Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/12/2015

Merci Raphaël Glucksmann !

 

Petit retour arrière : 2010

Au 104, c'est un membre du FN qui s'occupe de la sécurité

Comme dans le nouveau lieu culturel parisien, les sociétés de sécurité entretiennent souvent des liens étroits avec l’extrême droite.

 

Sous la verrière du 104, à Paris (Gaël Chardon/Flickr)
Sous la verrière du 104, à Paris (Gaël Chardon/Flickr)

 

Le 104, lieu parisien phare de la politique culturelle de Bertrand Delanoë, vient d’allouer un budget de 800 000 euros annuels à une entreprise de sécurité privée, dont le dirigeant, Axel Loustau, est membre du Front national. L’affaire a provoqué une polémique.

Axel Loustau est un ancien membre du Groupe union défense (GUD), une organisation d’extrême droite connue pour ses méthodes violentes. Beaucoup des signataires du manifeste de l’organisation, « Les Rats maudits », sont toujours copains et détiennent ou travaillent pour des entreprises de sécurité.

Candidat aux législatives en 1997 pour le Front national dans les Hauts-de-Seine, Axel Loustau a encore fait parler de lui cette année en crachant et en proférant des menaces sur des journalistes du Monde lors d’une manifestation ultra-nationaliste le 9 mai 2010.

Les Verts au conseil de Paris ont affiché leur réprobation lorsque sa société, Vendôme Sécurité, a remporté l’appel d’offre du 104 le 29 juin.

Le 22 juillet, le collectif de « mal-logés en colère » est venu au 104 protester contre la décision.

« Mon casier est vierge, je ne vois pas où est le problème »

Axel Loustau, contacté par Rue89, désamorce tout de suite la polémique :

« Mon casier est vierge, je ne vois pas où est le problème. Tout le monde a le droit d’avoir des opinions. Cette campagne de discrimination me dépasse. Il y a eu un appel d’offres, on avait la meilleure proposition. Le reste, c’est de la littérature. »

En effet, sur les sept sociétés s’étant portées candidates, la commission d’appel d’offres a donné la meilleure note à Vendôme Sécurité. La société, basée dans le XVIe arrondissement de Paris et employant 150 personnes, surveille également les locaux d’Europe 1.

En 2009, Le Canard enchaîné décrivait le personnel de l’entreprise, « une trentaine de crânes rasés », alors chargés de la sécurité d’un colloque à l’Ecole militaire où était présent Nicolas Sarkozy.

Axel Loustau dément : « Nous ne sommes pas une boîte de gros bras, il s’agissait d’un sous-traitant kabyle. »

Xavier Renou, auteur de « La Privatisation de la violence », un ouvrage qui traite notamment des liens entre l’extrême droite et la sécurité privée, explique :

« Il existe une proximité idéologique peu surprenante entre les deux milieux, une logique d’ordre et de mercenariat. Cela remonte aux années 70, lorsque la sécurité s’est professionnalisée au moment où le FN montait en puissance. »

Une descente musclée dans une laiterie occupée par des grévistes

Justement, le père d’Axel Loustau, Fernand, ancien actionnaire de « National Hebdo », a créé la société de gardiennage Normandy SA en 1977. En 1982, elle se fait connaître lors d’une descente musclée à la laiterie Claudel d’Isigny, alors occupée par les grévistes. Fernand Loustau écopera de trois mois de prison avec sursis.

Après sa mort en 1993, c’est son son fils Philippe qui a repris le flambeau. Certains salariés passés de Normandy SA à Vendôme Sécurité n’hésitent pas à afficher leurs tatouages néo-nazis sur Internet.

Autre société qui a fait parler d’elle : Ambassy Sécurité, qui n’existe plus aujourd’hui, était gérée par Gilles Sereau, connu depuis 1977 pour ses activités d’extrême droite. Il fonde également avec Gilles Soulas la maison d’édition SEDE et la librairie de propagande néonazie l’Æncre.

Le rapport de la commission d’enquête chargé de la dissolution du Département protection sécurité (DPS), le service d’ordre controversé du FN, évoque clairement les liens avec Ambassy Sécurité :

« Ambassy a fourni des hommes de main, mercenaires ou militants du GUD, au DPS en période électorale. »

« Briser des grèves, faire de la provoc en banlieue »

Il existe deux sortes de militants au GUD, explique Xavier Renou :

  • Ceux qui ont réussi à monter des sociétés de mercenariat, mais aussi de communication, de gestion de patrimoine douteuses, ou qui deviennent cadres de partis politiques
  • Les « gros bras », moins éduqués, qui sont employés dans ces sociétés

Il poursuit :

« Ces milices ne font pas que de la sécurité, elles ont souvent servi à faire de l’espionnage, à briser des grèves, ou à faire de la provocation en banlieue pour l’instrumentaliser politiquement. »

Difficiles à tracer, ces entreprises, souvent de petite taille, se font et se défont. La dégringolade du FN a fait perdre leur ancrage à de nombreuses sociétés mais leurs racines politiques perdurent, comme pour Vendôme Sécurité, la société d’Axel Loustau.

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com/2010/08/01/au-104-cest-un-membre-du-fn-qui-soccupe-de-la-securite-160501

 

 

 

07/12/2015

Un important prisonnier politique papou enfin libéré

 

Une foule en liesse célèbre la libération de Filep Karma.
Une foule en liesse célèbre la libération de Filep Karma.

© Free West Papua/ Survival

Filep Karma, un prisonnier politique papou de premier plan, a été libéré après avoir passé plus d’une décennie en prison pour avoir agité le drapeau de la Papouasie occidentale.

Karma, âgé de 56 ans, avait été arrêté en 2004 après avoir brandi le drapeau indépendantiste ‘l’Etoile du matin’, interdit en Papouasie occidentale, lors d’une manifestation pacifique.

Il avait été condamné à 15 ans de prison pour trahison. Il a été reconnu ‘prisonnier d’opinion’ par Amnesty International et sa détention a été qualifiée d’arbitraire par les Nations unies.

Filep Karma aurait pu être libéré en août dernier, lorsqu’on lui a proposé de l’amnistier à condition qu’il reconnaisse sa culpabilité. Il a refusé en déclarant : ‘Si le président Widodo souhaite me libérer sans condition, alors oui, merci’. Le gouvernement a finalement réduit sa peine pour ‘bonne conduite’ afin qu’il soit libéré.

Cependant, brandir le drapeau indépendantiste est toujours considéré comme une infraction passible d’emprisonnement en Papouasie occidentale. En réponse à la nouvelle de la libération de Filep Karma, le général Badrodin Hait, chef de la police nationale indonésienne, a déclaré : ‘Si vous dites que Filep Karma est un prisonnier politique, j’affirme que c’est un criminel’.

Le revirement du gouvernement est intervenu alors que le président indonésien, Joko Widodo, s’est de nouveau engagé à améliorer les conditions de vie des populations de la région. Mais rien ne prouve que la répression brutale exercée par les forces de sécurité à l’encontre des Papous ait pris fin. Fin septembre, on comptait au moins 45 prisonniers politiques derrière les barreaux. De plus, les assassinats politiques, les fusillades meurtrières, les arrestations arbitraires et les actes de torture commis par les services de sécurité restent monnaie courante.

 

Source : http://www.survivalfrance.org/actu/11031

 

 

 

 

06/12/2015

Supercop 21... "on a des ordres"....

c'est clair non ?

 

 

 

 

 

Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion (2015)

 

 

La disparition de la forêt veut dire aussi la nôtre...

 

Une indigène Yanomami avec son enfant

Les Yanonami sont un des 240 peuples indigènes du Brésil ( © Wikimedia/Cmacauley (CC BY-SA 3.0) )

 

Les peuples indigènes du Brésil luttent pour leur survie. Les lobbies industriels œuvrent à faire amender la Constitution afin de s’accaparer leur territoires ancestraux et des forêts protégées. Leur but : y installer monocultures de soja, bétail, barrages et mines. Exhortons les autorités brésiliennes à rejeter le PEC 215 !

 

Deux projets de loi vont être soumis à la Chambre des députés du Brésil en 2015 : la nouvelle loi minière et surtout l’amendement à la constitution PEC 215.

Un de leurs objectifs est de transférer du gouvernement au Congrès national la compétence en matière de délimitation des territoires indigènes, y compris la révision de ceux déjà reconnus. De facto, elles auraient aussi pour conséquences d’empêcher la mise en place de nouvelles zones protégées.

