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26/09/2017

Black Lives Matter - Le renouveau de la révolte noire américaine de Keeanga-Yamahtta Taylor

 
 
 
couv_3101.jpgParution : 22/09/2017
ISBN : 9782748903171
Format papier : 408 pages (12 x 21 cm)
24.00 € + port : 2.40 €

 

"Le meurtre de Mike Brown par un policier blanc a marqué un point de rupture pour les Afro-Américains de Ferguson (Missouri). Peut-être était-ce à cause de l’inhumanité de la police, qui a laissé le corps de Brown pourrir dans la chaleur estivale. Peut-être était-ce à cause de l’arsenal militaire qu’elle a sorti dès les premières manifestations. Avec ses armes à feu et ses blindés, la police a déclaré la guerre aux habitants noirs de Ferguson."

Comment le mouvement Black Lives Matter a-t-il pu naître sous le mandat du premier président noir ? L’auteure revient sur l’"économie politique du racisme" depuis la fin de l’esclavage, le reflux des mouvements sociaux des années 1960 et l’essor d’une élite noire prompte à relayer les préjugés racistes et anti-pauvres. Elle défend le potentiel universaliste de BLM : afro-américain et tourné contre les violences policières, il peut parfaitement rallier d’autres groupes et s’étendre à une lutte générale pour la redistribution des richesses.

Au sommaire : Introduction. Le réveil noir dans l’Amérique d’Obama - 1. Une culture raciste - 2. Des droits civiques à l’indifférence à la race - 3. Des visages noirs aux cimes du pouvoir - 4. Une justice à deux vitesses - 5. Barack Obama : la fin d’une illusion - 6. Black Lives Matter : plus qu’un moment, un mouvement - 7. De #BlackLivesMatter à la libération noire
 

23/09/2017

Et tout le monde s'en fout #12 - Le sable -

21/09/2017

Revue Nouveaux Délits, le NUMÉRO 58 - Octobre 2017 - spécial Guatemala

 

 

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Pour l’édito de ce spécial Guatemala, je laisse la parole à Laurent Bouisset, grâce à qui ce numéro a pu se réaliser et qui a, entre autre, traduit tous les poèmes que vous allez pouvoir lire et, je l’espère, apprécier. Un très grand merci à lui, ainsi qu’à Anabel, sa compagne, qui a réalisé les superbes illustrations.                CG

 

 

Fuego del fuego. Feu du feu. Je ne me rappelle plus pourquoi le peintre guatémaltèque Erick González a décidé d'appeler notre blog comme ça... Une bière de trop a dû jouer... Pas très sérieux au début, c’est certain. Un peu une blague. Un délire au petit matin d’une nuit de fête sous les volcans... du côté d’Antigua... à moins que ce soit à Pigalle, dans un troquet... Tiens, si on faisait un blog ? Après, ça s’est mis en place à mesure. On a changé de direction souvent. Tordu les lignes, comme on aime tant le faire, en permanence. N’empêche qu’un axe fort est resté : celui consistant à faire passer de l’autre côté de l’Atlantique des textes. Des textes en feu qui n’ont jamais gagné le prix Nobel. Qui n’ont jamais été traduits ni mentionnés ici, au pays des Grandes Lettres et du vin rouge, mais qui enjambent athlétiquement les codes et barrières nationales figés pour nous parler de quoi au juste ? De l’humain face au pire. L’humain esseulé dans sa mouise, face à ses maîtres, avec quand même des différences sensibles : plus de la moitié des Guatémaltèques (sur)vivent au jour le jour très en dessous du seuil de pauvreté, dans l’injustice et l’inégalité terribles d’un pays croupissant sur le podium des plus dangereux au monde, si l’on en croit un classement les plaçant devant la Syrie et l’Irak, juste derrière l’Afghanistan, c’est dire... alors que la France fait plutôt figure de pays riche... pays du Premier Monde blasé où la poésie n’arrête pas de rappeler qu’elle n’est pas morte, c’est bien. C’est même très bien qu’elle ne décède pas. Ce serait encore mieux qu’elle recrache cette froideur. Cette manie formaliste et hermétique de jouer sur la langue en permanence, en oubliant que la langue, c’est la vie. Et la langue sans la vie, c’est du jambon gelé dans du formol. Pas de ça ici. Pas de chichi formel sur Fuego del fuego, ou presque pas. Du réel brut. De la réalité visqueuse abordée par les quatre auteurs aujourd’hui accueillis dans ce Nouveaux Délits spécial Guatemala, merci Cathy ! Merci pour l’espace et l’écoute ! Regina José Galindo, pour commencer sur les chapeaux de roue par de la lutte au corps furieuse et tendre. Luis Carlos Pineda, poète free-jazz, vient nous calmer au fond de rapides en furie où les notes fusent et les corps cherchent l’étreinte au bout de la nuit.

Julio Serrano Echeverría nous parle des migrants cheminant dans le désert (« en n’étant qu’ombre ») après avoir vécu l’horreur sur les trains traversant le Mexique. « Nadies », aurait dit Galeano, l’auteur uruguayen parti en 2015. « Nadies », c’est-à-dire « moins que rien » haïs par Trump, qui, la nuit, rêvent de haricots (présage de pauvreté, selon un dicton latino) ou de baskets neuves, luxe suprême... Et puis Vania... Vania Vargas parlant de la mort, si proche là-bas, à chaque coin de rue (plus de seize homicides par jour en 2010, et ce chiffre enfle...) Vania Vargas peignant la solitude et la voix des fantômes à l’oreille murmurant, tandis que ses poings fragiles cognent le vide. Et voilà que ce numéro se referme déjà... après avoir donné la parole à ces (seulement) quatre poètes nés après 1974. Génération comme on dit d’après guerre (arrivée sur terre juste avant ou, pour l’un deux, en plein milieu du génocide des années quatre-vingt). Pourquoi donc aussi peu ? Pourquoi ne pas en mettre plus ? Rechercher l’exhaustivité n’avait pas de sens... et puis c’est vrai qu’on peut aller se balader sur Fuego del fuego après, si on a encore faim ! Mais quatre, c’est déjà largement assez, quand y pense. C’est déjà quatre mondes assez denses où se tord l’âme et la peau enfle. Certains lecteurs auront peur, c’est possible. D’autres vomiront ou refermeront la revue vite. A la fin de certaines lectures, y en a qui viennent me demander, anxieux : « Pourquoi si noir ? Pourquoi si sombre tout le temps et pas des fleurs ? » Oh ben j’ai rien contre les pâquerettes ! Le printemps des poètes et tout ce délire... J’en vois pas tellement dans les quartiers-nord, c’est tout... J’en vois pas non plus des collines entières dans ce pays traumatisé où les os d’hier trouent la terre encore et crient. Tu voudrais peindre comment le ciel mignon et les pommes bio quand le réel a la douceur d’un matelas de clous rouillés sous ton dos sale ? Les chaussures qu’Anabel a peintes puent la défaite. Trouées, dégueues, râpées, elles gisent. En France, on les jetterait. On irait de ce pas en acheter d’autres. Là-bas, elles marchent. Elles continuent à marcher même usées, parce de toute façon, y a pas le choix. C’est ça ou tomber raide, alors tant pis. Avancer malgré tout. Les poètes qui nous touchent écrivent comme ça. Comme des grolles tabassées par les chemins, les coutures mal en point et tout près de la déchirure finale. Ce qui sort de ce harassement, les jours de fête ? L’émotion... La blue note... Le feu du feu dans les boyaux... Oui, c’est peut-être ça que raconte le nom du blog... C’est peut-être aussi simple que ça, au fond... Placez donc un seau d’eau à vos côtés avant de lire. On sait jamais ce qui pourrait flamber... A très vite. Saludos.

 

Laurent Bouisset, Marseille, le 13 août 2017

http://fuegodelfuego.blogspot.fr/

 

 

 Luis Carlos Pineda todos  deportistas SMALL.jpg

 

AU SOMMAIRE

 

Délit de poésie guatémaltèque en version bilingue :

 

Regina José Galindo

Luis Carlos Pineda

Julio Serrano Echeverría

Vania Vargas 

 

Résonances : Rancœurs de province de Carlos Bernatek (Argentine), éd. de l’Olivier, février 2017

 

Délits d’(in)citations font écho entre ici et là-bas.

 

Vous trouverez comme toujours le bulletin de complicité tout pimpant au fond en sortant.

 

 

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Illustratrice : Anabel Serna Montoya

 

Née à Aguascalientes au Mexique au XXe siècle, elle vit actuellement à Marseille après avoir étudié l’art-thérapie en Espagne et travaillé comme enseignante d’arts plastiques au Mexique. Sa pratique artistique est multiple, allant de la photographie (argentique et sténopé de préférence) à la peinture à l’encre de Chine, en passant par la couture (de ses propres cheveux à même la toile, entre autres...), les ex-voto détournés dans un sens marxiste, le body painting ou encore les installations. Elle aime explorer les textures et les supports pour parvenir à l’émotion. Elle est à l’écoute permanente des autres et surtout des personnes exclues, que ce soit en pleine rue, en milieu psychiatrique ou en prison (les Baumettes à Marseille, par exemple, où elle a travaillé au contact des détenus). Elle aime l’art brut. L’art vital qui dérange et donne du feu. Déteste Facebook. N'a ni blog ni site personnels. Ne vend pas ses œuvres. S’avoue perplexe devant les biennales d’art contemporain (vides et froides souvent à ses yeux). Ses peintres préférés sont Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Rivera, Bosch et surtout le Goya des peintures noires (celui qui déchire les carcans et va vers l’ombre). Dernièrement illustratrice d’un livre de poèmes : Dévore l’attente aux éditions du Citron Gare, elle prépare une exposition pour la deuxième nuit de la poésie à Crest, début février 2018 (à suivre).

