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29/10/2007

Aucune loi camisole ne m'en dissuadera

M'est étranger l'égoïste salopard qui refoule l'affamé loin de sa table, l'assoiffé loin de son puits, la « misère du monde » loin de son confort (construit en bonne partie grâce à elle !).

M'est étranger l'homme qui est capable, pour servir ce qu'il estime être son intérêt, de traiter des humains comme du bétail, comme des outils, comme des marchandises (jetables après usage ou pour malfaçon).

M'est étranger celui qui par calcul économique ou stratégie politique parque l'humain, l'enferme, l'enchaîne, et le rejette vers un sort cruel, vers la misère, l'humiliation, la peur, la douleur, la mort.

M'est étranger celui qui sert, comme une machine, cette politique ; celui qui « administre », recueille les renseignements, classifie, fiche, tamponne (et s'en tamponne), arrête, menotte, cogne, expulse,
« sans état d'âme ».

M'est étranger celui qui, pour soutenir cette politique, mise sur les peurs et l'ignorance, la jalousie et la lâcheté ; celui qui excite à la haine contre des humains ayant une peau, une langue, des manières de vivre différentes.

M'est étranger celui qui invente et propage les mensonges qui alimentent cette haine.

Me sont étrangers les hypocrites roublards et lâches faux-culs qui justifient leur refus de combattre cette saloperie par quelque « raison » qu'ils auraient trouvée cachée dans son fumier.

Les seules frontières que je reconnaisse nécessaires sont celles qui protègent l'humain du requin et de la hyène portant masque d'homme, du vautour et du robot, de l'exploiteur et du salaud.

Ces frontières, je suis déterminé à les défendre fermement, en repoussant les assauts contre elles de ces barbares étrangers là.

Aucune loi camisole ne m'en dissuadera.

Gérard De Mai 18 octobre 2007.
Édité par La barricade solitaire.
Publié le 20 octobre 2007 par e-torpedo.net.

Lieu du larcin :
http://www.sistoeurs.net/ss/article.php3?id_article=358

23/10/2007

ça passe !

Nos utopies sont calibrées
Dans le format réglementaire
Un soupçon de métaphysique

Pour la digestion des couleuvres
Et ça fonctionne, on applaudit
À sa propre humiliatition

Que faire et que penser ? C'est simple
Tout est écrit dans le lexique
Il serait vain d'improviser

Les nouveaux kits du bonheur et
De la réflexion profonde
Sont en vente dès maintenant

Et nos neurones sont soldées
Leur utilité est douteuse
Certes, mais en bruit de fond, ça passe !

***

Pascal Perrot in Les nouveaux kits du bonheur

Lieu du larcin : http://insurrectionpoetique.mabulle.com/

22/10/2007

Le flic est (aussi) dans nos têtes

« Le contrôle de la morale et de la logique nous ont infligé l’impassibilité
devant les agents de police — cause de l’esclavage. »

(Tristan Tzara, Manifeste Dada 1918)

J’habite en Amérique du Nord — au Québec, pour être plus précise — un endroit de la planète où les anarchistes se font rares. Mais, la chance aidant, il m’arrive d’en rencontrer et je suis chaque fois surprise de constater à quel point les anars conçoivent l’anarchie comme un principe moral. Certains vont jusqu’à considérer l’anarchie comme une sorte de déité à qui ils ont consacré leur existence — confirmant de ce fait mon sentiment que ceux qui veulent réellement expérimenter l’anarchie doivent se dissocier autant qu’ils le peuvent de l’anarchisme.

Par exemple, je connais un gentil anar, tout ce qu’il y a de plus anticonformiste, qui m’a déjà dit sans même tiquer que pour lui, l’anarchie est « le refus par principe d’user de la force pour imposer sa volonté aux autres ». Ceci implique que la domination n’est finalement rien d’autre qu’une question de décisions morales individuelles plutôt qu’une question de relations et de rôles sociaux. Ce qui revient à dire que nous sommes tous en position égale d’exercer notre domination sur les autres et que nous devons tous et chacun nous plier à une stricte autodiscipline pour éviter de le faire. Au contraire, si nous admettons que la domination est une question de relations et de rôles sociaux, ce principe moral devient parfaitement absurde, un moyen de distinguer les élus des damnés. Pis encore, cette définition morale de l’anarchie place les anars dans une position de faiblesse désespérée, les désarme littéralement dans une lutte déjà inégale contre l’autorité. Toutes les formes de violence contre les individus et la propriété — les grèves générales, le vol à l’étalage et même des activités aussi bénignes que la désobéissance civile — constituent des moyens d’user de la force pour imposer sa volonté aux autres. Refuser d’user de la force pour imposer sa volonté, c’est accepter de devenir complètement passif ; c’est accepter de devenir un esclave.

