Le texte lu correspond à un collage de poèmes d'
Abderrahmane Lounes,
Rachid Boudjedra,
Lâadi Flici,
Youcef Sebti,
Abdelhamid Laghouati,
Jean Sénac,
et Hamid Tibouchi.
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Ce n’est pas ça, évidemment.
Ce n’est pas ça que je veux écrire. Ce n’est pas ça. Ça, ça se cache. Ça n’a pas de mots. Ça fait mal, juste. C’est juste ça. C’est un mal, mal dit. C’est une douleur, c’est violent, ça violente. C’est silencieux et ça prend toute la place. Ça ne bougera jamais, c’est là. Ou là. Ou ici. Ça se joue des mots, avant de les avaler. Ça soupire par vagues, de ces soupirs dont on n'a pas idée, ça soulève le cœur. Ça ricane. Ce n’est pas ça que je voulais écrire. Ce n’est pas ça.
Écrire un poème, c’est facile. Il suffit de laisser entrer quelques papillons et de ne pas faire de bruit. C’est joli, un papillon. Ça volète, ça ne brusque pas, ça frémit, ça effleure, ça se pose sur des mots légers qui prennent des couleurs arc-en-ciel, ça caresse l’esprit. La main suit, docile.
Mais parfois, le poème s’échappe. Il se tord. Il n’est pas tranquille. Les papillons s’affolent. Tout se dérobe, se bouscule, dégringole. Elle est là, tapie dans un coin, tache noire. Tu l’aperçois du coin de l’œil. Ta main s’active, qui essaie de redonner du sens. Mais elle a déjà commencé à tisser sa toile. Les papillons sont piégés, les mots s’engluent, se figent, le cœur s’accélère, l’esprit se débat, l’obscurité s’installe. L’araignée envenime la raison et la main épuisée trace des mots noirs aux pattes velues.
Écrire un poème est devenu un combat.
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à écouter dans l'émission de Christian Saint-Paul : les poètes 07
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
Blog de Majid : wwwjohablogspotcom-kaouah.blogspot.com
14:41 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
Petit cadeau de début d'année de son équipage,
l'intégralité de la revue Catarrhe du mois de décembre 2014 :
Bonne découverte et pour vous abonner, c'est ici :
La revue qui bouleverse
nos certitudes intellectuelles.
Format : 10 x 21 cm.
Plus de 32 pages.
Nombreuses illustrations.
Bimestriel
les 6 numéros, envois compris :
14,52 € pour la Belgique
16,68 € pour la France
Contact : revue.catarrhe(at)gmail.com
et tant que vous y êtes
Un des membres bien équipé de cette revue, n'étant autre qu'Éric Dejaeger, prolifique s'il en est, vient de sortir son nouvel ouvrage chez Gros Textes.
UNE FEMME À GROS SEINS QUI COURT UN MARATHON est un recueil qui rassemble environ 70 poèmes parmi tous ceux écrits ces cinq dernières années.
Son blog : http://courttoujours.hautetfort.com/
08:08 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
L'année 2015 aura commencé sur le site www.dechargelarevue.com en compagnie de Jeanine Salesse et François Coudray qui nous conduisent, l'une et l'autre, à travers la montagne (c'est l'I.D n° 540), et avec la désignation de Traction-Brabant n° 60 comme revue du mois. Mais reste la grande inconnue : les lecteurs continueront-ils à nous suivre en 2015 à travers les publications de Décharge et de Polder ?
En attendant et malgré l'année commençante, il est encore temps de garder un œil sur ce que fut 2014 pour vous, pour nous : elle a tenu, au vrai, toutes ses promesses : commencée avec l'Anthologie Polder, en son troisième tome ( 2004 - 2013), elle a vu servir à nos abonnés, et dans les délais impartis, les quatre livraisons de la revue Décharge (du n° 161 à 164) et les quatre complémentaires de la collection Polder ( Yannick Torlini, Nicolas Gonzales, Marie-Anne Bruch et Patrick Le Divenah), pour s'achever avec la rénovation et la refondation attendues de notre site.
Les Itinéraires de Délestage auront successivement mis à l'honneur en décembre 2014 Tristan Felix (I.D n° 535) , Guillaume Decourt (I.D n° 536) et Etienne Paulin (I.D n° 538); d'autres I.D, plus réflexifs, se seront attardés sur un Alphabet de Philippe Jaffeux, annoncé comme intégral (I.D n° 537), et commenté les Troubadours de Michel Zink (I.D n° 539).
Les pages de Repérages se sont focalisées tour à tour sur Roger Kowalski, Jean Joubert, Luce Guilbaud, Grégoire Damon, Simon Allonneau, Béatrice Marchal, parmi bien d'autres sujets, dont quelques publications remarquables, dans la tradition des revues en Vrac.
Et il reste à souhaiter à tous nos meilleurs vœux pour 2015.
Claude Vercey
www.dechargelarevue.com
P.S : L'anthologie Génération Polder, tome 3 est en voie d'épuisement. Les quelques exemplaires restants sont à saisir au prix de 8€, à l'adresse de Décharge, 4 rue de la Boucherie, 89240 - Egleny. Et on s'abonne à la même adresse.
12:38 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
Poète, nouvelliste et romancière, Guénane est née à Pontivy, au cœur de la Bretagne, et vit en rade de Lorient. Après des études de lettres à Rennes où elle a enseigné, elle a vécu en Amérique du Sud. Elle a publié de nombreux livres, recueils de poésie (chez Rougerie) et romans (chez Apogée). Le titre de son recueil "Couleur Femme" a été repris comme thème du Printemps des Poètes 2010.
22:43 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
Publié le 07/12/2014 à 03:50
http://www.ladepeche.fr/article/2014/12/07/2006303-cinqua...
On ne présente pas Max Pons. Tout le monde connaît celui qui a été, pendant des décennies, le guide conférencier emblématique du château de Bonaguil. Mais ce que beaucoup, peut-être, connaissent moins est le passionné de poésie et le poète qui a obtenu, en 2011, le «Grand Prix de poésie de la Société des gens de lettres» dont il est par ailleurs sociétaire. Cet amour de la poésie l'a amené à créer «La Barbacane», dont nous fêtons les 50 ans, une revue qui a pour objectif de faire connaître de nouveaux talents. Nous avons rencontré Max Pons pour en savoir plus.
Comment est née «La Barbacane» ?
Nous étions au restaurant «Le Ménestrel» de Georgette et Roger Arnould, où j'ai passé des centaines d'heures, et nous étions quatre à table avec Jean Follain, notamment. Tout d'un coup je lui dis : «Jean, je crois que je vais créer une revue.» Je cherchais un nom depuis déjà quelque temps, je voulais quelque chose à consonance médiévale et un peu étrange pour le commun des mortels. Et il me dit : «Comment l'appellerez-vous ?» et je m'entends répondre : «la Barbacane.» Il me dit : «Excellent !» Il y avait trois semaines que je cherchais et c'est très curieux car je n'y pense qu'à cette seconde précise de la question, alors que tous les jours, j'avais une barbacane, celle de Bonaguil, sous les yeux.
Comment sélectionnez-vous les textes publiés ?
Avec des amis nous constituons un comité de lecture. Seule est prise en compte la qualité des textes. Mais souvent je ne peux pas les publier par manque de moyens. Il faut trouver des subventions car la poésie se vend très peu. Tout a marché grâce au bénévolat sinon l'aventure aurait été impossible.
Où en est la Barbacane aujourd'hui ?
Aujourd'hui c'est une glorieuse épave. Glorieuse, et c'est son grand triomphe, car elle est devenue mythique. J'ai quelques dizaines d'abonnés, pas quelques centaines et il devient de plus en plus difficile de joindre les deux bouts. Alors j'en donne davantage que je n'en vends. Mais j'ai voulu maintenir la haute qualité papier et une centaine d'exemplaires sont tirés sur papier Arches. Selon les spécificités du texte je choisis tel ou tel type de papier et telle ou telle typographie. Cependant j'ai toujours voulu qu'un ouvrier puisse acheter un numéro de la Barbacane et j'ai maintenu un prix abordable.
Comment voyez-vous l'avenir de votre revue ?
À moment donné, mon fils Stéphane s'en était bien occupé. Peut-être qu'un jour, il prendra la suite. Il lit beaucoup et il écrit également mais je ne veux le forcer en rien. Si la Barbacane doit avoir un avenir ce sera celui qu'une nouvelle génération de lecteurs lui donnera. En ce qui me concerne j'espère connaître le numéro 100 !
11:56 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
"Profonds et lapidaires, hantés par le souvenir des compagnons assassinés ou traversés par les douleurs de l’exil, les poèmes du recueil "Que pèse une vitre qu’on brise" d’Abdelmadjid Kaouah témoignent de plus de quarante ans d’écriture et de la place du poète dans l’histoire de la poésie algérienne francophone.
Ce recueil de 86 pages, paru aux éditions algériennes Arak, rassemble une quarantaine de textes, pour la plupart inédits, écrits par Abdelmadjid Kaouah entre 1972 et 2014, offrant aux lecteurs une occasion de découvrir ou de redécouvrir une verve poétique constante, marquée par des drames humains dans l’Algérie contemporaine.
Présentés selon un ordre plus ou moins chronologique, ces textes portent également des hommages à d’autres poètes, algériens comme Tahar Djaout, Youcef Sebti et Jean Sénac (tous trois assassinés) ou étrangers comme l'immense Mahmoud Darwish et le poète bosniaque Izet Sarajlic.
Témoins de l’ "être fraternel" du poète, comme l’écrit Djamel Amrani- autre grand poète algérien dont un article sur Kaouah est inséré au livre- ces poèmes dédiés, parmi les plus poignants du recueil, replongent aussi les lecteurs dans l’horreur de la violence terroriste des années 1990 .
L’évocation de cette époque où "l’on arme la haine/ à coup de versets inversés" est
différemment présentée par le poète, selon les textes: de strophes incantatoires et puissantes, énumérant des noms de victimes dans "Maison livide" (1994), elle devient une vision de "femmes en noir" posant des "talismans" pour conjurer le "règne de l’oubli".
L’exil européen du poète après ces années de "folie" et d’ "enfer" constitue un autre thème majeur du recueil que le poète explore avec autant de diversité. Dans "Les portes de l’exil s’ouvrent à Blagnac", Kaouah s’interroge avec amertume: "Qu’est-ce qu’un aéroport", sinon un "commerce de l’absence/ une maison close puant de nostalgies", alors que dans d’autres, il convoque la figure mythique d’Ulysse.
