Avec les liens et les graphiques :
http://www.internetactu.net/2009/10...
le 08/10/09
“Dans les années 80, la nanotechnologie offrait du rêve à tous ceux qui se sentaient soucieux de l’avenir de la planète. Il devenait évident qu’il faudrait un jour réduire la quantité de matière et d’énergie consommée pour fabriquer toutes nos machines.
La nanotechnologie, alors balbutiante, allait, espérions-nous, libérer l’industrie de l’utilisation massive de matériaux pour la faire entrer dans une ère de développement durable”.
L’an passé, Christian Joaquim, pionnier de la manipulation à l’échelle atomique, rappelait dans un livre intitulé “Nanosciences : la révolution invisible” comment “les” nanotechnologies ont détourné “la” nanotechnologie de son projet durable.
Car depuis les années 80, les industriels se sont emparés du sujet, et plutôt que d’attendre une hypothétique viabilité de “la” nanotechnologie, ils ont misé sur “les” nanotechnologies qui, rappelait Joaquim, “ne concernent plus seulement la manipulation de la matière atome par atome, mais qui font référence à toutes ces techniques permettant de fabriquer de “petits objets”” :
“Aujourd’hui, les nanotechnologies ne sont pas associées à l’espoir d’une industrie plus économe des ressources de la planète, mais au contraire à des craintes : ne sont-elles pas toxiques ? Ne risquent-elles pas de nous échapper ?”
Alors qu’on répertorie d’ores et déjà plus de 1000 produits de grande consommation en vente dans le commerce incluant des nanomatériaux (cf Nanotechnologies : ce qui se vend http://www.internetactu.net/2009/10...), le Bureau européen de l’environnement (EEB, qui se présente comme “la voix environnementale des Européens“, et qui fédère plus de 140 ONG dans 31 pays), et le Réseau international pour l’élimination des Polluants organiques persistants (IPEN, qui réunit plus de 700 ONG, dans plus de 80 pays), ont voulu faire le point sur la question :
“Les nanotechnologies nous sont présentées comme susceptibles d’offrir des solutions technologiques inédites à nombre des problèmes environnementaux tels que le réchauffement climatique, la pollution et l’accès à l’eau potable. Ses partisans affirment qu’elles peuvent contribuer au développement économique et susciter de nouveaux produits et marchés tout en réduisant de façon notable notre empreinte écologique”.
Dans leur rapport intitulé “Nanotechnologie et environnement : un décalage entre les discours et la réalité (.pdf), les deux fédérations d’ONG environnementales estiment, a contrario et sur la base de plusieurs dizaines d’études et rapports académiques et scientifiques, que cette vision quasi angélique masque “de sérieux risques environnementaux, ainsi que des coûts cachés qu’on aurait tort d’ignorer” :
La “face cachée” du coût environnemental de la production de nanomatériaux (tels qu’une demande accrue en énergie et en eau) est rarement reconnue, alors que leurs “bénéfices” affichés sont souvent exagérés, non testés et, dans un grand nombre de cas, à des années de pouvoir être concrétisés.
Une production plus propre… ou plus sale ?
Chimie “verte“, réduction de la consommation de ressources naturelles et de matières premières… pour leurs promoteurs, les nanotechnologies peuvent contribuer à la réduction de l’empreinte écologique des processus industriels.
Or, estiment les auteurs du rapport, la fabrication de nanomatériaux requiert énormément d’eau et d’énergie, produit (paradoxalement) beaucoup de déchets, pour des rendements somme toute plutôt faibles.
De plus, les produits chimiques utilisés, ainsi que les nanomatériaux eux-mêmes, sont souvent “hautement toxiques“, générateurs de gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique et à l’épuisement de la couche d’ozone.
Enfin, et en l’état des connaissances, il serait illusoire de croire que l’on pourrait mettre en place une gestion durable du cycle de vie des nanotechnologies d’ici, au mieux, une quinzaine d’années.
