Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/09/2006

ANIMA(L)

je suis un animal
qui s’est trompé d’enveloppe
une bonne bête sauvage
roulure d’humus de vent
d’épines et de lune
 
un animal
qui ne souffre l’humain
que contre tout contre
lové roulé entremêlé 
 
un animal
qui tient entre ses pattes
une tête pensante
qui lui cause
grave tourment
 
des blessures empuanties
dites existentielles
 
animal
est le cœur
seule la raison
est froide
 
je suis un animal à deux griffes
de s’en retourner
sauvage
 
folle dira t-on mais que m’importe le dit
 
je suis juste un animal.
 

28/09/2006

DANS LA CAGE DU TEMPS

petit hameçon qui se tord
au cœur
ou à sa périphérie

et si …
n’appelait ne réapparaissait plus
et si devait me rester
seulement ce goût
d’addiction sans déclin
en bouche

c’est bon déchirant
d’attendre sans attendre
ouverture no limite
doit accepter
le vacant

que rien ne comble
ce vide
en moi
sexe
corps
bouche
à peine rêvés
disparus

ma peau t’appelle
ma bouche tremble
de toi

cette envie de me perdre

un mirage
me traverse
me remplit
un mirage
trop chaud encore

j’enrage
consume
ma soif

te rêve
te dessine
avec des mains
insatiables

mes mains
cependant
n’ignorent rien des courants
et je n’attend rien

sinon ce qui ne s’attend pas
seulement
ce qui survient
emporte
bouleverse

nos mains

rien que des oiseaux
dans la cage
du temps

L'AFFAIRE PURIN

Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie

Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes

Ministère de l’Agriculture et de la Pêche

Paris, le 19 septembre 2006

COMMUNIQUE DE PRESSE

Précisions du Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie et du Ministère de l’agriculture sur l’évaluation des produits traditionnels de protection des plantes.

La Loi d’orientation agricole (art 70) sépare l’évaluation des risques liés aux intrants pour le végétal, qu’elle confie désormais à l’AFSSA*, de la décision d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de ces intrants, que conserve le ministre chargé de l’agriculture.

L’article 70 prévoit notamment que, s’agissant des produits phytopharmaceutiques contenant une ou plusieurs substances actives destinées au traitement des plantes, « toute publicité commerciale et toute recommandation (…) ne peuvent porter que sur des produits bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché ».

La mise sur le marché suppose une transaction (onéreuse ou gratuite) entre deux parties.

Les préparations effectuées par un particulier pour une utilisation personnelle, telles que le purin d’ortie, ne rentrent donc pas dans le cadre d’une mise sur le marché. En conséquence, la promotion auprès des particuliers de procédés naturels ou le fait de donner la recette de telles préparations ne sont pas interdites. Les produits naturels traditionnels, élaborés à la ferme ou au jardin, peuvent donc continuer à l’être sans obligation d’autorisation préalable.

En revanche, les agriculteurs et les jardiniers ne sont pas autorisés à commercialiser, ou à distribuer même gratuitement ces produits, car dans ce cas une autorisation préalable est requise, à l’instar de ce qui existe en matière d’évaluation des médicaments vétérinaires ou humains. Cette procédure garantit que les produits phytopharmaceutiques mis sur le marché sont sans danger pour l’utilisateur, le consommateur et l’environnement, et efficaces dans la lutte contre les maladies contagieuses des plantes. Certains produits naturels (ciguë, belladone, nicotine…) sont en effet dangereux pour l’utilisateur et/ou le consommateur. Le Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie et le Ministère de l’agriculture et de la pêche sont conscients de la nécessité de trouver des solutions permettant d’homologuer les produits traditionnels de protection des plantes. Ils ont initié il y a environ 18 mois en liaison avec la Commission européenne un groupe de travail au niveau communautaire pour traiter cette question.

S’agissant de l’inspection chez un paysagiste élagueur dans le département de l’Ain, cette procédure rentre dans le cadre des missions habituelles menées par les Services régionaux de la protection des végétaux et des Directions régionales de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. L’inspection visait à déterminer la nature exacte des activités de l’entrepreneur.

Contacts presse :

Sophie Geng, conseillère presse communication – Cabinet de Dominique Bussereau : 01 49 55 59 74 / 60 31

Gérard Péruilhé Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes : 01.44.97.23.91

Hélène Brial, Service de presse du Ministère : 01 49 55 60 11

Patrick Tallon, chef de la mission communication, Direction générale de l’alimentation : 01 49 55 58 39

* Agence française de sécurité sanitaire des aliments. 

 

Communiqué de presse des Amis de l’Ortie du 21 septembre 2006

Réponse au ministère de l’Agriculture

Par un communiqué de presse daté du 19 septembre, le ministère de l’Agriculture prend la peine de préciser certains points de la loi d’orientation agricole du 05 janvier 2006. Ce faisant, il apporte quelques réponses quant à la liberté de travailler son jardin comme on l’entend…

Quoique ?

L’ambiguïté demeure ; ainsi, lorsqu’il dit :

« En revanche, les agriculteurs et les jardiniers ne sont pas autorisés à commercialiser, ou à distribuer même gratuitement ces produits », il n’échappe à personne qu’un jardinier, même amateur, ou un agriculteur ne peut pas distribuer même généreusement un produit naturel. De plus, ce communiqué confirme la mise hors la loi des phytostimulants, et l’amalgame fait avec les phytopharmaceutiques de synthèse. Or il faut savoir que l’association des Amis de l’ortie a participé à un groupe de travail sur les phytostimulants, initié par ce même ministère en 2002, afin d’étudier les conditions de mise en marché de ces produits, adaptées à leurs spécificités. Ce dossier à donné lieu à un très intéressant rapport (séminaire de Draveil, 20 et 21 novembre 2003, disponible sur www.terran.fr), sans doute enterré depuis belle lurette. Nous demandons au Ministre de rouvrir ce dossier au plus vite.

Le ministère se dit conscient de la nécessité de trouver des solutions, et aurait initié une démarche européenne en ce sens. Mais alors, pourquoi priver, par une loi controversée, l’agriculteur ou le jardinier d’outils de productions ?

Les fonctionnaires qui ont écrit cette loi n’étaient-ils pas au courant des démarches et attentes du ministère ? Sont-ils au courant du cahier des charges de l’agriculture biologique, qui interdit l’usage des produits de synthèse ?

Le même communiqué précise que : « Cette procédure (d’homologation) garantit que les produits phytopharmaceutiquesmis sur le marché sont sans danger pour l’utilisateur, le consommateur et l’environnement » ; chacun sait que cela est faux, eaux souterraines et aliments étant largement pollués par les produits de synthèse mis sur le marché sous couvert de cette même homologation !

Pour ce qui est de l’interdiction de faire des recommandations de produits mis sur le marché sans AMM, le ministère persiste et signe… Outre l’ambiguïté de la phrase, (« toutes publicités commerciales et toute recommandation ») qui empêche toute (in)formation sur des produits non homologués (les extraits de plantes !), rappelons que l’art. L 253-1, englobe désormais les « adjuvants », parmi ces mêmes phytopharmaceuthiques ; or parmi eux figurent, certes les extraits de plantes, mais aussi l’eau déminéralisée, le lait de vache ou l’argile en poudre… Ces trois derniers adjuvants des traitements phytosanitaires régulièrement utilisés, doivent donc désormais subir une homologation en bonne et due forme. Le ridicule ne tue pas, dit-on dans nos campagnes !

