"Rien ne se perd, rien ne se crée... Tout se transforme". Cette citation d'Anaxagore de Clazomènes repris par
Lavoisier, illustre à merveille la formule magique de cette logique comptable qui a inventé le concept de continuer à gagner de l'argent lorsque le résultat de son activité diminue...
Quelques produits financiers qui permettent de parier sur les pertes, sont prévus pour cela. Mais dans l'économie réelle il existe aussi les "garanties bancaires."
Ici Monsanto nous en décline un exemple scandaleux à souhait, en s'adressant aux fonds publics de l'Union européenne, pour couvrir à hauteur de 40 millions de dollars US, ses pertes éventuelles... En Bulgarie, Hongrie, Serbie et Ukraine. Mais aussi Turquie et... Russie.
Mais l'ironie et le scandale sous-jacent monte encore d'un cran, quand on découvre, qu'il cherche à se couvrir vis-à-vis de refus à venir d'exploitants agricoles à honorer l'achat de ses produits mortifères... Mais cela va même plus loin. Trop loin...
Et là le scandale atteint son paroxysme, car il y a une toute autre dimension à tout cela. En effet, au-delà de ce point de départ où l'UE va financer Monsanto sur ses pertes à venir.... La suite s'écrit déjà à l'ONU via la F.A.O.
Qui vont docilement représenter et promouvoir le choix du modèle de ce géant de l'Agroalimentaire pour l'alimentation mondiale. Vers tous les gouvernements concernés...
Les réunions à venir, sur ce sujet, sans les précisions qui fâchent, font déjà la Une du site de la F.A.O.
Et les documents sont prêts...
L'histoire commence donc dans les bureaux de Bruxelles, hors champ des caméras. Et va se dérouler en 3 étapes... Mais l'addition sera pour nous tous.
Voici le document initial, liens de preuves à l'appui... Avec quelques éléments complémentaires de forme et de contenu.
Bravo à ces associations et à ces internautes, qui par cette chaine de résistance me permettent de relayer tout ceci jusqu'à vous...
A) Monsanto négocie une garantie de 40 millions de dollars US, d'argent public européen en cas de pertes !!
C'est l'étonnante révélation faite par le réseau CEE Bankwatch Network dans un communiqué de presse du 19 novembre 2012. La Banque Euroépenne pour la reconstruction et le Développement (BERD) devra se prononcer en avril prochain sur une garantie financière de 40 millions de US dollars pour couvrir Monsanto...
Ceci au cas où les entreprises agricoles et des distributeurs qui se sont engagés à acheter des semences ou des produits agrochimiques à la firme ne pourraient pas payer !
Le soutien serait assuré par la BERD sur des contrats entre Monsanto et des grandes et moyennes exploitations agricoles en Bulgarie, Hongrie, Russie, Serbie, Turquie et Ukraine.
"Il est absolument scandaleux que la BERD envisage d'utiliser l'argent public pour soutenir un géant qui domine déjà le marché mondial des semences et des produits agrochimiques" a dit Ionut Apostol, du Réseau Bankwatch.
Bankwatch explique que selon la BERD, il n'y aura pas d'OGM dans ces contrats. Mais comment faire confiance à Monsanto ?
Via la BERD, des fonds publics européens en soutien d'une activité multipliant plaintes et procès...
Bankwatch a noté en effet qu'en Juillet-Août 2011, la Hongrie a du détruire entre 8500 et 9000 ha de maïs à cause de la contamination OGM de semences provenant de chez Monsanto (voir : GMO contamination from seeds originating from Monsanto ), ce qui a affecté 225 producteurs. Et Greenpeace a trouvé du colza GM GT73 (aussi nommé RT73) de Monsanto poussant en Suisse dans des friches à Basel, alors que la culture et l'importation d'OGM sont illégales en Suisse (voir :growing wild in Basel’s port area ) .
Bankwatch rappelle que Monsanto est en procès à divers endroits en raison de ses activités criminelles. En Inde, Monsanto est poursuivi en justice par le gouvernement indien pour bio-piraterie (voir :
http://www.forbes.com/sites/williampentland/2011/08/12/india-sues-monsanto-over-genetically-modified-eggplant/).
