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24/06/2013

Alors, je les remballe, et je regarde ceux qui savent kiffer

Moi, ce que je voulais, c’était un peu de tendresse, pas seulement baiser, c’est con mais au bout d’un moment, le sexe est triste, il ne te raconte plus rien, moi je voulais des bras et des sourires, que quelqu’un prenne le temps de faire semblant de me plaire, je voulais de la tendresse mais ça ne se fait plus. Peut-être parce qu’être tendre c’est compliqué, parce qu’on se livre plus en soutenant un regard ou en murmurant qu’en défonçant des culs, qu’il faut plus d’intimité pour être tendre que pour la plus profonde des sodomies, parce qu’on ne fait finalement que se masturber dans l’autre en attendant que le temps passe, et que c’est triste, tout ce vide. Je ne voudrais pas être vide, intéressant choix de mot pour une grosse dirait mon psy, je ne voudrais pas être vide et ne rien vivre que des bonheurs faciles et instantanés, figés en poudre humide comme ces soupes dégueulasses qu’on te refourgue à la cantine. La tendresse, ce mot à la con, loin des montages de cagoles enflammées qui déclarent par photo montages leur amour éternel au premier kéké, ce truc doux et dingue qui te pousse à te poser à côté de quelqu’un, juste pour être bien.

C’est peut-être ce qui fout tout le monde le cul par terre devant des vidéos de Free Hugs, ces inconnus qui proposent à d’autres inconnus de les serrer quelques secondes contre leur coeur, cette tendresse humaniste, gratuite, je te serre parce que je te reconnais, et que tu mérites d’être serré, c’est débile de le décortiquer, ca devrait être évident. Et pourtant, des millions de vues, de commentaires émus, juste parce que tu prends quelqu’un contre toi, sans penser un instant à lui sucer la bite ou à explorer son vagin, à lui tirer des tunes ou même à connaître son prénom, juste la force stupide du lien qu’on crée en s’autorisant à être tendre, pour rien. Bien sûr ça ne change pas le monde, je ne crois pas aux énergies décuplées par le frottement des corps, mais ça change le cours de la journée, un hug, un câlin, un coup de fil, un baiser. T’es pas obligé d’y croire, tu peux même trouver ça niais, à chier, mais ça fonctionne, méthode approuvée, quelques secondes de calme, la possibilité d’être soi, la chaleur de l’autre qui colle à ton pull quand tu t’en vas. J’aime poser ma main sur l’épaule de ma mère quand elle conduit, c’est mon truc à moi, ma tendresse, même si elle ne le sait pas. J’aime serrer mes amies contre moi, fort, jusqu’à ce qu’elles s’en aillent asphyxiée. Et j’aime être serrée.

Je me demande ce qui merde à l’intérieur pour qu’on se refuse tout ça. Pour que certains aient peur de se montrer tendres, doux, parce que tu comprends, elle va s’attacher, elle va se faire des films, et puis je suis pas comme ça, la tendresse, on ne me l’a jamais donnée. Pour que certaines se blindent derrière des couches de béton armé, maquillées à l’acide, le cynisme d’abord, le doux, jamais, ou alors en privé, quand elles pleurent, quand elles se laissent enfin aller. Je me demande pourquoi je ne peux pas écrire de jolis billets amoureux parce que j’ai peur d’être traitée de romantique mongole, de niaise à tête de licorne. Pourquoi je ne suis pas cette fille qui organise de jolies surprises, pourquoi je préfère faire rire plutôt que de me laisser toucher. Y’a la peur, le manque de confiance en soi, la culture du LOL, l’impression de toujours tout faire foirer. Et puis le monde qui tourne mal, avec des cadenas sur les poubelles pour empêcher les pauvres de voler des produits périmés, ce genre de nouvelle hyper violente qui me fout des crampes, la boule au ventre, envie de dégueuler, de me mettre en colère, pas de m’attendrir ou de baisser ma garde. Tout me fait violence, sans exagérer, j’ai presque honte de mes envies de tendresse.

Alors, je les remballe, et je regarde ceux qui savent kiffer."

Daria Marx   http://dariamarx.com/

 

 

 

Lieu du larcin : partagée par Faste et Furieuse sur face de bouc

20/06/2013

Justice divine ou connerie humaine ?

