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31/10/2006

Etude d’une pollution génétique en Lot et Garonne

Lot et Garonne (47)Grézet-Cavagnan
Quand la contamination OGM est confirmée
ANALYSE ET EVALUATION DES CONSEQUENCES SUR L’ENVIRONNEMENT AGRICOLE  DE LA MISE EN CULTURE DE MAIS OGM
Par Christian Crouzet
 En 2005, un agriculteur de Grézet-Cavagnan (47) a cultivé 7 ha de maïs transgénique dans le plus grand secret jusqu’à la récolte.
Pour la campagne 2006 il avait annoncé son intention d’implanter 100 ha de maïs OGM .
Alerté par un agriculteur voisin (M. André Lecomte), le Comité Vigilance OGM 47 informe l’ensemble des habitants de la commune concernée  par courrier, en janvier 2006.
Le 16 Mars 2006, a été organisée à la Salle des fêtes de Grézet-Cavagnan une réunion publique animée par Guy Kastler, de la Commission OGM de la Confédération Paysanne.
Un débat a opposé promoteurs des OGM (AGPM, BIOGEMMA) aux partisans d’un environnement agricole protégé (paysans, apiculteurs, et consommateurs).
Au cours de cet échange, les paysans ont proposé aux pro-OGM d’implanter des parcelles de maïs traditionnel et d’installer des ruches à proximité des OGM pour évaluer l’impact de ceux-ci sur les cultures voisines. Les pro-OGM ont refusé la proposition, les paysans et apiculteurs ont néanmoins décidé de mener l’expérience.
Trois parcelles ont été mises à disposition par des agriculteurs de Grézet-Cavagnan pour semer des maïs population.
Sous l’égide du Collectif «  Aquitaine Avenir sans OGM » un dossier technique a été élaboré par la structure agricole Civam Agrobio 47, à laquelle sont associés solidairement : Confédération Paysanne, Comité Vigilance OGM 47, profession apicole, et Réseau Semences Paysannes.
En accord avec les autres partenaires , le Civam Agrobio 47 a mandaté Philippe Catinaud, artisan semencier et ingénieur agronome, pour le suivi de l’opération.
A l’image de la diversité des maïs mis en culture dans le département du Lot-et-Garonne, c’est un mélange de maïs (population) qui a été semé le 04 Mai 2006 .
Au moment de la floraison  (du 6 au 16 Juillet 06) les maïs paysans au même stade que le maïs OGM ont été identifiés. Par la suite, des prélèvements ont été effectués pour analyses. Toutes les opérations décisives : semis, marquage, prélèvements, ont été effectuées sous les contrôle d’un huissier (Maître Granier, de Marmande 47200).
La même procédure a prévalu pour l’implantation des ruches. Cette opération a été mise en place et suivie par M. Maurice Coudoin, apiculteur, qui a déposé  9 ruches réparties sur 3 sites distants de 400, 1200 et 1500  mètres du champ OGM (du 8 au 17 juillet).  Le dépôt et le retrait des scellés ont été effectués devant huissier. L’ensemble des échantillons prélevés : pollen sur ruches et maïs sur parcelles, ont été mis sous sachets scellés et envoyés au laboratoire d’analyses.
  Voici donc les premiers résultats :
 Rappelons d’abord que ces expériences se sont déroulées en conditions réelles  de culture agricole. Elles ont abouti à des résultats très disparates mais suffisamment concluants.

Tous les échantillons de maïs analysés démontrent  que l’ensemble des 3 parcelles étudiées est contaminé avec présence certifiée d’OGM.
Pour deux d’entre elles, l’une contiguë à la parcelle 0GM (soit à 25 mètres de la source OGM) le taux de contamination est de 0,3%  d’ADN,   l’autre située à 80 mètres (soit 105 mètres de la source OGM) à 0,1% d’ADN.
Tous les échantillons de pollen de maïs analysés font aussi apparaître des  contaminations .
On a relevé des taux de contamination autour de 40%  pour le rucher à 400 mètres, et  entre 40 et 50% concernant le rucher situé à 1200 mètres

Dans le cadre de cette expérience menée par les paysans, il apparaît clairement que l’environnement agricole, à proximité de la parcelle OGM, est directement atteint  par la présence d’OGM, et ceci dès la première année d’étude de la  coexistence.
On assiste donc au démarrage d’une contamination qui est bien présente sur toutes les parcelles de maïs étudiées dans un rayon de 300 mètres.
La forte présence d’OGM dans le pollen de maïs  (jusqu’à 50% dans la ruche à 1200 mètres) suscite de nombreuses  interrogations quant au niveau de contamination des parcelles situées au-delà des 300 mètres et qui n’ont pas fait l’objet d’étude .
 
Les résultats contredisent sans équivoque les arguments de l’AGPM et des producteurs de maïs OGM qui soutenaient que le risque de croisement était maîtrisé, voire quasiment nul. Ces résultats mettent en évidence que les inquiétudes pour l’avenir des  filières de qualité restent fondées, et notamment pour la production de maïs doux cultivé dans les environs.
En l’état actuel, ce sont des semences de maïs population de 3 parcelles qui sont désormais impropres à la multiplication. Ces ressources génétiques sont donc indisponibles pour l’agriculture. Les variétés de maïs hybrides seules disponibles sur le marché sont souvent impropres aux  cultures traditionnelles et  biologiques  car elles sont trop exigeantes en engrais et irrigation. Les maïs populations sont la seule alternative possible en dehors des terres très riches et très arrosées, mais doivent être multipliés là où ils sont cultivés pour pouvoir s’adapter au terroir et climat local. Un maïs contaminé à très faible taux peut voir cette contamination augmenter très vite au fur et à mesure des multiplications jusqu’à atteindre un seuil à deux chiffres comme cela s’est vu en Espagne. Ces variétés paysannes  sont donc amenées à disparaître définitivement en cas d’extension des cultures OGM, entraînant avec elles la condamnation de la biodiversité disponible pour l’agriculteur.
En matière d’apiculture, les OGM disséminés dans l’environnement agricole constituent un nouveau risque majeur à la fois économique pour une filière aujourd’hui exsangue, et pour la biodiversité, d’ores et déjà très menacée. 
 Au-delà de cette atteinte inadmissible à l’intégrité de la biodiversité, on peut mesurer le préjudice agricole potentiel que fait peser ce type de production d’OGM.
Qu’en serait-il du débouché économique d’une culture labellisée bio ou fermière, d’un maïs doux, ou d’un maïs semence présent dans le périmètre des 300 mètres étudiés ?
La présence de  pollens pollués à 1200 mètres incite  à la plus grande prudence, et nous amène à réclamer l’application du principe de précaution tel que défini dans la constitution française et dans les recommandations de la Communauté Européenne (voir annexe).
 
Pour conclure :
 Jusqu’à ce jour, nous étions dans un environnement agricole exempt de pollution génétique. Avec cette expérience, nous mettons en évidence le démarrage d’un processus de contamination de notre espace agricole. Rappelons que l’Espagne a démarré des cultures commerciales OGM  dès 1998. Aujourd’hui, les conséquences sont catastrophiques pour des filières de qualité qui voient leurs productions déclassées.
Les niveaux de contamination du maïs peuvent atteindre 34%, (taux relevé sur un maïs local en bio dans la région de Huesca , voir annexe).
Le juge du Tribunal Administratif de Pau en a tiré les conclusions nécessaires ( le 7 juillet 06) en ordonnant la destruction des essais de maïs OGM au motif qu’ils sont « de nature à porter gravement atteinte aux intérêts des agriculteurs dont les exploitations et les ruches sont situées à proximité » .
Nous engageons fermement les parlementaires qui doivent prochainement se prononcer sur le sujet à tirer les conclusions les plus sages en décidant un moratoire sur toute culture OGM en milieu ouvert.
Tout comme nos homologues espagnols touchés par la contamination,  nous (Civam AgroBio 47,  Confédération Paysanne, Comité Vigilance OGM,  Syndicat des Apiculteurs, et  Réseau Semences Paysannes membres du collectif  Aquitaine Avenir sans OGM) confirmons  que la coexistence des cultures OGM avec les autres cultures est impossible.
Des cultures commerciales de maïs OGM Bt ont été implantées sans aucune transparence, dans le vide juridique le plus complet , sans information des autres agriculteurs et au mépris des craintes exprimées par de nombreux acteurs des filières agricoles et agro-alimentaires , alors qu’aucune demande du marché n’existe réellement.
L’Etat est responsable devant les citoyens du manque de protection des systèmes agricoles antérieurs et des préjudices matériels et moraux  qui en découleront et pour lesquels des recours indemnitaires ont été engagés  par plusieurs organisations de filières ou syndicales.
Nous disons NON :
- aux essais en milieu ouvert,
- à la coexistence non-OGM et OGM.
- A l’asphyxie des agricultures paysannes.
- A la standardisation des semences et aux droits de propriété intellectuelle sur le vivant.
- Au contrôle de la science par les intérêts économiques.

