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12/03/2016

Angela Loij entre deux amies lors de la cérémonie du Hain de 1923 - Selk´nam - Tierra del Fuego, Chili

 

Selk´nam women, Tierra del Fuego, Chili le dernier est mort en 1974.jpg

Les Selk'nam, également nommés Ona étaient l'une des principales ethnies, chasseurs-cueilleurs nomades ils se déplaçaient sur leur territoire au grès des saisons et furent, comme la plupart des peuplades amérindiennes, victimes de massacres et d'un génocide culturel organisés par les colons européens venus s'approprier leurs terres entre la fin du dix-neuvième siècle et les années cinquante. L'ethnologue et anthropologue franco-américaine Anne Chapman (1922-2010) leur a consacré, à partir de 1964 de longues années de recherche afin de recueillir et mettre en forme leur patrimoine culturel avant que celui-ci ne s'efface complètement. Quand le Soleil voulait tuer la Lune paru en 1982, résume la somme du travail d'investigation qu'elle a mené auprès des derniers Selk'nam ayant mené une existence traditionnelle. Deux femmes en particulier, Lola Kiepja et Angela Loij, nées vers 1880 et 1900, décédées en 1966 et 1974, lui ont été d'une aide précieuse par les témoignages de ce qu'était la vie de leurs ancêtres et de ce que fut leurs existences lors des temps incertains de la colonisation.

Lola Kiepja était la dernière des Selk’nams.

Le titre du livre "Quand le Soleil voulait tuer la Lune', vient de l'un des récits fondateurs de la mythologie Selk'nam : en des temps fort lointains, la terre était peuplée d'esprits, le soleil et la lune vivaient encore parmi les humains mais diverses luttes de pouvoir s'engagèrent qui conduisirent le soleil a frapper la lune au visage pour la tuer ne réussissant cependant qu'à lui creuser de larges cratères sur sa face. Depuis cette époque mythique, les deux astres se poursuivent inlassablement dans le ciel. Les Selk'nam mettaient en scène ce récit et bien d'autres lors d'une cérémonie rituelle annuelle de plusieurs jours, le Hain, durant laquelle hommes et femmes prenaient l'apparence d'esprits en peignant leurs peaux, maquillant leurs visages, portant parures, décorations et masques de bois.

 

Un site à visiter : http://selknamstudy.blogspot.fr/

 

 

11/03/2016

Soutenez Onanyati, un documentaire de Vincent Gallet (2016)

 

 

Un documentaire sur l'association franco-péruvienne Onanyati. Ce film nous entraine sur la piste d'une aventure artistique et humaine au cœur de la forêt primaire: ses mythes, ses dieux et déesses, la nécessaire préservation de cette forêt et de ses cultures ancestrales.


On peut aider ce projet en réservant son CD à l'adresse de l'association: ONANYATI / LUZINART, ancienne usine du chemin de vaux, 91580 Etrechy avec un chèque de 20 Euros à l'ordre de Luzinart, merci). L'édition sera disponible dans 6 mois (en mai 2016) et les bénéfices versés au profit de notre projet de protection de la réserve nationale de CERRO DIVISORIA au Pérou.

 

 

 

 

10/03/2016

La comédienne et humouriste Audrey Vernon présente sa satire "Comment épouser un milliardaire".

 

 

 

 

 

08/03/2016

Appel : soutenez Kumancaya, le village qui vole

 

Mon ami Pierre Urban a réalisé ‘’Kumancaya, le village qui vole”, un documentaire tourné en Amazonie péruvienne dans la région qu’occupe le peuple Shipibo-Conibo. Vous pourrez découvrir ce film de 52’ ci-dessous et donner une appréciation de 1 à 5  avant le 11 Mars. Ceci permettra éventuellement à ce film d’être sélectionné pour son passage au festival:

http://www.webprogram-festival.tv/les-programmes/les-prog...

 

MERCI !!! Faites tourner.

 

Ce film ainsi que les précédents fait partie des objectifs de son association http://shanefrance.org : sauvegarder et valoriser le patrimoine immatériel de ce peuple de la forêt. Ce film a déjà été projeté en 2015 aux : Festival du Film Chamanique, Festival de la Paix et La Maison d’Amérique Latine à Paris.


James Arévalo, peintre shipibo et chaman est l’un un des principaux acteurs du film.

 

 

 

 

Changement de propriétaie d'Aurélien Lévêque et Luba Vink (2016)

 

Changement de propriétaire suit de l’intérieur une aventure citoyenne défendant une idée aussi fiable qu’utopique : celle de la terre comme bien commun. Rassemblés par l’action concrète, les membres du mouvement Terre de Liens mettent en œuvre les moyens nécessaires à la mutation de notre rapport à la terre. Le film montre qu’à travers cet engagement, c’est l’organisation même de notre société qui est remise en question. Et si avec le capitalisme on arrivait à collectiviser les terres ?

http://changementdeproprietaire.com/Le-film

 

 

 

Femmes sous influences

08 mars 2016

Les femmes migrantes sont de plus en plus nombreuses à quitter leur terre, par volonté d’émancipation, par souhait de ne plus soustraire aux contraintes familiales, pour fuir des rites dégradants, par désir, envie de pouvoir faire des études et imaginer une autre vie.

On les dit dominées, soumises à des traditions d’un autre temps et sans diplôme, on les dit « femme de » ou « épouse de » pour les réduire à un statut le plus souvent erroné.

Dans les faits beaucoup viennent seules. Elles accomplissent un parcours dangereux, se retrouvent le plus souvent sur notre sol sans titre de séjour. Les plus diplômées et les demandeuses d’asile peuvent aspirer à un statut légal. Mais la survie est éprouvante en attendant une régularisation par le travail sans pouvoir choisir ni métiers, ni horaires. Elles sont nombreuses à choisir la voie du travail clandestin au risque de ne pas être payées, d’être malmenées, maltraitées.

Parce qu’elles sont femmes, lorsqu’elles peuvent se mettre en démarche de recherche d’emploi, elles se heurtent à des discriminations liées au genre. Elles occupent souvent des emplois à temps partiels et en horaires décalés où les contacts humains sont rares.

Isolées, elles sont peu informées de leurs droits et ont donc des difficultés à les faire valoir.

La Cimade accompagne ces femmes dans leurs démarches juridiques, administratives et dans le cadre de procédures liées au divorce. Elle les oriente vers un suivi médical et social.

La Cimade a été longuement auditionnée dans le cadre des débats qui ont animé la proposition de loi contre le système prostitutionnel, la réforme du droit d’asile, et la nouvelle loi relative au droit au séjour des étrangers en France. Grâce à ce travail, les persécutions liées au genre devraient être prises en considération dans les demandes de protection.

Parallèlement La Cimade participe à des collectifs comme Actions et droits des femmes migrantes et exilées (ADFEM) pour échanger sur l’actualité juridique ou encore le collectif Ensemble contre la traite des êtres humains. Elle développe des partenariats avec des associations espagnoles et italiennes pour accompagner les victimes de violences au sein du couple. La Cimade a créé des espaces et des lieux d’échanges où les femmes, ensemble, mettent en place des activités communes.

 

 Photographies : ©  Vali Faucheux, permanence de La Cimade à Nevers, juillet 2015.

 


 

 

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07/03/2016

Où il est question - entre autre - de Trans(e)fusées (paru chez Gros Textes en 2015)

LE SCALP EN FEU - IX

 

 

Décembre 2015 / Février 2016

 

« Poésie Ô lapsus » Robert Desnos

 

Le Scalp en feu est une chronique irrégulière et intermittente dont le seul sujet, en raison du manque et de l’urgence, est la poésie. Elle ouvre un nombre indéterminé de fenêtres de tir sur le poète et son poème. Selon le temps, l’humeur, les nécessités de l’instant ou du jour, ces fenêtres changeront de forme et de format, mais leur auteur, un cynique sans scrupules, s’engage à ne pas dépasser les dix à douze pages pour l’ensemble de l’édifice.

 

Lecteur, ne sois sûr de rien, sinon de ce que le petit bonhomme, là-haut, ne lèvera jamais son chapeau à ton passage car, fraîchement scalpé, il craint les courants d’air.

Octobre 2015 à Mars 2016 – Michel Host

 

 

RECUEILS

 

SOMMAIRE

 

  • I – LA POÉSIE ou « On ne m’y reprendra plus » ………………… p.2
  • II – RECUEILS       Cathy GARCIA - Trans(e)fusées ………………………………. p.4       Margo OHAYON - Poussières …………………………………… p.6       Basile ROUCHIN - Détail d’intérieur …………………………. p.7       LE GOLVAN Nicolas - Psaume des Psaumes ………………. p.9          

 

  •       
  •       
  •        Anne JULLIEN - Terminus 2007, énigmes ………………….. p.8
  •        Élie-Charles FLAMAND - Percer l’écorce du jour ………….. p.7
  •        Gilles PLAZY - Ciel renversé   …………………………………… p.5
  •        Annie DANA - Pépins de Cupidon ……………………………… p.4

_________________________________________________________.

 

I - LA POÉSIE

On ne m’y reprendra plus. Et finissons-en. Si j’avais mieux cherché, j’aurais trouvé Aragon. Si j’avais plus de mémoire, je m’en serais souvenu. Ses « jeunes gens », une fois pour toutes, ont cerné les difficultés. Ils sont trois, le « premier » dit le poète, le « second » le poème, le « troisième » la poésie.