Surveillance et assainissement de l’environnement, filtration des eaux polluées ou potables, réduction de la pollution agricole… les nanotechnologies sont pourtant présentées comme susceptibles de contribuer au respect, et à la préservation, de l’environnement.
Or, le rapport souligne également qu’on ne dispose pas, à ce jour, du profil écotoxicologique des nanomatériaux d’ores et déjà disponibles sur le marché. S’en servir pour filtrer l’eau, ou comme pesticides, serait donc non seulement hasardeux, mais risquerait également d’accroître la dépendance des paysans et habitants des pays pauvres envers des entreprises privées occidentales, au détriment d’autres méthodes, locales et moins coûteuses.
Dans un rapport (.pdf) consacré à la nanotoxicologie, le projet européen NanoSafe2, chargé de “développer une stratégie de risque et de management pour une production industrielle sécurisée de nanoparticules” relève ainsi que :
“L’étude des effets toxiques des nanomatériaux est encore en cours et de nombreuses questions n’ont toujours pas de réponses.
Le nombre de nanoproduits évolue très rapidement. Il est dès lors urgent d’examiner, pour chacun d’entre eux, les risques d’exposition et leur toxicité potentielle.
De nouvelles méthodes de toxicité doivent être développées et validées. L’impact potentiel sur la santé humaine et l’environnement devrait être testé sur l’ensemble du cycle de vie des matériaux.”
Un nouveau scandale de l’amiante ?
Le problème est aussi sanitaire : plusieurs études ont ainsi démontré, soulignent l’IPEN et l’EEB, que des nanomatériaux d’ores et déjà disponibles dans le commerce pouvaient endommager l’ADN humain, entraîner la mort de certaines cellules, s’avérer toxiques pour certaines espèces végétales et animales, nuire à la reproduction des vers de terre (dont le rôle, dans l’écosystème, est fondamental).
Les nanotubes de carbone, utilisés afin d’augmenter l’efficacité des batteries au lithium, et d’alléger voitures et avions, sont censés permettre d’effectuer de notables réductions de la consommation d’énergie, mais il est impossible de savoir si leur production entraînera plus, ou moins, de consommation énergétique que leur utilisation ne permettra d’en économiser…
Pour en revenir à la santé, plusieurs études ont démontré que certains nanotubes de carbone causaient des inflammations et fibroses pouvant entraîner attaques cardiaques et dommages génétiques, ainsi que le mésothéliome, forme rare et virulente de cancer connue jusque-là comme résultant de l’exposition à l’amiante.
En août dernier, une étude publiée dans l’European Respiratory Journal faisait, pour la première fois, le lien entre l’exposition à des nanoparticules et le développement de maladies chez l’homme : sept travailleuses chinoises, admises à l’hôpital, avaient été exposées, plusieurs mois durant et sans se protéger suffisamment, à des nanoparticules dans leur atelier de peinture. Elles souffraient d’éruptions cutanées, et d’affections du poumon, du fait de la présence, dans leurs organismes, de nanoparticules nuisant au bon fonctionnement de leurs coeurs et de leurs poumons. Deux en sont mortes.
Dans un autre rapport (.pdf) consacré à l’impact sanitaire et environnemental des nanomatériaux, l’EEB pointe également du doigt l’absence d’information sur les volumes de production, la nature des procédés et des nanomatériaux utilisés (sous couvert, notamment, du secret industriel), les risques accrus d’exposition pour les êtres humains, et de dispersion dans l’environnement, d’autant que l’on ne connaît pas les risques potentiels que font peser, à moyen et long terme, chacun de ces nanomatériaux.
Du fait de leur nature chimique, mais aussi de leurs propriétés physiques (dimension, surface, forme et structure), les nanoparticules se comportent de façons très différentes, et peuvent, par inhalation, ingestion ou absorption au travers de la peau ou des organes internes, traverser des barrières qui, d’ordinaire, protègent nos organes de toute intrusion extérieure. Ainsi, certains nanomatériaux seraient susceptibles de traverser la barrière placentaire, et aller aller au contact de bébés avant même qu’ils ne soient nés, affirment les rapporteurs.