Nous disons OUI :
- à la biodiversité naturelle et cultivée.
- Au maintien d’une agriculture paysanne aux semences riches des savoir-faire paysans.
- A l’adoption d’un moratoire sur toute culture d’OGM en milieu ouvert permettant un véritable débat.
- A la recherche publique sur des objectifs partagés avec les paysans.
Remerciements :
Le collectif Aquitaine Avenir sans OGM remercie l’ensemble des personnes engagées dans cette expérience et plus particulièrement les paysans de Grézet-Cavagnan  qui ont choisi de garder l’anonymat et sans qui cette expérience n’aurait  pu être menée.
 
Collectif Aquitaine Avenir Sans OGM :
Accueil paysan 24 ; Aquitaine Alternatives ; Association du Causse de l’Isle : Comités Attac ; Bergerac Développement Durable ; Fédération Bio d’Aquitaine ; Bioservice ; Comité de vigilance OGM 47 ; Confédération Paysanne d’Aquitaine ; Collectif Aquitain des Faucheurs Volontaires ; Greenpeace ; Horizon Vert ; I.D.E.A.L ; L.C.R. ; PCF ; Les amis de la Terre des Landes et Dordogne ; fédération Sepanso ;  Parc Naturel Régional Périgord Limousin ; Périgord sans OGM ; PS ; PSE Parti des Socialistes Européens ; Les verts

Le CIVAM Bio 47, présidé par Claude Favre, a mis à disposition son animatrice Anne Grenier pour la constitution des dossiers concernant l’étude, le traitement des résultats et la fourniture de semences à travers le réseau Bio d’Aquitaine.
ANNEXES (envoyez-moi un mail, si vous les voulez)
1. Protocole expérimental Maïs
2. Protocole expérimental Ruchers
3. Commentaires sur les maïs OGM autorisés par la Communauté Européenne
4. Contaminations OGM en Espagne : un précédent en Europe
5. Les réserves de la Commission européenne concernant les organismes génétiquement modifiés (OGM)
6. Résultats des analyses
7. Localisation des essais : cartes
 

30/10/2006

JOURNEE SANS ACHAT, 25 novembre 2006

Manifeste pour la grève générale de la consommation
Vers la gratuité de l'usage et le renchérissement du mésusage

Conclusion de l'ouvrage de Paul Ariès qui vient de paraître No Conso : vers la grève générale de la consommation, aux Editions Golias, Lyon, octobre 2006, (17 euros quand même...).

La société de consommation est triste, injuste et impossible : non seulement 20 % des humains s’approprient 86 % des ressources planétaires mais cet « enfer climatisé » n’est pas généralisable puisqu’il dépasse la capacité même de régénération des écosystèmes. Nous devons donc en finir avec cette domination des uns sur les autres et de tous sur la planète pour vivre simplement en véritables humains. Ce choix est celui de la responsabilité mais aussi de l’utopie : il est le seul capable de redonner un sens à nos valeurs comme la liberté. Nous entendons opposer à la logique économique boulimique l’objectif de vivre avec « moins de biens mais plus de liens ». La construction d’un projet politique fondé sur « la gratuité de l’usage et le renchérissement du mésusage » permettrait de résoudre à la fois les questions environnementales et sociales par le retour au politique. Seule la perspective d’une « grève générale de la consommation » peut rendre la puissance aux petits face à cette infime minorité de puissants qui s’engraisse de notre mal-vie et de la destruction de toute chose. Qui peut encore croire en une grève générale du travail ?

L'idée d'une grève générale court tout au long du vingtième siècle. Les peuples ont longtemps espéré dans une grève générale du Travail. Il serait absurde de lui opposer ses échecs car le propre d’un mythe est de permettre d’agir mais aussi de supporter les inévitables défaites. La dureté de l’hyper-capitalisme et de ses nouveaux modes de management musèle les salariés et une fraction importante du peuple est interdite de grève, chômage ou extrême pauvreté obligent. Sans parler du décalage entre les revendications et nos rêves d'émancipation. Faut-il s’étonner que beaucoup songent alors à ce qui pourrait prendre la relève et devenir une grève de la consommation ?
Que serait une grève générale de la consommation ?
Cette grève serait conçue comme un véritable mouvement social avec ses revendications collectives opposées aux gouvernement et patronat. Ni continuation de la démarche de simplicité volontaire ni mouvement de boycott ciblé mais une façon de se refuser comme consommateur.
L’hyper-capitalisme n’a pas encore inventé les structures matérielles qui enchaînent le consommateur à la société de consommation. Comment ne pas distinguer à cet égard les deux types de domination ? Le producteur est plus enchaîné matériellement que mentalement. C’est la perspective de la fin du mois difficile (ou impossible) qui l’oblige à reprendre son travail, pas ce prétendu amour du labeur. C’est en revanche la fausse jouissance de la consommation qui interdit de cesser de consommer et nullement des obligations matérielles. Comment le capitalisme pourrait-il obliger à acheter au-delà de l’ordre du nécessaire, c’est à dire de ce qui n’est pas de la consommation ? Le temps joue, dans le cas de la grève du travail, contre le gréviste mais il joue en sa faveur dans l’éventualité d’une grève de la consommation.

Le pouvoir perdu par les producteurs qui se refusent à l’être (car tel est bien le sens profond de tout acte de grève générale du travail) peut donc être retrouvé chez les consommateurs qui se refusent à le rester.

La grève générale de la consommation serait incontestablement l’apothéose d’une stratégie conséquente de désobéissance civique. Déjà parce qu’elle transgresserait l’impératif absolu de consommer. Elle attaquerait donc le système dans ce qu’il a de plus vital et sacré. Ensuite parce qu’elle serait un mouvement social avec des revendications opposées à L’Etat et au patronat et se donnant pour but d’arracher une autre hiérarchie de normes juridiques fondée sur la satisfaction des vrais besoins humains, avec ce que cela suppose de préparation, de mobilisation, de théâtralisation et de négociation.

Les futurs ex-consommateurs doivent apprendre à utiliser cette arme.

En célébrant chaque mois de novembre « la journée sans achat ».

En organisant des mouvements ciblés autour de revendications simples, aisément compréhensibles, assez facilement victorieux.
En envisageant des grèves générales portant sur des objectifs plus difficiles à percevoir, mais fondamentaux pour sortir du capitalisme.
L’autre atout d’une grève générale de la consommation est qu’elle ne dissocie pas le but du chemin, puisque sortir de la sphère de la consommation est, à la fois, le début et le terme de cette révolution.

