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22/11/2014

Héroïne de la lutte contre l’exploitation minière au Pérou, aidez-la !

 

Avec ses terres et le lagon bleu en arrière plan, Máxima Acuña de Chaupe,  coiffée du chapeau traditionnel des agriculteurs péruviens nous salue le bras en l’air et le pouce tendu vers le ciel.Máxima Acuña : un formidable exemple de courage et d’abnégation (photo: Jorge Chávez Ortiz)

 

Máxima Acuña de Chaupe est une héroïne malgré elle. Cette modeste paysanne péruvienne aurait bien aimé continuer à cultiver ses quatre hectares de terres sur les hauts plateaux andins et à vendre ses récoltes de pommes de terres sur le marché local. Mais, pour avoir refusé de vendre son terrain à une puissante multinationale, elle est devenue un symbole de la résistance à l’exploitation minière dans son pays.

Depuis plusieurs années, la compagnie minière Yanacocha essaie de mettre en œuvre le projet Conga, une extension de la plus grande mine d’or à ciel ouvert d’Amérique du Sud. Elle fait tout son possible pour acquérir les terres des populations locales, quitte à enfreindre leurs droits. Máxima a toujours refusé de céder à l’entreprise les terres qui fournissent les moyens de subsistance à sa famille. Et elle paie très cher ce refus.

Harcèlement de la police et de la société minière

Selon les médias locaux, la police péruvienne et ses forces spéciales (DINOES) mènent une grande campagne d’intimidation à l’encontre de Máxima et de sa famille : passages à tabac, meurtre de leur chien, occupation de leurs terres, destruction de leur maison… La famille a dû ainsi dormir dehors à 3.600 m d’altitude le temps de reconstruire une bâtisse avec l'aide de parents et d'amis.

De son côté, Yanacocha a porté plainte contre la paysanne qui détient le titre de propriété de ce terrain depuis 1994. Le 5 Août 2014, un juge a pourtant condamné Máxima et sa famille à deux ans et huit mois de prison avec sursis, à verser près de 1 500€ de dommages et intérêts à la société minière et à évacuer immédiatement leurs terres.

L’admirable courage de Máxima ne suffit plus face à cet acharnement. Elle a besoin du soutien de la communauté internationale. Écrivons aux autorités péruviennes !

 

Signez et partagez la pétition en ligne :

https://www.sauvonslaforet.org/petitions/965/heroine-de-l...

 

 

21/11/2014

26 images pour remettre les choses à leur place !


1. Ça, c'est la Terre. Notre maison, c'est ici que nous vivons. 
2. Et voila où nous nous situons par rapport à notre quartier, le système solaire. 
3. Voila la distance (à l'échelle et toute proportion gardée) de la terre à la lune. Nous avons fait l'aller-retour en 1969. Ça n'a pas l'air si loin, vu comme ça, pas vrai ?  
4. Eh bien DÉTROMPEZ VOUS ! Car dans cet espace, on pourrait faire tenir toutes les planètes du système solaire sans problème.
5. Mais parlons-en, des planètes. Ce petit truc vert, c'est l'Amérique du Nord, si on la mettait sur Jupiter...
6. Et voici la taille de la Terre, comparée à Saturne. 
7. Pour vous donner une idée, voici à quoi ressembleraient les anneaux de Saturne si ils se trouvaient autour de la Terre. 
8. Imaginez une comète, comme la comète Choury sur laquelle la sonde Philae s'est posée dernièrement. Voila à quoi elle ressemblerait si on la posait à côté de la ville de Los Angeles.
9. Mais tout ça, ce n'est rien si on le compare à notre soleil. Souvenez vous de cela: Vous êtes ici.
10. Voici votre maison, vue de la Lune. 
11. La même chose, vue de Mars. 
12. Le même cliché, pris depuis les alentours de Saturne.  
13. Et voilà ce qu'on voit de la Terre au delà de Neptune, à plus de 6 milliards de kilomètres. (C'est zoomé.) 
 Tous les gens, toutes les choses que vous connaissez, et toutes les choses que vous connaîtrez au cours de votre vie se trouvent sur cette minuscule tête d'épingle. 

14. Mais prenons encore un peu de recul. Déjà, voici la Terre comparée au Soleil. Ça calme, n'est-ce pas ?
Le Soleil ne rentre même pas dans cette image... 
15. Le même Soleil, vu depuis la surface de Mars.
16. Mais tout cela, ce n'est rien. Souvenez vous qu'on dit qu'il y a bien plus d'étoiles dans l'espace, que de grains de sable dans toutes les plages que nous avons sur terre...

17. Ce qui veut dire que certaines d'entre elles sont beaucoup, BEAUCOUP plus imposantes que notre pauvre petit Soleil. Regardez à quel point il est en réalité minuscule et insignifiant, le pauvre ! On dirait que notre Soleil est en train de se faire racketter son argent de poche...

18. Voici un autre point de vue. La plus grosse étoile que nous connaissons à ce jour, VY Canis Majoris, est 1, 000, 000, 000 fois plus grande que le Soleil.
Et nous dans tout ça, on est où déjà ?

19. Mais n'essayez même pas de comparer cela avec la taille de notre galaxie. En fait, si on réduisait le soleil à la taille d'un globule blanc, la Voie Lactée aurait la taille des États-Unis.

20. C'est parce que notre galaxie, la Voie Lactée, est tout simplement GIGANTESQUE. Et nous, nous sommes ici :

21. Mais de toute façon, vous n'en verrez jamais que ce qui se trouve à l'intérieur de ce petit cercle jaune.

22. Mais même notre galaxie est minuscule, si on la compare à d'autres. Le petit point tout à gauche, c'est la Voie Lactée. Le gros truc, c'est IC1011, situé à 350 millions d'années-lumières de la Terre.
Essayez juste d'IMAGINER tout ce qu'il peut y avoir là dedans. Ça fait peur, hein ?
 
23. Mais voyons les choses en grand. Dans cette SEULE image, prise par le télescope Hubble, il y a en réalité des milliers et des milliers de galaxies. Chacune d'entre elle contient des millions d'étoiles... Et chacune de ces étoiles ont leurs propres planètes. 

24. Voici l'une de ces galaxies, UDF 423. Cette galaxie se trouve à 10 MILLIARDS d'années-lumières ! Cela veut dire qu'en regardant cette simple image, vous êtes en train de regarder plusieurs milliards d'années dans le passé !   Certaines des autres galaxies se sont probablement formées quelques centaines de milliards d'années seulement APRÈS le Big Bang.

25. Et gardez en tête qu'il s'agit d'une petite, toute petite partie de l'Univers ! C'est juste une fraction insignifiante et minuscule de ce que vous voyez le soir, dans le ciel.

26. Et, vous savez, il y a probablement quelques trous noirs dans le tas. Voici la taille d'un trou noir de petite taille, comparé aux orbites de la Terre et de Neptune... Juste pour vous effrayer un peu.

Alors, si un jour vous êtes un peu énervé parce qu'ils ont annulé votre série préférée, ou bien à cause des musiques de noël qui arrivent chaque année de plus en plus tôt- souvenez-vous de ceci :


Ceci est votre maison. 

Voila ce qui arrive quand on prend un peu de recul pour voir le système solaire. Et quand on recule encore...

Et encore...

Et qu'on continue...

Courage, c'est bientôt la fin....

On y est presque...

Ah, ça y est ! Voici les limites de l'Univers Observable, et votre place dans tout cela... Juste un petit grain de poussière parmi des milliards d'étoiles. 
 
 ...Voilà qui remet les choses en place.
 
Traduit de l'Anglais. Source: Buzzfeed

20/11/2014

Née de la pluie et de la terre de Rita Mestokosho aux Éditions Bruno Doucey

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Photographies de Patricia Lefebvre
Préface de J.M.G. Le Clézio

Parution : le 4 septembre 2014

Le mot de l’éditeur : Née de la pluie et de la terre est le livre d’une rencontre entre deux femmes, de civilisations différentes, qui se reconnaissent comme soeurs dans le tissage d’une parole universelle. L’une est poète, l’autre photographe. Patricia Lefebvre a rencontré Rita Mestokosho lors des séjours qu’elle effectua chez les Innus, peuple autonome du Québec. Ses photographies accompagnent la poésie simple, authentique et chamanique d’une femme qui s’adresse aux forêts, aux lacs, aux rivières, à l’ours, au saumon, au vent ou aux nuages, comme à la grand-mère qui lui a transmis l’amour de la vie. Car la poésie de Rita Mestokosho est, ainsi que l’écrit J. M. G. Le Clézio, préfacier de ce livre, « pleine de cette puissance féminine qui imprègne les peuples anciens. Quelque chose de calme et d’incorruptible qui s’ouvre sur l’avenir. » Comme lui, je suis heureux et fier de faire entendre cette voix native d’un peuple qui lutte pour sa survie.

Extrait :

« Mon coeur est fait de branches de sapin
Entremêlées à toutes les saisons du monde
Je dors pour mieux tapisser tes rêves
Et celui du chasseur en quête d’une terre
Où il pourra alimenter son envie d’être libre
De marcher en admirant les courbes des rivières
De nourrir sa faim et d’assouvir sa soif »

Collection : Passage des arts

Pages : 112
Prix : 17,50 €
ISBN 978-2-36229-071-8

 

J'ai eu l'immense plaisir de publier Rita Mestokocho dans le numéro 33 de la revue Nouveaux Délits :

http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2009/...

 

 

18/11/2014

Passage de François David

 

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Le mort

à la mort :

"Combien

pour la passe ?"

 

 

 

Passage vient de paraître,

avec des illustrations de Consuelo de Mont-Marin

aux Ed. Les Carnets du Dessert de Lune

67 pages, 11 euros

http://dessert-de-lune.123website.be/

 

 

17/11/2014

Histoire du tableau “Assassinat dans un restaurant de San Pedro Sula”

Ariel Torres Funes (28 ans) est un journaliste et écrivain hondurien (du Honduras). La peinture fait partie des passions auxquelles il se consacre à titre amateur et épisodique. Il m’a confié, au détour d’une conversation, que le désir de peindre l’envahissait quand il se trouvait confronté à une situation personnelle ou émotionnelle qu’il n’était capable d’endurer qu’à travers la création artistique – sans qu’il n’éprouve, pour cela, le besoin de faire cas des critères purement formels, et encore moins de l’idée d’une approche théorique des arts.

La spontanéité d’un tel processus créatif est très fréquente au Honduras – étant évident que je me réfère là essentiellement aux expériences des artistes amateurs ne vivant pas de leurs créations et n’ayant jamais étudié dans une quelconque école des Beaux-Arts.

 
Dans un pays comme le Honduras, il t’arrive de plonger dans la peinture ou l’écriture, parfois, pour la simple raison que tu n’as pas d’autre moyen de digérer la réalité. C’est un tel processus qui m’a guidé dans ma formation d’écrivain. L’écriture ou la peinture, dans cette perspective-là, remplissent une mission thérapeutique importante en t’aidant à combattre ou à interpréter d’une manière plus claire les sentiments de frustration provoqués par un tel pays.
 

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En ce qui concerne ce tableau précis maintenant, il a pour sujet un assassinat qui a eu lieu dans un restaurant de la chaine états-unienne Pizza Hut, dans la ville de San Pedro Sula (considérée comme la plus violente du monde), capitale industrielle du Honduras et deuxième plus grande ville après Tegucigalpa.
 
Ariel m’a dit, un jour que nous étions à évoquer ce thème, qu’il avait cette image gravée en lui et qu’elle ne lui laissait jamais de répit. "J’irais même jusqu’à dire qu’elle m’a foutu en l’air des jours entiers", m’a-t-il avoué par la suite.
 
Le patron de Pizza Hut au Honduras est Jorge Canahuati, un des plus puissants oligarques de notre pays, propriétaire non seulement d’un grand nombre d’entreprises, mais également de la moitié des journaux diffusés sur un plan national.
 
Comme l’assassinat s’est produit dans un de ses établissements, il a décidé qu'exceptionnellement aucun des médias qu’il possède ne relaterait cet événement – on sait aussi qu’il a exercé des pressions sur d’autres périodiques qui ne lui appartiennent pas, afin de ne pas ternir l’image de ses restaurants, qui, par ailleurs, investissent des sommes colossales dans la publicité.
 
Il s’agit là d’une des rares exceptions de non-diffusion d’images violentes consentie par ces journaux qui ne refrènent pas vraiment, quotidiennement, leurs publications des photos les plus horribles qui soient.
 
Au Honduras, comme dans nombre d’autres endroits du monde, les dirigeants des grands groupes médiatiques ne se soucient guère de la santé mentale de la population. De fait, les élites honduriennes n’ont jamais considéré la population du Honduras comme citoyenne ; les journalistes, leur emboîtant le pas, n’utilisent ce terme qu’avec parcimonie, parce que l’employer impliquerait tacitement que les personnes possèdent aussi des droits. Sur la plan sémantique, ce n’est pas la même chose d’appeler quelqu’un citoyen que de le considérer seulement comme un habitant.
 
