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" Nous sommes tous des anciens officiers à la retraite..." - Trikala 4 mai 2012 |
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Dessins de Riff Reb’s, 2012, 256 p. 17 €
23 auteurs de polar français, marqués par l’esprit du rock, proposent chacun une nouvelle inédite ayant pour fil conducteur le groupe mythique des Doors et le plus mythique encore, roi lézard, Jim Morrison. Ces 23 nouvelles sont classées dans un ordre chronologique fictif, s’étalant entre le 8 juillet 1965 et l’année 2005. On peut regretter le manque d’originalité de certaines, et donc une qualité inégale du recueil, mais l’ensemble se laisse lire facilement et a le mérite d’offrir un portrait rapide d’une époque et ce qu’il en reste.
Le côté sombre de l’Amérique des années 60, c’est d’abord le Viêt-Nam, thème abordé dans la première nouvelle, We’ll be home for Christmas de Pierre Mikaïloff, l’évocation de toute une jeunesse sacrifiée, à travers une correspondance entre un jeune Morrison, étudiant en cinéma, et un de ses amis qui lui envoie des poèmes depuis le front. Des poèmes qui portent des titres tels que Light my fire, Love me two times, The End…
Il y a Charles Manson, qui apparaît dans la deuxième nouvelle, The ballad of Sarah J. de Thierry Crifo. On pense à Sarah Jane Moore qui en 1975 tentera d’assassiner le président Ford et à la chanson de Dylan.
Trafalgar d’Olivier Mau, est un texte bref qui parle des déboires d’un looser alcoolo avec sa copine alors qu’il est sur le point de produire le groupe de son copain Jim. L’alcool semble le rendre visionnaire quant à l’avenir des Doors.
Marc Villard fait le va et vient dans D’esprit à esprit, entre Paris et l’Amérique de 1966 : Morrison provoque son premier et fameux scandale au Whiskey A Go-Go et une adolescente cherche dans Paris un disque des Doors pour son père en train de mourir à l’hôpital.
La nouvelle suivante, La perception des portes, est un récit plutôt. Michel Leydier prend pour fil conducteur le thème des portes et raconte ses premiers émois adolescents à Casablanca sur l’air de Love her madly, quelques anecdotes de sa vie dans le show-biz rock’n roll en lien avec les Doors et des retrouvailles 40 ans plus tard, lors d’un mariage à Casablanca, histoire de refermer la boucle des portes. Puis Sylvie Rouch enchaîne avec une histoire de lycéens, Coltrane, Simpson, Lorette et moi, qui nous replonge dans l’ambiance des années 60 en France, avec un clin d’œil au Che en final.
Bel interlude psychédélique avec Attention, mon petit Jim, de Bruno Sourdin, un poème plus qu’une nouvelle, incantatoire, électrique et envoûtant, dans le style chamanique de Morrison, avec en refrain l’entêtant Mr Mojo Risin’ (le mojo étant un sortilège d’amour vaudou). Un superbe hommage en forme de trip, à l’album L.A. Woman.
Puis, nous replongeons brutalement dans la réalité noire noire, avec une nouvelle de Marion Chemin, Under the bridge, un texte bref et puissant, qui remue en profondeur, et où Morrison devient prétexte à rouvrir une porte bien sombre de l’histoire française : le massacre du 17 octobre 1961.
Bunch of slaves de Max Obione évoque sans grande conviction le Caen de mai 68, exprimant ainsi le début de la désillusion. Matthias Moreau nous balance une mordante Parade molle de Coconut Grove dont la chute est aussi celle de Morrison.
Autre parade, Douce parade funèbre de Jean-Noël Levavasseur, nous ramène non sans humour en France profonde, où il est question de sérial killer lors d’une conversation téléphonique à l’Hôtel Maurisomme.
Avec Le plus grand poète vivant depuis Rimbaud, Denis Flageul nous embarque pour une virée de bar en bar dans la nuit rennaise et rend hommage à Kérouac.
La rizière rouge de Michel Embareck revient sur la thématique du Viêt-Nam et de nouveau à travers une correspondance, une impression de déjà lu. Outdoors d’Hugues Fléchard est une nouvelle plus confuse que déjantée qui nous fait pénétrer dans un centre pénitentiaire de Floride. Jean-Bernard Pouy crache, avec Merci d’être venus si nombreux, un extrait de ce qui semble être un long poème sur la condition de poète de Morrison et du poète en général dans la grande bétaillère du monde, constat plutôt amer. « C’est un emmerdeur, un bonnet d’âne, un radiateur ou un pinacle, un démiurge à la con ».
Bellevue Hospital Center de Jan Thirion raconte un Morrison fin de parcours, en visite dans un hôpital pour enfants où un gardien déguisé en orang outang pourrait être Kérouac. On pense au Bellevue Psychiatric Hospital de New York qui a vu passer pas mal de têtes plus ou moins connues de cette époque de grande défonce, notamment Burroughs. Dans Les portes du pardon de Luc Baranger, on retrouve Morrison dans la peau d’un beauf de 69 ans, à Clermont-Ferrand, où il a passé sa vie après l’avoir échangée avec un certain Charlie Behrman, son sosie, rencontré dans une boîte de Saint-Germain des Prés en avril 71.