Les industries minières, agricoles et de l’énergie poussent au vote de ces lois, elles dont les lobbies ont encore plus d’influence au Parlement brésilien depuis les élections de fin 2014. Elles lorgnent toujours plus sur les territoires indigènes pour leurs plantations, bétail, mines et barrages hydroélectriques.

Une menace de grande ampleur plane sur l’Amazonie et ses habitants

Il pleut de moins en moins en Amazonie. Plusieurs régions éloignées souffrent actuellement d’une grave sécheresse. L’approvisionnement en eau de millions de personnes n’est plus assuré. Certains scientifiques voient un lien de cause à effet entre la déforestation de l’Amazonie et la sécheresse au Brésil. Les forêts tropicales jouent un rôle crucial pour le climat, aussi en tant que réservoir d’eau.

Les peuples autochtones du Brésil ont réussi plusieurs fois à stopper ces projets de loi par le passé. En avril 2013, des centaines d’indigènes venus de tout le pays avaient occupé le Congrès dans la capitale Brasilia. En décembre 2014, les manifestants avaient de nouveau empêché les débats au parlement.

Les politiques avaient promis d’abandonner le projet d’amendement de la constitution PEC 215. Il aura fallu seulement quelques mois pour que le président du Congrès national le remette à l’ordre du jour.

Soutenons les peuples indigènes en écrivant aux autorités brésiliennes !

 

Signez ici : https://www.sauvonslaforet.org/petitions/992/la-disparition-de-la-foret-veut-dire-aussi-la-notre?mtu=124187264&t=446

 

 

 

 

03/12/2015

Cop21 - Violences Policières Place de la République Paris - 23 Novembre

 

« Il y a trois sortes de violence.
La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

Helder Camara

 

 

 

 

Je ne trouve pas normal qu’on soit le 2e exportateur d’armes au monde" - Frédéric Volpert, rescapé du Bataclan

 

 

02/12/2015

Avril-Sofiproteol : l'agrodiesel aux dépens de la souveraineté alimentaire et du climat

Peu connu du grand public, Avril-Sofiprotéol est un empire agro-industriel au chiffre d'affaires annuel de 7 milliards d'euros et à l'influence considérable, via notamment son patron Xavier Beulin, qui n'est autre que le président de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire en France. Avril-Sofiprotéol a largement bénéficié des subventions publiques accordées aux agrocarburants. Alors que ceux-ci sont aujourd’hui gravement discrédités du fait de leur responsabilité dans la hausse des prix alimentaires, l’accaparement des terres et la crise climatique, Avril-Sofiprotéol mène une campagne de lobbying agressive pour protéger ses intérêts.

Un véritable empire agro-industriel

De l’alimentation humaine à la nutrition animale, des semences à l’énergie renouvelable, des médias agricoles à la finance, Avril-Sofiprotéol est partout. Peu connue du grand public, l’entreprise française a pris les dimensions d’un véritable empire agro-industriel avec un chiffre d’affaires annuel de 7 milliards d’euros. Elle est à la fois le bras financier de l’agrobusiness français et une source d’influence politique considérable, puisque son patron, Xavier Beulin, n’est autre que le président de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire en France et ardent défenseur des intérêts des grands exploitants agricoles et de l’agro-industrie.

Le business dévastateur des agrocarburants

Avril-Sofiprotéol a investi précocement dans le secteur des agrocarburants, une agro-industrie reposant sur des manipulations technologiques lourdes, à l'opposé de l'agriculture paysanne visant à satisfaire les besoins alimentaires des populations. Son agrodiesel, le diester, est produit avec de l’huile de colza et de tournesol. Sur fond de crise climatique, des subventions publiques et des politiques favorables aux agrocarburants ont été introduites (notamment l’obligation de mélanger une quantité minimale d’agrodiesel dans le diesel vendu en France), se transformant en une manne financière inépuisable pour l'entreprise, lui permettant de financer l’expansion de ses activités et d’assurer son emprise sur le secteur agricole français.

Comme nous l'avons démontré dans notre campagne sur les agrocarburants industriels (cliquez ici pour en savoir plus), les agrocarburants ont une responsabilité dans l’accroissement de la faim, le changement climatique et l’accaparement des terres. La production d’agrocarburants aggrave les pressions sur la terre [1] et est une source majeure d’insécurité alimentaire au niveau mondial : 65% des huiles végétales produites en Europe et 40% du maïs américain sont déjà dirigés vers le marché des agrocarburants, plutôt que vers la production alimentaire. Les politiques publiques qui ont favorisé cette tendance ont eu pour résultat d’accroître la volatilité des prix alimentaires, avec des conséquences dramatiques pour les communautés les plus pauvres dans les pays du Sud [2]. En outre, leurs bénéfices pour le climat sont largement discrédités. Si l’on prend en compte l’intégralité de leur chaîne de production, et en particulier les émissions liées au changement direct et indirect d’utilisation des terres (y compris la déforestation pure et simple), certains agrocarburants peuvent même s’avérer plus nocifs pour le climat que les énergies fossiles [3] !

 Cela n'empêche pas Avril-Sofiprotéol de mener un combat acharné pour défendre cette source de profits. 

Les politiques climatiques de l’Europe manipulées 

En raison des impacts négatifs des agrocarburants, le Parlement européen a initié un processus législatif pour limiter le soutien public et les subventions aux agrocarburants dits « de première génération » – ceux qui sont basés sur des cultures alimentaires.

Une bataille politique épique s’en est suivie dans les couloirs bruxellois, menée par le patron de Avril-Sofiprotéol Xavier Beulin et son armée de lobbies. Le très influent syndicat agricole européen COPA-COGECA, dont Xavier Beulin est le vice-président, a pesé de tout son poids, en affirmant que « toute réduction des cibles visant à promouvoir l’usage de carburants basés sur des cultures agricoles nuirait à la croissance et à l’emploi, ainsi qu’aux objectifs dans le domaine de l’énergie et du climat » [4].

Des organisations comme l’European Oilseed Alliance (dont Xavier Beulin est président) ou l’European Biodiesel Board ont martelé le même message. Sous pression du secteur agroindustriel national (où Avril-Sofiprotéol est omniprésente), le gouvernement français est lui aussi intervenu pour s’assurer que le Parlement européen ne remettrait pas en cause « les investissements qui ont déjà été établis ». Finalement, en avril 2015, le Parlement européen adopta un seuil maximal pour les agrocarburants de première génération, mais à un niveau insuffisant pour limiter leur développement. 

Étant donné que la seule COPA-COGECA a dépensé 2 millions d’euros de lobbying à Bruxelles en 2014, avec un effectif de 18 lobbyistes, il n’est pas surprenant que Xavier Beulin et sa toile d’associations professionnelles aient réussi à influencer les décideurs[5]. 

Le véritable  « ministre de l’Agriculture » en France

En France aussi, les subventions publiques aux agrocarburants ont été sous le feu de vives critiques, entre autres à la suite d’un rapport de la Cour des comptes de 2012 qui concluait que les exemptions fiscales pour les producteurs d’agrodiesel avaient coûté à l’État français plus de 1,8 milliard d’euros entre 2005 et 2010 [6]. La Cour soulignait que le soutien public ainsi reçu par Sofiprotéol était significativement supérieur aux investissements réalisés par l’entreprise sur cette activité. Mais le gouvernement français décida néanmoins, fin 2012, à un moment où il s’efforçait désespérément d’équilibrer son budget, de maintenir ce régime fiscal favorable, source de profits immenses pour Sofiprotéol, sous le prétexte que « le secteur représente plusieurs milliers d’emplois ».

Xavier Beulin, qui a été surnommé le « véritable ministre de l’Agriculture », détient une influence politique considérable en France. Il est au centre d’un vaste réseau d’intérêts économiques, financiers et politiques, comme l’illustre la composition du Conseil d’administration d’Avril, qui inclut plusieurs dirigeants de multinationales françaises.

Avril-Sofiprotéol essaie désormais d’utiliser la Conférence climat de Paris pour verdir son image. L’entreprise s’est par exemple associée à la plateforme « Solutions COP21 », où elle fait la promotion de son nouvel agrodiesel, ainsi que de l’introduction de la culture à grande échelle du soja en France comme des « solutions climat » [7]. Un nouvel exemple de la manière dont les fausses solutions comme les agrocarburants nous sont imposées.

