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14/01/2009

Un appel à faire dérailler le Terrorisme Alimentaire qui sabote la Biosphère!

Suite à mon mail précédent, intitulé "Kokopelli l'Insurgé", je souhaite rappeler que "Dans les cosmogonies Amérindiennes, Kokopelli est bien sûr le Semeur, le Joueur de Flûte, mais il est aussi le Shaman, le Farceur, le Vagabond, le Troubadour, le Colporteur, le Dissident, l’Hérétique, et le Séducteur."

L'Association Kokopelli existe toujours parce que le peuple nous a soutenus contre la Terreur d'Etat qui nous aurait sinon impitoyablement écrasés. Nous avons appris aujourd'hui que le Ministère de l'Agriculture a interdit au Potager du Roi (Château de Versailles) de commander des semences chez Kokopelli (ce qu'ils faisaient depuis un grand nombre d'années). Est-ce une nouvelle version du néo-libéralisme? Le Ministère de l'Agriculture va-t-il envoyer une missive à toutes les municipalités petites et grandes, à tous les jardins municipaux et botaniques, à tous les parcs régionaux, pour leur interdire de commander des semences chez Kokopelli? Les collectivités publiques auront-elles Monsanto comme fournisseur agréé et certifié conforme?

Cela fait plus de dix années que nous sommes harcelés par la mafia semencière et par leurs valets d'Etat. Parce que nous vendons des graines de tomates? Peut-être, mais surtout parce que nous promouvons des dynamiques d'autonomie: le jardinage familial, l'agro-écologie, la production autonome de semences, le soutien aux paysans du Tiers-Monde.

N'est-ce pas, en fait, cette promotion des Autonomies, en commençant par le jardin potager, que les Autorités reprochent réellement aux "Jeunes de Tarnac", (et à toute une "mouvance" qualifiée "d'anarcho-autonome" ou "d'ultra" afin de détourner l'attention de la crise qui se profile) ? A la question posée par le journal Libération (11 décembre) : "Comment s'expriment leurs velléités terroristes?", le contrôleur général Christian Chaboud, responsable de la lutte antiterroriste, a répondu : "De par leur attitude et leur mode de vie."

L'autonomie serait la preuve d'une tendance au sabotage et au terrorisme? Pathétique.

Une certaine presse s'est offert le luxe de grands titres lors de l'arrestation musclée des neuf jeunes de Tarnac accompagnée libéralement de télé-réalité. Cette même presse a quelque peu omis de "couvrir" la libération de sept d'entre eux avec les mêmes grands titres. Deux restent en prison: Julien Coupat et Yildune Levy. Je vous invite à consulter l'article publié en ce jour dans l'édition informatique du journal "le Monde" par le philosophe Michel Terestchenko "Non à la banalisation des législations d'exception!". Est-ce normal "que la nuit, toutes les deux heures, la lumière s'allume dans la cellule d'Yldune Lévy"? Est-ce normal qu'elle n'ait toujours pas été entendue par un juge d'instruction après 6 semaines d'incarcération? (Il est vrai que les juges d'instruction seraient sur un siège éjectable. Pour que peut-être l'Etat jouisse d'un peu plus d'Autonomie?)

Sont-ce les "dommages collatéraux" de la lutte anti-terroriste? Mais qui sont les vrais terroristes? Qui sont les vrais saboteurs? Ne sommes-nous pas confrontés à une gigantesque entreprise de sabotage à l'échelle planétaire? La biosphère est en train d'agoniser: pollution et érosion des sols, désertification, éradication de la biodiversité, cancérisation de l'humanité... Le principal coupable est l'agriculture chimique, mortifère et cancérigène. Le principal Terrorisme est Alimentaire: il permet de contrôler les peuples, il a été mis en place, depuis 1945, par les multinationales de l'agro-chimie et de la semence et par tous leurs complices dans certaines hautes administrations des pays Occidentaux.

Le manifeste "L'Insurrection qui vient" ne serait-il pas le cri de désespoir d'une certaine jeunesse face à l'autisme des Autorités sous le contrôle total de ces multinationales et de quelques empires financiers et économiques?

Ces multinationales continuent de s'organiser pour s'assurer du contrôle total de la planète et nous remercions tous ceux qui nous ont amené des informations concernant la nature et les agissements du MOMAGRI suite à mon appel à la vigilance. Le MOMAGRI est un "comité bien visible": ne le perdons pas de vue! Par contre, ses finalités réelles ne sont pas tout autant visibles.

Le MOMAGRI, le "Nouvel Ordre Mondial de l'Agriculture", c'est la recette assurée d'un nouveau TGV, un "Terrorisme à Grande Vitesse". Le nec plus Ultra du Terrorisme Alimentaire, une solution certaine pour la Fin dans le Monde.

Alors, non, je ne soutiens pas des saboteurs de TGV mais par contre, je dénonce les saboteurs de ce permanent "Terrorisme Alimentaire à Grande Vitesse".

Je ne promeus ni la violence (qui reste bien évidemment l'apanage "légal" des dominateurs), ni la non-violence. Mais une question reste entière: A quoi cela mène-t-il les tolérants de tolérer les intolérants? Que chacun tire les leçons du passé.

J'ai pu lire aujourd'hui que je détournais les fondements de Kokopelli, une association "distribuant des produits à l'ancienne"! Cela fait plus de dix années que je crie haut et fort qu'il ne sert à rien de protéger la biodiversité alimentaire si nous n'avons pas la liberté sociale de l'utiliser. Kokopelli n'est pas tourné vers le passé mais vers le futur. Au coeur de cette extinction d'envergure planétaire, nous voulons préserver des semences pour les oasis du futur, il est vrai, mais nous avons surtout à coeur de lutter pour conserver la liberté sociale de les jardiner et de les jardiner en agro-écologie.

Au risque de me répéter une énième fois, je réitère la question de Roger Heim en 1965, alors directeur du Muséum d'Histoire Naturelle et président de l'Académie des Sciences: «On arrête les “gangsters”, on tire sur les auteurs de “hold-up”, on guillotine les assassins, on fusille les despotes - ou prétendus tels - mais qui mettra en prison les empoisonneurs publics instillant chaque jour les produits que la chimie de synthèse livre à leurs profits et à leurs imprudences?» Roger Heim avait préfacé l'ouvrage de Rachel Carson "Le Printemps Silencieux" qui dénonçait déjà en 1962 les incroyables méfaits de l'agro-chimie.

Qui mettra en prison les empoisonneurs publics?

Et au risque que d'aucuns m'accusent encore de mélange de genres, je réitère ce que j'ai exprimé dans mon article "Kokopelli, un joueur de flûte enchantée dans le Rêve de Gaïa": nous sommes spoliés par une confiscation systématique des plantes alimentaires, des plantes médicinales, des plantes sauvages, des plantes shamaniques, des extraits fermentés, du stevia, etc.

Et j'appelle à une Insurrection totale contre cette interdiction d'accès aux richesses de la biosphère.

Et j'appelle à la révolte des peuples contre cette Terreur d'Etat insidieuse qui nous pourrit la Vie.

Et je refuse de me calfeutrer dans le camp de ceux "qui ont les mains blanches mais qui n'ont pas de mains", comme le chantait le poète.

Kokopelli-ment vôtre. Dominique Guillet.


"De quel droit les Etats Occidentaux se mêlent-ils de légiférer et de criminaliser l’accès aux richesses de la biosphère, aux dons de la Terre Mère? Qu’attendent les peuples pour se révolter contre l’interdiction de concocter un extrait d’ortie ou de prêle pour soigner les légumes de leur jardin, contre l’interdiction de sucrer leur tisane avec du Stevia, contre l’interdiction de cueillir des champignons dans les prés à l’automne, contre l’interdiction de donner ou d’échanger des anciennes variétés de blés, de tomates, de maïs ou de courges? Nous exigeons un accès libre à toutes les richesses de la biosphère Gaïenne, à tous les dons de la Terre Mère. Maintenant. Et sans exception.

L’humanité est maintenant confrontée à un choix décisif: sombrer dans un esclavagisme chimique de synthèse, virtuel et artificiel (le véritable “enfer de la drogue”) ou se révolter pour recouvrer son droit inaliénable d’avoir recours aux plantes sauvages, aux plantes médicinales, aux plantes shamaniques et aux plantes alimentaires, le fruit de milliers d’années de co-évolution avec la biosphère. De ce choix dépend la survie de l’humanité, et d’une grande partie de la biosphère. Quant à Gaïa, une perle bleue sertie dans un univers de 135 milliards de galaxies, elle en a vu d’autres en 4350 millions d’années!"


Le site de Kokopelli: http://www.kokopelli.asso.fr/

23/12/2008

INVITATION AU PREMIER FESTIVAL INTERNATIONAL DE POESIE DE RESISTANCE

PREMIER MESSAGE D'INVITATION AU PREMIER FESTIVAL INTERNATIONAL DE POÉSIE DE RÉSISTANCE
 
EN HOMMAGE AUX CINQ CUBAINS
 
combattants anti-terroristes actuellement emprisonnés aux États-Unis
 
Le Comité coordonnateur du Premier festival international de poésie de résistance lance le présent appel aux organisations (syndicats, associations, groupes ethnoculturels, entre autres) et aux personnes intéressées à s'unir pour célébrer la résistance face à l'injustice sous ses multiples formes. Le Comité demande à toutes les organisations de participer à ce Festival qui vise à promouvoir la justice pour les dépossédés et les sans voix, la défense de l'environnement et l'édification d'un monde de Paix et de Justice.
 
Nous lançons cet appel pour promouvoir l'opposition à une culture de guerre, de violence et de cupidité, et pour mettre fin au racisme et à la discrimination.
 
Le Festival coïncide avec le «Mois de la poésie», qui sera célébré au Canada et dans le monde entier. Il encouragera la participation populaire aux processus de création visant à exprimer la vie, les besoins et les rêves du monde ordinaire et de leurs communautés. Nous ferons en sorte que ce festival soit un lieu où les différences culturelles nous enrichiront et où nous pourrons créer sans devoir entrer en compétition.
 
Par des poèmes, des présentations sur scène, des films, des productions visuelles, des signes, des sons et de la musique, des chants cérémoniaux, des mythes, des récits, des événements publics, entre autres, nous voulons participer au mouvement mondial des peuples qui ont choisi la poésie et d'autres formes créatives d'expression comme moyen de résistance à la mondialisation. Nous invitons toutes les personnes intéressées à participer à ce rêve, à cette voix et à cette initiative collective pour bâtir un monde meilleur.
 
Nous encourageons la représentation et la participation de toutes les communautés et les personnes des différentes régions de Toronto, de la province et du pays. Chacune d'elles a un rôle à jouer dans le cadre de ce projet parce que chacune a une riche tradition de poésie en matière de résistance. En présentant des activités au cours du Festival, les communautés pourront se connaître entre elles et partager leurs objectifs communs de paix et de résistance aux injustices.
 
Déclaration de principes :
 
 
Nous, organisatrices/eurs du Festival, croyons que la solidarité internationale peut engendrer un développement culturel contribuant à bâtir un monde de paix. Nous croyons que la diversité de notre planète doit être partagée et célébrée par les peuples plutôt que d'être marginalisée ou détruite par la cupidité d'une minorité d'individus. Nous croyons que la diversité joue un rôle crucial dans le développement de l'autodétermination créative, au niveau individuel, communautaire et mondial.
 
Nous croyons que cette solidarité peut conduire au triomphe de la justice et à la libération des Cinq Cubains emprisonnés aux États-Unis. Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Ramón Labanino, René González et Fernando González sont en prison parce qu'ils ont essayé de mettre fin aux attentats terroristes organisés au sud de la Floride contre Cuba. Ils en sont maintenant à la dixième année de détention en tant que prisonniers politiques aux États-Unis. Ce Festival leur rend hommage en tant que symboles de courage, de dignité et de la lutte mondiale pour une paix accompagnée de justice.
 
Des personnalités connues, entre autres des récipiendaires du prix Nobel et des parlementaires de plusieurs pays, dont le Canada, ont déjà appuyé publiquement la pétition exigeant la libération des Cinq Cubains. Vous trouverez à la fin de cet Appel la liste de leurs noms.
 
 
Suggestions sur le mode d'inscription :
 
1) Entrez en contact avec des communautés, des organisations, des sociétés et des personnes et invitez-les à participer au Festival conformément à ses objectifs;
 
2) Présentez-leur une brève description de la forme, du contenu et de l'endroit de la présentation que vous présenterez à la Semaine de la poésie de Résistance. Informez les organisatrices/eurs du résumé de l'événement ou des événements planifié(s), et contactez:
 
- Lisa Makarchuk - courriel : lisamakarchuk@sympatico.ca Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir / Tél. : 416 603 9858; ou
 
- María Elena Mesa Mejía - courriel : m_e_mesa@yahoo.ca Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir
 
3) Nous comptons publier le programme du Festival. Il contiendra des descriptions assez détaillées mais succinctes des principaux événements, des informations sur le cas des Cinq Cubains, des informations générales, de la publicité, entre autres. Ce programme serait un bon moyen de faire connaître votre groupe ou organisation au niveau local, national et international.
 
4) Nous comptons organiser des activités représentant différentes communautés et groupes dans votre ville et dans la région l'entourant. Des poètes venus de d'autres pays pourront participer à ces activités. Un jury international choisira une série de poésies présentées au Festival pour qu'elles soient publiées. Nous comptons également publier une anthologie de certains poèmes en hommage au Festival.
 
Comité coordonnateur :
 
 
Carlos Angulo Rivas - Klyde Broox – Sirseirupe Carvajales – Keith Ellis - Arnold Itwaru - Natasha Ksonzek - Lisa Makarchuk – María Elena Mesa Mejía – Oscar Ordonez - Charles Roach – Modaira Rubio (Venezuela) - Frank Saptel
 
Courriel : resistancepoetryfest@gmail.com Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir - Tél. : (416) 603 9858
 
 

18/12/2008

Et en Grèce ?

Source : http://emeutes.wordpress.com/

DECLARATION DE L’ASSEMBLEE GENERALE DES TRAVAILLEURS INSURGES D'ATHENES
Depuis le bâtiment libéré de la GSEE - mercredi 17 décembre 2008 

Nous déterminerons notre histoire nous-mêmes ou nous la laisserons être déterminée sans nous.

Nous, travailleurs manuels, employés, chômeurs , intérimaires et
précaires, natifs d'ici ou immigrés, ne sommes pas des téléspectateurs
passifs. Depuis le meurtre d’Alexandros Grigoropoulos samedi soir,
nous participons aux manifestations, aux affrontements avec la police,
aux occupations du centre ville comme des alentours. Nous avons 
maintes et maintes fois dû abandonner le travail et nos obligations
quotidiennes pour prendre les rues avec les lycéens, les étudiants et les
autres prolétaires dans cette lutte.

NOUS AVONS DECIDE D’OCCUPER LE BATIMENT DE LA CONFEDERATON GENERALE DES TRAVAILLEURS EN GRECE (GSEE)

Pour le transformer en un espace de libre expression et un point de rendez-vous pour les travailleurs,

Pour dissiper les mythes encouragés par les médias sur l’absence
de travailleurs dans les affrontements, mythes selon lesquels la rage de ces derniers jours
ne serait que l’œuvre de quelques 500 « cagoulés » (koukoyloforon), 
«hooligans », ou autres histoires farfelues, alors que dans les
journaux télévisés les travailleurs sont présentés comme des victimes
de ces affrontements, et alors que la crise capitaliste en Grèce et
dans le monde mène à d'innombrables licenciements que les médias et
leurs dirigeants considèrent comme un « phénomène naturel ».

Pour démasquer le rôle honteux de la bureaucratie syndicale dans le
travail de sape contre l’insurrection, mais aussi son rôle honteux
en général. La Confédération Générale des Travailleurs en Grèce (GSEE)
et toute l’intégralité de la machinerie syndicale qui la soutient
depuis des dizaines et des dizaines d’années, sape les luttes, négocie
notre force de travail contre des miettes, perpétue le système
d’exploitation et d’esclavage salarié. L’attitude de la GSEE mercredi
dernier parle d’elle même : la GSEE a annulé la manifestation des
grévistes pourtant programmée, se rabattant précipitamment sur un bref
rassemblement place Syntagma, tout en s’assurant simultanément
que les participants se disperseraient très vite, de peur que le 
le virus de l’insurrection ne les infecte.

Pour ouvrir cet espace pour la première fois, comme une
continuation de l’ouverture sociale créée par l’insurrection elle-même,
espace qui a été construit avec notre contribution mais dont nous avons
été jusqu’ici exclus. Pendant toute ces années nous avons confié notre
destin à des sauveurs de toute nature et avons fini par perdre
notre dignité. Comme travailleurs, nous devons commencer à assumer nos
responsabilités et cesser de faire reposer nos espoirs en des
leaders « sages » ou en des représentants « compétents ». Nous devons
commencer à parler de notre propre voix, nous rencontrer, discuter,
décider et agir par nous même contre les attaques généralisées que
nous endurons. La création de collectifs de résistance « de base » est
la seule solution.

Pour propager l’idée de l’auto-organisation et de la solidarité sur
les lieux de travail, de la méthode des comités de lutte et des
collectifs de base, et abolir les bureaucraties syndicales.

Pendant toutes ces années nous avons gobé la misère, la résignation et
la violence au travail. Nous nous sommes habitués à compter nos blessés
et nos morts - les soit disant « accidents du travail ». Nous nous
sommes habitués à ignorer que les immigrés - nos frères de classe -
étaient tués. Nous sommes fatigués de vivre avec l’anxiété de devoir
assurer notre salaire, de pouvoir payer nos impôts et de se garantir
une retraite qui ressemble maintenant à un rêve lointain.

De même que nous luttons pour ne pas abandonner nos vies dans les
mains des patrons et des représentants syndicaux, de même nous
n’abandonnerons pas dans les mains de l’Etat et de ses mécanismes 
juridiques les insurgés arrêtés .

