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18/07/2012

Poudre activa (transglutaminase), magie de la viande reconstituée...miam.......

17/07/2012

Contes d'ailleurs et d'autre part, Pierre Gripari

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/contes-d-ailleurs-et-d-au...

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Illustrations de Guillaume Long, Grasset Jeunesse 2012. 190 p. 9 €

 

Publiés une première fois en 1990, voici la réédition de huit contes d’ailleurs et d’autre part, à la sauce Gripari, huit bijoux de drôlerie fantastique, inspirés des folklores russes, français, italien et d’Afrique du Nord. Un véritable régal, avec ce verbe franc, truculent et tellement poétique de Pierre Gripari, s’adressant à ses lectrices et lecteurs d’une façon si familière, qu’elles et ils pourraient croire qu’il est assis tout près d’elles et eux. Le conteur de la Rue Broca est véritablement talentueux, c’est évident, mais outre son imagination pétulante, il est doté également d’une grande liberté de pensée. Ils nous emmènent donc ici dans un monde peuplé comme il se doit de magie, d’amour et de courage. Dans Mademoiselle Scarabée, on comprend que l’apparence importe peu, mais qu’il importe de trouver bonne boulette à son pied quand on veut se marier. « Quand un cheval trottine et crottine, quand une vache lâche sa bouse en marchant, je fais une petite boule de la chose en question, puis je la pousse à reculons jusqu’à ma maison ! » Dans Madame-la-Terre-Est-Basse, les objets ont une âme, ils parlent, ils bougent, ils peuvent être tristes mais savent aussi se venger.

« Quand elle met ses souliers

Elle se pique le pied.

Quand elle écosse les pois, elle se pique le doigt.

Quand elle épluche des pommes de terre,

Elle se pique le derrière.

Quand elle veut prendre une douche,

Elle se pique la bouche.

Quand elle veut prendre un bain,

Elle se pique les reins.

Quand elle se met au lit,

Elle se pique le mistigri ! »

 

Dans Le diable aux cheveux blancs, on comprend que même un démon, aussi malin qu’il soit, ne peut rien contre le pouvoir d’une femme contrariante, « Merci à toi, brave homme, qui m’a tiré de cet enfer ! Imagine-toi qu’il y a un mois, pas plus, une femme nous est tombée ici, une femme terrible, épouvantable, qui nous fait enrager jour et nuit ! ». Il ne peut guère plus d’ailleurs, contre les rêves d’une petite fille qui veut obstinément un Bagada.

 

« – Oh ! Le beau bagada !

Elle prend le démon dans ses bras, le caresse, le cajole, l’embrasse, le bécote… Qu’est-ce que cela veut dire ? Notre diable se regarde… Malédiction ! Il est devenu un bagada ! Un simple bagada ! »

 

On a donc vu que les objets pouvaient se déplacer tout seuls, et bien figurez-vous que les villages aussi, et c’est comme ça que Saint-Déodat en bord de Loire a fini au bord de l’Océan pour consoler un petit garçon, et si vous ne me croyez pas, et bien vous n’avez qu’à lire, c’est le village lui-même qui raconte l’histoire.

 

« J’étais profondément ému. Les paysans qui m’habitaient ne rêvaient pas beaucoup, et jamais à d’aussi jolies choses. J’avais comme envie d’obéir à ce petit garçon, et de me transporter au bord de l’océan ».

 

Dans Petite Sœur, nous voilà plongé dans les aventures fabuleuses et palpitantes, façon conte initiatique de fée – ou de sorcière, mais fée et sorcière c’est kif-kif bourricot non ? Bref, les aventures palpitantes et fabuleuses de la princesse Claude qui n’a pas un zizi, mais un mistigri.

 

« C’est un frère que nous voulons !

De petite sœur pas question !

Nous resterons entre garçons

Ou nous partirons ! »

 

Dans L’eau qui rend invisible, c’est le conteur lui-même à qui une sorcière fait un cadeau, tellement elle trouve que ce qu’il raconte sur les sorcières est rigolo ! Et dire qu’à cause de lui, le monde a failli devenir complètement invisible, comment aurait-on fait pour lire le dernier conte du livre ? L’histoire de Sadko, le cithariste virtuose qui épousera l’ondine du lac Ilmen, la fille de Vodianoï, le dieu de toutes les eaux du monde, après bien des péripéties tout de même, où on ne s’embarrassera pas trop de morale, après tout, c’est un conte et on n’est pas là pour s’embêter, non mais !

 

« Il vend ses marchandises russes, ses fourrures, son bois, son miel et ses esclaves. En échange il achète beaucoup de choses qu’on ne trouve pas en Russie : de l’or et de l’argent, des parfums et des perles, des étoffes, des épices, des objets fabriqués… Il fait aussi un peu de piraterie, quand il en a l’occasion. Ça se faisait, à l’époque… »

 

D’ailleurs, les enfants, si vous avez la joie d’avoir entre les mains ces Contes d’ailleurs et d’autre partde Pierre Gripari, cachez-les bien, car s’ils plaisent aux petits, mais ils plaisent aussi beaucoup, beaucoup aux grands ! Foi de Maman !

 

Cathy Garcia

 

 

 

pierre-gripari.jpgPierre Gripari, est né à Paris le 7 janvier 1925, d’une mère coiffeuse et médium, parisienne originaire de Rouen, et d’un père ingénieur d’origine grecque, et il est mort dans cette même ville le 23 décembre 1990. Ses deux parents meurent pendant la Seconde Guerre mondiale. Il doit alors abandonner ses études littéraires pour exercer divers petits métiers : commis agricole, clerc expéditionnaire chez un notaire et même, à l’occasion, pianiste dans des bals de campagne. Il s’engage ensuite, de 1946 à 1949, comme volontaire dans les troupes aéroportées. De 1950 à 1957, il est employé de la Mobil Oil, et exerce à cette occasion les fonctions de délégué syndical CGT. Il arrête ensuite de travailler pour écrire. Ne parvenant pas à faire publier ses œuvres, il trouve une place de garçon de bibliothèque au CNRS. Il se fait connaître en 1962 avec une pièce de théâtre, Lieutenant Tenant, créé à la Gaîté-Montparnasse, puis avec un récit autobiographique, Pierrot la lune, publié aux éditions de la Table ronde en 1963. Sa carrière d’auteur commence alors vraiment. Ses œuvres littéraires suivantes ne rencontrent cependant pas le succès. Ayant quitté le CNRS pour vivre de sa plume, Gripari connaît la pauvreté. Refusé successivement par dix-sept éditeurs, il retrouve finalement une maison d’édition en 1974 grâce à Vladimir Dimitrijević, le patron des éditions L’Âge d’Homme (un auditeur qui aime lire disait-il), qui lui accorde une liberté d’auteur totale en acceptant systématiquement tous ses livres. Gripari a exploré à peu près tous les genres. Excellent connaisseur des patrimoines littéraires nationaux, il sait aussi mettre à profit les mythes et le folklore populaire, sans dédaigner les récits fantastiques et la science-fiction. Il est ainsi parvenu à créer tout un univers. « Les seules histoires qui m’intéressent, écrit-il dans L’arrière-monde, sont celles dont je suis sûr, dès le début, qu’elles ne sont jamais arrivées, qu’elles n’arriveront jamais, qu’elles ne peuvent arriver ». On lui doit aussi bien des romans que des nouvelles, des poèmes, des récits, des contes, des pièces de théâtre et des critiques littéraires. Mais Pierre Gripari est surtout connu du grand public comme un écrivain pour enfants. Son œuvre la plus célèbre, les Contes de la rue Broca, paraît en 1967. Elle est composée d’un ensemble d’histoires mettant en scène le merveilleux dans le cadre familier d’un quartier de Paris à l’époque contemporaine ; certains de ses personnages sont des enfants d’immigrés. À la fin des années 1970, les illustrateurs Fernando Puig Rosado et Claude Lapointe contribuent à populariser ces contes. Les premières éditions des Contes de la rue Broca (chez la Table Ronde) passent inaperçues, mais leur réédition par Gallimard apporte succès et célébrité à Gripari. Ce recueil est traduit dans le monde entier, y compris en Allemagne, au Brésil, en Bulgarie, en Grèce, en Hongrie, en Italie, au Japon, en Pologne et en Thaïlande. Pierre Gripari a également été critique théâtral pour le journal Écrits de Paris. Il reçut en 1976 le Prix Voltaire pour l’ensemble de son œuvre. On retrouve nombre d’éléments biographiques dans un livre d’entretiens avec Alain Paucard réalisés en 1984, Gripari mode d’emploi. En 1988, il obtient le Prix de l’Académie française pour Contes cuistres. Cet iconoclaste détestait les fanatiques et les gens sérieux et se définissait lui-même comme « un Martien observant le monde des hommes avec une curiosité amusée, étranger au monde terrestre ». Entre rue Broca et rue de la Folie-Méricourt, et quoiqu’il soit aussi épicurien, il mène une vie de bohème quasiment monacale. Indifférent à toute ambition matérielle, il s’accommode de la pauvreté pour ne jamais tomber dans la compromission. Pierre Gripari était membre de la Mensa. Communiste de tendance stalinienne de 1950 à 1956, il se rapproche ensuite des milieux d’extrême-droite (il sera ainsi membre d’Europe-Action). Néanmoins, son absence ultérieure d’engagement politique ferme manifeste son désintérêt profond de la politique active, bien qu’il participe au comité de parrainage du journal d’extrême-droite Militant au cours des années 1980. Il s’intéresse aux religions pour en pointer le folklore, souvent sous forme de pastiche. Cet anarchiste de droite a ensuite participé à l’association culturelle européenne du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE). Le Dictionnaire des écrivains de langue française (Larousse, 2001) le qualifie d’« écrivain ironique, qui se tient à l’écart » et commente « Quant à ses prises de position “fascistes”, il faut y voir le goût de la provocation chez un homme à qui répugnaient la bonne conscience et les idées reçues, fussent-elles “démocratiques” ».