Dans Le couteau des mots de Pierre Hanot, le ton est à l’humour, noir bien sûr. Un poète de catégorie raté y relate sa courte carrière de petite frappe, ratée aussi, et sa brève rencontre dans un bar avec un Morrison pathétique. Dans Un ou deux francs, une ou deux vies, Jean-Luc Manet explore lui aussi le thème de l’échange d’identité, sauf que là il s’agit plutôt d’un vol, avec le portrait au vitriol d’un ex-prof soixante-huitard à la dérive pour qui l’irresponsabilité devient crédo. Mission d’intérim de Serguei Dounovetz, nous présente the End, la mort, sous les traits d’une infirmière transsexuelle du bois de Boulogne. C’est ma prière (American prayer) de Bruno Schnebert nous fait basculer dans la génération qui redécouvre les Doors, et nous entraîne sur la tombe de Morrison by night, histoire de voir que la poésie du mot FUCK a survécu. Stéphane le Carré avec son Misogyne Morrison, ne fait pas dans la dentelle, encore une histoire de sosie, un portrait bien cynique de la société actuelle lobotomisée, avide de sexe et de divertissements bas de gamme. La dernière nouvelle nous rend le sourire, à travers la soirée bien galère du protagoniste, auquel on peut s’identifier sans mal. Le malheur des autres, on le sait bien, est également plutôt divertissant, surtout quand il est raconté avec humour, et puis là au moins il n’y a pas mort d’homme.
En fin d’ouvrage, une chronologie rapide de la vie de Morrison par Jean-Noël Levavasseur, suivie de la présentation des auteurs : Luc Baranger * Marion Chemin * Thierry Crifo * Serguei Dounovetz * Michel Embareck * Denis Flageul * Hugues Fléchard * Pierre Hanot * Stéphane Le Carre * Jean-Noël Levavasseur * Michel Leydier * Jean-Luc Manet * Olivier Mau * Pierre Mikaïloff * Mathias Moreau * Max Obione * Jean-Bernard Pouy * Sylvie Rouch * Bruno Schnebert * Caroline Sers * Bruno Sourdin * Jan Thirion * Marc Villard
Cathy Garcia
11:52 Publié dans CG - NOTES DE LECTURE | Lien permanent | Commentaires (0)
Le projet de livre des paroles de JELLO BIAFRA en français lancé en 2005 est arrivé à terme. Rytrut et les travailleurs d’ombre et lumière éditent « QUE LA FARCE SOIT AVEC VOUS – PAROLES 1978-2011 », toutes ses paroles écrites pour ses différents groupes : Dead Kennedys, Lard, avec NoMeansNo, avec D.O.A., Tumor Circus, avec Mojo Nixon and The Toadliquors, The No WTO Combo, avec les Melvins... Le livre est illustré (dessin, peinture, lithogravure…) par 61 peintres et graphistes de France, Belgique, Québec, Tahiti, Berlin et Genève. Préface de Frank Frejnik.416 pages, Offset, 15x21, noir et blanc, 177 pages illustrées dont une BD de 22 pages, imprimé en France. Dépôt Légal en cours. ISBN 978-2-9520083-6-5
Le livre aurait été prêt un peu plus tôt, mais Jello et Alternative Tentacles, après vision de la maquette, ont trouvé tout cela incroyable et tenu à ce que nous ajoutions les paroles des Guantanamo School Of Medicine, chose faite, et illustrées de surcroît.
Les illustrateurs : Melvin, Chester, BB Coyotte, Makhno Bruyère, Jean Bourguignon, E.T., DDD, Torro, XXXprod©, Petite Poissone, Diway, Antoine Duthoit, Laul, Caritte, Anef, Pakito Bolino, Camille Déjoué, Vince Bank, Jean-Sé, BlackJeanJacques, Nuvish, Riton La Mort, Lanj, El Rotringo, Jampur Fraize, Pierre Druilhe, VNBC, Taga, Dav Guedin, Sapiens, Garance L0b0t0mie, Emy Rojas, Benjamin Monti, Cap’taine KRB, Marko Blasting Dead, Tapage, Cécile Jarsaillon, Bob, Julien Saro, Yann HxC, Fifi, Roinmj, Nikola Witko, Richard Suicide, Siris, Pixel Vengeur, Ulrich Totier, Cil, Be Bop A Lula, Burt, Christophe Sénégas, Bruno Charpentier, Captain Nerpik, Marilyne Mangione, Seb Cazes, Deadbrik, Louison Tattoo, Freak City Designs, Zoreille, Lan Prima, Tanxxx.
JELLO BIAFRA : "MAY THE FARCE BE WITH YOU"Plus d’infos et pour commander : RYTRUT editions : http://rytrut.free.fr
11:34 Publié dans LIVRES A LIRE ET A RELIRE | Lien permanent | Commentaires (1)
12:17 Publié dans NON AU GAZ DE SCHISTE | Lien permanent | Commentaires (0)
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14:07 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
avril mai juin 2012
Au hasard de nos pages...
Arrivée de Béatrice Gaudy avec les deux France décryptées ill. bg & jnvp.fr
Cathy Garcia exprime dans ton regard, madame tout le mal vivre d'une fille de l'Est enchaînée au trottoir ill. cg &brassaï
Anna Jouy note ses impressions en direct ici gare de Lyon ill. jlmi
Denise Desautels se souvient qu' elle écrit en chute libre ill. jlmi
Gaëlle Josse chantonne la fin de son blues du rail urbain... Metropolis song ill. jlmi
Lucie Sagnières explore le nirvana de l'absurde ill. jlmi
Isabelle Le Gouic propose deux collages en surimpressions de voyages intérieurs ill. ilg
Murièle Modély se dit : aujourd'hui je descends dans la rue ill. bruce clark
Né-Khô se débat pour vaincre ill. jlmi
Maryline Bizeul présente son nouveau recueil les laissés pour conte ill. x
Bruno Toméra erre dans le dédale du couloir d'urgence
Ferruccio Brugnaro se défend contre la solitude de nulle main, nul regard ill. jlmi
Werner Lambersy poursuit sa conversation à l'intérieur d'un mur : je ne pleure pas et lors d'un pillage ill. courtesy linda zacks & jlmi
Taro Aizu a composé ce requiem pour un laitier de Fukushima ill. ta
Jean-Louis Millet ''chapelette'' les fragments-grains 3 de son psychorama holographique ill. x
Le Salut invérifiable d'un Idiot souterraindémontre de nouveau sa prédilection pour le Sens de l'occasion animation de jlmi & t.
