02/09/2010
ESKHATIAÏ, mon dernier recueil publié, lu par Jean-Louis Bernard
Cliquez sur le texte pour le lire, merci
Jean-Louis BERNARD, né en 1947, a publié depuis 1985 de nombreux recueils (dont Matinales pour un souffle (ed. Souffles 2004 - Grand Prix des Ecrivains Méditerranéens); Ombre Océan (Sac à mots 2004); De mémoires et d'errance (Encres Vives 2006): Au juste amont du songe (La Licorne 2007 - Prix 2007 de l'Ecritoire d'Estieugues) et En lisière d'absence (Ed. de L'Atlantique 2008) et collabore à la revue de JM Bongiraud, Pages Insulaires.
22:43 Publié dans CG 2010 - ESKHATIAÏ (Ed de L'Atlantique) | Lien permanent | Commentaires (0)
LE SYNDROME D’ORPHÉE de Christian Monginot
aux Editions de l’Atlantique (Collection Phoïbos) :
avec un collage de Cathy Garcia-Canalès sur papier glacé
Edition à tirage limité, entièrement numéroté
Sur beau Papier de Création blanc nacré, grain subtil, 120 gr., couverture : Création blanc
nacré, grain subtil, 250 gr. au prix de 18,00€ TTC France l’exemplaire
“C. Monginot poursuit sa quête d’identité et ses interrogations, brûlantes, renvoient à chacune des nôtres.
Une écriture parfaitement aboutie qui ne cesse de nous enchanter.”
Silvaine Arabo
Tu ne sais pourquoi ni comment cela s’ouvre. Entre toi et rien. Une onde. Un jeu. Les choses y
viennent.S’éclairent. Puis disparaissent. Toutes. La moindre. Comme troublées. Attirées. Eprises. Un
instant. Disloquées. Abolies. Elles viennent puis tombent avec toi. Dans le même abîme. Quotidien.
Banal. Partageant un reste de lumière.
(Extrait de Une chair commune in Le syndrome dʼOrphée, de Ch. Monginot)
Editions de l’Atlantique, B.P. 70041, 17102 Saintes Cedex
bowenchina12@yahoo.fr Mobile : 06.88.36.56.33
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31/08/2010
BATTU de Jean-Marc Couvé
J'ai mis un moment à le lire ce petit bouquin qui semble à priori innofensif, et puis connaissant Jean-Marc, je savais qu'en plus, malgré le titre qui ne laisse aucun doute quant au contenu, une bonne couche d'humour me protègerait du fond... Du fond, du fond du placard, du fond du puits, du fond du fond, là où il fait bien noir et où l'enfant - non pas innocent non mais en tout cas ô combien non coupable - est livré au non-sens de la stupidité haineuse et de l'ignorance de ses géniteurs et consorts... Briser ce silence là, tirer le seau (de merde) du puits, n'est pas facile, surtout quand les protagonistes ont tout à fait à voir avec des personnes réelles et de façon absolument non fortuite. On se réjouit à lire Battu car Jean-Marc y règle quelques comptes, et encore bien gentiment, qui nous délivrent de nos propres fantômes, tout au moins ceux pour qui enfance rime un peu trop avec souffrance. "Battu"... Arrivé à la fin on en redemande, un livre pansement, qui ne ment pas et n'en pense pas moins. "Battu " est un témoignage, une prise de recul avec un passé qui tire encore vers le bas, vers le fond, tout au fond, là où il fait bien noir.
CG, 31 août 2010
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Vient de paraître : IDENTITÉ MAJEURE de Keltoum Staali
Aux Editions de L'Atlantique
Avec la reproduction d’une toile acrylique de Silvaine Arabo
Edition à tirage limité, entièrement numéroté Sur beau Papier de Création blanc nacré, grain subtil, 120 gr. Couverture : Création blanc nacré, grain subtil, 250 gr. au prix de 15,00€ TTC France l’exemplaire
***
Keltoum Staali signe un recueil dont la première marque est l’authenticité. Aucune fioriture ici ni pose
poétique (...). L’auteure tente, à travers le prisme des mots, de retrouver une “identité majeure”, ce qui la conduit très naturellement à fonder une sorte d’identité universelle dans laquelle chacun de nous peut se reconnaître. Dans la fécondité et l’originalité de ses images, elle construit peu à peu une trame qui, partie de l’expérience in vivo, nous achemine vers le Mythe. S. A.
La langue de ma mère est une terre distante
sa tendresse a peiné à trouver un chemin
à travers les récifs lacérés de voyages amnésiques
j’apprends ma langue aux soupirs des rivières
leurs galets patients m’ont gardé une part de vérité
Keltoum Staali, Identité majeure
***
Bulletin de commande à découper ci-dessous en suivant le pointillé
et à renvoyer complété et accompagné de votre règlement à :
Editions de l’Atlantique, B.P. 70041, 17102 Saintes Cedex
Vient de paraître aux Editions de l’Atlantique (Collection Phoïbos) :
IDENTITÉ MAJEURE
textes
de
KELTOUM STAALI
avec la reproduction d’une toile acrylique de Silvaine Arabo
Edition à tirage limité, entièrement numéroté
Sur beau Papier de Création blanc nacré, grain subtil, 120 gr. Couverture : Création blanc
nacré, grain subtil, 250 gr.
au prix de 15,00€ TTC France l’exemplaire
Keltoum Staali signe un recueil dont la première marque est l’authenticité. Aucune fioriture ici ni pose
poétique (...). L’auteure tente, à travers le prisme des mots, de retrouver une “identité majeure”, ce qui la
conduit très naturellement à fonder une sorte d’identité universelle dans laquelle chacun de nous peut se
reconnaître. Dans la fécondité et l’originalité de ses images, elle construit peu à peu une trame qui, partie
de l’expérience in vivo, nous achemine vers le Mythe.
S. A.
La langue de ma mère est une terre distante
sa tendresse a peiné à trouver un chemin
à travers les récifs lacérés de voyages amnésiques
j’apprends ma langue aux soupirs des rivières
leurs galets patients m’ont gardé une part de vérité
Keltoum Staali, Identité majeure (extrait)
Editions de l’Atlantique, B.P. 70041, 17102 Saintes Cedex
bowenchina12@yahoo.fr Mobile : 06.88.36.56.33
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Et si les anges nous faisaient signe... avec Xavier Lainé
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Le Billet-Poème
A la fin de l'été
dans le murmure des âmes
cueillir le souffle du poème
AGENDA des dates à retenir
-
Samedi 4 septembre 2010 : Le billet-poème au Carré des Ateliers de Paris.
Où ? Boulevard Richard Lenoir Métro Beguet Sabin Près de la Bastille 75011 PARIS
De quoi s'agit-il ? 30 artisans vous proposent leurs créations. En savoir + Cliquer ici
-
Samedi & dimanche 11 et 12 septembre 2010 :
Marché des créations « Street Baz'art » , un événement culturel à Montmartre organisé par le collectif artistique CLARA.
Où ? Place des Abesses 75018 PARIS Voir sur le plan
Horaires : 10h00 à 22h00 le samedi 11
11h00 à 20h00 le dimanche 12
Des animations, des échoppes de créateurs et artistes, des spectacles et des performances d'artistes, des balades à thème... Mais aussi ...des ateliers pour les enfants et pour les grands : clown, claquettes, maquillage...
Venez nombreux et en famille, prolongez les vacances et redécouvrez ce quartier de Montmartre sous un angle festif. Inscription aux ateliers sur place ou au Syndicat d'initiative de la Place du Tertre.
-
Mercredi 22 septembre 2010 : Vernissage expo-vente 'le billet-poème'
Une soirée rencontre à la librairie LA LUCARNE DES ECRIVAINS pour lancer l'exposition de poèmes-affiches réalisées à partir de la collection.
Où ? La lucarne des écrivains - 115 rue de l'Ourc Métro Crimée- 75019 PARIS
Exposition des poèmes-affiches, soirée témoignage et débat autour du billet-poème.
A Paraître : Paroles de détenus à la prison de Fleury Mérogis
Ce mois-ci, la lettre vous transporte dans l'univers clos de la prison, pour vous faire partager une expérience riche d'atelier poésie dans lequel des détenus deviennent acteurs d'un projet d'écriture. Un appel à la liberté...
Du 3 mai au 28 juillet, à raison de 2 séances de 2 heures par semaine, s'est tenu un atelier de partage et de création de poésie au bâtiment D2 de la maison d'arrêt des hommes de Fleury Mérogis...Pour lire la suite sur le site-blog, cliquer ici.
Bientôt, 7 billets-poèmes inédits, hors catalogue, écrits par les détenus de l'atelier, seront publiés et diffusés dans plusieurs prisons de France, et aussi hors les murs ...au gré d'interventions en milieu scolaire ou en librairie.
A suivre...
« Derrière ces vies cassées, derrière leur vase, il y a des anges de lumière. (...) mon boulot est de chercher la part de cristal qui est en chaque jeune» Guy Gilbert Prêtre des loubards dirige la maison d'accueil La Bergerie à Castellane.
