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09/03/2013

BANQUE MONDIALE : LA PALME DU DISCRÉDIT AU HONDURAS (PÉTITION)

 

Banque mondiale : la palme du discrédit au Honduras (pétition)

Les dollars de la Banque mondiale financent les déserts verts de palmiers à huile au Honduras

 

Par le biais de la Société financière internationale (IFC), la Banque mondiale a octroyé un prêt de 30 millions de dollars US à la Corporación (ou groupe) Dinant, le plus gros producteur d'huile du palme du Honduras. En novembre 2009, juste après le putsch militaire ayant renversé le président élu démocratiquement Manuel Zelaya, la banque a versé la première moitié de ce crédit à l'entreprise... dont le propriétaire Miguel Facussé avait activement soutenu le coup d'état !

Les conflits liés aux plantations de palmiers à huile de Dinant remontent aux années 70. Depuis le putsch militaire de 2009, la région a été fortement militarisée, les communautés violemment expulsées. Dinant et d'autres producteurs d'huile de palme sont impliqués dans le meurtre de 88 paysans dans la vallée de l'Aguán. Les assassinats continuent à être perpétués en toute impunité. Le nombre total des victimes du conflit est estimé à 109.

Malgré cette violence avérée, la Banque mondiale vient de procéder en février 2013 à une mise à jour édifiante de la description du projet de crédit accordé au groupe Dinant sur sa page internet : « Dinant comprend l'importance d'avoir de bonnes relations avec les communautés locales et est particulièrement actif sur ce point ».

Suite à une plainte déposée par des organisations de défense de droits de l'homme, un audit interne est en train d'être réalisé par le Bureau des plaintes de la Banque mondiale (CAO). Pourtant, les compétences du CAO étant très limitées, il est à craindre que celui-ci ne puisse entraver le versement de la seconde moitié du crédit au groupe Dinant.

La Banque mondiale se discrédite par ce prêt qui offre des capacités financières et de la légitimité internationale au groupe Dinant. Demandons à son président d'annuler ce prêt inadmissible !

 

Signez la pétition : sauvonslaforet.org,

Paysans et paysannes du monde entier au Forum Social Mondial à Tunis « Pour l'arrêt de l'accaparement des terres, le rejet des semences transgéniques et pour le développement de la Souveraineté Alimentaire !

 

Paysans et paysannes du monde entier au Forum Social Mondial à Tunis

L'agriculture paysanne durable refroidit la terre

Du 26 au 30 mars, la Via Campesina, le mouvement paysan international, sera présent au Forum Social mondial à Tunis, capitale de la Tunisie. Plus de 50 paysans et paysannes de tous les continents du monde se rassembleront à Tunis, et y rejoindront des milliers d'autres activistes du monde.

Cet important événement aura lieu en Tunisie, un pays soumis pendant des années à un régime autoritaire. Le peuple tunisien s'est soulevé pour mettre fin à cette oppression et lutte encore aujourd'hui pour la démocratie. Il ne faut non plus oublier que c'est en Tunisie que le «Printemps arabe» a commencé, suite à l'immolation d'un marchand ambulant tunisien désespéré par la confiscation de ses biens par les autorités municipales et toute l'humiliation qui en découlait.

La Vía Campesina a pour but de défendre la souveraineté alimentaire comme solution au problème de la faim, de l'économie et de la crise du climat.

Au Forum Social Mondial -un espace de construction d'alliances et de consolidation d'alternatives aux actuelles crises sociales, environnementales et économiques-, la Via Campesina fera partie de l'espace du climat et celui des migrations internationales. Elle sera présente aussi pour apporter sa solidarité envers les femmes du Maghreb-Machrek et celles du monde entier.

Vía Campesina, en collaboration avec d'autres mouvements alliés, organisera des conférences et des débats, dont :

  • Campagne du mouvement paysan pour l'arrêt de la violence contre les femmes
  • Mondialisons le mouvement paysan et la souveraineté alimentaire – échanges avec des paysans et paysannes du Maghreb et du Machrek
  • Lutte contre l'accaparement : renforcement des alliances internationales
  • Lutte des paysans et des paysannes contre les semences transgéniques, AGRA - 2ème révolution verte
  • Pour la souveraineté alimentaire : L'arrêt des Traités de libre-échange (entre l'Afrique et l'Europe)
  • Changement climatique – Les petits producteurs refroidissent la planète
  • Économie paysanne, migrations climatiques et droits des travailleurs et des travailleuses de la terre

Au Forum Social mondial, la Vía Campesina aura un stand où vous trouverez d'avantage d'information. Le stand sera également un point de rencontre pour les personnes et des mouvements alliés de la Via Campesina.

 

Un article publié par viacampesina.org

08/03/2013

Nouvelles calédoniennes

Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/nouvelles-caledoniennes

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Vents d’ailleurs 2012

128 pages, 14,20 €

 

 

Sept auteurs, sept nouvelles, comme les sept notes de musique pour la richesse d’une mélodie, sept couleurs pour peindre l’arc-en-ciel d’une terre, celle de Nouvelle-Calédonie, terre de contraste, de métissage comme de conflits, terre d’ancêtres pour les uns, d’enracinement ou de passage pour d’autres. Sept nouvelles aussi différentes que les origines de leurs auteurs, et pourtant une terre, une seule, qui devient le lien, le creuset où se mélangent culture, rêves et parcours de chacun.

Sept nouvelles où souvenirs et fiction s’entremêlent pour tisser comme un manou, ce morceau d’étoffe à la fois utile et symbolique dans la coutume Kanak. Les Kanaks qui, ne l’oublions pas, sont le premier peuple de cette terre et on retrouvera leur souffle dans la majeure partie des nouvelles du livre, même si les auteurs sont d’origines diverses : kanak pour Waej Génin-Juni et Denis Pourawa, métisse pour Noëlla Poemate, néo-calédoniens de naissance comme Frédéric Ohlen et descendant de familles migrantes installées là depuis le XIXe siècle comme Nicolas Kurtovitch, mais aussi Française de Belfort comme Claudine Jacques, ayant pris racine là-bas à l’adolescence ou encore Bretonne partie vivre là-bas en 1989, comme Anne Bihan.

Toutes et tous ont en commun l’amour de l’écriture et d’une terre, avec un attrait et un respect certains pour sa culture première. On croisera dans ces nouvelles maints personnages et quelques destins tragiques, comme celui de la jeune Maeva dans Hula de Waej Génin-Juni, ou de René Lebel, atteint d’une terrible et infamante maladie dans Condamné à perpétuité de Claudine Jacques, ou encore celui de l’ami d’enfance disparu sous un éboulement dans L’allée couverte de graviers blanc de Nicolas Kurtovitch. On y lira des odeurs, des paysages, la végétation luxuriante, des questionnements à la croisée des cultures, entre tradition et modernité. Dans L’horloge végét@le, on entrera dans la tête aux circonvolutions plus qu’originales de Denis Pourawa qui, grâce à son horloge intérieure, a trouvé comment s’évader avec intelligence du temple unique des dépouilleurs de conscience. Frédéric Ohlen lui, dans Zénon ou les hirondelles, prenant en quelque sorte le contre-pied de la thématique Nouvelles calédoniennes, raconte une histoire qui se déroule en France pendant la dernière guerre et nous y fait rencontrer Yasmina, une jeune algérienne. Les hirondelles, beau symbole des mouvements migratoires qui insupportent les esprits étroits. Il y sera question de déracinement et de comment les destins de chacun se croisent pour le meilleur comme pour le pire.

Être ou ne pas être de là où l’on est, elle est là la question. Appartenir à un lieu c’est sans doute important, plus important encore est sans doute d’appartenir à soi-même, d’avoir l’esprit libre et une pensée vaste et ouverte à toutes sortes de pensées différentes. C’est peut-être ça que l’on peut, ou que l’on doit retenir, de ce petit voyage en Nouvelle-Calédonie.