Quant aux produits naturels cités par le communiqué de presse : ciguë, belladone, nicotine, il faut rappeler au citoyen que les deux premières ne sont plus utilisées depuis le XVIIe siècle, la troisième depuis quelques décennies !

Et si le ministère veut nous rappeler que dans la nature, il existe de dangereux poisons dont il faut se méfier, c’est tout à son honneur… Mais quelque peu hors sujet ! En poussant le raisonnement au bout de sa logique, notre Ministre devrait interdire la culture de la tomate et de la pomme de terre, deux Solanacées éminemment toxiques, responsables de milliers d’accidents, du temps où nos aïeux consommaient les parties vertes de ces plantes…

Ces mises au point faites, l’association des Amis de l’Ortie, les utilisateurs et les consommateurs se demandent si le développement de solutions agricoles naturelles, peu coûteuses ou gratuites, intéresse le ministère de l’Agriculture et s’il ne déplaît pas à ceux qui vantent (et vendent) les phytopharmaceutiques chimiques polluants ?

En conséquence, nous demandons au ministre de l’Agriculture de retirer cet article de loi, et de s’engager au plus vite sur un calendrier de solutions concrètes, qui permettront aux producteurs professionnels et amateurs qui n’ont pas le loisir de fabriquer eux-mêmes les produits naturels, de les acquérir légalement. L’association demande à chaque citoyen concerné par ce texte de loi et la polémique qu’il engendre, de rester plus que jamais mobilisé.

Pour l’association des Amis de l’Ortie, son porte parole Bernard Bertrand.  

Contact Bernard Bertrand : bernard@terran.fr ou 06 33 11 02 08 http://www.terran.fr/htm/accueil.htm

Dominique Jeannot, président des Amis de l’Ortie : 06 10 04 05 24    

23:15 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

27/09/2006

SEXE DE PAN

deux étoiles ont filé
dans la nuit belle
douces fièvres herbacées
ou peut-être mélodie
d’un prélude à la folie

trouvé à mes pieds
chez un ami

un ami ?

un phallus
de bois noir
dans son étui d’écorce

moi
jetée au ciel
en attente toujours
de jaillissement
ce qui n’empêche…

j’aime à fleurir
clandestinement

m’ouvrir à des nuits étoilées de plaisir
éclater sous la brûlure d’un soleil mâle

perles d’ombres
sous les paupières
dans mon creuset
mélanges ardents

je pense à toi virtuose
de ma sensualité insensée

ces façons intimes
d’allumer le feu
réchauffer la vie
nous appartiennent

ma bouche gorgée
de ta bouche
de ton oiseau sexe
palpitant
phare de fièvre
de nos cabotages
nocturnes

tu es parfum d’humanité
un mâle de mon espèce
et tu tiens entre doigts et langue
des bouquets d’étoiles
à jouir

je grésille
ne suis que source
épanchée
et mon cœur anémone
se déborde
à tous vents

ne sent pas le danger
seulement l’ivresse de la chute
sans aucune autre limite

que nos faiblesses
humaines.

GALIMAFRÉE

excentricités du ver
pour échapper au compresseur
éclater la trame des jours
conventionnés
 
aiguille toxine camisole
chimique spectre cataleptique
affaissement confirmé
 
des poulpes noirs
collent des ventouses
sur les bouches
étouffent
brûlent
 
des insectes
à carapaces molles
escaladent les vertèbres
mordent la nuque
mastiquent les yeux
 
ordures
insanités
et ça grouille ça rampe
ça s’amuse d’un rien
 
les pendules dépressives
se pendent
mais le temps impassible
nous fait en souriant
 
un gros doigt
de pourceau

Concours de peinture/sculpture/photo dans l'Hérault

A l’occasion de la sortie prochaine du roman de *Raymond Alcovère *:

*« Le Sourire de Cézanne »* (mai 2007) N&B Editions

Présence des Arts organise un CONCOURS de Peinture/Sculpture/Photo (toutes techniques).

Exposition des œuvres du 21 au 24 Juin 2007 salle Jean Teissier.

Le thème sera le roman dans son ensemble. Libre à vous de vous inspirer d’une phrase, un passage, un personnage, une atmosphère, un paysage…

Les inscriptions sont ouvertes.

Renseignements contre enveloppe timbrée : Présence des Arts

Place de la Mairie Maison Serre 34740 VENDARGUES 04 67 87 54 56 / creas@mac.com


 

TRUDDELL, le film -Ciné 104 à Pantin, 12 octobre 2006

LE CSIA présente

le 12 octobre 2006 à 20h00

au Ciné 104 - 104 avenue Jean Lolive - Pantin 93500
Métro - Ligne 5 - Église de Pantin • RER E - gare de Pantin • RN 3 - Porte de Pantin

APPALOOSA PICTURES AND BALCONY RELEASING
T R U D E L L

medium_CSIA_NITASSINAN_Trudell-recto.jpg

 

 

 

 

 

Documentaire américain,
Couleur et noir & blanc,
78’, 2005.
En V.O., Sous-titré français.

   Un film autour du poète et activiste amérindien John Trudell (Santee-Sioux).
Ce film, qui s’éloigne des formes traditionnelles du cinéma, mélange archives, extraits de concerts, images abstraites et interviews (Robert Redford, Kris Kristofferson, Sam Shepard, Val Kilmer, Bonnie Raitt, Wilma Mankiller, Jackson Browne).


La réalisatrice : Heather Rae 
Cinéaste et activiste Cherokee, Heather Rae a produit une vingtaine de documentaires et de long-métrages. Responsable de la programmation du Festival de Sundance de 1997 à 2001, elle a également participé à l’organisation de nombreux festivals. C’est en 1992 qu’Heather Rae commence son projet de film sur John Trudell. Elle decide de raconter un homme à travers ses voyages, ses mots et son engagement politique.


PRODUCTION
Heather Rae
Elyse Katz

PRODUCTEURS ÉXÉCUTIFS
B. Russell Friedenberg
Rob Ganger
Angelina Jolie
Marcheline Bertrand
Chief Harry B. Wallace
James Haven


TRUDELL A ETE SELECTIONNE PAR DE NOMBREUX FESTIVALS DEPUIS 2005.
Festival de Sundance 2005, Sélection officielle, en compétition
Festival du film activiste 2005, Prix des droits humains
Festival international du film de Seattle 2005, Prix du meilleur documentaire
Munich Film Festival 2005

 

25/09/2006

L'ART EN BANLIEUES/CONTREFEUX 21 et 22 octobre

Cassandr

e/Horschamp propose

 

L’art en banlieues/Contrefeux

 

Samedi 21 et dimanche 22 octobre
Cité européenne des Récollets
Débats, films, slam, lectures…

 

Couvent des Récollets
148, rue du Faubourg Saint-Martin
75010 PARIS -

Maison de l'Architecture - Salle de la chapelle

M° Gare de l'Est

Réservation impérative au 01 40 35 00 98
Participation par journée : 5 euros.


En avril et en juillet 2006,

Cassandre

consacrait deux numéros, «Contrefeux» et «Possibles» aux interventions artistiques exigeantes en banlieue.

Nous sommes loin, pour autant, loin d’avoir épuisé les débats, les questionnements, les «possibles» et les controverses sur l’action artistique en banlieue, ses cadres, ses formes, ses modalités.


