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13/06/2012

Un autre monde est possible

12/06/2012

Speak white/ Speak red

Je suis née le 16 juin 1970, autre époque, autre monde ? pas si sûr, écoutez plutôt la québecoise Michèle Lalonde dans ce court métrage, de Jean-Claude Labrecque tourné à la nuit de la poésie le 27 mars 1970 :

 

Et voici, 42 ans après, dans le Québec des étudiants en lutte, Speak Red - Un texte de Catherine Côté-Ostiguy, inspiré de « Speak white », de Michèle Lalonde


Clip réalisé par Jean-David Marceau
Musique: Alexandra Stréliski http://alexandrastreliski.bandcamp.com/

 

 

11/06/2012

POESIE POSTALE : Calepin paisible d'une pâtresse de poules

 

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Ed. Nouveaux Délits

Collection les Délits Vrais - N°2 - 2012

 

 

"Que c’est bon d’être assise là au soleil, en pâtresse de poules, au sein de toute cette beauté ! Un léger vent, un esprit bienveillant pose sa main sur mon front.
Le sourire est là, à portée de lèvres. Il affleure comme une source, il vient du cœur. Ce cœur à cajoler, à nicher dans la mousse.

 

L’hiver se meurt, je le sais, je le sens. Ne pas chercher. Ne plus chercher. Simplement faire de la place pour accueillir."

 

 

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Poésie postale, timbrée "Nouveaux Délits"
Tirage signé, numéroté et limité à 50

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Textes et photos de Cathy Garcia

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Papier et enveloppe recyclés


25 pages

 

12 €

 

http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/

 


10/06/2012

Sept façons de tuer un chat de Matias Nespolo

Sept façons de tuer un chat, Matías Néspolo

trad. de l’espagnol (Argentine) par Denise Laroutis, 2012, 254 p. 22,30 €

Edition: Thierry Magnier

 

Cette histoire est un premier roman plutôt réussi. Un récit nerveux, sec, dense et noir, qui laisse peu de place à la respiration, très vivant aussi grâce aux très nombreux dialogues dans lequel le traducteur retranscrit le style et le ton du lunfardo, l’argot de Buenos Aires. Le Gringo celui qui raconte et Chueco, le Tordu, son copain d’infortune, sont deux adolescents, mais l’âge ici a peu d’importance, on vit vite et on meurt tôt dans ce bidonville en périphérie de la capitale argentine. L’existence est un rouleau compresseur, misère, violence, corruption en guise de sainte trinité, et toute tentative pour sauter hors du bocal est vouée à l’échec. Pas d’espoir pour ceux et celles qui sont nés du mauvais côté, parents perdus très vite, la petite rapine de survie quand elle ne conduit pas au trou, mène en chute libre dans la guerre des dealers. Chueco le Tordu n’y échappera pas. L’amitié ici est fragile, à la merci de n’importe quelle trahison et l’amour n’y a pas sa place. Même sur le point de passer son bac, la jeune Délia dont Le Gringo est amoureux, n’échappera pas au droit de cuissage de Jetita, un chef de gang. Le trottoir et les coups sont la destination souvent finale des filles et femmes de ces quartiers. Drogues, alcool sont les seules et illusoires portes de sortie de cet enfer et Mamina, une vieille, pauvre mais courageuse femme, tente de redonner un peu de dignité à ces gamins de la rue en les recueillant et les élevant comme elle peut.

« Il y a des choses de Mamina que je ne comprends pas. Le travail inutile par exemple. Mais aussi les attitudes, les façons de réagir… plus je la connais, moins je la comprends. A l’heure qu’il est elle lave le trottoir à grandes eaux. Comme elle le fait un jour sur deux, religieusement. Qu’il pleuve, qu’il tonne ou qu’il grêle, elle lave sa portion de ciment jusqu’à ce qu’elle soit impeccable ».


Mamina sait bien que peu d’entre ses protégés ne la décevront pas. Le Gringo aimerait bien en faire partie mais comment échapper à la fatalité qui vous poursuit et vous mord au talon pire qu’un chien enragé ? C’est dans un livre qu’il cherche une réponse, un livre que Le Gringo a acheté dans une librairie avec le gain d’un larcin qui coûtera très cher.

 

« Je ne sais pas ce que je fous, là. Je n’ai jamais lu un livre de ma vie et maintenant j’en achète un. Le comble : c’est donné et je voulais seulement dépenser mon fric ».

 

Un livre qui l’accompagnera comme quelque chose que l’on poursuit et qu’on n’atteindra jamais : la baleine blanche de Moby Dick.

 

« Qu’est-ce que je fais ? J’ouvre le livre comme pour y chercher un conseil, en me demandant ce qu’il va me raconter, l’Ismaël, et il me sert une des ses salades… »

 

En parallèle de cette vie de misère où on en est réduit à bouffer du chat, se prépare en ville une grande manifestation contre le pouvoir en place, ce qui met l’accent sur le décalage entre ceux qui se veulent révolutionnaires, les étudiants, les travailleurs et ces laissés pour compte des bidonvilles qui dès leur plus jeune âge, s’ils l’atteignent, vivent et survivent la peur et la faim au ventre, le doigt sur la gâchette et le nez dans la merde, à des lieues de toute normalité où discours et idéaux auraient encore un sens. Cependant, il arrive un moment où les combats se rejoignent.

 

« (…) juste au moment où le mégaphone des flics nous ordonne de nous disperser. De dégager la route « gentiment » avant le départ de l’opération, dit le flic. Je connais cette voix. Elle ressemble beaucoup à celle que j’ai entendue l’autre nuit dans le talkie-walkie de Jetita. C’est le commissaire Zanetti, ce fils de la grande pute. Et son « gentiment » me rappelle ce que m’a dit Chueco il y a quelques jours. Cette réflexion qu’il a faite, qu’il y a sept façons de tuer un chat, mais, qu’à l’heure de la baston, il n’y a que deux façons qui vaillent, la gentille ou la dégueulasse. (…) C’est maintenant que le bal commence vraiment. Tout ce qu’il y a de gentiment… »

 

Cathy Garcia

 

21689_I_matias_nespolo.jpgMatías Néspolo, dont c’est le premier roman, est né à Buenos Aires en 1975. Il a étudié la littérature, a écrit des poèmes et des nouvelles. Il est aujourd’hui journaliste culturel pour El Mundo et vit à Barcelone.

 

 

08/06/2012

Tabarnak !

07/06/2012

Récits de Fukushima - Alain de Halleux

Cinq récits, cinq films à voir absolument sur :

http://fukushima.arte.tv/#!/4883

chacun d'eux a en exergue un haïku tiré du livre Après Fukushima du Cercle Seegan http://fukushima.arte.tv/haikus-apres-fukushima/, des extraits avaient été publiés en janvier 2012 dans la revue Nouveaux Délits : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2012/...)

 

Le réalisateur, Alain de Halleux

Shintaro, mon assistant japonais et moi avons pris 2 mois pour préparer ce voyage. On n’entre pas si facilement dans la maison d’un Japonais. Très affable et respectueux de l’autre, il ne dévoile pas facilement ses secrets. Au Japon, il y a deux mots qui résument très bien la chose. Honne et Tatemae, l’apparence et la vérité intérieure. Ce qu’on dit et ce qu’on pense. Et l’un ne correspond pas nécessairement à l’autre. Autre difficulté rencontrée lors de cette préparation : le Japonais ne fait confiance à quelqu’un qu’à partir du moment où il l’a rencontré. Ainsi, par exemple, pour réussir à obtenir un rendez-vous avec Nakate-san, il nous a fallu écrire une dizaine de mails et donner de multiples coups de téléphones non seulement à Nakate lui-même, mais aussi à des connaissances. Lorsque j’ai fini par le rencontrer en personne, il m’a avoué : « Alan-san, je m’étais fait de vous l’image de quelqu’un de très compliqué ! ». J’ai éclaté de rire car j’avais vécu la même expérience dans l’autre sens.
Un Japonais n’exprimera jamais que l’opinion ambiante. Il est né politiquement correct, si l’on veut. Il existe d’ailleurs une expression Kokyu rumi : lire ce qui est dans l’air. La langue se prête bien à cet exercice périlleux qui consiste à ne jamais contredire ou choquer qui que ce soit. La structure de la phrase est telle que le verbe arrive à la fin ainsi que la négation ou l’interrogation éventuelle. De plus, le Japonais possède une multitude de petits mots qui lui permettent de temporiser ou de diluer sa phrase. Ainsi, tout en parlant, il peut jauger les réactions de son interlocuteur et modifier au dernier moment le sens de son propos. Imaginons que je veuille proposer un verre de bière à mon invité, mais je ne suis pas sûr qu’il en boive. Je pourrais le vexer en sous-entendant qu’il aime ça. Mais peut-être justement n’attend-il que ça, que je lui demande justement s’il aime la bière. Comment lui proposer dès lors de boire avec moi ? En Japonais, c’est très simple. Je vais dire un truc du genre : « Vous…et bien…un verre de bière…n’est-ce pas…vous boirez… » En fonction de la mimique de mon invité, je pourrais d’une syllabe dire : « N’est-ce pas » ou « Sûrement pas ! ». Les Japonais sont donc passés maîtres dans l’art du sous-entendu et de son décryptage. Ils ont développé une intuition qui leur permet d’évaluer au plus vite l’autre. Je me souviens qu’au début de notre travail, j’avais demandé à Shintaro d’envoyer un mail de 3 lignes à Nakate pour lui proposer un rendez-vous téléphonique. Si j’ai pris 15 minutes pour écrire ce mail en anglais, c’est beaucoup. Nous sommes lundi matin. Shintaro est censé traduire ce mail et l’envoyer. Mardi matin, je lui demande s’il a des nouvelles de Nakate, si celui-ci a répondu à notre mail. Shintaro me dit qu’il ne l’a pas encore traduit. Je suis un peu ennuyé. Je me demande si Shintaro a oublié ce travail. Il me rassure. Il travaille à la traduction, mais celle-ci n’est pas encore terminée. Je lui rappelle qu’il est urgent d’entrer en contact avec Nakate. Shintaro, se vexe. Il le sait très bien. C’est pour ça qu’il prend le temps de bien traduire mon mail.
Mercredi matin, je réitère ma demande. Shintaro me rassure. Il a traduit le mail. Enfin, me dis-je, il n’est pas trop tôt ! Mais, poursuit-il, il attend le retour d’un de ses amis qui est occupé à le corriger. Quoi ?! Et quand aurons-nous cette fameuse correction ? Mercredi soir ?
Bref, le mail que j’avais écris le lundi a fini par partir jeudi. Inutile de dire qu’à ce rythme, il nous était impossible de trouver des familles qui accepteraient de nous rencontrer et d’organiser tous les rendez-vous. Je me suis fâché. Shintaro aussi ! Je ne comprenais pas encore l’importance de la première impression que l’on laisse sur un japonais. Elle est déterminante. On n’effacera jamais cette image-là, d’où l’importance de prêter attention à ne faire aucune erreur au début d’une relation.

