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01/09/2012

Des artistes tunisiens s’attaquent à la censure par la dérision

 

Nadia Jelassi, une artiste tunisienne, s’est retrouvée il y a trois jours au Palais de justice de Tunis, à poser pour des photos anthropométriques, accusée de troubles à l’ordre public. De retour chez elle, elle reproduit l’humiliation vécue en se photographiant avec une règle sur le visage, et poste cette photo sur sa page Facebook.


Nadia Jelassi (via Nawaat)

Aussitôt, d’autres Tunisiens se solidarisent avec elle, et reproduisent la même scène, parfois de manière cocasse, raconte le site indépendant Nawaat.org, qui commente :

« Chaque artiste, en se soumettant virtuellement à l’épreuve anthropométrique, reconnaît qu’il peut être le suivant poursuivi en justice et accusé d’acte criminel selon l’article 121 du code pénal. »


Solidarité avec Mme Jelassi (via Nawaat)

Le « trouble » à l’ordre public dont est accusé Nadia Jelassi remonte à une exposition de juin dernier, restée célèbre parce que la galerie qui la montrait fut attaquée par des militants salafistes.

Nadia Jelassi, une artiste plasticienne, professeur et chef de département des arts plastiques à l’école des Beaux Arts à Tunis, y montrait une oeuvre représentant les bustes de femmes voilées sur des cailloux évoquant une scène de lapidation.

Nawaat rapporte qu’un autre participant à cette exposition, Mohamed Ben Slama, a été également convoqué par le juge d’instruction mais il n’est pas actuellement en Tunisie. Il avait notamment exposé un tableau où l’on voit des fourmis sortir du cartable d’un écolier. Sur le mur, ces fourmis forment des lettres transcrivant l’expression de louange religieuse « Sobhanahallah » (Gloire à Dieu).

 

Source : http://www.rue89.com/2012/09/01/des-artistes-tunisiens-sa...

Evazine, c'est fini

Parce-que ce sont souvent, pour ne pas dire toujours, les bonnes choses qui prennent fin, Evazine c'est fini. Visible encore sur la toile pour deux ans, le formidable travail de tissage de Jean-Louis Millet via ce site s'achève, pour laisser place à d'autres aventures. Je vous invite à ce propos à visiter si ce n'est déjà fait, et à y revenir plutôt souvent

Zen Évasion http://www.zen-evasion.com

 et Voix Dissonantes http://jlmi.eklablog.com

deux sites plus personnels de Jean-Louis Millet, mais néanmoins grand ouvert sur le monde, voire au-delà, d'une immense richesse et d'une tout aussi grande pertinence.

 

Profitez des deux années de sursis pour continuer à visiter Evazine et si vous êtes éditeurs, une très belle et originale collection de Livres d'art constituée au fur et à mesure des rencontres évazinienne ne demande qu'à venir se poser sur du beau papier ! Voir : http://evazine.com/livre_art.htm

 

Contact : jlmillet@free.f

 

http://evazine.com/

 

La poésie est un pouvoir car pour elle on vous tue Ossip Mandelstam mort au goulag de Kolyma en 1938

 

 

...puissance & richesse ne sont jamaisallées de pair avec la poésie, peut-être est-ce pour cela qu’elle demeure si pure,

 

et qu’elle est parfois la seule résistance digne de ce nom. Jon Kalman Stefansson « La tristesse des anges »

 

 

 

Evazine, les aventures liées de

 

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  Taro Aizu Ferruccio Brugnaro Vincent Courtois Jean-Marc Couvé Denise Desautels

  Cathy Garcia Béatrice Gaudy Gaëlle Josse Anna Jouy Werner Lambersy

  Isabelle Le Gouic Le Salut invérifiable d'un Idiot souterrain
 
Patrice Maltaverne Jean-Louis Millet Murièle Modély Né-Khô
 
Lucie Sagnières Jean-Claude Tardif Bruno Toméra Harry R. Wilkens

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Mr Mondialisation

Else avec elle de Lou Raoul, lu par JL Millet

Else avec elle...



Else avec Lou,

avec Lou comme installée au coin de l’âtre afin de « crier en grand silence » depuis ces entre-deux mondes sensibles perceptibles des seul(e)s initié(e)s toujours « plus que prêts à l’éphémère » de la lisière de notre monde qui s’emballe vers « des espaces comme morts »

Lors avec « des chevaux dans les rêves » « si proche, si loin déjà », naît en elle ce leitmotiv « comment elle s’appelle si c’est pas Else mais aussi bien c’est bien Else »

alors Lou juste installée au coin de l’être n’écrit pas, non,elle crochète des écheveaux mêlés de mots et de syntaxes de son crochet-calame bardique afin que « la mort … se dilue dans les points de tricot »

ainsi Lou compose, point à point, carré après carré, un couvre-livre-page patchwork, de ceux d’à « l’ombre du temps révolu », dans lequel les entre-points comptent autant que les noeuds, afin de nous donner à voir « l’intérieur d’un grain de sable » et, à quelques uns, la possibilité d’y percevoir l’initié(e) qui « trébuche dans les ornière du temps, les mains pleines de la vanité de toutes choses »



Dans ce nouveau recueil, paru aux éditions Isabelle Sauvage, j’ai retrouvé cette ambiance insulaire, finistérienne et nordique si particulière de Lou Raoul que j’avais tant goûtée dans ‘’Else’’ et ‘’les jours où Else’’.
 
Un beau recueil pour se ‘’perdre’’ avec délice dans les pas d’une passeuse…



Publié sur http://www.zen-evasion.com/notes_de_lecture.htm

 

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Nouvelle traduction de ROMANCERO GITANO (ROMANCES GITANES) SUIVI DE LLANTO POR IGNACIO SANCHEZ MEJIAS, de FEDERICO GARCIA LORCA

Vient de paraître dans la Collection bilingue Hermès des Editions de l'Atlantique, dans la traduction nouvelle de MICHEL HOST (agrégé d'espagnol, Prix Goncourt 1986).

Il s'agit d'un tirage sur beau Papier de création, blanc nacré, grain subtil, 250 gr. pour la couverture, 120 gr. pour les pages intérieures.

Le tirage en est limité et numéroté.

Si vous désirez vous procurer ce livre, vous pouvez le commander aux Editions de l'Atlantique. Il vous suffit pour cela de tirer sur votre imprimante le Bon de commande mis en fichier ci-joint, Bondecommande2.pdf

de le remplir et de nous le renvoyer accompagné de votre règlement (à l'adresse notée sur le Bon).
Dès réception de ces documents, les Editions de l'Atlantique vous ferons parvenir l'ouvrage.

   

Sur Internet Editions de l'Atlantique
http://mirra.pagesperso-orange.fr/EditionsAtlantique.html

   

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28/08/2012

Jean-Marc Couvé, De la graisse ultralibérale

Dans les nouveaux Carnets d'Eucharis

http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/archive/2012/08...

Jean-Marc COUVÉ

(Poésie)

 

 

JMCOUVE_Portraits.jpg

© Photo : Roland Dauxois

 

http://evazine.com/jmcouve/JMCOUVE.htm

 

 

De la Graisse ultralibérale

Extraits

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i. m. Kazantzákis, H. Miller & L. Durrell

 

 

I

 

Un plastron nuageux au fronton de la peine.

Une enseigne aguerrie par le souci Antique.

Et l’Hypérion (sot - l’air ?) éclipse toute empreinte.

Ah, douleur hellénique ; ô rime féminine !

Or l’instant se décrasse en son centre intangible :

Ivresse reconnue, partagée, désinvolte…

Au macabre macaque avalisant la crise

opposer l’embellie d’un avenir sans tache.

Et la porno-cratie ne pourra faire offense

à nos rêves / Vibrante – hé, toi – l’astéroïde !

 

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.

II

 

Hypnose boréale à s’insurger l’ambre – ouille !

Il n’y a d’atavisme aux rives de l’enfance.

A chaque pas feutré répond tel palindrome.

Egoïste est l’ascèse, et la honte inféconde.

On ignore les maux, l’émotion bien trop rare.

A paraître excitée, la mélancolie freine

et son chœur plus cruel est porté au pinacle.

Alors qu’il suffirait de surseoir au massacre :

Ignorer le présent, trait d’Union délétère,

entre un hier fertile et quel futur aride ?

 

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.

III

 

Immergez-moi en mer, au large de l’Egée,

entre vierge hétaïre et fière thébaïde.

A psalmodier la peur, on cultive la haine –

Ogresse ! – et le sang coule ; et l’amer tout recouvre…

Immergez-moi encore aux sources de la Grèce,

à la Crète de vague aventure, en Ithaque !

Il n’en faudra pas plus – berceau – pour que renaisse

ou l’espoir piétiné ou le sourire antique.

A quoi nous répondra l’Europe immémoriale :

- Optez pour mes rondeurs, et dévorez Ogresse !

 

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.

IV

 

Equinoxe, aile, voile, au firmament d’amante,

un devenir enfoui que la Pythie réfute.

Unique dans l’oracle – où est l’or, hé, qu’on racle ?

Obstiné, l’Univers ludique et philosophe,

arrivera encore à déjouer Pandore,

offrant la Belle hellène au mâle, Pythagore,

et les dieux de l’Olympe, experts en théorème,

innerveront l’azur de splendeur ancienne,

à peine refoulée – oh, temps, faiblesse humaine :

Il fera bon chanter, sans détour, ô sirène !

 

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.

V

 

Le nuage s’effrite et le fronton s’affine.

Aux bas d’or - et son cul, suintant d’huile solaire,

accepte de forclore Histoire en dictature

ahurissante et veule, appelant au saccage !

Ô douceur, d’août - sœur, à Patmos, Lesbos, Ierapetra

L’ivresse - toi (Homme erre), ou bien Kazantzákis ;

toujours âpre à vouloir, au Savoir grande ouverte,

et à l’appel du large, ainsi, souvent contraire

aux lois de la Phynance, au rapt illégitime :

A quand l’étoile en Bourse – en Léthé – rêve ultime ?

 

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.