Cette référence récurrente au héros de l'Iliade, renseigne également sur l’ancrage méditerranéen du poète, comme l’explique le sociologue espagnol Jordi Estivill dans l’avant propos du recueil.
L’évocation de la mer est aussi présente lorsque qu'il s’agit pour Kaouah de parler de ses années de jeunesse dans sa ville natale d’Ain-Taya, une référence à la nature, très présente, surtout dans les plus vieux textes du recueil.
Accompagnés de reproductions de tableaux du peintre Djamel Merbah, "Que pèse une vitre qu’on brise" constitue un événement éditorial rare en Algérie où la poésie n'est quasiment plus publiée.
Il se veut également, par sa qualité d’édition, un juste hommage à ce poète discret et peu cité dans les travaux sur la poésie algérienne d’expression française.
Né dans les années 1950 en Algérie et établi en France depuis les années 1990, Abdelmadjid Kaouah est l’auteur d’une vingtaine de recueils, parus en Algérie et en France. Également journaliste et chroniqueur littéraire, il a notamment dirigé "Quand la nuit se brise", une des meilleures anthologies de la poésie algérienne francophone parue à ce jour."
par Fodhil Belloul
J'avais eu l'immense plaisir d'inviter et recevoir Abdelmajid Kaouah lors d'une soirée poésie organisée dans la cadre des Mardi de St Cirq à St Cirq-Laopopie en 2008. On peut le retrouver également dans le numéro 23 de la revue Nouveaux Délits :
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2007/...
08:36 Publié dans COPINAGE, LIVRES A LIRE ET A RELIRE | Lien permanent | Commentaires (0)
En 2014, les éditions mgv2>publishing ont donné la part belle aux auteurs francophones et continueront de le faire dans les années à venir. Deux recueils ont été publiés cette année, un autre est à paraître en décembre. Sans oublier le lancement de la deuxième série de X & Friends, traduite pour l'occasion en X & compagnie. Lancée en 2012 avec des auteurs anglophones, cette série se poursuit depuis septembre avec des auteurs francophones invités, chacun ayant pour mission de réunir autour de lui quelques comparses pour lesquels il choisit un texte. Prose ou poésie, ces recueils tiennent de l'espace collaboratif qui m'est cher.
Près de dix-neuf ans seul à la barre de la revue mgversion2>datura, il arrive que je me sente un peu seul, alors je délègue tant que je trouve des personnes fiables.
Voici donc quelques-uns des titres parus aux éditions mgv2>publishing cette année, sans oublier tous les autres titres des années précédentes en anglais. Tous les titres publiés sont disponibles via le site Lulu et bientôt sur Amazon (Createspace et Kindle).
Walter Rulhmann
La bascule des chevaux
De Cédric Bernard
Couverture souple, 30 Pages
Aperçu
Prix : 8,02 €
Quatrième de couverture, extrait de la préface, signée Patrice Maltaverne:
Il y a de l’angoisse, beaucoup d’angoisse à ne pouvoir rien faire pour la personne que l’on aime et qui reste aux prises avec ses démons.
Et derrière ce mur infranchissable, le pire est qu’elle sait tenir tête à la respectabilité qui nous étouffe!
Blog de Cédric Bernard
http://lesmotsdesmarees.blogspot.fr
*****
Il y a bien longtemps qu'un auteur francophone n'avait proposé son texte pour une publication par mgv2>publishing. Méconnaissance des auteurs français de cette toute petite presse? Oubli des origines qui ne se trouvaient pas dans le monde anglophone? Peur du monde digital qui l'enveloppe? Désintérêt? Je ne sais pas.
Ce dont je suis certain en tout cas, c'est que je ne suis pas peu fier de renouer avec l'édition d'un texte en français quand celui-ci est signé Cédric Bernard. Souvent publié dans la revue mgversion2>datura, c'est un habitué qui soutient à sa façon et comme il peut les efforts entrepris pour promouvoir la littérature contemporaine hors des sentiers battus.
Je suis tombé amoureux de ce texte et l'ai programmé très vite lorsque Cédric me l'a envoyé. N'oubliez pas que le traumatisme était déjà notre credo en 1996 et que, près de 18 ans plus tard, c'est toujours ce qui nous fait tenir debout -- la revue, les éditions et moi.
Ce livre est sans doute plus un réel départ qu'un aboutissement. Pour l'auteur bien sûr qui a pourtant déjà à son actif l'autoédition de deux livrets C'est le matin que l'on grandit (2013) et Le cas Leleu (2014) et plusieurs publications en revues: FPDV, Vents alizés, Des tas de mots, et Traction Brabant bien entendu, puisque c'est Patrice Maltaverne, l'éditeur de cette dernière, qui signe l'introduction de ce recueil de textes courts, textes de prose poétique, dans lesquels l'absence de l'autre, pourtant omniprésent, ronge et met à mal celui qui, main tendue, ne peut que constater et décrire la déchéance. Une lueur luit peut-être au bout du tunnel. L'espoir fait vivre dit-on, mais le retour n'est jamais de tout repos.
Extrait
j'ai eu des nouvelles de ton répondeur là pour le moment car tu n'étais pas là à l'effort à l'affront au front comme un moineau dans l'hiver qui gonfle ses plumes comme un morné qui gonfle son orgueil dans son simili-cuir ce même mouvement à rentrer dans ses plumes à rentrer dans les plumes à s'imperméabiliser trucher un peu sa minceur sa pauvreté vaincre d'effets l'effort l'affront le front allongé debout dans le carrosse aux roues en culs de bouteille roulant droit vers le fond qui amène te ramène quand tu roules sur le bord de la route tes chevaux écroulés sur le trottoir tes chevaux à brouter trottoir et toi poussière de rentrer dans les auberges sans passer le relais tu radotes je répète tu répètes je radote un peu être quitte sans se quitter creuser l'écart tellement raser l’écartèlement garder le rythme jusqu'à tourner rond tourner en rond jusque dans le mot exode arrondie épisode périodique saignement masculin interne continue continue on continue ce soir ami amibe ma tournée je relève les nouvelles en me demandant ce qu'il y aura dans les mâchoires ce qu'il y aura dans le piège
La peau
Par Alexandra Bouge
Au format Kindle
Couverture souple, 70 Pages
Prix : 6,00€
Préface – Walter Ruhlmann
En ce dimanche après-midi, je l'imagine parcourant les rues de la ville : Belleville, Montreuil ou peut-être Paris elle-même. A la découverte de quelque street-art dont elle est si friande et qu'elle photographie pour remettre à sa place la beauté cruelle du paysage urbain, pour les immortaliser aussi, avant qu'ils ne soient repassés à la peinture, au Kärcher ou à la bombe d'un autre graffeur moins sensible ou moins attentif.
Le mobilier urbain récemment repensé pour éviter aux clochards d'embouteiller les halls ou les entrées d'immeubles, les quais du métro, les jardins publics, sert aussi de source d'inspiration à Alexandra comme le montrent, elles aussi, certaines de ces photos, ou les mots qu'elle met en forme page après page pour en décrire l'horreur absolue, autant que les noires espérances de ceux qui peuplent les recoins de la cité.
Dans cette œuvre atypique, comme dans tout ce qu'elle écrit ou tout ce qu'elle créé, Alexandra Bouge, une auteure prolifique, socialement impliquée, d'autres diraient indignée, elle-même à la merci d'une société toujours plus exigeante, pour ne pas dire maltraitante, avec ceux pour qui l'art, l'humain, l'être ont toujours eu plus d'importance que ce que nos contemporains mettent en avant. Il y a de la cruauté, des mots crus, des images fortes, des échanges dérangeants, des situations désespérées, il y a beaucoup d'ombre et peu de lumière, peu d'espoir en d'autres termes, mais toujours celui de voir Alve, le personnage féminin principal de La peau, atteindre le but qu'elle s'est fixée. Vivre bien, plutôt que survivre face à de nombreux dangers insidieux.
Je parlais d'une œuvre atypique car il faut bien reconnaître que le mélange de deux langues : le texte est incrusté de mots ou expressions roumains pour lesquels Alexandra Bouge donne une traduction et une adaptation phonétique. Ces aspérités sont là pour nous rappeler que de la part d'une personne perdue au milieu d'un territoire étranger, hostile à sa présence, à son existence même, il est parfois des lacunes lexicales, culturelles qui ne sauraient être comblées par autre chose que des mots issus de la langue maternelle, un sein vers lequel la bouche se tend pour y retrouver le réconfort souhaité, les repères d'un héritage, certes lourd à porter, mais essentiel à la personne. Alexandra a d'ailleurs dédié ce livre à Flora Michèle Marin, artiste, biologiste de métier, dont les œuvres sont encore publiées aujourd'hui.
Lors de sa première publication au format numérique en 2010, ce texte n'était pas complet ; Alexandra y a ajouté d'autres textes inédits qui viennent compléter ce tableau d'une société moderne déshumanisée, incapable d'accepter l'autre tel qu'il est. Alexandra Bouge a le don du traumatisme. Nul n'a encore su mettre en scène ici dans un décor de visages spectraux et inquiétants, comme des impressions de Rorschach des personnages que l'on pourrait définir comme fracassés de la vie, simplement en quête d'un meilleur qui n'existe que dans l'imaginaire. Brutal, cru, le récit d'Alve vous mène le long de chemins tortueux qu'il est nécessaire d’emprunter pour voir le monde au grand jour.
Walter Ruhlmann – 15/06/2014
PMT -- Post Mayotte Trauma
De Walter Ruhlmann
A paraître en décembre 2014
Préface de Patrice Maltaverne
Walter Ruhlmann, activiste de la poésie francophone et anglophone, a beaucoup bougé ces quinze dernières années.
En effet, depuis que j’ai commencé de collaborer au webzine de Walter, intitulé « mgversion2>datura », je me souviens de ses lieux de vie successifs, notamment dans la région du Mans, puis en cette année 2010, à Mayotte, destination à l’évidence plus exotique que les précédentes.
A ce moment là, je me suis dit : il est parti là-bas, mais en reviendra-t-il ? Ce changement de vie promettait d’être total et devait correspondre à un besoin de renouvellement profond. Je peinais d’ailleurs à imaginer les différences avec l’existence d’ici.
En tout cas, à la fin 2011 et comme pour mettre fin à ce genre d’interrogations, Walter a de nouveau posé ses valises en Métropole, rapportant à l’intérieur un recueil de poèmes en forme de bilan : il s’agit de « Post Mayotte Trauma », qui constitue une référence pleine de dérision, révélée par l’auteur, à l’expression « Palmes-Masque-Tuba », alliée des sportifs de la plongée.