Au bout de deux mois de travail intensif, l’agenda était en place. Départ pour le Japon. A peine arrivé à Narita, surprise ! La première chose qu’un fumeur fait après 12 heures d’avion, c’est d’aller fumer une cigarette à l’entrée de l’aéroport. Je fume depuis à peine dix secondes lorsque quatre Japonais se tournent vers moi et m’indiquent gentiment du regard une espèce d’aquarium planté sur le trottoir. C’est là que je dois aller fumer. Je me dis que cette situation ne vaut que pour l’aéroport et que dans la ville, comme partout au monde, rien ne m’empêchera de fumer dans la rue. J’arrive au centre de Tokyo. Pas un mégot par terre et pas un fumeur. Je suis pris d’angoisse. Soudain, au coin d’une rue, un « Smoker corner ». Une dizaine de personnes sont rassemblées autour d’un cendrier. L’espoir revient. Ainsi tous les deux ou trois carrefours, les autorités ont-elles installés de petites îles de survie pour fumeur. Arrive l’heure de dîner. J’entre dans un restaurant. Et là, surprise, l’atmosphère est bleue. Tout le monde fume à table en mangeant. Le monde à l’envers. Je raconte cette anecdote pour faire comprendre que les codes sont ici assez radicalement différents des nôtres. Certains en ont déduit que les Japonais sont si différents de nous qu’il est difficile d’entrer en communication avec eux. Pour ma part, j’ai vu des êtres humains, mes frères. J’ai eu d’autant moins de difficultés à créer une relation avec eux que je me suis présenter exactement tel que j’étais. Cela dit, au fur et à mesure du voyage, je m’amusais à adopter les coutumes locales, ce qui est fortement apprécié.

A Tokyo, j’ai habité chez David et Eiko qui tiennent la crêperie bretonne. Pas trop dépaysant donc. Ça me laisse le temps d’absorber mon décalage horaire. Eiko a habité en France et en Belgique. Enfin, c’est ce que je crois lorsque j’arrive chez eux. Car à peine les bagages déposées, je fonce chez David et Royoko, un couple américano-japonais. J’y tourne mes premières interviews. Je rentre à la crêperie. Je suis à l’ouest. David a fini son service et nous rentrons à son appartement. Nous buvons une bière. Je m’endors presque, mais David me dit d’attendre Eiko. Elle a tant de choses à dire. J’hésite, mais David insiste. Eiko finit par arriver vers 1H30 du matin. Cela fait déjà 30 heures que je n’ai pas dormi. Mais la conversation est si passionnante que je finis par prendre ma caméra et filmer. Quand enfin je m’écroule sur mon futon, c’est déjà l’aube.

Ensuite, j’ai déménagé à Fukushima City chez Isao, un retraité célibataire de 61 ans. C’est un ancien ingénieur en aéronautique. Il s’est fait construire une maison somptueuse dans la campagne pas loin de la ville. Je n’ai jamais vu une maison comme ça. Elle parle : « Votre bain est prêt ! ». « Bonjour ! »…même les toilettes sont électroniques. Comme le mode d’emploi décrit sur la chasse d’eau est en Japonais, impossible de la programmer. Je m’assieds à tout hasard sur la planche, en optant pour un style finalement extrêmement classique. La planche est chaude, sursaut de surprise. Il paraît que si le Japon supprimait toutes les toilettes électroniques, il pourrait supprimer 2 réacteurs nucléaires. Je ne sais si c’est vrai, mais je suis sûr que le simple fait de pisser au Japon coûte un pont en électricité…
Isao est un spécialiste de karaoké. Il a bien évidemment une installation dernier cri. De temps en temps le soir, nous buvons une bière avec lui et Rie et nous chantons. Je me sens chez moi. Isao est formidable. Il nous emmène avec sa voiture un peu partout. Il nous fait à manger. Et comme c’est un grand mangeur, je déborde de sushi, de soupe au bœuf et de pâtes. Si les deux trois premiers jours à Tokyo, j’ai fait très attention à la provenance de la nourriture, je dois bien avouer que j’ai vite baissé la garde. On comprend dès lors l’attitude de la population de Fukushima après un an…la radioactivité est non seulement invisible, mais elle a aussi la faculté de nous rendre amnésique.

Par Alain de Halleux, réalisateur

 

04/06/2012

Je suis l'eau, de Cathy Garcia, encore un nouveau livr'art Evazine

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A découvrir sur : http://evazine.com/livre30/Default.html

Borderline, de Cathy Garcia et Jean-Louis Millet, un nouveau livr'art Evazine

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à découvrir sur : http://evazine.com/livre29/Default.html

01/06/2012

Jean-Pierre Lord, un étudiant québécois s'exprime à chaud et il s'exprime BIEN !

 

Commentaire supplémentaire du citoyen interrogé :
"Je dois préciser que j'ai fait cette entrevue sur l'adrénaline... on venait de se faire charger par l'anti-émeute... et tabasser... alors oui il manque quelques précisions à mon témoignage... Voilà plutôt le fils de ma pensée par écrit :

Les étudiants ne laisseront pas les libéraux saboter nos acquis sociaux si facilement.

Dis moi carrés «verts», dans quel monde une hausse des prix entraîne une hausse de la demande?

Seulement 17% des étudiants recevront des bourses. C'est donc dire que 83 % des étudiants s'endetteront davantage.

Considérant qu'un emprunt de 28 000 $ remboursé pendant 10 ans aura coûté 42 563 $ à l'étudiant, les banques privées à charte fédérale encaissent un profit de 14 563 $. Le Régime de remboursement proportionnel aux revenus permettra, certes, aux étudiants de payer moins chaque mois, mais on sait que plus il prendra de temps plus les intérêts sur sa dette étudiante s'accumuleront.

Les Banques doivent saliver à l'idée de cette nouvelle niche de titrisation pour des papiers commerciaux adossés à des prêts étudiants dont ces derniers ne peuvent même pas se départir s'ils font faillite et qui sont garantis par le gouvernement. Pour les Banques, aucun risque, profits élevés!

À l'inverse, un investissement public de 28 000 $ coûtera à l'État par ses recettes fiscales 28 000 $ (aucun intérêt ici). En fait, pour les contribuables, la hausse des frais de scolarité équivaut à 1¢ par contribuable par jour (sans vouloir rire de Mme Beauchamp).

Si on se fit à la période libérale de 1990 à 1996 où les frais ont considérablement augmenté passant de 563 $ à environ 1300 $, il est permis d'estimer la baisse de fréquentation scolaire liée à une hausse des frais à 7 000 étudiants par année. C'est donc dire que si on ne hausse pas les frais, 7 000 étudiants resteront sur les bancs de nos universités.

Sur 25 ans, c'est donc 175 000 étudiants (autant d'ingénieurs, de cinéaste, de travailleurs sociaux, d'infirmières, d'agronomes, de géographes, d'historiens, de philosophes, de sociologues, d'anthropologue, de designers industriels, etc.)

Néanmoins, la vie humaine n'est pas que comptable. Considérant que la valeur sociale de l'éducation est encore jeune et fragile chez les Québécois (90 % de la population était analphabète en 1963 quand on a construit notre système d'éducation, aujourd'hui 40% de la population est analphabète fonctionnel), il est normal que peu d'entre nous y soient déjà allés.