VI

 

Prométhée enchaîné au mythe de Sisyphe

expire, ô Athéna. Non loin, Lysistrata

assène vérité à la Banque Centrale,

et rassemble un Banquet hostile au Verbe en cale !

Atterré par l’exploit, jamais réalisé,

de faire agenouiller Splendeur Originelle,

on a vu Dionysos aux assassins se vouer

corps et âme : il leur fit passer l’ goût du Pathos !

Jeu m’écarte à regret de l’orée féminine,

empruntant du bel air crétois sacre éponyme

 

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.

VII

 

Asymptote, astigmate, eau, lèvre, dune et gosse :

Il pleut des théories ! Haut Pouvoir ridicule,

à qui feras-tu croire agonie moins truquée ?

Hermès, même, devint foulard. Hémiplégie ?

Aphrodite enfant fut… de la pop ! – Qu’on en juge :

Il n’y a qu’Uranus ayant su mettre « anus »

hors de portée de tout spéculateur précoce !

Orbe ou didascalie, jusqu’en notre alphabet,

de langue la naissance est étymologique.

Or culture – Abraxas – balaie l’impéritie !

 

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.

VIII

 

Un dernier (pour l’art OUT), car la route fut longue,

et l’on ne peut manquer d’en lever l’hypothèque :

A chaque époque trouble, un trou bleu dans la coque

achoppe ; ah, leurre - au pas * : Marre des tyrannies…

du Marché ! L’éclopée, devra porter Minerve,

ou s’en remettre à qui / à quel fieffé mirage

exagérant vertus, pour mieux la mettre en cale

sèche, et le pont brisé, sans ancre ni pilote ?

Hé, vois l’Offerte, en gage à l’usurier gothique !

O K que doute habite. / Oh, cake – doux tas – bits

 

Jean-Marc Couvé

(25-26 août 2012)

 

 

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Jean-Marc Couvé est né à Paris le 30 septembre 1957. Publie son 1er livre, La parole A la défonce, en 1983, post-facé par Philippe Soupault. Biographie plus détaillée

 

 

 

Site evazine

http://evazine.com/jmcouve/JMCOUVE.htm

 

 

 

08:57 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

26/08/2012

Dans le cadre du 1er Festival International de Films Grolandais à Toulouse...

Soirée crème et châtiment (cinéma le cratère) môrdi 18 septemb’ à 17h.

“Pleins feux sur le terrorisme anarcho-pâtissier”.
Projection du moyen-métrage belge “Que qui peut puisse!” (52′)
de Geoffroy Le Grelle (2000), axé autour de l’épopée des attentats pâtissiers.
Débat autour du terrorisme ludique avec Noël Godin (l’entarteur), animé par Yannis Youlountas.

http://groland31.wordpress.com/2012/03/07/soiree-cafe-phi...

 

 

Clin d'œil à ... Bertrand Hattler sur Evazine

 

proposé par Le Salut invérifiable d'un Idiot souterrain

 

 

 

avec la participation d'Isabelle Le Gouic, d'Anna Jouy , de Bruno Toméra et de Jean-Louis Millet

Peut-être n’était-il pas si malaisé de s’éveiller à autre chose à la fin des années 1980, alors que le reflux de toutes les causes qui auraient pu nous intéresser était irréversible. Nous en étions au point où le nihilisme n’était même plus une protestation. & pourtant nous ne manquions pas de l’enthousiasme de toutes les jeunesses, pour savoir par exemple si les drogues anciennes feraient de nouveau leurs preuves, pour le rock’n’roll & ses conséquences, pour la poésie & ses grandes figures tutélaires. Car comme l’avait annoncé Kerouac bien des années plus tôt, nous savions que, quelque part, « on nous tendrait la perle rare ». Pour Bertrand la poésie, vécue, n’était qu’une tentative – d’autres suivraient – pour trouver le lieu qui l’accueillerait mieux, & la formule d’une présence au monde qui lui soit propre. Mais celle-ci ne lui permit pas de s’ériger lui-même, pas plus que « toutes ces meurtrissures qu’il s’infligeait pour être certain d'être fait de chair et de sang. »

Il mit fin à cette existence d’errance & de souffrances par un banal après-midi de novembre, après une lutte que je sais sincère, sous-tendue par certaines de ses élégances, qui avaient tant de charme : les guerres non déclarées sont les plus terribles.
Les textes * qui suivent ne sont donc qu’un aperçu d’une aventure tentée, avec ses périls & ses illuminations, & s’il s’en dégage une impression de défaite, c’est une aventure qui en valait la peine. & si, en outre, ils ne sont pas sans défaut, c’est qu’ils ont été assemblés par un autre, car il a bien fallu trancher dans le vif des fragments retrouvés, tenter de produire un agencement qui rende compte – un peu – de certains élans, enclore ce qui semblait vouer à une sorte d’inachèvement essentiel. Mais cet agencement se veut rigoureux & loyal, car il est des promesses qui engagent presque toute la vie…

 

 

 

par sa mère

" Que dire sur Bertrand que tu ne connaisses pas :
un être entier qui pouvait plaire ou déplaire. Jamais de demi-mesure, dans l’écriture, dans la musique, dans le sport, l’amitié, l’alcool!!
Bertrandexcellait dans tout ce qu’il touchait, dès qu’il n’atteignait pas son objectif il arrêtait net ! Il avaitun amour absolu pour l’écriture et les mots il les recopiait pour se les approprier etles replacer dans ses devoirs !!!!!
Toujours un livre à la main, il avait besoin de connaître tout de son auteur pour mieux apprécier l’écriture, ( ou à ) écouter du blues, de l’harmonica, la guitare et ses groupes préférés.......les Doors et Noir Désir !!!!
Il avait une soif d’apprendre !!!
que dire de plus, t. je te laisse faire le tri !!!! "

 

Pour lire la suite et lire et entendre des extraits de NUIT NOIRE, rendez-vous ici :

http://evazine.com/bertrand_hattler.htm

11:58 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

21/08/2012

Mutations chez les papillons de Fukushima : quelles conclusions en tirer ?

 

Entretien avec Michel Fernex, professeur émérite de médecine et spécialiste des impacts sanitaires des radiations

"Il est temps de cesser de mentir. Il faut reconnaître le danger que représentent les problèmes génétiques qui vont s’amplifier".

Question : Que penser de la méthodologie adoptée et du sérieux de l’étude ?

Michel Fernex : Cette étude consacrée à un papillon bleu commun au Japon montre que les retombées radioactives de Fukushima altèrent le génome de cette espèce animale [1]. C’est un excellent travail de recherche conduit sur le terrain et au laboratoire par sept universitaires. Les photos illustrent bien les altérations congénitales qui étaient déjà présentes deux mois après les explosions chez les papillons femelles, et qu’on retrouve amplifiées dans les deux générations qui ont suivi.

On était en droit d’attendre une telle qualité et une telle rapidité de la part des universitaires japonais. On doit d’autant plus regretter qu’aucune Faculté de Médecine de ce pays hautement qualifié dans ces domaines n’ait eu le même courage. En effet, les autorités cherchent à minimiser ou occulter l’impact de la dissémination des énormes quantités de radionucléides artificiels libérées suite à la catastrophe atomique. Encore aujourd’hui, le pays impose le silence et l’immobilité au corps médical.

Q : Quelles sont les principales conclusions à tirer de cette étude ?

M. F. : Les rayonnements ionisants ont une radiotoxicité qui altère le développement de l’animal. C’est l’effet tératogène [= producteur de malformations]. Les rayonnements sont aussi mutagènes : ils peuvent altérer directement l’ADN des gènes et entraîner la mort ou provoquer des anomalies héréditaires qui ne s’exprimeront souvent qu’après plusieurs générations.

Chez les papillons de Fukushima, les dommages génétiques sont non seulement précoces, mais en plus ils augmentent significativement de génération en génération. Ce phénomène repose probablement sur ce qu’on appelle une atteinte périgénétique : les rayonnements ionisants peuvent altérer certaines parties essentielles de la cellule (cytoplasme, membrane) sans même avoir pénétré dans son noyau. Ces altérations périgénétiques sont directement transmises aux descendants et, phénomène nouveau, vont s’aggraver de génération en génération.

Q : Cette étude confirme-t-elle les précédents travaux sur les impacts de la radioactivité sur les animaux, notamment à Tchernobyl ?

M.F. : Cette étude confirme tous les travaux antérieurs. Ainsi, une étude réalisée de 1986 à 1996 par des chercheurs biélorusses sur 22 générations de campagnols de la région de Tchernobyl avait déjà démontré la poursuite d’une telle aggravation du dommage génétique, découvert dans des zones avec une radioactivité sur les sols de 2 546 000 Becquerels par mètre carré, ce qui est énorme, mais aussi à 300 km de là, près de Minsk, avec seulement 12 000 Bq/m2 [2].

Plusieurs équipes de scientifiques, dont celles d’Anders Møller et Thimothy Mousseau [3], ont étudié la zone de 30 km de rayon évacuée autour de Tchernobyl. Elles ont montré qu’une contamination radioactive importante des sols entraînait encore, plus de 20 ans après, une baisse de la biodiversité et de l’abondance par espèce du fait de la réduction de la fertilité et de la mortalité précoce chez les oiseaux. Dans les régions fortement contaminées, la population des différentes espèces de grands mammifères, des reptiles, des batraciens et des arthropodes comme les papillons, les sauterelles et les bourdons s’est réduite.

Ces mêmes chercheurs ont constaté en 2011 l’impact négatif des rayonnements ionisants à Fukushima chez les oiseaux et les papillons. Seul l’effectif des araignées a augmenté, peut-être parce que l’affaiblissement des proies rend leurs toiles plus efficaces. Ces études quantitatives étant répétées durant 3 années consécutives, les mesures de 2012 confirmeront peut-être cette hypothèse.