« Un poète c’est un poète à quoi voyez-vous que c’est un poète / En quoi vraiment est-ce un poète / À partir d’où peut-on se dire poète / À partir de quand / À quoi reconnaît-on qu’un garçon comme un autre un beau jour / Est un poète / La veille il ne l’était pas encore et voilà Poète / Étrange appellation non contrôlée il n’y a pas / De procès à qui sans droit en abuse   […]   Pourquoi diable a-t-il voulu ce garçon plutôt qu’ / Employé des contributions indirectes / Être poète il n’en sait rien   […]   Être ou paraître // Voulait-il donc plaire à je ne sais quelle pâle cousine / Plaire ou déplaire on plaît beaucoup en déplaisant… »

« Tu sais par cœur des mots patiemment que tu as mis / L’un près de l’autre où l’autre près de l’un paraît baroque / Jamais personne ainsi n’a fait se rencontrer les mots ensemble / Il y aura des gens qui te reconnaîtront à ces accouplements sonores » 

 

« Un poème dit le second c’est un charnier […]   Un poème dit le second c’est une place de province / Où des voitures de gitans sous les arbres sont arrêtées… […] Un poème dit le second c’est la neige des peupliers   […]   Et son silence est une menthe odorante quand on la fauche »

 

« CE QUE DIT LE TROISIÈME /// Un poète est celui qui fait des poèmes / Un poème est la forme que prend la poésie / Mais qu’est-ce que c’est qu’est-ce que c’est la poésie

Cette chose en moi cette chose en moi cette chose en dehors de moi

Et d’abord comme si c’était appeler les choses / Par un nom qui leur ressemble et qui n’est pas le leur / Et soudain comme si c’était appeler les choses / Justement de ce bizarre nom qui est le leur

[…]

J’ai souvent essayé de m’imaginer la poésie / Comme le poing fermé qu’on glisse dans une chaussette / Histoire de voir s’il faut la repriser / Ou la grimace d’un enfant à soi-même dans la glace / J’ai souvent essayé de m’imaginer la poésie / Comme la pêche à l’écrevisse / Un chiffon rouge entre les pierres du ruisseau / Ou l’étincellement nocturne d’un passage clouté / Dans une ville déserte / Ou le geste subit vers le ciel d’une charrette à bras / J’ai vainement essayé de m’imaginer la poésie »

Louis Aragon

Les Poètes, « La Nuit des jeunes gens », in

Œuvres Poétiques Complètes, vol. II, La Pléiade

 

Voilà. Tout est dit. Ou presque, mais encore, avec Cathy Garcia :

« La sensation d’être toujours en retard, ou trop en avance, allez savoir, mais en décalage permanent ça oui. C’est peut-être ça « être poète », mais à vrai dire « être » suffirait, car les étiquettes collent mal ou collent trop, et elles ne servent à vrai dire qu’à rassurer le contenu du bocal qui nous sert d’identité. »

Revue Nouveaux Délits, n°52, avril-mai-juin 2015

 

Et avec moi, qui ne prétendais pas au dernier mot, mais tentais d’allier un ridicule prurit professoral au romantisme des cuisines et des jardins :

« Je me demande ce qu'est la poésie. Comme une femme le matin dans la cuisine entend chanter un oiseau et s'interroge. La poésie, plus que toute autre forme écrite, pour moi se définit par l'usage que d'elle-même elle exige. Il est des poésies qui, sous les miroitements du verbe, ne sont qu'heureuses redditions du poète à soi-même. Il en est d'autres où, à parler de soi, il nous suggère les combats sauvages qu'un homme digne de ce nom doit livrer : Baudelaire, Rimbaud, Char - même s'il m'agace -, et Cioran, oui, poète, auront été de rudes guerriers. Et Mallarmé, qui affronta les vertiges. Et quelques autres encore qui savent dire bonheur, rire, amitié, nostalgie. Je pense à Desnos, à Supervielle… La poésie porte aux armes, à la beauté vivante. »

Carnets d’un Fou, le 6 juillet 1999

 

ARAGON, ENCORE…

« J’appelle poésie un conflit de la bouche et du vent la confusion du dire et du taire une consternation du temps la déroute absolue »

Grenade, Le Fou d’Elsa, Œuvres poétiques complètes, Pléiade, vol.II

Comme on voit, la Poésie est une bien vieille chose, elle est du temps où l’on reprisait les chaussettes, et probablement de bien avant. Elle est dans le décalage, et sans doute encore un peu dans le chant de l’oiseau. Elle est apanage du Temps de l’Après comme elle fut Avant. Nous n’en parlerons plus, ou seulement dans un bond entre deux pages. M.H.

 

 

II - RECUEILS

Ils s’accumulent, pluie d’étoiles filantes, dans ma prosaïque boîte aux lettres. On n’est pas tenu de lire des poèmes nuit et jour, jour et nuit. D’en écrire, moins encore. Je fonde cependant de grands espoirs sur les espoirs et les forces de mes amis poètes du jour d’aujourd’hui, ma confiance en leur confiance, car chacun, chacune écrit à sa plus grande hauteur, dans sa vision, son âme, son cœur. Il faut à l’humain de l’âme et du cœur. Ils peuvent éprouver des chagrins, de vraies tristesses, de ces craintes de l’après, mais tous ̶ ou presque ̶ croient en la vie. Les mots sont les premiers pas vers la preuve humaine. ̶ M.H.

 

Annie DANA. PÉPINS DE CUPIDON. Rougier V. éd. revue ficelle (Gravures - Fraîches ! Élégantes ! Belles !, de Thérèse Boucraut) – 31 pp.- 9 €. - Novembre 2015. - Atelier Rougier V. – Les Forettes – F.61380 – Soligny la Trappe.

Simple comme une après-midi d’été : « Que me veux-tu / Toi l’insolent / Que je ne veuille aussi / Moi qui ne connais que l’écorce / Et non le noyau / Cupidon riait / Il pelait le fruit du pommier / Recrachait les pépins sur ma poitrine… »

Complexe comme la complexité : « Un ciel furtif sur tes silence / me console de n’être rien / qu’humer / d’univers clos / réalité tacite / nos jouirs doubles sans mémoire… »

Désirante comme la folie de désirer : « Tu es loin / et tantôt je t’invente / dans le paysage d’une étreinte / acharnée / où contre moi désirante / ton plaisir lutte / tantôt je te devine / pareil aux marées d’Avril / refluant… »

Affrontée aux mystères agaçants des contraires et des inévitables : « nous nous relèverons / un jour / parmi les arbres / un goût d’humus / entre les dents / ainsi que / le veulent nos baisers. »

 

Cathy GARCIA. TRANS(e)FUSÉES. Gros Textes éd., (Dé/collages de C. Garcia, Furieux ! Mortels ! Mystérieux !) – 40 pp. – 9 € - 2015 - éd. Gros textes & Association Rions de Soleil, Cave de Fontfourane - 05380 – Châteauroux-les-Alpes – http://grostextes.over-blog.com/

Rêveuse, blagueuse, baladeuse : « Avant de m’endormir, octroyez-moi mon baiser de cristal, que je puisse aller saluer les pachydermes aux défenses d’émeraudes. […] C’est en toute quiétude que je ne fais nulle rature à ce texte savant. / J’étais déjà têtue dans l’utérus, malle à la dextre, à espérer n’importe quel joueur de yo-yo ou de balafon qui m’emporterait au Zaïre ou au plafond.

Son naturel découvert, extension de la nature : « Je caresse mon chat, sa nuit de fourrure étoilée, à l’écoute des grenouilles invisibles, muscles tendus sous le caoutchouc vert, qui crient l’amour et le plaisir brut. Les feuilles grasses et brillantes de ces plantes vénusiennes chuchotent sous ma fenêtre. Tout est bien.