 

 

 

Julio Serrano es un lugar comun  SMALL.jpg

 

 

Deux livres de pâtes de Métis

Une demi-livre de filet d’Espagnol

Cuit et haché menu

Une petite boite de raisins secs dévote

Deux cuillérées de lait malinche

Faire revenir des casques de conquérants

Trois oignons de jésuites

Un petit sachet d’or multinational

Deux gousses de dragon

Une carotte présidentielle

Deux cuillérées de commères

De la graisse d’Indiens de Panchimalco

Deux tomates ministérielles

Une demie tasse de sucre lunette de fusil

Deux gouttes de lave de volcan

Sept feuilles de zizi

(ne pense pas mal, c’est un somnifère)

Mettre le tout à cuire à feu doux

Pendant cinq cent ans

Et tu verras le résultat

 

Claribel Alegira

(Nicaragua, 1924)

 

 

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Nouveaux Délits - Octobre 2017 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Illustratrice : Anabel Serna Montoya Traducteur : Laurent Bouisset Correcteur : Élisée Bec

 

http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

 

 

 

Le Délit buissonnier n° 2, est sorti en juillet

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Instantanés

de Myriam OH (Ould-Hamouda)

avec des illustrations de Silvère Oriat

 

Extrait :

 

« je me fous du temps qu'il fait
de ce que raconte la une des journaux
de ta manie de parler et y perdre celui que tu es
je me fous de ces combats
qui te font veiller tard ou bien lever tôt
le monde appartient à ceux
qui s'octroient le droit de le quitter un peu
je me fous de la pluie
je me fous du beau temps
de la morale qui frappe à ma porte
je me fous de tes paupières qui tombent
je me fous de l'ombre qui les souligne
pourvu que ton regard brille
assez pour que je m'y envoie en l'air »

 

 

 

Des textes qui bousculent, qui réveillent, qui claquent au vent comme le pavillon pirate de la vérité toute crue, une vérité pleine d'amour pourtant, car on ne peut aimer véritablement que ce que l'on accepte pleinement, sans décorum, sans artifice : la vie, les gens, ces autres nous-mêmes, tels qu'ils sont, tels que nous sommes.       CG

 

 

44 pages agrafées
tirage limité et numéroté

sur papier recyclé offset 90 gr - couverture calcaire 250 gr

 

10 € - port offert

À commander à l’Association Nouveaux Délits

 

 

 

La Faim de Martín Caparrós

 
 
9782283028865-3dac6.jpgTraduit par Alexandra Carrasco
Langue d'origine : Espagnol (Argentine)

25 000 hommes, femmes, enfants meurent chaque jour de faim ou de malnutrition à travers le monde. Aucun fléau, aucune épidémie, aucune guerre n’a jamais, dans toute l’histoire de l’humanité, exigé un tel tribut. Et pourtant, la nourriture ne manque pas : la planète ploie sous l’effet de la surproduction alimentaire et le négoce va bon train.

Comment documenter ce paradoxe sans tomber dans la vaine accumulation statistique ? C’est la question qu’explore Martin Caparrós en partant à la rencontre de ceux qui ont faim, mais aussi de ceux qui s’enrichissent et gaspillent à force d’être repus. Leurs histoires sont là, rendues avec empathie et perspicacité par l’auteur. Fouillant sans relâche les mécanismes qui privent les uns de ce processus essentiel, manger, alors que les autres meurent d’ingurgiter à l’excès, le texte livre une réflexion éclairante sur la faim dans le monde et ses enjeux, du Niger au Bangladesh, du Soudan à Madagascar, des États-Unis à l’Argentine, de l’Inde à l’Espagne.

Un état des lieux implacable et nécessaire.

  • Buchet-Castel
  • Date de parution : 01/10/2015
  • Format : 15 x 23 cm, 784 p., 26,00 EUR €
  • ISBN 978-2-283-02886-5

http://www.buchetchastel.fr/la-faim-martin-caparros-97822...

 

« La faim de Martin Caparrós est formidable ! Un livre fascinant, utile et extraordinairement érudit. Un récit de grande qualité littéraire. »

Jean Ziegler

 

 

 

 

 

 

20/09/2017

C'était beaucoup mieux comme ça

 

(...) Et puis d'abord, vous faites ce que vous voulez. Je démens avoir donné des consignes de vie. On va pas commencer à se casser le cul avec rien. On préfère attendre que l'herbe pousse pour pas la couper. On est pas à l'armée ici. Vous donnez des ordres, et nous on vous écoutera pas. Sauve qui peut. Les enfants peut-être d'abord, si on est en forme. Sinon ça sera moi, enfin, vous, si vous avez le courage. En tout état de cause, foutus pour foutus, c'est du pareil au même. D'ailleurs, le ciel nous tombera pas sur la tête. Tu nous casses les pieds avec ça. On sait très bien ce qu'on a à faire qu'on fera pas. On est pas des gamins, depuis quand les adultes seraient pas responsables ? Il est interdit d'interdire. Il est déconseillé de conseiller. Il n'est pas recommandé de recommander. On va pas se mettre à parler de ce qu'on aime. On va pas commencer à être passionnés par quelque chose. On va pas se permettre de devenir intolérants, puisque l'on se fout de ce que vous faites. Au pire, vous pouviez nous le demander plus tôt, de nous en battre l’œil. On peut y arriver les doigts dans le nez. Du moment que notre liberté est respectée. Pour notre part, on préfère laisser couper la bite aux mouches. On mettra pas la charrue avant les bœufs. On mettra pas les bœufs. On sera très gentils pour pas vous aider. C'est mieux comme ça. De toute façon, vous auriez pas aimé qu'on prenne parti. Tandis que là, on est couverts. On est pas grillés. Tout le monde nous aime. Personne ne bouge sur la photo. On est bien morts et le public est content. T'as raison de le dire. C'était beaucoup mieux comme ça. (...)

extrait de l'édito de Patrice Maltaverne

 

Lieu du larcin : sa Traction-brabant n° 75 (août 2017)

http://traction-brabant.blogspot.fr/

 

 

 

 

 

18/09/2017

La 100e de «La Barbacane»

 

Max Pons, un fervent amoureux des pierres et des mots. /Photo DDM
Max Pons, un fervent amoureux des pierres et des mots. /Photo DDM

«La Barbacane», dont le sous-titre «Revue des Pierres et des Hommes» révèle la personnalité de son fondateur, son amour des pierres qui permettent d'élever des châteaux et son amour des hommes qui, avec les mots-pierres, construisent des poèmes. Cette revue fut créée en 1963 par Max Pons, passionné de poésie, et poète lui-même, qui fut, pendant plusieurs dizaines d'années, le guide conférencier emblématique du Château de Bonaguil.

 

«La Barbacane» allie la qualité typographique à l'exigence littéraire. Elle s'est naturellement orientée vers les formes authentiques de la poésie et de la prose, privilégiant la création, l'amitié dans l'écriture, celle d'écrivains et de poètes d'un grand ou d'un modeste renom, l'accueil de débutants nombreux… Dans une interview qu'il nous avait accordée (voir notre édition du 7 décembre 2014) à l'occasion des 50 ans de sa revue, Max avait conclu : «En ce qui me concerne j'espère connaître le numéro 100».

Eh bien c'est fait, le numéro 100 de «La Barbacane» vient de paraître. Sur la page de garde on peut lire : «Le présent cahier 100 de La Barbacane Revue des Pierres et des Hommes fondée en 1963 par le poète Max Pons est dédié à tous les amis poètes et lecteurs connus et inconnus dont la fidélité nous a permis de poursuivre durant un demi-siècle sous le signe de l'amitié et du Verbe cette exceptionnelle aventure poétique».

Les poèmes de cette 100e édition, regroupés sous le titre «Dans la clarté des mots», ont pour auteurs Max Pons, Olympia Alberti, Raphaël Monticelli, Mathilde Pessereau, Martin Miguel, Alain Freixe, Anne Gohier, Yves Ughes, Gilbert Casula et Daniel Schmitt.

Profitons de l'occasion qui nous est offerte pour souhaiter à Max Pons un prompt rétablissement et que sa riche vie, tout comme sa revue chérie, atteigne sa 100e édition, à l'aune des années, naturellement.

Contact «La Barbacane» : Max Pons Le bourg 46 700 Montcabrier.

 

 

 

09:10 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

17/09/2017

Hallucinant .....Dans un livre de terminale, un problème de maths sur les migrants....

 

La maison d’édition Nathan a confirmé l’authenticité de l'énoncé. Elle s'est excusée dans la soirée de vendredi.

L'exercice de mathématiques dans l'ouvrage. Capture d'écran
L'exercice de mathématiques dans l'ouvrage. Capture d'écran

« Combien de migrants sont arrivés sur l’île au bout de huit semaines ? » : l’exercice de mathématiques d’un manuel de terminale des éditions Nathan suscite de vives réactions.

« Des migrants fuyant la guerre atteignent une île en Méditerranée. La première semaine, il en arrive 100. Puis chaque semaine, le nombre de nouveaux arrivants augmente de 10 %. Par combien est multipliée une quantité lorsqu’elle augmente de 10 % ? » : ainsi commence l’énoncé de l’exercice.

Arrondir « à l’unité ».

En conclusion, les lycéens sont invités à « déduire le nombre total de migrants qui seront arrivés dans cette île au bout de 8 semaines », en arrondissant « à l’unité ».

Paru dans un ouvrage de Terminale à destination des filières ES et L (édité en 2017), et illustré par une photo de migrants sur un bateau pneumatique, cet exercice a été posté vendredi sur Facebook et relayé sur les réseaux sociaux. Il a causé l'émoi.

Les éditions Nathan s'excusent

Les éditions Nathan ont réagi à la polémique dans un communiqué publié sur leur page Facebook : les programmes actuels invitent à « traduire une situation concrète à l’aide d’une suite arithmético-géométrique. C’est ce que nous avons souhaité appliquer dans cet exercice en prenant un exemple d’une population qui croît régulièrement en lien avec un sujet d’actualité ».
« Néanmoins, nous comprenons que le choix de cette thématique ait pu heurter », poursuit le communiqué. « Nous nous en excusons et nous engageons à modifier la thématique de l’exercice lors de nos prochaines publications », assurent les éditions Nathan.

 

Source : http://www.dna.fr/actualite/2017/09/16/dans-un-livre-de-t...

 

 

 

 

 

16/09/2017

Trans(e)fusées (ed. Gros Textes 2015) lu par Maryline Bertoncini

 

La bonne surprise du jour quand je tombe par hasard ce matin, sur cette note de lecture de Maryline Bertoncini, publié sur la Cause littéraire en aout 2015, à propos de Trans(e)fusées paru en 2015 chez Gros textes !!

 

 

Trans(e)fusée, 30 essais de décollage du réel, Cathy Garcia

40 page, 9 €

 

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Surréaliste ? Dada même, tant l’auteur se joue des codes de la bien-disante bienséance, dans ces poèmes et images en liberté, qui ne sont pas tant dénués de sens qu’ils ne secouent les clichés et tics du langage, pour en faire sourdre un sens autre, ordinairement inaccessible sous les couches policées du discours ou du jargon fleuri d’une certaine littérature – Langue embrouillée de poètes. Ici Une guêpe allumée dessine des jarretelles sur les pattes d’une musaraigne. Les laitues sont aux champs, les biches aux abois. Les murmures pourrissent sur des chemins d’épines.