Dans les pages qui vont suivre, vous découvrirez donc les divers moments de ce séjour à l’autre bout du monde, émaillés de nombreux noms de lieux et entrecoupés d’une escapade à l’île de la Réunion, de quoi suivre à la trace l’auteur en ses pérégrinations.
Cependant, si vous recherchez des cartes postales pour égayer votre bureau, vous serez sans doute un peu déçus, malgré la présence de quelques illustrations dans le recueil. En effet, Mayotte sert de prétexte à l’introspection et ne laisse pas que des bons souvenirs. Ainsi, vous ne pourrez pas oublier les réalités de ce pays éruptif, et pas seulement au sens propre du terme, puisque hélas, la pauvreté de ses habitants, générant l’instabilité sociale, marque le quotidien des expatriés.
Alors, est-ce que « Post Mayotte Trauma » vous découragera d’aller là-bas ? Je ne le crois pas. Prenez plutôt cette série de textes comme une invitation à ouvrir davantage votre esprit à d’autres ambiances. Prenez la aussi comme la relation d’une tranche de vie bien découpée, dont les instantanés, ses instants de partage et de plaisir, comme d’angoisse et d’abattement, sont décrits avec naturel par Walter Ruhlmann, à travers un style clair, presque aérien, à l’image du mode de transport usité pour rejoindre Mayotte depuis la France.
Il s’agit là en définitive, pour l’auteur, de rendre compte, de la façon la plus exacte possible, de ses impressions, à l’instant où elles naissent. C’est bien là l’une des « missions » les plus cruciales de la poésie, au moins depuis Rimbaud, et qui contribue au plaisir du lecteur.
Patrice Maltaverne
Extraits dans le revue Ecrits-Vains
Stéphane Bernard & compagnie
Ouvrage collectif: Stéphane Bernard, Murièle Modély, Julien Boutonnier, Jean-Marc Undriener, Fabrice Farre,
Prix : 5,00€
Voici deux ans que le premier recueil de X & Friends avec comme invitée Amber Decker est paru. Jusque-là, seuls des auteurs de langue anglaise avaient été invités. J'ai décidé d'ouvrir cette série aux francophones et c'est avec grand plaisir que j'ai travaillé avec Stéphane Bernard sur ce premier recueil d'une série qui en comptera dix et nous mènera jusqu'en avril 2016. Avec ses invités, Stéphane Bernard nous mène en poésie dans les vagabondages parfois désespérés, toujours profonds, suivons-les sans plus attendre.
Extrait
Ferdinandea
de Stéphane Bernard
il y a cette île, Ferdinandea, en mer de Sicile,
et qui n'existe qu'en de courtes périodes.
elle est la tête hors de l'eau d'Empédocle le volcan à son réveil.
sa colère le portant, Empédocle hissé se fait île.
plus tard, quand le cratère s'apaise, la mer s'insinue,
fait des bouches éruptives calmées des lacs où l'eau par chimie rougeoie.
l'île demeure encore un temps île, puis plonge à nouveau.
le feu alors rendormi rêve moins de dix mètres sous les vagues.
Thierry Roquet & compagnie
Ouvrage collectif: Thierry Roquet, Heptanes Fraxion, Frédérick Houdaer, Eric Dejaeger, Jean-Marc Flahaut, Jérôme Leroy, illustration de couverture Cathy Garcia
Prix : 5,00€
Dans ce deuxième recueil de la série X & compagnie, Thierry Roquet et ses amis nous invitent à mettre le doigt déganté sur la face du quotidien, le plus moite mais le plus profond aussi. La résignation est un suicide quotidien comme le montre Cathy Garcia sur la couverture dont elle est l'auteure. Cathy Garcia seule présence féminine dans cette tribu couillue: non pas « Mieux qu'une bande de mecs », mais juste une bande de mecs, dont la testostérone rend ce groupement de textes cohérent, touchant, bouleversant.
Extrait
L'invisible ennemi des premières lueurs
de Thierry Roquet
noir sans sucre et bien corsé
c'est comme ça que je le bois le café
accompagné d'une clope chaque fois
je suis
assis sur la cuvette des chiottes
qui fuit goutte à goutte
la tuyauterie est noircie pourrie vieille de
soixante ans j'en sais trop rien
un jour ça va nous péter à la gueule et on l'aura bien
cherché
j'ai ouvert la fenêtre
au vent frais au crachin
au lent réveil d'un jour qui sera peut-être différent
de la veille de l'avant-veille
il est quatre heures quarante-sept du matin qu'est-ce que je
fous là bon dieu ?
à peine remis d'un léger
sommeil trop haché
j'ai pas le courage d'en chercher les raisons profondes
hier soir jusque tard je lisais les aventures de Max Zajack
mon alter ego c’est tout comme
en quête d'un boulot de n'importe quel boulot
alimentaire en quête d'argent
et j'entendais un bruit sourd régulier qui faisait résonner les murs
de la chambre
un moment j'ai eu la sensation que c'était mon cœur en train
de battre trop fort
en train de me lâcher
ou que c'était ton rêve qui débordait par ta bouche ouverte et puis non
j'ai vu une camionnette de dépannage garée avec ses warnings
un ouvrier taper avec ses outils sur une porte défoncée
quand l'anecdotique tient lieu de souvenir
il est sans doute temps de songer à s'enfoncer dans la réalité
de ne plus la fuir à ce point
de percer à jour le secret d'une vie qui se traîne
avec les mêmes chaussettes
le même slip les mêmes reflets jaunâtres
déjà en face les premières lumières s'allument
les premières bagnoles brisent le silence
ça a un petit quelque chose de rassérénant
d'assister immobile à la naissance du jour
c'est comme une petite victoire sur un invisible ennemi
Walter RUHLMANN - Publisher http://mgv2publishing.blogspot.com mgv2publishing@gmail.com http://mgversion2datura.blogspot.com http://beakful.blogspot.com mgversion2datura@gmail.com http://www.lulu.com/spotlight/wruhlmann https://twitter.com/#!/mgversion2 https://www.facebook.com/mgversion2datura https://www.facebook.com/pages/Mgv2publishing/10990658246...
08:26 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
Format :13.5 cm x 20.5 cm Pagination : 160 pages Date de parution : 15 Octobre 2013 Prix de vente : 15 euros TTC Télécharger le bon de commande ISBN: 978-2-916749-35-8 |
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« Si le rock vaut quelque chose, c’est bien en tant que déclencheur de révélations, de subjugations et de situations. Tout le reste n’est que spectacle. » L'AUTEUR : Marc Sastre est écrivain, musicien et poète. LE LIVRE : Placé sous les auspices de William Blake (Le Mariage du ciel et de l’enfer) : « Peut-on dire d’un homme qu’il est honnête/s’il résiste à son génie ou à sa conscience/dans le seul but de préserver/son bien-être ou son plaisir du moment ? », ce texte n’est pas une biographie traditionnelle, plutôt un essai autour de la figure tragique de Jeffrey Lee Pierce (1958-1996), chanteur du Gun Club, groupe de Los Angeles utilisant l’énergie punk appliquée au blues. Constitué d’entretiens avec des musiciens ayant collaborés avec J.L. Pierce, d’articles de presse, d’extraits de l’autobiographie du chanteur, de paroles des chansons et de la mise en perspective de l’auteur, cette vie est aussi celle de tous ceux qui se sont approchés du soleil noir du rock’n’roll. |
21:08 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
à écouter ici : http://fuegodelfuego.blogspot.fr/2014/03/laurent-bouisset...
18:58 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
Un très bon cru ce 59 !! Après un édito de Patrice Maltaverne que vous pouvez retrouvez ici et dans lequel je me retrouve en tout cas :
http://traction-brabant.blogspot.fr/2014/10/traction-brab...
une belle brochette d'auteur(e)s, avec des textes savoureux (à mon goût bien évidemment), comme ceux de Murièle Modély, Mickael Bonneau, Stéphanie Beijan, Aymeric le Guillou, Joseph Pommier, Antonella Fiori, Kélig Nicolas, Eric Savina... mais il y en a bien d'autres encore
et puis "Dimanche ! le soleil sonne beau temps pour aller marcher
et que les fleurs pardonnent à Dieu tous ses péchés"
de Murièle Camac
et "les putains aux courtes robes
essaims de beauté cassée" de Michelle Caussat
et "les robes de fumées qui planent
sur la ville & sentent l'œuvre au noir
le brouet des ombres" de Régis Nivelle
A noter aussi : un hommage volcanique d'Alain Sagault à l'écrivain André Suarès.
TRACTION BRABANT : 12 euros les 5 - Contact : Patrice Maltaverne - Association Le Citron Gare Résidence Les Jardins de l'Abbaye, 1er étage 12 rue de l'Abbaye 57000 METZ - p.maltaverne@orange.fr
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« Le chien d’un immortel suivi par le chef de dieu » de Lionel Mazari
« Le chien d’un immortel, vous le caressez dans le sens du poil depuis des lustres. Il faut avouer qu’il vous a bien graissé la patte ; cela le lustre. Vous avez beau lui sourire de la queue ou de la chatte, comme disent les grandes personnes humaines, il s’en fout lui le chien. Il dévale libre les rues ; et vous, vous croyez qu’il vous met des bâtons dans les roues. Ça ne marche pas trop pour vous, hein ? Et comment ça, ça roule ? Vous sifflez, il chante ; vous aboyez, il se tait. Il est déjà trop loin ; à cette distance, il n’a pas le désir d’entendre. Vous imaginez un peu la tour de Babel dans la brume ? » (Extrait, page 26)
« La voix de Mazari est forte, et sa force originale nous émeut, de quelque façon qu’elle se pose au lecteur. Et sa force nous invite de quelque dimension que soit sa table. Car le convive y trouve à se nourrir hors du frelatage vulgaire des « grands prêtres », petite caste de rapaces pratiquant la progressive strangulation de la parole. Echapper à leur collier, leur laisse, leurs battues, c’est tracer son sillon dans un hors-champ salutaire : voilà le plus important.
Patrick Trochou
Un volume broché de 50 pages avec une illustration originale de Morgane Plumelle. Prix public : 6 euros (plus 1,50 euros de frais de port.