Patrice Maltaverne en arrive au matricule 34 , une histoire de travailleurs dans l'immensité des villes ill. x &ubuweb
Vincent Courtois arpente de dernière fois la Ville et conclue que plus personne ne l'habite ill. vc
Harry Wilkens propose un petit discours d'encouragement en évitant soigneusement le paradis bien avant d'en avoir marre ill. courtesy norman j. olson
Jean-Marc Couvé évoque le sujet pour le moins délicat de l'origine des mots ill. jmc
mais pour Jean-Claude Tardif, il n'y a plus rien ! ill. jlmi
En Musique à partager, la symphonie n°2 de Mahler présentée par Anna Jouy, qui nous propose aussi plein de nouvelleslectures...
Taro Aizu, Amina Saïd, Ferruccio Brugnaro, Denise Desautels, Gaëlle Josse, Isabelle Le Gouic, Né-Khô, Jean-Claude Tardif, Harry Wilkens.
21:48 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
14:50 Publié dans FILMS & DOCUMENTAIRES A VOIR & A REVOIR | Lien permanent | Commentaires (0)
« L’Explorateur de l’Art Brut. André Escard, archives et documents »
(1ère partie)
Plus de 60 pages en couleur, le nouveau "Gazogène" sera exceptionnel !
Ce numéro est entièrement consacré aux archives d’André Escard.
Il présentera des sites visités par celui-ci à partir de 1985, dont la plupart ont disparus à ce jour ! S'y ajouterons des documents inédits sur Pierre Avezard à La Coinche, Marcello Cammi à Bordighera, Albert Chasseray à Loué, etc.
Dès à présent vous pouvez commander ce numéro
en envoyant un chèque de 20 € (18 € + 2 € de port = 20 €) à l'adresse suivante :
Librairie Ancienne RAPAUD, 1, place de la Libération, 46000 CAHORS
(Chèque à l’ordre de : Association des Amis de "Gazogène")
Ce numéro sera également disponible :
- à la Librairie Ancienne de Valérie Rapaud, 1, place de la Libération à CAHORS
- et à Bélaye (Lot) à partir du 19 mai date de l'inauguration du lieu d'exposition sur le thème de l’Art Brut américain/American Folk-Art !
A cette occasion, seront mis en vente numéros anciens de "Gazogène", gravures, affiches, livres et brochures concernant l’Art Brut et ses apparentés pour permettre de financer ce nouveau lieu d'exposition à Bélaye!
A l’automne suivra la parution de la deuxième partie de cette publication des archives d’André Escard qui réserve encore quelques perles et autres inédits !
Nous comptons sur vous, sur votre fidélité, sur votre présence et votre soutien !
Amitiés à tous.
J.F. MAURICE
15:48 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/je-n-en-dirais-guere-plus...
Ed. de l’Atlantique 2012
Édition à tirage limité et numéroté - 45 pages – 14 €
Il est pas mal question du doute dans ce recueil, mais en le refermant, c’est du titre que l’on doute. Difficile en effet de croire que Jean-Michel Bongiraud n’en dira guère plus, et on ne le souhaite pas en tout cas, car lire ce livre, c’est comme passer un moment en tête à tête avec un ami. Il ne s’agit pas ici juste d’une formule, mais d’un ressenti bien réel. L’auteur est comme assis en face de nous, le livre devient une table à laquelle on s’accoude, on partage un verre, voire plusieurs, et Jean-Michel Bongiraud nous ouvre son cœur, sans prétention, sans flonflons, sans faux semblants. Une telle simplicité est rare, une telle sincérité aussi. Elle mettra ceux qui sont prompts à juger sans doute mal à l’aise. Il y a quelque chose d’inconvenant, pour ceux qui ne jouent pas cœur sur table, à se livrer ainsi. C’est donc un livre qui fait du bien, qui remet les choses à leur place, la poésie dans la vie, l’homme au cœur de sa vie d‘homme, ni plus, ni moins et les mots tissent des ponts, car au centre de ce livre, il y a un irrépressible désir de partage.
Résoudre par les mots de tous les jours
l’équation de la vie
mesurer la distance
entre son ombre
et la main qui s’ouvre
montrer la lucidité
du poème
au regard qui le croise
Mais entre le désir et sa réalisation, le réel peut devenir un obstacle qui ne cesse de nous interroger.