Seule cette perspective de grève générale de la consommation peut rendre aujourd'hui aux plus faibles le maximum de force collective. Tant que subsiste encore le compromis fordiste, le capitalisme a besoin de notre compromission quotidienne pour réaliser ses profits. N’est-ce pas cette même grève générale de la consommation qui permettra de tenir le plus longtemps possible face à un adversaire qui n’a nullement l’intention de satisfaire notre volonté de mieux vivre ? N’est-ce pas cette grève générale de la consommation qui permettrait de réaliser, au mieux, l’unité des plus petits et diviserait ceux qui vivent de la domination des uns sur les autres et de tous sur la planète.

Ne nous leurrons pas : le système ne restera pas sans réagir. Il fera son chantage sur l’emploi, il menacera de chômage technique ; les marchands casseront les prix et manipuleront les consommateurs. Notre chance est que le système productif est fort peu fluide et que produire pour l’exportation et les plus que riches prendra du temps. La grève générale de la consommation, comme tout mouvement social, est fondamentalement la création d'un rapport de force : elle sera, sans doute, d’abord vaincue. Ce sera de nouveau la ruée vers l’hyper-consommation. Il en restera une petite graine qui peu à peu germera. Une autre grève de la consommation succédera aux précédentes... On peut penser que nous apprendrons aussi beaucoup de ces défaites. Ces objections contre cette grève ne sont donc pas acceptables, car il n'est jamais légitime de se coucher faute d’avoir la certitude du succès.

Toute grève générale constitue en outre une opération de catharsis collective puisqu’elle dévoile les ressorts intimes du système. C’est pourquoi il est si difficile de reprendre le cours normal des choses après ce dévoilement dont les effets émancipateurs marquent une vie.

Oublions un instant ce qui n’est finalement, souvent, que prétexte : toute grève commence, nécessairement, par des revendications conventionnelles mais débouche très vite sur du non-négociable. Il suffit, pour cela, de laisser le temps nécessaire à la désaliénation. La grève de la consommation, comme toute grève, visera certes des conquêtes sociales mais elle regardera, en réalité, beaucoup plus loin. De la même façon que le salarié qui se met en grève pour revendiquer un meilleur salaire expérimente aussi une toute autre existence. C’est pourquoi il lui est toujours si douloureux de reprendre le travail. C’est pourquoi même avec une victoire on ne sait pas finir une grève. Gageons qu’il sera tout aussi difficile de redevenir de simples « forçats de la consommation » après avoir expérimenté une autre vie.

Cette grève générale de la consommation doit être un mouvement pour faire vaincre l’usage contre le mésusage, la gratuité contre la vénalité. Nous ferons grève pour arracher la gratuité des transports collectifs, pour obtenir la gratuité du logement social, pour obtenir des tarifications différentes selon les niveaux de consommation, pour donner à tous avec un revenu universel inconditionnel, équivalent au SMIC, les moyens économiques de vivre sa dignité d'humain, nous ferons grève pour que ceux qui saccagent la planète paient davantage, pour que les publicités soient cantonnées dans quelques espaces, pour qu'un revenu maximal d'activité permette de redistribuer les richesses, etc. Penser que cette grève signifierait cesser de s’alimenter ou de payer ses factures d’eau (encore que ce mouvement puisse être envisagé pour obtenir la gratuité d'usage de ce bien commun) c’est ne rien avoir compris à ce qu’est la consommation, c’est une objection de consommateur donc de ce type d'humain qui va avec le système. L’objectif n’est pas de mettre sa vie ou celle des autres en danger, notre société d’hyper-consommation fait cela très bien sans nous. L’objectif, au contraire, est d’apprendre à exister pleinement, à vivre en tant qu’usager maître de ses usages et non plus comme forçat du travail et forçat de la consommation esclave du marché capitaliste.

Cette grève générale de la consommation peut être le plus court chemin pour réveiller l’usager qui sommeille encore en chacun. Faisons confiance à l’intelligence collective pour redécouvrir au cours de ce mouvement durable des usages depuis longtemps oubliés. Que chacun réfléchisse, dès à présent, à sa consommation et tente déjà de consommer beaucoup moins, bref d'adopter un mode vie minimaliste. Méfions-nous cependant de ceux qui joueraient à « plus décroissant que moi tu meurs » et qui finiraient par transformer cette action citoyenne en geste religieux, en posture moralisatrice sinon policière. Faisons plutôt confiance en la sensibilité collective pour que le mouvement prenne de plus en plus de consistance et d’ampleur.

Cette grève générale passera par le boycott de certains produits ou réseaux vitaux pour le système hyper-capitaliste (pas seulement des biens économiques comme les produits financiers mais aussi idéologiques comme ses journaux télévisés ou sa presse aux ordres). Que serait une grève de la consommation si chacun achetait son nécessaire dans ces temples capitalistes que sont les hypermarchés ?
Faisons le pari que d’ici peu ce mot d’ordre de grève générale de la consommation deviendra populaire, qu’il accompagnera (ou chassera ?) le vieux mythe de la grève générale du travail... Nous en avons tellement besoin pour souder nos espoirs et nourrir nos combats.

La perspective d’une grève générale de la consommation oblige à prendre conscience que la vraie puissance n'est pas le pseudo pouvoir du consommateur, qui voterait avec son porte-monnaie, mais celui du citoyen qui se refuse en tant que consommateur, comme le gréviste se refuse comme producteur pour se vivre sur un mode politique.

Paul Ariès.

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Pour en savoir plus, pour organiser une action dans votre ville : http://www.casseursdepub.net/#greve_conso










 

13:44 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

chats clonés

USA : à propos de chats et de clones

Une entreprise qui fabrique des chats clonés arrête sa production. En dépit d'une baisse du prix unitaire du chat qui est passé de $ 50'000 à $ 32'000, la demande est trop faible. Entre-temps une autre entreprise offre des chats qui ne déclenchent pas d¹allergies: ils ne sont pas transgéniques. (AP, 11.10.06; Nature, 26.9.06)

Dimanche en famille

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28/10/2006

la prochaine aurore

Nul ne connait l'histoire de la prochaine aurore

Proverbe Ashanti, Ghana

Lieu du larcin : Maxi proverbes africains traduits et rassemblés par Mwamba Cabakulu (Ed. Marabout)

24/10/2006

Rencontre avec José Gualinga, Peuple Kichwa, 6 novembre à 19h30 à Paris

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« Nous, nous demandons si un peuple petit comme le notre peut changer le monde. Peut-être pas !
Mais nous sommes sûr que dans chaque cœur, il y a un peuple qui lutte avec la même force et si petit soit-il, nous sommes le symbole de la puissance de la vie. »
José Gualinga, Peuple Kichwa de Sarayaku Amazonie équatorienne.



Lundi 6 novembre 2006, José Gualinga sera exceptionnellement à Paris. Beaucoup nous ont fait part de leur souhait de mieux connaître le cas exemplaire de la lutte de ce peuple contre les compagnies pétrolières. C’est pourquoi nous organisons une rencontre au cours de laquelle il sera possible de dialoguer de façon privilégiée avec José.
Des résultats significatifs ont été obtenues sur le plan médiatique et juridique mais les menaces sont toujours bien pressentes. Il est donc essentiel de maintenir notre soutien aux 1200 indiens de Sarayaku.
L’objectif de cette rencontre est de réaliser avec José un point sur la situation actuelle et les projets en cours notamment sur le projet Frontière de vie. Chacun pourra sans doute à cette occasion trouver une façon de s’impliquer à leur coté. Votre simple présence sera déjà le signe positif d’une écoute. Une occasion unique de tisser un lien avec Sarayaku et de prendre part à leur cause.

Nous diffuserons en début de rencontre le documentaire « Soy el defensor de la selva » de Eriberto Gualinga. L’entrée est libre, nous vous demandons seulement de nous confirmer assez rapidement votre présence par mail sarayaku@parolesdenature.org . Nous vous communiquerons rapidement l’adresse exacte de la rencontre qui aura probablement lieu au centre de Paris. Si vous connaissez d’autres personnes intéressées vous pouvez bien sur les convier.

