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25/09/2012

En Nouvelle-Zélande, un fleuve qui se défend tout seul

Ceci n’est pas un fleuve. Enfin, pas seulement. Depuis fin août, le Whanganui, troisième plus long fleuve du pays, est reconnu comme une personne, juridiquement parlant. Autrement dit : il a désormais des droits et des intérêts qu’il peut défendre. L’accord préliminaire a été signé entre la Couronne (1) et des iwis - une communauté maorie ayant des liens culturels forts avec le cours d’eau - représenté par Brendan Puketapu du Whanganui River Maori Trust.

La rivière et ses deux gardiens

Et concrètement, alors que la rivière ne peut de toute évidence pas parler, qui portera sa voix ? Ce sera ses deux gardiens : l’un est issu de la Couronne, et l’autre du peuple. Pour assurer sa protection, ils devront prochainement se mettre d’accord sur les caractéristiques qui font toute sa valeur, ainsi que sur une stratégie de développement qui satisfera toutes les parties prenantes, des iwis au gouvernement local, sans oublier les utilisateurs commerciaux et ceux qui voient dans la rivière un intérêt récréatif. Pour Christopher Finlayson, le Ministre chargé de la négociation du Traité de Waitangi, c’est un événement historique. « Les iwis de la Whanganui ont cherché à protéger la rivière et ont vu leurs intérêts reconnus par la Couronne d’une façon légale depuis 1873. Ils ont poursuivi leurs objectifs au cours de l’une des plus longues affaires judiciaires de la Nouvelle-Zélande », a-t-il déclaré à l’issue de la signature.

« Une entité vivante à part entière »

Après plus d’un siècle de revendications iwies, celles-ci étaient enfin entendues en 1994 par le Tribunal de Waitangi. Ce tribunal, en réalité une commission d’enquête permanente, est chargé d’enquêter et de faire des recommandations quant aux réclamations déposées par les Maoris dans le cadre du Traité de Waitangi. Celui-ci (« Tiriti o Waitangi », en Maori) a été établi en 1840 et reconnaît notamment les Maoris comme propriétaires de leurs terres. Il donne aussi à ces populations les droits des sujets Britanniques. Les discussions entre la Couronne et les iwis de la Whanganui n’ont réellement commencé quant à elles qu’en 2009... « L’accord qui reconnaît le statut de la rivière comme une Te Awa Tupua (« une entité vivante à part entière »), ainsi que la relation inextricable qui lie les iwis avec la rivière, est un pas majeur vers la résolution des griefs historiques des iwis de Whanganui. Au niveau national, c’est important », a ajouté Christopher Finlayson.

« La reconnaissance de la rivière Whanganui en tant que personne légale représente un moment historique dans l’histoire du droit », rapporte Suzanne Benally, de Cultural Survival, sur le webzine Take Part. « La nature n’est plus seulement vue comme une ressource à détenir, exploiter et profiter. C’est une force vivante et durable qui a besoin d’être honorée, respectée et protégée par nous tous. »

Rivière contre gouvernement

Si la rivière Whanganui est la première « entité » à être ainsi reconnue, l’Équateur avait déjà passé un cap similaire en 2008 : le petit pays d’Amérique latine était devenu le premier au monde à reconnaître les droits légaux à l’ensemble de ses montagnes, ses rivières et ses terres. Le but ? Fournir une protection juridique à l’environnement équatorien et à ses ressources, en permettant à quiconque de lancer des poursuites au nom d’un écosystème. En 2011, cette loi d’un nouveau genre a réussi haut la main sa première échéance. Le gouvernement de la Province Loja était poursuivi au nom de la Rivière Vilcabama : il avait autorisé l’élargissement d’une route jouxtant la rivière, que des rochers étaient du coup venus obstruer, causant des inondations affectant les populations vivant sur ses rives. Verdict : le juge a donné raison à la rivière. La municipalité a été contrainte d’arrêter son projet et de réhabiliter la zone...

 

Alice Bomboy

http://www.terraeco.net/

 

 

24/09/2012

Peut-on changer ce monde ? lettre ouverte de Pierre Rabhi

 

Lettre ouverte parue à l'occasion du rendez-vous des 15 et 16 septembre dernier à l’Espace de la Grande Arche à Paris La Défense autour de l’engagement "Pour une éthique globale", en faveur des principes d’équité et de non-violence.

Nous sommes un certain nombre à penser que les valeurs fondatrices de nos civilisations sont cycliquement remises en cause.

Nous savons que les idéaux qui accompagnent les grandes épopées humaines ont besoin de se renouveler pour s’adapter à l’esprit des Temps et aux besoins des générations qui se succèdent sur la Terre.

L’humanité est-elle prête à accueillir une transformation de la conscience aussi radicale et profonde que celle qui lui permettrait de s’ouvrir à la splendeur du monde, à la manière d’un bourgeon qui explose au printemps pour faire apparaître la lumière de la fleur, prémisse de l’accomplissement du fruit ?

"L’éventualité d’une telle transformation constitue l’essentiel du message des enseignements des grands sages de l’histoire humaine : Bouddha, Jésus et d’autres figures emblématiques sont les premières fleurs de l’humanité. Ce sont les précurseurs des fleurs précoces, rares et précieuses et leurs messages respectifs ont été largement incompris et souvent déformés, car une floraison généralisée n’était pas encore possible à leur époque…" Eckhart Tolle

L’humanité est-elle prête aujourd’hui, plus qu’elle ne l’était hier, à ce formidable changement intérieur qui prédispose à tous les changements possibles pour l’extérieur ? Nous sommes une "grande minorité" à le croire et à le démontrer. Toutes les résistances populaires des indignés face à l’imposture de la sphère financière, les innovations sociales en cours et les manifestations de la société civile pour instituer davantage de justice, davantage de solidarité, davantage de partage et de fraternité ne sont-elles pas les signes avant-coureurs de la mutation attendue ?

Toutes les initiatives citoyennes : "Resto du cœur", Jardins de Cocagne, économie solidaire, commerce équitable, AMAP (association pour le maintien des agricultures paysannes), Terres de Lien, Médecins sans Frontières et combien d’autres mouvements bénévoles de protection de l’environnement et d’actions caritatives, n’en sont-elles pas les manifestations exemplaires ?

Elles suscitent l’adhésion spontanée et désintéressée de tant de jeunes aujourd’hui, parce qu’ils sont plus préoccupés d’entraide, de solidarité et de coopération que de carrières, de compétitions ou de profits stériles…

Tous ces indicateurs du changement sont sous nos yeux, aussi incontournables et irrépressibles que la métamorphose de la chenille en papillon.

Le best-seller du Vénérable Thich Nhat Hanh, "Ce monde est tout ce que nous avons", est une invitation à relier l’écologie et la spiritualité, comme deux notions indissociables de l’énergie du "Sacré". Nous devons changer ce monde : nous changer nous-mêmes pour le rendre plus juste, plus sûr et plus durable pour les multiples espèces qui en ont besoin avec nous… et après nous, et surtout ne pas laisser faire l’insupportable discrimination économique et sociale qui dégrade la personne humaine et qui compromet toute possibilité de vivre en paix sur cette terre. N’est-ce pas le plus beau et le plus grand des enjeux que nous pouvons relayer sur la terre entière avec les modes de communications modernes dont nous disposons afin de susciter cet immense élan vers un idéal commun : Protéger la vie et les ressources sur cette belle et unique planète en commençant par célébrer en nous les valeurs sacrées de la spiritualité et de la pleine conscience.

N’éludons pas nos responsabilités individuelles et collectives dans la situation de ce monde en surgissement. Apprenons à vivre ensemble et à incarner ce message de paix pour entrer dans la liberté.

Lettre ouverte co-signée par :- Docteur Christophe André, médecin psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, écrivain- Philippe Desbrosses, agriculteur, docteur en Sciences de l’Environnement, co-fondateur d’Intelligence Verte et des principaux mouvements d’Agriculture Biologique.- Marc Luyckx Ghisi, théologien, mathématicien, philosophe, ancien conseiller spécial à la présidence de la Commission Européenne.- Edgar Morin, sociologue, philosophe, auteur de nombreux ouvrages de référence.- Docteur Hanh Nguyen Ngoc, médecin acupuncteur, enseignante du Dharma, présidente de l’association Pour les Enfants du Vietnam.- Jean-Marie Pelt, botaniste, agrégé de pharmacie, écrivain, homme de radio.- Patrick Viveret, philosophe, magistrat honoraire à la Cour des Comptes de Paris.- Pierre Rabhi, agriculteur, philosophe, essayiste auteur de "La Sobriété heureuse".