Je ne parle même pas de tous les qualificatifs péjoratifs quotidiennement employés par la presse, qui, de manière continuelle, attisent le racisme, la xénophobie, la violence sexiste, le mépris des pauvres et la liste pourrait se poursuivre encore quelque pages…
 
Les journaux du Honduras – sans exception – alimentent une culture du mépris observable tant au niveau de la sélection des informations que du traitement qu’il en est fait, ou encore des images et du vocabulaire utilisé.
 
Le problème de la presse jaune (ou à sensations) au Honduras est qu’elle est la seule existante au format papier. Il n’y en a pas d’autre. Nous disposons de quatre périodiques à tirage national et les quatre, comme on dit de manière familière, “pissent le sang”.
 
Au Honduras, les médias sont l’instrument idéologique le plus puissant qui existe, par-dessus même les partis politiques. Et, sans l’ombre d’un doute, plus que le reflet de la société, ils sont le reflet de leurs dirigeants. C’est surprenant et effrayant de voir la manière qu’ils ont, par exemple, de décrire la personnalité de leurs propriétaires.
 
Tu peux essayer d’ouvrir un journal de Canahuati et, quand tu en seras venu à bout, tu auras l’impression d’avoir fait une promenade dans un cimetière clandestin. La sensation qu’ils te laissent, c’est que la mort et le mépris de la vie humaine ont atteint, à la fois, un haut degré de perversion et un niveau de légitimité incontestable. Cette réalité, dans un petit pays aux moyens limités, aux canaux d’expression réduits, est parfaitement insupportable.
 
Effectivement, cette peinture, qui aura fini accrochée à un des murs de la maison d’Ariel, accompagnée d’une version gravée dans le bois de ce poème dont je suis l’auteur, est un bon témoignage de l’état de terreur parallèle parasitant les modes de communication au Honduras.
 
 
José Manuel Torres Funes
 
traduction en français de Laurent Bouisset : http://fuegodelfuego.blogspot.fr/
 
 

15/11/2014

La Patagonie de Perrine Le Querrec

 

Préface de Jean-Marc Flahaut, Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, novembre 2014.

 

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103 pages, 13 €.

 

Lire Perrine Le Querrec c’est prendre un risque, prendre le risque de se faire engloutir. Les mots ici deviennent matière, tantôt gluante, paralysante, tantôt rêche, étrangleuse, tantôt lourde, étouffante, tantôt acérée, tranchante, de la matière sombre, grouillante et tremblante, puis soudain ils ont des ailes et tentent de s’échapper vers la lumière. Vers la Patagonie.

  

Ou bien ils s’écrasent. La pâte-agonie.

  

Il y est question d’enfance, de violence, de peur et de désespoir ravalés, d’extrême solitude. « Son enfance sent toujours le carnage ». Quelque chose qui ne se voit pas de l’extérieur, quelque chose que l’on peut trimballer en soi toute une vie, qui nous dévore de l’intérieur et personne ne s’en aperçoit. Personne ne s’en est jamais aperçu. Alors les mots tentent de donner consistance à cette grande béance, de faire apparaître l’indicible, l’invisible, tentative qui elle-même écartèle : faire à la fois apparaître et disparaître à jamais. Fuir.  « Il ne faut pas fermer la porte mais la claquer derrière soi et partir pour toujours ».

  

Les mots deviennent des encres à colorer le silence pour y faire apparaitre les non-dits, « la parole interdite embusquée derrière la porte close/la parole refusée bâillonnée en-dedans au dehors », des acides pour dissoudre ces murs qui retiennent les secrets qui rongent l’âme, des chimies diverses et variées pour que remontent de sous la terre tous les cadavres enterrés, les vers dissimulés. Toute la saleté enfouie.

  

On n’est pas dans l’écriture, on est dans l’alchimie, pour dégager la pierre passée au cou de celle qui se noie sans eau, pour dégager la pierre à écrabouiller le cœur. On ne lit pas Perrine Le Querrec, on avale, on mâche une réalité qu’elle nous enfourne, bouchée après bouchée, une réalité figée comme « sauce froide sur les tripes abandonnées dans l’assiette. »

  

De la douleur brute, interdite, non autorisée, non accueillie, à laquelle les mots ont ordre de donner forme, pour avoir prise sur elle, pouvoir la saisir à pleines mains et la briser, la détruire, l’achever en pleine tête.

 

Être fillette, puis femme, puis mère, la fillette enfermée dedans. Les nœuds gordiens de la famille. Le passé, le présent et le futur «l’effort du restant de sa vie ». Et ce sentiment de décalage permanent avec le dehors, avec l’autre. Incompréhensible. Alors il ne faut pas que ça se voit : « Tu es dehors. La tête haute. Les gens te saluent. Tu es des leurs. »

 

C’est cette chose avec laquelle on ne peut pas tricher qui donne tant de consistance, de densité, de force et de beauté, de magnificence même, à la langue de Perrine Le Querrec et la lire fait du bien. Peut-être pas à tout le monde, peut-être faut-il ce quelque chose en soi qui fait écho et que personne ne voit, dont personne ne s’est jamais aperçu. Un bien fou pour un mal fou. 

 

Ce petit quelque chose qui remonte à la genèse de l’être et qui fait que l’on est toujours au bord et « pas de cou autour duquel elle pourrait jeter ses bras pour s’accrocher, comme en a droit toute personne qui se noie. »

  

Toujours « trop près du bord. » et au loin pourtant, l’espoir encore d’une libre et vaste Patagonie.

 

Cathy Garcia

 

  

 

perrine le querrec.jpgPerrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Ses rencontres avec de nombreux artistes et sa passion pour l’art nourrissent ses propres créations littéraires et photographiques. Elle a publié chez le même éditeur Coups de ciseaux, Bec & Ongles (adapté pour le théâtre par la Compagnie Patte Blanche) et Traverser le parc. Elle vit et travaille à Paris comme recherchiste indépendante. http://entre-sort.blogspot.be/

 

 

Cette note paraîtra à La cause Littéraire.

http://www.lacauselitteraire.fr/

14/11/2014

Loin des tranchées : quand les multinationales européennes engrangeaient déjà les profits de la guerre

 

par Ivan du Roy, Rachel Knaebel 1er septembre 2014

    

Septembre 1914. Alors que les armées allemandes envahissent le Nord de la France, la mobilisation générale sonne aussi pour les industriels. Le gouvernement charge de grands patrons français de réorganiser l’économie, placée au service de la guerre. Mais pas question pour autant de sacrifier les profits ! Des deux côtés du Rhin, les bénéfices explosent pour quelques grandes entreprises. Une situation qui suscite colères et débats alors que des centaines de milliers d’hommes tombent au front. Plusieurs de ces « profiteurs de guerre » d’hier sont devenus les multinationales d’aujourd’hui.

6 septembre 1914. Les avant-gardes allemandes arrivent à Meaux, à une cinquantaine de kilomètres de Paris. Interrompant trois semaines de retraite, les armées françaises et britanniques font volte-face pour mener la première bataille de la Marne. À l’arrière, la mobilisation industrielle commence. Car la guerre semble devoir durer. Après un mois de conflit, l’armée manque déjà d’artillerie et de munitions. L’état-major réclame 100 000 obus par jour pour ses fameux canons de 75 alors que les ateliers n’en fabriquent que 10 000.

Le 20 septembre, le ministre de la Guerre, le socialiste Alexandre Millerand, organise une réunion à Bordeaux, où le gouvernement s’est réfugié. Y participent des représentants du Comité des forges, la plus puissante organisation patronale française, des membres de l’influente famille Wendel, propriétaire des aciéries de Lorraine, et Louis Renault, fondateur des usines éponymes. Des « groupements industriels régionaux » sont créés. Ils serviront d’intermédiaires entre l’État et l’armée d’un côté, les gros industriels et leurs sous-traitants de l’autre, pour répondre aux commandes. Les grandes entreprises en prennent la direction, comme la Compagnie des forges et aciéries de la marine et d’Homécourt, ou les établissements Schneider (Le Creusot), créés en 1836 et l’un des principaux fournisseurs d’armement français. Ces deux entreprises sont les aïeux de ce qui deviendra beaucoup plus tard Arcelor Mittal et Schneider Electric.

Quant à Louis Renault, il dirige la mobilisation des industriels en région parisienne. Une occasion inespérée alors que la marque au losange connaît de sérieuses difficultés avant la guerre. Côté allemand aussi, on s’organise. Début octobre, une commission destinée à développer des gaz de combat est lancée. Carl Duisberg, le patron de l’entreprise chimique Bayer en prend la tête (voir notre prochain article, publié le 2 septembre).

De grandes épopées industrielles commencent grâce au conflit

En France, cette réorganisation de l’appareil productif porte lentement ses fruits. Entre 1915 et 1917, les usines Renault doublent leur production de camions, et assembleront plus de 2000 chars FT-17, tout en fabriquant 8,5 millions d’obus. D’autres futurs constructeurs automobiles français se lancent à la faveur du conflit, avant même de fabriquer des voitures. La première usine d’André Citroën est construite en 1915 quai de Javel à Paris. Et son premier gros contrat ne concerne pas des voitures, mais des obus. À la fin du conflit, Citroën aura livré plus de 24 millions d’obus. Opportunité similaire pour l’usine sidérurgique des frères Peugeot à Sochaux, qui assemble obus et moteurs d’avions. Elle ne fabriquera sa première voiture qu’en 1921 (Peugeot et Citroën fusionneront en 1976).

C’est aussi en pleine guerre que naît ce qui deviendra le groupe Dassault. Le jeune ingénieur Marcel Bloch – futur Marcel Dassault – doit répondre à sa première commande en 1916 : fabriquer une cinquantaine d’hélices d’avion d’un nouveau modèle, baptisées Éclair, pour équiper les biplans de l’armée de l’air. « De grandes figures comme Louis Renault, ou Ernest Mattern chez Peugeot, s’imposent dans l’histoire de leurs entreprises, et ces industriels, parfois en accord avec l’État, parfois sans son accord, contribuent aussi puissamment à l’effort de guerre qu’à la croissance de leur propre empire industriel », écrivent les historiens Antoine Prost et Jay Winter [1].

Un capitalisme d’intérêt général ?

Ces entreprises, aujourd’hui devenues de grandes multinationales, s’enorgueillissent de leur contribution à « la victoire finale ». « À l’instar de très nombreux industriels, l’entreprise accentue son activité en faveur de l’effort de guerre national », explique Schneider sur son site, assurant être « l’un des grands acteurs de la victoire ». Michelin, qui fournit pneumatiques, masques à gaz, toiles de tente ou avions de combat Bréguet, affiche son « effort de guerre comme soutien patriotique ». Tout comme Renault : « Pendant la première guerre mondiale, l’entreprise fabrique camions, brancards, ambulances, obus, et même les fameux chars FT17 qui apportent une contribution décisive à la victoire finale » [2]. Dassault aviation et la société Safran, dont l’ancêtre, la Société des moteurs Gnôme et Rhône, produit des moteurs pour l’aviation de combat, sont de leur côté partenaires de la mission du centenaire de la Grande guerre.

À l’époque, ces élites économiques « se proclament mobilisées, non dans les tranchées, bien sûr, dont on laisse l’honneur aux glorieux héros, mais depuis le fauteuil de la direction de l’usine, d’un conseil d’administration ou encore d’une chambre consulaire », écrit l’historien François Bouloc, dans sa thèse sur « Les profiteurs de la Grande Guerre » [3]. « Effort de guerre national », « soutien patriotique », « contribution décisive à la victoire »… « Un capitalisme d’intérêt général verrait alors jour, sous l’effet puissant d’un inébranlable consensus patriotique », ironise l’historien.

Le capitalisme s’est-il mis pendant quatre ans en suspens ? Les industriels se sont-ils totalement mobilisés, sans esprit lucratif, au service de la communauté nationale et des hommes qui meurent en masse au front lors d’aberrantes offensives ? « Sollicités serait peut-être un terme plus approprié pour qualifier le type d’implication attendu de la part des industriels produisant pour la défense nationale. C’est en effet avec beaucoup de prévenance que l’État a recours à l’appareil productif privé, n’usant que marginalement du droit de réquisition prévu par la loi, concédant de larges avances pour permettre les immobilisations de capital nécessaires à l’adaptation ou à la création des outils de production. Certes, un contrôle de plus en plus étroit s’installe progressivement, en amont et en aval de la production, mais sans obérer les importants profits de guerre, réalisés grâce à la combinaison d’une forte demande et des hauts prix consentis », explique François Bouloc. À la différence des 7,9 millions d’hommes mobilisés pendant toute la durée de la guerre, pas question pour les élites économiques de risquer le sacrifice ultime.

« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels »

Le chiffre d’affaires de Renault a ainsi été multiplié par quatre entre 1914 et 1918, passant de 53,9 millions de francs en 1914 à 249 millions de francs en 1919 [4]. Michelin négocie âprement la hausse de ses prix, prétextant de la volatilité des cours du caoutchouc. L’entreprise d’André Citroën réalise de son côté une marge bénéficiaire de l’ordre de 40 % [5] ! De même que Schneider : « Les bénéfices bruts déclarés de Schneider et Cie atteignent un maximum de 40% à la fin et au lendemain de la guerre et permettent de répartir pour les trois exercices de 1918 à 1920 des dividendes représentant le tiers du capital nominal », pointe l’historien Claude Beaud, spécialiste de la multinationale. Avec l’armistice, le groupe acquiert aussi des actifs en Allemagne et dans l’ancien empire austro-hongrois, notamment les établissements Škoda en République tchèque. Associé à la banque d’affaires l’Union bancaire et parisienne (aujourd’hui absorbé par le Crédit du Nord, filiale de la Société Générale), Schneider fonde en 1920 une puissante holding pour gérer ses participations en Europe de l’Est, « l’Union européenne industrielle et financière »… Cela ne s’invente pas !

À l’époque, ces importants profits suscitent débats et mécontentements. « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », lance Anatole France quatre ans après l’armistice, le 18 juillet 1922, dans une lettre publiée en une de L’Humanité, le quotidien fondé par Jaurès. Dès les premiers mois de guerre, les polémiques surgissent. De la Mer du Nord à Mulhouse, les accusations contre les « profiteurs » de l’arrière se propagent sur le front. En mai 1915, un rapport de la Commission des finances de l’Assemblée nationale regrette que le ministre de la Guerre Alexandre Millerand se soit « livré [aux industriels] sans défense le jour où on leur a demandé de fabriquer coûte que coûte ».

Les commandes sont livrées en retard, du matériel est défectueux, nombre d’usines sidérurgiques n’étant pas préparées à fabriquer des armes, et à un tel rendement. Des obus de 75 sont facturés 14 francs au lieu de 10 francs, pointe la Commission des finances. Beau profit quand ils sont fabriqués par millions ! « Le ministère de la guerre est enfin accusé de n’avoir prévu dans les contrats aucune pénalité financière pour retard et inexécutions », écrit Jean-Louis Rizzo, dans sa biographie du socialiste Alexandre Millerand.

Des profits embusqués des deux côtés du Rhin

En juillet 1916, une loi établit une contribution extraordinaire sur les bénéfices exceptionnels réalisés pendant la guerre. Mais l’administration fiscale aura bien du mal à obtenir les documents des entreprises. « La société Michelin ne cessa pas pendant la guerre d’entourer ses résultats comptables du plus grand secret », illustre ainsi Anne Moulin, dans une étude sur l’industrie pneumatique à Clermont-Ferrand [6]. « À la fin de la guerre, avec les réserves et les provisions diverses dont il disposait, ainsi que grâce aux bénéfices des filiales étrangères, Édouard Michelin avait donc à sa disposition un « trésor de guerre » lui laissant une marge de manœuvre considérable », décrit l’historienne, s’appuyant notamment sur le rapport du député radical-socialiste Paul Laffont, rédigé en 1918. Le grand rival de Michelin, les établissements Bergougnan, distribuent, entre 1914 et 1918, 21,6 millions de francs à ses actionnaires… Avant d’être rachetés par Édouard Michelin.

La contribution extraordinaire sur les profits de guerre de 1916 suscitera l’opposition des industriels. « Qu’on parle d’imposer les gains amassés sur les fournitures de guerre et aussitôt, ce prodige qu’est le capitalisme désintéressé s’évanouit, laissant le devant de la scène à la rationalité ordinaire, celle du meilleur écart entre le bénéfice net et le chiffre d’affaires. (…) La comptabilité en partie double prévaut alors, et elle ne comporte en général pas de rubrique « intérêt de la patrie ». La guerre se présente alors pour ce qu’elle est aux yeux des industriels : une conjoncture économique riche de potentialités », commente François Bouloc.

Les profits amassés par l’industrie à la faveur du conflit font débat des deux côtés de la ligne bleue des Vosges. En Allemagne, une commission parlementaire examine aussi à partir de 1916 les gains des entreprises impliquées dans les productions militaires. Les industries coopèrent peu, mais la commission obtient quelques résultats probants. Elle établit que les seize plus grandes entreprises houillères et sidérurgiques allemandes ont multiplié leurs bénéfices par au moins huit entre 1913 et 1917 ! Près de trois-quarts du chiffre d’affaires de Bayer, qui produit notamment le tristement célèbre gaz moutarde, vient de ses productions de guerre. L’Allemagne aussi voit des épopées industrielles naître à la faveur du conflit : le futur constructeur automobile BMW se lance en 1917 en fabriquant des moteurs pour les avions de combats. Après l’armistice, même si les industriels allemands subissent confiscations et obligations de détruire leurs usines d’armement, les grandes entreprises comme Krupp se sont vite relevées.

Des colonies très profitables

Krupp équipe l’armée allemande en artillerie. C’est l’entreprise qui a mis au point le canon géant la « grosse Bertha ». D’une portée de 120 km, la « grosse Bertha » tirera en 1918 plus de 300 obus sur Paris pour faire craquer psychologiquement la population. Krupp – aujourd’hui fusionné avec Thyssen – a alors plus que doublé ses bénéfices. Ceux-ci passent de 31 millions de marks en 1913-1914 à plus de 79 millions en 1916-1917. Le fabricant d’armes allemand Rheinmetall, fondé en 1899, a lui multiplié ses profits par dix grâce à la guerre : de 1,4 million de marks à plus de 15 millions [7].« Celui qui réalise des performances exceptionnelles dans des circonstances exceptionnelles a le droit à une rémunération exceptionnelle », justifie alors le directeur du groupement de l’industrie allemande de l’acier et du fer, Jakob Reichert. Il ne parle évidemment pas de ce qu’endurent les fantassins dans la boue et la mitraille des tranchées… « Pour ces grandes entreprises, la guerre s’est révélée être quelque chose d’indiscutablement très profitable », analyse l’historien allemand Hans-Ulrich Wehler.

L’économie de guerre et les profits qu’elle génère se globalisent. Au Royaume-Uni, la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell (fondée en 1907) grandit également à la faveur du conflit. Elle approvisionne en essence le Corps expéditionnaire britannique envoyé sur le continent (600 000 soldats en 1916). Shell fournit aussi 80 % du TNT utilisé par l’armée. Tout en continuant à prospecter du pétrole dans des zones à l’abri du conflit, comme le Venezuela, le Mexique ou la Malaisie. À la fin des années 1920, Shell devient la première compagnie pétrolière mondiale. Car les matières premières jouent un rôle crucial.

Dans les mines du Katanga au Congo belge (la République démocratique du Congo aujourd’hui), la production de cuivre s’intensifie. « Les obus britanniques et américains à Passendale, Ypres, Verdun et dans la Somme avaient des douilles en laiton composé à 75% de cuivre katangais. Les pièces de leurs canons étaient faites en cuivre pur durci. Les balles de leurs fusils avaient quant à elles des douilles en cuivre blanc avec une teneur en cuivre de 80%. Les torpilles et les instruments de marine étaient fabriqués en cuivre, en bronze et en laiton », raconte le journaliste belge David Van Reybrook [8]. Plusieurs cultures sont rendues obligatoires, comme le coton pour les uniformes. Résultat : « En pleine guerre, les exportation coloniales passèrent de 52 millions de francs belges en 1914 à 164 millions en 1917. » Pour le plus grand bonheur des actionnaires de l’Union minière du Katanga, dont la banque Société générale de Belgique, aujourd’hui intégrée dans Suez (GDF Suez et Suez Environnement).

L’hyperproductivité, un devoir patriotique

Toute l’industrie ne profite pas au même niveau de la Grande Guerre. Mais globalement, « le vaisseau du capitalisme français ne se trouve donc pas trop malmené par le typhon qui fait rage sur l’Europe et la France entre 1914 et 1918 », souligne l’historien François Bouloc. « Le premier conflit mondial s’avère en effet être une conjoncture économique favorable doublée d’un moment de mutations sociales et organisationnelles très favorables au capital et, a contrario, défavorables au travail ». Pendant que les industriels arrivent à préserver, voire à augmenter, leurs marges, « les travailleurs sont quant à eux sommés d’oublier l’ennemi de classe pendant le conflit », rappelle l’historien.

Les niveaux de rendement exigés dans les usines sidérurgiques et d’armements imposent des réorganisations. Le taylorisme débarque en France – André Citroën en sera l’un des plus fervents adeptes. Sans que les ouvriers puissent s’y opposer. Car les ouvriers qualifiés – les affectés spéciaux – travaillent dans la menace permanente d’être renvoyés au front. Le discours sur l’Union sacrée, auquel se sont ralliés les syndicats majoritaires, domine. Chacun est sommé de se fondre dans un « esprit de travail », et de laisser pour plus tard ses revendications. « Devenue un devoir patriotique, l’hyperproductivité donnait un argument de poids à la réorganisation taylorienne du travail [...] Le salaire à la tâche, qui indexait directement la paye des ouvriers sur la vitesse et la précision de leur production, fut l’aspect le plus souvent retenu du système de Taylor », décrit l’historienne Laura Lee Downs [9].

Si les grèves se multiplient à partir de 1917, motivées par la hausse des prix ou la revendication du samedi chômé, elles sont principalement menées par les femmes, recrutées en masse pour remplacer les ouvriers partis au front. « Ainsi, ce contre quoi les ouvriers qualifiés avaient lutté pied à pied avant 1914 se trouvait irrémédiablement instauré dans les ateliers, la déconfiture politique de 1914 de l’internationalisme face à la guerre se trouvant par là augmentée d’une défaite sociale » , observe François Bouloc.

Dans l’entre-deux guerres, la question des profits de guerre ne cesse de revenir dans le débat politique. En Italie, où l’on parle de « requins », « le premier programme fasciste – un modèle de démagogie – prévoyait la confiscation de 85% des bénéfices de guerre », rappelle l’historien toulousain Rémy Cazals [10]. En 1938, en France, alors que le second conflit mondial s’approche, une loi sur l’organisation de la nation en temps de guerre interdit aux sociétés qui travaillent directement pour la défense nationale d’engager, à ce titre, des bénéfices. Le 20 septembre 1939, alors que les armées du 3ème Reich envahissent la Pologne, le député Paul Reynaud déclare à l’Assemblée nationale qu’il n’est pas possible, à l’occasion du conflit qui commence, de « tolérer l’enrichissement scandaleux de la guerre de 14-18 » [11]. La défaite éclair de l’armée française en 1940 coupe court à cette inquiétude. Une autre page se tourne, celle de la collaboration avec le régime nazi, y compris économique. Une collaboration à laquelle nombre de patrons français vont participer sans trop de scrupules. Mais là, c’est une autre histoire.

Ivan du Roy et Rachel Knaebel

Photo : CC Wikimedia, CC Bibliothèque nationale de France (visite du général états-unien Persching dans les ateliers d’obus Citroën du quai de Javel, en 1917).

Notes

[1Antoine Prost, Jay Winter, Penser la Grande Guerre. Un essai d’historiographie, Paris, Seuil, 2004.

[2Voir ici pour Renault et (en pdf) pour Schneider.

[3Les citations de l’historien François Bouloc sont tirées de son article « Des temps heureux pour le patronat : la mobilisation industrielle en France », disponible sur le site de l’éditeur numérique cairn.info ou d’un article publié par le Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918 sur son site.

[4Source : La mobilisation industrielle, « premier front » de la Grande Guerre ?, Rémy Porte, Éditions 14-18, Paris, 2006.

[5Source : Les Échos.

[6Clermont-Ferrand, 1912-1922 : la victoire du pneu, 1997.

[7Sources : Spiegel et Deutsche Gesellschaftsgeschichte Bd. 4 : Vom Beginn des Ersten Weltkrieges bis zur Gründung der beiden deutschen Staaten 1914-1949, Hans-Ulrich Wehler, 2003, C.H. Beck Verlag.

[8Dans son livre Congo, Une histoire, Ed. Actes Sud, juin 2012.

[9L’Inégalité à la chaîne. La division sexuée du travail dans l’industrie métallurgique en France et en Angleterre (1914-1939), Paris, Albin Michel, 2002.

[10Les mots de 14-18, Presse universitaire du Mirail.

[11Source : La mobilisation industrielle, « premier front » de la Grande Guerre ?, Rémy Porte, Éditions 14-18, 2006, p 215.

 

 

Hommage : Alexander Grothendieck, sur les routes d'un génie.

Bande annonce du documentaire réalisé par Catherine Aira et Yves Le Pestipon.

 

 

13/11/2014

Au Testet, zadistes ou pas, « Voici pourquoi nous sommes là »

http://www.reporterre.net/spip.php?article6523

Isabelle Rimbert (Reporterre)

jeudi 13 novembre 2014

 

Le 25 octobre au Testet, Rémi Fraisse n’avait pas encore été tué par l’Etat. Parmi les milliers de personnes venues participer à ce qui s’annonçait comme un joyeux week-end de résistance contre le barrage de Sivens, voici huit rencontres : huit personnes venues exprimer leur soutien et apporter leur pierre à l’édifice de la lutte. Tout comme l’avait fait Rémi Fraisse.