Depuis quand les hommes
sont devenus si durs
et pourquoi leur langue
est-elle brutale et acerbe
Et c’est cela que Jean-Michel Bongiraud partage ici avec nous, les questionnements, les doutes, les élans et les dépits d’un homme parmi les hommes, et chacun de nous lecteur, devient l’ami auquel il offre sans retenue toute sa confiance.
pour vivre entre nous
que faudrait-il
un rire un ronronnement
une peau contre une peau
ou un tassement de vertèbres
au niveau du cerveau
L’auteur pour qui, on le sent, des mots comme humanisme et fraternité ont gardé toute leur puissance, n’a cure d’être considéré comme naïf, mais donne au contraire tout sa véritable signification à ce mot. Naïf, c'est-à-dire naturel, sans fard, sans apprêt, sans artifice.
ce monde est clair est simple
tel je vous le dis
il a ses qualités
et même celles que j’ignore
car tout n’a pas été dévoilé
et il est bien vivant et serein
et vous pouvez le voir
c’est un monde d’étonnement
Témoin de la beauté, il sait aussi la transmettre.
Les oiseaux sont des êtres
bien innocents et agréables
(…)
à part froisser l’air
ils ne font aucun mal
Et cette naïveté si on peut dire, n’est possible que parce que l’auteur est doté aussi d’une grande lucidité.
Un grain bouleverse la vie
on ne sait jamais
la raison de sa venue
(…)
On veut toujours savoir
si ce que l’on fait est juste ou non
suis-je élégant ai-je une belle bouche
pourquoi celui-ci ne dit pas bonjour
(…)
et je me demande
ce que cherche à dire ce poème
Il n’a pas peur de se voir tel qu’il est. L’écriture ici n’est pas un faire-valoir, mais un miroir qui ne ment pas.
J’aimerais apparaître
tel que je ne suis pas
un peu plus grand moins gros
plus cultivé plus spontané
mais je l’ai déjà dit
écris à longueur de page
(…)
d’ailleurs de quelle consolation
ai-je vraiment besoin
de changer de forme
ou de cesser la répétition
Jean-Michel Bongiraud n’est dupe ni de la vanité de notre condition, ni de la profondeur de notre ignorance, ni de notre petitesse face aux forces de l’univers, mais cela ne l’empêche pas d’aimer. Aimer la nature, aimer les oiseaux, aimer l’autre, égaré peut-être, mais vivant comme lui dans ce monde, où la beauté et l’horreur se partage la mise.
Nous chantons fort
et sans bien suivre la partition
nul ne l’a vraiment apprise
les plus purs la récitent
nuit et jour avec opiniâtreté
les autres avec nonchalance
mais ce n’est pas très cruel
comme jeu juste subtil
les vaches y arrivent et les girafes
je ne sais pas si les cafards le font
mais d’instinct chacun en est capable
au fond pour vivre
il suffit de suivre le troupeau
J’aime le murmure du vent
et la parade des oiseaux amoureux
les poules qui ponctuent leur pondaison
par un incessant caquètement
c’est la nature dans sa simplicité
comme un vin qui remplit le verre
il faut tout oublier pour le déguster
les voisins les enfants les supérieurs
dans le gosier tombe la poule
les oiseaux et les brins d’herbe
surtout il ne faut rien recracher
Il s’interroge sur ce qui le pousse encore et encore à user de mots pour se faire entendre.
Je pourrais rester tranquille
écouter cette même poule pleine d’orgueil
envahir le silence de cette après-midi paisible
elle non plus ne sait pas
ce qui la pousse à chanter
suis-je aussi orgueilleux qu’elle
à vouloir que tout le monde m’entende
mais elle a cessé son vacarme
je peux recommencer le mien.
Sans aucun doute, la réponse est dans ce livre. Rien n’a de sens ici-bas sans l’échange et la communication véritable, celle du cœur. En ces temps où les mots sont tellement galvaudés, vidés de leur sens, la poésie demeure une parole vraie qui peut permettre de nouer avec autrui une relation touchant directement à l’essentiel. En toute simplicité.
Cathy Garcia
Jean-Michel Bongiraud, est né en 1955 à Saint-Mard (Aisne). Il est l'auteur de plusieurs recueils de poésie ainsi que d'un essai, L'Empreinte humaine, ouvrage publié par les Éditions Editinter. Il a également fait paraître la revue Parterre Verbal entre 1992 et fin 2001 et depuis 2008, il anime la revue Pages Insulaires : http://parterreverbal.unblog.fr/ Il a écrit des articles pour différentes revues ou journaux, dont Le Monde Libertaire, Alternatives Libertaires...
Bibliographie :
Éditions Editinter : Fermentations poétiques ; Apesanteur fiscale ; le livre des silences ; Du bout de mes orteils ; Un livre pour la pluie ; L'herbe passagère ; Arpège précédé de Une quinte sous nos doigts ; L'Empreinte humaine
Éditions Encres Vives : A la fin du cri ; Les fruits de l'alphabet ; Mouvements ; Mains
Éditions Gros textes : Les mots de la maison ; Pages Insulaires ; Pour retendre l'arc de l'univers
Éditions L'Épi de seigle : Les mots du manœuvre ; La noisette
Autres éditeurs : Mots d'atelier, Edition le dé bleu ; Le cou de la girafe, Éditions l'Amourier ; L'ombre de la bêche, Éditions Alain Benoït ; Abeilles, Éditions des Vanneaux ; Sang et broussailles, Éditions Rafaêl de Surtis ; L'herbe et le néant (1994 première édition), Éditions En Forêt (Allemagne) ; Je n’en dirai guère plus, Éditions de l’Atlantique.
14:51 Publié dans CG - NOTES DE LECTURES POÉSIE | Lien permanent | Commentaires (0)
dans l’émission Les Poètes.fr du 12 avril 2012 sur Radio Occitania, écoutable en ligne ici :http://lespoetes.fr/emmission/emmission.html
Les éditions CARDERE www.cardere.fr poursuivent leur difficile travail de diffusion et font paraître deux livres de poésie dont nous recommandons la lecture aux auditeurs ; chacun coûte 12 € et l’achat peut se faire directement sur le site de l’éditeur.