"Désormais, la plus haute, la plus belle performance que devra réaliser l’humanité sera de répondre à ses besoins vitaux avec les moyens les plus simples et les plus sains. Cultiver son jardin ou s’adonner à n’importe quelle activité créatrice d’autonomie sera considéré comme un acte politique, un acte de légitime résistance à la dépendance et à l’asservissement de la personne humaine." Pierre Rabhi

 

Source : http://www.pierrerabhi.org/blog/index.php?post%2F2012%2F0...

17/09/2012

Messaour Boulanouar, extrait de La Meilleure Force

J’écris pour que la vie soit respectée par tous

je donne ma lumière à ceux que l’ombre étouffe

ceux qui vaincront la honte et la vermine

 

j’écris pour l’homme en peine l’homme aveugle

l’homme fermé par la tristesse

l’homme fermé à la splendeur du jour

 

j’écris pour vous ouvrir à la douceur de vivre

 

j’écris pour tous ceux qui ont pu sauver

de l’ombre et du commun naufrage

un coin secret pour leur étoile

un claire hublot dans leurs nuages

j’écris pour la lumière qui s’impose

pour le bonheur qui se révèle

j’écris pour m’accomplir au cœur de mes semblables

pour que fleurisse en nous le désert froid du mal

 

j’écris pour que la terre m’appartienne

chaude tendre et joyeuse

 

j’écris pour apaiser mon sang

mon sang violent et dur et lourd de siècles


j’écris pour partager ma joie

avec ceux qui m’écoutent

 

j’écris pour être heureux, pour être libre

pour tous les hommes vrais

qui comprennent mes cris ma peine et mon espoir

 

j’écris pour éveiller l’azur

au fond des yeux malades

au fond des vieux étangs de honte

 

j’écris pour qu’on défende

pour qu’on respecte

l’arbre qui monte

le blé qui pousse

l’herbe au désert

l’espoir des hommes.

 

Messaour Boulanouar, extrait de La Meilleure Force, tiré de Quand la Nuit se brise, anthologie de poésie algérienne, Points édition

 

à écouter lu par Audrey Pulvar : http://www.franceinter.fr/emission-le-billet-d-audrey-pul...

10/09/2012

Éducation populaire, une utopie d'avenir

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Éducation populaire, le retour
 

Né officiellement en France après la Libération comme l’une des missions importantes de l’État, sous l’impulsion d’une pensée portée par le Conseil National de la Résistance et dont le cheminement remonte au moins à Condorcet, ce grand mouvement continue aujourd’hui à porter l’idéal d’un art et d’une culture pour (et par) tous. Il prend parfois d’autres noms, invente d’autres formes, mais en une période où le néolibéralisme fait rage et répand dans le monde le poison d’une marchandisation universelle, ce qui est en son cœur continue de nous animer comme l’un des plus précieux outils pour réaffirmer la part créative de chaque être et ce que le psychanalyste Roland Gori appelle l’humanité dans l’Homme.

Voici un livre de référence qui retrace, grâce en particulier au précieux travail de Franck Lepage, l’épopée de magnifiques utopistes qui firent entrer leurs rêves dans le réel. Cet ouvrage a d’abord vocation de transmettre une histoire extraordinaire et méconnue, mais il veut aussi donner courage et force à tous ceux qui ne se résignent pas à la réduction des pratiques culturelles et artistiques à la production d’objets marchands ou de signes de distinction pour une élite.

Ceux qui sont conscients du fait que l’art et la culture sont des outils de civilisation aussi essentiels à l’avenir de l’humanité que la préservation de la Terre, savent qu’il nous faut puiser dans ce passé la force d’imaginer et de construire un avenir vraiment humain.




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08/09/2012

La secrète obscénité des jours par L'Émetteur Cie


Programmé hier soir aux festival des Passagères (Château de Marsa, Beauregard, Lot) un duo décapant, un pièce intelligente, très, drôle, très, juste ce qu'il faut de cynisme pour que le propos garde sa force, deux comédiens à la hauteur d'un texte qui va loin... Bref, c'est excellent !

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de Marco Antonio de la Parra

Traduction française : Denise Laroutis
Editions de la Mauvaise Graine


Mise en scène et interprétation :
Olivier Jeannelle et Laurent Pérez
Collaboration à la mise en scène :
Virginie Baes


Production : L‘Émetteur Cie
Compagnie Associée au Théâtre du Pont Neuf

Co-production :
Théâtre de la Digue, Cie Anapiesma et Théâtre du Pont Neuf
Aide en création :
Conseil Général de Haute-Garonne
Aide en diffusion :
Conseil Régional Midi-Pyrénées
 
 
 
LA PIECE

« Vous ne comprenez pas ?... ils nous ont tout pris, même les mots... » M. A. de la Parra

Cette farce, car c’en est une, est une métaphore. Derrière la déraison, la dérision et le rire se cachent les fractures du monde d’aujourd’hui, avec comme toile de fond : le Chili.
La situation initiale est des plus grotesques : « deux exhibitionnistes se disputent le banc public qui fait face à un collège de jeunes filles... » Les morceaux du puzzle s’assemblent peu à peu, devant nous. Nous découvrons que ces deux pitres qui n’exhiberont rien, en tout cas pas ce que nous attendions, sont peut-être des personnages illustres ... Leur confrontation va révéler la conscience amère de l’échec et la découverte que les plus belles idées ont été perverties par ceux qui avaient la charge de les appliquer. Pour survivre dans ce nouvel ordre des choses, il faut se travestir, se fondre dans le paysage, perdre son identité, tricher avec soi-même comme avec l’autre, de plus en plus, être constamment « en représentation »... A défaut de quoi, le couperet menace de s’abattre. Un rituel s’installe entre le vrai et le faux, entre le dire ou ne pas le dire.
 

05/09/2012

Coup de coeur pour Vladimir Vasilev

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Tirées de la série Les Fantômes du Ghetto

 

" N’attendez pas de voir des bidonvilles, ni des taudis sur les photos de Vladimir Vasilev. Le ghetto n’est pas constitué de logement insalubres. Il n’est pas entouré de murs en béton non plus. Un ghetto n’est pas tangible : il est avant tout une construction imaginaire. Encore faut-il affirmer que le ghetto existe parce qu’il est hanté par des être humains.

Pour comprendre ce terme réducteur trop usité, mais peu usé, Vladimir Vasilev emprunte la seule voie possible : suivre et photographier les habitants des ghettos. Parce que la VIE d’un ghetto, ce sont ses habitants et leur existence. Mais leur vie, est-elle une vie à part entière ?

Le cycle « Les fantômes du ghetto » essaie de faire allusion exactement à cette problématique-ci. Vladimir Vasilev a photographié pendant une décennie les populations défavorisées en Europe de l’Est et a suivi les habitants des ghettos dans leur environnement citadin, mais aussi dans leurs désirs et émotions. Sans prétendre qu’une vision commune peut être totalement constituée et rendue, l’auteur affirme encore une fois que l’imaginaire est l’avatar et la préjudice des fantômes des ghettos."

 

"Vladimir Vasilev, 32 ans, né à Stara Zagora, Bulgarie. A la suite des cours de photographie que j’ai effectués l’année de mes 15 ans, mon intérêt s’est porté vers ce domaine. Ce stage, les rencontres que j’ai pu y faire, ont été un déclic dans ma vie. A cette époque, je passais mes vacances dans la province de Bulgarie, c’est dans cet espace que j’ai tenté mes premiers clichés. Bien qu’à cette période, la voie de la photographie me passionnait, j’ai néanmoins suivis des études d’ingénieur civil, sous la pression parentale. Trois ans plus tard, en 1998, j’ai tout arrêté pour me consacrer à la photographie. J’ai été embauché comme assistant photographe et éclairagiste dans le studio publicitaire « KARKELANOV » à Sofia, Bulgarie. C’est dans ce contexte que j’ai appris la plus grande partie du métier de photographe. J’ai également participé au tournage du film documentaire « Dédiés au feu » (Réalisateur/Vasil Karkelanov), et en qualité de cameraman aux nombreuses émissions de télévision : Nebivalici, Srachno , Na Raba sur la chaine nationale BTV.