5 Nouveautés à paraître prochainement
5 nouveaux textes et trois nouveaux artistes qui vont enrichir la collection dans les prochaines semaines:
-
Bernard MAZO, auteur contemporain, avec un texte inédit « Dans le vent noir de l'oubli » accompagné d'un dessin d'Annie Christine BLANLOEIL
-
Stéphane MALLARME, « Brise Marine », accompagné d'un trait de l'artiste et calligraphe Jean Jacques GRAND
-
Jeanine BAUDE, auteur contemporain, avec un texte inédit accompagné d'un collage original de Sarah WIAME, créatrice de livres d'artistes
-
Arthur RIMBAUD, « Sensation », accompagné d'un collage original de Sarah WIAME
-
Jean METELLUS, grand poète vivant Haïtien, avec un poème inédit accompagné d'une aquarelle originale de Thierry MOUTARD MARTIN
Pour les réserver et les commander dès maintenant, cliquer ici
Où trouver le billet-poème ?
[Cliquer ICI pour voir la liste de tous les points de vente et la carte]
Deux nouveaux points de vente pour le billet-poème :
-
Librairie de la Bibliothèque Nationale de France, Quai François Mauriac 75013
Dans ce haut lieu de la mémoire collective, une librairie éclectique qui mérite le détour Entrée Hall Est vous y trouverez la collection.
-
Librairie du Musée de LA POSTE , aussi appelé L'ADRESSE, lieu de mémoire et d'expositions temporaires au 34 Boulevard de Vaugirard 75015.
Revue de Presse
Lu dans l'hebdomadaire LA VIE 15 au 21 Juillet
Pourquoi l'avez-vous fait ?
« LA SOEUR DE L'ANGE » N°7 Revue philosophique et littéraire - Parution semestrielle - Editions Hermann.
Un mois après sa parution, je vous propose de télécharger et lire l'intégralité de l'article de 5 pages intitulé « ENTREPRENDRE EN POESIE POUR REPONDRE A LA CRISE. »
Visiter le site de la revue LA SOEUR DE L'ANGE
14:54 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
30/08/2010
LA FINANCE À L’ASSAUT DE LA BIOSHERE
« Le problème de cette nature, c’est qu’elle est gratuite »
Hélène Leriche, citée dans le
publi-reportage Spécial Biodiversité,
Libération 29 juin 2010
La biodiversité est sous les feux de la rampe. Se basant sur les atteintes irréversibles portées au monde du vivant, l'Organisation des nations unies (ONU) a déclaré 2010 « année de la biodiversité ». Le battage médiatique est à son comble. Point d’orgue : la Convention sur la biodiversité, issue du Sommet de la terre de Rio en 1992, réunira en octobre prochain, à Nagoya (Japon) les 193 États signataires du traité. Cette 10ème conférence des Parties (COP 10) [1] se déroulera au siège du Keidaren, le puissant syndicat patronal japonais. Pour cet événement qu’ils ont largement sponsorisé, une présence massive des lobbies d’affaires_est attendue. Sur la table des négociations à Nagoya, les enjeux seront aussi pharamineux qu’ils sont occultés. Sous prétexte de préservation de la biodiversité, se prépare un recadrage complet de la structure et des finalités de la convention. Petite histoire d’une formidable imposture.
La notion de biodiversité ne se limite plus aujourd’hui à « la diversité des êtres vivants et de leurs caractères génétiques ». Dans un parallélisme parfait avec les services environnementaux de l’OMC (organisation mondiale du commerce), établis dans l'Accord général sur le commerce des services (AGCS) [2] elle s’étend à « tout le matériel » susceptible d'être mis en valeur. Elle inclut non seulement les plantes, les animaux, les gènes, mais également les paysages, les forêts, le captage et la filtration de l'eau, les savoirs faire traditionnels, les cultures, la «sensibilisation» du public, etc.
Dans les coulisses de la Convention, de nombreux organismes publics et privés, des États s'affairent depuis près d'une décennie : l'ONU et ses organismes satellites, l'Union européenne, en particulier la France et l’Allemagne, les Etats-Unis, l'Australie, le Canada etc... S’appuyant sur les penseurs néo-libéraux, ils décrètent, avec Pavan Sukhdev, que la seule solution est d’offrir « une argumentation économique exhaustive et irréfutable pour la conservation des écosystèmes et de la biodiversité». Ce responsable des marchés internationaux de la Deustche Bank à Bombay est également fondateur d'un programme de «comptabilité environnementale» en Inde. La finance se pose en sauveur de la planète.
Mais le problème est de donner une valeur marchande à des millions d'espèces et de molécules différentes. Pour contourner la difficulté, l'évaluation de la biodiversité ne porte plus sur les espèces mais sur tous « les services économiques », depuis la pollinisation à la filtration de l’eau, rendus à l'homme par la totalité des écosystèmes (forêts, zones humides, prairies, récif corallien...). Des services estimés par le professeur américain Robert Costanza [3] à 33 000 milliards $ en 1997 soit le double de la valeur mondiale brute produite cette année là.
Boîte à outils planétaire
Pour donner une valeur aux écosystèmes, de 2001 à 2005, l’ONU a élaboré le Millenium Ecosystem Assessment (MEA) [4]. Il doit être décliné à l'échelle de la France avant la fin de l'année. Ce document identifie 31 services rendus, classés en 4 catégories. Ces catégories ont été recoupées avec la cartographie complète fournie les bases de données géographiques transmises par les satellites [5]. L’ensemble permet de connaître l’état des sols, des sous-sols, les gisements de ressources naturelles, les ressources marines etc. Au prétexte d’établir des zones de protection de la biodiversité, les fameuses trames vertes et bleues, le globe terrestre est ainsi scruté et transformé en parts de marché.
Mais le zèle économétrique ne s’arrête pas là. Depuis 2007, c’est le TEEB (The Economics of Ecosystems and Biodiversity) qui élabore, toujours sous la direction du banquier Pavan Sukhdev, un système complexe pour calculer la valeur monétaire de chaque « service écosystémique » (sic !). Discrétion oblige, les conclusions de ces constructions mathématico-financières ne seront présentées qu’en octobre 2010 à Nagoya.
Sans attendre la conférence de Nagoya toutefois, un premier symposium destiné au monde des affaires, intitulé le « business of biodiversity », s’est tenu à Londres le 13 juillet. Julia Marton-Lefèvre, directrice de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), a présenté l’étude « TEEB for business » pour faire un appel du pied aux transnationales. Le rapport promet aux entreprises près de 1 100 milliards $ de profits supplémentaires en 2050, grâce aux services écosystèmiques [6] . Parmi les contributions au symposium, notons celles de William Evison, de PricewaterhouseCoopers, Mikkel Kallesoe, du World business Council for sustainable development qui regroupe des multinationales aussi notoirement écologiques que Dow chemical.
Pouvoir offshore, élus hors-sol
Il reste à mettre en place le système qui va organiser et contrôler ce marché. En mai 2010, à Nairobi, « un groupe de travail spécial à composition non limitée » de la CDB propose la création d’une plate-forme science-politique pour appliquer un plan stratégique, tout en déclarant « qu’il était prématuré d’en discuter ». En juin 2010, en Corée, les représentants de 90 États adoptent cette proposition : l'Intergovernmental science-policy platform on biodiversity and ecosystem services (IPBES) [7] est lancée. En écho, le G8 réuni le 25 juin au Canada, applaudit sa création. Elle doit être entérinée en septembre, à New York, lors de la 65 éme Assemblée générale de l’ONU. L’IPBES réunira des représentants des États, mais également des experts, des firmes et des financiers. Cette plate-forme sera chargée de fournir l'expertise scientifique en matière de biodiversité. Mais contrairement au GIEC [8], dont elle prétend être la réplique pour la biodiversité, elle aura également un mandat politique. Forte de l’aval de l’ONU, l’IPBES sera, à Nagoya, investie d’un pouvoir supranational. Elle contrôlera l’application d’une convention sur la diversité biologique (CDB) complètement détournée de ses objectifs d’origine. Le plan stratégique, qui sera adopté à Nagoya, couvre une période jusqu’à 2020. Quant aux instruments pour y parvenir, le monde des affaires aura carte blanche. « L’intérêt et les capacités du secteur privé (…) dans la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité et des services des écosystèmes comme source de futures opérations commerciales, et comme condition à de nouvelles possibilités commerciales et de débouchés (…) » est salué ad nauseum par un groupe de travail préparatoire à la 10ème conférence de la CDB [9].
Les banques dans les starting blocks
La véritable question qui intéresse les banquiers et les fonds d’investissement, c’est à l’évidence de transformer la biodiversité en fonds monétaire.
Des systèmes de compensation, comme le «Paiement et compensation des services environnementaux» (PSE) sont déjà en vigueur. Pratiqué depuis quelques décennies, ce système se résume à cette idée : les écosystèmes fournissent des services essentiels au bien-être humain, pourquoi ne pas les faire payer? Pour les pays du Sud, la FAO a proposé une convention-type de PSE. Elle incite, par exemple, les agriculteurs à cesser la culture sur brûlis ou à pratiquer l'écobuage... «Toutefois, le PSE ne s'applique pas aux multinationales, en particulier celles qui détruisent les forêts pour planter des palmiers à huile. Il ne contraint que les petits paysans qui mettent fin à leurs droits d'usages » reconnaît Alain Karsenty, du CIRAD [10 . En l’échange d’une compensation arbitraire, les petits paysans du Sud n’auront plus qu’à acheter les engrais et les pesticides…
Il existe également les « réserves d’actifs naturels » (RAN), que la filiale biodiversité de la Caisse des dépôts (CDD) commence à créer en achetant des terrains qu’elle remet à l'état de «nature», comme elle l’a déjà fait dans la plaine de la Crau. Par ailleurs, la filiale gère des espaces de compensation pendant 30 à 50 ans pour le compte d'un aménageur (exemple de l'autoroute A 65).