Le projet d’un peuple

La déforestation est une réalité quotidienne pour les dernières communautés indiennes d’Amazonie : elle représente la mort de leur milieu de vie et la fin de leur culture. Parmi les raisons de la déforestation figure en bonne place l’exploitation des ressources naturelles, en particulier la prospection et l’exploitation du pétrole.
Face à l’avancée des compagnies, une communauté indienne, celle de Sarayaku dans la province du Pastaza, a choisi de faire face. Depuis plusieurs années, elle refuse obstinément toute pénétration sur son territoire afin de préserver son héritage naturel et culturel.
Le projet de ce peuple a ainsi une portée universelle ; son ambition est la valorisation de ses traditions, de son mode de vie, de ses croyances, de sa culture...
Un de ses représentants, José Gualinga, est actuellement sous protection d’Amnesty International, après avoir été plusieurs fois en danger de mort lors des luttes avec les compagnies pétrolières. Il prendra la parole au nom de son peuple. Cet espace de parole sera aussi le votre ; vous aurez la possibilité de le questionner directement.

« Soy el defensor de la selva » de Eriberto GUALINGA

Eriberto est un des jeunes frères de José Gualinga. En 2003, 600 militaires et 400 ouvriers débarquent sans prévenir sur le territoire ancestral de Sarayaku, avec hélicoptères, chiens et explosifs, pour mener à bien des explorations sismiques. Les habitants de Sarayaku se soulèvent, revêtent les peintures corporelles de la lutte. Eriberto Gualinga saisit une caméra et filme les évènements de cette année folle. Il en naîtra « Soy Defensor de la Selva », un film étonnant, lyrique et vibrant d’émotion, un document rare. Il nous plonge au cœur de la forêt, collant à la peau d’un peuple amazonien contemporain. Les femmes d’Amazonie, en particulier, s’y révèlent d’une puissance bouleversante, se dressant sans arme face aux militaires, les invectivant et les subjuguant par le seul pouvoir du verbe. Eriberto Gualinga nous montre le tout dans un apparent désordre et réinvente le cinéma, tout seul, depuis le fond de la forêt…

Projet Frontière de Vie

Le projet « Frontière de Vie » a été élaboré par la communauté de Sarayaku sous l’inspiration de ses yachaks (chamanes). C’est un projet vaste et complexe, comprenant de nombreux aspects -dont certains n’ont pas encore été dévoilés- et qui s’étend sur une ou deux décennies. Sa fonction première est de maintenir le peuple Kichwa sur son territoire actuel tout en préservant leurs connaissances et traditions. La «Frontière de Vie» proprement dite est un projet qui consiste à créer sur le pourtour de leur territoire (300 kms de long) une immense frontière d’arbres à fleurs de couleurs. Cette frontière sera visible d’avion et se veut un symbole universel de paix, de protection de la Terre et des peuples autochtones.
Cette « frontière » se veut ainsi un symbole à valeur universelle, nous montrant sans équivoque que l’immense forêt amazonienne est habitée depuis toujours ; que ses habitants veulent la maintenir intacte et y préserver leurs modes de vie, qu’ils sont prêts à nous y accueillir et à créer avec nous une vaste solidarité planétaire à condition que nous les respections et acceptions de créer avec eux un rapport égalitaire.





Rencontre organisée par medium_image007.jpgParoles de Nature

Association loi 1901 dont l'objectif est d’aider les peuples indigènes du monde à protéger leur patrimoine culturel et naturel; ses actions s’inscrivent dans une volonté plus globale de contribuer à renouer des liens entre l’homme et la nature au sein de notre culture occidentale pour répondre aux interrogations environnementales de plus en plus aiguës et nous aider à retrouver un «bon sens» originel : le respect du vivant par la compréhension de nos origines.

L’idée fondatrice de Paroles de Nature est ainsi l’interdépendance des problématiques : la défense du patrimoine d’autres cultures participe, par sa valeur éducative, à une prise de conscience d’enjeux souvent oubliés en occident.


Paroles de Nature Association lo 1901 06 17 81 37 81- 01 43 74 17 03 sarayaku@parolesdenature.org
www.parolesdenature.org

23/10/2006

Août 1998 - Hollande, en direction de Hoorn.

Plate étendue aux accents gutturaux, pays pâle et sans saveur comme ses fromages.
Un minuscule chaton noir trottine au bord de l'autoroute. Je ne donne pas cher de son existence.
Voyages, voyages... Certains nous transforment d'une façon irréversible !
La buée des souvenirs s'estompe mais laisse un crochet planté dans mon cœur…
Un peu de moi est resté dans un hall d'aéroport au retour de Montréal, à regarder défiler des bagages… Un rêve a traversé ma vie sans prévenir, il m'a coupée en deux et s'en est allé sans se retourner. J'en garde une pincée de lumière salée au fond des yeux.
La douceur des illusions qui font vivre...
Le hasard nous harcèle sans cesse, jette des signes sous nos pieds pour nous faire trébucher. Un espace s’est creusé en moi, le chaos s’y est engouffré.
La route se déroule sans fin et me promène sur les contours de la réalité.
J'offre ma chair à la voracité de mes rêves ! Je livre mon corps aux danses intrépides, au tangage, au roulis d'une poésie malsaine.
II y a des flammes dans lesquelles il fait bon brûler !
Des mystères face auxquels il est souhaitable de renoncer…
A la raison.
 
 
C'est la nuit, la route du retour. Le bus roule en direction de la capitale.
Red Hot Chili Peppers sur les oreilles. Difficile d'écrire, difficile de décrire.
L’heure du bilan est proche et j’attends avec impatience le seau d’eau froide en pleine figure. Debout là dedans, il est temps de se réveiller, il fait sûrement jour quelque part !
Une page d'écriture s'est superposée à la mienne, une autre écriture, mais ne sont-elles pas toutes puisées au même océan ? Un texte de Fred.
Instant délicieux pendant lequel je me suis promenée sur le fil d'une autre imagination, fil fragile tendu par une araignée au plafond des poètes. Sulfureux.
Musique grecque à la radio, j’ai coupé les Red. Je suis suffisamment absente comme ça, pas besoin d’en rajouter avec un casque sur les oreilles.
Vogue l'autobus, sur la mer agitée… Triste sillage de doutes, tâches d’huile qui collent au cœur.
Écrire, chanter, voyager, éprouver, brûler, rire, aimer, goûter, danser, s'enlacer étroitement, corps à corps avec la vie…
La morsure du réveil, fraîcheur d'un désir neuf.
Un poème qui s'égoutte, auréole rouge qui s'agrandit sur les baisers engloutis.

MONGO BETI PARLE, Testament d’un esprit rebelle

Après AFRICAINS SI VOUS PARLIEZ, recueil de textes politiques et de combat de Mongo BETI,

les Editions Homnisphères vous invitent à découvrir



MONGO BETI PARLE,

Testament d’un esprit rebelle



Entretiens avec Ambroise KOM



Dans les milieux littéraires, intellectuels et politiques africains, Mongo Beti (1932-2001) est entré dans l'histoire tant son écriture et ses opinions ont suscité et suscitent encore débats et controverses. Reconnu dès 1954 comme l'un des écrivains de langue française les plus importants, il fut cependant censuré à la fois en France et dans de nombreux pays africains pour ses dénonciations de toutes les formes de colonisation, du néocolonialisme, des dictatures et de la Françafrique.

Polémiste redoutable, pamphlétaire infatigable, romancier renommé et travailleur acharné, il fut pendant plus de 30 ans un écrivain exilé. Par crainte légitime des pièges et persécutions dont il pouvait être l'objet, il avait instauré une distance entre lui et quiconque cherchait à l'approcher, ce qui n'a pas facilité le travail des chercheurs autour de son œuvre.

« Mongo Beti parle », recueil de discussions et d'entretiens avec Ambroise Kom, est le testament d'un intellectuel hors norme qui, par son engagement total en faveur de la liberté en Afrique en général et au Cameroun en particulier, a inspiré plusieurs générations de leaders. C'est aussi et surtout un ouvrage de réflexions d'un libre penseur, avec ses ambiguïtés, ses paradoxes mais également son attachement viscéral à l'Afrique, au Cameroun et à son coin de pays natal.