L’œuvre littéraire de Pierre Gripari est marquée par l’érudition, la citation et l’exercice de style. Il s’essaie en effet à des genres divers et variés : roman épistolaire (Frère gaucher ou Le Voyage en Chine), roman de chevalerie (Le Conte de Paris), science-fiction (Vies parallèles de Roman Branchu), etc. Figurent parmi les thèmes récurrents de ses ouvrages l’histoire du XXe siècle, le refus des prétentions totalitaires, l’Europe comme patrie spirituelle, l’homosexualité et la critique des religions monothéistes, notamment la religion juive, qu’il jugeait totalitaire et raciste. De fait, certains comme Pierre-André Taguieff, qui le qualifie d’« anarchiste d’extrême-droite » et lui attribue une « filiation célinienne » considèrent cet antijudaïsme comme antisémite. Symétriquement d’autres, comme son éditeur Vladimir Dimitrijević, contestent qu’il ait été antisémite et considèrent ses attaques contre le judaïsme, présentes dans certains de ses articles de presse et romans, comme une critique respectable de la religion juive. Gripari traite l’homosexualité, qu’il vit sans complexes, sur un ton à la fois ironique et tragique, sa conception des choses de l’amour constituant le soubassement de sa vision pessimiste de l’existence.

Publications :

1957 : Pierrot la Lune, roman, Éditions La Table Ronde

1962 : Lieutenant tenant

1964 : L’Incroyable Équipée de Phosphore Noloc racontée par un témoin oculaire avec quelques détails nouveaux sur les gouvernements des îles de Budu et de Pédonisse, roman, Éditions La Table Ronde

1965 : Diable, Dieu et autres contes de menterie, nouvelles, Éditions La Table Ronde

1967 : Contes de la rue Broca, contes, Éditions La Table Ronde

1968 : La vie, la mort et la résurrection de Socrate-Marie Gripotard, roman, Éditions La Table Ronde

1972 : L’Arrière-monde et autres diableries, nouvelles, Éditions Robert Morel

1973 : Gueule d’Aminche, roman, Éditions Robert Morel éd

1975 : Frère Gaucher ou le voyage en Chine, roman, Éditions L’Âge d’Homme. Le Solilesse, poèmes, Éditions L’Âge d’Homme

1976 : Rêveries d’un martien en exil, nouvelles, L’Âge d’Homme. Histoire du Prince Pipo, de Pipo le cheval et de la Princesse Popi, roman pour enfants, Éditions Grasset-Jeunesse

1977 : Pièces enfantines, Éditions L’Âge d’Homme. Pedigree du vampire, anthologie, Bibliothèque fantastique, Éditions L’Âge d’Homme

1978 : Les Vies parallèles de Roman Branchu, roman, Éditions L’Âge d’Homme. Nanasse et Gigantet, conte en forme d’échelle, Éditions Grasset-Jeunesse, illustrations de Jean-Luc Allart. Pirlipipi, deux sirops, une sorcière, Éditions Grasset-Jeunesse, illustrations de Claude Lapointe (repris dans les Contes de la Folie-Méricourt en 1983).

1979 : Café-théâtre, Éditions L’Âge d’Homme

1980 : Le Conte de Paris, roman, Éditions L’Âge d’Homme. L’Évangile du rien, anthologie, L’Age d’Homme.

1981 : Paraboles et fariboles, nouvelles, Éditions L’Âge d’Homme. L’Enfer de poche, poèmes libertins, Éditions L’Âge d’Homme. Critique et autocritique, recueil d’articles, Éditions L’Âge d’Homme.

1982 : Moi, Mitounet-Joli, roman, Éditions Julliard/L’Âge d’Homme. Les Chants du Nomade, poèmes, Coll. Le Bruit du Temps, Éditions L’Âge d’Homme. Pièces mystiques, Éditions L’Âge d’Homme. Pièces poétiques, Éditions L’Âge d’Homme.

1983 : Reflets et réflexes, essai, Éditions L’Âge d’Homme.

1983 : Les contes de la Folie Méricourt, contes, Éditions Grasset-Jeunesse, illustré par Claude Lapointe.

1984 : Rose Londres, Histoire de Prose, roman, Coll. Le Manteau, Éditions Julliard/L’Âge d’Homme. Du rire et de l’horreur, anatomie de la « bien bonne », anthologie, Éditions Julliard/L’Âge d’Homme.

1985 : La Rose réaliste, nouvelles, Coll. Contemporains, Éditions L’Âge d’Homme. Jean-Yves à qui rien n’arrive, roman pour enfants, Éditions Grasset-Jeunesse, illustrations de Claude Lapointe. Adaptations théâtrales, Éditions L’Âge d’Homme. Gripari, mode d’emploi, Entretiens d’Alain Paucard avec Pierre Gripari, enregistrés les 25 juin, 28 juin et 5 juillet 1984, Pierre Gripari se chargeant de la rédaction définitive, Éditions L’Âge d’Homme, coll. Le Bruit du Temps.

1986 : Le Canon, roman, Éditions L’Âge d’Homme. Le Septième Lot, roman, Julliard/L’Âge d’Homme. Nouvelles Pièces enfantines, Éditions L’Âge d’Homme.

1987 : Contes cuistres, nouvelles, Éditions L’Âge d’Homme. Nouvelles critiques, recueil d’articles, L’Age d’Homme.

1988 : Histoire du Méchant Dieu, essai, Éditions L’Âge d’Homme. Sept farces pour écoliers, Éditions Grasset-Jeunesse, illustrations de Boiry.

1989 : Notes d’une hirondelle, recueil de chroniques théâtrales, Éditions L’Âge d’Homme. Huit farces pour collégiens, Éditions Grasset-Jeunesse, illustrations de Boiry.

1990 : Contes d’ailleurs et d’autre part, contes, coll. Grands lecteurs, Éditions Grasset-Jeunesse. Les derniers jours de l’Éternel, roman, L’Age d’Homme. Le Musée des apocryphes, nouvelles, Éditions L’Âge d’Homme. L’Affaire du petit pot de beurre, in Contes de la Table ronde, plaquette hors-commerce, Éditions La Table ronde.

1991 : Monoméron, ou je ne sais quantième consultation du Docteur Noir sur la vraie religion du peuple français, roman, Coll. Le Bruit du Temps, Éditions L’Âge d’Homme.

1992 : Énigmes, devinettes pour les enfants, illustrées par Puig Rosado, Éditions Grasset-Jeunesse. Je suis un rêve et autres contes exemplaires, Éd. de Fallois/L’Age d’Homme, anthologie des nouvelles de Pierre Gripari établie par Jean-Pierre Rudin, préface de Jean Dutourd.

1995 : Fables et confidences, fables, Coll. Le Bruit du Temps, l’Age d’Homme.

1996 : Le Devoir de blasphème, éd. du Labyrinthe

Entretiens et critiques parus dans la revue Éléments.

Lola, un film de Brillante Mendoza (2010)

Encore une perle du réalisateur philippin...

16/07/2012

Promesse achevée à bras nus, Éric Barbier

 

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Editions Rafael de Surtis, Collection Pour une Terre interdite, 2011,

56 p. (tirage limité et numéroté), 15 €

 

 

 

Écrire, effraction dans la voix de l’autre »

 

La poésie d’Eric Barbier puise à une source limpide comme celles des montagnes qu’il affectionne. Dans ce recueil, il se livre à un questionnement qui n’attend pas de réponse. Le poète semble même s’être délivré du besoin de réponse, pour être simplement le témoin d’une nature où se concentre l’essentiel de l’Homme.

 

« De quoi témoigner ?

l’esprit se déposant en limon

sur la croyance de l’automne

croit ensemencer ce qui n’attend rien »

Eric Barbier sait à merveille capter les langages de cette nature, pour entrer peut-être encore plus profondément en communion avec elle, et s’en faire l’écho. Une poésie d’altitude, à la fois terrienne et transcendante, qui vise le détachement sans l’indifférence.

 

« Il restera paisible dans son ordre

Chaque nuit retrouvera de quoi occuper le ciel »

 

Le poète s’abandonne à la nature pour guérir aussi ses douleurs d’homme, les saisons de l’une font les saisons de l’autre, la nature se fait miroir pudique des émotions.