Si l’anarchie signifie de s’imposer une règle de conduite stricte pour contrôler sa propre vie, dans ce cas l’anarchie est une antilogie sans intérêt.

L’anarchie n’est pas un principe moral mais une situation, un état d’existence où l’autorité n’existe pas et le pouvoir de contrôler est éliminé. Une telle situation ne garantit rien — même pas sa propre pérennité — mais offre la possibilité à chacune d’entre nous de créer notre propre vie en accord avec nos propres désirs et nos propres passions plutôt que de se conformer aux exigences identitaires et comportementales de l’ordre social. L’anarchie n’est pas le but de la révolution ; c’est la situation qui rend le seul genre de révolution qui m’intéresse possible, un soulèvement d’individus voulant créer leur vie pour eux-mêmes et détruisant tout ce qui fait obstacle à ce processus. C’est une situation hors du champ de l’éthique, une situation qui nous présente le défi amoral de vivre sans contraintes.

Puisque l’anarchie est par définition amorale, l’idée kropotkinienne de morale anarchiste m’est hautement suspecte. La morale est un système de normes et de valeurs qui sert à départager le bien du mal. Elle implique l’existence d’un absolu qui doit régler leur existence et leurs comportements. Que la morale soit religieuse, kantienne ou utilitariste, qu’elle soit celle de Rawls, de Nozick, de Jonas ou de Taylor, elle se situe toujours à l’extérieur et au-dessus des individus. Dieu, la Patrie, l’Humanité, la Prospérité, le Bien commun, la Justice, l’Environnement, l’Anarchie et même l’Individu (comme principe) sont toujours des abstractions — Stirner dirait des fantômes — des idées générales en tant qu’elles se présentent comme des réalités à part entière, comme des réalités supérieures à l’individu. Or, les idées ne sont que des produits de la faculté d’abstraction et de généralisation de l’être humain. Elles sont donc ses propres créatures et, par le fait même, inférieures à leur créateur. Le drame, c’est qu’une fois que ces idées sont constituées, elles sont détachées artificiellement de leur auteur qui les place au-dessus de lui. C’est la séparation entre le fantôme et l’individu qui donne son sens à ce que l’on nomme le sacré (sacer en latin, qui signifier « coupé, séparé »). Est sacré tout ce qui est séparé de l’individu et placé au-dessus de lui. Si les idées sont miennes, je peux me battre pour les défendre. Mais en me battant pour elles, c’est en réalité pour moi-même que je me bats, pour ce qui m’appartient et non pas pour une cause extérieure à moi, un principe moral auquel je dois me sacrifier.

Moralité et jugement sont indissociables. La critique — même acerbe, même virulente — est essentielle à l’élaboration et à la rectification de notre analyse et notre pratique rebelle, mais le jugement doit être absolument éradiqué. Le jugement de valeur classe les individus en deux catégories : coupable et non coupable. Or, la culpabilité est une des armes les plus puissantes de la répression. Lorsque nous jugeons et nous condamnons les autres et nous-mêmes, nous agissons pour supprimer la révolte — ce qui est exactement le rôle de la culpabilité. Évidemment, cela ne signifie pas que nous ne devrions pas détester ou même souhaiter la mort de quiconque. Cela veut plutôt dire que nous devons reconnaître ces sentiments comme une passion personnelle et non un élan moral. La critique radicale naît des expériences réelles, des activités, des passions et des désirs des individus et a pour objectif de libérer l’esprit de révolte. Le jugement provient quant à lui de principes et d’idéaux situés à l’extérieur de nous-mêmes ; son objectif est de nous enchaîner à ces idéaux. Chaque fois que des espaces et des moments anarchiques ont pu exister, le jugement a eu tendance à disparaître temporairement, libérant ainsi les gens de la culpabilité, comme lors de certaines émeutes où des gens qui toute leur vie ont appris et intériorisé le caractère sacré de la propriété se mettent à piller joyeusement. La morale a besoin de la culpabilité ; la liberté exige son élimination.