 

Cathy Garcia

 

 

Vents d’ailleurs est une maison fondée en 1999 par Jutta Hepke et Gilles Colleu. Nous éditons des livres venus des cultures d’ailleurs, proches ou lointaines, convaincus que la connaissance des cultures du monde aide à bâtir une société plus solidaire et plus intelligente. Le catalogue de Vents d’ailleurs construit des passerelles vers ces imaginaires, propose des livres pour enrichir les êtres humains dans leur recherche d’humanité. La littérature est ainsi très présente dans le catalogue, mais également les albums jeunesse, l’art et les sciences humaines. Le plaisir de la découverte, la curiosité permanente, un non-conformisme littéraire revendiqué permettent à Vents d’ailleurs d’éditer des ouvrages qui reflètent les mille plaisirs de la vie, la diversité des idées du monde, les imaginaires les plus singuliers. Nous sommes membre de l’Alliance des éditeurs indépendants pour participer à la construction de réseaux à travers le monde, pour défendre une certaine idée de l’édition de création, pour ­défendre le livre et la lecture comme ouverture sur le monde et non comme un produit consommable, interchangeable et jetable comme un autre. Nous sommes un éditeur indépendant de création, nous défendons la bibliodiversité car l’offre pléthorique de livres n’équivaut pas à la diversité et la pluralité des idées. Vents d’ailleurs est également membre de l'association Éditeurs sans frontières et de l'association Jedi Paca. Vents d'ailleurs est signataire de la Déclaration des éditeurs indépendants du monde latin signée par 70 éditeurs venus de 23 pays, réunis à en novembre 2005 à l’occasion de la rencontre Les éditeurs indépendants du monde latin et la bibliodiversité, organisée par l’Union latine, l’Alliance des éditeurs indépendants, et le Centre régional pour la promotion du livre en Amérique latine et dans la Caraïbe (CERLALC) dans le cadre de la Foire internationale du Livre de Guadalajara au Mexique.

 

 

 

Nouvel incident sur le site nucléaire du Tricastin : trop c'est trop

Dans un des réacteurs nucléaires les plus anciens de France, un incident électrique grave s'est produit le 1 mars. La situation ne parait pas y avoir été parfaitement rétablie.

Le nouvel incident - une explosion précédée d'un immense flash bleu - qui s'est produit jeudi 28 février 2013 vers 20h à la centrale nucléaire du Tricastin, l'une des plus vieilles centrales nucléaires, n'est pas clos.

A ce jour les investigations indépendantes menées en dehors de la parole officielle et de l'exploitant EDF révèlent :

- le parasurtenseur (parafoudre) de sortie du transformateur principal du réacteur nucléaire n° 1 est touché et gît à 45 ° vers le sol, des techniciens sont en intervention.

- les bâtiments annexe « phase 3 » du réacteur nucléaire n°1 , celui des turbines et condensateurs, crachent de la "vapeur" de tous les côtés. D'importantes coulures de liquide se répandent au long de l'assise en béton. Ce qui peut laisser supposer une difficulté de régulation de la pression.

- le mistral soufflant entre 80 et 90 km/h rend impossible des prélèvements d'échantillons significatifs de présence ou non de radioactivité.

Des rejets radioactifs possibles, une vétusté inquiétante

Lors de l'arrêt d'urgence d'un réacteur, tel celui qui affecte aujourd'hui le réacteur n°1 du Tricastin, il y a impossibilité de stopper instantanément la réaction nucléaire (blackout). En conséquence le refroidissement et la production de vapeur par l'échangeur du circuit primaire doivent être assurés.

Cette continuité peut engendrer des "soulagements" qui peuvent nécessiter en urgence des rejets gazeux radioactifs et chimiques par la cheminée (et non par les tours de refroidissement dont ce n'est pas la fonction).

Le réacteur n°1 est celui qui présente le plus de vétusté dont de nombreuses fissures de plus de 1 cm et il apparaît que sa maîtrise de conduite relève de la danse de Saint-Guy. L'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) l'a placé particulièrement sous surveillance tout en lui ayant octroyé un prolongement de durée de fonctionnement plutôt contradictoire.

D'autres incidents dans les mois et années passées

Le 2 juillet 2011 : un incendie avait déjà touché le transformateur de l'unité du réacteur n°1 à l'arrêt. Incendie, flammes, fumées noires dans le ciel, intervention des pompiers, périmètres de « sécurité ». Explication officielle à l'époque : « Une borne en porcelaine s'est fissurée et a explosé. De l'huile a coulé, provoquant l'incendie. »

Février 2011 : Un incident concernant les groupes électrogènes de secours à moteur diesel de la centrale nucléaire du Tricastin a été déclaré par EDF le 16 février 2011. Les groupes électrogènes de secours à moteur diesel permettent d'alimenter les systèmes de sûreté du réacteur en cas de perte de l'alimentation électrique par le réseau national. L'ASN a classé au niveau 2 sur l'échelle INES cet incident.

Mardi 10 avril 2012 au petit matin, un incendie dégageant une importante fumée s'est déclaré dans la salle des machines, cette fois-ci du réacteur n° 4. La quasi totalité des voies de circulations situées à l'extérieur du site nucléaire ont du être fermées par les forces de gendarmerie.

 

http://www.terresacree.org/actualites/module-mere-comment...

12:05 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

04/03/2013

les mots qui rabotent la peau

Les enchanteurs  pourissent au fond des tranchées.

 

(…)

 

Fasciné par les mailles du filet

On finit par croire qu’on ne pourra

Échapper à la raison qui vient à nous.

 

(…)

 

Et donner à boire aux mémoires trahies.

 

 

Figés dans nos masques d’effraies

Tout nous éteint. Les nouvelles

Qui nous parviennent du front de la vie

Sont si laides que les écouter

Ne donne plus envie de vivre.

 

(…)

Il n’existe pas de mode d’emploi à la vie.

 

(…)

Nous marchons vers le désert de nous-mêmes

Aveugles aux feux brûlants dans la nuit.

 

(…)

Aller à la source puiser l’émotion transmise

Par les vibrations de l’air.

 

(…)

J’aime les mots qui rabotent la peau.

 

 

Saïd Mohamed

 

Lieu du larcin

 

 

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illustration d’Anto en couverture

Les Carnets du Dessert de Lune, 2006

 

 

 

02/03/2013

Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

La est selon la pensée dominante la condition de la reprise économique et de la baisse du . Cette opinion n’est pas toutefois partagée par un nombre croissant de voix dissonantes dont celle de Jean Gadrey, économiste, collaborateur à Alternatives Economiques et membre en 2008-2009 de la « Commission Stiglitz ». Pour lui, cette quête éperdue de la croissance risque de nous mener à notre perte et il est grand temps de changer de logiciel.

Une lubie? Une mode?. On a le droit de le penser. Pourtant, en 1972, le MIT (Massachusetts Institue of Technology) publiait un rapport réactualisé en 2012 intitulé Halte à la croissance ? qui remettait déjà en question la croissance économique et démographique notamment en raison de leur impact sur l’environnement.

 

« On nous dit que, sans croissance, c’est la régression sociale, on ne peut pas réduire les dettes, ni le chômage, ni la pauvreté, et l’on n’aura pas les moyens d’engager la transition écologique. Pourtant, je propose de dire « Adieu à la croissance », qui est le titre de mon livre (voir les bonnes feuilles sur le site d’Alternatives économiques).

Il serait temps que les économistes, s’ils veulent être « responsables », prennent en compte les risques écologiques et qu’ils se posent les questions suivantes : et si ce culte de la croissance relevait d’un aveuglement des élites économiques et politiques ? Et si la quête de la croissance, fondée sur des gains de productivité sans fin, était l’un des facteurs de crises, voire la plus grave des menaces à terme pour l’humanité ? Et si, quoi que l’on fasse, la croissance ne revenait jamais dans les pays « riches » ? Et si une « prospérité sans croissance » était possible et nécessaire pour sortir de la nasse où nous sommes ? Et si notre pays était immensément riche sur le plan économique, ce qui permettrait de faire face à tous les défis, sans croissance, dans le cadre d’une transition ambitieuse ?

Ces hypothèses sont de plus en plus crédibles. Le graphique joint représente l’évolution, depuis 1949, des taux annuels de croissance. On ne peut certes rien en conclure sur les évolutions futures, mais cela pourrait au moins faire réfléchir les dévots de la croissance.

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

Les causes du plongeon

Bien des raisons expliquent cette baisse spectaculaire. La poursuite de la croissance se heurte d’abord à différentes limites sociales. Elle n’est plus depuis longtemps un facteur de mieux vivre, vu qu’elle est définie comme la progression quantitative d’un « truc technique », le PIB (Produit intérieur brut), lequel n’a pas été fait pour enregistrer la qualité de la vie individuelle et collective, les dommages écologiques, les , le temps libre, le bénévolat, le travail domestique, etc. Comme le disait en mars 1968 le sénateur Robert Kennedy, quelques mois avant son assassinat,« le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut d’être vécue ». C’est à un constat semblable qu’est parvenue la « Commission Stiglitz » quarante ans plus tard !