En 2001, j’ai quitté mon pays pour la France. Ce fut une longue période de régularisation de séjour et de travail dans la restauration. En parallèle j’ai continué à suivre mon chemin, la photographie. Alors que mon travail d’antan portait sur la photographie publicitaire et le cinéma, je me suis tourné vers ce que j’aimais le plus: le reportage et le portrait. Mes terrains de prédilection : mon pays, les camps tsiganes, les ghettos, les villes. Mes retours en Bulgarie sont à chaque fois plus impressionnants de part les changements qui se produisent.Aujourd’hui, mon travail se représente par les expositions suivantes : « Les deux générations », Bistrot Voyageur, Toulouse aout/septembre 2008 ; la Belle Equipe, Lyon décembre 2008 ; Galerie Cintra, Lyon janvier 2008 ; « Les portraits de l’Est », Festival Map2009, Fnac-Wilson, Toulouse mai 2000 ; « Un souffle », le Drom Festival, association Kourt’Echel, Nîmes mai 2009. En 2009 j’ai été choisis par le directeur de l’association Biz’ Art Populaire, Prune Bérest, pour exposer sur le sujet « TRACE », Laboratoire Photon, Toulouse, en parallèle avec l’exposition collective d’Yvon Lambert, Olivier Mériel, Paolo Pellegrin qu’elle a organisé sur les murs de jardin Raymond IV, Toulouse.

Actuellement je suis le lauréat du Grand Concours Photo du webzine Humanistic Report avec le reportage « EUROPE A 27 ».

Je suis photographe indépendant depuis 2008."

 

Son site : http://www.vladimirvasilev.com/

 

26/08/2012

Dans le cadre du 1er Festival International de Films Grolandais à Toulouse...

Soirée crème et châtiment (cinéma le cratère) môrdi 18 septemb’ à 17h.

“Pleins feux sur le terrorisme anarcho-pâtissier”.
Projection du moyen-métrage belge “Que qui peut puisse!” (52′)
de Geoffroy Le Grelle (2000), axé autour de l’épopée des attentats pâtissiers.
Débat autour du terrorisme ludique avec Noël Godin (l’entarteur), animé par Yannis Youlountas.

http://groland31.wordpress.com/2012/03/07/soiree-cafe-phi...

 

 

20/08/2012

Syrie ou le sommeil égorgé, texte inédit de Jean-Pierre Parra

 

Fils de la désobéissance tremblant d'épouvante tu cris portes de la bouche écorchées l'évidence échappée des forces dédiées à soustraire la vie des hommes sans secours pour vivre

&

Laissé figé par la peur au froid de la mort

tu ne respires existences niées que la guerre

&

Abandonné vie épuisée par la guerre par le jour d'hier suspendu d'effroi

tu vas perdu au profond des hommes mis en fuite ton chemin aux souhaits proposés

&

Détruit sommeil égorgé comme tous les jours par le sang versé

tu restes âme rendue faible passée au crible de la mort dans l'ombre

&

Espoir mis dans l'absence d'espoir

PARRA Jean-Pierre assistant@parra-art.com Page 2

tu déchires visage lavé dans le sang le voile de la raison

tu acceptes même air respiré la défaite venue

tu te libères coeur encerclé de chagrin des autres hommes par le silence

&

Raison abandonnée par la raison

tu contemples

signes de la folie apparus sur ton visage souillé de sang

les folies compliquées des hommes

tu regrettes

funérailles sur funérailles entassées

le passé des peines apaisées

&

Brûlé

épines dans le coeur

par la fièvre attisée par les vies ôtées

tu vois

le soleil abaissé

obscurci par la nuit

rendue ensanglantée

&

Attaché

demeure de la raison détruite

aux fils du chagrin

tu fais mémoire

regard à l’extérieur

de ton coeur ensanglanté

&

Coeur absorbé

sang dormant

par le chagrin

PARRA Jean-Pierre assistant@parra-art.com Page 3

tu t’arraches

comme un arbre

de la terre

&

OEil gonflé de tant pleurer

ta raison

sans vie pour vivre

sombre

sur le nuage noir de la guerre

&

Martyr

devenu

plongé dans l’océan de sang

guerrier

tu portes

existence délaissée

la charge de porter les coups

qui délivrent de ce monde

 

reçu de Jean-Pierre Parra, le 19 août 2012

12/06/2012

Speak white/ Speak red

Je suis née le 16 juin 1970, autre époque, autre monde ? pas si sûr, écoutez plutôt la québecoise Michèle Lalonde dans ce court métrage, de Jean-Claude Labrecque tourné à la nuit de la poésie le 27 mars 1970 :

 

Et voici, 42 ans après, dans le Québec des étudiants en lutte, Speak Red - Un texte de Catherine Côté-Ostiguy, inspiré de « Speak white », de Michèle Lalonde


Clip réalisé par Jean-David Marceau
Musique: Alexandra Stréliski http://alexandrastreliski.bandcamp.com/

 

 

22/04/2012

Petit rappel....

20/04/2012

Ordures et résidus, de BAN (collectif)

Ouvrage collectif,
sous la direction de Julien Blaine, Edith Azam, Bernard Noël (156 pages)

« Qu’est-ce que BAN ?
C’est le rassemblement de plusieurs générations – (69 ans / 81 ans) à l’initiative de la plus jeune (38 ans) – dans le but de dénoncer un certain état ordurier du présent afin, bien évidemment, de le combattre.

Les problèmes sont aujourd’hui nombreux depuis que les maîtres de l’économie se vengent librement des concessions sociales qu’ils avaient dû accorder peu à peu durant un siècle aux divers travailleurs : ouvriers, employés, fonctionnaires. Leur force est qu’ils détiennent ou contrôlent le pouvoir en restant anonymes et masqués derrière les politiciens de la droite ou de la gauche libérale, leurs complices. Ces dominateurs ont perverti à leur service la plupart des rouages de l’État, mais ils disposent surtout des media populaires et, par eux, du moyen d’occuper les têtes en les privant de pensée, de réflexion et de conscience. Ainsi font-ils en sorte de rendre la servitude aimable en assurant la promotion d’une seule valeur : la consommation.

Nous n’avons pas d’illusions quant à l’avenir mais une volonté de résistance qui nous interdit la résignation et le renoncement. Cette résistance, nous pensons la développer par la réflexion et par le rassemblement de témoignages venus de milieux et de pays très divers. Ainsi, des écrivains se proposent de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas et de créer pour cela un lieu d’expression qui ne sera pas, comme d’habitude, réservé à leur seul usage. ».


Manifeste de BAN

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 lire ici : http://editionlebleuduciel.free.fr/ordures_et_residus.html

à télécharger ici : http://editionlebleuduciel.free.fr/ordures_et_residus.pdf

15/04/2012

Luplicité

 Alessandro Bavari Heads 2005.jpg

     Aux vieux mystères, fasciné

Je marche d’amble, halluciné !

Tôt lanciné des magistères,

J’ai calciné, ci, quelque ensemble

Où dort justice forcefaix

D’un sommeil louche et satisfait !

Et tel forfait, sous le solstice,

M’a fait silencieux et farouche ! 

 

Car je suis d’alliance aux forces lumineuses

Ainsi qu’avec la nuit les noirceurs venimeuses,

Quand lune sinueuse occulte sa brillance,

Lente et vicieuse complice, qui jà me nuit.

 

Insurgés dissidents, factieux,

Cassez les reins aux contentieux !

Crachez aux cieux ! Armez vos dents !

Pour, infectieux, mordre les mains

De  qui nourrissent et conservent,

- Qui perpétuent donc asservent -

Vilaine verve, ah ! qu’ils pourrissent !

Et qu’on s’énerve, impétueux !

 

Révolte grande gronde au cœur, mais d’habitude

Etre féal convient plutôt à multitude.

Son attitude est révérende, aucune fronde !

Sans latitude aux libertés, piètre idéal !

 

Or l’idéal toujours est piètre,

Méchanceté ! Car pour y être :

Elire l’aître où dort le deal

Puis méconnaître fausseté !

Si ma révolte s’évertue

A ne toucher d’autre vertu,

Si le vers tue, ivre, et puis volte

En amertume, effarouché,

 

C’est qu’au mur orbe que la vie oppose à nous

J’ai dû laisser mon énergie, et mes genoux !

Et si je noue en insistant le pouvoir mûr

Et la noue amère des choix, c’est qu’ici gît

 

Notre rêve contrarié !