Mais ce n’est pas tout. La morale est aussi une source de passivité. Au cours de ma trop courte vie, j’ai pu étudier plusieurs situations anarchiques à grande échelle et même vivre personnellement quelques petites bribes limitées et fugaces d’anarchie. Chaque fois, l’énergie finit par se dissiper et la plupart des participants retournent à la non-vie qui était la leur avec l’insurrection. Ces événements montrent que, malgré la puissance du contrôle social, il y a toujours possibilité d’adopter la ligne de fuite. Mais le flic dans notre tête — la morale, la culpabilité et la peur — est toujours là, jour et nuit, à nous surveiller. Chaque système moral, même les plus libéraux, établit par nature des limites à nos possibilités, des contraintes à nos désirs. Ces limites n’ont rien à voir avec nos propres capacités ; elles proviennent d’abstractions qui ont pour fonction de nous empêcher d’explorer notre potentiel. Dans le passé, lorsque l’anarchie s’est présentée, le flic dans notre tête a toujours épouvanté les rebelles, a toujours pu les dompter, les mater et les obliger à battre en retraite, à retourner bien sagement dans la sécurité de leur cage. Et l’anarchie a toujours disparu.

Cette constatation est cruciale puisque l’anarchie n’apparaît pas comme ça, de nulle part. Elle naît de l’activité de gens frustrés par leur non-vie. Il est possible pour chacun d’entre nous à n’importe quel moment de créer une telle situation. Évidemment, un tel geste serait la plupart du temps tactiquement idiot, mais ça n’enlève rien à sa possibilité. Pourtant, nous semblons tous et toutes attendre patiemment que la liberté nous tombe du ciel — et lorsque la situation se présente, nous n’arrivons jamais à faire durer l’expérience bien longtemps. Même ceux et celles d’entre nous qui ont consciemment rejeté la morale sont hésitants, s’arrêtent pour examiner chaque geste et chaque action, terrorisés par les flics même s’il n’y a pas l’ombre d’un flic dans les parages. La morale, la culpabilité et la peur agissent comme un flic dans notre cervelle en détruisant notre spontanéité, nos passions, notre capacité même à vivre pleinement notre vie.

Ce salaud de flic va continuer de supprimer notre désir de vivre et notre révolte jusqu’à ce que nous apprenions à prendre des risques. Je ne dis pas qu’il faut prendre des risques stupides — aboutir en prison ou à l’asile n’est pas ce que je considère comme une expérience libératoire — mais sans risque, il ne peut avoir d’aventure ; il ne peut tout simplement pas y avoir de vie. L’activité qui naît de nos passions et de nos désirs et non de tentatives de se conformer à certains principes et idéaux ou encore à se conformer aux normes d’un groupe particulier (même anarchiste!) est la seule façon de créer une situation anarchique, la seule façon de s’ouvrir à une vie limitée uniquement par nos propres capacités. C’est la seule façon d’aller au bout de nous-mêmes.

Évidemment, ceci exige que nous apprenions à exprimer librement nos passions, un talent qui ne peut être développé que par la pratique. Lorsque nous ressentons du dégoût, de la colère, de la joie, du désir, de la tristesse, de l’amour ou de la haine, il est impératif de l’exprimer. C’est loin d’être facile. La plupart du temps, lorsque vient le temps de le faire, j’adopte moi-même les comportements dictés par mon identité et le contexte social dans lequel je me trouve. Quand j’entre dans un magasin, je suis submergée de dégoût pour tout le processus des relations économiques, mais je paie et je remercie poliment le commis avec qui j’entre en transaction. Si au moins je lui offrais mon meilleur sourire pour couvrir un vol à l’étalage, ce serait plus rigolo, puisque j’utiliserais mon intelligence et mon charme pour obtenir ce que je désire. Mais non, je ne fais que me plier aux ordres du flic dans ma tête. N’ayez crainte, je me soigne ; mais il me reste tellement de chemin à parcourir ! J’essaie de plus d’agir selon mes pulsions spontanées sans me soucier de ce que les autres vont penser de moi, de laisser libre cours à mon imagination, à ma créativité. Je ne suis pas assez sotte pour croire qu’agir ainsi me rendra infaillible ou m’empêchera de faire des erreurs regrettables. Mais je suis certaine de ne jamais commettre des erreurs aussi funestes que celles que l’on fait lorsqu’on accepte l’existence de mort-vivant que l’obéissance à l’autorité, ses règles et sa morale engendrent. Je le répète : la vie sans risque, sans la possibilité de commettre des erreurs, n’est pas la vie. Ce n’est qu’en prenant le risque de défier toutes les autorités que nous pouvons espérer vivre pleinement.

Je refuse toutes les contraintes qui pèsent sur ma vie. Je veux que soient ouvertes toutes les possibilités pour que je puisse créer ma propre vie, en tout temps. Ce qui signifie saboter tous les rôles sociaux et abandonner la morale. Quand un anarchiste ou un quelconque révolutionnaire se met à me prêcher ses principes moraux — que ce soit la non-violence, l’écologie, le communisme, le militantisme ou même le plaisir obligatoire — j’entends un flic ou un curé, et je n’ai rien à faire avec ce genre d’individu, à part bien sûr les défier.