Mais la raison qui va devenir la plus importante est écologique. Elle est résumée par cette citation d’un grand économiste américain, Kenneth Boulding : « Celui qui pense qu’une croissance exponentielle infinie est possible dans un monde fini est soit un fou soit un économiste. »

La finitude des ressources naturelles se manifeste notamment par les premiers effets du pic du pétrole et de bien d’autres pics (le « peak all », le pic de tout), qu’il s’agisse de ressources non renouvelables, extraites du sous-sol, qui s’épuisent et dont le prix va grimper sans cesse, ou de ressources en principe renouvelables mais tellement surexploitées qu’elles ne parviennent plus à se renouveler : climat, eau, biodiversité, forêts, terres arables…

Les avocats de la croissance à perpétuité font penser à de mauvais médecins qui jugeraient la d’une personne par la croissance de sa taille et de son poids alors qu’elle a atteint un âge où son développement qualitatif, individuel et social, devrait primer. C’est pour cela que nous vivons sous un régime d’obésité consumériste, au demeurant très inégalitaire.

Et le chômage dans tout ça ?

Mais alors, si la croissance prend fin dans les pays riches, et s’il faut le souhaiter pour diverses raisons, en particulier pour préserver ou restaurer des patrimoines naturels vitaux aujourd’hui endommagés, le chômage ne va-t-il pas poursuivre son envolée ?

La fin de la croissance sera en effet un drame pour l’emploi si l’on prolonge la trajectoire productiviste symbolisée par les Trente Glorieuses, car les gains de productivité détruisent l’emploi s’il n’y a pas assez de croissance. Sauf – c’est une première piste à exploiter – si l’on réduit la durée du travail. Je suis favorable au passage assez rapide et négocié en aux 32 heures ou à la semaine de quatre jours à la carte. Mais ce n’est pas la seule piste.

En effet, rien ne nous condamne à viser toujours plus de productivité, surtout quand on mesure les dégâts humains et écologiques que cela entraîne, mais aussi la dégradation de la qualité dans bien des cas, dont des cas récents dans l’agriculture et l’alimentation. Il faut s’orienter vers des gains de qualité et de durabilité (le « toujours mieux » à la place du « toujours plus »), qui ont déjà été dans le passé des sources de création d’emplois et qui devraient l’être beaucoup plus à l’avenir : agroécologie, construction et isolation thermiques, énergies renouvelables, circuits courts, relocalisation, mobilité douce, services de bien-être, etc.

Par exemple, on a besoin d’environ 30% d’emplois en plus dans l’agriculture biologique pour produire les mêmes quantités, donc sans croissance quantitative. On est là dans une logique vertueuse favorable aussi bien à l’environnement qu’à la santé publique, à l’emploi et au sens retrouvé du travail. C’est vrai dans bien d’autres activités. La soutenabilité écologique et sociale n’est pas l’ennemie de l’emploi, et donc de la protection sociale, contrairement au productivisme. Encore faut-il des politiques résolues pour cette grande bifurcation, et une réduction des inégalités. Des scénarios de très bonne qualité existent, il faut les mettre à l’agenda politique. Ils ne sont nullement régressifs, bien au contraire.

5% du PIB part en dividendes

Privés de croissance, reste à savoir comment les pouvoirs publics pourraient dégager les financements nécessaires à la protection sociale et à la transition écologique sans creuser la dette. En réalité, on cherche les clés sous le réverbère de la croissance et pas là où elles se trouvent, du côté des inégalités, des privilèges, du pouvoir économique d’une infime minorité, et de la maîtrise du crédit. En termes économiques, les Français sont environ deux fois plus riches qu’au début des années 1970. En fait, les « marges de manœuvre » financières de gouvernements qui chercheraient les clés au bon endroit sont considérables. Voici trois exemples.

 

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

D’abord, depuis les années 1980, le partage de la richesse économique (la « valeur ajoutée ») a évolué en faveur des profits (principalement les dividendes) et en défaveur des salaires, dans des proportions énormes. Le graphique 2 représente les dividendes versés par les entreprises aux actionnaires depuis 1949 en pourcentage de la masse salariale. Il se passe de commentaires. Aujourd’hui, 100 milliards d’euros annuels, soit 5% du PIB, partent en dividendes. Il faudrait cinq fois moins que ce montant pour éradiquer la pauvreté !

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

Ensuite, selon un rapport du député UMP Gilles Carrez, les niches fiscales représentent au bas mot 100 à 120 milliards d’euros par an de manque à gagner pour l’Etat. Certaines sont justifiées, mais plus de la moitié ne le sont pas et sont jugées inefficaces par la Cour des Comptes.

1x1.trans Jean Gadray: « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème »

Enfin, l’évasion fiscale et la fuite dans les paradis fiscaux, plus la fraude fiscale, représentent elles aussi plusieurs dizaines de milliards d’euros de pertes sèches qui ne peuvent servir ni les objectifs sociaux ni les finalités écologiques.

Ajoutons à cela le fait qu’en se privant de la création monétaire par leur propre banque centrale (c’est-à-dire de la maîtrise du crédit), les Etats de la zone euro se sont privés d’un instrument majeur de réorientation écologique des investissements. Il faudrait, comme le demandent la Fondation Nicolas Hulot, le « collectif Roosevelt » et d’autres associations, récupérer cet outil pour financer la transition.

Quand il s’agit de « sauver l’humanité », ne pourrait-on pas faire ce qu’on a fait pour « sauver les banques » ?

Source: Terra Eco

Lily et Po de Lauren Oliver

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/lily-et-po-lauren-oliver

 

Lily et Po, Lauren Oliver    

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Hachette, novembre 2012

trad. (USA) d'Alice Delarbre

Tomes 1, 2, 3 (160 pages chacun, les deux premiers reprennent les deux premiers chapitres du tome suivant) - 9,90 € par tome

 

Trois livres jolis comme tout pour une seule histoire. Une belle histoire, celle de Lily et Po, tissée autour d’un sujet grave : la perte d’un proche, et pire encore, l’assassinat d’un proche pour le plus vil des motifs : la cupidité. Ici c’est le papa de Lily qui est empoisonné par Augusta, sa deuxième femme. La « parfaite » incarnation de la marâtre affublée de sa propre fille idiote, et la pauvre petite Lily, à la mort de son père, se retrouvera recluse au grenier.

C’est là que Po et Baluchon vont faire leur apparition. Po n’est pas un garçon, il n’est pas une fille non plus et Baluchon n’est pas un chat, ni un chien, mais il pourrait être l’un ou l’autre. Po et Baluchon viennent de l’Autre Côté. Ce sont des fantômes, et tous deux et Lily vont devenir comme les meilleurs amis du monde, ou plutôt, des deux mondes. Ils aideront Lily à s’échapper du grenier pour réaliser son vœu le plus cher : apporter le coffret contenant les cendres de son père au pied du saule pleureur à la Maison Rouge, là où est enterrée sa mère. Il lui faudra prendre le train, c’est une grande aventure, mais Po et Baluchon seront ses compagnons de route.

Seulement, c’est sans compter d’innombrables obstacles qui ne vont pas manquer de se mettre en travers de leur route, en grande partie dus à quelques adultes dotés de très vilains défauts. Ainsi, suite à une malencontreuse confusion entre deux coffrets, l’un contenant les cendres du papa de Lily, l’autre une poudre magique, la plus puissante qui soit, la petite Lily va connaître bien des mésaventures. Elle y rencontrera Will, un petit garçon apprenti alchimiste qui l’aimait sans qu’elle ne le sache, et dont le destin est lié au sien, et puis l’alchimiste, qui connaît toutes les magies possibles, sauf la plus essentielle : celle du cœur.

Une vieille dame rigide et bornée, un policier trop zélé, une pseudo comtesse ambitieuse et cruelle, un malfaiteur qui n’est autre que le frère de cette pseudo comtesse, Mel, le garde de la comtesse, un grand maladroit au cœur énorme, sa chatte Gauchère le sait bien, et d’autres personnages encore. Toute l’histoire se déroule dans un décor sombre – le soleil a disparu depuis des années et la végétation aussi, et baigne dans une ambiance victorienne. La plus grande partie des personnages adultes semble courir après la gloire, la richesse, la reconnaissance sociale, d’autres après leur vision obtuse de l’ordre et de la morale, et tous sont prêts à tout pour obtenir satisfaction. Les deux enfants traverseront bien des dangers, mais la solidarité, l’entraide et l’amour auront raison de tous les mensonges et de toute vilénie. La morale, s’il en faut une, pourrait être que chacun en aidant l’autre, s’aide lui-même et comme dans les contes de fées, l’histoire finira bien.