 

 

Poème de Salus, envoyé par mail

 

Illustration : Alessandro Bavari 2005

06/04/2012

Michel Serres, "je suis pauvre", la voix de la sagesse

SUMAJ KAWSAY : LE BIEN-VIVRE

Source : http://magick-instinct.blogspot.fr/2012/01/sumaj-kawsay-l...

Grâce au blog de Cathy Garcia, je découvre le bel entretien qu'Edgar Morin accorde au site Terraeco.net sous le titre inquiétant de : Nous avançons comme des somnambules vers la catastrophe. Le thème de la vitesse et de l'accélération du temps, le passage progessif d'un temps qualitatif à un temps quantitatif n'est pas une nouveauté, puisque René Guénon, prophétique sur ce point, en avait déjà soulevé les tenants et aboutissants dés 1927 dans La crise du monde moderne, et en 1945 dans Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps.

 

Pour sa part, le monde indigène andin (1) repose sur une topologie quadrillant l'espace où se déploie le temps sacré de la 'splendide existence' Allin Kawsay et du 'bien vivre', Sumaj Kawsay. C'est donc une temporalité qualitative et épanouie, gorgée d'intemporalité (2). Mais le mode de vie occidental lui, dévore l'espace et contracte le temps : on se sent de plus en plus confiné et à l'étroit, pressé et opprimé par toutes sortes d'urgences quotidiennes. René Guénon déclare d'ailleurs que "la marche de l'humanité actuelle ressemble véritablement à celle d'un mobile lancé sur une pente et allant d'autant plus vite qu'il est plus près du bas". Tout va plus vite, tout s'accélère, tout le monde court.

 

Le monde de la Pachamama, mère de l'espace-temps, l'expérience andine du temps est bien différente. Le temps n'est pas quelque chose dont nous 'disposons' comme un compte en banque et que nous pouvons 'perdre', 'gaspiller' ou 'investir'. On ne peut pas 'manquer' de temps. 'L'être humain andin', le runa, vit dans le temps comme on vit dans un espace ouvert. Le temps est comme la respiration, le battement du coeur, le cycle du jour et de la nuit, totalement déployé. Il est une relationalité cosmique qui va toujours de pair avec l'espace, une expression de Pacha. Les catégories temporelles importantes ne sont donc pas 'en avance', 'en retard', 'passé' ou 'futur', mais 'avant' ñawpaj et 'après' qhepa. Le 'maintenant' andin, son 'présent', kunan, est un déploiement, comme une fleur qui s'ouvre au matin et qu'on respire lentement. Le temps est d'ordre qualitatif, relié à l'intemporel qu'il exprime. En aymara, il est même sexuellement qualifié ; il existe un temps féminin et un temps masculin. Les qualités du temps s'expriment selon la densité, le poids et l'importance des évènements.
 
Parfois, des faits sacrés ayant eu lieu une cinquantaine d'années auparavant finissent par rejoindre le temps mythique et millénaire des chullpas, le temps sacré des ancêtres de bien avant. Certains grands maîtres andins peuvent avoir parcouru la terre récemment, quelques siècles en arrière. Qu'importe, on assurera qu'ils vécurent aux époques les plus anciennes et on les projettera dans le temps des chullpas millénaires, sans tenir compte de la chronologie établie patiemment par l'historiographie. Cette manière de faire représente la qualité du temps, pas sa chronologie ou le temps linéaire.
 
Il n'y a pas de fin ni de début au cercle du temps. Les ancêtres sont toujours là, le futur est déjà ici. Il existe des 'temps intenses' et des 'temps mous' ; d'une certaine façon, la conception andine du temps reflète le kairos grec plutôt que le kronos. Un peu comme dans Cohelet (ec. III :1-8), il y a un temps pour semer et un temps pour récolter, un temps pour se taire et un temps pour parler. Il existe aussi un temps rituel pour célébrer telle ou telle cérémonie, mais dans tous les cas, on ne peut ni ne doit exercer de pression sur le temps et c'est pourquoi les supposés 'gains de temps' ne sont à long terme pour le runa que des 'pertes' et des 'dégradations'.

 

La manipulation andine du temps dans le quotidien apporte des exemples phénoménologiques de ce trait constitutif profond. L'un des premiers constats du voyageur occidental lorsqu'il parcourt les terres indigènes, c'est qu'il lui faut constamment faire face au manque généralisé de ponctualité. Nous n'avons pas la même lecture du temps, la même façon de le vivre. La fameuse 'heure péruvienne' ou 'bolivienne' n'est pas le reflet d'une paresse, d'un manque de parole ou de discipline. Elle exprime plutôt une posture différente au regard du temps de l'horloge, temps mesuré et donc, quantitatif. L'heure est 'bonne' quand c'est le moment approprié. Et l'heure exacte peut donc être, de ce point de vue, la 'mauvaise heure', s'il m'est permis de paraphraser le titre du roman de Gabriel Garcia Marquez, La mala hora.

Comme dimension unique, l'espace-temps n'est connu de nos scientifiques que depuis 1900 et ne fut mathématisé qu'en 1908. Il constitue pourtant le fond millénaire de la sagesse andine. Le terme quechua et aymara Pacha, signifie simultanément 'temps' et 'espace'. Les deux concepts sont inséparables et il n'existe pas de mot quechua ou aymara pour designer spécifiquement le temps, indépendamment de l'espace. Pour ce faire, on utilise d'ailleurs un terme occidental, un mot espagnol quechuisé et aymaraisé : timpu. C'est une information importante sur l'expérience andine de la temporalité, inséparable de l'espace. Le Cosmos, Pacha, c'est quatre dimensions et non trois, c'est un tissu interconnecté de rapports spatio-temporels. Le temps andin est étroitement relié aux phénomènes pachasophiques, au point de n'être concevable qu'en termes topologiques. C'est pourquoi le temps diffère, selon que l'on se trouve en France ou à Tiwanaku. L'espace affecte le temps.

 

Si l'on tient compte de cette leçon de la tradition andine, un recouvrement qualitatif du temps ne peut passer que par sa reterritorialisation. Cependant, "tout milite contre, la technologie, la communication… Le téléphone portable et toutes les technologies de ce genre, de façon très puissante, font que les gens ne sont jamais vraiment où ils sont. C’est une illusion d’ubiquité qui finalement veut dire que si tu es partout, tu n’es nulle part. C’est la création, pour moi, d’un homme vide, tout à fait déterritorialisé, anticipé par Robert Musil dans L’homme sans qualité. C’est un mec qui, en 1905, voit que le monde va devenir peuplé d’êtres déterritorialisés, déracinés, ballottés à droite à gauche, et qui vont identifier cette servitude totale avec la liberté. C’est une confusion dangereuse" (Miguel Benasayag in La Liberté, c'est déployer sa propre puissance dans chaque situation). A l'inverse de tout cela, on connait l'importance du territoire dans la pensée indigène. En France, tout mon travail s'enracine sur une terre du dragon. En Bolivie, il rayonne depuis mon lieu du feu, situé à 5000 mètres d'altitude en terre kallawaya. Le territoire pose le temps et freine les chronophagies. L'homme n'y devient pas une abstraction déterritotialisée et isolée de son environnement. Il est enraciné dans le Pacha. Il est terre qui marche, dit un proverbe Colla. Il est lui-même constitué de Pacha et n'en est pas séparé.

Un rituel de l'amauta Edmundo Pacheco, face à la montagne sacrée Illampu.
"Plus l'obscurité est intense, plus on a de chance d'y voir clair" (Magie Inconnue). S'il est possible de tirer avantage de la vitesse en profitant des failles qui apparaissent dans ce mouvement frénétique et troublé (3), il n'en demeure pas moins, selon Edgar Morin, que l'accélération du temps laisse présager de sombres catastrophes. Dans son article, Morin propose de décélérer là où c'est nécessaire : "Le vrai problème, c’est de réussir le ralentissement général de nos activités. Reprendre du temps, naturel, biologique, au temps artificiel, chronologique et réussir à résister."
 