Comment prendre en compte les cultures et les formes qui naissent dans les cités populaires, comme le slam, sans leur imposer formatages et institutionnalisation ? 
Comment éviter d’opposer une «culture des banlieues» à une culture «légitimée» ?

Comment réfléchir à la circulation des formes issues des banlieues pour éviter leur enfermement ? Comment résister à la déferlante du populisme audiovisuel ?

 

Nous avons invité des artistes et acteurs culturels, des sociologues, architectes, archéologues, élus, acteurs sociaux, à partager avec nous ces questionnements.


Programme

Nous souhaitons lier les débats et les temps artistiques : projection des films de l’équipe des Engraineurs à Pantin et de Jean-Pierre Thorn, extrait de spectacle de Guy Benisty, lectures de Dominique Brodin, photographies d’Olivier Pasquiers, slam avec Shein B…


Samedi 21 octobre


Accueil et introduction par l’équipe de

Cassandre/

Horschamp
Projection de photographies d’Olivier Pasquiers (Le bar Floréal)

14h45-16h45: Déplacer le regard

La banlieue est un point de concentration de clichés journalistiques et des fantasmes qu’ils engendrent. Comment déplacer le regard sur ces périphéries? Comment modifier le regard que la banlieue porte sur elle-même?

17h-19h : Au risque du miroir

Nombre d’actions artistiques en banlieue proposent aux habitants de se regarder, à travers une pratique de portraits (photographiques, vidéo, autobiographique)… Les résultats sont souvent émouvants et riches. Pour autant, la multiplication de ces formes d’intervention interroge : ne risque-t-on pas l’enfermement de la banlieue dans son propre miroir ? Va-t-on vers l’accumulation de documents passionnants, mais qui ne sortent pas du territoire où ils ont été conçus ?

21 h : Soirée slam avec la projection du film de Julien Renucci, « Slam sauvage/ La voix des braves ».

 


Dimanche 22 octobre


14h30 – 16h30 : Un terreau de formes



On parle de « cultures urbaines » pour désigner les expressions issues des banlieues et surtout celles liées au hip-hop (rap, slam, danse hip-hop)… Comment ce mouvement se relie-t-il à d’autres formes, ancestrales ou contemporaines ? Comment peut-il être pris en compte et valorisé sans récupération marchande ou formatage institutionnel ?


16h45-19h : Les banlieues et l'ailleurs

Beaucoup de projets artistiques en banlieue s’articulent autour de l’échange avec des artistes étrangers – non sans difficultés, au moment où toute migration venue du Sud est suspecte. Le regard d’artistes étrangers peut-il nous permettre de réfléchir autrement à la multiplicité des cultures sur un territoire ?

AMOUR A GOGO, Ed. Où sont les enfants ?

Maryvette BALCOU & Chrystelle AGUILAR

Le nouveau livre des Editions Où sont les enfants ? vient de paraître.

Le duo, qui a déjà réalisé l'album "HISTOIRE A DORMIR DEBOUT" en 2005,
continue l'aventure avec un nouvel album dont les prises de vues ont été réalisées à la Réunion, là où Maryvette Balcou vit et écrit ses histoires pour enfants.

Le format, un peu plus grand que nos précédents albums, et les couleurs très vives des photos font résonner les interrogations d'un petit garçon de là-bas, ainsi que ces réponses enjouées et bienfaitrices que son grand-père lui apporte.

"Quand l'histoire d'amour de sa maman se casse en mille morceaux, la tristesse de Max ne s'en va plus.
Il faudra tout l'amour, toute la sagesse de son grand-père pour que Max apprenne le rire à sa maman.
Serait-ce le secret du bonheur ?"

Collection Chahu-Bohu
24 pages couleur
Format 23x23,7 cm
Couverture cartonnée
Prix : 12,30 €
ISBN 2-915970-03-3

En librairie le 20 septembre 2006

medium_Amour_a_gogo-couverture.jpgLa photo a plein d'histoires à raconter aux enfants...

Editions Où sont les enfants ?

Derrière la rue - 46240 Vaillac
Courriel : osle@wanadoo.fr
Site : http://ousontlesenfants.hautetfort.com/

Tél : 05 65 31 13 42
Fax : 05 65 21 61 03

Les enfants regardent le monde.
Donnons-leur des livres qui ne baissent pas les yeux.

18:10 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

20/09/2006

Panorama des nouvelles formes d’interventions dans l’espace public

 

 medium_les_nouveaux_debatteurs_de_rue.jpg

 

par Jérôme Guillet, association Matières prises


Difficile de relier au premier abord Guy Debord aux Fabulous trobadors, ou Immeubles en fête aux antipubs. Le lien, c’est l’espace public. Sa réappropriation est aujourd’hui l’objectif de penseurs, d’artistes, de militants, mais aussi d’habitants. Tour de piste des acteurs en présence et des questions qu’ils posent à la société.

1995. L’histoire retiendra l’effectif des cortèges, les premières organisations de chômeurs qui se présentent à des élections, l’émergence d’Attac, Bourdieu qui paie sa tournée, la montée en puissance des paquets de café Max Havelaar…, événements et phénomènes saillants d’une époque. Chacun a fait l’objet de commentaires et d’analyses. Et puis, dans les plis de cette période, d’autres phénomènes moins visibles, moins montrés, apparaissent. Ils ont pour terrain de jeu commun l’espace public : développement des happenings, de Act up à Greenpeace, progressive transformation de certains espaces tagués en fresques, début de contagion des repas de quartier, réquisitions de richesses dans les supermarchés, extension des Gays pride en province. La rue et les espaces publics semblent alors faire l’objet d’un regain d’intérêt, entraînant de nouvelles manières de s’y montrer et d’y agir.
Depuis, cette tendance ne semble pas unie dans un quelconque mouvement, mais les expériences se multiplient, au point que, dix ans plus tard, la " réappropriation de l’espace public " figure dans un nombre croissant de textes et de déclarations, du feuillet " anar " jusque dans les projets de collectivités.
Parmi les facteurs explicatifs de ce recours à l’espace public, figurent les difficultés des réseaux militants à renouveler leurs pratiques, mais aussi les impasses d’une démocratie participative institutionnelle. Les possibilités offertes par internet semblent avoir contribué à l’évolution des discours sur les espaces publics (physiques et virtuels) comme des pratiques qui peuvent s’y inventer.
Malgré la disparité des initiatives, on retrouve des constantes dans le rapport qu’elles créent avec leur public : la contestation d’une situation, sociale ou politique, par la proposition d’une action collective – et non par l’adoption d’un texte –, l’humour, la dérision, l’absence de ligne politique " serrée ", l’accessibilité de la démarche et son ouverture au plus grand nombre, la brièveté des engagements proposés, la gratuité, et la conviction que la multiplication des victoires symboliques sur l’ordre établi changera les gens, donc la société. " La tristesse et l’impuissance sont les manières dont le capitalisme s’invite chaque jour dans nos vies ", suggèrent Miguel Benasayag et Diego Sztulwark dans leur ouvrage Du contre-pouvoir (La Découverte, 2000). Les formes d’interventions récentes dans l’espace public se veulent la plupart du temps une manière de lutter sur ce front.
De la généralisation des pratiques conviviales (repas de quartier, fêtes d’immeuble) jusqu’à des propositions plus politisées entre activistes, penseurs, artistes, militants et habitants, nous vous proposons d’avancer ensemble sur quelques unes des pistes empruntées.