Ambroise KOM a enseigné les littératures africaines, africaines-américaines et caraïbes aux Etats-Unis, Canada, France, Allemagne, Maroc et Cameroun. Il est actuellement professeur de littératures et titulaire, au College of The Holy Cross à Worcester, aux États-Unis, de la « Eleanor Howard O'Leary Chair in French and Francophone Studies ». Il a dirigé plusieurs collectifs et publié des ouvrages sur Chester Himes, George Lamming et les enjeux culturels de la condition post-coloniale en Afrique.





Collection Latitudes Noires / Format 11 X 19 cm / 320 pages

ISBN : 2-915129-16-9

Prix : 18 euros


Des extraits de l’ouvrage sont en ligne sur www.homnispheres.com


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Editions Homnisphères

21 rue Mademoiselle 75015 Paris

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22/10/2006

LE SOURIRE DU JOKER

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Avant, avant, mais maintenant ? Ravagée, achetée, déchiquetée, avalée ?
Les mots sont vains mais il y a des vins exquis…
Nous nous jouons la ritournelle, nous sommes fiers sauf peut être quand l’amour nous dévore, mais ici il n’est point question d’amour. Juste de solitude peut-être…

Hasard ? Château de cartes qui s’écroule ? Non ! Château de cartes qui s’envole pour aller se reconstruire un peu plus loin. Toutes les cartes sont des jokers !

Voie cabossée, chemin des déjantés, mais chacun de nous rêve, chacun de nous rêve sa vie ! Cela fait mal de se prendre au sérieux et la plupart du temps c’est inutile. Apprendre, et apprendre à se taire aussi. Surtout !

Des mots, du vent, du vin…

Quelle cause ? Pas de cause !
Toutes les causes ! La poésie, merde !

Je souffre et je t’emmerde ? Non, je souffre et je t’aime quand même !
Je me fous de ce que tu crois être, de ce que tu racontes, je t’aime parce que c’est bon, parce que ça me libère de moi, qui que tu sois, prince des nuées ou dernier des imbéciles.

Mai 2000

QUAND MONTE LA SÈVE…

Je te trouve beau parce que je t’ai vêtu d’amour.
La nudité c’est dans ton cœur que je la lis, parce que c’est ainsi que je te désire…
Tu as beau être fou, nous ne le sommes jamais assez !

Tu as beau être flou, je ne me lasse pas de te regarder, ce que je crois voir m’exaspère et me bouleverse ! Un miroir dont le reflet m’échappe toujours...

Je ne crois pas plus au hasard qu'à l’amour quand on veut lui coller une étiquette.Qu'importe l’illusion pourvu qu'elle soit belle ! Il faut bien se nourrir et il n’y a pas que le ventre qui a faim…
Tu mets des ailes à mes rêves et tu n’y es pour rien. C’est comme ça que l’on se vole les uns les autres, c’est comme ça que l’on vit. Je viens peut être pour semer le désordre, mais encore une fois, je ne crois pas au hasard, tu devais avoir besoin de désordre...

Moi, j’avais besoin de te rencontrer.

Je ne le savais pas, comment aurais-je pu le savoir ? Je dormais d’un long hiver qui n’en pouvait plus de ne pas finir, mais voilà, il y a eu ce jour où je suis sortie de chez moi… Une erreur ? Peu importe ! Je t’ai rencontré, je sais que tu existes même si tu me dis que déjà tu n’es plus, que tu n’as jamais été et pourtant…

Mars 2000

ci-gisent nos enfants

La triste vérité de nos responsabilités dans leur kermesse macabre d’où jaillissent kyrielles de saloperies inavouables.
Ils osent dire à nos enfants les bienfaits de la colonisation !
(…)
Défaut d’égalité, déni des libertés, racisme fraternisé. Bienvenu l’ami, ci-gisent nos enfants.
Emilie Roman
Lieu du larcin : Soleils & Cendre n°79

Mai 1998 – Sur la route en Allemagne

Réveil en Allemagne, probablement aux environs de Francfort, direction Weimar, la ville de Goethe. Nous sommes déjà allés jouer là-bas, c’est une ville agréable. J’en ai gardé de bons souvenirs à cause du grand beau temps et du parc immense. Une sieste câline dans les hautes herbes.
Alors que le soleil tente de percer la torpeur matinale, je repense à ce que disait Marc hier, à propos de Buchenwald qui se trouve tout près de Weimar.
Je pense à ce pays salement imprégné, à sa mémoire à jamais souillée par le fer d’une folie sanguinaire et délirante. Aujourd’hui ce sont les forêts qui sont brûlées, par les pluies acides, les cours d'eaux asphyxiés par la pollution.
Rien ne m'attire ici, ni le pays, ni la culture, malgré Hermann Hesse !
Pourtant j'éprouve bien quelque chose pour ces villes de l'Est. Accrochés à leurs seins poussiéreux, des quartiers abandonnés, des maisons orphelines, des pans de murs écroulés et cette odeur de mort qui infiltre l’âme ; quelque chose de grave, de triste qui ne s'explique pas. Je pense à Gorlitz.



Au retour de Weimar. Fin de journée. Nous roulons vers Saint-Dié.
Le paysage serpente, devient vallon, s'érige en courbes boisées.
Des vagues de lumière intense affluent au ciel grisonnant.
Clochers roses et pointus, fusées de village !
Quelques vignes côtoient d’autres champs cultivés.
Les ruines d’un château dominent la vallée. Les pierres sont-elles vraiment muettes ?
Paysage balafré par les lignes à haute tension, mais qui s'embellit au fur et à mesure que nous avançons.
Le Val Saint-Dié, à trente kilomètres de la ville qui porte le même nom, Saint-Dié, où nous passerons la nuit chez la sœur de Marc. Demain, nous repartons pour Crosnes.
Petites tavernes, auberges coquettes, colombages fleuris, donnent envie de s’arrêter.
La vallée est de plus en plus étroite, la palette des verts s'intensifie.
Envie de ballades, de bouger, de sentir la vie circuler dans mon corps !


21/10/2006

URGENT : POLITIS EN DANGER

Politis risque de disparaître : placé en dépôt de bilan depuis le 8 août, notre hebdomadaire doit aujourd’hui faire face à une situation d’urgence pour assurer sa survie.

Après le retrait inattendu - la veille de l’audience- du seul repreneur pressenti, le personnel, grâce à l’association "Les Amis de Politis", a décidé de sauver son journal en devenant son propre patron : une souscription auprès des lecteurs est donc lancée afin de réunir la somme d’un million d’euros dans le mois qui vient.

Ce sont nos dons qui contribueront à sauver Politis, l’une des dernières voix indépendantes du paysage médiatique français.

Nos chèques seront déposés sur un compte bloqué et, en cas d’échec, leurs sommes nous seront remboursées jusqu’au dernier centime.

Un site de l’association "Pour Politis" est créé (www.pour-politis.org) afin de nous informer jour après jour de l’état de la situation et nous permettre de faire part de nos commentaires et réactions.

En outre, un espace est inséré dans le journal (qui continue à paraître normalement) pour rendre compte de l’avancée des recherches de financement.

Politis, notre hebdomadaire, celui de la gauche antilibérale, des altermondialistes, doit continuer à vivre !

Attention à tous ! Il y a extrême urgence. Hier, 18 octobre, 500.400 euros ont déjà été versés. Mais il en faut encore davantage puisque l’objectif est le million.

Envoyons nos dons AVANT LA FIN DE CE MOIS d’octobre à l’Association « Pour Politis » c/o Politis , 2 Impasse Delaunay, 75011 Paris.

Il reste 12 jours pour gagner. Tous ensemble, une nouvelle, fois, on peut y arriver.