La conclusion de l'article de Morin ne peut bien sûr que me toucher. Elle montre tout l'echo rencontré chez certains intellectuels occidentaux par le 'bien vivre' andin ou Sumaj Kawsay : "L’idéal de la société occidentale – « bien-être » – s’est dégradé en des choses purement matérielles, de confort et de propriété d’objet. Et bien que ce mot « bien-être » soit très beau, il fallait trouver autre chose. Et quand le président de l’Equateur Rafael Correa a trouvé cette formule de « bien-vivre », reprise ensuite par Evo Morales (le président bolivien, ndlr), elle signifiait un épanouissement humain, non seulement au sein de la société mais aussi de la nature. L’expression « bien vivir » est sans doute plus forte en espagnol qu’en français. Le terme est « actif » dans la langue de Cervantès et passif dans celle de Molière. Mais cette idée est ce qui se rapporte le mieux à la qualité de la vie, à ce que j’appelle la poésie de la vie, l’amour, l’affection, la communion et la joie et donc au qualitatif, que l’on doit opposer au primat du quantitatif et de l’accumulation. Le bien-vivre, la qualité et la poésie de la vie, y compris dans son rythme, sont des choses qui doivent – ensemble – nous guider. C’est pour l’humanité une si belle finalité. Cela implique aussi et simultanément de juguler des choses comme la spéculation internationale… Si l’on ne parvient pas à se sauver de ces pieuvres qui nous menacent et dont la force s’accentue, s’accélère, il n’y aura pas de bien-vivre."

 

Mais je me dois de nuancer. Le 'bien vivre' andin, Sumaj Kawsay ou la 'Splendide existence' Allin Kawsay, n'est pas du tout une création du président Correa, transmise par la suite à Evo Morales. D'une part il s'agit d'une conception andine très ancienne, et d'autre part, c'est bien Evo Morales qui le premier l'a introduite dans le champ politique, sur le conseil des yatiris et amautas indigènes. Il fut imité par la suite par le président équatorien, élu bien après Morales à la tête de son propre pays.

 

En équivalent français, le Sumaj Kawsay est connu des boliviens comme le "bien vivre" (vivir bien), tandis qu'en Equateur, on le qualifie plutôt de "bon vivre" (buen vivir).

 

En langue aymara ou jaqi aru, 'parole des hommes', le 'bien vivre' se dit Suma Qamaña. Suma signifie : plénitude, sublime, excellent, magnifique, élevé, beau. Qamaña signifie : vivre, vivre ensemble, être étant. La traduction par le terme "bien vivre" efface quelque peu le fait qu'il s'agit d'une "vie pleine", d'une vie épanouie et rayonnante très différente du 'mieux vivre' qui se fait souvent au dépend de l'autre, égoistement, en le dépouillant de ce qui lui revient, en s'emparant de ses richesses, en captant tout ce qui passe alentour et dans le plus complet déséquilibre de la loi du Ayni, qui harmonise l'acte de donner et celui de recevoir.

 

En langue quechua ou runa simi, 'langue des hommes', le 'bien vivre' se dit Sumaj Kawsay. Sumaj signifie : plénitude, élevé, supérieur, beau, splendide. Kawsay signifie : vie.

 

Le 'bien vivre' est par conséquent le processus de la vie en plénitude, la vie équilibrant le matériel et le spirituel, la splendeur d'une existence harmonieuse, de l'équilibre interne et externe de la 'communauté' ayllu, et de ceux qui y vivent. Toute forme d'existence est d'égale importance, nous existons tous dans un rapport de complémentarité et tout ce qui vit est précieux. En ce sens, l'homme n'est pas le 'roi du monde' ni son nombril narcissique. La critique laïciste fustige souvent cette position cosmocentrée, y distinguant un danger anti-humaniste. Mais c'est confondre humanisme et anthropocentrisme, au profit d'une dogmatique sans doute trop rigide. La Terre-Mère a ses cycles, ses jours et ses nuit. L'histoire des hommes connaît aussi ses hauts et ses bas. Les aymaras disent : suma qamañatakija, sumanqañaw. 'Pour vivre bien ou en plénitude, il faut tout d'abord être bien'. Savoir vivre implique tout d'abord d'être en bonne compagnie avec soi-même ou sumanqaña. Par suite, on sait comment entrer en bon rapport avec toutes les autres formes de vie. Il s'agit donc de vivre en harmonie avec soi-même, mais aussi avec les cycles de la Terre-Mère, du cosmos, de la vie et de l'histoire, en relation avec toutes les formes de vie. Il n'y a pas d'espèce reine quand la vie seule est reine.

Offrande à la Mama Cota, déesse du lac Titicaca
Aymara et quechua développent depuis des siècles ces savoirs liés au 'bien vivre'. Ainsi, les aymara distinguent treize principes et sciences du 'bien vivre'. 1/ Suma Manqaña : savoir manger 2/ Suma Umaña : savoir boire 3/ Suma Thokoña : savoir danser 4/ Suma Ikiña : savoir dormir 5/ Suma Irnakaña : savoir travailler 6/ Suma Iupiña : savoir méditer 7/ Suma Amuyaña : savoir penser 8/ Suma Munaña Munayasiña : savoir aimer et être aimé 9/ Suma Istaña : savoir écouter 10/ Suma Aruskipaña : savoir parler 11/ Suma Samkasiña : savoir rêver 12/ Suma Sarnaqaña : savoir marcher 13/ Suma Churaña, Suma Katukaña : savoir donner et savoir recevoir.

 

Bien entendu, les enseignements recouvrant ces treize points vont au-delà de ce que l'on entend ordinairement par boire, travailler, danser ou écouter. Le travail, par exemple, n'est pas cette corvée quotidienne que nous connaissons. Les aymara le définissent d'emblée comme une activité épanouissante, une joie et un plaisir plutôt que l'activité aliénante que nous impose la vie moderne. De même, la danse et le boire impliquent une activité tournée vers le sacré festif et célébratif. L'ivresse du temps sacré nous éloigne d'une vision hygiéniste et tristement austère du 'bien vivre'. L'utilisation chamanique de l'alcool n'est pas un héritage colonial. La Terre elle-même adore boire pour chuymat mantaña, chuymat apsuña, chuymat sartaña jawirjam sarantañataki ; 'entrer au coeur, faire sortir le coeur, émerger du coeur et devenir fluide comme le cours du fleuve'. L'écoute n'est pas non plus la seule perception des sons, mais une activité intégrale, beaucoup plus étendue et subtile... Il faut donc interpréter cette liste dans un sens à la fois littéral et symbolique et la situer dans la perspective d'un 'bien vivre' où verticalité et horizontalité communiquent pleinement sans s'opposer.
 
Dans une perspective plus vaste et macrocosmique, David Choquehuanca, ministre des affaires étrangères du gouvernement Morales, propose également 25 postulats pour comprendre le "Vivre Bien", adaptant les principes ancestraux indigènes au domaine politique.
 
En conclusion de ce bref aperçu, signalons que non seulement le "bien vivre" s'enracine dans les cultures aymara et quechua, mais qu'il est possible de le reconnaître également dans bien d'autres cultures indigènes. Le peuple mapuche le connaît sous le nom de Kyme Mogen, les peuples colombiens parlent de retourner à la Maloka, les guarani d'Amazonie enseignement la 'vie bonne' Teko Kavi, où se retrouvent des principes identiques. Chez les Mayas - qui n'ont prédit aucune fin du monde ni même l'élévation prochaine de la conscience en 2012 - ce concept est repris et repose sur deux postulats : Ronojerl kouchak upatan, 'tout a une fonction et une raison d'être' ; et Ronojerl jastaqki chaponkib, 'tous les éléments de l'univers sont connectés et reliés entre eux'.
 

