17/09/2011
je me tais doucement
Car la misère est partout
qui impose son grand silence
sur le mendiant de Old Delhi
le SDF invisible de Recouvrance
car la misère
aime à taire
(…)
Ah ça !
Les vitrines du siècle 21
sont tellement
anonymement
parfaitement vitrines
(…)
J’égorge enfin mes peurs
je vais par les rues
qui charrient les gens
les automobiles
je me tais doucement
Jean-Christophe Belleveaux
in ne pas censurer la vie
Lieu du larcin : Revue Décharge n° 151
(Décharge n°151)
17:27 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
27/08/2011
et la connaissance
« et qui refuse la souffrance et la lucidité dans sa vie refuse également la volupté et la connaissance »
Stéphane Labat
Lieu du larcin : son livre " La poésie de l’extase et le pouvoir chamanique du langage"
11:02 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
21/08/2011
comme ébouriffée de nuit
J’aimerais pourtant encore une dernière fois
marcher sur le sentier
qui va vers nulle part
même vers une grange pleine de foin
qui sent les brebis et la camomille
même vers une touffe de châtaigniers
vers un ancien feu allumé par des chasseurs
vers l’empreinte d’un ours
le long d’un ruisseau de rouille
(…)
ces grands buveurs de brouillard
ces gorges ivres de silence
et de cailloux
Ici
la terre levée est comme ébouriffée de nuit
Michel Cosem
Lieu du larcin : dans son recueil Vous qui passez par Roncevaux (228ème Lieu Encres Vives)
21:30 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
des trous dans ma maison
visage du Bouddha
au front traversé
d'une mèche de verdure
au pays où les arbres
sont les berceaux des ruines
Couché sous les éboulis
je fouille mes sédiments
à la recherche d’une racine
ou d’un rossignol
qui chanterait dans mes serrures
(…)
Il faudrait tout dire
mais c’est impossible
tant les mots sont épuisés
(…)
Dans mes veines montent la sève
Des feuilles poussent à mes doigts
Je démultiplie le vents
et j’écris comme on tire la langue
(…)
Ainsi chemine t-on
le soleil dans le dos
afin de piétiner son ombre
Pourquoi se plaindre
On arrive nu dans la vie
et on repart habillé
(…)
Les rencontres m’effraient
et pourtant je le sais
qu’on ne lave bien son âme
que dans le regard d’autrui
(…)
bouffée après bouffée
tétant le vide
j’aspire à vivre
je lâche mes pigeons courriers
en espérant que ces ronds
que je crache vers le ciel
iront couronner Saturne
(…)
Mon sang n’est pas millésimé
Je n’ai jamais claqué des nageoires
au club des Otaries
ni à celui des Beaux Esprits
Mes songes n’impressionnent pas
l’obscur miroir des pellicules
(…)
L’ivrogne et l’enfant titubent
On boit jusqu’à l’innoncence
Alors pourquoi sans fin
faut-il presser l’abcès
exprimer retrancher polir
à la poursuite d’une aile
qui ne délivre pas
du temps où on s’enlise
(…)
Je pèse mes chaînes
Je savoure mes poisons
et l’eau simple des gouttières
fait des trous dans ma maison
Jean Dif
Lieu du larcin : dans son recueil Sous les couteaux des horloges (385ème Encres Vives)
21:26 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
02/06/2011
Cloquons la honte aux maux !
- 1 / rection
- Y a plein de mots qui dorment
- au tréfonds des fondus
- enchaînés ; des mots-lits
- gigognes, enchâssés
- en kyrielles de sons
- discordants, d’émotions
- lâches, discontinues…
- Des mots à n’en savoir
- ni le commencement
- ni le pourquoi du qu’est-ce
- qu’un mot seul sur la page
- à l’affût / dérapage ?
- * * *
- T’as tant de mots stoppés
- au bord des lits des faits,
- de mots couchés en vrac
- qui sont emmitouflés
- dans les draps mots passés,
- ou pales d’un steamer
- ventilant le rotor
- d’un pâle azur glacé…
- [surrealist, isn’t it ?]
- * * *
- Jetez les mots molosses
- à la gueule des temps
- compassés conciliants /
- mordez à belles dents
- dans la chair de vos langues
- de bois amidonnées !