LIBERATION IMMEDIATE DES DETENUS

RETRAIT DES CHARGES CONTRE LES INTERPELLES

AUTO-ORGANISATION DES TRAVAILLEURS

GREVE GENERALE

ASSEMBLEE GENERALE DES TRAVAILLEURS DANS LES BATIMENTS LIBERES DE LA GSEE Mercredi 17 décembre à 18 heures

L’assemblée générale des travailleurs insurgés
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http://athens.indymedia.org/front.php3?lang=el&articl...
17 DECEMBRE 2008

A PROPOS DE L'INTERRUPTION, PAR DES PROTESTATAIRES, DE LA DIFFUSION DE LA CHAINE NATIONALE GRECQUE LE 16 DEC 2008 A 15H10

Notre action est une réponse aux pressions accumulées qui ravagent nos vies, et pas simplement un enflammement sentimental lié au meutre de Alexandros Grigoropoulos par la police grecque.

Nous ne sommes qu'une des organisations spontanées qui participent à la révolte sociale en cours.

En un geste symbolique pour éviter que les médias ne nous subjuguent, nous les citoyens civils, nous interrompons la diffusion de la chaîne nationale grecque (NET). Nous pensons que les médias cultivent systématiquement un climat de peur, nous vendent de la désinformation pour de l'information, et dépeignent un soulèvement aux multiples facettes comme une flambée de violence inconsidérée.

L'explosion de troubles civils est expliquée en termes criminels plutôt que politiques. Sélectivement, des évènements cruciaux sont balayés sous le tapis. Le soulèvement est servi comme un divertissement, quelque chose à regarder avant qu'un autre feuilleton n'arrive. Les médias servent à supprimer toute pensée libre et originale dans  notre vie quotidienne. 

Organisons-nous nous-mêmes. Aucune autorité n'apportera de solution à nos problèmes. Rassemblons-nous et organisons nos espaces publics -rues, squares, parcs et écoles- en zones de libre expression et de communication. Rassemblons-nous, face à face, côté à côte, pour exprimer notre cause et le cours de notre action en une chose commune.

Surmontons notre peur, éteignons nos télés, sortons de nos maisons, continuons à faire valoir nos droits, et prenons nos vies en main.

Nous condamnons la violence policière et appelons à la libération immédiate de tous les protestataires emprisonnés.

Nous sommes pour l'émancipation, la dignité humaine et la liberté.
http://www.youtube.com/watch?v=xeWKwQ4iHsE
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Lettre ouverte des travailleurs d’Athènes à ses étudiants, dans le contexte des bouleversements sociaux qui ont suivi l’assassinat policier d’un jeune garçon.
17 decembre 2008

Notre différence d’âge et l’éloignement rendent difficile la discussion dans la rue; c’est pourquoi nous vous envoyons cette lettre.

La plupart d’entre nous ne sont pas (pour l’instant) devenus chauves ou bedonnants. Nous avons fait partie du mouvement de 1990-1991, dont vous avez dû entendre parler. A l’époque et alors que nous occupions nos écoles depuis 30/35 jours, les fascistes tuèrent un enseignant parce qu’il avait outrepassé son rôle (qui est d’être un gardien) et qu’il avait rejoint le mouvement adverse; il nous avait rejoint dans notre combat. Alors même les plus forts d’entre nous rejoignèrent la rue et ses émeutes. Pourtant, à l’époque, nous n’envisagions même pas ce que vous faites si facilement aujourd’hui : attaquer les commissariats (bien que nous chantions : “Brûlons les commissariats !”…).

Vous avez donc été plus loin que nous, comme il arrive toujours au cours de l’histoire. Bien sûr, les conditions sont différentes. Dans les années 90, ils nous firent miroiter des perspectives de succès personnel et certains d’entre nous y crûrent. Maintenant plus personne ne peut croire leurs contes de fées. Vos grands frères nous l’ont prouvé durant le mouvement étudiant 2006/2007; à votre tour, vous leur rédégueulez en pleine face leurs contes de fées.

Jusqu’ici tout va bien.

Maintenant les questions intéressantes mais difficiles vont apparaître.

Nous allons vous dire ce que nous avons appris de nos combats et de nos défaites (parce qu’aussi longtemps que ce monde ne sera pas le nôtre, nous serons toujours les vaincus) et vous pourrez vous servir comme vous le souhaitez de ce que nous avons appris :

Ne restez pas seuls; faites appel à nous ; contactez autant de personnes que possible. Nous ne savons pas comment vous pouvez le faire, mais vous y arriverez certainement. Vous avez déjà occupé vos écoles et vous nous dites que la raison la plus importante est que vous n’aimez pas vos écoles. Impeccable. Maintenant que vous les occupez, changez leur rôle. Partagez vos occupations de bâtiments avec d’autres personnes. Faites que vos écoles soient les premiers bâtiments à accueillir de nouvelles relations. Leur arme la plus puissante est de nous diviser. De la même façon que vous n’avez pas peur d’attaquer leurs commissariats parce que vous êtes ensemble, n’ayez pas peur de nous appeler pour que nous changions nos vies tous ensemble.

N’écoutez aucune organisation politique (qu’elle soit arnachiste ou n’importe quoi d’autre) Faites ce que vous avez besoin de faire. Faites confiance aux gens, pas aux idées et aux schémas abstraits. Ayez confiance en vos relations directes avec les gens. Ne les écoutez pas quand ils vous disent que votre combat n’a pas de contenu politique et qu’il devrait en avoir un. Votre combat est le contenu. Vous n’avez que votre combat et il ne tient qu’à vous seuls de conserver son avance. C’est seulement votre combat qui peut changer votre vie, à savoir vous-même et vos vraies relations avec vos camarades.

N’ayez pas peur de la nouveauté. Chacun de nous en vieillissant a des idées gravées dans le cerveau. Vous aussi, bien que vous soyez jeunes. N’oubliez pas l’importance de cela. En 1991, nous avons senti l’odeur du nouveau monde et ne l’avons pas trouvé très agréable. On nous apprenait qu’il y a des limites à ne pas dépasser. N’ayant pas peur des destructions d’infrastructures. N’ayant pas peur des vols dans les supermarchés. Nous avons produit tout cela, c’est à nous. Comme nous dans le passé, vous avez été élevés pour produire des choses qui ensuite ne vous appartiennent plus. Reprenons tout cela et partageons-le. Comme nous partageons nos amis et notre amour parmi nous.

Nous nous excusons d’écrire cette lettre rapidement, mais nous l’avons écrite sur notre lieu de travail, à l’insu de notre patron. Nous sommes prisonniers du travail comme vous l’êtes de l’école.

Nous allons maintenant mentir à notre patron et quitter notre boulot sous un faux prétexte, pour vous rejoindre à Syntagma, les pierres à la main.
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(Le texte suivant a été distribué mardi dernier aux étudiants encerclant le siège de la police, par des gens de l’Association des Immigrés Albanais.)
16 DECEMBRE 2008

Ces jours sont les nôtres, aussi.

Après l’assassinat d’Alexis Grigoropoulos, nous avons connu un état d’agitation sans précédent, une explosion de colère qui semble infinie. Il semble que ce soient les étudiants qui ont été à l’origine de ce soulèvement, qui avec une passion inépuisable et une chaleureuse spontanéité ont renversé la situation dans son ensemble. Vous ne pouvez pas arrêter quelque chose que vous ne contrôlez pas, quelque chose qui s’organise spontanément et dans des conditions que vous ne comprenez pas. C’est la beauté du soulèvement. Les élèves du secondaire font l’histoire et laissent à d’autres le soin de l’écrire et de la classer idéologiquement. Les rues, les objectifs, la passion leur appartiennent.

Dans le cadre de cette mobilisation élargie, derrière les manifestations étudiantes à l’avant-garde, il y a une participation massive de la deuxième génération d’immigrés et également de nombreux réfugiés. Les réfugiés viennent à la rue en petit nombre, avec peu d’organisation, mais de la spontanéité et de l’impétuosité. À l’heure actuelle, ils sont les plus actifs parmi les étrangers vivant en Grèce. Quoi qu’il en soit, ils ont très peu à perdre.

Les enfants d’immigrés se mobilisent en masse et dynamiquement, principalement au travers des actions de l’école secondaire et de l’université ainsi que via les organismes de gauche et d’extrême gauche. Ils sont la partie la mieux intégrée de la communauté immigrée, sa partie la plus courageuse. Ils sont différents de leurs parents, qui sont arrivés ici la tête basse, comme s’ils mendiaient un morceau de pain. Ils font partie de la société grecque, puisqu’ils n’ont jamais vécu ailleurs. Ils ne mendient rien, ils demandent l’égalité avec leurs camarades grecs. Égaux en droits, dans la rue, dans leurs rêves.

Pour nous, les immigrés organisés politiquement, il s’agit d’un second Novembre 2005 Français. Nous n’avons jamais eu l’illusion que lorsque les peuples se soulèveraient de rage, nous serions en mesure de les diriger d’aucune manière. Malgré les luttes que nous avons menées toutes ces années, nous n’avons jamais réussi à atteindre un tel niveau de réponse que celui d’aujourd’hui. Maintenant il est temps à la rue de parler: Le cri assourdissant que nous entendons est pour les 18 ans de violence, de répression, d’exploitation et d’humiliation. Ces jours sont les nôtres, aussi.

Ces journées sont pour les centaines d’immigrés et de réfugiés qui ont été assassinés aux frontières, dans les commissariats de police et sur les lieux de travail. Ils sont pour tous ceux qui ont été assassinés par les flics et les milices. Ils sont pour tous ceux qui ont été assassinés pour avoir osé franchir la frontière et travailler jusqu’à la mort, pour n’avoir pas baissé la tête, ou pour rien. Ils sont pour GRAMOZ PALOUSI, LOUAN MPERNTELIMA, ENTISON GIAXAI, TONI ONOUXA, AMNPTOURAKIM INTRIZ, MONTASER MOXAMENT ASTRAF et tant d’autres que nous n’avons pas oubliés.

Ces jours sont pour la violence policière quotidienne qui reste impunie et sans réponse. Ils sont pour les humiliations à la frontière et aux centres de détention d’immigrés, humiliations qui continuent à ce jour. Ils sont pour l’injustice criante des tribunaux grecs, pour les immigrés et les réfugiés injustement en prison, pour la justice nous est refusée. Même aujourd’hui, dans ces jours et ces nuits de révolte, les immigrés paient un lourd tribu aux attaques de l’extrême-droite et des flics, avec des peines d’emprisonnement et d’expulsion que les tribunaux distribuent avec un amour chrétien aux infidèles que nous sommes.

Ces jours sont pour l’exploitation continue et sans relâche depuis 18 ans maintenant. Ils sont pour les luttes qui n’ont pas été oubliées: dans les faubourgs de Volos, les travaux olympiques, la ville d’Amaliada. Ils sont pour la peine et le sang de nos parents, pour le travail non déclaré, pour les horaires de travail interminables. Ils sont pour les transferts financiers et les frais d’envoi, les contributions que nous versons à la communauté et qui ne sont jamais reconnues. Ils sont pour les papiers d’identité que nous chercherons pendant le reste de notre vie, tel un billet de loterie gagnant.

Ces jours sont pour le prix que nous devons payer pour simplement exister et respirer. Ils sont pour tous les moments où nous avons serré les dents face aux insultes, face aux reniements quotidiens. Ils sont pour tous les moments où nous n’avons pas réagi quand bien même nous avions les meilleurs raisons au monde de le faire. Ils sont pour toutes les fois où nous avons réagi et où nous nous sommes retrouvés seuls parce que nos morts et notre rage ne correspondaient pas aux formes existantes admises, n’apportaient pas de votes, n’étaient pas vendeurs au prime time de l’actualité.

Ces jours-ci appartiennent à tous les marginaux, aux exclus, aux personnes affligées de noms difficilement prononçables et d’histoires incompréhensibles. Ils appartiennent à tous ceux qui meurent chaque jour dans la mer Egée et le fleuve Evros, à tous ceux assassinés à la frontière ou dans une rue du coeur d’Athènes. Ils appartiennent à la communauté rom de Zefyri, aux toxicomanes d’Eksarhia. Ces jours-ci appartiennent aux enfants de la rue Mesollogiou , aux non intégrés, aux étudiants incontrôlable. Grâce à Alexis, ces jours-ci nous appartiennent à tous.

18 ans de rage silencieuse, c’est trop.
A nos rues, pour la solidarité et la dignité!
Nous n’avons pas oublié, nous n’oublierons pas - Ces jours-ci sont les vôtres aussi
Luan, Tony, Mohamed, Alexis … 
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Alignés au mur, fils de pute ! Nous sommes arrivés pour prendre ce qui nous appartient…
14 décembre 2008 - Initiative du Comité d’Occupation de l’Ecole Athénienne d’Economie et d’Affaires

En ces jours de rage, le spectacle comme une relation de puissance, une relation qui imprime son souvenir sur les objets et les corps, est confronté à un diffus contre-pouvoir qui déterritorialise le vécu, lui permettant de s’éloigner de la tyrannie de l’image pour s’aventurer dans le domaine des sens. Les sens ont toujours été perçus comme antagonistes (ils réagissent toujours contre quelque chose), mais dans les conditions actuelles, ils se dirigent vers une polarisation de plus en plus aiguë et radicale.

Des caricatures soi-disant pacifiques des médias bourgeois ( “la violence est toujours inacceptable, partout dans le monde”), nous ne pouvons que nous gausser : leur loi, leur loi d’esprit obéissant et consentant, de dialogue et d’harmonie ne sont rien d’autre qu’un bestial plaisir bien calculé : un carnage garanti. Le régime démocratique sous son verni pacifique ne tue pas un Alex chaque jour, précisément parce qu’il tue des milliers de Ahmets, Fatimas, JorJes, Jin Tiaos et Benajirs: parce qu’il assassine systématiquement, structurellement et sans remords l’ensemble du tiers monde, qui est le prolétariat mondial. C’est de cette façon, à cause de ce quotidien massacre à froid, qu’est née l’idée de liberté : la liberté non pas comme un prétendu bienfait humain, ni comme un droit naturel pour tous, mais comme le cri de guerre des damnés, comme le principe de la guerre.

La classe bourgeoise et son histoire officielle nous lavent le cerveau avec la légende d’un progrès graduel et stable de l’humanité au sein duquel la violence n’est qu’une désolante exception découlant d’un sous-développement économique, culturel et émotionnel. Pourtant, nous tous qui avons été écrasés entre les pupitres d’école, derrière les bureaux, les usines, ne savons que trop bien que l’histoire n’est rien d’autre qu’une succession d’actes bestiaux reposant sur un système de règles mortifères. Les gardiens de la normalité déplorent que la loi ait été violée par la balle du revolver de Korkoneas le Porc (le flic tueur). Mais qui ne sait pas que la vigueur de la loi est simplement la force de la puissance ? Que c’est la loi elle-même qui permet le recours à la violence contre la violence? La loi est vide de bout en bout, elle n’a aucun sens, ni aucun autre but que celui de déguiser la force du pouvoir.

Dans le même temps, la dialectique de la gauche tente de codifier le conflit, la bataille et la guerre, avec la logique de la synthèse des contraires. De cette manière, il construit un ordre, un état pacifié au sein duquel tout a sa propre petite place. Pourtant, le destin du conflit n’est pas la synthèse - comme le destin de la guerre n’est pas la paix. L’insurrection sociale contient la condensation et l’explosion de milliers de négations, pourtant elle ne contient en aucune de ses sous-parties, ni en aucun de ses moments, sa propre négation, sa propre fin. C’est toujours avec une certitude lourde et sombre qu’arrivent les institutions de médiation et de normalisation, de la gauche promettant le droit de vote dès 16 ans, le désarmement mais le maintien des porcs, l’État-providence, etc. En d’autres termes, en voilà qui souhaitent tirer un gain politique de nos blessures. La douceur de leur compromis suinte le sang.

Ceux qui sont contre la violence sociale ne peuvent pas être tenus pour responsables de ce qu’ils n’assument pas: ils sont destructeurs de bout en bout. Si les luttes contemporaines ont quelque chose à nous apprendre, ce n’est pas leur triste consensus sur un objet (la classe, le parti, le groupe), mais leur processus systématiquement anti-dialectique: pour eux, l’acte de destruction ne contient pas nécessairement une partie créative. En d’autres termes, la destruction de l’ancien monde et la création d’un nouveau monde sont pour eux deux processus discrets mais continus. Pour nous, la question est plutôt quelles méthodes de destruction de l’existant peuvent être développées en différents lieux et moments de l’insurrection ?

Quelles méthodes peuvent non seulement maintenir le niveau et l’ampleur de l’insurrection, mais contribuer à son amélioration qualitative ? Les attaques de commissariats, les affrontements et les barrages routiers, les barricades et les batailles de rue, sont maintenant un phénomène social quotidien dans les villes et au-delà. Et ils ont contribué à une déréglementation partielle du cycle de production et de consommation. Et pourtant, ils ne sont qu’une attaque partielle de l’ennemi; il est évident que nous restons piégés dans une seule et unique dimension de l’attaque contre les relations sociales dominantes. Car le processus de production et de circulation des marchandises en lui-même, autrement dit le capital comme relation, n’est qu’indirectement touché par les mobilisations. Un spectre plane sur la ville embrasée : celui de la grève générale sauvage à durée indéterminée.

La crise capitaliste mondiale a ôté aux patrons leur réponse la plus énergique et la plus mensongère à l’insurrection: «Nous vous offrons tout et pour toujours, alors que tout ce qu’eux peuvent vous offrir n’est qu’un présent incertain”. Avec ses entreprises qui s’effondrent les unes après les autres, le capitalisme et son Etat ne sont plus en mesure d’offrir quoi que ce soit d’autre qu’un lendemain pire de jour en jour, une situation financière asphyxiante, des licenciements, la suspension des pensions de retraite, des coupes dans les budgets sociaux, la fin de la gratuité de l’enseignement. Au contraire, en seulement sept jours, les insurgés ont prouvé par la pratique ce qu’ils peuvent faire: transformer la ville en un champ de bataille, créer des enclaves de communes dans l’ensemble du tissu urbain, abandonner l’individualité et sa sécurité pathétique, rechercher la formation de leur force collective et la destruction totale de ce système meurtrier.