Pour gérer ces contrats, les banques de compensation entrent en jeu. « Elles existent déjà aux Etats-Unis pour les zones humides », a expliqué Capucine Chamoux, de l'ambassade américaine à Paris, lors de la conférence de l'ICREI, réuni à Aix-en-Provence en juin dernier. Une société privée finance, via un crédit bancaire, la restauration d'une zone humide; «celui qui offre la meilleure prestation au plus bas prix emporte le marché de gestion».
Le trou noir de la finance
Chacun sait que les banques de compensation, telles Clearstream, ne sont absolument pas régulées. Leurs activités sont fondées sur les contrats à terme qu'elles transfèrent ensuite aux chambres de compensation chargées de vérifier les transactions. Leur fonctionnement est si opaque qu'en 2008, elles ont été qualifiées de « trou noir de la finance». Comment peut-on prétendre qu’elles vont protéger la biodiversité et les écosystèmes ?
Selon Sarah Hernandez, économiste environnementale, la compensation financière a toutes les chances de devenir «une licence de destruction» de la nature[1 . Le seul intérêt serait donc celui des banques. Elles seront habilitées à transformer les territoires en actifs financiers et ceci n’est pas une vue de l’esprit. L’Allemagne n’a-t-elle pas suggéré, en mars dernier, que la Grèce « offre ses îles » pour compenser sa dette[12]? Grâce aux réserves d’actifs naturels, les banques auront davantage d'occasion de spéculer.
Cette préséance accordée aux fonds spéculatifs dans le management global des écosystèmes de la planète, aussi scandaleuse qu’elle soit, n’est pas tout à fait surprenante. La richesse et le pouvoir ont changé de mains aux Etats-Unis en 2007. Devançant pour la première fois les patrons d'entreprises industrielles ou technologiques, les responsables des fonds spéculatifs et privés sont arrivés en tête du classement des fortunes publié dans «Forbes Magazine»[13] . Et ils comptent bien conserver la première place. Le cœur du capitalisme financier
s’apprête à franchir un nouveau pas : se garantir sur nos réserves d’actifs naturels.
Après avoir coulé le système économique par des investissements véreux, il ne manque plus aux banques que de couler la terre.
Dépossession généralisée
Au nom de la biodiversité, cette nouvelle gouvernance affectera le statut et le sort de toutes les ressources naturelles pour des décennies. L’OMC ne s’y est pas trompé. Son rapport sur le commerce mondial 2010, publié fin juillet, s’intitule «Commerce des ressources naturelles ». Son directeur, Pascal Lamy se félicitait dans un communiqué du 27 juillet 2010 que « les choses » allaient bouger en octobre. Bouger pour qui et dans quel sens ? Cette financiarisation de la nature va soustraire aux communautés locales et aux souverainetés nationales l’usage de leurs ressources et territoires. «On ne peut pas protéger la biodiversité sans toucher au droit de propriété», affirmait Patrick Hubert, ex-conseiller d'État qui a dirigé plusieurs cabinets ministériels, dont celui de Dominique Perben.
Cette nouvelle gestion implique la transformation du droit de propriété, propriété individuelle, bien sûr, mais aussi propriétés de l’État et des communes, propriétés collectives en Afrique et dans l’hémisphère Sud en général. Certes, l’érosion génétique, la dégradation des écosystèmes et l’épuisement des ressources prennent des proportions alarmantes. Mais les solutions proposées par les technocrates et les financiers à Nagoya, vont à contre-sens de la préservation de la nature. Vont-ils y parvenir à les imposer ? L’alerte sur le détournement de Nagoya est lancée et commence à se répercuter à travers la planète [13].
Agnès BERTRAND, co-auteur de « OMC, le pouvoir invisible ». Fayard, 2002
Françoise DEGERT, journaliste
Notes :
[1] www.cbd.int/cop10/
[2] L’Accord général sur le commerce des services constitue l'annexe 1B de l'Accord de Marrakech. Cf. http://www.marianne2.fr/Le-complot-de-l-OMC-contre-les-se...
fr.wikipedia.org/.../Accord_général_sur_le_commerce_des_services -
fr.wikipedia.org/.../Organisation_mondiale_du_commerce
[3] Robert Costanza : «The value of the world’s ecosystem services and natural capital» Nature n°387, 1997, p.253 à 260. www.nature.com/nature/journal/v387/n6630/abs/387253a0.html
Professeur en économie environnementale, Robert Costanza a longtemps enseigné à l’université de Vermont (USA) avant de rejoindre l’université d’État de Portland.
[4] Évaluation des écosystèmes pour le millénaire - www.millenniumassessment.org/fr/History.aspx
[5] La base de données Corine Land Cover couvre déjà trente-huit pays européens
fr.wikipedia.org/wiki/Corine_Land_Cover
[6] Site général du « TEEB » : www.ecosystemmarketplace.com - Rapport du « TEEB for business » : www.teebweb.org/LinkClick.aspx?fileticket=ubcryE0OUbw%3d&...
[7] Plate-forme intergouvernementale sur la science et la politique de la biodiversité et des services écosystémiques
[8] Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat
fr.wikipedia.org/.../Groupe_d'experts_intergouvernemental_sur_l'évolution_ du_climat
[9] Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique. Dixième réunion Nagoya, Japon, 18-29 octobre 2010. Point 10 de l’ordre du jour. Rapport du « groupe de travail spécial à composition non limitée » de l’application de la convention sur les travaux de sa troisième réunion. http://www.cbd.int/cop10/info/
[10] Alain Karsenty, chercheur au CIRAD, consultant dans plusieurs organisations internationales, dont la Banque mondiale. Il est intervenu lors de la 8ème conférence internationale de l’ICREI, qui s’est tenue à Aix-en-Provence du 17 au 19 juillet 2010.
L’International center for research on environmental issues (ICREI), ou Centre international de recherche sur l’environnement, fondé par Alain Madelin, est actuellement présidé par Max Falque. www.icrei.org
[11] 5ème colloque sur « la réparation des atteintes à l'environnement » organisé à la Cour de Cassation, le 24 mai 2007 -www.courdecassation.fr/colloques_activites_formation_4/20...
[12] L’Expansion.com et AFP du 4 mars 2010
www.lexpansion.com/.../pour-se-desendetter-la-grece-n-a-qu-a-vendre-ses- iles_228033.html
[13] « Big Bodies vs the Biosphere. Confronting the global corporate hijack of Nagoya’s COP10 »
13:22 Publié dans QUAND LA BÊTISE A LE POUVOIR | Lien permanent | Commentaires (0)
17/08/2010
MAINS - Angelo Venturi
à tous les déracinés
Mains tendues
Bouleversées
Mains inconnues
Mains transies
Mains nues
Meurtries
Exilées aux frontières non voulues
Jetées sur les routes
Mains errantes
Boueuses
Mains vivantes
Qui avez faim
Soif
Mains épuisées
Fatiguées de se tendre
Mains de neige
Aux miroirs aveugles
Aux soleils éteints
Aux lunes coupées
Aux haies franchies
Fuyantes
Sans amers
Mains vides
Qui cachez le regard
Les yeux éperdus
Les larmes
Les sourires battus
Mains qui avez peur
Peur de vous tendre
Peur de la peur
Peur qui crie dans vos veines
Qui bat dans vos doigts
Peur qui explose
Mains en fleur
Mains fanées
Mains-enfants
Qui s'enfuient dans les champs de cambarles
Mains de l'être et du temps
Mains d'arbres coupés
Déracinés
Mains de chênes et alisiers blancs
Mains de l'hiver
Des feuilles qui se perdent dans le vent
Du haut de ma paix
Je voudrais vous crier
Je suis là
Je viens
Mais je vous regarde avec honte
Honte de moi
De mon soleil sur la mer
De mes projets de voyages
Voyages libres
Aux frontières choisies
Sur des routes et ponts paisibles
Honte des boulevards aux arbres bien taillés
Où l'on s'assoit
Avec insouciance
A attendre le soir
Remplis d'angélus
bien chrétiens
Aux notes sereines
D'une bonne conscience.
Mains des tendresses perdues
Mains mutilées
Mains amies
Mains de mes nuits blanches
Je voudrais briser ma paix qui sépare
Tendre mes mains à vos mains tendues
Etre avec vous
Mêler mes larmes
Mes cris
Ma révolte
Déchiqueter l'habitude des sourires
Des promesses
D'une vie sans orages
Repue d'inutile
Et vomir
Enfin
Le sang qui remonte dans ma gorge
Le sang des brebis égorgées par les loups des montagnes
Assoiffés de croix-lunes-étoiles
Aux gueules masquées d'étendards
Tissus de haine
De charognards
Présents à toute heure
Et qui ont faim à la tombée de la nuit
Autour des bivouacs des bonnes intentions
Où les hyènes et les chacals
Ont la sale besogne
D'être les éboueurs de la mort
Des horreurs
Du MAL.
Au loin s'en vont les nuages
Mains courbées sous le vent.
La neige
Ecume de la terre
Fond dans les vergers.
Mes mains sont dans vos mains.
L'hiver n'est pas encore passé.
Rien n'est jamais fini
Nulle part.
Demain il va neiger.