- ill. langue de bois sculpture de Lionel Erba
- Explosez le car quand
- des codes, du codex…
- Décodez les codas,
- décollez du cortex !
- Lâchez tout, lâchez prise :
- emportez-vous / portez
- le verbe incandescent
- à l’indécence * extrême
- ou à l’autre.
- Explorez
- l’illimité du « genre
- poétique » et le nombre
- d’or de l’image innée.
- Ahanez, chuchotez,
- ciselez vos rasoirs :
- taïaut ! Taillez en veine
- orangée l’atmosphère
- hic ! Enivrez-vous donc,
- sans nous payer / ni vous /
- de monumentaux MOTS,
- mais mots-lestez plutôt
- l’ politiqu’ment corps rec-
- tilign’ Point.
- à la ligne
- * * *
- Cloquons la honte aux maux !
- * l’un des sens ?
- Jean-Marc Couvé
- Lieu du larcin : http://evazine.com/jmcouve/jmc-inedits.htm
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29/05/2011
au coeur des ruines
Ses mains gitanes
Enveloppent le monde
Alors que les papillons
S’alourdissent au cœur des ruines
Pierre Bonnet
Lieu du larcin : son recueil "tout près de là" (Ed. Cardère 2011)
12:32 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
se libère des ronciers
je sais
qu’elle est
là
quelque part
à
archiver
d’encre
les lèvres
du fleuve
(...)
quand
tombe
la nuit
noire
l’aile
blanche
en
silence
se libère
des ronciers
Patrick Devaux
Lieu du larcin : dans son recueil "l’archiviste du brouillard" (G.R.I.L.2011)
12:27 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
24/05/2011
sur les pavés standards
On a croisé l’enfant qui dodeline de la tête dans le désert des églises poussiéreuses. On a lâché une pièce : il dodeline de plus belle
Commerce des sourires des rouges à lèvres élastiques, des parures lisses et confromes
La rue se maquille, agitée par ses poches pleines de punaises, et ses trottoirs engainés dans leurs courses, où l’entrain se consomme en coups de vent
(…)
C’est un vide en perpétuels évitements, des coups d’oeildéparés, exigus, des caps toujours tenus, hypnotiques
Les rêves rebroussent chemin, étouffés sous les pas heurtés de la ville ; les rêves éventrés gisent sur les pavés standards
Delphine Gest in A travers l’écran
Lieu du larcin : Traction Brabant n°40 - avril 2011
10:13 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (1)
20/05/2011
d'une panne d'existence qui dure
Et il est encore trop tôt pour partir
Je ferais mieux de ranger les rêves
Surtout les plus précieux à l’aube
D’une panne d’existence qui dure
Patrice Maltaverne
Lieu du larcin : son recueil Faux Partir (Le Manège du Cochon Seul)
09:08 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
14/03/2011
Né pour être plié
I
« L’homme est né pour être plié
Dans un sac
… avant d’être jeté à la mer
(…)
III
« L’homme est né simplement
Pour tomber
…ne plus jamais se relever, une lance dans le dos
Le feu, l’arc, et sous le masque, la cicatrice ouverte sur les étoiles,
Tout ce qui lui a été appris, lui a été ravi par le flot impétueux du fossé,
- alors pourquoi continue-t-il à changer toujours les pierres de place ?
(25 juillet 2010)
Joël Jaquet
Lieu du larcin : Traction Brabant n° 38
09:12 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
08/03/2011
que Dieu protège ceux qui les ont bafouées
Henri Gougaud
in L'homme à la vie inexplicable
10:07 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
28/02/2011
Avec un avion sur la temps
Elle fait de la fumée sans feu
Sur le bord de ses lèvres
Pour les indiens morts
Qui dansent dans sa tête
(…)
Sur sa chute de rein
Il pousserait de beaux arbres
Les truites frétilleraient
Dans le ventre d’un ruisseau
(…)
Et parfois quand la nuit avale
Les dernières bouchées de crépuscule
Elle se retrouve assise sur son lit
Avec un avion sur la tempe
Guillaume Siaudeau
Lieu du larçin : son recueil Poèmes pour les chats borgnes, Asphodèle 2010, troqué contre le mien
14:45 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
09/02/2011
la moelle des articulations cosmiques
Lumières. Pluies. Océans sauvages. Emportez-moi dans la moelle frénétique de vos articulations. Emportez-moi ! Il suffit d’un soupçon de clarté pour que je naisse viable. Pour que j’accepte la vie. La tension. L’inexorable loi de la maturation. L’osmose et la symbiose. Emportez-moi ! Il suffit d’un bruit de pas, d’un regard, d’une voix émue, pour que je vive heureux de l’espoir que le réveil est possible parmi les hommes.