Entendu ce matin à la radio, une marchande sinistrée de Lourdes :

"Nous on vend des bougies, c'est foutu, il n'y a plus d'électricité"

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Moralité : En France on n'a pas de pétrole, mais on n'est pas non plus des lumières...

19/06/2013

aux enfers

L’âme dit au corps

j’ai besoin que tu cuises

ton argile crue

aux enfers

 

Elisa Parre

 

Lieu du larcin : Quotidiens surpris, Manosque 2004

07/06/2013

Perles insulaires premier choix

 

 

L’oisiveté est la mère des intuitions

 

Daniel Giraud

in L’activité du monde contemporain

 

 

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photo CG

 

 

Unique ambition : être à hauteur de l’instant.

 

Dominique Dumont

in Disponibilité

 

 

 

Lieu du larcin : Pages Insulaires n°26 et n°28, l'ultime définitif de décembre 2012, toutes les BONNES choses ont une fin !

 

Venise ruse Guénane

A Venise

apprendre avec les chats

l'art de s'évanouir

 

Venise

est de ces secrets

que l'on n'avoue pas même à soi

 

Guénane

 

Lieu du larcin : Venise ruse, La Porte, Poésie en Voyage 2012

 

Jany Pineau En train de dérailler...

Décalée

Un peu

En rade

Tendue

 

Déboussolée

 

Malgré ce qui va droit

 

 

(...)

 

Il est temps d'aller

 

D'aller noircir

Les petits matins froids

 

 

Jany Pineau

 

 

Lieu du larcin : En train de dérailler, confettis, Asphodèle, février 2013, un beau confetti qui se rajoute au xuatres beaux confettis qu'on aurait tort de ne pas découvrir ici : http://asphodele-edition.pagesperso-orange.fr/Confettis.h..., offrez(-vous) donc la collection ! un auteur, une couleur, 10x15, 2 euros...

11/05/2013

Mémoire de sable

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texte & photo jlmi   2008

 

Je suis là depuis des millénaires, je pourrais même dire depuis l’origine du monde. Pas le monde des hommes, si jeune, si puéril !

Non. Le monde minéral, celui de la concrétion d’après le grand barouf. Paf ! Boum !

Bien sûr, je n’avais pas la forme que j’ai aujourd’hui. Comme tous mes camarades de l’époque d’ailleurs. Nous étions tous très... unis. Nous étions même inséparables !!! Puis le temps a fait son œuvre, il nous a séparés, aidé en cela par ceux d’entre nous dont la nature était d’être fluides et ceux qui, dans un tel état d’excitation pour se faire une place à la surface, atteignaient la fusion avant de rejoindre les grands courants ascendants du magma.

Enfin, tout ça est tellement loin que je ne me souviens plus bien de tous les détails. Toujours est-il que l’érosion m’a donné une vie propre, en cela qu’elle m’a permis de voyager en banc de myriades de grains assemblés pour de grandes transhumances conduites par l’eau ou le vent.

Aujourd’hui, je m’étale en une longue et belle plage blanche et rose  entourée de mes parents chenus, ces somptueux blocs de granit rose aux formes arrondies que vous ne pouvez manquer d’apercevoir lorsque vous venez me rendre visite. Dans leurs jeunesses, vous auriez dû les voir, hauts et pointus, défiant le ciel et ses nuées. Plus de dix mille mètres. C’était quelque chose. J’avoue que maintenant ils font bien leur âge, ils souffrent d’arénisation. Tant mieux d’ailleurs ! Sans cela je ne serais pas là !!! Je m’égare, excusez moi, mais je n’ai que ça à faire…

Donc, je suis là. Sur la côte nord de la Bretagne, dans ce pays appelé France. Chaque jour, par deux fois, la mer vient me baigner, en douceur, souvent avec tendresse, vague après vague. Sauf quand elle est en colère bien sûr. Alors ces jours là, ça déménage, passez moi l’expression. Elle me brasse, me masse, me malaxe, me pitrouille, me papouille, me tourne et me retourne avant de m’abandonner hors d’haleine et trempée. Heureusement, j’ai plusieurs heures pour m’en remettre. Et puis elle n’est pas souvent furieuse deux fois de suite. Il faut bien lui reconnaître ça. Un autre avantage que j’ai omis de vous conter : la mer supprime toutes mes imperfections. Elle me retend la peau même si elle me laisse ici ou là des petits bourrelets, des ripple-marks dit-on je crois.  Enfin, c’est ma thalasso à moi !