Raoul Marc JENNAR

12:22 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

20/10/2006

Septembre 1997 - Direction Palerme

Nous longeons la Côte d’Azur, cette fois pour aller prendre le bateau à Gênes, destination Palerme, Sicile.
Je suis fatiguée, étrange fatigue qui m’ôte le sommeil. Levée avant 3 heures du matin, j’ai dormi peut-être une heure dans le bus vers 7 ou 8 heures…
Mes pensées s’emmêlent, bouillie indescriptible.
Retrouvailles avec mon homme sur la route, étranges comme d’habitude. Peut-être parce que j’essaie de donner un sens à ce qui n’en a pas, à savoir : l’amour…
Le bus est plongé dans la léthargie. Il y a de l’absurdité dans l’air, moi la première, je me sens absurde… Rideaux tirés sur le monde, pourtant dehors il fait très beau.

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Sicile
Après Palerme, sa splendeur déchue, ses ruines intactes depuis la guerre, ses quartiers populaires et bruyants, le plaisir de jouer dans ses rues pleines de vie et de chaleur, me voici assise sur une marche de pierre, adossée à une grille ancienne, pleine de rouille. C’est l’entrée d'un hangar à bateau, vieilles pierres, voûte, pénombre et fraîcheur. Sur ma gauche, accrochés à la falaise, les vestiges d’une tour de guet, des figuiers de Barbarie, des figuiers arbres et des arbustes dont je ne connais pas le nom croulant sous des fleurs mauve éclatant. Face à moi, la grande bleue ! Eau limpide, rochers ocres. Au pied de Scopello, petit hameau juché sur un promontoire dominant la mer, à l’entrée d’une vaste réserve naturelle.
A l'horizon se dressent des montagnes, aquarelles noyées de brume.

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Calme, sérénité, invitation à se laisser bercer par la douceur de vivre.
Provision d'images pour l'hiver.
Petit coin de paradis pour déposer les armes…
Et comme tout bon paradis a son serpent, je n’ai pas manqué de sursauter en croisant au bord de la route, le tentateur des lieux : diablement long et diablement noir !

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Un autre maître des lieux

medium_9_Scopello_mini.3.jpgScopello
Déjà, il nous faut partir et c'est bien dommage…
Deux jours riches de baignades, galets précieux plein les poches !
Comme il serait bon de rester ici à jouer les sirènes, dormir, rêvasser, compter les geckos sur les murs, savourer les pâtes au pistou, les olives délicieuses, le poisson, les figues, toute la cuisine du soleil !
Méditerranée... Je n'oublie pas la mer qui m'a vu naître.
Il y a des lieux, des façades blanches, des murs épais, des odeurs de marée, de friture, des courants d'air à l’heure de la sieste qui me parlent de ma grand-mère paternelle. J'aime retrouver de quoi je suis faite ! Panser un peu les coupures…
C'est elle qui sourit dans les yeux de ces vieilles femmes du sud, Espagnoles mais aussi Italiennes, Siciliennes, Portugaises... Ces aïeules vêtues de noir, aux rides profondes, assises devant leur pas de porte, graves et généreuses. Même si la vie les a courbées, le feu qui couve dans leur regard ne faiblit jamais. Mères éternelles.


Sur la route de nouveau
Paysages secs, les vignes grignotent le flanc des montagnes.
Petites maisons aux murs blancs de chaux, toitures plates, grandes masures en pierre, à demi délabrées. Pins parasols, oliviers, joncs, figuiers, partout la caillasse. Lauriers roses en fleur, taches de couleur ivres de soleil.
Des cabanons en vieilles planches s'écroulent au flanc des ravins.
Les montagnes sont coiffées de gros nuages, galop silencieux des ombres.
Nous fonçons vers Palerme. La route surplombe des gorges étroites, minuscules écrins de verdure. Des enclos de pierre sèche avec des taureaux fiers et efflanqués, leur robe noire luisante. Elle passe maintenant au pied de falaises grèges et ocres où s'accrochent trois buissons rachitiques. Des pans entiers se sont effondrés n'ayant rien pour les retenir.
A droite ce paysage désolé, à gauche la mer, ses flots chatoyants.
Au bas des escarpements nus, quelques maisons aux jardins extraordinaires, fleurs vives, cactus gigantissimes, splendides palmiers et toujours les figuiers de Barbarie, chargés de fruits à la chair farineuse mais pas si mauvaise si l'on oublie les pépins.
Comme cela va sembler étrange, le retour en France et à l'automne, aux jours humides et maussades, au vent triste balayant les dernières feuilles et puis partir en Pologne où l'automne doit être plus lugubre encore…
Profiter du ciel bleu d'Italie avant de sombrer dans une flaque de pluie sale…
Mon cœur appartient au sud, définitivement !
Petit camion rouge et sa remorque débordant de raisins blancs.
Septembre, saison des vendanges… Moi je grappille des images au temps qui passe et j'en fais du vin d'amour pour les soifs inextinguibles.
Amour cannibale qui dévore tout, même la colère.
Toujours moribond, toujours renaissant. Amour puissant si fragile pourtant...

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Après le bateau entre Palerme et Naples, nous roulons maintenant vers Foligno, en pleine chaleur.
Paysage montagneux, petits villages agrippés ci et là, quelques églises au clocher plat.
Le ciel de cobalt dilué, effiloche ses nuages ventrus sur le sommet crépu des montagnes. Des cyprès sombres, quelques peupliers aux troncs noueux abritent une petite boutique à souvenirs, étalage de poteries aux couleurs éclatantes.
Des trattorias longent la route, vieilles bâtisses, promesses de fraîcheur et de cuisine au parfum d'olive. Les champs de maïs s’étendent, brûlés par le soleil. La mer me manque déjà.


THE FUTURE OF FOOD

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 Deborah Koons Garcia / 2005



Future of food est une enquête choc réalisée, après trois ans de travail, par Deborah Koons Garcia. Au départ, la réalisatrice avait conçu un film sur l’utilisation de pesticides dans l’agriculture américaine. Ses recherches l’ont conduite à des questions plus angoissantes ayant trait aux OGMs (organismes génétiquement modifiés), leurs effets inconnus et potentiellement catastrophiques sur la santé humaine et sur l’environnement. Le documentaire soulève également les questions éthiques que posent les brevets génétiques, le contrôle de l’alimentation par des sociétés comme Monsanto, multinationale de biotechnologie agricole, porte drapeau du génie génétique.
Future of food est le premier film d’importance sur l’histoire et la technologie du génie génétique. Il traite des conséquences multiples causées par des semences génétiquement modifiées sur l’environnement, et du danger pour les consommateurs.

Le documentaire raconte l’histoire personnelle de Percy Schmeiser, agriculteur dans la province du Saskatchewan, au Canada, poursuivi par le géant de l’agroalimentaire Monsanto, parce qu’avaient été retrouvés dans ses champs des plants de colza résistant au Round-up. Percy cultivait ses terres depuis 50 ans quand une lettre de menace lui a été adressée par la multinationale : celle-ci exigeait le paiement de graines qu’il n’avait jamais semées. Le film montre le harcèlement dont Percy et sa femme Louise ont été victimes. Nous rendons aussi visite à des fermiers d’Oaxaca au Mexique, qui ont découvert que leur maïs local avait été envahi par du maïs transgénique alors même que sa culture est interdite chez eux. Au récit des agriculteurs viennent s’ajouter des entretiens avec des défenseurs de l’environnement, des universitaires, et des spécialistes reconnus des questions alimentaires.

Deborah Koons Garcia dispose brillamment toutes les pièces du puzzle et nous montre ainsi avec quelle rapidité notre système alimentaire se transforme. Brevetage du vivant, faillite des instances de régulation et de chercheurs dépendants financièrement de l’industrie agro-alimentaire, va et vient dérangeant entre le gouvernement américain et les conseils d’administration des grandes firmes d’agro-chimie, le film dresse un portrait inquiétant de l’agriculture en Amérique du Nord.