La piste théorique : des " situs " aux Taz

Dans les années 50 et 60, l’Internationale situationniste, groupe créatif, politique et expérimental, travaillait à la révolution et plus spécifiquement à la révolution de la vie quotidienne. Avant que ce groupe ne se délite (les révolutionnaires excluant les artistes), puis ne se dissolve, avant de se voir associé dans la mémoire collective à Guy Debord, leur principal leader, il y eut, pour réponse concrète à une critique de l’art, de la ville et de la vie quotidienne, des tentatives d’inventions dans la rue et les espaces urbains de situations, de déambulations, de happenings, qui permirent aux situationnistes de transformer certains moments de leur vie en œuvres d’art.
Dans les années 90, le livre Taz (Temporary autonomous zone ou zone d’autonomie temporaire) 1, du philosophe Hakim Bey, tentait de réactiver la piste " situ ", entre philosophie et poésie. Diffusé principalement via internet, l’ouvrage fut vite adopté comme une espèce de manuel d’action directe non violente, une hypothèse quant à la forme possible d’un soulèvement par contagion, dans lequel il s’agirait de " jouer " avec les marges de la société en inventant des formes de regroupements et d’activités inédites, conviviales, subversives, joyeuses et non marchandes, non répertoriées et non contrôlées par l’État. " La Taz est comme une insurrection sans engagement direct contre l’État, une opération de guérilla qui libère une zone (de terrain, de temps, d’imagination) puis se dissout, avant que l’État ne l’écrase, pour se reformer ailleurs dans le temps ou l’espace ", lit-on dans Taz. Dans les faits, qu’est-ce qu’une taz ? Une fête impromptue, un site internet, un " terrier à babos ", un happening, un dessin ou une inscription sur un mur… ? Si, pour Hakim Bey, la ville et ses différentes zones sont un terrain d’exploration privilégié et s’il cite quelques exemples, il préfère laisser le soin aux lecteurs d’imaginer le contenu et les activités de la Taz, car c’est de l’infini des possibles que celle-ci tire sa force.
Sur le terrain des concepts, les ramifications, filiations et prolongements sont nombreux : les situationnistes évidemment, le concept de rhizôme dans Mille plateaux de Gilles Deleuze et Félix Guattari 2 (Minuit, 1980), les zones et tendances non capitalistes de Résister c’est créer, de Miguel Benasayag et Florence Aubenas (La Découverte 2003), Le manuel de l’animateur social de Saul Alinsky 3 (Seuil, 1976) ou encore La violence de la dérision d’Albert Cossery (Joëlle Losfeld, 2000)… Autant de livres qui développent la question de la transformation sociale par des tactiques et stratégies " de biais ".

La piste des habitants : " Ma ville est le plus beau park "

Le quartier Arnaud Bernard, au centre-ville de Toulouse, a développé, depuis vingt ans, une impressionnante série d’initiatives par et pour ses habitants, portées par un collectif d’habitants, d’associations et d’artistes, dont les plus connus sont les Fabulous trobadors. Ce groupe chantant en français et en occitan a su faire connaître son quartier à travers ses textes, notamment en vantant le principe du repas de quartier, avec le succès qu’il connaît aujourd’hui. Les actions d’Arnaud Bernard (voir page 28) ne s’arrêtent pourtant pas à cette activité : réseau de gardes pour que les parents deviennent animateurs du temps de loisirs des enfants du quartier, "débats socratiques" sur la place, négociations du plan et de la construction d’un jardin public avec la mairie d’arrondissement, concerts et répétitions publiques dans les cafés… Une énergie et une volonté d’initiative qui se résument à travers un refrain des Fabulous : " Ma ville est le plus beau park, sa vie pleine d'attractions, ta ville sera ce park, si telle est ton ambition. "
Depuis quelques années, les repas de quartier et les repas d’immeuble ont intégré le quotidien. D’autres initiatives, moins connues, et ayant pour caractéristique d’être organisées par des habitants, se développent : le bookcrossing, ou en français Circul’livre, qui consiste à laisser volontairement des livres dans des lieux fréquentés pour que d’autres s’en saisissent ; le Grand don, rituel qui consiste à proposer des objets gratuits, une brocante où chacun se sert ; www.peuplade.fr, site internet qui propose à des gens d’un même quartier de découvrir s’il n’y a pas, proches d’eux, des gens ayant les mêmes passions, etc.
Face à la démultiplication des possibilités de loisirs et à un discours qui ne cesse de décrire l’atomisation du lien social, s’inventent des pratiques de convivialité et d’entraide qui visent – a minima – à désanonymer l’espace de vie commun.

La piste militante : les yé-yé du mégaphone

Ce n’est pas très français de lier mouvement politique et formes innovantes d’actions dans l’espace public ; c’est même plutôt déconsidéré. C’est de l’agit’ prop’, comme on disait, souvent avec un brin de dédain. Pourtant, l’absence de renouvellement des formes de manifestations et d’actions collectives a poussé certains à s’inspirer des voisins, notamment anglophones, pour reprendre et interpréter des manières nouvelles de revendiquer et de s’exposer dans l’espace public. Une génération – qui ne s’imaginait pas finir sa vie dans les réunions d’Attac – découvre avec délice les actions directes de la Circa (l’Armée clandestine insurgée et rebelle des clowns, l’existence d’Adbusters (en France, Casseurs de pubs) 4 et de leurs détournements publicitaires, les fêtes de rue de Reclaim The Streets ! (voir en France, La nuit des meutes 5) , les flashmobs6, actions collectives absurdes et jubilatoires, les vélorutions … Pour le moment, le résultat ressemble surtout à ce qui s’est fait pour la musique dans les années 60 : on adapte les tubes anglais et nord-américains du mieux qu’on peut. La réunion d’une culture de la contestation à la française, qui privilégie souvent le rapport de force et les tracts vengeurs, et celle plus anglo-saxonne privilégiant la dérision et les actions directes non violentes, n’a pas encore eu le temps de se faire. Tous les espoirs sont dès lors permis, car même si le choc interculturel est un processus lent, les transferts de méthodes entre différents pays restent plus simples entre militants qu’entre institutions.
Et certains de rêver : " Un jour, militer sera redevenu non sacrificiel, nous arriverons en avance aux manifs et partirons en retard... Les manifs seront drôles, ludiques, excitantes… et, plutôt qu’une vieille cégétiste qui crache ses trente ans de gauloises brunes dans le mégaphone, il y aura des chorales militantes. Nous aurons autant de chansons sur nos élus que les anglais peuvent en avoir sur leurs joueurs de football… De l’imagination, de la tactique, de l’art, de l’humour ! " Et des syndicalistes de répondre à ces rêveurs : " Si pour toi militer c’est un problème de détente et d’humour, c’est que tu n’es qu’un bourgeois de gauche, qui ne se déplace plus aux manifs et qui ne se bat pas pour des gens au jour le jour… Petit con, va, n’insulte pas ceux qui se sont battus pendant des années… "