 

--------------------------------------

Notes :

(1) ActionAid (juin 2015), Caught in the Net: How “net-zero emissions” will delay real climate action and drive land grabs. http://www.actionaid.org/sites/files/actionaid/caught_in_...

(2) L’ILC (International Land Coalition) a révisé ses estimations plusieurs fois ; les dernières sont disponibles sont ici : http://www.landmatrix.org/media/filer_public/b2/48/b24869...

- See more at: http://www.peuples-solidaires.org/2015/prix-pinocchio-avril-agrodiesel-aux-depens-de-la-faim#sthash.9M1T0o3G.dpuf

 

 

Les quatre films de JEAN-PAUL JAUD du 2 au 8 Décembre 2015 aux 7 Parnassiens, à Paris

 

 Nos enfants nous accuseront
- Severn, la voix de nos enfants
- Tous cobayes ?
- Libres !

 

 

 

 

01/12/2015

Industrie du médicament : "J'ai vendu mon âme au diable"

 

 

 

John Virapen, 64 ans, livre le récit de son parcours dans l'industrie pharmaceutique. Une confession professionnelle peu ordinaire.

Du Prozac (Jeff Blackler/REX/REX/SIPA)Du Prozac (Jeff Blackler/REX/REX/SIPA)
 

Dans la famille "Les Repentis de Big Pharma", voici John Virapen, ancien directeur de la firme Eli Lilly en Suède, qui a rédigé dans sa soixante-quatrième année une confession professionnelle peu ordinaire. Par une ironie du destin, son livre est sorti en France jeudi 17 avril, au lendemain  de la mort de Jacques Servier.

"Depuis des années parfois aux premières heures du jour des silhouettes fantomatiques m’apparaissent en rêve, écrit-il en préambule. Elles se tapent la tête contre les murs ou s’entaillent les bras et la gorge a coups de rasoir. J’ai maintenant compris que j’avais indirectement contribué a la mort de personnes dont les ombres me hantent.

Je n’ai évidemment tué personne directement, mais aujourd'hui je ne peux pas ne pas me sentir responsable en partie de ces morts. J’ai été un instrument, un exécutant, mais consentant, aux mains de l’industrie. […] J’ai été certes manipulé, mais sans me poser de questions. J’ai vendu mon âme au diable."

Le cas du Prozac

D’origine indoue et fils de pêcheur illettré de la Guyane britannique, l’auteur de ce mea culpa glaçant est entré dans l’industrie pharmaceutique, en 1968, par la toute petite porte. En acteur habile de ce qui ne s’appelle pas encore marketing, John Virapen est déjà en 1981 directeur des ventes de la firme Eli Lilly pour la Suède.

Il raconte les petits pactes inavouables qui se scellent dans ce milieu feutré, et la main mise des firmes sur les leaders d’opinion, ces grands professeurs renommés et gardiens de la doxa. Ainsi l’entre eux, spécialiste du traitement de la douleur et expert au ministère de la santé, recevait-il de Lilly un salaire fixe, moyennant conseil, relecture de brochures et autres conférences.

On faisait surtout appel à lui en cas d’attaque contre nos produits dans les médias, souvent à propos d’effets secondaires. Il écrivait immédiatement des articles en notre faveur dans les journaux médicaux. Le microcosme médical était rassuré, la grande presse n’en parlait plus."

En 1986, pour le lancement de la fluoxétine d’Eli Lily, molécule d’or baptisée Prozac qui sera jusqu’à expiration du brevet en 2001 l’antidépresseur le plus prescrit au monde, John Virapen va commettre ce qui le hante au petit matin : avoir aidé à promouvoir un médicament dont il connaissait –déjà- l’impact suicidaire (pour les effets secondaires réels des psychotropes, voir le site de veille sanitaire indépendant de David Healy, chercheur à l’université de Cardiff RxiSK.org) et dont la supériorité sur le placébo n’est toujours pas établie en 2014.

Mais pour l’heure, tandis qu’au siège on organise le plan com’ qui fera de la dépression une maladie couramment diagnostiquée dans tous les pays riches, les satrapes de Lilly s’affairent dans les capitales afin d’obtenir pour le Prozac une autorisation de mise sur le marché.

Comment des suicidés ont disparu

A Stockholm, John Virapen sait qu’un expert indépendant a été officiellement désigné pour émettre un avis. Le nom du professeur est confidentiel, pour tenir éloignés les lobbies justement. John Virapen veut savoir. Il n’y a dans toute la Suède que cinq experts psychiatres suffisamment qualifiés pour avoir été sollicité par l’Etat.

L’un fait partie des autorités de santé ; ça ne peut être lui. Pour les quatre autres, il va agir en profiler et demander à ses visiteurs médicaux de se renseigner, discrètement. Après quelques semaines de ce maillage discret, l’expert est repéré : c’est Pr Z., à Göteborg. "J’entrepris d’étudier le Pr Z. de plus près. Il aimait la voile. Je m’achetai un livre sur la voile." Virapen l’appelle, et parvient à l’inviter à dîner.

Un facteur a joué en ma faveur, je n’aimais pas le Pr Z, poursuit-il. Une réelle sympathie rend les manipulations plus difficiles. On n’aime pas piéger une personne qu’on apprécie. On ne veut pas obliger quelqu’un qu’on aime à franchir les frontières de la légalité. Le fait de ne pas aimer était donc un atout."

Un deuxième dîner va sceller leur entente. "L’argent est toujours utile", répond l’expert indépendant quand son hôte lui demande ce qui ferait accélérer son affaire. Le lendemain, Virapen appelle le bureau de Lilly à Copenhague, qui supervise les pays du Nord, explique qu’il faut 100.000 couronnes pour obtenir une autorisation rapide, soit 20.000 dollars. "Le bureau de Copenhague consulta celui de Genève. Cela prit 24 heures. Puis je reçus un appel :'John, faites tout ce qui vous semble nécessaire.'"

L’expertise du Dr Z. en fut quelque peu orientée. Dans le dossier initial, voici un exemple de ce qu’on pouvait lire : "Sur dix personnes ayant pris le principe actif, 5 eurent des hallucinations et firent une tentative de suicide dont 4 avec succès." A la place on lisait désormais : "Les 5 derniers ont présentés divers effets secondaires." Escamotés, les suicidés sous Prozac, au cours de la phase d’expérimentation.

Au dessus des lois ? Au dessus des Etats ?

Ce témoignage paraît un mois après celui de Bernard Dalbergue,(1) ancien cadre de chez Merck ; un an après l’ouvrage de Julie Wasselin qui fut pendant trente ans visiteuse médicale (2); et dix ans après que Philippe Pignarre, ancien de chez Synthelabo et lanceur d’alerte avant l’heure, a publié "Le Grand secret de l’industrie pharmaceutique" (3). Tous démontrent que la santé est depuis trente ans une affaire de business et de marketing sur fonds de désinformation aux conséquences criminelles.

La confession de John Virapen a été traduite par Philippe Even, qui poursuit ainsi un travail de recadrage entrepris en 2005, soit cinq ans avant le scandale Servier, avec sa traduction du livre Marcia Angell, rédactrice en chef démissionnaire du prestigieux "New England Journal of Medecine" (NEJM), "La vérité sur les compagnies pharmaceutiques" (4).

Etrangement, ces révélations ne suscitent pas l’effroi et les révolutions qu’elles devraient. Comme si la pharmaco-délinquance était une fatalité, et l’industrie du médicament une organisation impossible à contrôler, au dessus des lois, au dessus des Etats.

Anne Crignon - Le Nouvel Observateur

(1) "Omerta dans les labos pharmaceutiques", Avec Anne-Laure Barret, Flammarion
(2) "Le quotidien d’une visiteuse médicale", L’Harmattan.
(3) Editions La Découverte
(4) Editions du Mieux Etre

 

9782749136219.jpg

http://www.cherche-midi.com/theme/Medicaments_effets_secondaires_:_la_Mort-John_VIRAPEN_-9782749136219.html

 

 et aussi :

details_L97827637222381.jpg

https://www.pulaval.com/produit/remedes-mortels-et-crime-organise-comment-l-industrie-pharmaceutique-a-corrompu-les-services-de-sante

 

 

 

 

 

 

Vous faites quoi le dimanche ? Eux ramassent nos déchets

Près de Boulogne-sur-Mer, nous avons rencontré les anonymes qui ramassent les déchets ramenés par la mer. On a parlé politique, générosité et sensibilité à l’environnement.