À ce moment historique de la crise, moment de rage et de rejet des institutions auquel nous sommes finalement parvenus, la seule chose qui peut transformer le système de déréglementation en une révolution sociale est le rejet total du travail. Quand les combats se dérouleront dans des rues assombries par la grève de la compagnie d’électricité, lorsque les affrontements auront lieu au milieu de tonnes de déchets non collectés, lorsque les tramways seront abandonnés au milieu des rues, bloquant les flics, lorsque l’enseignant en grève allumera le cocktail molotov de son élève révolté, nous serons enfin en mesure de dire: Camarade, “les jours de cette société sont comptés ; ses raisons et ses mérites ont été pesés, et trouvés légers”. Aujourd’hui, cela n’est plus un simple fantasme, mais une possibilité réelle dans la main de chacun : la possibilité d’agir concrètement sur le concret. La possibilité d’apercevoir les cieux.

Si tout cela, à savoir l’extension du conflit dans la sphère de la production-distribution, avec ses sabotages et ses grèves sauvages, semble prématuré, ce ne serait que parce que nous n’avons pas réalisé à quelle vitesse le pouvoir se décompose, à quelle vitesse les méthodes de confrontation et les formes de contre-povoir se diffusent socialement : des lycéens qui caillassent les commissariats aux employés municipaux et aux voisins qui occupent les mairies. La révolution ne se fait pas par la croyance et la foi en des conditions historiques à venir. Elle se fait en saisissant n’importe quelle occasion d’insurrection dans chaque aspect de la vie sociale, en transformant notre animosité envers les flics en une grève définitive aux pieds de ce système.

Dehors les porcs!
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“Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas” – journée d’action internationale contre les meurtres d’État le 20 décembre 2008.
13 decembre 2008

Aujourd’hui (vendredi) l’assemblée de la Polytechnique occupée d’Athène a décidé de faire un appel pour des actions de résistance en mémoire de toute la jeunesse assassinée, des migrants et de tous ceux qui doivent combattre contre les laquais de l’État en Europe et dans le monde.  Nous pensons à Carlo Giuliani, aux jeunes des banlieues françaises, à Alexandros Grigopoulos et à d’autres qui sont innombrables sur toute la planète. Nos vies n’appartiennent pas aux états et à leurs assassins ! La mémoire de nos frères et soeurs, amis et camarades assassinés reste vive grâce à nos luttes ! Nous n’oublions pas nos frères et nos soeurs, nous ne pardonnons pas leurs meurtriers. S’il vous plaît traduisez et faites passer ce message pour une journée commune d’actions coordonnées de résistance dans le plus grand nombre d’endroits possibles !

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Nous sommes ici / Nous sommes partout / Nous sommes une image du futur
13 decembre 2008

Si je ne brûle pas
Si tu ne brûles pas
Si nous ne brûlons pas
Comment les ténèbres viendront à la lumière ?
(Nazim Hikmet, “Kerem Gibi”)

C’est en serrant les dents de peur que les chiens grognent : Retour à la normalité – le festin est terminé ! Les philologues de l’assimilation ont déjà commencé à affûter leurs caresses les plus tranchantes : “Nous sommes prêts à oublier, à comprendre, à excuser la promiscuité des derniers jours, mais maintenant tenez vous bien ou alors nous emmèneront nos sociologues, nos anthropologues, nos psychiatres ! Comme de bons pères nous avons toléré avec retenue vos éruptions émotionnelles – maintenant regardez comment les comptoirs, les bureaux et les magasins sont vides ! Le temps est venu d’en revenir, et qui que ce soit qui refuse cette tâche sacrée sera durement frappé, sociologisé, psychiatrisé. Une injonction plane sur la ville : “Es-tu à ton poste ?” La démocratie, l’harmonie sociale, l’unité nationale et tous les autres grands coeurs puant la mort ont déjà tendus leurs bras morbides.

Le pouvoir (depuis le gouvernement jusqu’à la famille) vise non seulement à réprimer la généralisation de l’insurrection, mais à produire une relation d’assujettissement. Une relation qui définit la vie politique comme une sphère de coopération, de compromis et de consensus. “La politique à suivre est une politique du consensus; le reste nous mènerait à la guerre, aux émeutes et au chaos”. La vraie traduction de ce qu’ils nous disent, de l’effort qu’ils mettent à nier le cœur de notre action, à nous séparer et à nous isoler de ce que nous pouvons faire : non pas d’unir les deux dans l’un, mais bien de rompre sans cesse l’un en deux. Leurs appels répétés à l’harmonie, à la paix et à la tranquillité, à la loi et à l’ordre, nous demandent de développer une dialectique. Leurs vieux trucs sont désespérément transparents et leur misère est visible dans les gros ventres des patrons syndicaux, dans les yeux délavés des intermédiaires qui sont comme ceux des charognards qui tournent autour des conflits pour manger le cadavre de toutes passions pour le réel. Nous les avons vu en Mai, nous les avons vu à Los Angeles et à Brixton, et nous les voyons faire lorsqu’ils grugent les os de la Polytechnique en 1973. Nous les avons encore vu hier lorsque, plutôt que d’appeler à une grève générale permanente, ils se sont mis à genoux devant la légalité en annulant la manifestation de grévistes. Ils savent très bien que la route pour la généralisation d’une insurrection passe par le champ de la production – à travers l’occupation des moyens de production de ce monde qui nous écrase.

Demain est encore un jour où rien n’est certain. Et qu’est-ce qui pourrait être plus libérateur que cela après tellement de longues années de certitude ? Une balle a été capable d’interrompre la séquence brutale de tous ces jours identiques. L’assassinat d’un garçon de 15 ans a été le moment d’un déplacement suffisamment fort pour renverser le monde. Et ce qui semblait si difficile s’est avéré être si simple.

C’est ce qui est arrivé, c’est tout ce que nous avons. Si quelque chose nous fait peur c’est bien de revenir à la normalité. Parce que dans la destruction et le pillage des rues de nos villes de lumières nous ne voyons pas seulement les résultats de notre rage, mais aussi la possibilité de commencer à vivre. Nous n’avons plus rien d’autre à faire que de nous installer dans cette possibilité pour la transformer dans une expérience vécue : en nous basant sur le plan de la vie quotidienne, notre créativité, notre pouvoir de matérialiser nos désirs, notre pouvoir non pas de contempler mais de construire le réel. Ceci est notre espace vital. Tout le reste est mort.

Ceux qui veulent comprendre comprendront. Il est maintenant temps de briser les chaînes invisibles qui nous maintenait tous et chacun dans notre petite vie pathétique. Cela ne demande pas seulement ou nécessairement d’attaquer une station de police ou de brûler des commerces ou des banques. Le temps où quelqu’un s’extirpe de son sommeil et de la contemplation passive de sa vie, de sortir dans la rue pour parler et écouter, en laissant derrière lui ou elle tout ce qui est privé, suppose au plan de la sphère sociale la force déstabilisante d’une bombe nucléaire. Notre séparation alimente le monde capitaliste. Voilà le dilemme : avec les insurgés ou bien seuls, chacun de notre côté. Et c’est maintenant l’un des très rares moments où un tel dilemme peut prendre corps de manière si absolue et si réelle.
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“Nous sommes dans une guerre civile: Contre les fascistes, les banquiers, l’état et les médias qui veulent une société obéissante”
12 decembre 2008 

Si vous croyez que la citation qui apparait dans le titre de cet article était prononcé par des anarchistes, hé bien, vous vous trompez. C’est un extrait de la déclaration publiée par l’association des employéEs de la banlieue d’Agios Dimitrios à Athènes. Voici une traduction rapide de la déclaration, tel que promis. Sachez que, selon quelques camarades membres de l’association, ils ont tenté de maintenir la forme du texte aussi sobre que possible dans le but d’inspirer autant de gens que possible de descendre dans les rues avec eux.

LA DÉCLARATION

Samedi dernier, la police grecque a assassiné un étudiant de 15 ans.
Son assassinat était la goutte qui a fait déborder le vase.

C’était le prolongement d’une action coordonnée par l’état terroriste et l’Aube Dorée qui vise les étudiantEs de niveau universitaire et secondaire, les migrantEs qui sont persécutéEs pour avoir été néEs avec la “mauvaise” couleur de peau et les employéEs qui se tuent au boulot sans aucune compensation.

Les dissimulations du gouvernement, ayant brûlé les forêts l’été dernier, est maintenant responsable pour les feux qui brûle dans les grandes villes. Le gouvernement protège les criminels financier, tous ceux impliqués dans le scandale des interceptions téléphoniques d’appareils portables, les pilleurs des fonds d’assurances ouvrières, ceux qui sont responsable des enlèvements de migrantEs et ceux qui protègent les banques et monastères qui volent les biens du peuple.

Nous sommes dans une guerre civile: Contre les fascistes, les banquiers, l’état et les médias qui veulent une société obéissante.

Il n’y a pas d’excuses possible mais ils tentent encore une fois de se servir de théories de conspiration pour calmer les gens.
Il fallait exprimer cette rage grandissante et ceci ne doit pas prendre fin.
La couverture médiatique est mondiale. Il était temps que le peuple se soulève.

La génération des pauvres, des sans-emploi, des employéEs précaires, des sans-abris, des migrantEs et des jeunes est la génération qui va casser toutes les vitrines et qui réveillera de leur sommeil, rempli de ce rêve américain éphémère, les citoyenNEs obéissantEs .

Ne suivez pas les nouvelles. La conscientisation est née dans la rue.
Lorsque la jeunesse est assassinée, les aînéEs ne doivent pas demeurer endormis.
Au revoir Alexandros, que ton sang soit le dernier sang innocent à couler.
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* http://www.youtube.com/watch?v=oZgTekSb-0I
* http://www.boston.com/bigpicture/2008/12/2008_greek_riots...
* http://emeutes.wordpress.com/
* http://www.non-fides.fr/spip.php?article132

02/12/2008

Le monde a besoin d’alternatives et pas seulement de régulations

Source : http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008...

François Houtart

Assemblée générale des Nations Unies
Le 31 octobre dernier, notre ami le chanoine François Houtart a été invité à présenter ses vues sur la crise financière en cours à l'assemblée générale de l'ONU. Les dirigeants du monde capitaliste l'écouteront-ils ? Voici en tout cas le texte de son discours qu'il nous a communiqué...

Mesdames et Messieurs les Délégués, Chers Amis,

Le monde a besoin d’alternatives et pas seulement de régulations. Il ne suffit pas de réaménager un système, il s’agit de le transformer. C’est un devoir moral et pour le comprendre, adopter le point de vue des victimes permet à la fois de faire un constat et d’exprimer une conviction ; le constat que l’ensemble des crises, financière, alimentaire, énergétique, hydrique, climatique, sociale, relèvent d’une cause commune, et la conviction que nous pouvons transformer le cours de l’histoire.


Le constat

Quand 850 millions d’êtres humains vivent sous la barre de la pauvreté et que leur nombre augmente, quand chaque vingt quatre heure, des dizaines de milliers de gens meurent de faim, quand disparaissent jour après jour des ethnies, des modes de vie, des cultures, mettant en péril le patrimoine de l’humanité, quand le climat se détériore et que l’on se demande s’il vaut encore la peine de vivre à la Nouvelle Orléans, au Sahel, dans les Iles du Pacifique, en Asie centrale ou en bordure des océans, on ne peut se contenter seulement de parler de crise financière.

Déjà les conséquences sociales de cette dernière sont ressenties bien au delà des frontières de sa propre origine : chômage, chèreté de la vie, exclusion des plus pauvres, vulnérabilité des classes moyennes et allongement dans le temps de la liste des victimes. Soyons clairs, il ne s’agit pas seulement d’un accident de parcours ou d’abus commis par quelques acteurs économiques qu’il faudra sanctionner, nous sommes confrontés à une logique qui parcourt toute l’histoire économique des deux derniers siècles. De crises en régulations, de dérégulations en crises, le déroulement des faits répond toujours à la pression des taux de profit : en hausse on dérégule, en baisse on régule, mais toujours en faveur de l’accumulation du capital, elle-même définie comme le moteur de la croissance. Ce que l’on vit aujourd’hui n’est donc pas nouveau. Ce n’est pas la première crise du système financier et certains disent que ce ne sera pas la dernière.

Cependant, la bulle financière créée au cours des dernières décennies, grâce, entre autres, au développement des nouvelles technologies de l’information et des communications, a surdimensionné toutes les données du problème. L’économie est devenue de plus en plus virtuelle et les différences de revenus ont explosé. Pour accélérer les taux de profits, une architecture complexe de produits dérivés fut mise en place et la spéculation s’est installée comme un mode opératoire du système économique. Cependant, ce qui est nouveau, c’est la convergence de logique entre les dérèglements que connaît aujourd’hui la situation mondiale.

La crise alimentaire en est un exemple. L’augmentation des prix ne fut pas d’abord le fruit d’une moindre production, mais bien le résultat combiné de la diminution des stocks, de manœuvres spéculatives et de l’extension de la production d’agrocarburants. La vie des personnes humaines a donc été soumise à la prise de bénéfices. Les chiffres de la bourse de Chicago en sont l’illustration.

La crise énergétique, quant à elle, va bien au delà de l’explosion conjoncturelle des prix du pétrole. Elle marque la fin du cycle de l’énergie fossile à bon marché (pétrole et gaz) dont le maintien à un prix inférieur provoqua une utilisation inconsidérée de l’énergie, favorable à un mode de croissance accéléré, qui permit une rapide accumulation du capital à court et moyen terme. La surexploitation des ressources naturelles et la libéralisation des échanges, surtout depuis les années 1970, multiplia le transport des marchandises et encouragea les moyens de déplacement individuels, sans considération des conséquences climatiques et sociales. L’utilisation de dérivés du pétrole comme fertilisants et pesticides se généralisa dans une agriculture productiviste. Le mode de vie des classes sociales supérieures et moyennes se construisit sur le gaspillage énergétique. Dans ce domaine aussi, la valeur d’échange prit le pas sur la valeur d’usage.

Aujourd’hui, cette crise risquant de nuire gravement à l’accumulation du capital, on découvre l’urgence de trouver des solutions. Elles doivent cependant, dans une telle perspective, respecter la logique de base : maintenir le niveau des taux de profit, sans prendre en compte les externalités, c’est à dire ce qui n’entre pas dans le calcul comptable du capital et dont le coût doit être supporté par les collectivités ou les individus. C’est le cas des agrocarburants et de leurs conséquences écologiques : destruction par la monoculture, de la biodiversité, des sols et des eaux souterraines, et sociales : expulsion de millions de petits paysans qui vont peupler les bidonvilles et aggraver la pression migratoire.

La crise climatique, dont l’opinion publique mondiale n’a pas encore pris conscience de toute la gravité, est, selon les experts du GIEC (Groupe international des experts du climat) le résultat de l’activité humaine. Nicolas Stern, ancien collaborateur de la Banque mondiale, n’hésite pas à dire que “les changements climatiques sont le plus grand échec de l’histoire de l’économie de marché.” En effet, ici comme précédemment, la logique du capital ne connaît pas les “externalités”, sauf quand elles commencent à réduire les taux de profit.

L’ère néolibérale qui fit croître ces derniers, coïncide également avec une accélération des émissions de gaz à effet de serre et du réchauffement climatique. L’accroissement de l’utilisation des matières premières et celui des transports, tout comme la dérégulation des mesures de protection de la nature, augmentèrent les dévastations climatiques et diminuèrent les capacités de régénération de la nature. Si rien n’est fait dans un proche avenir, de 20 % à 30% de toutes les espèces vivantes pourraient disparaître d’ici un quart de siècle. Le niveau et l’acidité des mers augmentera dangereusement et l’on pourrait compter entre 150 et 200 millions de réfugiés climatiques dès la moitié du 21° siècle.

C’est dans ce contexte que se situe la crise sociale. Développer spectaculairement 20 % de la population mondiale, capable de consommer des biens et des services à haute valeur ajoutée, est plus intéressant pour l’accumulation privée à court et moyen terme, que répondre aux besoins de base de ceux qui n’ont qu’un pouvoir d’achat réduit ou nul. En effet, incapables de produire de la valeur ajoutée et n’ayant qu’une faible capacité de consommation, ils ne sont plus qu’une foule inutile, tout au plus susceptible d’être l’objet de politiques assistentielles. Le phénomène s’est accentué avec la prédominance du capital financier. Une fois de plus la logique de l’accumulation a prévalu sur les besoins des êtres humains.

Tout cet ensemble de dysfonctionnements débouche sur une véritable crise de civilisation caractérisée par le risque d’un épuisement de la planète et d’ une extinction du vivant, ce qui signifie une véritable crise de sens. Alors, des régulations ? Oui, si elles constituent les étapes d’une transformation radicale et permettent une sortie de crise qui ne soit pas la guerre, non, si elles ne font que prolonger une logique destructrice de la vie. Une humanité qui renonce à la raison et délaisse l’éthique, perd le droit à l’existence.

Une conviction

Certes, le langage apocalyptique n’est pas porteur d’action. Par contre, un constat de la réalité peut conduire à réagir. La recherche et la mise en œuvre d’alternatives sont possibles, mais pas sans conditions. Elles supposent d’abord une vision à long terme, l’utopie nécessaire ; ensuite des mesures concrètes échelonnées dans le temps et enfin des acteurs sociaux porteurs des projets, au sein d’un combat dont la dureté sera proportionnelle au refus du changement.