Le vent aussi prend soin de moi. Il me sèche, peigne mes mèches de surface, les met parfois en désordre mais ses doigts sont si doux… Enfin c’est comme sa compagne. Quand elle est en boule, il l’est aussi. Je crois que dans tous les couples il y a ce genre de chose. Nul n’est parfait. Moi, je suis résolument célibataire, ouverte à toutes et à tous pour être plus juste…

La pluie aussi est une bonne compagne, mais passagère, irrégulière, quoique certains en disent sur ici. Bonne fille la pluie, elle s’adapte entre les grosses gouttes et la bruine, entre les averses – les grains – et le crachin. J’aime bien la pluie. Elle m’hydrate et me dessale un peu.

Ah ! et puis il y a le soleil. Lui aussi me sèche comme le vent mais en plus il me chauffe, tiédit ma peau, la blanchit ou la fait rosir. Un réel plaisir. Vous connaissez d’ailleurs, vous qui venez coucher avec moi, non ? C’est bien cela que vous venez chercher, bien plus que moi je le sais bien…

Tentez donc maintenant d’imaginer ce qu’aujourd’hui peut contenir ma mémoire. Disons sur les cent dernières années, c’est tout. Facile. La mémoire du sable.

Sa mémoire vous dites vous, mais elle a perdu le nord, c’est pas possible !

Mais si, c’est possible et je vais vous mettre sur la voie. Parce que c’est vous !

 

Lorsque vous arrivez juste après mon bain, ma peau est lisse, souple et tendre. Puis, vous marchez, vous courez, vous jouez au ballon, vous me percez de vos parasols et de vos tentes, vous laissez vos enfants me trouer, me couvrir de ces pustules qu’ils appellent châteaux, vous me ratissez pour soi disant pêcher, vous laisser vos chiens me salir, ( je n’ai pas de caniveau dites-vous ? Curieuse réaction lorsque l’on connaît vos trottoirs à ce que je me suis laissé dire… poursuivons…), vous faites rouler vos char à voile, vous traîner vos bateaux ou vos planches à voile… Certains soirs même, vous venez vous aimez, un bain de minuit dites vous, mon œil ! Enfin, c’est mieux que de venir picoler ou se shooter…

Beaucoup d’entre vous me laissent leurs détritus et ça, c’est pas sympa. Du coup vous faites venir des herses pour me nettoyer mais en même temps ces monstres énergivores détruisent tout le petit monde vivant que j’héberge car vous n’êtes pas les seuls sur Terre, vous n’avez jamais été les seuls et c’est tant mieux, sinon ce serait tout bonnement invivable. Même vos cargos me dégueulent dessus de plus en plus souvent. Le pétrole, ça on vous le dit. Ça vous touche. Ça fait de l’audience, il y en a pour des jours et des jours à me voir engluée et nauséabonde, pleine de cadavres d’oiseaux, et seulement quelques uns d’entre vous se débattant avec toute cette merde ( oh pardon !)… Mais ce n’est pas tout. Il n’y a pas que le pétrole. Tenez, la dernière fois, c’était une cargaison d’ananas. Bien sûr dit comme ça, ça prête à sourire. Moi, ça me donne envie de chialer !

Et ces derniers temps tout ça empire malgré tous les signaux d’alarme que nous vous envoyons avec mes camarades des quatre coins du globe. Surtout celui de la calotte et il y met le paquet. Tâchez de vous en souvenir à l’heure de l’apéro – avec ou sans alcool - quand vous agitez vos glaçons dans vos verres…

Enfin, vous n’êtes que des humains, on ne peut pas trop vous en demander, ça, on l’a compris depuis longtemps… Mais de vous à moi - car vous pouvez êtes sympa quand même - à faire les cons comme ça, vous allez disparaître, mais nous, même blessés, abîmés, saccagés, défigurés nous serons toujours là avec tout le temps devant nous pour nous refaire une beauté, pensez, sur un million d’années…

Allez, même si c’est grave, nous resterons en relation. Mes camarades et moi nous ne sommes pas rancuniers. Ni rapporteurs d’ailleurs. Car si je vous disais tout…

Enfin réfléchissez.

