solidaires (France) de 
l'assassinat du syndicaliste Marco Tulio Ramírez Portela, secrétaire 
de la culture et des sports du Syndicat des travailleurs de la banane 
d'Izabal, au Guatemala (SITRABI), le 23 septembre 2007, par plusieurs 
hommes masqués et armés, sur la propriété de la Société de 
développement de la banane du Guatemala (BANDEGUA).

Je suis extrêmement indigné(e) par cette intolérable atteinte à la 
vie d'un militant syndical pacifique, et j'exhorte les autorités de 
votre pays à :
- mener immédiatement une enquête impartiale et indépendante sur 
l'assassinat de Marco Tulio Ramirez Portela ;
- garantir que les responsables de ce crime, ainsi que leurs 
commanditaires, soient rapidement identifiés, arrêtés et adéquatement 
jugés;
– prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à l'impunité qui 
protège les escadrons de la mort dans leurs pratiques de terreur 
envers des syndicalistes ou des défenseurs des droits de l'Homme.

Vous pouvez accéder à cet Appel, le voir en version "pdf" en allant 
sur notre site à l'adresse :
http://www.peuples-solidaires.org/IMG/pdf/APPEL311_PDF.pdf

Vous pouvez télécharger directement la lettre à envoyer en cliquant 
sur le lien ci-dessous :
http://www.peuples-solidaires.org/IMG/rtf/LETTRES_311.rtf

Vous pouvez aussi recopier manuellement ou faire un copier/coller du 
texte de la lettre situé à la fin de ce message, en l’adaptant à 
votre style.

ECRIVEZ!

Par lettre : téléchargez le modèle  ou recopiez-le en l’adaptant à 
votre style.
Envoyez au destinataire, sans oublier d’inscrire vos coordonnées et 
de signer.
Timbre : 0,85 €
Coupon partenaire : pour que le SITRABI ait un aperçu concret des 
soutiens sur lesquels il peut s’appuyer, retournez-nous votre coupon !
E-mail : mgarcia@presidencia.gob.gt  - Cc : sitrabi@itelgua.com
Délai de réaction : dès réception, et jusqu’au 10 décembre 2007.


POUR EN SAVOIR PLUS

Le triste souvenir des escadrons de la mort

De nombreux gouvernements latino-américains se sont livrés aux 
sombres pratiques des "disparitions" et des "escadrons de la mort", 
le Guatemala n’échappe pas à cette réalité. Les escadrons de la mort 
guatémaltèques sont nés au milieu des années 60. Dans les années 80, 
l’armée guatémaltèque accentua le massacre des dissidents politiques 
et leurs supposés sympathisants à un niveau sans précédent. La 
Commission interaméricaine pour les droits de l’Homme publia un 
rapport le 15 octobre 1981, accusant le gouvernement guatémaltèque de 
"milliers d’exécutions sommaires."

Appel en lien avec:

- Euroban (European Banana Action Network): Peuples Solidaires 
participe à ce collectif d’associations et de syndicats des pays 
européens qui oeuvre en faveur d’une économie durable de la banane et 
de l’amélioration des conditions de vie des petits producteurs et des 
travailleurs des plantations. Au sein d’Euroban, Peuples Solidaires 
soutient les organisations de travailleurs et sensibilise les 
consommateurs français.

- L’Union des travailleurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire et 
de l’hotellerie du monde entier (UITA) : www.iuf.org