La piste (aux étoiles) des artivistes

Activiste + artiste = artiviste. Une définition stricte semble pour l’instant exclue tant le terme est récent et sujet à controverse. Derrière ce terme, popularisé à l’occasion des contre-sommets du G8, on trouve des plasticiens, des graphistes, des comédiens proposant des réalisations, allant du détournement (monuments, publicités) jusqu’à des happenings ou des expositions. Les labels indépendants et de nombreux groupes musicaux revendiquent aussi l’appellation. Il s’agit essentiellement de permettre la prise de conscience de certaines réalités politiques ou sociales par le biais d’œuvres artistiques, la plupart du temps provocantes et explicites. Les artivistes, qui agissent souvent en bande, se réfèrent aux mouvements dadaïste, situationniste et punk, prônent une réactivité à l’actualité politique comme une logique de dissémination ; ce qui en amène une partie à choisir la rue et internet comme lieux tactiques pour exposer et diffuser leurs œuvres. Parallèlement aux fresques, pochoirs et slogans, aux affiches créées ou détournées, un concept revient, celui d’extension d’espace public par ajout de mobilier : prolonger un banc, installer des hamacs et des sièges dans la ville… des réalisations qu’on retrouve par exemple dans le collectif Rad.Art comme chez l’américain Heath Bunting 7.
Critiques de la ville et de la société de consommation, les artivistes semblent vouloir prolonger de fait l’histoire des groupes surréalistes, dadaïstes et situationnistes, sans avoir pour le moment ni unité, ni chef de file… Est-ce là un problème ou une chance ?

Vers une alliance durable ?

Les politiques d’aménagement, celles des rues, places et jardins, le fleurissement, les œuvres d’art commandées, les marchés, les brocantes, les fêtes de quartier, la fête de la musique, les festivals de théâtre de rue mais aussi la police municipale ou les éducateurs de rue font partie de l’animation de l’espace public. Cette activité est une prérogative qui revient aux municipalités et ses grandes orientations comme ses petites décisions sont des outils de visibilité et de communication pour une politique locale. Or, si l’on trouve de plus en plus de ronds-points fleuris et de festivals, la volonté d’encadrement a pourtant amené des restrictions à une période où une attente plus forte, illustrée par la généralisation de l’expression " réappropriation de l’espace public ", se faisait sentir : baisse des crédits aux associations de quartier, limitation des espaces d’affichage public, éclairage et caméra sur tous les lieux potentiels de rassemblement spontanés, ajouts de bandes de béton pour limiter ou empêcher les pratiques de rollers ou de skate, bancs anti-SDF, chasse aux graffeurs, etc.
Un décalage persistant existe entre les aspirations d’une partie de la population à réinventer un vivre ensemble, à ré-habiter la ville et une bonne partie des institutions qui, à la moindre opération, se gargarise dans ses bulletins municipaux, sans jamais prendre le risque d’une politique d’envergure. Aujourd’hui, entre les revendications classiques de la jeunesse et les aspirations plus récentes des militants et habitants, ce décalage incite à se jouer des lois et à travailler dans les marges. Il faudra pourtant bien des synergies et l’alliance durable des différents acteurs de l’espace public, y compris institutionnels, pour inventer de nouveaux rituels et aboutir à des innovations semblables à celles qui structurent un espace comme celui du quartier Arnaud Bernard.
Cette coopération, qui suppose que des institutions, de manière volontaire ou à travers un rapport de force, finissent par reconnaître et soutenir la valeur de certains projets associatifs et militants, semblait s’être dessinée avec l’arrivée de la gauche au pouvoir dans les années 80. Négocier les ambitions et les utopies ne fut dès lors pas un jeu terriblement gagnant, si l’on regarde les résultats actuels. Les mouvements d’éducation populaire, comme ceux de la culture et des arts de la rue, interpellant les pouvoirs publics dans les années 70 et grassement entretenus par ces derniers dans les années 80, se sont depuis installés dans un silence suspect, assourdissant, même lors d’évènements politiques forts, notamment pour ce qui s’est passé dans les banlieues récemment.
De nouvelles formes d’expression politique, la multiplication de nouveaux rituels conviviaux, ou encore l’émergence d’artistes et d’animateurs cherchant à mettre en scène, dans la rue, la parole et la vie des habitants 8 changeront-t-elle la donne, en proposant aux collectivités des pratiques et une réflexion neuves ? L’impératif de démocratie participative que s’impose une part des élus deviendra-t-il suffisamment contraignant pour les pousser à se risquer dans une politique d’éducation populaire et d’animation du territoire cohérente ? La multiplication des actions directes dans l’espace physique comme sur internet sera-t-elle le complément (attendu) en actes et méthodes des discours et des thèmes altermondialistes ? Ces différents groupes vont-ils s’ignorer, s’unir, se détester, s’éteindre ? La rencontre de ces nouvelles pratiques de la société civile et des volontés institutionnelles aboutira-t-elle à une transformation sociale ou à une récupération crasse ?
Il est inquiétant d’avoir certaines réponses de l’histoire…Il est rassurant d’avoir la possibilité de se poser, à nouveau, toutes ces questions.

jeromeguillet@no-log.org



POUR UNE SOCIAL-ÉCOLOGIE

Entretien avec Jean-Paul Besset

Politis n°874

Marie-Édith Alouf

Jean-Paul Besset a été a été rédacteur en chef de « Politis » puis au « Monde ». Il publie « Comment ne plus être progressiste ? sans devenir réactionnaire », où il remet en cause le mythe du progrès, responsable de la destruction de la planète. Pour lui, le seul remède consiste en un changement radical de nos comportements.

Vous dites que nous pratiquons un « écocide ». Que signifie ce terme ?

C’est la destruction du vivant. C’est plus que l’environnement, qui est une notion anthropocentrique. Ce qui est en jeu, aujourd’hui, ce n’est pas seulement la destruction de « ce qui environne l’homme », c’est la destruction de l’homme dans son système de vie, dans son milieu de vie.

Nous vivons un tournant, un changement d’histoire à l’échelle géologique. L’évolution de la Terre, des grands équilibres, est en train de se bouleverser à une vitesse accélérée comme jamais, à cause de l’irruption de l’espèce humaine en tant que moteur de cette évolution. Par toute une série de dérives, cette espèce humaine a mis en place une machine infernale qui menace son propre camp, sa propre espérance de vie. La destruction des fondamentaux de l’espèce (les hommes en tant qu’êtres vivants) entraîne en même temps une destruction de l’humain (en tant que catégorie sociale).

Nous savons cela, y compris les politiques, mais nous ne faisons rien.
Pourquoi ? Cynisme ? Paralysie devant l’ampleur de la tâche ?

Tout cela à la fois. Nous savions qu’il y aurait en Europe, en France en particulier, des canicules assassines. On les a découvertes sans avoir rien fait pour en atténuer les conséquences. Nous savions que La Nouvelle-Orléans était menacée par des cyclones qui entraîneraient des montées des eaux, que les digues ne tiendraient pas... Nous savons tous ces choses. Ce ne sont plus des alertes ou des angoisses métaphysiques de quelques-uns. La réalité de la catastrophe est désormais inscrite dans chaque discipline scientifique. C’est ancré, reconnu, discuté par les plus hautes instances politiques, mais c’est tellement impensable ­ savoir n’est pas croire ­ que l’humanité dans son ensemble, toutes populations et classes confondues, est saisie d’impuissance. On se retrouve avec un gouffre sous les pieds : l’échec de nos systèmes de développement, de nos modes de vie, de nos certitudes devenues nos raisons de vivre. Tout cela s’effondre, et il faut changer de système. Et rapidement, car il n’y aura pas de solution miracle. Alors, bien sûr, il y a des couardises, des lobbies, des jeux d’intérêt qui ne sont pas négligeables, mais le coeur de la question est dans cette paralysie de la volonté, cette atonie qui saisit l’humanité devant son propre échec.
Comment concevoir que l’espèce humaine soit menacée par son génie, par sa puissance ?