Olivier, 38 ans : « Je préconise la lutte arborée »

« J’ai commencé à ressentir une forme criante d’injustice au moment de la conférence de Rio en 1992, avec le constat de la déforestation galopante. Ça m’a donné envie de reconquérir la Terre, de la replanter. Je me suis installé sur la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes en mars 2011, car cela ressemblait à un lieu sur lequel il était possible de faire germer la vie, et qu’elle y prolifère. Avec l’idée d’arriver à avoir un impact positif sur l’environnement.

Dans le monde, il existe de nombreuses luttes contre la déforestation, et je pense qu’il est de notre devoir de s’interposer face aux puissances de destruction. Pour moi, le sens de la lutte au Testet, mais aussi sur la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, c’est d’arriver à sauver ce qui peut encore l’être. Vivre sur place et être sur le terrain, c’est une des façons de résister, parmi plein d’autres possibles.

Ici au Testet, je suis venu avec ces costumes d’arbres, créés il y a un an pour contrer la construction du barreau routier à Notre-Dame-Des-Landes. C’est un costume protecteur et symbolique, fait pour résister à la violence des CRS. Il est temps que chacun ouvre les yeux sur cette société dont la raison d’être est de faire du profit sur tout ce qui existe, le vivant en général et l’humanité en particulier.

Avec d’autres, je cherche les moyens d’arrêter ce processus, en faisant marcher notre intelligence collective. Au Testet, la violence d’Etat est encore montée d’un cran pour protéger des intérêts privés. Tant qu’on est dociles, ils continueront. Je préconise la lutte arborée !

Et même si je me considère comme quelqu’un de plutôt pacifiste, ça ne m’empêche pas de combattre physiquement sur le terrain, en trouvant des moyens créatifs de lutter. On ne se laissera pas abattre ! »


Solène 33 ans : « Quotidiennement, les copains se faisaient défoncer par les Gendarmes Mobiles »

« J’ai entendu parler de la lutte du Testet il y a un an, et j’ai commencé à venir fin août : je pensais rester deux jours, je suis restée une semaine. Pour construire des cabanes, aider, apporter mon soutien. J’en suis repartie avec les larmes aux yeux, car je savais que quotidiennement, les copains se faisaient défoncer par les Gendarmes Mobiles (GM) sur place.

Je suis revenue pour la manif du 25 octobre sur la zone. Et le choc a été rude : je n’ai pu que constater la désolation du lieu. Cette forêt de Sivens est pourtant un endroit magique. Je suis venue défendre ce qu’il en reste, et aider les opposants qui, après des mois de lutte, sont tous très éprouvés. Ici, j’ai été touchée par la solidarité dont les gens font preuve : il y a beaucoup de respect, de bienveillance et d’écoute.

Connaissant les enjeux qu’il y a derrière, on ne peut que réagir. On fait face à des intérêts économiques et politiques qui sont en train de bousiller la planète comme si les ressources étaient inépuisables. Notre société génère énormément de gaspillage et de surconsommation. Il faut se rendre à l’évidence : c’est un modèle qui n’est plus valable.

Ayant été sensibilisée très jeune à la protection de l’environnement et au respect du vivant, cette injustice m’insupporte. De même que la violence d’Etat et le déni de droit dont il fait preuve. Ce qui se passe ici est totalement anti-démocratique : ce sont de petits arrangements entre gens haut placés, qui entendent faire de l’argent au détriment de la nature. »


Kitoo, 55 ans : « Comme j’aime tricoter, j’ai décidé de fabriquer des cagoules et des bonnets pour les gens sur place »

« J’habite dans l’Hérault près de Pézenas. J’avais entendu parler du projet de barrage via Internet, et je suis venue début septembre. En arrivant, j’ai compris combien cette lutte est juste et légitime. J’ai vu cette portion de forêt ratiboisée, et le courage des zadistes sur place : cela m’a donné envie de m’investir à mon tour.

Depuis septembre, je reviens tous les week-ends. Je me suis demandée de quelle manière je pouvais être utile, et comme j’aime tricoter j’ai décidé de fabriquer des cagoules et des bonnets pour les gens sur place. J’ai lancé un appel sur le web afin de recueillir de la laine, et j’en ai reçu de partout, comme ces pelotes venues des Pays-Bas, filées et teintées à la main. Pour moi, symboliquement, c’est fort : c’est autre chose que d’envoyer de l’argent.

Ce que j’ai trouvé ici, c’est avant tout un concentré d’humanité, de conscience et de solidarité. Tout cela fait écho à mes convictions : je me revendique anarchiste depuis mes dix-sept ans. Et dans cette lutte, je retrouve les valeurs anarchistes : le respect de la liberté et du vivant, l’entraide, l’autogestion, le côté anti-autoritaire, ainsi qu’une réflexion constante sur ce qui nous concerne, qui tranche avec l’endoctrinement politique aveugle.

Beaucoup pensent que l’anarchisme, c’est la violence et le chaos alors que c’est juste l’inverse ! C’est, pour moi, un moyen d’arriver à l’harmonie. Quand on arrêtera d’élire des gens qui pensent à notre place, la société se portera mieux.

Je croise de nombreuses personnes qui se sentent nourris, grandis et équilibrés par la lutte et par cette vie de partage. Et je reste persuadée que le changement doit venir de l’action de chacun. »


Adeline, 32 ans : « Si mon action permet à vingt personnes d’ouvrir les yeux, c’est déjà ça »

« J’habite Gaillac. Cette forêt, je viens m’y promener depuis mes douze ans. Dans les environs, peu de gens sont au courant de ce projet de barrage. C’est en voyant des tags « non au barrage » que j’ai pris le temps de me renseigner, fin août. Depuis, je viens avec mes deux enfants, dès que possible, pour apporter mon soutien.

J’ai fait des actions devant le Conseil Général d’Albi : des chorégraphies avec d’autres filles. C’est une façon d’interpeller les gens : ils s’arrêtent et on peut alors leur faire passer des messages. Je suis aussi active sur Internet, c’est un autre bon moyen de diffuser des idées. Mais c’est un boulot énorme, car il y a beaucoup de désinformation, alors il faut systématiquement vérifier avant de diffuser.

Je me suis donné pour mission d’essayer d’ouvrir la lutte aux gens du coin. Car curieusement, on trouve beaucoup plus de personnes de l’extérieur dans ce combat. J’aimerais que les gens s’interrogent, s’intéressent et s’informent au-delà de ce qui est diffusé dans les médias dominants. Si mon action permet à vingt personnes d’ouvrir les yeux, ce sera déjà ça.

Il est capital de faire tomber les poncifs et les contre vérités du genre : « Les opposants sont une bande de hippies, ou de gens violents, etc. »

Ici, il y a toutes sortes de personnes : certains travaillent et posent des jours de congé pour être présents, il y a des étudiants, des chômeurs… Sur place ou ailleurs, il y a mille façons de s’investir et de prêter main forte. Car ici sur la Zad, c’est très isolé. Grâce aux pique-niques, à l’occupation du conseil général et des manifestations dans les lycées, la lutte s’est un peu désenclavée. Et ce n’est qu’un début ! »


Camille, 42 ans : « L’occupation reste le seul rempart contre la destruction des écosystèmes »

« Après avoir vécu à Notre-Dame-des-Landes, je suis à la Zad du Testet depuis un an. Je lutte contre les projets qui attaquent nos cadres de vie. Les recours judiciaires à notre disposition s’avèrent inefficaces. Dans des cas de force majeure comme aujourd’hui, l’occupation reste le seul rempart contre la destruction des écosystèmes.

Considérant les atteintes graves à la biodiversité, les multiples projets inutiles et imposés ainsi que la faillite du système concernant la préservation du vivant, beaucoup ici s’estiment en état de légitime défense pour la survie des générations. Comment peut-on rester sans rien faire face à un système sourd à toute requête et face aux violences policières ?

De plus, ici on est en plein conflit d’intérêts : la société qui a fait les études préalables est aussi maître d’ouvrage du projet, avec des appuis politiques derrière. C’est un système nuisible qui s’auto-alimente, j’appelle cela de l’économie endogène capitaliste.

Ici, on essaie de construire autre chose : un système résilient et respectueux de l’environnement qui profite à tous et pas à quelques-uns, et sa mise en pratique. Tout cela est possible grâce aux rencontres et à la convergence qui se crée petit à petit entre les différentes luttes qui ont les mêmes fondements. »


Yves, 65 ans : « C’est le combat entre le bien commun et des intérêts privés »

« Je suis retraité de l’Education nationale. Et aussi faucheur volontaire. Je me devais d’être présent ici, car on partage la même lutte. C’est un combat entre le bien commun et des intérêts privés. Ici, on se bat pour un modèle d’agriculture respectueux de l’environnement : assez de cette agriculture intensive destructrice !

Je pense que ceux qui acceptent l’inondation de cette zone humide pour un barrage inutile, ce ne sont pas des paysans, ce sont des financiers ! Et je ne vois pas ce qui les empêcherait d’accepter par la suite la plantation de maïs OGM, c’est strictement dans la même logique.

Je suis persuadé que cette mobilisation peut avoir un impact fort sur la suite du projet. Comme beaucoup, je suis sur place pour la première fois, mais avec l’idée que chacun ici pourra semer sa graine de prise de conscience auprès d’autres personnes.

Il est maintenant impératif que la mobilisation populaire s’intensifie, et que l’on parle de ces aménagements du territoire en dehors des milieux militants. Car au-delà de la question du barrage, il s’agit d’un choix de société, et cela concerne tout le monde. »


Henry, retraité : « L’imbrication entre élus et entrepreneurs fait froid dans le dos »

« Originaire du Sud Ouest, j’ai été chercheur en zoologie au Muséum d’Histoire Naturelle à Paris, avant de m’installer en tant qu’agriculteur. C’est là que j’ai été amené à m’occuper de questions d’eau et j’ai publié en 2007 un livre dont le titre est L’eau, un enjeu pour demain.

Le Sud Ouest est l’endroit où il y a le plus de barrages, pas moins de soixante-trois. Les promoteurs sont impliqués dans la culture du maïs et les politiques suivent docilement. L’imbrication entre élus et entrepreneurs fait froid dans le dos : certains élus sont aussi administrateurs dans les sociétés qui construisent les barrages. Et pas grand-chose n’est fait dans la légalité, comme ici dans le Tarn.

Moi, j’appelle ça une mafia, ni plus ni moins. Les chambres d’agricultures sont aux mains de syndicats productivistes, avec des liens étroits entre technologies d’agriculture intensives et intérêts financiers des constructeurs de barrage, ce que tout le monde a l’air de trouver normal.

Depuis une dizaine d’années, il y a un programme de construction de ces barrages. Et si Sivens passe, il y en aura une quinzaine d’autres. On est en train de foutre en l’air les hydro-systèmes, par la faute de gens incompétents.

Mais il y a moyen d’arrêter le processus. On est aujourd’hui à un tournant, un peu comme à Notre-Dame-des-Landes. Si ce rassemblement donne à réfléchir sur les vraies questions de fond, les choses peuvent changer. »


Laurent, 43 ans : « Nous refusons l’industrialisation de notre métier »

« Je suis éleveur dans le mont de Lacaune, dans le Tarn. Nous avons organisé une transhumance pour arriver ici sur la ZAD du Testet, avec l’idée d’envisager une réoccupation sur du long terme. Nous avons marché deux jours et demi, soit soixante kilomètres. Certains venaient du nord, d’autres du sud du département et on se retrouve ici avec cent-vingt brebis. En tant qu’éleveurs, nous sommes de plus en plus confrontés à l’industrialisation de notre métier.

La politique productiviste nous étrangle : pour développer le capital, il faut faire consommer les gens, et donc baisser les prix de l’alimentation. Il y a des subventions compensatrices, et pour obliger les agriculteurs à respecter des directives technocratiques, on conditionne les aides à des cahiers des charges. Par exemple, on nous oblige à mettre une puce électronique sous la peau des brebis.

Mais nous refusons l’industrialisation de notre métier. Ici, au Testet, on refuse l’industrialisation d’un paysage par des technocrates qui ne sont concernés en rien par ce qui se passe ici. Ecrasés par cette société industrielle, on doit s’entraider pour se défendre. Se défendre contre cette société dont le but n’est que de faire du profit au détriment du vivant.