Affrontée aux mystères insondés de la vie incompréhensible par définition : « Attendez qu’on soit mort / Écoutez un peu / Nous n’avons pas dit notre dernier mot / Nous n’avons pas tiré notre chapeau / La vie c’est plus que ça / Beaucoup, beaucoup plus que ça / Ça commence bien avant / Et ça ne finit jamais […] Le verbe est une spirale / L’ADN est une spirale / Ce qu’on avale nous avale / Tout ça me paraît normal… »

Dans un délire précieux tel un « inexcusable delirium » : « Cristal où êtes-vous mon amour ? / Améthyste nue correcte exhibée / C’est mon verre tige de l’amour / Rubis sexuel luit la nuit / Sous son chapeau de chagrin / Et les siamois sont d’été / Sous les nuits balisées de boues de lin / Crapule ovaire mité et chien perméable / Marin d’eau rousse, capsule le cul / Je suis tombée ! »

Fureur (ou autre chose ?) vers le « réel, intranquille : « Un cœur / Qui soudain a des crocs / s’auto-dévore / Vendanges lycanthropes / À la vulve du monde / Ça m’aide la nuit / À raccommoder mes étoiles / À faire jonction / Émeute solaire // Au cadran j’ai rongé les angles / Les ai polis de ma langue / Pour en faire le cercle / Aléatoire / Non parfait / Le cercle rugueux / Du réel »

 

Gilles PLAZY. Ciel renversé. Ed. La Sirène étoilée. 45 pp. – 2015 / La Sirène étoilée / 13 Hent Ar Stankennig / 29910 – TREGUNC / et lasirene.etoilee@ orange.fr / lasirene.etoilee.monsite-orange.fr

Inquiet ? Inquiétant ? En plongée profonde : « Noir amer pour une vie apocryphe dans l’étroit du ciel l’œil-silence éteint les abois // nos morts sous l’herbe témoignent d’un rien frémissant quand nous lissons les heures à l’approche du flou jusqu’à ouvrir l’instant saisir l’espace […] (Pierre haute)

Ariane es-tu encore ma sœur ? Ariane, Ariane… es-tu celle que nous rencontrions autrefois, "d’un amour blessée" ?  : « corps dansant sur le cristal déni de l’originel déclin le poing lance des appels aux portes closes une larme se pose sur la main tendue ô jachères incomprises à l’épiphanie d’un cerisier ! // l’œil métaphysique est sans complaisance /// […] Ariane étrangère Ariane subversive complice de l’eau et du souffle Ariane enfant lumineuse innocente dans le jeu vertigineux du monde Ariane lance les dé Ariane danse ailée sur le fil de l’horizon dans le chant des météores ! » (Ariane danse ailée)

Ombres tutélaires et souffrantes, « la main d’un dieu… », et celle de l’ange ! :

« L’ŒIL QUI A VU CELA SANS NOM – Tombeau de Paul Celan / la solitude la solitude est sans chemin oiseau oiseau qui meurt d’une pierre jetée le sang d’Abel n’a pas fini de couler la mort est sans promesse patience au bord de l’abîme et deuil bardé de désir silence par-dessus les murs et Job qui danse dans la tombe l’oiseau mort parle encore l’oiseau mort irradie /// […] enfant de quel abandon tiens-tu la corde ? brûlure dans la mémoire cendres dans le sang en attente d’une floraison de lys ah que la main d’un dieu dans les dangers prenne la tienne !... »

« DERRIÈRE L’ÉTOILE – Tombeau de Nelly Sachs /  […] ni la folie ni la mort n’obscurcissent le ciel en lequel brille la nostalgie et dans ta chevelure une fleur du Sinaï don d’Abraham pour celle qui se tient dans la nuit silencieuse du pays à jamais natal […] quel dieu tient la blessure ouverte ? […] dans la pierre l’enfant n’a plus peur cendres dans la plaine les chiens se taisent l’ange a élu l’enfant dans les braises l’ange a le visage de la source l’enfant boit ses larmes l’enfant est une âme solitaire le silence lui parle d’Ezéchiel l’enfant ne craint pas la mort dans la main de l’ange. »

 

Margo OHAYON - Poussières – (Numéro errant) - Éd. Le Nœud des Miroirs – 2009 - 30 pp. – (Le Nœud Des Miroirs – Caminel – 46 300 – Fajoles / redaction@noeuddesmiroirs.net / barthelemyvernet@wanadoo.fr / http://noeuddesmiroirs.net/

 

Rien qu’arithmétique ? Géométrie ? « L’hirondelle fend l’air en deux. / La verticale s’étend aussi loin que l’horizontale. /  Dans le sillon du rationnel le cœur traverse en diagonale. »

Rien que rhétorique ? « La forme est le bord du fond. / Le verbe s’exerce au génie des formes. »

Rien que de la physique ? « Le vide donne la lumière. / La lumière a un droit inconditionnel de passage. / Le vide manque d’amour. /   Un rai de poussière matérialise le passage du temps. / Il neige : l’origine redescend. »

De la sociologie ? De l’anthropologie ? « Le jour de sa naissance, heureux d’avoir quitté la nuit, son bébé blanc crie contre sa peau noire. »

Gnomiques :

Épreuves du vide et autres. « On avance au bord du vide sinon on stagne. / Par le vide vient le souffle et par le souffle le mouvement. / Face au vide l’ennfant pousse un cri au dehors. / Vivre pour soi non contre soi. / Trop penser la destruction la suscite. / Chacun construit son sommet. / Le cœur unit le corps à l’esprit. / Qui connaît l’amour rencontre la contradiction. / Tirer l’union du désaccord. / Pour surpasser sa pensée rien ne vaut celle d’autrui. / L’être visite un lieu. / La passion est un soleil qui se lève et se couche en même temps, on ne peut la comprendre. / L »économie nous colonise / La pauvreté finit par devenir un luxe. / L’être recule devant l’esprit. / La vie regarde vers la joie comme une église vers le levant. / Si elle était moins destructrice la bêtise ferait moins peur… / Parvenir au vrai qui n’existe pas. »

De l’art et du savoir. « Par l’écrit le feu resté dans la parole des morts ressort par la bouche des vivants. / Si l’écriture n’appartenait pas au mystère l’homme l’aurait détruite/ Écrire ressemble à mourir un peu. / Le poète est l’oculus de sa nuit. / Devenir un escroc par conviction. / De certains regards on ne peut s’échapper. / Une fois la vase retombée, du fond remonte le silence. »

De l’extraordinaire quotidien. « Au ciel les martinets croisent le fer. /  Trop de neige invite au sang. / Solitude, contrepoids de la neige. / Chacun a sa part du gâteau de la parole. / Tel un oiseau vient la parole. / Vieillard entre momie et sculpture. /   L’eau du linoléum réfléchit les murs d’une tour qu’un prisonnier du songe érige. / Le téléphone sonne : "C’est Michel". Elle répond : "Oui" sans reconnaître la voix. L’inconnu prévient : "La petite est sortie". / Le principe de l’eau rompt la glace. / Rouge à lèvres sur la cigarette, un rire renaît de ses cendres. »

 

Élie-Charles FLAMAND - Percer l’écorce du jour - Éd. Les Amis de la Lucarne Ovale, 2014 – Recueil dédié à Gwen garnier-Duguy. Illustrations diverses : Colonie de salpes (animaux marins) ; Le pavillon où méditer (peinture chinoises, XIXe siècle ; Gravure extraite de l’Anatomia Auri, de Johann Daniel Mylius (1628) ; Le regard de la pierre (Barytine et marcassite, Pologne) - 50 pp. – 15 €.

Qui est-il ? La question n’a pas lieu d’être, on le verra dans la brève notice biographico-littéraire qui figure ci-dessous.

-Qu’écrit-il ? - Dans ce recueil ? - Oui, dans ce recueil…

Ceci - « Sous la gifle d’un vent sévère / Coup octroyé par l’Être durant sa floraison / La façade de l’instant vient de tomber en poussière » - Dehors, dedans ? Octroi des révélations successives ?

Ceci - « Maintenant / oui maintenant j’aimerai plus que tout / Lapidifier l’esprit / Pour entendre le chant sublime de la pierre » - Calcification et chant de la matière, ou celui des anciennes cathédrales debout ?

Ceci - « Les couleurs si spontanément malaxées / Enchevêtrent leurs harmonies / Puis intensifient sans cesse ces connivences / Tandis que la trompette laque la note / Monte vivre et volatilise / Même les très secrètes nostalgies // Dessous le rythme par sa rigueur agile / Enfin réussit presque à déifier le corps » - Délicate excitation musicale, quintessence du « son », les jeunes gens aujourd’hui aiment « le son » ! « Connivences » instantanées… relations neuves de ‘Être au sentiment, dans… par la musique. (Le poème « Saint Louis blues » est dédié à Oliver Jackson P.M.)

Ceci - « La statique solennité de la blancheur / Falaise / Opposée à la langueur de la plage qui va s’élargissant / Cette estrade qui plonge dans l’amertume scellée de la mer / Écume / Au voisinage de nos gestes si frêles / Alors que pointes et tranchants des becs et des ailes / En rythme vont au vent de l’éphémère » - L’âme des paysages, des monuments de nature qui joint toute âme…

Et ceci - « La coulée du mystère / Plonge jusque dans l’eau patiente des souvenirs // Aussitôt le parc de l’acquis se clôt » - À l’abstrait se joint le concret, c’est la marque du deviner, de l’intuitif, de l’autre sapience… et il n’arrête pas, le Poète-aurige de faire tourner son char sur la piste de ce monde.