 

« Il faudra adoucir l’œil pris dans l’hiver

Pour enfanter à nouveau

Les usages du temps »

 

Mais, il n’est en vérité d’autre temps que celui de l’instant présent, « l’aujourd’hui, seul aujourd’hui », et le questionnement du poète est plus une façon de se livrer à la contemplation, qu’un interrogatoire angoissé.

 

« Ici

s’attarde un présent anachronique

(…)

demain s’y devine dans les soupçons

des valérianes détrempées d’aurore »

 

et

« entre les pages pliées

du matin qui s’avance

viennent des semences d’or libre »

 

L’or du temps peut-être, cher à Breton, mais ici, point de surréalisme, la réalité est suffisamment riche pour que l’on ne ressente nul besoin de s’en évader. La poésie naît de caresses inattendues entre les mots et ce que l’œil perçoit. La contemplation ouvre une porte sur l’éternité.

 

« La reprise lumineuse d’un œillet

vient m’absenter de ce temps

langueur longée de houx

la paix construit son regard »

 

Il y a, oui, comme une grande paix dans ce recueil, qu’on a envie de lire et relire afin de mieux s’en imprégner. Une paix cependant non exempte d’ombres, comme la montagne, l’homme a son ubac, ou son ombrée comme on dit dans les Pyrénées. Cela dit, chez Éric Barbier, même l’inquiétude est calme.

Toujours cette quête d’équilibre, grâce au recul, celui que permet justement l’ascension d’une montagne.

 

« retrouver une distance

se tenir sur le fil

encore lâche du jour

 

s’y dresser encore à nu

dans l’équilibre empierré de la mémoire »

 

Ainsi, dans la plus grande simplicité, toute la magnificence du monde s’offre au regard du poète, en « vol fou des hirondelles dans le ciel de cuivre bleu ».

 

On note au détour d’un mot, d’une phrase, un vide, une absence. L’auteur s’adresse aussi à « celle qui n’est pas là ».

 

« Le manque se croit-il désir ? »

 

Mais ce manque, aussi cruel soit-il, se répand en amour diffus pour tout ce qui l’entoure. La solitude s’illumine au contact d’une nature prodigue, elle en devient presque jouissance, plénitude en tout cas.

 

« J’erre dans la démesurée douceur

du songe »

 

Et c’est la nature encore, qui enseigne le nécessaire détachement.

 

« le souvenir d’une robe s’accroche à l’indifférence

d’un alisier »

 

Le défilé des saisons est une médecine de l’âme, « des fruits viennent l’oubli cueille les siens ».

 

Sans aucun doute, Éric Barbier est un poète des hauteurs, qui chemine, humble et discret, sur des chemins de sagesse, et en le lisant, on ne peut s’empêcher de penser parfois à ces poètes errant comme, par exemple, Bashô.

 

Cathy Garcia

 

Eric Barbier.jpgÉric Barbier est un poète de Tarbes, ville dans laquelle il est aussi bibliothécaire. Pierre Colin, autre écrivain et poète tarbais, le présente ainsi : « Pourquoi écrire ? » se demande Eric Barbier. Et il répond « Pour inscrire ce témoignage de quelques heures éparses… pour résister à tout et d’abord à soi-même ». La poésie d’Eric Barbier est rebelle aux modes de communication actuels. Elle s’inscrit dans l’étrangeté, la mise en déséquilibre du signe. Elle n’est pas dans une modernité de la mélancolie ou de la beauté. Elle invente de l’inconnu pour ouvrir une brèche vers la réalité de demain.

 

 

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/promesse-achevee-a-bras-n...

15/07/2012

Expo "FIGURE LIBRE" - Contre la torture

Un aperçu de l'expo "FIGURE LIBRE", Conserverie de Limogne en Quercy, le 26 JUIN dernier, pour la Journée mondiale contre la torture.


En soutien aux victimes d'actes violents et à leurs familles.

Une initiative de SOIZIC LARCHER-NOUVIALE

avec ODILE VIALE
DIANE BARBIER
SAMUEL CUADRADO
PATRICK EVRARD

et SOIZIC LARCHER-NOUVIALE

 

si intéressés pour accueillir l'expo contact : larchersoizic@yahoo.fr

 

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Photos (c) Cathy Garcia

16:40 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

Un supermarché dans la zone interdite de Fukushima,


Un supermarché dans la zone interdite de... par Mediapart

 

Durant neuf mois, le photoreporter Antonio Pagnotta est entré clandestinement dans la zone interdite de Fukushima. Son travail témoigne du chaos de la catastrophe nucléaire. Mediapart en publie sept portfolios

14/07/2012

Deux poings, ouvrez les guillemets - Guillaume Siaudeau

Un très percutant Mi(ni)crobe (n°35), signé Guillaume Siaudeau, avec des illustrations de Magali Planès.

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James "quand il sort du ventre

ses poings sont déjà fermés

(...)

 

Son coeur est

un taureau

qu'on jette dans l'arène"

 

"La première fois que James

voit son père

trancher le cou d'un gallinacé

il n'a que 10 ans

et le corps de l'animal

traversant la cour

lui souffle

"Dans la vie

il ne faut jamais lâcher"

 

C'est comme à l'école :

 

"Pensez à apprendre vos leçons

pour demain

pour après-demain

pour le restant de vos jours

et jusqu'à ce que

mort s'ensuive"

 

Il ya le vieux Sam qui

"chaque jour

montre au poteau

qui est le chef"

 

Frapper, cogner. parce que "quand les mains n'en peuvent plus d'être seules alors elles deviennent des poings"

 

Alors "James dompte les rings

apprivoise la victoire

la gloire cette bête

sauvage et volatile

qui court au fond du coeur"

 

"Ses gants sont deux montgolfières

s'échappant dans l'obscurité"

 

"Combattre

aimer

combattre

aimer

frapper ou embrasser

à la chaîne"

 

"tambouille

d'alcool

&

d'amour

Les jours qui passent

ont une odeur de nuit"

 

et un jour James choisira d'aller "ramper sous les étoiles".

 

Cathy Garcia

 

 

LE BLOG DE GUILLAUME SIAUDEAU : http://lameduseetlerenard.blogspot.fr/

 

 

Les MI(ni)CROBES sont de petits débordements de la revue Microbe. Chaque plaquette propose des textes d'un auteur ayant retenu l'attention de Paul Guiot ou d'Éric Dejaeger. Les exemplaires, tirés à un nombre très limité (une centaine), sont réservés à l'auteur, à un service de presse ciblé et aux lecteurs de Microbe ayant souscrit un abonnement « plus ». Aucune réédition n'est prévue.

http://courttoujours.hautetfort.com/archive/2012/06/17/mi...

13/07/2012

Recuerdos (en couleur) de Pascal Pratz, illustrations de Cathy Garcia

Vient de paraître aux Ed. du Petit Véhicule

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Poèmes de Pascal Pratz

avec 12 illustrations de Cathy Garcia

 

***

11 € aux  éditions du Petit Véhicule

20, rue du Coudray, 44000 NANTES

mail : editions.petit.vehicule@gmail.com

 

Téléphone : 02 40 52 14 94

Cardère éditeur en tournée !

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Il s'agit de Villeneuve-les-Avignon. Vous pourrez retrouver Bruno Msika, l'éditeur et les livres (dont Le poulpe et la pulpe et Les Mots allumettes de Cathy Garcia), au festival de poésie de Sète du 20 au 28 juillet et au 7ème salon des petits éditeurs le 23 septembre à Cotignac, dans le Var.

Si vous êtes dans le coin, n'hésitez pas, Cardère éditeur a une très belle collection de livres à vous faire découvrir.

http://www.cardere.fr/index.php

 

 

 

 

14:38 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

11/07/2012

Alerte des experts contre une nouvelle catastrophe à Fukushima

Pour en savoir plus voir : http://fukushima.over-blog.fr/article-appel-urgent-pour-e...

Signez la pétition :

http://www.avaaz.org/fr/petition/Appel_urgent_pour_eviter...

 

 

12:20 Publié dans AGIR, NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

10/07/2012

Tryptique du veilleur de Louis Raoul

Note publiée sur : http://www.lacauselitteraire.fr/tryptique-du-veilleur-lou...

 

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Cardère, 2012, 58 pages, 12 €

 

 

Parce que la vie nous pousse de l’avant tout en nous dépouillant, vient ce temps où il nous faut prendre de la hauteur, de cette nécessité-là peut-être est né Triptyque du veilleur. Une tour, une barque et une archère. Non pas un, mais une, selon le choix de l’auteur. Une archère, qui est aussi la flèche envolée, et la cible invisible de l’au-delà.

Il y a donc une tour dans la première partie, intitulée L’approche de la hauteur. Une tour de pierre, de chair et de vent.

 

« Prisonnier et gardien

Tu n’habites pas la tour

Tu es ses assauts et sa défense

Le poème qui la fonde ».

Mais voilà, « Entrer dans la tour n’est pas tout, il faut se faire accepter de la hauteur ».

Et qui dit tour, dit sentinelle, celle qui veille quand tout le monde dort.

 

« Les tours fécondent la nuit

Les sentinelles oubliées. »

 

Il est question de solitude dans ce recueil à l’écriture très concise, dépouillée, polie comme les pierres qui doivent s’ajuster parfaitement pour former une tour et on songe au Désert des Tartares de Buzzati. Au cœur de cette solitude, qui est le lot de chacun d’entre nous dans le voyage de l’existence, l’auteur se raccroche au poème, pierre de fondation, point d’ancrage et nous embarque dans la seconde partie du recueil, la Barque. C’est au lecteur qu’il s’adresse, un autre lui-même.