 

Cathy Garcia

 

 

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Titulaire d’un diplôme de philosophie et de littérature à l’université de Chicago, Lauren Oliver a ensuite suivi une formation en arts à l’université de New York. Elle a brièvement travaillé comme assistante d’édition chez un éditeur new-yorkais, avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Elle vient d’une famille d’écrivains. Elle a publié son premier livre en 2010 : Le dernier jour de ma vie (Before I fall), puis une trilogie Délirium dont le dernier tome doit paraître en 2013.

01/03/2013

Pauvres de nous - Ben Lewis 2012 - Documentaire ARTE

Du Néolithique à la crise actuelle du capitalisme, une histoire de la pauvreté éclairée par les propos d’experts renommés. merci à JL Millet pour l'avoir déniché !

 

 

28/02/2013

Les Quanta, l'invisible et l'au-delà, Emmanuel Ransford


Emmanuel.Ransford est épistémologue, chercheur indépendant spécialiste de physique quantique, et conférencier. Il est l'auteur de la nouvelle physique de l'esprit et co-auteur de Les Quanta, l'invisible et l'au-delà de parution prochaine.

 

Emmanuel Ransford
Après des études scientifiques qui lui donnent un diplôme d’ingénieur et de statisticien, E.R. se tourne vers la physique quantique. Il se passionne pour les questions épistémologiques qu’elle soulève.

Il s’interroge en parallèle sur l’énigme de la psyché et sur celle du cerveau conscient, qu’il tente de reformuler selon une perspective qui n’est pas celle du matérialisme ni celle du spiritualisme. (Pour lui, la psyché humaine n’a pas une matérielle ni une origine surnaturelle.)
Cette double recherche le conduit à proposer la synthèse de l’holomatière (qu’il a aussi nommée la psychomatière), qui rajoute une dimension invisible – mais aux effets parfaitement repérables – à la matière ordinaire. Nous la croyons inerte et passive alors qu’elle ne l’est peut-être pas.
A partir de l’idée d’holomatière, il réinterprète les propriétés très étranges des quanta. Il parvient même à proposer une nouvelle façon, potentiellement testable, d’aborder et de comprendre le cerveau conscient.

Il est l’auteur de plusieurs articles, la plupart publiés en langue anglaise. En 2001 il contribue à l’ouvrage collectif : "Science and the Primacy of Consciousness" (Noetic Press, USA).

En 2007 paraît son premier livre en français, intitulé "La Nouvelle Physique de l’Esprit" (éd. Le Temps Présent). Il est suivi en 2009 par un livre écrit en collaboration avec Tom Atham, qui en est l’auteur principal. Il s’intitule "Les Racines Physiques de l’Esprit" (éd. Quintessence).
Son dernier ouvrage, intitulé "Les Quanta, l’Invisible et l’Au-delà", vient de paraître aux éditions Guy Trédaniel.

 

Conférences

• à venir : mercredi 20 mars 2013 - L'au-delà et la physique quantique à l'Observatoire du Réel
 

 

Livres

• Science and the Primacy of Consciousness (Noetic Press, USA)

• La Nouvelle Physique de l’Esprit, éditions Le Temps Présent, 2007

• Les Racines Physiques de l’Esprit, éditions Quintessence, 2009

• Les Quanta, l’Invisible et l’Au-delà, éditions Guy Trédaniel, 2012

27/02/2013

LISA KRISTINE : DES PHOTOS QUI TÉMOIGNENT DE L'ESCLAVAGE MODERNE (VIDÉO)

Pendant ces deux dernières années, la photographe Lisa Kristine a voyagé dans le monde pour faire un reportage sur les réalités cruelles et insupportables de l'esclavage moderne, 27 millions de personnes concernées...

  

Aux Etats-Unis, l'écriture cursive considérée comme un vestige du passé

LOS ANGELES (Sipa-AP) -- Pour Monica Baerg, 16 ans, élève au lycée d'Arcadia en Californie, écrire en attaché ne sert à rien. Les devoirs pour l'école doivent obligatoirement être tapés à l'ordinateur, et pour les messages personnels, il y a les e-mails, souligne la jeune fille. Quand elle doit prendre la plume, Monica écrit en lettres d'imprimerie.

"Personne ne nous a jamais forcés à utiliser l'écriture cursive, donc c'était pénible de mémoriser les lettres", raconte cette adolescente qui a même des difficultés à déchiffrer ce que ses parents écrivent.

Pas moins de 45 Etats américains sont sur le point de lui donner raison. Ils doivent adopter des orientations de programmes scolaires communes pour 2014 en mathématiques et en anglais. Et les belles boucles de l'écriture cursive ne sont plus requises, contrairement à la maîtrise du clavier d'ordinateur, à la sortie de l'école élémentaire.

Plusieurs Etats, dont la Californie, la Géorgie et le Massachusetts, ont ajouté l'écriture cursive à leurs programmes. La plupart des autres, comme l'Indiana, l'Illinois et Hawaï ont laissé le choix aux districts scolaires.

Aux Etats-Unis, les ordinateurs ont envahi les salles de classe. Alors pour certains pédagogues, apprendre à écrire en script est bien suffisant.

"Avez-vous vraiment besoin d'apprendre deux façons d'écrire?", demande Steve Graham, professeur de pédagogie à l'université Arizona State. Il s'est penché sur l'apprentissage de l'écriture, et en conclut: "Il y aura plein d'enfants qui n'apprendront pas la cursive. La compétence la plus importante maintenant, c'est de taper à l'ordinateur".

L'écriture cursive, parée de nombreux bienfaits

L'écriture cursive a néanmoins ses partisans, qui lui trouvent des bienfaits sur les capacités psycho-motrices des enfants. Cette écriture les relie aussi au passé, qu'il s'agisse de la Constitution ou des lettres de leurs parents ou grands-parents. Les boucles de l'attaché en disent également beaucoup plus sur la personnalité que les bâtons des lettres d'imprimerie.

"Je pense que cela fait partie de l'identité et de l'estime de soi", observe Eldra Avery, qui enseigne le langage et la composition au lycée de San Luis Obispo, en Californie. "Il y a quelque chose de très unique et personnel dans une lettre en cursive", ajoute-t-elle.

Autre argument, la rapidité d'écriture. Eldra Avery réapprend à ses élèves de terminale l'attaché, pour qu'ils réussissent mieux leurs examens de fin d'année. "Ils doivent écrire trois rédactions en deux heures. Ils ont besoin de cette rapidité", affirme-t-elle. "La plupart ont appris l'écriture cursive en CE1 et l'ont oubliée. Leur calligraphie est déplorable."

La plupart des élèves américains préfèrent les lettres d'imprimerie qu'ils ont davantage pratiquées. Sur 32 élèves de CM1, seuls trois écrivent en attaché, note Dustin Ellis, enseignant à l'école élémentaire Big Springs, à Simi Valley en Californie. Si cela ne tenait qu'à lui, il limiterait le programme à l'apprentissage de la lecture des lettres attachées, pas à leur écriture.

"Les élèves peuvent réussir aussi bien avec les lettres d'imprimerie", affirme Dustin Ellis. "Quand un jeune peut écrire par texto 60 mots en une minute, cela signifie qu'on part dans une nouvelle direction. L'écriture cursive est de moins en moins importante."

Monica Baerg, elle, voit un seul intérêt à l'écriture cursive. Pour l'adolescente, on devrait apprendre aux jeunes ce type de calligraphie dans un unique but: "Tout le monde veut une signature cool avec plein de belles boucles".

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20121126.FAP6593/aux...

L'HOMME, "UNE ÉTAPE INTERMÉDIAIRE"........?

 

L'homme, "une étape intermédiaire" que la technologie pourrait améliorer

 

Les transhumanistes pensent que l'homme peut maîtriser sa propre évolution via les innovations technologiques. Une fiction pas si éloignée de la réalité.

En 1984, le premier Terminator répare son bras bionique endommagé par un tir de fusil à pompe et remplace L'homme qui valait trois milliards au panthéon de l'homme-machine. Fiction ? De moins en moins ! Grâce à la science, la race humaine a un début de mainmise sur une obsolescence programmée, la sienne. C'est en tout cas la promesse des transhumanistes.