J’ai assez de flics dans ma tête — sans compter ceux qui grouillent dans les rues — pour avoir envie d’en inviter d’autres, même s’ils sont anarchistes patentés et vaccinés.

Propos anars extrait des Cahiers d'Anne Archet

Lieu du larcin : http://archet.net/

 

27/09/2007

amnésie

Les simili-tyrans que les voix justifient
Sont moins à craindre que nos capacités à
La somnolence génératrice d'amnésie

Pascal Perrot in Médiocres au pouvoir

21/09/2007

sifflote

Je ne rêve pas de lendemains qui chantent
Car mon présent sifflote

Marie-Paule Blein
Lieu du larcin : Tissages mouvants, Les Adex 2007, coll. Tempoèmes

la lune et les poètes

Parce qu’au commencement de je ne sais quoi
De je ne sais quand, de je ne sais où
Quelques quarks se sont mis à enfanter les hommes
De moins que la matière à plus que l’esprit
En passant par les lacs, la lune et les poètes

 
Aglaé Vadet In Petit Jésus, prière du soir

Lieu du larcin : le recueil aglaèmes, Ed. Bouquinstinct, 2007

17/09/2007

la VOLUPTÉ ?

Tu marches, tu démarches, t’as toujours quelque chose à fourguer, des anges ou des huiles de vidanges, tu grattes la terre, tu gâtes la mer, tu tâtes du fer.
(…) Tu boirais le monde si tu pouvais, tu aurais des planètes en saladier avec des graines de sésame au mitant, si tu pouvais.
Parfois, tu es touchant, ô homme à la mie de pain, rognure de tribu, fils, fille, exténué(e) de quotidien trop plat (…)
Tes mémoires tu les as d’outre-ciel et tu ne sais pas si elles te viennent d’avant ou d’après ton destin.


Philippe Gicquel in Mémoires d’outre-ciel

Oncle Sam, jour après jour, met le monde en cage, les arcs-en-ciel, les gratte-ciel, les enfants sans chaussure. C’est sa petite croisade, son hobby.
(…)
Qui a rayé de la carte du monde la VOLUPTÉ ?


Philippe Gicquel in Schéhérazade porte des lunettes noires

Lieu du larcin : Traction Brabant n°19

chevauchant l'infini

J’en ai assez qu’on trace des graffitis avec des corps vivants sur les champs de bataille, qu’on nous couse les lèvres avec du fil barbelé, qu’on nous casse les couilles sous les électrochocs et les agios bancaires, qu’on blanchisse les crimes sous la raison d’État. Je préfère la beauté avec son sexe mal caché, ses cheveux en désordre, ses fesses rondes comme la lune, ses grandes jambes d’azur chevauchant l’infini.

Jean-Marc La Frenière

Lieu du larcinParce que (Ed Chemins de Plume 2007)