 

Publié le   

 

(De la Pointe aux oies) Nous sommes en novembre et le soleil fait doucement tomber les manteaux sur la plage de la Pointe aux oies, près de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

Sur le sable, des kitesurfeurs, des promeneurs mais aussi une soixantaine de motivés, sacs-poubelle à la main. Ils ne sont membres d’aucune organisation, beaucoup ne se connaissent pas. Ensemble, ils vont passer un bout de leur dimanche après-midi à ramasser les déchets de la plage, bénévolement, le sourire aux lèvres.

Le groupe des ramasseurs de déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Le groupe des ramasseurs de déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

Leur venue est le fruit d’un bouche-à-oreille qui marche bien, depuis des années. Moi-même, j’ai été alerté par l’e-mail d’un lecteur de Rue89 qui vit dans le coin  :

«  J’connais un gars qui ramasse des déchets depuis plus de huit ans sur la Côte d’Opale. Ce gars-là ne fait pas ça pour être une star, ni pour le buzz, ni pour faire le beau à la COP21. Il n’a pas non plus décidé de sauver la planète : avec ses potes, il invite “les gens” à se joindre à lui, tous les mois, toute l’année, pour ramasser les déchets que l’on trouve sur les plages sensibles du coin. »

Un « groupe de potes »

Thomas Hemberger explique comment ramasser les déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Thomas Hemberger explique comment ramasser les déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

Nous avons contacté ce fameux gars, qui s’appelle Thomas Hemberger.

Il nous a raconté comment l’aventure a démarré  :

« Au début, on était trois ou quatre à vouloir faire quelque chose et à se balader avec un grand sac-poubelle.

On s’est structurés et on a créé une association, Nature libre. On a commencé à être plus nombreux, des gens croyaient même qu’on faisait des travaux d’intérêt général !

En 2010, on a reçu des premières subventions, on a mis en place un vrai programme de ramassage, suivant les saisons et les marées. Depuis, on est entre 50 et 70 à chaque ramassage mais ça ressemble toujours à un groupe de potes, c’est super horizontal. »

Cette drôle d’organisation fonctionne très bien. En 2014, 6 tonnes de déchets ont été ramassées. La journée record : 180 participants, 1 760 kg de déchets.

Des ramasseurs de déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Des ramasseurs de déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

On a interrogé les présents, dont beaucoup viennent pour la première fois : qu’est-ce qui les motive à renoncer à tout ce que peut offrir un dimanche pour ramasser des déchets ?

Elisabeth, 67 ans, a entendu parler de l’opération en faisant ses courses dans un magasin bio  :

Elisabeth ramasse les déchets à la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Elisabeth ramasse les déchets à la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

« Je n’avais rien à faire, je suis venue. Je ne pense pas être écolo pour la politique, par contre j’aime l’école pratique, dans mon quotidien. »

Plus loin, une famille m’explique  :

« On a vu ça dans le journal gratuit, on s’est dit que c’était une bonne idée pour les enfants, on devait aller à une brocante mais finalement on est venus là. »

« On se sent comme un petit héros »

Denis Blot est sociologue à l’université de Picardie. Il a commencé à venir aux collectes de déchets dans le cadre d’une étude sur les déchets sauvages pour l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).

Maintenant, il vient parce qu’il aime ça.

Je lui demande : mais pourquoi diable tant de gens consacrent leur dimanche à mettre les mains dans les rebuts ?

« Ce n’est pas facile de vivre avec la sensation que ce qu’on aime autour de nous se dégrade. Donc certaines personnes sautent sur l’occasion de faire quelque chose dès qu’elle se présente. Le nettoyage n’est pas extrêmement utile en soi, mais vivre sans serait difficile.

Nos meilleurs souvenirs de collecte, c’est quand il fait un temps pourri. L’an dernier, le 21 décembre, on était une petite dizaine, dont la moitié habillés en père Noël. C’était dur, il neigeait, mais c’est un super souvenir.

Dans nos vies, on n’a pas souvent l’impression de faire quelque chose de bien ; là, on se sent comme un petit héros. »

En discutant avec certains participants, on comprend petit à petit que ces sessions dominicales sont aussi un exercice de réflexion intense.

« Prisonniers de ce qu’on fabrique »

Jonathan – celui qui qui m’avait envoyé un mail – aime beaucoup ramasser les petits tubes que l’on trouve par centaines sur la plage. Il demande aux gens : « A votre avis, c’est quoi ? »

Des tubes de Coton-Tige dans la main de Jonathan sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Des tubes de Coton-Tige dans la main de Jonathan sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

Réponse : des tubes de Coton-Tige. On les jette dans les toilettes, comme si l’eau était une poubelle. Ceux-ci sont trop fins pour être filtrés par les stations d’épuration, ils finissent dans les rivières puis dans la mer, qui en ramène inlassablement une petite partie sur la plage.

C’est l’occasion d’expliquer où part l’eau quand on tire la chasse, mais aussi de lancer de longues réflexions sur notre rapport aux déchets.

Et ça ne laisse pas indemne, comme me l’explique Jonathan  :

« Pour moi, ça a changé plein de choses. Je me dis que l’être humain est un génie pour fabriquer des choses mais qu’il ne sait pas du tout ce qu’elles deviennent. On est un peu prisonniers de tout ce qu’on fabrique en fait. Je n’achète plus rien d’emballé, grâce à ça je ne jette presque plus rien à la poubelle. J’ai débranché mon frigo aussi. »

« Décider de ce qui est naturel ou non »

J’accompagne Denis pendant quelques mètres. Je l’observe et ça me confirme que se baisser pour ramasser les détritus fait travailler les méninges  :

Laisse de mer à Audresselle
Laisse de mer à Audresselle - F. Lamiot/Wikimedia Commons/CC

« On essaye de ne pas toucher à ce qui est naturel pour ne pas l’abîmer. Par exemple, il y a souvent des filets de pêche coincés dans des algues dans la laisse de mer.

On n’y touche pas, parce que c’est un véritable écosystème, de nombreuses espèces en dépendent. Si on les retire, on aura un site propre mais ce serait un site mort.

C’est paradoxal, quand même. Ça veut dire que l’homme qui veut préserver la nature doit décider de ce qui est naturel ou non. »

Il m’emmène un peu plus loin :

« Ça, par exemple, c’est quoi  ? C’est un mélange de roches et de métaux sur lequel sont accrochés des filets en plastique et des algues. On ne va pas le jeter ! Je crois qu’on va devoir se résoudre à laisser une bonne partie de notre environnement devenir une hybridation entre du naturel et du manufacturé. »

Denis Blot s'interroge sur la nature des déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Denis Blot s’interroge sur la nature des déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

Collecteurs de déchets anonymes

Thomas confirme que les participants réguliers se posent beaucoup de questions, et que ces sessions l’ont transformé :

« Quand tu te balades sur la plage avec un sac, tu comprends que la majorité des déchets vient de la terre, arrive dans la mer par les fleuves et les rivières, et est en partie ramenée sur la plage par la mer.

Tu ne peux pas chercher les coupables, tu es obligé de te dire que la solution, c’est de produire moins de déchets, tu comprends que c’est la société de consommation le problème.

On ramasse six tonnes de déchets par an. C’est pas ça qui va sauver le monde. Par contre, ça nous permet de construire une vraie relation avec notre environnement, on l’observe, on le défend un peu, on développe une vraie sensibilité, c’est très fort et très beau. »

Pour moi, le plus fort et le plus beau, ce n’est pas que tant de gens dévouent leur jour de repos à ce ramassage, ni même que mettre les mains dans la merde permette à certains de révéler un peu de la fraîche beauté du monde.

Non, le plus fort et le plus beau, c’est que des gens comme ça, on en trouve partout. Denis tente de faire un inventaire de ces collecteurs anonymes en France. C’est très difficile :

« Il y a des gens qu’on ne repérera jamais. Je pense à une personne dont on m’a parlé qui ramasse seule les déchets sur 3 km de plage.

Des gens comme ça, il y en a des centaines en France. Ils pourraient aller voir leur maire, pour dire “c’est sale là-bas”, mais ils préfèrent s’en charger eux-mêmes.