Q : Que penser alors des théories abondamment répandues selon lesquelles la nature reprendrait ses droits dans les zones contaminées ? [4]

M.F. : Certes, dans la zone d’évacuation de Tchernobyl, les animaux ne sont plus menacés par leur principal prédateur, l’homme. Mais il est faux d’évoquer une nature luxuriante : les recherches sur la faune font état d’une diminution de population, d’une mortalité accrue et d’une baisse de fertilité chez quasi tous les animaux étudiés, du fait des pathologies héréditaires et de la contamination de leur alimentation, notamment par le césium 137. Les hirondelles connaissent ainsi une quasi-extinction [5].

La théorie d’une "nature préservée" autour de Tchernobyl effectue une grossière impasse sur tous ces travaux, qui restent peu connus du grand public du fait de la censure et de l’arrêt des financements de l’A.I.E.A. . C’est un cliché mensonger destiné à légitimer l’ouverture de la zone d’évacuation à un certain type de tourisme, comme le souhaite l’Ukraine, et bien sûr à nier l’impact réel d’un accident nucléaire majeur.

Q : Dans quelle mesure peut-on en tirer des conclusions sur les conséquences sanitaires pour les êtres humains ?

M.F. : La dernière phrase de ce travail me gêne. Elle prétend que cette étude n’a pas de portée en ce qui concerne les humains, alors qu’elle confirme les risques pour les autres espèces. Or la génétique concerne tous les animaux.

Une telle augmentation des dommages génétiques a en tout cas été observée chez les humains. Le Professeur Yuri Dubrova a pu la mesurer chez des familles d’irradiés de Tchernobyl. Il retrouve cette augmentation sur trois générations, chez les bergers de Sémipalatinsk (Kazakhstan), irradiés par les derniers essais nucléaires aériens russes.

À Fukushima, comme ce fut le cas à Tchernobyl, les autorités n’ont pas évacué les populations à temps. On doit imaginer que les milliers d’habitants évacués trop tard ainsi que les travailleurs qui s’acharnent à réduire la contamination de l’environnement, en particulier de la nappe phréatique, auront des descendants génétiquement plus affectés qu’eux-mêmes.

Par ailleurs, les enfants n’ont pas été protégés par la distribution de comprimés d’iode stable pour éviter l’augmentation des maladies thyroïdiennes, mesure qui a été prise en Pologne pour 10 millions d’enfants, sans effet secondaire notable. Ce qui est également grave à Fukushima, c’est que les familles confinées trop longtemps n’ont pas reçu d’aliments radiologiquement propres, alors que le Bélarus, pays le plus pauvre d’Europe, avait fait cet effort pendant huit ans. Malgré cela, dans les zones contaminées de Tchernobyl, 8o% des enfants sont malades plus de 20 ans après l’explosion.

Q : Est-il difficile de publier une telle étude dans le contexte actuel au Japon ? Et à Tchernobyl ? Quel message devrait être aujourd’hui adressé aux autorités sanitaires ?

M.F. : Les autorités japonaises peuvent penser que les papillons bleus, malades ou non, ne préoccupent pas la population… À Tchernobyl, on a trois pays différents. Dans une certaine mesure, l’Ukraine informe et les deux autres pays (Russie et Biélorussie) se taisent le plus souvent.

Dans tous les cas, il est temps de cesser de mentir. Il faut reconnaître le danger que représentent les problèmes génétiques qui vont s’amplifier. Il est donc nécessaire d’établir des plans de recherches pour découvrir et développer des antimutagènes pour qu’une prévention de ces mutations toujours nuisibles devienne réalisable.

Une dernière remarque enfin : qui a le droit de promouvoir une énergie produite par des industries qui empoisonneront gravement l’avenir de nos enfants et petits enfants ?

Les experts sont d’accord qu’une nouvelle catastrophe atomique est inéluctable et que même un réacteur de sixième génération ne serait pas sûr, comme l’exprime un chercheur en physique nucléaire du CERN. Déjà, le professeur Vassili Nesterenko disait qu’il était illusoire d’améliorer la sécurité de ces machines, tant que l’erreur humaine est possible. Pour fonctionner correctement, le nucléaire aurait besoin d’humains infaillibles... et d’autres qui acceptent de vivre en ignorant les impacts néfastes de cette technologie.

Propos recueillis par Charlotte Mijeon

 

Notes

[1] http://www.nature.com/srep/2012/120809/srep00570/full/sre...

[2] Travaux de l’équipe de Rosa Goncharova du Genetic Safety Labor de l’Académie Nationale des Sciences de Biélorussie.

[3] Anders Møller, membre du CNRS de l’université Paris Sud, et Thimothy Mousseau de l’université de Caroline du Sud aux USA.

[4] Le reportage "Tchernobyl, une histoire naturelle", diffusé en 2010 par Arte, propageait ainsi la théorie d’une nature luxuriante à Tchernobyl.

[5] Voir les travaux de Thimothy Mousseau sur les mutations des hirondelles à Tchernobyl.

 

Source : http://groupes.sortirdunucleaire.org/Entretien-Michel-Fer...

19:25 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

20/08/2012

KHAOS, un film d'Ana Dumitrescu

khaosaffiche3.jpg

 

KHAOS ou les Visages Humains de la Crise Grecque est un film documentaire de 90 minutes qui traite du vécu de la crise par l’intermédiaire de différents témoignages à travers un road movie, avec Panagiotis Grigoriou, blogueur de guerre économique et historien.

A travers ces visages vous allez découvrir une Grèce loin des clichés véhiculés, loin de l’image qu’on s’en imagine. Du marin pêcheur au tagueur politique, au rythme du jazz et du rap, sur les routes de Trikala en passant par Athènes et l’île de Kea, c’est un voyage à travers l’âme d’un pays qui vous emmène dans une réflexion sur la situation critique de la crise actuelle.

http://www.khaoslefilm.com/

 

Syrie ou le sommeil égorgé, texte inédit de Jean-Pierre Parra

 

Fils de la désobéissance tremblant d'épouvante tu cris portes de la bouche écorchées l'évidence échappée des forces dédiées à soustraire la vie des hommes sans secours pour vivre

&

Laissé figé par la peur au froid de la mort

tu ne respires existences niées que la guerre

&

Abandonné vie épuisée par la guerre par le jour d'hier suspendu d'effroi

tu vas perdu au profond des hommes mis en fuite ton chemin aux souhaits proposés

&

Détruit sommeil égorgé comme tous les jours par le sang versé

tu restes âme rendue faible passée au crible de la mort dans l'ombre

&

Espoir mis dans l'absence d'espoir

PARRA Jean-Pierre assistant@parra-art.com Page 2

tu déchires visage lavé dans le sang le voile de la raison

tu acceptes même air respiré la défaite venue

tu te libères coeur encerclé de chagrin des autres hommes par le silence

&

Raison abandonnée par la raison

tu contemples

signes de la folie apparus sur ton visage souillé de sang

les folies compliquées des hommes

tu regrettes

funérailles sur funérailles entassées

le passé des peines apaisées

&

Brûlé

épines dans le coeur

par la fièvre attisée par les vies ôtées

tu vois

le soleil abaissé

obscurci par la nuit

rendue ensanglantée

&

Attaché

demeure de la raison détruite

aux fils du chagrin

tu fais mémoire

regard à l’extérieur

de ton coeur ensanglanté

&

Coeur absorbé

sang dormant

par le chagrin

PARRA Jean-Pierre assistant@parra-art.com Page 3

tu t’arraches

comme un arbre

de la terre

&

OEil gonflé de tant pleurer

ta raison

sans vie pour vivre

sombre

sur le nuage noir de la guerre

&

Martyr

devenu

plongé dans l’océan de sang

guerrier

tu portes

existence délaissée

la charge de porter les coups

qui délivrent de ce monde

 

reçu de Jean-Pierre Parra, le 19 août 2012

17/08/2012

Abeilles : le massacre autorisés - signez la pétition

Voir ici : http://www.pollinis.org/petitions/video_pesticides.html

 

écoutez, signez, faites circuler, c'est ESSENTIEL !

Pour obtenir l'interdiction pure et simple de tous les pesticides tueurs d'abeilles, nous devons être des centaines de milliers à signer cette pétition.

Vous pouvez nous aider à donner beaucoup plus d’ampleur à notre action . Il vous suffit de copier/coller le lien de la vidéo "Abeilles : le massacre autorisé" et de l'envoyer à tous vos amis :
http://www.pollinis.org/petitions/video_pesticides.html

Sinon, vous pouvez aussi leur envoyer directement la pétition :
http://www.pollinis.org/petitions/petition_neonicotinoide...

Mais je crois vraiment que tout le monde devrait connaître les infos révélées par la vidéo, et je vous encourage vivement à la faire circuler.

Surtout, dites bien à vos amis que nous devons tous agir très vite, avant que les multinationales agrochimiques ne remettent sur le marché de nouveaux produits toxiques pour les abeilles et la nature - en changeant simplement le nom de leur produit interdit par exemple, comme la loi les y autorise. (Véridique : c'est déjà arrivé avec le Cruiser, rebaptisé Cruiser 350 pour contourner une interdiction du Conseil d'Etat !)

Merci par avance pour tout ce que vous pourrez faire pour la sauvegarde des abeilles, des cultures et de la biodiversité. Pour nous aujourd’hui, et pour les générations futures.

La campagne "Abeilles : le massacre autorisé" est organisée par Pollinis, le Réseau de conservatoires abeilles et pollinisateurs. Vous pourrez adopter une ruche dans un conservatoire d’abeilles, ou trouver plus d'informations sur nos actions, les abeilles, leur rôle dans le maintien de la biodiversité et ce qui les menace aujourd’hui sur notre site : www.pollinis.org

Pour nous écrire : contact@pollinis.org

10:11 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (1)

15/08/2012

Fukushima : le récit des témoins - sur France Culture

A écouter ici : http://www.franceculture.fr/emission-les-grandes-traverse...