 

« Il faut rester là longtemps

Jusqu’à que ce que cette barque qui est vous

Prenne âge de toute part

Et le chant cèdera

Qui vous retenait au monde »

 

Qui dit barque dit traversée, se détacher des rives, du connu, se préparer à la grande fonte du soi.

 

« Il reste à mettre de l’ordre

Dans cette débâcle du dire

Vous n’êtes pas encore

De ceux qui signent d’une noyade

Au bas de l’eau ».

 

Il y a alors récapitulation, souvenance.

 

« Un portail

Vous attendait

Au bout de l’enfance

Que vous ne saviez pas

Tous ces temps d’orage

À jouer

Quand le ciel perdait ses clés

Sur les toits ».

 

Et puis,

 

« Vous entrez dans un autre pays

Une autre saison

La parole se fait maintenant plus lente

Elle peut dire ce bruit de paille

Dans le vent

D’une pluie coupée ».

 

Et c’est cette barque qui conduit

 

« Au pied de la tour

Qui est vous

Il vous faut rejoindre la hauteur »

 

S’ouvre alors la troisième partie du triptyque, l’Archère. Ce terme évoque la tension qui vise un ailleurs plus vaste, « cette nuit je me suis inventé une rupture », qui cherche à percer peut-être un secret, celui qui ne peut nous être dévoilé de ce côté-ci.

 

« J’ai attendu

Un improbable retour

 

(…)

 

Enfermé

Dans l’épaisseur

D’une vitre ».

 

Il est question de « cette quête du passage », de « rêve de voyage », un appel d’air, on pense à la symbolique du sagittaire, mais il nous faut redescendre de la tour et « Reprendre taille humaine »

 

« Avec la soif

Qui un des lieux du poème ».

 

Une solitude que l’auteur désire et ne désire pas, hantée par le manque.

 

« Je te cherche encore

Sachant l’inutile

J’interroge les rues de tes pas

J’essaie des portes

Dans la chambre-seconde

Où ton souffle habitait ».

 

L’auteur voudrait sans doute trouver une issue à cet enfermement dans le temps, se libérer des frontières.

 

« J’aimerais bien partir d’ici

Retrouver l’empreinte d’une crinière

Dans le vent

Un galop d’avant la parole

Il me suffirait pour cela

De siffler

Lascaux

Un cheval y manquerait ».

 

Il y a beaucoup de noblesse et de fierté dans ce recueil, taillé par un verbe d’artisan, quelque chose d’intemporel justement, l’ombre d’un chevalier qui demeure droit et digne, le regard fixé sur l’horizon et Louis Raoul le ponctue d’un final à la hauteur.

 

« Puis vient l’heure

D’une lance claire

Et haute

Saison d’orgueil

Et de victoire

Avec le vent

C’est une offrande de feuilles

Au pied de la tour ».

 

Cathy Garcia

 

louis-raoul.jpgLouis Raoul est né en 1953 à Paris où il réside toujours. Il a publié une quinzaine de recueils et a obtenu en 2008 le Prix de la Librairie Olympique pour son livre Logistique du regard publié chez N&B/Pleine Page. Parmi ses autres publications : Par peur de l’équilibre (L’Harmattan), Préface aux confins (Opales/Pleine Page), Sources du manque (Ex Aequo), Démantèlement du jour (Éclats d’encre).

09/07/2012

Visage vive de Matthieu Gosztola

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Ed.Gros Textes, photographies de l’auteur, 2011, 96 p. 7 €

 

 

Visage vive n’est pas de lecture aisée, car derrière une langue qui semble s’égarer, s’éteindre avant de se rallumer à nouveau, un peu comme des soubresauts, il y a cette tentative de dire l’indicible.

 

Il faisait un froid terrible

Dans le visage

De cet enfant là

 

Il n’y a pas de mots assez vastes, assez puissants pour contenir la douleur, sans doute la plus insupportable, de la perte d’un enfant. Aussi, par petites touches, ce texte se remémore, parle à l’enfant qui n’est plus, lui imagine même un futur, le tout accompagné de très belles photos de l’auteur, prises en Inde, pays de grande intensité spirituelle. Des photos dont toute la lumière et les vives couleurs aident peut-être à transcender la souffrance. Visage vive est un livre tendu comme une main au-dessus du vide et qui s’adresse aussi à tous ces autres « parents-funambules », qui subissent cette épreuve.

 

Ce n’est pas toi qu’on

Enterre

C’est moi dans ma vie de toi

 

Visage vive est un recueil qui avec amour, avec pudeur, tient en fragile équilibre entre l’écorchement du « pourquoi ? » et une difficile tentative d’acceptation de ce qui est, de ce qui a été et qui n’est plus.

 

Tu n’as jamais vu la mer

Tu es ce qui retourne à sa

Réception d’étoile

 

Mais, l’amour ne s’arrête pas aux frontières de la mort. Des êtres aimés qui les franchissent, demeure le souvenir, la présence intangible mais si puissante du souvenir. Ici l’écriture est comme une catharsis, les mots sont parfois comme retenus ou égarent leur sens dans la vacuité, ils tâtonnent comme des mains dans le noir et soudain ils se déversent à flots précipités, avec cette obsession du visage.

 

La peinture du visage n’a pas eu le

Temps

De sécher

 

Tout finalement tient dans le visage.

 

Tout est là dans le visage

Et je prends tout

Avec mon souvenir

 

Mon souvenir est déjà là même

Dans le présent du regard

 

Il y a vie dans visage, et la peur sans doute que la mémoire des traits ne finisse par disparaitre elle aussi.

 

Ton visage est identifiable à ce qui

Ne viendra jamais

Même avec les décibels des cris

Diminuer le silence

 

Alors par delà l’intolérable déchirure, les mots viennent pour divorcer du silence, tisser un fil auquel se raccrocher.

 

Je crois que c’est possible

De vivre car on est deux

Et ça a duré

 

Des mots que l’on voudrait magiques.

 

Je ferai si c’est

Nécessaire

Dans toute la pièce des

Moulinets

Avec les bras en récitant

Des incantations mais

Malheureusement je me réveille

La vie n’est pas un conte de fée

 

La mort est sourde à nos questions, elle est juste une réponse. Une réponse à la trop vive douleur du corps. Peut-être se fait-elle ainsi pardonner, elle vient apaiser les souffrances de l’enfant aimé, qui sont tout autant, sinon plus insupportables qu’elle. Reste alors un amour indéfectible et le pinceau des mots pour que visage vive.

 

Cathy Garcia

 

 

M_Gosztola.jpg Matthieu Gosztola, né le 4 octobre 1981 au Mans. Doctorant en littérature et sciences humaines, il enseigne la littérature au Mans et à Paris. Il a écrit des critiques dans les revues Europe, Acta fabula, CCP (Cahier Critique de Poésie), Histoires Littéraires, La Main millénaire, remue.net, Poezibao, Terre à Ciel, La Cause littéraire, Contre-allées, ainsi que dans les revues de la Comédie-Française, des Presses Universitaires de Rennes et des éditions Du Lérot. Pianiste et compositeur de formation (sous la direction de Walter Chodack notamment), il donne des récitals, en tant qu’interprète ou improvisateur, qu’ils soient ou non reliés à la poésie comme lors du festival international MidiMinuitPoésie.

 

Publications :

 

Sur la musicalité du vide, Atelier de l’agneau, 2001

Travelling, Contre-allées, 2001

Les Voitures traversent tes yeux, Contre-allées, 2002

Sur la musicalité du vide 2, Atelier de l’agneau, 2003, Prix des découvreurs 2007

Matière à respirer, Création et Recherche, 2003, Livre d’art en collaboration avec le photographe plasticien Claude Py

Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin, Éditions de l’Atlantique, 2008, Photographies et poèmes agrémentés d’un dessin à l’encre de Chine de Zuzanna Walas

J’invente un sexe à ton souvenir, Minuscule, 2009

Une caresse pieds nus, Contre-allées, 2009

Débris de tuer (Rwanda 1994), Atelier de l’agneau, 2010

Un seul coup d’aile dans le bleu, Fugue et variations, Editions de l’Atlantique, 2010

Ton départ ensemble, La Porte, 2011

Un père (Chant), Encres Vives, 2011

La Face de l’animal, Éditions de l’Atlantique, 2011, Photographies et poèmes

Visage vive, Gros Textes, 2011, Photographies et poèmes

Contre le nihilisme, Éditions de l’Atlantique, 2011, Essai

Le génocide face à l’image, Éditions L’Harmattan, collection Questions contemporaines, 2012, Essai de philosophie politique

Traverser le verre, syllabe après syllabe, La Porte, 2012

Ariane Dreyfus, Éditions des Vanneaux, 2012, Essai

 

Note publiée sur : http://www.lacauselitteraire.fr/visage-vive-matthieu-gosz...