C’est un retournement culturel considérable...

Cela nous oblige en effet à remettre en cause cette valeur fondamentale qui est la base de notre civilisation depuis deux siècles, depuis les Lumières : la croyance en le « Progrès ». Le développement, la croissance, l’opulence... C’est une formidable histoire que celle du progrès, qui a sorti l’humanité de sa caverne, du Moyen Âge, des obscurantismes. Mais, ces dernières années, il est devenu destructeur.

On le voit au niveau de la crise écologique, mais aussi de la crise sociale, avec un système qui, plus il produit de richesses, plus il crée d’inégalités, de la précarité, des frustrations, des pathologies de l’âme humaine... Le progrès s’est retourné en contre-progrès comme les révolutions se retournent en contre-révolutions.

Pensez-vous que la distinction droite-gauche, en ce domaine, n’est plus pertinente ?

Face à cet enjeu, en effet, elle n’est plus pertinente. La gauche, toutes tendances confondues, a toujours privilégié l’idée qu’il suffisait de retourner la mécanique du progrès ­ richesses, croissance, développement, techniques ­ afin que le plus grand nombre en bénéficie.
Elle ne divergeait que sur les moyens d’y parvenir : réforme ou révolution. Or, aujourd’hui, c’est la mécanique qui pose problème. La machine à produire toujours plus accumule du « toujours moins », que ce soit du point de vue écologique ou en matière sociale.

L’effondrement du mythe du progrès est d’autant plus difficile à digérer pour les militants de gauche que ce sont eux qui se sont toujours montrés les plus vigoureux acteurs du « progressisme ». Ils se prennent cette fin de cycle historique en pleine poire, et cette forclusion de l’espérance envers un monde en progrès continu les laisse désemparés, en pleine désillusion. Difficile en effet d’abandonner ce qui fondait la croyance, de « changer de logiciel ». Les voilà ­ nous voici ­ idéologiquement orphelins.

Le rôle de la gauche consistait à s’opposer à « l’ordre des choses », dieux, castes ou classes, afin de favoriser le progrès humain. Elle y a souvent réussi. Changement d’époque : la gauche est désormais complice de cet « ordre des choses » et de son premier commandement, la croissance, au prétexte que celle-ci diffuserait la richesse. Ce n’est plus vrai : la croissance massacre le bien commun du vivant et creuse comme jamais les inégalités !

S’attaquer au « virus libéral » sans s’en prendre d’abord au « virus de la croissance », c’est se tromper d’adversaire principal. Le libéralisme, version ultra ou tempérée, n’est qu’un dégât collatéral du projet productiviste d’illimitation. C’est la peste qui pose problème, pas les pestiférés.

L’immense changement d’époque dont nous sommes bien obligés de prendre acte provoque une modification du clivage qui a modelé l’histoire de ces deux derniers siècles en départageant la droite de la gauche. La question prioritaire que la crise du vivant nous impose n’est plus de savoir « comment répartir les richesses produites » mais de choisir « quelles richesses nous devons produire ». Pas « pour qui » mais « pourquoi ».

Cela pose la question de l’articulation entre la question environnementale et la question sociale...

Cela n’évacue en rien la question de l’équité et de la répartition, mais celle-ci se pose dans un nouveau cadre, et c’est de celui-ci qu’il faut d’abord prendre la mesure. Augmenter le pouvoir d’achat, peut-être, mais pour en faire quoi ? Je vais être un peu caricatural, mais, si c’est pour acheter des 4X4...

Il faut bien être conscient que cette crise que nous vivons touche d’abord les plus pauvres. S’attaquer à cette crise, c’est donc rester dans le camp des déshérités. Ce sont les pauvres qui entretiennent le plus de rapports nécessaires avec les équilibres naturels. La moitié de la population mondiale vit directement des produits de la terre. Si la terre ne rend plus, ce sont les gens qui vivent avec moins de deux euros par jour qui auront encore moins. La cause est entendue : la cause du vivant est la cause des plus pauvres. Cela va ensemble. Je refuse ces proclamations de salonnards sur le thème : l’écologie, c’est un truc de riches. C’est faux ! C’est un truc de pauvres !

Lire la suite dans Politis n°874

PÉNALISATION DE L'AGRICULTURE SENSÉE

Entre préfecture et cathédrale, au coeur de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), une grande bâche accrochée aux halles de la place du Martray interpelle les passants : «Ici des paysans jeûnent, ceux qui ont choisi l'environnement sont lourdement pénalisés.» Le mouvement a été lancé il y a une semaine par la Confédération paysanne, le Cedapa (association de paysans en agriculture durable) et le GAB (groupement des agriculteurs biologiques) des Côtes-d'Armor. Sous une tente, avec couvertures et bouteilles d'eau minérale, une vingtaine de paysans qui pratiquent une agriculture durable ou biologique entourent les cinq jeûneurs du week-end. Reconductible chaque semaine, l'action entend protester contre l'application française de la nouvelle politique agricole commune (PAC), qui pénalise les pratiques soucieuses de l'environnement au profit d'une agriculture intensive, principale responsable de la mauvaise qualité des eaux, particulièrement en Bretagne.

«Absurde». «On était dans une situation déjà injuste qui a encouragé la culture du maïs fourrage, une plante très demandeuse en azote et pesticides que l'on retrouve dans les cours d'eau, alors que le recours à l'herbe, qui ne demande aucun engrais, était très peu aidé. On va institutionnaliser cette injustice», enrage Jean Cabaret, 49 ans, un des jeûneurs. Depuis 2006, chaque Etat de l'Union européenne choisit les modalités d'attribution des aides de la PAC. La France a décidé de calculer, pour chaque agriculteur, le montant de ces aides en fonction de ce qu'il touchait en moyenne en 2000, 2001 et 2002. Résultat : ceux qui cultivaient des céréales ou du maïs, subventionné 350 euros l'hectare, continueront à percevoir ces aides, alors que l'agriculture biologique ou les producteurs de lait ou de viande bovine qui utilisaient l'herbe comme fourrage, aidée seulement à hauteur de 45 euros l'hectare dans le cadre de contrats limités à cinq ans, ne toucheront plus rien, ou presque.

«C'est absurde. Même si l'exploitant qui faisait du maïs dans les années de référence ne produit plus rien, ses aides resteront inchangées», souligne Jean Cabaret. Converti à l'herbe pour nourrir ses vaches laitières dans les années 90, ce solide gaillard dit avoir eu «honte de [son] métier» en voyant la baie de Saint-Brieuc envahie par les algues vertes. Un phénomène qui est favorisé par l'azote utilisé dans la culture du maïs, qui rejoint la mer avec les eaux de ruissellement. A son côté, Laurent Petite, ex-maître nageur qui produit de la viande bovine biologique «pour ne pas empoisonner les gens», est inquiet. «Avec ma femme, on vit avec un Smic chacun. Mais avec la fin de notre contrat agroenvironnemental, en 2007, c'est 9 400 euros par an qui vont disparaître. Beaucoup de trésoreries sont fragiles et, sans aides, certains ont des soucis pour leur avenir.»

