Attention, dans cet article, présence d’illustrations à caractère sexuel, avec des poils. Si tu es mineur, tu peux quand même regarder. Surtout si tu veux voir un clitoris chanter du Claude François. Les personnes peu à l’aise avec leur corps et l’humour peuvent connaitre quelques difficultés. Je me dégage de toute responsabilité. En revanche, dans les liens, il y a des images avec du sang, de la souffrance et de la vérité. A vous de voir si vous cliquez ou pas.
Le clitoris existe depuis toujours, enfin, depuis l’humain quoi (et certains animaux, oui oui), mais si on en croit les scientifiques… C’est pas si vieux.
L’Antiquité
En -300 Hypocrate a bien compris que c’est l’organe du plaisir féminin, il l’appelle « le serviteur qui invite ses hôtes ». A cette époque, on pense que sans plaisir, la femme ne peut pas engendrer. Du coup, on stimule à fond. Cette pensée va s’étendre à tout le Moyen-Age. Même si l’Église trouve le sexe dégueulasse, les médecins préconisent le massage de cet organe encore un peu inconnu. Mais le premier mec à le nommer vraiment, c’est au milieu du XVIème siècle. Ouais, quand même… Avant, c’était un peu une zone d’ombre. On allait quand même pas ausculter le jardin secret d’une femme lol. Aujourd’hui, je vous raconte l’histoire du clitoris, pas depuis son invention mais depuis sa découverte. Et c’est déjà pas mal.
1559 : La grande découverte
Avant le XVIème siècle, on a pas de trace du clitoris, ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas, non, ça veut dire qu’on ne s’y intéresse pas. Ou qu’on le cache. Ou les deux. En 1559, le médecin italien Mateo Realdo Colombo (on dirait un nom de pizza, j’aime bien) s’intéresse au sexe féminin, et à l’anatomie. Nécessairement, il tombe sur cet organe que tout le monde semble ignorer. Il fait quelques recherches, et après quelques expériences il déclare « le clitoris est par excellence le siège du plaisir de la femme ». Il appelle ça « un organe si joli et tellement utile ».
Bien ouej mec ! T’es peut-être pas le premier à t’en rendre compte, mais t’es bien le premier à le crier haut et fort. ! Il le dessine même, mais en tout petit.
Malheureusement, au fil des siècles, ça va foirer. Les mecs semblent oublier ce détail, pourtant important, de la femme. D’ailleurs, à la même époque, André Vésale, anatomiste et médecin, pas la moitié d’un con, estime que le clitoris est une malformation de la femme. Genre, un truc hermaphrodite, une bite qui a mal tourné. Du coup, on a tendance à les enlever. Une excision quoi…
Le XVIIème siècle : le clitoris est le pénis de la femme
Au XVIIème siècle, la médecine signale le clitoris sur de nombreux dessins anatomiques, c’est une belle avancée. Les médecins le comparent au pénis de l’homme, ce qui est finalement plutôt positif quand on sait à quel point les hommes tiennent à leur bite. Et au XVIIème siècle, les médecins sont des hommes. Des hommes cools, mais pas trop trop non plus. S’ils sont pour la stimulation clitoridienne, c’est pas pour la femme et son plaisir, non. C’est parce qu’à l’époque, comme à l’Antiquité, on pense que la femme doit avoir un orgasme pour tomber enceinte. Aussi, la masturbation clitoridienne est-elle franchement mise en avant. On l’encourage, et on tente à mort l’orgasme simultané. Tu sais, c’est quand le monsieur et la dame ont un orgasme en même temps. Oui, ça existe même en dehors des pornos. Enfin, à ce qu’il paraît.
Lumières sur le clitoris*
*Je crois que je n’ai jamais été aussi fière d’un sous-titre. C’est pas mal non ? On parle du XVIIIème siècle, on parle du clitoris, on parle des Lumières et du clitoris… bref.
Les philosophes des Lumières, la liberté, l’amour, le plaisir ? Tu parles. Que dalle ! Au XVIIIème siècle, c’est la fin de l’heure de gloire du clitoris. On pense finalement que l’organe exclusivement féminin est la source de tous les maux de la terre. Le docteur Tissot parle de toutes les maladies produites par la masturbation. (tu peux cliquer, c’est un peu drôle). L’onanisme c’est le mal absolu, bin oui, chaque personne qui se masturbe s’éloigne un peu de la grossesse, et c’est pas le tout, mais on a un taux de natalité à tenir. Y’a des guerres, et on a besoin de bonhommes comme chair à canon. Toutes les pratiques masturbatoires sont aussi bien perçues que les contraceptifs. Alors imagine un peu…
Au tout début du XIXème siècle, en Allemagne, on a pas peur d’enlever l’intégralité du clitoris sur les petites filles qui osaient mettre leur main dans la culotte. Sauf que 1) c’est vraiment fils de plâtre de faire ça 2) il y avait plus de 20% de mortalité suite à des infections de la vulve. Super. Grande classe. C’est pas en tuant les femmes que vous aurez des gosses les baltringues.