Emportez-moi ! Car il suffit d’un rien, pour que je dise la sève qui circule dans la moelle des articulations cosmiques.
Frankétienne (Haïti) in L’oiseau schyzophone
Lieu du larcin : Ici et là, n°12
09:15 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
07/02/2011
vous nous avez baptisées racailles
Les épines diront : une par une vous
nous avez triées une par une vous nous avez
séparées de notre mère cactus une par une
vous nous avez aiguisées avec votre couteau de poche
une par une vous nous avez enduites de votre salive
poison une par une vous nous avez semées au vent
une par une vous nous avez nommées blessures une par
une vous nous avez baptisées racailles
Aymen Hacen in Présidentielles (inédit)
Lieu du larcin : Décharge n° 147 - Septembre 2010 - qui présentait entre autre dans ce numéro quatre poètes tunisiens, Mohamed Ben Ouirane, Moez Maged, Maha Ben Abdeladhim et Aymen Hacen.
14:26 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (1)
04/02/2011
Au fond de mes gants
Tant de soleils et de visages
bravant la vérité
tant de sable entre mes doigts
qui s’égrène encore
de sang et de broussailles
au fond de mes gants
Jean-Michel Bongiraud in Sang & Broussailles, Raphaël de Surtis Ed. 2010
Lieu du larcin : Traction Brabant n°39
et je dois dire que les extrairs publiés et la présentation de François Huglo, m'ont donné sacrément envie de lire ce recueil !
10:21 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
21/12/2010
Calligramme offert par Claude Guibbert
*
**
Au
mal
qui charme
si bien.
Au bien qui
marche si mal.
A l'ancienne nouveauté.
A la nouvelle ancienneté.
Au fil de l'eau que tamise le fleuve du temps.
A l'éternel mécontent qui tance la constance du temps.
Aux figues bleues qui nous ressemblent.
A l'imaginaire marginalisé qui nous rassemble.
A l'insoumise hirondelle revenant délivrer la part belle du printemps.
Aux billes de la pluie.
A la bulle de la Lune.
Aux lunules de la nuit.
Aux lacunes de la Une.
Au tonnerre qui déraisonne.
Aux saisons qui détonnent.
A la couche d'ozone reprisée ou méprisée.
Au téléphone de personne qui ne dérange pas les anges.
(Ou comment taire l'ange qui passe et se passe de commentaires) :
Par l'hymen du poème qui m'émeut et me meut :
Je
pollinise
l'image
magique
du tour-
nesol
de
vos
rires !
Je
cautérise la main mise
du vampire de nos larmes!
18:55 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
27/05/2010
L'insouciance d'un instant...
"Aujourd'hui, dans mon ermitage, j'éprouve un sentiment profond d'osmose avec la nature. Tout espace intérieur possède une ouverture sur l'extérieur. La sève des arbres, le passage fugitif des saisons, la richesse et les variations sans fin de la lumière participent étroitement à la vie intérieure. J’aime mon « aquarium de sérénité », sa relation permanente avec le jardin qui entoure la maison. (...) Je vis comme au XIXe sicècle : une cuisinière à bois et, entre maison et atelier, une source vive. La géomancie du lieu est parfaite, j'y prends racine.