Deborah Koons Garcia a également réalisé All About Babies, Poco Loco et Grateful Dawg, un documentaire sur son mari, Jerry garcia, des Grateful Dead, aujourd’hui disparu.

LES ENAWENE NAWE, écrivez pour les soutenir

Les Enawene Nawe sont un petit groupe d’Indiens d’Amazonie qui vivent de pêche et de cueillette dans l’Etat du Mato Grosso au Brésil.

Comment vivent-ils ?
Les Enawene Nawe, contactés pour la première fois en 1974, vivent dans un relatif isolement. Ils représentent aujourd'hui une population d'environ 420 personnes vivant dans des malocas, de grandes maisons communautaires.

Les Enawene Nawe sont réputés pour leurs techniques halieutiques. Durant la saison de la pêche, les hommes disposent des barrages aux mailles finement tressées sur les rivières. Ils passent plusieurs mois dans la forêt et capturent de grandes quantités de poissons qu'ils boucanent pour ensuite les transporter en canoë dans leur village. Les Enawene Nawe cultivent du manioc et du maïs et pratiquent la cueillette. La récolte du miel est célébrée lors du keteoko, la fête du miel : les hommes qui ont recueilli de grandes quantités de miel sauvage dans la forêt le cachent sur le chemin du retour au village ; ils ne le dévoileront qu'au moment où les femmes commenceront à danser. Contrairement aux autres peuples d'Amazonie, ils ne mangent pas de viande rouge.


A quels problèmes sont-ils confrontés ?
Depuis plusieurs décennies, les Enawene Nawe sont confrontés à l'invasion de leurs terres par les exploitants de caoutchouc, les chercheurs de diamants, les éleveurs et, plus récemment, les planteurs de soja. En 1997, le plus grand producteur de soja au Brésil, la compagnie Maggi, a construit illégalement une route sur leur territoire. La route fut finalement fermée sur décision d'un procureur fédéral. Bien que leur territoire ait été reconnu et ratifié par le gouvernement en 1996, une zone importante, celle du rio Preto, fut exclue du projet.

Cette région est extrêmement importante pour les Enawene Nawe, aux niveaux économique et spirituel - c'est là qu'ils construisent leurs barrages et leurs installations de pêche, et c'est le lieu où résident les esprits. Les Enawene Nawe demandent qu'elle soit inclue de toute urgence dans leur territoire pour la protéger de l'invasion des exploitants forestiers et des planteurs de soja qui détruisent la forêt à vive allure et polluent sols et rivières.

La campagne de Survival L'organisation fait pression sur le gouvernement brésilien pour qu'il reconnaisse de toute urgence la région du rio Preto comme partie intégrante du territoire enawene nawe. Survival soutient un projet de protection territoriale mené par les Enawene Nawe et l'OPAN, une organisation non gouvernementale brésilienne.


QUE POUVEZ-VOUS FAIRE ?

Écrivez une lettre brève et courtoise (en français ou en portugais) en vous inspirant du modèle ci-après ou écrivez librement. Il est préférable d'envoyer votre lettre par la poste, qui est sans aucun doute le moyen le plus efficace. Vous pouvez également l'envoyer par fax, mais les numéros sont souvent changés ou les fax déconnectés. Les adresses électroniques ne sont proposées que dans les cas où les emails ont des chances d'être lus.

Je suis très préoccupé par la situation des Enawene Nawe de l'Etat du Mato Grosso confrontés à la déforestation massive de leur territoire ancestral. La pollution et l'empoisonnement des eaux de la région du Rio Preto due aux pesticides utilisés pour le défrichage menacent gravement ces Indiens dont la survie dépend étroitement des ressources naturelles. Je vous prie instamment de charger la Funai d'envoyer une équipe technique sur place afin de procéder à la délimitation et à la démarcation de leur territoire avant qu'il ne soit trop tard.

Envoyez vos lettres à :

Dr Márcio Thomáz Bastos
Ministro da Justiça
Ministério da Justiça
Esplanada dos Ministérios, Bloco T
70064-900 Brasília DF
Brésil
Fax : + 55 61 224 2448/ 322 6817 /224 0954
Email : gabinetemj@mj.gov.br

Et si possible une copie à :

Dr Mércio Pereira Gomes
Presidente
FUNAI
SEP Quadra 702 Sul
Edificio Lex, Bl A, 3º andar
70390-025 Brasília DF
Brésil
Fax : + 55 61 226 8782
Email : mercio.gomes@funai.gov.br

L'affranchissement nécessaire pour le Brésil est de 0,85 € jusqu'à 20gr et 1,70 € jusqu'à 50gr.

J'ai lu La douce récolte des larmes d'Edwige Danticat

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 (Grasset 1999)

Amabelle a huit ans quand ses parents se noient devant elle. Recueillie sur la rive du fleuve par une famille espagnole, elle devient la servante de l'épouse d'un colonel de l'armée. Elle aime Sébastien, un coupeur de canne à sucre. Elle l'aime, malgré malgré les cicatrices sur son visage et ses mains calleuses. Elle veut devenir sa femme. Tous les deux sont Haïtiens, utiles pour les Dominicains, mais pas vraiment bienvenus. Des rumeurs courent : dans certaines villes, les Haïtiens sont persécutés voire tués. Ils décident donc, avec des amis, de retourner en Haïti, mais c'est l'horreur qui les attend. Comme des milliers d'autres, Amabelle survit à ce bain de sang, mais elle est épuisée, disloquée, lorsqu'elle parvient sur l'autre rive du fleuve. Un ami de Sébastien l'emmène dans sa famille : ils ne parviendront pas à s'aimer, le souvenir de Sébastien qui a disparu lors du massacre est bien trop fort. 

Ce roman se déroule en 1937, sur l'île des Caraïbes divisée entre Saint-Domingue d'une part, Haïti d'autre part. La partie orientale de l'île, qui porte le nom de République dominicaine, fut occupée par l'armée nord-américaine entre 1916 et 1924, armée qui laissa le pouvoir aux militaires dominicains, dont l'un des chefs, le général Trujillo, exerça une dictature féroce à partir de 1930.

Lorsque le roman commence, Trujillo vient de décréter que les immigrés haïtiens, travaillant dans les champs de canne à sucre de Saint-Domingue, sont trop nombreux. Ils menacent selon lui de dévoyer la culture espagnole des Dominicains puisque Haïti (occupée elle aussi par l'armée américaine entre 1915 et 1934) n'est qu'une île méprisable, déclare-t-il, seulement peuplée d'anciens esclaves noirs, ne parlant pas espagnol mais seulement créole. Trujillo excite alors la haine raciale contre ceux qui sont désormais désignés comme des étrangers à renvoyer chez eux, même s'ils vivent à Saint-Domingue depuis plusieurs générations. Il lâche ses escadrons de soudards pour ratisser les villages.

Qu'ils soient domestiques depuis de nombreuses années au service de grandes familles dominicaines, simples ouvriers agricoles vivant comme des bagnards sur les grandes exploitations de canne à sucre, prêtres, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, malades ou bien portants, les Haïtiens sont chargés de force dans des camions, entassés dans des prisons sommaires sous prétexte d'attendre qu'on les ramène à la frontière haïtienne. La plupart n'y parvinrent jamais, exécutés au cours du voyage, battus à mort dans les prisons, livrés au lynchage de la foule. Environ 20 000 Haïtiens, vivant et travaillant du côté dominicain de l'île, furent ainsi massacrés.