Le premier est celui de l’infatigable revuiste, artiste, photographe et surtout poète Cathy GARCIA« Les mots allumettes » richement illustré par elle-même. Un appel à la sérénité, une quête spirituelle où la révolte n’appelle qu’à la tendresse, à la fraternité des êtres, tous en mal d’absolu :
Les mots en gravats dans ma tête. Des tonnes.
Je retiendrai celui qui brise l’encerclement, dégage une spirale et m’élève jusqu’au ciel.
Jusqu’au grand, grand ciel. N’avoir que celui-là en bouche.
Lecture d’extraits du recueil.
Le second « Triptyque du veilleur » est celui de Louis RAOUL poète connu des abonnés des éditions Encres Vives qui l’ont publié dès 1992, qui totalise aujourd’hui une quinzaine de recueils et a obtenu en 2008 le Prix de la Librairie Olympique pour son livre « Logistique du regard » publié chez N&B/Pleine Page. Ecriture délicate et pudique qui semble effleurer mais imprègne sa trace durable dans les esprits. Il faut lire ce poète discret. Lecture d’extraits du livre.
Vous abordez
Au pied de la tour
Qui est vous
Il vous faut rejoindre la hauteur
Où veiller
Dans l’éternité d’une heure
La rouille d’un jour
Qu’on aurait oublié.
16:21 Publié dans CG 2012 - LES MOTS ALLUMETTES (Cardère) | Lien permanent | Commentaires (0)
« Poésie Feu Rebelle… »
« Il n'y a de véritable résistance que dans et par la création… » (Patrick Chamoiseau)
Lectures, échanges, débat, autour de la poésie comme insurrection de l'imaginaire, invention du futur, avec
Cathy Garcia, Plasticienne, Poète, Revuiste,
et
Eric Barbier, Poète.
Cette rencontre, organisée par L'Atelier Thot'M, aura lieu à la Librairie « Les Beaux Jours », avenue de la Marne, à Tarbes, le Jeudi 26 Avril de 20h30 à 23h.
Renseignements: E-mail : ogam.pc7@orange.fr
« Thot'M, l'Atelier d'Ecriture »
voir : tract EB.CG 4.pdf
16:21 Publié dans CG - QUOI DE NEUF? QUE FOUS-JE ? | Lien permanent | Commentaires (0)
Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/le-vent-d-anatolie-zyrann...
Quidam éditeur (collection Poche) 2012 - Traduit du grec par Michel Volkovitch - 56 pages - 5 €
Sympathiques petits livres pour un prix plus qu’abordable, la collection Poche de Quidam séduit d’emblée. Un beau chat bleu en couverture de celui-ci. Le Vent d’Anatolie est une nouvelle de Zyrànna Zatèli, tirée du recueil Gracieuse dans ce désert.
C’est un texte qui se lit d’un trait, d’une grande beauté, troublant, qui raconte dans une langue simple, très fortement empreinte de poésie, une étrange histoire d’amitié. Celle d’une jeune fille et d’une vieille tuberculeuse un peu folle. Mais est-elle réellement folle ou plutôt désespérément seule ? Isolée par la communauté qui craint sa maladie, mais la nourrit quand même par acquis, sans doute, de bonne conscience, elle meurt à petit feu dans sa maison, comme une pestiférée, brassant souvenirs et délires.
Un jour, la jeune fille qui est la narratrice de l’histoire, est chargée d’apporter à manger à Anatolie, c’est le nom de la vieille malade. La nouvelle débute ainsi par le trajet qui mène à sa maison, un bref portrait de quelques personnages de ce coin perdu au nord de la Grèce : Naoum le bijoutier qui met des pompons aux oreilles des chats et qui vend aussi bien des bijoux que des fusils de chasse, le souvenir d’une jeune fille morte à 17 ans dans un sanatorium, un boucher cynique, pétomane, coureur de jeunes jupons et ainsi, on arrive chez Anatolie.
« Je suis là » dit-elle sèchement, levant haut le menton. Puis elle tourna la tête et ajouta l’air songeur : « Gracieuse dans le désert… ».
L’auteur a une façon de traduire le regard de la jeune fille sur Anatolie qui donne le ton de tout ce qui suivra, on est un peu chez la sorcière du conte de fée. La maladie, la différence, la solitude donnent à Anatolie une sorte d’aura magique, à la fois inquiétante et fascinante.
« ses mollets luisaient comme la gélatine »
« Sa démarche et son corps lui-même avaient quelque chose d’oblique, une ondulation incessante et fascinante en forme de huit… huit… huit… ».
« Deux très grandes chaussures, presque autant que celles des clowns, vertes comme des poivrons et munies d’attaches rouges en corne ».
Peu à peu, se tisse un lien entre Anatolie et cet enfant qui vient la nourrir, qui brave les interdits en demeurant auprès d’elle et qui, dès la première fois, va jusqu’à partager la nourriture à la même cuillère.
« C’est Anatolie, on s’en doute, qui eut cette idée imprévue de manger ensemble, issue d’un désir pas vraiment clair et généreux mais plutôt cruel : celui de partager avec quelqu’un, avec moi, le poids de sa solitude, de cette maladie qui la torturait ».
Parfois Anatolie souffre trop, délire ou se laisse aller à une certaine méchanceté, malice plutôt.