 

 

Ils ont tout vu à Fukushima, tout : les gens qui fuyaient, les animaux abandonnés et aussi les autorités qui ne disaient rien sur le péril invisible : la radioactivité. Il y a cette grand-mère qui vit avec ses deux petites filles dans un préfabriqué à Sendai, loin de la zone interdite de la centrale. Une zone où auraient pu se croiser le photographe japonais Ryuichi Hirokawa et l’écrivain américain William Vollmann. Ils racontent le no man’s land. Pendant ce temps, là un vieillard de 92 ans, crie dans le désert : Shuntaro Ida a survécu à Hiroshima, il a soigné à Hiroshima et depuis un an, il dit à qui veut l’entendre que le Japon répète « l’erreur commise » en 1945 : la non prise en compte de la contamination interne des populations par la radioactivité. Pour lui, le nucléaire est une bombe à retardement.

 

Avec le photographe Ryuichi Hirokawa, fondateur de la revue Days Japan, une rescapée de Fukushima et aussi l’écrivain américain William Vollmann, auteur Fukushima, dans la zone interdite publié chez Tristram.

 

Invité(s) :
Ryuichi Hirokawa, photographe, fondateur de la revue Days Japan"
William Vollmann

Thème(s) : Information| Asie| Fukushima| témoignage

10:31 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

14/08/2012

Comment la propriété intellectuelle a transformé les Jeux olympiques en cauchemar cyberpunk

 

A première vue, il y a assez peu de rapports entre les Jeux olympiques de Londres et les univers dystopiques du cyberpunk, tel qu’ils ont été imaginés à partir des années 80 dans les romans de William Gibson ou de Bruce Sterling, à partir des premières intuitions de Philip K. Dick ou de John Brunner.

A bien y réfléchir cependant, le dopage – dont le spectre rôde sans surprise toujours sur ces jeux 2012 – est déjà un élément qui fait penser au cyberpunk, où les humains cherchent à s’améliorer artificiellement par le biais d’implants bioniques ou l’absorption de substances chimiques.

Mais c’est plutôt à travers la gestion des droits de propriété intellectuelle par le CIO que l’analogie avec le cyberpunk me semble la plus pertinente et à mesure que se dévoile l’arsenal effrayant mis en place pour protéger les copyrights et les marques liés à ces jeux olympiques, on commence à entrevoir jusqu’où pourrait nous entraîner les dérives les plus graves de la propriété intellectuelle.

 

Une des caractéristiques moins connues des univers cyberpunk est en effet la place que prennent les grandes corporations privées dans la vie des individus. L’article de Wikipédia explicite ainsi ce trait particulier :

Multinationales devenues plus puissantes que des États, elles ont leurs propres lois, possèdent des territoires, et contrôlent la vie de leurs employés de la naissance à la mort. Leurs dirigeants sont le plus souvent dénués de tout sens moral. La compétition pour s’élever dans la hiérarchie est un jeu mortel.

Les personnages des romans cyberpunk sont insignifiants comparativement au pouvoir quasi-divin que possèdent les méga-corporations : ils sont face à elles les grains de sable dans l’engrenage.

Dans les univers cyberpunk, les firmes privées les plus puissantes ont fini par absorber certaines des prérogatives qui dans notre monde sont encore l’apanage des Etats, comme le maintien de l’ordre par la police ou les armées. Les corporations cyberpunk contrôlent des territoires et les employés qui travaillent pour elles deviennent en quelque sorte l’équivalent de “citoyens” de ces firmes, dont les droits sont liés au fait d’appartenir à une société puissante ou non.

Pour les JO de Londres, le CIO est parvenu à se faire transférer certains droits régaliens par l’Etat anglais, mais les romanciers de la vague cyberpunk n’avaient pas prévu que c’est par le biais de la propriété intellectuelle que s’opérerait ce transfert de puissance publique.

Des opposants aux Jeux qui détournent le logo officiel de l’évènement. Vous allez voir que ce n’est pas sans risque sur le plan juridique…

Pour défendre ses marques et ses droits d’auteur, mais aussi être en mesure de garantir de réelles exclusivités à ses généreux sponsors comme Coca-Cola, Mac Donald’s, Adidas, BP Oil ou Samsung, le CIO a obtenu du Parlement anglais le vote en 2006 d’un Olympics Game Act, qui lui confère des pouvoirs exorbitants. L’Olympics Delivery Authority dispose ainsi d’une armada de 280 agents pour faire appliquer la réglementation en matière de commerce autour des 28 sites où se dérouleront les épreuves et le LOCOG (London Organizing Committee) dispose de son côté d’une escouade de protection des marques, qui arpentera les rues de Londres revêtue de casquettes violettes pour s’assurer du respect de l’Olympics Brand Policy. Ils auront le pouvoir d’entrer dans les commerces, mais aussi dans les “locaux privés”, et de saisir la justice par le biais de procédures d’exception accélérées pour faire appliquer des amendes allant jusqu’à 31 000 livres…

L’Olympics Game Act met en place une véritable police du langage, qui va peser de tout son poids sur la liberté d’expression pendant la durée des jeux. Il est par exemple interdit d’employer dans une même phrase deux des mots “jeux”, “2012″, Twenty Twelve”, “gold”, “bronze” ou “medal”. Pas question également d’utiliser, modifier, détourner, connoter ou créer un néologisme à partir des termes appartenant au champ lexical des Jeux. Plusieurs commerces comme l’Olympic Kebab, l’Olymic Bar ou le London Olympus Hotel ont été sommés de changer de noms sous peine d’amendes.

L’usage des symboles des jeux, comme les anneaux olympiques, est strictement réglementé. Un boulanger a été obligé d’enlever de sa vitrine des pains qu’il avait réalisés en forme d’anneaux ; une fleuriste a subi la même mésaventure pour des bouquets reprenant ce symbole et une grand-mère a même été inquiétée parce qu’elle avait tricoté pour une poupée un pull aux couleurs olympiques, destiné à être vendu pour une action de charité !

Cette règle s’applique aussi strictement aux médias, qui doivent avoir acheté les droits pour pouvoir employer les symboles et les termes liées aux Jeux. N’ayant pas versé cette obole, la chaîne BFM en a été ainsi réduite à devoir parler de “jeux d’été” pour ne pas dire “olympiques”. Une dérogation légale existe cependant au nom du droit à l’information pour que les journalistes puissent rendre compte de ces évènements publics. Mais l’application de cette exception est délicate à manier et le magazine The Spectator a été inquiété pour avoir détourné les anneaux olympiques sur une couverture afin d’évoquer les risques de censure découlant de cet usage du droit des marques. Cet article effrayant indique de son côté que plusieurs firmes anglaises préfèrent à titre préventif s’autocensurer et dire “The O-word” plutôt que de se risquer à employer le terme “Olympics“. On n’est pas loin de Lord Voldemort dans Harry Potter, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Dire-Le-Nom !

Des affiches protestant contre les restrictions imposées par le CIO sur le fondement du droit des marques.

Le dérapage vers la censure, le CIO l’a sans doute déjà allègrement franchi. Le blog anglais Free Speech rapporte que les comptes Twitter d’activistes protestant contre la tenue des jeux à Londres ont été suspendus suite à des demandes adressées à Twiter, parce qu’ils contenaient dans leur nom les termes JO 2012. Des moyens exceptionnels de police ont aussi été mis en place pour disperser les manifestations et patrouiller dans plus de 90 zones d’exclusion. Plus caricatural encore, il n’est permis de faire un lien hypertexte vers le site des JO 2012 que si l’on dit des choses positives à leurs propos ! Même Barack Obama et Mitt Romney ont été affectés par la police du langage du CIO, qui a exigé pour violation du copyright que des vidéos de campagne faisant allusion aux JO soient retirées…

Pour les spectateurs qui se rendront dans les stades, le contrôle sera plus drastique encore et ils seront liés par des clauses contractuelles extrêmement précises, détaillées sur les billets d’entrée. Ces mesures interdisent par exemple de rediffuser des vidéos ou des photos sur les réseaux sociaux, afin de protéger les exclusivités accordées aux médias et là encore, des cellules de surveillance ont été mises en place pour épier des sites comme Twitter, Facebook, Youtube, Facebook ou Instagram.

No photography, please. We are british.

Les règles des jeux dicteront également aux spectateurs jusqu’à ce qu’ils doivent manger. Impossible par exemple d’échapper aux frites de Mac Donald’s dans les lieux où se dérouleront les épreuves, ce dernier ayant obtenu une exclusivité sur ce plat, sauf comme accompagnement du plat national des fish’n chips pour lequel une exception a été accordée ! La propriété intellectuelle dictera également la manière de s’habiller, les autorités olympiques ayant indiqué qu’on pouvait tolérer que les spectateurs portent des Nikes alors qu’Adidas est sponsor officiel, mais pas qu’ils revêtent des T-Shirts Pepsi, dans la mesure où c’est Coca-Cola qui a payé pour être à l’affiche ! Pas le droit non plus d’apporter des routeurs 3G ou wifi sous peine de confiscation : British Telecom a décroché une exclusivité sur l’accès wifi et les spectateurs devront payer (mais uniquement par carte Visa, sponsor oblige !).

On pourrait encore multiplier ce genre d’exemples digne de Kafka, mais la démonstration me semble suffisamment éloquente. Ces Jeux de Londres nous font pleinement entrer dans l’âge cyberpunk. Un formidable transfert de puissance publique vers des firmes privées a été réalisé, en utilisant comme levier des droits de propriété intellectuelle. On mesure alors toute la force des “droits exclusifs” attachés aux marques et au copyright, dès lors qu’ils s’exercent ainsi de manière débridée, dans un environnement saturé de signes et de logos. Le Tumblr OpenOlymPICS documente la manière dont la ville de Londres s’est transformée avec l’évènement et comment les lieux se sont couverts d’allusion aux JO : ce sont autant de “marques” qui donne prise au pouvoir du CIO sur l’espace.

Cette propriété privé aboutit en fait bien à “priver” les citoyens de leurs libertés publiques pour les soumettre à la loi des corporations. Grâce à ces droits, ce sont des biens publics essentiels comme les mots du langage, l’information, l’espace urbain, les transports en commun, la gastronomie, les codes vestimentaires qui sont “privatisés”.