 

 

Basile ROUCHIN - Détail d’Intérieur - Ed. Interventions à Haute Voix - Collages de Cathy Garcia - Préface (excellente !) de Marie-Madeleine Fragonard - Publié avec l’aide de la M.J.C. de la Vallée (Maison pour Tous de Chaville) - 80 pp. - 10 €. / Contacter : Gérard Faucheux / 5 rue de Jouy - 92 10 €. / Contacter : Gérard Faucheux / 5 rue de Jouy - 92 370 – CHAVILLE / Tél. 01 47 50 23 93 / gerard.faucheux@numericable.fr

Une place au Soleil ouvre le feu : « État de siège. / Venir à la vie / Par le derrière. / Voir sa mère se jeter, une nuit / Tête la première. /// Déclarer sa flamme / Le cœur serré / Comme on débute une guerre, / La peur au ventre. /// […] Finir secrétaire de cabinet, / Rompu au barreau, aux hostilités / Comme aux affaires classées. //// […] Et terminer peut-être aux assises / Où attendent dans la nuit grise, / Un bourreau haute tension / Et l’ombre d’une chaise. - Le combat est mon repos ! - Don Quichotte ne fut pas le seul à le dire. L’évidence traverse le temps, les destins sont à voir de près. Seul le grand commerce, la honteuse finance, peuvent imaginer réduire l’homme à la stature du petit robot de l’Achat / Vente, des départs et retours de vacances amers quoique bien mérités !

Adoravoration. « Je vous aimais / Et mets vous étiez. /// […] Proie taillée pour être dépoitraillée. Est-il encore utile de vous amourhacher. Chère amie tendre, / Quand dans mon cœur ne reste de vous / Que des morceaux choisis ?   - Sous les mots joueurs, les jeux d’horreur. La femme, les femmes payent le prix exorbitant des bons repas de la brute. Notre monde, il faut bien dire ! Basile Rouchin ne s’exonère pas du monde. Ne nous en exonère pas.

Bague attelle. « De mon père, / Tu obtins ma main. // De rose, mon avenir / Vira hématome. / Tu t’avéras vite déçu // Et j’appris par cœur / La force tes poings. - L’ellipse, le coup de taille ou d’estoc s’inscrivent dans la matière même du poème. C’est cela le style. Le sien. Mieux que litote, l’économie absolue des mots, l’absence de récit, de roman… mais tout est dit ! D’autres « thèmes » du monde où nous baignons paraissent dans le recueil, qu’on me pardonne de ne m’être attaché qu’à un seul ou presque. Basile Rouchin doit se faire sa nouvelle «  place au Soleil », la Poésie y gagnera !

 

Anne JULLIEN - Terminus 2007, énigmes - Est-ce le titre ? L’éditeur ? Mystère ? Le bref recueil n’indique rien à leur sujet. Si l’on navigue mieux que moi dans les trucs- bazars-machins facebook, sites et blogs… On ira voir : http://ecritsanejullien.blogspot.fr/ - ou - http://annejullien.over-blog.com/ - On a quelque chance de recueillir des informations, car Anne Jullien est bien présente sur les écrans ! Ce que j’ai pu trouver figure dans la notice biobibliographique, ci-dessous. Peu ! Le dessin de couverture s’intitule « Brouillage rurbain », il est de la main d’Olivier Jullien (2008)… Quelques « énigmes », donc :    

« Qu’attendent-ils ces oiseaux sur un toit ? » / Alignés trois goélands regardent / En ordre font le guet / « Protègent-ils de semblables amants. / Mais contre quel guerrier ? » [… et plus loin…] Cela n’empêche pas une voisine, / au-delà du jardin, de convier le vent à souffler sur le linge, sur l’heure, sur celui qui ne rentre pas… Une hirondelle, qu’est-ce que c’est ? »   - Pour le vent, on croit savoir, mais les oiseaux, quelle est leur fonction exacte ? En ont-ils seulement une ? Pourquoi sont-ils là, si près des hommes, si près de leurs amours, de leurs tragédies perdues dans le cosmos ? Une hirondelle, oui, qu’est-ce que c’est ? Puissante énigme qui ne laissera de trace que dans les mots des hommes, s’ils sont attentifs…

« Les enfants ont un grand lit pour eux et sous leur ciel de coton les sorciers et les fées ne durent qu’un temps de rêve… » […] Les enfants tuent, fauchent et incendient, la gloire au cœur et le sang sous leurs paupières. » - Oui, ils font ces choses les enfants ! Ils ne peuvent s’en empêcher, il me semble. Moi-même… mais à quoi bon ! Puissante énigme des enfants assassins innocents, et pires s’ils restent enfants en grandissant ! Que fait le diable ? Où est-il caché, irréfutable, indiscernable dans nos plus beaux paysages ?

«Même si la mer est loin / Le ciel l’inaugure /// Juste après ce virage // Le ciel est un drap qui sèche au soleil et au vent /// Un papillon / Laura demande pourquoi il y a un papillon » - Plutôt que pour ne rien dire, Anne Jullien nous propose les mots qui disent que le Sens ne nous est pas donné, que notre inquiétude doit être et qu’elle est en effet, non pas invalidante, mais taraudante, ne nous laissant jamais en paix. À la fin, chacun fait ce qu’il peut et doit : «  Je fais de la poésie je fais / fabrique de la poésie / la poésie j’oublie de regarder / le bleu froid de la fenêtre / dehors le bleu de glace du ciel / dehors je fabrique de la poésie… » Puissante énigme ! Dure honnêteté de cette « fabrication » inéluctable ? Certains s’interrogent, d’autres pas ? Énigme encore. Veulent-ils seulement digérer et dormir tranquilles ? Une petite fille demande « pourquoi le papillon ? » Mal ou bien partie, la petite Laura ? En tout cas on s’interroge : pourra-t-elle dormir tranquille demain, ou longtemps après ? Énigme sur énigme : Anne Jullien les enfante pour nous et nous garde attentifs.  

 

LE GOLVAN (Nicolas) - Psaume des Psaumes sous-titré : « J’écrirai lorsque, physiquement, les autres n’en auront plus la force… » - Illustrations d’après le manuscrit d’Avranches - Ed. La Sirène étoilée – 45 pp. - 2015 - 12 €. / lasirene.etoilee@orange.fr / lasirene.etoilee.monsite-orange.fr / 13 Hent Ar Stankennig - 29910 Tregunc.

Le « psaume » (du grec ‘psalmos’) est amplement présenté en ouverture du recueil. Cet air joué sur le psaltérion, sera accompagné d’un chant religieux. Les « Psaumes de Salomon » en témoignent, avec ceux de « David »… et d’autres personnages bibliques.

Nicolas Le Golvan nous annonce se situer dans un effort ultime, un isolement, et peut-être un recommencement du chant dans un ailleurs… : « … fossile promis / voix chacune tirée au fil / la gueule un soc alors perdu en terre / là derrière / là-dessous mes pieds / de gris / combien d’autres tassés / ici seul en vérité / alors seulement j’écrirai. » David ? Éloigné de l’abjection… Disparu de cet espace et de ce temps : « David, pauvre toi / Je n’ai pas de poème pour envelopper tes restes / Je n’ai pas ouvert de ces livres linceuls… […] je n’ai rien à te dire, ma mémoire est ici, dans l’abject aujourd’hui où tu es pourtant mort David // comment peut-on mourir ici ? /// au dernier crime / tu n’as pas même pensé à te couvrir de jolis mots » - Un détachement ? Un abandon ? Non, ce n’est pas suffisant. Un rejet donc, une exécration… Et pourtant un arrêt sur le Chanteur biblique : « … tu n’es pas matière, David / à gloser dans la fumée / tu es ma bouche en vie, ma langue humide, un crachat retenu car la soif dans la fumée tu épaissis la morve // tout se mange ici tout moque / te cracher ? / non, David / je m’exécute d’abord à ma soif et te tairai » - Affrontement ? À travers les temps, les âges ? En proximité cependant : « Me pardonneras-tu, David, d’avoir oublié l’amant que tu ferais aussi ? » Le profane est profanateur, en effet : « tant que tes chairs tiendront tant qu’il y en aura / vite l’aimé les pénètre d’un amour combien profane ». – Mise en doute, et en cause, c’est ici encore une affaire de sens et de valeur : « voici ma seule science, en ta déposition, David. / que valaient tant de livres ? » - Une facette supplémentaire de la seule question qui vaille. Conversation poursuivie au bord du gouffre : « tant que je te tiendrai David en distinction nous échangerons nos rangs dans ce sourire de fosse ». - Le sentiment qu’on éprouve est d’un chaos en marche, d’une fin de tout s’approchant, d’un inutile effort : « serais-tu mon roi, serais-tu mon frère, l’insecte ou le rat / seule ma chaux est prodigue et ne se souvient pas. » - Il y aura un vainqueur du combat : « Réglons nos comptes, David […] si je tope ta main, elle rompt.» - Mais quoi ?... à la toute fin, le désastre… l’effacement… Le monde de David préfigurait-il le nôtre, d’oubli satisfait et violent, de méconnaissance « mortellement » sûre d’elle-même. C’est mon sentiment. Parmi quels cauchemars naviguent les songes de Nicolas Le Golvan ? Chacun de ses lecteurs aura à se frayer sa voie propre dans ce Psaume infernal :