A commander chez : Jacques Lucchesi, 7 rue de l’Eglise Saint-Michel, 13005 Marseille
editionsduportdattache.over-blog.com
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Broché – 16 x 21 – Illustré noir et blanc
ISBN : 979 10- 92579 02 4
Email :capbearedition@wanadoo.fr
Site internet :www.cap-bear-editions.com
Livrable courant Novembre 2014
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SOUSCRIS ࣠exemplaire(s) à 15 euros,
91 Visages d’une République - POESIE TURQUE
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Association
Le Livre à Dire
présente :
PHILIPPE SOUPAULT
sous la direction de Jean-Marc Couvé
avec les contributions de
Alexandre Alexeïeff,Bernard Ascal, Jacques Basse, Jean-Louis Bernard, Claudine Bohi, Jean-Marc Couvé,Eric Dejaeger, Yves Frémion, Georges Friedenkraft, Marie-Joseph Godard, Christine Guilloux, Alain Helissen, Werner Lambersy, Danielle Le Bricquir, Wanda Mihuleac, Bernard Morlino, Peter Neu, Bernard Noël, Denis Parmain, Man Ray, Ghislain Ripault, Yak Rivais, Jean Rousselot, Amina Saïd, Louis Savary, Simonomis, Christine Soupault-Chemetov, Nicolas Stérin,Jean-Claude Tardif, Marlène Tissot, Anne Wicker, Christian Zeimert
– 110 pages ; format 16 x 24 –
textes inédits, collages, dessins, gravures, documents iconographiques...
( ) Je désire acquérir …… exemplaire(s) du livre « Philippe Soupault »
au prix unitaire de 15€ (+ 3 € de frais de port)
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de Association « Le Livre à Dire » ou de Jean-Marc Couvé.
Jean-Marc Couvé, 12 chemin de la Colline, 76 200 Dieppe ; tél : 06 28 71 43 11
Association « Le Livre à Dire » (Jean-Claude Tardif) 11 rue du Stade, 76133 Épouville
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10h à Quimperlé : Il se passe quelque chose d’étrange rue Savary. La ville se réveille et avec elle, les mannequins des devantures. Les boutiques s’animent et les vieux magasins abandonnés reprennent vie. L’ambiance est un peu rétro pour cette grande foire organisée par la compagnie Tintamar. Le chiffre de vente promet d’être bon, la foule de clients potentiels n’en finira pas de grossir. Produit du jour : l’être humain sous toutes ses formes, avec ses défauts exacerbés.
La pluie ne fait que passer et les passants matinaux se pressent petit à petit devant les vitrines. Chaque groupe est pris en charge par une vendeuse hybride, mi humaine mi-mannequin qui va les mener de tableau en tableau. Si certains font rires, d’autres suscitent froncements de sourcils et regards songeurs.
Au fur et à mesure qu’on déambule sur les pavés, c’est le scénario plus si improbable d’une humanité tellement perdue, aux vices si extrapolés et pour laquelle l’être humain devient l’ultime bien de consommation, qui se dessine. De l’homme connecté à la grand-mère nostalgique, chaque personnage dégage une soif d’exister devenue trop grande à épancher que ce soit en consommant ou en étant consommé. Ce spectacle tout en hyperbole et à l’humour grinçant est à retrouver demain, toujours rue Savary, à 10h et 17h.
Pour voir le diaporama :
http://www.lesreportagesdufourneau.com/Leche-vitrine-par-...
Créée en 1999, cette maison d’édition est dirigée par Bruno Msika, titulaire d’un doctorat en écologie, qui après avoir édité de la documentation scientifique s’est spécialisé dans l’édition de poésie sous toutes ses formes.
Il a bien voulu, avec beaucoup de gentillesse, répondre à nos questions concernant son activité d’éditeur :
La Pierre et le Sel : Quel est l’itinéraire personnel qui vous a conduit à la poésie ? Culture familiale ? Rencontres personnelles ? Études ?
Adolescent, j’ai commencé à écrire de la poésie (années 1970), d’abord sous forme de jeux avec un copain (cadavres exquis, joutes poétiques…) ; c’est rapidement devenu un moyen d’exprimer mes sentiments (surtout), mes sensations, mes interactions avec l’environnement (animé et inanimé). J’ai lu, comme tout le monde, un peu de poésie à l’école, mais sans ressentir grand-chose. J’ai écrit de façon inégale, mais sans longue interruption jusqu’à aujourd’hui. J’ai diversifié peu à peu mes lectures, sans ordre, au hasard des rencontres. J’ai auto publié un premier recueil en 2002 ; un travail très intéressant : sélectionner des poèmes écrits sur une période de trente ans (75 % de « déchets »), les classer, les améliorer… Puis un second recueil en 2003, écrit en un an celui-là. Là, j’ai vraiment intensifié mes lectures en me focalisant sur ce qui me plaît, la poésie contemporaine. Jusqu’à ne plus lire que ça… Lorsque j’ai commencé à publier divers poètes en 2004, j’avais du mal à « préciser mes affinités » ; aujourd’hui, ce n’est plus le cas : je sais quand un texte me touche.
La Pierre et le Sel : Quelle place occupe aujourd’hui la poésie dans votre existence ? Avez-vous une écriture personnelle en dehors de votre travail d’éditeur ? D’autres activités de création artistique ? Si oui quelles sont les interactions entre ces créations et l’édition ?
Je continue à explorer la poésie. En 2008, j’ai rencontré Christian Saint-Paul, qui anime une émission de poésie hebdomadaire sur Radio Occitania (Toulouse) ; je l’ai publié l’année d’après. Jusque là, mon écriture était spontanée : j’écrivais un texte, court, tel qu’il me venait à esprit, et c’était fini, je n’y retouchais pratiquement pas ; c’était la traduction d’un instant volé au néant. Christian m’a lancé un défi, celui de choisir un thème et de le travailler. Je m’y suis mis, ça a duré un an ; en 2010, Christian préfaçait « Prisme », publié par Michel Cosem chez Encres Vives (coll. Encres Blanches). Je continue à écrire des textes courts, qui laissent la part belle à l’inconscient (d’autant que la forme est toujours surréaliste), mais également des « textes conscients », plus travaillés.
Pas d’autres activités de création artistique actuellement, mise à part la réalisation en 2014 d’un CD de textes lus sur fond de piano (Satie) arrangé par un compositeur, CD accompagnant un recueil publié.
La Pierre et le Sel : Quels sont les poètes, contemporains ou du patrimoine, qui vous sont proches par leur écriture ? Quelle place accordez-vous à la lecture des autres poètes dans votre travail personnel ?
Parmi les connus, Breton, Char, Éluard, Michaux, Tzara… J’ai exploré le surréalisme, qui continue à me fasciner. Maintenant je reçois des revues, « on » m’attire dans des blogs, je picore, la création poétique est pléthorique ; je ne retiens pas les noms, et tout ce qu’écrit untel n’est pas forcément « bon ». Me sont très proches par leur écriture, certains que j’ai publiés (Pierre Bonnet, Cathy Garcia), ou qui ont publié ailleurs (Francine Charron, Thierry David).
J’estime aussi que la poésie peut avoir différentes formes écrites, dont le conte poétique, et des formes complètement libres que j’ai souvent du mal à qualifier de textes…
La Pierre et le Sel : Avez-vous personnellement déjà publié ? Dans des revues ? Lesquelles ? Des recueils ? Avez-vous des activités de traduction ? Dans quelle(s) langues (s) ?
Deux recueils auto publiés : « L’encrier de vinyle », 2002 ; « Comme une mandarine », 2003.
Un essai poétique : « Prisme », 2010 (Encres Vives).
Rien en revue.
La Pierre et le Sel : Quelles sont vos activités éditoriales : éditeur, directeur de collection ? Depuis quand les exercez-vous ? Avec quel projet ?
Je suis éditeur de poésie. Je publie 4-5 recueils par an. Mon objectif est surtout de constituer un catalogue cohérent, qui corresponde le plus précisément possible à ma sensibilité.
Je publie « sérieusement » depuis 2004-2005. J’ai 27 titres à mon catalogue, si je ne me trompe pas.
La Pierre et le Sel : Comment travaillez-vous ? Seul ou en équipe ? Comment effectuez-vous les choix de publications ? À partir de quels critères ?
Je travaille seul ; mes choix de publication sont uniquement une affaire de sensibilité personnelle, et ne sont dictés par aucun impératif économique. Une seule contrainte, ne pas sortir d’argent : tirages très faibles, vente à l’avance par souscription, qui doit rembourser l’impression.
La Pierre et le Sel : Comment entrez-vous en relation avec les auteurs que vous publiez ? Relations personnelles ? Envoi de manuscrits ou tapuscrits ? Sollicitations de votre part ? Avez-vous une ligne éditoriale précise ou êtes-vous ouvert à une large palette d’expressions ? Comment travaillez-vous avec les auteurs ?
Les auteurs me contactent uniquement par connaissance : internet (via mon site ou d’autres), revues (je soigne mon service de presse), réseaux… Je reçois les manuscrits uniquement en PDF, par mail.
Voici la ligne éditoriale que j’affiche sur mon site :
En poésie, l’intention (narration, observation, description...) doit avoir été transformée, décalée, habillée, traduite en abstraction, jusqu’à perdre son sens, de telle sorte que le lecteur en déshabillant le texte puisse ne faire appel qu’à son propre monde poétique, ses images, ses émotions, qu’il puisse être surpris par ce qu’il découvre, et non seulement complice. Cette double opération magique de cryptage précis et de traduction volontaire, personnelle, voire inconsciente, est le propre de la poésie. La rencontre de deux abstractions qui peuvent se comprendre… en l’absence de sens. C’est ainsi que le style (rythme, musique, choix des mots, etc.) peut servir autre chose que séduire le lecteur, quelque chose qui s’accorde profondément avec le message poétique.
Avant et au moment de la parution, je travaille en lien étroit avec l’auteur : établissement des listes de souscripteurs potentiels, du service de presse et des lieux-ressources (librairies, bibliothèques…). Ensuite, l’auteur établit son programme de promotion comme il l’entend ; je lui demande de m’informer pour l’accompagner sur mon site (« Agenda »), mais c’est difficile !
La Pierre et le Sel : Quel est votre fonctionnement matériel ? Avez-vous un imprimeur de référence ou changez-vous selon les projets ? Quelles sont les techniques d’impression que vous utilisez pour vos publications ?
Mes tirages en poésie sont faibles (100-300 ex.), les pages intérieures en nuances de gris, donc j’opte toujours pour le numérique. La couverture est en quadri, sur un papier Rives. Mon imprimeur numérique se situe à Nîmes ; la proximité est une bonne chose, on peut se rencontrer !
(J’imprime également en Italie, des ouvrages plus grand public, dans le champ du pastoralisme, qui est mon activité professionnelle principale ; souvent des livres tout quadri, tirage 500 à 1000 ex.)