11:00 Publié dans RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (0)
L'effort humain - Jaques Prévert
n'est pas ce beau jeune homme souriant
debout sur sa jambe de plâtre
ou de pierre
et donnant grâce aux puérils artifices du statutaire
l'imbécile illusion
de la joie de la danse et de la jubilation
évoquant avec l'autre jambe en l'air
la douceur du retour à la maison
Non
l'effort humain ne porte pas un petit enfant sur l'épaule droite
un autre sur la tête
et un troisième sur l'épaule gauche
avec les outils en bandoulière
et la jeune femme heureuse accrochée à son bras
L'effort humain porte un bandage herniaire
et les cicatrices des combats
livrés par la classe ouvrière
contre un monde absurde et sans lois
L'effort humain n'a pas de vraie maison
il sent l'odeur de son travail
et il est touché aux poumons
son salaire est maigre
ses enfants aussi
il travaille comme un nègre
et le nègre travaille comme lui
L'effort humain n'a pas de savoir-vivre
l'effort humain n'a pas l'âge de raison
l'effort humain a l'âge des casernes
l'âge des bagnes et des prisons
l'âge des églises et des usines
l'âge des canons
et lui qui a planté partout toutes les vignes
et accordé tous les violons
il se nourrit de mauvais rêves
et il se saoule avec le mauvais vin de la résignation
et comme un grand écureuil ivre
sans arrêt il tourne en rond
dans un univers hostile
poussiéreux et bas de plafond
et il forge sans cesse la chaîne
la terrifiante chaîne où tout s'enchaîne
la misère le profit le travail la tuerie
la tristesse le malheur l'insomnie et l'ennui
la terrifiante chaîne d'or
de charbon de fer et d'acier
de mâchefer et de poussier
passe autour du cou
d'un monde désemparé
la misérable chaîne
où viennent s'accrocher
les breloques divines
les reliques sacrées
les croix d'honneur les croix gammées
les ouistitis porte-bonheur
les médailles des vieux serviteurs
les colifichets du malheur
et la grande pièce de musée
le grand portrait équestre
le grand portrait en pied
le grand portrait de face de profil à cloche-pied
le grand portrait doré
le grand portrait du grand divinateur
le grand portrait du grand empereur
le grand portrait du grand penseur
du grand sauteur
du grand moralisateur
du digne et triste farceur
la tête du grand emmerdeur
la tête de l'agressif pacificateur
la tête policière du grand libérateur
la tête d'Adolf Hitler
la tête de monsieur Thiers
la tête du dictateur
la tête du fusilleur
de n'importe quel pays
de n'importe quelle couleur
la tête odieuse
la tête à claques
la tête à massacre
la tête de la peur.
(extrait de Paroles)
10:46 Publié dans RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (0)
... comme mille regards
Regarde tous ces gens
Ils inquiètent
La ville
Sans racines ni langues communes
Ils submergent les digues
Sans crainte de leurs désirs
Regarde
Ils convergent à bout de rêves
Vers des jours espérés
Et doucement émergent des ténèbres
De mille guerres de mille faims
Au-delà des horizons connus
Trempés de la boue de leurs naufrages
Ils jaillissent de l'oubli
Poussés vers le début d'une histoire
Ils avancent lentement au-delà du sang
Au rythme des exodes
Puissants et réguliers comme les récits
Écoute
Le vent qui porte leurs voix raconte
Dans les chants de l'exil
Aux fréquences graves et monocordes
L'attente patiente
Aux barrières des esprits quadrillés
Gardées par des cavaliers sans visage
Et le désir de cette terre de pollen
Où poser leurs vieux coffres de cuir
D'où leurs mains sortiront leurs outils
Sois heureux
Car leurs enfants jouent avec le vent
Ils sont gais et forts et beaux et libres
Ils sont déjà de partout et pour toujours
Le sais-tu vraiment
Leur mouvement silencieux et fort
Use les bornes qui arpentent le monde
Et inquiète ceux qui les croyaient légende
Ils passent sans papiers sans tampons sans permis
Ignorant la loi des territoires
Tabous interdits protégés
Et les flammes de leurs lampes
Vacillent comme mille regards
Francis Gast
10:27 Publié dans RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (0)
Petit rappel de l'édito en colère du numéro 23 de la revue Nouveaux Délits, le 6 mai 2007
En mai chacun vote ce qui lui plait…
En mai, la moitié de la France s’est une fois de plus fait embobiner. Faudra pas venir pleurer ensuite. J’avais décidé d’attendre le second tour de manège pour écrire cet édito alors voilà, je suis consternée mais pas étonnée.
Peuple qui bêle nourri de propagande télévisée, de bouffe industrielle, de gadgets et de rêves pré-digérés. Peuple vieillissant dans la peur de l’Autre, peuple qui veut dévorer en toute tranquillité des acquis empruntés aux générations à venir, peuple drogué aux antidépresseurs, aux pilules à dormir, pilules à bander, pilules à vivre. Peuple crédule et imbécile, toujours avide de croire au père noël, au gentil père fouettard, dont la France a besoin, car le peuple ne mûrit pas à l’ombre des panneaux publicitaires.
Le peuple veut avaler des couleuvres toujours plus et encore pourvu que l’arôme leur soit doux au palais. Peuple molletonné dans ses angoisses sans jamais en comprendre les racines. Peuple qui n’a jamais su tirer des leçons de son Histoire et qui préfère ne pas voir certains détails plus que gênants dans le parcours d’un homme sous prétexte qu’il a dit qu’il avait changé. Puisqu’il vous le dit !
Alors nous n’avons plus qu’à attendre maintenant la suite du spectacle…
Du travail et des jeux pour le peuple ! Il ne manquera pas d’individus génétiquement qualifiés pour nourrir les fauves et la vindicte populaire dans l’arène minable de ce pays.
Nous n’avons plus qu’à attendre que le petit Nicolas sorte le plein emploi de sa mallette de technocrate en le tenant fermement par les oreilles pendant que nous chanterons avec son copain Lagardère, l’hymne pour la paix de Mireille Matthieu. C’est vrai qu’on sent bien là l’espoir, le renouveau et une seconde jeunesse pour notre beau pays grisonnant.
Quant aux jeunes, les autres, qu’ils se dépêchent de prouver leur mérite et leur capacité à obéir, sous peine d’être génétiquement considérés comme inutiles et nuisibles !
Vive la République, vive la France !
CG
Aux hommes et aux peuples, il suffit de faire avaler des couleuvres pour qu'ils chient des vipères.
Raoul Vaneigem
in Pour l'abolition de la société marchande pour une société vivante
07:02 Publié dans LA REVUE NOUVEAUX DELITS | Lien permanent | Commentaires (0)
08/08/2010
NON A LA POLITIQUE DU PILORI
Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité
Signez l’appel en ligne !
http://nonalapolitiquedupilori.org/
Les plus hautes autorités de l’Etat ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.
Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. Ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l’indépendance de la justice et à l’individualisation des peines.
La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.
Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.
Nous appelons à une manifestation le samedi 4 septembre 2010, place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, afin de fêter le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle.
12:14 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)
03/08/2010
Matin brun de Franck Pavloff
Editié par Cheyne Editeur (première édition 1998) et diffusé au prix d'1 euro.
D'utilité publique !!!
Les jambes allongées au soleil, on ne parlait pas vraiment avec Charlie, on échangeait des pensées qui nous couraient dans la tête, sans bien faire attention à ce que l'autre racontait de son côté. Des moments agréables où on laissait filer le temps en sirotant un café. Lorsqu'il m'a dit qu'il avait dû faire piquer son chien, ça m'a surpris, mais sans plus. C'est toujours triste un clebs qui vieillit mal, mais passé quinze ans, il faut se faire à l'idée qu'un jour ou l'autre il va mourir.
- Tu comprends, je pouvais pas le faire passer pour un brun.
- Ben, un labrador, c'est pas trop sa couleur, mais il avait quoi comme maladie ?
- C'est pas la question, c'était pas un chien brun, c'est tout.
- Mince alors, comme pour les chats, maintenant ?
- Oui, pareil.
Pour les chats, j'étais au courant. Le mois dernier, j'avais dû me débarrasser du mien, un de gouttière qui avait eu la mauvaise idée de naître blanc, taché de noir. C'est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable, et que d'après ce que les scientifiques de l'Etat national disaient, il valait mieux garder les bruns. Que des bruns. Tous les tests de sélection prouvaient qu'ils s'adaptaient mieux à notre vie citadine, qu'ils avaient des portées peu nombreuses et qu'ils mangeaient beaucoup moins. Ma fois un chat c'est un chat, et comme il fallait bien résoudre le problème d'une façon ou d'une autre, va pour le décret qui instaurait la suppression des chats qui n'étaient pas bruns. Les milices de la ville distribuaient gratuitement des boulettes d'arsenic. Mélangées à la pâtée, elles expédiaient les matous en moins de deux.
Mon coeur s'était serré, puis on oublie vite.
Les chiens, ça m'avait surpris un peu plus, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce que c'est plus gros, ou que c'est le compagnon de l'homme comme on dit. En tout cas Charlie venait d'en parler aussi naturellement que je l'avais fait pour mon chat, et il avait sans doute raison. Trop de sensiblerie ne mène pas à grand-chose, et pour les chiens, c'est sans doute vrai que les bruns sont plus résistants.
On n'avait plus grand-chose à se dire, on s'était quittés mais avec une drôle d'impression.