Comme leur nom l'indique, ils estiment que l'homme peut dépasser sa condition, n'étant pas obligé de la subir. Selon eux, la science actuelle permet non seulement de réparer un dommage, mais de modifier carrément l'évolution naturelle. En d'autres termes de faire de l'homme, diminué ou non, un homme plus fort qu'à l'origine : un homme augmenté.

Et les exemples de réalisation se multiplient. Ainsi, cet homme bionique exposé au Science Museum de Londres et réalisé avec des prothèses et des organes de synthèse. Ou encore ce scientifique britannique spécialiste de la cybernétique, Kevin Warwick, autoproclamé "premier cyborg de l'histoire de l'humanité", qui s'est implanté lui-même des puces électroniques pour pouvoir communiquer avec des ordinateurs et des machines en utilisant son système nerveux.

 

REGARDEZ Kevin Warwick, l'homme-cyborg (vidéo en anglais)

 

Récemment a été mis au point un tatouage électronique capteur de l'activité cardiaque et autres données médicales et qui permet un suivi médical à distance. Les prothèses et les yeux bioniques sont devenus tellement performants que ce serait dommage de les laisser aux seuls handicapés, semblent penser certains industriels. Un coeur artificiel pourrait à terme supprimer les greffons naturels. Une version complètement autonome, quoique temporaire, a déjà été transplantée avec succès.

Le CNRS prend donc la thématique au sérieux et a organisé un premier colloque en décembre sur le sujet. Car, au sein de la communauté scientifique, le débat fait rage sur les enjeux éthiques d'une telle transformation. Pour Hervé Chneiweiss, neurologue, directeur de recherche au CNRS et auteur de L'homme réparé (Plon), l'idéologie transhumaniste est "typique de la tendance au toujours plus" et son argumentaire "est vicié à la base".

Selon lui, les transhumanistes se comportent "comme si tous les ingrédients pour la recette étaient à notre disposition". L'histoire de la biologie devrait pourtant, à son avis, les inciter à plus de modestie. Et de rappeler qu'il y a une quinzaine d'années, l'avènement de l'ADN était porteur de nombreuses promesses que les scientifiques ont été contraints de revoir à la baisse : "Vu les progrès que l'on a faits depuis, on se rend compte que notre ignorance reste monstrueuse", explique le neurologue, pour qui l'on ferait mieux "de soigner les malades plutôt que de doper les bien-portants".

Pannes, piratages et mises à jour...

D'autant que l'hybridation de l'homme avec la machine, même partielle, conduit inexorablement à une dépendance mutuelle. "Prenez un pacemaker. Une personne ne vit pas si le pacemaker ne fonctionne pas", rappelle Édouard Kleinpeter, ingénieur de recherche à l'Institut des sciences de la communication au CNRS. Problème, l'homme augmenté par la machine risque de... tomber en panne !

Pire, un spécialiste de l'informatique qui a réussi à pirater un pacemaker à distance a désormais un droit de vie ou de mort sur l'individu. Et l'homme prétendument augmenté ne serait en fait qu'assujetti à l'industrie des biotechnologies. "Pour rester compétitifs, nous serons dépendants des mises à jour, donc, des fabricants de ces dispositifs...", souligne Édouard Kleinpeter.

L'association française transhumaniste Technoprog! en convient. Elle ne veut pas "aller dans tous les sens, sans aucune précaution", mais considère "ces possibilités sans tabou". "L'humain est le résultat d'une évolution longue de millions d'années", explique Marc Roux, son président. "Le premier bâton, le feu, le développement de l'agriculture et de l'élevage ont été des facteurs d'accélération du processus d'évolution qui n'a donc aucune raison de se terminer." La seule limite possible est par conséquent "celle que les humains voudront bien se donner".

Poser des limites, soit, mais où ? "Où commence la réparation et où s'arrête l'augmentation ?" s'interroge Édouard Kleinpeter. Les lames qui prolongent les jambes de Pistorius ont bel et bien fait de lui un des hommes les plus rapides du monde. Le transhumanisme "procède d'une conception fonctionnelle de l'être humain", déplore le chercheur, et fait "comme si l'homme n'était que la somme de ces capacités". En un mot, comme s'il n'était... qu'une machine.

 

Un article de Rodolphe Baron, publié par lepoint.fr

26/02/2013

Le film que les banques voudraient interdire

Une campagne contre la spéculation sur les denrées alimentaires. La spéculation financière affame des dizaines de millions de personnes. UBS & Co aimeraient pouvoir interdire cette vidéo. Et empêcher sa diffusion sur les réseaux sociaux.

 

La sale guerre des terres rares

Une vidéo de G. Pitron et S. Turquier


 

25/02/2013

Simplicité volontaire

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Allemagne: L’industrie et le gouvernement planifient des guerres de ressources

Ça a le mérite d’être clair.

La , elle, se cache derrière une prétendue guerre contre des terroristes pour faire main basse sur les ressources maliennes et subsahariennes. Les militaires doivent se mettre au service des multinationales et des industriels. Le titre « Expédition matières premières : la nouvelle voie de l’ » a même été employé par un éditorial du journal économique allemand Handelsblatt.

Les expéditions coloniales reprennent donc du service. Engagez-vous…

 

« Dans une interview accordée lundi 18 février à Reuters, le directeur de l’Alliance, Dierk Paskert, a réclamé «une politique stratégique en matière de commerce extérieur et de sécurité» afin de garantir aux entreprises allemandes l’approvisionnement en matières premières.

Il y a un an, les principales entreprises industrielles allemandes ont lancé uneAlliance pour la sécurisation des matières premières (Rohstoffallianz) en vue de sécuriser l’approvisionnement en matières premières sélectionnées pour le compte de ses actionnaires et de ses membres. Pour atteindre ce but, elle appelle à recourir aux moyens militaires.

Dans une interview accordée lundi 18 février à Reuters, le directeur de l’Alliance, Dierk Paskert, a réclamé «une politique stratégique en matière de commerce extérieur et de sécurité» afin de garantir aux entreprises allemandes l’approvisionnement en matières premières.

Alors même que cette politique devrait se laisser guider par «l’objectif consist[ant] à accéder à des marchés des matières premières libres et transparents,» dit Paskert, «il serait naïf de considérer que cela se fera dans un avenir proche.» L’évolution est «malheureusement allée exactement dans le sens inverse.» C’est pourquoi, Paskert conclut, «Nous [l’Allemagne], en coopération avec nos partenaires de l’UE et de l’OTAN, devons nous impliquer encore plus, avec nos partenaires de l’ et de l’OTAN, dans les questions relatives au commerce extérieur et à la sécurité.»

«L’implication dans les questions relatives à la sécurité» est un euphémisme pour des opérations militaires. Ceci est révélé par la référence faite à l’OTAN, une alliance militaire.

Paskert réclame des guerres de ressources.

En réponse à une question directe posée par le quotidien économiqueHandelsblatt – «Allons-nous assister à des guerres de ressources ?» – Paskert a répondu par l’affirmative en citant un précédent historique. «L’histoire montre,» a-t-il dit, «que de nombreux conflits ont eu pour origine dans la lutte pour les ressources… L’approvisionnement en matières premières est la base de la création de valeur et du bien-être d’un pays, et a donc une signification géopolitique.» Le Handelsblatt a publiquement déclaré quelle était la question centrale. Dans un long éditorial sur l’interview de Paskert, le journal écrit que l’industrie voudrait qu’il y ait «un plus grand engagement du gouvernement – et de l’armée – dans la sécurisation des matières premières.» L’éditorial a été publié sous le titre révélateur «Expédition matières premières : la nouvelle voie de l’Allemagne.»

Dans les cercles politiques, explique le Handelsblatt, cette exigence de l’industrie trouve une audience. Pour le gouvernement, «le contrôle des matières premières est une “question stratégique” pour la politique étrangère allemande.» L’on peut s’imaginer «que les partenariats sur les matières premières qui existent déjà ne suffisent pas. “Des instruments sécuritaires et militaires” sont aussi nécessaires.»