La Pierre et le Sel : Quel est votre fonctionnement économique ? Quel est le statut de votre structure éditoriale ? Quel est votre budget de fonctionnement ? Avez-vous des subventions ?
Mon fonctionnement est devenu simple : je suis spécialisé en pastoralisme, c’est l’édition d’ouvrages dans ce domaine qui me fait vivre (sciences & techniques, sciences humaines, récit, philosophie…). Je ne compte absolument pas sur la poésie, ce qui fait que je me fais plaisir (cf. note 1).
Je suis en EURL, mon chiffre d’affaires, 50 000 €, le budget de fonctionnement 30 000 €.
J’ai rarement demandé des subventions pour la poésie, et obtenu jusqu’à maintenant 3 fois une aide pour la publication de recueils (cf. note 2).
La Pierre et le Sel : Quels modes de diffusion utilisez-vous ? Avez-vous un diffuseur ? Démarchez-vous les libraires ? Organisez-vous des lectures et des manifestations autour de vos publications ? Participez-vous à des salons du Livre ?
Utilisez-vous Internet en relation avec votre travail d’éditeur ? Avez-vous un site personnel, un blog ? Consultez-vous ceux des autres ?
Je suis auto diffusé et auto distribué. J’ai à peu près tout tenté : divers diffuseurs locaux, nationaux, gros et petits, mais je n’ai certainement pas réussi à accrocher le bon !
J’ai également fait consciencieusement des tournées de libraires pendant une dizaine d’années, jusqu’à ce qu’elles me coûtent davantage que ce qu’elles rapportent…
Aujourd’hui, ma diffusion se fait uniquement sur internet, ce qui reste assez large : librairies en ligne, plateforme petits éditeurs, mon propre site internet avec achat en ligne, etc.
Personnellement je n’organise pas (ou très rarement) de lectures ou manifestations (cf. note 3). En revanche, mes auteurs le font (librairies, salons d’auteurs, médiathèques…).
Très peu de participation également à des salons, trop coûteux et très chronophages (j’en ai fait de nombreux, pendant quelques années, puis je me suis calmé). Je vais à la Comédie du Livre, depuis 2 ans, pour maintenir et renforcer le « contact régional » (collègues éditeurs, auteurs, agence régionale du livre LR2l, service du Livre de la région LR…).
La Pierre et le Sel : Quelle est votre opinion quant à l’état de la poésie en France et particulièrement de la petite édition ?
D’après mon expérience, il me semble que l’écriture de poésie est une activité à la fois très vivante et de pratique très autocentrée, (trop) souvent narcissique : ceux qui en écrivent sont extrêmement nombreux, peut-être de plus en plus ; ceux qui en lisent semblent beaucoup moins nombreux ; beaucoup de ceux qui en écrivent n’en lisent pas… Je n’ai pas de chiffres à mettre à l’appui !
Note 1, poésie et édition : Ce déséquilibre (poètes/lecteurs de poésie) pose un problème à l’édition de poésie, qui ne peut pas exister en tant qu’activité commerciale (quel éditeur ne se plaint pas de l’indigence des ventes ?), y compris pour les grands éditeurs (il n’y a qu’à constater l’état des rayons poésie chez les libraires, quand il en subsiste). La poésie ne rapporte rien, j’en suis convaincu – en tout cas, pas d’argent, mais quelque chose de plus précieux. Cette conviction m’amène au moins à : 1) ne pas rechercher inutilement de rentabilité, au risque de n’y rencontrer que frustration et aigreur ; 2) bâtir et préciser, sortie après sortie, une unité de sensibilité littéraire dans laquelle les auteurs que je publie devraient se retrouver.
Le modèle « éditer de la poésie » est à trouver, probablement à l’opposé du modèle « éditer des romans »…
Note 2, poésie et reconnaissance publique : Lorsqu’un recueil est subventionné, le CNL apporte une aide à hauteur d’environ 40 %, mais impose un tirage minimal de 300 exemplaires (le triple d’un tirage normal de lancement) ; la publication d’un recueil subventionné par le CNL revient ainsi toujours plus chère que pour le même non subventionné, même en ayant un peu « gonflé » les devis, CQFD.
Le seul avantage de la subvention pourrait être la reconnaissance par une instance nationale reconnue. Cependant, qu’une demande soit rejetée ou acceptée, aucune motivation argumentée du comité d’attribution des aides ne peut être obtenue. Les critères d’attribution restent totalement opaques à l’éditeur, et la reconnaissance, du coup, très relative…
Note 3, lectures et manifestations publiques : De façon très générale, une lecture organisée avec l’auteur apporte aux participants une sorte de plaisir convivial, un « moment » partagé souvent chaleureux. On retrouve cette atmosphère lors des salons de poésie, pour peu qu’il y ait des animations, performances, slams, mises en espace, etc. Mais… ce plaisir n’est pas suivi d’un acte d’achat. Un de mes auteurs, qui pratique lectures, brigades et balades poétiques, me dit qu’il s’agit de deux choses différentes : le partage gratuit de la poésie, et le partage d’un recueil acheté. Soit. Pour moi, le premier relève essentiellement de l’ego (celui de l’auteur, flatté, celui de l’auditeur, qui a l’impression de connaître une personne importante, un créateur) ; je ne peux pas me résoudre à être partie prenante de cette relation, en tant qu’éditeur, je n’y trouve pas ma place ; je ne sais pas parler d’un livre autrement qu’en disant : achetez-le, lisez-le en solo, imprégnez-vous du texte, uniquement du texte, le reste c’est du folklore !
La Pierre et le Sel : Quels sont vos projets à venir ?
Mes projets se bâtissent au fil de rencontres avec les textes. Je suis submergé de demandes depuis qu’un de mes auteurs a fait du « foin » sur Facebook ! Parallèlement, j’ai de plus en plus de travail avec l’édition en pastoralisme. Il est donc possible que je « réduise la voilure », mais j’ai toujours deux ou trois projets sous le coude. J’ai beaucoup aimé notre projet livre + CD ; ce serait à développer, peut-être avec de la vidéo, ou bien avec des applis livres numériques
Coordonnées
Éditions Cardère
Contact : Bruno Msika
Adresse : 42 rue du pont de Nizon
30126 LIRAC
Tél. : 04.66.79.90.42
Email : bouquins@cardere.fr
Site internet : www.cardere.fr
Contribution de Jean Gédéon
12:33 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
Le numéro 3 de la revue L'Or aux 13 îles sortira des presses de l'imprimerie bruxelloise dans une semaine ! Je pourrai commencer alors à la diffuser, et lui permettre de retrouver le public qui fut le sien pour les deux premiers numéros, et, je l'espère, de rencontrer aussi un nouveau public.
Je suis particulièrement fier de pouvoir y montrer un bel ensemble d'œuvres d'Alan Glass, méconnu hors du Mexique où il réside, et du Canada où il a vu le jour. Alan Glass a été, notamment, l'ami et le voisin de Leonora Carrington à Mexico avec qui il réalisa un livre-objet que nous reproduisons, et un complice d'Alejandro Jodorowsky qui utilisa une de ses boîtes dans l'ouverture de l'un de ses films, il est l'auteur de centaines de dessins exposés d'abord par André Breton et Benjamin Péret, de gravures, d'aquarelles et de boîtes du plus pur merveilleux.
Je ne dévoile pas davantage le contenu de ce nouveau numéro, dont vous pourrez découvrir le sommaire joint à ce message.
N'hésitez pas à faire suivre ce message, à propager la nouvelle, avec la couverture, le sommaire et le bon de commande. Merci infiniment.
Jean-Christophe Belotti
cliquez ci-dessous pour voir le bulletin d'abonnement :
22:34 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
par Christian Saint-Paul
Le prix Goncourt 1986 n'a jamais lâché la poésie et vient de publier aux éditions Rhubarde "Les Jardins d'Atalante". Il s'explique sur son métier d'écrivain qui est une tenace passion, mais en aucune manière une carrière. Une posture bien salutaire, une oeuvre à lire ou à relire, et un poète toujours sur le qui-vive. Certainement PESSOA avait-il raison d'affirmer que "chaque homme a très peu à exprimer, et que la somme de toute une vie de sentiment et de pensée peut être parfois totalement contenue dans un poème de huit vers". En tout cas, il y a beaucoup à retirer des poèmes des "Jardins de l'Atalante". J'aurai d'ailleurs le plaisir de faire entendre ce souffle poétique de Michel HOST dans une future émission.
En attendant vous pouvez écouter sa voix en cliquant sur : http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
Le compte-rendu de l'émission :
Christian Saint-Paul signale la parution de "Fulgurance des Êtres, des Lieux Et des Mots" Textes et Poésies, préface de Christian Saint-Paul, de Paul DAUBIN, 104 pages, 10 € disponible sur Amazon et PriceMinister.
Paul DAUBIN est le nom de signature des poèmes et textes de Paul Arrighiqui, comme il est mentionné dans la 4ème de couverture du livre, "est né à Bougie, désormais Bejaia, en Kabylie, d’un père Corse, professeur d’anglais, et d’une mère Pyrénéenne, institutrice, le 26 février 1954. Ses premières années se sont passées sous l'état de guerre. De cette enfance vécue à Akbou reste profondément enfouie les senteurs d'olives de l'épicier mozabite, les senteurs de viande d'agneau sur l'étal du marché et ce goût à la fois acide et sucré des nèfles. «Rapatrié» en 1962 dans les Pyrénées, Paul a toujours gardé une nostalgie pour les paysages méditerranéens et éprouve encore la sensation d’avoir quitté une terre ocre de soleil. Il a ensuite vécu sa jeunesse à Toulouse à l’école Bonnefoy et au lycée Raymond Naves mêlant alors dans un creuset culturel réussi, les enfants de «pieds noirs », les fils de réfugiés espagnols et les jeunes des faubourgs toulousains. Mai 1968 a éclaté alors qu’il avait 14 ans et l’a éveillé plus tôt à la vie de la cité. Paul Arrighi a ultérieurement fait des études d’histoire terminées par une maîtrise et bien plus tard, par une thèse de doctorat soutenu le 12 mars 2005 sur le juriste antifasciste, Italien et Européen, Silvio Trentin, figure de l’antifascisme et de la Résistance et libraire à Toulouse. Paul Arrighi aime beaucoup la Corse ou il a tant de fois séjourné depuis son enfance dans le village paternel. Ses goûts et les valeurs essentielles qu’il s’efforce de promouvoir sont : la liberté, la curiosité d’esprit, l’ouverture aux autres. L’écriture de la poésie est en quelque sorte devenue pour lui une sauvegarde et un talisman dans l’attente hypothétique d’un monde plus tolérant ainsi que de l’émergence d’un indispensable nouveau rapport avec la nature.