Entre hypallage et contre-emploi des images, on a une idée de l’imagerie bouffonne qui accompagne le lecteur, partagé entre le rire et le plaisir de découvrir les contraintes d’écriture qui président aux poèmes – à-peu-près, logorallye… – on pense à Oulipo, à Prévert, à Raymond Roussel aussi, évidemment, dans ces textes qui ne se prennent pas le chou, ainsi que nous le précise l’auteur à sa façon dans le poème liminaire, fort justement intitulé D’Asile à Zoo C’est en toute quiétude que je ne fais nulle rature à ce texte savant. / J’étais déjà têtue dans l’utérus, malle à la dextre, à espérer n’importe quel joueur de yo-yo ou de balafon qui m’emporterait au Zaïre ou au plafond.

Extravagantes, ces jongleries nous promettent « trente essais de décollage du réel » – et nous promènent dans un cirque de mots, par-delà le cercle rugueux du réel, entre rêverie fantaisiste et réalités hétéroclites, où jongle la peau-était-ce ? (titre d’un poème) – amenant le lecteur à se demander si ce recueil – par ailleurs mine d’idées pour l’animation d’ateliers d’écriture – n’est pas aussi l’envers d’un art poétique – art peau-éthique en liberté – selon des termes proches de ceux utilisés par Cathy Garcia – par ailleurs rédactrice de la revue Nouveaux Délits – comme slogan de son blog : Une quête d’éthique plutôt qu’une étiquette.

 

Marilyne Bertoncini

http://www.lacauselitteraire.fr/transefusee-cathy-garcia

 

 

 

 

15/09/2017

Françafrique, 50 ans sous le sceau du secret, un film de Patrick Benquet (2010)

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Portugal : un redressement économique et social qui prend Bruxelles à contre-pied

Des clients sur le toit du bar-restaurant le Rio Maravilha à Lisbonne le 30 août 2017. Les toits de Lisbonne sont en pleine renaissance, utilisés autant en terrasses de cafés que pour des cours de yoga, la projection de films ou comme piscines. 
Des clients sur le toit du bar-restaurant le Rio Maravilha à Lisbonne le 30 août 2017. Les toits de Lisbonne sont en pleine renaissance, utilisés autant en terrasses de cafés que pour des cours de yoga, la projection de films ou comme piscines. 
(Photo Patricia de Melo Moreira / AFP)

Le Portugal n'a presque plus de déficit budgétaire, bénéficie d'une des meilleures croissances de la zone euro, a fait baisser son chômage et attire les investisseurs. Le petit miracle économique et social portugais s'est réalisé en moins de 2 ans avec une politique pourtant opposée aux demandes de la Commission européenne. Doit-on parler désormais du modèle portugais plutôt que du modèle allemand ou suédois ?

Il y a un an, en juillet 2016, la Commission européenne entamait une procédure pour "déficit excessif" contre le gouvernement de Lisbonne. Le Portugal risquait une amende, selon Bruxelles, puisque il était censé ramener son déficit à 2,5 % de son PIB en 2015 au lieu des 4,4 % annoncés. La procédure a été abandonnée un mois plus tard. Etonnement, la France n'était pas soumise à la même pression, alors qu'elle n'avait pas — elle non plus — tenu ses engagements : 3,4% de déficit au lieu des 3% requis. Depuis, le phénomène s'est radicalement inversé : le Portugal a réduit son déficit à 2,1% en 2016 et devrait le ramener à 1,5% cette année. La France, elle, a abaissé péniblement son déficit à 3,3% en 2016 et table sur 3,2% cette année quand elle s'est engagée à atteindre... 2,8%. L'Espagne est encore à 4,5%.

Mais l'économie portugaise n'a pas réussi à réduire ses déficits par la baisse des dépenses publiques, des réformes structurelles du travail visant à "assouplir" les droits des salariés, ou en abaissant les protections sociales, comme le préconise la Commission européenne. C'est même l'inverse qui a été pratiquée au Portugal depuis un an et demi. Un choix qui explique certainement l'irritation très nettement affichée par Bruxelles au printemps 2016, lors des annonces de Lisbonne. 

> Portugal : les audaces de la gauche irritent à Bruxelles​

Mesures socio-économiques

Depuis novembre 2015, c’est un gouvernement socialiste qui est au pouvoir au Portugal, soutenu et poussé par une union des gauches, composée du Parti communiste portugais, des écologistes, et du "Bloco de esquerda", le bloc de gauche (gauche radicale).

>Ni austérité, ni populisme : le Portugal suit sa voie de gauche

Les choix économiques et sociaux de ce gouvernement se sont portés sur une politique clairement anti-austéritaire et antinomique avec celle pratiquée par le gouvernement précédent, de droite, qui avait gelé le salaire minimum et les pensions de retraites, augmenté les impôts, et réduit les aides publiques. Ce qui n'avait pas permis de réduire le déficit budgétaire ni le chômage significativement, mais avait fait exploser la précarité et la pauvreté dans le pays.

Le gouvernement du nouveau premier ministre, António Costa, depuis 2 ans, a donc appliqué des réformes qui avaient été déclarées dans son programme de coalition, en parfaite opposition avec la politique précédemment menée, comme le souligne cet extrait : "La politique d’austérité suivie ces dernières années a eu pour conséquence une augmentation sans précédent du chômage avec des effets sociaux dévastateurs sur les jeunes et les citoyens les moins qualifiés, ainsi que les familles et les milliers de Portugais au chômage. Elle a été aussi associée à une dévalorisation de la dignité du travail et des droits des travailleurs."

Le salaire minimum a été augmenté en 2016 puis de nouveau en 2017, en échange de baisses de cotisations pour les employeurs, de 23% à 22%. Ces deux augmentations du SMIC portugais ont passé le salaire minimum de 505€ à 557 €. Puis des mesures économiques à vocation sociale — mais aussi de relance du pouvoir d'achat — ont été prises : augmentation des retraites et des allocations familiales, renforcements du droit du travail, baisses des impôts pour les salariés les plus modestes, arrêt des privatisations de services et d'infrastructures publics, programme de lutte contre la précarité. Il est aussi prévu de supprimer les coupes dans les revenus des fonctionnaires et de ramener leur temps de travail à 35 heures par semaine. Sur le plan purement économique, la stratégie portugaise n'a pas été non plus en accord avec les demandes de la Commission, et se sont pourtant avérées payantes.

Politique anti-austéritaire de relance par la demande

Le chômage se situait à 14,4% en 2014, après une année noire à plus de 16% en 2013, puis s'était stabilisé en 2015 — mais toujours à un niveau élevé — à 12,2%. En 2016, une nouvelle décrue l'a fait parvenir à 11,1%, et en 2017, le chômage est à 8,8% au deuxième trimestre, ce qui laisse envisager, selon les spécialistes, un taux pour de 9,4% pour l'année entière. Un chômage potentiellement inférieur à celui de la France. Les projections actuelles des instituts tablent sur un chômage portugais à 7% en 2019, le plus bas depuis 2004.
Le virage actuel des politiques économiques du pays n'est pas étranger à cette nette amélioration des créations d'emplois sur deux années consécutives avec pour conséquence la progression de la croissance du PIB, évaluée pour 2017 à 2,5%, contre 1,9% pour la zone euro et seulement 1,5% pour la France. Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a confirmé ces bons résultats en juillet à Lisbonne, indiquant que "la réduction du déficit au Portugal est durable" et que "la croissance sera probablement supérieure à 2,5% en 2017". Malgré tout, l'ancien ministre français de l'économie de François Hollande a tenu à dire au gouvernement portugais que "sur le plan du marché du travail, il faudra veiller à mieux intégrer les chômeurs de longue durée." 

Le ministre de l'économie du Portugal, Caldeira Cabral, explique cette reprise économique par plusieur facteurs. Le premier est celui d'un renouveau d'industries orientées à l'export telles que l'automobile, les chaussures ou encore le textile qui avaient quasiment disparu du paysage. Les industriels, installés depuis des années dans les pays de l'Est pour la main d'oeuvre très bon marché, sont en train de revenir vers le Portugal, à la recherche d'une meilleure qualité professionnelle tout en conservant des coûts salariaux avantageux. Les investissements sont effectivement en hausse depuis deux ans, particulièrement dans l'industrie automobile. Caldeira Cabral pense que la hausse des revenus joue aussi, en redonnant confiance aux investisseurs, aux entreprises, avec une demande interne qui augmente et une progression de la consommation vers des produits de meilleure qualité.

Cette politique de relance par la demande, confortée par une politique sociale du mieux-disant est dans le même temps tirée par une revitalisation du tourisme grâce — entre autres — à des projets immobiliers haut de gamme. Plutôt miser sur la qualité, donc que sur les prix bas. Pierre Moscovici, sur ce plan, a tenu à souligner, toujours lors de sa visite de juillet dernier, "Le retour de l’investissement à la fois externe et interne, les bons résultats des exportations ainsi que le boom du tourisme". Mais sur le plan budgétaire, le Commissaire français a étrangement déclaré que "les efforts doivent être poursuivis pour réduire le déficit structurel", alors que le pays est devenu l'un des meilleurs élèves de la classe sur ce sujet, tandis que la France ou l'Espagne ne le sont toujours pas...

Nouveau modèle portugais très discret

Depuis la crise financière de 2008 et celle des dettes souveraines de 2010, la plupart des pays du sud de l'Europe n'ont pas réussi à sortir la tête de l'eau : les déficits budgétaires sont souvent supérieurs aux critères européens, le chômage y est toujours très élevé, les problèmes sociaux causés par la précarité persistent. Les prêts concédés par le FMI, sous l'égide de la BCE et de la Commission européenne pour aider ces pays à retrouver un peu de vigueur et payer leurs dettes ont été tous accompagnés d'obligations de réductions des déficits, par une baisse des dépenses publiques et des demandes précises, comme le gel des salaires des fonctionnaires, des pensions de retraite, la baisse des prestations sociales.

Ces politiques dites d'austérité ont été doublées de réformes structurelles du marché du travail visant à assouplir les droits des salariés pour améliorer la compétitivité des entreprises. Ces réformes du marché du travail sont elles aussi une demande de Bruxelles. La Grèce, l'Italie ou l'Espagne ont effectué ces politiques d'austérité et ces réformes sans succès concret. Tout comme le Portugal jusqu'en 2015. L'Italie, si elle a baissé ses dépenses et a atteint un déficit inférieur à 3% en 2016, n'arrive pas à faire baisser son chômage qui est supérieur à 11%. En Espagne, le chômage est à 18,7% au premier trimestre 2017, et le déficit public ne colle toujours pas aux critères de Bruxelles : 3,6% en 2016. L'échec des politiques de rigueur budgétaire accompagnés des "assouplissements du marché du travail" ne permettent visiblement pas de faire repartir ces économies. 