Selon le Handelsblatt, la chancelière envisage de nommer un coordinateur qui «ajustera mieux les intérêts des industries stratégiques à la technologie de la défense et de la sécurité, en contribuant à garantir l’approvisionnement en matières premières.» Les partenaires stratégiques de l’Allemagne, comme l’Arabie saoudite, devraient être soutenus en matière de technologie des armes avant que l’Allemagne en cas de ne soit obligée d’envoyer ses propres soldats. Et les forces armées devraient «être mieux préparées pour jouer leur nouveau rôle en tant que gardiens des intérêts stratégiques.» LeHandelsblatt cite les directives sur la politique de défense de 2011 disant que la «sécurité et l’accès aux ressources naturelles» sont l’ «intérêt le plus important de la politique de sécurité et de défense.»

Cet objectif n’est pas tout à fait nouveau. Au milieu des années 1990, les directives de la politique de défense avaient défini les tâches principales de la Bundeswehr (les forces armées allemandes) comme étant le «maintien de la liberté de commerce dans le et l’accès aux matières premières stratégiques.» Cette approche a ouvert la voie à la transformation de l’armée allemande de force de défense du territoire en force d’intervention internationale.

Dans la propagande officielle, les missions de l’armée aux Balkans, en Afghanistan et ailleurs ont été justifiées par des raisons humanitaires ou comme faisant partie de la «guerre contre le terrorisme.» Mais le gouvernement et le estiment maintenant qu’il est temps de mettre l’opinion publique au fait des objectifs réels de telles opérations.

Dans une interview accordée le 31 janvier au journal Süddeutsche Zeitung, le ministre allemand de la Défense, Thomas de Maizière, a déclaré, pour souligner la nécessité d’interventions militaires directes à l’avenir, qu’un nouveau type de justification devrait être trouvé. «Les opérations militaires internationales doivent être expliquées de manière réaliste,» a-t-il «et les justifications ne doivent pas sembler trop piteuses.»

Sous la direction de De Maizière, fils d’un général d’armée et chef d’État-major de longue date de la Bundeswehr, la transformation de la Bundeswehr progresse rapidement. Les moyens de reconnaissance et de transport ainsi que les troupes de déploiement rapide sont en train d’être élargis. De plus, la Bundeswehr veut acheter des drones armés et deux «joint support ships» (navires de soutien interarmées) qui, aux dires d’un haut gradé militaire, sont appropriés pour «faire preuve de volonté politique,» c’est-à-dire pour intimider adversaires et rivaux.

L’Allemagne est entre-temps en train de s’impliquer de façon toujours plus agressive dans des guerres impérialistes. Alors que Berlin affichait certaines réserves en 2003 en Irak et même en 2011 dans la guerre en Libye, elle soutient actuellement pleinement l’intervention française au et les préparatifs de guerre contre la Syrie.

Le contexte de cette évolution est l’intensification de la lutte pour les matières premières, notamment avec la . L’été dernier, le chef de l’Alliance, Paskert, déclarait au magazine américain BusinessWeek : «Si nous considérons que la Chine consomme 40 pour cent de presque tous les produits et que ses besoins continueront d’augmenter drastiquement, je commence à me sentir mal à l’aise à moyen terme. La Chine est un aspirateur géant qui n’existait quasiment pas, il n’y a pas si longtemps. Nous devrions maintenant sérieusement réfléchir à la sécurité de l’approvisionnement de l’industrie allemande.»

L’appel lancé par le patronat allemand en faveur d’une guerre de ressources rappelle les chapitres les plus sombres de l’histoire allemande. Les objectifs de guerre allemands dans la Première Guerre mondiale – des annexions extensives en France, dans les pays du Benelux et en Afrique – étaient fondés sur les besoins et les projets d’«éminents esprits du monde des affaires, de la politique et de l’armée,» comme l’écrivait en 1961 l’historien Fritz Fischer dans son livre innovant Les buts de guerre de l’Allemagne impériale.

Les mêmes cercles d’affaires avaient alors soutenu Hitler parce que ses projets pour la conquête du monde et la demande de «Lebensraum» (espace vital) à l’Est correspondaient à leur poussée expansionniste à la recherche de matières premières et de marchés et parce qu’il avait détruit l’organisation du mouvement ouvrier.

De nos jours, de nombreuses entreprises, ou leurs successeurs, qui avaient soutenu la Première et la Deuxième Guerre mondiale figurent parmi les partisans et les membres de l’Alliance. Ceux-ci comprennent, les sociétés chimiques et pharmaceutiques BASF et Bayer, qui sont issus du tristement célèbre cartel IG Farben ; le géant de l’acier ThyssenKrupp, né de la fusion de Thyssen et Krupp, qui tous deux faisaient partie des premiers partisans des nazis ; le groupe Volkswagen qui avait été fondé sur initiative de Hitler ; et le constructeur automobile BMW dont le principal actionnaire, la famille Quandt, doit une grande partie de ses actifs à la politique d’arianisation et de travaux forcés pratiquée par les nazis ainsi qu’aux crimes nazis.

Comme l’indique son site Internet, l’Alliance a été fondée fin de 2010 par le «président de la fédération allemande de l’industrie (BDI), le Prof. Dr Hans-Peter Keitel, dans le but d’examiner l’évolution des marchés de matières premières et des réponses éventuelles à donner par l’industrie.» Son haut responsable, Dierk Paskert, est un cadre supérieur qui siégeait précédemment au directoire d’E.ON Energie AG, l’un des plus grands producteurs d’énergie en Allemagne.

L’Alliance entretient de très étroites relations avec le gouvernement allemand. Elle gère, au nom du ministre allemand de l’Économie, Philipp Rösler, un programme d’aide qui accorde des prêts conditionnellement remboursables à des entreprises pour la conquête de nouveaux marchés cruciaux de matières premières comme l’antimoine, le béryllium, le cobalt, la fluorine, le gallium, le germanium, le graphite, l’indium, le magnésium, le niobium, les métaux du groupe du platine, les terres rares, le tantale et le tungstène.

Le fait que l’industrie allemande ose une fois de plus appeler ouvertement à une guerre impérialiste pour satisfaire ses besoins en matières premières doit être considéré comme un avertissement par les travailleurs en Allemagne et aux quatre coins du monde. C’est l’expression évidente de l’accroissement des conflits économiques et géopolitiques mondiaux qui conduisent inexorablement à une guerre mondiale – à moins que les impérialistes ne soient désarmés par la mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière.

(Article original paru le 20 février 2013) »

Source: WsWS via Echelle de Jacob

24/02/2013

Médicaments : la mafia des laboratoires


Les infiltrés ont enquêté sur les dérives du marketing

 

Pendant près d'un an, une équipe de reporters a enquêté pour Les infiltrés sur les pratiques, très douteuses pour certaines, auxquelles se livrent les laboratoires pharmaceutiques afin de vendre de nouveaux médicaments. Édifiant !

Le reportage est clair : les médicaments font l'objet d'un marketing inouï. Les laboratoires en lancent des centaines de nouveaux chaque année et peu importe les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur leurs effets secondaires mal connus, voire dangereux. Peu importe aussi s'ils ne présentent que peu ou pas de progrès par rapport aux traitements déjà sur le marché. C'est le cas par exemple d'un médicament contre le diabète, dont le reportage tait le nom : vendu six fois plus cher que les traitements existants il n'apporte pas d'innovations notoires et ses effets secondaires sont suspectés d'être dangereux...

Mais un labo pharmaceutique est avant tout une société commerciale. Et la concurrence est rude. Les visiteurs médicaux, que Sophie Bonnet, réalisatrice à l'agence Capa, a rencontrés en caméra cachée, placent les produits auprès des praticiens. Ils sont donc en première ligne et subissent une pression énorme de leurs employeurs. « Certains nous ont confié qu'un labo fait du marketing et qu'eux sont là pour se prendre une part du gâteau, raconte la réalisatrice. Ils nouent des relations amicales avec les médecins, les invitent au restaurant ou à des séminaires tous frais payés dans les îles. Là, ces derniers parlent de tel ou tel sujet médical, certains se faisant même passer pour des professeurs de médecine vantant le nouveau médicament en question. »

Sophie Bonnet a aussi enquêté sur les « marges arrière », ces bénéfices réalisés par les ristournes sur le prix des génériques vendus par les labos. Si ces pratiques sont légales jusqu'à un certain point, les « génériqueurs » n'hésitent pas à casser les prix pour être sûrs de placer leurs produits, permettant à des pharmaciens peu scrupuleux de réaliser jusqu'à 70 % de marge ! Résultat, un médicament coûtant 5 eur, après ristourne légale de 15 %, est en fait acheté 1,50 eur par une officine, qui le revend 6 eur. L'assuré se fait rembourser un médicament à un prix bien supérieur au prix réel d'achat. Ce qui creuse un peu plus le déficit de la Sécurité sociale...