Ce recueil évoque les thèmes suivants :
Souvenirs d’Enfance situés avant 1962 en Kabylie à Akbou où mes parents
enseignaient, puis à Luchon où se situe la maison maternelle et où tant de souvenirs de jeux avec mon frère Régis sont encore présents à mon esprit.
Sur les Chemins de Toulouse correspond l’éloge de ma chère ville définie par René-Victor Pilhes comme « subtile, épicurienne et tolérante » largement ouverte aux influences Méditerranéennes. J’y dépeins le Toulouse des quartiers de ma jeunesse, le faubourg Bonnefoy, Croix-Daurade, l’atmosphère enflammée du lycée Raymond Naves puis les différents quartiers de Toulouse où j’ai résidé après mon retour dans cette belle ville en 1992.
La Corse, l’île enchanteresse correspond aux lieux et aux arbres souvent emblématiques de cette île si « souvent conquise jamais soumise » qui sait si bien aimanter ses amoureux et ses fidèles et leur rend leur attachement au centuple.
Les poésies de Révolte et de Feu décrivent mes passions parfois mes indignations. Aujourd’hui que j’ai atteint 60 ans, prétendument l’âge de la sagesse, j’ai gardé vivant cette faculté de m’indigner et de me révolter avec mes mots car comme l’a écrit Gabriel Celaya « La poésie est une arme chargée de futur ».
Renouveau des saisons et petits bonheurs regroupe des poèmes sur les
saisons, quelques lieux que j’ai découverts et aimés et pour finir, évoque nos
compagnons les chiens qui sont une source de confiance et de réconfort."
Saint-Paul converse ensuite avec l'invité de la semaine : Michel HOST.
Il s'explique sur les chemins pris dans sa vie, notamment après le Prix Goncourt pour "Valet de nuit" en 1986. Voici comment il se présente lui-même :
Michel Host / Notice biographique (brève autoscopie)
Né - l’écrivain, précision utile - en 1942, en Flandre.
Vit à Paris et en Bourgogne. Poète, romancier, nouvelliste, traducteur. Hispaniste, lusophile, arachnophile et ami des chats. Agrégé d’espagnol et professeur heureux dans une autre vie. Amateur de vins, de vitesse et de rugby (la deuxième de ces passions ayant été récemment freinée par la loi, il porte dorénavant ses efforts sur les deux autres.) Aime les dames, et aussi les enfants, mais seulement jusqu’à l’âge de dix ans. Athée déterminé, il ne porte cependant aucune condamnation sur ceux qui estiment devoir croire en un Dieu ou un autre, en dépit de cette évidence que ceux qui prétendent l’avoir « rencontré » sont des vantards ou des imposteurs.
Marié légalement à une artiste peintre (une plasticienne, selon le lexique contemporain), père d’une fille musicienne, esclave de trois chattes : Artémis (décédée), Nejma (décédée) et Tanit, et d’un chat sibérien et sourd nommé Snejok.
Se considère moins comme un créateur, terme grandiloquent réservé à Dieu, aux couturiers et aux fabricants d’automobiles, que comme un digresseur (théorie personnelle récemment développée dans Topic Magazine (Cambridge University). Contributeur dans différentes revues en activité ou défuntes* : Revue des Deux Mondes, Révolution*, Revue d’esthétique, L’Art du bref*, L’Atelier du roman, La Barbacane, Harfang, L’Autre Sud*, Nouvelle Donne*, Écrire & Éditer*, Lieux d’Être, Salmigondis…
Dirige depuis l’automne 2009 la revue de littérature et de pensée : La Sœur de l’Ange.
Fondateur de l’Ordre International du Mistigri qui comporte une quarantaine de membres répartis sur les deux continents, l’européen et l’américain. Son amour des animaux est une affaire d’enfance, nullement consécutive à cette déception que cause d’ordinaire la fréquentation des êtres humains.
Ont tenu un rôle essentiel dans sa formation initiale les écrivains, poètes et philosophes français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, avec plusieurs auteurs de l’antiquité classique et des littératures espagnole, portugaise et allemande.
Peu attiré par le tourisme, il se déplace le moins possible, mais apprécie de voyager, c’est-à-dire de rester, aimer et connaître.
A improvisé des directions d’ateliers d’écriture en milieu scolaire, non pour former des écrivains, mais pour partager le plaisir du texte et rencontrer l’Autre-Soi. S’est un temps agrégé aux Ateliers du Jeune Ecrivain.
Apprécie l’aphorisme, l’adage, l’apophtegme et la maxime, dont il possède une riche collection personnelle. Sachant le diagnostic du docteur Jules Renard : « Sauf complications, il va mourir », il tente de s’appliquer le traitement préventif préconisé par la marquise de Sévigné : « Faisons provision de rire pour l’éternité. »
Plusieurs de ses livres ont été traduits en différentes langues, dont le chinois. Lui-même traduit de l’espagnol, du portugais, et seulement des textes qu’il aime. S’adonne volontiers au grec ancien. N’a pas trouvé le temps de s’ennuyer.
N’a encore assassiné aucun chroniqueur littéraire et aucun éditeur. Est conscient de son mérite sur ce point. Il place aussi de grands espoirs dans son site HOSTSCRIPTVM (aujourd’hui en panne !) pour asseoir sa mauvaise réputation.
La bêtise le remplit de mélancolie et de peur, car elle est bien trop intelligente ainsi que l’observa Robert Musil : « Il n’est pas une seule pensée importante dont la bêtise ne sache aussitôt faire usage, elle peut se mouvoir dans toutes les directions et prendre tous les costumes de la vérité. » Seul, on le sait, Paul Valéry pouvait la narguer impunément.
Bibliographie (juin 2014) (suivi de l’astérisque * , le livre est libre de droits et ré éditable)
- POÈMES -
Les Jardins d’Atalante, Ed. Rhubarbe (Auxerre), juin 2014
Figuration de l’Amante, Ed. de l’Atlantique , (Saintes) coll. Phoïbos, 2010
Poème d’Hiroshima, Ed. Rhubarbe, (Auxerre), 2005
Alentours (petites proses), Ed. de l’Escampette, 2001
Graines de pages *, poèmes sur des photos de Claire Garate, Ed. Eboris (Genève), 1999
Déterrages / Villes, Ed. Bernard Dumerchez, 1997
- NOUVELLES & RÉCITS -
L’Amazone boréale *, nouvelles, Ed. Luc Pire, coll. Le Grand Miroir, (Bruxelles), 2008
Le petit chat de neige, nouvelles express, Ed. Rhubarbe (Auxerre), 2007
Heureux mortels, nouvelles, (Grand Prix de la nouvelle de la SGDL), Ed. Fayard, 2008
Peter Sís ou l’Imagier du temps, Ed. Grasset , 1996
Les Attentions de l’enfance, récits (Prix du livre de Picardie), Ed. Bernard Dumerchez, 1996 – réédition aux Ed. La Table Ronde, coll. La Petite vermillon, 2002
Journal de vacances d’une chatte parisienne, récits, Ed. La Goutte d’eau (hors commerce), 1996
Forêt Forteresse *, « conte pour aujourd’hui », Ed. La Différence, 1993
Les Cercles d’or, nouvelles, Ed. Grasset, 1989
- ROMANS -
Mémoires du Serpent, roman, Ed. Hermann, 2010
Zone blanche, roman, Ed. Fayard, 2004
Converso ou la fuite au Mexique, roman, Ed. Fayard, 2002
Roxane, roman, Ed. Zulma, 1997 - réédition au Cercle Poche, 2002
Images de l’Empire, « roman d’un chroniqueur », Ed. Ramsay, 1991
La Maison Traum, roman, Ed. Grasset, 1990
La Soirée, roman, Ed. Maren Sell, coll. Petite Bibliothèque européenne du XXe siècle, 1989 – réédition aux Ed. Mille & Une Nuits, 2002
Valet de nuit, roman (Prix Goncourt 1986), Ed. Grasset, 1986
L’Ombre, le Fleuve, l’Été, roman, Ed. Grasset, 1983 et Livre de Poche, 1984 (Prix Robert Walser 1984, à Bienne – Suisse)
- TRADUCTIONS -
Romancero gitano / Romances gitanes, de Federico García Lorca, bilingue, aux Ed. de l’Atlantique, coll. Hermès, 2012
Ploutos, d’Aristophane (traduction nouvelle), Ed. des Mille & Une Nuits, 2012
Coplas por la muerte de su padre / Stances pour la mort de son père, de Jorge Manrique, bilingue, aux Ed. de l’Atlantique, coll. Hermès, 2011
Trente poèmes d’amour de la tradition mozarabe andalouse des XIIe et XIIIe siècles, - première traduction en langue française, Ed. de l’Escampette, 2010
Lysistrata, d’Aristophane (traduction nouvelle), Ed. des Mille & Une Nuits, 2008
La Fable de Polyphème et Galatée, de Luis de Góngora, Ed. de l’Escampette, 2005
Les Sonnets, de Luis de Góngora (les 167 sonnets authentifiés), Ed. Bernard Dumerchez, 2002
Vanitas, nouvelle d’Almeida Faria, dans Des nouvelles du Portugal, Ed. Métailié, 2000
Michel Host est agrégé d’espagnol, amoureux des langues espagnole et portugaise. Il a étudié le grec classique pour son plaisir.
Autres publications
La nouvelle est la fin, in Pour la nouvelle, Ed. Complexe, coll. L’heure furtive, 1990
40 Ecrivains parlent de la mort, Ed. Horay, coll. Paroles, 1990
Avec le temps, si j’ose dire…, in « Nouvelles du temps & de l’immortalité », Ed. Manya, 1992
Transmutations littéraires, in Chercheurs d’Or, Cahier Figures, N° spécial : Ecrans de l’Aventure, Cahier N° 12 du Centre de Recherche sur l’Image, le Symbole, le Mythe, 1993
L’affaire Grimaudi, roman, avec A.Absire, J.C.Bologne, D.Noguez, Cl.Pujade-Renaud, M.Winckler, D.Zimmermann, Ed. du Rocher, 1995
Dit de Neptune en sa fontaine, in « Des Livres et vous », Anthologie dirigée par Henri Zerdoun, aux Ed. Éboris, à Genève, 1996
Roman, problème sans énoncé, in « Questions du roman / Romans en question », Ed. Revue Europe, 1997
Fable de l’homme invisible, in « Le Livre Blanc de toutes les Couleurs », Ed. Albin Michel, 1997
La dérive des mers, in « Cent ans passent comme un jour », 56 poètes pour Aragon, Ed. Dumerchez, Coll. Double Hache, 1997
Double Hache 1990-2001 - anthologie – Ed. Bernard Dumerchez, 2001
La Plume et la Faux, 1914-1918, poèmes sur des images de Philippe Bertin, Intensité Editions, 2001
Geste du jouvenceau qui point n’ayant nom bien sut en l’aage moderne machiner s’en faire ung de hault credit & proufict, nouvelle, in Les Chevaliers sans nom, Nouvelle Donne et Nestiveqnen Éditions, 2001.