04/07/2012

Nos civilisations se dirigent vers un effondrement irréversible des écosystèmes terrestres


La 11ème Heure ecologie 1/3 par nature-boy-79

 


La 11ème Heure écologie 2/3 par nature-boy-79

 


La 11ème Heure écologie 3/3 par nature-boy-79

 

En se basant sur des théories scientifiques, des modélisations d'écosystèmes et des preuves paléontologiques, une équipe de 18 chercheurs, incluant un professeur de la Simon Fraser University (SFU, Vancouver), prédit que les écosystèmes de la Terre vont faire face à un effondrement imminent et irréversible.

Dans un article récemment publié dans Nature intitulé "Approaching a state-shift in Earth's biosphere", les auteurs examinent l'accélération de la perte de biodiversité, les fluctuations climatiques de plus en plus extrêmes, l'interconnexion grandissante des écosystèmes et le changement radical du bilan énergétique global. Ils suggèrent que tous ces éléments constituent des précurseurs à l'apparition d'un état planétaire de seuil ou encore d'un point de basculement[1]. Si cela s'avérait exact, ce que les auteurs prédisent pour le siècle en cours, les écosystèmes de la planète, tels que nous les connaissons, pourraient rapidement et irréversiblement s'effondrer.
"Le dernier point de basculement dans l'histoire de la Terre est apparu il y a 12 000 ans, lorsque notre planète est passée de l'âge de glace, qui a duré 100 000 ans, à un état interglaciaire", a déclaré Arne Mooers, un des auteurs de l'article et professeur de biodiversité à SFU. "A ce moment, des changements biologiques les plus extrêmes menant à notre état actuel sont apparus en seulement 1000 ans. C'est comme passer de l'état de bébé à l'âge adulte en moins d'une année. Mais la planète est en train de changer encore plus rapidement aujourd'hui".

"Il y a une probabilité très élevée que le prochain changement d'état global sera extrêmement perturbateur pour nos civilisations. Souvenez-vous, nous sommes passés de l'état de chasseurs-cueilleurs à celui capable de marcher sur la Lune dans une des périodes les plus stables et anodines de toute l'histoire de la Terre", a souligné Arne Moeers.
"Lorsque le seuil sera atteint, ce sera un point de non-retour. Ainsi, si un système bascule vers un nouvel état parce que vous y ajoutez beaucoup d'énergie, même si vous retirez ensuite cette nouvelle énergie, il ne repassera pas dans son état précédent. La planète ne possède pas la mémoire de son état précédent". Autrement dit, lorsque les activités humaines modifient le bilan radiatif de la Terre en émettant massivement des gaz à effet de serre, nous prenons un risque très élevé : celui de faire basculer brutalement tout le système climatique vers un nouvel état d'équilibre, sans que nos sociétés soient capables de s'adapter, tout comme les écosystèmes actuels.

Ces projections contredisent une croyance populaire répandue selon laquelle la pression de l'Homme sur le changement climatique qui détruit notre planète est encore contestable, et qu'un effondrement serait alors graduel et étalé sur plusieurs siècles. L'étude conclut que nous serions avisés de ne pas transformer la surface de la Terre de plus de 50%, ou nous ne serions plus capables d'inverser ce processus.

Or, nous avons aujourd'hui atteint 43% de ces changements, en convertissant les paysages en zones agricoles et urbaines. "En un mot, les hommes n'ont rien fait réellement de significatif pour éviter le pire car les structures sociales existantes ne sont juste pas les bonnes", dit Mooers. "Mes collègues qui étudient les changements climatiques induits à travers l'histoire de la Terre sont plus qu'inquiets. En fait, ils sont terrifiés"...


Source © Christophe Magdelaine / notre-planete.info

28/06/2012

Banque Goldman Sachs - Les Plus Gros Arnaqueurs du Monde

25/06/2012

Voyages sur Chesterfield de Philippe Coussin-Grudzinski

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Editions Intervalles, 2012, 128 p. 15 €

 

Ce court récit, s’étalant sur une seule nuit de 0h07 à 7h00 du matin d’un mois de février pluvieux dans un appartement parisien, fait sans concession le portrait socio-zoologique de notre société contemporaine. Un portrait cynique mais réaliste d’un monde grotesque et un autoportrait d’une jubilatoire sincérité. Dans ce qui pourrait être comme des pages d’un journal intime, Philippe, jeune surdiplômé au chômage, expose comment il préfère se vautrer dans l’ennui le plus total, ponctué de petites rapines de produits de luxe, que de se plier aux hypocrisies, au fiel et à la poussée de dents, dont il faut faire preuve pour tracer sa route de paillettes dans le monde. « Pour remplacer mes pulls en cachemire à moindre frais, je retire habilement l’étiquette antivol dans les cabines d’essayage et je mise sur mon physique de fils de bonne famille pour déjouer la vigilance des hommes en noir à l’entrée des magasins ». Un monde top high-tech, celui des grands groupes de média, des « maîtres du monde », qu’il a connu alors qu’il était, il n’y a pas si longtemps, ce jeune con sous-employé lors de stages café/photocopies légèrement amélioré mais sans intérêt. Parcours obligatoire de tous les jeunes loups bien équipés pour espérer grimper rapidement l’échelle du paradis social, mais pour cela mieux vaut ne pas avoir trop soif d’Idéal.

Welcome dans un monde creux, superficiel et superfétatoire, puissamment épris de tape à l’œil, de réussite bling bling et cependant dépourvu de toute grandeur. L’auteur décrypte les personnages, les rouages et les backstages carton-pâte de ce parfait symbole de la société moderne, où le look, le cv et la bêtise ont ceci en commun que ça doit briller pleins feux, qu’importent les moyens, qu’importe le mensonge, qu’il est d’ailleurs de bon ton d’angliciser un peu. Ce qui est in un jour, top tendance le lendemain, est has been le jour suivant. Alors le narrateur reste chômeur, dort le jour et passe ses nuits sur facebook, où à travers des dialogues tantôt drôles, tantôt consternants, se brosse un portrait de l’ennui poussé à l’extrême. De tout ça, un être un tant soit peu sensible et idéaliste, ne peut que chercher à s’évader. L’amour, la drogue, la musique… Tout ce qui peut donner encore de véritables émotions. Pour Philippe, ce sont les souvenirs, d’enfance, de voyages, les fantasmes, et puis l’amour de Raphaël, l’intensité du plaisir, des transes sur la musique électronique des nuits de Berlin-Est, la grandeur de l’opéra, l’herbe bio d’Auvergne. C’est donc bien à un voyage sur Chesterfield, le fameux canapé cuir fait main, qu’il nous convie dans ce texte. Un texte facile à lire, qui au départ peut agacer, voire rebuter. On peut se poser la question de son intérêt, surtout si on trouve qu’on perd déjà soi-même trop de temps sur facebook, mais outre le fait qu’en transformant en quelque sorte le lecteur en voyeur, ce qui questionne aussi, c’est quelque chose de très essentiel qui filtre de ce récit : qu’en est-il de la beauté, du cœur, de l’intelligence, de la relation à l’autre, de tout qui donne valeur à l’humanité dans notre société de consommation ultra-artificielle, où il est si facile de se laisse hypnotiser, voire lobotomiser par tout et surtout rien, et passer sa vie à brasser du vide ? Il y a donc un espoir pour que les jeunes générations de diplômés échappent au grand cauchemar éveillé du monde des apparences et exigent que leur vie ait le véritable goût du vivant.

 

Cathy Garcia


Philippe Coussin-Grudzinski

Philippe Coussin-Grudzinski est né en 1986. Après avoir collaboré aux Inrocks, il est devenu community manager pour la télévision. Son blog Humeurs sur Chesterfield connaît un succès fulgurant : Voyages sur Chesterfield est son premier roman.

23/06/2012

La Fissure

Un webdocu d’Annabelle Lourenço et Cyprien Nozières sur le Japon de l’après-Fukushima

 

Article de Cathy Garcia paru dans le journal Le Lot en Action n°56

http://www.lelotenaction.org/

 

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Un homme pêche près d’une maison renversée, presqu’ïle d’Oshika (Annabelle Lourenço)

 

Annabelle Lourenço est photographe et Cyprien Nozières* réalisateur-animateur. Ils sont partis tous les deux au Japon, dans un esprit de totale indépendance et par conséquent peu de moyens, pour récolter des témoignages et des photos de l’après Fukushima, neuf mois, chiffre on ne peut plus symbolique, après la tragique catastrophe du 11 mars. Accueillis à Tokyo par le frère de Cyprien et son épouse japonaise, ils sont restés au Japon trois semaines, pour rencontrer les gens et les lieux : la préfecture de Miyagi à la pointe de la presque île d’Oshika, lieu plus proche de l’épicentre du séisme, Fukushima dont nul aujourd’hui n’ignore, hélas, le nom, et Tokyo donc, la capitale, où l’inquiétude va grandissante.