Je suis le premier de toute ma famille élargie à atteindre l'université. À l'Université du Québec en Outaouais, 70 % des étudiants sont les premiers de leurs familles à atteindre les études supérieures. Il est donc permis de dire que nous devons être vigilents face à nos acquis sociaux.

Ceci étant dit, on peut néanmoins être fier de notre système d'éducation. Et comme le rappelait Guy Rocher, le 11 avril dernier dans Le Devoir : « Mais la gratuité est-elle possible à l'aune de la mondialisation? C'est vrai qu'on vit dans un monde élargi de compétition, mais il y a d'autres pays qui vivent dans le même monde que nous et qui ont adopté de tout autres politiques», souligne-t-il en faisant allusion à la Scandinavie, où la gratuité est une idée plus répandue. «J'ai l'impression que la Finlande a lu le rapport Parent et qu'elle l'a appliqué! », conclut-il. [1] Parlant de compétition mondiale, les Québécois se situe au « 2e rang dans le monde occidental en mathématique, après la Finlande; 13e rang mondial en sciences; 6e rang mondial en lecture et compréhension (2e en Occident, toujours après La Finlande) ». [2]

Selon moi, si l'éducation est publique, c'est qu'elle repose sur un pacte intergénérationnel sacré. À savoir, les aînés paieront par leurs impôts l'éducation des plus jeunes qui à leur tour leur permettront d'avoir une retraite et des services sociaux adéquats en fin de vie.

Il s'agit pour moi de solidarité et de justices sociales.

Jean-Pierre Lord
Étudiant en travail social -- UQÀM
Président de l'association locale de Sainte-Marie-Saint-Jacques
Parti Québécois
www.facebook.com/SMSJ.PQ
www.facebook.com/jeanpierre.lord

Sources :

[1] http://www.ledevoir.com/societe/education/347145/la-lutte... (diffusé le 11 avril 2012)

[2] http://www.ledevoir.com/societe/education/312879/resultat...

31/05/2012

Le scalp en feu

Chronique de Michel Host dans Recours au poème, un nouveau webzine consacré intégralement à la poésie

Directeur de la publication :

Gwen Garnier-Duguy

 

Rédacteur en chef :

Matthieu Baumier

 

Rédaction :

Mathieu Hilfiger

Michel Host

Paul Vermeulen

 

Collaborateurs réguliers

Jean-Luc Maxence, Alain-Jacques Lacot, Alain Gopnic, Pascal Boulanger, Pascale Trück, Salima Aït-Mohamed, Fabien Desur, Jean Maison, Luis Bénitez, Marie Stoltz, Bernard Mazo, Gérard Bocholier, Malika Hadji, Andrjez Taczyński, Pierre Maubé, Max Alhau, Marija Knezevic, Antoine de Molesmes, Giriraj Kiradoo Sophie d’Alençon, Dubravka Djuric, Phil McBeath, Denis Emorine, Eze Baoulé, Lucia Acquistapace, Zvonko Karanovic, Jean-Pierre Védrines, Dimitra Kotoula, Didier Bazy, Željko Mitić, Shasheen Sauneree, Maximilien Kronberger, Christos Chrissopoulos, Nathanaël, Arundhathi Subramaniam, Katerina Iliopoulou, Christophe Dauphin, Nina Zivancevic

 

Le Scalp en feu est une chronique irrégulière et intermittente, dont le seul sujet, en raison du manque et de l’urgence, est la poésie. Elle ouvre six fenêtres de tir sur le poète et son poème. Selon le temps, l’humeur, les nécessités de l’instant ou du jour, son auteur, un cynique sans scrupules, s’engage à ouvrir à chaque fois toutes ces fenêtres ou quelques-unes seulement.

UNE PENSEE

« La poésie n’est jamais fictive ». (Frédérick Tristan)

Même négative, cette tentative de définition de la poésie est une des plus profondes parmi toutes celles que j’ai rencontrées. On la relira dans Le retournement du gant - (Entretiens avec Jean-Luc Moreau, p. 73, Fayard, 2000).

Il me faut faire un ou deux pas de plus.

Oui, bien entendu, la Poésie de l’un ou l’autre, tel ou tel de ses poèmes, avant que d’être écrits, puis figés dans les pages d’un recueil, ont d’abord tissé un lien profond avec son existence, sa temporalité sur terre, ses amours, ses goûts et ses dégoûts, ses révoltes... En somme, ce que l’on résumerait par l’expérience, la part non-fictive de l’homme, de la femme qui se sont déclarés poètes.

Mais s’ouvrent aussitôt un champ de mines et le jeu de vie ou de mort. De ce lien, de cette expérience, le poète peut n’avoir fait que le théâtre de ses opérations intimes, le lieu où, habile stratège, avec plus ou moins de discrétion il sollicite l’admiration de ses généraux et celle des généraux qu’il aura vaincus. On résume cette position, d’ordinaire, par poésie nombriliste. À moins qu’il ne s’agisse de poésie imitative, car il n’est pas exclu que le militaire des Lettres s’inspire d’autres stratèges des temps anciens, les Gengis Khan, les Alexandre, les Scipion, les Napoléon du verbe poétique… Que n’est-on capable de faire, en effet, pour être encensé ! Souvent, cette poésie-là perd ses bras, ses jambes et sa vie sur les terrains où elle fait mine de combattre. Elle périt car elle est périssable.

L’autre cas, plus rare il me semble, est celui du stratège qui n’entre en lutte, en poésie donc, que pour sauver les siens, je veux dire les hommes. On ne sauve qu’en ralliant les peines de tous, les enthousiasmes de tous : en partageant, en somme. C’est dire que cette « expérience », cette part non-fictive, est hautement transmissible et clairement à transmettre. Partagée, elle n’est plus fiction de soi. Qu’elle s’appuie sur la beauté ou l’horreur, l’amour ou la détestation, la colère ou la célébration, qu’importe… les combattants, et derrière eux la foule, passeront à travers le champ miné et tout le monde restera en vie.

LE POÈME

C’est « La chanson des cheveux dénattés » de Jaroslav Seifert, poète praguois, tchèque et universel, parue dans le recueil Le concert en l’île et autres poèmes, publié en traduction[1] chez Belfond, en 1986, avec une préface d’Hubert Juin. Seifert reçut le prix Nobel de Littérature en 1984. Ce n’est pas pour cette raison que Le Scalp en feu le met en exergue, mais parce que son engagement ne fut pas de façade et que la vie est au cœur de sa poésie.

Hubert Juin nous en dit ceci : « Pas de tumulte, ici. Pas de rhétorique éclatante ou indue. Pas d’éclat, justement. Cette mesure partout appliquée est plus terrible que les cris. C’est ainsi, je crois, que chemine la poésie de Seifert, s’avançant dans la profondeur. Elle a partie liée avec le quotidien, avec l’homme de tous les jours… »

- Donc, pourquoi Seifert ?
- Eh bien… « la profondeur »… « le quotidien »… « l’homme de tous les jours »… Nous tous.
- Et pourquoi ce poème et non un autre ?
- Pour la Femme, qui se trouve en son centre. Pour la beauté Femme intime, sa beauté cosmique.

La chanson des cheveux dénattés

Sans talons, dans des pantoufles de vair doux
bougent des jambes de femme.
Mes yeux refusent le sommeil.
Quand elle a rejoint la fenêtre, elle s’est assise
dans ses pantoufles de vair doux.

Elle cache son foulard de soie, plus lourd de quelques larmes,
là où il fut auparavant.
Combien pèse une larme ? Cela fait rire !
Comme est pesante cependant la solitude d’une nuit plus lourde de quelques larmes.

Il pleut en silence, le cheveu de son parfum
vers les rondeurs de ses épaules de colombe,
et le peigne soulevé par la main
regagne en descendant la tresse
des cheveux de ce parfum.

Elle couvrira la tempe de sa beauté,
Sous la cambrure d’un bras. Légèrement,
pour la nuit, elle refait ses tresses défaites il y a un instant,
sur la tempe de sa beauté.

Jaroslav Seifert

LE POÈTE

Gaston Marty est le Poète.

Non parce que je l’avais rencontré, il y a des années aujourd’hui, sans m’être douté de rien. Il ne m’avait pas donné alors l’occasion de deviner quoi que ce fût. Il fut mon professeur de pédagogie de l’espagnol, langue et culture que je m’apprêtais à enseigner pendant des dizaines d’années. Il pratiquait, ô combien ! son métier, j’apprenais le mien. C’est une autre rencontre, celle que je fis des Éditions de l’Atlantique, sises à Saintes, en Charente-Maritime, qui me permit de le retrouver : il y publiait des recueils de poèmes. Nous refîmes connaissance sur cet autre terrain, comme dans une « autre vie » qui s’ouvrait.

En premier lieu, je reprends ici des notes que la revue en ligne La Vie littéraire avait accueillies lorsque ne lui avait pas succédé encore La Cause Littéraire. Et aussi j’y détaille un peu plus les circonstances de ces retrouvailles inattendues.