Comme si on ne s'était pas tout dit. Pas trop à l'aise. Quelque temps après, c'est moi qui avais appris à Charlie que le Quotidien de la ville ne paraîtrait plus. Il en était resté sur le cul : le journal qu'il ouvrait tous les matins en prenant son café crème !
- Ils ont coulé ? Des grèves, une faillite ?
- Non, non, c'est à la suite de l'affaire des chiens.
- Des bruns ?
- Oui, toujours. Pas un jour sans s'attaquer à cette mesure nationale. Ils allaient jusqu'à remettre en cause les résultats des scientifiques. Les lecteurs ne savaient plus ce qu'il fallait penser, certains même commençaient à cacher leur clébard !
- · trop jouer avec le feu...
- Comme tu dis, le journal a fini par se faire interdire.
- Mince alors, et pour le tiercé ?
- Ben mon vieux, faudra chercher tes tuyaux dans les Nouvelles Brunes, il n'y a plus que celui-là. Il paraît que côté courses et sports, il tient la route.
Puisque les autres avaient passé les bornes, il fallait bien qu'il reste un journal dans la ville, on ne pouvait pas se passer d'informations tout de même.
J'avais repris ce jour-là un café avec Charlie, mais ça me tracassait de devenir un lecteur des Nouvelles Brunes. Pourtant, autour de moi les clients du bistrot continuaient leur vie comme avant : j'avais sûrement tort de m'inquiéter.
Après ça avait été au tour des livres de la bibliothèque, une histoire pas très claire, encore. Les maisons d'édition qui faisaient partie du même groupe financier que le Quotidien de la ville, étaient poursuivies en justice et leurs livres interdits de séjour sur les rayons des bibliothèques. Il est vrai que si on lisait bien ce que ces maisons d'édition continuaient de publier, on relevait le mot chien ou chat au moins une fois par volume, et sûrement pas toujours assorti du mot brun. Elles devaient bien le savoir tout de même.
- Faut pas pousser, disait Charlie, tu comprends, la nation n'a rien à y gagner à accepter qu'on détourne la loi, et à jouer au chat et à la souris. Brune, il avait rajouté en regardant autour de lui, souris brune, au cas où on aurait surpris notre conversation. Par mesure de précaution, on avait pris l'habitude de rajouter brun ou brune à la fin des phrases ou après les mots. Au début, demander un pastis brun, ça nous avait fait drôle, puis après tout, le langage c'est fait pour évoluer et ce n'était pas plus étrange de donner dans le brun, que de rajouter " putain con ", à tout bout de champ, comme on le fait par chez nous. Au moins, on était bien vus et on était tranquilles. On avait même fini par toucher le tiercé. Oh, pas un gros, mais tout de même, notre premier tiercé brun. Ça nous avait aidés à accepter les tracas des nouvelles réglementations. Un jour, avec Charlie, je m'en souviens bien, je lui avais dit de passer à la maison pour regarder la finale de la Coupe des coupes, on a attrapé un sacré fou rire. Voilà pas qu'il débarque avec un nouveau
chien !
Magnifique, brun de la queue au museau, avec des yeux marron.
- Tu vois, finalement il est plus affectueux que l'autre, et il m'obéit au doigt et à l'oeil. Fallait pas que j'en fasse un drame du labrador noir. · À peine il avait dit cette phrase, que son chien s'était précipité sous le canapé en jappant comme un dingue. Et gueule que je te gueule, et que même brun, je n'obéis ni à mon maître ni à personne ! Et Charlie avait soudain compris.
- Non, toi aussi ?
- Ben oui, tu vas voir.
Et là, mon nouveau chat avait jailli comme une flèche pour grimper aux rideaux et se réfugier sur l'armoire. Un matou au regard et aux poils bruns. Qu'est ce qu'on avait ri. Tu parles d'une coïncidence !
- Tu comprends, je lui avais dit, j'ai toujours eu des chats, alors... Il est pas beau, celui-ci ?
- Magnifique, il m'avait répondu.
Puis on avait allumé la télé, pendant que nos animaux bruns se guettaient du coin de l'oeil. Je ne sais plus qui avait gagné, mais je sais qu'on avait passé un sacré bon moment, et qu'on se sentait en sécurité. Comme si de faire tout simplement ce qui allait dans le bon sens dans la cité nous rassurait et nous simplifiait la vie. La sécurité brune, ça pouvait avoir du bon. Bien sûr je pensais au petit garçon que j'avais croisé sur le trottoir d'en face, et qui pleurait son caniche blanc, mort à ses pieds. Mais après tout, s'il écoutait bien ce qu'on lui disait, les chiens n'étaient pas interdits, il n'avait qu'à en chercher un brun. Même des petits, on en trouvait. Et comme nous, il se sentirait en règle et oublierait vite l'ancien. Et puis hier, incroyable, moi qui me croyais en paix, j'ai failli me faire piéger par les miliciens de la ville, ceux habillés de brun, qui ne font pas de cadeau. Ils ne m'ont pas reconnu, parce qu'ils sont nouveaux dans le quartier et qu'ils ne connaissent pas encore tout le monde. J'allais chez Charlie. Le dimanche, c'est chez Charlie qu'on joue à la belote. J'avais un pack de bières à la main, c'était tout. On devait taper le carton deux, trois heures, tout en grignotant. Et là, surprise totale : la porte de son appart avait volé en éclats, et deux miliciens plantés sur le palier faisaient circuler les curieux. J'ai fait semblant d'aller dans les étages du dessus et je suis redescendu par l'ascenseur. En bas, les gens parlaient à mi-voix.
- Pourtant son chien était un vrai brun, on l'a bien vu, nous !
- Oui, mais à ce qu'ils disent, c'est que avant, il en avait un noir, pas un brun. Un noir.
- Avant ?
- Oui, avant. Le délit maintenant, c'est aussi d'en avoir eu un qui n'aurait pas été brun. Et ça, c'est pas difficile à savoir, il suffit de demander au voisin. J'ai pressé le pas. Une coulée de sueur trempait ma chemise. Si en avoir eu un avant était un délit, j'étais bon pour la milice. Tout le monde dans mon immeuble savait qu'avant j'avais eu un chat noir et blanc. Avant ! Ça alors, je n'y aurais jamais pensé ! Ce matin, Radio brune a confirmé la nouvelle. Charlie fait sûrement partie des cinq cents personnes qui ont été arrêtées. Ce n'est pas parce qu'on aurait acheté récemment un animal brun qu'on aurait changé de mentalité, ils ont dit. " Avoir eu un chien ou un chat non conforme, à quelque époque que ce soit, est un délit. " Le speaker a même ajouté " injure à l'Etat national ". Et j'ai bien noté la suite. Même si on n'a pas eu personnellement un chien ou un chat non conforme, mais que quelqu'un de sa famille, un père, un frère, une cousine par exemple, en a possédé un, ne serait ce qu'une fois dans sa vie, on risque soi-même de graves ennuis.
- Je ne sais pas où ils ont amené Charlie. Là, ils exagèrent. C'est de la folie. Et moi qui me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun. Bien sûr, s'ils cherchent avant, ils n'ont pas fini d'en arrêter des proprios de chats et de chiens. Je n'ai pas dormi de la nuit. J'aurais dû me méfier des bruns dès qu'ils nous ont imposé leur première loi sur les animaux. Après tout, il était à moi mon chat, comme son chien pour Charlie, on aurait dû dire non. Résister davantage, mais comment ? Ça va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquilles, non ?
On frappe à la porte. Si tôt le matin, ça n'arrive jamais. J'ai peur. Le jour n'est pas levé, il fait encore brun au dehors. Mais, arrêtez de taper si fort, j'arrive.
12:02 Publié dans LIVRES A LIRE ET A RELIRE | Lien permanent | Commentaires (0)
Des Awas nomades émergent de la forêt pour prouver leur existence
Source : http://www.survivalfrance.org/actu/6278
Karapiru, un Awá qui a survécu au massacre de sa famille. © Fiona Watson/Survival |
Des Indiens de la tribu awá manifesteront durant trois jours en Amazonie brésilienne, du 1er au 3 août, afin de démontrer qu’ils existent et d’exiger que leurs terres soient protégées contre les invasions.
L’événement, intitulé ‘Nous existons: terre et vie pour les chasseurs-cueilleurs awá’, est coordonné par le CIMI, organisation brésilienne des droits des peuples indigènes, l’Eglise catholique locale et plusieurs groupes autochtones.
Une centaine d’Indiens awá sont attendus pour participer à la manifestation. Pour la plupart, ce sera la première fois qu’ils quitteront leur forêt.
La manifestation, qui aura lieu à Ze Doca, une ville proche du territoire awá, dans l’État de Maranhão en Amazonie orientale, est organisée en réponse aux affirmations de la mairie de la localité selon lesquelles les Awá n’existeraient pas.
Les Awá sont l’un des deux groupes de chasseurs-cueilleurs nomades restants au Brésil. Plus de 60 d’entre eux n’ont aucun contact avec le monde extérieur et sont gravement menacés par les exploitants forestiers illégaux.
Bien que les terres Awá aient été légalement reconnues, les Indiens sont la cible des bûcherons qui percent des routes au bulldozer dans les forêts et des colons qui chassent le gibier dont ils dépendent, les exposant à la maladie et à la violence.