Ou plutôt, agissez !

 

texte et photo de JL Millet

 

 

Lieu du larcin : Au hasard de connivences http://jlmi22.hautetfort.com/

01/05/2013

toutes les créatures vivantes et toute la nature dans sa beauté...

 " L'être humain est une partie du tout que nous appelons univers, une partie limitée par le temps et l'espace. Il fait l'expérience de lui-même, de ses pensées et de ses sentiments comme des événements séparés du reste, c'est là une sorte d'illusion d'optique de sa conscience.

Cette illusion est une sorte de prison pour nous car elle nous restreint à nos désirs personnels et nous contraint à réserver notre affection aux personnes qui sont les plus proches de nous.

Notre tâche devrait consister à nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion de manière à y inclure toutes les créatures vivantes et toute la nature dans sa beauté... "

 

Trinh Xhan Tuan

 

Lieu du larcin : http://www.terresacree.org/actualites/module-mere-comment...

09/04/2013

Hommage à Bobby Sands de Lu Pélieu

" Le 5 mai 1981, après un jeûne de soixante-six jours, Bobby Sands s’éteignait dans la prison* de haute sécurité de Long Kesh, Irlande. Il fut le premier des dix «martyrs» républicains qui se laissèrent mourir de faim afin d’obtenir le statut de prisonniers politiques. Condamné à quatorze ans de détention, pour la possession d’une seule arme, Sands écrit dans Republic News. Durant les dix-sept premiers jours de sa grève de la faim, il tint un journal intime. Un mois avant de mourir, à vingt-six ans, il avait été élu député de Fermanagh et Tyrone du Sud. Sands fut inhumé dans le Carré républicain de Milltown, ainsi que ses neuf compagnons de grève: Francis Hugues (25 ans) mort le 12 mai 1981, Raymond McCreesh (24 ans) et Patsy O’Hara (23 ans), décédés le 21 mai, Joe McDonnell (30 ans), le 8 juillet, Martin Hurson (27 ans), le 13 juillet, Kevin Lynch (25 ans), le 1er août, Kieran Doherty (25 ans), le 2 août, Thomas McElwee (23 ans), le 8 août et Michael Devine (23 ans), le 20 août."

 

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Merci à Lu Pélieu qui m'a fait passer ce poème de Bobby Sands,  elle-même l'a eu d'un de ses camarades :

"Aujourd'hui, le gouvernement anglais présente ses excuses à propos du "Bloody Sunday" si bien clamé par le Bono de U2 - Les clampins applaudissent, 30 ans après les parents des victimes défilent comme chaque année...de 1978 à 1985 j'ai milité activement aux côtés de l'IRA - c'est ainsi que me fût transmis par l'un de ses camarades le Testament de Bobby Sands, un long poème sans haine. "

 

 

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LE RYTHME DU TEMPS - Poème-Testament de Bobby Sands.

 

Il est une chose inhérente à chaque être humain

Connais-tu cette chose mon ami ?

Elle a enduré les coups durant des millions d'années

et résistera jusqu'à la fin des temps.

 

Elle est apparue quand le temps n'avait pas de nom

Elle a pris vie et grandeur

tranchant les liens du mal

d'un couteau à la lame acérée, impitoyable.

 

Depuis le début des temps

Elle a allumé des feux quand le feu n'existait pas

brulant les esprit des hommes

et trempant en acier leurs coeurs lourds comme le plomb.

 

Elle a versé des larmes sur les rives de Babylone

et poussé un cri d'agonie et de colère

quand tous les hommes furent perdus.

Elle a saigné sur la Croix.

 

Par le lion et l'épée

elle périt à Rome

sur la Voie Appienne,

revêtue d'une armure de cruauté et de défi ,

aux côtés de Sprtacus

quand le mot d'ordre était la mort.

 

Elle marcha avec les plus miséreux

gravée dans leurs regards

où étincelait la mort comme vivante,

effrayant Seigneurs et Rois.