NOTES :


(1) On aura remarqué que j'utilise plus facilement le terme 'indigène' que celui d''indien'. Dans les Andes, le mot 'indien', du fait de son utilisation péjorative pendant la période coloniale et aux temps de la république, est encore perçu comme une grave insulte par les indiens eux-mêmes, qui lui préfèrent l'expression 'indigène'. 'Indigène' sonne pourtant à nos oreilles occidentales de façon dépréciative, mais sur ce point je me plie à l'usage des premiers intéressés.
(2) Je ne compte pas développer ici le thème de l'éternité en milieu indigène, pas plus que commenter la différence entre la non-localité (cf. Magie Inconnue) et la déterritorialité propre au monde moderne, qui en est la dramatique parodie. Dans la cosmovision andine, l'intemporalité, la non localité et l'acausalité constituent une sorte de non-monde, parfois qualifié, comme c'est le cas chez les aymara, de 'quatrième monde' ou 'monde inconnu' kawki pacha. Il est clair qu'intemporalité et absence d'espace sont hors du champ de l'imagination et de la volonté. Nous pouvons concevoir l'infini - de façon très vague - comme un espace illimité, et l'éternité comme un temps illimité, les deux demeurant 'pour toujours', 'pour les siècles des siècles'. Mais nous sommes en revanche tout à fait incapables de concevoir l'absence de temps et d'espace, sans doute parce que nos dents ne peuvent se mordre elles-mêmes. L'intemporel désigne pourtant une absence de temps et d'espace que nous sommes dans l'impossibilité de concevoir, si bien que l'utilisation que nous faisons du terme 'éternité' s'inverse le plus souvent sous la forme d'un 'temps sans fin' et d'une infinité spatiale. De même pour la vacuité, que l'imagination transforme parfois en un espace vide, et donc en 'quelque chose', ce qui en est exactement l'inversion. C'est cependant l'impossibilité de concevoir et d'imaginer l'éternité qui engendre l'imaginale infinité du temps et de l'espace. Dans ce sens, temps et espace sont bien la phénoménalité même de l'intemporel, émanée de son impossible imagination, l'extériorisant en creux à la façon d'un négatif photographique, si l'on peut dire.
(3) Voir à ce sujet Magie Inconnue, p.145-147.

22/03/2012

Qu'est ce que vivre ? Par Pierre Rabhi

Source : http://www.pierrerabhi.org/blog/index.php?post%2F2007%2F0...

Il ne faut pas s’accrocher aux alternatives en se disant qu’elles vont changer la société. La société changera quand la morale et l’éthique investiront notre réflexion. Chacun doit travailler en profondeur pour parvenir à un certain niveau de responsabilité et de conscience et surtout à cette dimension sacrée qui nous fait regarder la vie comme un don magnifique à préserver. Il s’agit d’un état d’une nature simple : J’appartiens au mystère de la vie et rien ne me sépare de rien. Je suis relié, conscient et heureux de l’être.

C’est là que se pose la question fondamentale : qu’est-ce que vivre ? Nous avons choisi la frénésie comme mode d’existence et nous inventons des machines pour nous la rendre supportable. Le temps-argent, le temps-production, le temps sportif où l’on est prêt à faire exploser son cœur et ses poumons pour un centième de seconde… tout cela est bien étrange. Tandis que nous nous battons avec le temps qui passe, celui qu’il faut gagner, nos véhicules, nos avions, nos ordinateurs nous font oublier que ce n’est pas le temps qui passe mais nous qui passons. Nos cadences cardiaques et respiratoires devraient nous rappeler à chaque seconde que nous sommes réglés sur le rythme de l’univers.

L’intelligence collective existe-t-elle vraiment ? Je l’ignore mais je tiens pour ma part à me relier sur ce qui me parait moins déterminé par la subjectivité et la peur, à savoir l’intelligence universelle. Cette intelligence qui ne semble pas chargée des tourments de l’humanité, cette intelligence qui régit à la fois le macrocosme et le microcosme et que je pressens dans la moindre petite graine de plante, comme dans les grands processus et manifestations de la vie. Face à l’immensité de ce mystère, j’ai tendance à croire que notre raison d’être est l’enchantement. La finalité humaine n’est pas de produire pour consommer, de consommer pour produire ou de tourner comme le rouage d’une machine infernale jusqu’à l’usure totale. C’est pourtant à cela que nous réduit cette stupide civilisation où l’argent prime sur tout mais ne peut offrir que le plaisir. Des milliards d’euros sont impuissants à nous donner la joie, ce bien immatériel que nous recherchons tous, consciemment ou non, car il représente le bien suprême, à savoir la pleine satisfaction d’exister.

Si nous arrivions à cet enchantement, nous créerions une symphonie et une vibration générales. Croyants ou non, bouddhistes, chrétiens, musulmans, juifs et autres, nous y trouverions tous notre compte et nous aurions aboli les clivages pour l’unité suprême à laquelle l’intelligence nous invite. Prétendre que l’on génère l’enchantement serait vaniteux. En revanche, il faut se mettre dans une attitude de réceptivité, recevoir les dons et les beautés de la vie avec humilité, gratitude et jubilation. Ne serait-ce pas là la plénitude de la vie ?

18/03/2012

Sandy Wolk, sculpture

http://earthsongsculpture.com/

 

14/02/2012

Les fous de la vitesse doivent mourir (Dissident Voice)

Le Grand Soir | 13 février 2012 | mis en ligne par paco

Linh DINH

Les Nations Unies viennent juste de publier un rapport intitulé "Une population résiliente, une planète résiliente : un avenir qu’il vaut la peine de choisir." Rédigé par le Groupe de haut niveau sur la soutenabilité mondiale, il affirme que la planète est au bord du précipice, dévastée qu’elle est par une exploitation sauvage. Pour éviter une désastre environnemental, économique, social et politique, nous devons adopter le paradigme du développement soutenable. Une coopération universelle sans précédent est nécessaire pour sauver la terre et sa population.

Le groupe fait 56 recommandations visant à éradiquer la pauvreté ; à réduire les inégalités ; à établir la démocratie et protéger les droits humains dans le monde entier ; à faire progresser l’égalité des sexes ; à garantir l’accès universel à une contraception abordable et sans danger ainsi qu’à d’autres droits qui touchent à la sexualité et à la reproduction et aux services de santé ; à financer un fond international pour l’éducation qui permette à tous les enfants du monde d’accéder au moins à l’école primaire avant 2015, et à l’éducation supérieure avant 2030 ; à promouvoir la participation à part entière des femmes dans l’économie en mettant en place des politiques économiques qui la favorise ; à instaurer des taxes qui encouragent les choix de soutenabilité ou découragent les autres ; à entamer une "révolution pour toujours verte" pour au moins doubler la production tout en réduisant drastiquement l’utilisation des ressources et en mettant un terme à la destruction de la biodiversité, la réduction de la terre arable, la diminution les ressources en eau et leur contamination ; à coordonner la gestion des ressources en eau des pays sans oublier que l’eau sert à de multiples fonctions : la boisson, l’hygiène publique, l’agriculture, l’industrie et l’énergie ; à coordonner la gestion de la mer et des côtes entre les différents pays pour protéger les écosystèmes ; à garantir l’accès universel à une énergie soutenable abordable ; à fournir aux populations, en particulier celles qui vivent dans des endroits reculés, un accès aux technologies y compris les télécommunications internationales et la transmission à large bande avant 2025 ; à garantir que tous les citoyens jouissent d’un minimum de sécurité.

Et ça continue comme cela mais je m’arrêterai ici bien que je n’aie mentionné que la moitié des objectifs listés par ce panel d’experts, objectifs qui sont tous salutaires mais cependant inatteignables sur cette terre et en particulier sous ce système de gouvernance mondiale dominé par d’agressifs pays militarisés à visée impérialiste. En d’autres termes, la tendance actuelle n’est pas à plus de justice, d’égalité, de paix, ni à une meilleure éducation, ni à un meilleur accès à Internet, mais au contraire à de moins en moins de tout cela, et souvent même dramatiquement moins. L’austérité va nous frapper de plein fouet comme elle a déjà frappé de nombreux Grecs, Italiens, Irlandais, etc... et même beaucoup d’Américains.

La planète est sous tension et les grands chefs au lieu de coopérer vont se sauter à la gorge tout en piétinant beaucoup d’entre nous qui nous sommes "trop engraissés" pour reprendre l’expression de Henry Kissinger. Prenez la position de défiance envers l’Iran qui oppose Israël, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France à la Russie et la Chine. Tous ces pays, sauf Israël, sont des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. L’appellation "Conseil de Sécurité" est d’ailleurs inappropriée car cette organisation a généré à plusieurs reprises l’insécurité et la terreur en cautionnant l’attaque militaire de pays comme l’Irak et la Libye.

Les grands chefs n’ont pas acquis ce pouvoir obscène en prenant soin des faibles comme le recommande le panel d’experts de l’ONU dans sa liste de vains souhaits. Je suis même étonné qu’ils n’aient pas ajouté à leur liste, dessert, café et cognac après dîner pour tous, cela m’aurait vraiment plu. Et pourquoi s’arrêter aux droits sexuels et aux droits de reproduction ? Pourquoi ne pas garantir aussi, pendant qu’ils y étaient, l’accès gratuit à la jouissance sexuelle parfaite et ininterrompue, et je ne parle pas d’une jouissance virtuelle qui, elle, ne nous manque pas dans le Capitalisme moribond ?