Un juge fédéral avait statué en juin 2009 que tous les envahisseurs devaient quitter le territoire awá dans les six mois à venir. Toutefois, cette décision ayant depuis été suspendue, la déforestation et les invasions sont en forte progression.
Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Nier l’existence des peuples indigènes est une absurdité qui appartient au passé colonial. C’est également un crime : refuser qu’ils existent et ils n’existeront pas, ils disparaîtront comme tant d’autres tribus brésiliennes avant eux. Si le Brésil veut être considéré comme une nation de premier plan, il ne doit plus tolérer de tels outrages’.
Fiona Watson, la directrice des campagnes et de la recherche de Survival qui a récemment visité les Awá, est disponible pour interview.
11:20 Publié dans PEUPLES PREMIERS | Lien permanent | Commentaires (0)
Cyber action N° 368 : Le Botswana assoiffe une tribu pour la chasser de ses terres
Cyber action mise en ligne le 02/08/2010 , en partenariat avec : Survival International
Elle sera envoyée à : Président du Botswana
signer en ligne : http://www.cyberacteurs.org/actions/presentation.php?id=143
Elle prendra fin le : 31/12/2010
Au cours de deux vagues d’expulsions en 1997 et 2002, le gouvernement du Botswana a chassé tous les Bushmen de leur territoire ancestral et les a parqués dans de lointains camps de relocalisation. Pour les empêcher de retourner dans leur réserve, le gouvernement a condamné le puits qui représentait la principale source d’eau des Bushmen.
explicatif
Ce puits se trouve à l’intérieur de la Réserve, dans la communauté bushman de Mothomelo. Avant les expulsions, un camion-citerne envoyé par le gouvernement faisait une fois par mois la navette entre le puits et l’ensemble des communautés bushmen de la réserve. Bien que les Bushmen soient réputés pour leurs techniques de stockage de l’eau de pluie, ce puits était essentiel à leur survie pendant la saison sèche.
Le 21 juillet 2010, la Haute Cour botswanaise délibérait sur le sort de la tribu indigène des Bushmen du Kalahari, suite à une audience tenue le 9 juin dernier. Sonnant comme un couperet, le verdict du juge a finalement interdit l'accès des Bushmen au puits d'eau situé sur leur territoire, dans la réserve du Kalahari central, considéré comme l'une des régions les plus arides du monde. Plus grave encore, leur est également proscrit tout forage d'un nouveau puits. La justice semble donc avoir pris parti pour le gouvernement botswanais, lequel n'avait pas hésité à sceller le puits des Bushmen en 2002, les expulsant de leur territoire par la même occasion.
En 2006, la Haute Cour avait pourtant décrété que l'expulsion des Bushmen par les autorités était « illégale et anticonstitutionnelle », autorisant ainsi des centaines de Bushmen à revenir sur leurs terres, avec le libre droit de pratiquer cueillette et chasse au sein de la réserve. Malgré ce verdict, le gouvernement s'obstina à interdire aux Bushmen le rétablissement de leur puits, les contraignant à parcourir une distance de 480 km aller-retour pour s'approvisionner en eau, à l'extérieur de la réserve. Illustrant l'acharnement du gouvernement, des gardes forestiers interdirent à des Bushmen d'apporter de l'eau à leurs familles dans la réserve du Kalahari central, prétextant qu'ils n'étaient désormais plus autorisés à utiliser des ânes pour transporter l'eau. Dans la mesure où les Bushmen ne disposent pas de véhicules motorisés, cela équivaut purement et simplement à leur ôter tout moyen de transport. Victime de cette pénurie d'eau, Xoroxloo Duxee, un Bushman, mourut de déshydratation en 2005.
Or, comble de l'ignominie, pendant ce temps, l'entreprise Wilderness Safaris ouvrait un lodge de luxe, avec bar et piscine sur le territoire bushman. Parallèlement, avec l'appui financier de la fondation Tiffany & Co, le gouvernement fit forer de nouveaux puits au sein de la réserve.
Contredisant l'avancée réalisée en 2006, cette nouvelle décision de la Haute Cour laisse transparaître les intérêts du gouvernement botswanais, ainsi que son souhait réaffirmé de chasser les Bushmen, sans pour autant s'attirer les foudres de la communauté et du droit internationaux. Partageant l'indignation générale, Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré : « Depuis ces dix dernières années, le Botswana est devenu l'un des endroits du monde les plus hostiles envers les peuples indigènes. Si les Bushmen ne peuvent avoir accès à l'eau sur leurs propres terres alors que les touristes, la faune sauvage et les mines de diamants peuvent s'approvisionner librement, alors il faut demander aux étrangers s'ils veulent réellement soutenir ce régime en se rendant dans ce pays et chez les bijoutiers ». Le gouvernement serait effectivement sur le point d'attribuer une licence d'exploitation diamantifère sur le territoire bushman, laquelle nécessitera le forage de nouveaux puits.
Plus d'infos :
http://www.survivalfrance.org/actu/6265
11:04 Publié dans PEUPLES PREMIERS | Lien permanent | Commentaires (0)
25/07/2010
Pouse d'Orage du Djungalo Théâtre
Moi qui suis revenue de bien des aspects du spectacle et du théâtre de rue d'aujourd'hui, j'ai beaucoup aimé en retrouver la magie, et surtout l'authenticité, hier à Montricoux, en assistant à une répresentation du Théâtre Djungalo "Pousse d'Orage", aussi je vous fait partager ci-dessous ce qu'il en est dit sur leur blog, dont je vous donne l'adresse ici :
http://www.blogg.org/blog-82520.html
CG
Le Mouvement Intellectuel Tsigane et son nouveau projet: ''Sinthan Thea''.
Sinthan Thea est parrainé par le Cirque Alexandre Romanes et le Réalisateur Tony Gatlif. (Un grand merci a Tony, qui a offert à notre petit théâtre familial O Djungalo Teàtro les costumes de son dernier film ''Liberté).
Sinthan Thea - Théâtre et Terre Tsigane
Peuple sans pays par excellence, le Peuple Tsigane n’en demeure pas moins attaché aux endroits qu’il traverse et à ceux où le ramènent ses souvenirs. Le profond attachement aux lieux qui se rattachent à notre mémoire en tant qu’individu, est paradoxalement une façon d’exprimer notre détachement, pourtant inhérent à chaque groupe humain, de la notion de territoire en tant que peuple. Notre répartition géographique mondiale, démontre en effet qu’avant nous, nos ancêtres ne semblent pas avoir eu plus de prédilection pour l’une ou l’autre des contrées traversées. Aucune Terre ne semble les avoir retenu plus qu’une autre, si ce n’est de force, et l’unique soif de l’ailleurs semble guider leurs pas à travers l’histoire. Ils visitent le monde, franchissent les siècles sans chercher à marquer de leurs empreintes le temps qu’ils ignorent.
Le message est clair !
Ils ne nous laissent en héritage que l’embarras de choisir nous même notre Terre. Le voyage est transgénérationnel, et rien, ni personne n’est, et ne sera à l’origine de notre éternelle migration, si ce n’est notre propre conception de l'Unité.
Peuple nomade, nous n’aspirons pas à errer pour autant, et s’il nous fallait dessiner les grandes lignes de ce que serai demain la Terre de nos enfants, Sinthan Théâ en serait peut-être une ébauche. En effet, elle ne serait ni tsigane, ni musulmane, si juive, ni chrétiénne, ni française, ni grecque, ni américaine, ni africaine ! Nous pourrions, c'est vrai, vouloir en faire une Terre philosophale, qui transmuterait le vil en oeuvre d'art, mais l'histoire nous a montré que nous n'étions pas complètement maîtres de nos destinées, alors ne prenons pas le risque d'être les premiers ''sanctifiés''. Nous nous contenterons donc d'une simple planète Terre, avec des arbres, pour mettre nos caravanes à l'ombre, des fleurs pour les cheveux de nos femmes, de nos filles, de nos sœurs, et de l'eau potable. Et puisque la Connaissance est source d’exclusion du jardin d’ Eden sur cette Terre , nous y resterons donc, sans honte, ignorants ! Marcel Hognon
1/ Exposition d’œuvres d’art.
L’exposition de sculptures en terre cuite,( bronzes, marbres et matiéres divers également), de Marcel Hognon, (artiste professionnel - Maison Des Artistes), est évidement symboliquement liée au thème de Sintahn Thea, et n’est pas sans une certaine référence avec les Tanagras, et leurs appellations liées au site géographique de leur conception.
2/ Ateliers plastique. ''La terre entre nos mains''. Elle ne sera que ce que nous en ferons !
Réalisation de figurines en terre cuite, (encadrement Marcel Hognon), reliant les participants des ateliers, au spectacle Pousse d’Orage. (Dans la pièce, la Terre Tsigane est représentée par une petite statuette en argile cuite par un éclair, que les participants reproduisent à leur façon). Ces dernières seront cuites sur place. Ces ateliers incitent chaque participant à porter un regard sur la responsabilité de ses actes dans la gestion de la planète, mais également sur le caractère irréversible qui en découle, et qui n'est plus gérable par l'espèce humaine. (Une terre cuite est irréversiblement abiotique).
3/ Représentation théâtrale : Pousse d'Orage, par le Djungalo Teàtro. Pièce familiale tout public en plein air.