Pure voltige, puis sur une feuille, ouvert, nouvelle, in Le dernier livre, Nouvelle Donne et Nestiveqnen Éditions, 2002.
Claire au Touquet, 1953, in « Le bord de mer », sous la direction de Claude Jacquot, photographies de Claude Jacquot, 2003
L’Enquêteur, in « Nouvelles / Novellas », 1er Salon du Livre de Chaumont, Ed. Les Silos, 2003
C’était un lundi de novembre, La Compagnie des Livres, 2003
Puzzle dans la nuit, in « Petites nouvelles d’Éros », Cercle Poche, 2003
Digression et aléagraphie, in « Le roman, pourquoi faire ? », Ed. Flammarion, coll. L’Atelier du roman / Essais littéraires, 2004
L’Appel de la forêt – la forêt dans le conte -, Editions Transbordeurs, 2005.
Chant des ombres, in « L’année poétique 2005 » (Anthologie), Ed. Seghers
Derniers lieux humains, in « Initiales a 10 ans & autres bonnes nouvelles, Librairies du Groupement Initiales, 2007
Enquête du le roman, 50 écrivains d’aujourd’hui répondent… Ed. Le Grand Souffle, 2007
Les Brucolaques, in « Was aus mir wurde / Ce que je devenais » (Album du Prix Robert Walser / bilingue), 2008 – Fondation Robert Walser
Le Voyageur éveillé & autres nouvelles, Ed. Isoète, Cherbourg, 2009
Le Voyeur, in « Nouvelles belges à l’usage de tous », sous la direction de René Godenne, Ed. Luc Pire, coll. Espace Nord, 2009
Nuno Júdice, Les Degrés du regard, L’Escampette, 1993.
Alonso de Ercilla, La Araucana, Utz, 1993.
François Regnault, Chemin héréditaire, En-Bas, Lausanne, 1997.
Jean-Philippe Katz, Violons et fantômes, Littéra, 1996.
Monique Castaignède, Nom de code : Athéna & Hé bien ! La guerre ! Olympio, 2000.
A publié au cours du temps dans les REVUES suivantes :
Révolutions (devenue Regards), L’Art du bref (revue fondée par Richard Millet), Quai Voltaire, Autre Sud, Harfang, Revue des Deux Mondes, Nouvelles Nouvelles (revue de Daniel Zimmermann & Claude Pujade-Renaud), L’Argilète (revue d’Arthur Cohen), Les Cahiers du Ru (revue de Pierre Lexert), La Barbacane (revue de Max Pons), Topic (Université de Cambridge), Nouveaux Délits (revue de Cathy Garcia), Faites entrer l’infini (revue des Amis de Louis Aragon), L’Atelier du roman (revue de Lakis Proguidis), La Sœur de l’Ange (revue de Michel Host & Jean-Luc Moreau), Saraswati (revue de Silvaine Arabo), Le Manoir des Poètes (revue de Maggy de Coster)
*
Michel HOST après plus de trois décennies de publications n'a rien de l'écrivain habitué. Il ne porte sur le monde littéraire aucune condescendance; son travail l'a singulièrement fortifié dans une posture naturelle d'humilité, celle même qui fait dire si justement au poète moine de Ligugé, François CASSINGENA-TREVEDY: "l'humilité est une certaine certitude de soi". En aucune manière, il n'a considéré son travail d'écrivain et encore plus de poète, comme le déroulement d'une carrière. Il réserve celle-ci à son métier d'enseignant, agrégé d'espagnol. Ecrire est pour lui une vocation qui lui permet d'exister pleinement. Dans l'écriture comme dans la lecture, impossible d'oublier la personne intime qui s'y livre. C'est si vrai qu'il précède ses notes de lecture de la phrase suivante : "Une lecture est une aventure personnelle, sinon à quoi bon ?" Ce qui domine dans son œuvre et dans le désintéressement mercantile de sa démarche, c'est son indéfectible attachement à la poésie. C'est avant tout un poète, et sa dernière publication "Les jardins d'Atalante" en atteste. Il se reconnait dans la formule de Georges PERROS : "La poésie "Elle est ce qui est toujours là", dans nos jours et nos nuits difficiles, et pourquoi rêvons-nous la nuit, sinon parce qu'elle ne nous lâche pas". Non, Michel HOST ne lâchera jamais la poésie, même s'il reconnait avec la totale sincérité qui caractérise l'homme, qu'on ne peut être habitée par elle, nuit et jour. L'inguérissable dépendance de l'amour, la beauté confondante de la femme, sont les thèmes inépuisables du poète. Il lit pour illustrer cette évidence, des extraits de son livre "Figuration de l'Amante" paru aux éditions de l'Atlantique, et qui espérons le, sera réédité dans une anthologie ou autre livre, bientôt.
TA CHEVELURE
Tes crèmes y pourchassent les rides
À l’heure malaise s’y porte ta main
S’y coule la lumière avide
D’y capter l’ombre d’une peine
J’y lis ta pensée nos pensées
Durs paysages, nos jours innocents,
Nos jours coupables
notre lent passage
Il se lève
Il m’éclaire
Laisse que l’orage de mes lèvres
Y lave ta tristesse et l’ennui de ce jour
*
Lecture d'extraits du livre "Les Jardins d'Atalante". Poèmes sur les douze mois de l'année illustrés par Danièle BLANCHELANDE
JANVIER
Infortune du vocabulaire cette année
misère de la syntaxe
muets de charme secs défoliés abolis
dépouillés plumés nuls
les arbres
Le fond de la fontaine s’est crevassé
l’eau goutte à goutte a traversé
parois capes couches strates
pour dessiner un lac une cuisse
en bas dans la vallée désirée d’ombres
Nous notre soif déclinons
les crêtes grattons le rocher de nos doigts cassés
Sans crier gare la femme a remué
le grand lac salé se vide de son sang
les pores s’obscurcissent
les habitants de la vallée jouissent d’un coucher de soleil
génital
visible entre les jambes d’Albane
car goguenards les bergers - là -
troupeau aux yeux rayés
aux quatre coins
démons de l’antique jardin
en elle satisfont
des peurs séminales longtemps
enchaînées
Mais veille Atalante la chasseresse
qui sur leurs rires referme ses genoux coursiers
écrase leurs têtes de liqueurs gelées
ô craquement croissance décimale
loin propagée sur les eaux
Atalante se tourne et se rendort
des mois des semaines
laissant au lac l’usage de recourir au sang
Et meurt le soleil sur ces hauteurs que le froid envahit
et jusqu’au cœur de nos ossatures se loge le gel
cependant que l’autre fontaine sourd doucement
entre tes cuisses qu’elle lave toute la nuit
Tu t’appelles Albane et le moi braconnier
entre dans ta nuit
*
FÉVRIER
Amère amande altère mes os
Amarante ô
tu devins la sereine amante de
celui qui jonchait le val de cadavres ennemis
et crucifiait les femmes sur les portes des sanctuaires
arrachait aux ventres des mères
le fœtus violacé les vives entrailles
qu’il livrait aux crocs des chiens
Si limpide Toi
plus suave que le clavecin des armistices
Toi couchée dans l’arc incendié
de ses cuisses
Toi ployant sous la masse
de son obscénité
Je me déchire à ton soupir
m’écorche au râle d’amour
comment peux-tu ? comment peux-tu ?
Moi retiré de ta bouche je vais sans clocher
ni maison dans l’ornière des égorgés
parmi ses victimes tes victimes maintenant
ô Amarante trop aimante
moi fol insensé qui me désespère
mais empli de rêves où tu baves et gémis
et râles embrassée de flammes verges brandies
redoublantes lacérations de l’air
inscrites en griffes bleutées
à tes bras à tes seins lactescents
quand déjà les bourreaux hurlent tout excités
autour du brasier de tes yeux
dressant les poteaux où ton agonie finira
dans les saccades inondées du plaisir
Amarante ô mon innocente
tu avais cessé de lui plaire
à la traverse de ton ventre
sur tes seins déchiquetés
sur la neige
avec des gestes lents ils étendent
- que du supplice fort l’on jouisse -
leurs filets le désir un oubli de colombes
*
JUILLET
Hors leur écrin de satin tes flancs s’allument
mon regard te détache à l’aube où tu te faisais prendre
des chasseurs montés de leurs vallées
Tu es Amarante
aussi belle en dépit de la sanie des étreintes
d’abord
ce papillon triste au coin de ta lèvre emporte
le souci de tes yeux ma rancune tout ensemble
sauf cette source de sang dont mes mains n’ont su
dévier les courants mais qu’y faire si tu accordes
plus que pain et feu à plus de prétendants
que n’en affronta le Grec
et - penses-y – moi une Ombre
que pouvais-je contre leurs poings leurs fusils
leurs chiens l’alcool blanc qui les imbibe leurs plaisanteries
grasses herbes dont ils savent se repaître
Je te vois qui descends au torrent
antienne couchée sur une page de ciel toute
amertume déserte ma pensée cela suffit à combler
l’attente de la lumière rais jetés pluriel hommage
à ton corps elle est sur toi et peu à peu t’immacule
ô Joie
C’est d’une princesse solitaire future reine d’États
délimités sur des portulans que j’invente
c’est le premier bain d’un matin de création
où des oiseaux virevoltent autour de tes épaules
mes yeux seuls les doigts roux des joncs s’y posent
leur caresse mon regard
font tes gestes pudiques et neufs
quand déjà
tu te penches sur le miroir inversé et contemples
les rides de l’amour sur fond de sable blanc
Parmi l’étrange songe
pour plus de lenteur en l’accomplir
j’accoste voiles amenées aux baies aux dunes aux étangs
que tu révèles et ouvres à mon esquif
j’y erre à loisir lynx agile je te contemple toute
de branches en rochers de mousses en vergers
en silence y pourchassant le lièvre du frisson
à l’entour de tes seins
je fuis tes cimes effraction qu’un orage m’interdit
te propose dans l’éclair notre longue petite mort
notre course nouvelle et de poursuivre le jeu
*
Même si PERROS affirme qu'est "poète celui qui habite totalement son être", idée reprise par SOLLERS qui dit, lui, que "la poésie, on ne la fabrique pas, on la vit, on la respire, on l'habite", il n'en demeure pas moins que ce travail de création, malgré tout, toujours un rien suspect s'agissant de poésie, Victor Hugo la considérant d'ailleurs comme "un peu extra-légale", requiert une vraie fabrication. Car "un mot de trop met tout en péril" selon le constat bien vu de Louis-René DES FORETS. Et ce livre de douze poèmes de Michel HOST, s'il existe parce que, indéniablement, son auteur est bel et bien "habité de poésie", s'est façonné lentement, comme un luthier fignole chaque violon en chef d'œuvre. L'auteur l'indique implicitement en exergue du livre : "Ces douze poèmes, issus d’un songe d’années - jetés la première fois sur le papier en 1972, à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze, réécrits de mois en mois, jusqu’en 2012 -, disent aussi la cruauté des Jardins abandonnés."