Il se trouve que je suis né dans un pays qui a bénéficié de l’attention paternaliste de quatre des cinq puissances impériales qui sont actuellement au Conseil de Sécurité, et la seule raison pour laquelle l’Angleterre ne s’est pas déchaînée au Vietnam c’est que la France y était déjà. Chaque fois qu’un grand chef se dit prêt à vous aider, vous avez intérêt à charger votre fusil.

Bref, il ne faut pas compter sur les principaux pays pour vous aider, au contraire ils vont devenir de plus en plus dangereux à mesure que leurs économies s’enrayent, stagnent et s’effondrent. Grâce à l’énergie fossile, le monde a bénéficié d’un siècle de croissance sans précédent, cependant même au meilleur moment de cette période, quand le pétrole était ridiculement bon marché à moins de 20 dollars le baril, et qu’on pensait qu’il y en aurait toujours assez pour tous, la ruée vers l’or noir a provoqué des millions de victimes, alors maintenant que la pénurie menace et que la demande est supérieure à la production, on doit s’attendre non pas à moins mais à plus de violences et de violations des droits humains partout dans le monde.

Pendant le dernier Super Bowl, une orgie d’autosatisfaction, de violence rituelle, de vitesse, de culte de la machine et de consommation débridée, Madonna est apparue en reine tout à la fois sumérienne, babylonienne et égyptienne, assise sur une énorme chariot ailé tiré par 50 esclaves/soldats romains. C’est plus que curieux ces symboles impérialistes mégalomaniaques, et notamment la référence à un pays, l’Irak, que l’Amérique a complètement détruit. La plus célèbre allumeuse de l’empire, une star vieillissante et chancelante, a passé 13 minutes à s’autoglorifier avec enthousiasme, son visage géant projeté spasmodiquement sur le sol. Après un final parfumé de religiosité, elle a tout à coup disparu dans un nuage de fumée ponctué d’un gros bang, laissant derrière elle les mots "PAIX MONDIALE" écrits en énormes lettres scintillantes.

Greffé sur une nuit dominée par les réclames de voitures, l’absurde développement personnel prôné par l’entreprise GE, grand profiteur de la guerre, et le battage publicitaire pour plusieurs films de guerre, le message final de la Femme Objet était au mieux ridicule au pire cyniquement sinistre. En direct, du coeur en fête d’un empire qui à déclaré plusieurs guerres en même temps et en prépare d’autres, nous vous souhaitons la "PAIX MONDIALE" ! La plaisanterie paraît encore plus sinistre quand on se souvient que Madonna s’est entichée d’Israël et que la dernière fois qu’elle se trouvait dans ce pays, en 2009, elle n’a même pas mentionné les Palestiniens mais est allé rendre visite à leur tortionnaire, Benjamin Netanyahu. Maintenant qu’Israël menace de bombarder l’Iran, Madonna a programmé un concert à Tel Aviv. Inquiets que l’Iran ne bombarde Israël en retour et que cela ne trouble le concert de musique pop, les fans de Madonna ont signé une pétition pour demander à Netanyahu de reporter l’attaque de l’Iran à une date postérieure au concert. Ne renoncez pas au massacre, repoussez-le juste un peu ! Comme c’est charmant !

Pendant que nos leaders tuent, on nous gave de musique pop en attendant notre tour d’être massacrés. Ils ont tout l’argent et toutes les armes et nous, tout ce que nous pouvons faire, c’est parler. Dans une telle situation, il ne me semble pas qu’une transition douce et saine vers la justice, la paix et la soutenabilité soit possible. Le pétrole nous a permis de nous multiplier mais sa rareté va réduire le nombre de terriens, et cette réduction ne sera pas le fait du planning familial mais de la famine et de l’hygiène du monde qu’est la guerre pour paraphraser Marinetti. Si cette terre se rapproche un jour du seuil de soutenabilité, ce sera parce que la plupart d’entre nous serons morts.

Linh Dinh

Linh Dinh a écrit deux livres de nouvelles, cinq de poésie et il vient de publier un roman : Love Like Hate. Il tient une chronique photographique de la détérioration de la société sur son blog, State of the Union.

Pour consulter l’original : http://dissidentvoice.org/2012/02/speed-freaks-must-die/#mor...

Traduction : Dominique Muselet pour Le Grand Soir

URL de cet article :
http://www.legrandsoir.info/les-fous-de-la-vitesse-doiven...

11/02/2012

LA CARAVANE AMOUREUSE

 

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Montrer la beauté des Hommes dans le silence du monde, convaincus qu'on ne peut faire grandir cette humanité qu'en la rendant amoureuse d'elle-même. Saisir l'instant et le relâcher aussitôt comme un oiseau que l'on a attrapé juste pour le caresser et qu'on libère d'entre nos mains. À jamais... Fascination de la terre et fascination des peuples. Qu'y a-t-il derrière ces regards et ces visages que d'autres soleils et d'autres vents ont façonnés ? Qu’y a-t-il derrière ces musiques envoûtantes et lascives ? L'infini des désirs et se perdre dans les méandres de cet infini. Accoster l'humain, s'agenouiller devant son miracle et poursuivre le chemin nourris par ces rencontres. Inévitablement.

Marc VELLA
 
 

POURQUOI ?

Suite aux évènements des banlieues, aux dissensions en Belgique, à la future adhésion de la Suisse à l’espace Schengen, une invasion amoureuse s’impose…
La véritable pollution : l’ego. Il y a urgence à ce que cette humanité évolue. Nous sommes devenus une force de la nature par l’explosion démographique. Tous les scientifiques le disent, il y a collision entre notre planète et notre civilisation. Si nous ne remettons pas en question nos vieilles façons d’agir et de penser, entretenons les climats de peur, mettons en avant esprit de compétition, conflits d’intérêts et croyances pour nourrir nos egos boulimiques, disons-le nettement et sans détours, pour l’humanité, il n’y a pas d’avenir. Cessons de nous démolir, changeons notre regard.
Le jour où la terre inconnue de notre cœur sera reconnue et aimée, libérée de toute manipulation, toute l’humanité se réconciliera avec l’humanité.
 

COMMENT ?

La caravane amoureuse souhaite rallumer dans le cœur des gens le feu de la joie et la confiance en l'humanité.
Avec les lycées. En étroite collaboration avec proviseurs et professeurs, offrons aux jeunes d’autres perspectives : Bienveillance et partage, oser utopies et rêves, se réaliser au nom de l’amour, habiter la terre plus poétiquement… Suivi internet, accompagnement, jumelages…
Avec les villes et villages. Comme dans Le tour de Gaule d’Astérix, chaque jour, un banquet festif est mis en place par les lieux partenaires. Dans ce temps de rencontre, l'idée est de mettre à l'honneur les initiatives locales, associations, individus, qui œuvrent pour un mieux-vivre ensemble dans les domaines aussi bien du social, du médico-social, de l'artisanat, de l'agriculture, artistiques, culturels... (ces moments seront filmés pour la télévision. Montrons du positif, rien que du positif…)
Spectacles gratuits. Chaque soir, un spectacle est donné en mêlant artistes de la caravane avec des artistes locaux mais aussi dans des lieux parfois peu visités ou isolés : milieux ruraux, prisons, hôpitaux, centres handicapés…
Tout cela favorisera inévitablement des échanges équitables et durables entre les gens, pouvant générer justement cette économie équitable et durable que nos politiques cherchent tant à construire.

Frère Christophe, un des moines de Tibhirine, disait:
« Pour gagner le cœur des Hommes, il faut aimer. »

Marc Vella

http://www.caravane-amoureuse.com/



Site de Marc Vella : http://www.marcvella.com
 

10/02/2012

Sistoeurs en deuil : Franca Maï est partie

http://www.sistoeurs.net/spip.php?article677

Les soins palliatifs à domicile ou le dernier train avant le bleu du ciel

dimanche 29 janvier 2012, par Franca Maï

 

Une illusion optique.
La beauté n’est que théâtralisée.
La maladie décharne le corps qui tombe en lambeaux. Les os saillent en une farandole aigre.
Le ventre gonfle ourlé d’air sans vie, retenu par un coquelicot artificiel.
Le souffle de la faucheuse s’étend à la chair fatiguée lui indiquant son arrêt imminent. Mais je garderai le sourire. jusqu’au bout.
Fuck la mort !