Bien que le génocide Tsigane transparaisse en filigrane dans la pièce, le fil conducteur de Pousse d’Orage, tourne autour de ce concept original de peuple sans territoire défini, ayant néanmoins une cohérence, une identité, une langue et une histoire commune au delà des frontières étatiques et continentales ! Cette pièce ouvre donc une réflexion sur la philosophie atypique qui est la nôtre dans ce domaine précis.
Pousse d’Orage : De Marcel Hognon - 1er prix au Concours International de Culture Romani en octobre 2009, à Lanciano -Italie.
Sinthan Thea est construit sur plusieurs axes complémentaires.
Diversité culturelle
1/ Sculpture.
a: Exposition nomade d’œuvres d’art dans une ancienne roulotte de travail. (voir photo roulotte ci-dessous).
b: Ateliers ouverts au public . (Scolaire et autres). Façonnage et cuisson .
2/ Ecriture. Vente de livres et dédicaces.
3/ Théâtre. Représentation en plein air.
Territorialité équitable
Le spectacle se jouant au milieu de notre intimité, le spectateur, à l’occasion du verre de l’amitié offert après la représentation, se retrouve tout naturellement invité privilégié, ami de marque accueillit en famille. C’est l’occasion d’aborder divers sujets, et notamment d'approcher le thème majeur de l’identité tsigane en France: Nos caravanes, et le besoin de territoires provisoires.
Développement durable
Plusieurs aspects. Liste non exhaustive.
1/ Adaptation et administration permanente de notre environnement immédiat.
2/ Gestion des ressources naturelles: Eau, énergie, espace, etc...
3/ Les notions de superflu, de tri sélectif, etc, liés à l’espace limité de notre habitat.
Sociologie équitable
Le peuple Tsigane, peuple Indo-aryen, est originaire du nord de l'Inde. Hérodote, 425 av JC, est, jusqu'à ce jour, le premier historien à citer officiellement le peuple Tsigane, (en grec : Σιγγινον), et à le présenter comme l’un des peuples fondateurs de l'Europe. Prémislas III, roi de Bohême, dans une lettre au Papa Alexandre IV, le 13 juillet 1260, cite le peuple Gingarorum - Jean Alexandre Vaillant, 1815, fait remonter l’arrivée de ce peuple en Europe, à l’époque préhellénique. Une fresque de la villa romaine de Cicéron, 106/43 av JC, représente une famille de musiciens Tsiganes en scène. Retrouver notre histoire dans l'histoire !
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21/07/2010
Echappée d'oeuvres, canton de Cazals (Lot)
Tout au long du mois d'Aout: « échappée d'oeuvres »
Parcours d'Art dans les 9 villages du canton de Cazals sud-Bouriane : Marminiac, Cazals, Montclera, St Caprais, Goujounac, Gindou, les Arques, Pomarede et Frayssinet-le-Gelat vous donnant à voir Peintures, sculptures , installations9 villages investis par une vingtaine d'Artistes vous invitent qui dans leurs ateliers qui dans l'église qui dans les lieux de nature. Parcours d'Art en sud-Bouriane organisé par l'association « Un train peut en cacher un autre » (encourager, soutenir, promouvoir l'art contemporain en milieu rural) 05 65 53 05 08 lezateliers@orange.fr et http://www.lot-tourismecazals.com
nous avons travaillé sur ce projet depuis Janvier et maintenant, chaque village est en train de se préparer pour vous recevoir.Nous avons installé 200 panneaux , plus de 500 affiches ainsi quemis à disposition 20 000 tracts. Nous vous attendons nombreux, curieux et heureux pour découvrir notre patrimoine architectural, culturel et touristique
Entrée libre -plans disponibles offices de tourisme et tout
autre lieux culturel
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15/07/2010
Anicet Poéticopsychosophe, lundi 19 juillet, La Toulzanie (46)
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12/07/2010
J'ai lu Les deux fins d’Orimita Karabegović de Janine Matillon
(Maurice Nadeau 1996)
Alors qu’on exhume, quinze ans après, des corps de musulmans bosniaques d’un charnier près de Srebrenica, et que plus de 700 victimes identifiées provenant d’une centaine de fosses communes ont été enterrées hier, le 11 juillet au centre mémorial de Potocari, à l'occasion du quinzième « anniversaire » du massacre de Srebrenica, j’avais déjà depuis quelques jours entamé ce livre de Janine Matillon, sachant que ce n’est pas exactement ce qu’on appelle dans les magazines féminins et autres, un roman d’été… Troublante coïncidence en tout cas, car je ne m’attendais pas à ce qu’on reparle tout à coup dans les médias de ces atroces massacres si vite tombés dans l’oubli, sans parler de la lamentable passivité pour ne pas dire complicité, des autres pays d’Europe et d’ailleurs.
Dans Les deux fins d’Orimita Karabegović, paru à peine un an après la fin de cette guerre, Janine Matillon nous plonge directement dans le ventre de la bête. Son héroïne Orimita, est une jeune étudiante bosniaque et musulmane, qui parle plusieurs langues et qui préparait à l’université de Zagreb une thèse sur Mallarmé et la logique négative, espérant devenir professeur de littérature française. Le premier jour où la guerre a frappé, elle assistait à un mariage à Vukovar, et le plafond de la salle s’écroule sur la table de noces et sur les convives. Pendant quelques mois, elle survit avec les survivants dans une cave avant de se retrouver emportée dans les flots de réfugiés. Elle finit par se faire arrêter et elle est embarquée brutalement avec beaucoup d’autres femmes, dont certaines meurent en route, dans d’immenses poulaillers transformés en camp. Mais Orimita, et onze autres jeunes femmes de sa condition, sont ensuite choisies pour subir un sort privilégié. Mises à part dans un autre bâtiment, une ancienne école, elles sont nourries et bien traitées, sous l’égide d’un professeur attentionné, qui leur administre journellement des cours, c'est-à-dire un lavage de cerveau idéologique. Ces douze jeunes femmes apprennent très vite qu’elles sont destinées à être purifiées, non pas par la déportation et la mort, mais par l’ensemencement quotidien de valeureuse et orthodoxe sève serbe, jusqu’à ce qu’elles en portent le fruit, ce qui leur offrira l’incroyable chance d’être accueillies au sein du seul et grand peuple légitime, du peule astral des Balkans et d’être lavée à jamais de leurs souillures d’origine.
Ce roman nous embarque donc dans le pire, avec pourtant une force poétique incroyable. C’est un roman viscéral, l’héroïne toujours au bord de basculer dans la folie, certaines de ses compagnes y sombreront totalement, et disparaitront de nuit, le fameux camion de minuit, et seront remplacées par d’autres comme si de rien n’était, car l’horreur est là, d’autant plus atroce qu’elle est pour un temps étouffée, déguisée, camouflée, mais Orimita hantée par Mallarmé y puise sa force, se protège par des couches de glace, de neige, combat le feu des obus, des massacres, de la violence et du sang, par le froid intense, la nudité de paysages à jamais glacés, tout son être se congele de l'intérieur. La poésie la sauve pour un temps mais la rage monte, insidieusement, la rage envers les épurateurs mais aussi, et peut-être encore plus fortement, pour le pays tant aimé, le pays de littérature, la France, dont elle ne peut croire la trahison, l’abandon, la langue de bois des technocrates « laissons le temps au temps » dit le président de France, pendant que le temps avance à coup d’obus, de chars et de tanks, dans ses grosses bottes de crapules saoules, et les têtes tombent sur les omoplates, et les membres se mélangent, détachés de leurs corps, et massacres, viols, pillages, incendies, se succèdent à la barbe de l’ONU et toute l’inexprimable horreur de cette démence qu’on appelle la guerre, et il faut laisser le temps au temps, pendant que tous les ministres, présidents, diplomates, militaires de France, d’’Europe et d’ailleurs ont « le sentiment d’avoir établi une bonne base pour la solution négociée », et d’ailleurs vient le temps où les réfugiés doivent rentrer chez eux, chez eux c'est-à-dire chez les conquérants, qui les renvoient sur les terrains truffés de mines, mais si les réfugiés rentrent chez eux, directive de l’Europe, il n’y a plus de réfugiés, effacés les réfugiés, disparus et enterrés les massacrés, les membres, les têtes, les corps, oubliés les massacres… Et chez Orimita, la rage monte insidieusement, une rage folle et froide, et quand elle se retrouve avec un groupe armé bosniaque, les siens donc, c’est un autre Islam qui monte, le sang appelle le sang, et un Moudjahidine lui impose un foulard sur la tête sous pene de l'égorger, et même ceux qui se sentaient plutôt athée sentent monter en eux la rage d’être autre, différent, et donc de l’être jusqu’au bout, intégralement, la haine appelle la haine et tout vole en éclat…Et chacun voit sa vision de plus en plus obstruée, étroite, l’autre est l’ennemi, l’autre est le tueur et doit être tué, "la Croatie aux Croates" lui lanceront les nouveaux ocupants de son appartement, et il devient impossible de retourner à la normalité, impossible ne serait-ce que de la supporter, quand on est allé aussi loin en enfer, même la littérature et la poésie n’y survivent pas. Deux fins seulement sont possible pour Orimita Karabegović, mourir ou tuer.
Janine Matillon, épouse de l’écrivain ex-yougoslave Stanko Lasic, a enseigné et vécu 15 ans à Zagreb, enseigne le croate, le bosniaque et le serbe à l'école des langues orientales à Paris.