Le déclic qui m’a le plus fortement fait penser à l’univers cyberpunk, je l’ai eu lorsque nous avons appris qu’un athlète avait décidé de louer son épaule pour faire de la publicité sauvage pour des marques n’ayant pas versé de droits aux CIO par le biais d’un tatouage. Ce coureur a mis son propre bras aux enchères sur eBay et il s’est ainsi offert à une agence de pub’ pour 11 100 dollars. On est bien ici dans la soumission d’un individu à une corporation et elle passe comme dans les romans cyberpunk par des modifications corporelles qui inscrivent cette vassalité dans la chair !

Tatouage cyberpunk, mais l’athlète avec la marque d’une firme sur le bras n’est pas encore plus représentatif de ce courant de la Science Fiction ?

Ces dérives sont extrêmement graves et elles dessinent sans doute les contours d’un avenir noir pour nos sociétés. Au cours de la lutte contre ACTA, SOPA ou PIPA, l’un des points qui a attiré le plus de critiques de la part des collectifs de lutte pour la défense des libertés était précisément le fait que ces textes transféraient à des opérateurs privés (FAI ou titulaires de droits) des pouvoirs de police pour faire appliquer les droits de propriété intellectuelle. C’est exactement ce que la Quadrature du net par exemple reprochait au traité ACTA, dans cette vidéo Robocopyright ACTA, qui détournait d’ailleurs un des films emblématiques de la culture cyberpunk.

Ce que le CIO a obtenu du gouvernement britannique dépasse très largement tout ce qui figurait dans ACTA ou SOPA en termes de délégation de puissance publique. J’ai encore du mal à le croire, mais dans cet article, on apprend même que le Ministre de la défense britannique prévoyait, à la demande des autorités olympiques, d’installer des batteries de missiles sur des toits d’immeubles d’habitation pour protéger des sites olympiques d’éventuelles attaques terroristes. Si ça, c’est pas cyberpunk !

Olympics 2012 London Missile Protest. Par OpenDemocraty. CC-BY-SA. Source : Flickr

Dans un article paru sur le site du Monde, Patrick Clastre, un historien spécialisé dans l’histoire des jeux indique que le degré de contrôle n’a jamais été aussi fort que pour ces jeux à Londres, bien plus en fait qu’il ne le fut à Pékin en 2008. Il ajoute que pour imposer ce type de règles, le CIO a besoin “d’une dictature ou d’un pays ultralibéral“.

Cette phrase est glaçante.

Imaginez un instant qu’un parti politique par exemple ait la possibilité de contrôler les médias, de mettre en oeuvre une censure, de lever une police privée, de faire fermer des commerces, d’imposer à la population des règles concernant la nourriture et l’habillement, etc. Ne crierait-on pas à la dérive fascisante et n’aurait-on pas raison de le faire ? Le niveau de censure et de contrôle exercé en ce moment à Londres est-il si différent de celui qui pesait sur les populations arabes avant leurs révolutions ?

Doit-on faire deux poids, deux mesures parce que des firmes et des marques sont en jeu plutôt qu’un parti ? En ce sens, je vois un certain parallèle entre ces jeux de Londres de 2012 et les funestes jeux de Berlin de 1936. On dira peut-être que je marque un point Godwin, mais en termes d’atteinte aux libertés publiques, est-on vraiment si éloigné de ce qui se passait en Allemagne durant l’entre-deux-guerres ?

La semaine dernière, Jérémie Nestel du collectif Libre Accès a écrit un billet extrêmement fort, intitulé “la disparition des biens communs cognitifs annonce une société totalitaire“. J’étais globalement d’accord avec son propos, même si je trouvais l’emploi du terme “totalitaire” contestable. Mais cet article comporte les passages suivants, qui font directement écho aux dérapages juridiques des Jeux Olympiques :

La volonté des multinationales de privatiser les biens communs cognitifs est une atteinte à la sphère publique. La sphère publique, jusqu’à présent désignée comme un espace ouvert accessible à tous, au sein duquel on peut librement circuler, peut s’étendre aux espaces cognitifs. [...]

Empêcher la transformation d’une œuvre, et crèer artificiellement une frontière au sein « des espace communs de la connaissance » est un acte propre à une société totalitaire.

Les règles mises en place par le CIO pour protéger ses droits de propriété intellectuelle portent gravement atteinte à la sphère publique et elles aboutissent à la destruction de biens communs essentiels. Hannah Arendt explique très bien que le totalitarisme opère en détruisant la distinction entre la sphère publique et la sphère privée. Dans le cas des fascismes d’entre-deux-guerres ou du stalinisme, c’est la sphère publique qui a débordé de son lit et qui a englouti la sphère privée jusqu’à la dévorer entièrement.

Les dérives de la propriété intellectuelle que l’on constate lors de ces jeux olympiques fonctionnent en sens inverse. C’est cette fois la sphère privée qui submerge l’espace public et le détruit pour le soumettre à sa logique exclusive. L’effet désastreux sur les libertés individuelles est sensiblement identique et c’est précisément ce processus de corruption qu’avaient anticipé les auteurs du Cyberpunk, avec leurs corporations souveraines.

A la différence près qu’ils n’avaient pas imaginé que ce serait la propriété intellectuelle qui serait la cause de l’avènement de ce cauchemar…

Ne croyons pas en France être à l’abri de telles dérives. Tout est déjà inscrit en filigranne dans nos textes de lois. Le Code du Sport prévoit déjà que les photographies prises lors d’une compétition appartiennent automatiquement aux fédérations sportives, ce qui ouvre la porte à une forme d’appropriation du réel. A l’issue de l’arrivée du Tour de France, des vidéos amateurs ont ainsi été retirées de Youtube à la demande de la société organisatrice du Tour, avec l’accord du CSA, qui dispose en vertu d’une autre loi du pouvoir de fixer les conditions de diffusion de ce type d’images. Et les compétences de cette autorité s’étendent aux manifestations sportives, mais plus largement “aux évènements de toute nature qui présentent un intérêt pour le public“…

Réagissons avant qu’il ne soit trop tard et refusons ces monstruosités juridiques !

PS : une chose qui me fait rire quand même, c’est que visiblement le CIO rencontre quelques problèmes avec le logo des jeux de Londres 2012, qu’un artiste l’accuse d’avoir plagié à partir d’une de ses oeuvres…

 

Source : http://scinfolex.wordpress.com/2012/07/27/comment-la-prop...

09/08/2012

FOOD, INC.

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Food Inc 1/2 par wildkillah

 


Food Inc 2/2 par wildkillah

06/08/2012

La catastrophe de Fukushima : des nouvelles en août 2012

4 Août 2012

 

Le pire était redouté et annoncé, et nous y allons à grand pas, nous y sommes malheureusement presque! Âmes sensibles, s’abstenir, la suite de la lecture, ce ne sont que des mauvaises nouvelles! Depuis le début de la catastrophe japonaise nous tentons de suivre l’évolution, et les mots me manquent pour décrire réellement ce qu’il en est réellement tant cela va loin… Et toujours cette omerta « pour mieux nous protéger », du moins, officiellement…

Avec le temps, puisqu’on n’en parle presque plus, on pourrait penser que la crise nucléaire est terminée. Oui, la crise spectaculaire, avec ses explosions, ses émanations gigantesques, ses déplacements de population, est terminée. Mais la crise nucléaire est maintenant permanente au Japon. Pour les évacués qui ne peuvent pas rentrer chez eux, pour les évacués à qui les autorités demandent de rentrer chez eux alors que c’est encore contaminé, pour les familles séparées, pour les enfants qui ne peuvent plus jouer dehors parce qu’ils savent que c’est dangereux, pour les personnes dont on a repéré des nodules dans la thyroïde, pour les parents qui doivent surveiller quotidiennement la nourriture de leur famille, pour les milliers d’ouvriers qui travaillent dans l’ex-centrale de Fukushima Daiichi, pour les personnes recrutées pour décontaminer les zones interdites, pour les personnes contaminées, pour ces centaines de milliers de Japonais qui manifestent régulièrement pour sortir du nucléaire, la crise n’est pas terminée.

Difficile de faire une synthèse. Car cette catastrophe n’aura sans doute pas de fin.Voici plutôt quelques aspects actuels de cette crise nucléaire permanente, abordée par thèmes.

Nouvelles sur l’ex-centrale de Fukushima Daiichi

Unité 1

Le scénario du pire est confirmé : il y a eu meltdown et rupture de confinement.

Depuis qu’il avait été mis sous tente par Tepco, le réacteur 1 ne faisait plus trop parler de lui. Mais le 22 mai 2012, on apprenait qu’il ne restait plus que 40 centimètres d’eau au fond de la cuve du réacteur et qu’une fuite existait probablement au niveau de la canalisation reliant la cuve du réacteur à la piscine torique. Le 26 juin 2012, une analyse endoscopique a été réalisée : la radioactivité de l’eau située dans les soubassements prouve une rupture de confinement.

Unité 2

Le scénario du pire est confirmé : il y a eu meltdown et rupture de confinement.

Un nouveau thermomètre semble défectueux : le thermocouple « TE-2-3-69N1″ montrait une température anormalement élevée de 144°C le 22 juillet 2012. Petit à petit, les ex-réacteurs (officiellement, ce ne sont plus des réacteurs depuis le 19 avril 2012) se dégradent, l’eau salée, les coriums et la forte radioactivité accélérant la corrosion des matériaux.

Selon Arnie Gundersen, du combustible se serait échappé de l’enceinte de confinement, d’après l’observation du 28 juin 2012 au fond de la chambre de suppression n° 1.

Unité 3

Le scénario du pire est confirmé : il y a eu meltdown et rupture de confinement.

Le 11 juillet 2012, un robot n’est pas revenu de l’une de ses explorations dans le réacteur n°3. Même les robots conçus pour résister à la radioactivité ont des problèmes. Et encore, ce sont de tout petits robots.

Unité 4

Le 11 juillet 2012, Tepco a fini de démanteler le sommet du bâtiment réacteur 4.