(...) Pour aider à la concentration, je me suis retirée du monde. Les temps de vacuité, de perception intime sont propices au détachement. Plus j'avance, plus je recherche une banalité de la vie au quotidien qui m'offre une solitude joyeuse. Cette quête de simplicité éveille en moi une profonde réceptivité aux manifestations du vivant et de ses lectures, même infimes. C’est seulement dans cet état de sérénité quo'n peut capter la source de son coeur. Cette ascèse, j'ai mis du temps à la saisir, à la pratiquer vraiment. Entre la théorie et l'éveil réel aux mystères de la vie, l'apprentissage est si long qu'on à peine à y croire. Une chose est certaine : c'est la pratique quotidienne de l'éveil qui donne accès à l'authentique connaissance.
(...) Ce n'est que récemment que j'ai compris le principe interne, l'alchimie qui donne la vie. Pour atteindre cette peinture, plus sublime, plus divine encore, je dois toucher à une vérité intime, indicible. Travailler l'insipide. Rechercher encore l'humilité, la liberté vis à vis de la maîtrise acquise. Il faut que je devienne bendan comme on dit en chinois : « idiote » ou « bécasse »... grande théorie des maîtres taoistes. Avec le temps et l’ivresse, qui sait ? Peut-être y parviendrai-je...
Peu à peu je me suis familiarisée avec cette vie, le compagnonnage du silence et la présence du non-dit. Il devenait nécéssaire d'oublier le temps, de s'oublier soi-même ainsi que toutes pensées, opinions, cultures acquises. Je puis alors devenir "bois brut", "herbe au vent" ou "brise du printemps". (...) On se rend compte que, derrière le vide apparent du silence, la vie grouille de toute parts et c'est alors, avec pudeur et émerveillement, qu'on saisit la pense poétique. (...) Quelle puissance, quelle connaissance savante quelle complexité dans le "presque rien" d'un bourgeon ! (...) Acceuillir sur le pas de sa porte la beauté du monde, libre et sans entrave, l'insouciance d'un instant...."
Fabienne Verdier in Passagère du silence
Lieu du larcin : mon exemplaire de ce récit paru chez Albin Michel en 2003 et que je viens de terminer, j'ai beaucoup aimé.
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04/05/2010
Pour l'éternité
Il faut dire au roi des nausées
Pour tous les naufrageurs du monde
Qu’il faut avoir le pied marin
Pour tenir droit dans ce pays
Et négocier son oxygène
Au violent étouffeur de rêves
(…)
Il est exactement minuit
D’après cette explosion de musc
Tout est calme d’un coup
Quelqu’un que je ne vois jamais
Glisse une rose dans ma main
Subrepticement
Il y a du sang
Partout
Pour l’éternité
El-Mehdi Chaïbeddera in Cœur gaulé
Lieu du larcin : Collation 11 - supplément au Rétro-Viseur n°97 (2004)
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13/03/2010
Vieux chien de nos poitrines
Nous savons témoigner des mots lovés dans
les terriers de chair. Mots désastres du corps perdu.
Mots qui n’ont plus leur place dans la bouche…
Nous sommes des brûleurs d’eau froide.
L’aube est sans laisse, et le cœur est immense.
L’âge du monde est notre voie.
(…)
Les mots sont l’océan de nos barques de pierre.
Nous avons mis des siècles à dépouiller la nuit de nos chimères.
Car nous avons gagné le droit du large, chacun
Dans son manteau d’écailles et d’horizons.
Chacun dans le gisant des mots, l’étoile au sec.
La nuit dort sur le flanc, vieux chien de nos poitrines.
(…)
Pierre Colin
Lieu du larcin : Je ne suis jamais sorti de Babylone, ed Multiples 2008
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12/03/2010
et les clôtures arrogantes ?
On entre aussitôt dans une herbe seule sous le ciel.
On aimerait voir une vache (y est-elle encore sans son souvenir ? et l’écrire va-t-il compenser consoler ?)
(…)
Le silence, on dirait qu’il rouille.
(…)
Phrases qui sentent le fumier, la pomme mûre, le vieil automne, ce que tu aimes depuis l’enfance, sans mesure, peut-être bien jusqu’à l’arrêt du cœur.
Ou si c’est avec ces mots de campagnard que tu cherches à effacer le lotissement sous ta fenêtre ? À corriger comme un poème le paysage d’ici, toits en trop, et le béton, et les clôtures arrogantes ?
Marcel Migozzi in Et si nous revenions sans vieillir ?
Lieu du larcin : 370ème Encres Vives
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