Ils se réapproprient ces espaces, c’est une forme de démarche politique. »

« Je me vois comme un sportif »

J’ai ainsi rencontré Ronald, qui ramasse des déchets dans la nature du côté d’Hesdin (Pas-de-Calais). Il a tenté de rameuter du monde via Facebook, mais pour l’instant, il est le plus souvent tout seul.

Frédéric Vincent, lui, nettoie seul les bords des routes près de Calais depuis quinze ans. Il m’a expliqué sa démarche :

« On me parle souvent de gens qui ont été vus sac-poubelle à la main en sortant d’un champ ou d’un chemin. Je pense que même si la majorité ne fait rien, il y a beaucoup de ramasseurs de l’ombre.

Moi, j’ai commencé parce que ça me dégoûtait de voir les merdes des gens un peu partout. J’étais en colère, je m’habillais même en tenue militaire.

En parlant avec les gens, j’ai compris que ça ne servait à rien de faire la guerre. Je fais maintenant de la sensibilisation dans les écoles, j’ai installé des panneaux sur les bords de routes.

Je ramasse toujours tout seul, c’est vrai que physiquement, je dérouille, mais je me vois comme un sportif qui travaille dur pour atteindre un jour une performance exceptionnelle, c’est-à-dire que les enfants du coin aient un monde meilleur. »

En l’écoutant, je repense aux mots de Jean Giono, vantant le travail solitaire d’Elzéard Bouffier, ce personnage de la fiction « L’Homme qui plantait des arbres » (Revue forestière française, 1973), qui, pendant toute sa vie, a tenté dans l’anonymat de restaurer la nature, en « reforestant » un bout de Provence désertique :

« En même temps que l’eau réapparut réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre. Mais la transformation s’opérait si lentement qu’elle entrait dans l’habitude sans provoquer d’étonnement. [...]

Qui aurait pu imaginer, dans les villages et dans les administrations, une telle obstination dans la générosité la plus magnifique ? [...]

Quand je réfléchis qu’un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu’il a fallu de constance dans la grandeur d’âme et d’acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d’un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu. »

Thomas Hemberger rit en posant un casque déposé par la mer sur plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Thomas Hemberger rit en posant un casque déposé par la mer sur plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89
 
 
 

09:44 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

Rapport : la fortune de 782 personnes pourrait alimenter la moitié du monde en énergies 100% renouvelables

Plutôt que d'y développer le nucléaire 'money, money'....

PARIS, le 23 novembre 2015 – D’après un rapport publié aujourd’hui par les Amis de la Terre International, la fortune personnelle des 782 personnes les plus riches de la planète - de nombreux dirigeants de grandes sociétés - pourrait alimenter en énergies renouvelables 100 % de l’Afrique, l’Amérique latine et la plupart des pays d’Asie d’ici à 2030 . [1]

 

Le rapport, rendu public à moins de une semaine du Sommet des Nations Unies sur le climat à Paris, révèle que les ressources financières pour une révolution de l’énergie existent bel et bien, alors que la volonté politique pour accompagner la transformation reste étonnamment absente.

Certaines des principales conclusions de ce nouveau rapport, intitulé Une révolution de l’énergie est possible, démontrent que :

La fortune personnelle des 53 personnes les plus riches du monde pourrait alimenter en énergies 100% renouvelables toute l’Afrique d’ici à 2030

La fortune des 32 personnes les plus riches du monde pourrait alimenter en énergies 100% renouvelables la plupart des pays d’Amérique latine jusqu’en 2030

Un investissement supplémentaire de 5148 milliards de dollars américains serait nécessaire afin de produire 100% d’électricité avec des renouvelables pour alimenter en énergie la moitié de la planète d’ici à 2030. Cet investissement équivaut à la richesse dont dispose actuellement 0.00001% de la population mondiale, soit 782 personnes

« Ce rapport tire la sonnette d’alarme pour les décideurs politiques et les gouvernements. Notre monde fait face à deux graves crises inextricablement liées : l’inégalité croissante et le changement climatique. Le temps est venu d’y remédier ensemble », déclare Sam Cossar-Gilbert des Amis de la Terre International.

Le changement climatique est déjà à l’œuvre, dévastant des communautés et des écosystèmes du monde entier. Si aucune mesure urgente et drastique n’est prise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous allons faire face à un emballement climatique catastrophique, dont les impacts dépasseront tout ce à quoi nous assistons aujourd’hui, et frapperont principalement les peuples et les nations les plus pauvres, et les moins responsables du changement climatique.

La production d’énergie à partir des combustibles fossiles est un des principaux facteurs à l’origine des niveaux très élevés d’émissions de carbone. Et lutter contre cette énergie polluante est fondamental pour arrêter la catastrophe climatique.

« L’immobilisme n’est plus une option possible aujourd’hui. Les émissions de carbone ne cessent d’augmenter. Nous avons besoin d’une révolution », déclare Dipti Bhatnagar, coordinatrice du programme Justice climatique et énergie aux Amis de la Terre International.

« La transformation énergétique n’implique pas uniquement de renoncer aux combustibles fossiles en faveur des énergies renouvelables, mais aussi d’entreprendre une transformation profonde, qui inclut une appropriation démocratique des ressources renouvelables », précise-t-elle.

Les comparaisons avec les fortunes personnelles rappelle avec force l’existence incontestable des ressources financières pour arrêter un changement climatique dangereux. Le rapport ne suggère en aucun cas que la richesse d’un groupe de personnes en particulier puisse ou devrait être directement utilisée pour opérer la transformation énergétique, dont nous avons besoin.

POUR PLUS D’INFORMATIONS, VEUILLEZ CONTACTER :

  • Sam Cossar-Gilbert, coordinateur du programme Justice économique et résistance au néolibéralisme aux Amis de la Terre International : +33 75 09 18 983 ou par courriel : sam.cossargilbert@foe.org.au
  • Dipti Bhatnagar, coordinatrice du programme Justice climatique et énergie aux Amis de la Terre International : +258 840 356 599 (numéro de mobile au Mozambique) ou par courriel : dipti@foei.org

NOTES AUX RÉDACTEURS
[1] Le résumé du nouveau rapport Une révolution de l’énergie est possible est disponible sur le site : http://www.foei.org/fr/ressources/publications-fr/publica...

Le rapport est disponible dans sa version intégrale sur le site : http://www.foei.org/wp-content/uploads/2015/11/foe-energy...

 

 

 

Colombie: Meurtre du défenseur des droits humains Daniel Abril et escalade de la violence contre les membres du MOVICE

Source : https://www.frontlinedefenders.org/node/30154

 

Le 13 novembre 2015, le défenseur des droits humains M. Daniel Abril a été tué dans une boulangerie, dans sa ville natale de Trinidad, dans le département de Casanare. Il était l'une des principales voix qui dénonçent les exactions perpétrées par les compagnies pétrolières dans le département de Casanare.

Daniel Abril était membre de la section de Casanares du Movimiento Nacional de Víctimas de Crímenes del Estado – MOVICE (mouvement national des crimes d’État). MOVICE est une organisation de défense des droits humains qui œuvre pour les victimes du conflit armé, effectue un suivi et cherche à obtenir justice pour les violations des droits humains perpétrées par l'État et les paramilitaires. Daniel Abril et d'autres membres du MOVICE sont victimes de menaces et autres formes de harcèlement. Le dernier incident est une campagne de distribution de tracts menaçants contre des membres du MOVICE.

Trois jours après le meurtre de Daniel Abril, le 16 novembre 2015, la défenseuse des droits humains, Mme Maria Cardona Mejía, secrétaire technique de la section de Caldas du MOVICE, a été suivie par un inconnu, qu'elle a entendu dire au téléphone "cuando yo fui militar, masacres era lo que hacíamos, como le vamos a hacer a la peliteñida que tengo al lado y a su jefe" (quand j'étais militaire, on faisait des massacres, comme ce qu'on va faire à la petite blonde à côté de moi, et à son chef). Maria Cardona a déjà reçu plusieurs appels de menaces en 2012 et 2013, dans desquels M. Dario Ecsehomo Diaz, son "chef" au MOVICE, était mentionné.