À savoir

En 2011, le chiffre d'affaires généré par l'industrie du médicament s'est élevé à 49,521 milliards d'euros. 44 % de ce chiffre est réalisé par l'exportation de médicaments. En 2011, le marché des génériques représente 4,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit 25 % du marché remboursable.

Source : Médicaments : la mafia des laboratoires

 

Pour voir l'émission en replay (Nombreuses caméras cachées implacables !)

 

Quelques chiffres à avoir en tête : l'industrie pharmaceutique française réalise près de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, elle emploie plus de 110 000 salariés et quelque 150 nouveaux médicaments arrivent sur le marché chaque année.

Source

Un pistolet qui tire des billes d’ADN pour marquer les suspects

Le High Velocity DNA Tagging System de SelectaDNA permet aux forces de l’ordre de tirer une bille d’ADN sur des suspects, les marquant en vue de leur arrestation future.

Il n’est pas possible d’interpeler et d’arrêter toutes les personnes impliquées dans une émeute ou lorsqu’il y a des pillards et des problèmes pour maîtriser la foule, par exemple. Le pistolet à ADN High Velocity DNA Tagging System de SelectaDNA permet de traquer les individus et de « les appréhender à un moment moins tendu pour les agents », explique la société britannique dans un communiqué.

Histoire de clarifier les choses, les billes d’ADN à codage unique ne changent rien au code génétique du suspect. C’est juste que l’ADN synthétique laisse un marqueur unique sur une personne, chose dont les marqueurs de couleur utilisés aujourd’hui sont incapables, précise Ubergizmo.

Bien entendu, reste aux forces de l’ordre à retrouver le suspect par la suite.

Toujours est-il que les 14 billes contenues dans un paquet ont le même code. Autrement dit, vous pouvez marquer un certain nombre d’individus au cours d’un même événement, explique Popular Science, mais vous ne pourrez pas forcément isoler une personne en particulier dans la foule, de sorte qu’il sera difficile de distinguer qui a déclenché une émeute et qui s’est contenté d’y prendre part.

• Le pistolet à ADN n’a pas d’effet dissuasif sur le suspect et ne permet pas de le mettre hors d’état de nuire, mais grâce à un scanner portatif à lampe UV, les autorités pourront vérifier le marqueur d’ADN synthétique, d’où une identification assez précise d’une personne.

• Si les billes atterrissent sur la peau, leur marquage ADN y restera jusqu’à deux semaines (si elles atterrissent sur les vêtements, c’est moins utile, mais il faudra quand même plusieurs lavages pour éliminer l’ADN du tissu).

• Les billes peuvent être utilisées dans un fusil ou un pistolet, tous deux alimentés par des cartouches de CO2.

• La police et l’armée peuvent se tenir à bonne distance (environ 30 mètres) d’une cible potentielle.

Vous pouvez visionner ici une vidéo d’un exercice de tir ici.

L’entreprise fabrique également de la graisse, du gel et du spray à ADN pour marquer les effets personnels. On pourrait également s’en servir pour marquer les billets de banque en cas de hold-up.

L’équipement a été dévoilé au salon SHOT Show, le mois dernier à Las Vegas.

via PopSci

Photo: SelectaDNA

Source : http://www.smartplanet.fr/smart-technology/un-pistolet-qu...

23/02/2013

Pensées étranglées d’E.M. Cioran

 

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Gallimard, coll. Folio « sagesses »

janvier 2013. 88 pages. 2 €.

 

 

Ces textes sont extraits du Mauvais démiurge (Gallimard, collection NRF Essais, 1969).  Plongeons-y sans rien savoir de Cioran ou tout du moins en oubliant ce que l’on sait, afin d’entrer directement dans l’essence de ce qui est écrit.

 

Toutes les voies peuvent mener à la sagesse, y compris celles du désespoir et du pessimisme les plus noirs, bien qu’on ne puisse imaginer qu’elles aient été délibérément choisies. Cioran en tout cas, y est naturellement enclin, et on lui doit outre une intelligente réflexion poussée parfois jusqu’à son extrême, des éclairs de génie qu’il traduit en phrases lapidaires, d’une force percutante et d’un humour ironique sans doute salvateur.

 

 « Dieu est le deuil de l’ironie. Il suffit pourtant qu’elle se ressaisisse, qu’elle reprenne le dessus, pour que nos relations avec lui se brouillent et s’interrompent. »

 

La frontière entre les deux étant mince, son ironie flirte souvent avec le cynisme, mais Cioran est doté d’un sens aigu de la critique dont il ne s’exclut pas et d’un besoin sans doute intense de sincérité avec lui-même.

 

 

« Rien ne donne meilleure conscience que de s’endormir avec la vue claire d’un de ses défauts, qu’on n’osait pas s’avouer jusqu’alors, qu’on ignorait même. »

 

 

Dans de ce petit condensé de ses pensées « étranglées », il s’appuie sur les croyances gnostiques pour développer l’idée que l’humanité a besoin d’un démiurge, et que même s’il n’existe pas, il faut de toutes façons l’inventer et le réinventer encore.

 

 

« Il est difficile, il est impossible de croire que le dieu bon, le « Père » est trempé dans le scandale de la création. Tout fait penser qu’il n’y prit aucune part, qu’elle relève d’un dieu sans scrupules, d’un dieu taré. ».

 

« Le mauvais dieu est le dieu le plus utile qui fut jamais. Ne l’aurions-nous pas sous la main, où s’écoulerait notre bile ? N’importe quelle forme de haine se dirige en dernier ressort contre lui. »

 

 

Dans ce qu’il appelle sa lucidité chronique, Cioran ne peut éviter de voir derrière toute chose son ombre négative. Ce qui peut conduire à la sagesse comme à la folie.

 

« Mais c’est dans la volupté que nous comprenons à quel point le plaisir est illusoire. Par elle, il atteint son sommet, son maximum d’intensité, et c’est là, au comble de sa réussite, qu’il s’ouvre soudain à son irréalité, qu’il s’effondre dans son propre néant. La volupté est le désastre du plaisir. »

 

Un questionnement et un constat que l’on retrouve chez les Taoïstes, les Bouddhistes, et auquel ces philosophies ont su apporter quelques réponses, mais pour Cioran, cette vanité des choses et des sentiments, est un tel  accablement que peu lui importe que ce soit un cycle, un mouvement qui au final s’équilibre dans un recommencement perpétuel, pour lui c’est un enfer, un néant.

 

Pour Cioran l’homme est le point noir de la création.

 

Autant être sur cette Terre, en tête à tête avec elle, tel un ermite contemplatif, passe encore, « L’horreur d’apercevoir un homme là où on pouvait contempler un cheval » mais vivre au milieu de ses semblables le plonge dans des abimes de dégoût. « Or, comme l’expérience nous l’enseigne, il n’existe pas d’être plus odieux que le voisin. » C’est pourquoi les croyances gnostiques au contraire du Christianisme semblent pouvoir apporter un semblant d’éclairage à cet atroce sentiment de répugnance : la Création n’est pas bonne. Cioran cependant ne prêtera pas foi au gnosticisme, pas plus qu’à n’importe quelle autre croyance. 

 

Cioran est habité de véritables interrogations métaphysiques qui le conduisent à un vif mais vain débat intérieur. On sent chez lui une aspiration spirituelle qui l’encombre, mais il sait que « Les athées, qui manient si volontiers l’invective, prouvent bien qu’ils visent quelqu’un. Ils devraient être moins orgueilleux ; leur émancipation n’est pas aussi complète qu’ils le pensent : ils se font de Dieu exactement la même idée que les croyants. » Mais, cela ne répond pas à sa problématique personnelle. « L’enfer c’est la prière inconcevable » et « Nos prières refoulées éclatent en sarcasmes. »

 

 « Il est aisé de passer de l’incroyance à la croyance, ou inversement. Mais à quoi se convertir, et quoi abjurer, au milieu d’une lucidité chronique ? Dépourvue de substance, elle n’offre aucun contenu qu’on puisse renier ; elle est vide, et on ne renie pas le vide : la lucidité est l’équivalent négatif de l’extase. »

 

Et cette dernière phrase résume peut-être la structure même de toute l’œuvre de Cioran. Elle pourrait en être aussi son issue. Car si on lit « négatif », on lit aussi « équivalent ». Et le vide peut devenir une forme de plénitude.