« Reste ma propre mort, David, elle se sait orpheline et ne t’appartient pas plus qu’aux racines de l’arbre

de nous elle emportera la mémoire au-delà des forêts car je n’ai pas failli dans l’ordre brutal des choses  

souviens-toi longtemps à charge de nous deux car j’ai mieux à chanter que le poème des morts

je ne le connais pas. »

__________________.

 

BRÈVES NOTES BIOBIBLIOGRAPHIQUES

Annie DANA : Se consacre au théâtre, à la mise en scène, aux ateliers d’écriture en milieux étudiants, carcéraux et professionnels. Dernières publications & travaux : Odysséa (pièce diffusée sur France-Culture), Roman & fiction aux Ed. Rupture : « L’Oracle inversé »,  « Éblouie ». En revues : Nouvelle Donne ; la Barbacane, La Sœur de l’Ange, Écrit(s) du Nord…

 

Cathy GARCIA : artiste polyvalente, a donné des spectacles de rue (avec Les Plasticiens Volants- 1991-2003), a fondé la revue de Poésie Nouveaux Délits qu’elle tient en vie depuis 2003, se consacre à son art graphique multiforme. Ateliers divers, publie des notes de lecture dans La Cause Littéraire… A publié des recueils marquants : Trajectoires, Chroniques du hamac, Eskhatiaï, Les Mots allumettes, Salines… chez divers éditeurs (Asphodèle-Cardère-de l’Atlantique/DLC/ Encres Vives/ Clapàs...) Consulter :

http://gribouglyphesdecathygarcia.wordpress.com... / - http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/ - et le site de La Cause Littéraire.

 

Gilles PLAZY. Le poète réside en Bretagne selon toute vraisemblance ; il est d’une absolue discrétion quant à sa biographie. On doit pouvoir s’informer grâce à l’internet : voir lignes introductives ci-dessus.

Il a publié Les Mots ne meurent pas sur la langue, chez Isabelle Sauvage, en 2014

 

Margo OHAYON. Elle voit l’image non encore apparue sur les écrans, pense la pensée impensée, énonce celle qu’ont en vain traquée Socrate et Lao Tseu, elle a la vision inconnue des philosophes, celle ignorée de la cartomancienne, d’André Breton et des chamans les plus affûtés. Elle erre dans les champs bouleversés du conscient et du difficilement discernable… Elle vit et écrit dans le Lot, fut un temps infirmière de nuit, connut la fragilité, l’espoir, le désespoir des humains, les confrontations de la vie et de la mort, la consistance du néant. On trouvera sur l’internet la somme considérable de ses œuvres : recueils, poèmes en revues, anthologies et correspondances. Actuellement aux prises avec un éditeur douteux autant qu’indélicat, elle travaille néanmoins avec constance à une entreprise poétique monumentale.

 

Élie-Charles FLAMAND. Qui est-il ? Sa renommée est d’être lui-même au secret de l’Atelier, dans le secret des minéraux, des eaux, des pierres et des esprits-âmes et des âmes-esprits. Au cœur vivant du monde. L’œuvre poétique est immense : Cf. À propos de la Poésie d’ Élie-Charles Flamand, choix d’études, etc., à La Lucarne Ovale. Il reçut l’onction d’André Breton, d’André Pieyre de Mandiargues et de bien d’autres. De lui, ils ont écrit :

Marc KOBER, son meilleur exégète actuel : « C’est un "périple acéré" que doit affronter en lui-même celui qui sait que de la "crypte charnelle… monte le cheval de l’esprit »« Lire un recueil d’E-C Flamand est un acte qui se conçoit seulement dans la durée : c’est un être transformé qui referme le livre. » - « Accroître l’acuité de sa perception de l’univers, tel semble être le vœu souvent manifesté dans son œuvre. »

Le poète MATTHIEU BAUMIER : « La poésie de Flamand est une marche d’alchimiste vers l’étoile. Un cheminement vers la lumière intérieure, la seule réalité qui soit réellement - et aussi la plus voilée. » « … poésie en avance. Des poésies qui annoncent le rôle de la poésie dans le monde de maintenant, un rôle en train de se lever>. »

 

Basile ROUCHIN - Qui est-il ? Nul ne le sait (sauf ses amis, proches et parents, on le suppose). Nous sommes, selon toute apparence, devant son premier recueil, dont les poèmes se sont auparavant épars dans une bonne vingtaine de revues, certaines de renom et d’autres plus discrètes. Son excellente préfacière, Marie-Madeleine Fragonard, nous laisse entendre qu’il pourrait être « celui qui écrit des mots que les autres ne peuvent formuler »… ou encore, en tant que « symbole », «ce serait l’hématome, le sang captif, douloureux, réitérable, changeant, morcelé, camouflable. » Le blanc entre vers, entre strophes… une de ses marques, est un lieu où « il se passe quelque chose… : approfondissement, angoisse, découverte, résignation… » Et surtout : « Pas de lyrisme qui se satisfait de son propre envol. […] Poésie très loin des indignations véhémentes : le pathos est suspect, truqué, appel compassionnel détestable et vampirique adopté par les séries télévisées et les actualités où l’on se repaît du malheur d’autrui avant de l’oublier dans une indifférence bétonnée. » On (je !) n’ira(i) pas contre cette rare volonté de dire autrement, de ne pas se répandre en strophes dégoulinantes de beaux sentiments, de ne pas répandre le vent poétique convenable, le vers-myriade du bon faiseur, le poème au mètre linéaire comme s’usinaient autrefois les tableaux de sous-bois avec biches blessées, les couchers de soleil sous les ponts de Paris… mis en vente à La Samaritaine !

 

Anne JULLIEN - Dans la jungle des écrans, j’ai cueilli ce peu de chose : (Elle est) née à Brest en 1961. Vit (heureusement) à Porspoder (Finistère). Prix Paul Valéry en 1979. Parution en revues (Hopala!, Nouveaux délits, Interventions à Haute Voix, Décharge, Les Voleurs de feu, 7 à dire, Comme en poésie, Spered Gouez, Diérèse, Saraswati...). Parution dans l'anthologie « Femmes en littérature » chez Spered Gouez en 2009. Quatre recueils : « Dans la tête du cachalot » et « les yeux des chiens » aux éditions Asphodèle ; « Flottilles » aux éditions de l'Atlantique. "terminus 2007, énigmes". Poèmes traduits en anglais-américain par Michèle Bolduc (professeur de français et de traduction à l'Université de Wisconsin-Milwaukee).

Peu pertinent, certes, de ne citer qu’un extrait d’article. Voici cependant ce qu’écrivait il y a peu Anne Jullien d’elle-même, le premier paragraphe d’un article intitulé fonctions vitales, publié le 24 Juillet 2015 in corps. Les experts le trouveront sur l’internet :

« Je ne suis pas une espèce curieuse, juste observatrice et observée par qui passe. Ce que je vois, je l’enregistre. Je me déplace dans les rêves, nus pied et sans bouger. Chose morte mais un peu vivante, dorée par le soleil placardé à la vitre, chauffée par le soleil collé à la vitre, brûlée par le soleil cloué à la vitre. Si je regarde dans un miroir flaque fond de casserole bouclier couvercle œil carrelage, je distingue une forme trapue, retournée sur elle-même, tête sans visage inclinée vers des hauteurs, yeux vides, on ne sait pas si enfouis dans la masse il y a il pourrait se trouver s’en extirper, des membres. Un langage articulé, non. Je me nourris de ce qui passe même l’oubli. »

Nicolas LE GOLVAN - Ceci, cueilli au passage : Il est né en 1971, a publié plusieurs livres de fiction, dont le roman « Reste l’été » (Flammarion, 2012). Et aussi : « Dachau Arbamafra » (Ed. Les Doigts dans la prose, 2012) – Taravana (Ed. L’Échappée belle, 2015) - Alyah (Ed. Alna, 2015) - Et ceci, cueilli sur les écrans : « LE-GOLVAN  est la tête chercheuse d’un autre, plus complet. N’a pas de bio. Est tout de même né, notamment en 1971. Fréquente les bonnes revues, notamment Dissonances. A aussi commis dans quelques mauvaises, notamment... Écrit avant tout : roman, poésie, nouvelle, théâtre. Lit impitoyablement. Se tait lorsqu’il n’a rien à dire. »  http://nicolas-legolvan.iggybook.com/fr/ 

Michel HOST

_________________________________________________Le 6 / III / 2016

« Quel poète d’aujourd’hui ne se reconnaîtrait pas dans ces paroles fiévreuses (*), peureux comme nous sommes devenus devant l’agressivité d’une civilisation technique apparemment toute-puissante, d’une culture de masse pour le moment étouffante, et surtout d’une mentalité matérialiste, bornée, accablante ? » - (*celles de Benjamin Fondane - Magda Carneci, Manifeste pour Fondane, La Soeur de l’Ange, n°10, p.221

« Toutes les affirmations des poètes répondent en nous à quelque chose de vivant, à un trouble du cœur auquel nous reconnaissons la vie. »  -  Benjamin Fondane, Faux Traité d’esthétique, Plasma, 1980, p.14

 

 

 

 

 

 

 

 