 « Nous avons réfléchi à un projet commun qui considérerait le problème dans son ensemble. Nous ne voulions pas nous contenter d’aborder uniquement la situation des victimes du tsunami, ni nous concentrer exclusivement sur le problème des radiations. »

Ainsi est né Fissure, un webdoc que vous pouvez voir ici sur le site d’Annabelle Lourenço : http://annabellelourenco.com/lafissure/

Le fil conducteur de ce très sensible webdoc, c’est l’eau, des gouttes d’eau qui semblent suinter de l’écran, chacun y verra ce qu’il veut, des larmes, des fuites d’eau contaminée et l’eau nous accompagne aussi parfois en fond sonore. Le webdoc se regarde, se lit et s’écoute. Après une présentation et un rappel des faits, il fait apparaître la carte du Japon où sont indiqués les trois lieux cités plus haut. Une grosse tache sombre s’étale sur la région en partant de Fukushima, la catastrophe après la catastrophe : la centrale, les réacteurs, les radiations. A l’internaute de cliquer ensuite sur la ville de son choix. Commençons par la préfecture de Miyagi. La vidéo présente Ishinomaki, à 90 km de la centrale, la ville a été dévastée par le séisme et le tsunami, 163 000 habitants, 6000 morts et disparus. Une photographie de Tadashi Okubo a immortalisée à jamais une jeune habitante au milieu des décombres, cette inconnue est alors devenue en quelque sorte, et bien malgré elle, l’icône du séisme japonais. Mais ici les images de la ville dévastée sont d’Annabelle Lourenço, la ville, une maison, une fenêtre, des portraits de disparus, des bruits de couverts, on est à table, la voix d’un pêcheur d’un petit village tout proche raconte. Comme tout le monde là-bas, il a perdu des parents, des amis : « Les gens devrait se réjouir d’être en vie. C’est si précieux la vie. ». Retour sur la ville fantôme, les travaux de reconstruction en cours… De ces traces de vie interrompue si brutalement, on ne peut qu’imaginer… Les photos d’Annabelle Lourenço sont très belles et le choix des sujets interpelle. Une espèce de grand silo renversé, rouge vif avec une publicité pour de la viande cuisinée, comme une immense boite de conserve absurde, renversée au milieu des ruines et gravats, des magazines ouverts sur des photos abîmées de jeunes filles nues, allongées, assises, souriantes, aguichantes… Éros contre Thanatos. La voix du pêcheur continue de parler : remercier, être courageux, positif, aller de l’avant, « Si on marche en se retournant, on tourne le dos à la lumière ».

Les photos disparaissent au profit d’une petite animation très simple mais efficace, pour raconter les secousses, puis le tsunami, la GROSSE goutte d’eau qui a tout balayé.

Puis des photos de la famille qui reçoit, le pêcheur, son épouse, les parents octogénaires, et l’homme raconte, la vie, maintenant, les problèmes de logement, de reconstruction, l’espoir. Ici point n’est question de radiations, on n’en est pas encore là, trop de choses à faire pour se remettre en selle et il y a déjà tant de morts à garder en mémoire, grâce aux photos que chaque famille a pu récupérer. Un travail de centaines de bénévoles venus d’un peu partout dans le Japon, le webdoc n’en parle pas car il reste centré sur ce témoignage en particulier, qui en dit tout aussi long mais c’est un détail qui me parait suffisamment important pour le mentionner. Et nous quittons la préfecture de Miyagi sur des photos de la grand-mère qui s’est déguisée, un chapeau, des lunettes rigolotes, un nez de clown, et qui chante, qui danse. Quelle belle leçon nous donne cette octogénaire qui a tout perdu mais peut être pas l’essentiel. Elle a eu cette chance, une partie de sa famille est vivante et il faut vivre, et vivre c’est se réjouir !

Pas de sensationnel morbide, d’apitoiement mais une volonté dans ce webdoc de rendre simplement hommage au courage et à la dignité des survivants, à leur capacité à continuer à vivre malgré tout.

Retour à la carte, un clic sur Fukushima. Fukushima, neuf mois après, des gens plus que légitimement inquiets et un gouvernement qui minimise, qui dissimule. Apparait Wataru Imata, un jeune homme originaire de Tokyo, membre du groupe Projet 47, un projet visant à fournir des outils de mesure aux habitants de Fukushima afin qu’ils puissent décider par eux-mêmes s’ils doivent évacuer ou pas. Projet 47 s’est associé avec le Réseau citoyen pour sauver les enfants de Fukushima pour créer le CRMS (Citizen’s Radioactivity Monitoring Station), un centre de mesure pour les contrôles citoyens, indépendant de TEPCO et des autorités japonaises.

Là encore des animations très simples, ludiques, faciles à comprendre pour les enfants, illustrent le propos. La politique de la préfecture de Fukushima pour les déjeuners des écoles, était de « produire local et manger local », quelle belle initiative, on en rêve tous, si seulement il n’y avait pas eu…. la catastrophe après la catastrophe. Le spectre peu appétissant du nucléaire. On peut apprendre ainsi que début mai 2011, soit moins de deux mois après le tsunami et ses terribles conséquences, si on allait dans un supermarché à Fukushima, tout ce qu’on y trouvait était des produits de Fukushima. C’est la CRIIRAD en déplacement sur place qui a fournit au CRMS les instruments nécessaires pour les mesures. Il faut savoir que la ville de Fukushima n’est pas dans le périmètre d’évacuation, donc si les gens voulaient partir, c’était selon leurs propres moyens, aucune aide à attendre de la part de TEPCO. Aujourd’hui on parle de décontamination, mais qu’en est-il vraiment ? On change les chiffres, on rehausse la limite de radiations annuelle de 1 micro sievert, elle est passé soudain à 20 mSv/ an, ceci pour les radiations externes, mais qu’en est-il de l’ingestion d’alimentation contaminée ? Le choix de partir ou de rester est difficile. Les radiations, les habitants ne peuvent pas les voir, ni les sentir, seulement les imaginer et se faire leur propre opinion, sachant que le temps joue contre eux. Wataru Imata est sur place depuis fin avril 2011, il sait que c’est son choix, il peut rester encore ou partir. En toute conscience et nous ne pouvons que saluer son courage.

Retour à Tokyo, situé à 250 km de la centrale, c’est l’angoisse, l’inquiétude, le doute. Le manque d’informations, c’est ce qui ressort de tous les témoignages, et nous savons bien ou devrions savoir que là-bas comme ici, la transparence en matière de nucléaire est une fiction, à fortiori en cas de catastrophe. Tchernobyl nous avait donné une bonne leçon à ce sujet, mais apparemment elle n’a pas servi à grand-chose. Les parents pensent à leurs enfants, et se regroupent en associations actives pour échanger des informations et se faire entendre des autorités. Sumiko Sasa et son mari, ont une fillette de 3 ans et Sumiko est très impliquée dans l’ « Association pour la défense des enfants du quartier de Kita contre les radiations ». Ce sont de simples citoyens, comme on dit, et surtout des mères de famille, qui font ce qu’ils peuvent pour prévenir autant que possible les risques, pour en informer les autres, pour faire pression sur les conseils municipaux. Ils s’encouragent, se soutiennent et sont de plus en plus nombreux. Les enfants ont des problèmes avérés de santé : thyroïde, saignement de nez, sang dans les urines… Sans doute qu’une véritable conscience anti-nucléaire est en train de grandir au Japon, un pays où les habitants n’avaient pourtant pas été habitués à prendre position contre l’autorité quelle qu’elle soit, mais ce qui ressort de ce webdoc c’est qu’il s’agit surtout de mères de famille, les maris se sentent apparemment moins concernés, ce qui créé des conflits dans les couples. Les hommes sont donc plus conditionnés que les femmes, histoire d’éducation, pour accepter l’inacceptable ? Ce n’est pas le cas de tous en tous cas, je pense entre autre à Laurent Mabesoone*, un français qui vit à Nagano, même distance de la centrale que Tokyo, depuis 19 ans, marié à une japonaise, père d’une fillette de 3 ans, et qui a choisi de rester là-bas. Il publie régulièrement des "chroniques anti-nucléaires" sur le site Netoyens* et participe activement au mouvement anti-nucléaire du Ruban Jaune (Yellow ribbon against nuclear power) au Japon. Ces regroupements de citoyens, comme les mères de famille du quartier de Kita, vont peut-être réussir à se faire entendre à force de persévérance mais tout de même, on ne peut s’empêcher de penser que ce monde marche sur la tête. Heureusement qu’il y a des personnes courageuses et suffisamment concernés par les autres, même à l’autre bout du monde, pour prendre des initiatives et réaliser des projets tel que ce webdoc.  Je pense notamment au réalisateur Alain de Halleux et les Récits de Fukushima, visibles ici http://fukushima.arte.tv/#!/4883.

Nous ne devons pas oublier, car l’horreur de Fukushima n’est pas derrière nous, elle est en cours.

 

Cathy Garcia

 

*Voir les vidéos de Cyprien Nozières :http://vimeo.com/cypriennozieres/videos

*Le site Netoyens : http://www.netoyens.info/index.php/

 

* On peut lire des haïkus japonais écrits après Fukushima dans les deux derniers numéros de la revue Nouveaux Délits : des extraits d’Après Fukushima, haïkus du Cercle Seegan, présenté par Seegan (Laurent) Mabesoone dans le n°41 et Fukushima Renaissance de Taro Aizu dans le n°42 http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

Écouter une entrevue avec Laurent Mabesoone : http://www.youtube.com/watch?v=trgdE5KQeSw

 

Quelques liens pour savoir ce qui se passe aujourd’hui à Fukushima :

http://www.scoop.it/t/fukushima-informations/

http://fukushima.over-blog.fr/

http://www.acro.eu.org/chronoFukushima.html

On peut aussi écouter le slam du groupe japonais Frying Dutchman qui, les 10 et 11 Mars 2012, ont organisé une grande parade anti-nucléaire "humanERROR" du nom de leur album et morceau éponyme sorti en Aout 2011 : http://www.dailymotion.com/video/xoccwe_frying-dutchman-humanerror_music

 

18/06/2012

Ici comme ailleurs de Lee Seung-U

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/ici-comme-ailleurs-lee-se...