Nous assistons à une perte d’autonomie dans nos professions agricoles, à une perte de sens dans notre quotidien aussi. C’est ce qui nous accable, et ce contre quoi on est décidés à se battre. »


Source et photos : Isabelle Rimbert pour Reporterre

Lire aussi : A Notre Dame des Landes, « Tous Camille »


Ce reportage a été réalisé par une journaliste professionnelle et a entrainé des frais. Merci de soutenir Reporterre :

Réponse de la jeunesse

http://blogs.mediapart.fr/blog/gilles-ivain/091114/repons...

|  Blog de Gilles Ivain

J'ai 25 ans. Je vis, comme beaucoup de jeunes de 25 ans, dans une société et un pays que je ne comprends pas. Comme beaucoup de jeunes de 25 ans, je suis très diplômé, toujours on nous a dit qu'il fallait continuer les études, s'étaler dans les études. Pourtant aujourd'hui, comme beaucoup de jeunes de 25 ans diplômés et non-diplômés je suis au chômage.

Ça ne m'abat pas, on fait autre chose, on vit autrement. On fait de l'associatif, on milite, on réfléchit, seul dans notre coin ou ensemble, avec des communautés. On fait ce qu'on peut. J'ai 25 ans, et je vis dans un pays dont la seule opportunité a été de m'offrir le RSA pour me récompenser d'un double Bac + 5 .

Mais ça n'est pas de cela que je veux parler. Ça c'est commun, c'est la situation commune.

J'ai 25 ans donc, et je vis dans une société et un pays que je ne comprends pas. Il y a maintenant plus de quinze jours, dans mon pays, celui que j'habite et dont j'ai la carte d'identité, l'État a tué un autre jeune homme de 21 ans. L'État l'a assassiné, bien sûr sans vouloir donner la mort, mais néanmoins, l'État l'a assassiné en allant jusqu'au bout de sa logique de répression, d'armement et de représentation de l'ordre. Il l'a tué peut-être pour que les autres rentrent chez eux, peut-être aussi pour rien. Il l'a tué pour rien. Aucune justification ne permet de comprendre ça.

Pour l'heure, aucune dignité de l'État, aucune démission, aucune mesure disciplinaire, l'État s'en lave les mains. Il nous parle des casseurs, des écolos terroristes. Il nous parle de gens qu'il ne connait pas et dont il est bien en peine de nommer l'engagement. Il nous parle de gens qui joignent les idées aux actes, ou les actes aux idées. L'État lui, depuis longtemps ne joint plus l'acte aux idées, il n'y a plus d'idées. Quant aux actes, ils sont micro, de la régulation, de l'application du droit européen, de la conservation et de la reproduction des privilèges de la domination. En France donc, l'État tue et nous, nous ne faisons rien, nous ne savons pas quoi faire. Il ne s'est rien passé, déjà, et de notre peine, de notre rage rien ne sort. Nous sommes silencieux. Il ne s'est rien passé.

Je ne vais pas tout mélanger mais je veux dresser un climat.

En octobre, il y a eu moins tragique et pourtant tout autant. Un groupe a dégonflé une oeuvre de Paul McCarthy place Vendôme, ne comprenant pas au fond qu'historiquement la place Vendôme est de toute façon un lieu d'érection. On a également agressé cet artiste en lui disant qu'il n'avait rien à faire là. De cet événement choquant, mais habituel, personne n'a rien fait. Paul McCarthy, lui, a peut-être compris, il n'a pas voulu remontrer l'oeuvre. Il n'a rien remonté. Il nous a laissé avec l'anéantissement d'une oeuvre d'Art. Là l'État a agi différemment, il n'a rien fait. Des protestations molles. Là les journalistes n'ont rien fait, des protestations molles. Ça n'était pas la première fois, il y a une longue histoire de ces saccages. Nous n'avons rien fait, il ne s'est rien passé.

Pendant un an, et encore aujourd'hui, en France, dans la première partie du XXIème siècle les homosexuels se font maltraiter, injurier, quotidiennement. Du fait d'une opposition archaïque à la société. Nous avons entendu des gens parler "d'un papa et d'une maman", un modèle de famille. Un modèle fantasmé et qui n'a jamais existé en tant que tel. Un papa et une maman donnant le droit de nier, d'injurier, de trainer dans la boue, tout ce qui n'est pas un papa et une maman. Quotidiennement les insultes donc, quotidiennement un climat intolérant. De cela qu'avons-nous fait? Un projet de loi est passé, maintenant tout le monde en France peut se marier. Et alors? Il ne s'est rien passé, seulement le nauséabond d'un discours. Un discours qui pourtant nous prouve que le mariage n'aura rien changé, qu'il fallait encore militer, ou peut-être même que c'était l'acte de naissance pour militer, pour dire la réalité, pour dire que tout cela, nos familles, nos amis, nous, ça n'était pas ce que l'on entendait. Pour dire combien ce que l'on entend encore maintenant est intolérable, immonde, dégueulasse. Nous n'avons rien fait, il ne s'est rien passé.

Je ne vais pas continuer à dresser ce climat. Je veux juste dire comment, au fond, j'ai 25 ans.

J'ai 25 ans , je suis donc allé à l'université, ou dans les grandes écoles, ça n'a pas d'importance. J'ai même milité dans une certaine radicalité pour préserver ces institutions ou tenter en tout cas. Nous n'avons rien endigué. Et comme beaucoup, ce que je conserve de ces années, c'est un grand décalage, un grand gâchis. L'école a sans doute tué ma créativité et mon cerveau, mais elle m'a intégré dans un discours de reproduction du dominant. Elle ne m'a pas appris à penser, elle m'a appris à reproduire. Ce qu'elle m'a appris à reproduire, c'est un modèle passé, elle m'a appris à reproduire la fin du XIXème siècle ou le début du XXème siècle. L'école a été un décalage. Alors, certes et oui j'ai appris l'autonomie, une grande autonomie et une grande liberté de fait, mais j'y ai surtout appris la contrainte de l'esprit. Les cases, les normes, d'une certaine manière une linguistique contraignante de la pensée. Je n'ai pas été en prise avec le réel ou l'hyper-réel. J'y ai simplement été triste et contraint. D'une grande tristesse même. Au fond, l'université, les grandes écoles, c'est une fin d'illusion, la fin d'un cycle d'illusion entretenu. Vous verrez là-bas vous pourrez enfin faire comme vous pensez disaient-ils tous et toujours, depuis le CP. Et ce que l'on y découvre c'est une simple linguistique de formes imposées, pas le fond. Il n'y a pas eu de fond, ou si peu. Si peu, parce que le fond nous l'oublions, il est là, mais en finalité, ce que l'on nous demande c'est de la forme. Le fond, la forme, à l'université et dans les grandes écoles, nous sommes au XIXème siècle. Il n'y a pas de pierre à jeter, le système veut ça. Il est comme ça.

J'ai 25 et j'ai aussi milité, de manière plus ou moins radicale, j'ai cherché du fond, alors je ne me suis pas contenté des manifestations syndicales ou des partis politiques, cela très vite, je l'ai abandonné, encore une fois comme beaucoup, et ici je pourrais dire nous. Nous avons tenté de militer, autrement, différemment, nous avons tenté de rendre audible autre chose, autre chose qui est notre fond. Mais nous avons vite compris que notre fond, encore une fois, n'avait aucune importance. Et que notre radicalité, ou notre pas de côté du militantisme traditionnel n'était au fond qu'une part importante de la justification du système lui-même. Non pas le bouc-émissaire, mais le modèle de marge, la marge qui permettait au système de se raconter et de se reproduire. Notre fond avait servi à la reproduction.

Tout ce monologue sur les « nous » de 25 ans a l'air désespéré. Il l'est. Nous sommes gris, absolument gris, car nous ne savons pas quoi faire.

Nous avons 25 ans, ça oui, c'est la chose certaine, nous sommes au RSA ou dans des Bullshit jobs, nous faisons aussi autre chose. Certains organisent des concerts, des expos, tentent de monter des revues ou des journaux, certains manifestent, militent, s'installent dans des lieux différents ou tentent de les construire, certains ne font plus rien et ne veulent rien faire.

J'ai 25 ans et nous vivons dans une société et un État qui nous tue, directement par des grenades d'assaut quand nous manifestons, ou indirectement quand nous allons à l'école, ou que nous tentons simplement de dire Nous. Nous vivons dans une société qui ne pense pas, une société molle où le système s'auto-génère. Pourtant nous ne sommes pas contre le système, nous ne le comprenons pas. Nous ne comprenons plus rien.

Nous vivons dans une absolue absence de sens, et un absolu immobilisme. Nous sommes tous des Oblomov, avachis dans notre lit ou sur nos canapés, nous rêvons tous de notre vie dans ces sociétés dont on a essayé d'être acteur.

La vérité, c'est que nous vivons dans une société médiocre qui s'auto-génère. Où nous laissons parler et "penser" des gens qui n'existent pas. Des gens qui miment la pensée, la polémique, le sens.

Nous vivons dans une société qui n'a plus ni passé, ni futur, qui vit dans l'immédiat mais qui en même temps n'a pas non plus de présent. Nous vivons là-dedans, dans une société grise. Nos soubresauts de résistance nous les réalisons pour nous, on sait qu'ils ne seront pas entendus, que personne ne veut les entendre. Nous sommes contraints au repli sur soi, un soi immobile. Nous n'avons jamais fait avancer une société avec des Soi, l'égo n'a aucun sens, nous le savons. Quand nous pensons au passé, on n'y pense encore, on voit l'ensemble de l'échec des luttes, la blague de la révolution française, la tentative de la commune réprimée dans la plus grande barbarie, l'esbroufe de 68 qui débouche sur une hausse du SMIC. De qui se moque-t-on encore quand on parle d'un passé glorieux?

Nous avons 25 ans et nous vivons sans passé, sans présent et sans futur et nous vivons pour rien. Depuis longtemps, le sens a été abandonné.

J'ai 25 ans, je suis un Oblomov, même pas un Bloom, un Oblomov, je vis immobile sur mon canapé, personne ne veut m'entendre, personne ne m'entend et personne ne m'entendra. J'ai 25 ans et nous sommes silencieux même dans nos actes.

J'ai 25 ans et nous sommes perdus, mais rassurez-vous nous ne savons pas quoi faire ni où le faire. Nous ne savons pas comment penser et où faire entendre notre pensée. Nous sommes simplement des désespérés immobiles sur nos canapés. Le déluge d'informations qui nous glace le sens nous rend immobile. Nous ne sommes même plus dans la fiction du réel mais dans une sur-fiction qui ne laisse plus le temps, ni à la hauteur, ni au recul. Qui ne laisse plus le temps à l'analyse mais simplement à l'immobilité que nous reproduisons docilement. Nous sommes d'une minute à l'autre amnésique. Peut-être qu'il n'y a rien de grave. Peut-être qu'il était temps enfin, qu'une génération entière soit absolument silencieuse, grise et immobile même dans ses gestes les plus radicaux.

Nous vous laissons vivre seuls, soyez sans inquiétude.

 

Texte anonyme

 

 

12/11/2014

La vibration est à l'origine de toute forme

 

Documentaire « Mondes intérieurs, Mondes extérieurs - Partie 1 - Akasha »

Walter Rulhmann et les éditions mgv2>publishing

Chat press.jpg

En 2014, les éditions mgv2>publishing ont donné la part belle aux auteurs francophones et continueront de le faire dans les années à venir. Deux recueils ont été publiés cette année, un autre est à paraître en décembre. Sans oublier le lancement de la deuxième série de X & Friends, traduite pour l'occasion en X & compagnie. Lancée en 2012 avec des auteurs anglophones, cette série se poursuit depuis septembre avec des auteurs francophones invités, chacun ayant pour mission de réunir autour de lui quelques comparses pour lesquels il choisit un texte. Prose ou poésie, ces recueils tiennent de l'espace collaboratif qui m'est cher.

Près de dix-neuf ans seul à la barre de la revue mgversion2>datura, il arrive que je me sente un peu seul, alors je délègue tant que je trouve des personnes fiables.

Voici donc quelques-uns des titres parus aux éditions mgv2>publishing cette année, sans oublier tous les autres titres des années précédentes en anglais. Tous les titres publiés sont disponibles via le site Lulu et bientôt sur Amazon (Createspace et Kindle).

 

Walter Rulhmann

 

 

 

frontcoversmall.jpgLa bascule des chevaux
De Cédric Bernard

Couverture souple, 30 Pages

Aperçu
Prix : 8,02 €

Quatrième de couverture, extrait de la préface, signée Patrice Maltaverne:
Il y a de l’angoisse, beaucoup d’angoisse à ne pouvoir rien faire pour la personne que l’on aime et qui reste aux prises avec ses démons.
Et derrière ce mur infranchissable, le pire est qu’elle sait tenir tête à la respectabilité qui nous étouffe!

Blog de Cédric Bernard
http://lesmotsdesmarees.blogspot.fr


*****

Il y a bien longtemps qu'un auteur francophone n'avait proposé son texte pour une publication par mgv2>publishing. Méconnaissance des auteurs français de cette toute petite presse? Oubli des origines qui ne se trouvaient pas dans le monde anglophone? Peur du monde digital qui l'enveloppe?  Désintérêt? Je ne sais pas.