La vision de long terme peut s’articuler autour de quelques axes majeurs. En premier lieu, un usage renouvelable et rationnel des ressources naturelles, ce qui suppose une autre philosophie du rapport à la nature : non plus l’exploitation sans limite d’une matière, en l’occurrence objet de profit, mais le respect de ce qui forme la source de la vie. Les sociétés du socialisme dit réel, n’avaient guère innové dans ce domaine.

Ensuite, privilégier la valeur d’usage sur la valeur d’échange, ce qui signifie une autre définition de l’économie :non plus la production d’une valeur ajoutée, source d’accumulation privée, mais l’activité qui assure les bases de la vie, matérielle, culturelle et spirituelle de tous les êtres humains à travers le monde. Les conséquences logiques en sont considérables. A partir de ce moment, le marché sert de régulateur entre l’offre et la demande au lieu d’accroître le taux de profit d’une minorité. Le gaspillage des matières premières et de l’énergie, la destruction de la biodiversité et de l’atmosphère, sont combattus, par une prise en compte des “externalités” écologiques et sociales. Les priorités dans la production de biens et de services changent de logique.

Un troisième axe est constitué par une généralisation de la démocratie, pas seulement appliquée au secteur politique, par une démocratie participative, mais aussi au sein du système économique, dans toutes les institutions et entre les hommes et les femmes. Une conception participative de l’Etat en découle nécessairement, de même qu’une revendication des droits humains dans toutes leurs dimensions, individuelles et collectives. La subjectivité retrouve une place.

Enfin, le principe de la multiculturalité vient compléter les trois autres. Il s’agit de permettre à tous les savoirs, même traditionnels, de participer à la construction des alternatives, à toutes les philosophies et les cultures, en brisant le monopole de l’occidentalisation, à toutes les forces morales et spirituelles capables de promouvoir l’éthique nécessaire. Parmi les religions, la sagesse de l’hindouisme dans le rapport à la nature, la compassion du bouddhisme dans les relations humaines, la quête permanente de l’utopie du judaïsme, la soif de justice dans le courant prophétique de l’islam, les forces émancipatrices d’une théologie de la libération dans le christianisme, le respect des sources de la vie dans le concept de la terre-mère des peuples autochtones de l’Amérique latine, le sens de la solidarité exprimé dans les religions de l’Afrique, sont des apports potentiels importants, dans le cadre évidemment d’une tolérance mutuelle garantie par l’impartialité de la société politique.

Utopies que tout cela ! Mais le monde a besoin d’utopies, à condition qu’elles se traduisent dans la pratique. Chacun des principes évoqués est susceptible d’applications concrètes, qui ont déjà fait l’objet de propositions de la part de nombreux mouvements sociaux et d’organisations politiques. Le nouveau rapport à la nature signifie, entre autres, la récupération par les Etats de la souveraineté sur les ressources naturelles et leur non appropriation privée ; l’arrêt des monocultures et la remise en valeur de l’agriculture paysanne, la ratification, l’approfondissement des mesures de Kyoto et de Bali sur le climat

Privilégier la valeur d’usage entraine la non-marchandisation des éléments indispensables à la vie : les semences, l’eau, la santé, l’éducation ; le rétablissement des services publics ; l’abolition des paradis fiscaux ; la suppression du secret bancaire ; l’annulation des dettes odieuses des Etats du Sud ; l’établissement d’alliances régionales, sur base non de compétitivité, mais de complémentarité et de solidarité ; la création de monnaies régionales, l’établissement de multipolarités et bien d’autres mesures encore. La crise financière constitue l’occasion unique de mettre ces mesures en application.

Démocratiser les sociétés passe par l’organisation de la participation locale, y compris dans la gestion de matières économiques et va jusqu’à la réforme des Nations unies. La multiculturalité s’exprime par l’abolition des brevets sur le savoir, par la libération de la science de l’emprise des pouvoirs économiques, par la suppression des monopoles de l’information, par l’établissement de la liberté religieuse.

Mais qui sera porteur de ce projet ? Il est vrai que le génie du capitalisme est de transformer ses propres contradictions en opportunités. How global warming can make you wealthy ?, (Comment le réchauffement terrestre peut vous enrichir ?) lisait-on dans une publicité de US Today du début 2007. Le capitalisme pourra-t-il aller jusqu’à renoncer à ses propres principes ? Évidemment non. Seul un nouveau rapport de pouvoir y parviendra, ce qui n’exclut pas le ralliement de certains acteurs économiques contemporains. Mais une chose est claire : le nouvel acteur historique porteur des projets alternatifs est aujourd’hui pluriel. Ce sont les ouvriers, les paysans sans terre, les peuples indigènes, les femmes premières victimes des privatisations, les pauvres des villes, les militants écologistes, les migrants, les intellectuels liés aux mouvements sociaux. Leur conscience d’acteur collectif commence à émerger. La convergence de leurs organisations en est seulement à ses débuts et manque encore souvent de relais politiques. Certains Etats, notamment en Amérique latine, ont déjà créé des conditions pour que les alternatives voient le jour. La durée et l’intensité des luttes de ces acteurs sociaux dépendront de la rigidité du système en place et de l’intransigeance de ses protagonistes.

Offrez-leur donc au sein de l’Organisation des Nations unies un espace pour qu’ils puissent s’exprimer et présenter leurs alternatives. Ce sera votre contribution au renversement du cours de l’histoire, indispensable pour que le genre humain retrouve un espace de vie et puisse ainsi reconstruire l’espérance.

18/11/2008

La revanche des petits paysans traditionnels face aux gros agriculteurs industriels

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Abondance et joie sont possibles sans agriculture industrielle

Les petits paysans traditionnels font beaucoup mieux que l’agriculture industrielle pour nourrir le monde. Voyons comment nous pouvons nous inspirer de leur génie et de leur sagesse :

Nos amis Malgaches de Fianaraotsoa, communauté rurale guidée par des Jésuites agronomes développent depuis 40 ans une méthode de production de riz qui ne doit rien à la pétro-chimie, rien à l’industrie lourde, rien aux semences modernes, rien aux O.G.M. et pourtant ils battent tous les records mondiaux de rendements : jusqu’à 10 fois plus que les productions classiques, soit 240 qux/ha par an en une seule récolte… avec leurs petites mains, sans même un motoculteur…

Leurs performances reposent sur les défis que les hommes de tout temps, écologistes avant l’heure, ont été obligés d’affronter pour s’adapter à leur environnement avec souvent des découvertes empiriques et géniales comme celles que je vais vous conter :

Le système de riziculture de l’association Tefy Saina repose sur des principes vieux comme le monde.

1°) Assolements et rotation des parcelles, jamais deux années de suite la même culture au même endroit. Cette pratique que connaissent tous les paysans traditionnels du monde, mais néanmoins intelligents, permet de résoudre naturellement, 80% des problèmes de maladies, de parasitismes et de mauvaises herbes…

2°) Le choix de variétés « rustiques » c’est-à-dire des plantes que les paysans eux-mêmes pendant des années on sélectionné et adapté à leur situation : terroir, de climat, d’altitude…pour les rendre compatibles et productives de façon optimum.

3°) Une fertilisation organique, à base de compost, la vraie nourriture de la terre, qui renoue ainsi avec la vocation ancestrale de l’agriculture : le recyclage les déchets végétaux, animaux et humains.

4°) La découverte ou plutôt le génie de l’empirisme : on constate après 3.000 ans que le riz n’est pas une plante aquatique. En effet si on assèche la rizière au stade du « tallage », c’est-à-dire après quelques semaines de végétation, un grain fait alors 100 épis et même 200 épis…

5°) Autre astuce, découverte par hasard, le choix du repiquage : il faut que la plantule n’ait qu’une feuille, surtout pas deux ni trois, car à ce stade de développement on perd la moitié de la récolte.

La morale de cette histoire, c’est qu’il faut être paysan, en symbiose avec sa terre, et avec la nature, pour comprendre cette intelligence immanente qui nous entoure. Ce n’est pas dans des théories abstraites ou dans des laboratoires d’analyses que l’on peut spontanément découvrir de telles opportunités…

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Plants de riz

Toute aussi édifiante est l’histoire des « Suka Kollu » en Bolivie, rapportée par deux observateurs globbe-trotters, Maryvonne et Bruno Robineau. Les vestiges de Tiwanaku, la prestigieuse capitale d’un empire disparu au cœur de la Cordillière des Andes nous donnent une belle leçon d’humilité. Ce paysage lunaire de l’Altiplano Bolivien où des communautés d’Indiens, à 4.000 mètres d’altitude, essaient aujourd’hui de survivre des maigres récoltes de pommes de terre et des quelques lamas efflanqués qui broutent l’herbe rare de ces plateaux battus par les vents froids et brûlés par le soleil.

Les archéologues se sont longtemps demandés comment, il y a 600 ans, la ville de 120.000 habitants a pu se nourrir avec l’agriculture locale, alors qu’elle n’arrive pas à nourrir les 7.000 habitants actuels qui partent grossir le flot des chômeurs à La Paz ?

Comment ont-ils fait autrefois pour nourrir une civilisation prospère, pré-inca, dans cette pampa désolée, exposée à toutes les intempéries, où les cultures gèlent en plein été la nuit, quand elles ne sont pas détruites par la sécheresse le jour, ou inondées par les eaux saumâtres du lac Titicaca.

Pourtant, pendant des années, les O.N.G. et les Agences internationales n’ont pas manqué d’intervenir. Mais leurs ingénieurs agronomes, pleins de bonnes intentions, avec leurs engrais, leurs semences améliorées et leurs techniques sophistiquées ont toujours échoué et repartaient découragés par ce climat trop rude et ces terres trop pauvres… jusqu’à ce que Roberto Cruz, rencontre deux archéologues américains, accroupis dans son champs qui lui racontent en cette année 1987 d’étranges choses sur sa terre et sa fertilité passée.

Il apprend aussi que les curieuses élévations de terre qu’il a toujours connues et qui faisaient ressembler le paysage à une gigantesque tôle ondulée sont les restes d’un système de plate-formes séparées par des canaux et qu’il peut faire revivre pour cultiver des pommes de terre.

Malgré la réprobation de ses voisins superstitieux qui craignent que creuser la terre apporte le malheur au village, Roberto Cruz se laisse convaincre et ensemençe l’une de ses plate-formes remise en état.

Une nuit de février arrive ce qu’il craignait tant, une forte gelée. Au matin les paysans constatent que 90% de leur récolte est perdus. Quand Roberto descendit à son tour pour constater les dégâts, il est surpris de voir qu’un léger brouillard couvre son champ comme une couverture étalée à 90 cm du sol.

Sa surprise est encore plus grande quand il constate que les plants n’ont pratiquement pas soufferts de la gelée.

Quelques mois plus tard il engrange une récolte record. Même les voisins les plus récalcitrants sont convaincus. C’ést le premier Suka Kollu réhabilité, il y en a maintenant 128 ha dans 53 communautés.

Voilà ce qu’un savoir millénaire peu faire, là où une débauche de moyens et de technologies modernes ont été impuissants. Comment fonctionne les Suka Kollu :

Entre des plates- formes de terre surélevées s’intercalent des canaux d’environ 50 à 80 cm de profondeur où l’on amène l’eau d’une rivière voisine.

Pendant les journées très ensoleillées sur l’Altiplano, l’eau des canaux est réchauffée.

Lorsque celle-ci s’évapore, la rencontre avec l’air froid de la nuit provoque cette couverture brumeuse qui protège les plantes de la gelée. Ecologistes avant l’heure les Amérindiens savent mettre en valeur les atouts de la nature pour créer un micro-climat.

De plus l’eau douce des canaux permet d’arroser en période de sécheresse et elle empêche la remontée périodique des eaux saumâtres du lac. Algues et plantes s’y développent et attirent les insectes et les oiseaux aquatiques dont les résidus organiques issus du curage annuel permettent de fertiliser les cultures.

Voilà comment très simplement ces populations paysannes savent avec intelligence s’intégrer au fonctionnement de la nature et en utiliser les forces au lieu de les combattre avec beaucoup de désastres comme le fait notre arrogante société moderne.

Mieux qu’une explication sur l’agriculture biologique, l’histoire de ces paysans Boliviens ou Malgaches illustre ce que nous pouvons faire, à l’échelle humaine, avec des moyens modestes pour nourrir sainement équitablement et durablement les populations de la Terre.

Ces histoires sont légions dans tous les pays du monde qui ont préservé leurs traditions, là où le modèle technico-industriel n’a pas réussi à effacer de la mémoire des peuples la multitude de solutions naturelles et d’adaptations innées qui leurs assuraient souveraineté et indépendance.

Philippe Desbrosses

Télécharger le dossier complet: (attention 3Mb) Miracle agricole à Madagascar

12/11/2008

Pisser libre...

http://www.dailymotion.com/video/x5i5nk_pisser-libre_fun

Petit film réalisé par Dando a luz et diffusé à la télévision argentine pendant la Semaine Mondiale de l'Accouchement Respecté (SMAR) 2004.

Sous-titré par Dechainees.com

24/10/2008

La fabrication du consentement, Noam Chomsky & Edward Herman, Ed. Agone

     Noam Chomsky & Edward Herman
            *La Fabrication du consentement*
      De la propagande mediatique en democratie

Nouvelle edition revue & actualisee - Texte integral


Dans cet ouvrage, desormais un classique outre-Atlantique (1988, reed. 2002), les auteurs presentent leur "modele de propagande", veritable outil d'analyse et de comprehension de la maniere dont fonctionnent les medias dominants. Ils font la lumiere sur la tendance lourde a ne travailler que dans le cadre de limites definies et a relayer, pour l'essentiel, les informations fournies par les elites economiques et politiques, les amenant ainsi a participer plus ou moins consciemment a la mise en place d'une propagande ideologique destinee a servir les interets des memes elites.
   En dissequant les traitements mediatiques reserves a divers evenements ou phenomenes historiques et politiques (communisme et anticommunisme, conflits et revolutions en Amerique Latine, guerres du Vietnam et du Cambodge, entre autres), ils mettent a jour des facteurs structurels qu'ils considerent comme seuls susceptibles de rendre compte des comportements systematiques des principaux medias et des modes de traitement qu'ils reservent a l'information.
   Ces facteurs structurels dessinent une grille qui revele presque a coup sur comment l'inscription des entreprises mediatiques dans le cadre de l'economie de marche en fait la propriete d'individus ou d'entreprises dont l'interet est exclusivement de faire du profit; et comment elles dependent, d'un point de vue financier, de leurs clients annonceurs publicitaires et, du point de vue des sources d'information, des administrations publiques et des grands groupes industriels.


En librairie le 24 octobre
http://atheles.org/agone/contrefeux/lafabricationduconsen...
Collection contre-feux, 656 pages, 28 euros
ISBN : 978-2-7489-0072-9


Les ouvrages de Noam Chomsky aux editions Agone :
http://atheles.org/agone/elements/delaguerrecommepolitiqu...
http://atheles.org/agone/contrefeux/responsabilitesdesint...
http://atheles.org/agone/contrefeux/delespoirenlavenir/

17/06/2008

André Gorz : penser le travail au XXIème siècle

Mise en ligne d’un numéro web en accès libre de la revue Les périphériques vous parlent consacré à André Gorz, disparu l’automne dernier. Ce numéro a été rédigé, entre autres, à partir des échanges du 15 mars dernier à l’occasion d’un hommage au philosophe que notre revue avait organisé à Paris en co-production avec la Cité européenne des Récollets, intitulé André Gorz : penser le travail au XXIème siècle.

consultez ce numéro en cliquant directement sur le lien suivant :
http://www.lesperipheriques.org/article.php3?id_article=550


Les périphériques vous parlent
B. P. 62 - 75462 Paris Cedex 10
www.lesperipheriques.org
01 40 05 05 67

07/05/2008

Rencontre avec Paul Aries à Sarrant

> Samedi 10 mai à 20h
>> RENCONTRE avec PAUL ARIES, politologue autour de son livre
>> LE MESUSAGE - Essai sur l'hypercapitalisme

A l'heure où les tenants d'une écologie ralliée à l'hypercapitalisme
tentent de résoudre l'effondrement environnemental sans rien changer
au système productiviste, "la gratuité de l'usage et le renchérissement
du mésusage" constituent une véritable alternative.
Pourquoi, par exemple, payer l'eau le même prix pour faire son ménage
ou remplir sa piscine ?

Ce nouveau paradigme ne repose pas sur une définition objective ou
moraliste. Il rend toute sa place au débat politique, aux choix des
citoyens et de leurs représentants.
Cette rencontre pourrait nous aider à renouveler notre pensée sur un
projet politique de la décroissance ainsi que sur les formes et les
enjeux de nos mobilisations.



LE PROGRAMME EN COULEURS !
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>> En ligne :
http://www.lires.org/

>> A imprimer (format pdf) et diffuser :
http://www.lires.org/lires.pdf


>> Association LIRES
Lieu pour l'Initiative, la Rencontre et les Echanges à Sarrant
Au village 32120 Sarrant
tel : 05 62 65 09 51
fax : 05 62 65 09 52

>> Horaires :
Vendredi à partir de 20h
Samedi et Dimanche de 11h à 22h
Vacances scolaires : tous les jours de 11h à 22h
En semaine pour les groupes à la demande (scolaires, institutions,
séminaire de travail...)

21/04/2008

L’immeuble chauffé aux corps

Ecologie. A Stockholm, la chaleur humaine de la gare centrale sera récupérée.

Intérim à Stockholm SÉBASTIEN BUFFET

Et vous, comment vous faites pour vous chauffer ? Gaz, électricité, énergie solaire ? Terriblement has been tout ça. Du moins en Suède, où l’on prévoit de construire un immeuble de bureaux chauffé à la chaleur humaine. L’emplacement du projet, qui doit voir le jour à Stockholm à l’orée 2010, ne doit rien au hasard. Le futur bâtiment sera situé à proximité immédiate de la gare centrale de la ville, juste séparé par les rails. Et c’est la chaleur dégagée par les 250 000 personnes qui empruntent quotidiennement la gare qui servira, en partie, à chauffer l’édifice.