« Tu veux donc voir une photo rouge ? demanda-t-elle quand la terrible toux se calma. Tiens ! Et elle déplia le mouchoir, plein de sang… Voilà mes rubis ! Tu en as, toi, des comme ça ? »
D’autres fois elle raconte, son passé, son père, sa mère, sa sœur et son frère cadets. Bien qu’elle ne le montre pas, elle s’attache à sa visiteuse, celle qui ose rester avec elle et les deux finalement ont une certaine bizarrerie en commun.
Un jour Anatolie parle du vent, ce vent qui devient parfois un homme et qui vient la chercher, la harcèle, mais elle lui résiste, alors il repart.
Elle l’appelait le vent (…) il avait toujours le dos tourné ; elle voyait seulement son omoplate gauche, nue, son cou, une partie de sa tête, puis rien que le torse – il devait être assis au bord du lit, à sa droite –, tandis que l’autre côté se perdait dans les ténèbres.
(…)
Comme il doit se sentir seul de n’être désiré par personne… C’est pour ça qu’il vient vers moi comme un sauvage. Comme un mendiant.
C’est que malgré tout elle est solide Anatolie, elle en a vu dans sa vie, cependant, vient le jour où elle arrête de manger. La jeune fille continue de lui rendre visite, de rester avec elle.
Je précise que je n’ai jamais cru un seul instant que j’étais l’amie d’Anatolie par héroïsme. C’était ce charme surnaturel qui m’enveloppait quand je traversais sa cour, en arrivant ou en repartant (…). C’était cette image de la brume dorée, le premier matin, qui ne m’avait pas quittée depuis (…). C’était ses paroles, qui lorsqu’elles ne débordaient pas de méchanceté, étaient attirantes comme la nuit.
Elle sera là jusqu’à la fin, jusqu’à ce que :
« J’ai sommeil, dit-elle ».
(…)
Je me levai enfin pour partir. Le vent avait laissé la porte ouverte.
Et on referme le livre, non sans une certaine émotion, ébloui par cette histoire si simple, mais que l’auteur, grâce à un véritable talent de conteuse, réussit à rendre absolument envoûtante.
Cathy Garcia
Zyrànna Zatèli est née en 1951 à Sohos, près de Thessalonique et vit à Athènes. Elle a reçu le Grand prix national du roman en 1994 et 2002. Du même auteur : Le Crépuscule des loups, le Seuil 2001 ; La Fiancée de l’an passé, Le Passeur 2003 - Publie-net 2009 ; La Mort en habits de fête, Le Seuil 2007.
15:33 Publié dans CG - NOTES DE LECTURE | Lien permanent | Commentaires (0)
Ce reportage, mene a travers quatre continents et rapportant des temoignages d'experts, tente de montrer que l'agroecologie, modele agricole qui s'inscrit dans le cadre d'un developpement durable et porte par l'agriculture familiale, est capable de faire face aux besoins alimentaires d'une population mondiale croissante. Un livre accompagne egalement la sortie du film, offrant davantage de details sur l'enquete menée.
Si vous souhaitez prendre part au financement du documentaire, des souscriptions sont encore disponibles sur le site. Pour la somme de 30€, vous recevrez le DVD du documentaire en edition speciale, avec des bonus et un livret d'accompagnement, et beneficierez d'un acces privilegie au site du reportage, afin de pouvoir suivre la production dans son ensemble.
14:49 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)
21:09 Publié dans RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (0)
il a été référencé sous le titre initial de l'Epreuve ce qui complique les choses pour les libraires, mais le n° d'ISBN est le même
Il est sorti le 11 avril, il s'appelle Mon père. il est publié par les Editions Oskar et distribué par Belin.
Couverture, 4ème, référence ICI
Il s'adresse aux ados, collégiens et lycéens.
21:01 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
Ouvrage collectif,
sous la direction de Julien Blaine, Edith Azam, Bernard Noël (156 pages)
« Qu’est-ce que BAN ?
C’est le rassemblement de plusieurs générations – (69 ans / 81 ans) à l’initiative de la plus jeune (38 ans) – dans le but de dénoncer un certain état ordurier du présent afin, bien évidemment, de le combattre.
Les problèmes sont aujourd’hui nombreux depuis que les maîtres de l’économie se vengent librement des concessions sociales qu’ils avaient dû accorder peu à peu durant un siècle aux divers travailleurs : ouvriers, employés, fonctionnaires. Leur force est qu’ils détiennent ou contrôlent le pouvoir en restant anonymes et masqués derrière les politiciens de la droite ou de la gauche libérale, leurs complices. Ces dominateurs ont perverti à leur service la plupart des rouages de l’État, mais ils disposent surtout des media populaires et, par eux, du moyen d’occuper les têtes en les privant de pensée, de réflexion et de conscience. Ainsi font-ils en sorte de rendre la servitude aimable en assurant la promotion d’une seule valeur : la consommation.
Nous n’avons pas d’illusions quant à l’avenir mais une volonté de résistance qui nous interdit la résignation et le renoncement. Cette résistance, nous pensons la développer par la réflexion et par le rassemblement de témoignages venus de milieux et de pays très divers. Ainsi, des écrivains se proposent de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas et de créer pour cela un lieu d’expression qui ne sera pas, comme d’habitude, réservé à leur seul usage. ».