Autonomie. C'est le cas de Frédéric, 36 ans, qui a prévu de jeûner dans quinze jours si le mouvement perdure. Pour cet ingénieur agricole qui utilise des vaches laitières nourries à l'herbe, la «distorsion de concurrence» induite par le nouveau système d'aides, prévu jusqu'en 2013, va mettre son exploitation en péril. «Tout ce qu'on demande est un traitement au moins égal. Ceux qui produisent la même quantité de lait avec des cultures de maïs toucheront plusieurs milliers d'euros en plus. C'est un manque de respect total de notre travail, avec, au bout du compte, de l'argent public qui va garantir l'agriculture industrielle», dit-il.

«Pour juger la valeur d'une exploitation, certains banquiers ne raisonnent déjà plus qu'en fonction des primes auxquelles elle peut prétendre, renchérit un autre agriculteur. Des primes qui sont désormais figées et sans rapport avec la production. Les fermes qui n'ont droit à rien, souvent les plus petites et celles qui respectent la nature, ne vaudront rien.»

Tous ces paysans ont choisi l'agriculture durable pour contribuer à améliorer la qualité de l'eau et des produits agricoles, ainsi qu'une pratique de leur métier différente : les prairies, contrairement au maïs, demandent un travail moins mécanisé sur toute l'année. D'autres ont voulu également conquérir leur autonomie vis-à-vis de l'agro-industrie en n'ayant plus recours aux phytosanitaires. En cas de sécheresse ou de maladie, leur survie pourrait être franchement compromise.

(Article Libé - que je ne lis pas - 19 septembre 2006)


PERENCO, l'or noir français en Équateur.

Jean Francois Cavalda, un ancien de ELF Afrique, a la tête de L'entreprise  PERENCO  3  ème géant du forage pétrolier,  une entreprise Française en Amazonie Equatorienne qui se distingue dans la destruction, l'intoxication et la répression au nom du prix du brut,  l'or noir.

Sur les concessions des blocs 7 et 21 le pétrole est extrait au mépris des communautés indigènes, des colons, et des ouvriers.  Des pollutions engendrées qui génèrent de nombreux cancers et pour finir, la mort.

PERENCO fait enfouir les déchets toxiques recouverts de sciure pour faire propre.
les terres agricoles, les cours d'eau, les animaux domestiques, les élevages sont toxique, par la faute d'un pétrole qui fait le malheur des populations Amazonienne.
Un pétrole dont le prix du baril continu de grimper a la satisfaction des multinationales qui profitent d'une main d'oeuvre a bas prix de revient.

PERENCO, une entreprise française sans état d'âme.
Un bébé est mort, un dirigeant de l'entreprise a refuser son aide a une mère désespérée, venue chercher du secours auprès de cette entreprise Française.
En Equateur, des ouvriers, des paysans meurent tout les jours de cancer  dans l'indifférence totale des dirigeants et actionnaires de PERENCO.

Une Collaboration entre les entreprises pétrolières et l'armée Equatorienne efficace. 
Un contrat signé le 30 Juillet 2001 assure un étroite coopération.  L'armée liee par contrat pour une sécurisation des intérêts pétroliers, pour assurer la répression, et au besoin fermer les yeux.

                                                                                                                       
Alain VIGUIER / A.A.P

19/09/2006

BEAUTÉ DOUCE DES ÉPAPILLONNEMENTS

 

je flaire je lèche croque
ton grain de peau
accroche à mes cheveux
tes grains
de folie

tout est musique
plus quelques mots
pour se parer
juste bougeotte
godasses de peaux

trouées
magiques

pour danser la vie
danser la mort
les rires fusées
les colliers
de songes
de griffes

qu’on débride
les saisissements

et qu’ils coule
coule ce ruisseau
d’amour
avec ses vapeurs
ses remous
qu’on s’y soûle

s’y soûle à vie !

17/09/2006

ATTRAPE-MOI UN RÊVE

orgies d'automne
le corps noueux exultent
leurs jouissances éclatées
sur le ciel de métal

ivresses et fulgurances
avant le baiser
du rideau
 
la solitude
est un feu
à la langue exaspérante
 
causer aux chats
aux feuilles à la lune aux nuages
au vent qui en dit
des choses…
 
cabaret tzigane
un asile russe
pour moi seule
quelque chose dans le sang
qui ne coule pas
chez les autres
 
chez certains en tout cas
que l’on nomme la plupart
 
des éclats d’âme
pure énergie
volcanique
sans doute
mais …
tout va bien
 
l’amer est calme
 

15/09/2006

REVUE NOUVEAUX DELITS N°19

 medium_couverture_19.jpg

NOUVEAUX DELITS
http://monsite.wanadoo.fr/nouveauxdelits et http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

Revue de poésie vive et dérivés
Numéro 19



La lumière décline, l'énergie entame son lent retour vers les racines.

Et je songe aux miennes qui sont européennes, Espagne, Angleterre, catholiques, protestantes. Mes racines. Des conquistadors, des envahisseurs, des colons, des esclavagistes, des exploiteurs, des pilleurs, des violeurs, des assassins.
Mes racines sont gorgées de sang avec lequel s'est bâti un empire.
Des fleuves de sang versé qui ont infiltré mes cellules, et je suis née comme ça, hantée par les cris, les pleurs, la rage et le désespoir de tous ces peuples, hommes, femmes et enfants humiliés, décimés, réduits à néant. Je porte ce poids, ce sang lourd d'injustices non réparées et je tente d'y puiser un peu de cette dignité dont nous avons perdu le souvenir.
Mes racines sont gorgées de sang avec lequel s'est bâti un empire pour néo-humains sous plastique, élevés en batteries sophistiquées et non dénuées de confort, il faut le dire.
Je ne porte pas de culpabilité. Je ne veux pas payer pour des crimes que je n'ai pas commis de mes mains mais j'aurais terriblement honte si je cautionnais par mon silence et mon indifférence ce qui perpétue ces horreurs encore et encore, quels que soient les noms sous lesquels on les dissimule.
Mes racines sont gorgées de sang avec lequel s'est bâti un empire.
Un empire arrogant, plein de mépris, imbu de son pouvoir temporel, si illusoire en vérité face à l'immensité de notre ignorance. Un empire menteur, cupide, violent, barbare, sans respect, sans aucune grandeur.
Mais cela avait été dit, ce sang reviendrait hanter l'esprit des enfants, petits-enfants, petits-petits-enfants des assassins et aujourd'hui la tribu des opprimés ne cesse de croître mais l'énergie humaine n'a pas dit son dernier mot.
Une énergie spirituelle, une poésie dont le savoir s'est perdu dans les ténèbres de l'Histoire.
Son souffle baigne nos cellules en permanence. Cette énergie comme une vague vient régulièrement se briser sur les récifs mais ne meurt jamais. La roue tourne, soyez attentifs.
CG




Indifférence aux masses de vivants sacrifiés ; quelques minutes d'émotion,
toutefois, lorsque la télévision diffuse
deux ou trois images de ces dérélictions, de ces tortures, et que nous nous
grisons discrètement de nos indignations magnanimes, de la générosité de nos
émotions, de nos serrements de cour sous-tendus par la satisfaction,
plus discrète encore, de n'être que des spectateurs - mais dominants.
Viviane Forrester

in L'horreur économique




AU SOMMAIRE




Mes complices du Délit de poésie : Pascal Perrot (Paris), Denis Heurdré
(Ille et Vilaine), Alexandre L Amprimoz (Canada), Farid Chettouh (Algérie),
plus invité spécial, Mohamed Ksibet (Syrie), en quatrième de couverture.