L’idée, d’une simplicité déconcertante selon ses promoteurs, a germé à la faveur d’une pause-café, assure Karl Sundholm, directeur de la construction au sein de Jernhusen, l’entreprise publique de gestion immobilière qui pilote le projet. «Il s’agit seulement d’avoir à disposition des tuyaux qui relient les deux bâtiments» , avance-t-il, avant de préciser, un brin déconcerté par cet heureux coup du sort, qu’ils s’y trouvent déjà.

Besoin mutuel. En fait, c’est un besoin mutuel qui va permettre de recourir à ce procédé, unique en son genre d’après Sundholm. Celui, d’une part, de chauffer le futur complexe de 28 000 m², qui accueillera des commerces, un hôtel et des bureaux. Et celui, d’autre part, de refroidir la gare centrale. Car outre la chaleur naturelle dégagée par ses usagers, la gare abrite également des cafés et des restaurants qui, tous, produisent de l’énergie. Et font grimper le niveau du mercure. L’air chaud ainsi en circulation dans la gare sera acheminé vers le nouveau bâtiment via des tuyaux remplis d’eau. Chauffée dans la gare, elle sera envoyée dans les radiateurs de l’immeuble grâce à des pompes. Puis l’eau, qui aura entre-temps refroidi, sera renvoyée vers la gare afin de la rafraîchir. Bref, la technique est simple et en aucun cas révolutionnaire, mais il fallait y penser.

«Très astucieux», se félicite simplement Sundholm. Et peu onéreux, le coût de ce système étant estimé à environ 300 000 couronnes (32 000 euros). Toutefois, la chaleur en provenance de la gare ne fournira environ que 15 % des besoins en énergie, le reste étant assuré par des pompes à chaleur qui puiseront l’énergie du sol. Labellisé écolo, l’immeuble qui n’est encore qu’un dessin sur les tables d’architectes, se veut l’expression d’une nouvelle façon de concevoir la construction immobilière, à l’aune de la prise en compte du changement climatique… et des attentes du consommateur.

«Nous pensons que les locataires vont à l’avenir exiger des habitations respectueuses de l’environnement.» Car selon Sundholm, l’homo ecologicus ne se satisfait pas de rouler en voiture écologique et de travailler dans une entreprise certifiée ISO-14 000 - une norme environnementale -, il veut aussi s’asseoir dans un bureau qui consomme aussi peu d’énergie que possible.

Gaspi. C’est donc une chasse au gaspi qui a présidé à la conception du futur bâtiment. Si la façade laissera passer la lumière du jour, elle refoulera l’énergie solaire, afin d’éviter d’inutiles dépenses de refroidissement. Et une commande unique devra permettre au dernier employé qui quitte un bureau d’éteindre à la fois ordinateurs, photocopieuses, lampes de bureau et recharges de portable. Le coût de ces innovations ? On saura juste que l’immeuble est de 5 à 8 % plus cher qu’un bâtiment normal. Une broutille en somme.

Source : http://www.liberation.fr/vous/321660.FR.php

 

17/04/2008

Pour une société basée sur l’entraide, la coopération volontaire et la libération du désir par Bob Black

-Que sont « l’anarchisme » et « l’anarchie », qui sont les « anarchistes » ?
L’anarchisme est une idée à propos de la meilleure manière de vivre. L’anarchie est un mode de vie. L’anarchisme c’est penser que le gouvernement (l’Etat) est inutile et nuisible. L’anarchie, c’est la société sans gouvernement. Les anarchistes sont des gens qui croient en l’Anarchisme et espèrent vivre en anarchie ainsi que tout nos ancêtres l’ont fait un jour. Les personnes qui croient au gouvernement (comme les libéraux, les conservateurs, les socialistes et les fascistes) sont appelés « étatistes ».
L’anarchisme pourrait paraître négatif – mais c’est uniquement le cas contre quelque chose de précis. Les anarchistes ont en effet beaucoup d’idées positives à propos de la société sans état. Mais contrairement aux Marxistes, libéraux et conservateurs, ils ne présentent pas de plan pré-établi.

-Les anarchistes ne sont ils pas des poseurs de bombes ?

Non. Du moins pas si on les compare au gouvernement Etats-unien qui largue plus de bombe chaque jour en Irak que les anarchistes ne l’ont fait pendant les 150 années durant lesquelles ils ont été un mouvement politique. Pourquoi n’entend on jamais parler de « président terroriste » ? Quelle différence entre les bombes jetées horizontalement par les anarchistes et celles larguées verticalement par le gouvernement états-unien ?
Les anarchistes militent depuis de nombreuses années, dans beaucoup de pays, contre des gouvernements aussi bien démocratiques qu’autoritaires. Parfois, souvent dans des conditions de répression très sévères, les anarchistes ont posé des bombes. Il s’agit de situations exceptionnelles. Le cliché de « l’anarchiste poseur de bombe » a été créé de toute pièces par des journalistes et politiciens de la fin du XIXe siècle, ils n’en démordent pas aujourd’hui, alors qu’il ne s’agissait, même à l’époque, que de vulgaires exagérations.

-Est ce qu’il y a déjà eu une société anarchiste qui ait fonctionné ?

Oui, plusieurs milliers d’entre elles. Durant leurs premier million d’année, les êtres humains étaient des chasseurs-cueilleurs vivant en petits groupes égalitaires, sans hiérarchie ou autorité. Les sociétés anarchistes ont du être des réussites, sinon nous ne serions pas là. L’Etat n’a que quelques milliers d’années, c’est le temps qu’il lui aura fallu pour détruire les dernières sociétés anarchistes comme les aborigènes, les « Pygmées » ou les « San » (Bushmen).
Mais nous ne pouvons pas revenir à ce mode de vie. Presque tous les anarchistes le reconnaîtraient. Cela reste malgré tout très intéressant, même pour les anarchistes, d’étudier ces groupes, et peut être de récupérer des idées sur le fonctionnement de sociétés complètement volontaires, extrêmement individualistes et pourtant coopérative. Pour ne prendre qu’un exemple, les penseurs anarchistes et ces tribus ont souvent des méthodes très efficaces de résolution des conflits basée sur la médiation et l’arbitrage facultatif. Leurs méthodes fonctionnent mieux que notre système légal parce que la famille, les amis et les voisins des personnes en désaccord les encouragent à se réconcilier, les aident par de sympathiques et confiantes discussions à trouver une solution raisonnable au problème. Entres les années 70 et 80, de supposés experts ont essayé de transposer ces méthodes dans le système légal Etats-unien. Ces essais ont naturellement échoué et disparu, ils ne fonctionnent que dans une société libre.

Les anarchistes sont naïfs : ils pensent que la nature humaine est essentiellement bonne.

Pas vraiment. Il est vrai que les anarchistes rejettent les idées de dépravation innée et de péché originel. Ce sont des idées religieuses auxquelles plus personne ne croit. Mais les anarchistes ne pensent généralement pas non plus que la nature humaine soit bonne. Ils prennent les gens comme ils sont. Les êtres humains ne sont pas « essentiellement » quoique ce soit. Nous, qui vivons sous le capitalisme et son allié, l’Etat, ne sommes que des gens qui n’avons jamais eu la chance d’être ce que nous pourrions être.
Les anarchistes font cependant moralement appel au meilleur des gens, aussi souvent qu’ils soulignent l’intérêt personnel. L’anarchisme ne prêche pas le sacrifice, mais les anarchistes se sont bien des fois battus et ont péri pour ce en quoi ils croient. Ils croient que la propagation de leurs idées signifiera une meilleure vie pour presque tous.

Comment peut on faire confiance aux gens pour ne pas s’agresser sans l’Etat pour empêcher la criminalité ?

Si vous ne pouvez faire confiance aux gens ordinaires pour ne pas s’agresser les uns les autres, comment pouvez faire confiance à l’Etat de ne pas nous agresser tous ? Les hommes qui se retrouvent au pouvoir sont ils si généreux, si prévenants, si supérieurs à ceux qu’ils dirigent ? Moins vous serez confiant envers vos voisins, plus vous aurez de raison de devenir un anarchistes. Sous l’anarchie, le pouvoir est réduit et distribué. Tous le monde en a, mais personne n’en a beaucoup. Sous l’Etat, le pouvoir est concentré, la plupart des gens n’en ont pas du tout. Contre quelle forme de pouvoir aimeriez vous vous rebeller ?

Mais, soyons réalistes, qu’arriverait il s’il n’y avait pas de police ?

Comme l’observe l’anarchiste Allen Thornton, « Les policiers ne s’occupent pas de la protection, ils sont dans le business de la vengeance ». Oubliez Batman faisant des rondes et interrompant les criminels en pleine action. Les patrouilles de police n’empêchent pas les crimes d’être commis et ne capturent pas les criminels. Lorsque les policiers ont patrouillé secrètement et sélectivement dans les banlieues de Kansas city, le taux de criminalité est resté le même. D’autres recherches aussi intéressantes ont prouvé que les investigations, la police scientifique etc. n’avaient aucun effet sur le taux de criminalité. Mais lorsque les voisins s’organisent et surveillent leurs maisons chassant les criminels supposés, ceux ci essaient une autre banlieue surveillée uniquement par la police. Les criminels savent qu’il y a peu de danger ici.

Mais l’Etat moderne est profondément impliqué dans la régulation de la vie de tous les jours. Presque toutes les activités ont une liaison avec l’Etat.

C’est vrai. Mais quand vous y pensez, la vie de tous les jours est presque entièrement anarchiste. Personne ne rencontre jamais de policier, a moins qu’il ne vous dresse une contravention. Les arrangements et la compréhension prévalent presque partout. Comme l’écrivait l’anarchiste Rudolph Rocker : « le fait est que même sous le pire despotisme les relations entre la plupart des gens sont régies par l’arrangement libre et la coopération solidaire, sans lesquelles aucune vie sociale n’est possible ».
La vie familiale, acheter et vendre, l’amitié, la dévotion, le sexe et les loisirs sont anarchistes. Même sur leur lieu de travail, que la plupart des anarchistes considèrent comme aussi coercitive que l’Etat, les travailleurs coopèrent, indépendamment des patrons, pour réduire le travail et pour l’accomplir. Certaines personnes prétendent que l’anarchie ne fonctionne pas, mais c’est presque la seule chose qui fonctionne ! L’Etat repose, difficilement, sur des fondations anarchistes, et l’économie en fait de même.

Et la Culture?

L’anarchisme a toujours attiré de généreux et créatifs esprits qui ont su enrichir notre culture. On considère comme poètes anarchistes Percy Bysshe Shelley, William Blake, Arthur Rimbaud et Lawrence Ferlinghetti. Les plus connus des écrivains anarchistes sont Henry David Thoreau et, au 20eme siècle, l’anarchiste catholique Dorothy Day, Paul Goodman, et Alex Comfort (auteur de : la joie du sexe). Les enseignants anarchistes renommés comprennent : le linguiste Noam Chomsky, l’historien Howard Zinn, et les anthropologues A.R. Radcliffe-Brown et Pierre Clastres. En termes de littérature, les célébrités sont trop nombreuses pour être énumérées, mais on compte Léon Tolstoï, Oscar Wilde, et Mary Shelley (auteur de Frankenstein). Gustav Courbet, Georges Seurat, Camille Pissarro, and Jackson Pollock sont autant de peintres anarchistes. On trouve aussi beaucoup de musiciens : John Cage, John Lennon, le groupe CRASS, etc.

En supposant que vous ayez raison, que l’anarchie soit un meilleur mode de vie que celui que nous avons aujourd’hui, comment pourrions nous passer outre l’Etat s’il est aussi puissant et opprimant que vous le prétendez ?

Les Anarchistes ont toujours pensé à cette question. Ils n’existe pas de réponse facile. En Espagne, il y avait un million d’anarchistes en 1936 quand les militaires ont lancé leur coup d’Etat, ils ont combattu les fascistes en même temps qu’ils aidaient les ouvriers à prendre le contrôle des usines et les paysans à organiser des collectivités dans les campagnes. D’autres anarchistes ont fait de même en Ukraine, entre 1918 et 1920, où ils devaient combattre de concert les Tsaristes et les communistes. Mais ce n’est pas ainsi que nous détruirons le système mondial au 21eme siècle.
Prenons les révolutions qui ont débarrassé l’Europe de l’Est du communisme. Il y a eu beaucoup de violence et de morts, plus dans certains pays que dans d’autres. Mais ce qui a abattu les politiciens, les bureaucrates, les généraux- le même ennemi que le notre- fut le refus de travailler ou de faire quoique ce soit pour un système pourri, de la majorité de la population. Qu’auraient pu faire les commissaires du peuples à Moscou ou Varsovie ? Se lâcher eux-même des bombes H ? Exterminer les ouvriers qui les nourrissaient ?
La majorité des anarchistes croient fermement que ce qu’ils appellent la « grève générale » aurait un grand rôle à jouer dans l’effritement de l’Etat. Ce serait un refus collectif du travail.

Si vous êtes contre toute forme de gouvernement, vous devez être contre la démocratie ?

Si démocratie signifie que les gens contrôlent leurs propres vie, alors tous les anarchistes seraient, comme les appelait l’anarchiste Benjamin Tucker, « unterrified Jeffersonian democrats » : ils seraient les seuls vrais démocrates. Mais ce n’est pas ça, la démocratie. Dans la vie réelle, une partie des gens (en amerique, c’est toujours une minorité) élit une poignée de politiciens qui contrôlent nos vies en votant des lois et en utilisant des bureaucrates non-élus et la police pour se renforcer, que la majorité le veuille ou non.
Comme le philosophe Français JJ Rousseau (qui n’était pas anarchiste) l’écrivit un jour, en démocratie, les gens ne sont libre qu’au moment du vote, le reste du temps ils sont esclaves du gouvernement. Les politiques en place et les bureaucrates sont souvent sous l’influence d’énormes transactions et généralement de groupes de pression. Tous le monde sait ça. Mais certains restent silencieux car ils en tirent bénéfice. Beaucoup d’autres sont silencieux parce qu’ils savent qu’il n’y a rien de bon dans la protestation et qu’ils seraient appelés « extrémistes » ou pire, « anarchistes ! » s’ils parlaient des choses comme elles sont.

Mais si vous n’élisez pas d’officiels pour prendre les décisions, qui les prend? Vous ne me ferez pas croire que chacun ferait ce qu’il lui plait sans droit de regard des autres ?

Les anarchistes ont beaucoup d’idées à propos de la prise de décisions dans une société vraiment volontaire et coopérative. La plupart croient qu’une telle société devrait se baser sur des communautés suffisamment petites pour que les gens se connaissent, ou au moins partagent familles, amitié, opinions et intérêts avec tous les autres.
Et comme ce sont des communautés locales, les gens partageraient aussi une connaissance de leur groupe et de leur environnement. Ils savent qu’ils devront vivre avec les conséquences de leurs décisions. Contrairement aux politiciens ou bureaucrates qui décident pour les autres.
Les anarchistes croient que les décisions devraient toujours être prises au plus bas niveau possible. Tout choix, que les individus peuvent faire pour eux mêmes, sans interférer avec le choix de qui que ce soit d’autre, doit leur appartenir. Toute décision prise en petit groupe (famille, congrégations religieuse, collègues…) est la leur et ne devrait pas interférer avec celle des autres. Les décisions à l’impact important, si tous le monde est concerné par elles, donneraient lieu à une assemblée de la communauté.
Cette assemblée n’est cependant pas un pouvoir législatif. Personne n’est élu. Tous peuvent en faire partie. Les gens parlent pour eux même. Mais comme ils parlent de problèmes particuliers, les gens sont conscients que pour eux, gagner n’est pas « la seule chose qui compte ».
Ils veulent que tous gagnent. Ils apprécient l’amitié de leurs voisins. Ils commencent par essayer de réduire les incompréhensions et clarifier les problèmes. C’est souvent suffisant pour tomber d’accord. Sinon, ils cherchent un compromis, qui, en général, fonctionne. Si ce n’est pas le cas, l’assemblée reporterait le problème afin que toute la communauté puisse y réfléchir, si ce n’est pas quelque chose qui requiert une décision immédiate. Si cela échouait encore, la communauté chercherait comment la majorité et la minorité pourraient temporairement se séparer, chaque groupe vivant selon son choix.
Si les deux groupes étaient irréconciliables, la minorité aurait deux choix. Ils pourraient s’aligner sur la majorité car l’harmonie de la communauté serait plus importante que ce problème. Peut être la majorité peut elle être conciliante avec la minorité sur une autre décision. Si toutes ces méthodes échouent également, et si le problème est si important pour la minorité, elle peut alors former sa propre communauté, comme l’ont fait plusieurs états Etats-uniens (Connecticut, Rhode Island, Vermont, Kentucky, Maine, Utah, West Virginia, etc.).
Si leur sécession n’est pas un argument envers l’étatisme, alors c’est un argument contre l’anarchie. Ce n’est pas un échec pour l’anarchie car la nouvelle communauté recréerait sa propre anarchie. L’anarchie n’est pas un système parfait, il est juste meilleur que les autres.

Mais nous ne pouvons satisfaire tous nos besoins ou nos envies au niveau local.

Peut être pas tous, mais il existe des preuves archéologiques de commerce sur des longues distances, plusieurs milliers de kilomètres, à travers l’Europe préhistorique et anarchiste. Les sociétés anarchistes primitives étudiées par les anthropologues durant le 20eme siècle, comme les San chasseurs cueilleurs, ont montré ce genre de commerces, mais de façon individuelle. La pratique de l’anarchie n’a jamais dépendu de la capacité à se suffire à soi même. Mais beaucoup d’anarchistes récents ont soutenu que les communautés et régions devraient l’être le plus possible afin de ne pas dépendre de lointaines et impersonnels tractations.
Même avec notre technologie récente, qui a souvent été créée pour élargir les marchés et détruire l’autosuffisance, à un niveau local, l’autosuffisance est bien plus possible que ce que les gouvernements et compagnies ne le voudraient.