Les 18 et 19 juillet 2012, deux assemblages neufs ont été retirés de la piscine 4, ce qui porte à 1533 le nombre d’assemblages restant à retirer : 1331 de combustible usé et 202 de combustible neuf. Le début de ce transfert phénoménal ne se fera pas avant décembre 2013. D’où l’inquiétude légitime qui motive cette pétition.

Fuites et pannes

Il y a toujours des fuites à Fukushima Daiichi, mais on en parle moins car elles sont régulières, ce n’est plus spectaculaire. Le 26 juillet 2012, les sous-sols du bâtiment turbines de l’unité 6 étaient encore inondés, il a fallu pomper et transvaser durant 6 heures. D’où vient cette eau ? Mystère. Est-elle radioactive ? On peut le supposer car l’eau récupérée a été stockée dans un réservoir.

Pollution

Air : 16 mois après le terrible mois de mars 2011, le site rejette toujours 10 millions de Bq/h de radio-césium. Où vont ces poussières mortelles ? La plupart vers l’océan pacifique, mais le vent peut les pousser aussi vers les terres. Autre moyen de transport rapide pour la dissémination planétaire : le jet stream.

Terre : personne ne veut de la terre contaminée qu’on racle partout dans les territoires touchés par les retombées radioactives. On en fait quoi ? Si on était sûr qu’elle ne contenait que du césium, il « suffirait » de la mettre de côté durant 300 ans.

Eau : 228 000 tonnes d’eau contaminée sont actuellement stockées sur le site. Tepco aimerait s’en débarrasser en la rejetant à la mer, mais pour l’instant l’opérateur n’a pas d’autorisation. L’objectif de réutiliser l’eau en circuit fermé ne marche pas car la nappe phréatique remplit les sous-sols. On en fait quoi ? Il y aura un moment donné où, matériellement, il ne sera plus possible de la stocker.

On trouve aussi de l’eau contaminée très loin de Fukushima, à 25 km du centre de Tokyo. Si aujourd’hui les nappes phréatiques sont polluées, c’est à cause de la migration progressive des radionucléides dans le sous-sol, partout où il y a eu des retombées.

Le MEXT a mis en ligne des résultats de mesures très fines sur l’eau du robinet : du césium 134 et 137 est détecté à des concentrations très faibles dans 11 provinces.

Irradiation

On vient de découvrir qu’une société filiale de Tepco demandait à ses employés d’insérer leur dosimètre dans un boîtier en plomb. Ce qui évidemment fait baisser la dose enregistrée et permet aux ouvriers de travailler plus longtemps sur le site contaminé. Par la même occasion, leur espérance de vie va sans doute diminuer, mais les entreprises de l’industrie nucléaire se moquent bien de ce genre de détail, on l’avait déjà remarqué depuis longtemps.

Nationalisation

Au terme d’un long processus, Tepco est désormais nationalisée, le pourcentage d’actions de l’Etat ayant dépassé 50% mardi 31 juillet 2012. Par un tour de passe-passe, l’opérateur ruiné à cause de la catastrophe nucléaire éponge ses dettes grâce au contribuable japonais. L’entreprise a subi une perte nette de 3 milliards d’euros entre le 1er avril et le 30 juin 2012, causée pour plus de moitié par le versement d’indemnisations pour les victimes.

Santé

L’institut japonais des maladies infectieuses montre des résultats toujours inquiétants pour certaines affections. L’année 2011, suite aux explosions de la centrale nucléaire, avait montré une augmentation des cas de pneumonie à mycoplasme. L’année 2012 est encore pire, comme le montre ce graphique. Les poussières radioactives invisibles sont disséminées partout dans le pays. La maladie avance sournoisement.

Le bilan des doses reçues par les intervenants sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi pour les mois d’avril à juin 2012 est en ligne sur le site de Tepco. Selon l’analyse de l’ACRO, ce sont toujours les sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes, avec un maximum de 23,53 mSv en un mois.

Pêche

Le Japon, soucieux d’oublier la catastrophe nucléaire, a décidé de réintroduire sur les étals des produits de la mer en provenance des eaux de Fukushima. Pourtant, d’autres pays comme la Corée du Sud renforcent plus que jamais leurs régulations à l’importation dans un souci de limiter la diffusion de la contamination marine. Et ils ont bien raison car après un recul au printemps, elle augmente au large d’Hokkaido : le plus haut relevé a été de 70 Bq/Kg (Cs-134 : 31 Bq/Kg, Cs-137 : 39 Bq/Kg) sur un échantillon pris le 1eraoût 2012 (source MEXT).

Démographie

Selon Fukushima Diary, la chute de la population japonaise (Décès – Naissances) entre janvier et mai 2012 est 4 fois plus forte que sur la même période de 2007. Si l’on compare avec 2006, c’est 5 fois plus fort.
Ces données sont basées sur le tableau de bord du service de la statistique démographique du ministère de la Santé, du Travail et de l’Aide Sociale du Japon. Le rapport de juin 2012 n’est pas encore paru.

Justice

Pour les anti-nucléaires, un “acte criminel” qualifiant le drame de Fukushima aurait été commis par l’entreprise électrique Tepco et par le gouvernement. Plusieurs procureurs viennent d’accepter de mener une enquête (après le dépôt de 1300 plaintes quand même !). S’ils arrivent à prouver que la catastrophe nucléaire de Fukushima a été la conséquence de négligences, des poursuites pourraient être lancées contre les responsables. On pourrait leur suggérer de s’appuyer sur les résultats de la commission d’enquête indépendante dont le rapport a été publié récemment.

Presse

Depuis la catastrophe de Fukushima, la mainmise du lobby nucléaire sur les médias connaît quelques failles. En effet, 3 quotidiens ont décidé de résister : le Mainichi Shinbun, le Tokyo Shinbun, et le Shinbun Akahata. A Tokyo, avec la Révolution des Hortensias en cours, l’enjeu est important. Les manifestations antinucléaires apparaissent en une du journal Tokyo Shinbun qui ne prend plus de gant pour soutenir la sortie du nucléaire.

Redémarrage des centrales nucléaires du Japon

Le gouvernement a décidé de relancer au forceps deux réacteurs à la centrale nucléaire d’Ohi (préfecture de Fukui, dans l’ouest du pays). Selon Courrier International, le Tokyo Shimbun, quotidien désormais antinucléaire, dénonce une décision politique, sans garanties quant à la sûreté, comme s’il ne s’était rien passé à Fukushima.

Kansaï Electric a déjà planifié le redémarrage des unités 3 et 4 de la centrale nucléaire de Takahama, située à environ 250 km à l’ouest de Tokyo. Comme pour l’unité 3 de Fukushima Daiichi, le réacteur 3 de Takaham utilise du MOX.

Mobilisation

A chaque rendez-vous, le nombre de participants à la Révolution pacifiste des Hortensias progresse. La grande manifestation du 29 juillet 2012 a conduit la foule à encercler complètement le parlement. Il y a une semaine, un ancien Premier ministre, Yukio Hatoyama, s’était joint à la manifestation hebdomadaire devant la résidence du premier ministre actuel Noda. Tout semble s’accélérer. Alors qu’au départ les manifestations ne se tenaient qu’à Tokyo, une trentaine de villes emboîtent le pas en organisant une manifestation chaque vendredi : Sapporo, Morioka, Mizusawa, Sendai, Koriyama, Mito, Sodegaura, Sakuragicho, Niigata, Kofu, Nagano, Toyama, Kanazawa, Nagoya, Gifu, Ogaki, Fukui, Otsu, Kyoto, Osaka, Kobe, Himeji, Okayama, Maigo, Hiroshima….

Il est prévu que le groupe des organisateurs des manifestations de Tokyo (dont 13 organisations citoyennes) rencontre le premier ministre Noda. La nomination de Tanaka Shunichi pour la nouvelle instance de sécurité nucléaire sera sans doute sur la table des négociations, mais rien n’est encore joué.

Nouvelle instance de sécurité nucléaire

Le gouvernement projette d’établir en septembre une nouvelle organisation qui s’appelle New Nuclear Regulatory Commission. Elle prendra toutes les décisions qui concernent la politique nucléaire : redémarrages de centrales, évacuations des habitants, seuils de radioactivité, etc. Mais Shunichi TANAKA, en tant que président de cette commission, est un problème majeur pour le mouvement antinucléaire, car cet homme, actuellement chargé de la décontamination à Fukushima, a travaillé longtemps pour « le village nucléaire ». Il est connu pour ses positions peu glorieuses pour la population : c’est lui qui affirme que 1 µSv/h est tout à fait acceptable (=8,7 mSv/an !), et il s’est opposé à l’évacuation d’habitants de certaines régions de Fukushima.

Les autres candidats-membres à cette commission sont aussi presque tous pro-nucléaires : par exemple, Kayoko NAKAMURA travaille pour Japan Isotope Associsation, Toyoshi FUKETA pour Japan Atomic Energy Agency.

Si Tanaka devient chef de cette commission, ce sera une nouvelle catastrophe pour le Japon. C’est pourquoi les parlementaires sont très sollicités (pétitions…) pour voter contre ces candidatures. A suivre fin de semaine prochaine.

Futur

On aurait pu penser qu’après la catastrophe nucléaire la pire au monde (3 meltdowns), l’agence de sécurité nucléaire japonaise devienne plus sage et corrige le tir. Eh bien non, la nouvelle agence vient de décréter que l’unité 1 de la centrale de Genkaï, située dans l’extrême Sud du Japon, serait bonne pour le service durant 58 ans ! Tepco envisage même de redémarrer un jour les unités 5 et 6 de Fukushima Daiichi, ainsi que les réacteurs de la centrale de Fukushima Daini. Alors que la colère gronde dans la population japonaise, c’est une nouvelle provocation à la demande d’arrêt de production électrique atomique.

Les autorités nippones n’ont manifestement pas compris l’enjeu vital et sacrifient l’avenir du pays en l’embarquant à nouveau dans cette énergie catastrophique. Pourtant il y a urgence à régler d’abord la crise de Fukushima Daiichi, en particulier en mettant à l’abri les 1533 assemblages de combustible de la piscine de l’unité 4 qui menaceront l’avenir du monde durant encore au moins un an et demi !