 

Elle a souri en toute innocence

face aux anciens conquistadors

docile, soumise et si inconsciente

du pouvoir mortel de l'or.

 

Elle explosa dans les rues misérables de Paris

et prit d'assaut la vieille Bastille.

Elle écrasa à coups de talons la tête des serpents.

 

Elle est morte dans le sang des plaines de Buffalo

Elle est morte de faim sous la lune et la pluie

son Coeur fut enterré à Wounded Knee

mais un beau jour elle renaîtra.

 

Genoux à terre elle a hurlé de toutes ses forces

près des lacs de Kerry.

Elle est morte fièrement, emplie de défi

alors qu'ils l'assassinaient froidement.

 

On la trouve dans chaque lueur d'espoir

Elle ne connaît ni entraves ni limites

Elle a grandi dans le coeur des rouges, des noirs et des blancs

Elle est dans toutes les races.

 

Elle repose dans les coeurs des Héros morts

Elle brille dans les yeux des tyrans

Elle a atteint des sommets aussi élevés que les plus hautes montagnes.

Tel l'éclair elle déchire les cieux.

ELLE ILLUMINE LES MURS DE CETTE CELLULE

Elle exprime sa puissance en tonnant.

 

Cette chose est un sentiment inébranlable mon ami

qui te fait dire "JE SUIS DANS LE VRAI"

 

(traduction Lu Pélieu)

  

(Écrit sur du papier de toilette dans l'isolement de sa cellule de prison et passé, dissimulé à l'intérieur de son corps, aux camarades à l’extérieur de la prison, 1980)

 

 

A voir aussi, Hunger, le film de Steve Mc Queen avec Michael Fassbender, sorti en 2008 :

 

 

 

 

 

10/03/2013

Eskathos, un poème de Frédéric Ohlen

À Cathy Garcia

 

 

La faille


Cette trace en nous du Ciel
Toujours tu la ravives
Tu nous ouvres des estuaires



Et d'un mot
L'autre
Quelque chose
Passe


Un souffle
Qui sort des gouffres
Et remonte
Le fil


L'arborescence
Qui ne sait
Plus faire
Silence



Voix d'avant la mémoire
Habitante des veines


Avant même que les rocs se
Heurtent
S'agglutinent en planètes pour


Nous porter


Puisque qu'avant la chaleur et le chant
Puisqu'avant le désir

Tu étais

 

Frédéric Ohlen

 

 


Tiré d' Anima æterna, recueil paru à L'Herbier de feu, Nouméa, en 2011, dans une édition limitée à 35 exemplaires numérotés avec une lithographie de Sylvain Gaudenzi.

Voir : http://vos-sens-en-eveils.over-blog.com/album-1287759.html


Ce livre rassemble en tout 11 textes assez longs dont 6 sont complètement inédits :
Eskhatos, Cantilène indienne, Devenir, Trastevere, Anima æterna, Are Nui - La Grande Vague.

 

Tous les hommes, on le sait, sont hantés par le Temps. Odi quod facit, sed facit quod sum, « Je hais ce qu'il fait, mais il fait ce que je suis », écrivait déjà Frédéric Ohlen dans la Peau qui marche (1999). Dans la ruée ou à mi-voix, de Vanuatu jusqu'à Rome, sur les collines de Sendai ou dans les rues de Raïatea, la Mort est là, en filigrane ou triomphante.

Les onze poèmes du livre se présentent comme le moyen ultime de la prédire, de la saisir, de la deviner puis de s'en défaire. Car le poète avance « un lotus dans les carotides ». On ne naît pas, on ne s'éveille pas par accident, assure-t-il. Nos vies ont un sens, en dépit des séismes. Une voix pour nous aider à retrouver toujours, loin des « pluies de colère » et du « pays scindé », « obscène dans le feu de son évidence, la beauté ».

04/03/2013

les mots qui rabotent la peau

Les enchanteurs  pourissent au fond des tranchées.

 

(…)

 

Fasciné par les mailles du filet

On finit par croire qu’on ne pourra

Échapper à la raison qui vient à nous.

 

(…)

 

Et donner à boire aux mémoires trahies.