29/08/2007

WEBSEX (recyclage) par Fishturn

lundi 25 septembre 2006

Ce jour je vais mieux, alors, je bois, du vin d’abord, du whisky, un peu de vodka (pas trop), du champagne (beaucoup). J’ajoute à cela une pilule d’Imovane et deux paquets de cigarettes. Une petite promenade chancelante entre les ruelles tortueuses de mon esprit engourdi. Une connexion Internet. Pourquoi pas. Je me connecte aux chats. Plutôt sexe. J’ai l’alcool un peu salace et j’aime à voir l’imagination de mes contemporains en la matière. Journée découverte, sorte de dépucelage violent, et à haut débit de surcroît. Commençons fort. Ici pas de maître du jeu, pas d’arbitre, personne pour surveiller, monstre stupide autant qu’on veux, jusqu'à plus soif, bien mariole. Jeux de rôle. Je suis d’abord Mina, blonde, 1m66, belle poitrine, jambes de rêve et petit cul bombé, un certain goût pour le cuir. Tu suces ? Trois paquets par jour mais j’essaie d’arrêter. Tu viens ? Compte la dessus, laisse moi l’adresse je note. Je suis Marc, 1m85, brun latino. Quoi plutôt chez toi ? Sur ton terrain c’est ça ? Ok no problemo. Ouais ouais je peux venir en bagnole. Quoi ? Ah, une Audi TT gris métallisée pourquoi ? Oui oui je suis clean, pour qui tu me prends ? T’as déjà fais ça a quatre avec des toys ? René, 63 ans, j’ai un chien ça te gène ? Non non, uro seulement, ma femme regarde. Je suis Cathy 35 ans, j’aime dans les hôtels classe mais pipe avec capote only. Je suis Ziggy, 19 ans, gay, je n’ai pas froids aux yeux tu sais. T’es ok sans capotes ? Oui bien sûr, dans les caves, plugs, colliers, fouets, martinets si possible, lubrifiant en option. Quoi ? oui oui imberbe évidement. Je suis Martine, 51 ans, divorcée, trois enfants. Tu suces ? Ok sans capotes ? (c’est une manie ma parole, non une épidémie ! la vraie !). Volontiers, plutôt dans les parkings, mais avant 16H je dois aller chercher le petit à l’école, non non pas de claques sur les fesses. J’ai la peau sensible.
Internet, immense jeu du sexe en réseau, sans limites d’age, de pratiques, de profils. Des millions de souris glissantes, frémissantes, en rut à l’assaut du vagin tentaculaire et planétaire. Des millions d’écrans ruisselant d’une immonde soupe de solitude affective, et gaillardement aspergés des plus vivaces névroses du monde par-dessus le marché. Des claviers dégoulinants d’une ragouillasse âpre de libidos en compote. Une armée de James Dean avalant des kilomètres de sodomies verbales sur des Marilyn ligotées à genoux dans les câbles RJ-45. Pénétrez à sec dans la plus grande orgie du monde pour seulement 29€95 par mois. Mouchoirs non inclus. “Do you want your dick to be in million of women’s screensavers? Try Penis Enlarge Patch. Sexual Dynamo ! Viagra online ! VlAGRA 1OOmg - 1.55/PlLL Completely secure and c0nfidential.
Du sexe, du sexe plein la bouche, les yeux, les tympans, l’estomac, tellement, énormément, tout de suite, que j’ai cru devenir une érection démentielle et invincible moi-même. Frétillant d’abord, écoeuré soudain.
Le bonheur ? quoi le bonheur ? Va donner à manger aux canards si tu cherches le bonheur merde. Tu veux du collyre? T’as les yeux rouges là.

Lieu du larcin : http://fishturn.blogspot.com/

22/08/2007

Tout opère en tout

Il faut sans cesse en passer par le chaos
puis tout prend comme une rondeur spatiale.
 
Tout opère en Tout.

 
Emmanuelle K

Lieu du larcin : un superbe recueil en attente de publication au Cherche-Midi dont elle m'a gentiment transmis une copie zippée

24/07/2007

vos propres déchets

Continuer à souiller votre propre lit, et une nuit vous suffoquerez dans vos propres déchets.
Chief Seattle Suqwamish et Duwamish
Lieu du larcin : Quelques heures, quelques hivers... Ed. Alternatives, 1998

Le Tour vu par Andy Verol

En ce mois de juillet, et pour quelques jours encore, il y a un sujet de conversation très imposant. Le Tour de France. Il y a beaucoup de mecs qui parlent du Tour, rarement des femmes (elles sont généralement toutes exténuées des soldes et se goinfrent des magazines consacrés aux régimes et aux lectures de l'été, non je ne caricature presque pas). Les mecs, quand ils parlent du Tour, c'est du sérieux. Ils se prennent l'équipe pour connaître les classements, la situation de tel et tel coureur. Tu en as d'autres qui ne lisent que les pages consacrées au dopage. D'autres se tapent des branlettes (j'en suis sûr) dans les chiottes de l'entreprise, en matant les nibards des salopes qui remettent le maillot jaune, le maillot à pois, le maillot vert, le maillot blanc (putain j'en connais un rayon). Si les mecs ne lisent pas les journaux, qu'ils ne s'inquiètent pas, ils auront droit au résumé à la radio, à la télé, sur toutes les chaînes.

On pense ce que l'on veut de la « grande boucle », mais il est évident que c'est assez chiant à regarder, surtout pour tous les mecs qui bossent, qui n'ont pas un accès aisé à la télé et à la radio. Ce qui serait vraiment super, c'est de programmer les étapes le soir, après 20h00. Les coureurs auraient des phares à leurs biclous et feraient les danseuses sous la pleine lune. Ce serait beau, et les casses-gueule promettraient de belles fractures ouvertes, les peaux écorchées et brûlées sur tout le corps, et en quantité suffisante pour happer le spectateur dans le chalumeau de l'action.

C'est sur cette base que j'ai donné mon avis sincère sur le Tour et le dopage. On en était à nos assiettes crudités et œufs mayonnaises (moi je prend toujours un pichet de rosé pour être un peu bourré) quand l'un des trois collègues avec qui je becquetais s'est mis en tête de s'insurger contre ce phénomène qui pourrirait le Tour.