Ce dont je suis certain en tout cas, c'est que je ne suis pas peu fier de renouer avec l'édition d'un texte en français quand celui-ci est signé Cédric Bernard. Souvent publié dans la revue mgversion2>datura, c'est un habitué qui soutient à sa façon et comme il peut les efforts entrepris pour promouvoir la littérature contemporaine hors des sentiers battus.

Je suis tombé amoureux de ce texte et l'ai programmé très vite lorsque Cédric me l'a envoyé. N'oubliez pas que le traumatisme était déjà notre credo en 1996 et que, près de 18 ans plus tard, c'est toujours ce qui nous fait tenir debout -- la revue, les éditions et moi.

Ce livre est sans doute plus un réel départ qu'un aboutissement. Pour l'auteur bien sûr qui a pourtant déjà à son actif l'autoédition de deux livrets C'est le matin que l'on grandit (2013)  et Le cas Leleu (2014) et plusieurs publications en revues: FPDV, Vents alizés, Des tas de mots, et Traction Brabant bien entendu, puisque c'est Patrice Maltaverne, l'éditeur de cette dernière, qui signe l'introduction de ce recueil de textes courts, textes de prose poétique, dans lesquels l'absence de l'autre, pourtant omniprésent, ronge et met à mal celui qui, main tendue, ne peut que constater et décrire la déchéance. Une lueur luit peut-être au bout du tunnel. L'espoir fait vivre dit-on, mais le retour n'est jamais de tout repos.

Extrait

j'ai eu des nouvelles de ton répondeur là pour le moment car tu n'étais pas là à l'effort à l'affront au front comme un moineau dans l'hiver qui gonfle ses plumes comme un morné qui gonfle son orgueil dans son simili-cuir ce même mouvement à rentrer dans ses plumes à rentrer dans les plumes à s'imperméabiliser trucher un peu sa minceur sa pauvreté vaincre d'effets l'effort l'affront le front allongé debout dans le carrosse aux roues en culs de bouteille roulant droit vers le fond qui amène te ramène quand tu roules sur le bord de la route tes chevaux écroulés sur le trottoir tes chevaux à brouter trottoir et toi poussière de rentrer dans les auberges sans passer le relais tu radotes je répète tu répètes je radote un peu être quitte sans se quitter creuser l'écart tellement raser l’écartèlement garder le rythme jusqu'à tourner rond tourner en rond jusque dans le mot exode arrondie épisode périodique saignement masculin interne continue continue on continue ce soir ami amibe ma tournée je relève les nouvelles en me demandant ce qu'il y aura dans les mâchoires ce qu'il y aura dans le piège



    front cover press.jpgLa peau
Par Alexandra Bouge

Au format Kindle

Couverture souple, 70 Pages

Prix : 6,00€

Préface – Walter Ruhlmann

En ce dimanche après-midi, je l'imagine parcourant les rues de la ville : Belleville, Montreuil ou peut-être Paris elle-même. A la découverte de quelque street-art dont elle est si friande et qu'elle photographie pour remettre à sa place la beauté cruelle du paysage urbain, pour les immortaliser aussi, avant qu'ils ne soient repassés à la peinture, au Kärcher ou à la bombe d'un autre graffeur moins sensible ou moins attentif.

Le mobilier urbain récemment repensé pour éviter aux clochards d'embouteiller les halls ou les entrées d'immeubles, les quais du métro, les jardins publics, sert aussi de source d'inspiration à Alexandra comme le montrent, elles aussi, certaines de ces photos, ou les mots qu'elle met en forme page après page pour en décrire l'horreur absolue, autant que les noires espérances de ceux qui peuplent les recoins de la cité.

Dans cette œuvre atypique, comme dans tout ce qu'elle écrit ou tout ce qu'elle créé, Alexandra Bouge, une auteure prolifique, socialement impliquée, d'autres diraient indignée, elle-même à la merci d'une société toujours plus exigeante, pour ne pas dire maltraitante, avec ceux pour qui l'art, l'humain, l'être ont toujours eu plus d'importance que ce que nos contemporains mettent en avant. Il y a de la cruauté, des mots crus, des images fortes, des échanges dérangeants, des situations désespérées, il y a beaucoup d'ombre et peu de lumière, peu d'espoir en d'autres termes, mais toujours celui de voir Alve, le personnage féminin principal de La peau, atteindre le but qu'elle s'est fixée. Vivre bien, plutôt que survivre face à de nombreux dangers insidieux.

Je parlais d'une œuvre atypique car il faut bien reconnaître que le mélange de deux langues : le texte est incrusté de mots ou expressions roumains pour lesquels Alexandra Bouge donne une traduction et une adaptation phonétique. Ces aspérités sont là pour nous rappeler que de la part d'une personne perdue au milieu d'un territoire étranger, hostile à sa présence, à son existence même, il est parfois des lacunes lexicales, culturelles qui ne sauraient être comblées par autre chose que des mots issus de la langue maternelle, un sein vers lequel la bouche se tend pour y retrouver le réconfort souhaité, les repères d'un héritage, certes lourd à porter, mais essentiel à la personne. Alexandra a d'ailleurs dédié ce livre à Flora Michèle Marin, artiste, biologiste de métier, dont les œuvres sont encore publiées aujourd'hui.

Lors de sa première publication au format numérique en 2010, ce texte n'était pas complet ; Alexandra y a ajouté d'autres textes inédits qui viennent compléter ce tableau d'une société moderne déshumanisée, incapable d'accepter l'autre tel qu'il est. Alexandra Bouge a le don du traumatisme. Nul n'a encore su mettre en scène ici dans un décor de visages spectraux et inquiétants, comme des impressions de Rorschach des personnages que l'on pourrait définir comme fracassés de la vie, simplement en quête d'un meilleur qui n'existe que dans l'imaginaire. Brutal, cru, le récit d'Alve vous mène le long de chemins tortueux qu'il est nécessaire d’emprunter pour voir le monde au grand jour.

Walter Ruhlmann – 15/06/2014




    frontcoverpress.jpgPMT -- Post Mayotte Trauma
De Walter Ruhlmann

A paraître en décembre 2014

Préface de Patrice Maltaverne

Walter Ruhlmann, activiste de la poésie francophone et anglophone, a beaucoup bougé ces quinze dernières années.
En effet, depuis que j’ai commencé de collaborer au webzine de Walter, intitulé « mgversion2>datura », je me souviens de ses lieux de vie successifs, notamment dans la région du Mans, puis en cette année 2010, à Mayotte, destination à l’évidence plus exotique que les précédentes.
A ce moment là, je me suis dit : il est parti là-bas, mais en reviendra-t-il ? Ce changement de vie promettait d’être total et devait correspondre à un besoin de renouvellement profond. Je peinais d’ailleurs à imaginer les différences avec l’existence d’ici.
En tout cas, à la fin 2011 et comme pour mettre fin à ce genre d’interrogations, Walter a de nouveau posé ses valises en Métropole, rapportant à l’intérieur un recueil de poèmes en forme de bilan : il s’agit de « Post Mayotte Trauma », qui constitue une référence pleine de dérision, révélée par l’auteur, à l’expression « Palmes-Masque-Tuba », alliée des sportifs de la plongée.
Dans les pages qui vont suivre, vous découvrirez donc les divers moments de ce séjour à l’autre bout du monde, émaillés de nombreux noms de lieux et entrecoupés d’une escapade à l’île de la Réunion, de quoi suivre à la trace l’auteur en ses pérégrinations.
Cependant, si vous recherchez des cartes postales pour égayer votre bureau, vous serez sans doute un peu déçus, malgré la présence de quelques illustrations dans le recueil. En effet, Mayotte sert de prétexte à l’introspection et ne laisse pas que des bons souvenirs. Ainsi, vous ne pourrez pas oublier les réalités de ce pays éruptif, et pas seulement au sens propre du terme, puisque hélas, la pauvreté de ses habitants, générant l’instabilité sociale, marque le quotidien des expatriés.
Alors, est-ce que « Post Mayotte Trauma » vous découragera d’aller là-bas ? Je ne le crois pas. Prenez plutôt cette série de textes comme une invitation à ouvrir davantage votre esprit à d’autres ambiances. Prenez la aussi comme la relation d’une tranche de vie bien découpée, dont les instantanés, ses instants de partage et de plaisir, comme d’angoisse et d’abattement, sont décrits avec naturel par Walter Ruhlmann, à travers un style clair, presque aérien, à l’image du mode de transport usité pour rejoindre Mayotte depuis la France.
Il s’agit là en définitive, pour l’auteur, de rendre compte, de la façon la plus exacte possible, de ses impressions, à l’instant où elles naissent. C’est bien là l’une des « missions » les plus cruciales de la poésie, au moins depuis Rimbaud, et qui contribue au plaisir du lecteur.

Patrice Maltaverne

Extraits dans le revue Ecrits-Vains

   

 

front cover press bernard.jpg Stéphane Bernard & compagnie
Ouvrage collectif:  Stéphane Bernard, Murièle Modély, Julien Boutonnier, Jean-Marc Undriener, Fabrice Farre,

Prix : 5,00€

Voici deux ans que le premier recueil de X & Friends avec comme invitée Amber Decker est paru. Jusque-là, seuls des auteurs de langue anglaise avaient été invités. J'ai décidé d'ouvrir cette série aux francophones et c'est avec grand plaisir que j'ai travaillé avec Stéphane Bernard sur ce premier recueil d'une série qui en comptera dix et nous mènera jusqu'en avril 2016. Avec ses invités, Stéphane Bernard nous mène en poésie dans les vagabondages parfois désespérés, toujours profonds, suivons-les sans plus attendre.

Extrait

Ferdinandea
de Stéphane Bernard

il y a cette île, Ferdinandea, en mer de Sicile,
et qui n'existe qu'en de courtes périodes.
elle est la tête hors de l'eau d'Empédocle le volcan à son réveil.

sa colère le portant, Empédocle hissé se fait île.

plus tard, quand le cratère s'apaise, la mer s'insinue,
fait des bouches éruptives calmées des lacs où l'eau par chimie rougeoie.

l'île demeure encore un temps île, puis plonge à nouveau.
le feu alors rendormi rêve moins de dix mètres sous les vagues.





 front cover press 0.jpg   Thierry Roquet & compagnie
Ouvrage collectif: Thierry Roquet, Heptanes Fraxion, Frédérick Houdaer, Eric Dejaeger, Jean-Marc Flahaut, Jérôme Leroy, illustration de couverture Cathy Garcia

Prix : 5,00€

Dans ce deuxième recueil de la série X & compagnie, Thierry Roquet et ses amis nous invitent à mettre le doigt déganté sur la face du quotidien, le plus moite mais le plus profond aussi. La résignation est un suicide quotidien comme le montre Cathy Garcia sur la couverture dont elle est l'auteure. Cathy Garcia seule présence féminine dans cette tribu couillue: non pas « Mieux qu'une bande de mecs », mais juste une bande de mecs, dont la testostérone rend ce groupement de textes cohérent, touchant, bouleversant.

Extrait

L'invisible ennemi des premières lueurs
de Thierry Roquet

noir sans sucre et bien corsé
c'est comme ça que je le bois le café
accompagné d'une clope chaque fois
je suis
assis sur la cuvette des chiottes
qui fuit goutte à goutte
la tuyauterie est noircie pourrie vieille de
soixante ans j'en sais trop rien
un jour ça va nous péter à la gueule et on l'aura bien
cherché

j'ai ouvert la fenêtre
au vent frais au crachin
au lent réveil d'un jour qui sera peut-être différent
de la veille de l'avant-veille
il est quatre heures quarante-sept du matin qu'est-ce que je
fous là bon dieu ?
à peine remis d'un léger
sommeil trop haché
j'ai pas le courage d'en chercher les raisons profondes

hier soir jusque tard je lisais les aventures de Max Zajack
mon alter ego c’est tout comme
en quête d'un boulot de n'importe quel boulot
alimentaire en quête d'argent
et j'entendais un bruit sourd régulier qui faisait résonner les murs
de la chambre
un moment j'ai eu la sensation que c'était mon cœur en train
de battre trop fort
en train de me lâcher
ou que c'était ton rêve qui débordait par ta bouche ouverte et puis non
j'ai vu une camionnette de dépannage garée avec ses warnings
un ouvrier taper avec ses outils sur une porte défoncée

quand l'anecdotique tient lieu de souvenir
il est sans doute temps de songer à s'enfoncer dans la réalité
de ne plus la fuir à ce point
de percer à jour le secret d'une vie qui se traîne
avec les mêmes chaussettes
le même slip les mêmes reflets jaunâtres

déjà en face les premières lumières s'allument
les premières bagnoles brisent le silence
 ça a un petit quelque chose de rassérénant
d'assister immobile à la naissance du jour
c'est comme une petite victoire sur un invisible ennemi

 

Walter RUHLMANN - Publisher
http://mgv2publishing.blogspot.com
mgv2publishing@gmail.com
http://mgversion2datura.blogspot.com
http://beakful.blogspot.com
mgversion2datura@gmail.com
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11/11/2014

