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21/04/2008

Nouvelle loi chasse... Communiqué ASPAS

Les fumeurs vont armer les jeunes,
Les chasseurs vont entrer dans nos jardins !

Que reste-t-il du Grenelle de l’Environnement ? Après les autoroutes qui n’en finissent pas d’asphalter nos territoires, la spectaculaire reculade face au lobby des OGM, l’ASPAS, comme de très nombreux protecteurs de la nature, fait l’amer constat que ce très médiatique show ne sera malheureusement pas suivi de mesures concrètes. Le « Grenelle » s’annonce déjà comme une nouvelle Bérézina pour la protection de la nature, de l’environnement et du climat.

Avant même que la loi « Grenelle » ne soit présentée devant les assemblées, nombre de parlementaires s’en donnent à cœur joie pour défendre à contresens de l’urgence écologique quelques lobbies anti-environnementalistes.

Ladislas Poniatowski, chasseur invétéré et porte-parole du lobby cynégétique au Sénat, présentera le 13 mai prochain sa proposition de loi devant les sénateurs : une dixième loi chasse depuis 1994 !!!

Au rang des propositions de M. Poniatowski (et des chasseurs) quelques perles dignes d’un véritable bêtisier :

- Afin d’enrayer la chute du nombre de chasseurs, il est proposé d’alléger le coût du permis de chasse pour les très jeunes chasseurs de moins de 18 ans. Mais pour ne pas grever le budget de l’ONCFS le manque à gagner serait rattrapé par une nouvelle augmentation de la taxe sur les cigarettes !!! Les fumeurs vont ainsi financer des armes pour les jeunes.

- Les propriétaires fonciers se verraient obligés de faire réaliser un plan de tir sur leur terrain sur demande des fédérations départementales des chasseurs ! Soit la fin de la reconnaissance du droit de non-chasse qui avait valu, sur une plainte déposée par l’ASPAS, une condamnation de la France par la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

L’ASPAS en appelle au Président de la République et au ministre de l’Écologie pour qu’enfin de véritables mesures soient prises pour stopper l’érosion de la biodiversité, lutter contre le réchauffement de la planète et préserver notre environnement. Tous points qui nous ont été présentés avant et pendant le Grenelle de l’Environnement, et que nous voyons s’éloigner de plus en plus.
L’ASPAS en appelle également a un peu plus de réserve de la part des parlementaires vis-à-vis du très puissant lobby de la chasse.


Contact presse : Pierre Athanaze – Président de l’ASPAS
Tél. : 06 08 18 54 55

http://www.aspas-nature.org/

18/04/2008

Arménie - avril 2008

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http://www.yevrobatsi.org/st/item.php?r=4&id=4626

16/02/2008

Touche pas à mon fromage !

Ou comment en finir avec le fromage fermier ….et avec…les paysans ?
Les fromagers fermiers occupent, crime impardonnable, une part du marché : cela porte ombrage aux Lactalis, Lepetit, Danone et autre Président.
Interdire le fromage fermier soulèverait sans doute quelques remous, d’autant plus que l’image de ce dernier, via l’interprofession*, est utilisée par les industriels comme une vitrine.
Il faut donc trouver une solution : conserver le mot « fromage fermier » mais faire en sorte que celui-ci ne soit plus produit que par très peu de fromagers, fermiers de nom, mais industriels de pratique.
Allez vous trouver une solution à ce casse-tête, chers lecteurs ?
Je crains que non car, sauf vot’ respect, vous n’avez pas une imagination aussi fertile que la DGCCRF** (comprenez « les fraudes »).
Et cependant, c’est si simple : un tout petit morceau du « Décret Fromage » va permettre de tordre le coup à ces gêneurs, sans que cela provoque le moindre soulèvement populaire.
Pourquoi s’insurger quand on veut « informer le consommateur », « le rassurer » ? C’est sacré, l’information du consommateur ! (Sauf pour les résidus de pesticides et autres métaux lourds voir antibiotiques ou OGM inférieurs à 0,9% - ce serait là une mise en danger de l’agroalimentaire, de l’industrie chimique, grands bienfaiteurs de notre société).
Voici donc la solution à l’énigme :« La matière grasse d’un fromage doit être exprimée en teneur de matière grasse pour 100 grammes de produit fini. »(Applicable au1/12/07)
Mais, voilà le hic : le fromage fermier est un produit dont la composition varie selon les saisons, les animaux, le degré de dessiccation.
Quand tu as une usine à fromage, tu écrèmes ton lait (ou tu ajoutes de la crème) de façon qu’il ait un taux de matière grasse bien défini avant la fabrication du fromage. 
Quand tu es éleveur fromager fermier (ce qui veut dire que tu transformes le lait produit sur ta ferme, selon des méthodes traditionnelles), tu transformes un lait qui varie selon les saisons, qui est différent d’un élevage à un autre. Bref, ton produit varie en fonction de la nature (quelle horreur ! stérilisez- moi ça !)
Le producteur fermier devra donc effectuer des analyses extrêmement fréquentes, posséder un jeu d’étiquettes innombrables : comment supportera t’il ce surcoût de frais et ce surcroît de travail ? Seules pourront résister les très grosses exploitations, fermière par l’image mais industrielles dans la pratique.
Juste une histoire d’éleveurs ?
Pas sur ! Un jour viendra où l’on fera analyser la teneur en sucre de vos grappes de raisin, grain par grain évidemment. Normal, un diabétique pourrait être incommodé ou un pèse–personne révéler un surpoids dont vous serez tenus pour responsables.
La saisonnalité ? Juste un mot pour les marketteurs !
Dans la réalité qui est là, devant nous, c’est la standardisation totale au profit de l’industrie agroalimentaire et de ses fournisseurs.
Ce n’est pas une histoire de bonne bouffe ou de malbouffe.
C’est l’histoire d’une déshumanisation, d’une dénaturation qui n’épargnera personne.


Marie-Hélène Chambrette
*Interprofession= ANICAP, Association Nationale Interprofessionnelle Caprine (association interprofessionnelle nationale).
** Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes


Selon une « Etude de la variabilité du taux de matière grasse des fromages fermiers de chèvre et de brebis en région PACA » menée par le Centre Fromager de Carmejane, les fourchettes observées en teneur de matière grasse varient de 15% à 45%

16/11/2007

Système HAARP

Non ce n'est pas une (mauvaise) blague...

http://www.dailymotion.com/video/x18yz5_haarp-arme-ultime-1

http://www.dailymotion.com/video/x18ys0_haarp-arme-ultime...

http://www.dailymotion.com/video/x18ymd_haarp-arme-ultime...

SOUS L'OEIL DES PUCES / RFID et démocratie

Le livre

La multiplication des technologies de surveillance, d'analyse du comportement et de stimulation de la consommation va-t-elle bouleverser notre vie quotidienne au cours des prochaines années? C'est à cette question que l'essai: "Sous l'oeil des puces - La RFID et la démocratie" publié par Actes Sud tente de répondre.
Le livre présente une technologie nouvelle, l'identification par radiofréquences, ou RFID, qui commence à se développer en France à grande échelle dans l'indifférence générale. Qui sait que le passe Navigo de la RATP ou le boîtier Liber-T permettant le passage sans arrêt au péage des autoroutes utilisent déjà la RFID? Les sociétés de transport identifient ainsi chaque usager dès lors qu'il utilise ces systèmes très pratiques.
Demain, chaque produit manufacturé sera équipé d'une puce RFID. Ces dernières communiqueront par radio avec des ordinateurs qui pourront analyser les déplacements de chaque consommateur. La police disposera d'un moyen supplémentaire de surveillance de la population. Quelle société engendrera une telle généralisation de systèmes d'espionnage de la vie privée? Que restera-t-il des libertés individuelles ? Le spectre de Big Brother est-il en train de ressurgir sous la forme de Small Brothers?


Le site http://www.smallbrothers.org/

Ce site a pour vocation de présenter le contenu du livre "Sous l'oeil des puces - La RFID et la démocratie" mais également de prolonger son propos. Le problème posé par l'extension de la surveillance des citoyens est en effet en pleine actualité. Tous les jours de nouvelles applications voient le jour et viennent enrichir le débat sur les libertés individuelles.
Au delà de la thèse exposée dans l'essai, ce site apporte des informations sur la RFID et il propose de suivre l'actualité des Small Brothers, de mentionner les sites qui en parlent et de recueillir vos réactions et vos témoignages.

L'essai analyse le contexte dans lequel apparaît la RFID, technologie banale en apparence. Il tente de se projeter dans la société qui pourrait se concrétiser d'ici quelques années en faisant appel à la fois à l'enquête journalistique et à deux courtes fictions. Grâce à elles, le lecteur s'immerge plus facilement dans ce futur proche chargé d'interrogations. Le livre veut susciter une réflexion sur des enjeux démocratiques dont il est aujourd'hui indispensable et urgent de débattre.

14/09/2007

Pourquoi Sarkosi va échouer

par Xavier Théry, publié dans Vendémiaire n°26

http://www.geocities.com/actpol/V26.html

Hier soir j'ai regardé la soirée électorale à la télévision. Pour la première fois depuis 30 ans, j'ai coupé au bout de 10 minutes. Pourtant j'ai eu à subir par le passé bien des déconvenues et je suis prêt à les affronter. Mais là, j'ai réellement pris conscience que Sarkozy et son idéologie césaro-libérale avaient anéanti le débat républicain pour de nombreuses années. Encéphalogramme plat chez les commentateurs et chez tous les opposants potentiels. Il n'y a plus rien en dehors de l'UMP et il n'y a plus rien en dehors de Sarkozy au sein de l'UMP. Même Poutine n'est pas encore parvenu au même résultat en Russie.
Certains - et ils sont nombreux (au moins 45% des Français apparemment) - vont s'en réjouir car ils y voient un gage de succès. Je pense exactement l'inverse car je suis convaincu que Sarkozy va échouer. Voici pourquoi :

Au plan institutionnel
Tous les commentateurs politiques et les hommes les plus sages au sein de chaque parti étaient tous convaincus jusqu'à une période récente qu'il fallait revivifier le débat politique au sein du parlement. Comment ?
- En réformant en profondeur le Sénat qui ne représente plus rien sinon une France rurale qui n'existe plus depuis 40 ans
- En redonnant l'initiative des lois et de l'ordre du jour des sessions parlementaires aux députés conjointement au gouvernement
- En garantissant une véritable représentativité à tous les courants de la vie politique par une dose de proportionnelle et une refonte du découpage des circonscriptions
- En engageant le renouvèlement des élus par la limitation drastique du cumul des mandats
La chambre la plus à droite que l'Histoire de France ait connu depuis la grande guerre va bientôt prendre place et aucune des mesures urgentes qui s'imposaient ne va être prise. L'Assemblée Nationale va devenir la chambre d'enregistrement des ordonnances sarkoziennes. Le dialogue entre le gouvernement et les représentants du peuple - comme dans toutes les démocraties occidentales - va définitivement s'effacer pour laisser la place à un dialogue de Sarkozy avec lui-même : miroir, mon beau miroir... La présidentialisation à outrance du régime ne s'accompagnera à aucun moment d'un renforcement des pouvoirs de contrôle de l'Assemblée (comme aux USA).
Qu'en résultera-t-il ? Un divorce encore accru entre les élites (les édiles en l'occurrence) et le peuple. Sur les 45 % de voix accordées au parti du président, on peut considérer qu'il y en avait 30% de sincères. 15% se sont ralliées parce que l'offre en face était nulle. Quand les difficultés vont venir, Sarkozy va bien se retrouver face à 70 % des Français qui n'auront pas voté pour lui ou qu'il l'auront fait par dépit. Ils seront représentés par seulement 10%de députés dans la nouvelle chambre. Où croyez-vous que les débats vont avoir lieu ? Dans la rue bien sûr.

Au plan politique
Les problèmes exposés plus haut pourraient être limités si l'ouverture affichée par le gouvernement était réelle et sincère. Si nous avions affaire à un vrai gouvernement d'union nationale.Mais en fait d'ouverture qu'avons-nous ? Un inconnu (Eric Besson) surgi de l'anonymat du PS où il rongeait son frein depuis des années ? Un Kouchner dont chacun a pu constater depuis 5 ans la dérive à droite en même temps que l'adhésion aux thèses néo-conservatrices (le droit d'ingérence prôné par Kouchner n'est rien d'autre que le droit d'intervention défendu par Bush en Irak... Une élucubration de gauchistes reconvertis au néo-libéralisme) ? Quelques ringards (Tapie, Séguéla...) qui n'ont jamais honoré le débat public ? Non, il n'y a aucune ouverture. Juste un simulacre.
Dans ces conditions, comment va évoluer l'idéologie au pouvoir ? Mal. Il ne faut pas compter sur les ministres "d'ouverture" pour contrebalancer quoi que ce soit ; quand on a trahi son camp on se fait jusqu'au-boutiste On a cru un instant lors de la campagne présidentielle que Sarkozy allait obliquer, sous l'influence de Guaino, vers une forme de social-libéralisme fortement teinté de patriotisme économique. Les premiers signaux envoyés - j'en ai déjà parlé - ne vont absolument pas dans ce sens. Airbus s'apprête à fermer 4 usines en France et à démanteler tout le tissu industriel dans le secteur aéronautique. Le gouvernement ne bougera pas malgré les inquiétudes évoquées par Sarkozy lors de la campagne. La puissance de la "chambre introuvable" ne résidera pas dans sa capacité à installer un débat public fort. Elle ne servira qu'à donner l'illusion à Sarkozy qu'il est porté par une immense ferveur et que les Français partagent son idéologie. L'homme est psychologiquement fragile. Il n'a jamais accepté la contradiction. Ça tombe bien il n'y aura plus aucune contradiction.
Le débat politique dans les prochains mois va se résumer aux "bulletins de la Grande Armée" que le service de presse de notre petit caporal va diffuser dans les médias. On ne parle même plus d'état de grâce mais d'apesanteur : porté par les louanges, Sarkozy entre en lévitation. Les syndrome Ceaucescu n'est pas loin.