Manifeste de BAN
lire ici : http://editionlebleuduciel.free.fr/ordures_et_residus.html
à télécharger ici : http://editionlebleuduciel.free.fr/ordures_et_residus.pdf
12:20 Publié dans RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (0)
Voile déchirée - Mer Égée mai 2010 |
Grecs réveillez-vous... Indignés - Ville de Trikala 16 avril 2012 |
Christos Gatselis - candidat PASOK - Trikala avril 2012 |
Vendeur de Beignets - ville de Trikala - 16 avril 2012 |
10:36 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
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15:05 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
de Anaelle Verzaux - journaliste
(De Somonte) L’Espagne sombre dans la crise. Lundi 9 avril encore, le premier ministre, Mariano Rajoy, annonçait de nouvelles coupes budgétaires. Mais tous les Espagnols ne baissent pas les bras. Il y a eu la grève générale du 29 mars. Et en Andalousie, depuis le 4 mars, des paysans journaliers occupent des terres. Comme il y a un siècle...
Il y a dans l’orange, comme un arôme d’enfance, un arrière goût d’avant. Sur la route d’une quinzaine de kilomètres, qui part de Palma del Rio, une ville de la province de Cordoue, pour rejoindre la Finca (la ferme) Somonte, il y a des oranges partout, rondes, girondes, juteuses, bien mûres. Mais au sol, elles pourrissent, sans que personne ne les ramasse.
Pourtant, en Andalousie (communauté autonome au sud de l’Espagne, 8 millions d’habitants), 30% de la population active est au chômage, et survit de bouts de rien, depuis le début de la crise, en 2008. A cause de l’économie de marché, c’est plus cher de les ramasser que de les laisser, apprend-on dans le journal local (El dia de Cordoba) du 1er avril, qui rappelle aussi qu’un huitième des orangers de la région a brûlé, à cause du froid cet hiver.
On pense aux milliers de jus frais perdus, aux morts de faim, aux bienfaits de l’agriculture traditionnelle, et avec une tendresse nostalgique, au parfum d’une mère qui jadis, déposait trois gouttes d’eau de fleur d’oranger sur un oreiller, pour nous endormir.
La voiture ralentit soudain. Au bord de la route, un drapeau andalous flotte au vent. On entend de la musique, un flamenco dont les paroles appellent les paysans à reprendre une terre dépossédée. « Esta tierra es tu tierra » (cette terre est ta terre). Puis un bâtiment de ferme, tout en longueur. Champs, potager, chiens, chevrette, poules, des enfants, un vieillard, Lola, Juan, Rafael, Marco et trente autres personnes s’empressent de nous embrasser.
Lola a la quarantaine, la peau mate, les cheveux longs et noirs. Sa beauté semble incarner la dignité de sa lutte. Comme la plupart des autres occupants, elle fait partie du Syndicat andalou d’ouvriers agricoles (Sindicato de Obreros del Campo, SOC), qui mène, avec le mouvement de la Gauche unie (Izquierda Unida), l’occupation de Somonte, depuis le 4 mars.
D’un geste, Lola nous invite à la suivre dans la cuisine, prendre un café. Elle s’assoit, boit une gorgée, dit :
« Notre occupation est directement liée à la crise. On n’a plus de travail, on est dans une situation de survie ici. »
En 2012, le SOC, créé en 1976, renoue avec la vieille tradition des occupations massives de terres ! Jusqu’à la Seconde République espagnole (1931-1939), en Andalousie et dans tout le sud de l’Espagne, les terres agricoles (les latifundios) appartenaient à une aristocratie de propriétaires fonciers. Face aux mauvaises conditions de travail, régulièrement, les paysans ont occupé ces terres, en signe de protestation.
Parfois, les occupations ont débouché sur de grands mouvements de révolte, à l’image de ce qui se passe, toujours aujourd’hui, dans de nombreux pays d’Amérique Latine (le plus important est le mouvement des Sans-Terre, au Brésil.). A l’image aussi des luttes des années 70 menées à Marinaleda, une petite ville communiste depuis 1979, dirigée par le Collectif unitaire des travailleurs (Colectivo de unidad de los trabajadores, CUT), et située à une cinquantaine de kilomètres de Somonte.
Ici, Marinaleda, qui ne connaît pas le chômage, est un modèle. Et son maire, Juan Manuel Sanchez Gordillo, un nouveau Che. Lola repose sa tasse de café.
« Aujourd’hui, en Andalousie, 2% des propriétaires possèdent 50% des terres. »
Le domaine occupé, 400 hectares, dont 40 à l’arrosage, fait partie des 20 000 hectares que le gouvernement andalou (la junta) a décidé de vendre aux enchères. « Or, poursuit-elle, seules les grandes entreprises espagnoles ou étrangères et la duchesse d’Albe, ont les moyens de les acheter ».
La duchesse d’Albe, c’est un peu notre Liliane Bettencourt, en plus excentrique. Elle est l’aristocrate la plus titrée au monde (une cinquantaine de titres), possède 30 000 hectares de terres, et des biens estimés entre 600 millions et 3,5 milliards d’euros. Un bel héritage en perspective, qui a failli briser sa famille, quand le 5 octobre 2011, à 85 ans, la duchesse s’est mariée avec un employé de la sécurité sociale, de 24 ans son cadet...
Sur les 20 000 hectares mis aux enchères par la junta, la moitié a récemment été vendue à des propriétaires discrets. Dans la région, le nom des acquéreurs n’est pas connu... d’autant moins que, selon les occupants, ils n’auraient encore embauché personne. Pour Lola, c’est évident, « ils achètent pour spéculer ! ».