Aux Etats-Unis, Monsanto est poursuivi en justice sur la question des brevets et des droits abusifs qu'ils octroient à la firme par une coalition d'agriculteurs représentant 300 000 personnes (voir :
http://www.osgata.org/2012/organic-farmers-file-appeal-against-monsanto/).
Depuis 2009, une bataille juridique fait rage entre Monsanto et le Brésil concernant les royalties sur les semences GM exigées par et versées à la firme. En avril 2012, le juge de Rio Grande do Sul a ordonné à Monsanto de cesser de prélever des royalties et l'a condamné à reverser 2 milliards de dollars ! Monsanto a fait appel. (voir:
http://www.nature.com/news/monsanto-may-lose-gm-soya-royalties-throughout-brazil-1.10837)
Monsanto par ailleurs n'a cessé de harceler en justice des agriculteurs aux USA, les accusant sans preuves d'avoir utilisé la semence GM de Monsanto sans payer de royalties.
Comment une firme privée avec de tels agissements pourrait-elle bénéficier du soutien de l'argent public ?
B) Un descriptif des raisons et objectifs du prêt en déni des conséquences constatées sur le terrain... Pour préparer de futurs prêts à d'autres structures similaires.
Sur le site de la BERD,
http://www.ebrd.com/pages/project/psd/2012/43925.shtml, on trouve la description du projet de soutien financier dans lequel il est mentionné que cela permettrait à Monsanto d'augmenter sa capacité de prêt...
Très exactement il est dit : "permettant ainsi à un plus grand nombre d'agriculteurs de bénéficier des développements tels qu'une plus grande résistance aux maladies et aux nuisibles et de plus hauts rendements, ce qui améliorerait leurs profits et contribuerait à soulager les pays concernés de certains problèmes de sécurité alimentaire."
Non contente d'asséner cette propagande, la BERD affirme ensuite que ce projet va servir de vitrine pour démontrer tous les avantages du pré-financement des semences et intrants avec partage des risques aux agriculteurs des pays ciblés, les options de pré-financement étant très limitées dans ces pays.
Selon un communiqué de presse allemand de "Informationsdienst Gentechnik" du 16 novembre 2012,..., la BERD envisage "d'étendre ses services de garantie à d'autres firmes agro-chimiques. Elle a été en contact avec BASF et Syngenta, a dit la personne en charge au service de l'information en octobre."
Ici :
http://www.keine-gentechnik.de/ Plus de 150 organisations appellent la BERD à renoncer à ce soutien...
Dans une Lettre Ouverte à la BERD, plus de 150 organisations appellent la banque à renoncer à ce projet de soutien financier à Monsanto.
Ici :
http://bankwatch.org/sites/default/files/letter-EBRD-Monsanto-19Nov2012.pdf La lettre mentionne la longue saga du transfert par Monsanto de ses risques sur les gens et sur l'environnement et rappelle que le soutien à cette firme et au modèle agricole qu'elle représente est particulièrement inapproprié pour une banque de développement multilatéral dédiée dans ses statuts à la promotion d'un "développement réellement durable et viable pour l'environnement".
Les organisations interpellent la BERD sur plusieurs points :
- la banque est censée de part ses statuts soutenir le secteur privé seulement quand le demandeur ne peut obtenir de financement ou des facilités ailleurs à des conditions raisonnables. Monsanto est la première Cie mondiale de semences, et fait partie des 500 premières fortunes mondiales....
- la banque est censée encourager la compétition. Monsanto concentre déjà 27% du marché mondial des semences et 10% du marché mondial de l'agro-chimie...
- la banque invoque la sécurité alimentaire et de meilleures pratiques environnementales pour soutenir Monsanto. Les organisations rappellent que la production d'énormes volumes de nourriture à haut coût ne garantiront jamais la sécurité alimentaire et que les monocultures peuvent partager des mêmes traits (prétendument) bénéfiques mais qu'elles partagent aussi les mêmes faiblesses.