Au plan budgétaire
Tout le monde est d'accord. Il faut réformer en profondeur la fiscalité française qui est compliquée, souvent inefficace et parfois inutilement confiscatoire. Il existe des centaines de niches fiscales aberrantes. Une réforme en profondeur, une remise à plat s'impose. Un grand débat national aurait pu avoir lieu. Mais faute d'opposition, faute de véritable espace de délibération public, le débat n'aura pas lieu. Il y a eu une esquisse de débat... entre le ministre du budget et le président de la République sur la question de la déductibilité des intérêts financiers. Ce débat a été tranché en 5 minutes... par Nicolas Sarkozy. Fermez le ban !... Qu'aurons-nous donc en guise de réforme ? quelques mesures qui vont satisfaire environ 2 à 5% des Français les plus avantagés ; et accabler les autres puisque ces mesures vont coûter 15 milliards d'euros et qu'il va falloir combler le déficit. Comment ? Borloo l'a annoncé hier soir sous la pression de Fabius (ou du moins ne l'a pas démenti ce qui revient au même dans les circonstances présentes) : par le relèvement du taux de la TVA. Ce relèvement sera déguisé dans un semblant d'innovation sur la question de la TVA sociale. mais là encore aucun débat, aucune réforme de fond. On fera semblant de favoriser le développement durable, mais il s'agira surtout de faire payer à tous les Français les cadeaux qui auront été faits à quelques uns. Idem pour les heures supplémentaires. Quelques dixièmes de pourcents accordés aux salariés, mais 1 ou 2 pourcents imposés aux consommateurs.
Une fois de plus une occasion de mettre tous les problèmes sur la table aura été perdue. Pourquoi ? Parce que parmi ces problèmes, il y avait la question du déséquilibre évident entre la taxation des revenus du travail et des revenus de la rente. C'était la question centrale et la droite ne veut surtout pas l'aborder. Parce que Sarkozy a été élu majoritairement par les vieux et les rentiers, il est hors de question d'aller au fond des choses; on n'ira donc pas.
Mais la TVA ne suffira pas à combler les trous. Et les déficits vont continuer à se creuser. Fillon et Woerth l'ont avoué : "on va ralentir l'effort"... Là encore, ce sont les jeunes qui paieront pour les vieux. Parce que Sarkozy ne fera rien adopter pour contrebalancer les mesures déflationistes de la Banque Centrale Européenne. Seule un peu d'inflation peut atténuer l'impact de la dette. La concurrence fiscale que se livrent les pays européens - y compris à l'intérieur de la zone euro - est suicidaire. Les gouvernement n'ayant plus la possibilité de dévaluer, il font de la défiscalisation compétitive... Et ils vont assécher toutes les ressources fiscales en Europe. Sarkozy n'en a pas pris la mesure. Il va vite déchanter. Et nous avec.

Au plan des relations internationales
Il y a deux sujets structurants actuellement pour les affaires étrangères françaises. Le système anti-missile construit en Europe et l'affaire du Kosovo. Dans le premier cas, aucune instance européenne n'est en mesure de donner son avis sur cette affaire hormis le conseil politique de l'Otan qui n'est qu'une chambre d'enregistrement des décisions européennes. Les déclarations de Poutine laissent accroire qu'on pourrait s'acheminer vers une crise forte entre l'Europe et la Russie. Alors que depuis 17 ans les liens se resserraient. la manœuvre américaine est habile.
Souvenons-nous que lors de la crise des missiles de Cuba en 1963, ce sont bien les Américains qui joué les provocateurs : ils avaient installé des missiles à courte portée et à tête nucléaire en Turquie juste à la frontière soviétique. Les missiles russes à Cuba n'avaient d'autre objectif que de rétablir l'équilibre et les Soviétiques ont obtenu ce qu'ils voulaient : que les Américains retirent leurs missiles de Turquie ce qu'ils ont fait immédiatement par un accord secret signé avec les Russes. On peut se demander aujourd'hui si comme en 1963, les Américains ne prennent pas des initiatives intempestives et délibérées pour nous éloigner systématiquement des Russes. (En 1963, l'ouverture vers l'ouest initiée par Kroutchev a été stoppée nette suite à cette affaire de Cuba). L'affaire du Kosovo et les déclarations de Bush ce week-end invitant les Kosovars à proclamer leur indépendance va placer les pays de l'Union Européenne dans une situation impossible : ils seront obligés d'appuyer les Kosovars contre les Serbes et leurs alliés russes et ce en contradiction formelle avec le droit international. La man?uvre américaine est claire.
Dans ce cadre, quelle politique suivra Sarkozy ? L'avez-vous entendu prendre une position intelligible sur ces questions ? Non bien entendu. Lui et son ministre atlantiste vont occuper le terrain en donnant le change dans deux domaines :
- sur le terrain de l'ingérence humanitaire au Darfour
- sur le terrain des accords de Kyoto et de leur application
Dans les deux cas, ils vont "chatouiller" un peu les Américains et leur donner quelques leçons de morale à pas cher. Mais toute cette gesticulation à venir masquera l'essentiel à savoir que les Américains vont décider du sort de la sécurité européenne et de ses rapports avec ses voisins immédiats que sont la Turquie et la Russie. Les rétractations récentes de Sarkozy sur l'affaire turque montrent d'ailleurs bien que sur ce dossier ses rodomontades de campagne ne tiennent pas un instant face au pressing américain.
Sarkozy va donc gravement échouer en politique étrangère. Il va peut-être briller à bon compte avec son nouvel ami Kouchner en allant décharger un ou deux sacs de riz au Darfour sous les sunlights, mais sur le fond des problèmes la diplomatie française va marquer le pas. Le choix de Lévitte comme sherpa est éclairant à ce titre. Cet atlantiste convaincu avait été choisi par Chirac pour tenter de recoller les morceaux avec Washington (mais après que Chirac avait su prendre suffisamment de distance pour dénoncer ce qui devait l'être). Ne comptez pas sur lui pour conseiller à notre président la moindre prise de position indépendante. La création du "conseil national de sécurité" par Sarkozy qui le placera sous la responsabilité de Lévitte est tout à fait significative : c'est un décalque du NSC américain. La seule différence, c'est qu'on y parlera français (est-ce bien certain ?...) et qu'on n'y priera pas le Seigneur chaque semaine. Mais cette transposition est tout un symbole : on en revient à la situation ante 1958. Désormais et il faudra s'y habituer, c'est bien à Washington que s'ordonnera le destin de l'Europe.

Au plan des affaires européennes
Sarkozy se prépare à nous faire avaler une mauvaise pilule : le traité constitutionnel rebaptisé "mini-traité" va rentrer par la fenêtre du vote au parlement alors que les Français l'ont évacué par la grande porte du référendum. Mépris démocratique complet, mais bien dans la logique du personnage complètement égocentrique, auto-centrique même. "Vous m'avez élu, vous saviez ce que je voulais faire, alors ne vous plaignez pas"... "Le référendum c'est moi" en quelque sorte : version réactualisée de l'absolutisme louisquatorzien.
C'est vrai, ne nous plaignons pas. Il ne fallait pas voter Sarkozy. En attendant, le traité va entrer en fonction d'ici un an ou deux et Sarkozy va ainsi parachever complètement du côté français le grand œuvre libéral : plus aucune politique alternative ne sera possible. Ne refaisons pas le débat , les arguments sont connus. Sachons toutefois en mesurer les conséquences : il faut définitivement faire notre deuil de toute politique industrielle ambitieuse. Le laminage par le bas de nos intérêts industriels à l'échelle planétaire. Alors on verra petit Cesar s'agiter, serrer les mains des ingénieurs, consoler le "délocalisé". Mais il ne fera rien car il a définitivement renoncé à faire quoi que ce soit. Son logiciel en la matière est celui de la droite la plus classique.

Au plan économique et social
La politique économique de Sarkozy découle de ses choix internationaux : alignement sur le modèle libre-échangiste intégral proposé par le traité européen, renoncement à manifester la moindre indépendance. Sarkozy, élève médiocre, avocat d'affaire spécialisé dans les relations avec les collectivités locales ne connaît de l'économie que ce que lui en ont dit ses parrains en économie : les ordonnateurs du grand capitalisme financier et mondialisé. De Gaulle qui avait vu les milieux d'affaire se corrompre totalement dans la collaboration avec l'ennemi savait à quoi s'en tenir sur les leçons d'économie que lui donnaient ceux qu'il était bien obligé de recevoir à l'Elysée. Il ne les fréquentait pas pour autant. Sarkozy, lui, vit avec eux, sort avec eux dîne avec eux. Une fusion totale. pensez-vous un seul instant qu'il soit capable de penser autrement que ceux au service desquels il s'est mis ? Peut-il imaginer que ce qui est désagréable à Dassault ou à Lagardère n'est pas nécessairement nuisible à la France et au Français ? Je laisse cette question à la sagacité de mes lecteurs.
Dans l'immédiat, ses choix économiques auront un effet sur la hausse de l'immobilier qui va repartir de plus belle, sur les bénéfices des banques qui vont être un peu plus subventionnés par le budget de l'Etat et sur les placements financiers. Le gouvernement de Sarkozy est-il en mesure de dynamiser l'emploi ? Même dans son camp , nombreux sont ceux qui craignent que les mesures sur les heures supplémentaires ne favorisent la flexibilité au détriment de l'emploi.
Au plan social, le grand chantier va être celui du pilonnage du contrat de travail et du code du travail. A économie mondialisée, travailleurs précarisés. Pouvez-vous imaginer un seul instant que cette politique soit favorable au développement de l'économie. Il faudra effectivement "travailler plus pour gagner plus" et même dans la plupart des cas travailler plus pour gagner autant. Jusqu'à une période récente, la croissance économique reposait sur l'innovation et sur la valeur ajoutée. Pas sur le travail : on travaille moins en 2000 qu'en 1970 mais on produit beaucoup plus. Dans le logiciel sarkozien, pour gagner plus, il faudra travailler plus, c'est à dire faire l'impasse sur la productivité. Je ne sais pas si vous saisissez bien le changement de paradigme qui s'opère dans l'esprit de notre président (qui n'a d'ailleurs jamais travaillé de sa vie, au sens où nous l'entendons vous et moi, mais seulement organisé des "arrangements"...). Evidemment cela n'aura pas un effet immédiat sur l'économie, mais si vous attendez de Sarkozy qu'il soit un "booster" de l'économie vous allez être rapidement déçu. Son logiciel s'est arrêté en 1860. Au moment ou un autre petit César faisait siennes les théories libérales qui venaient de naître. Tout ce qui est advenu depuis, notamment aux Etats-Unis après guerre apparaît à ces gens-là comme une perversion de l'esprit capitaliste sous la pression des forces communistes extérieures. Le mur tombé et la pression retombée, il faut selon eux expurger le capitalisme de ses éléments délétères que sont l'épanouissement de l'homme et le progrès social. Et renouer avec le travail "libérateur"...

===
Voilà pourquoi je crois que Sarkozy va échouer. Il a une vue très succincte de l'économie et sa philosophie repose sur des idées simples. Il n'est pas disposé à penser le monde complexe et les enjeux colossaux qui nous font face.
En ce moment la polémique fait rage sur la vidéo de Sarkozy au G8 où il paraît ivre (1). La première, celle qui semble avoir été diffusée par la TV belge (bien qu'on accuse ce document d'avoir été trafiqué - à vérifier) le fait apparaitre passablement éméché. Mais la seconde (diffusée officiellement par LCI et qui ne porte pas à polémique) n'est pas moins inquiétante : pour sa première sortie internationale d'importance le nouveau président de la République Française apparait complètement flottant, dépassé par les évènements, incapable de prendre de la hauteur par rapport à son sujet, balbutiant un discours improvisé complètement décousu. Et là un effroi vous envahit. Vous vous dites : "ne vaudrait-il pas mieux qu'il eût été saoul" ?

Xavier Théry

(1) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3220,36-921248@...

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14/08/2007

Lettre ouverte à Sarkosy par des écrivains Africains

Plusieurs écrivains africains se joignent à Raharimanana pour répondre au président français.
(Souce : Libération, vendredi 10 août 2007)


Antananarivo, le 3 août 2007

Monsieur le Président,

Vous étiez venu dites-vous à Dakar nous parler - nous les Africains -, avec franchise et sincérité, vous étiez donc venu avec tout le fond de votre pensée, car c’est ainsi je crois qu’on qualifie la franchise et la sincérité, un échange sans fard et sans arrière-pensée. Nous prenons donc acte de la conception que vous avez de ce continent et de ses habitants. Vous étiez venu dites-vous pour nous assurer que la France s’associera à nous si nous voulons la liberté, la justice et le droit, mais permettez-moi d’être franc et sincère également.

Au lendemain de votre discours, que faisiez-vous donc avec Omar Bongo, quarante ans de règne dans la dictature, un doyen dites-vous, et quel doyen dans la corruption et l’aliénation de son pays ! De quelle liberté, de quelle justice, de quel droit parlez-vous ? Je n’ose même pas vous poser la question concernant votre sourire à cet autre grand dictateur africain : Muammar al-Kadhafi ! Que dire du don nucléaire que vous lui promettiez ? Il serait maintenant fréquentable ? Sincèrement ? Mais soit... Nous les Africains manquons un peu de raison et ne comprenons pas ces subtilités qui nous éloignent de la nature et de l’ordre immuable des saisons.

Vous étiez donc venu - vidi vici complétera l’autre, regarder en face notre histoire commune. Fort bien ! Votre posture tombe à propos pour une génération d’Africains et de Français avides de comprendre enfin ces drames continuels frappant l’Afrique. Il nous reste simplement à tomber d’accord pour définir le sens de ce mot histoire. Car quand vous dites que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire, vous avez tort. Nous étions au cœur de l’histoire quand l’esclavage a changé la face du monde. Nous étions au cœur de l’histoire quand l’Europe s’est partagé notre continent. Nous étions au cœur de l’histoire quand la colonisation a dessiné la configuration actuelle du monde. Le monde moderne doit tout au sort de l’Afrique, et quand je dis monde moderne, je n’en exclus pas l’homme africain que vous semblez reléguer dans les traditions et je ne sais quel autre mythe et contemplation béate de la nature. Qu’entendez-vous par histoire ? N’y comptent que ceux qui y sont entrés comme vainqueurs ? Laissez-nous vous raconter un peu cette histoire que vous semblez fort mal connaître. Nos pères, par leurs luttes sont entrés dans l’histoire en résistant à l’esclavage, nos pères par leurs révoltes, ont contraint les pays esclavagistes à ratifier l’abolition de l’esclavage, nos pères par leurs insurrections - connaissez-vous Sétif 1945, connaissez-vous Madagascar 1947 ? ont poussé les pays colonialistes à abandonner la colonisation. Et nous qui luttions depuis les indépendances contre ces dictateurs soutenus entre autres par la France et ses grandes entreprises - le groupe de votre ami si généreux au large de Malte par exemple, ou la compagnie Elf.

Savez-vous au moins combien de jeunes Africains sont tombés dans les manifestations, les grèves et les soulèvements depuis cette quarantaine d’années de dictature et d’atteinte aux droits de l’homme ?

Fait-on partie de l’histoire quand on tombe dans un coin de rue d’Andavamamba, les bottes des militaires foulant votre corps et vous livrant aux chiens ? Croyez-vous vraiment que jamais l’homme (africain) ne s’élance vers l’avenir, jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin ? Jamais dites-vous ? Devons-nous l’interpréter comme ignorance, comme cynisme, comme mépris ? Ou alors, comme ces colonisateurs de bonne foi, vous vous exprimez en croyant exposer un bien qui serait finalement un mal pour nous. Seriez-vous aveugle ? Dans ce cas, vous devriez sincèrement reprendre la copie nous concernant. Vous avez tort de mettre sur le même pied d’égalité la responsabilité des Africains et les crimes de l’esclavage et de la colonisation, car s’il y avait des complices de notre côté, ils ne sont que les émanations de ces entreprises totalitaires initiées par l’Europe, depuis quand les systèmes totalitaires n’ont-ils pas leurs collaborateurs locaux ? Car oui, l’esclavage et la colonisation sont des systèmes totalitaires, et vous avez tort de tenter de les justifier en évoquant nos responsabilités et ce bon côté de la colonisation. Mais tout comme vous sûrement, nous reconnaissons qu’il y a eu des « justes ». Or vous savez fort bien que les justes n’excusent pas le totalitarisme. Vous avez tort de penser que les dictateurs sont de nos faits. Foccart vous dit peut-être quelque chose ? Et les jeux des grandes puissances - dont la France évidemment, qui font et défont les régimes ? Paranoïa de notre part ? Oui, nous devons résister, et nous résistons déjà, mais la France est-elle franchement de notre côté ? Qui a oublié le Rwanda ? Vous appelez à une « renaissance africaine », venez d’abord parler à vos véritables interlocuteurs, de ceux qui veulent sincèrement et franchement cette renaissance, nous la jeunesse africaine, savons qu’ils ne se nomment pas Omar Bongo, Muammar al-Kadhafi, Denis Sassou Nguesso, Ravalomanana ou bien d’autres chefs d’Etat autoproclamés démocrates.