On peut citer « le chaos » comme une définition de l’anarchie. N’est ce pas ce que serait justement l’anarchie ?

Pierre-Joseph Proudhon, qui fut le premier à se définir lui même comme anarchiste, a écrit que « la liberté est la mère et non la fille de l’ordre. » L’ordre anarchiste est supérieur à celui de l’Etat/de la force, car ce n’est pas un système de lois coercitives, c’est simplement expliquer comment des communautés de gens qui se connaissent peuvent vivre ensemble. Cet ordre est basé sur le consentement et le sens communs.

Quand a été formulé la philosophie de l’anarchisme ?

Certains anarchistes pensent que les idées anarchistes ont été exprimées par Diogène, le cynique en Grèce antique, par Lao Tseu en chine et par certain mystiques médiévaux ou encore durant la guerre civile anglaise du 17eme siècle. Mais l’anarchisme moderne commence avec « justice politique » de William Godwin, publié en Angleterre en 1793. Il fut ensuite ravivé en France avec Pierre-Joseph Proudhon autour de 1840 (qu’est ce que la propriété ?) qui a inspiré un mouvement anarchiste chez les ouvriers Français. Max Stirner mets en lumière l’individualisme, valeur basique de l’anarchisme, à travers « l’Ego » et « Le sien ». Un Etats-unien, Josiah Warren, est arrivé indépendamment aux mêmes conclusions au même moment et a ainsi influencé un mouvement sur une très grande échelle pour créer des communautés utopistes. Les idées anarchistes ont ensuite été développées par le brillant Michael Bakounine, révolutionnaire Russe, ainsi que par l’enseignant Russe Peter Kropotkine. Les anarchistes espèrent que leurs idées continuent de se développer dans un monde en plein changement.

Toutes ces histoires de révolution ressemblent beaucoup au communisme dont plus personne ne veux.

Les anarchistes et les Marxistes sont ennemis depuis les années 1860. Certes ils ont parfois coopéré face à des ennemis communs comme les tsaristes durant la révolution Russe ou les fascistes Espagnols pendant la guerre civile d’Espagne, mais les communistes ont toujours trahis les anarchistes. De Marx à Staline, les marxistes ont toujours dénoncé l’anarchisme.
Certains anarchistes, disciples de Kropotkine, s’appellent eux mêmes « communistes »- pas Communistes. Mais ils opposent un communisme libre venant de tous, fait d’un partage volontaire des terres, de travail dans des communautés locales où les gens se connaissent au Communisme imposé par la force par l’Etat, nationalisant les terres et les unités de production, reniant toute autonomie locale et réduisant les ouvriers à être employés de l’Etat. Comment ces deux systèmes pourraient ils être plus différent ?
Les anarchistes se sont félicités et ont en fait participé à la chute du Communisme Européen. Certains anarchiste étrangers ont aidé les dissidents du bloc de l’Est – alors que le gouvernement US ne le faisait pas- durant de nombreuses années. Les anarchistes sont maintenant actifs dans tous les anciens pays communistes.
La chute du communisme a sans aucun doute discrédité la plupart de la gauche états-unienne, mais pas les anarchistes, dont beaucoup ne se considèrent pas de gauche d’ailleurs. Les anarchistes ont existé bien avant le marxisme et nous sommes toujours là.

Les anarchistes ne revendiquent-ils pas le recours à la violence ?

Les anarchistes sont loin d’être aussi violent que les démocrates, les républicains, les libéraux ou les conservateurs. Ces gens là ne semblent pas violents uniquement parce qu’ils se servent de l’Etat pour faire le sale boulot – pour être violent pour eux. Mais la violence reste la violence. Porter un uniforme ou agiter un drapeau ne change rien. L’Etat est violent par définition. Sans usage de violence à l’encontre de tous nos ancêtres, il n’y aurait aucun Etat aujourd’hui. Certains anarchistes recommandent le recours à la violence, mais l’Etat lui y a recours tous les jours.
Certains anarchistes, dans la mouvance de Tolstoï, sont pacifistes et non violents par principe. Un petit nombre d’anarchistes croient en une offensive armée contre l’Etat. La plupart des anarchistes croient en l’autodéfense et accepteraient un certain niveau de violence dans un contexte révolutionnaire.
Le problème n’est pas vraiment violence contre non-violence. Le problème c’est l’action directe. Les anarchistes croient que les gens, tous les gens, devraient tenir leur destin dans leurs mains, individuellement ou collectivement, que ce soit légal ou non et que cela implique l’usage de la force ou non.

Quelle est exactement la structure sociale d’une société anarchiste ?

La plupart des anarchistes n’en sont pas « exactement » surs. Le monde sera un endroit extrêmement différent quand les gouvernement auront été abolis. Les anarchistes ne font généralement pas de « mode d’emploi » mais ils proposent quelques principes destinés à nous guider. Ils disent que l’entraide mutuelle- coopération plutôt que compétition- est la base de la vie sociale.
Ils sont des individus dans le sens où ils pensent que la société existe pour le bien des individus, pas l’inverse. Ils encouragent la décentralisation, ce qui signifie que les fondations des communautés seraient faites au niveau local, des communautés « face à face ». Elles pourraient ensuite se fédérer- à travers des relations d’entraide- mais seulement pour coordonner des activités qui ne peuvent être exécutées au niveau local. La décentralisation anarchiste inverse la hiérarchie existante. De nos jours, plus le gouvernement est situé à un haut niveau, plus il en tire du pouvoir. Sous l’anarchie les hauts niveaux ne sont absolument pas des gouvernements. Ils n’ont aucun pouvoir coercitif, et plus on monte, moins on leur délègue de responsabilités.
Les anarchistes sont cependant conscient du risque que ces fédérations ne deviennent bureaucratiques et étatiques. Nous sommes des utopistes mais nous sommes aussi réalistes. Nous devrons surveiller de près ces fédérations. Comme l’écrit Thomas Jefferson, « l’éternelle vigilance est le prix de la liberté »

Un dernier mot ?

Winston Churchill, un politicien alcoolique et criminel de guerre anglais a écrit un jour que « la démocratie est le pire des systèmes de gouvernements, excepté tous les autres. » L’anarchie est le pire système social, excepté tous les autres. Toutes les civilisations (à société étatique) se sont effondrées et ont été remplacée par des sociétés anarchistes. L’étatisme social est naturellement instable. Tôt ou tard, nos sociétés s’effondreront aussi. Il n’est pas trop tôt pour réfléchir à ce qui pourrait les remplacer. Les anarchistes y pensent depuis 200 ans. Nous avons un départ. Nous vous invitons à explorer nos idées et de nous rejoindre pour essayer de construire un monde meilleur.

Bob Black

Texte publié en anglais par Anarchy, traduit par Flugute.

Mis en ligne par Flugute, le Samedi 8 Décembre 2007, 22:52 dans la rubrique "Pour comprendre".
ça mérite réflexion non ?

26/03/2008

André Gorz à l'antenne

André Gorz : Perspectives pour penser le travail au XXIème siècle
 
(Retransmission des débats de la manifestation organisée le 15 mars dernier par la revue Les périphériques vous parlent et la Cité européenne des Récollets)
 
Emission en deux parties d’une heure chacune des Périphériques vous parlent sur Fréquence Paris Plurielle
 
Les vendredi 28 mars et vendredi 11 avril  de 17h à 18h sur Fréquence (106.3 bande FM ou en direct sur le net www.rfpp.net) - rediffusion les lundi et mardi suivants de 11h à 12h
 
Retransmission radiophonique du film intitulé André Gorz, de Marian Handwerker (1990 – Belgique) suivi d’un débat avec Marc Kravetz (Journaliste et reporter),  Jean Zin (Ecologiste, auteur de L’écologie politique à l’ère de l’information), Marie-Louise Dubouin (directrice du mensuel La grande relève),Christophe Fourel (directeur général de l’Agence nouvelle des solidarités actives), animé par Yovan Gilles (Les périphériques vous parlent)
 
Ces échanges et interventions évoqueront, outre la personnalité et l’œuvre d’André Gorz, les rapports du philosophe avec le marxisme, son apport à l’écologie politique, la question du travail envisagé comme production de soi, la sortie de la société salariale et l’instauration d’un revenu social garanti …

28/05/2007

Un exemple à suivre, un peu d'éthique bordel !


* Le paysagiste Gilles Clément explique qu'il annule ses engagements avec l'Etat. Décision dictée par l'élection de Sarkozy, qu'il juge porteur d'un projet néfaste pour la planète.*
Par Eliane PATRIARCA Libération samedi 19 mai 2007

Sa radicalité détonne dans le paysage français, où les frontières politiques s'amollissent jusqu'à faner. Vendredi, le paysagiste Gilles Clément, intervenant aux 46e Journées des plantes de Courson (Essonne), a transformé sa conférence en manifeste politique. Une déclinaison du communiqué figurant sur son site web (1) depuis l'élection présidentielle. Le théoricien du /«jardin planétaire», /créateur du parc André-Citroën ou du jardin du musée du Quai-Branly, annonce qu'il annule /«la totalité des engagements pris auprès des services publics et privés sur le territoire français, à l'exception des instances officielles ou non officielles où, de façon avérée, s'établit la résistance». /Explications du jardinier-écrivain, dont le dernier livre s'intitule /Une écologie humaniste /(2).

*Pourquoi cette prise de position publique ? *
Je refuse de cautionner un projet qui va dans le sens d'une destruction de la planète et n'est pas conforme à ce que j'estime humainement acceptable.

*En quoi ce projet vous paraît-il destructeur ? *
C'est un projet ultralibéral, qui favorise la santé des entreprises plutôt que la santé humaine, où l'économie domine, où les fluctuations de la Bourse commandent, où la pollution devient une monnaie d'échange avec les droits à polluer et le marché du CO2. L'humanité est au bout d'une chaîne de fabrication et de prédation, et nous dépendons d'une diversité biologique qui est aujourd'hui réduite par notre activité et par l'arasement, à travers l'agriculture, des conditions nécessaires à cette diversité. Nous vivons en accélérant des mécanismes dévastateurs pour l'eau, le sol, l'air, les aliments, au service de la tyrannie boursière.

*Mais cela n'a pas commencé le 6 mai... *
Les choses étaient engagées très largement, mais il y avait encore une plasticité, des possibilités de discussion. Même si depuis douze ans, nous étions dans une sorte de laminoir nous engageant dans une voie unique. Avec Nicolas Sarkozy, on s'engage de façon absolue dans ce système ultralibéral et cynique.

*L'élection de Royal aurait-elle changé cela ? *
Le choix du 6 mai nous fait descendre de plusieurs étages d'un coup ! Le programme de Royal était un programme de société, et non de castes. Il y avait la perspective qu'elle s'entoure de gens compétents.


*Juppé est nommé ministre du Développement durable, concept que vous dénoncez... *
C'est un mauvais oxymore. Comme le dit un économiste américain, dans un système fini comme celui de la planète, il faut être fou ou économiste pour imaginer un développement infini. Sous des apparences de belles idées, le développement durable sert de caution à des pratiques non
écologiques. L'exemple le plus frappant, ce sont les biocarburants, qu'on présente comme «la» solution. Ce n'est que de la poudre aux yeux pour maintenir l'industrie automobile, et éviter que le choix de la voiture soit débattu. Sur un plan environnemental, c'est une aberration.
Ils polluent à peine moins l'atmosphère que les carburants traditionnels, et pour faire un litre de biocarburant, il faut un litre de pétrole !

*Vous avez déjà annulé des engagements ? *
Oui, des interventions dans des organismes dépendants de l'Etat. Je préfère perdre des chantiers, et aller en trouver ailleurs ou réduire mes dépenses. Le pouvoir, l'argent ne m'intéressent pas. Au départ, je voulais tout annuler, mais, depuis mon communiqué, j'ai eu beaucoup de réactions. Et je me suis aperçu qu'il y a des lieux de résistance où il est possible de travailler : collectivités locales, associations...

*Vous écornez votre image consensuelle. *
Cela fait trente ans que je dis des choses que personne n'écoute. On dit : /«Il est gentil, il fait de beaux jardins. /» La liberté, l'invention, la culture sont aujourd'hui en danger.
(1) www.gillesclement.com

 (2) Ed. Aubanel.

03/04/2007

HUMEUR DE JACQUES LIVCHINE et ce que j'en dis


Tout me fatigue

La rue !

Parce que lors des présentations de la FAIAR, les professionnels invités jugent avec le premier critère évident :

La rue c’est dans la rue ! or Magali joue dans un immeuble, Constance dans un bar à putes Julie dans un parking rééinventé Estelle dans un square

Alors le Thomas Hahn de Cassandre, comme Pierre Guillois de Bussang

disent : c’est où la rue ? C’est ça votre théâtre de rue de l’avenir ?

Notre rue primitive est elle perversifiée ?

Notre manifeste doit donner une réponse, donner une réponse sur ce sujet. On a fait divers essais, Luc Perrot est gentil de trouver ça pas mal. Extraits

"Pour nous voir il n’y a pas besoin de vigiles ni de pousser la porte. Nous sommes pour tous les yeux et toutes les oreilles. Nous parlons à la fois aux analphabètes et aux bardés de diplômes. La seule célébrité sur laquelle nous nous appuyons se trouve sous nos pieds. La rue. C’est notre scène, notre arène, notre ring. Nous sommes à la rue parce que nous le voulons"

Premiers balbutiements. ça passe ou ça passe pas ? Pour moi, ça passe pas .

De toute façon on n’a pas su dire pour qui il était ce manifeste ?

A placarder dans les festivals ? A publier dans la presse ?

Pour nous définir nous mêmes ?

On s’est réunis à 4.

On a cherché nos obsessions, nos maladies, nos ressemblances ; jouer pour tout le monde, jouer gratuit, jouer hors des temples dévolus aux arts.

Quand Copeau quitte Paris, il nomme son ennemi, le théâtre commercial, lui il veut le théâtre d’Art. C’est l’appel du vieux colombier, c’est musclé, c’est vigoureux.

Mais moi si je me mets à dire ce que je pense vraiment, c’est l’apocalypse. Alors si j’avais le droit je dirais :

Le théâtre en France va mal. Et pourtant la France, nous dit -on est exemplaire, et enviée du monde entier pour sa vie culturelle.

L’ennui : l’ennui habite nos salles de théâtre. Un public d’abonnés cultivés, endormi ou hypnotisé, applaudit des oeuvres ternes, inodores, aseptisées.

Le théâtre est devenu totalement mortifère, déserté par les jeunes en dehors des élèves emmenés de force par leurs professeurs, le théâtre est devenu mou, domestique, aligné.

Une véritable cour de marquis, de barons, de comtes et de comtesses gravite autour du Ministère de la culture pour s’emparer des postes régulièrement mis à disposition. On se pousse des coudes pour faire partie des "short listes" de pré -selectionnés. C’est toujours le plus médiocre qui l’emporte.

Ceux qui osent dénoncer ce système sont jetés aux oubliettes, marginalisés, blacklistés, évincés.

L’avenir n’appartient -il qu’aux mausolées ?

Naît alors depuis une vingtaine d’années en dehors de ce système bureaucratique, un théâtre de résistance, un vrai théâtre engagé, poétique, social, qui se joue hors de tous ces lieux officiels et subventionnés. , Ce théâtre se joue "hors théâtre" un peu partout, dans des espaces publics, pour des publics neufs, émerveillés. C ’est du vrai théâtre de la vie, le vrai théâtre, impertinent, jeune vivant, bousculeur, et surtout vivant.

Il n’est pas compassé, empesé, amidonné, il est foisonnant, généreux débraillé, batailleur, brailleur.

D’un côté la vie, de l’autre la mort.

Il est temps que le ministère de la culture, à l’aune d’un changement de régime, arrête d’embaumer la culture morte, et s’occupe de la culture vivante.

Ce théâtre vivant, est reconnu par le Monde entier. Ce n’est pas la Comédie Française, que les pays étrangers s’arrachent, mais le théâtre de rue français.

Ces nouvelles formes de théâtre investissent toutes sortes de lieux, rues, friches , forêts, campagnes, cours d’immeubles, villes, villages, parfois même les théâtres.

C’est de l’Art en marche, plasticiens, musiciens, danseurs, se joignent à cette cohorte d’artistes inventifs.

Evidemment ces nouvelles oeuvres ne se calquent pas sur les critères de qualité habituelles. Adieu l’excellence culturelle, adieu la consommation classique de culture, adieu l’entre soi, adieu la consanguinité.

C’est une vraie révolution.

L’art vivant pousse partout en dehors des lieux qui lui sont dévolus. C’est un vrai mouvement qui avance inexorablement, poussé par le vent de l’histoire.

1000 compagnies, 350 festivals.

Des expériences inédites totalement ignorées par les médias. Des squatts, des lieux de fabrique, des rassemblements, un courant se dessine.

La précarité y est de mise. L’accès à l’intermittence devient de plus en plus sévère. Sans arrêt, de nouvelles règles de sécurité tentent d’enrayer le mouvement.

L’Etat ne pense qu’à renforcer ses établissements nationaux, en plein déclin et fermés à 85% de la population.

Le débat présidentiel n’aborde jamais les enjeux culturels, alors que 60 % des français pensent que la culture est un bon moyen de lutte contre les inégalités scolaires et pour le désenclavement de la société rurale.

Nous sommes des plantes sauvages, nous poussons là où il ne faut pas, ils veulent nous mettre en pot.

I faut revendiquer le droit à l’émeute, l’émeute artistique.

Le problème ce n’est pas l’ISF, ou l’impôt sur le revenu, le problème, c’est que notre art est aussi indispensable à l’homme que la chlorophylle à la nature, le problème c’est que nous avons beaucoup plus besoin de désordre, que d’ordre.