 

 

Figés dans nos masques d’effraies

Tout nous éteint. Les nouvelles

Qui nous parviennent du front de la vie

Sont si laides que les écouter

Ne donne plus envie de vivre.

 

(…)

Il n’existe pas de mode d’emploi à la vie.

 

(…)

Nous marchons vers le désert de nous-mêmes

Aveugles aux feux brûlants dans la nuit.

 

(…)

Aller à la source puiser l’émotion transmise

Par les vibrations de l’air.

 

(…)

J’aime les mots qui rabotent la peau.

 

 

Saïd Mohamed

 

Lieu du larcin

 

 

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illustration d’Anto en couverture

Les Carnets du Dessert de Lune, 2006

 

 

 

14/01/2013

Mots sages

L'écologie extérieure sans écologie intérieure n'est qu'illusion. Si intérieurement, l'esprit est mu par des violences passionnelles, cela se traduira inévitablement en comportements extérieurs. Intérieur et extérieur sont interdépendants.

Sans un changement intérieur de mentalité et de relation, vouloir un changement à l'extérieur est illusoire. Denys RINPOCHE

 

Notre siècle de rationalité matérialiste, de pesanteur minérale, de substances toxiques largement répandues, d'une science presque totalement asservie au profit, a porté atteinte au monde sensible qui constitue l'enveloppe vivante et vitale de notre planète.

Il semble que ce ne soit qu'à l'aune du sacré que nous pourrions mesurer l'ampleur de notre responsabilité.

"J'entends par sacré ce sentiment humble où la gratitude, la connaissance, l'émerveillement, le respect et le mystère s'allient pour inspirer nos actes, les éclairer et faire de nous des être très présents au monde, mais affranchis des vanités et des arrogances qui révèlent bien davantage nos angoisses et nos faiblesses que notre force." Pierre RABHI

 

Lieu du larcin : http://www.terresacree.org/actualites/module-mere-comment...

11/01/2013

arriver à l’heure au bureau

Il punaisera la lune en haut d’un building

pêchera des sourires dans une rivière orange pulpeuse

il fera sonner son réveil à trente-deux heures soixante-six

pour observer la pluie de rêves filants

il picorera l’amour dans la gorge des oiseaux

(…)

Et puis un soir il épousera une colombe en robe d’été

à la lueur d’une catastrophe nucléaire ou boréale, il hésite encore à ce sujet

mais pour l’instant, il doit

se raser

se doucher et

arriver à l’heure au bureau

 

Marlène Tissot in Celui qui essayait d’être un homme comme les autres

Lieu du larcin : Microbe n°75

 

07/01/2013

le blanc et le sang s’empoignent dans les silences

il veut tout dire de l’univers abrupt
qui se précipite en lui en cascades violentes
il étouffe il ahane il aspire il chante
il meurt il est mort sa voix de caverne dorée
habite des demeures qui n’existent plus, le poète est hanté

 

(…)

 

le poète est un bestiaire monstrueux un zoo une réserve naturelle une pampa à nu d’improbables croisements ensauvagent la nuit, une banquise lézardée où le blanc et le sang s’empoignent dans les silences

 

Anne Jullien

 

 

 

 

Lieu du larcin : Les yeux des chiens (Confettis – ed. Asphodèle 2013)

25/10/2012

Dieu est pour la peine de mort

ILS

disent toujours

la vérité

 

Je veux dire

qu`ils se taisent

souvent

 

(…)

 

ILS

font dans

la dentelle

 

ILS

aiment aussi

faire dans les bois

 

Ils ne sont pas difficile.

 

(…)

 

ILS

Tombent amoureux

Comme pour rire

 

ILS

disent que ce n`est pas drôle

 

(…)

 

ILS

saisissent le jour nouveau

à bras le corps

et lui font passer un sale quart d`heure

Ensuite ils ont quartier libre

jusqu`au lendemain

  

(…)

ILS constatent simplement

que Dieu est pour la peine de mort

 

Paul Guiot

 

Lieu du larcin :  dans son recueil Mais qui sont-ils ? Minicrobe 33

 

08/10/2012

Qui colmate la brèche

Dans tes cheveux charbon

Une odeur de mélisse

 

(…)

 

Il était une fois une femme

Née dans la fournaise

Sur la peau des écailles

Dans les veines la mer

 

Il était une fois une femme

Accouchée insulaire

Sur les fentes du sel

Des entraves aux pieds

 

(…)

 

Tu sais briser les fers

L’azur ouvre les bras

Il t’offre des abeilles

 

Est-ce que cela fait mal

D’arracher les dards

De la tête du ciel ?