Non seulement les scientifiques, et ceux qui s’intéressent aux nanotechnologies, sont encore bien souvent à court de réponses, mais les perspectives offertes doivent aussi les inciter à se poser de nouvelles questions.
Dans leur réponse (.pdf) à la consultation publique européenne sur le volet scientifique de la nanotechnologie, l’EEB et la branche allemande des Amis de la Terre estiment ainsi qu’il convient aussi de débattre des enjeux sanitaires, éthiques et législatifs des prochaines générations de nanomatériaux, des médicaments “intelligents” ciblant telles ou telles types de cellule jusqu’aux espoirs transhumanistes de biologie synthétique ou d’augmentation du corps humain.
Sans attendre jusque-là, la commission royale britannique sur la pollution environnementale notait de son côté l’an passé que de nombreuses nanoparticules s’agglomèrent dans la nature, formant de bien plus larges structures dont les propriétés toxicologiques pourraient être différentes de celles des nanomatériaux d’origine.
De même, notent l’EEB, on ne dispose pas de données sur les effets qu’engendreront les “cocktails” de nanomatériaux auxquels nous serons confrontés, tant à l’extérieur pour ceux qui auront été relâchés dans la nature, qu’à l’intérieur pour ceux que nous aurons ingérés, inhalés ou qui auront traversé l’épiderme.
Une nouvelle révolution industrielle
La fin de vie des nanomatériaux est elle aussi sujette à caution, et l’on ne sait pas vraiment en quelle mesure ils peuvent être recyclés. Or, 95% des nanoparticules utilisées en cosmétique, dans les peintures et enduits, pourrait se retrouver dans les eaux usées, et même enfouis ou incinérés, les nanotubes de carbone -dont la production, en 2007-2008, est estimée à 350 tonnes- sont susceptibles de rester intacts, et de se disperser dans l’air ou l’environnement.
Dans un précédent rapport (.pdf), consacré cette fois aux “nanotechnologies vertes“, l’EEB revenait également sur cette “nouvelle révolution industrielle” en rappelant que, de leur temps, l’amiante et le DDT avaient eux aussi été parés de toutes les vertus, avant de causer les dégâts que l’on connaît.
Prenant l’exemple des nanotechnologies environnementales dont le marché, à l’horizon 2010, est estimé à 6,1 milliards de dollars, et qui sont censées aider à la décontamination environnementale, et à l’amélioration de la gestion des déchets, l’EEB s’interroge :
“Comment être sûr que la technologie utilisée est non seulement efficace mais aussi moins toxique que les polluants qu’elle est censée nettoyer ? Les nanoparticules utilisées pour filtrer les polluants finiront-elles dans la chaîne alimentaire, à dégrader les sols, entraîner des maladies végétales, et contaminer les terres agricoles ?”
L’EEB n’en reconnaît pas moins que les nanotechnologies joueront, par exemple, un rôle important dans la “production“, la désalinisation et la purification de l’eau, “qui sont devenues une véritable industrie“. Ainsi, le département de Dow Chemical qui en a la charge est celui dont le chiffre d’affaires (500 M$) a le plus rapidement progressé en 2006.
Mais l’EEB et l’Ipen y voient aussi une fuite en avant technologique qui, plutôt que d’apporter des solutions aux problèmes urgents de l’humanité, constituerait surtout une “nouvelle vague” d’expansion industrielle, avec son corrélat d’exploitation des ressources énergétiques et d’exacerbation des destructions environnementales.