Le MOVICE a indiqué que depuis plusieurs mois, de plus en plus de ses membres sont affectés par l'élimination, la réduction et la non-application des mesures de protections accordées par l'Unité nationale de protection (UNP). Cela inclut: la réduction des mesures de protection de M. Juan David Diaz, qui a reçu sept menaces de mort rien que cette année, notamment au mois d'octobre; la non-application des mesures de protection pour Martha Lucia Giraldo, secrétaire technique de la section du MOVICE dans la Valle del Cauca, ce qui a conduit à la suspension des mesures en février 2015; le retard dans l'analyse des risques, commencée le 24 septembre 2015 de Mme Rocio Campos, secrétaire technique de la section du MOVICE dans la section de Magdalena Medio, et M. Jaime Pena, membre de la même section de MOVICE. Cette situation met les membres du MOVICE en danger et affecte leur aptitude à mener à bien leur travail.

Front Line Defenders est préoccupée par l'escalade des menaces contre les membres du MOVICE et fait part de ses préoccupations concernant la réduction des mesures de protection accordées par l'UNP, en dépit de l'augmentation des menaces et des attaques.

 
 
 

30/11/2015

Lobby Planet Paris : cartographie d’une COP21 sous influence

 

L’Observatoire des multinationales publie conjointement avec plusieurs partenaires français et européens Lobby Planet Paris COP21, un guide des lobbies économiques qui tentent d’influencer la Conférence climat.

Le gouvernement français a décidé d’entraver la mobilisation de la société civile en vue de la Conférence climat en interdisant les manifestations sur la voie publique. Mais les multinationales et les lobbies économiques, elles, pourront continuer à s’en donner à cœur joie. Leur influence n’a cessé de s’accroître dans les discussions internationales sur le climat au fil des années, et la COP21 ne fera pas, loin de là, exception à la règle. Le secteur privé y sera omniprésent, au Bourget et Paris, dans l’enceinte même des négociations, dans ses coulisses, et à travers de multiples événements en dehors. Dans le contexte sécuritaire créé par les attentats qui ont frappé Paris, cette influence pourra s’exercer sans véritable contrepoids de la société civile.

Pour permettre aux citoyens, aux journalistes et aux militants de mieux s’y retrouver dans cette grande foire d’influence et de défense des intérêts économiques établis, l’Observatoire des multinationales, conjointement avec l’Aitec, Attac France, le Corporate Europe Observatory et le Transnational Institute, publie un « Lobby Planet Paris spécial COP21 » (à télécharger ici) : un petit guide de l’influence des « criminels du climat » et de leurs lobbies dans le cadre de la COP. Organisé par thème, assorti de cartes pointant les principaux lieux d’influence autour de la Conférence, cet ouvrage présente les grandes entreprises, les institutions financières, les organisations internationales et les associations professionnelles mobilisés pour promouvoir le point de vue des milieux économiques sur le climat.

Qu’attendent les entreprises et que redoutent-elles de la COP ? Pourquoi le gaz, de plus en plus promu par les géants des énergies fossiles comme une « solution », n’est pas moins problématique que de brûler du charbon ? Pourquoi la société civile dénonce-t-elle les « fausses solutions » promues par les entreprises ? En quoi un « prix mondial du carbone », basé sur les fonctionnements du marché, et revendiqué par les milieux économiques, ne suffira-t-il pas à répondre à la crise climatique ? Pourquoi les sponsors de la COP21 sont-ils problématiques ? Quels sont les liens entre l’enjeu climatique et les projets actuels d’accords de libre-échange ? Comment les lobbies essaient-ils concrètement de peser sur la Conférence ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans ce petit ouvrage de 36 pages.

La COP des multinationales

Le gouvernement français affiche depuis plusieurs mois son intention de faire de la COP21 la « COP des solutions ». Elle sera surtout la « COP » des multinationales. Cette année, la plupart des grandes entreprises, y compris dans le secteur de l’énergie, affiche une attitude plus positive à l’égard de l’enjeu climatique, loin de leur image passée de réticence – voire de résistance – face à l’urgence de réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.

Ces firmes ont-elles réellement changé, ou continuent-elles au fond à défendre les mêmes positions, sous un léger vernis vert ? Une autre publication du Corporate Europe Observatory (également partie prenante du Lobby Planet) détaille les ingrédients de la « mauvaise cuisine climatique » que les multinationales concoctent pour la COP : une recette cuisinée à base de croissance économique et de compétitivité à tout prix, d’une bonne dose de gaz présenté comme une « énergie propre », d’un zeste de marché avec le « prix mondial du carbone » comme solution miracle, et servie en compagnie de « fausses solutions » technologiques plus ou moins hypothétiques. Un plat finalement très allégé en véritable transition énergétique, repoussé aux calendes grecques.

Le gouvernement français et les organisations internationales sont en tout cas prêt à y goûter. Cela se vérifie dans le choix de leurs convives : faire appel aux entreprises pour sponsoriser la COP21, y compris des firmes impliquées dans des activités très polluantes comme le charbon. Cela se vérifie dans le choix d’accueillir au Bourget, juste à côté du lieu des négociations, un espace commercial destiné à permettre aux entreprises de présenter leurs « solutions ». Cela se vérifie aussi dans le nombre d’événements dédiés aux entreprises ou aux « collaborations » entre public et privé organisés en marge de la COP, comme le salon Solutions COP21 (lire notre enquête).

Les multinationales occuperont aussi une place de choix dans l’« agenda des solutions » que le gouvernement français propose d’annexer à un futur accord international conclu à Paris. Or cet agenda des solutions n’inclut aucun garde-fou ni aucun critère sur ce qui constitue véritablement une « solution » pour le climat : toutes les entreprises, même les plus polluantes, peuvent y inscrire leurs initiatives, même les plus modestes ou les plus controversée. Après y avoir découvert avec effarement la présence de Total et d’autres majors pétrolières, ainsi que des projets d’« agriculture climato-intelligente », les ONG ont écrit à François Hollande pour lui demander leur exclusion de l’« agenda des solutions » [1]. Sans succès.

Lobby tours

Parallèlement à la publication du « lobby planet », des « lobby tours » seront également organisés : promenades commentées à La Défense ou dans le VIIIe arrondissement sur les traces des entreprises, cabinets de lobbying, associations professionnelles et organisations internationales qui placent leurs intérêts privés au dessus de l’avenir climatique.

Deux lobby tours sont proposés le 30 novembre et le 7 décembre à 11h30. Le jeudi 3 décembre à 11h30 aura lieu un « lobby tour » spécialement dédié aux entreprises nominées au « prix Pinocchio du climat », dont les résultats seront annoncés le même soir.

Les inscriptions pour ces lobby tours (durée : environ une heure et demie) se sont par courriel à l’adresse cop.lobbytours@corporateeurope.org.

- À lire : Lobby Planet Paris, Spécial COP21. Criminels du climat et marchandisation de la COP21 (français, pdf). Version anglaise ici.

[1Lire le compte-rendu du Monde.

 

Source : http://multinationales.org/Lobby-Planet-Paris-cartographie-d-une-COP21-sous-influence

 

 

29/11/2015

UN DÉTOURNEMENT MASSIF DE LA PUBLICITÉ DANS PARIS DÉNONCE LA MAINMISE DES NÉGOCIATIONS SUR LE CLIMAT PAR LES MULTINATIONALES"

12313779_932991293456438_1467780844929806955_n.jpg

 

 

Plus de 600 œuvres d'art dénonçant la mainmise des multinationales sur les négociations climatiques durant la COP 21, ont été installées hier dans des espaces publicitaires parisiens, en amont du Sommet des Nations Unies qui démarre ce lundi.

Malgré l'état d'urgence interdisant tout rassemblement, suite aux attentats du 13 novembre à Paris,le projet Brandalism néologisme né de la fusion entre « Brand » (« marque » en français) et « vandalisme »), mené avec des activistes parisiens, a permis de placer dans toute la ville des centaines d'œuvres d'art non autorisées. Ces affiches soulignent les liens entre la publicité, le consumérisme, la dépendance aux énergies fossiles et le changement climatique.

Les œuvres d'art ont été placées dans des espaces publicitaires appartenant à JCDecaux - une des plus grandes entreprises de publicité en extérieur et sponsor officiel des négociations de la COP 21.

D'autres éminents sponsors des négociations climatiques tels qu'Air France, Engie (ex-GDF Suez) et Dow Chemicals sont parodiés dans les affiches, ainsi que des chefs d'Etat tels que François Hollande, David Cameron, Barack Obama, Angela Merkel et Shinzo Abi.