 

 

 

Sur le lit

Le temps file

Comme une souris grise

Il grignote des dents

Des glottes et des rêves

 

 

(…)

Gobe le monde

Croque à pleines dents

Les mots, les mouches

Le gros sel, l’herbe folle

Le jus de vent en bouche

 

 

(…)

C’est la mer qui s’emballe

Et débonde le cœur

 

C’est la main sur mon sein

Qui colmate la brèche

 

Muriel Modély

Lieu du larcin : son très beau recueil Penser maillée, paru aux Ed. du Cygne en janvier 2012

30/03/2012

les stupéfaits

à cru et à cran

à corps perdus à nerfs à vifs

-Debout les morts-c’est-l’heure ! – ivre sous

les coups les stocks les kits les ruts en toc

fermée comme l’œil d’un boxeur la ville

les maisons dans leur coin titubent

les façades se renfrognent et font blocs. 

 

Échauffées les luxueuses se reniflent à la queue

leu leu sur l’autopont se font les gorges chaudes

relèvent du garde-boue ; s’échappent des gazes

des dentelles des bouts de culasse ; on froisse

la tôle on se pourlèche aux pare-chocs

 

(un pauvre à l’arrêt piétiné

qu’on relève sous l’abribus)

 

On autogire autour l’œil du centre

s’empiffre vers le trou central du ventre-ville

- on progresse voyez le progrès !

on danse voyez comme !-

 

(…)Foules sur les escalators

communiant mines baissées circonspectes au moment

de l’élevation.

 

Paquets pompons rubans trois

compagnons républicains de sécurité

l’air patraque l’œil molosse

rabattent le client vers les bonnes choses de la vie.

 

Par les bouches se déversent les stupéfaits

 

Claude Vercey

 

Lieu du larcin : son recueil Mes escaliers, paru aux Ed. Les Carnets du Dessert de Lune (2009)

 

02/02/2012

all-Chimies de Jean-Louis Millet

Chimies de ces réactions spontanées et étranges
entre rêves et Vie
accoucheuses de réalités subtiles,
veuillez noter :
 
les gazouillis de papillons mordorés dans les cages de béton des villes ;
les oiseaux promis à la pierre ;
la  connivence des lunes aux trains des nuits du monde ;
les intérieurs de lune dans un soir d’ostensoir blanc ;
l’ennui des étoiles filantes jeté dessus les choses ;
les voleurs de nuit avec du vent plein les bras ;
les signes de cris, signes de croix, signe d’effroi ;
la face d’iode rubicond de l’effet d’à force d’amiodarone ;
les battements du cœur pulsant sous l’ongle de l’annulaire gauche au cœur de la nuit ;
les rêvéveils matin-calins mêlés de Brahms et de sueur ;
les draps ornés des dessins fous de l’herbe de son corps ;
les caresses de sa pierre de chair brûlante et lente ;
la parole des oiseaux transparents affamés au jour de son ventre ;
le cri de pierre étouffé aux échos concassés  de l’accordeur de silence ;
l’enclume du silence que seul un rêve sait attendre jusqu’à l’ivresse ;
l’ombre du son unique où se reposer du silence ;
le silence horrifié des pierres d’une lapidation ordinaire originaire d’Iran ;
la poussière rouge du souvenir de la liberté d’une ville bleue ;
le ciel cessant soudain son incessant ballet de couleurs sur le doux d’un gris monochrome ;
les chevaux du vent aux échelles de pluie ;
le fleuve des amants de la vie ;
l’eau qui coule et ne revient pas ;
la patience de l’eau dans le sillage vertigineux du fabuleux filet d’absurde ;
la couleur vide des yeux des gens à l’écoute du bruit de l’eau ;
l’œil de la foule qui vous saisit à rebrousse-peur ;
les hommes polychromes du pays Terre ;
l’angoisse du réel d’un constructeur d’imaginaire conjureur de mots ;
l’éclat d’émaux mêlés de ces mots conjurés ;
le  démon  dément d’un démiurge démagogue ;
la luxure 4x4 de l’automate poudré à l’orée de la nuit libérale ;
la terre dévoreuse de morts ;
les quatre piliers mythiques marquants l’entrée d’un paradis des ombres ;
la recherche du message sous la pierre
la jungle familiale dans la jungle urbaine où tous les morts sont ensemble, n’importe où ;
l’ennui du deuil, comme un sépia sur le noir du néant ;
les lambeaux du rire cimetièresisédes années intactes ;
les ravages du vent ;
les hautes herbes des heures dont la chaleur tremble l’horizon ;
le ‘’Rien Quotidien’’ à l’œil-main de T. maintenu sur l’Un-différent infini des choses de la vie ;
la ‘’liberté libre’’ des ‘’voleurs de feu’’ d’Arthur R.
le ‘’dernier domicile connu : Fossé-Ville’’  de Jack K. ;
l’allégresse du rituel ‘’entrer dans un bar écouter rire les morts’’ de Charles B. ;
le ‘’j’ai en moi mille générations’’ de Jack L. ;
la gêne des gènes, arènes, arn, adn,
all-Chimies !
 