« Ce sont des tricheurs ! Putain ! Mais ça me dégoûte ! Après ce qui s'est passé en 1998, ils ont pas compris la leçon, surtout les coureurs étrangers ! » Je tique un peu, mais ne relève pas encore. J'ai chopé une frite dorée, l'ai plongée dans le petit tas de mayo déposé en coin d'assiette, et j'ai croqué le tout goulûment, en pensant qu'il faudrait bien que je pense à maigrir un de ces jours (On ne sait pas tellement pourquoi on souhaite maigrir. En tout cas, ça a souvent un rapport avec le « plaire », « se plaire », « lui plaire », mais rarement avec ces essoufflements intempestifs dans les escaliers, qui font de nous des grosses vaches en fin de vie). Le gueulard continuait : « ce Michael Rasmussen, c'est un tricheur. Je déteste les tricheur. Il a été exclu dans son pays, mais nous, on fait comme si de rien n'était... » ça m'agaçait. Je mangeai une frite vite fait. Sûr que les autres seraient trop froides lorsque j'achèverais mon laïus sur le Tour.

Il fallait que je me lance :

« Mais le Tour de France, c'est pas du sport mon vieux. C'est de la compétition. Le sport où tu inscris tes gosses pour les mercredis, c'est pas la même chose. Bien sûr, il y a les matchs et les compétitions, mais ça se fait dans un esprit « bon enfant ». Encore que tu as certains pères qui foutent la honte à leurs gosses à force de brailler comme des chefs nazis dans les camps ou comme ces crétins de la légion étrangère qui insultent le mec qui est en train de se noyer dans un marécage de merde... Bref, le Tour de France, c'est comme tous les « sports » de haut niveau : c'est de la compétition qui sert essentiellement à distraire les péquenots que nous sommes, pour remplir les caisses d'autres péquenots, plus mondiaux, ceux-là. Tu regardes cette compétition et tu as l'impression d'être au boulot. Le peloton est bien serré. Les mecs déconnent, discutent, blah blah blah... Pendant ce temps-là, t'as un vieux con en voix off qui te fait chier avec ses descriptions des églises, abbayes, châteaux, centrales nucléaires... Une église romane, c'est une église romane, basta ! y a pas un seul péquenot qui mate le Tour qui apprécient d'aller visiter des monuments quand il est en vacances. Généralement ça le gonfle, au bout de 5 minutes chrono.

Ils te font le catalogue touristique de la France... sur le service public, en hélico et en moto. Donc tout est bien cool. Ça roule tranquille et là, un mec s'échappe seul ou accompagné... On appelle ça, une échappée... Souvent, les mecs qui font ça, ce sont pas forcément les meilleurs, mais il faut qu'ils montrent le maillot, sous-entendu les marques inscrites sur le maillot.

D'ailleurs les commentateurs, ils te parlent pas des mecs en bleu ou en rose, ou en vert. Ils te disent les « Banque Populaire », les « Quick step », les « Castorama ». Moi je pensais que la pub était interdite de cette façon-là, mais apparemment avec le Tour, on a le droit (J'ai remarqué que c'était la même avec les courses de voile).

Bref, d'un côté on sent bien qu'on cherche à vendre la France à tout un tas de futurs touristes et qu'on te vend sans vergogne les marques de sociétés qui n'ont pas hésité, pour nombre d'entre elles, à délocaliser, foutre des gens au chômage et refiler un max de dividendes à des connards plutôt que d'investir dans l'appareil de production et dans le travail des salariés. Et puis soudain, c'est parti, fini la visite de la France, terminée l'esprit « bon enfant » de la course, tu les vois tous se ruer comme des bêtes vers la ligne d'arrivée... Depuis peu, tu as des oreillettes dans les oreilles des coureurs, et les directeurs sportifs, qui sont aussi les garants du spectacle, ordonnent à leurs trimeurs de coureurs d'y aller fort. Tout est organisé pour qu'un seul bouffe tous les autres. Il n'y a aucune nuance là-dessus. Et pour agrémenter le tout, on te bousille le moral avec les « records » de vitesse de l'étape.

Ils veulent du record, c'est tout. C'est une course, une compétition. Le langage utilisé est celui de la guerre (une « attaque de... », « l'offensive de l'équipe machin », « c'est un combat pour obtenir la première place », etc. Passons. Ça paraît évident tout ce que je dis. Et ça l'est...