La question n’est pas technologique, mais politique
En 2006, le Project on Emerging Nanotechnologies (PEN), une fondation américaine qui veut oeuvrer à plus de transparence en matière de nanotechnologies, avait estimé que plus de 58 000 tonnes de nanomatériaux seraient produites entre 2011 et 2020, et que leur impact écologique pourrait être équivalent à celui posé par entre 5 millions et 50 milliards de tonnes de matériaux conventionnels…
Cette valse de chiffres témoigne bien du faible niveau de connaissances et de données disponibles à ce jour sur ce que deviendront les nanomatériaux et les façons qu’ils auront de se disséminer dans la nature et notre environnement. D’autant que, du fait de l’absence de règlementation, les industriels ne sont pas tenus d’informer les consommateurs de la présence de nanomatériaux dans leurs produits.
En février dernier, l’EEB rendait publiques ses “exigences en vue d’une gouvernance durable pour les nanomatériaux (.pdf)” :
“L’exigence essentielle de l’EEB, c’est qu’aucune nouvelle mise sur le marché ne soit autorisée pour les produits contenant des nanomatériaux manufacturés susceptibles de conduire à l’exposition des consommateurs ou de l’environnement. (…)
Les produits de ce type déjà sur le marché devraient être réglementés au titre de l’approche REACH fondée sur le principe “pas de données, pas de marché” et devraient donc être retirés de la circulation commerciale.”
La fédération d’ONG environnementales appelait également la Commission européenne à exiger l’évaluation et l’approbation des utilisations des nanomatériaux avant leur mise sur le marché, tout en notant que “l’expérience relative à la législation REACH (la règlementation la plus complète de l’UE sur les produits chimiques) a déjà mis en évidence les limitations de cette législation en ce qui concerne les nanomatériaux et montré que les outils de mise en œuvre actuels (par exemple les méthodes de test, la nécessité de communiquer les résultats des tests, etc.) ne s’appliquent pas au niveau nano“.
Dès lors, l’EEB appelle à la révision de la législation existante, à l’élaboration d’une règlementation spécifique au secteur nano, à l’application du principe de précaution et du principe “pollueur payeur“, et à l’établissement d’”un label obligatoire UE qui serait un outil d’identification des produits contenant des nanomatériaux manufacturés susceptibles de conduire à l’exposition des consommateurs ou de l’environnement“.
Notant qu’”à l’heure actuelle, la grande majorité des fonds de recherche en nanotechnologies dans l’UE porte essentiellement sur le développement technologique, axé sur l’amélioration de la compétitivité et de la croissance“, l’EEB appelle la Commission à donner la priorité au financement des recherches sur les impacts éventuels sur les systèmes humains et naturels.
La conclusion de son étude conjointe avec l’IPEN soulignait bien le manque de vision politique et sociale du débat autour des nanotechnologies tel qu’il s’est pour l’instant déroulé : “la nanotechnologie est la dernière innovation technologique nous promettant de guérir de nombreux maux humains et environnementaux. En se focalisant sur la nanotechnologie isolément, le risque est grand de ne s’intéresser qu’aux seuls impacts technologiques” :
“La nanotechnologie, comme la biotechnologie, va bien au-delà de notre connaissance des systèmes et cycles naturels, et de notre capacité à surveiller et contrôler ses effets négatifs non désirés.
Sans analyse des risques et cycles de vie susceptibles de contre-balancer la commercialisation de produits à haut risque n’ayant pas encore démontrer leur intérêt social, les coûts environnementaux pourraient s’avérer très élevés, et la technologie dans son ensemble être rejetée par le grand public.
Cela ne peut qu’entraîner des troubles sociaux dans la mesure où le public n’est pas capable de participer au processus de décision social, faute de pouvoir comprendre les tenants et aboutissants de la discussion, et leur confiance dans les pouvoirs publics et les entreprises privées ne peut qu’en être érodée.
Les nanotechnologies sont un exemple de réponse technologique à des problèmes qui requièrent, en réalité, des réponses sociales, économiques et/ou politiques.”
NB : les iconographies visible sur le site d’origine sont des copies d’écran du site NanoSmile, consacré à la sécurité des nanomatériaux et réalisé par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) dans le cadre du projet europen NanoSafe.