- la banque s'attend peut-être à ce que Monsanto change ses pratiques afin de répondre aux critères exigés ? les organisations affirment que NON ! Monsanto n'a jamais changé sa politique et a toujours nié ses conséquences. Il est donc plus que douteux que l'assurance donnée sur l'absence d'OGM dans les contrats soit valide. La BERD n'a de toute façon aucun moyen d'aller vérifier...
C) L'arbre qui cache la forêt, d'une implication de l'ONU via la FAO...
Pour privilégier ce modèle vers l'accaparement des terres, dans tout le secteur de l'alimentation mondiale.
Pour finir, un article du 14 septembre 2012, signé de plusieurs organisations et publié sur GRAIN, montre que cette attitude de la BERD vis à vis de Monsanto et consort participe d'un mouvement plus large.
Ici :
http://www.grain.org/article/entries/4572-why-are-the-fao-and-the-ebrd-promoting-the-destruction-of-peasant-and-family-farming Selon l'article, le Directeur Général de la FAO et le Président de la BERD auraient co-signé un papier dans le Wall Steet Journal le 6 septembre 2012, dans lequel ils appelaient les gouvernements et les organisations sociales à "adopter le secteur privé comme le moteur principal de la production mondiale de nourriture".
Les organisations mentionnent aussi que "Quand ils se réfèrent à l'Europe de l'Est et à l'Afrique du Nord, les dirigeants de ces deux agences internationales influents font un appel clair à l'augmentation de l'investissement dans le secteur privé et l'accaparement des terres dans le monde.
Ils disent que le secteur privé est efficace et dynamique et incitent les entreprises à "doubler les investissements sur la terre elle-même".
Vous vous demandiez encore à quoi sert l'argent public ? Maintenant vous savez qu'il n'y a plus aucunes limites à son utilisation ....A VOS DEPENS !
S. Escazaux
20 novembre 2012
.../...
La F.A.O... Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Qui s'implique pour cautionner et amplifier un modèle privé qui conduit à ces désastres que nous connaissons. Vers la spoliation des terres... Qu'ils connaissent.
Sur le site de cette structure de la F.A.O. un article en "une"... "Le chef de la FAO: Agir pour briser le cycle de la faim dans les zones arides"
L'article complet ici :
http://www.fao.org/news/story/fr/item/164369/icode/ Juste un extrait en 2 parties :
"M Graziano Da Silva directeur général de la F.A.O. a appelé la communauté internationale à travailler en étroite collaboration avec les pays des zones arides pour briser le cycle de la faim [...]
«Le problème le plus urgent dont nous débattons aujourd'hui est peut-être la question des investissements dans l'agriculture», a dit M. Graziano da Silva, ajoutant que les investissements sont nécessaires pour «respecter les droits, les moyens de subsistance et les ressources de toutes les personnes concernées, notamment les plus vulnérables».
...???...
Qui sont ces hommes ?
Nous sommes la multitude... Dans l'ignorance.
Par le Savoir... Nous serons LEGION.
Le Dormeur doit s'éveiller.
Notes de l'auteur :
Lire :
http://bankwatch.org/news-media/blog/european-public-development-money-monsanto-whatever-next Lire à propos de la garantie de Monsanto sur la page BERD:
http://www.ebrd.com/pages/project/psd/2012/43925.shtml Lire plus d'arguments contre cette facilité de partage des risques et le profil de
Monsanto:
http://bankwatch.org/news-media/blog/european-public-development-money-monsanto-whatever-next Via Olivier Boulet "les indignés de France."
Notes additionnelles de ma part :
Sur l'influence et le rôle des lobbys dans le fonctionnement de l'institution européenne :
"The Brussels Business" en Français :
http://www.youtube.com/watch?v=37Bfmr8nRIM Une mise en perspective du rôle de cet industrie Agro-alimentaire de Monsanto au seuil d'autres facteurs, déréglement climatique, intervention du Fmi etc... Sous forme d'un article dossier photo.
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=378589132161319&set=a.213584021995165.55943.201604039859830&type=3&src=https%3A%2F%2Ffbcdn-sphotos-d-a.akamaihd.net%2Fhphotos-ak-prn1%2F529292_378589132161319_1379993157_n.jpg&size=298%2C207