Délit piquant : un concentré des Pensées d'un ortieculteur et du Lexique d'
anthropoclastie de Éric Dejaeger (Belgique).

Délit d'immersion : des extraits de Trente oiseaux face au soleil (voyages)
de Gilles Lanneau (Cantal).

Vous pouvez abuser sans modération du Délit d'(in)citations et du Bulletin
de complicité, les effets secondaires n'en seront que meilleurs.



et le retour de
Joaquim Hock
joaquimhock@brutele.be

Grand Illustrateur Attitré de Nouveaux Délits

medium_maisons_-_vaches_escargots.jpg



Autrefois, le chemineau faisait horreur ;
le saltimbanque était méprisé :
Les sédentaires se jugeaient supérieurs aux errants.
Aujourd'hui, l'homme immobile regarde l'homme bolide écraser sa volaille
et disparaître dans une poussière de gloire.

François Mauriac
in La Province, 1964


Nouveaux Délits est ouvert à tous les courants d'air, d'idées, envies,
propositions. Pour l'instant. alors profitez-en.

LA FEMME QUE TU CHERCHES

je suis une mère une sœur
énergie lumineuse
enveloppante
je suis l’étoile charnelle
chaude et vibrante
je suis la mer
la lune tiède
le pansement doux
de tes blessures

je suis un courant
continu
la soie d’une chair
appétissante
le calice de tes soupirs
je suis le corps
toi naufragé
la rive où tu ne cesses
de buter
je suis une bête de lit
miauleuse jouisseuse
une arche de tendresse
une manne une nef
je suis un souffle une fièvre
une fente à polir
la danseuse sur l’arbre
le creux dans la terre
je suis la visqueuse
créature de ton âme
l’émeraude fendue
de ton crâne
je suis l’amazone
de tes égarements
la cavalière
de tes orages
je suis le sable la vase
la bauge noire de tes sens
je suis la vague la langue
le vampire et pire encore
je suis l’oiseau blanc qui boit
le sang des astres
je suis le matin
qui découd tes paupières
le poisson qui glisse
entre tes doigts
le jus que tu tires de moi
le sucre
sur tes lèvres
ma morsure à tes rêves
adolescents
je suis le chat
qui guette
la douce impasse
la ruelle
le délice à lécher
recrudescence enténébrée
de ton sexe
je suis
je suis depuis longtemps
la femme que tu cherches
 

 

L'ISTHME D'EROS

l’amour a des lèvres
ravageuses
un sourire tueur

une tendresse pornographe
un souffle brûlant
des mains qui fouillent
des venins illicites
dans ma tête obsession
charnelle
rythme transe
trésor d’entre les cuisses
collusion
collision
corps
à cœur
l’amour se cache
dans l’un
dans l’autre
je le poursuis
enfiévrée
intoxiquée
je me pends
il me traîne
et j’aime ça
le tranchant de ses doigts
je suis le beurre
qui fond à sa flamme

Accessoiristes d'un soir aux méninges troublées

quel rivage pour les clandestins
et pour quel festin ?

le jeu ?

faire l’amour farfelu
divaguer avec des truies
puiser dans la nuit
les liqueurs illicites
leurs parfums mystiques

et la pluie
étonnée
nous rejoindrait à la nage ?

quand les longs doigts du rêve
pénètrent le réel
le frottement crée
des étincelles
des jouissances qui flambent
comme des allumettes

bile noire
lettres impossibles
et le rire
éclatant du soleil
profite, profite
des souffles ultimes
petite sœur
et ne joue pas avec les allumettes

il fait froid aujourd’hui
le monde est froid
le cœur grelotte
il pleut tristesse
romanesque
l’automne
à la gorge
commence à serrer

se mettre à l’abri
en hauteur
ne pas se prendre
le plein fouet
le versant nu de nos extrêmes
fragilités

la solitude me joue des tours
fait des grimaces
pour m’effrayer
le cœur dans son terrier
tremble comme lapereau

chercher l’autre rive
des yeux seulement
paysages projetés
crachés à nos faces

le mythe usé jusqu’au nerf
maudit
au taux destructeur

sous les doigts s’effrite la surface

et si on n’était pas aussi fort
que l’on croyait ?
et si ?

après A vient Z
la connaissance
des raccourcis

crépuscule en chute libre froide
et magnifique
comme une aurore boréale
visage zébré
bris de glace
vague fossile

ça ressemble à quelque chose que je suis peut-être censée connaître
ce malaise
qui étreint le cœur
l’exalte
cette douceur orpheline

reptation lente
inexorable
et qui jusque là était passée inaperçue
parce que l’immensité
peut tenir sur une feuille
en suspens
sur un fragment de mot
pénétré d’un silence

nous adultes avortés
faisons de l’art comme on cherche la surface
de l’art ou bien autre chose
pour ne pas se noyer
mais tout se résume à

« cherche cherche ! »

avec la ferveur des chiens
la dévotion des chiennes…
et un peu de leur brute chaleur

ani-mots
le bas-monde a son rythme propre
son langage ordurier
ses ouvriers ses manœuvres
et des antres de fées
des langues enchanteresses

de A à Z
on la tient la belle histoire
deux lettres
faut juste la coucher
sur le papier
consentante
fiévreuse

la belle histoire la drôle d’histoire
des étranges nuits infra-éternelles

MOIRURE

et chaque fois je réapprends
à regarder ma peur qui me regarde
cette sensibilité
un peu idiote
l’humide d’un trop plein
de beauté
l’envie d’un regard
amoureux
petit cinéma personnel
qui fait salle comble
l’indécrottable romantisme
cet élan qui fait gicler
de nous-mêmes le meilleur
cet enfant en nous qui veut plaire
mais le monde peut bien hurler
il y a des crocs qui jamais ne lâchent
accueillir donc
ouvrir se fondre à l’appel
briseur de sirènes
se couler dans le courant
d’une non-réalité
s’allonger sur le fond
et du coup sur les formes
danser la danse dissolue
des algues amnésiques
des traces des marques des signes
à tâtons je cherche
puis ne cherche plus
trouve la paix
sur les ailes d’un délire
un sourire qui s’étire
comme chat reptile
œil vif
cheval blanc
brin d’herbe entre les dents
guérisseur
ouvrir la fenêtre
du bout des lèvres happer la lune
la laisser fondre sous la langue
manger la nuit
recracher ses étoiles
ces milliards de soleils dans les yeux
dans nos yeux
toujours noirs
et que vienne la relève
les nouveaux dieux
barbares et bandant
qui marqueront nos lèvres
d’une sève profane
feu
averse
vapeur
la traversée
l’entre-deux mondes
je sens la force qui émane
des anciens sillons
je sens la chaleur
des entrailles
la rougeur organique
les flux de la peur
et du désir
qui tressaute
les muscles épices
le regard perforateur
du cheval écarlate
trempé de sueur
qui se cabre
juste le souffle
pour dompter
ce cheval fou
ce cheval ivre
de cette puissance
qu’est vivre
et chaque fois je réapprends
à regarder ma peur qui me regarde