Pièces et Main d’œuvre, "site de bricolage pour la construction d’un esprit critique à Grenoble", ouvre ce lundi 21 septembre 2009 un nouveau site :
"Aujourd’hui le nanomonde, le site du débat public sur les nanotechnologies" (www.nanomonde.org).
Contre la campagne d’acceptabilité des nanotechnologies lancée par le gouvernement
Sur les conseils de Jean Therme, patron du Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble et inventeur de Minatec, "premier pôle européen de nanotechnologies" inauguré à Grenoble en 2006, Nicolas Sarkozy investit dans les nécrotechnologies.
Le plan Nano-Innov prévoit 70 M€ dès 2009, et la construction de nouveaux "Minatec", à Saclay et Toulouse. Les ministres Lagarde et Pécresse demandent au CEA de faire de la microélectronique et des nanotechnologies une priorité de son prochain contrat d’objectifs, de 2010 à 2013.
De Coppé, député UMP, à Devedjian, ministre de "la Relance", pas un des bons soldats de l’économie n’omet de citer les nanotechnologies dans ses discours sur la "reprise", la "compétitivité", la "croissance", rejoignant les socialistes du techno-gratin dauphinois dans la fuite en avant technologique.
Rien de surprenant. Les nanotechnologies sont la prochaine révolution industrielle, après l’informatique, et la France ne négligerait pas un marché potentiel de mille milliards de dollars en 2015.
Seul détail à régler : le risque d’opinion, au cas où celle-ci, après les OGM, entendrait les critiques de ceux qui, à Grenoble, enquêtent sur les nanotechnologies depuis huit ans pour en dénoncer les malfaisances.
L’opinion, il y a des experts pour ça.
La Commission nationale du débat public a été chargée par huit ministres d’organiser une tournée "participative" - 17 réunions publiques en France entre octobre 2009 et février 2010 – afin d’épuiser les opposants dans de stériles échanges, dont les conclusions décoreront sans doute les futurs budgets de Nano-Innov. Loin de servir un quelconque débat démocratique sur l’opportunité sociale et politique d’investir dans les nanotechnologies, cette campagne vise à leur acceptabilité par la population.
"Faire participer, c’est faire accepter", disent les experts en acceptabilité de France Telecom.
Proclamons notre opposition à la tyrannie technologique
La seule attitude décente face à cette mascarade est le boycott total de ces pseudo-débats et la critique publique de la tyrannie technologique. Nous refusons de jouer le jeu, parce que nous refusons le nanomonde que ces divertissements citoyens sont censés rendre acceptable. Les soumis de la tyrannie technologique, les résignés de la survie artificielle dans le monde-machine, ne pourront pas dire que nous avons acquiescé avec eux.
Nous avons mis en ligne toutes les informations. Renseignez-vous, faites circuler dans vos groupes et associations : opposants à la société industrielle, à la biométrie, à la vidéosurveillance, anti-nucléaires, anti-OGM, anti-militaristes, anti-nécrotechnologies et autres luddites.
Organisez des réunions.
http://www.nanomonde.org/
Le nanomonde, c’est maintenant qu’il faut le combattre
mardi 1er septembre 2009
Bayer, L’Oréal, Unilever, Nestlé, Arkema, IBM, etc. Les multinationales investissent depuis des années dans les nanotechnologies, un marché évalué à mille milliards de dollars en 2015. Agro-alimentaire, automobile, textile, électronique, cosmétiques, bâtiment, pharmacie, armement, etc : de nombreux secteurs sont concernés.
Les gouvernements financent ces recherches, dont ils attendent un surcroît de puissance économique et militaire. Nicolas Sarkozy a lancé le plan Nano-Innov pour la France : un investissement de 70 millions d’euros pour 2009, qui s’ajoute au financement public de laboratoires et d’entreprises (CEA, STMicroelectronics, etc). A Grenoble, le premier pôle européen de nanotechnologies, Minatec, a été inauguré sous protection policière en 2006.