Le Portugal a démontré depuis 2 ans, qu'une politique — inverse aux politiques austéritaires, et donc basée sur une relance par la demande et l'amélioration des protections sociales — pouvait fonctionner. Ce que le FMI avait déjà confirmé en 2016 en annonçant à propos de la Grèce que "l'austérité ne fonctionnait pas". De là à préconiser une politique sociale de relance en Europe, le pas est un peu grand pour l'institution internationale qui a toujours été favorable au désengagement financier social des Etats et à la privatisation de leurs infracstructures et services.

Malgré tout, si l'exemple portugais était mis en avant, il pourrait être une piste intéressante de redressement "par le haut" des Etats de la zone euro encore affectés par la crise. Une sorte d'espoir de changement économique et social permettant une sortie de crise. A moins que le modèle économique allemand, de plus en plus contesté pour ses effets sociaux négatifs, ne cède la place au modèle suédois qui semble attirer des dirigeants politiques, dont Emmanuel Macron ?

>Suivre le modèle allemand ? Chiche ! (Article de février 2012)

Le modèle suédois reste malgré tout difficile "à vendre", bien que sa réussite économique soit réelle : ce pays n'est pas dans la zone euro, possède depuis longtemps l'un des niveaux de vie les plus élevés du monde, et surtout, ses salariés sont syndiqués à 80%.

Il n'est donc pas certain qu'appliquer les méthodes sociales et économiques en cours en Suède soit possible si facilement pour des pays de la zone euro. Le Portugal, par contre, applique lui, des politiques économiques et sociales connues, et ce, au sein de la zone de la monnaie unique, l'euro... Pour l'instant, aux vues de ses résultats et de la vitesse à laquelle ils ont été acquis, il semble que le Portugal ait surtout un seul défaut : il ne suit pas la ligne dictée par la Commission européenne.
 
 
 
 

13/09/2017

Monsieur le Président, j'aime les réformes et j'en ai marre des fainéants, cyniques et extrémistes

 

Monsieur le Président, il est des rapprochements inattendus ...: figurez vous que je suis d'accord avec vous sur tous les propos qu'on vous reproche. En revanche, sur la lecture à en faire, nos vues divergent. Sur les réformes : vous vous trompez. Comme la majorité des Français, je les adore. Une réforme, c'est un changement de modèle, une transformation d'ampleur, quelque chose que l'on sent dans sa vie au quotidien. Lorsqu'on entre dans l'ère des congés payés, regardez les clichés des ouvriers découvrant le droit à être payé alors qu'on est en vacances. Merveille ! Et la Sécu ! Vive la sociale, monsieur le président, quelle réforme incroyable. Idem pour les retraites par répartition. La réforme des intermittents qui permet à la France de connaître une vigueur culturelle à nulle autre pareille. Ca, ce sont des réformes. Ce à quoi vous pensez, cela s'appelle des ajustements, de la dentelle. Qui verra sa vie changer par un point de CSG, un trimestre en plus, une niche fiscale ? Ca sont des lignes comptables, pas des réformes, monsieur le Président.

En bon libéral comptable classique sans vision aucune, vous me direz que les réformes que je cite appartiennent à un monde passé et qu'aujourd'hui, seuls les ajustements demeurent. C'est intellectuellement paresseux et cynique et signe de l'extrême libéralisme qui s'étend de plus en plus fortement depuis une trentaine d'années. N'avez-vous pas honte de nous prendre à ce point pour des billes ? Idéologiquement, ce que vous proposez est à 100% aligné sur ce qui fut fait. 100%. Déréguler, affaiblir les protections sociales, baisser la fiscalité du capital c'est exactement ce que vous proposez. Seuls les degrés divergent. Foncer vers l'abîme à 150km/h au lieu de 130, en somme.

Des réformes, aujourd'hui, il en reste plus que jamais à faire. Pour la planète : instaurer une règle verte énergétique, alimentaire, dans les transports, fiscale. Changer radicalement la façon dont on produit, établir un principe de pollueur payeur absolu, imposer 100% d'agriculture bio et locale dans les cantines scolaires, c'est jouable demain. Demain. Vous avez décidé de diminuer fortement les subventions à l'agriculture bio pour encourager l'agriculture intensive. Déplorable.

Pour les millions de nouveaux travailleurs indépendants précaires, les travailleurs forçats des plateformes numériques, une réforme d'ampleur pour les doter d'une sécurité sociale, d'une retraite, d'une assurance chômage. Une autre sur les logements vides à interdire, sur le droit inaliénable à la mobilité et à la migration, bref il y a tant de réformes souhaitables pour aller vers un monde meilleur, mais pour cela il faudrait des gouvernants non cyniques, non enferrés dans une paresse intellectuelle sans nom, pas des extrêmes libéraux.

par Vincent Edin

 

Vincent Edin, journaliste indépendant. Après avoir débuté au Point (2002-2004), il a travaillé pour divers titres de presse professionnelle, spécialisé d'abord dans l'enseignement supérieur puis le médico-social. De 2007 à 2009, il a pris la responsabilité des événements d'ADMICAL (think tank des entreprises mécènes) avant de devenir indépendant. Auteur de livres parmi lesquels Insertion le temps de l'action (Autrement 2010), Lancer sa collecte de fonds (Dalloz 2012) et Chronique de la discrimination ordinaire (Gallimard 2012).

 

 

 

 

 

07/09/2017

Henri Guillemin - Le libéralisme (1972)

Dans sa série de conférences télévisées sur le thème "L'autre avant guerre - 1871-1914", l'historien Henri Guillemin évoque le libéralisme économique.

 

 

Aller plus loin : https://www.rts.ch/archives/dossiers/henri-guillemin/3477...

 

 

 

01/09/2017

Les buveurs de lumière de Jenni Fagan

 

traduit de l’anglais (Écosse) par Céline Schwaller,

Métailié, 24 août 2017

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304 pages, 20 €.

 

Si le contexte des buveurs de lumière est une dystopie - nous sommes en 2020 et la planète entière bascule dans une ère glaciaire -, ce qui nous est raconté est très intimiste et contraste nettement avec le chaos dans lequel plonge le monde. Bien que la plupart des personnages soient plus ou moins des marginaux, ils en ressortent surtout splendidement ordinaires, juste humains, avec peut-être un peu plus de courage, d’amour et de douceur que la norme, ce que les difficultés de la situation ne font que mettre en lumière.

 

Dans la petite communauté de Clachan Fells située au nord de l’Écosse, Stella et Constance, sa mère, vivent en caravane, dans un quartier de caravanes au pied des montagnes, entre des champs, une zone industrielle, une grande décharge et la mer. Quartier qui abrite une faune hétéroclite, star du porno, couple sataniste…, chacun vivant plus ou moins dans sa bulle sans déranger les autres et se débrouillant comme il peut. L’hiver est déjà habituellement rude dans la région, mais cette fois il est plus qu’hors norme. Les températures chutent peu à peu jusqu’à atteindre - 56 au mois de mars, un immense iceberg dérive vers le port et la petite vie de l’agglomération est complètement chamboulée. La situation est mondialement épouvantable mais à Clachan Fells la survie s’organise. Constance elle-même est une sorte de survivaliste, une femme libre, courageuse et débrouillarde, qui protège autant que possible sa fille Stella, son ex-petit garçon devenu une ado en pleine transition de genre, ce qu’acceptent mal les désormais anciens camarades de cette dernière, mais aussi son père, taxidermiste.

 

C’est dans ce quartier que débarque Dylan, après avoir hérité par surprise d’une des caravanes. Sa mère et sa grand-mère sont décédées l’une après l’autre, et il trimballe leurs cendres dans un tupperware et un pot à glace. Après avoir vécu toute sa vie à Londres, dans un petit cinéma d’art et d’essai de Soho, tenu par son aïeule et qui a été saisi à la mort de cette dernière, il est à la fois très malheureux et complètement paumé et ne comprend pas bien pourquoi sa mère avait acheté cette caravane au fin fond de l’Écosse, ni ce qu’elle pouvait bien y faire.

 

Stella va très vite lier connaissance avec lui, un nouveau venu n’étant pas de trop pour rompre son propre isolement et petit à petit, Dylan et Constance vont se rapprocher. Et dans ce bout du monde et cette atmosphère de fin du monde, petit à petit et goutte à goutte le bonheur se distille, comme le gin que Dylan se met à fabriquer comme le faisait sa grand-mère, pour tenir le coup et se réchauffer. Mais c’est surtout grâce à la chaleur du cœur et sans aucune prétention, que la vie continue à tenir la mort, les mauvaises nouvelles et le chagrin à distance. Il n’y a rien d’extraordinaire dans Les buveurs de lumière, juste des gens simples, un peu rudes même, qui se débrouillent avec leur douleurs, leurs fantômes et qui tiennent le coup avec du bric et du broc et beaucoup de tendresse. La vivacité, la force et l’humour féroce de Stella et l’amour absolu que mère et fille partage, sont assez vastes pour y accueillir un grand gosse barbu et tatoué, vraiment très grand et d’autres encore, comme le vieux voisin Bernache. Entraide et solidarité, pas de vains mots, juste des évidences, des actes de survie que vient couronner la splendeur d’une aurore boréale.

 

Un roman idéal à lire en période de canicule, qui donne envie d’avoir froid pour pouvoir se blottir contre celles et ceux que l’on aime, étrangement beau, sans aucune fioriture mais chargé d’une poésie un peu sauvage, avec des personnages tranchés, entiers, des femmes fortes, des hommes doux, qui dans la nuit de glace qui les envahit, apprennent à boire et partager la lumière.

 

Cathy Garcia

 

jenni-fagan-.jpgJenni Fagan est née en Écosse en 1977. Elle étudie l’écriture créative à l’université de Greenwich, puis remporte une bourse pour la Royal Holloway de Londres. Elle a publié plusieurs livres de poésie, dont le dernier, The Dead Queen of Bohemia, se trouve parmi les Best Scottish Poems 2017. En 2013, elle figure sur la liste des jeunes écrivains britanniques les plus prometteurs publiée par Granta. Elle travaille comme écrivain en résidence dans des unités de néonatologie, des prisons pour femmes, avec des aveugles, des jeunes délinquants, des femmes en danger, et à l’université d’Édimbourg. En 2016, le Sunday Herald Culture Awards la couronne écrivain de l’année. La Sauvage (The Panopticon), son premier roman, traduit en neuf langues, bientôt au cinéma, est immédiatement encensé par la critique, qui la compare à Anthony Burgess (L’Orange mécanique) et Irvine Welsh (Trainspotting).