Nous vous invitons au débat, nous vous invitons à l’échange. Par cette lettre ouverte, nous vous prenons au mot, cessez donc de côtoyer les fossoyeurs de nos espérances et venez parler avec nous. Quant à l’Eurafrique, en avez-vous parlé à Angela ?

Sincèrement et franchement à vous.

Raharimanana et les écrivains Boubacar Boris Diop (Sénégal), Abderrahman Beggar (Maroc, Canada), Patrice Nganang (Cameroun, Etats-Unis) Koulsy Lamko (Tchad), Kangni Alem (université de Lomé), et l’éditrice Jutta Hepke (Vents d’ailleurs).

11/05/2007

Pesticides - Révélation sur un scandale français

Un livre qui dérange...

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Pourquoi ce livre de révélations sur le dossier des pesticides ?

Les pesticides font peur, mais paraissent de toute façon lointains. Or ils sont partout, jusque dans la rosée du matin. Et dans la pluie des villes, bien sûr, de toutes les villes de France.Pour cette raison et quelques autres que vous découvrirez, les conséquences sanitaires de l’exposition aux pesticides sont d’ores et déjà massives. Des centaines d’études de niveau international montrent que ces produits de la chimie de synthèse agissent, même à des doses infimes, sur notre équilibre le plus intime. Le cordon ombilical des fœtus, le système endocrinien, la fabrication du sperme son atteints. Les cancers et maladies neurologiques se multiplient.


Ce n’est pas drôle ? Non. Mais les auteurs de ce livre ont pris un parti : celui de raconter des histoires avec de vraies gens. Vivantes, parfois extravagantes. Les pesticides ne tombent pas du ciel. Ils appartiennent à un système, lequel repose sur un formidable lobby. Tout a commencé vers 1945, avec le DDT et un certain Fernants Willaume, injustement oublié. Des professeurs réputés, le prestigieux Inra, le ministère de l’Agriculture, des grands corps de l’État, certaine presse ont accepté de faire de la propagande, purement et simplement.
L’industrie des pesticides a pris le pouvoir en France, sans que personne ne s’en doute. Ce livre sans précédent donne des noms, livre des dates, fouille les archives. Oui, on a truqué des congrès soi-disant scientifiques, avec l’aide par exemple du lobbyiste Marcel Valtat, l’homme de l’amiante. Oui, les industriels ont infiltré jusqu’à aujourd’hui les commissions officielles chargées du contrôle des pesticides. Oui, l’Agriculture raisonnée, que la France officielle présente comme la solution de l’avenir, est une farce, une incroyable manipulation.

Si vous lisez ce livre, vous saurez. Vous découvrirez qui est Thierry Klinger, président du Cemagref, patron de l’Inspection générale de l’administration, et grand défenseur de produits dangereux, ici comme aux Antilles. Le paraquat et le chlordécone sont des armes de destruction massive, mais chut ! Vous découvrirez le rôle scandaleux de la haute administration française dans la mort de milliards d’abeilles. Vous découvrirez comment l’on dissimule l’existence de milliers de malades.

Vous découvrirez une vérité que personne ne pouvait soupçonner.
« Pesticides, révélations sur un scandale français » Editions Fayard. F. Nicolino et F. Veillerette

http://www.pesticides-lelivre.com/

Pour aller plus loin :

Mouvement pour le droit et le respect des générations futures http://www.mdrgf.org/

 

11/04/2007

Portrait de Nicolas Sarkozy, acte 1 par Michel Onfray


Le cerveau d'un homme de droite.

Portrait de Nicolas Sarkozy, acte 1 par Michel Onfray

 

 

La revue Philosophie  magazine m’a demandé si, sur le principe, j’acceptais de rencontrer l’un des candidats à la présidentielles pour le questionner sur son programme culturel, son rapport aux choses de l’esprit ou sa relation à  la philosophie. Dans  la foulée de mon consentement, la rédaction m’a rappelé en me demandant si j’avais une objection contre Nicolas Sarkozy. Pas plus avec lui qu’avec un autre, j’aurais même consenti à Jean-Marie Le Pen tant l’approche de l’un de ces animaux politiques m’intéressait comme on visite un zoo ou un musée des horreurs dans une faculté de médecine. Ce fut donc Nicolas Sarkozy.

 Il me paraît assez probable que son temps passé – donc perdu…- avec Doc Gynéco ou Johnny Hallyday le dispensait de connaître un peu mon travail, même de loin. Je comptais sur la fiche des renseignements généraux et les notes de collaborateurs. De fait, les porte plumes avaient fait au plus rapide : en l’occurrence la copie de mon blog consacrée à son auguste personne. Pour mémoire, son titre était : Les habits de grand- mère Sarkozy – j’y montrais combien le candidat officiel drapait ses poils de loup dans une capeline républicaine bien inédite …

 Je me trouvais donc dans l’antichambre du bureau de la fameuse grand mère Sarkozy, place Beauvau, en compagnie de deux compères de la rédaction de la revue et d’un photographe qui n’en revenaient pas de se retrouver dans cette géographie de tous les coups fourrés de  la République. Epicentre  de la stratégie et de la tactique politique policière, espace du cynisme en acte, officine du machiavélisme en or d’Etat, et portraits des figures disciplinaires de l’histoire de France représentées en médaillons d’austères sinistres.

 Arrivée du Ministre de l’intérieur avec un quart d’heure d’avance, il est 17h00 ce mardi 20 février. Début houleux. Agressivité de sa part. Il tourne dans la cage, regarde, jauge, juge, apprécie  la situation. Grand  fauve blessé, il a lu mes pages de blog et me toise – bien qu’assis dans un fauteuil près de la  cheminée. Il a les jambes croisées, l’une d’entre elles est animée d’un incessant mouvement de nervosité, le pied n’arrête pas de bouger. Il tient un cigare fin et long, étrange module assez féminin. Chemise ouverte, pas de cravate, bijoux en or, bracelet d’adolescent au poignet, cadeau de son fils probablement. Plus il en rajoute dans la nervosité, plus j’exhibe mon calme.

 Premier coup de patte, toutes griffes dehors, puis deuxième, troisième, il n’arrête plus, se lâche, agresse, tape, cogne, parle tout seul, débit impossible à contenir ou à canaliser. Une, deux, dix, vingt phrases autistes. Le directeur de cabinet et le porte-plume regardent et écoutent, impassibles. On les imagine capables d’assister à un interrogatoire musclé arborant le même masque, celui des gens de pouvoir qui observent comment on meurt en direct et ne bronchent pas. Le spectacle des combats de gladiateurs.

 Je sens l’air glacial que transportent avec eux ceux qui, d’un geste du pouce, tuent ou épargnent. Poursuite du monologue. Logorrhée interminable. Vacheries lancées comme le jet de fiel d’une bile malade ou comme un venin pulsé par le projet du meurtre. Hâbleur, provocateur, sûr de lui en excitant l’adversaire à se battre, il affirme en substance  : « Alors, on vient voir le grand démagogue alors qu’on n’est rien du tout et, en plus, on vient se jeter dans la gueule du loup… » !

 Je fais une phrase. Elle est pulvérisée, détruite, cassée, interdite, morcelée : encore du cynisme sans élégance, toujours des phrases dont on sent qu’il les souhaiterait plus dangereuses, plus mortelles sans parvenir à trouver le coup fatal. La haine ne trouve pas d’autre chemin que dans cette série d’aveux de blessure. J’avance une autre phrase. Même traitement, flots de verbes, flux de mots, jets d’acides. Une troisième. Idem. Je commence à trouver la crise un peu longue. De toute façon démesurée, disproportionnée.

 Si l’on veut être Président de la République, si l’on s’y prépare depuis le berceau, si l’on souhaite présider les destinées d’un pays deux fois millénaires et jouer dans la cour des grands fauves de la planète, si l’on se prépare à disposer du feu nucléaire, si l’on s’expose depuis des années en s’invitant tous les jours dans les informations de toutes les presses, écrites, parlées, photographiées, numérisées, si l’on mène sa vie publique comme une vie privée, et vice versa, si l’on aspire à devenir le chef des armées, si l’on doit un jour garantir l’Etat, la Nation, la République, la Constitution, si, si, si, alors comment peut on réagir comme un animal blessé à mort, comme une bête souffrante, alors qu’on a juste à rep

rocher à son interlocuteur un blog confidentiel peu amène , certes, mais inoffensif ?

 Car je n’ai contre moi, pour justifier ce traitement disproportionné , que d’avoir signalé dans une poignée de feuillets sur un blog , que le candidat aux présidentielles me semblait très récemment et fort fraîchement converti à De Gaulle, au gaullisme, à la Nation, à la République, que ses citations de Jaurès et Blum apparaissaient fort opportunément dans un trajet d’une trentaine d’années au cours desquelles ces grands noms étaient introuvables dans ses interventions , questions qui, au demeurant, rendaient possible un débat, et que c’était d’ailleurs pour ces raisons que nous étions là, Alexandre Lacroix, Nicolas Truong et moi….

 Cette colère ne fut stoppée que par l’incidence d’une sonnerie de téléphone portable qui le fit s’éloigner dans la pièce d’à côté. Tout en se déplaçant, il répondait avec une voix douce, tendre, très affectueuse, avec des mots doux destinés très probablement à l’un de ses enfants. Le fauve déchaîné tout seul devenait un félin de salon ronronnant de manière domestique. En l‘absence du ministre, je m’ouvre à mes deux comparses en présence des deux siens et leur dit que je ne suis pas venu pour ce genre de happening hystérique et que j’envisage de quitter la place séance tenante…

 J’étais venu en adversaire politique, certes, la chose me paraissait entendue, et d’ailleurs plutôt publique, mais ceci n’excluait pas un débat sur le fond que je souhaitais et que j’avais préparé en apportant quatre livres enveloppés dans du papier cadeau ! Quiconque a lu Marcel Mauss sait qu’un don contraint à un contre don et j’attendais quelque chose d’inédit dans ce potlatch de primitifs post-modernes …

 Vaguement liquéfié, et sibyllin, le tandem de l’équipe de Philosophie magazine voyant leur scoop s’évaporer dans les vapeurs du bureau propose, dès le retour du Ministre, que nous passions à autre chose et que j’offre mes cadeaux… Je refuse en disant que les conditions ne sont pas réunies pour ce genre de geste et que, dans tous les sens du terme, il ne s’agit plus de se faire de cadeaux.

 « Passons alors à des questions ? A un débat ? Essayons d’échanger ? » tentent Alexandre Lacroix et Nicolas Truong. Essais, ébauche. En tiers bien à la peine, ils reprennent leurs feuilles et lancent deux ou trois sujets. La vitesse de la violence du ministre est moindre, certes, mais le registre demeure : colère froide en lieu et place de la colère incandescente, mais colère tout de même.

 Sur de Gaulle et le gaullisme récent, sur la Nation et la République en vedettes américaines – disons le comme ça…- de son discours d’investiture , sur la confiscation des grands noms de gauche, sur l’Atlantisme ancien du candidat et son incompatibilité avec la doctrine gaullienne, le débat ne prend pas plus . Il m’interpelle : « quelle est ma légitimité pour poser de pareilles questions ? Quels sont mes brevets de gaullisme à moi qui parle de la sorte ? Quelle arrogance me permet de croire que Guy Môcquet appartient plus à la gauche qu’à la France ? ». Donc à lui…

 Pas d’échanges, mais une machine performante à récuser les questions pour éviter la franche confrontation. Cet homme prend toute opposition de doctrine pour une récusation de sa personne. Je pressens que, de fait, la clé du personnage pourrait bien être dans l’affirmation d’autant plus massive de sa subjectivité qu’elle est fragile, incertaine, à conquérir encore. La force affichée masque mal la faiblesse viscérale et vécue. Aux sommets de la République, autrement dit dans la cage des grands fauves politiques, on ne trouve semble-t-il qu’impuissants sur eux-mêmes et qui, pour cette même raison, aspirent à la puissance sur les autres. Je me sens soudain Sénèque assis dans le salon de Néron…

Habilement, les deux compères tâchent de reprendre le cours des choses, d’accéder un peu aux commandes de ce débat qui n’a pas eu lieu et qui, pour l’instant, leur échappe totalement. De fait, l’ensemble de cette première demi-heure se réduisait à la théâtralisation hystérique d’un être perdu corps et âme dans une danse de mort autour d’une victime émissaire qui assiste à la scène pendant que, de part et d’autre des deux camps, deux fois deux hommes assistent, impuissants, à cette scène primitive du chef de horde possédé par les esprits de  la guerre. Grand moment de transe chamanique dans le bureau d’un Ministre de l’intérieur aspirant aux fonctions suprêmes de la République ! Odeurs de sang et de remugles primitifs, traces de bile et de fiel, le sol ressemble à la ter

re battue jonchées d’immondices après une cérémonie vaudoue…

 Tout bascule quand nous entamons une discussion sur la responsabilité, donc la liberté, donc la culpabilité, donc les fondements de la logique disciplinaire : la sienne . Nicolas Sarkozy parle d’une visite faite à la prison des femmes de Rennes. Nous avons laissé la politique derrière nous. Dès lors, il ne sera plus le même homme. Devenant homme, justement, autrement dit débarrassé des oripeaux de son métier, il fait le geste d’un poing serré porté à son côté droit du ventre et parle du mal comme d’une chose visible, dans le corps, dans la chair, dans les viscères de l’être.

 Je crois comprendre qu’il pense que le mal existe comme une entité séparée, claire, métaphysique, objectivable, à la manière d’une tumeur, sans aucune relation avec le social, la société, la politique, les conditions historiques. Je le questionne pour vérifier mon intuition : de fait, il pense que nous naissons bons ou mauvais et que, quoi qu’il arrive, quoi qu’on fasse, tout est déjà réglé par la nature.

 A ce moment, je perçois là la métaphysique de droite, la pensée de droite, l’ontologie de droite : l’existence d’idées pures sans relations avec le monde. Le Mal, le Bien, les Bons, les Méchants, et l’on peut ainsi continuer : les Courageux, les Fainéants, les Travailleurs, les Assistés, un genre de théâtre sur lequel chacun joue son rôle, écrit bien en amont par un Destin qui organise tout. Un Destin ou Dieu si l’on veut. Ainsi le Gendarme, le Policier, le Juge, le Soldat, le Militaire et, en face, le Criminel, le Délinquant, le Contrevenant, l’Ennemi. Logique de guerre qui interdit toute paix possible un jour.