Nous n’avons jamais été consultés sur ces choix technologiques, qui doivent, selon les chercheurs et industriels, "révolutionner nos vies". Un bouleversement comparable, du point de vue historique, à l’introduction de l’électricité et de l’informatique ; et du point de vue de la menace, au nucléaire et aux OGM.
C’est après avoir investi dans les nanotechnologies que l’Etat lance, à l’automne 2009, une campagne de communication, avec des réunions publiques dans 20 villes organisées par la Commission nationale du débat public (CNDP). Pourquoi cette opération ? Pour nous faire accepter les nanotechnologies, et éviter notre refus après celui des OGM.
****
Les nanotechnologies ne sont pas seulement une nouvelle science. Elles permettent d’hybrider, pour les rendre plus puissantes, des technologies déjà très puissantes : biotechnologies (manipulations génétiques), informatique (échange de données et calcul), et neurosciences (intervention sur le cerveau). Ces technologies dites convergentes prétendent maîtriser totalement la matière, des atomes aux populations.
A qui profitera ce pouvoir inouï ?
Quelle autonomie, quelle liberté nous restera-t-il quand le brevetage des atomes, après celui des gènes, aura achevé la privatisation du monde ? Quand la numérisation et l’interconnexion de chaque parcelle de la planète - objet, plante, animal, paysage, humain – nous placera sous surveillance électronique permanente ?
Quelle dignité nous sera-t-il laissé quand, pucés, tracés, profilés, nous serons à notre tour transformés en objets ?
Quelle vie enfin nous restera-t-il dans un monde artificialisé, une techno-nature sous commande, supposée remplacer le milieu saccagé par les précédentes révolutions industrielles ?
Dans les laboratoires se fabrique en ce moment un nouveau monde, le nanomonde. Industriels et ingénieurs jouent aux dictateurs avec notre avenir au nom de la compétition internationale, et tentent de faire passer le tsunami des nanotechnologies pour une solution "écologique" à la menace climatique. Nous ne pouvons pas les laisser faire.
Dénonçons la campagne d’acceptabilité de la Commission nationale du débat public !
Nous vous invitons à boycotter ces pseudo-débats et à faire savoir publiquement votre opposition à la tyrannie technologique.
Nous avons mis en ligne toutes les informations. Informez-vous, faîtes circuler dans vos groupes et associations. Organisez des réunions.
Vous trouverez sur ce site :
les ressources pour découvrir le nanomonde et les nanotechnologies ;
des informations et des révélations sur la campagne d’acceptabilité lancée par le gouvernement via la Commission nationale du débat public ;
l’actualité de la contestation des nécrotechnologies ;
un agenda des débats et actions contre la tyrannie technologique ;
des outils pour organiser vos propres événements.
Annoncez vos rendez-vous, partagez vos comptes-rendus, faîtes circuler les informations en écrivant à : contact@nanomonde.org Qui sommes-nous ?
De Grenoble, la "capitale" française des nanotechnologies, nous voyons émerger ces recherches depuis dix ans. N’appartenant à aucun groupe – politique, syndical, associatif – nous avons créé en 2002 Pièces et Main d’œuvre, un site Internet indépendant, et le premier en Europe à diffuser des enquêtes critiques sur les nanotechnologies. Certaines d’entre elles sont publiées aux éditions L’Echappée.
Nous avons participé à nombre d’actions de contestation :
conférences-débats, occupations, manifestations, tracts, etc.
Aujourd’hui, alors que l’Etat fait des nanotechnologies une priorité de ses investissements, et tente de rassurer l’opinion à travers une campagne de communication (avec la Commission nationale du débat public), nous vous alertons, notamment via ce nouveau site, sur le monde que ces hypertechnologies fabriquent à votre insu.
Pièces et Main d’œuvre
Chez Les Bas-Côtés - 59 rue Nicolas Chorier - 38000 Grenoble
www.piecesetmaindoeuvre.com