Continuez à signer et à faire signer la pétition demandant une prise en charge internationale de la catastrophe de Fukushima !

Pour continuer à suivre l’actualité au jour le jour, consulter

en français :

la page de l’ACRO, La catastrophe de Fukushima au jour le jour

le site Gen4

Les Veilleurs de Fukushima

Fukushima Diary en français

le scoopit Fukushima Information

Pectine actualités

en anglais :

les journaux japonais en anglais avec Fukushima is still news

les blogs japonais traduits en anglais avec Dissensus Japan

Fukushima Diary

The Watchmen of Fukushima

23:54 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

La Face cachée de Hiroshima... à Fukushima

Commémoration du mensonge... rien n'a changé

 

14:15 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

04/08/2012

Amnesty International dénonce une enquête Fiasco sur les fuites dans le Delta du Niger....

La société Shell est responsable !

"Le processus d'enquête des fuites de pétrole dans le Delta du Niger au Nigeria est un véritable " Fiasco", la compagnie Shell consacre toute son énergie à faire de la mauvaise communication plutôt que d'affronter la réalité de la vétusté de ses installations sur place: Elles sont mal entretenues et sujetes à de nombreuses fuites, certaines d'entre elles ayant même un impact dévastateur sur les droit de l'homme en général" indique Audrey Gaughran, responsable des questions relatives aux enjeux internationaux d'Amnesty International sur le site web de L'ONG


Les résultats de l’enquête sur les dernières fuites rapportées dans le delta du Niger et en particulier de celle du pipeline dans la région de Bodo Creek au Nigeria en juin et juillet dernier, sont sans appel.


Nos experts ont les preuves formelles que ces fuites sont dues à la corrosion des canalisations de la compagnie, mais Shell continue d'ignorer ces preuves.


" Nous avons beau les présenter aux responsable de Shell, la compagnie continue de nier les faits, et continue d'affirmer que les fuites sont dues à des sabotages"


Amnesty International et le CEHRD qui ont mené l'enquête en commun, ont demandé à la société américaine Accufacts, experte dans le domaine pétrolier et qui a de nombreuses années d'expérience dans l'examen d' infrastructure pétrolière, d'examiner les photographies du pipeline de Bobo Creek au point de fuite.

Ils ont déclaré:

"Cette fuite est apparemment due à la corrosion externe du pipeline. C'est la perte de la couche métallique extérieure du tuyau qui créée cette corrosion. C'est une avarie classique, nous la constatons régulièrement sur d'autres pipelines"




Lorsque Amesty International a contacté le siège de la compagnie Shell pour lui réclamer des preuves à l'appui de leurs accusations de sabotage du pipeline, il nous a été répondu que Shell n'a jamais porté de telles accusations, et que son enquête interne n'était pas encore achevée.

Elle ne veut pas s'expliquer sur les déclarations faites par ses dirigeants sur place, qui devant les communautés locales désespérées, les accusaient suspicieusement de sabotages.


Néanmoins Shell affirme que son équipe d'enquête conjointe, qui comprend des membres de la communauté, les organismes de réglementation, le personnel de Shell et les représentants de la police et la Force opérationnelle interarmées, n'était pas en mesure d'achever son investigation parce que, soit disant, des jeunes locaux leur ont jeté des pierres dessus. Les témoins sur place contredisent cette version étant eux même des enquêteurs.


Shell indique qu'elle va maintenant remplacer cette longueur de pipeline défectueux, et examiner minutieusement la conduite impliquée, dans l'un de ses propres centres de recherche où, dit elle, des tests seront fait.


Le milieu communautaire locale et les militants des droits de l'homme craignent désormais que ce processus soit totalement sous le contrôle de Shell et manque de transparence, les résultats ne peuvent plus être crédibles.


Les pipelines de Shell dans la région sont vieux et beaucoup n'ont pas été correctement entretenus ou remplacés. Les populations locales et les ONG signalent que les tuyaux dans la zone de Bodo Creek n'ont pas été remplacés depuis 1958.

Lorsque Amnesty International a demandé à la compagnie Shell de confirmer l'âge et le statut des ses tuyaux dans cette région, la société n'a pas répondu.



Il y a un an, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a publié un important rapport sur les effets de la pollution par les hydrocarbures dans la région Ogoni du Delta du Niger. Parmi ses conclusions, le PNUE a confirmé que les organismes de réglementation du Nigeria "sont à la merci des compagnies pétrolières quand il s'agit de mener des inspections sur place".

Le PNUE a également constaté que Shell avait omis de se conformer à ses propres normes internes en ce qui concerne le maintien de ses infrastructures.


«Des années de mauvaises pratiques en matière d'enquêtes sur les déversements accidentels d'hydrocarbures au Nigéria ont conduit les communautés à être particulièrement méfiantes et vigilantes», a déclaré Stevyn Obodoekwe.


"Shell n'a jamais présenté de preuve de sabotage dans nos enquêtes précédentes, l'enquête à Bodo Creek est un exemple de plus. Ces fuites ne peuvent plus restées sous silence et continuées à être attribuées à des sabotages".

Des milliers de déversements accidentels de pétrole ont eu lieu dans le delta du Niger depuis que l'industrie pétrolière a commencé ses opérations dans les années 1950. La corrosion des tuyaux et la défaillance du matériel sont responsables de la majorité des fuites.


Ces dernières années, le sabotage, le vandalisme et le vol du pétrole ont également contribué à la pollution. Toutefois, la corrosion et la défaillance du matériel restent le principal problème et cette question n'est jamais abordée.


De plus, au Nigéria, et par contrat, les compagnies pétrolières sont tenues responsables de la surveillance de leurs infrastructures , et autant que possible, de les protéger de toutes vulnérabilités où manipulations potentielles. Sur cette question, Shell n'a pas répondu à notre demande pour obtenir des renseignements sur les mesures qu'elle a prise pour empêcher tout sabotage ou vandalisme sur ses installations.


En conséquence ce 3 Août 2012, Amnesty International et le CEHRD ont donc publié en commun un rapport sur l'enquête en cours, sur la fuite du pipeline de Bodo Creek en Juin et Juillet Dernier.


Ce rapport met l'accent sur le manque de transparence dans le processus de l'enquête et l'échec de la compagnie Shell à divulguer toutes les informations nécessaires à l'enquête, par exemple sur l'état ou l'âge de ses tuyaux et ses infrastructures dans la région.


Depuis 2011, Shell publie des rapports d'enquête sur ses déversements accidentels d'hydrocarbures sur son site Internet.


Cette initiative a déjà été saluée par Amnesty International et le CEHRD.

Cependant, nos deux organisations font clairement savoir au public que les processus d'enquête sur le terrain restent très problématiques, il y a un manque cruel d'indépendance et de transparence dans les investigations menées.




Source © Audrey Gaughran
Responsable des questions relatives aux enjeux internationaux d'Amnesty International




Le texte original sur le site d'Amnesty International est ici
 
Voir dans cette vidéo, la situation déjà en 2011 :
 

 

25/07/2012

Gîtes de Julio Cortazar

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trad. de l’esp. par Laure Bataillon,

Gallimard, Collection L’imaginaire, Mai 2012,

280 p. 9,50 €

 

 

 

Ce qu’il y a de fascinant dans les nouvelles de Cortázar, très représentatives de la riche littérature fantastique latino-américaine, c’est qu’elles partent quasi toujours du quotidien, de situations des plus banales, et puis, comme si la réalité commune n’était protégée que par un voile extrêmement ténu, soudain par une brèche, une faille, une déchirure, elle est envahie ou insidieusement pénétrée par d’autres réalités bien plus sombres et menaçantes, où évoluent des créatures dangereuses, effrayantes, ou pire encore. Elles montrent à quel point notre normalité, finalement, tient à peu de chose et qu’un rien peut nous faire basculer dans la folie, attiser nos pulsions les plus obscures, les plus animales, comme la statuette qui rend fou et sanguinaire dans L’idole des Cyclades et Les ménades, où un chef d’orchestre paye cher et probablement en chair, son moment de gloire, quand le concert classique se transforme en orgie carnassière, sous la conduite d’une femme vêtue de rouge. Le talent de Cortázar n’est plus à démontrer, et bien que les nouvelles de Gîtes, dont certaines figurent également dans d’autres recueils, commencent à dater – première parution chez Gallimard en 1968 – elles n’ont pas pris une ride. Elles se lisent avec toujours autant d’intérêt, de frissons et de plaisir.

Une des plus notables, c’est sans doute N’accusez personne. Un homme enfile un pull, situation que nous avons tous connue, ça serre un peu, on se débat, on cherche la sortie, lui n’en ressortira pas vivant. Cette nouvelle, très simple en apparence est d’une efficacité redoutable. Dans le registre légèrement surréaliste, il y a encore Céphalée, où un couple d’éleveurs subit les symptômes de tous les terrains homéopathiques, sur fond d’élevage de bêtes étranges, fragiles et apparemment répugnantes, les mancuspies.

Il y a cet homme dans Lettre à une amie en voyage qui vomit des petits lapins. Dans Maison occupée, un frère et une sœur vivent seuls dans une vaste demeure familiale, mais peu à peu sont obligés de se retrancher dans un espace de plus en plus restreint, jusqu’à devoir quitter la maison. Le talent de Cortázar est l’art de rendre palpables les tensions, sans besoin d’expliquer quoi que ce soit, souvent les situations virent à l’absurde, mais un absurde si noir qu’il est difficile d’en rire. Parfois, les nouvelles ressemblent à des souvenirs d’enfance, elles ont cette ambiance un peu douce et délavée, des anciens albums photos, et soudain transparait, sans crier gare, la cruauté.