 Dès lors, ne cherchons pas plus loin, chacun doit faire ce pour quoi il a été destiné : le Ministre de l’Intérieur effectue son travail, le Violeur le sien, et il en va d’une répartition providentielle (au sens théologique du terme) de ces rôles. Où l’on voit comment la pensée de droite s’articule à merveille avec l’outillage métaphysique chrétien : la faute, la pureté, le péché, la grâce, la culpabilité, la moralité, les bons, les méchants, le bien, le mal, la punition, la réparation, la damnation, la rédemption, l’enfer, le paradis, la prison, la légion d’honneur, etc.

 J’avance l’idée inverse : on ne choisit pas, d’ailleurs on a peu le choix, car les déterminismes sont puissants, divers, multiples. On ne naît pas ce que l’on est, on le devient. Il rechigne et refuse. Et les déterminismes biologiques, psychiques, politiques, économiques, historiques, géographiques ? Rien n’y fait. Il affirme : «  J’inclinerais pour ma part à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie-là. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que génétiquement ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense ». « Génétiquement » :  une position intellectuelle tellement répandue outre-Atlantique  !

 La génétique, l’inné, contre le social et l’acquis ! Les vieilles lignes de partage entre l’individu responsable de tout, la société de rien qui caractérise la droite, ou la société coupable de tout, l’individu de rien, qui constitue la scie musicale de la gauche … Laissons de côté la  théorie. Je passe à l’exemple pour mieux tâcher de montrer que le tout génétique est une impasse autant que le tout social. Face à cet aveu de lieu commun intellectuel, je retrouve naturellement les techniques socratiques du lycée pour interpeller, inquiéter et arrêter l’esprit, capter l’attention de mon interlocuteur qui, de fait, semble réellement désireux d’avancer sur ce sujet.

 J’argumente :   Lui dont chacun sait l’hétérosexualité – elle fut amplement montrée sur papier couché, sinon couchée sur papier montré…-, a-t-il eu le choix un jour entre son mode de sexualité et un autre ? Se souvient-il du moment où il a essayé l’homosexualité, la pédophilie, la zoophilie, la nécrophilie afin de décider ce qui lui convenait le mieux  et d’opter, finalement, et en connaissance de cause, pour l’hétérosexualité ? Non bien sûr. Car la forme prise par sa sexualité est affaire non pas de choix ou de génétique, mais de genèse existentielle. Si nous avions le choix, aucun pédophile ne choisirait de l’être…

 L’argument le stoppe. Il me semble qu’à partir de ce moment, le candidat aux présidentielles, le ministre de l’intérieur, l’animal politique haut de gamme laisse le pas à l’homme, fragile, inquiet, ostensiblement hâbleur devant les intellectuels, écartant d’un geste qui peut être méprisant le propos qui en appelle aux choses de l’esprit, à la philosophie, mais finalement trop fragile pour s’accorder le luxe d’une introspection ou se mettre à la tâche socratique sans craindre de trouver dans cette boîte noire l’effroyable cadavre de son enfance.

 Dans la conversation, il confie qu’il n’a jamais rien entendu d’aussi absurde que la phrase de Socrate «  Connais-toi toi-même ». Cet aveu me glace – pour lui. Et pour ce qu’il dit ainsi de lui en affirmant pareille chose. Cet homme tient donc pour vain, nul, impossible la connaissance de soi ? Autrement dit, cet aspirant à la conduite des destinées de la nation française croit qu’un savoir sur soi est une entreprise vaine ? Je tremble à l’idée que, de fait, les fragilités psychiques au plus haut sommet de l’Etat, puissent gouverner celui qui règne !

 Lors de sa parution, j’avais lu Le pouvoir et la vie de Valéry Giscard d’Estaing qui racontait ses crises d’angoisse, ses inhibitions le paralysant dans son véhicule militaire de parade le 14 juillet sur les Champs Elysées, ses prétextes pour quitter le conseil des ministres afin de subir une injection de calmant, son désir de se faire psychanalyser (par Lacan !) pendant son septennat, etc. Je me souvenais de confidences faites par tel ami bien informé sur l’état psychique fort peu reluisant de Jacques Chirac après la dissolution et sur le type de traitement psy qu’il suivait à cette époque. Je me rappelais la fin d’un François Mitterrand , entre voyantes et reliques de sainte Thérèse, invocations des forces de l’ esprit , croyance en l’ au-delà et abandon aux médecines de perlimpinpin.

 Et je voyais là, dans le regard devenu calme du fauve épuisé par sa violence, un vide d’homme perdu qui, hors politique, se défie des questions car il redoute les réponses, et qui, dès qu’il sort de son savoir faire politicien, craint les interrogations existentielles et philosophiques car il appréhende ce qu’elles pourraient lui découvrir de lui qui court tout le temps pour n’avoir pas à s’arrêter sur lui-même.

 Les soixante minutes techniquement consenties s’étaient allongées d’une trentaine d’autres. Les deux rôles en costumes qui le flanquaient jouaient le sablier. Je trouvais l’heure venue pour offrir mes cadeaux. Au ministre de l’intérieur adepte des solutions disciplinaires : Surveiller et punir de Michel Foucault ; au catholique qui confesse que, de temps en temps, la messe en famille l’apaise : L’Antéchrist de Nietzsche ; pour le meurtre du père, le chef de la horde primitive : Totem et tabou de Freud ; pour le libéral qui écrit que l’antilibéralisme c’est  « l’autre nom du communisme » ( il dit n’avoir pas dit ça, je sors mes notes et précise le livre, la page…) : Qu’est-ce que la propriété ? de Proudhon. Comme un enfant un soir de Noël, il déchire avidement. Il ajoute : «  j’aime bien les cadeaux ». Puis : «  Mais je vais donc être obligé de vous en faire alors ? »… Comme prévu.

Dans l’entrebâillement de la porte de son bureau, la tension est tombée. Qui prend l’initiative de dire que la rencontre se termine mieux qu’elle n’a commencé ? Je ne sais plus. Il commente : «  Normal, on est deux bêtes chacun dans notre genre, non ? Il faut que ça se renifle des bêtes comme ça… ». Je suis sidéré du registre : l’animalité, l’olfaction, l’odorat. Le degré zéro de l’humanité donc. Je le plains plus encore. Je conçois que Socrate le plongerait dans des abîmes dont il ne reviendrait pas… Du moins : dont l’homme politique ne reviendrait pas. Ou, disons le autrement : dont l’homme politique reviendrait, certes, mais en ayant laissé derrière lui sa défroque politique pour devenir enfin un homme.

Alors que ses cerbères le prennent presque par la manche, il manifeste le désir de continuer cette conversation, pour le plaisir du débat et de l’échange, afin d’aller plus loin. Tout de go, il me propose de l’accompagner, sans journalistes – il fait un mouvement de bras dans la direction des comparses de Philosophie magazine comme pour signifier leur congé dans un geste qui trahit ce qu’il pense probablement de toute la corporation… Je refuse. Une autre fois ? Les deux amis ont leurs deux paires d’yeux qui clignotent comme des loupiotes…Voyons donc pour plus tard… Dernier mot de Nicolas Sarkozy en forme de lapsus, il est en mouvement vers la sortie : «  Je suis quand même un drôle de type, non ? Je dois convaincre soixante-cinq millions de français, et je vous dis, là, que je voudrais continuer la conversation ! Hein ? Non ? Il n’y a pas autre chose à faire ? Quand même… ».

 

 

            

Source : http://michelonfray.blogs.nouvelobs.com/archive/2007/04/0...

 

 

               

               

               

               

               

               

               

               

               

               

 

 

 

 

 

 

03/04/2007

Ah ces jeunes !!!

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Sanctionnons les resquilleurs !

29/03/2007

Les rapports humains ne seront plus tolérés !

Répression dans les services publics en Creuse (la poste)

Nous venons d'apprendre qu'un facteur du bureau de poste de Royère-de-Vassivière (Creuse) vient d'être "dénoncé" (par l'intermédiaire d'un rapport) par un "organisateur-analyste" auprés de la direction régionale de la poste (Limoges).
Qu'avait pu faire de si grave ce facteur ?
Dans le cadre de la réorganisation de la distribution du courrier à Royère-de-Vassivière, Faux-la-Montagne, Pontarion et Bourganeuf, le bureau de poste de Royère de Vassivière a eu, dernièrement, la visite d'un "organisateur-analyste" dont le but est d' "évaluer en temps la durée des
tournées" et d'établir des statistiques afin d' "optimiser au maximum" les moyens matériels et humains de cette "nouvelle entreprise" (éviter le temps non rentable, éviter les liens trop forts entre le facteur et son "client" qui
pourraient nuire aux relations commerciales encouragées) qui ne veut pas dire son nom ! Ainsi un de ces "contrôleurs" accompagna un facteur lors d'une
tournée pour effectuer un chronométrage, un contrôle de parcours... Tout imprégné d'un sens un peu trop aigu du service public, du lien social, de l'aide aux personnes isolées de nos campagnes... , comme à l'accoutumée, il
n'hésita pas à rendre service à des habitants ne se déplaçant que rarement; ici ce fut pour un peu de tabac et le journal , d'autres fois c'est pour des médicaments ramenés de la pharmacie. Cette entraide et cette solidarité par l'intermédiaire du facteur existent dans nos campagnes depuis voilà bien longtemps. Mais bien mal lui en prit de perpétuer cet acte aussi audacieux qu'archaïque en ces temps de modernité entrepreneuriale !
L' "organisateur-analyseur" n'hésita pas un seul instant à appliquer le règlement postal. D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, il était rappelé aux personnels dans une note interne qu'il était interdit d'acheminer des objets non postaux. Aprés avoir parlé de non-respect du règlement, de faute grave voire carrèment de "travail au noir", le fonctionnaire aux ordres envoya un rapport "dénonciateur" à charges à la direction régionale de la Poste à Limoges. Celle-ci prit alors contact avec la direction départementale de Guéret qui avertit la directrice du bureau de poste de Bourganeuf dont dépend l'agent accusé. Elle convoqua alors l'agent qui dut subir un "interrogatoire" de plusieurs heures avec réponse par écrit ! A partir de là, elle va décider de la suite à donner à cette "affaire", mais il semblerait que le passage devant une commission de discipline avec toutes les conséquences possibles (blâme, mise à pied plus ou moins long voire licenciement !) soit ce qui serait retenu.
Rappelons tout de même qu'il n'y a pas si longtemps, un ouvrage en deux tomes, "Facteur en France" fut distribué à tous les facteurs. Cette publication faisait l'éloge à longueur de pages du "rôle social du facteur" ! Nous savions
que la direction de la poste n'était pas à une profonde contradiction prés, mais là, peut-être, a-t-elle dépassé tout ce qui pouvait être imaginé naïvement.
Il est extrêmement important que le facteur creusois qui a eu le courage de défendre un certain sens du service public que nombre d'entre nous partageons, ne se retrouve pas seul face à cette répression inique, ignoble et inadmissible !
Il doit avoir tout notre soutien et nous devons faire en sorte qu'aucune sanction ne soit prononcée.

Aussi, nous demandons, dans un premier temps, à ce que les habitants de Royère-de-Vassivière, de la Creuse et tous les autres usagers d'un des derniers services publics, manifestent leur profonde indignation et leur colère auprés
des responsables en leur téléphonant (et aussi par courrier électronique) :

LIMOGES : direction départementale (secrétariat) : 05 55 44 47 47 communication : 05 55 44 47 03
direction commerciale (grand public) : 05 55 44 47 61
GUERET : direction départementale (secrétariat) : 05 55 51 38 08 accueil, renseignements : 05 55 51 38 32
BOURGANEUF : accueil, renseignements : 05 55 64 10 92
(demander la directrice)

Il est trés important qu'un grand nombre de personnes fassent cette démarche.
Merci d'avance pour ce premier petit geste de soutien.

Francis LAVEIX (habitant de la commune de Royère de Vassivière)

Les caprices du petit Nicolas

Communiqué de la Société des Journalistes de France 3
Nicolas Sarkozy se verrait-il déjà à l'Elysée ?
Trépigne-t-il déjà en s'imaginant bientôt disposer des pleins pouvoirs ?
Sans doute grisé par les sondages qui le placent en tête du premier tour, le candidat UMP s'est récemment laissé aller à une petite crise d'autorité dans les locaux de France 3. Une sorte de caprice régalien que l'on croyait appartenir à d'autres temps, ceux de la vénérable ORTF.
M. Sarkozy a en effet menacé de « virer » notre direction. Comme ça, sur un coup de tête. Parce qu'elle n'a pas daigné lui dérouler le tapis rouge et accourir immédiatement à sa rencontre lorsqu'il est venu, le 18 mars dernier, participer à l'émission France Europe Express, présentée par Christine Ockrent.
A peine arrivé, Monsieur le Ministre-candidat se laisse d'abord aller à quelques grossièretés, estimant que cette émission « l'emmerde » et qu'il n'a pas envie de la faire !
Ensuite, le voici vexé de devoir attendre dans les couloirs de France 3 pour être maquillé, d'autres invités occupant déjà les lieux (et oui, France 3 ne dispose que d'une salle de maquillage). Coupable de ce « crime de lèse-Sarkozy »,  voici notre direction sur la sellette. « Toute cette direction, il faut la virer », a lâché  le candidat UMP, comme le rapporte le Canard Enchaîné du 21 mars 2007. « Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder ».
Les Français sont désormais prévenus ! L'une des priorités de Nicolas Sarkozy s'il est élu président de la République sera de couper des têtes à France 3. A la trappe ces directeurs qui tardent à exécuter les courbettes.
Le Ministre-candidat avait déjà habitué notre rédaction à ses poses agacées, à ses humeurs dans nos locaux, face à une rédaction qui ne lui semble manifestement pas suffisamment docile. Comme cette récente provocation gratuite à l'adresse d'un journaliste du service politique « ça ne doit pas être facile de me suivre quand on est journaliste de gauche ! ». Désormais, c'est à la direction qu'il veut s'en prendre ?
La Société des Journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne peut qu'être scandalisée par une telle attitude de la part d'un candidat à la plus haute magistrature de France. Nous nous inquiétons que M. Sarkozy puisse afficher sans aucune gêne un tel mépris pour l'indépendance des chaînes de service public.
Non, monsieur Sarkozy, les journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne sont pas et ne seront jamais vos valets. Ils résisteront à toute menace pesant sur leur indépendance. Si nous devons des comptes, ce n'est pas à un ministre-candidat, mais aux millions de téléspectateurs, qui regardent chaque jour nos journaux d'information.

Par respect pour eux, pour leur intelligence, nous n'accepterons jamais aucune forme de mise sous tutelle politique. Ni de votre part, ni de la part d'aucun autre candidat.

A bon entendeur.

La Société des Journalistes de France 3. Le 23 mars 2007
(reçu par mail, info non vérifié, mais bon on reconnait bien là le petit Nicolas, si vous avez le temps de vérifier... je suis preneuse)

30/01/2007

Colère d'un garde-chasse, témoignage


J’ai 39 ans et je suis garde chasse particulier depuis une dizaine d'années et non chasseur contrairement aux 90% des garde chasse français.