Mais la suite, là, je ne comprend plus. Dans ce contexte-là, pourquoi parle-t-on de tricherie, de mensonge ou de malhonnêteté ? L'honnêteté, c'est simplement de dire qu'il faut, impérativement se doper lorsqu'on est dans une « guerre » comme celle-là. La guerre pour gagner un maximum de prix, de frics, de pouvoir, de notoriété, de prestige, de courses... Gagner. Etre le meilleur. Coûte que coûte. C'est pour ça qu'on regarde le Tour ! C'est pour voir des records, voir des gagnants, des grandes victoires, des mecs qui en chient et qui éliminent les concurrents ! Pour être des chauvins, des nationalistes conscients ou inconscients ! Les tricheurs ! C'est vous les mecs ! Vous gueulez sur des mecs qui ne pourraient dignement pas accomplir les exploits dont vous êtes friands sans la moindre substance ! Triches ? Mais parlons de la triche...

Même la caféine est interdite alors même que tu nous chies un cake tous les matins pour parvenir à commencer à bosser, c'est quand même pas monter un col que de taper sur un clavier d'ordi ! Ben tu as pourtant besoin d'un dopant toi aussi ! Et la clope aussi ! Besoin de cet excitant qu'on appelle Nicotine, « pour tenir , surtout après le repas... » Et moi c'est le pinard. L'alcool. Pour pas sombrer dans la dépression quand je vois vos gueules ! Voilà ! C'est ça se doper ! Se doper, c'est pas tricher, c'est se motiver merde ! C'est tenter de ne pas sombrer ! Pense aussi à ces mecs qui finissent l'étape avec le bras bandé, les autres qui ont une chiasse affreuse sur leurs selles, etc. Ils abandonnent souvent quand toi tu serais déjà mort, limite en état de décomposition avancée.

Il y a des reportages sur des journalistes de RTL ou de Ouest France qui se disent outrés par « ces tricheurs de coureurs ». Mais sans cette « triche », ces cons-là n'auraient pas de boulot. Il n'y aurait plus de 5 ou 6 coureurs qui rouleraient à 10 à l'heure sur les Champs Elysées après trois semaines de course.

Alors si se doper, c'est tricher dans le but de gagner, alors alléger les vélos aussi avec du carbone, se faire masser, avoir un médecin par équipe, être ravitaillé... Mais oui, c'est ça l'exploit. C'est crever en vrai. N'utiliser aucun dopant, aucun masseur, aucun médecin (ou un seul pour tout le monde), plus de ravitaillement (on leur refile un sac à dos avec des victuailles dedans), plus de chaussures et de casques profilés (des godillots, des bons et un chapeau de paille !), fini aussi les routes goudronnées, faut passer par les chemins de boue, de caillasse et de terre (on te fait tellement chier avec les pavés du Paris-Roubaix)... Là y aurait plus de triche. On serait dans la vraie compétition. Ce serait génial ! On verrait s'ils font les malins les dopés ! On verrait ! Et pendant ce temps, les journalistes qui eux, passent leurs journées dans des bagnoles ou sur des terrasses de café à se bourrer la gueule, à se prendre des putes à chaque étape (« je suis l'envoyé spécial de RTL sur le Tour, ça te dit de boire un petit verre ? »). Le dopage, c'est rien. Ils marchaient aux amphétamines, et à la caféine avant. Tu en avais même qui picolaient. Ils font ce qu'ils peuvent pour faire le spectacle, pour avoir une bonne place dans la COMPETITION.

On leur demande des « exploits », alors faisons ce que je viens de dire, et là, ce sera un exploit, mais il faudra accepter de voir des mecs crever sur le bord de la route... Ce qui est navrant là-dedans, c'est que cette compétition n'est que la représentation exacte de celle qui nous oblige à souffrir perpétuellement dans nos âmes. Elle se doit d'avoir les apparences de pureté et de propreté. On se bat dur pour donner une belle image de la compétition. Tout comme on s'acharne à essayer de nous montrer des guerres propres. Voilà ce qu'on essaie de faire. Pour vos âmes de tricheurs, de pauvres mecs de classe moyenne en mal de sensation, en mal de compétition, on vous vend des compétitions « propres », des guerres « propres », etc. Tout doit être clean pour vous. L'exploit doit être pur... Mais l'exploit aujourd'hui, c'est de dire que vous n'êtes tous qu'une bande de gros cons. »

Silence à table. Je m'en doutais. Ils n'auraient sans doute pas apprécié ça. Mais bon. C'était fait. Voilà, j'en ai fini avec le Tour de France, avec les collègues et « leur compétition sans tricherie », et leur « concurrence saine » qui me fait doucement gerber.