 

 

 

 

31/08/2017

Ultime message de Christine Singer (1943-2007)

 

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" C'est du fond de mon lit que je vous parle - et si je ne suis pas en mesure de m’adresser à une grande assistance, c'est à... chacun de vous - à chacun de vous, que je parle au creux de l’oreille.
Quelle émotion ! Quelle idée extraordinaire a eue Alain d’utiliser un moyen aussi simple, un téléphone, pour me permettre d’être parmi vous. Merci à lui. Merci à vous, Alain et Evelyne, pour cette longue et profonde amitié - et pour toutes ces années de persévérance.
Des grandes initiatives, comme c'est facile d'en avoir ! Mais être capable de les faire durer - durer - ah, ça c'est une autre aventure ! Maintenant ces quelques mots que je vous adresse.
J’ai toujours partagé tout ce que je vivais ; toute mon oeuvre, toute mon écriture était un partage de mon expérience de vie. Faire de la vie un haut lieu d’expérimentation. Si le secret existe, le privé lui n’a jamais existé ; c'est une invention contemporaine pour échapper à la responsabilité, à la conscience que chaque geste nous engage.
Alors ce dont je veux vous parler c’est tout simplement de ce que je viens de vivre. Ma dernière aventure. Deux mois d’une vertigineuse et assez déchirante descente et traversée. Avec surtout le mystère de la souffrance. J’ai encore beaucoup de peine à en parler de sang froid. Je veux seulement l’évoquer. Parce que c’est cette souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence. Calcinée jusqu’à la dernière cellule. Et c’est peut-être grâce à cela que j’ai été jetée pour finir dans l’inconcevable.
Il y a eu une nuit surtout où j’ai dérivé dans un espace inconnu. Ce qui est bouleversant c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout. Je vous le jure. Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour. Il n’y a plus que l’Amour. Tous les barrages craquent. C’est la noyade, c’est l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C'est la substance même de la création. Et c’est pour en témoigner finalement que j’en sors parce qu’il faut sortir pour en parler. Comme le nageur qui émerge de l’océan et ruisselle encore de cette eau ! C’est un peu dans cet état d’amphibie que je m’adresse à vous.
On ne peut pas à la fois demeurer dans cet état, dans cette unité où toute séparation est abolie et retourner pour en témoigner parmi ses frères humains. Il faut choisir. Et je crois que, tout de même, ma vocation profonde, tant que je le peux encore - et l’invitation que m’a faite Alain l’a réveillée au plus profond de moi-même, ma vocation profonde est de retourner parmi mes frères humains.
Je croyais jusqu’alors que l’amour était reliance, qu’il nous reliait les uns aux autres. Mais cela va beaucoup plus loin ! Nous n’avons pas même à être reliés : nous sommes à l’intérieur les uns des autres. C’est cela le mystère. C’est cela le plus grand vertige.
Au fond je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle : de l’autre côté du pire t’attend l’Amour. Il n’y a en vérité rien à craindre. Oui, c’est la bonne nouvelle que je vous apporte.
Et puis, il y a autre chose encore. Avec cette capacité d’aimer - qui s’est agrandie vertigineusement - a grandi la capacité d’accueillir l’amour, cet amour que j’ai accueilli, que j’ai recueilli de tous mes proches, de mes amis, de tous les êtres que, depuis une vingtaine d’années, j’accompagne et qui m’accompagnent - parce qu’ils m’ont certainement plus fait grandir que je ne les ai fait grandir. Et subitement toute cette foule amoureuse, toute cette foule d’êtres qui vous portent ! Il faut partir en agonie, il faut être abattu comme un arbre pour libérer autour de soi une puissance d’amour pareille. Une vague. Une vague immense. Tous ont osé aimer, sont entrés dans cette audace d’amour.
En somme, il a fallu que la foudre me frappe pour que tous autour de moi enfin se mettent debout et osent aimer. Debout dans le courage et dans leur beauté. Oser aimer du seul amour qui mérite ce nom et du seul amour dont la mesure soit acceptable : l’amour exagéré. L’amour démesuré. L’amour immodéré.
Alors, amis, entendez ces mots que je vous dis là comme un grand appel à être vivants, à être dans la joie et à aimer immodérément. Tout est mystère.
Ma voix va maintenant lentement se taire à votre oreille ; vous me rencontrerez peut-être ces jours errant dans les couloirs car j’ai de la peine à me séparer de vous. La main sur le cœur, je m’incline devant chacun de vous "

Christiane SINGER

 

28/08/2017

Soutenir un blogueur de Médiapart mis en procès par AREVA

 

En soutien à Jean-Jacques MU, blogueur et éditeur http://www.abceditions.net/, qui passe au tribunal le 12 septembre, attaqué par AREVA, pour avoir exercé son droit à l'expression, voir article ici :
 
AREVA attaque la liberté de la presse en s’en prenant à un blogueur de Médiapart
 

Un lecteur-contributeur de Médiaparti est poursuivi par AREVAii devant la 17° chambre correctionnelle de Paris le 12 septembre 2017 pour avoir relayé une information de notoriété publique. La liberté de la presse est menacéeiii.

1. Un lecteur-contributeur de Médiapart, Jean Jacques M’Uiv, avait relayé fin juillet 2014 une communication politique écologiste de la Coordination antinucléaire du Sud-Est (CAN-SE)v mentionnant la société AREVAvi. La société AREVA s’est constituée partie civile contre lui puis contre les antinucléaires de la CAN-SE. Les abonnés et le journal doivent se mobiliser et soutenir efficacement Jean-Jacques M'U puisque le résultat du procès affectera leur liberté d’expression.

2. Médiapart promeut un média-collaboratifvii avec ses lecteurs-contributeursviii, le partage et la promotion d’une communauté de valeurs attachée à la défense de la liberté de la presse – une branche de la liberté d’opinion et de la liberté d’expressionix. Médiapart a notamment porté le débat des lanceurs d’alertesx, de la « démocratie environnementale »xi et s’applique à dénoncer l’injustice, la corruption, … L’action de Jean-Jacques M'U s’inscrit dans ces principes du journal, les « impératifs catégoriques »xii d’un Etat de droit moderne et démocratique.

Attaquer un blogueur de Médiapart c’est attaquer la liberté de la pressexiii et le journal

3. Un blog est un organe de pressexiv et il a donc la même nature juridique que le journal Médiapart. Quiconque s’attaque à un blog du journal s’attaque donc au journal et aux principes qu’il prétend promouvoir et défendre.

4. S’attaquer au blogueur est un moyen bon marché et rapide de faire de la jurisprudence mobilisable ensuite contre les journalistes (puisqu’un blog est un organe de presse). Les opposants à la liberté d’expression ne peuvent que se féliciter de l’action d’AREVA qui les aide ainsi à progresser dans leur entreprise de décrédibilisation et de musellement de la presse.

5. Un individu isolé n’a pas les ressources d’un groupe de presse. Médiapart ne peut pas ne pas soutenir Jean-Jacques M'U sans provoquer d’interrogations dans la communauté de ses lecteurs contributeurs. La solidaritéxv n’est pas à sens uniquexvi. Une communauté est solidaire ou elle n’est pas. Une condamnation exposera nécessairement à l’avenir tous les contributeurs et le journal.

6. Le journal peut d’autant s’engager aux côtés de Jean-Jacques M'U qu’une argumentation juridique substantielle permet de critiquer la plainte et la validité de la procédure.

L’attaque contre Jean-Jacques M'U est infondée en droit et en fait.

7. C’est un abus de droitxvii dans le sens où AREVA invoque le respect d’un droit personnel pour faire échec à des droits fondamentauxxviii au mépris des informations notoires qui établissent la nocuité de son activitéxix.

8. Le nucléaire est dangereuxxx (pollution des océans et des ressources halieutiques par les barils de déchets radioactifs jetés à la merxxi, catastrophe de Tchernobyl, catastrophe de Fukushima, …). Les pollutions à l’oxyde d’uranium démontrent la dangerosité de ce métal, même en dehors de sa transformation dans le but de produire de l’énergie électrique. Reprocher à un individu de relayer des propos communément connus est manifestement infondé et donc abusif.

AREVA fait grief au principe d’égalité des armes

9. AREVA est souvent mis en cause publiquementxxii et n’a jamais contesté les informationsxxiii ni attaqués la pressexxiv. Il y a une contradiction à ce qu’AREVA acquiesce aux dénonciations publiques et ne s’en prenne qu’à un particulier qui relaye des informations d’intérêt généralxxv. Il y a une discrimination à poursuivre le faible et à s’en abstenir pour le fort. Ce n’est pas courageux et cela établit la disproportion de l’action d’AREVA contre Jean-Jacques M’U.

10. Qu’un grand groupe industriel puissant choisisse de s’en prendre à un particulier isolé plutôt qu’à des organes de presse signale une stratégie qui fait délibérément grief au principe d’égalité des armes et du droit à un procès équitable que l’État a l’obligation positivexxvi  de garantir : « La Convention a pour but de protéger des droits non pas théoriques ou illusoires mais concrets et effectifs » (CEDH Airey 9 octobre 1979)

L’inversion normative caractérise la plainte d’AREVA

11. L’abus de droit à invoquer une norme inférieure pour faire échec à des droits fondamentaux fait grief à la Convention européenne des droits de l’Homme. Les droits de l’Homme sont d’ordre public puisqu’ils sont l’ordre public européen et internationalxxvii.

12. Il y a dès lors inversion normative à invoquer une norme inférieur pour faire échec à des droits fondamentaux et la Cour européenne des droits de l’Homme prohibe les procédures formelles qui ont pour effet de faire échec aux droits de l’Homme.

13. Il y a une erreur juridique à accueillir la plainte d’une entreprise voulant faire prévaloir un droit personnel sur les valeurs fondamentales d’une société démocratique moderne dont le but est de garantir le bien-être généralxxviii. AREVA ne défend pas un intérêt général.

AREVA s’attaque à un défenseur des droits de l’Homme

14. Le droit à un environnement sain est un droit de l’Hommexxix. Il contribue à garantir la dignité humaine, matrice de tous les droits de l’Homme. Jean-Jacques M'U est donc un défenseur des droits de l’Hommexxx. Le droit à un environnement sain est également garanti par la Constitutionxxxi.