Mais 8 000 hectares pourraient être occupés. La question a d’ailleurs été longuement évoquée, pendant l’assemblée générale quotidienne, de fin de matinée. Mais pour le moment, les journaliers préfèrent se concentrer sur Somonte. C’est déjà beaucoup d’organisation.
Rafael, un homme solide et volubile, était à Somonte, le premier jour de l’occupation. Il raconte :
« Le 4 mars, on était 500 journaliers agricoles à occuper le domaine. La nuit du 4 au 5 mars, des policiers de la garde civile sont venus nous rendre visite, il n’y a pas eu de violence, les policiers ont seulement donné des coups dans la porte, qu’on avait blindée. Mais le gouvernement andalou a déposé une plainte contre sept d’entre nous. »
Comme la plupart des occupants, Rafael, issu d’une famille de paysans, a d’abord travaillé dans les champs, qu’il a quittés pour le bâtiment en 2000, en plein boom immobilier.
« J’ai même travaillé en France, dans la construction d’un tunnel. Mais une fois les travaux terminés, l’entreprise nous a tous licenciés. Depuis, je suis au chômage, comme ma femme et ma fille de 22 ans, qui a pourtant fait cinq années d’études de droit . »
Et maintenant, comment vivre à Somonte ? Lola ramasse une chevrette blessée.
« Nous ne voulons surtout pas demander de subventions ou spéculer, ni même créer une coopérative de salariés. Ce que nous voulons, c’est créer une coopérative de résistance. L’objectif, c’est de faire travailler et vivre ici quarante familles. Dès que nous aurons réglé le problème de l’irrigation, ce sera possible. »
Elle presse la chevrette contre sa poitrine.
« D’ici là, il faut tenir. Le plus dur, c’est de dormir tous ensemble, dans seulement deux pièces. Mais on n’a pas le choix. Et encore, on a la chance d’avoir des soutiens financiers des habitants de Palma del Rio. »
Devant nous, un gigantesque « arroz caldoso con pollo » (riz dans son jus, au poulet) mijote dans sa poêle profonde, installée en extérieur. Marco interrompt brièvement la cuisson pour nous faire visiter le poulailler, puis le potager, où quelques hommes travaillent. Tomates, laitues, poivrons, encore des tomates... et bientôt des asperges :
« La terre est bonne ici, pour les asperges, et l’avantage, c’est qu’on peut les vendre assez cher. »
Le maire de Marinaleda, Juan Manuel, nous rejoint :
« Ensuite, on pourra importer les produits de Somonte, pour qu’ils soient transformés à Marinaleda, où nous avons tous les outils nécessaires. »
Autour, les enfants jouent, la chèvre boitille, Lola clôt les débats, Rafael chante le Flamenco (« Yo soy del pueblo ! », je suis du peuple !), tout en appelant ses amis à venir se servir en riz. Jusque-là, ni la junta andalouse, ni Mariano Rajoy, le premier ministre espagnol, du Parti populaire (Partido popular, PP, droite), n’ont sévèrement menacé les journaliers.
Mais les occupants demandent de l’argent et du temps, pour vivre et montrer, comme à Marinaleda, qu’au moins à petite échelle, l’utopie n’est pas seulement un rêve.
http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/04/12/en-andalousie-d...
14:08 Publié dans LE MONDE EN 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
Aux vieux mystères, fasciné
Je marche d’amble, halluciné !
Tôt lanciné des magistères,
J’ai calciné, ci, quelque ensemble
Où dort justice forcefaix
D’un sommeil louche et satisfait !
Et tel forfait, sous le solstice,
M’a fait silencieux et farouche !
Car je suis d’alliance aux forces lumineuses
Ainsi qu’avec la nuit les noirceurs venimeuses,
Quand lune sinueuse occulte sa brillance,
Lente et vicieuse complice, qui jà me nuit.
Insurgés dissidents, factieux,
Cassez les reins aux contentieux !
Crachez aux cieux ! Armez vos dents !
Pour, infectieux, mordre les mains
De qui nourrissent et conservent,
- Qui perpétuent donc asservent -
Vilaine verve, ah ! qu’ils pourrissent !
Et qu’on s’énerve, impétueux !
Révolte grande gronde au cœur, mais d’habitude
Etre féal convient plutôt à multitude.
Son attitude est révérende, aucune fronde !
Sans latitude aux libertés, piètre idéal !
Or l’idéal toujours est piètre,
Méchanceté ! Car pour y être :
Elire l’aître où dort le deal
Puis méconnaître fausseté !
Si ma révolte s’évertue
A ne toucher d’autre vertu,
Si le vers tue, ivre, et puis volte
En amertume, effarouché,
C’est qu’au mur orbe que la vie oppose à nous
J’ai dû laisser mon énergie, et mes genoux !
Et si je noue en insistant le pouvoir mûr
Et la noue amère des choix, c’est qu’ici gît
Notre rêve contrarié !
Poème de Salus, envoyé par mail
Illustration : Alessandro Bavari 2005
13:56 Publié dans RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (0)
Accident de juillet 2008 : Madame Aline Pauchard de Bollène est malade et ruinée, pourtant elle résiste et se bat contre le lobby nucléaire avec persévérance et ténacité.
C'est le pot de terre contre le pot d'enfer.
Retrouvez les documents écrits qui retracent son combat à cette adresse : http://www.sanurezo.org/lafemmequiresiste.pdf
Elle a besoin de notre solidarité pour faire échec à l'abomination nucléaire qui nous menace TOUS.
Vidéo d'interpellation à faire tourner très largement.
15:00 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (2)