EN MEMORIA DE AYOTZINAPA (un poema de José Manuel Torres Funes traduit en français par Laurent Bouisset)

    


Asesino
Por José Manuel Torres Funes
En memoria de Ayotzinapa

El sacrificio fueron ellos
que se desprendían de los brazos de los otros
como cenizas de papel al viento
solo para regresar una y otra vez al fuego

Y sus ojos, rojos de llamas
eran los suyos
de la arena que había sustituido su sangre
del estiércol que había sustituido su carne


La muerte era bien su madre
su cuerpo con el de los otros seres que observaban
el desenlace del horror
se religó dentro la gruesa espesura
mezcolanza suprema y singular que hace de todos,
Uno
se introdujo en el fuego
se inclinó y lo tomó entre sus manos
el fuego como si fuera un pájaro herido
y encendió las antorchas que se siembran
en la patria arada sobre la tierra de los huesos

(Marsella, 2014)






Il furent le sacrifice, eux qui
se détachaient des bras amis
en cendres de papier au vent
qui n'avaient trêve de venir
affronter la fournaise aveugle

Et ces yeux rougeoyants de flammes
étaient les leurs et ceux du sable
en quoi s'était changé leur sang
les leurs et ceux des fanges
à quoi se résumait leur chair

La mort était leur mère
son corps et celui des perdus qui contemplaient
cet épilogue de l'horreur
s’aggloméra dans la forte épaisseur
mixture suprême et singulière ayant fait des atomes
Un seul
elle s'introduisit dans l'ardeur
s'agenouilla et sentit sous ses doigts le feu
palpitant comme un simple oiseau blessé
puis elle incendia ces flambeaux que l'on essaime
au gré de la grande patrie labourée
sur une terre emplie d'os

 
(Marseille, 2014)



Texte de José Manuel Torres Funes
Traduction de Laurent Bouisset
Tableaux de Vladimir Veličković
 
 
http://fuegodelfuego.blogspot.fr/

MEXIQUE : Le voyage vers l'enfer des étudiants disparus

En s'appuyant sur des récits de survivants et sur les aveux de trois membres du commando soupçonné d'être responsable de la disparition des 43 étudiants mexicains, El País retrace les événements de "la nuit la plus noire du Mexique".

 
Des portraits des étudiants disparus affichés devant le palais des Beaux Ats de Mexico, le 5 novembre 2014 - AFP/Yuri Cortez
Des portraits des étudiants disparus affichés devant le palais des Beaux Ats de Mexico, le 5 novembre 2014 - AFP/Yuri Cortez
 

 

La nuit du 26 septembre 2014, Ernesto Guerrero, étudiant de 23 ans, s'est retrouvé avec le canon d'un fusil d'assaut AR-15 pointé sur lui.

"Casse-toi ou je te bute."

A ce moment-là, il ne savait pas que le policier venait de lui épargner une mort certaine. Le policier n'avait ni agi par hasard ni par pitié, mais bien parce qu'il ne pouvait pas se permettre d'embarquer un autre étudiant. Comme Ernesto l'a raconté des semaines plus tard, des dizaines d'étudiants de l'Ecole normale d'Ayotzinapa gisaient sur l'asphalte et les policiers chargeaient les corps dans des camionnettes. Les véhicules étaient pleins à craquer. La police était tellement débordée qu'elle avait même réclamé de l'aide aux agents de la localité voisine de Cocula, et quand Ernesto, armé de son courage, s'est approché pour s'inquiéter du sort de ses amis, il n'y avait plus de place pour lui. Les policiers l'ont alors menacé et lui ont ordonné de partir. "Et j'ai vu s'éloigner mes amis", se souvient-il. C'était la dernière fois qu'il les voyait.

Suivis à la trace par les narcos

Ce 26 septembre, Ernesto s'était rendu à Iguala, avec une centaine de futurs instituteurs dans deux autobus. Venus d'Ayotzinapa, les étudiants motivés et bruyants avaient l'intention, comme ils l'avaient déjà fait par le passé, de récolter des fonds : faire la quête dans les rues du centre, entrer dans les commerces et même bloquer la circulation. Leur arrivée n'est pas passée inaperçue. Les narcos, selon la reconstitution des faits par le procureur de la justice mexicain, les avaient suivis à la trace et alerté le commissariat. Les étudiants n'étaient pas les bienvenus.

En juin 2013, après l'assassinat du leader du mouvement paysan Arturo Hernández Cardona, également torturé, ces derniers avaient accusé le maire de Iguala, José Luis Abarca Velázquez, et s'en étaient pris à l'hôtel de ville. Les narcos et les policiers, qui vivent en parfaite symbiose à Iguala, ont cru que les étudiants allaient repasser à l'action, mais que cette fois ils allaient s'en prendre à un personnage encore plus puissant, la femme du maire, María de los Ángeles Pineda Villa.

L'horreur a ouvert sa gueule toute grande

Selon les enquêtes en cours, l'épouse du maire d'Iguala, est à la tête des finances du cartel des Guerreros Unidos de la ville. Ses liens avec les narcos ne datent pas d'hier. Elle est la fille d'une ancienne petite main d'Arturo Beltrán Leyva, le "chef des chefs", et ses propres frères ont créé sous les ordres de Beltrán, une petite organisation criminelle ayant pour objectif de s'attaquer aux cartels des Zetas et de la Familia Michoacana. Après l'exécution de ses deux frères, elle a pris les rênes de l'organisation à Iguala, et le couple a connu une fulgurante ascension sociale dont le couronnement devait être son élection au conseil municipal en 2015. Or elle avait justement organisé une grande réunion à l'occasion du lancement de sa campagne électorale le 26 septembre.

L'irruption dans la ville des étudiants cagoulés et prêts à en découdre a fait craindre le pire aux autorités. Le maire a exigé de ses sbires qu'ils empêchent cette manifestation à tout prix, et, selon certaines versions, qu'ils livrent les étudiants aux Guerreros Unidos. L'ordre a été exécuté scrupuleusement. L'horreur a ouvert sa gueule toute grande. On ne saura peut-être jamais comment la barbarie a atteint de telles proportions, mais l'enquête policière est arrivée à déterminer que les élèves-enseignants, qui ignoraient certainement la vraie nature du pouvoir municipal d'Iguala, ont été massacrés avec autant de rage que s'ils avaient appartenu à des cartels rivaux.

Partie de chasse macabre

La police s'est acharnée sur les élèves-enseignants, les attaquant par vagues successives. Ces derniers ont tenté en vain de fuir en prenant d'assaut des autocars. Deux d'entre eux ont été par balle, un autre a eu la peau de son visage arrachée, trois personnes étrangères aux faits ont été abattues, car elles avaient été prises pour des étudiants-enseignants. Dans cette partie de chasse, des dizaines d'étudiants ont été arrêtés et conduits au commissariat d'Iguala. Personne n'a donné l'ordre d'arrêter. Le piège s'est refermé.

Par une nuit presque sans lune, les étudiants ont été entassés comme du bétail dans un camion et une camionnette, puis conduits à la décharge de Cocula. Ç'a été un voyage vers l'enfer. Nombre de ces jeunes, sans doute une quinzaine, blessés graves et frappés, sont morts d'asphyxie pendant le trajet. Une fois arrivés sur place, les survivants ont dû descendre un à un. Les mains sur la tête, on les obligeait à marcher sur un court trajet, à s'allonger sur le sol, puis à répondre à des questions. Leurs bourreaux voulaient savoir pourquoi ils étaient venus à Iguala et s'ils appartenaient au cartel rival. Les élèves-enseignants, selon les aveux des suspects, répondaient, terrorisés, qu'ils n'avaient rien à voir avec le trafic de drogue. En vain. A l'issue de l'interrogatoire, ils recevaient une balle dans la tête.

La nuit la plus noire du Mexique

Le noyau dur du commando, même s'il était épaulé par d'autres tueurs, était constitué de Patricio Reyes Landa, Jonathan Osorio Gómez, et Agustín García Reyes. Avec une bestialité méthodique, ils ont tué tous les étudiants. Quant à ceux qui étaient déjà morts, ils les ont traînés par les bras et les jambes hors des véhicules.

Comme pour un rite barbare, ils ont préparé un immense bûcher dans la décharge. Sur un lit de pierres circulaire, ils ont d'abord disposé des pneus, puis du bois. Par-dessus, ils ont placé les cadavres avant de les arroser d'essence et de gazole.

Le brasier a illuminé la nuit la plus noire du Mexique. Les flammes ont été alimentées pendant des heures. Les tueurs, sûrs de leur impunité, se sont éloignés en attendant que le feu se consume. Le lendemain, vers 17 heures, ils se sont approchés des restes, les ont dépecés et fourré les morceaux dans de grands sacs-poubelle noirs. Le soir venu, les assassins ont quitté les lieux. Lors du voyage de retour, ils ont jeté les sacs dans le fleuve San Juan. Il allait encore falloir quelques jours pour que le Mexique ouvre les yeux sur l'horreur.


 

Source : http://www.courrierinternational.com/article/2014/11/11/l...

 

 

 

 

10/11/2014

MEXIQUE• Etudiants disparus : l'indignation embrase la rue

Alors que des suspects ont donné de nouveaux détails sur la disparition de 43 étudiants mexicains, des manifestations ont agité Mexico ce week-end, pour demander au gouvernement de faire la lumière sur cet événement macabre.

           

          

Une manifestante à Mexico, devant le bureau du procureur général Jesus Murillo Karam, le 8 novembre 2014 - AFP/Ronaldo Schemidt Une manifestante à Mexico, devant le bureau du procureur général Jesus Murillo Karam, le 8 novembre 2014 - AFP/Ronaldo Schemidt               

C'est une phrase qui a déclenché la colère de la rue. "Ya me cansé", que l'on pourrait traduire par "On arrête là, je suis fatigué". Cette phrase, c'est le procureur général du Mexique, Jesus Murillo Karam, qui l'a prononcée, le 7 novembre, afin de mettre fin à la conférence de presse au cours de laquelle il avait donné les dernières informations – sordides – sur le calvaire des étudiants disparus, raconte The Guardian. Il avait notamment raconté comment trois suspects avaient décrit avoir brûlé les cadavres des étudiants avant de jeter les restes de leurs dépouilles dans une rivière.

1011-UneMexique.jpg#YaMeCanse : la phrase est vite devenue un hashtag (mot clé) populaire sur les réseaux sociaux, puis, comme titre le site Animal Politico : "L'indignation est passée des réseaux sociaux à la rue". Dès le 7 novembre au soir, quelque 500 personnes se sont réunies dans le centre de Mexico. "Le samedi 8, ils étaient bien plus nombreux", rapporte Animal Politico, qui parle de milliers de manifestants. Parmi les slogans lancés par la foule de Mexicains : "No estoy cansado, estoy encabronado" [Je ne suis pas fatigué, je suis agacé], ou "Ya me cance de tener miedo", [J'en ai assez d'avoir peur]. Des manifestants ont ensuite mis le feu à la porte du palais national, siège du gouvernement.

La Jornada note l'empressement visible du gouvernement à croire en la version des suspects, "alors qu'il n'existe pour l'instant aucune preuve que les choses se sont déroulées comme ils le disent".

"Le 8 novembre est un de ces jours qui resteront gravés dans la mémoire collective", écrit Animal Politico. "Un jour où le courage a pris la forme de visages en colère réclamant la justice."

André Bucher, interview : "Déplacer le curseur des luttes"

 

André Bucher vient de participer à la 31e foire bio de Montfroc début octobre, événement qu'il a co-créé dans la Drôme provençale avec sa femme Marie Claude. Ce "paysan-écrivain-bucheron", auteur de nombreux romans, cultive son jardin de la vallée du Jarbon, en agriculture bio depuis 40 ans.

André Bucher se livre à Provence Durable dans une interview sonore dont voici la première partie. Retrouvez aussi son portrait dans le premier numéro du magazine Provence Durable

https://soundcloud.com/grandsagne01/entretien-avec-andre-...

https://soundcloud.com/grandsagne01/interview-andre-buche...

 

 

Je m’appelle Mina de David Almond

 

traduit de l’anglais par Diane Ménard

Gallimard jeunesse, Folio Junior mai 2014

 

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 318 pages, 7 €.

 

 

Je m’appelle Mina est un véritable petit joyau, d’une rare luminosité, précieux dans sa sensibilité, sa justesse, la délicatesse avec lequel il aborde des sujets difficiles comme la mort, le deuil, la différence, la difficulté d’être, la peur des autres, la tentation du suicide ; des sujets sombres et pourtant ce livre est illuminé de l’intérieur, habité d’une joie profonde. Il offre à travers le prisme – et quel prisme ! - des pensées de Mina, un merveilleux hommage à ce qui fait de nous des êtres véritablement  humains : le questionnement, la beauté de la vie et de tout être vivant, l’amour, l’amitié, l’imagination, le sens poétique, le goût de l’aventure et de la liberté, la quête d’identité, l’authenticité et la force de surmonter ses peurs.