15. La plainte d’AREVA ne devrait pas pouvoir prospérer ainsi au mépris de la hiérarchie des normes puisqu’elle vise à faire prévaloir un intérêt particulier au mépris d’un intérêt général, de valeur normative supérieure, garanti par le droit international et le droit constitutionnel.

Le ministère public a une obligation d’impartialitéxxxii et il veille au respect de la loi, conformément au principe de la hiérarchie des normesxxxiii.

16. Jean-Jacques M'U a droit à un procès équitable et l’autorité judiciaire a l’obligation positive de le garantir. Le parquet - comme le PNFxxxiv ou celui de Brestxxxv - doit s’emparer des informations publiées sur le nucléaire et enquêter dessus ; car la pollution, l’atteinte à l’environnement, sont sanctionnées par le droit pénal. Le droit pénal protège ici un droit de l’Homme.

17. La France poursuit et condamne « le fait d'introduire dans l'atmosphère, sur le sol, dans le sous-sol, dans les aliments ou les composants alimentaires ou dans les eaux, y compris celles de la mer territoriale, une substance de nature à mettre en péril la santé de l'homme ou des animaux ou le milieu naturel »xxxvi. Ce comportement criminel – comme la fraude fiscalexxxvii - est par lui-même « terroriste » selon la définition de la Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorismexxxviii . La mise en danger de la vie d’autruixxxix et l’empoisonnementxl justifient une enquête.

18. Il y aurait une incohérence grave à voir triompher contre les évidences et la Charte de l’environnement une plainte qui fait grief à un ensemble substantiel de droits fondamentaux, au mépris des obligations positives des institutions à en garantir l’efficacité.

L’État – qui a l’obligation positive de garantir l’effectivité des droits de l’Homme - est le plaignant contre Jean-Jacques M'U !

19. L’État a d’autant plus l’obligation positive de garantir l’effectivité des droits de l’Homme qu’il peut agir directement puisqu’il est propriétairexli de la société AREVA et peut lui ordonner de se désister de la procédure.

20. L’article deux de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyenxlii pose l’obligation aux associations politiques de défendre et de garantir les « droits imprescriptibles » qui s’entendent aujourd’hui comme tous les droits de l’Homme selon l’interprétation évolutive et téléologique des de la Cour européenne des droits de l’Homme.

21. Le président de la République, le gouvernement, la majorité sont des membres d’une « association politique » dont la légitimité de l’autorité ne découle pas du vote. L’élection n’est que le mode de désignation des mandataires à qui le peuple souverain délègue l’exercice du pouvoir. L’autorité tire sa légitimité du respect des règles de la République, de la Loi, dont le but est de garantir le bien-être général et oblige donc à s’opposer aux intérêts particuliers qui veulent y faire échec.

22. La majorité, le gouvernementxliii et le président ont donc logiquement l’obligation d’ordonner à AREVA le retrait de sa plainte; puisque cette plainte fait grief aux droits de l’Homme et qu’en la laissant prospérer ils méprisent le respect du droit qui fonde les institutions et dont ils sont les gardiens. Cette abdication à leur fonction les prive de toute autorité légitime à se maintenir.

23. Les démocrates sincères des associations politiques de l’opposition interpelleront le gouvernement sur sa responsabilité dans le comportement abusif d’AREVA à l’égard de Jean-Jacques M'U au mépris des droits fondamentaux de la Républiquexliv.

24. Ce qui précède suffit à démontrer l’importance à soutenir Jean-Jacques M'U dont l’action s’inscrit pleinement dans les principes de l’appel de Médiapartxlv  :

MediaPart a besoin de vous.

Pour se faire connaître, pour sensibiliser l’opinion, pour animer la discussion.

Chacun constate la crise de la presse, mais tout le monde ne se sent pas concerné.

Chacun se lamente sur l’uniformité de l’information, mais tout le monde ne se sent pas mobilisé.

Chacun s’étonne du manque de pluralisme, mais tout le monde ne se sent pas requis.

C’est ce mur de (relative) indifférence qu’il faut nous aider à abattre.

 

L’appel à manifester le 12 septembre peut être solidaire de Jean-Jacques M'U, qui défend, lui aussi, le respect de droits fondamentaux compromis par des « investisseurs ».

 

Pour soutenir :

Jean-Jacques Masot-Urpi

6, rue du Majou

46300 Gourdon

contact soutien jjmu <contact.soutien.jjmu@gmail.com>

 

NOTES :

i Le site de Jean-Jacques M’U sur Médiapart : https://blogs.mediapart.fr/jjmu

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/patrick-cahez/blog/250817/arev...

 

 
Couverture_5__Limpossible_procès_-_page_de_couverture.jpgPour aider, on peut aussi commander notamment (il est éditeur) L'impossible procès du nucléaire - voir ici :

http://www.abceditions.net/nos-parutions/6-nos-parutions/...

MERCI pour lui et pour la liberté de la presse face aux géants comme AREVA !!!
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

11:40 Publié dans AGIR, NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

23/08/2017

États-Unis – Nouveaux OGM : armes de destruction massive ?

 

Les nouvelles techniques de modification génétique posent question en termes de sécurité. En décembre 2016, dans son rapport d’évaluation des menaces mondiales, le directeur du Renseignement national étasunien, James R. Clapper, les a classées dans la catégorie « Armes de destruction massive ». Six mois plus tard, en mai 2017, son successeur, Dan Coats, les classe parmi les technologies « émergentes et de rupture  »... et en fait la promotion.

Les techniques de modification génétique (Crispr/Cas9, méganucléases, mutagénèse par oligonucléotides…) ne font pas l’objet que d’attentions commerciales. Vantées comme bon marché et faciles à mettre en œuvre – ce qui reste très relatif –, elles inquiètent tout de même nombre d’institutions impliquées dans la « sécurité ». En France, le Conseil national consultatif sur la biosécurité publiait ainsi en février 2017 un rapport concluant notamment que la biologie de synthèse « pose la question de la possibilité de recréer de novo des microorganismes [et] (...) des virus dont la virulence et la contagiosité pourraient présenter de réels risques pour la sécurité sanitaire des populations » [1]. Aux États-Unis, on s’interroge aussi...

En 2016, les nouvelles techniques de modification génétique sont des armes de destruction massive

En 2016, James R. Clapper est le conseiller du Président des États-Unis, Barack Obama, pour les questions de sécurité nationale. À ce titre, il supervise les différentes agences de renseignement du pays et publie un rapport annuel destiné à la Commission des forces armées du Sénat des États-Unis qui liste les menaces identifiées.
En 2014 et 2015, le rapport annuel ne comporte aucune mention précise des techniques de modification génétique mais, dans l’introduction du paragraphe sur les armes de destruction massive, Clapper explique que « les technologies et matériels biologiques et chimiques [...] pénètrent facilement l’économie globalisée. [...] Les dernières découvertes en sciences de la vie diffusent également globalement et rapidement ».
Un début de réflexion qui aboutira, en 2016, à leur classement explicite comme armes de destruction massive, à l’instar du programme de développement d’armes nucléaires nord-coréen, de l’armement nucléaire chinois ou encore des armes chimiques syriennes et irakiennes. Le rapport précise que « la recherche sur [ces nouvelles techniques] effectuée par des pays ayant des normes réglementaires ou éthiques différentes de celles des pays occidentaux augmente probablement le risque de création d’agents ou de produits biologiques potentiellement dangereux. Compte tenu de la large distribution, du faible coût et du rythme accéléré de développement de cette technologie à double usage, son utilisation délibérée ou non intentionnelle pourrait entraîner des conséquences importantes sur le plan de la sécurité économique et nationale » [2].

En 2017, changement de personne... et de position

À la suite de sa démission fin 2016, James R. Clapper est remplacé en mars 2017 par Dan Coats, ancien sénateur de l’état de l’Indiana. Deux mois plus tard, en mai, le rapport annuel sur les menaces mondiales [3], signé Dan Coats, est rendu public. Et dans ce rapport, les techniques de modification génétique ne sont plus classées dans les armes de destruction massive mais parmi les « technologies émergentes et de rupture ». Et si l’auteur du rapport reconnaît qu’elles posent «  de nouvelles questions éthiques et de sécurité », il leur porte surtout un œil favorable et considère que « le développement des technologies de modification du génome accélère le rythme auquel nous pouvons développer de nouvelles approches pour aborder les défis médicaux, sanitaires, industriels, environnementaux et agricoles et révolutionner la recherche en biologie. Néanmoins, ce rapide développement et le large spectre d’utilisation devraient constituer un défi pour les gouvernements et la communauté scientifique souhaitant développer un cadre réglementaire et éthique ou des normes pour encadrer une utilisation responsable de ces technologies ».

Promouvoir les biotechnologies, Dan Coats sait faire : en mai 2013, avec 25 autres sénateurs, il demandait déjà, dans une lettre aux secrétaires d’État à l’Agriculture et au Commerce d’alors [4] que le gouvernement des États-Unis agissent contre « les barrières commerciales sur les cultures dérivées des biotechnologies qui impactent tant les agriculteurs américains que les consommateurs à l’international pour qui ils travaillent ». Pour lui, « les réglementations asynchrones, les politiques de tolérance zéro et les requis de réautorisation sont parmi les obstacles réglementaires les plus répandus et coûteux ». En clair, des refus de cargaisons étasuniennes à cause d’un OGM non autorisé dans le pays importateur, même à l’état de traces, ne devraient plus avoir lieu comme ce fut le cas en Europe avec le riz LL par exemple ou en Chine avec le maïs Viptera [5].

En novembre 2016, c’est au Président des États-Unis, Barack Obama, que le sénateur écrit [6]. Il souhaite réaffirmer la nécessité de s’assurer que « la Chine maintienne et adhère à un système d’autorisation des produits issus des biotechnologies agricoles basé sur la science ». Cette déclaration intervient dans un contexte où les États-Unis augmentent encore leur pression sur les autres pays pour ouvrir leur marché aux biotechnologies agricoles comme en témoigne la position défendue par le secrétaire d’État au Commerce, Robert Lighthizer [7]. Pour le sénateur, « quand le gouvernement chinois échoue à être transparent, à utiliser la science et à respecter ses délais de décision, cela impacte la capacité des agriculteurs [étasuniens] à avoir accès au marché chinois mais également leurs capacités à utiliser les meilleures technologies agricoles innovantes dans leur champs [aux États-Unis] ».