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Zulma 2012 - Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet – 220 pages – 21 €

 

Kafkaïen est le premier qualificatif qui vient à l’esprit en lisant ce roman, pour l’univers dans lequel il se déroule et l’absurdité qui émane du parcours du personnage principal. Yu est muté par sa boite, le Gangsan Complex Resort, à Sori, une ville perdue entre un lac et des montagnes à l’Ouest du pays. « Lorsque, dans son guide, il a lu que « la petite ville de Sori, du fait de sa topologie particulière avait servi de lieu de bannissement », son cœur s’est de nouveau mis à balancer ».

 

L’histoire démarre sur ses mots qui donnent d’emblée le ton :

 

« Le vent a des hurlements de bête féroce. Au moment de quitter sa voiture, Yu a l’impression qu’un molosse enragé se jette sur lui. Il a un mouvement de recul. Le long des rues, papiers sales et sacs plastique tourbillonnent sous la bourrasque. Quelques véhicules cahotent sur la chaussée éventrée en soulevant des nuages de poussière ocre. Les rares passants, silencieux, font la gueule. »

 

Ici comme ailleurs est un roman hybride, indéfinissable. Il tient du polar, du roman noir, psychologique, métaphysique, à la limite du fantastique, et on pense à des films de cet extrêmement riche cinéma sud-coréen, en particulier ceux de Kim Ki-Duk, qui de même échappent à toute définition.

 

Lee Seung-U raconte le parcours d’un homme qui arrive dans une ville inconnue en pensant y travailler et qui y perdra tout ce avec quoi il est venu : sa femme, avant même d’arriver, car elle ne le suivra pas mais retournera dans une autre ville s’occuper d’un ancien amant, son portefeuille, l’accès à son compte, sa voiture, la raison pour laquelle il est là et ainsi de suite, comme si le réel se dissolvait derrière lui à chacun de ses pas. Sori, cette ville grise, froide, venteuse, inhospitalière et même dangereuse est un piège, mais à vrai dire, cet homme là n’avait-il pas déjà tout perdu avant même d’y arriver ? En refermant les dernières pages du livre, où la nature dans une apothéose grandiose, met un point final à tout questionnement, toute corruption, à toute l’absurdité de la condition humaine qui est exprimée ici, c’est la question que l’on se pose. Ce roman est un véritable condensé critique du monde d’aujourd’hui, une allégorie inversée, et finalement c’est un roman initiatique. On se détruit ici-bas et le seul espoir, le seul moyen que les hommes ont trouvé pour ne pas sombrer totalement dans la folie, c’est de quitter ce monde avant que la mort ne les prenne, découvrir par la dépossession, la paix éternelle. La grotte où un vieux fou dénommé Noé construit des maisons de pierre, est le seul lieu par lequel on peut s’échapper, le double enfermement devient matrice. Les vivants sont morts et les morts sont éternellement vivants. Les hommes libres sont piégés par une ville entièrement corrompue dans laquelle ils s’enlisent, ceux qui ont tenté de résister sont enfermés dans une grotte et découvrent dans l’enfermement, la liberté du détachement suprême. Subtile hybridation là aussi entre la pensée occidentale et orientale.

 

Ce roman austère, minéral, désespérant parfois, offre de par sa lecture elle-même, une étonnante expérience. Parfois, on voudrait poser le livre, le laisser tomber, mais il est impossible d’en sortir avant la fin car on la cherche, comme on cherche une goulée d’air. Par moment on s’ennuie,  on se sent morne et même quand la fin arrive, on reste hébété, comme choqué, voire insatisfait. La magie de Lee Seung-U, c’est de provoquer ainsi une réflexion, où soudain on accède à la compréhension de l’ensemble et on ne peut que saluer le génie de l’auteur. Ce n’est pas une lecture facile, une lecture de détente, si au départ nous pouvons être captivés comme on l’est par un polar, vers la fin, on s’enlise comme le protagoniste, on se sent gris. L’auteur nous fait traverser les états d’âme, les sensations de ce qu’il raconte, si bien que nous ne faisons plus qu’un avec ce que nous lisons. Avec le recul, c’est fascinant.

 

Cathy Garcia

 

 lee seung-u.jpg Lee Seung-U est né en 1959 à Jangheung, au sud-est de la péninsule, et a passé son adolescence à Séoul. Suite à une expérience religieuse, il entreprend des études de théologie ("Je ne me sentais pas heureux, je me suis lancé dans cette voie pour fuir ce malheur et cette pression"), bientôt interrompues ("J'ai réalisé que l'on ne pouvait aborder la théologie d'un point de vue mystique ou à la manière d'un refuge."). Le goût retrouvé de l'écriture se concrétise en 1990 par la parution d'un premier roman (Portrait d'Erisichton) qui lui vaut le Prix du jeune espoir littéraire de son pays. Majeure et unique dans la littérature contemporaine, sa voix est celle de l’intranquilité.

 

Du même auteur :

 

L’envers de la vie, Zulma, 2000

 

La vie rêvée des plantes, Zulma, 2007

 

15/06/2012

Rassemblement de solidarité avec les peuples de Québec contre les mines d'uranium ! PARIS LE 23 JUIN


      LIEN VERS L'ARTICLE EN LIGNE : http://sanurezo.org/spip.php?article78 -

            Ils sont Innus, ils sont Cris, ils sont Lakotas, ils luttent pour défendre notre mère la terre contre les serviteurs de l’abomination, ceux qui l’étripent pour lui voler son uranium, ses gaz, ses bitumes, son or ...

            ... Ils nous appellent au vrai combat, celui qui oppose depuis toujours ceux qui appartiennent à la terre à ceux qui criminellement prétendent la posséder ...

            Casseroles - Montréal, 24 Mai 2012

            Cet appel traverse aujourd’hui la grande mer, il anime déjà avec force le peuple Québecois, il vient pour prendre pied en terre de France.

           

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            Nous sommes TOUS appelé(e)s à organiser et à participer ensemble au rassemblement de Paris du samedi 23 juin 2012.

            Notre but est d’aller dire sur la terre natale de la société AREVA, à la source de toutes ces abominations, que nous ne voulons pas d’eux au Québec !

           

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            Nous effectuerons aussi une présence symbolique, non violente et silencieuse à la Délégation du Québec à Paris.

           

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            Les peuples d’Europe doivent savoir, afin de ne pas être les complices passifs du « Plan Nord », ils doivent soutenir les revendications vitales et légitimes des Premières Nations du Québec et au delà de tous les amérindiens !

            Grâce à Minganie sans uranium, Sept îles sans uranium, les mobilisationsInnus et Cris (Cree), le Réseau Zéro Nucléaire (RZN), C.A.N. IdF, CAN84

 et nous espérons les convergences prochaines de l’AIM, CSIA-Nitassinan, Les Décroissants, Stop nucléaire, Greenpeace France et tout ceux qui voudront prendre contact avec nous,

 

45 banderoles font déjà route de la encore belle province vers la France contaminée.

            Ces banderoles attendent vos bras pour former sur Paris une seule grande tribu et pour d’une seule voix porter l’urgent message de la sauvegarde pacifique de notre mère la terre grâce au vital arrêt immédiat, définitif et inconditionnel de toutes les installations nucléaires.

           

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            L’association Minganie sans uranium a posté à ses frais les 45 banderoles qui voyagent actuellement vers Paris pour un coût d’environ $450, nous lançons donc une souscription pour payer le retour des banderoles auprès de nos ami(e)s du Québec et nous les remercions pour nous donner l’occasion d’organiser cette première journée de lutte transnationale pour le respect et la sauvegarde de la mère de tous les peuples !

            “Que l’esprit de cette lutte habite désormais et pour toujours parmi nous.”

            Vous pouvez envoyer votre chèque à :

            Minganie sans uranium

            231 de la Mer

            Longue-Pointe-de-Mingan

            G0G 1V0

            Québec

           

12:01 Publié dans AGIR, NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (1)

14/06/2012

Aller simple, Erri de Luca

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Gallimard 2012, édition bilingue, trad. de l’italien par Danièle Valin, 16,50 €

 

« Aller Simple, des lignes qui vont trop souvent à la ligne », marquées par le point final, le point fatal quelque part entre les deux rives méditerranéennes, cette grande bleue qui sépare le Sud, sa misère, ses tragédies, d’un Nord porteur de rêve, d’opulence et de liberté. C’est sur cet entre-deux que se déroule ce long et poignant poème d’Erri de Luca. Plus qu’un poème, c’est une ode mais aussi hélas un chant funèbre, découpé en voix et en chœur.