En second lieu, je citerai quelques poèmes de Gaston Marty, qui nous parlent de l’ici et du maintenant, mais aussi de l’hier et de l’ailleurs.

I – QUATRE SAISONS UN DÉSIR de Gaston MARTY

Aux Editions de l’Atlantique, Collection Phoïbos, 2009

Gaston Marty fut mon guide lors de la préparation de concours destinés à faire de moi un professeur d’espagnol, il y a de cela quelque temps ! C’était à Orléans. Un heureux hasard - ma rencontre avec les éditions de l’Atlantique, précisément – a permis que nous nous retrouvions. La France est petite et grande à la fois : ce maître excellent était donc aussi poète ! J’aurais bien dû savoir que, pour beau et exaltant qu’il soit, le métier de professeur (c’était ainsi qu’il était alors, et j’espère qu’il l’est resté en dépit des bruits sinistres qui courent ici et là !), s’il fait dans bien des cas la totalité d’un homme, lui ouvre cependant assez de portes pour qu’il puisse, s’il en a la force et le désir, se réaliser dans une vie plus ample, à d’autres mesures. Je suis donc reparti sur la piste de Gaston Marty, elle me conduisit vers le sud, là où il vit désormais, occupé d’une revue de création littéraire - Souffles -, et de sa propre poésie. Son recueil des Quatre saisons n’a rien d’horticole et tout de ce plus vaste désir. Son éditrice présente ainsi sa poésie : « [Elle] est pleine de compassion et d’humanité… celle qui s’interroge et interroge le souvenir. Il faut y ajouter une langue parfaitement originale et des images qui nous enchantent, faisant vibrer en nous la mémoire perdue. » (Silvaine Arabo).

Une langue, oui, et qui sonne, claire, sur ce temps du souvenir, parfois d’une nostalgie vite rappelée à la tenue, à la noblesse discrète de l’allure et du dire… Genio y figura ! – quelque chose d’espagnol peut-être, de simple et d’essentiel :

La vieille femme se tient buste droit
…………………………………………………
Je savais en sa cuisine trouver salon
Aux reflets de feu sur mosaïque gauchement réparée.
Table aussi que l’on touche à regret
Par peur de blesser la nappe et défleurir le temps.
Accourez maison inachevée mémoire fidèle
La femme étiole les fleurs changées de vase faux cristal.

On le pressent, plus que les quatre temps de l’année, c’est le temps tout entier qu’emportent avec eux ces vers d’autant plus libres qu’ils se vêtent de rigueur et fuient toute emphase. La force en est telle qu’ils nous emportent aussi dans ce temps élargi, même ceux d’entre nous qui n’en auront respiré que de lointains effluves, ou même n’en auront rien respiré. Sa poésie me semble avoir été de longtemps densité, cristallisations, prises secrètes dans et sur un réel sans cesse à saisir, énigme de nous-mêmes que l’énigme d’un tour inattendu tente d’ouvrir pour nous le révéler. En témoignent ces distiques bleutés et suspendus, dans l’attente des lectures révélatrices :

Il n’était plus ici rumeur de ville
mais pierre bleue un extrait de jour et nuit

Cassant comme une falaise dussent y foisonner les nuages
je m’essayais à ce bleu brusqué ou sans trouble

Parfois enfoui bleu de la plus belle eau
et en sa qualité la remontée des oiseaux

Haut nouage (2001)

Dans l’attente du miracle d’adolescence, de ce que le jour déraille enfin, de ce que nous nous appropriions un autre monde, celui du partage, son visage et notre autre visage… Ainsi dans les proses brèves de « L’onde et la braise » (1988) : « On nous dit de partager mais quelles miettes si par escapade nous découvrons de quelle rivière sourdent les verdures aux visages de feuilles. Il suffirait j’imagine de supplier le monde d’entrer en poésie ou suivre au matin délié la bruine alliant prairies pelouses cœur des sarments pour qu’entre nuit et jour réverbère et soleil émergé le train de l’aube brise ses aiguillages. »

Faisons retour à ces « Quatre saisons un désir » que viennent de publier les Éditions de l’Atlantique. Ce pourrait être notre livre d’heures, celui des heures condensées, rassemblées, d ‘une existence qui suit son tracé aventureux quoique posé, méditatif et songeur. Non livre de prière - encore que la vie demande qu’on la prie de nous laisser la goûter pleinement -, mais livre célébratoire, sous sa tenue de travail et de parade intime. En témoigne l’exergue, emprunté à Alain Fournier : « Au vent de cet hiver qui était si tragique et si beau ». J’y devine tout un siècle qu’on ne se résignera pas à jeter aux chiens en dépit qu’il fut si difficile. On y prit le meilleur dans sa soudaineté :

Nos danseurs jour et nuit de la Saint-Jean
n’avaient envisagé les mépris de plus tard
les horizons se couchant leur suffisaient.
Adolescence telle une rafale
et la pierre jetée dans l’eau sous forme de galet
repart de la surface qu’il caresse.

On y avança, en ce siècle-là, de cent façons, toujours en quête d’une forme nouvelle du destin, d’une espérance dans les mots mêmes des livres :

L’errance fut celle d’un piéton du sable
au rendez-vous de la voile conquise.
Sous la poudre volante crissaient rues platanes
parquets rues en beau désordre.
………………………………………………………..
Il nous revenait de rallier quelques livres suprêmes
avenues et appartements d’un exil tourné en résidence.
Pâques se complaît à intervertir pages et murmures
dormeuse buée regard fixe des mots.

L’exil est résidence. Brève et provisoire sans doute. Gaston Marty s’arrête et repart aussitôt. « Le parcours levé tôt apprivoise le lointain / une journée si longue nous verra ailleurs. » Le secret est dans cette perpétuelle mobilité, qui aide à comprendre et accepter :

Il est jours tellement grenus que même
la chanson de plainte s’y perdra
jours étouffés dans la nuit.
Commandeur de la mer et la mort
le temps à dos d’homme se déshabille peu à peu
le temps se mêle à nos foules croisées
d’un air de léger compagnon.

Et si pèse l’inéluctable hiver, s’il convient de le regarder en face : « La suite va être un hiver sans échappée / imposant la pierre sous forme de pierre / ou d’eau gelée jusqu’à la profondeur des maisons.’, si « Le papillon perd dans nos mains la poudre de ses ailes »…, reste à se dépouiller de l’inutile « en un regard infini », à trouver « un verger aventuré aux frontières possibles », car « Arrive l’heure des temps pacifiés / s’épanche le suc de l’arbre qui craint la gelée / notre marche nous mène à des faubourgs orangés. »

Livre d’heures de Gaston Marty, oui, ou « Saisonnier », image d’une vie exprimée en ses quatre étapes symboliques, haute pensée, stoïque et espagnole quant à la profondeur, sensible et lumineuse tel un grand ciel variable, émouvante en son dire fluide et mesuré, au plus près du phénomène de notre existence prise dans ses frontières d’espace et de temps, mais libre celle-ci parce qu’elle se dit et s’écrit infiniment, heureusement :

Au milieu d’une puissante immobilité des choses
S’élèvent les feux tressés du bonheur.

*

II - QUATRE POÈMES

(Extraits de L’ombre de partage)

Même sans signet l’œuvre s’épanouit à la juste page
puis deviendra un vaisseau d’oubli.
Une feuille emporte la feuille précédente
Il en est qui fuient devant l’auteur muet
poursuivi par les soleils.
Aidons les yeux très neufs à déchiffrer
les livres capables d’être suprêmes.
Pour qui choisit cet esseulement d’écrire
le libre texte se mire dans l’illimité
de l’après-midi.

*

Nous voici désertés

Nous avons eu l’insigne noblesse d’échouer
à flanc de gare et balcons à l’entour.
Une houle de trains ralentis enlace de loin
les maisons émergeant de brumes ensoleillées.
Simple passage ou arrêt durable le récit de branche
craque en sève glacée d’un printemps sans merci.
Bifurcation des rails essaimant à cette approche
ou débordant au-delà de la marquise.
Les trains immobiles boivent les saisons.

*

Nous souhaitons à ce ciel volutes pour oiseaux
s’envolant des terrasses à l’envers des nuits.
L’espace se lève entre toits
et arrières de demeures
que la mer a violacées et défroisse.
Carrefour invisible entre les toitures
Divers élans s’y croisent
le temps d’une corolle.
Délectation de ne pas savoir où point le jour
tant la cour possède de façades vitrées.

*

Cette distance nuage à nuage occupe
une belle part de l’après-midi
suscite village d’embarquement et abordages terriens
présence fragile de la voix.
Tellement le souvenir regroupe les visages
le temps reste en retrait
de part et d’autre de nos vies.