Voilà pourquoi nos candidats ne devraient pas avoir les yeux rivés sur le sondages, mais sur les urgentes et cruciales questions culturelles.

Il faut déconstruire le système culturel actuel, le reconstruire autrement,inverser les valeurs et les priorités.



 Source : http://www.horschamp.org/article.php3?id_article=2009



 



En tant qu'ex-intermittente du spectacle, théâtreuse de rue pendant plus de dix ans, je dis ATTENTION, ce qui s'est passé et se passe dans les théâtres et autres lieux culturels officieux, a également gangréné le théâtre de rue... Le problème étant pricipalement la nature humaine, le problème c'est vous, c'est moi. La course à la reconnaissance, au gain, au mieux vivre, au bonheur, à l'amour... Le terrain de l'égo est très fertile chez les artistes de tous poils et aussi de plumes, il y pousse certes de très belles créations mais le fumier nécéssaire pue parfois atrocement. Je rêve du jour où la désignation "artiste" n'existera plus, on dira des hommes, des femmes, des enfants... L'humain est créateur par essence, l'art est partout, pousse dans les failles de la pensée convenue, dans les interstices entre les panneaux publicitaires, les artistes conventionnés ou pas ne sont que la face visible d'un iceberg bien plus vaste... mais vous savez ce que c'est, avec le réchauffement de la planète et le ramollissement des cervelles... la glace fond...



Cathy Garcia



 



 



 



 


30/01/2007

Davos : remise des Public Eye Awards aux entreprises les plus irresponsables

 
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L’ouverture du Forum économique de Davos coïncide, depuis 2005, avec un contre-événement : la remise des 'Public Eye Awards ', qui récompensent les entreprises les plus irresponsables. Deux ONG, la Déclaration de Berne et Pro Natura, sont à l’origine de ce happening ironique, qui a pour but de maintenir la pression sur les entreprises particulièrement peu respectueuses de l’environnement ou des droits humains.

40 entreprises étaient en lice, cette année, pour ces prix particuliers qu’aucune d’entre elles ne souhaite obtenir. Et pour cause, puisqu’ils récompensent les entreprises dont le comportement est particulièrement irresponsable et néfaste au développement durable. La Déclaration de Berne et Pro Natura, deux ONG suisses, veulent à travers ce happening «maintenir une forte pression afin que l’économie reconnaisse ses responsabilités. Davos n'est-il pas le cadre idéal pour cela ? » demande Mary Robinson, ex-présidente irlandaise, puis déléguée de l’ONU aux droits de l’Homme et aujourd’hui membre de nombreuses ONG. Cet été, La Déclaration de Berne et Pro Natura ont lancé un appel aux ONG du monde entier en les invitant à proposer des entreprises pour les Public Eye Awards 2007. Les propositions ont fait apparaître les noms « habituels » en la matière (Nestlé, Coca Cola, Syngenta, etc) mais également d’autres moins connus. « Les Public Eye Awards mettent en lumière les conséquences sociales et écologiques de la mondialisation économique par le biais d’exemples concrets," explique La déclaration de Berne. "Ils montrent aussi que des codes de conduite volontaires pour les entreprises, comme le « Global Compact », ne suffisent pas. Des normes contraignantes dotées de mécanismes efficaces de contrôle et de sanctions sont nécessaires ».
Cette année, les prix ont été répartis en nouvelles catégories -«monde», «Suisse», et «positive»-, cette dernière étant une véritable récompense. Pour ce 'Public Eye Positive Award', 3 entreprises étaient nominées : Coop (distribution) pour sa contribution à l'environnement, et  notamment son offre de produits bio ; Eosta pour sa production éthique et son action dans le domaine du développement durable ; et enfin Marks & Spencer, pour son offre de produits issus du commerce équitable et sa coopération avec les ONG.
LE PALMARÈS OFFICIEL DE DAVOS

Le Forum économique mondial a également "son" palmarès, celui du cabinet Innovest qui a remis des prix aux entreprises les plus responsables. Spécialisé dans l’analyse des performances sociales et environnementales des entreprises) Innovest a rendu public le « G100 », qui récompense les  100 entreprises les plus responsables parmi 1800. Il comprend cinq entreprises françaises : Accor, Air-France-KLM, Groupe Danone, Lafarge et Pages Jaunes ainsi qu’une Franco-belge : Dexia. Le Royaume-Uni est représenté par 24 entreprises, les États-Unis par 19 et le Japon par 13. Les critères retenus par Innovest sont notamment la gestion des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance. Les ONG retrouveront dans cette liste un de leurs « gagnants » 2006 : Walt Disney Company.


1er prix : Bridgestone

S’agissant, des «Negative Award », ils avaient été décernés en 2006 aux multinationales américaines Chevron, Walt Disney et Citigroup. Cette année, parmi les nominées de la catégorie « monde » figurent Bridgestone Corporation (pour ses plantations de caoutchouc au Liberia, ayant des impacts sociaux et écologiques catastrophiques), IKEA Groupe (pour sa stratégie consistant à payer le moins d’impôts possible), Trafigura Beheer B.V.( l’entreprise a affrété le tanker qui a causé la catastrophe écologique et sanitaire d’août 2006 à Abidjan).
Le « gagnant 2007 » est le groupe japonais Bridgestone, dont « les conditions de travail proches de l’esclavage dominent depuis 80 ans dans ses plantations de caoutchouc du Libéria, explique La Déclaration de Berne.Le travail des enfants et de graves dommages à l’environnement y sont fréquents ».
Prix suisse pour Novartis

C’est Novartis qui remporte ce prix peu glorieux, le « groupe pharmaceutique bâlois essayant actuellement de limiter l’accès aux médicaments génériques bon marché en Inde et dans les pays en développement ». Le groupe avait été proposé par l’organisation d’aide contre le cancer indienne CPAA. Pour le directeur de cette ONG, Yogenda Sapru, il ne fait aucun doute que «Novartis, par sa politique de monopole en Inde, est coresponsable de la souffrance de dizaines de milliers de malades du cancer».
Dans cette catégorie «Suisse» étaient également nominés Ruag Holding (fabrication d’armes particulièrement violentes comme les bombes à fragmentation) et Xstrata (pour sa tentative d’exploiter une mine à ciel ouvert ayant des impacts sociaux et écologiques).

Prix positif pour Coop

Enfin, le 'Public Eye Positive Award' a été remis à Coop, pour sa contribution à la protection de l'environnement et son rôle pionnier dans la commercialisation de produits biologiques. Son label «Naturaplan» a en effet permis d’augmenter le nombre d’exploitations agricoles biologiques, qui comptent aujourd’hui plus de 6000 unités.


Véronique Smée
Mis en ligne le : 24/01/2007
Source http://www.novethic.fr/novethic/site/article/index.jsp?id...



VOIR AUSSI

Le site de la Déclaration de Berne http://www.evb.ch/fr/p9610.html










    

10/01/2007

Pour la décroissance

Contrairement à ce qu'a annoncé le journal "Le Monde" le 2 décembre dernier, le "Parti pour la décroissance" n'est pas "mort né". Comme toutes les structures politiques, il connaît des difficultés bien naturelles et s'emploie tant à les dépasser qu'à en tirer des enseignements. Construire du collectif dans une société marquée par l'individualisme forcené est une gageure.
Surtout quand les médias dominants, renonçant à leur rôle de quatrième pouvoir, se font les outils de la propagande consumériste.
Une idéologie qui amène chaque jour davantage de nos contemporains à se considérer d'abord comme des consommateurs et non plus avant tout comme des citoyens. Contrairement aussi à ce que laisse soupçonner la journaliste du "Monde", nous n'avons aucune accointance avec "des milieux très réactionnaires". La décroissance que nous défendons est au service des valeurs humanistes, républicaines, démocrates. Elle est au service d'un partage équitable des ressources de la planète. Elle combat l'idéologie du "sans limite" qui conduit à produire autant d'obèses que d'anorexiques. Est-ce cela être réactionnaire ? Est-il progressiste d'accepter le pillage et le gaspillage des ressources naturelles ou l'accaparation des ces ressources par une minorité ?
Nous constatons avec quels moyens les médias sous influence des intérêts économiques défendent les puissants. Heureusement, l'excellent dernier livre du journaliste du même journal Hervé Kempf "Comment les riches détruisent la planète" permet de comprendre les raisons de ces insinuations ignominieuses.

Le "Parti pour la décroissance" n'est pas mort né mais bien vivant. En revanche, la croissance et le développement économique sans limites sont, eux, condamnés. Cette idéologie irrationnelle et contre l'homme n'a pas d'avenir sauf de tout détruire. Les membres du "Parti pour la décroissance" s'emploient à réfléchir à une transition vers une société sobre et partageuse pour notre pays riche. Car la première des décroissances que nous voulons est celle des inégalités. La démocratie consiste à exposer les tensions pour engager un débat pacifique. C'est un exercice difficile et rebutant pour beaucoup. Pourtant, avons-nous d'autres choix ? Non. En nous y refusant nous contribuerions aux maux que nous dénonçons. En nous y refusant nous préparerions le chaos ou des politiques autoritaristes que vont engendrer inéluctablement un système qui ne tient compte ni des limites physiques, ni des limites humaines. Et ce n'est pas la farce médiatique conduite par l'animateur de TF1 Nicolas Hulot qui permettra de nourrir et sauver la démocratie, au contraire. Ce n'est pas non plus l'escroquerie sémantique du développement durable défendue par les Verts pour repeindre la société de consommation en vert. Foncièrement démocrates, nous voulons donc être le plus nombreux possibles lors des élections législatives de juin 2007 pour présenter la décroissance aux Français. Le "Parti pour la décroissance" y présentera des candidats pour la première fois de sa jeune existence.

L'Assemblée générale du Parti pour la décroissance le 27 janvier, à Lyon, sera un nouveau moment fondateur dans la vie de notre mouvement. Il est encore temps de présenter des motions ou de rejoindre celles déjà présentées pour nourrir le débat. Nous comptons sur vous pour cette nouvelle année 2007 que nous vous souhaitons la meilleure possible.

Julien Gonzalez, secrétaire national du "Parti pour la décroissance", le 8 janvier 2007.

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Vous pouvez retrouver cet éditorial sur le site ainsi que toutes les informations sur www.partipourladecroissance.net

25/12/2006

Il y a une vie après noël

à tous ceux qui sont seuls aujourd'hui et que le hasard viendrait perdre ici, une bonne nouvelle :

Il y a une vie après noël !

 Et vlà le dessert :  http://www.dailymotion.com/video/xsidk_entartage-de-sarkozy

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25/09/2006

L'ART EN BANLIEUES/CONTREFEUX 21 et 22 octobre

Cassandr

e/Horschamp propose

 

L’art en banlieues/Contrefeux

 

Samedi 21 et dimanche 22 octobre
Cité européenne des Récollets
Débats, films, slam, lectures…

 

Couvent des Récollets
148, rue du Faubourg Saint-Martin
75010 PARIS -

Maison de l'Architecture - Salle de la chapelle

M° Gare de l'Est

Réservation impérative au 01 40 35 00 98
Participation par journée : 5 euros.


En avril et en juillet 2006,

Cassandre

consacrait deux numéros, «Contrefeux» et «Possibles» aux interventions artistiques exigeantes en banlieue.

Nous sommes loin, pour autant, loin d’avoir épuisé les débats, les questionnements, les «possibles» et les controverses sur l’action artistique en banlieue, ses cadres, ses formes, ses modalités.


Comment prendre en compte les cultures et les formes qui naissent dans les cités populaires, comme le slam, sans leur imposer formatages et institutionnalisation ? 
Comment éviter d’opposer une «culture des banlieues» à une culture «légitimée» ?

Comment réfléchir à la circulation des formes issues des banlieues pour éviter leur enfermement ? Comment résister à la déferlante du populisme audiovisuel ?

 

Nous avons invité des artistes et acteurs culturels, des sociologues, architectes, archéologues, élus, acteurs sociaux, à partager avec nous ces questionnements.


Programme

Nous souhaitons lier les débats et les temps artistiques : projection des films de l’équipe des Engraineurs à Pantin et de Jean-Pierre Thorn, extrait de spectacle de Guy Benisty, lectures de Dominique Brodin, photographies d’Olivier Pasquiers, slam avec Shein B…


Samedi 21 octobre


Accueil et introduction par l’équipe de

Cassandre/

Horschamp
Projection de photographies d’Olivier Pasquiers (Le bar Floréal)

14h45-16h45: Déplacer le regard

La banlieue est un point de concentration de clichés journalistiques et des fantasmes qu’ils engendrent. Comment déplacer le regard sur ces périphéries? Comment modifier le regard que la banlieue porte sur elle-même?

17h-19h : Au risque du miroir

Nombre d’actions artistiques en banlieue proposent aux habitants de se regarder, à travers une pratique de portraits (photographiques, vidéo, autobiographique)… Les résultats sont souvent émouvants et riches. Pour autant, la multiplication de ces formes d’intervention interroge : ne risque-t-on pas l’enfermement de la banlieue dans son propre miroir ? Va-t-on vers l’accumulation de documents passionnants, mais qui ne sortent pas du territoire où ils ont été conçus ?

21 h : Soirée slam avec la projection du film de Julien Renucci, « Slam sauvage/ La voix des braves ».

 


Dimanche 22 octobre


14h30 – 16h30 : Un terreau de formes



On parle de « cultures urbaines » pour désigner les expressions issues des banlieues et surtout celles liées au hip-hop (rap, slam, danse hip-hop)… Comment ce mouvement se relie-t-il à d’autres formes, ancestrales ou contemporaines ? Comment peut-il être pris en compte et valorisé sans récupération marchande ou formatage institutionnel ?


16h45-19h : Les banlieues et l'ailleurs

Beaucoup de projets artistiques en banlieue s’articulent autour de l’échange avec des artistes étrangers – non sans difficultés, au moment où toute migration venue du Sud est suspecte. Le regard d’artistes étrangers peut-il nous permettre de réfléchir autrement à la multiplicité des cultures sur un territoire ?

20/09/2006

Panorama des nouvelles formes d’interventions dans l’espace public

 

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par Jérôme Guillet, association Matières prises


Difficile de relier au premier abord Guy Debord aux Fabulous trobadors, ou Immeubles en fête aux antipubs. Le lien, c’est l’espace public. Sa réappropriation est aujourd’hui l’objectif de penseurs, d’artistes, de militants, mais aussi d’habitants. Tour de piste des acteurs en présence et des questions qu’ils posent à la société.

1995. L’histoire retiendra l’effectif des cortèges, les premières organisations de chômeurs qui se présentent à des élections, l’émergence d’Attac, Bourdieu qui paie sa tournée, la montée en puissance des paquets de café Max Havelaar…, événements et phénomènes saillants d’une époque. Chacun a fait l’objet de commentaires et d’analyses. Et puis, dans les plis de cette période, d’autres phénomènes moins visibles, moins montrés, apparaissent. Ils ont pour terrain de jeu commun l’espace public : développement des happenings, de Act up à Greenpeace, progressive transformation de certains espaces tagués en fresques, début de contagion des repas de quartier, réquisitions de richesses dans les supermarchés, extension des Gays pride en province. La rue et les espaces publics semblent alors faire l’objet d’un regain d’intérêt, entraînant de nouvelles manières de s’y montrer et d’y agir.
Depuis, cette tendance ne semble pas unie dans un quelconque mouvement, mais les expériences se multiplient, au point que, dix ans plus tard, la " réappropriation de l’espace public " figure dans un nombre croissant de textes et de déclarations, du feuillet " anar " jusque dans les projets de collectivités.
Parmi les facteurs explicatifs de ce recours à l’espace public, figurent les difficultés des réseaux militants à renouveler leurs pratiques, mais aussi les impasses d’une démocratie participative institutionnelle. Les possibilités offertes par internet semblent avoir contribué à l’évolution des discours sur les espaces publics (physiques et virtuels) comme des pratiques qui peuvent s’y inventer.
Malgré la disparité des initiatives, on retrouve des constantes dans le rapport qu’elles créent avec leur public : la contestation d’une situation, sociale ou politique, par la proposition d’une action collective – et non par l’adoption d’un texte –, l’humour, la dérision, l’absence de ligne politique " serrée ", l’accessibilité de la démarche et son ouverture au plus grand nombre, la brièveté des engagements proposés, la gratuité, et la conviction que la multiplication des victoires symboliques sur l’ordre établi changera les gens, donc la société. " La tristesse et l’impuissance sont les manières dont le capitalisme s’invite chaque jour dans nos vies ", suggèrent Miguel Benasayag et Diego Sztulwark dans leur ouvrage Du contre-pouvoir (La Découverte, 2000). Les formes d’interventions récentes dans l’espace public se veulent la plupart du temps une manière de lutter sur ce front.
De la généralisation des pratiques conviviales (repas de quartier, fêtes d’immeuble) jusqu’à des propositions plus politisées entre activistes, penseurs, artistes, militants et habitants, nous vous proposons d’avancer ensemble sur quelques unes des pistes empruntées.