Les œuvres d'art ont été réalisées par 80 artistes renommés, originaires de 19 pays à travers le monde. On retrouve notamment les parisiens Alex One, Arnaud Liard, Millo and ZAD, Eube, Automedia, AntiCOP21.org, Anti ainsi que d'autres artistes de renommée internationale tels que Neta Harari, Jimmy Cauty, Paul Insect (collaborateur de Banksy), Escif ou Kennard Phillips - nombre d'entre eux ayant été représentés à Dismaland, l'exposition de Banksy en Angleterre cet été.

Joe Elan de Brandalism explique : « En sponsorisant les négociations climatiques, des pollueurs importants tels qu'Air France et Engie peuvent faire leur promotion comme s'ils faisaient partie de la solution, alors qu'ils font en fait partie du problème ».

Un des artistes ayant pris part au projet déclare : « Nous reprenons possession des espaces publicitaires car nous voulons dénoncer le rôle que la publicité joue en faisant la promotion d'un consumérisme insoutenable. L'industrie publicitaire nourrit nos désirs pour des produits qui reposent sur l'exploitation des énergies fossiles et qui ont un impact direct sur le changement climatique. De même que pour les négociations climatiques et les évènements parallèles sponsorisés par les grandes entreprises, la publicité en extérieur permet aux plus riches de s'assurer que leur voix soit entendue au-delà de toutes les autres ». Les œuvres d'arts ont été installées durant le « Vendredi noir » (« Black Friday »), le jour annuel de frénésie consumériste.

D'autres affichent appellent les gens à prendre la rue dans le cadre des « Climate Games », le plus grand jeu mondial de désobéissance civile [4], et à dénoncer la conférence « Solutions 21 » - une exposition des grandes entreprises qui se tient au Grand Palais durant les négociations climatiques.

Bill Posters de Brandalism indique : « Suite aux évènements tragiques du 13 novembre à Paris, le gouvernement a choisi d'interdire les mobilisations de la société civile, mais les évènements des grandes entreprises sont maintenus ». Les multinationales responsables du changement climatique peuvent continuer à faire du « greenwashing » autour de leur modèle économique destructeur, mais les communautés directement impactées par leurs activités sont réduites au silence. Il est maintenant plus important que jamais de dénoncer leurs mensonges et de mettre en lumière les enjeux de pouvoir derrière les négociations. Nous appelons à prendre la rue durant la COP 21 et à s'opposer à l'industrie des énergies fossiles. Nous ne pouvons pas laisser les négociations climatiques entre les seules mains des politiciens et des lobbyistes des grandes entreprises, qui sont les premiers responsables
du désordre actuel.

FIN.

 

11216829_932992166789684_727356059132078131_n.jpg

 

 

12239483_932991026789798_4267991471854671142_n.jpg

 

 

11139766_932991536789747_2624498988630534176_n.jpg

 

 

12250064_932990853456482_5998293612388266381_n.jpg

 

 

11095205_932991396789761_2604589277116521877_n.jpg

 

 

12274478_932991196789781_6287780623415585575_n.jpg

 

 

12274682_932990903456477_8485667399741608256_n.jpg

 

 

12249901_932991520123082_4397429875242263084_n.jpg

 

 

12274715_932990833456484_2701827620297387900_n.jpg

 

 

12289562_932992603456307_2863170847778847433_n.jpg

 

 

12299236_932990576789843_6430327391243788808_n.jpg

 

 

12308405_932991443456423_1447738940586841571_n.jpg

 

 

12301511_932990756789825_8007667330058706672_n.jpg

 

 

12316660_932990993456468_2316070738848665844_n.jpg

 

 

12313892_932990840123150_3758705867389135661_n.jpg

 

 

12308451_932991633456404_6753065325141850133_n.jpg

 

 

12316615_932990760123158_1867505482482465373_n.jpg

 

 

12316671_932991100123124_1442918105959400811_n.jpg

 

 

12316106_932991873456380_7323634554354660617_n.jpg

 

 

 

 

 

Rappel : Naomi Klein : «Il faut être fou pour croire aux conférences climat»

 

Par Christian Losson , Isabelle Hanne et Coralie Schaub — 8 avril 2015 à 19:46

 

La journaliste canadienne Naomi Klein sort un nouveau livre où elle appelle à un sursaut citoyen pour combattre le réchauffement en bâtissant une société plus juste.

De passage à Paris pour la sortie de son dernier livre, Tout peut changer (1), l’altermondialiste canadienne Naomi Klein enchaîne conférences et entretiens pour appeler à la convergence des mouvements anti-austérité avec ceux pour la défense du climat.

Quand avez-vous pris conscience de l’ampleur de la crise climatique ?

Je n’ai jamais nié le changement climatique. Mais je ne l’ai vraiment regardé en face qu’à partir de 2009, après avoir rencontré Angélica Navarro, une ambassadrice bolivienne. Elle comparait la question de la dette climatique [des pays du Nord, qui ont une responsabilité historique vis-à-vis de ceux du Sud, ndlr] aux réparations pour l’esclavage. Mais ce livre découle aussi du précédent, la Stratégie du choc, dans lequel je parlais de l’ouragan Katrina qui a ravagé La Nouvelle-Orléans en 2005. Katrina était un aperçu du futur que nous sommes en train de créer. De plus en plus de désastres, auxquels nous répondons avec de plus en plus de brutalité, d’inégalités, de militarisation. Cette frénésie de privatisations - des écoles ou de la police -, ces mercenaires qui sillonnaient les rues… C’était de la science-fiction.

Croyez-vous encore aux négociations de l’ONU pour répondre au défi climatique ?

Il faut être fou pour croire au processus onusien : depuis vingt-cinq ans qu’on essaye de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre, celles-ci ont grimpé de 60% ! Je ne dis pas que c’est un processus inutile, ni qu’il faut l’abandonner. Mais y croire aveuglément et le laisser suivre son cours, seul, serait pure folie. Car le bilan, jusqu’ici, est consternant. Sans une pression immense, cela ne va pas s’améliorer. Le niveau de réduction d’émissions que les gouvernements mettent sur la table en vue de la conférence de Paris est totalement insuffisant pour maintenir la hausse des températures mondiales en dessous de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle.

Vous n’attendez pas grand-chose, donc, de cette conférence de Paris ?

Je n’attends certainement pas un miracle. En 2009, la grosse erreur a été d’avoir des attentes disproportionnées. Cela a causé une vraie gueule de bois après l’échec du sommet. Un psychanalyste britannique a même parlé de «syndrome de Copenhague» pour décrire la profonde dépression dont a souffert toute une génération de militants convaincus que c’était leur dernière chance de sauver le monde. A Copenhague, ils étaient bien trop dans la supplication, sur l’air de «Obama, Merkel, sauvez-nous !» Il n’y aura pas de ça à Paris, et c’est une bonne chose.

Par contre, il y aura des actions de désobéissance civile, créatives et pacifiques, qui pourraient perturber ce processus inefficace. Les COP sont de plus en plus infiltrées par les entreprises. A Copenhague, je pensais naïvement qu’il y aurait des réunions sur la façon de parvenir à 100% d’énergies renouvelables, par exemple. Mais je n’ai eu droit qu’à un jargon incompréhensible. Et des sessions organisées par Exxon ou Shell, comme si c’était normal. Quand l’Organisation mondiale de la santé débattait de la régulation du tabac, l’industrie n’a pas eu le droit d’y mettre les pieds, car il y avait conflit d’intérêts. Pourquoi on ne le comprend pas dans ce cas-ci ?

Les citoyens doivent-ils se soulever ? Vous dites dans Tout peut changer que cette crise peut devenir une «occasion historique», un «catalyseur» pour bâtir une société meilleure.

Dans les huit prochains mois, on va énormément parler du changement climatique. Ça, c’est une opportunité. Les gens diront : «Ah oui, cette chose dont on a arrêté de parler après l’effondrement des banques ?» Je crois en la convergence des forces. Avec, d’un côté, une nouvelle vague d’activisme sur le climat, notamment autour du désinvestissement des énergies fossiles - regardez l’énorme campagne du Guardian, [qui a lancé une pétition en ce sens, ndlr] ! Et, de l’autre, les forces anti-austérité qui connaissent un nouvel élan, comme Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne. Mon espoir, c’est que ces mouvements se rassemblent et indiquent un chemin pour sortir de la crise économique qui soit aussi une réponse au changement climatique. Comment créer des millions d’emplois, démocratiser l’accès à l’énergie et aux transports publics, repenser la ville, le travail ? Comment bâtir une économie plus juste en tenant compte des limites de la planète ?