_________________________.

Gaston Marty a aussi écrit et publié: L’onde et la braise (La Nouvelle Proue, 1988) ; En cet azur de grises cavalières (Académie européenne du livre, 1991) ; Conteuse d’orage (Poésie sauvée, collection, 1995) ; Vers des faubourgs orangés (Ed. du Panthéon, 1995) ; Jusqu’au dernier soleil (Collection Lucarne sur, 1988) ; Comme un affût endormi (Collection Lucarne sur, 2001) ; Haut nouage (Cahiers Froissart, Valenciennes, 2001) ; Quelques demeures inquiètes (Collection Lucarne sur, 2002) ; Une brassée au plus près du feu (Ed. Encre & Lumière, 2003) ; Visage de source (Littérales, 2006) L’ombre de partage (Souffles, 2008). Il a été couronné à de nombreuses reprises, entre autres du Grand Prix de la Compagnie des Ecrivains méditerranéens de Montpellier (1986) ; du Prix Comtesse de Mauléon Narbonne (1987) ; du Grand Prix de la ville de Béziers (2003)…

Toujours aux Éd. de l’Atlantique, prochainement, sera publié de Gaston Marty le recueil : À cette ville qui sut boire ses amants, sable et vent.

AUTRE(s) CHOSE(s)

Il m’a toujours semblé que la poésie, pour « tenir », doit tenir à ma vie, à mon être caché, puis visible, celui de mes songes et de mes actes. Elle tisse le lien de cohérence.

Bien qu’elle puisse y donner de belles images, de jolies musiques, sa demeure n’est pas la rhétorique.

*

« Un grand corbeau traverse le ciel du XIIIe arrondissement. Il se dirige vers le Panthéon et les tours lointaines de La Défense. Il ne laisse derrière lui aucune trace, aucun sillage. Il ne le sait pas et le saurait-il qu’il n’en aurait cure. » ( Faits & Gestes, carnets, 2012 )

C’est en mars de cette année 2012. L’hiver va finir. Le ciel est dégagé. Je vois le corbeau et l’inscris en ma mémoire. Il s’éloigne, point se minusculisant dans l’espace blanc. Où va-t-il ? Où va-t-il si loin, si sûr de son cap ? Cherche-t-il l’introuvable vie ? Sait-il, là-bas, un port d’arrivée, un peuplier que seuls connaissent les grands corbeaux ? L’émotion me saisit de cette solitude infinie. De cette force aussi l’image me poursuit et me peuple.

* *

À propos des mauvais poètes : « […] évidemment, personne n’a jamais eu le courage de suggérer ce que l’on devrait faire aux petits oiseaux qui ne savent pas chanter et qui chantent quand même. Il semble ne pas y avoir de suggestion possible, à part leur tirer dessus. »

G. K. Chesterton, De la mauvaise poésie _______________.

Extraits d’un « Petit Vocabulaire de survie, contre les agélastes et la timidité dans la pensée et le dire » - par Michel Host (à paraître aux éd. Hermann) :

POÉSIE

Selon la Mère Michel, c’est « le roc fertile. »

L’idée n’est pas son amie : « La poésie cesse à l’idée. Toute idée la tue. » (Jean Cocteau)
Ne pas la confondre avec ses succédanés : la pôôésie… la poézzzzzzie… la pwèzie… etc.

POÈTE

Platon contesta son utilité. Il s’est donc fait d’une grande discrétion, au point d’apparaître, dans nos paysages, sans plus d’importance que celle d’un bœuf ou d’un mouton : « Si un poète demandait à l’État le droit d’avoir quelques bourgeois dans son écurie, on serait fort étonné, tandis que si un bourgeois demandait du poète rôti, on le trouverait tout naturel. » Baudelaire.

Si, selon Balzac, « madame de Bargeton s’était éprise du Byron d’Angoulême », c’est qu’il y eut bien plus de faux Byron que de vrais. Cette reproductivité du médiocre se reflète aussi dans bien des œuvres dites poétiques : « Ignorerais-tu, du reste, que les vers de nos jeunes rimeurs ont la faculté de se reproduire comme des lézards dont la queue repousse allègrement même si elle a été tranchée à la base ? » Ernst Theodor Amadeus Hoffmann.

FEU(x) SUR DAME POÉSIE
LE POÈTE AVEC OU SANS RECUEIL

Il est plusieurs façon de faire feu : sur qui l’on attache au poteau : il y faudra tout un peloton d’exécution, d’ailleurs difficile à réunir ; et sur qui l’on allume les flambeaux pour voir briller ses joues, son front, ses yeux. Nous préférons user de cette manière. De la première, beaucoup moins, et s’il se peut jamais, quoiqu’il faille bien, parfois, que justice soit faite.

« Dame Poésie » - ne signifie nullement que Le Scalp en feu ne traitera que de la poésie des poétesses.

« Le Poète avec ou sans recueil » - signifie que des débutants, voire des inconnus pourraient se voir ici scalpés sans plus de façons !

Poèmes de Charo Rojo

Charo Rojo est madrilène, spécialiste de l’art et de l’esthétique, élevée dans la magnifique université Complutense. Elle a étudié l’avant-garde littéraire espagnole des années 1927-1932, le surréalisme, et que sais-je encore… Elle peint et sculpte, et son esprit s’est naturellement tourné vers la spiritualité, la méditation. Nous aurons l’occasion de reparler d’elle. Voici, en attendant, quelques-uns de ses poèmes récents.

EL NUEVO SER

No es momento de destapar recuerdos
ni de recoger la arenas dormidas
que se perdieron en el camino.

No es tiempo de mirar hacia atrás
porque la lluvia ya no cae
sobre los campos del ayer
ni el sol riega con su luz
los templos que quedaron dormidos.

Pero sí es el momento de recibir letras
como luces entre dos manos,
luces como la verdad y el perdón,
compañeros silenciosos en nuestro caminar
huéspedes necesarios del corazón.

Es el momento de levantar los ojos,
de escalar las montañas más altas
y desplegar nuestras alas.

Es tiempo de abrirnos a otro espacio,
de recibir al planeta Tierra,
de mecerlo
y cantarle
y velar en nosotros sus sueños de primavera.

Porque acaba de nacer
en el despertar de los tiempos
lo diferente, el nuevo ser.

Charo Rojo

EN LOS DOMINIOS DEL CORAZÓN

Allí donde anida la música más clara
todas las palabras que aún duermen
el sueño de los hechos por nacer
me devuelven al camino de la infancia
al inicio remoto de mi Ser.

Estás en mí
y te llamo Verdad
Silencio lleno
Espíritu asistente y Guía
Espacio celestial en mi cuerpo.

Y te pregunto qué tengo que decir
qué palabras debe escribir esta pluma
qué silencio he de romper
para que los sonidos necesarios
para todos nosotros se pronuncien.

Aún mi voz se aloja en tu hueco
sin obtener respuesta
pero tu presencia me augura
capullos recién florecidos
en este infinito invierno.

Todo es diferente en los dominios del corazón.
Los silencios son velas, pequeñas chispas de paz
calor puro, colores entre las sombras
verdades aún mudas o tal vez dormidas. . .
Y con solo tu presencia anuncias el despertar.

La Libertad lucirá su blanca mirada
y nos dirá el porqué de los cuadrados unidos
rejas soldadas a nuestro ser
como si fuéramos tan solo ventana
ojo prisionero buscando el azul.

Nos dirá que somos más que un buscar
porque somos sobre todo acción
microcosmos divino
espacio donde luchan los contrarios
enfrentamiento inmemorial.

Nos dirá que somos además un fluir
un comienzo a cada nuevo instante
ese fluir que por encima de la lucha
reclama su alma de río
agua siempre nueva saciando nuestra sed de paz.

La inmensa bondad nos envuelve
su calor atraviesa nuestra piel.
Solo al despertar llenos de luz
comprendemos el gran secreto
ése que solo anida en los dominios del corazón.

Somos vuelo
potencialidad
lámpara incandescente
la mano de Dios en la Tierra
aroma sagrado de eternidad.

Charo Rojo
____________.

N.B.
La volonté “internationaliste” du Scalp et du magazine dans lequel il s’insère fait que l’on ne traduira pas systématiquement les poèmes et textes ici publiés.

LIEUX DE POÉSIE

Lieu 1

La flaque sur le trottoir après la pluie
les moineaux y viennent boire
leur splendide étang

Lieu 2

Les Éditions de l’Atlantique – BP. 70041 – 17 102 SAINTES CEDEX
/
http://mirra.pagesperso-orange.fr/EditionsAtlantique.html

Les Éditions de l’Atlantique publient aussi la superbe et abondante revue : SARASWATI
_________________________________________________________.

Lieu 3

La revue

NOUVEAUX DÉLITS est régulièrement publiée par Cathy Garcia, qui est une poétesse que je considère comme l’une des plus grandes et lumineuses de notre époque. D’elle LE SCALP EN FEU sera amené à parler plus longuement dans quelque temps. Vient de paraître le n° 42 de sa revue (avril, mai, juin 2012) : on y lit l’aujourd’hui, l’urgence, le rire, les larmes, les charmes…
Aller sur le site :
et sur : http://www.arpo-poesie.org/

Fin de Scalp 1


[1] Traducteur : Igor Polach, en collaboration avec Hélène Angliviel de La Beaumelle.

 

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Pour soutenir les Editions de l'Atlantique - message de Michel Host

 

MESSAGE DE MICHEL HOST

(et je co-signe)

 

 

Je suggère avec toute ma conviction à mes connaissances et amis, poètes ou non, de soutenir les ÉDITIONS DE L’ATLANTIQUE, qui fermeront leurs portes dans le courant de l’année 2013 si elles ne trouvent pas les soutiens qui lui sont nécessaires pour durer. Plusieurs lui sont parvenus, il lui en faut d’autres encore.