Ce chant prend source là-bas de l’autre côté, de là où les hommes, les femmes, les enfants, partent, quittent, prennent exil comme un oiseau prendrait envol, mais avec la mémoire des fers aux pieds. Ils viennent des « hauts plateaux incendiés par les guerres et non par le soleil », avec en tête une terre espoir, une terre accueil, une terre de paix. Italie, un mot « ouvert, plein d’air »

 

Finie l’Afrique semelle des fourmis,

par elles les caravanes apprennent à piétiner.

Sous un fouet de poussière en colonne

(…)

le voyage à pied est une piste d’échines.


Le Sud, un terme pratique pour y caser tout ce qui attire et en même temps tout ce qui fait peur au Nord, bien confortablement installé dans ses chaussons soi-disant civilisés…

 

Nous nous détachons de la moitié du monde, non pas du Sud.

 

Et c’est la mer qui est la première destination, la mer qui accueille, la mer qui porte, la mère qui berce et sauve de l’invivable.

 

Bien des jours avant de voir la mer, elle était une odeur,

une sueur salée, chacun imaginait sa forme.

(…)

L’ancien près du feu discute avec les marchands

le prix pour monter sur la mer de personne.

 

Le prix non discuté de la traversée, c’est l’impossibilité de laisser derrière soi la peur, on embarque avec la mort.

 

Le marin est armé, il a peur de nous, sortis du désert,

il a des gestes de menace, les femmes couvrent leurs oreilles.

(…)

Ils ont déjà tué, on le sent au relent de leur peur,

la nuit renforce l’odeur des assassins.

 

Le temps devient alors incertain comme la terre se fait liquide, il faut faire confiance. Quelque chose est là de l’autre côté, une idée à laquelle il faut se raccrocher.

 

Nuit de patience, la mer voyage avec nous,

À l’aube l’horizon coule dans la poche des vagues.

 

Il n’y a « Pas d’oiseaux, ni de papillons, l’air sur la mer est stérile de vols » mais il y a la fatigue, la faim, la soif.

« Des poissons d’un saut de queue sortent comme un crachat » et l’on constate que « la mer se referme plus rapide que le désert ».

Et tout devient signe prémonitoire.

 

Impératif de sommeil, un de nous s’allonge,

ils le repoussent au-delà de l’espace interdit.

 

Ainsi sera la terre de l’arrivée, terrain clos interdit,

notre sommeil qui se heurte contre elle.

 

(…)

 

Nous y arriverons avec des enfants endurcis plus que des cals,

vagabonds avec leurs pères sur les écorchures de la terre.

 

La tension monte, Erri de Luca la traduit admirablement bien, sa poésie toute entière mise au service de cette histoire dramatique, une histoire qui se répète, un refrain maudit devrait-on dire, au rythme de la mer qui « monte et cogne, un de nous roule vers eux, l’autre pointe son fusil, le nôtre lève les mains. (…) Sans soir est arrivé son jour ».

Une violence en entraîne d’autres, et voilà que « Nous sommes sans gardiens et sans guide (…) Le bateau est un bout de terre pris à coups de bêche, les voyageurs dénouent leurs jambes, occupent les mètres ».

La mort y prend aussi ses aises.

 

Nous ne mettons pas les morts à la mer, ils servent pour la nuit

leurs corps préservent du froid, la mer est sans mouches.

 

(…)

 

À l’aube nous léchons la rosée sur la toile, sur le bois.

 

Solidaires et unis par le même espoir, si ténu soit-il, « Nous sommes égaux, la plus stricte égalité, jusqu’à la dernière goutte de buée ».

Le bateau est un radeau pour les naufragés du monde et arrive le moment où « Des mains m’ont saisi, douaniers du Nord, gants en plastique et masque sur la bouche. Ils séparent les morts des vivants, voici la récolte de la mer, mille de nous enfermés dans un endroit pour cent ».

La voici donc la terre d’accueil, la terre qui concentre tous les rêves, mais ce n’est même pas encore la véritable terre, c’est une île, un enclos, « une île n’est pas une arrivée ».

« Surveillés par des gardiens, nous sommes coupables de voyages », alors on en revient aux prières vers l’Orient, « leurs voix est le bruit des abeilles qui remercient les fleurs ».

 

Levain d’humanité pétri par la douleur,

 

Nous racontons les routes parcourues,

Des pas sur des millions de kilomètres finis face aux murs.

 

(…)

 

Nos enfants acrobates de voyage,

clowns, sorciers, petits soldats.

 

Ce sont eux, les enfants, qui portent ce qui reste de force et de courage, « ils se contentent même de rien (…). Ils brillent de sueur plus acharnés que nous, ce sont des buissons d’épines, la mort ne s’approche pas ».

Il n’y a donc nulle arrivée, nulle hospitalité, nul havre de paix.

 

Ils veulent nous renvoyer, ils demandent où j’étais avant

Quel lieu laissé derrière moi.

 

Je tourne le dos, c’est tout l’arrière qu’il me reste

 

(…)

 

Vous pouvez repousser, non pas ramener,

le départ n’est que cendre dispersée, nous sommes des allers simples.

 

Car ils ne sont pas venus pour prendre mais pour offrir, pour s’offrir corps et âme, chair à travail, boucs émissaires.

 

Vous êtes le cou de la planète, la tête coiffée,

le nez délicat, sommet de sable de l’humanité.

 

Nous sommes les pieds en marche pour vous rejoindre,

nous soutiendrons votre corps, tout frais de nos forces.

 

Avec la ténacité, l’obstination du désespoir, ils sont les sacrifices humains de notre époque qui se croit au-dessus de ça.

 

L’un de nous a dit au nom de tous :

D’accord, je meurs, mais dans trois jours je ressuscite et je reviens.

 

Après un texte d’une telle force, d’une beauté époustouflante à la hauteur du courage et des souffrances, pourtant innommables, que peuvent endurer celles et ceux que l’on appelle jamais par leur noms, car ce sont les anonymes, les sans-papier, les clandestines et clandestins de la terre, il est sans doute plus difficile d’apprécier à leur juste valeur les textes qui suivent dans la seconde partie de ce livre. Une partie divisée en quatre quartiers avec des poèmes très diversifiés qu’Erri de Luca présente comme des feuilles qui seraient le pays où il a « essayé d’habiter ». Dans le Quartier des pas reclus, il s’agit principalement de poèmes destinés à ce que l’on n’oublie pas ce qui ne doit pas être oublié, avec un hommage au prisonnier Ante Zemjlar, ce poète yougoslave qui au début des années cinquante passa cinq ans « sur l’Île Nue à casser des pierres blanches et les jeter ensuite dans la mer, dans l’Adriatique, car la peine est pure, sans valeur pratique, et la mer ne se remplira pas ». L'Île Nue, Goli Otok, la plus terrible des colonies pénitentiaires sous Tito. On notera aussi l’hommage aux Tsiganes d’Europe partis en fumée dans les camps de haute Silésie, ainsi qu’à d’autres prisonniers de différentes périodes comme Vincenzo Andraous, Paolo Persichetti, extradé en 2002 et condamné à 22 ans de prison pour sa participation aux luttes des années de plomb, mais aussi au poète bosniaque Izet Sarajlic, mort en 2002, qui a vécu le siège de Sarajevo, et bien d‘autres poèmes encore, évoquant aussi bien la seconde guerre mondiale que celle des Balkans.

Dans le Quartier d’histoires naturelles, Erri de Luca rend hommage aux mineurs du charbon, Courrière, Pas de Calais, 1906, et à la nature.

Dans le Quartier de l’amour sidéré, ce sont des poèmes d’amour ou à propos d’amour, un hommage à la Femme.

Et enfin, dans le Quartier du dernier temps, le poème se fait plus métaphysique, pour « serrer dans la bouche un psaume comme les dents du chien sur un os », et un hommage à la simplicité, à l’humilité, à ces valeurs qui font l’homme vrai, humain, « Vis en déserteur d’une guerre, proclame les vaincus non pas le vainqueur, trinque à l’insurrection des cibles », l’humain dans toute sa beauté mais aussi dans sa fragilité, sa chute, « ce soir parmi nous moi j’aime l’ivrogne qui perd le chemin de sa maison ».

On peut percevoir aussi un hommage à l’utopie dans le plus beau et véritable sens du terme, comme le présentait Théodore Monod, « L'utopie ne signifie pas l'irréalisable, mais l'irréalisé ».

Cela prend un ton prophétique dans le poème « Après ».

 

L’humanité sera rare, métisse, bohémienne

Et elle ira à pied. Elle aura pour butin la vie

La plus grande richesse à transmettre ses fils.

 

Quelques poèmes épars encore, dans une dernière partie nommée L’hôte impénitent qui semble avoir été rajoutée au tout dernier moment, où l’on peut croiser aussi bien Chaplin que Guevara. C’est donc aussi toute une époque que l’on revisite à travers ces textes, d’un auteur sans doute aussi volubile que talentueux.

 

Cathy Garcia

 

Erri de Luca

Erri de Luca, né à Naples en 1950, est l’un des écrivains italiens les plus lus dans le monde. Il vit à la campagne, près de Rome.

 


Qu'on leur coupe la dette


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