Considérer ces technologies comme armes de destruction massive ne colle pas avec la vision politique que défend depuis plusieurs années ce nouveau conseiller. Malgré ce « déclassement » plus que discret, le sujet continue de retenir l’attention du monde de la sécurité aux États-Unis. Fin août 2017, un rapport intermédiaire devrait sortir, émanant des Académies de sciences, visant à évaluer le changement de nature des menaces biologiques à l’ère de la biologie de synthèse. Une évaluation destinée à « assister le Programme de défense chimique et biologique du ministère étasunien de la Défense » et pour laquelle une consultation publique est en cours [8]. Inf’OGM rendra compte du contenu de ce rapport intermédiaire.
Mais on peut d’ores et déjà constater que les techniques de modification génétique posent la question d’un risque d’utilisation pour élaborer des armes. La position de Dan Coats suggère que ce risque ne doit pas remettre en question leur développement commercial. Cette confiance aveugle à pouvoir gérer ce risque laisse pantois...

Source : https://www.infogm.org/6317-etats-unis-nouveaux-ogm-armes-destruction-massive

20/08/2017

Gregory Mutombo - Terrorismes...

Les temps actuels, par leur intensité, nous obligent à réaliser de profondes prises de conscience. La principale doit nous conduire à mesurer notre responsabilité dans le déroulement et le contenu du spectacle du monde.

Les temps ne sont plus à commenter avec effroi, stupeur, colère, indignation, résignation ou sentiment d’impuissance ce qui se joue devant nous, comme si cela était séparé ou indépendant de nous, comme complètement coupé de nos scénarios intérieurs. Car, que nous l’assumions ou non, ce qui se joue devant nos yeux est le fruit de nos entrailles. Ce qui se joue devant nos yeux est l’expression manifeste de ce que nous portons et produisons individuellement et collectivement. Ce qui se joue devant nos yeux est la densification terrifiante de toutes les paroles et pensées que nous émettons, si souvent empreintes de dualité, de condamnation, de jugement, de rejet, de peur.

Si nous nous croyons étrangers à l’expression du monde, et particulièrement dans ce que nous lui trouvons de plus vil, de plus obscur, de plus violent, de plus cruel, alors nous perpétuons encore et encore l’idée que le problème vient de l’autre et, par conséquent, que la solution arrivera de l’extérieur. Si nous nous croyons étrangers à l’expression du monde, nous nous privons, de fait, de notre capacité à le faire évoluer par notre implication vibratoire collective. Quel être sur Terre a-t-il retrouvé un jour l’apaisement, lors d’un puissant accès de colère, d’angoisse ou de haine du fait qu’on lui hurle dessus, qu’on le frappe ou qu’on le condamne sans merci ? Aucun. Pourquoi continuons-nous alors à croire que cela sera possible si c’est notre voix qui crie, notre main qui maltraite ou notre conviction qui sanctionne ?

Il n’est plus temps de crier à la conspiration, au complot, plus temps de dénoncer telle prétendue manipulation, de blâmer telle dérive, de regretter tel laxisme, de chercher des explications rationnelles fondées sur l’Histoire, l’équilibre des forces ou de vagues concepts sociologiques. Il n’est plus temps de se perdre en prévisions chaotiques ni, non plus, en une sorte d’espérance infantile en l’installation progressive, comme par enchantement, d’heures plus douces.

Pour l’avoir expérimenté durant de longues années, il m’a été donné de comprendre que personne ne revient sain et sauf de la guerre. Personne. Il ne faut jamais se fier à l’absence de blessures physiques… Une partie de nous meurt toujours sur le champ de bataille. Que ce champ de bataille se situe en Centrafrique, en Afghanistan, dans le centre de Paris ou sur la Côte d’Azur. La partie de nous qui meurt est celle qui portait encore certaines croyances fondées sur les notions de bien ou de mal, sur les notions de bourreau et de victime, de vainqueurs et de vaincus. Chacune de nos intentions belliqueuses ou vengeresses, avant même qu’elle ait pris forme dans la réalité concrète, appelle dans l’immédiateté une contrepartie de même nature, émanant de celui que nous considérons comme notre adversaire. On ne combat jamais que soi-même… Jusqu’à ce que l’on dépose les armes et prenne conscience que, faute de l’un des deux combattants, la guerre s’arrête.

Les temps actuels nous amènent à laisser mourir en nous cette idée que ce qui déchire et meurtrit nos existences est la conséquence exclusive de l’ignorance, de l’obscurantisme, de la haine ou du fondamentalisme caractérisant les autres. Tant que nous ne nous reconnaitrons pas comme co-créateurs – par la peur qui nous étreint, nous enferme et nous voile – de ce qui advient en ce monde, alors nous continuerons d’assister, chaque fois plus sidérés, à la matérialisation du manque d’amour en nous.

Combattre la violence ne demande aucun courage, juste de l’inconscience. Le courage, au sens étymologique du « cœur qui agit », consiste en cette reconnaissance humble que seule la paix véritablement installée en nous peut engendrer un climat de paix autour de nous. Tout ce contre quoi nous luttons se renforce. Mettre toute notre énergie dans la riposte revient à focaliser nos efforts vers la haine et la peur. Si aucune énergie ne vient nourrir en nous l’amour, l’harmonie, la guérison, comment pourrons-nous semer autre chose que le contraire, le déni, le négatif de ce que nous sommes ?

Il est temps que l’Humanité cesse de croire que les solutions à tous ses maux sont dans l’action. Elles sont dans l’être. Quel sera le premier des puissants de ce monde à déposer son armure qui, telle une cible, attire nécessairement à elle des flèches ? Quel sera le premier des puissants de ce monde à, courageusement, manifester par sa vibration et son Verbe, l’Amour qui annihile tout ce qui est moins que lumière, plutôt que de repartir encore une fois en guerre, ainsi que cela se reproduit depuis des éons ? Les « puissants » de ce monde sont toujours à l’image des peuples qui les hissent sur leur trône.

Nous sommes responsables de la façon dont nous regardons le monde. Nos yeux sont le portail de notre âme. De la qualité de notre regard dépend l’élévation ou, au contraire, l’abaissement vibratoire de ce qui est observé. Tant que nous projetterons sur l’autre la somme de toutes nos peurs, nous le maintiendrons sous une cloche de plomb de laquelle il ne pourra s’extraire que par la violence.

L’heure est au passage de l’empathie à la compassion. L’empathie nous fait souffrir de la souffrance du monde, en la faisant grossir. La compassion est cet état qui ne nie en rien la peine ou la douleur ressentie par l’autre mais, parce que le regard porté ne l’enferme ni dans le statut de victime ni dans celui de bourreau, permet une aide véritable et d’initier un processus de libération. Si nous pleurons, par empathie, du fait de la souffrance éprouvée par autrui, nous serons tôt ou tard ceux qui sentiront monter en eux la colère, la violence ou le sentiment d’impuissance du fait de la cruauté manifestée par tel autre. Et les rôles s’inverseront, une fois de plus…

Combien de temps allons-nous perdurer dans ces archaïsmes qui ont mené l’Humanité dans sa posture actuelle ? En vérité, la décision nous revient. Elle est intérieure. Elle est notre responsabilité collective et individuelle d’êtres humains dotés de conscience.

 

    

17/08/2017

Le neveu d’Amérique de Luis Sepúlveda

 

Métailié, mai 2017, parution en poche du livre paru en 1996

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174 pages, 9 €.

 

 

Des notes disséminées, prises au cours d’un voyage, un très long voyage étalé sur des années, voyage intérieur autant que de kms parcourus, qui mena l’auteur d’une des plus infâmes prisons de la dictature chilienne, celle de Temuco, où il passera deux années et demi de sa jeunesse, jusqu’à Martos en Andalousie, village natal de son grand-père anarchiste, exilé lui aussi, afin de tenir une promesse faite à ce dernier. Pour cela, il lui faudra errer à travers une bonne partie de l’Amérique du sud pendant très longtemps. Errance épique avec le poids de cette interdiction de quitter le continent, le poids d’une seule stupide et incompréhensible lettre qui marque son passeport.

 

Une vieille chanson chilienne dit : « Le chemin a deux bouts et aux deux quelqu’un m’attend. » L’ennui c’est que ces deux bouts ne limitent pas un chemin rectiligne, mais tout en courbes, lacets, ornières et détours, qui ne conduisent nulle part.

 

Morceaux d’errance qui rassemblés sur le papier deviennent un récit d’aventures. Sepúlveda est un conteur magnifique qui sait aller au cœur du lecteur, il a ce talent de raconter les paysages et les humains avec autant d’humour que d’amour. Et sur sa route, nombreuses ont été les rencontres fortes, de celles qui ne s’oublient pas et qui lui ont appris l’humanité, celle des autres et la sienne.

 

La Patagonie, région où à partir de 1976 la dictature a commencé à reléguer les prisonniers politiques, tient une place très particulière dans le cœur de Luis Sepúlveda. Il finira par y retourner avec bonheur plus tard, sur les traces de Butch Cassidy et Sundance Kid, en hommage à Bruce Chatwin qui a tiré son chapeau avant qu’ils ne puissent faire ce voyage ensemble, comme ils l’avaient imaginé dans un bar de Barcelone, vu que cela a pris de très nombreuses années avant que Sepúlveda obtienne le droit de revenir au Chili.

 

En Patagonie, pays des extrêmes, tout le monde semble avoir un talent de conteur, qui se révèle entre autre dans un étonnant concours de mensonges.

 

Sur cette terre nous mentons pour être heureux. Mais personne ici ne confond mensonge et duperie.

 

Des rencontres et des amitiés qui donnent la force d’avancer et de préserver envers et contre tout la dignité. Des notes pour arrêter les eaux de l’oubli, titre d’un livre de Taibo I et qui ont voyagé avec l’auteur pendant très longtemps avant de devenir pour le lecteur, un cadeau inestimable.

 

Cathy Garcia

 

 

1003028-prodlibe-luis-sepulveda.jpgLuis Sepúlveda est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. 1975 : il a vingt-quatre ans lorsque, militant à l’Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d’office, est un lieutenant de l’armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques. Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d’exil en Suède. Il n’ira jamais, s’arrêtant à l’escale argentine du vol. Sepúlveda va arpenter l’Amérique latine : Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n’abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l’impact des colonisations, engagement aux côté des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979. Il devient aussi reporter, sans abandonner la création : en Équateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l’Alliance française. Il arrive en Europe, en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace. Son œuvre, fortement marquée donc par l'engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.

 

12/08/2017

L’été des noyés de John Burnside

 

traduit de l’anglais (Écosse) par Catherine Richard.

Ed Métailié, mai 2017, parution en poche du roman publié en 2014.

 

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330 pages, 12 euros.