Nous savons que les éditeurs de Poésie sont fragiles, peu soutenus en librairie et moins encore dans les bibliothèques. Chaque éditeur tente donc de mettre en œuvre son propre mécanisme de diffusion, celui qui convient le mieux à son mode de fonctionnement. Il y est contraint par la loi du marché papetier. L’ATLANTIQUE a le sien, que vous trouverez intégralement reproduit ci-dessous. Il a pour caractéristique principale d’offrir, en échange de notre soutien, des volumes numérotés, « de collection » en quelque sorte, dont la valeur est ainsi multipliée. 

 

Parmi mes raisons d’apporter mon soutien personnel à L’ATLANTIQUE, celles-ci : 

-        Quiconque y envoie son manuscrit, son recueil, y est vraiment « lu », je l’atteste. Cela, qu’il ait déjà été publié ou non.

-        La maison ne préjuge de personne : elle publie tant des poètes nouveau- venus que des poètes confirmés. Son catalogue est « inventif », de découverte autant que de confirmation. On y traduit aussi des poètes d’autres langues et cultures.

-        Les livres sont beaux et d’une exceptionnelle qualité de « fabrication », fait devenu rare de nos jours.

-        Ses cinq collections présentent un large éventail d’ouvertures poétiques. Les vers comme la prose y trouvent accueil.

Enfin, lorsqu’une maison comme L’ATLANTIQUE disparaît, le laboratoire de la langue qu’est la poésie est atteint, et une part de notre âme collective en est amputée. Le soutien me paraît donc aller de soi et se légitimer par notre « être » même.

 

Michel HOST – juin 2012  

 

 

 

 

 

LETTRE DES EDITIONS DE L’ATLANTIQUE

 

Cher(e)s poètes,

 

Une petite structure d'édition a toujours du mal à survivre

 

même si ceux qui ont en charge sa gestion font preuve de la

 

plus grande rigueur.

 

Afin d'aider la maison d'édition à perdurer et à poursuivre dans

 

sa voie de mise en valeur des meilleurs poètes contemporains

 

francophones, nous avons pensé mettre au point un système

 

d'abonnement annuel à 4 ouvrages de nos éditions (1 ouvrage par

 

trimestre), ce qui permettrait également de diffuser davantage encore

 

nos auteur(e)s.

 

Pour 60,00€ annuels + participation de 6,00 € pour le port = 66,00€

 

(nous assumerons chaque fois la moitié du port/emballage), vous

 

recevrez 04 de nos ouvrages.

 

Vous pourrez ainsi vous constituer peu à peu une collection de beaux

 

livres, numérotés, dont la valeur ne pourra que croître avec le temps.

 

Vous accomplirez par la même occasion un acte militant et solidaire.

 

Bien entendu, si vous voulez aider encore davantage les Editions vous

 

pouvez être membre de soutien (80,00€ par an) ou membre bienfaiteur

 

(100,00€ ou plus).

 

Vous trouverez tout ceci résumé sur un Bulletin d'abonnement dans le fichier

 

ci-joint.

 

Il vous suffira de tirer ce bulletin sur votre imprimante, de le compléter et de nous

 

le renvoyer avec votre règlement. Vous recevrez aussitôt votre premier ouvrage.

 

Nous restons à votre entière disposition pour tout renseignement complémentaire

 

dont vous pourriez avoir besoin.

 

Merci par avance et bien cordialement à tous,

 

Les Editions de l'Atlantique

 

Silvaine Arabo <minu.gati@wanadoo.fr>

 

__________________________________________________________________.

 

 

 

Tirer sur votre imprimante puis découper selon le pointillé, remplir le bulletin et

 

nous le renvoyer accompagné de votre règlement en un chèque à lʼadresse

 

suivante :

 

Editions de lʼAtlantique, B.P. 70041, 17102 Saintes cedex.

 

Merci par avance de votre soutien !

 

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BULLETIN DʼABONNEMENT

 

(à remplir en lettres capitales, merci)

 

NOM ET PRÉNOM ................................................................................................................

 

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Souhaite mʼabonner pour un an à 4 ouvrages publiés par les Editions de lʼAtlantique,

 

dʼune valeur globale de 60,00€ TTC France quelle que soit lʼoption choisie (membre

 

actif, de soutien ou bienfaiteur).

 

- Un livre me sera envoyé chaque trimestre. La somme globale des 4 livres envoyés dans

 

lʼannée atteindra 60,00€.

 

- Les ouvrages envoyés appartiendront aux différentes Collections de la maison dʼédition

 

(Phoïbos, Hermès, Athéna, Eros/Thanatos, Thémis).

 

- La moitié des frais de port et lʼemballage seront assumés par les Editions de lʼAtlantique.

 

Cocher la case souhaitée ci-dessous :

 

Membre actif...............................................60,00€ + 6,00€ forfait 1/2 port............66,00€

 

Membre de soutien..................................................................................................80,00€

 

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(ou plus)

 

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VOTRE SIGNATURE

 

bowenchina12@yahoo.fr http://mirra.pagesperso-orange.fr/EditionsAtlantique.html 06.88.36.56.33

 

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30/05/2012

Les Carnets d'Eucharis : avis de naissance d'une version papier

 

Les Carnets d’Eucharis, créés sur internet depuis 2008, sont un espace numérique sans but lucratif, à vocation de circulation et de valorisation des œuvres littéraires, de langue française et/ou étrangère, inédites ou tombées dans le domaine public. Faire partie d’un vaste projet de recherche et de reconnaissance dans les domaines des écritures contemporaines et des expressions visuelles (photographie, peinture, sculpture…). Publier, diffuser et promouvoir. Telles sont les principales visées des Carnets d’Eucharis, dontle rayonnement et la notoriété sur internet semblent être des éléments favorables à la création d’une revue imprimée : la publication d’un numéro annuel viendrait en complément des 4 carnets saisonniers gratuits et téléchargeables depuis http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com.

Le lancement de cette première édition annuelle est prévu pour février 2013 (pour un tirage de 250 à 300 exemplaires, et un volume d’environ 120 pages).

La création de cette revue papier entend fidéliser et élargir le lectorat internaute, et ainsi permettre une plus large accessibilité, autrement que par la lecture numérique.

Un Bulletin de Souscription sera prochainement diffusé sur internet. Pour ceux et celles désireux de soutenir ce projet, le bulletin proposera différentes formules d’adhésion. Au choix : un abonnement annuel à la Revue « Les Carnets d’Eucharis », et/ou un don de soutien à l’Association « L’Atelier des Carnets d’Eucharis ».


2012 | Revue électronique&papier Les Carnets d’Eucharis | (ISSN 2116-5548) |

 

 

APPEL À PROJET

 

 

HOMMAGE À SUSAN SONTAG

A l’occasion de son premier numéro papier, la revue souhaite rendre hommage à l’écrivain et intellectuelle new-yorkaise Susan Sontag. A la recherche de divers textes inédits : recensions, portraits, critiques sur ses essais et/ou son œuvre romanesque, je vous remercie de m’adresser vos propositions à : nathalieriera@live.fr

 

 

LE CHANTIER DU PHOTOGRAPHE

Dans le cadre de sa nouvelle rubrique Le chantier du photographe qui sera intégrée dans la revue papier, sont invités les photographes pour leurs contributions inédites : présentation d’un projet photographique à l’état initial.

 


LES CARNETS D’EUCHARIS

Nathalie Riera

Courriel : nathalieriera@live.fr

http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com

11:23 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

29/05/2012

Tom Gates, c’est moi ! Liz Pichon

Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/tom-gates-c-est-moi-liz-p...

 

9782021073317.jpg

Seuil 2012 - 257 pages - 11 €

 

Traduit de l’anglais par Natalie Zimmermann, mise en page par Anne-Cécile Ferron.

 

Entre BD et journal intime, ce « roman animé » a reçu le très mérité Roald Dahl Funny Prize 2011 du meilleur roman humoristique pour la jeunesse.

 

Tom Gates, doit avoir 11 ou 12 ans et comme tout enfant sensé de son âge, il n’aime pas trop l’école mais il adore les gaufrettes au caramel, lire des bandes-dessinées, faire enrager sa sœur Délia, gribouiller dans ses cahiers et surtout il a des projets : monter un groupe de pop-rock comme les Rodéo 3, son groupe préféré, avec son copain et complice Derek. Le groupe s’appellera Les Clebszombies. Ça en jette, non ? Tom Gates a toujours de bonnes et moins bonnes, voire très, très moins bonnes excuses, pour ne pas faire ses devoirs, mais il tient un journal farci de dessins très, voire très, très réussis, dans lequel il raconte sa vie fort mouvementée. Faut dire qu’il a de la matière, entre des parents sympas mais qui mettent la honte, comme tous les parents, surtout papa qui porte des fringues plus ridicules les unes que les autres et une sœur adolescente qui lui voue une haine passionnée qu’il lui rend bien, « ça m’a fait tellement plaisir que Délia se fasse gronder et priver de sorties que j’en ai oublié mon mal au bras. En fait, ça a sûrement été le MEILLEUR MOMENT de toutes mes vacances. ».