Andy Verol

Lieu du larcin : http://andy-verol.blogg.org



 

22/07/2007

ressentir la beauté

Le monde était une bibliothèque et les pierres, les feuilles, l’herbe, les ruisseaux, les oiseaux et les animaux en étaient les livres qui partageaient, pareils à nous, les bienfaits et les tourments de la terre. Nous apprîmes ce que seul apprend celui qui étudie la nature : à ressentir la beauté.
Chief Luther Standing Bear, Teton Sioux
Lieu du larcin : Quelques heures, quelques hivers... Ed. Alternatives, 1998

19/07/2007

mot de la fin

et
je baise
mes mots

Louis Savary in Mots de passe

Lieu du larcin : à la fin du recueil

14/07/2007

les chiennes égarées

J’habite un pays égaré. L’ivraie juste sous mes fenêtres. Il n’y a pas de corde à mon arc. Les cordes sont si tendues pour qui veut s’y pendre. Et juste entre mes doigts se plisse un paysage. Esquisse d’hymen-fourragère. Temps blafard. L’effroi seul altère mes déserts, ne garantit pas l’insolence des lianes. Le ciel, à tenir les étoiles, s’est fourvoyé dans les roseaux.
(…)
L’accordéon se charge de mes désirs nomades.
Et les loups fécondent les chiennes égarées.
Sylviane Werner in Scènes intérieures
Lieu du larcin : Revue Soleils & Cendre n°81

13/07/2007

plus besoin d'eux

Ce n'est pas par manque de mots
Mais par vanité de les dire
Que nous n'avons plus besoin d'eux
Pascal Perrot in Le don précieux de ton silence

Lieu du larcin : http://insurrectionpoetique.mabulle.com/

08/06/2007

la mémoire pleine d'éléphants !

1990 (...) Je suis resté cent ans entre des caves et des greniers de musées. Durant cent ans, j'ai vu par l'invisible des yeux de mes yeux l'homme blanc, l'homme jaune, l'homme noir travailler, jouer, mourir, naître devant moi. Je les ai vus tirer des cartes et toujours le roi de Pique fasciste et la dame de Coeur démcrate sortir ensemble du jeu pour rafler la mise de l'or malade et de l'argent mort. J'ai compris le chagrin de l'émeraude, la souffrance du diamant, la peine du rubis.

(...) En 1899, un moine belge aidé d'un autre français m'ont empaillé pour m'exposer aux yeux du monde entier, témoin coupable et muet, dans un village africain reconstitué sous la pluie et la neige d'Europe. Cent ans de vraie solitude. Moi qui ne me savais plus de territoire fixe, j'ai marché cent ans tout debout sur mes racines jusqu'à aujourd'hui, en l'an 2000 après l'Empaillé je rentre chez moi la mémoire pleine d'éléphants!

in L'homme de paille, nouvelle extraite de : Les poteaux de torture - Abdel Hafed Benotman - 2006 - Rivages/Noir 

 

26/05/2007

Merde alors !

Dans le dernier Charlie hebdo, l'article "Sarkozy fait se marrer les Hongrois", les journalistes de l'hebdo sont allés voir les ressortissants hongrois vivant dans notre beau pays afin de trouver la réponse à cette épineuse question : que signifie "Sarkozy", notre héros étant, comme chacun sait, d'origine magyare.

 On apprend d'abord que son nom se prononce "char-köz-y" en hongrois et signifie littéralement "un lieu entouré de boue". Il proviendrait de la ville hongroise de Sarköze, bâtie effectivement sur des marécages, le "y" final indiquant une origine noble (son nom complet est en fait Sarkozy (de) Nagy-Bocsa). Mais ce qui fait le plus marrer les Hongrois interrogés, c'est la prononciation de son nom à la française : "Sar-koz-y". En effet, le phonème "Sar" signifie "merde" en hongrois (qui s'écrit en fait "szar"). Et l'on apprend que "Sarkozy", prononcé à la française, signifie littéralement "dans la merde" en hongrois... Véridique ! Depuis le 6 mai nous sommes donc, chers Citoyens de France "Szarközy", jusqu'au cou...

25/05/2007

à ma porte

Ils ont enterré Mozart
Dans la fosse commune
Je les entend maintenant
Qui frappent à ma porte

 
Régis Belloeil in Société

Lieu du larcin : Traction Brabant 16, février 2007

12/05/2007

ses chevilles

Imbécile

Tu l’as voulu

Tu as voté pour ce voleur

De vies

Misère !

Tes jambes sont enflées

Lui : ses chevilles.

 

René Bourdet,

in Politique mars 06.

 

Lieu du larcin : Erection n°19