Le XIXème siècle : jouir oui, mais à deux seulement
On retourne au XVIIème siècle, le clitoris, oui, mais en couple seulement. Pour porter en elle le fruit de son mariage, la meuf doit nécessairement jouir pendant le coït… Une femme qui ne jouit pas est une femme infertile. Et franchement, c’est pas classe du tout hein. Aussi, une femme qui se masturbe seule peut avoir des pensées « mauvaises », genre fantasmer sur le voisin, ou pire, la voisine. Aussi, un mari se doit de caresser sa femme jusqu’à l’orgasme, de peur qu’elle soit insatisfaite et doive le faire seule… Ou avec le voisin. Ou la voisine. Mais du coup, la femme célibataire ou veuve, elle fait comment pour éviter ce genre de pensées nauséabondes qu’est le plaisir ? Eh bien… Elles vont chez le médecin. Pas pour se faire exciser non non, on est pas des sauvages. Non, je déconne, évidemment, ça existe. Pour lutter contre les pratiques masturbatoires, on excise… C’est le cas des docteurs Thésée Pouillet, Pierre Garnier, et aussi Paul Broca, des hommes évidemment. Mais l’excision n’est pas la seule solution, et heureusement…
Les femmes ont recours à l’orgasme médicalement assisté.
Beaucoup de femmes sont considérées comme hystériques, rappelons que c’est une maladie imaginaire, ça n’a jamais existé. Les hommes ont créé cette maladie pour pouvoir mieux enfermer les femmes un peu chiantes, au fort caractère, ou un peu cinglées. C’est vrai, beaucoup de meufs étaient considérées comme hystériques et beaucoup avaient des profils très très différents. Pour soigner l’hystérie, donc, les médecins préconisaient les orgasmes médicalement assistés. Pourquoi ? Parce que ça rapporte du fric ! Cela a pu représenter jusqu’à 30% de leur chiffre d’affaire. J’veux dire, ça commence à compter sur une carrière.
En 1840, on commence à penser que le clitoris n’a peut-être rien à voir avec la reproduction. On le dessine et tout. (image 1)(image 2). Charles Négrier, un médecin français l’explique dans Recherches anatomiques et physiologiques sur les ovaires dans l’espèce humaine, considérés spécialement sous le rapport de leur influence dans la menstruation.
1930, on efface le clitoris
En 1905, Freud explique que la sexualité clitoridienne est infantile. La seule qui importe est celle de la pénétration vaginale, parce qu’on a toujours besoin d’un vrai bonhomme tavu. Aussi, les petites filles qui stimulent leur clitoris ne font que revendiquer leur envie d’avoir une bite… En gros le clitoris doit disparaître, et les femmes ont besoin de thérapie. Business is business hein.
Dans les années 1930, le monde de la médecine s’est enfin mis d’accord sur le fait que le clitoris ne joue absolument aucun rôle dans la reproduction. Aucun. L’organe est complètement inutile, c’est un gadget égoïste de la femme, ou pire encore un moyen contraceptif. Bin oui, la masturbation éloigne de la procréation tout ça… Alors, le verdict est sans appel : le mot clitoris est enlevé du dictionnaire. Ni plus ni moins. Comme si ça n’existait pas. Dans les années 1960, ça va être encore pire. C’est l’obscurantisme total. On en parle pas, on ne le touche pas, ça n’existe pas… Et puis, y’a la révolution sexuelle, alors on en parle pas mais on le touche. C’est déjà pas mal…
Le clitoris d’aujourd’hui
En 2010, Annie Sautivet lance une étude sur les adolescents français et le clitoris… Seulement 50% des 13/14 ans connaissent l’existence du clitoris. Peu savent le situer… Et parmi eux, il n’y a que 16% qui connaissent sa fonction érogène… Eh beh, on est pas sortis du sable hein…
Enfin, de nos jours, de nombreuses associations luttent encore contre l’excision des jeunes filles dans le monde. C’est plus ou moins efficace. On en entend un peu parler, mais pas trop, j’veux dire, c’est quand même vachement moins grave que de couper la bite d’un monsieur, parce que le monsieur il ne pourra plus avoir d’enfant, alors que la dame, même sans clitoris, elle peut. Le plaisir est secondaire. Ou interdit, ça dépend. Quant à la douleur, on s’en fout. Et les conditions d’hygiène ? Lol, rien à foutre (image pouvant un peu heurter ta sensibilité). La femme ne fait pas de sexe pour prendre du plaisir, seulement pour pérenniser l’humanité… Pour en savoir plus, tu peux lire cet article. Ca fait froid dans le dos.
Eh voici l’histoire du clitoris résumée en une image par Pauline Roland (son site, son fb, son twitter), c’est ici.