La piste théorique : des " situs " aux Taz

Dans les années 50 et 60, l’Internationale situationniste, groupe créatif, politique et expérimental, travaillait à la révolution et plus spécifiquement à la révolution de la vie quotidienne. Avant que ce groupe ne se délite (les révolutionnaires excluant les artistes), puis ne se dissolve, avant de se voir associé dans la mémoire collective à Guy Debord, leur principal leader, il y eut, pour réponse concrète à une critique de l’art, de la ville et de la vie quotidienne, des tentatives d’inventions dans la rue et les espaces urbains de situations, de déambulations, de happenings, qui permirent aux situationnistes de transformer certains moments de leur vie en œuvres d’art.
Dans les années 90, le livre Taz (Temporary autonomous zone ou zone d’autonomie temporaire) 1, du philosophe Hakim Bey, tentait de réactiver la piste " situ ", entre philosophie et poésie. Diffusé principalement via internet, l’ouvrage fut vite adopté comme une espèce de manuel d’action directe non violente, une hypothèse quant à la forme possible d’un soulèvement par contagion, dans lequel il s’agirait de " jouer " avec les marges de la société en inventant des formes de regroupements et d’activités inédites, conviviales, subversives, joyeuses et non marchandes, non répertoriées et non contrôlées par l’État. " La Taz est comme une insurrection sans engagement direct contre l’État, une opération de guérilla qui libère une zone (de terrain, de temps, d’imagination) puis se dissout, avant que l’État ne l’écrase, pour se reformer ailleurs dans le temps ou l’espace ", lit-on dans Taz. Dans les faits, qu’est-ce qu’une taz ? Une fête impromptue, un site internet, un " terrier à babos ", un happening, un dessin ou une inscription sur un mur… ? Si, pour Hakim Bey, la ville et ses différentes zones sont un terrain d’exploration privilégié et s’il cite quelques exemples, il préfère laisser le soin aux lecteurs d’imaginer le contenu et les activités de la Taz, car c’est de l’infini des possibles que celle-ci tire sa force.
Sur le terrain des concepts, les ramifications, filiations et prolongements sont nombreux : les situationnistes évidemment, le concept de rhizôme dans Mille plateaux de Gilles Deleuze et Félix Guattari 2 (Minuit, 1980), les zones et tendances non capitalistes de Résister c’est créer, de Miguel Benasayag et Florence Aubenas (La Découverte 2003), Le manuel de l’animateur social de Saul Alinsky 3 (Seuil, 1976) ou encore La violence de la dérision d’Albert Cossery (Joëlle Losfeld, 2000)… Autant de livres qui développent la question de la transformation sociale par des tactiques et stratégies " de biais ".

La piste des habitants : " Ma ville est le plus beau park "

Le quartier Arnaud Bernard, au centre-ville de Toulouse, a développé, depuis vingt ans, une impressionnante série d’initiatives par et pour ses habitants, portées par un collectif d’habitants, d’associations et d’artistes, dont les plus connus sont les Fabulous trobadors. Ce groupe chantant en français et en occitan a su faire connaître son quartier à travers ses textes, notamment en vantant le principe du repas de quartier, avec le succès qu’il connaît aujourd’hui. Les actions d’Arnaud Bernard (voir page 28) ne s’arrêtent pourtant pas à cette activité : réseau de gardes pour que les parents deviennent animateurs du temps de loisirs des enfants du quartier, "débats socratiques" sur la place, négociations du plan et de la construction d’un jardin public avec la mairie d’arrondissement, concerts et répétitions publiques dans les cafés… Une énergie et une volonté d’initiative qui se résument à travers un refrain des Fabulous : " Ma ville est le plus beau park, sa vie pleine d'attractions, ta ville sera ce park, si telle est ton ambition. "
Depuis quelques années, les repas de quartier et les repas d’immeuble ont intégré le quotidien. D’autres initiatives, moins connues, et ayant pour caractéristique d’être organisées par des habitants, se développent : le bookcrossing, ou en français Circul’livre, qui consiste à laisser volontairement des livres dans des lieux fréquentés pour que d’autres s’en saisissent ; le Grand don, rituel qui consiste à proposer des objets gratuits, une brocante où chacun se sert ; www.peuplade.fr, site internet qui propose à des gens d’un même quartier de découvrir s’il n’y a pas, proches d’eux, des gens ayant les mêmes passions, etc.
Face à la démultiplication des possibilités de loisirs et à un discours qui ne cesse de décrire l’atomisation du lien social, s’inventent des pratiques de convivialité et d’entraide qui visent – a minima – à désanonymer l’espace de vie commun.

La piste militante : les yé-yé du mégaphone

Ce n’est pas très français de lier mouvement politique et formes innovantes d’actions dans l’espace public ; c’est même plutôt déconsidéré. C’est de l’agit’ prop’, comme on disait, souvent avec un brin de dédain. Pourtant, l’absence de renouvellement des formes de manifestations et d’actions collectives a poussé certains à s’inspirer des voisins, notamment anglophones, pour reprendre et interpréter des manières nouvelles de revendiquer et de s’exposer dans l’espace public. Une génération – qui ne s’imaginait pas finir sa vie dans les réunions d’Attac – découvre avec délice les actions directes de la Circa (l’Armée clandestine insurgée et rebelle des clowns, l’existence d’Adbusters (en France, Casseurs de pubs) 4 et de leurs détournements publicitaires, les fêtes de rue de Reclaim The Streets ! (voir en France, La nuit des meutes 5) , les flashmobs6, actions collectives absurdes et jubilatoires, les vélorutions … Pour le moment, le résultat ressemble surtout à ce qui s’est fait pour la musique dans les années 60 : on adapte les tubes anglais et nord-américains du mieux qu’on peut. La réunion d’une culture de la contestation à la française, qui privilégie souvent le rapport de force et les tracts vengeurs, et celle plus anglo-saxonne privilégiant la dérision et les actions directes non violentes, n’a pas encore eu le temps de se faire. Tous les espoirs sont dès lors permis, car même si le choc interculturel est un processus lent, les transferts de méthodes entre différents pays restent plus simples entre militants qu’entre institutions.
Et certains de rêver : " Un jour, militer sera redevenu non sacrificiel, nous arriverons en avance aux manifs et partirons en retard... Les manifs seront drôles, ludiques, excitantes… et, plutôt qu’une vieille cégétiste qui crache ses trente ans de gauloises brunes dans le mégaphone, il y aura des chorales militantes. Nous aurons autant de chansons sur nos élus que les anglais peuvent en avoir sur leurs joueurs de football… De l’imagination, de la tactique, de l’art, de l’humour ! " Et des syndicalistes de répondre à ces rêveurs : " Si pour toi militer c’est un problème de détente et d’humour, c’est que tu n’es qu’un bourgeois de gauche, qui ne se déplace plus aux manifs et qui ne se bat pas pour des gens au jour le jour… Petit con, va, n’insulte pas ceux qui se sont battus pendant des années… "

La piste (aux étoiles) des artivistes

Activiste + artiste = artiviste. Une définition stricte semble pour l’instant exclue tant le terme est récent et sujet à controverse. Derrière ce terme, popularisé à l’occasion des contre-sommets du G8, on trouve des plasticiens, des graphistes, des comédiens proposant des réalisations, allant du détournement (monuments, publicités) jusqu’à des happenings ou des expositions. Les labels indépendants et de nombreux groupes musicaux revendiquent aussi l’appellation. Il s’agit essentiellement de permettre la prise de conscience de certaines réalités politiques ou sociales par le biais d’œuvres artistiques, la plupart du temps provocantes et explicites. Les artivistes, qui agissent souvent en bande, se réfèrent aux mouvements dadaïste, situationniste et punk, prônent une réactivité à l’actualité politique comme une logique de dissémination ; ce qui en amène une partie à choisir la rue et internet comme lieux tactiques pour exposer et diffuser leurs œuvres. Parallèlement aux fresques, pochoirs et slogans, aux affiches créées ou détournées, un concept revient, celui d’extension d’espace public par ajout de mobilier : prolonger un banc, installer des hamacs et des sièges dans la ville… des réalisations qu’on retrouve par exemple dans le collectif Rad.Art comme chez l’américain Heath Bunting 7.
Critiques de la ville et de la société de consommation, les artivistes semblent vouloir prolonger de fait l’histoire des groupes surréalistes, dadaïstes et situationnistes, sans avoir pour le moment ni unité, ni chef de file… Est-ce là un problème ou une chance ?

Vers une alliance durable ?

Les politiques d’aménagement, celles des rues, places et jardins, le fleurissement, les œuvres d’art commandées, les marchés, les brocantes, les fêtes de quartier, la fête de la musique, les festivals de théâtre de rue mais aussi la police municipale ou les éducateurs de rue font partie de l’animation de l’espace public. Cette activité est une prérogative qui revient aux municipalités et ses grandes orientations comme ses petites décisions sont des outils de visibilité et de communication pour une politique locale. Or, si l’on trouve de plus en plus de ronds-points fleuris et de festivals, la volonté d’encadrement a pourtant amené des restrictions à une période où une attente plus forte, illustrée par la généralisation de l’expression " réappropriation de l’espace public ", se faisait sentir : baisse des crédits aux associations de quartier, limitation des espaces d’affichage public, éclairage et caméra sur tous les lieux potentiels de rassemblement spontanés, ajouts de bandes de béton pour limiter ou empêcher les pratiques de rollers ou de skate, bancs anti-SDF, chasse aux graffeurs, etc.
Un décalage persistant existe entre les aspirations d’une partie de la population à réinventer un vivre ensemble, à ré-habiter la ville et une bonne partie des institutions qui, à la moindre opération, se gargarise dans ses bulletins municipaux, sans jamais prendre le risque d’une politique d’envergure. Aujourd’hui, entre les revendications classiques de la jeunesse et les aspirations plus récentes des militants et habitants, ce décalage incite à se jouer des lois et à travailler dans les marges. Il faudra pourtant bien des synergies et l’alliance durable des différents acteurs de l’espace public, y compris institutionnels, pour inventer de nouveaux rituels et aboutir à des innovations semblables à celles qui structurent un espace comme celui du quartier Arnaud Bernard.
Cette coopération, qui suppose que des institutions, de manière volontaire ou à travers un rapport de force, finissent par reconnaître et soutenir la valeur de certains projets associatifs et militants, semblait s’être dessinée avec l’arrivée de la gauche au pouvoir dans les années 80. Négocier les ambitions et les utopies ne fut dès lors pas un jeu terriblement gagnant, si l’on regarde les résultats actuels. Les mouvements d’éducation populaire, comme ceux de la culture et des arts de la rue, interpellant les pouvoirs publics dans les années 70 et grassement entretenus par ces derniers dans les années 80, se sont depuis installés dans un silence suspect, assourdissant, même lors d’évènements politiques forts, notamment pour ce qui s’est passé dans les banlieues récemment.
De nouvelles formes d’expression politique, la multiplication de nouveaux rituels conviviaux, ou encore l’émergence d’artistes et d’animateurs cherchant à mettre en scène, dans la rue, la parole et la vie des habitants 8 changeront-t-elle la donne, en proposant aux collectivités des pratiques et une réflexion neuves ? L’impératif de démocratie participative que s’impose une part des élus deviendra-t-il suffisamment contraignant pour les pousser à se risquer dans une politique d’éducation populaire et d’animation du territoire cohérente ? La multiplication des actions directes dans l’espace physique comme sur internet sera-t-elle le complément (attendu) en actes et méthodes des discours et des thèmes altermondialistes ? Ces différents groupes vont-ils s’ignorer, s’unir, se détester, s’éteindre ? La rencontre de ces nouvelles pratiques de la société civile et des volontés institutionnelles aboutira-t-elle à une transformation sociale ou à une récupération crasse ?
Il est inquiétant d’avoir certaines réponses de l’histoire…Il est rassurant d’avoir la possibilité de se poser, à nouveau, toutes ces questions.

jeromeguillet@no-log.org



POUR UNE SOCIAL-ÉCOLOGIE

Entretien avec Jean-Paul Besset

Politis n°874

Marie-Édith Alouf

Jean-Paul Besset a été a été rédacteur en chef de « Politis » puis au « Monde ». Il publie « Comment ne plus être progressiste ? sans devenir réactionnaire », où il remet en cause le mythe du progrès, responsable de la destruction de la planète. Pour lui, le seul remède consiste en un changement radical de nos comportements.

Vous dites que nous pratiquons un « écocide ». Que signifie ce terme ?

C’est la destruction du vivant. C’est plus que l’environnement, qui est une notion anthropocentrique. Ce qui est en jeu, aujourd’hui, ce n’est pas seulement la destruction de « ce qui environne l’homme », c’est la destruction de l’homme dans son système de vie, dans son milieu de vie.

Nous vivons un tournant, un changement d’histoire à l’échelle géologique. L’évolution de la Terre, des grands équilibres, est en train de se bouleverser à une vitesse accélérée comme jamais, à cause de l’irruption de l’espèce humaine en tant que moteur de cette évolution. Par toute une série de dérives, cette espèce humaine a mis en place une machine infernale qui menace son propre camp, sa propre espérance de vie. La destruction des fondamentaux de l’espèce (les hommes en tant qu’êtres vivants) entraîne en même temps une destruction de l’humain (en tant que catégorie sociale).

Nous savons cela, y compris les politiques, mais nous ne faisons rien.
Pourquoi ? Cynisme ? Paralysie devant l’ampleur de la tâche ?

Tout cela à la fois. Nous savions qu’il y aurait en Europe, en France en particulier, des canicules assassines. On les a découvertes sans avoir rien fait pour en atténuer les conséquences. Nous savions que La Nouvelle-Orléans était menacée par des cyclones qui entraîneraient des montées des eaux, que les digues ne tiendraient pas... Nous savons tous ces choses. Ce ne sont plus des alertes ou des angoisses métaphysiques de quelques-uns. La réalité de la catastrophe est désormais inscrite dans chaque discipline scientifique. C’est ancré, reconnu, discuté par les plus hautes instances politiques, mais c’est tellement impensable ­ savoir n’est pas croire ­ que l’humanité dans son ensemble, toutes populations et classes confondues, est saisie d’impuissance. On se retrouve avec un gouffre sous les pieds : l’échec de nos systèmes de développement, de nos modes de vie, de nos certitudes devenues nos raisons de vivre. Tout cela s’effondre, et il faut changer de système. Et rapidement, car il n’y aura pas de solution miracle. Alors, bien sûr, il y a des couardises, des lobbies, des jeux d’intérêt qui ne sont pas négligeables, mais le coeur de la question est dans cette paralysie de la volonté, cette atonie qui saisit l’humanité devant son propre échec.
Comment concevoir que l’espèce humaine soit menacée par son génie, par sa puissance ?

C’est un retournement culturel considérable...

Cela nous oblige en effet à remettre en cause cette valeur fondamentale qui est la base de notre civilisation depuis deux siècles, depuis les Lumières : la croyance en le « Progrès ». Le développement, la croissance, l’opulence... C’est une formidable histoire que celle du progrès, qui a sorti l’humanité de sa caverne, du Moyen Âge, des obscurantismes. Mais, ces dernières années, il est devenu destructeur.

On le voit au niveau de la crise écologique, mais aussi de la crise sociale, avec un système qui, plus il produit de richesses, plus il crée d’inégalités, de la précarité, des frustrations, des pathologies de l’âme humaine... Le progrès s’est retourné en contre-progrès comme les révolutions se retournent en contre-révolutions.

Pensez-vous que la distinction droite-gauche, en ce domaine, n’est plus pertinente ?

Face à cet enjeu, en effet, elle n’est plus pertinente. La gauche, toutes tendances confondues, a toujours privilégié l’idée qu’il suffisait de retourner la mécanique du progrès ­ richesses, croissance, développement, techniques ­ afin que le plus grand nombre en bénéficie.
Elle ne divergeait que sur les moyens d’y parvenir : réforme ou révolution. Or, aujourd’hui, c’est la mécanique qui pose problème. La machine à produire toujours plus accumule du « toujours moins », que ce soit du point de vue écologique ou en matière sociale.

L’effondrement du mythe du progrès est d’autant plus difficile à digérer pour les militants de gauche que ce sont eux qui se sont toujours montrés les plus vigoureux acteurs du « progressisme ». Ils se prennent cette fin de cycle historique en pleine poire, et cette forclusion de l’espérance envers un monde en progrès continu les laisse désemparés, en pleine désillusion. Difficile en effet d’abandonner ce qui fondait la croyance, de « changer de logiciel ». Les voilà ­ nous voici ­ idéologiquement orphelins.

Le rôle de la gauche consistait à s’opposer à « l’ordre des choses », dieux, castes ou classes, afin de favoriser le progrès humain. Elle y a souvent réussi. Changement d’époque : la gauche est désormais complice de cet « ordre des choses » et de son premier commandement, la croissance, au prétexte que celle-ci diffuserait la richesse. Ce n’est plus vrai : la croissance massacre le bien commun du vivant et creuse comme jamais les inégalités !

S’attaquer au « virus libéral » sans s’en prendre d’abord au « virus de la croissance », c’est se tromper d’adversaire principal. Le libéralisme, version ultra ou tempérée, n’est qu’un dégât collatéral du projet productiviste d’illimitation. C’est la peste qui pose problème, pas les pestiférés.

L’immense changement d’époque dont nous sommes bien obligés de prendre acte provoque une modification du clivage qui a modelé l’histoire de ces deux derniers siècles en départageant la droite de la gauche. La question prioritaire que la crise du vivant nous impose n’est plus de savoir « comment répartir les richesses produites » mais de choisir « quelles richesses nous devons produire ». Pas « pour qui » mais « pourquoi ».

Cela pose la question de l’articulation entre la question environnementale et la question sociale...

Cela n’évacue en rien la question de l’équité et de la répartition, mais celle-ci se pose dans un nouveau cadre, et c’est de celui-ci qu’il faut d’abord prendre la mesure. Augmenter le pouvoir d’achat, peut-être, mais pour en faire quoi ? Je vais être un peu caricatural, mais, si c’est pour acheter des 4X4...

Il faut bien être conscient que cette crise que nous vivons touche d’abord les plus pauvres. S’attaquer à cette crise, c’est donc rester dans le camp des déshérités. Ce sont les pauvres qui entretiennent le plus de rapports nécessaires avec les équilibres naturels. La moitié de la population mondiale vit directement des produits de la terre. Si la terre ne rend plus, ce sont les gens qui vivent avec moins de deux euros par jour qui auront encore moins. La cause est entendue : la cause du vivant est la cause des plus pauvres. Cela va ensemble. Je refuse ces proclamations de salonnards sur le thème : l’écologie, c’est un truc de riches. C’est faux ! C’est un truc de pauvres !

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