Luis Bonet - Une auberge espagnole


couv_3045.pngTraduit du castillan par Christian Delavaud

« Nous sommes là depuis déjà plusieurs jours. Nous continuons en vain d’attendre une distribution de nourriture qui apaiserait notre faim. Et l’administration du camp demeure invisible. Nul ici n’est responsable de l’existence de ces milliers d’hommes entassés sur cette plage, sans manteaux, privés d’eau potable et de nourriture. Pour nous accueillir, seuls ont été prévus des carrés de terrain délimités par quelques piquets enfoncés dans le sable. Ils sont reliés entre eux par plusieurs lignes de barbelés, pour nous parquer comme on le fait pour les vaches. Mais nous n’avons que du sable pour ruminer notre misère et les raisons qui nous ont amenés là. Les haut-parleurs viennent d’annoncer une bonne nouvelle. Ceux qui se regrouperont par dix et dresseront une liste écrite de leurs noms et prénoms auront droit à deux kilos de pain. Je note huit noms de camarades et le mien. Il en manque un. Que faire ? Chercher un ami de plus ? Mais comment le trouver en si peu de temps ? J’inscris en tête de liste « Francisco de Goya y Lucientes ». Comme nous, mais un siècle auparavant, il connut l’exil. Aujourd’hui, grâce à la magie de son nom porté sur une liste d’affamés, Goya nous offre un morceau de pain supplémentaire. Il nous donne sa part. »

Sur un ton sans colère, ces « Chroniques d’un camp de républicains espagnols internés en février 1939 sur la plage de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) rapportées par un imprimeur et militant communiste » laissent voir l’amertume devant les trahisons et l’accueil honteux que la démocratie française a réservé à ceux qui fuyaient le fascisme.

Une première édition de ce livre est parue en 1994 dans une collection jeunesse aux éditions Gallimard.

Réfugié républicain, ancien membre du Parti communiste espagnol, Luis Bonet Lopez (1910, Valencia-1997, Montendre) a été imprimeur en Charente maritime, où il s’est installé dans les années 1940. Il a laissé de nombreuses pages, en prose et en vers, sur ses souvenirs d’exilé, de militant et de résistant ; il en a aussi souvent fait le récit, en conteur, notamment devant des publics scolaires.

À paraître le 14 mars 2016

128 pages (12 x 17 cm) 9,50 €

ISBN : 9782748902501

http://agone.org/centmillesignes/uneaubergeespagnole...

 

 

 

06/03/2016

No land's song, documentaire d'Ayat Najafi (2016)

 

Sara Najafi, jeune compositrice, défie les autorités iraniennes qui, depuis la révolution de 1979, interdisent aux femmes de chanter en solo devant des hommes. Féministe convaincue, elle prend tous les risques, avec ses amies chanteuses Parvin Namazi et Sayeh Sodeyfi en invitant trois artistes françaises, Elise Caron, Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi, à venir les rejoindre pour collaborer a` leur projet musical, en initiant un nouveau pont culturel entre la France et l'Iran. La question est de savoir si elle pourront réaliser leur projet...

 

05/03/2016

Bienvenue à Calais – Les raisons de la colère, textes de Marie-Françoise Colombani, dessins de Damien Roudeau

 

Actes Sud, février 2016

 

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56 pages, 4,90 €.

 

 

Un petit format, des textes et des croquis sur le vif, 56 pages et il pèse des tonnes ce carnet, des tonnes de gâchis, des tonnes d’espoir, des tonnes d’injustice et d’absurdité, un peu de rêve, beaucoup de désillusions. Des élans aussi, nombreux, de la bonté, de la solidarité, pour porter tout ça, pour sécher la boue et les larmes, adoucir un peu la cruauté, mais pas la cacher non, bien au contraire, et c’est la raison d’être de ce livre dont les bénéfices et droits d’auteurs seront reversés à l’Association l’Auberge des migrants* : montrer sans fard, exposer « les raisons de la colère », refuser la honte, dénoncer l’intolérable, sortir des chiffres et des termes génériques : migrants, réfugiés, ou le moins connu « dublinés » - qui pousse de nombreuses personnes à brûler ou mutiler l’extrémité de leurs doigts afin d’effacer leurs empreintes - pour mettre des noms sur des visages, des personnes, des parents, des enfants, des adolescents, des jeunes étudiants, des boulangers, des avocats, des profs, des commerçants…. Et raconter quelques éclats de vie, qui trop souvent sont des morts absurdes, atroces…. Impardonnables.

 

Bienvenue à Calais oui, ce sont d’abord des chiffres. 2015, 1 million de personnes se réfugient en Europe en passant par la mer, 3735 : le nombre de morts ou disparus.

 

Bienvenue à Calais c’est aussi la démonstration d’un gouvernement impuissant, qui improvise, et celui-là ou un autre, ça serait du pareil au même, voire pire : désorganisation, des pansements ci et là sur des plaies non nettoyées, et surtout aucune notion de la dignité humaine, aucune. Une seule de ces histoires que pourrait vous raconter un homme, une femme ou un enfant, piégé à Calais, devrait suffire à ce que tout, absolument tout, soit fait pour, au cas par cas, trouver des solutions honorables. Impossible n’est pas français disait-on à un moment, et bien faut croire que si.

 

6000 personnes, c’est le nombre de personnes qui étaient dans la jungle en octobre dernier, sans compter tous les autres camps dits « sauvages ». 6000 personnes, 120 latrines. La « jungle », c’est 17 hectares dont une bonne partie en zone Seveso, avec un vent quasi permanent, l’humidité. Au Centre Jules-Ferry, dans la « jungle », 60 douches, une à deux heures d’attente, 6 minutes chacune. Les conteneurs chauffés et éclairés installés en camp grillagé à l’intérieur de la « jungle », contiennent chacun douze personnes en lits superposés, 1,16 m2 par personnes, mais aucun lieu abrité pour faire la cuisine, pas de douche, 80 toilettes pour 1500 personnes.

 

Parfois plus de 10000 kms parcourus, dans des conditions effroyables, pour rester bloqué à 30 km du but : l’Angleterre. 38 pour cent de personnes ayant de la famille là-bas, de quel droit les empêche t’on de les rejoindre ? Si les lois étaient appliquées, les mineurs devraient y être autorisés d’office, mais la loi n’est pas appliquée et les mineurs disparaissent ou meurent écrasés. Un grand nombre de personnes entassées à Calais parlent Anglais, langue qui se targue d’être une des plus parlées au monde. Chaque pays redoublant d’efforts dans la non-hospitalité, mis à part peut-être l’Italie et la Grèce aux premières loges et à qui on n’a aucune leçon à donner, où iriez-vous à leur place ? Quelque part où l’on vous comprenne non ? Est-ce si difficile à comprendre ? L’horreur que toutes ces personnes fuient et ont le droit de fuir, laissant derrière elles tout ce qu’elles avaient et beaucoup de morts aussi, d’êtres chers massacrés.

 

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Pour des Syriens le passeur demande 3000 euros pour aller de Calais en Angleterre, pour des Érythréens c’est 700… Combien coûte un aller simple par l’Eurotunnel ? On ne compte plus le nombre de personnes écrasées par des poids-lourds, électrifiées dans le tunnel.

 

Leurs actes désespérés ne sont pas le fruit d’un déséquilibre, d’un caprice, risquer la vie de ses enfants, de ceux que l’on aime, sa propre vie, ne se fait pas à la légère, est-ce si difficile de se mettre à leur place ?

 

Bienvenue à Calais raconte la vie qui s’organise tant bien que mal, les bénévoles, les associations, sans qui la « jungle » serait définitivement un enfer, des gens formidables, une école, une bibliothèque, des repas, des activités, de l’accompagnement, des soins, des personnes qui prennent des risques aussi, risquent l’illégalité au bénéfice de l’hospitalité, de l’humanité, des sourires, de belles histoires donc mais tellement de violence aussi, car toutes les personnes en difficultés attirent toutes sortes de prédateurs, ainsi un nombre grandissant de mineurs isolés ont totalement disparus.

 

Il faut lire ce livre, il faut le faire lire, même s’il est désespérant, s’il déborde de drames et de souffrances qui auraient pu être évités, qui auraient dû être évités et qui doivent cesser.

 

Elle est afghane. Elle s’est enfuie avec son mari et ses deux enfants. Sur le bateau qui les emmenait en Grèce, on lui a ordonné de faire taire son bébé sous peine de faire repérer l’embarcation. Elle l’a serré très fort contre elle, il est mort étouffé. Elle n’a pas voulu jeter son corps à l’eau. La nuit, pendant son sommeil, le passeur l’a fait. Il s’est trompé : c’est sa petite fille qui est partie à la mer.

 

Cathy Garcia

 

 *http://www.laubergedesmigrants.fr/ 

  

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marie-francoise-colombani.jpgMarie-Françoise Colombani est éditorialiste à ELLE et auteur, entre autres, de Pour l'amour de Massoud (XO, 2005) avec Sédiqa Massoud et Chekeba Hachemi et de Maintenant (Hachette Littératures, 2007), un livre d'entretiens avec Ségolène Royal. Elle a également participé à Millénium, Stieg et moi (2011).