- Extrait du huitième roman de Franca Maï : DIVINO SACRUM carnet de bord d’une vieille cancéreuse fripée

La seconde irrigation ne se passe pas comme prévu. Tout semble m’échapper des mains. J’ai négligé le cagibi pour prendre mes aises dans la chambre et bénéficier de la lumière naturelle. Je squatte la potence de glucose. Elle m’est d’un grand secours pour maintenir le réservoir gradué rempli d’eau. Une cuvette bleu azur, placée à mes pieds accueille le manchon transparent qui permet la collecte des selles. Mais le débit soudain de flots incontrôlables liquides et hargneux déroute le matériel insubordonné répandant des traînées visqueuses et diarrhéiques au sol. Le tuyau d’évacuation muni du régulateur de débit et l’obturateur adhésif prennent une satisfaction malsaine à me faire tourner en bourrique. Des haut-le-cœur bataillent avec ma gorge et des crampes indescriptibles rongent mon ventre. Je vomis en même temps que je me vide. La panique s’installe. Une femme de ménage surgit promptement avec serpillière et balai. Elle répare les dégâts sans émettre de plaintes désagréables. Au contraire, elle me rassure et m’aide à me rallonger. Pourtant l’odeur est insupportable. Cette femme semble hermétique aux salves olfactives. Répugnantes. Elle nettoie, lave, javellise le lino. Tente l’impossible pour métamorphoser l’air. Elle ouvre la fenêtre et me tend une robe de chambre pour ne pas que j’attrape froid. J’admire cette jolie personne qui partage ma fange sans une plainte et pour un salaire de misère. Elle se retire en m’attribuant quelques mots d’encouragement. J’ai toujours l’odeur de décomposition dans les narines. Comme une seconde peau. Dont je suis incapable de me défaire.
« Enlevez les mouches ! ... enlevez les mouches... Filez-moi un insecticide puissant... vous ne les voyez pas... moi, si... Elles grouillent à l’intérieur de mes os, prêtes à festoyer, les garces !... ces porteuses de germes, ces suceuses de sang, ces expertes en survie, bourdonnent sans répit, me martyrisent et préparent leur lit de fumier à mes dépens ! ».
Je scrute le plafond d’une blancheur irréprochable et l’horizon tangue. Je me précipite vers le crachoir et je gerbe à nouveau. Assise, au bord du plumard, des hoquets déversant leur bile écumante, je tente de retrouver mes esprits. Une main chaude alors cale mes reins tandis que l’autre se, pose délicatement sur ma nuque, m’aidant à expulser tripes et boyaux. C’est toi, Guitan !... Tu es là, mon amour !... TU ES LA ! ... Tu es venu à l’improviste. Une bien belle surprise. Et tu t’appliques à me faire du bien. Désolée de ne pas être plus en forme. De te montrer les coulisses scabreuses de la pathologie. Dans ton regard, je lis la compassion et ça fait mal.

 

Je suis partie aujourd’hui...

jeudi 9 février 2012, par Franca Maï

13H18, un mercredi 8 février 2012

Je suis partie aujourd’hui. J’ai rejoins le soleil qui brille et la lune ricanante. Sachez que je vous protège de leurs clartés lumineuses :)
Je vous aime...
Fuck la mort

Franca Maï

18/01/2012

La crise ? L'Islande fera le triple de la croissance de l’UE en 2012

 

 Islande a terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et selon les prévisions de la Commission européenne, elle va faire le triple du taux de croissance attendu pour l’UE en 2012 (1,5%). Pour 2013 la croissance devrait atteindre 2,7%, principalement à cause de la création d’emplois. L’Islande est le pays qui a nationalisé les banques privées et qui a emprisonné les banquiers responsables de la crise.

http://www.surysur.net/sites/defaul... Traduction : Bernard Rioux

L’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté par un référendum citoyen le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour leurs crimes financiers.

 

Pendant ce temps un pays comme l’Espagne, le ministre l’économie qui fut un grand responsable chez Lehman Brothers, a maquillé les soldes bancaires et a gonflé les résultats pour faire croire à une solvabilité du système financier résultant de la déréglementation des marchés mais ce dernier a fini par s’effondrer.

 

 Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing furent les banques nationalisées en 2008 pour éviter leur faillite et et qui furent placées sous contrôle démocratique, plutôt que de profiter d’injections inconditionnelles de capitaux publics, comme en Espagne ou dans les autres pays européens. En juin dernier, l’une d’elle Landsbankinn, a annoncé son intention de rembourser les intérêts aux détenteurs d’hypothèques pour compenser les citoyens de payer leurs pertes.

 

 La révolte pacifique a débuté en 2008, sans que celle-ci soit décrite dans les pages des grands médias européens, qui ont mentionné dans des notes en bas de page que ce pays était un dangereux exemple dangereux à suivre. À la fin de 2008, l’ensemble des dette de l’Islande égalait à 9 fois son PIB. La monnaie s’est effondrée et la Bourse a suspendu ses activités après une baisse de 76%.

 

 Le pays a fait faillite et a ensuite reçu un prêt de 2 100 millions de dollars due FMI et 2 500 millions de dollars provenant des pays nordiques et de la Russie. Le FMI, comme d’habitude, a exigé, en échange de mesures "d’ ajustement" soit des coupures dans les dépenses sociales qui ont provoqué la colère de la population, la chute du gouvernement et la convocation d’élections anticipées au début de 2009 dans lesquelles la gauche a remporté la majorité absolue et provoquant l’effondrement du Parti de l’Indépendance, un parti conservateur, qui était traditionnellement la force dominante dans le pays, qui n’a conservé que 23,7% des voix.

 

 Le Mouvement Gauche-Vert a gagné 21,7%, Alliance sociale-démocrate 29,8%, le Parti progressiste 14,8% et Mouvement des citoyens 7,2%.

 

Johanna Siguroardottir a été choisi pour diriger le gouvernement réunissant des sociaux-démocrates, et les écologistes de gauche. En 2010, on a mis sur pied une assemblée constituante de 25 membres, des « citoyens ordinaires » pour réformer la Constitution. Cette même année, le gouvernement a soumis à un référendum sur le paiement ou non de la dette contractée par les banques privées en faillite au Royaume-Uni et dans les Pays-Bas, mais 90% des gens ont refusé de payer.

 

 Ses citoyens ont voté non à cause de l’effondrement de la Banque Icesave et les gouvernements de ces pays couvrent les dépôts à capitaux publics. Le FMI a gelé les prêts en espérant que l’Islande finiraiti par payer ces dettes illégitimes.

 

 En septembre 2010, l’ancien Premier ministre Geir Haarde a été mis en procès pour négligence dans la gestion de la crise. Interpol a également émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de Sigurdur Einarsson. En avril 2011, les citoyens ont de nouveau dit non à un nouveau référendum sur le paiement de la dette.

 

Après cela, au mois de décembre la banque Landsbanki a décidé de retourner une partie de la dette. Le montant total des sommes versées par Landsbanki, selon Icenews à 350 milliards de couronnes, soit environ 33% de la dette totale. Pourtant, "les comptes Icesave ne représentent seulement 4% des obligations des institutions financières du pays, soit environ 4000 millions d’euros. 96% restant ne pouvait pas être renvoyé aux créanciers, car il était complètement impossible de le faire parce paiements d’intérêts chaque année aurait dépassé les revenus du pays.

 

 Dans les mots de l’économiste Jon Danielsson : « Les (banques) ont accumulé une dette égale à plusieurs fois le PIB annuel. Il n’y a aucune possibilité que les citoyens puissent payer cette dette."

 

 Il y a quelques jours, les responsable de la Fiscalité en Islande ont inculpé deux officiers supérieurs des banques qui ont commis des fraudes au moyen de prêts non autorisés pendant les opérations qui ont conduit à son système financier à s’effondrer en 2008 : l’ancien PDG responsable de la faillite de Glitnir, Larus Welding et le responsables des finances de l’entreprise, Gudmundur Hjaltason. Ils auraient abusé de leur position pour fournir environ 102 millions d’euros sans la permission, sans garanties de la part des bénéficiaires et sans avoir consulté le département de gestion des risques.

 

 Les agences de notation Moody, Standard & Poor et Fitch font pression pour punir l’endettement sans beaucoup de succès et toujours en essayant d’ignorer la reprise économique dans ce pays. Par ailleurs, en 2008, quelques mois avant l’effondrement de leurs banques, le pays jouissait encore de la cote triple A donnée par ces mêmes organismes.