 

 

L’été des noyés démarre comme un thriller, dans une atmosphère déjà très particulière, puisque se déroulant à Kvaløya, une île tout au nord de la Norvège, dans le cercle arctique dont l’été est propice aux insomnies et aux hallucinations, avec son jour quasi permanent - le fameux soleil de minuit. Très vite cependant, l’auteur nous faire basculer nous-mêmes dans un sorte de torpeur, entre rêve et cauchemar. Nous tombons dans la tête de Liv, la narratrice, un peu comme Alice tombe dans le trou en suivant le lapin blanc. Ici le lapin blanc, c’est le lieu lui-même. Cette île coupée du monde, ce nulle part. C’est là que Liv, jeune fille de 18 ans, vit en permanence avec sa mère, Angelika Rossdal, peintre célèbre qui a choisi pour travailler, une vie de recluse dans cette grande maison de bois peinte en gris, au cœur de laquelle son atelier fait figure de sanctuaire. Ce qui ne l’empêche pas de recevoir des journalistes ou un groupe d’admirateurs locaux, les prétendants, comme les appelle Liv, pour un thé chaque samedi. Liv qui vient de terminer sa scolarité, ne semble pas souffrir de cette vie isolée et n’a pas de projets. Elle ne connait pas son père et elle a un seul ami, un vieil homme qui ne vit pas très loin et qui la nourrit d’histoires et de légendes liées à ces lieux, eux-mêmes déjà assez irréels. Il lui parle notamment de la huldra, une créature en réalité plutôt affreuse, apparaissant sous la forme d’une très belle jeune femme vêtue de rouge, qui entraîne les jeunes gens sur des chemins mortels. Aussi quand les premiers noyés sèment le trouble dans la minuscule communauté de l’île, Kyrre le vieil ami de Liv, y voit plus qu’un drame inexpliqué. Et puis il y a Maia, cette fille bizarre, paumée, qui semble liée aux noyades et qui commence à hanter de façon malsaine l’esprit de Liv. Surtout depuis que celle-ci semble avoir noué une relation intime avec Martin Crosbie, un de ces estivants qui louent chaque année la petite hytte - une cabane en bord de grève du vieux Kyrre, pour goûter à l’expérience d’un été arctique loin de tout. Sauf que Martin Crosbie n’est pas un vacancier comme les autres, semble t-il.

 

La particularité de ce roman, outre le sujet et le lieu où il prend place, c’est que l’auteur nous plonge vraiment dans la tête de Liv et que c’est plutôt tortueux là-dedans. La jeune fille tend à ressasser mentalement d’innombrables questionnements, avec une acuité hypertrophiée de sensations entrecoupées d’espaces qui semblent aussi vides que les prairies qui s’étendent à perte de vue, après le jardin et le bois de bouleaux qui entourent la maison. Espaces dans lesquels elle-même bascule, visions et sensations se confondent et une sourde angoisse peut se transformer à tout moment en accès de panique.

 

Il ne faudrait pas trop en révéler, car ce roman est une expérience qu’il faut tenter soi-même. Il se peut qu’on la trouve désagréable ou qu’au contraire on se sente aspiré avec l’impossibilité de s’en arracher. Poétique, halluciné, dérangeant, étouffant même, ce roman est comme un champignon vénéneux que l’on aurait gobé par mégarde.

 

Y’a-t-il vraiment quelque chose de surnaturel dans les disparitions qui s’enchainent ? Serait-ce «  la trouée dans l’étoffe du monde par laquelle ceux qui condamnent les vieilles légendes, ne peuvent éviter de disparaître », qu’ils y croient ou pas ? Où est-ce que nous sommes entrainés par l’imagination exacerbée d’une jeune fille trop solitaire, agitée par le souffle de Bieggaålmaj, l’ancien dieu du vent sami ?

 

« Car ce vent, cet esprit avait une mémoire éternelle, qui dépassait le lieu, le temps et les saisons ».

 

La narratrice n’a jamais quitté cette grande maison perdue, c’est de là qu’elle raconte l’histoire de cet été si particulier, l’été des noyés, qui a probablement déterminé le reste de sa vie. Liv est comme habitée d’une nostalgie d’un monde très ancien, plus ancien que les humains et les légendes seraient « les chemins, sinueux et accidentés, vers cette époque et d’une certaine manière, jonchant ça et là la trame de l’histoire, les souvenirs d’un lieu que nous n’avons jamais vu. »

 

« C’est l’idée d’un inimaginable Avant. » Quand le monde était seulement peuplé d’arbres, de bêtes et d’esprits. Aussi la narratrice, si elle évite de parler de ces choses aux vivants, s’est–elle habituée au fait que dans sa maison, il y ait « des ombres dans les plis de toutes les couvertures, des frémissements imperceptibles dans le moindre verre d’eau ou bol de crème posé sur une table – et, certains jours, de minuscules, presque infimes poches d’apocalypse dans l’étoffe de ce monde, prêtes à crever » et à la surprendre où qu’elle soit.

 

Cathy Garcia

 

 

 

burnside-324.pngJohn Burnside a reçu le Forward Poetry Prizes 2011, principale récompense destinée aux poètes en Grande-Bretagne. John Burnside est né le 19 mars 1955 dans le Fife, en Écosse, où il vit actuellement. Il a étudié au collège des Arts et Technologies de Cambridge. Membre honoraire de l’Université de Dundee, il enseigne aujourd’hui la littérature à l’université de Saint Andrews. Poète reconnu, il a reçu en 2000 le prix Whitbread de poésie. Il est l’auteur des romans La Maison muette, Une vie nulle part, Les Empreintes du diable et d'un récit autobiographique, Un mensonge sur mon père. John Burnside est lauréat de The Petrarca Awards 2011, l'un des plus prestigieux prix littéraire en Allemagne.

 

 

 

05/08/2017

Civilisé de Walter Ruhlmann

 

Urtica, juillet 2017

 

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42 pages, 7 € (port inclus).

 

 

 

La tendreté est un mot de boucher

 

Civilisé est à prendre à rebrousse-poil, car ce terme prend ici une connotation péjorative. Walter Ruhlmann nous livre un recueil sans concession, sombre, parfois brutal et désespéré.

 

J’écrase les mégots dans des tasses de thé,

je sens le gaz souffler à mes narines,

un air marin de pacotille.

 

Éros et Thanatos se livrent à une danse plutôt macabre et c’est Thanatos qui mène. Civilisé fait partie de ces recueils qu’il est bon pour un auteur de cracher, le genre de crachat qu’on balancerait à son reflet dans la glace, un reflet que l’on a du mal à supporter. Éros ici est dénudé de ses rêves et parures, le reflet dans la glace est sans pitié, reste alors le sexe et la mort, et quand même le sexe a un goût trop amer, reste la mort qui nous dévisage. Civilisé, c’est déjà mourir à son être le plus profond, c’est peut-être le trahir. Walter Ruhlmann se dévisage lui-même ici, se débite même, corps tout entier, sucs et tripes. Un regard impitoyable qui englobe ses semblables et dissemblables.

 

Elle navigue en radeau sur des rivières d’éthers,

des lacs de méthadone brûlée,

des ruisseaux de lisiers.

 

Le glauque, l’infâme hantent ces pages, et la mort du père est une blessure qui demeure à vif.

 

Père

j’écris depuis le sac

enfermé comme un chat

prêt à être noyé

 

Le corps se délite et la peur, la douleur, deviennent rage.

 

J’aurais besoin de profondeurs,

De ces abysses incommensurables :

Les trous béants, les failles sans fond,

Les caves ouvertes comme des bouches prêtes à sucer.

 

(…)

Superficie douteuse, superficiel je suis,

les profondeurs me recrachent, elles me vomissent

 

Walter Ruhlmann comme le figure l’illustration de Norman J. Olson en couverture, se livre nu, plus encore, il nous déroule ses entrailles, matière et odeur et comme le hurle le titre du dernier poème « Tu pue sapiens ». Il y a pourtant comme une quête sous-jacente dans ce recueil, une quête de pureté sans avoir besoin de se trahir, pureté que l’auteur va chercher dans un passé mythique personnel où les princes auraient des ailes, mais toute histoire a une chute, tout nous ramène au sol et le sol à la pourriture. Difficile de trouver une rédemption à la condition humaine, le civilisé n’a jamais eu cette innocence originelle où les anges ne salissent pas leurs ailes et où la chair ne serait pas corruptible. Civilisé cherche à tâtons dans le noir, la moiteur, la profusion des corps, sa nature perdue et ce jusqu’à l’excès et la turpitude.

 

J’ai passé tant de nuits à baiser,

sucer des queues tendues,

caresser des peaux ternes, des poils gris

 

(…)

Un hôtel sans limite

le ciel seul comme frontière

 

(…)

Et j’attendais mon tour

le cul dressé à plaire

 

La nature qui elle-même dans ce recueil nous renvoie souvent une image sombre et abjecte.

 

Chacals, vautours, freux, scolopendres

tous viendront goûter à ma viande

 

Civilisé veut dire mentir et c’est de ce mensonge obligé que suppure la haine de soi. Ici les mots deviennent des armes de vérité, pour dire ce qui ne se dit pas, pour dire ce que le civilisé est censé taire.

 

Inspirer la fumée par tous tes orifices,

le cul branché en permanence sur les fourmilières chatoyantes

chatouillé des cuisses à la nuque

anus gonflé par les piqûre d’insectes,

ou par la bite de tes contemporains :

vas te faire enculer.

 

Il y a de la noirceur, de la lucidité et aussi beaucoup de tristesse dans ce recueil.

 

Tu ne détestes rien, tu aimes ce qui vient,

tu n’es qu’un trou de plus

avalant les ruisseaux gras,

goûtant leurs flots infâmes

 

Mais on ne peut s’empêcher de voir au-delà de cette obscurité, car la force qui habite ce recueil est de celle qui sait crever les ténèbres.

 

 

Cathy Garcia

 

 

 

Walter.jpgWalter Ruhlmann enseigne l’anglais. Il a dirigé mgversion2>datura de 1996 à 2017 et les éditions mgv2>publishing de 2008 à 2017. Walter est l’auteur de recueils de poèmes en français et en anglais et a publié des poèmes et des nouvelles dans diverses revues dans le monde entier. Son blog : http://thenightorchid.blogspot.fr. Certains des textes de Civilisé sont parus dans Axolotl, Le capital des mots, Journal de mes paysages, Mes paysages écrits, Libellé, Le livre à disparaître, Microbe, Mots à maux, Nouveaux délits, Traction-Brabant & mgversion2>datura.