 

 

damien-roudeau.jpgNé en 1981, Damien Roudeau, originaire de Montreuil, dessinateur au profil atypique, diplômé en arts appliqués (école Estienne) et titulaire d'une maîtrise d'arts plastiques, est un « globetrottoir », un « reporter graphique ». Pourtant pas vraiment l'âme d'un grand voyageur, il réalise qu'on peut partir pour des territoires inexplorés, en prenant simplement le temps de s'arrêter au coin de sa rue. Il choisit dès lors de vivre en immersion, pour mieux les comprendre, dans des mondes présumés clos, ou nécessitant une initiation (tribus électroniques, communautés Emmaüs, groupes de sans logis, usagers de drogues, squatters...). Portraits Cachés, une relecture de la loi contre les exclusions (prix du jury Grands Reportages 2002). Quand il ne tient plus à sa table à dessin, il réalise des reportages dessinés ou en BD pour l’édition, la presse (Le Monde, Casemate, Mag de la Seine Saint Denis), les associations (Aides, Médecins du Monde, Asud, AFR...) ou dans le cadre de résidences. Il est notamment associé au collectif Argos, rassemblement de dix rédacteurs et photographes engagés dans le journalisme documentaire.

 

Note à paraître sur la Cause Littéraire

 

04/03/2016

Berta Caceres, vaillante militante écologique assassinée au Honduras

 

© Goldman Environmental Prize | L'activiste écologique Berta Caceres sur les rives du fleuve Gualcarque, dans l'ouest du Honduras, en 2015

 

Source :  FRANCE 24  03/03/2016

 

Militante écologique depuis les années 1990, Berta Caceres a été tuée par balles jeudi en rentrant à son domicile. La cause environnementale au Honduras perd l’un de ses défenseurs acharnés.

Depuis quelques années, les collègues de travail de Berta Caceres avaient préparé son eulogie. Une façon de défier avec humour les menaces de mort que la militante écologiste hondurienne recevait régulièrement. Des menaces qui ne l’empêchaient pas pour autant de mener son action pacifique contre la construction du barrage d’Agua Zarca, sur la rivière Gualcarque, dans le nord-ouest du Honduras.

Jeudi 3 mars pourtant, Berta Caceres s’est écroulée au moment où elle rentrait chez elle dans la ville de La Esperanza, tuée de plusieurs balles par des inconnus. Selon la police, il s’agirait d’un crime crapuleux, commis par de simples voleurs.

Mais pour la famille de Berta Caceres, les motifs de cet assassinat sont évidents : "Nous savons tous que c’est pour sa lutte écologique", a déclaré sa mère, Berta Flores, sur la chaine de télévision brésilienne Globo, après son décès. Une opinion partagée par Carlos Reyes, dirigeant du Front national de Résistance populaire (FNRP), mouvement d’opposition socialiste, interrogé par l’AFP : "Pour la police, des inconnus sont entrés dans la maison par la porte de derrière et lui ont tiré dessus à plusieurs reprises, mais nous savons tous que ce sont des mensonges".

Née dans les années 1980, Berta Caceres s’intéressa, dès ses études universitaires, à l’activisme politique et au sort des populations du pays les plus démunies. Issue d’une lignée indienne Lenca, elle fonde, en 1993, le Conseil national des organisations indigènes et populaires du Honduras (Copinh), pour venir en aide aux communautés indigènes dans leur lutte pour le respect de leurs droits territoriaux.

C’est en 2006 que les habitants de la région de Rio Blanco viennent pour la première fois la consulter : des machines et des équipements de construction ont fait leur apparition près de la rivière Gualcarque, sans qu’ils en connaissent la raison, ni le but.

Un combat presque remporté

Depuis le coup d’état de 2009 au Honduras, de gigantesques projets d’exploitation des ressources minières ont été lancés par le gouvernement qui a approuvé plusieurs grands projets de barrage, destinés à alimenter en eau ces nouvelles exploitations. Co-venture entre la compagnie hondurienne Desarollos Energetico, DESA, et l’entreprise chinoise Sinohydro, le projet de barrage d’Agua Zarca menace depuis ses débuts les conditions de vie de centaines d’Indiens Lenca installés dans la région.

C’est en leur nom que Berta Caceres s'est investie dans ce difficile combat, montant plusieurs campagnes de protestation. Pendant dix ans, elle dépose des plaintes auprès des tribunaux, organise des manifestations pacifiques, des blocages de route pour empêcher l’accès au site, exigeant le respect des droits des populations locales et leur consultation sur la pertinence du projet. Elle va même jusqu’à saisir la Commission des droits de l’Homme interaméricaine, pour que la Banque mondiale, qui finance une partie du barrage, s’en retire. Ce que celle-ci finira par faire, emboîtant le pas à Sinohydro qui a rompu son contrat avec DESA fin 2013.

En 2015, les efforts de Berta Caceres sont reconnus internationalement. Elle reçoit le prix Goldman Environmental, décerné depuis 1989 aux plus fervents défenseurs de la cause environnementale dans le monde. Une double récompense pour la militante qui a réussi, par sa persistance et celle de son organisation, à faire suspendre la construction du barrage.

Que Berta Caceres ait perdu la vie pour la défense d’un environnement naturel nécessaire à la vie de communautés indigènes ne sera peut-être jamais établi avec certitude. Il est sûr en revanche que les promoteurs du projet d’Aqua Zarca viennent de perdre une opposante convaincue et courageuse.

 

 

 

La grande enquête sur le maître caché de l’agriculture française

 

2 mars 2015 / Barnabé Binctin et Laure Chanon (Reporterre)



Son nom est méconnu, mais ce groupe pèse aussi lourd qu’Areva. Agrocarburants, lait, œufs, huile, finances, semences : il est partout, et influe d’autant plus sur l’agriculture française que son patron préside le puissant syndicat agricole devant lequel plient les gouvernements. Le résultat : profits d’un côté, disparition des petits paysans, artificialisation des terres et pollution de l’autre. Voici Avril-Sofiproteol. Une grande enquête de Reporterre.

01/03/2016

L'Auberge des migrants

c'est ici :

http://www.laubergedesmigrants.fr/

 

Nos actions

Aider ces gens à survivre 
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Notre première action, c’est de leur donner un minimum de nourriture pour éviter qu’ils ne souffrent de la faim. Nous distribuons des sachets repas depuis le 1er décembre 2008, en alternance avec les autres associations (12 000 en décembre 2008, 10 000 en janvier 2009). Lors des distributions, nous gardons à l’esprit l’humiliation de devoir se mettre en file et tendre la main pour avoir de quoi manger. Nous faisons un effort pour leur permettre de garder un minimum de dignité dans ce geste, par un sourire, par quelques paroles. Ce n’est pas facile : il faut aussi gérer fermement la file d’attente pour que la distribution puisse se dérouler sereinement.
Nous espérons pouvoir disposer prochainement d’un local et d’un véhicule permettant de distribuer un repas chaud au lieu des sachets repas.

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Notre seconde action, c’est de leur donner un minimum de vêtements chauds et des chaussures en bon état. Avez-vous déjà vu des chaussures aussi usées ? Dans la pratique, vous reconnaîtrez un bénévole au coffre de sa voiture : il contient couvertures, blousons et paires de chaussures. Il convient de préciser que nous ne couvrons que les besoins des nouveaux arrivants et les situations d’urgence (chaussures et vêtements hors d’usage) . Un vestiaire est organisé chaque quinzaine pour qu’ils puissent changer de vêtements.

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Notre troisième action, c’est de les aider à se protéger des intempéries. Sur ce point, notre action est double :

– aider l’association SALAM dans la cadre du plan « grand froid ».
– fournir des couvertures et des duvets.

Aider ces gens à sortir de la situation où ils se trouvent

Plusieurs d’entre nous parlent suffisamment anglais pour les écouter et répondre à leurs questions. C’est la première étape pour les aider à sortir de la situation à Calais.

Leurs premières questions révèlent leurs préoccupations immédiates :
– où trouver une piscine (pour prendre une douche, pas pour apprendre à nager…)
– où trouver un magasin pour acheter une tente ?
– où trouver un cyber café ?
On leur indique la piscine, en les prévenant qu’ils risquent d’être refusés. On leur explique qu’il n’y a pas de magasin où acheter une tente, et qu’ils n’auraient pas le droit de la planter.

Puis viennent d’autres questions :
– pourquoi la police française leur interdit-elle de passer en Angleterre ?
– pourquoi sont-ils arrêtés par la police ?
– pourquoi faut-il des papiers pour rester en France ?
– pourquoi la police les chasse-t-elle de leurs squats ?
– pourquoi les CRS brûlent-ils leurs cabanes ?
On leur explique ce qu’on peut leur expliquer. Souvent ils viennent de pays où l’administration n’existe pas, mais ils finissent, sinon par admettre, au moins par comprendre.