 

Mina a neuf ans, son père est mort et elle vit seule avec sa mère. Mina est différente, du moins c’est ce que semble vouloir lui signifier le monde au-delà de sa maison, de son jardin et de son arbre dans lequel elle passe une grande partie de son temps. Alors Mina démarre un journal, pour confier des secrets bien-sûr, mais aussi parce que Mina adore jouer avec les mots, inventer des histoires, inventer du rien, du bizarre, laisser les mots « flâner et vagabonder », car pour Mina les mots « devraient voler comme les chouettes, voleter comme les chauves-souris, et se faufiler comme les chats. Ils devraient murmurer, crier, danser et chanter. » Et ce n’est pas à l’école qu’ils peuvent faire ça, à l’école les mots sont comme  Mina : en cage. 

 

Heureusement la maman de Mina la comprend, la comprend si bien qu’elle décide de la scolariser à la maison, parce qu’elle voit bien que Mina ne pourra pas apprendre de l’école, mais il y a tant de choses à apprendre à la maison, d’une promenade dans un parc, de travaux artistiques dans la cuisine, tant à apprendre d’un arbre et des merles qui y font leur nid et d’une phrase de Paul Klee. Tant à apprendre en observant le ciel, la nuit, les étoiles. Mina « adore la nuit. Tout semble possible la nuit quand le reste du monde est endormi ».

 

Mina a juste besoin de temps, de temps pour grandir, pour devenir courageuse et pouvoir dire un jour « bonjour, je m’appelle Mina » au garçon qui vient d’emménager dans la maison d’en face, celle du vieux monsieur qui est mort. Mina a besoin d’écoute, de tendresse et de l’amour immense de sa maman, qui sait bien que même lorsqu’on devient adulte « il reste toujours au fond de soi quelque chose de minuscule et de fragile (…) comme un tout petit oiseau, qu’on aurait en plein cœur » et « en fait ce n’est pas du tout une faiblesse. Si on oublie que c’est là, on a de gros ennuis ».

 

Alors Mina n’a pas besoin d’opération de déstrangification, Mina est juste Mina. Une petite fille de neuf ans qui a perdu son papa et qui grandit quand même, à son rythme. «  Est-ce que tout le monde ressent cette excitation, cette stupéfaction en grandissant ? ».

 

Je m’appelle Mina est un livre aussi beau que bouleversant, drôle aussi et vivifiant, comme un torrent de montagne, doux comme un chat et hors norme, hors cage, hors pensée unique, il fait vraiment du bien. C’est de la pure poésie, de la poésie qui marche, qui court, qui pense et qui danse sous les traits de Mina, et pas seulement dans le fond mais aussi dans la forme de ce journal, où les mots s’échappent, grandissent, rapetissent, où les pages noircissent ou se vident totalement, où Mina propose tout un tas d’activités hors piste et donne de superbes titres aux chapitres tels que :

 

Dinosaures, pain perdu & voyage aux enfers

Choux de Bruxelles, sarcasmes & mystères du temps

Roulé aux figues, urine, crachat, transpiration et tous les mots qui expriment la joie

Le jour des évaluations blablibertysnack et lumidosité

En marchant, pizza, étoiles & poussière

 

Laissez-vous donc emmener par ce livre pas comme les autres, parce qu’il n’est tellement pas comme les autres que chacun est sûr de s’y retrouver dedans.

 

Cathy Garcia

 

 

 

 

 

 

david almond.jpgDavid Almond a d'abord été postier, vendeur de balais, éditeur et enseignant ! Un beau jour, il a quitté son travail, vendu sa maison et a rejoint une communauté d'artistes pour se consacrer entièrement à l'écriture. Il publie des livres aussi bien pour les adultes que pour la jeunesse qui lui valent aujourd'hui la réputation de véritable classique. «Skellig», son premier roman pour la jeunesse, remporte un grand succès et reçoit la Carnegie Medal et le Whitbread Children's Book of the Year. Pour «Le Jeu de la Mort», on lui décerne le prix britannique Silver Smarties et le prix américain Michael L. Prinz. Il est également l'auteur d'«Ange des Marais Noirs» (Gallimard Jeunesse). «Le cracheur de feu» a été récompensé en Angleterre par la Carnegie Medal et le prix Smarties en 2003. Il allie souvent réalité et imaginaire, créant un mélange excitant et original, composé de drames humains, d'allégories et d'épisodes surréalistes. Il est l'un des écrivains préférés de J. K. Rowlings, l'auteur de «Harry Potter». Le prix Hans Christian Andersen, parfois surnommé le "petit prix Nobel de littérature", lui a été décerné à Bologne en 2010.

 

 

Note publiée sur http://www.lacauselitteraire.fr/

 

 

 

BARRAGE DE SIVENS : lettre de l'adjointe au maire de Penne

Je viens de recevoir dans ma boite cette lettre que des personnes bien intentionnées font très justement tourner, et donc je la partage ici pour témoigner de mon respect et de ma gratitude pour le courage de l'adjointe au maire de ce beau village de Penne, pas très loin de la forêt de Sivens, dans le Tarn, courage qui est cependant la plus légitime des réactions et qu'on aimerait voir bien plus souvent chez les élu-e-s :

 

Elisabeth Coutou
Adjointe au maire de Penne


A Penne le 7/11/2014


Monsieur le président de l’Association des Maires et des Elus du Tarn,


Je viens de lire votre courrier Mr le président, qui appelle à soutenir, en votre qualité, une manifestation d’associations favorables à la construction du barrage de SIVENS. Vous demandez au Préfet de mettre en oeuvre ce qu’est votre conception de l’Etat de Droit.
C’est d’abord l’impudence de votre appel qui m’a frappée. Alors que des efforts s’entreprennent pour mettre autour d’une table des personnes aux opinions contradictoires sur l’opportunité de construire ou non ce barrage, vous vous placez délibérément dans une logique d’affrontement, comme si le drame qui nous a tous endeuillés n’avait pas eu lieu.
L’Etat de droit se définit comme un Etat dans lequel chaque citoyen exerce à tout moment son pouvoir de décision. Penser qu’une fois élue, une personne puisse s’affranchir de tout ce qui fait la République : l’association des citoyens aux projets, est un contre sens absolu de l'Etat de droit républicain.
Nous ne devons pas oublier comment est née la République de France et de quelle magnifique, et parfois tragique désobéissance, elle s’est constituée.
Quand des élus prennent des décisions, proposent des projets qui ne
conviennent pas à une forte partie du peuple, à quel moment ce désaccord peut-il se manifester ? A quel moment les citoyens sont-ils autorisés à donner leur avis ?
Dans le cas de ce barrage, il est évident que des divergences profondes sont apparues. L’attitude républicaine eût été de réunir les citoyens et d’organiser un débat contradictoire d’où aurait émergé l’intérêt général.
Ce qui s'est passé à SIVENS m'apparaît fortement antidémocratique et anti républicain comme si les élus étaient affranchis de leur relation au peuple ( les électeurs) dès l'élection terminée. Un élu rend des comptes en permanence à ses électeurs et non une fois à chaque élection. Nous ne sommes pas citoyens un jour tous les 6 ans mais chaque jour de ces 6 ans.
S’ajoute à cela la méconnaissance du dossier par un grand nombre d’élus qui autorise le président du Conseil Général à lire ses décisions, sans débat, et d’avoir blanc seing , sans vote mais par hochement de tête.
Je ne conteste pas la légalité des Sociétés d’Economie Mixte, composées d’élus.
Mais je m’interroge quand un même élu est vice-président de la CACG qui a fait l’étude d’impact ( dénoncée incomplète par tous les experts), est aussi vice président de la société qui réalise le projet …. la CACG, et encore vice président du Conseil Général du Tarn (le maitre d’oeuvre),
et débordant d'énergie, siège à l’Agence de l’eau qui finance la moitié du projet.
La légalité ne peut se résumer au cachet mis dans la bonne case. Une série de décisions légales peuvent avoir été tronquées à l’origine. Et tout l’édifice n’a plus qu’une façade légale. L’exemple du barrage de FOUROGUE est le plus cruel exemple du contournement de la démocratie. Le Conseil Général du Tarn est passé outre un arrêté préfectoral demandant la suspension du projet. Deux ans plus tard, celui-ci est devenu illégal, et pour finir laisse une ardoise : un déficit
chronique que la collectivité publique endosse !
Des actions légales devenues illégales par le fait de l’Etat de droit (décisions de justice) mais maintenues en dépit de tout.


Voila pourquoi, Mr le président je ne manifesterai pas ce samedi 15 novembre. Parce que je n'oublie pas qu'une enquête criminelle est en cours, par souci d'apaisement, par respect du débat démocratique et républicain. Quant à Mr le préfet et Mr Carcenac il faudrait donc les remercier d’avoir imposé un climat de violence par une présence policière et militaire depuis début septembre, d’avoir ignoré les mises en garde de différents élus sur la dangerosité de la situation, d’avoir fait du Tarn le département où l’incurie des dossiers n’a d’égale que la troublante consanguinité des instances départementales, sociétés d’économie mixte agences etc. Quelle indécence.


Pour ma part, ma gratitude ira aux citoyens qui tous les jours se mêlent de ce qui les regarde, prennent le temps de lire les dossiers, de mettre en place une véritable expertise et permettent aux élus démocrates d’essayer de porter leur voix.


Pour que plus jamais une « décision » aboutisse à la mort d’un jeune botaniste de 21 ans.


Je vous prie de recevoir, Monsieur le président, mes salutations distinguées.


Elisabeth Coutou
Adjointe au maire de Penne

 

 

BARRAGE DE SIVENS - Collectif du Testet

Outils pour comprendre

 

L’émission Terre à Terre de France Culture du 01/10/11 (interview le 23/10/14) : Retour sur l'histoire du projet du barrage de Sivens (53 mn). Avec : Ben Lefetey, porte-parole du Collectif du Testet

 

Les films qui présentent la lutte, témoignent de l'engagement de zadistes, des violences des forces de l'ordre, etc, voir page spéciale sur les vidéos.

 

Les synthèses :

 

Pourquoi nous refusons ce projet

 

Les alternatives au barrage de Sivens

 

Principaux défauts démocratiques du projet de barrage de Sivens

 

Médiapart et Le Monde font de nombreux articles sur le barrage de Sivens, la CACG, d'autres barrages inutiles, etc. Voir sur leur site respectif.

 

http://www.collectif-testet.org/

 

 

 

 

11:06 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

08/11/2014

Jeffrey Lee Pierce. Aux sources du Gun Club de Mac Sastre

Jeffrey Lee Pierce. Aux sources du Gun Club de Marc Sastre Format :13.5 cm x 20.5 cm
Pagination : 160 pages
Date de parution : 15 Octobre 2013
Prix de vente : 15 euros TTC

Télécharger le bon de commande
ISBN: 978-2-916749-35-8

LE PREMIER LIVRE EN FRANÇAIS SUR L’UNE DES FIGURES CULTES DE LA SCÈNE ROCK DES ANNÉES 1980-1990.

« Si le rock vaut quelque chose, c’est bien en tant que déclencheur de révélations,
de subjugations et de situations. Tout le reste n’est que spectacle. »

L'AUTEUR :

Marc Sastre est écrivain, musicien et poète.
Il a publié plusieurs textes chez Clàpas (Dans l’atelier du monde, 2000), N&B (Rien qu’une chute, 2003 ; À défaut de martyrs, 2008) et Les Cyniques (L’Homme perçé, 2011 ; Aux bâtards la grande santé, 2013).
Il travaille et habite dans la région toulousaine.

LE LIVRE : Placé sous les auspices de William Blake (Le Mariage du ciel et de l’enfer) : « Peut-on dire d’un homme qu’il est honnête/s’il résiste à son génie ou à sa conscience/dans le seul but de préserver/son bien-être ou son plaisir du moment ? », ce texte n’est pas une biographie traditionnelle, plutôt un essai autour de la figure tragique de Jeffrey Lee Pierce (1958-1996), chanteur du Gun Club, groupe de Los Angeles utilisant l’énergie punk appliquée au blues. Constitué d’entretiens avec des musiciens ayant collaborés avec J.L. Pierce, d’articles de presse, d’extraits de l’autobiographie du chanteur, de paroles des chansons et de la mise en perspective de l’auteur, cette vie est aussi celle de tous ceux qui se sont approchés du soleil noir du rock’n’roll.
Le Gun Club a été l’une des principales sources d’inspiration de Noir Désir (cf le titre Song for JLP), mais aussi des White Stripes. Au cours des dernières années, les disques du Gun Club ont fait l’objet de rééditions (cd et vinyl). En 2010 et 2012, deux albums-hommage ont été réalisés avec les participations de Blondie, Lydia Lunch, Nick Cave, Kid Congo, Bertrand Cantat, Mark Lanegan… établissant définitivement cette aventure musicale comme l’une des plus excitantes de la fin du XXe siècle.

http://fondeursdebriques.perso.neuf.fr/argu-jeffrey.html

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