 

Il y a aussi les grands-parents, les « fossiles » bizarres, surtout la grand-mère, experte en cuisine immangeable genre soupe à l’oignon et à la poire, pizza à la banane, biscuits à la pomme de terre et à la lavande... Et puis des camarades d’école, devant lesquels faut savoir garder prestance, surtout devant Amy Porter qui est super intelligente et super sympa et qu’on aimerait bien impressionner, et d’autres dont il faudrait se débarrasser comme Marcus Meldrou, le plus grand des enquiquineurs (= Marcus crétinus). Oui, il faut être futé quand même et avoir surtout, surtout, beaucoup, beaucoup d’imagination pour surfer sans trop de mal dans un environnement scolaire qui forcément ignore le génie brillantissime de Tom Gates. Un monde peuplé de Mr Fullerman aux yeux de lynx, de Mme Cherington qui a une MOUSTACHE qu’il ne faut pas regarder et encore moins voir, Mr Fana le directeur qui se met très facilement en colère (voir son rouge-o-mètre) et d’épreuves absolument inhumaines comme le jour de la photo individuelle, sans parler de tous les mots d’excuses qu’il faut inventer rédiger.

« Cher M. Fullerman, le pauvre Tom est enrhumé et ne peut pas faire de sport en extérieur – jamais. Bien à vous, Rita Gates » ou encore « Cher M. Fullerman, Si Tom est en retard pour son devoir, c’est parce que sa sœur a été odieuse avec lui et ne l’a pas laissé utiliser l’ordinateur. Nous l’avons réprimandée. Merci, Frank Gates. »

Heureusement, de l’imagination, Tom Gates n’en manque pas et à coups d’anecdotes plus hilarantes les unes que les autres, de portraits au vitriol mentholé, il nous fait retomber avec un malin et très jouissif plaisir dans la préadolescence.

Une écriture fraîche, une mise en page des plus agréables, facile à lire, c’est à la fois très juste et très fin, et vraiment très, très, très drôle. On en redemande !

 

Cathy Garcia

 

 

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L’auteur : Après des études de design, Liz Pichon a travaillé comme directrice artistique dans une maison de disques britannique. Depuis 2004, elle s'est lancée dans l'écriture et l'illustration de livres pour enfants.

 

 

 

 

 

 

La traductrice : en plus de traduire des auteurs reconnus comme John Le Carré, Natalie Zimmermann est l'auteur de nombreux livres pour la jeunesse et a traduit pour le Seuil Jeunesse toute la série du Journal d'un Dégonflé.

 

27/05/2012

Journée dédicaces au Carré d'Art à Cahors, samedi 2 juin

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cliquez sur l'image pour l'aggrandir

24/05/2012

Dernières nouvelles du sud, Luis Sepulveda et Daniel Mordzinski

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/dernieres-nouvelles-du-su...

Dernières nouvelles du sud, Luis Sepulveda et Daniel Mordzinski

Avril 2012, 160 pages, 19 €

Edition: Métailié

 

1996. Le romancier Luis Sepúlveda et son ami photographe, Daniel Mordzinski, partent pour une longue virée sans but précis, ni contrainte de temps, au fin fond du continent américain, au-dessous du 42ème parallèle.

« Nous avancions lentement sur une route de graviers car, selon la devise des Patagons, se hâter est le plus sûr moyen de ne pas arriver et seuls les fuyards sont pressés ».

Ils nous livrent ici le concentré, l’essence même de ce qu’est le voyage : la rencontre avec l’autre. Et puis un constat, terrible, le constat d’une disparition. Patagonie, Terre de Feu, des noms qui pourtant évoquent encore tout un univers de mythes, d’aventures et de rêves, tout ça disparaît, comme ont disparu les tout premiers habitants, « Les autres ethnies ont succombé aux règles d’un progrès dont nul n’est capable de définir les fruits », premières victimes d’un engrenage qui broie toujours plus vite, aussi féroce qu’aveugle, un monde emporté dans la grande gueule d’un capitalisme toujours plus vorace. Ainsi de carnet de voyage, le livre devient une sorte d’« inventaire des pertes », et les superbes photos en noir et blanc de Mordzinski appuient sur cet aspect de monde dont il ne resterait que des ombres, un monde à l’abandon, échoué comme une baleine sur les rives d’une mondialisation dévorante et inhumaine.


« (…) le mot voyageur semble déplacé, peut-être subversif. Nous ne sommes plus des personnes ou des citoyens mais les clients d’un lupanar transparent surveillé par des caméras vidéo ».

C’est donc bien plus qu’un journal de voyage qui nous est donné à lire ici, mais un véritable témoignage critique et engagé.

« Pour définir la capacité des armes on parle de pouvoir de destruction. Pour définir la capacité de destruction de certains hommes il faut parler du pouvoir d’achat ».

Et l’auteur n’hésite pas à citer des noms :

« Les Benetton prétendaient apporter le progrès dans la région. Ils y ont apporté les clôtures en fil de fer barbelé, empêché la transhumance des gauchos et des rares espèces sauvages encore existantes, imposé des bornes absurdes dans une région où le ciel et la terre sont les seules limites ».

S’y rajoutent d’autres noms comme celui de Ted Turner, Sylvester Stallone…

Comme le dit Sepúlveda dans sa préface « A sa naissance, ce livre était la chronique d’un voyage effectué par deux amis mais le temps, la violence des bouleversements économiques et la voracité des vainqueurs en ont fait un recueil de nouvelles posthumes, le roman d’une région disparue ».

Des visages en émergent, des visages immortalisés par Mordzinski, qui à eux seuls racontent déjà une histoire, une histoire humaine, simple, émouvante. Des visages qui disparaissent aussi. C’est un livre dont on ne sort pas indemne. Le talent de Sepúlveda a fait de chacune de ces histoires un conte, un roman, mais la réalité, comme on dit, dépasse et de loin la fiction. Comme l’histoire d’El Tano, qui cherchait un violon au milieu de la pampa :

« – Ce violon, quand l’avez-vous perdu, l’ami ?

– Qui vous a dit ça ? Je ne peux pas l’avoir perdu puisque je ne l’ai pas encore trouvé, déclare-t-il dans une nouvelle démonstration de logique écrasante ».

Ou encore la magnifique et très bouleversante histoire de doña Delia :

« Je viens tout juste d’avoir quatre-vingt quinze ans, lui a-t-elle répondu avec une moue coquette.

– Depuis quand ?

– Maintenant, c’est aujourd’hui mon anniversaire ».

Donã Delia, la dame aux miracles :

« – Comment avez-vous fait ? a demandé mon socio.

Quoi donc ? s’est étonnée la vieille dame.

– La fleur, ai-je ajouté en montrant le rameau qui avait fleuri entre ses mains.

– Je ne sais pas. C’est un don, paraît-il. Tout ce que je touche vit, a-t-elle répondu timidement ».

On croise donc bien des visages, des personnages qu’on pourrait dire pittoresques tel El Duende, le mystérieux lutin d’El Bolsón, mais néanmoins bien réels, des personnes ayant vécu hier et faisant figure maintenant de légendes locales, tel Martin Sheffield, dit le Shérif, compère de Butch Cassidy et puis des gens bien vivants d’aujourd’hui, pas tous fréquentables d’ailleurs, mais des gens encore et tout simplement humains, il y en a, tels les hommes du rails du Patagonia Express.

« Ce fut un voyage joyeux, très joyeux, car ce fut Le dernier Voyage du Patagonia Express ».

Il est donc question de déclin dans ce livre, oui, mais aussi et surtout de dignité, et on se prend encore à espérer qu’il ne soit pas trop tard.

« On a la nostalgie de ce qu’on vous arrache, non de choses imaginaires ».

En ce monde dit moderne qui se resserre de plus en plus, jusqu’à nous étouffer, heureusement « Lire ou écrire, c’est une façon de prendre la fuite, la plus pure et la plus légitime des évasions. On en ressort plus forts, régénérés et peut-être meilleurs. Au fond et malgré tant de théories littéraires, nous autres écrivains nous sommes comme ces personnages du cinéma muet qui mettaient une lime dans un gâteau pour permettre au prisonnier de scier les barreaux de sa cellule. Nous favorisons des fugues temporaires ».

 

Cathy Garcia


sepulveda et mordzinski.jpg

Luis Sepúlveda est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. 1975 : il a vingt-quatre ans lorsque, militant à l’Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d’office, est un lieutenant de l’armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques. Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d’exil en Suède. Il n’ira jamais, s’arrêtant à l’escale argentine du vol. Sepúlveda va arpenter l’Amérique latine : Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n’abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l’impact des colonisations, engagement aux côtés des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979. Il devient aussi reporter, sans abandonner la création : en Équateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l’Alliance française. Il arrive en Europe, en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace. Son œuvre, fortement marquée donc par l’engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.