C'est sympa car tout en effectuant une mission bénévole de service public, je profite de me promener en milieu naturel tout en observant le gibier.
Depuis cinq à six ans, les actes d'incivisme se multiplient de façon répétée aussi bien par les chasseurs que par des promeneurs.
En effet :
-   par certains chasseurs en battue, en état d'ébriété,
-   par des chasseurs se croyant en terrain conquis, refusant les contrôles des garde chasse particuliers,
-   peu mais certains m'ont menacé de mort, après avoir chassé sur autrui, en temps prohibé ....
-   des organisateurs de battue (louvetiers) qui dénigrent les promeneurs du dimanche etc.
-   des particuliers qui jettent dans la nature ou volent dans les vergers ...
J'ai donc alerté à plusieurs reprises les ministères de l'intérieur et de l'environnement pour dénoncer ces actes d'incivisme.
Ils n'ont rien voulu savoir et n'ont pas pris ma demande en considération.
Il faut savoir qu'en tant que garde chasse particulier, je n'ai pas le droit de verbaliser un chasseur armé en état d'ébriété, tellement ivre ! qu'il s'est trompé de véhicule pour mettre son chien et poser son fusil chargé sur les sièges du mien ?
Pourtant, il n’y a aucune ressemblance entre une R4 berline beige (avec écussons de garde collés sur les portières avant ) et une Ford fiesta blanche.
Les gendarmes ne se sont même pas déplacés, après avoir déposé plainte contre ce chasseur, comme me l’a conseillé le ministère de l’environnement, les gendarmes m'ont conseillé de ne plus intervenir lorsqu'un individu chasse dans cet état ? car cela n'est pas dans mes prérogatives ? et donc je commets un abus de pouvoir ?
Peut-être mais alors vous vous imaginez l'insécurité du public ??? Mon dépôt de plainte a été classé sans suite et ce même chasseur continue à chasser et conduire en état d'ébriété.
D'autres chassent en battue en bordure des routes et ne respectent jamais les consignes de sécurité sous la responsabilité de l'organisateur ?
J'ai interpellé un chasseur en infraction, ancien garde champêtre révoqué pour avoir menacé le maire, il m'a injurié et menacé de mort lorsque j’ai voulu l’interpeller et verbaliser????
Heureusement que son frère était présent et l’a raisonné, sinon ???????
Il vient d'être condamné uniquement pour les injures à vingt deux euros alors que mon avocat m'a coûté presque cinq cent euros ????
Lorsque des particuliers jettent des déchets ou épaves de voiture, je n'ai aucun pouvoir car cela ne fait pas partie de mes attributions ???
Puis le ministère de l'environnement a publié au journal officiel le 1er septembre 2006 un décret N°2006-1100 du 30 août 2006 ; nous obligeant, tous les garde chasse particuliers, à détenir un permis de chasse validé tous les ans ??? Puis ils veulent que les fédérations départementales des chasseurs nous forment, c'est comme si les gendarmes ou les policiers étaient formés par des criminels ?????
Pour bien aller, il faudrait que les gardes soient neutres et surtout non chasseurs aux territoires placés sous sa garde.
Le monde de la chasse est de plus en plus pourri, autant par ses adhérents que par les ministères actuels, les uns pour tuer et les autres pour ramasser l'argent des permis et taxes diverses.
Quand vous voyez un chasseur tirer un faisan au sol, alors qu'il vient d'être lâché et bien souvent par cette même personne, c'est honteux et scandaleux !!!!! Il faudrait que le gibier encore domestique soit lâché par des gens non chasseurs et leur laisser le temps de s’habituer à l’instinct sauvage en milieu naturel. Le gibier de tir ne devrait pas exister !
L’Etat a pris des décisions contraires au bon fonctionnement de la chasse et surtout à la préservation des espaces naturels. On nous interdit :
            Le port de la plaque sur notre tenue où il est mentionné « La LOI », alors que celle-ci existe depuis plusieurs siècles.
            Le képi vert foncé (porté par nos prédécesseurs avant même la création de l’ONCFS)
            Les couleurs tricolores de la nation,
            De verbaliser les actes de pollutions en tout genre ?
            De verbaliser des chasseurs ivres,
            Le port d’une arme de poing de dissuasion (à munition non létale), mais nous autorise à porter un fusil pour chasser et détruire les espèces nuisibles, alors que la première espèce nuisible à la nature est l’homme.
Un garde ne devrait pas avoir le droit de chasser sur le territoire dont il a la garde, afin d’éviter toute polémique, mais aussi pour des raisons d’impartialité avec le milieu de la chasse.
Il y a de moins en moins de vrai gibier sauvage, pourquoi ne pas interdire leur tir pendant quelques temps et limiter davantage les prises ?
Les chasseurs "tuent" la chasse eux-mêmes !
Vu tout cela, je pense que je vais arrêter car je suis écœuré de ce milieu, soit disant, de la chasse ??????? non des lâches, tant pis et dommage pour les vrais chasseurs d'aujourd'hui très peu nombreux à ce jour.
Sur quatre ACCA dont j’ai la garde, une seule respecte les règles de chasse et partage leur territoire avec les promeneurs et cela se passe très bien.
Jean Claude

09/01/2007

le pétrole tue encore et toujours

L’explosion d’un oléoduc fait des centaines de morts au Nigeria

27-12-2006 http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2...

Dans la nuit de lundi à mardi, l’explosion d’un oléoduc, à Lagos, la plus grande ville du Nigeria, a causé des centaines de morts. Selon la NNPC (Compagnie nationale pétrolière du Nigeria), propriétaire de l’oléoduc, l’origine de l’accident serait due à des personnes qui auraient percé l’oléoduc dès le 24 décembre, dans le but de le siphonner et de récupérer un peu de pétrole. Ainsi, 'La nouvelle s’est répandue dans les environs et de plus en plus de gens sont venus récupérer illégalement de l’essence jusqu’à l’explosion de mardi', selon le quotidien nigérian This Day.
Si la NNPC parle de 200 à 250 morts, le quotidien évoque des sources non officielles faisant état d’au moins 1 000 victimes et de centaines de blessés.

Durant les périodes de pénurie de pétrole, au Nigeria, de tels pillages et accidents ne sont pas rares. Le plus meurtrier a fait un millier de morts, en 1998, à Warri, dans le sud du pays.
La NNPC aurait enregistré 2 258 actes de vandalisme sur ses oléoducs ces 5 dernières années. L’année dernière plus de 650 000 tonnes de pétrole auraient ainsi été détournées, soit plus de 20 % de la production nationale.

De tels faits, dans un pays qui est l’un des principaux fournisseurs mondiaux de pétrole brut, et le premier africain, avec 2,6 millions de barils par jour, sont scandaleux, mais hélas pas étonnants pour quiconque connaît la grande misère qui règne sur place. En effet, si le pays tire plus de 95 % de ses revenus, en devises étrangères, du pétrole, la population n’en tire quasiment aucun bénéfice avec une corruption généralisée du secteur.
Les Nigérians ne voyant pas la couleur des milliards déversés par l’or noir, comment s’étonner du pillage et des attentats contre les installations pétrolières. Par ailleurs, l’état des installations laisse à désirer, les fuites et autres accidents de production sont fréquents, faisant que chaque année, des milliers de tonnes de pétrole se déversent dans l’environnement, atteignant des milieux aussi riches que les mangroves, polluant les ruisseaux et rivières, pour au final mettre en danger la vie des habitants en polluant des lieux traditionnellement utilisés pour la pêche, l'agriculture...

Alex Belvoit

08/01/2007

le paradis ultralibéral

Aux Emirats Arabes Unis, les travailleurs immigrés représentent 90% des 1,7 millions de travailleurs du secteur privé. En 2004, 880 d’entre eux ont trouvé la mort sur l’un des innombrables chantiers du pays.
Pour remédier à cette situation désastreuse, les Émirats ont nommé 80 inspecteurs pour surveiller les… 200 000 sociétés qui font venir et emploient les travailleurs immigrés. 
Il faut dire que les conditions de travail des ouvriers ne font pas partie des principales préoccupations des Émirats, plus intéressés par la prompte construction des palaces, complexes “modernes”, et autres centres commerciaux (dont le plus grand du monde affichant 400 000m2 de surface), destinés à répondre aux attentes des milliardaires locaux et à leur soif d’investir. 
Pour cela, il faut de la main-d’œuvre. Les ouvriers viennent essentiellement d’Asie : ils n’ont aucune couverture, aucun droit et gagnent en moyenne 123 euros par mois. Certains, préfèrent se suicider. 
C’est le paradis ultralibéral…
(Source : Là bas si j'y suis qui a consacré plusieurs émissions à ce sujet)

12/11/2006

Biélorussie. La violence domestique...

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

EUR 49/016/2006
« Il tenait l’enfant dans ses bras et me frappait. Vous savez, c’est vraiment terrifiant de voir les vêtements de son enfant couverts de sang, et lui qui riait et me disait : " Maintenant tu vas te mettre à genoux et me supplier de ne pas te tuer. » Yelena, victime de violences conjugales.
En Biélorussie, des milliers de femmes sont victimes de violence domestique. Elles ne bénéficient pas d’une protection juridique ni de services d’aide suffisants. C’est ce que révèle le nouveau rapport d’Amnesty International.
Selon les chiffres officiels obtenus en 2006 par l’organisation, en Biélorussie, près de 3 000 femmes ont été victimes de violences au sein de leur foyer en 2005. Ce chiffre est probablement bien en deçà de la réalité. La Biélorussie ne comptant aucun centre spécialisé dans l’accueil des victimes de violences conjugales, ces femmes n’ont nulle part où aller. Les trois centres d’aide d’urgence mis en place par l’État ne disposent pas des fonds requis et n’offrent pas aux victimes le soutien dont elles ont besoin. En outre, nombre d’organisations non gouvernementales (ONG), compétentes et désireuses de leur venir en aide, se heurtent aux restrictions que le gouvernement leur impose en termes d’action et de financement.
Le rapport que publie Amnesty International, Belarus : Domestic violence — more than a private scandal, met en lumière le formidable travail de membres d’ONG et du secteur public. Par ailleurs, le gouvernement biélorusse a reconnu le problème de la violence domestique et pris des mesures concrètes et législatives visant à y remédier. Mais elles demeurent insuffisantes.
« Malgré les mesures prises par les autorités, la Biélorussie ne remplit toujours pas ses obligations internationales en matière de protection des droits des femmes », a déclaré Heather McGill, responsable de la recherche sur la Biélorussie au sein d‘Amnesty International.
Dans le Code pénal, la violence domestique n’est pas encore définie ni érigée en infraction. Pourtant, un projet de loi sur la prévention et l‘élimination de ce fléau a été rédigé en 2002. Tout en se félicitant de ce texte, Amnesty International s’inquiète de certains articles, notamment de la clause relative au « comportement de la victime ». Susceptible de servir à accuser les femmes d’avoir provoqué les violences, elle pourrait compromettre l’obligation d’assurer leur protection qui incombe à l’État. L’organisation estime qu’il faut supprimer cette clause et définir la violence au foyer, tant dans le Code pénal qu’administratif, dans le droit fil de la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Les auteurs de violences conjugales continuent d’agir en toute impunité, car la majorité des victimes ne portent pas plainte auprès des services de police. Elles ont peur des représailles de leurs conjoints violents, peur d’être poursuivies pour d’autres infractions, peur d’humilier la famille, elles se croient responsables de cette violence, ont une piètre opinion d’elles-mêmes ou redoutent l’insécurité financière.
« L’absence de volonté politique dans la lutte contre la violence domestique, ainsi que la discrimination engendrée par les stéréotypes sexistes, privent les femmes de leurs droits fondamentaux. »
Dans son rapport, Amnesty International invite le gouvernement à sensibiliser davantage la population au problème de la violence familiale et à encourager les femmes à la dénoncer.
Le mari de Vera, Oleg, l’a régulièrement battue et étranglée par plaisir sexuel, pendant vingt-trois ans, jusqu’à ce qu’elle meure en 2005. Les voisins ont appelé la police à maintes reprises, mais Vera n’a pas porté plainte, par peur de son mari, ancien policier. Elle a été conduite quatre fois à l’hôpital après avoir été sauvagement battue ; son époux a soudoyé les policiers et le personnel soignant afin que ses crimes ne soient pas signalés. Vera a été retrouvée pendue. Le 26 mai 2006, Oleg a été inculpé d’avoir poussé sa femme au suicide. La famille de Vera est convaincue qu’elle a été assassinée et conteste l’accusation.
« Les femmes feront confiance à la justice si elles ont des raisons de croire qu’en engageant des poursuites elles pourront se soustraire elles et leurs enfants à toute violence. Lorsqu’une structure interministérielle coordonnée d’aide et de protection sera enfin mise en place, les femmes auront recours à la justice pénale, a déclaré Heather McGill.
À leur sortie de prison, les hommes recommencent bien souvent à frapper leurs conjointes. Dans le cadre d’un dispositif d’aide et de protection des femmes, il faut pouvoir les héberger dans des centres d’accueil et les reloger durablement, elles et leurs enfants, dans des logements abordables. »
Selon Amnesty International, il convient de protéger plus efficacement les victimes de violence domestique et de lutter contre l’impunité pour ces violences en Biélorussie. L’organisation exhorte le gouvernement biélorusse à s’acquitter de ses obligations au titre du droit international, notamment à : – protéger les femmes des violences qu’elles subissent au sein de leur foyer : toutes les victimes doivent bénéficier d’une pleine et entière réparation ; elles doivent être accueillies temporairement dans des centres et relogées durablement ; – mettre un terme à l’impunité : supprimer du projet de loi la clause relative au « comportement de la victime » et définir la violence domestique dans le Code pénal et le Code administratif en s’alignant sur la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes ; – sensibiliser davantage la population : le gouvernement doit mener des campagnes de sensibilisation afin que les victimes de violence au foyer ne soient plus mises à l’index et afin de les encourager à porter plainte auprès des services de police.
Voir : Belarus : Domestic violence — more than a private scandal (index AI : EUR 49/014/2006 ;

 