Cathy Garcia, le 12 juillet 2010
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03/07/2010
De l’absence des poètes… par JM Bongiraud
Source : http://parterreverbal.unblog.fr/de-labscence-des-poetes/#comment-275
L’humanité s’est construite lentement, elle a poursuivi son chemin entre espoir et crainte ; de l’étape primaire où l’homme était terrifié par les éléments naturels, en passant, pour ce qui concerne le monde occidental, par le miracle philosophique grec, l’apogée romaine, le souffle de la « Renaissance », et la révélation des Lumières, pour finir par s’éteindre et se désagréger sous l’accélération irrationnelle de la technologie. Il est faux de croire que les choses allaient « naturellement », qu’il en fut toujours ainsi. L'humanité a connu des soubresauts, des reculs pour sans doute mieux avancer tant que l'homme demeurait le complice, voire l'enfant, au sens de l'être, produit organique de la nature. Il construisait son monde parfois en lutte contre les éléments, tout en respectant l’harmonie existante. Mais le monde, depuis plusieurs décennies, est en « mue » perpétuelle, tous les liens qui existaient avec son environnement cèdent de plus en plus rapidement, et pour l'avoir déjà écrit, ces liens universels mettent en danger la terre entière. Il ne peut donc poursuivre dans cette voie sans que nul ne puisse y trouver à redire. Le symptôme le plus alarmant de notre époque est cette coupable attitude des politiques et de ceux qui les soutiennent. De croire également que l’homme pris comme individu n’y est pour rien est tout aussi hypocrite. On peut toutefois s'interroger sur les possibilités de sursaut, de résistance, voire de révolte qui nous habite, quant on sait que l’autorité est entre les mains de « démocrates » inconstants et soudoyés, et que le pouvoir dans celles d’hommes invisibles dispersés aux quatre coins de la planète, s’abritant en haut de leurs buildings derrière des vitres teintées ! Face au quidam, tentant d’une voix éraillée de crier son désarroi, il n’y a plus rien, qu’une souffrance plus ou moins visible, latente, une résignation d’esclave, une chair, un visage, un esprit qui se désagrège dans ce milieu où l’absence, l’absence de réponse, l’absence de présence, l’absence de vie est outrageusement entretenue par ces esprits invisibles. Ils sont devenus les dieux de notre Olympe moderne que l’on ne voit pas mais qui disposent des êtres d’une manière si concrète que leurs excès leur sont d'avance pardonnés par l'abominable et subtile pression médiatique !
L'humanité par de grands esprits est parvenue plus ou moins à contrôler sa fougue, sa frénésie. Ces génies, puisque leur talent dépasse la mesure commune des autres hommes, lui ont fait découvrir son corps, son esprit, ses relations au cœur de ses membres, sa nécessité de vivre en accord avec la nature. Ils ont enseigné la vie en société, l'influence des astres sur la terre… certains ont tenté de par leur raisonnement de montrer une voie politique nouvelle, anarchiste, communiste… périlleuse certes, mais dont l'accomplissement est porteur d'espérance. L'immense orgueil humain gâche ces entreprises. Si l'on faisait la somme de tous les écrits de ces philosophes, poètes, des tableaux de ces peintres, chacun serait effaré de cette gigantesque entreprise élaborée au cours des siècles, non pas fabriquée pour uniquement témoigner de l'humanité, mais pour appeler l'homme à la vigilance, à la réflexion, à la décence. Aujourd'hui encore on peut les lire, les voir, les entendre, et j'en rencontre, j'en croise de ces êtres fraternels. Leur pensée, imprégnée de leur propre souffrance, organisée autour de leur lucidité face aux événements de l'histoire, tente d’ameuter, de rameuter la populace, persuadée qu’elle est que ces êtres invisibles sont les garants de leur avenir ! Je les entends, je les lis, je les écoute, ceux qui sont déjà passés, ceux qui passent. Car autant que le présent, le passé ne doit pas nous échapper comme cela se passe actuellement. Ces femmes, ces hommes sont philosophes, sociologues, chercheurs… ils ne sont pas poètes.
Les poètes existent, tout au moins ceux qui croient porter ce qualificatif. Ils sont nombreux à utiliser les pages des revues, à disserter autour d’une table sur le malheur poétique, de l’absence de visibilité du phénomène poétique, à chercher tel ou tel éditeur qui leur permettra de poser leur œuvre sur le catalogue des anthologies post-mortem, de s’exposer sur le monde Internet… Mais qu’écrivent-ils, que disent-ils, qu’attendent-ils de l’humanité et que veulent-ils pour elle ? J’essaie d’en lire, j’en lis, et quand ils ne s’exercent pas à quelque nouveauté stylistique, à s’ingénier à l’ornementation enfantine de leurs poèmes, à claudiquer avec leurs mots, à s’épancher sur leur vie avec un sentimentalisme naïf, voire à raturer le réel par quelque artifice, ils se trompent en voulant nous faire croire au pouvoir poétique, à son indicible phénomène, à sa présence ou à son absence, ce qui est un peu la même chose. Et ils égrènent leur moi philosophique, en badaud de leur propre esprit. Mais ils ne sont guère nombreux voire pas du tout à entendre le monde souffrir autour d’eux, à avoir senti que la poésie réclame l’inconfort, qu’elle est objet de lutte, qu’elle est non seulement l’engagement de l’esprit, mais celui du corps, et qu’elle ne peut s’adjoindre la nature en tant que « faire-valoir » quand celle-ci est déchiquetée, et qu’elle ne peut s’acoquiner au libéralisme quand celui-ci oppresse les plus démunis. Elle doit se faire le témoin de la médiocrité de la société, de sa déchéance culturelle. Elle doit être, non plus le lit dans lequel le professeur va se complaire et l'élève s'endormir, mais le brasier dans lequel le monde sentira son corps se révolter contre l'insupportable et stupide consensus actuel. Alors ces poètes présents qui se meuvent douillettement dans les draps des deniers publics, en résidence ici, en colloque là-bas, peuvent-ils rendre compte de cette apocalyptique existence qui est celle de millions de terriens ? Vivre dans ce conformisme ne peut engendrer ni révolte ni rébellion ! Et si je reconnais autant de misère dans la poésie qu’il en existe dans la musique ou la peinture, le nombre imposant de ces pseudo-artistes ne fait pas la grandeur de l’un ou de l’autre ! Les « assis » ne sont plus les bourgeois mais les poètes déguisés sous leurs avatars métaphoriques. La poésie n’a jamais pesé très lourd, et ce n’est pas parce que quelques-uns sont morts poètes en des temps obscurs, qu’aujourd’hui elle est parvenue à se frayer une quelconque reconnaissance : j’en vois tant de médiocres poètes, d’insignifiants poètes, d’ignares poètes qui parcourent les rues, les boutiques, les prix, les salons, les écoles pour comprendre que la poésie est à mille lieux de sa vérité. La poésie ne vaut plus rien, à l’instar d’autres arts, que l’on voit rabaissés au rang de l’exotisme culturel, et elle est encore moins considérée qu'une fleur en voie de disparition que l'on protège par décret ! Mais l'une fait peut-être plus que l'autre pour l'humanité ? Comprendre une œuvre, ressentir une peinture, être émotionné par une musique, au sens de leur témoignage passé, présent et futur, c’est faire un effort incessant et sans cesse renouvelé. Mais c’est faire figure de marginal, d’incompétent, de jaloux en ne voyant pas dans le dernier album de tel chanteur, dans la dernière toile ingrate de tel barbouilleur, dans le pénultième livre de tel journaliste-vedette, la magnificence de l’art alors que tout ceci n'est que le produit d’une sous-culture que l'on badigeonne ou saupoudre de modernité. Il est temps de réaffirmer que c'est loin de la fureur, du bruit que les oeuvres se forment et que rien n'est plus moderne que ce qui n'est pas encore ! Comment ces « pseudo-artistes » ne peuvent-ils pas voir la manipulation dont ils sont l’objet ? Mais peut-être aussi en approuvent-ils la manière ? Ou tout simplement aiment-ils la fange douillette du capitalisme ?
Mais il n’est pas dans mon intention de prôner un élitisme, tout aussi idiot et sans avenir que cette puérile culture remisée au rang d'objet de consommation, mais au contraire de tendre l’art, dans toute sa plénitude historique et présente, à ceux à qui on le masque. Nul n’est trop sot, ou trop bête, ou insuffisamment instruit pour partager, découvrir, comprendre l’art. Il ne lui manque que l’éducation, la vérité historique, le fil reliant l’art siècle après siècle et qui, en définitive, le relie à lui-même. Ceci n’est pas de la subjectivité, comme le laisse croire les imbéciles qui font figure de référence dans certains domaines, c'est en oublier la réalité du monde. On ne peut mieux préparer l’avenir qu’en comprenant, apprenant, tissant des liens avec le passé. Nulle œuvre poétique actuelle ne me rassure, pas même celle dont on vante les mérites, qu'elle soit naissante ou presque accomplie ! La réalité du monde les dépasse.
On ne saurait donc vivre aujourd’hui en écrivant de la poésie au coin d’un feu, alors que les mots perdent leur équilibre et leur richesse dans cet univers compacté, que la médiocrité remplace la modestie, que la fanfare arpente les rues au son des « vive l'argent » ! On est, on a toujours vécu au milieu de l’âtre, mais pour que l'humanité ne s'y brûle pas, ni ne s’y perde, la poésie doit être autant le souffle sur la braise que l'outre sur les flammes.
11:27 Publié dans RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (0)