CE QUE J'EN PENSE :

La douceur, la lenteur de cette écriture sans heurts, m'a d'abord un peu déroutée. Une berceuse presque... mais si on se laisse bercer, c'est pour découvrir assez rapidement que la berceuse est empoisonnée. Faut dire que j'avais un léger à priori dû au titre, la traduction française ne rendant pas la force du titre original, The farming of bones (que l'on peut traduire grossièrement par "L'agriculture des os"), mais j'avais envie de lire Edwige Danticat depuis que j'avais découvert des extraits sur le net de We Are Ugly, But We Are Here. 
Son écriture ici, est comme de l'eau, qui coule, quoiqu'il arrive, comme le fleuve que l'on retrouve omniprésent dans le roman, presque comme un personnage à part entière. Fleuve qui tue, fleuve qui sauve, fleuve qui sépare, fleuve qui accueille. Et puis fleuve du temps que l'on n'arrête pas où les morts continuent pourtant de cotoyer les vivants.
Une écriture qui jamais ne déborde dans l'excès, pas de fièvre, mais des faits racontés à la première personne, avec un sens du détail presque chirurgical et cependant d'une très grande sensibilité. Une écriture douce et linéaire qui, au fur et à mesure que l'histoire bascule, n'en rend les faits que plus violents, brutaux, atrocement absurdes.
Un livre extrêmement digne, pudique et dont les divers goûts qu'il laisse en bouche demeurent longtemps après lecture.
Un livre auquel on continue à penser une fois refermé, un livre qui hante...

CG
 
 

 
 
Extrait : " Je suis dans mon lit et j'écoute la musique dans les arbres, les cosses des flamboyants qui s'entrechoquent et les oiseaux-mouches qui poussent des cris d'effroi. Ils connaissent le bruit des cosses des flamboyants en mouvement, mais c'est un bruit qui change sans cesse, assourdi ou aigu selon la force du vent.
Je ferme la porte et laisse dehors la douce brise nocturne qui atteint à peine mon corps dénudé, nu parce que Sébastien m'a fait croire que c'est comme une prière que d'être couché seul, sans vêtements, comme à la naissance, mais surtout parce que j'espère sentir la sueur se rassembler entre le sol de ciment et le creux de mon dos, de façon que, quand je me lèverai, il y ait un flot de transpiration qui roule sur mes fesses, devant, derrière et entre mes cuisses, le long de mes genoux, mes mollets, mes chevilles et ms doigts de pied, et qu'il n'y ait plus en moi une seule goutte de liquide pour pleurer."

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Edwidge Danticat est née à Port-au-Prince (Haïti) le 19 janvier 1969. Quand elle a deux ans, son père émigre à New York ; deux ans après, sa femme le rejoint. Danticat et un frère restent en Haïti chez un oncle et sa femme. À 12 ans, elle rejoint ses parents et s’installe dans une nouvelle langue et un nouveau pays. Aux Etats-Unis, elle découvre New-York et la communauté haïtienne de la diaspora. C¹est de cette rupture qu'Edwige Danticat tirera l'essentiel des thèmes abordés dans ses romans ; la relation entre la migration et la préservation d'une identité, le rôle des femmes dans la transmission des cultures d'origine, les questions liées à l¹apprentissage de la langue du pays d'accueil, etc. Dans la majeure partie de ses romans, les personnages sont des femmes qui se réapproprient leur histoire individuelle, leur personnalité, leur corps et leur sexualité. Cependant, même si l'auteur insiste sur le rôle des femmes dans les sociétés humaines en générale et haïtiennes en particulier, dans ses romans, les relations entre hommes et femmes ne sont pas conflictuelles. Les femmes qu¹elle raconte sont " souples et fortes comme des fleurs ". Une fois ses études secondaires terminées, Edwige Danticat entreprend des études de littérature française à Brown University. Elle obtient un Master of Fine Arts Degree et sa thèse de fin d¹études Breath, Eyes, Memory est déjà un véritable succès littéraire. Elle lui vaut l¹honneur d¹une publication en 1994 et constitue son premier roman traduit en français sous le titre, Le Cri de l¹oiseau rouge. Le réalisateur américain, Jonathan Demme a acheté les droits pour une adaptation cinématographique. Plusieurs romans suivront cette première publication dont La récolte douce des larmes qui obtient le prix Carbet de la Caraïbes en 1999. En parallèle de ses activités littéraires, Edwige Danticat a travaillé avec des réalisateurs tels que Jonathan Demme (Le silence des Agneaux, Philadelphia, La vérité sur Charlie, etc) ; notamment sur Beloved (adaptation cinématographique du roman de Toni Morisson) et Jean Dominique, the Agronomist, documentaire très remarqué dont la bande originale est signée Wyclef Jean, également haïtien immigré à New-York. Edwidge Danticat poursuit sa carrière d’écrivaine en se consacrant également à l’enseignement ("creative writing") – e.g., à New York University et à l’Université de Miami – et à de nombreux projets sur l’art et la culture haïtienne, comme l’indiquent ses collaborations avec les cinéastes Patricia Benoit et Jonathan Demme, et son engagement auprès de la National Coalition for Haitian Rights.

Oeuvres principales :

Romans / Novels:
Breath, Eyes, Memory. New York: Soho Press, 1994; New York: Vintage Books, 1995.
The Farming of Bones. New York: Soho Press, 1998; Penguin, 1999.
The Dew Breaker. New York: Knopf, 2004.

Récit:
After the Dance: a Walk through Carnival in Jacmel, Haiti. New York: Crown, 2002.

Nouvelles:
Krik? Krak! (recueil de nouvelles) New York: Soho Press, 1995; New York: Vintage Books, 1996.
"A Rain of Daffodils." Seventeen 53.4 (1 April 1994): 152- ; Literary Cavalcade 52.6 (March 2000): 4-9.
See also below – liens d’« île en île » – voir ci-dessous.

Anthologies:
The Butterfly’s Way: Voices from the Haitian Dyaspora in the United States. Edited with an introduction by Edwidge Danticat. New York: Soho Press, 2001.
The Beacon Best of 2000: Great Writing by Women and Men of All Colors and Cultures. Edited by Edwidge Danticat. Boston: Beacon Press, 2000.
Littérature pour la jeunesse:
Behind the Mountains: the Diary of Celiane Espérance. New York: Orchard Books, 2002.
Anacaona, Golden Flower. New York: Scholastic, 2005 (à paraître).

Distinctions littéraires:
1994 Fiction Award, The Caribbean Writer.
1995 National Book Award finalist, for Krik? Krak!
1995 Pushcart Short Story Prize.
1996 Best Young American Novelists Award, for Breath, Eyes, Memory by Granta.
1999 American Book Award, for The Farming of Bones.
1999 Prix Carbet de la Caraïbe, pour La récolte douce des larmes (The Farming of Bones).

Enregistrements / Recordings:
The Farming of Bones. Read by Rebecca Nicholas. Books on Tape, Inc., 1999. 

CLASH

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mon amertume
suce vertige au néant
jette des soleils à la benne
crache poussière à la nuit
se dissout
et se mêle à la lie
dans le pâle ordurier
de mon cœur

vieux linges tachés
des oiseaux pliés jetés
sur les machines
accélèrent l’arythmie
densifient l’encre
coulée dans le corps

le corps
qui s'étale
comme flaque
de plomb de chair
quelques larmes

19/10/2006

festival des mots

je nourris moi aussi
le frauduleux festival des mots
Benoît-Léon Rebichet
Lieu du larcin : Soleils et cendre n°79

Tracts

collés au torride

arrachés au trop des slogans

désarticulés

nous irons enfin

mais nulle part

A vouloir accrocher la sororité

à des points de suspension,

la fraternité n'a pas d'avenir

(affiché sur le ventre de mon frigo)

 

A 17h15 très précises,

l'AG distribuera les revendications

pour la lutte des claques.

Soyez absents !

(affiché au flanc gauche - à l'opposé du beurre donc - de mon frigo)

  

Evidons nos songes

ils ont trop souvent

bu nos entrailles

et recraché le silence

Eveillons nos rages

Elles sonnent l'heure

(affiché face à moi)

  

Lieu du larcin : Soleils en cendres n°76 "Tract " (les tracts ont été produits au cours d'ateliers d'écriture et de travaux du comité de rédaction)