01/11/2006

Anastasie & Cie, par Séverine Capeille

mercredi 1er novembre 2006
Un communiqué de l'USM-CGT. C'est dire à quel point les tournants Historiques émergent parfois de l'anecdotique. Qui aurait pu penser que la « Flibusterie des temps modernes » mettrait à ce point le feu aux claviers ? En relayant l'information syndicale du 16 septembre 2005 sur le site Bellaciao, Roberto Ferrario ne faisait qu'accroître l'accessibilité d'un document au plus grand nombre. C'est-à-dire Rien. Il n'empêche qu'il est aujourd'hui mis en examen.
La première absurdité (déjà soulignée par Alina Reyes et Franca Maï) de cette procédure consiste à tenir Roberto Ferrario pour unique responsable d'un collectif. L'étonnement atteint son paroxysme lorsqu'on découvre l'objet de la plainte : les « Chantiers Navals de St Nazaire » ne contestent pas les faits, mais le langage utilisé dans le communiqué. A défaut de savoir-vivre voici une leçon de savoir-écrire qui ferait presque rire si elle ne faisait pas pleurer.
Pleurer avec Duras. Elle qui répétait encore dans Ecrire que « Rien n'y fera jamais. Ce qui dominera toujours, et ça nous fait pleurer, c'est l'enfer et l'injustice du monde du travail. L'enfer des usines, les exactions du mépris, de l'injustice du patronat, de son horreur, de l'horreur du régime capitaliste, de tout le malheur qui en découle, du droit des riches à disposer du prolétariat et d'en faire la raison même de son échec et jamais de sa réussite. » [1]
Pleurer de rage, parce qu'aujourd'hui il faudrait taire la vérité.
Dans ce monde contemporain craintif, déserté par la quête du sens, tourné vers le bonheur privé plutôt que vers l'action collective, d'irréductibles internautes osent pourtant sortir du bien-disant ou du bien-bêlant du troupeau. Tandis que le politiquement correct va de soi, ils imposent le marteau de la critique, restent insoumis, indisciplinés, révoltés. Des impudents qui remettent en question le fonctionnement du système en place, dénoncent les injustices, le conformisme, la médiocrité, l'hypocrisie. Des insolents qui combattent l'immobilisme et la résignation, les faux principes et les idées reçues, les formes d'arrangement et de renonciation. Des gens indignés, qui s'écartent des chemins balisés de la pensée et qui participent, avec leurs claviers, à l'élaboration de nouvelles idées. Ainsi, on comprend aisément que le collectif Bellaciao soit en danger car :
« Aucun bénéficiaire d'un système n'aime l'insolent qui analyse et démontre les logiques dont procèdent ses avantages ; aucun nanti n'apprécie l'empêcheur de jouir entre complices et comparses, qui prouve le fonctionnement violemment inégalitaire du système en place ; aucun individu comblé par le marché n'applaudit l'impudent qui dénonce la manière injuste dont s'effectuent les partages : on transforme vite en victime émissaire le penseur qui dit la vérité, dévoile, arrache les décors et montre dans une pleine nudité critique la douceur du monde pour un petit nombre et sa dureté pour la plupart. » [2]
Victime émissaire Bellaciao. Et bientôt, quelques trois millions de bloggeurs français. Le « journalisme citoyen » a pris un tel essor qu'il fait peur en hauts lieux. Il est devenu un bouillonnement trop dangereux. Le projet RDDV ne vise qu'une chose : le contrôler.
C'est toute la liberté d'expression sur Internet qui est menacée.
Ca ne rate jamais. A chaque fois que la transmission collective de l'information s'accélère, que les idées circulent plus vite, que la parole s'échange plus facilement, que la production écrite est plus importante, la répression du discours critique apparaît. Ca commence à Rome avec Ovide, exilé sous prétexte qu'il aurait fait preuve d'immoralité dans « L'art d'aimer » ; avec Socrate, soupçonné de corrompre la jeunesse, condamné à boire la ciguë. Puis le XIIIème siècle voit l'essor des universités (et l'élargissement du cercle de ceux qui peuvent être touchés par des idées nouvelles), et l'Occident chrétien impose illico une surveillance systématique de ce qui se dit et s'écrit. Du plus loin de notre histoire, et méthodiquement, la mise en place d'une censure rigoureuse côtoie les débats intellectuels les plus fins.
Pas étonnant de voir cette vieille Anastasie (Allégorie de la censure) ressurgir sur le web. Relookée pour l'occasion par l'émission « Ca se dispute » (enregistrée à l'Assemblée) elle a troqué ses ciseaux contre une carte de presse. Sa mission : décrédibiliser le contenu qu'elle ne contrôle pas. Le webzine qui aimerait encore « parler quand tout le monde se tait » (Bernanos) devrait désormais compter avec elle. Anastasie d'aujourd'hui. Ancienne soixante-huitarde peut-être, qui voudrait remodeler le monde comme on lift un visage, en éliminer tout élément gênant pour le rendre uniforme. Silencieuse Anastasie, qui permet de perpétuer les mensonges institués bien plus efficacement que par les vacarmes de la propagande. Le combat millénaire de la Liberté et de l'Arbitraire se joue online. Les réseaux s'organisent. L'enjeu est colossal.
C'est de notre liberté de penser dont il est question.
Le net est l'ultime espace pour la diversité des opinions. L'expression populaire s'affiche à longueur de forums, les sites alternatifs enregistrent des records de fréquentation. Les connexions sur Bellaciao se comptent en millions. Tandis que la machine devait l'asservir, le citoyen s'est approprié l'outil pour terrasser Anastasie. Chaque nom sur les pétitions est la marque d'une main sur sa joue. Chaque nuit passée à relayer des informations est un coup porté à son cheval de bataille nommé Ignorance. Sans aucun moyen, avec du bric et du broc, et beaucoup de bonne volonté, des particuliers font reculer la vieille acariâtre. Ils « font face », selon l'expression qui représente le « mot d'ordre de ceux qui tiennent debout » (Gaétan Picon). Face à l'exploitation et à l'aliénation, à la domination et aux discriminations.
Face au tout sécuritaire.
Car quand Anastasie faiblit, il y a le Karcher. Et quand le Karcher fait trop de bruit, il y a le Taser.
C'est pour notre bien. Il est nettement plus rapide de mourir d'une décharge électrique que d'un cancer. Ainsi en ont décidé les autorités sanitaires. Et si le Taser ne suffit pas, il y a les camps militaires. Et des messages en boucle, pour vanter les mérites d'un monde bipolaire, merveilleux pour ceux qui sont du bon côté de la barrière. On donne des cachets aux derniers réfractaires. On prescrit des calmants aux enfants de six ans et du Prozac aux mères. Mais le silence ne se décrète pas sans risques. Partout des voix s'élèvent et rappellent aux « Chantiers Navals de St Nazaire » qu'« on ne bâillonne pas la lumière » (Hugo)
Soutenez Bellaciao en signant ICI
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[1] Marguerite Duras, Ecrire, Gallimard, 1993, p.50
[2] Michel Onfray, Célébration du génie colérique, Editions Galilée, 2002, p.18

31/10/2006

Etude d’une pollution génétique en Lot et Garonne

Lot et Garonne (47)Grézet-Cavagnan
Quand la contamination OGM est confirmée
ANALYSE ET EVALUATION DES CONSEQUENCES SUR L’ENVIRONNEMENT AGRICOLE  DE LA MISE EN CULTURE DE MAIS OGM
Par Christian Crouzet
 En 2005, un agriculteur de Grézet-Cavagnan (47) a cultivé 7 ha de maïs transgénique dans le plus grand secret jusqu’à la récolte.
Pour la campagne 2006 il avait annoncé son intention d’implanter 100 ha de maïs OGM .
Alerté par un agriculteur voisin (M. André Lecomte), le Comité Vigilance OGM 47 informe l’ensemble des habitants de la commune concernée  par courrier, en janvier 2006.
Le 16 Mars 2006, a été organisée à la Salle des fêtes de Grézet-Cavagnan une réunion publique animée par Guy Kastler, de la Commission OGM de la Confédération Paysanne.
Un débat a opposé promoteurs des OGM (AGPM, BIOGEMMA) aux partisans d’un environnement agricole protégé (paysans, apiculteurs, et consommateurs).
Au cours de cet échange, les paysans ont proposé aux pro-OGM d’implanter des parcelles de maïs traditionnel et d’installer des ruches à proximité des OGM pour évaluer l’impact de ceux-ci sur les cultures voisines. Les pro-OGM ont refusé la proposition, les paysans et apiculteurs ont néanmoins décidé de mener l’expérience.
Trois parcelles ont été mises à disposition par des agriculteurs de Grézet-Cavagnan pour semer des maïs population.
Sous l’égide du Collectif «  Aquitaine Avenir sans OGM » un dossier technique a été élaboré par la structure agricole Civam Agrobio 47, à laquelle sont associés solidairement : Confédération Paysanne, Comité Vigilance OGM 47, profession apicole, et Réseau Semences Paysannes.
En accord avec les autres partenaires , le Civam Agrobio 47 a mandaté Philippe Catinaud, artisan semencier et ingénieur agronome, pour le suivi de l’opération.
A l’image de la diversité des maïs mis en culture dans le département du Lot-et-Garonne, c’est un mélange de maïs (population) qui a été semé le 04 Mai 2006 .
Au moment de la floraison  (du 6 au 16 Juillet 06) les maïs paysans au même stade que le maïs OGM ont été identifiés. Par la suite, des prélèvements ont été effectués pour analyses. Toutes les opérations décisives : semis, marquage, prélèvements, ont été effectuées sous les contrôle d’un huissier (Maître Granier, de Marmande 47200).
La même procédure a prévalu pour l’implantation des ruches. Cette opération a été mise en place et suivie par M. Maurice Coudoin, apiculteur, qui a déposé  9 ruches réparties sur 3 sites distants de 400, 1200 et 1500  mètres du champ OGM (du 8 au 17 juillet).  Le dépôt et le retrait des scellés ont été effectués devant huissier. L’ensemble des échantillons prélevés : pollen sur ruches et maïs sur parcelles, ont été mis sous sachets scellés et envoyés au laboratoire d’analyses.
  Voici donc les premiers résultats :
 Rappelons d’abord que ces expériences se sont déroulées en conditions réelles  de culture agricole. Elles ont abouti à des résultats très disparates mais suffisamment concluants.

Tous les échantillons de maïs analysés démontrent  que l’ensemble des 3 parcelles étudiées est contaminé avec présence certifiée d’OGM.
Pour deux d’entre elles, l’une contiguë à la parcelle 0GM (soit à 25 mètres de la source OGM) le taux de contamination est de 0,3%  d’ADN,   l’autre située à 80 mètres (soit 105 mètres de la source OGM) à 0,1% d’ADN.
Tous les échantillons de pollen de maïs analysés font aussi apparaître des  contaminations .
On a relevé des taux de contamination autour de 40%  pour le rucher à 400 mètres, et  entre 40 et 50% concernant le rucher situé à 1200 mètres

Dans le cadre de cette expérience menée par les paysans, il apparaît clairement que l’environnement agricole, à proximité de la parcelle OGM, est directement atteint  par la présence d’OGM, et ceci dès la première année d’étude de la  coexistence.
On assiste donc au démarrage d’une contamination qui est bien présente sur toutes les parcelles de maïs étudiées dans un rayon de 300 mètres.
La forte présence d’OGM dans le pollen de maïs  (jusqu’à 50% dans la ruche à 1200 mètres) suscite de nombreuses  interrogations quant au niveau de contamination des parcelles situées au-delà des 300 mètres et qui n’ont pas fait l’objet d’étude .
 
Les résultats contredisent sans équivoque les arguments de l’AGPM et des producteurs de maïs OGM qui soutenaient que le risque de croisement était maîtrisé, voire quasiment nul. Ces résultats mettent en évidence que les inquiétudes pour l’avenir des  filières de qualité restent fondées, et notamment pour la production de maïs doux cultivé dans les environs.
En l’état actuel, ce sont des semences de maïs population de 3 parcelles qui sont désormais impropres à la multiplication. Ces ressources génétiques sont donc indisponibles pour l’agriculture. Les variétés de maïs hybrides seules disponibles sur le marché sont souvent impropres aux  cultures traditionnelles et  biologiques  car elles sont trop exigeantes en engrais et irrigation. Les maïs populations sont la seule alternative possible en dehors des terres très riches et très arrosées, mais doivent être multipliés là où ils sont cultivés pour pouvoir s’adapter au terroir et climat local. Un maïs contaminé à très faible taux peut voir cette contamination augmenter très vite au fur et à mesure des multiplications jusqu’à atteindre un seuil à deux chiffres comme cela s’est vu en Espagne. Ces variétés paysannes  sont donc amenées à disparaître définitivement en cas d’extension des cultures OGM, entraînant avec elles la condamnation de la biodiversité disponible pour l’agriculteur.
En matière d’apiculture, les OGM disséminés dans l’environnement agricole constituent un nouveau risque majeur à la fois économique pour une filière aujourd’hui exsangue, et pour la biodiversité, d’ores et déjà très menacée. 
 Au-delà de cette atteinte inadmissible à l’intégrité de la biodiversité, on peut mesurer le préjudice agricole potentiel que fait peser ce type de production d’OGM.
Qu’en serait-il du débouché économique d’une culture labellisée bio ou fermière, d’un maïs doux, ou d’un maïs semence présent dans le périmètre des 300 mètres étudiés ?
La présence de  pollens pollués à 1200 mètres incite  à la plus grande prudence, et nous amène à réclamer l’application du principe de précaution tel que défini dans la constitution française et dans les recommandations de la Communauté Européenne (voir annexe).
 
Pour conclure :
 Jusqu’à ce jour, nous étions dans un environnement agricole exempt de pollution génétique. Avec cette expérience, nous mettons en évidence le démarrage d’un processus de contamination de notre espace agricole. Rappelons que l’Espagne a démarré des cultures commerciales OGM  dès 1998. Aujourd’hui, les conséquences sont catastrophiques pour des filières de qualité qui voient leurs productions déclassées.
Les niveaux de contamination du maïs peuvent atteindre 34%, (taux relevé sur un maïs local en bio dans la région de Huesca , voir annexe).
Le juge du Tribunal Administratif de Pau en a tiré les conclusions nécessaires ( le 7 juillet 06) en ordonnant la destruction des essais de maïs OGM au motif qu’ils sont « de nature à porter gravement atteinte aux intérêts des agriculteurs dont les exploitations et les ruches sont situées à proximité » .
Nous engageons fermement les parlementaires qui doivent prochainement se prononcer sur le sujet à tirer les conclusions les plus sages en décidant un moratoire sur toute culture OGM en milieu ouvert.
Tout comme nos homologues espagnols touchés par la contamination,  nous (Civam AgroBio 47,  Confédération Paysanne, Comité Vigilance OGM,  Syndicat des Apiculteurs, et  Réseau Semences Paysannes membres du collectif  Aquitaine Avenir sans OGM) confirmons  que la coexistence des cultures OGM avec les autres cultures est impossible.
Des cultures commerciales de maïs OGM Bt ont été implantées sans aucune transparence, dans le vide juridique le plus complet , sans information des autres agriculteurs et au mépris des craintes exprimées par de nombreux acteurs des filières agricoles et agro-alimentaires , alors qu’aucune demande du marché n’existe réellement.
L’Etat est responsable devant les citoyens du manque de protection des systèmes agricoles antérieurs et des préjudices matériels et moraux  qui en découleront et pour lesquels des recours indemnitaires ont été engagés  par plusieurs organisations de filières ou syndicales.
Nous disons NON :
- aux essais en milieu ouvert,
- à la coexistence non-OGM et OGM.
- A l’asphyxie des agricultures paysannes.
- A la standardisation des semences et aux droits de propriété intellectuelle sur le vivant.
- Au contrôle de la science par les intérêts économiques.

Nous disons OUI :
- à la biodiversité naturelle et cultivée.
- Au maintien d’une agriculture paysanne aux semences riches des savoir-faire paysans.
- A l’adoption d’un moratoire sur toute culture d’OGM en milieu ouvert permettant un véritable débat.
- A la recherche publique sur des objectifs partagés avec les paysans.
Remerciements :
Le collectif Aquitaine Avenir sans OGM remercie l’ensemble des personnes engagées dans cette expérience et plus particulièrement les paysans de Grézet-Cavagnan  qui ont choisi de garder l’anonymat et sans qui cette expérience n’aurait  pu être menée.
 