Enfin viennent les confidences : pourquoi ils sont partis, dans quelles conditions, quels sont leurs attentes, leurs espoirs, leur désespoir. Qu’est-ce qui est réellement possible ?
Alors on les informe, sans trop casser leurs espoirs :
– pour les quelques personnes qui envisagent un retour au pays, on leur explique que c’est possible et on les met en contact avec la personne qui les prend en charge.
– pour les adolescents, on leur signale qu’ils peuvent être placés dans un foyer jusque l’âge de 18 ans, pour étudier. Mais souvent, ils sont à Calais parce que leurs parents les ont envoyés en Grande Bretagne. Et ils se sentent obligés d’y aller.
– pour les quelques adultes qui envisagent de rester en France, on leur explique les démarches et on les met en contact avec une personne qui les aidera à remplir les dossiers.
– dans la majorité des cas, on les écoute, on regarde leurs photos, on partage un moment de convivialité avec eux. On se rend compte qu’ils ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine, qu’ils ne peuvent pas demander l’asile en France (parce que leurs empreintes ont été prises dans un autre pays), qu’ils ne peuvent pas demander l’asile dans cet autre pays, (car toutes les demandes sont refusées). Il ne leur reste qu’un espoir : celui de passer en Angleterre et d’y vivre en situation irrégulière.

Eviter que d’autres personnes ne se retrouvent dans cette situation
Il n’est pas logique d’agir pour diminuer les conséquences d’un situation sans chercher à en supprimer les causes.
Les causes qui ressortent des dialogues que nous avons avec les migrants sont doubles :
– les conflits.
– les politiques migratoires.
Nous nous sentons bien faibles pour mettre fin aux conflits dans le monde.
Nous participons aux actions susceptibles de modifier les politiques d’immigration.
Nous réfléchissons à une action qui éviterait que d’autres personnes ne prennent la route.

 

 

 

 

 

 

 

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29/02/2016

Ça va aller, tu vas voir de Christos Ikonòmou

trad. grec Michel Volkovitch

Quidam Editeur 3 mars 2016

 

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218 pages, 20 €

 

Ces histoires si sombres devraient susciter en nous un cafard profond. On découvre peu à peu pourtant que leur nuit est sourdement éclairée, écrit Michel Volkovitch, leur traducteur, dans sa postface. Et bien, tout dépend de la distance que le lecteur saura mettre entre ces seize histoires, peut-être une seule, et sa propre vie, car elles sont tellement réalistes, tellement sans fard, de si crues banalités, que la seule flamme finalement ne serait-elle pas la flamme littéraire, qui peut permettre à l’auteur d’éclairer son sujet sans sombrer lui-même ? Car ces histoires peuvent – devraient – plomber le lecteur, qui au fur et à mesure qu’il avance, s’alourdit du poids de ces existences qui n’ont plus d’horizon.

Toutes ont pour point commun le Pirée et ses quartiers populaires, une île aussi en face du port, et une maison qu’un couple doit quitter, exproprié par l’inexorable avancée d’une nouvelle route. Rouleau compresseur, c’est ça dont il est question, de personnages qui tentent désespérément d’échapper au rouleau compresseur, au concasseur de vies, concasseur de sens… La crise, mot fourre-tout, mot d’excuse pour dire système corrompu, système mortifère, système ultra libéral, ultra violence.

« Jour et nuit je vois des hommes brisés par le boulot. Des hommes fatigués, effrayés. On dirait qu’on ne peut plus travailler sans peur. On dirait qu’on n’est plus payé pour vivre mais pour avoir peur ».

Et encore, beaucoup ne sont même plus payés. Pas d’espoir, juste la survie, tenir, tenir, et l’angoisse perpétuelle.

Toutes ces existences sont au bord de l’abîme, dans ce pays à sac, et il n’y a guère plus que ce qu’il reste d’amour et d’amitié, de solidarité, le peu de chaleur humaine sauvée du désastre, pour donner un peu de lumière à la nuit de plus en plus noire. Ça va aller, tu vas voir. Car la force qui réside dans ce peu de lumière, est de celle qui a permis à l’humanité de se relever du pire, encore et encore. La force du fragile, la force du faible, la force des perdants. L’humain a cette capacité de s’accrocher à la moindre paille en imaginant qu’elle est une poutre d’acier. La force de l’imagination, la force du rêve. Ou des cauchemars.

Et pourtant le couple y est fragile aussi, le manque total d’argent tue tout élan, tout désir, on s’accroche, on tient mais le désespoir à l’intérieur fait des ravages. Concasseur. Le rêve, le fantasme deviennent presque des hallucinations. Ils participent à la survie, se raconter des histoires devient une nécessité. Sinon on se fracasse, nu, à toute vitesse contre le mur du réel.

L’entraide dans l’épreuve, ce n’est pas partout, ce n’est pas tout le temps. Ici nous sommes en Grèce, un peuple, une histoire. La solidarité n’y est pas encore juste un slogan, la solidarité sans emphase entre pauvres, bien-sûr, entre ceux qui tombent, juste on sait ce que c’est, on n’en rajoute pas. On se serre les coudes, littéralement, autour d’un feu dans la nuit glaciale, à trois heures du matin, pour être en tête de la file d’attente quand la Sécu ouvrira ses portes, « des employés ou des ouvriers à la retraite, pas rasés, usés. (…) C’étaient cinq hommes et en même temps cinq numéros ».

Ça va aller, tu vas voir est de ces livres dont on réalise la qualité une fois qu’on en est sorti, car le lire est tout sauf un divertissement, mais Christos Ikonòmou a su distiller avec le talent qui fait les grands écrivains, l’implacable réalité, par petite touches, goutte à goutte, en donnant à ces personnages une grande dignité, une sorte de calme qui n’est pas de la résignation, mais un calme qui peut parfois être assez terrifiant. Cette sorte de calme avec lequel un père avale cinq grands clous au procès de Pétros, son fils coupable d’avoir voulu humer la richesse, de l’avoir suivie simplement jusque devant chez elle pour la voir, la sentir, demander après un coup de trop à dormir une nuit au fond d’un jardin de luxe.

« C’est bizarre d’être pauvre, a dit Pétros, c’est comme si tu étais un de ces pingouins qu’on montre à la télé qui voient les glaces fondre autour d’eux et qui savent pas où s’accrocher ni comment échapper à cette folie et la peur qu’ils ont les jette les uns sur les autres pour se bouffer ».

Cette sorte de calme, ou d’hébétude peut-être, avant la folie, avant que ça ne craque pour de bon. Mais une vraie dignité oui, habite toutes ces personnes qui voient leur vie partir par petits bouts, comme ce muret que chaque nuit, des inconnus viennent démanteler, pour en emporter quelques pierres taillées, alors que pourtant y’a des gens qui habitent encore ici.

Et on entend en écho la voix de la Grèce : « Petit bout par petit bout ils me prennent tout ».

 

Cathy Garcia

 

 

 

christos ikonomou.jpgChrìstos Ikonòmou, né à Athènes en 1970, est journaliste. Il est l’auteur de trois recueils de nouvelles traduits en plusieurs langues : Femme derrière les barreaux (2003), Ça va aller, tu vas voir (2010, Quidam 2016), et Les bienfaits viendront de la mer (2014). Ça va aller, tu vas voir a reçu le Prix d’État pour la nouvelle et a été traduit en italien, en allemand, en espagnol et en anglais (USA). Certaines des nouvelles d’Ikonòmou ont été adaptées au théâtre et au cinéma. Les bienfaits viendront de la mer paraîtra en 2017.

 

Note parue sur la Cause Littéraire

http://www.lacauselitteraire.fr/ca-va-aller-tu-vas-voir-c...

 

 

 

 

 

 

 

28/02/2016

Mère Nature

 

 

Permaculture : Eric et Philip Forrer présente "Le Jardin du Graal"

 

 

Permaculture - Jardin extraordinaire de Philip Forrer (extrait)

 

 

PANG feat. MonkeyMix - Les potes à Jé

 

 

25/02/2016

The Lie We Live (Le mensonge que nous vivons)

 

à voir sans le son, la musique est de trop............

 

 

 

24/02/2016

Avis de naissance : RAZ éditions

Fondées en 2016 à l'initiative de Philémon Le Guyader, les éditions RAZ se proposent de publier des textes à la "fibre poétique", d'auteurs singuliers. Sous forme d'association loi 1901, ne faisant pas appel aux subventions publiques, les éditions RAZ fonctionnent grâce à la vente de ses ouvrages et les dons et souscriptions de particuliers.

Premières publication à venir : Arnaud Bouven (avril 2016) Pascal Perrot (mai 2016), Xavier Girot (juin 2016)

 

ainsi qu'un feuillet de Philémon Le Guyader :

Vies et morts à la con des cons de poètes

format 13x19. sous forme de feuillets d'une page

Papier maya 270g

¨Prix 2 euros le feuillet

 

Souscriptions, infos etc. :http://razeditions.jimdo.com/

 

 
 

 "Qui parle encore cette langue oubliée

 Et par laquelle nous nous étions connus

 Dont il ne reste, en partie dépecés

 Qu'un songe, qu'une illusion, qu'un rêve"

 

Le langage oublié. Gérard Manset

 

 

 

 

 

 

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