Enfin Michel HOST aborde son travail de traducteur. Nul mieux qu'un poète ne peut traduire un autre poète. Ce faisant, il sert une passion; cette passion est celle d'une admiration militante de l'œuvre traduite. Ainsi il choisit les figures les plus emblématiques de la poésie espagnole, le grec antique ARISTOPHANE, le portugais Almeida FARIA. Il répète son engouement jamais affaibli pour Federico GARCIA-LORCA.
Lecture par Michel HOST de deux poèmes du romancero gitano dont :
ROMANCE DE LA GUARDIA ROMANCE DE LA GARDE
CIVIL ESPAÑOLA CIVILE ESPAGNOLE
Los caballos negros son. Noirs ils sont, noirs sont les chevaux.
Las herraduras son negras. Leurs fers aussi, leurs fers sont noirs.
Sobre las capas relucen Sur leurs capes partout reluisent
manchas de tinta y de cera. des macules d’encre et de cire.
Tienen, por eso no lloran, Ils ont, c’est pourquoi ils ne pleurent,
de plomo las calaveras. si obtus, des crânes de plomb.
Con el alma de charol Avec leur âme en cuir verni
vienen por la carretera. ils arrivent par la grand-route.
Jorobados y nocturnos, Bossus au milieu de la nuit[1],
por donde animan ordenan là où ils passent ils disposent
silencios de goma oscura des silences de gomme obscure
y miedos de fina arena. et tant de peurs de sable fin.
Pasan, si quieren pasar, Ils passent, s’ils veulent passer,
y ocultan en la cabeza puis dans leur tête dissimulent
una vaga astronomía une imprécise astronomie
de pistolas inconcretas. de pistolets immatériels.
* *
¡ Oh ciudad de los gitanos ! Ô ville, ville des gitans !
En las esquinas, banderas. Aux coins des rues sont vos bannières.
La luna y la calabaza La lune avec la calebasse,
con las guindas en conserva. les griottes qu’on a confites.
¡ Oh ciudad de los gitanos ! Ô ville, ville des gitans!
Ciudad de dolor y almizcle, Ville de douleur et de musc,
con las torres de canela. ceinte de tes tours de cannelle.
Cuando llegaba la noche Tandis que la nuit approchait,
noche que noche nochera ô nuit d’une nuit plus que nuit,
los gitanos en sus fraguas les gitans au fond de leurs forges
forjaban soles y flechas. forgeaient des soleils et des flèches.
Un caballo malherido Mais un cheval blessé à mort
llamaba a todas las puertas. à toutes les portes frappait.
Gallos de vidrio cantaban Lors des coqs de verre chantaient
por Jerez de la Frontera. vers Jerez de la Frontera[2].
El viento vuelve desnudo Et tourne le vent dénudé
la esquina de la sorpresa, au coin de la rue de Surprise,
en la noche platinoche, dans la nuit qu’argente la nuit,
noche que noche nochera. ô nuit d’une nuit plus que nuit.
* *
La Virgen y San José La Sainte Vierge et saint Joseph
perdieron sus castañuelas, ont égaré leurs castagnettes,
y buscan a los gitanos et ils vont chercher les gitans
para ver si las encuentran. qui les retrouveront peut-être.
La Virgen viene vestida La Vierge s’avance parée
con un traje de alcaldesa, d’une toilette d’alcadesse[3],
de papel de chocolate tout en papier de chocolat
con los collares de almendras. avec ses colliers faits d’amandes.
San José mueve los brazos Saint Joseph agite les bras
bajo una capa de seda. sous sa belle cape de soie.
Detrás va Pedro Domecq Derrière eux va Pedro Domecq[4]
con tres sultanes de Persia. avec trois sultans de la Perse.
La media luna soñaba La demi-lune s’ensongeait
un éxtasis de cigüeña. dans une extase de cigogne.
Estandartes y faroles Les étendards et les lanternes
invaden las azoteas. envahissent jusqu’aux terrasses.
Por los espejos sollozan À travers les miroirs sanglotent
bailarinas sin caderas. des danseuses privées de hanches.
Agua y sombra, sombra y agua Et l’eau et l’ombre, et l’ombre et l’eau
por Jerez de la Frontera. vers Jerez de la Frontera.
* *
¡ Oh ciudad de los gitanos ! Ô ville, ville des gitans!
En las esquinas, banderas. Aux coins des rues sont vos bannières.
Apaga tus verdes luces Éteins-les tes vertes lumières
Que viene la benemérita. car vient la Toute méritante[5].
¡Oh ciudad de los gitanos ! Ô ville, ville des gitans!
¿ Quién te vio y no te recuerda ? Qui, t’ayant vue, peut t’oublier ?
Dejadla lejos del mar Oh! laissez-la loin de la mer
sin peines para sus crenchas. avec ses mèches dépeignées.
* *
Avanzan de dos en fondo Ils avancent en rangs par deux
a la ciudad de la fiesta. jusqu’à la ville de la fête.
Un rumor de siemprevivas Puis un murmure d’immortelles
invade las cartucheras. hante soudain les cartouchières.
Avanzan de dos en fondo. Ils avancent en rangs par deux.
Doble nocturno de tela. Double nocturne de tissu,
una vitrina de espuelas. qu’une vitrine d’éperons.
* *
La ciudad, libre de miedo, Libre de toute peur, la ville
multiplicaba sus puertas. alors multipliait ses portes.
Cuarenta guardias civiles Les quarante gardes civils
Entran a saco por ellas. s’y jettent pour la mise à sac.
Los relojes se pararon, Là, les horloges s’arrêtèrent,
y el coñac de las botellas et le cognac dans les bouteilles
se disfrazó de noviembre pour n’éveiller point de soupçons
para no infundir sospechas. de novembre se travestit.
Un vuelo de gritos largos Une longue envolée de cris
se levantó en las veletas. jaillit d’entre les girouettes.
Los sables cortan las brisas Les sabres découpent les brises
que los cascos atropellan. que les sabots ont culbutées.
Por las calles de penumbra Au travers des rues de pénombre
huyen las gitanas viejas s’ensauvent les vieilles gitanes
con los caballos dormidos avec les chevaux endormis,
y las orzas de moneda. avec leurs pots pleins de piécettes.
Por las calles empinadas Et le long des rues escarpées
suben las capas siniestras se hissent les capes sinistres,
dejando detrás fugaces qui derrière laissent, fugaces,
remolinos de tijeras. les moulinets de leurs ciseaux.
* *
En el portal de Belén À la crèche de Bethléem
los gitanos se congregan. ils se rassemblent les gitans.
San José, lleno de heridas, Saint Joseph, couvert de blessures,
Amortaja a una doncella. met une fille en son linceul.
por toda la noche suenan. claquent durant toute la nuit.
La Virgen cura a los niños La vierge soigne les enfants
con salivilla de estrella. qu’elle oint de salive d’étoile.
Pero la Guardia civil Mais la Garde civile avance
avanza sembrando hogueras, semant sur ses pas des brasiers,
donde joven y desnuda dans lesquels jeune et mise à nu
la imaginación se quema. l’imagination se consume.
Rosa la de los Camborios Rosa, fille des Camborios,
gime sentada en su puerta assise à sa porte gémit
con sus dos pechos cortados regardant ses deux seins coupés
puestos en una bandeja. qu’on a posés sur un plateau.
Y otras muchachas corrían Et d’autres filles s’enfuyaient
perseguidas por sus trenzas, pourchassées, saisies par leurs tresses,
en un aire donde estallan dans un air où partout éclatent
rosas de pólvora negra. de ces roses de poudre noire.
eran surcos en la tierra furent des sillons mis en terre
el alba meció sus hombros l’aube balança ses épaules
en largo perfil de piedra. en un très lent profil de pierre.
¡ Oh, ciudad de los gitanos ! Ô ville, ville des gitans!
La Guardia civil se aleja La Garde civile s’éloigne
por un túnel de silencio suivant un tunnel de silence
mientras las llamas te cercan. tandis que les flammes t’encerclent.
¡ Oh, ciudad de los gitanos ! Ô ville, ville des gitans!
¿ Quién te vio y no te recuerda ? Qui, t’ayant vue, ne se souvient ?
Que te busquen en mi frente. Qu’on te cherche ici, sur mon front,
Juego de luna y arena. Ô toi, jeu de lune et de sable.
Michel HOST, auteur consacré peu enclin à jouer le jeu d'une conformité médiatique dominante, a conservé l'enthousiasme du découvreur. Il semble naître, renaître plus justement à chaque nouvelle publication. Sa ferveur doit nous guider. Dans un monde littéraire où les "hommes habitués" sont cohortes de cynisme, cette fraicheur est un démenti à l'agacement qui pourrait s'installer. Qu'il en soit remercié !
[1] Sous les capes, les fusils portés en bandoulière leur dessinent des silhouettes bossues.
[2] Belle ville d’Andalousie qu’entourent de nombreux vignobles. Les Arabes du califat de Cordoue en avaient fait une frontière défensive contre les invasions venues du Nord.
[3] L’alcadesse est l’épouse de l’alcade (ou alcalde), premier magistrat d’une municipalité.
[4] Le plus renommé des éleveurs de cognac d’Espagne, dont sur toutes les routes des panneaux publicitaires vantent les mérites.
[5] La Très méritante, la Toute méritante (la Benemérita), celle qui a bien mérité de la patrie : surnom familier de la Garde civile.
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