Collectif Aquitaine Avenir Sans OGM :
Accueil paysan 24 ; Aquitaine Alternatives ; Association du Causse de l’Isle : Comités Attac ; Bergerac Développement Durable ; Fédération Bio d’Aquitaine ; Bioservice ; Comité de vigilance OGM 47 ; Confédération Paysanne d’Aquitaine ; Collectif Aquitain des Faucheurs Volontaires ; Greenpeace ; Horizon Vert ; I.D.E.A.L ; L.C.R. ; PCF ; Les amis de la Terre des Landes et Dordogne ; fédération Sepanso ;  Parc Naturel Régional Périgord Limousin ; Périgord sans OGM ; PS ; PSE Parti des Socialistes Européens ; Les verts

Le CIVAM Bio 47, présidé par Claude Favre, a mis à disposition son animatrice Anne Grenier pour la constitution des dossiers concernant l’étude, le traitement des résultats et la fourniture de semences à travers le réseau Bio d’Aquitaine.
ANNEXES (envoyez-moi un mail, si vous les voulez)
1. Protocole expérimental Maïs
2. Protocole expérimental Ruchers
3. Commentaires sur les maïs OGM autorisés par la Communauté Européenne
4. Contaminations OGM en Espagne : un précédent en Europe
5. Les réserves de la Commission européenne concernant les organismes génétiquement modifiés (OGM)
6. Résultats des analyses
7. Localisation des essais : cartes
 

18/10/2006

L'ORDRE MONDIAL DU COMMERCE

Voici la traduction d’un article de FW Engdahl, chercheur indépendant sur la mondialisation, exposant en détail la façon dont les géants de l’agrobusiness et des OGM ont créé un organe sur mesure pour répondre à leurs besoins : l’OMC. On y trouve aussi quelques explications sur le lobby OGM à Bruxelles.
Texte original en anglais : http://engdahl.oilgeopolitics.net/p...
L’ORDRE MONDIAL du COMMERCE
OMC, OGM et Domination à Spectre Total
Les règles de l’OMC placent le commerce libre de l’agro-business au-dessus des problèmes de santé nationale
Par F. William Engdahl
En Février, une organisation privée dotée de pouvoirs uniques sur l’industrie, l’agriculture et le commerce, a produit un Document Préléminaire de Règlement au sujet d’une poursuite datant de trois ans. La plainte avait été déposée par l’Administration Bush en Mai 2003 contre la réglementation de l’Union Européenne prévenant la dissémination de plantes et aliments génétiquement modifiés. Le verdict de l’OMC, qui sera rendu et final en Décembre, aura plus d’influence sur la vie et la mort sur cette planète que d’aucuns peuvent imaginer.
Le document a été produit par un tribunal spécial de l’OMC composé de trois hommes, à Genève en Suisse. La décision de l’OMC va ouvrir les portes au déferlement et l’introduction en force des plantes, aliments et produits génétiquement modifiés, les OGM tels qu’on les nomme, dans la région de production agricole la plus importante au monde, l’Union Européenne.
Le jugement de l’OMC est issu d’une plainte formelle déposée par les gouvernements des Etats-Unis, du Canada et de l’Argentine - trois des zones les plus polluées du monde par les OGM.
Le panel des trois juges de l’OMC, dirigé par Christian Haberli, un bureaucrate de niveau intermédiaire du Bureau de l’Agriculture Suisse, a décidé que l’UE avait appliqué un moratoire ‘de facto’ sur les autorisations de produits GM entre Juin 1999 et Août 2003, contredisant ainsi les affirmations de Bruxelles selon lesquelles il n’existerait pas un tel moratoire. Les juges de l’OMC ont soutenu que l’UE était ‘coupable’ de n’avoir pas suivi les décisions de l’UE et d’avoir ainsi pris ‘un retard indu’ dans sa soumission aux obligations de l’OMC.
Le tribunal secret de l’OMC a également établi, selon le document connu maintenant par une ‘fuite’, qu’en termes de mesures de produit-spécifique, la mise en œuvre de l’autorisation formelle des gouvernements européens de cultiver des plantes GM spécifiques avait également été retardée dans le cas de 24 des 27 produits GM spécifiques que la Commission Européenne devait traiter.
Le tribunal de l’OMC a recommandé que l’Organe de Règlement des Différents de l’OMC (DSB- Dispute Settlement Body), le policier du commerce mondial, exige de l’UE de rendre ses pratiques « en conformité avec ses obligations liées à l’accord SPS de l’OMC. En cas d’échec de cette mise en conformité, l’UE s’expose à des amendes annuelles qui se chiffrent en centaines de millions de dollars.
Le commerce pour tous
SPS signifie : Sanitary and Phytosanitary Measures - Mesures Sanitaires et Phytosanitaires. En apparence, cette appellation suggère que la santé fait partie intégrante des préoccupations de l’OMC. En réalité, c’est tout le contraire. Ne sont autorisées à être appliquées que les normes minimales de santé dans les règles de libre échange de l’OMC, et toute tentative d’une nation d’appliquer des règles plus strictes, telle que l’interdiction sur l’importation de bœuf aux hormones décidée par l’UE, peut être déclarée ‘coupable de restreindre les échanges de façon déloyale’.
Aujourd’hui, l’UE doit payer une amende annuelle de 150 millions de dollars pour maintenir son interdiction sur la viande de bœufs nourris aux hormones. Les règles de l’OMC en effet placent les intérêts du libre-échange de l’agrobusiness au-dessus des préoccupations de santé nationale. Cela signifie, de fait, que la Commission Européenne doit terminer son processus d’autorisation des 24 demandes de cultures de plantes GM en Europe une fois que la décision finale sera rendue.
Cela entraînera une invasion de nouveaux produits GM dans l’agriculture de l’UE. Monsanto, Syngenta et les autres multinationales des OGM ont déjà profité des lois nationales laxistes dans des états nouveaux membres de l’UE, comme la Pologne, pour introduire ‘un pied OGM dans l’embrasure de la porte’. Maintenant, cela va devenir beaucoup plus facile pour elles. Les gouvernements pro-OGM, comme celui d’Angela Merkel en Allemagne, peuvent désormais proclamer qu’ils ne font qu’obéir aux règles de l’OMC.
Quel est le sens de ce règlement de l’OMC, en retenant l’hypothèse qu’il demeure inchangé dans sa forme finale d’ici Décembre (2006) ?
C’est un tournant dangereux vers une agriculture largement génétiquement modifiée qui se profile, permettant aux puissantes multinationales de l’agrobusiness telles que Monsanto, Dow Chemicals ou Dupont de passer outre les efforts régionaux ou nationaux de freiner la marche des OGM. Pour cette raison, c’est potentiellement la décision la plus dommageable dans l’histoire des accords du commerce mondial.
Une affaire stratégique pour Washington
La plainte est d’abord arrivée à l’OMC par l’Administration Bush en Mai 2003, juste quand l’occupation militaire de l’Irak entrait dans une nouvelle phase. Le Président des Etats-Unis a tenu une étrange conférence de presse pour informer le monde que les Etats-Unis déposaient plainte officiellement contre l’UE, accusant le ‘moratoire’ sur les autorisations d’OGM de l’UE d’être la cause de la famine en Afrique. Selon cette logique tortueuse, tant qu’une région industrielle de l’importance de l’UE résisterait aux cultures d’OGM, cela inciterait les gouvernements africains sceptiques à durcir leur résistance à l’aide alimentaire américaine, consistant en surplus de cultures GM.
Briser les barrières de résistance de l’UE à la prolifération des cultures d’OGM a été une des priorités stratégiques des politiques de contrôle de Washington depuis 1992. Georges H.W. Bush, le père de l’actuel Président, avait en effet émis un Ordre Exécutif proclamant que les plantes GM, telles que le soja ou le maïs GM étaient « équivalentes en substance » au soja ou maïs conventionnel et, par conséquent, ne nécessitaient aucune étude ou test spécial de sécurité sanitaire.
Cette déclaration « d’équivalence en substance » de Bush père en 1992 a ouvert les vannes de la dissémination non réglementée des OGM dans le paysage agricole américain. Au nom des intérêts de Monsanto, Dow, Du Pont et autres, Washington a utilisé le fait que l’UE avait violé la doctrine américaine de l’équivalence en substance ( !) comme base de sa plainte à l’OMC contre l’UE en 2003.
Tant que la deuxième des plus puissantes régions d’échange agricole du monde, l’UE, résisterait fermement à l’introduction de plantes GM non testées, la dissémination mondiale des OGM resterait stratégiquement grippée. Briser le système de protection de l’agriculture domestique de l’UE centré autour de la PAC a donc été un objectif commercial et politique stratégique du gouvernement américain, et des firmes de l’agro-alimentaire basées aux Etats-Unis, durant ces dernières décennies. La création de l’OMC en 1995, un résultat des négociations de l’Uruguay Round du GATT dans les années 80, a ouvert la possibilité pour la première fois de contraindre l’UE à abandonner ses défenses sous la menace des sanctions Etats-uniennes.
Le processus secret derrière l’OMC
Quand la décision finale du Panel de l’OMC sera publiée et officielle en Décembre prochain, en assumant qu’aucun changement majeur ne survienne dans les 1050 pages de la décision préliminaire du 7 Février, une barrière essentielle contre la dissémination mondiale d’aliments génétiquement modifiés largement non-testés et instables aura été levée. On ne pourra pas stopper cela, comme on le voit aux Etats-Unis, à moins que la pression politique de la population européenne oblige la Commission Européenne à payer une amende, au lieu d’accéder aux exigences de l’OMC.
Il est pertinent de s’interroger sur la nature de cet organisme, l’OMC, qui exerce un pouvoir tellement énorme sur les lois des nations. Quel est son mandat et qui contrôle ses mesures ?
Les négociations sur le commerce mondial, depuis la création du système monétaire de Bretton Woods après la deuxième guerre mondiale, se sont poursuivies à travers l’Accord Général sur les Tarifs et le Commerce (GATT), une série de rencontres commerciales sur des problèmes spécifiques des pays membres. En Septembre 1986, sous la pression des Etats-Unis, l’Uruguay Round du GATT fut lancé à Punta del Este. Le résultat fut la création d’une nouvelle agence privée internationale, l’OMC.
A la fin de 1994, le Congrès américain vota pour faire partie de l’OMC, le nouvel organe permanent de commerce établi par l’Uruguay Round du GATT. Il n’y eut pour ainsi dire pas de débat. Pour Washington, la question de savoir qui allait dominer ce nouvel organe était claire. Contrairement au GATT qui n’avait pas de pouvoir exécutif, et qui requérait l’unanimité pour voter des sanctions, l’OMC allait être dotée de pouvoirs forts de sanctions et d’application de ces sanctions. Plus important, la façon dont l’OMC prendrait ses décisions devait rester secrète, sans aucun contrôle démocratique. Les problèmes les plus vitaux de la vie économique de la planète devraient être décidés derrière des portes closes à Genève au siège de l’OMC ou à Washington ou Bruxelles. L’OMC pourrait choisir ses ‘experts’ à son gré et ignorer les preuves selon son bon vouloir. Dans le différent avec l’UE sur les OGM, trois des quatre experts scientifiques choisis initialement viennent d’institutions des Etats-Unis ou de Grande-Bretagne, deux pays largement en faveur des OGM (1).
Deux ans plus tôt, en 1992, à la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) à Rio, 175 gouvernements membres des Nations Unies signèrent la convention sur le traitement sécurisé des OGM, un vote majeur de la communauté mondiale pour examiner les impacts économiques et sanitaires de la culture des OGM avant qu’ils ne puissent être autorisés dans un pays. Le gouvernement de Georges Bush Sr. s’opposa agressivement à la CBD, soutenant que le Protocole de Biosécurité était inutile. Sous l’accord de la CBD, un pays pouvait interdire les importations d’OGM.
L’industrie des OGM, Monsanto, Du Pont et Dow US en tête, sabotèrent cet accord. Un groupe de six pays contrôlant le monde et le marché Biotech - Canada, Argentine, Uruguay, Australie, Chili et Etats-Unis- firent passer en force une clause dans le texte de la CBD qui plaçait le Protocole de Biosécurité en position de subordination vis à vis de l’OMC. Ils stipulèrent que la limitation du commerce basée sur des préoccupations de biosécurité ‘non prouvées’ seraient considérées comme un ‘obstacle à l’échange’ tombant sous les règles de l’OMC !
Traditionnellement, la loi affirme qu’un nouveau produit doit faire la preuve de son innocuité avant d’être autorisé sur le marché. Cette règle de l’OMC place la responsabilité de la preuve non sur le producteur d’un nouveau produit GM, mais sur les victimes potentielles. Finalement, les Etats-Unis ont détruit le Protocole de Sécurité en refusant d’inclure le soja et le maïs, 99% de tous les produits GM, rendant le Protocole quasiment inutile concernant les problèmes sanitaires liés aux OGM.
L’OMC sert d’arme pour la puissante coalition de Washington et les puissants géants privés des OGM, Monsanto en tête. En 1992, Bush, sous les conseils de Monsanto et des firmes américaines géantes émergeantes, a décrété que les organismes génétiquement modifiés étaient « équivalents en substance » aux semences conventionnelles pour le soja, le maïs, etc.. En tant « qu’équivalentes en substance », les semences GM n’avaient besoin d’aucun test spécial ou de contrôle d’impact sur la santé avant d’être mises sur le marché. Ceci a été crucial pour le futur de Monsanto et des autres lobbies OGM.
Par Ordre Exécutif Présidentiel, les Etats-Unis ont défini les semences GM comme inoffensives et ne nécessitant par conséquent aucun contrôles de santé et de sécurité. Les Etats-Unis s’assurèrent que ce principe soit transposé dans l’OMC naissant sous la forme de l’Accord Phytosanitaire et Sanitaire (SPS). Dans cet accord il est affirmé que ‘Les normes et mesures sur l’alimentation visant à protéger les gens ou les animaux des épidémies peuvent potentiellement être utilisés comme des obstacles délibérés à au libre-échange’. La plainte des Etats-Unis contre l’UE dans le différent présent sur les OGM porte sur la violation par l’UE de l’accord SPS de l’OMC.
D’autres règles de l’OMC comprises dans l’Accord sur les Obstacles Techniques à l’Echange (TBT) interdisent aux pays membres d’utiliser des normes ou des tests domestiques, des lois sur la sécurité alimentaire, des normes sur les produits, considérés comme des "obstacles déloyaux à l’échange ".
L’impact de ces deux dispositions de l’OMC mandatées par les Etats-Unis a été que Washington a pu poser la menace suivante : n’importe quel gouvernement restreignant les importations d’OGM, au nom des dangers possibles pour la sécurité et la santé de leur population, pourra être considéré agir en violation des règles de concurrence libre et non faussée de l’OMC !
C’est ce qu’a fait le gouvernement américain, au nom de ses firmes privées de l’agrobusiness, contre les restrictions de l’UE sur les OGM.
A l’abri de l’Accord sur les Obstacles Techniques à l’Echange (TBT), les Etats-Unis ont affirmé que l’étiquetage des produits contenant des OGM n’était pas requis, puisque les plantes n’ont pas été « substantiellement transformées ». Cette affirmation feignait d’ignorer que dans le même temps Washington insistait pour faire admettre que les OGM, en raison du processus de génie génétique, sont suffisamment transformés, et donc ‘non-équivalents’, pour être brevetés comme des ‘originaux’, et protégés par les droits des brevets sur la propriété intellectuelle (TRIPS) de l’OMC (2).
L’Accord sur l’Agriculture
Le cœur de la machinerie de l’OMC est l’Accord sur l’Agriculture (AoA), sous lequel la laine du mouton du ‘libre échange’ cache le loup du pouvoir de l’agrobusiness OGM privé. Sous l’égide de l’AoA, les pays pauvres en voie de développement ont été forcés d’éliminer les quotas et les tarifs de protection, alors qu’au même moment l’Administration Bush votait un accroissement de ses subventions à l’agriculture américaine de 80 milliards de dollars.
L’effet brut a été d’autoriser le puissant monopole détenu par cinq semenciers commerciaux géants - Cargill, ADM, Bunge, Andre (anciennement) et Louis Dreyfus - à accroître extraordinairement le dumping sur les produits alimentaires, ruinant ainsi des millions de familles dans le monde, tout en maximisant leurs profits privés.
L’AoA de l’OMC ne tient pas compte de la réalité des marchés de l’agriculture qui sont qualitativement différents de, disons, le marché des voitures ou des CD. L’agriculture et la sécurité alimentaire nationale sont au cœur de la souveraineté d’une nation, et du devoir de celle-ci envers ses citoyens de subvenir à leurs besoins essentiels. A cet égard, l’agriculture est unique, de même que les droits liés à l’eau.
L’AoA a été rédigé par des géants de l’agrobusiness dominés par les Etats-Unis comme Cargill, ADM, Monsanto et Du Pont, pour servir les plans de ces firmes privées supranationales, dont le seul objectif est de maximiser leurs profits et d’assurer leur monopole sur les marchés, au mépris de toutes les conséquences humaines. Leur but est la domination du marché mondial du commerce de l’agriculture - 1000 milliards de dollars. L’auteur de l’AoA de l’OMC était Daniel Amstutz, un ancien Vice Président de Cargill Semences, qui était à l’époque au Bureau des Représentants du Commerce US de Washington, avant de retourner au commerce des semences (3).
Qui contrôle l’OMC ?
Le contrôle essentiel des décisions de l’OMC, décisions qui ont le pouvoir de lois internationales et peuvent contraindre les gouvernements à renier des lois locales de protection de santé et de sécurité, est détenu par des intérêts privés, par un cartel de l’agrobusiness centré aux Etats-Unis. Il n’y a aucun contrôles démocratiques sur le pouvoir de l’OMC.
Sur le papier, les décisions de l’OMC sont prises au consensus par les 134 pays membres. En réalité, quatre pays, menés par les Etats-Unis, décident de toutes les questions importantes liées à l’agriculture ou au commerce. Comme au sein du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale, Washington exerce un contrôle décisif derrière la scène. Et ce contrôle est exercé dans l’intérêt du cartel privé de l’agrobusiness.
Les quatre pays contrôlant l’OMC, connues sous le nom des QUAD, sont les Etats-Unis, le Canada, le Japon et l’Europe. Au sein du QUAD, chacune à leur tour, les multinationales de l’agrobusiness exercent une influence et un contrôle, le plus clairement à Washington.
L’OMC est conçue pour imposer les volontés des firmes privées géantes au détriment de la volonté démocratique légitime de nations entières et de gouvernements dûment élus. L’OMC a une mission : faire appliquer les règles de ‘libre échange’, un agenda qui n’est en aucune façon ‘libre’ mais correspond plutôt aux besoins des géants de l’agrobusiness.
Sous l’égide des règles secrètes de l’OMC, des pays peuvent mettre au défi les lois de restriction de leurs échanges d’autres pays. Le cas est alors entendu par un tribunal ou une cour de trois bureaucrates commerciaux. Ce sont souvent des avocats de firmes influentes, acquis aux thèses du ‘libre-échange’. Les avocats n’ont pas de règles de conflits d’intérêts auxquelles ils devraient se plier, de telle façon que l’avocat de Monsanto peut instruire la plainte d’un intérêt matériel de Monsanto.
De plus, il n’y a pas de règle indiquant que les juges de l’OMC doivent respecter aucunes lois nationales d’aucun pays. Les trois juges se rencontrent en secret sans révéler le lieu ni la date de leur rencontre. Tous les documents du jugement sont confidentiels et ne sont pas publiés à moins qu’une partie ne les révèle. C’est la vision moderne de l’Inquisition Espagnole, mais avec beaucoup plus de pouvoir.
L’UE a interdit l’importation de viande de bœuf traité avec des hormones de croissance et autres hormones, et les Etats-Unis ont déposé une plainte officielle. Il y eut un long rapport émanant de scientifiques indépendants qui montrait que les hormones ajoutées à la viande de bœuf étaient des ‘causes de cancer’. Le panel des trois juges de l’OMC décida que l’UE n’avait pas présenté une argumentation scientifique ‘valide’ pour refuser les importations, et l’UE fut forcée de payer 150 millions de dollars annuels pour compenser la perte des profits américains (4).
Les puissants intérêts privés qui contrôlent la politique agricole de l’OMC préfèrent demeurer à l’arrière-plan en tant qu’ONG non médiatisées. Une des plus influente dans la création de l’OMC est une petite organisation peu connue du nom de IPC- le Conseil des Mesures sur les Echanges Agricoles et Alimentaires, surnommé le Conseil des Mesures Internationales (International Policy Council).
L’IPC a été créé en 1987 pour mener un lobbying pour le GATT, lors des négociations de l’Uruguay Round, en faveur des règles de l’OMC sur l’agriculture. L’IPC demanda le retrait des barrières ‘haut tarif’ dans les pays en voie de développement, passant sous silence les subventions gouvernementales massives à l’agrobusiness aux Etats-Unis.
Un coup d’œil à la liste des membres d’IPC explique ce qui intéresse ses représentants. Le Directeur d’IPC est Robert Thompson, ancien Secrétaire Assistant du Département de l’Agriculture US et ancien conseiller économique du Président. On trouve aussi Bernard Auxenfans, Membre du Bureau de l’Agriculture Mondiale de Monsanto et ancien Directeur de Monsanto Europe S.A. ; Allen Andreas de ADM/Toepfer ; Andrew Burke de Bunge (US) ; Dale Hathaway ancien fonctionnaire de l’USDA et patron de IFPRI (US).
IPC compte aussi dans ses rangs Heinz Imhof, directeur de Syngenta (CH) ; Rob Johnson de Cargill et du Conseil des Mesures Agricoles d’UDSA ; Franz Fischier, ancien commissaire à l’Agriculture de la Commission Européenne ; Guy Legras (France), ancien Directeur Général à L’agriculture de l’UE ; Donald nelson de Kraft Foods (US) ; Joe O’Mara de USDA ; Hiroshi Shiraiwa de Mitsui§Co Japan ; Jim Starkey, ancien Assistant au Commerce US ; Hans Joehr, directeur de l’Agriculture de Nestlé ; Jerry Steiner de Monsanto (US) ; Les membres émérites incluent Ann Veneman, ancienne Secrétaire à l’Agriculture de l’Administration Bush et ex-membre du bureau de Calgene, créatrice de la tomate génétiquement modifiée Flavr Savr.
IPC est contrôlée par les géants de l’agrobusiness implantés aux Etats-Unis qui bénéficient des règles qu’ils ont écrites pour l’OMC. A Washington même, l’UDSA ne représente plus les intérêts des petits agriculteurs. C’est le lobby de l’agrobusiness mondial. L’UDSA est une porte tournante pour ces géants privés qui leur permet d’obtenir des mesures en leur faveur. Les mesures sur les OGM en sont l’exemple le plus probant.
Bruxelles est également dominée par le lobby OGM
Le pouvoir de ces géants des OGM et de l’agrobusiness basé aux Etats-Unis s’étend au contrôle des mesures clé de la Commission Européenne à Bruxelles. Il est typique par exemple que l’ancien Commissaire à l’Agriculture de l’UE, Franz Fischler, soit un membre de la puissante IPC pro-OGM.
Pendant des années, tous les experts agricoles de l’UE savaient que les mesures sur les semences n’étaient pas établies par les gouvernements nationaux mais par les cinq grands marchands privés de semences, chapeautés par Cargill et ADM. Actuellement, le poids considérable de Monsanto, Du Pont, Syngenta et du lobby OGM s’est ajouté. Ceci apparaît clairement dans l’annonce récente d’un nouveau programme de l’UE, SAFEFOODS, un successeur du controversé projet pro-OGM ENTRANSFOOD. ENTRANSFOOD a été mis en place pour faciliter l’introduction des OGM sur le marché européen et engager ainsi l’industrie européenne (sic) dans une position de compétition.
ENTRANSFOOD, appelé maintenant du nom plus rassurant de SAFEFOODS, déclare combiner différents points de vue sur les OGM. En réalité, son Groupe de Travail n°1, responsable des ‘Tests de Sécurité des aliments OGM’ consiste en représentants non pas des associations indépendantes de consommateurs, mais de Monsanto, Unilever, Bayer Corp., Syngenta et BIBRA International, un organe consultant proche de l’agrobusiness et de l’industrie pharmaceutique. Le Dr Harry Kuiper, un scientifique néerlandais membre du groupe de sécurité des aliments OGM de SAFEFOODS à Bruxelles, est le Coordinateur de SAFEFOODS. Kuiper préside le Panel OGM de l’Autorité de Sécurité Alimentaire de l’UE. Il est aussi celui qui a mené la campagne d’attaques vicieuses pour discréditer le scientifique généticien, Dr Arpad Pusztaï, qui avait osé dévoiler au public les preuves alarmantes de dommages sur les organes des rats nourris avec des pommes de terre OGM et qui fut licencié après intervention de Monsanto (5). (Dr Pusztaï a été réhabilité depuis, NdT).
L’OMC aujourd’hui n’est rien d’autre que le policier mondial au service du puissant lobby OGM et des firmes de l’agrobusiness qui lui sont rattachées.
Avec le nouveau gouvernement allemand de coalition présidé par la Chancelière Angela Merkel et le Ministre de l’Agriculture Horst Seehofer supportant maintenant officiellement le rôle de l’Allemagne comme future leader des cultures biotech et des OGM, l’impact de la dernière décision de l’OMC en matière de sécurité alimentaire sur l’UE et au-delà a placé l’Europe, et donc la sécurité alimentaire du monde entier, en danger."
F. W. Engdahl, 29 Mars 2006
Traduction bénévole, S. Escazaux 22 Juin 2006
Notes :
1 : Abreu, Marcello de Paiva, "Brazil, the GATT and the WTO : History and Prospects", September 1998, Dpt f Economics, PUC, Rio de Janeiro, N°392.
2 : GMOS and the WTO : Overruling the Right to say NO, by "World Development Movement", November 1999, www.wdm.org.uk
3 : Murphy Sophia, "WTO Agreement on Agriculture : Suitable Model for a Global Food System?", Foreign Policy in Focus, v.7, n°8, June 2002.
4 : Montague Peter, UAW Local 1981/AFL-CIO, The WTO ant Free-Trade, Environmental Research Foundation in www.garynull.com
5 : "PR Operation on GM Foods again exposes EFSA industry-bias", Press Release, 29.12.2004.
www.gmwatch.org