 

Daniel Mordzinski est photographe, né à Buenos Aires en 1960. Il travaille depuis trente ans à un ambitieux « atlas humain » de la littérature. Argentin ancré à Paris, il a fait les portraits des auteurs les plus connus des lettres ibéro-américaines. Il a exposé en Argentine, en Colombie, au Mexique, en Italie et en France. Il est actuellement le correspondant en France du journal espagnol El País.

22/05/2012

Midway, un film de Chris Jordan

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A voir ici : http://www.midwayfilm.com/

 Chris Jordan2.jpg

Le site de Chris Jordan

http://www.chrisjordan.com/gallery/midway/#CF000313%2018x24

Arctique, apparition très inquiétante de milliers de cratères sur la banquise, ceux ci laissent échapper du méthane en très grande quantité.

Une récente étude publiée la semaine dernière dans le journal Geoscience et dirigée par Katey Walter Anthony, de l'Université d'Alaska à Fairbanks, nous met en garde contre l'apparition très inquiétante de milliers de cratères sur la banquise de l’arctique, ceux ci laissent échapper du méthane en très grande quantité.

Avec le réchauffement climatique qui favorise la fonte massive de la banquise de l'arctique, ce méthane piégé depuis des millénaires dans la glace, s'échappe aujourd'hui dans l’atmosphère.Les chercheurs confirment que ce gaz à haute valeur d'effet de serre pourrait avoir un impact significatif sur le changement climatique dans les prochaines années.


En effet le méthane est le deuxième gaz le plus nocif aprés le CO2 qui favorise l'effet de serre.

Depuis des relevés terrestres et aériens, l'équipe a identifié environ 150.000 fuites de méthane dans l'Alaska, le Groenland, et le début de la banquise.

Des échantillonnages locaux ont permis de démontrer que la plupart d'entre eux libéraient du méthane très ancien, provenant probablement d'importants gisements de gaz naturel ou de charbon engloutis sous les glaces, tandis que d'autres émettaient plutôt des gaz beaucoup plus jeune, sans doute formé par la décomposition de matière végétale.

Ces régions hébergent d'énormes quantités de gaz dans des lieux trés différents - dans et sous le pergélisol , sur et sous le lit de la mer, et comme en témoigne les dernières recherches dans d'enormes réservoirs géologiques pris sous les glaces.

"La diminution de la cryosphère ( les régions où la surface de la Terre est recouverte de neige et de glace ) constitue, depuis un certain temps déjà, un signal d’alarme symptomatique du réchauffement de la planète. Nous avons observé que la plupart des fuites se trouvaient justement tout le long de ces frontières du dégel au dessus du pergélisol ou encore des moraines et des fjords constitués par le recul des glaciers», écrivent-ils.

Pour vous donnez un exemple, les pertes relatives à la couche de glace au Groenland ont triplé au cours de la dernière décennie.

Toutes ces évolutions relatives à l'activité humaine et au réchauffement climatique induit, conduiront à un réchauffement inexorablement plus rapide de l’ensemble de la planète.

Nous vous invitons aussi à relire cet ancien article du mois de décembre dernier émanant de chercheurs russes qui stipulent que ces cratères de méthane en fuite peuvent atteindre des kilomètres de circonférence.



Source : Multiple © Nature Alerte


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19/05/2012

CHAROGNE N°3 vient de sortir :

 

charogne3.jpg

 AU SOMMAIRE /
 

charogne3sommaire.jpg

 
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18:27 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (1)

15/05/2012

Faire-part de naissance de Recours au Poème

 

Poésies

& Mondes poétiques

www.recoursaupoeme.fr

 

 

Sommaire 1 / Issue 1

 

Pour toute proposition ou demande : recoursaupoeme@gmail.com

 

   Rencontre :

Iris Cushing

Focus :     

Notes pour une poésie des profondeurs. Mario Luzi ou l’honneur du vrai, par Paul Vermeulen

Poèmes

Hommage à Tahar Djaout, poète assassiné en mars 1993

Wislawa Szymborska

Jean Maison

Ana Ristovic

Iris Cushing

Chroniques 

Acte de naissance de Recours au Poème : poèmes de Matthieu Baumier et Gwen Garnier-Duguy

Gérard Bocholier, chronique du veilleur 1

Essai

Sur la poésie de Wislawa Szymborska, par Antoine de Molesmes

Un regard personnel sur la poésie argentine aujourd’hui (1), par Luis Bénitez 

Revue des revues :

Anniversaire et acte de décès du Bateau fantôme, par Sophie d’Alençon

Critiques

Camille de Toledo, L'inquiétude d'être au monde, Verdier, par Lucia Acquistapace

Quand la nuit se brise. Anthologie de la poésie algérienne, Seuil (Points), par Malika Hadji

Pascal Boulanger, le lierre la foudre, Corlevour, par Matthieu Baumier

Thiong’o, Décoloniser l’esprit par Marie Stoltz

Abdellatif Laâbi, Zone de turbulences, La Différence, par Eze Baoulé

 

 

Directeur de la publication

Gwen Garnier-Duguy

 

Rédacteur en chef :

Matthieu Baumier

 

Rédaction

Mathieu Hilfiger

Michel Host

Paul Vermeulen

 

Collaborateurs réguliers

Jean-Luc Maxence, Alain-Jacques Lacot, Alain Gopnic, Pascal Boulanger, Pascale Trück, Salima Aït-Mohamed, Fabien Desur, Jean Maison, Luis Bénitez, Marie Stoltz, Gérard Bocholier, Malika Hadji, Andrjez Taczyński, Pierre Maubé, Marija Knezevic, Antoine de Molesmes, Giriraj Kiradoo  Sophie d’Alençon, Dubravka Djuric, Phil McBeath, Denis Emorine, Eze Baoulé, Lucia Acquistapace, Zvonko Karanovic, Jean-Pierre Védrines, Dimitra Kotoula, Didier Bazy, Željko Mitić, Shasheen Sauneree, Maximilien Kronberger, Christos Chrissopoulos, Nathanaël, Arundhathi Subramaniam, Ana Ristovic

 

 

Recours au Poème.

120 rue des Guillemots. 29280 Plouzané

www.recoursaupoeme.fr

recoursaupoeme@gmail.com

garnierduguy@free.fr

matthieu.baumier7@orange.fr

 

 

16:27 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

14/05/2012

Au boulot ! par Les Chats Pelés

Note parue sur :  http://www.lacauselitteraire.fr/au-boulot-les-chats-peles...

 

 Au boulot ! Les Chats Pelés

 Seuil Jeunesse 2012, 48 p. 25 €

Un collector conçu spécialement pour les 20 ans de Seuil Jeunesse, avec une superbe couverture toilée sérigraphiée et accompagné d’un tiré à part. Un format géant qui met en valeur de très belles illustrations, chacune est une véritable œuvre d’art, réalisées par Les Chats pelés. Ce collectif d’artiste fondé par Lionel le Néouanic, Youri Molotov, Benoit Morel (chanteur de La Tordue) et Christian Olivier (chanteur des Têtes Raides), ne comprend aujourd’hui plus que ces deux derniers et Lionel le Néouanic.

Dans ce recueil aussi coloré que résolument subversif, on ne prend pas les enfants pour des idiots. A contre-courant du travailler plus pour patati patata, les animaux anthropomorphes qui évoluent au fil des pages de Au boulot ne s’en laissent pas conter. Ils nous livrent une poésie bourrée d’humour et pas piquée des vers. Cela démarre avec Aldo le croco, le camelot qui trafique du boulot, puis on croise le chasseur de courant d’air et quelques langues de vipères. Prosper le marchand de misère peut se tenir à carreau, Léon le lion a mangé son patron « il était si bon… ».

Hommage aussi aux travailleurs car non, il n’y a pas de « petit » métier et

« Heureusement qu’à la ville

quand le soleil brille

il balaie les ombres

dans les quartiers sombres ».

 

« je sais c’est qui » nous dit un petit poulet avant de sortir de la page.

 

Bébert le ver lui est au lit, il a mal au trou de la sécu, mais heureusement le ravigoteur badigeonne les pages avec tout plein de couleurs et pour les étourdis on trouvera quelques pages plus loin les reboucheuses de trous de mémoire. A l’ÂNE.N.P.E., il y a la queue et de belles petites annonces « A SAISIR chaussons état neuf ». Pour soulager un peu les tensions, l’insulteur public y va de son mégaphone, petits et gros mots mais,

 

« Henriette la chouette

a fait de la politique

maintenant…

elle est sceptique ».

 

Double page pour la grande manifestation, « les tailleurs d’oreilles en pointe sont en colère ! » et paf, une double page de plus avec un gros rhino pas content du tout « on en veut pas de vos sales boulots».

Chut !, dit le piqueur de roupillons. Pour les petits creux, il est conseillé de courir

 

« chez la dégobilleuse

sa tambouille est délicieuse ».

 

C’est vrai que le menu est du meilleur goût, pensez donc, Pourriture de poissons et son coulis de crachats en plat de résistance !

« J’ai tout donné » dit le croco plein de bobos, « le travail c’est la santé » chante un titoizo. Et voilà donc un livre pas qu’un peu rigolo, plein de bêtes pas bêtes du tout. Non mais !

 

Cathy Garcia