‘’…mais c’est comme ça qu’la vie est belle, mon Cœur !...’’
(saisi au vol d’une conversation d’un père et de sa très jeune fille, entre mer et granit. Ploumanac’h 23 février 2011)


Lieu du larcin :

http://www.zen-evasion.com/vers%20libres/les_chaises_dorm...

03/10/2011

The Damaged Air Freedom Song

 
You want to talk about freedom
I’ll tell you about freedom
Freedom is not having to listen to you
            Anymore
 
You want to tell me about love
I’ll tell you about love
I’m loving when I don’t have to listen to this
            Anymore
 
You got your eye on the prize
And your finger on the trigger
Tell me what you’re aiming for?
 
You’re telling me all about success
Another eternity of listening to “how to make it big”
Success is when I don’t have to hear this
            Anymore
 
You cut my hair and dressed me up
I was your handsome lad in star-tip shoes
I was your born-again white man
I was your good example of what works
I sang in your choir at the top of the hill
I read your books and past your tests
I signed at the bottom line
I lived your American dream
 
And still the waters flowed
That science polluted with “Dilution is the solution”
And still the winds blew
Across the melted sands of nuclear test sites
And still the grass grew
Above the bodies you hid
And still the sun rises
Upon the darkness of your deeds
 
I’m not your converted white boy
            Anymore
I’m not your acculturated Indian
            Anymore
I’m not your behavior-modification project
            Anymore
I’m not the victim of your success
            Anymore
 
I stand beneath a polluted sky
And sing my freedom song
I stand next to these damaged waters
And pray for the ones I love
I touch the earth beneath the grass
And remember the ones who died with honor
I dance beneath the swollen sun
And pray for the ones I love
 
I ran a thousand miles in search of something
That was inside of me the whole time
I walked the streets of madness and opulence
In the darkness of street lights and howling moons
I rode from one coast to another and back again
Seeking signs and signals from a static wavelength
I pushed out to the edge of possibility seeking truth
Finding the insanity of looking in all the wrong places
 
I stood on the mountain top
And sang songs of freedom
I measured each song with circular rotation
And prayed for freedom
I measured time by circular rotation
As each new rising sun gave promise of freedom
I surrendered to the freedom that comes
From accepting the truth that lies within
 
With the first light of a new dawning day
My eyes are wide open
The light streaming in
Beauty and mirth surrounds me
 
In the hour of my awakening
I sit inside the damaged air we breathe
And pierce it with this song of freedom
And drink the waters that have flown
From the earth that holds the dreams and visions
Humanity can only grasp a small amount of
As the grass kisses my skin in sacred harmony
 
I am awake/I have awakened/Again
A-ho!
 
Oliver Loveday © 10.02.11.2:30am EDT
Lieu du larcin : dans son mail

30/09/2011

dans la déroute

 

L’homme est humain dans la déroute

Christian Saint-Paul

 

Lieu du larcin : son recueil Vous occuperez l’été (Cardère 2009)