20/09/2006

PÉNALISATION DE L'AGRICULTURE SENSÉE

Entre préfecture et cathédrale, au coeur de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), une grande bâche accrochée aux halles de la place du Martray interpelle les passants : «Ici des paysans jeûnent, ceux qui ont choisi l'environnement sont lourdement pénalisés.» Le mouvement a été lancé il y a une semaine par la Confédération paysanne, le Cedapa (association de paysans en agriculture durable) et le GAB (groupement des agriculteurs biologiques) des Côtes-d'Armor. Sous une tente, avec couvertures et bouteilles d'eau minérale, une vingtaine de paysans qui pratiquent une agriculture durable ou biologique entourent les cinq jeûneurs du week-end. Reconductible chaque semaine, l'action entend protester contre l'application française de la nouvelle politique agricole commune (PAC), qui pénalise les pratiques soucieuses de l'environnement au profit d'une agriculture intensive, principale responsable de la mauvaise qualité des eaux, particulièrement en Bretagne.

«Absurde». «On était dans une situation déjà injuste qui a encouragé la culture du maïs fourrage, une plante très demandeuse en azote et pesticides que l'on retrouve dans les cours d'eau, alors que le recours à l'herbe, qui ne demande aucun engrais, était très peu aidé. On va institutionnaliser cette injustice», enrage Jean Cabaret, 49 ans, un des jeûneurs. Depuis 2006, chaque Etat de l'Union européenne choisit les modalités d'attribution des aides de la PAC. La France a décidé de calculer, pour chaque agriculteur, le montant de ces aides en fonction de ce qu'il touchait en moyenne en 2000, 2001 et 2002. Résultat : ceux qui cultivaient des céréales ou du maïs, subventionné 350 euros l'hectare, continueront à percevoir ces aides, alors que l'agriculture biologique ou les producteurs de lait ou de viande bovine qui utilisaient l'herbe comme fourrage, aidée seulement à hauteur de 45 euros l'hectare dans le cadre de contrats limités à cinq ans, ne toucheront plus rien, ou presque.

«C'est absurde. Même si l'exploitant qui faisait du maïs dans les années de référence ne produit plus rien, ses aides resteront inchangées», souligne Jean Cabaret. Converti à l'herbe pour nourrir ses vaches laitières dans les années 90, ce solide gaillard dit avoir eu «honte de [son] métier» en voyant la baie de Saint-Brieuc envahie par les algues vertes. Un phénomène qui est favorisé par l'azote utilisé dans la culture du maïs, qui rejoint la mer avec les eaux de ruissellement. A son côté, Laurent Petite, ex-maître nageur qui produit de la viande bovine biologique «pour ne pas empoisonner les gens», est inquiet. «Avec ma femme, on vit avec un Smic chacun. Mais avec la fin de notre contrat agroenvironnemental, en 2007, c'est 9 400 euros par an qui vont disparaître. Beaucoup de trésoreries sont fragiles et, sans aides, certains ont des soucis pour leur avenir.»

Autonomie. C'est le cas de Frédéric, 36 ans, qui a prévu de jeûner dans quinze jours si le mouvement perdure. Pour cet ingénieur agricole qui utilise des vaches laitières nourries à l'herbe, la «distorsion de concurrence» induite par le nouveau système d'aides, prévu jusqu'en 2013, va mettre son exploitation en péril. «Tout ce qu'on demande est un traitement au moins égal. Ceux qui produisent la même quantité de lait avec des cultures de maïs toucheront plusieurs milliers d'euros en plus. C'est un manque de respect total de notre travail, avec, au bout du compte, de l'argent public qui va garantir l'agriculture industrielle», dit-il.

«Pour juger la valeur d'une exploitation, certains banquiers ne raisonnent déjà plus qu'en fonction des primes auxquelles elle peut prétendre, renchérit un autre agriculteur. Des primes qui sont désormais figées et sans rapport avec la production. Les fermes qui n'ont droit à rien, souvent les plus petites et celles qui respectent la nature, ne vaudront rien.»

Tous ces paysans ont choisi l'agriculture durable pour contribuer à améliorer la qualité de l'eau et des produits agricoles, ainsi qu'une pratique de leur métier différente : les prairies, contrairement au maïs, demandent un travail moins mécanisé sur toute l'année. D'autres ont voulu également conquérir leur autonomie vis-à-vis de l'agro-industrie en n'ayant plus recours aux phytosanitaires. En cas de sécheresse ou de maladie, leur survie pourrait être franchement compromise.

(Article Libé - que je ne lis pas - 19 septembre 2006)