Pas mal de nouvelles se construisent aussi autour des rêves, des prémonitions, comme Récit sur un fond d’eau, Dîner d’amis ; de la perméabilité des frontières entre la vie et la mort, comme cet enfant qui pleure derrière La porte condamnée d’une chambre d’hôtel, scène qui pourrait tout à fait figurer dans un film fantastique japonais, et puis dans Le fleuve, une nouvelle particulièrement cynique autour du couple, ainsi que dans Autobus, où les deux mondes s’interpénètrent le temps d’un parcours en autobus, au plus grand effroi de deux des passagers qui n’ont pas de bouquet de fleurs et ne descendent pas au cimetière. Cette nouvelle d’ailleurs fait penser à une autre excellente nouvelle qui se déroule dans un tramway, Les vautours, de l’auteur bolivien Oscar Cerruto dans Cercle de pénombre.

Pour les aficionados de ce genre de littérature, on ne saurait trop conseiller entre autre l’anthologie Histoires étranges et fantastiques d’Amérique latine parue chez Métailié en 1997, où l’on peut retrouver deux nouvelles de Cortázar,N’accusez personne et Apocalypse du Solentiname. Un auteur à découvrir également, uruguayen, si ce n’est déjà fait : Horacio Quiroga, avec notamment ses Contes d’Amour, de folie et de mort.

 

Cathy Garcia

 

Cortazar.jpgJulio Florencio Cortázar Descotte, né le 26 août 1914 à Ixelles (Belgique) est un écrivain argentin, auteur de romans et de nouvelles, établi en France en 1951 et naturalisé français en 1981. À sa naissance en 1914, son père travaille à la délégation commerciale de la mission diplomatique argentine à Bruxelles. La famille, issue d’un pays neutre dans le conflit qui commence, peut rejoindre l’Espagne en passant par la Suisse, et passe 18 mois à Barcelone. En 1918, la famille retourne en Argentine. Julio Cortázar passe le reste de son enfance à Buenos Aires, dans le quartier périphérique de Banfield, en compagnie de sa mère et de sa sœur unique, d’un an sa cadette. Le père abandonne la famille. L’enfant, fréquemment malade, lit des livres choisis par sa mère, dont les romans de Jules Verne. Après des études de lettres et philosophie, restées inachevées, à l’université de Buenos Aires, il enseigne dans différents établissements secondaires de province. En 1932, grâce à la lecture d’Opium de Jean Cocteau, il découvre le surréalisme. En 1938, il publie un recueil de poésies, renié plus tard, sous le pseudonyme de Julio Denis. En 1944, il devient professeur de littérature française à l’Université nationale de Cuyo, dans la province de Mendoza. En 1951, opposé au gouvernement de Perón, il émigre en France, où il vivra jusqu’à sa mort. Il travaille alors pour l’UNESCO en tant que traducteur. Il traduit en espagnol Defoe, Yourcenar, Poe. Alfred Jarry et Lautréamont sont d’autres influences décisives. Il s’intéresse ensuite aux droits de l’homme et à la gauche politique en Amérique latine, déclarant son soutien à la Révolution cubaine (tempéré par la suite : tout en maintenant son appui, il soutient le poète Heberto Padilla) et aux sandinistes du Nicaragua. Il participe aussi au tribunal Russell. La nature souvent contrainte de ses romans, comme Livre de Manuel, modelo para armar ou Marelle, conduit l’Oulipo à lui proposer de devenir membre du groupe. Écrivain engagé, il refuse, l’Oulipo étant un groupe sans démarche politique affirmée. Ses trois épouses successives sont Aurora Bernárdez, Ugné Karvelis (qui a traduit de l’espagnol quelques-uns de ses inédits) et l’écrivain Carol Dunlop. Naturalisé français par François Mitterrand en 1981 en même temps que Milan Kundera, il meurt le 12 février 1984 à Paris. Sa tombe au cimetière du Montparnasse est un lieu de culte pour des jeunes lecteurs, qui y déposent des dessins représentant un jeu de marelle, parfois un verre de vin. L’œuvre de Julio Cortázar se caractérise entre autres par l’expérimentation formelle, la grande proportion de nouvelles et la récurrence du fantastique et du surréalisme. Si son œuvre a souvent été comparée à celle de son compatriote Jorge Luis Borges, elle s’en distingue toutefois par une approche plus ludique et moins érudite de la littérature. Avec Rayuela (1963), Cortázar a par ailleurs écrit l’un des romans les plus commentés de la langue espagnole. Une grande partie de son œuvre a été traduite en français par Laure Guille-Bataillon, souvent en collaboration étroite avec l’auteur.

 

NOTE PARUE SUR  : http://www.lacauselitteraire.fr/gites-julio-cortazar.html

20/07/2012

Hommage à Bernard Mazo par Abdelmadjid Kaouah

 Article parue dans Algérie News 


Chronique des deux rives par Abdelmajid Kahouah

 

 

Dans le silence habité du poème


 

Bernard Mazo se défiait assurément de l’emphase et faisait confiance à l’intelligence de l’éclair traqué dans ses ultimes fulgurances.

C’est «dans le silence habité du poème», qu’il ciselait ses strophes poétiques d’une grande sobriété métaphorique. Ses vers se déclinent comme des évidences, des sentences philosophiques («on creuse/ le silence/ On s’entête»). Il y avait plus d’une circonstance dans le parcours et l’oeuvre de Bernard Mazo qui favorisait une réelle et singulière affinité.

D’abord, naturellement, il y avait le Sud, plus singulièrement, l’Algérie au destin croisé si longtemps avec celui de la France. Bernard Mazo, sans détour, faisait la part du tragique dans ce compagnonnage imposé par l’histoire coloniale. Comme beaucoup de jeunes Français, Bernard Mazo eut «vingt ans dans les Aurès» et depuis, il confiait qu’il portait l’Algérie et les Algériens dans son coeur «comme une blessure jamais tout à fait refermée et cela depuis plus de cinquante ans». Il y a découvert la richesse de la culture multimillénaire berbère et arabe en même temps que les affres du colonialisme avec son cortège de misère et d’injustice. Dans cette «sale guerre» qui n’avouait pas son nom,

il a entendu également les appels de quelques Justes français, tels Henri Alleg,Maurice Audin et autres hommes de conscience comme Jean de Maisonseul et le général Pâris de La Bollardière . Et, au coeur de ces Aurès tourmentés, la poésie était là. Eclairante et salvatrice. Bernard Mazo à l’écoute des voix algériennes nouvelles, Kateb Yacine et Jean Sénac, parmi les premiers, entrait dans l’intimité d’une revendication nationale en même temps que dans les profondeurs des cultures du monde arabe. Dans son travail à venir, son passage par les Aurès aura été fertile. Il retournera plusieurs fois en Algérie où il entretient des liens d’une grande densité en même temps qu’il développe une fine connaissance de la poésie algérienne. La parole —comme sa poésie— de Bernard Mazo est d’autant plus précieuse qu’on entre à travers les deux rives de la Méditerranée pour à la fois entretenir la fraternité poétique et le partage humain.

Voyageur au long cours du fait poétique sur « cette terre vouée au désastre », Bernard Mazo nous confiait sans complaisance : « Pour moi, la langue arabe est la langue de la poésie. Elle le fut dès la lointaine époque anté-islamiste avec le soufisme puis ne cessa de se développer à partir de l’an I de l’Hégire, eut sa période flamboyante au coeur de la civilisation arabo-andalouse pour retrouver un second souffle dans la seconde partie du XX° siècle ». Ainsi les oeuvres des grands maîtres tels Adonis, Georges Schéhadé, Salah Stétié Ounsi El Hage n’ont pas de secret pour lui tout autant que les nouvelles voix comme Joumana Haddad,

Abdelmonem Ramadan, Salah Al Hamdani. Sans oublier Mahmoud Darwich qu’il tenait pour « l’une des grandes voix mondiale contemporaine qui pouvait réunir des milliers de personnes pour ses lectures ». A côté de ces grandes voix du monde arabe, il ne manquait pas de préciser que « la poésie la plus novatrice s’est développée au Maghreb et plus spécifiquement en Algérie avec ces grands poètes francophones ».

Ayant une connaissance étendue des expressions poétiques dans le monde arabe, le propos de Bernard Mazo était loin d’être une convenance généreuse à l’égard des poètes du Maghreb.

Mieux, il surprenait encore par l’attention vigilante qu’il prête aux nouveaux paysages poétiques originaires de cet espace... Il s’agit de la poésie féminine dans son versant francophone comme arabophone qu’il dépeint avec enthousiasme, la trouvant d’une « force et d’une richesse exceptionnelles. Poésie de résistance, poésie de revendication, poésie tissée d’ima-ges fortes et d’un lyrisme retenu ».

C’est une chance précieuse qu’ont les poètes du Machreck et du Maghreb d’avoir eu au pays de Rimbaud et de Char un tel ami attentif à leurs créations et qui en témoignait avec une pénétrante assiduité. A l’écoute du « bruissement mystérieux du monde » Bernard Mazo domestiquait les fureurs et les débordements par l’exercice d’une poésie solidaire mais qui ne renonçait pas aux emblèmes de la rigueur et de la profondeur esthétiques. Il écrivait « au nom/de tout ce qui ne veut pas mourir …/ dans le torrent impassible/des jours ». C’était sa réponse tranquille à l’implacable question de Hölderlin : « A quoi bon des poètes en temps de détresse ? ».

C’est grâce à la médiation du poète et peintre Hamid Tibouchi, qui accompagnait l’un de ses plus récents recueils « La cendre des jours », que j’ai eu le plaisir de le rencontrer et mieux le connaître. Le même ami vient de m’informer que Bernard Mazo nous a quittés subitement... Bernard Mazo n’esquivait pas pour autant la complexité existentielle et la fragilité humaine. Dans un entretien, il nous avouait : « Au fond, j’ai ce travers de vouloir être aimé et de ne jamais oublier que nous avons une trajectoire mortelle, que nous sommes exilés sur terre, souvent désorientés face au grand mystère de la vie et de l’univers ». Il y a des mois, il m’avait téléphoné avant un ultime voyage en Algérie. « Un poème chante ou ne chante », aimait-il à redire l’aphorisme de René Char. Sa poésie résonnera assurément longtemps dans la mémoire de ceux qui l’ont connu et pour ses lecteurs à venir.

A.K.

 

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