Pour l’instant, ces luttes ne convergent pas…

En France, vous avez des groupes, comme Attac, qui font depuis longtemps le lien entre la logique de l’austérité et l’urgence de la crise climatique. Mais c’est vrai qu’en général, ce lien est oublié. Pablo Iglesias, le leader de Podemos, que je respecte pourtant beaucoup, a par exemple dit que les gens se soucient plus de pouvoir mettre à manger sur la table que du changement climatique. Comme si c’était dissocié ! La tâche du mouvement pour la justice climatique est d’expliquer que le climat est lié à ces sujets du quotidien. Sinon, on n’y arrivera jamais. Car en face, un petit groupe d’intérêts - les entreprises des énergies fossiles et leurs investisseurs - est immensément motivé pour bloquer tout type d’action, parce qu’il a des milliards de dollars à perdre si nous laissons le carbone dans le sol. Très exactement 27 000 milliards de dollars, plus de dix fois le PIB du Royaume-Uni, selon une recherche du groupe londonien Carbon Tracker Initiative menée en 2011.

Le secteur privé n’a aucun rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique ?

Bien sûr que si. Je ne dis pas qu’aucune entreprise ne peut aider, c’est une interprétation erronée de ma thèse. Je pense aussi que les incitations de marché peuvent jouer un rôle, par exemple pour encourager une transition vers les énergies renouvelables. Je crois en l’instauration d’une taxe carbone, à condition que cela soit progressif. Mais cela ne suffira pas. Le climatologue Kevin Anderson dit qu’aller moins vite sur la mauvaise route, ce n’est pas du tout pareil que prendre la bonne route. Ma critique est structurelle : le système actuel encourage la croissance économique à court terme, qui est incompatible avec les limites de la planète. Comment concilier une baisse de 8 à 10% par an des émissions de gaz à effet de serre dans les pays développés [nécessaire pour espérer respecter l’objectif des 2°C, ndlr] avec un tel système ? Aucun économiste ne vous dira que c’est possible.

Des ONG craignent une récupération par les multinationales, via des «fausses solutions», comme l’agriculture climato-intelligente…

Il y aura beaucoup de cela pendant la COP de Paris. C’est pourquoi il est crucial d’expliquer très clairement quelles sont les solutions justes, équitables. Lors du sommet de New York, en septembre, je me suis rendue au forum du secteur privé. L’ONU était si fière de la présence de tant de PDG. Il y avait une sorte de «Téléthon pour la Terre», les patrons avaient une minute pour dire ce qu’ils font pour sauver le monde. Y compris celui d’une compagnie pétrolière saoudienne ! En France, où vous avez de si puissants groupes dans l’eau, l’agrobusiness ou le nucléaire, vous aurez droit à un festival de fausses solutions.

Avez-vous été surprise par le succès de la marche mondiale pour le climat, qui a réuni 400 000 personnes lors du sommet de New York, en septembre ?

Je suis membre de l’ONG 350.org qui a coorganisé cette marche, et nous avons été soufflés ! Les manifestants venaient de tous horizons, y compris socialement. Mais j’espère que la prochaine fois, les ONG mettront en avant les gens déjà directement affectés par le changement climatique.

Que pensez-vous de l’ampleur du mouvement de désinvestissement des énergies fossiles ?

C’est incroyable. C’est aussi un mouvement initié par 350.org, à partir d’une conversation que j’ai eue avec l’auteur et militant Bill McKibben au sujet de la recherche pionnière du Carbon Tracker Initiative, dont je vous ai déjà parlé. Elle avertissait les investisseurs que la prochaine bulle, après celle des subprimes, sera celle du carbone. Car si l’on mettait en œuvre les mesures nécessaires au respect de l’objectif des 2°C, environ 80% des réserves revendiquées par les acteurs du charbon, du gaz et du pétrole dans le monde devraient être laissées sous terre. On ne peut pas brûler tout ce carbone. Le problème, c’est que les entreprises savent que quand nos gouvernants ont fixé cet objectif de 2°C, ce n’était pas contraignant. C’est comme cela qu’est née l’idée du désinvestissement. Certains groupes d’étudiants avaient déjà lancé des campagnes, visant les entreprises dans lesquelles leurs universités investissent. Mais il n’existait pas de stratégie ciblant l’ensemble du secteur des fossiles. Pourquoi personne ne l’avait suggéré avant ? C’est si évident ! Dès que nous avons ouvert le champ de bataille, les gens s’y sont rués. Qu’est-ce qui retenait cette énergie, avant ? C’est pour cela que j’ai tant écrit dans le livre sur la relation entre certaines grandes ONG et les compagnies des énergies fossiles.

Dans une tribune, vous avez demandé à la maire de Paris, Anne Hidalgo, de désinvestir. Avez-vous obtenu une réponse ?

Je crois avoir lu qu’elle y réfléchissait. Certaines villes ont déjà commencé à désinvestir, mais aucune capitale pour l’instant. Ce qui m’intéresse avec le désinvestissement, c’est que ça enclenche un processus qui délégitime moralement les profits issus des énergies fossiles. C’est un premier pas, permettant de diminuer l’emprise que ce secteur exerce sur notre système politique. Pour, in fine, améliorer les politiques publiques. C’est ce qui s’est passé avec l’industrie du tabac. Elle a dû accepter des tas de réglementations. Il y a dix ans, ce café aurait été enfumé !

Votre propos est très optimiste…

Quelle est l’alternative ? Les gens sont tentés de baisser les bras. Ils disent qu’il n’y a aucun progrès possible tant que nous vivons dans des «démocraties fossiles». Aux Etats-Unis, les frères Koch, qui financent le Tea Party, tirent leur fortune du pétrole… Certains parlent de prodiguer des soins palliatifs à la planète et de tout abandonner. La plupart du temps, ce sont des intellectuels des pays du Nord, privilégiés, qui pensent que tout ira bien pour eux quand ils regarderont le monde brûler depuis leur campagne anglaise. Mais j’ai appelé ce livre Tout peut changer parce qu’à partir du moment où vous vous engagez sérieusement sur le climat, ça a un effet domino. C’est excitant, car ça rassemble tous les sujets. Et c’est un combat pour la démocratie, la vraie.

(1) Editions Actes Sud, 640 pp., 24,80 €.

 

Source : http://www.liberation.fr/futurs/2015/04/08/il-faut-etre-fou-pour-croire-aux-conferences-climat_1237274

 

 

 

 

 

 

 

poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer

Vient de paraître Dévore l'attente de Laurent Bouisset aux éditions du Citron Gare.

 

CouvertureDévorel'attenteLaurentBouisset.jpg

Il s'agit d'un recueil de poèmes écrits entre 2004 et 2015 et brillamment illustrés par l'artiste mexicaine Anabel Serna Montoya.

Sur la quatrième de couverture, c'est écrit ça :

2004-2015, onze ans d'écriture, dix villes... ce premier recueil de Laurent Bouisset aime foutre le camp ! Chercheur d'or, pas vraiment... chercheur de doutes surtout ! Les vers au port rêvent de tempête. Les pages au fond de la jungle se déchirent. Au Mexique, nous voilà ! En Guyane, au Guatemala ou en Bosnie ! Le lecteur se retrouve en short, à faire la passe aux tigres, sur un playground bouillonnant de banlieue. Dévore l'attente... Dévore-la vite, avant qu'elle se régale de toi ! Dévore-la foutrement comme un jaguar ou même... une poule ! Mais d'ailleurs, oui, c'est vrai... l'attente de quoi ? Les réponse hasardées sont pas d'accord... et c'est très bien ! Au fil des rues, des peaux, des visages rencontrés... un funk brut ! Un Coltrane tournoyant oppose à l'ennui des images ! Folie de signes et sons jetés très vifs. Semis de douceur et coups de pied. Le livre entier s'unit pour le rappeler – le hurler même ! voire le rapper ! – à quel point le cancer le pire a pour nom : la torpeur.

Vous trouverez un peu plus de renseignements ici :

http://lecitrongareeditions.blogspot.fr/2015/11/devore-la...

 

 

27/11/2015

L'Étreinte du serpent de Ciro Guerra (sortie le 23 décembre 2015)

 

http://diaphana.fr/film/el-abrazo-de-la-serpiente

 

Démocratie

12313773_1518258021819194_1941208572062681448_n.jpg