Et il l’écrit lui-même : « Nous ne fument heureux qu’aux époques où, avides d’effacement, nous acceptions notre néant avec enthousiasme. ».

 

C’est presque  à un travail d’alchimiste auquel s’est livré Cioran, mais un alchimiste rongé et souvent aveuglé par la colère et l’amertume, qui tourne en rond dans l’œuvre au noir. Insomniaque lui-même, il s’interroge sur le lien qu’il peut y avoir entre insomnie et cruauté, la cruauté qui lui semble être une condition première chez l’homme. « L’impossibilité de dormir est-elle cause ou conséquence de la cruauté ? » Et il évoque Hitler et Caligula…

 

Chez Cioran, le désenchantement est trop puissant. « D’où vient que, dans la vie comme dans la littérature, la révolte, même pure, a quelque chose de faux, alors que la résignation, fut-elle issue de la veulerie, donne toujours l’impression de vrai » ? ». Un désenchantement, qualifié de nihilisme, qui freine chez lui le flux vital, l’élan premier, annihile semble t-il sa capacité d’agir « On vous demande des actes, des preuves, des œuvres, et tout ce que vous pouvez produire, ce sont des pleurs transformés. »

 

Des pleurs transformés, ce pourrait être une définition de l’écriture et de toute création artistique en général. Ce barrage existentiel, « l’esprit défoncé par la lucidité », l’oblige en quelque sorte à plonger en lui-même, à chercher des chemins plus en profondeur. « J’ai refoulé tous mes enthousiasmes ; mais ils existent, ils constituent mes réserves, mon fonds inexploité, mon avenir, peut-être. »

 

Souvent, dans une sorte d’aveu, il reviendra sur les peurs qui le manipulent de l’intérieur : « L’anxieux construit ses terreurs, puis s’y installe : c’est un pantouflard du vertige. », mais il sait aussi que « Sur le plan spirituel, toute douleur est une chance ; sur le plan spirituel seulement » précise t-il.

 

II semble pourtant que Cioran quoiqu’il en dise conservait en lui les graines d’un libre émerveillement qui lui font noter, par exemple, ce mot d’un mendiant : « Quand on prie à côté d’une fleur, elle pousse plus vite ». Des graines, qu’il s’est bien gardé de mettre en terre cependant, du moins en tant que personnage littéraire.

 

 

Cathy Garcia

 

 

cioran.jpgE.M. Cioran, né le 8 avril 1911 à Rășinari en Roumanie, mort le 20 juin 1995 à Paris, est un philosophe et écrivain roumain, d'expression roumaine initialement, puis française à partir de 1949 (Précis de décomposition). À 22 ans, il publie Sur les cimes du désespoir, son premier ouvrage, avec lequel il s'inscrit, malgré son jeune âge, au panthéon des grands écrivains roumains. Après deux années de formation à Berlin, il rentre en Roumanie, où il devient professeur de philosophie au lycée de Brașov pendant l'année scolaire 1936-1937. Il assiste, en compagnie de Mircea Eliade, à l'ascension du mouvement fasciste et antisémite de la Garde de fer, combattu par les armes et effectifs de la police du régime parlementaire. Une ambiance de guerre civile s'installe alors dans le pays, nationalisme xénophobe ultra-chrétien d'un côté (la Garde de fer elle-même s'affichant comme chrétienne), laïcité démocrate de l'autre. Les premiers font appel aux anciennes traditions roumaines, aux valeurs de la paysannerie longtemps opprimée par les Empires étrangers voisins ; les seconds s'inspireront plutôt des valeurs de l'Occident. En 1936, Cioran publie La Transfiguration de la Roumanie où il développe une pensée influencée par les thèses de la Garde de fer (qui, à ce moment, n'a encore assassiné personne et cultive une aura de martyre patriotique, car la police tire sans sommation sur ses rassemblements), mais il fera clairement part aussi, suite à ses études à Berlin, d’une grande admiration pour Hitler, il approuvera notamment et ouvertement la nuit des longs couteaux, et foncera tête baissé dans un extrémisme véritablement délirant qu’il regrettera plus tard. Contrairement à d’autres, il ne cherchera pas à le cacher, mais au contraire en fera la base d’une position farouchement anti-utopiste dont il ne se débarrassera plus. Marta Petreu dans son essai « Un passé infâme : E.M. Cioran et la montée du fascisme en Roumanie », reconnaît que Cioran a pu être motivé par des raisons égoïstes pour se distancier de son œuvre des années 1930. Pourtant, dans sa vieillesse, pense-t-elle, il « avait substantiellement reconsidéré ses anciennes idées et en était venu à les détester profondément ». Dans une lettre de 1979, il décrivit Transfiguration comme inacceptable. En 1937, la publication de son troisième ouvrage, Des larmes et des saints, avait fait scandale dans son pays. Il est interdit de séjour en Roumanie à partir de 1946, pendant le régime communiste. Bien qu'ayant vécu la majeure partie de sa vie en France, il n'a jamais demandé la nationalité française. À Paris, Cioran vécut d'abord à l'hôtel Marignan dans le 5e arrondissement de Paris. C'est dans le Quartier Latin et celui de la Sorbonne qu'il résidera jusqu'à sa mort. Dans ses écrits, il relatera ses fréquentes déambulations nocturnes dans les rues de Paris et les longues nuits de solitude et d'insomnies passées dans de minuscules chambres d'hôtel. Puis plus tard, ce sera celles de ses chambres de bonne, où il se réfugiera pendant de longues années. Il reste pauvre, décidé à « ne plus jamais travailler autrement que la plume à la main ». Ces menus détails sur son vécu quotidien parsèment son œuvre et son discours mais Cioran ne s’apitoiera nullement sur cet aspect de sa condition. Il le décrit simplement comme une sorte de cheminement ou de combat qui l'accompagnent autant dans ses écrits que dans son existence ou comme, en quelque sorte, un « état d'esprit qui le maintient constamment en vie ». Dans la solitude, le dénuement matériel et ce retrait des divertissements modernes, s'établit alors une démarche philosophique et spirituelle comparable à l'ascétisme proposé par le Bouddhisme. Ainsi Cioran raconta, qu'étudiant en Allemagne, il prit ses distances avec la fureur nazie en se réfugiant dans « l'étude du bouddhisme » (Entretien à Tübingen), les Cyniques ou Diogène de Sinope. Cioran refusa tous les prix littéraires (Sainte-Beuve, Combat, Nimier, Morand, etc.) à l'exception du prix Rivarol en 1949, acceptation qu'il justifia par un besoin financier. En 1973, Cioran publie son œuvre la plus marquante : De l'inconvénient d'être né. En 1987, il publie son ultime ouvrage, Aveux et anathèmes, avant de mourir, huit années plus tard, en 1995 de la maladie d'Alzheimer, sans jamais avoir mis à exécution son projet de suicide.

 

 

Bibliographie :

 

Les six premiers titres parurent initialement en roumain :

 

Sur les cimes du désespoir (1934)
Le Livre des leurres (1936)
Transfiguration de la Roumanie (1936), traduit du roumain par Alain P
aruit (Éditions de L’Herne 2009), 343 p.
Des larmes et des saints (1937)
Le Crépuscule des pensées (1940)
Bréviaire des vaincus (1944)
Précis de décomposition (1949)
Syllogismes de l'amertume (1952)
La Tentation d'exister (1956)
Histoire et Utopie (1960)
La Chute dans le temps (1964)
Le Mauvais Démiurge (1969)
Valéry face à ses idoles (1970), 78 p.
De l'inconvénient d'être né (1973), 243 p.
Essai sur la pensée réactionnaire. À propos de Joseph de Maistre (1977), Fata Morgana (d'abord publié comme préface d'un recueil de textes de Joseph de Maistre en 1957 aux éditions du Rocher), 78 p.
Écartèlement (1979), 178 p.
Ébauches de vertige (1979), 126 p.
Face aux instants (L'Ire des vents, 1985), 28 p.
Exercices d'admiration (Gallimard-Arcades 1986), 224 p.
Aveux et Anathèmes (Gallimard-Arcades 1987), 154 p.
L'Ami lointain : Paris, Bucarest (Criterion, 1991), 76 p.
Entretiens (Gallimard-Arcades 1995), 319 p.
Œuvres (Gallimard-Quarto 1995), 1818 p.
Cahiers, 1957-1972 (Gallimard 1997), 998 p.
Cahier de Talamanca (Mercure de France 2000), 57 p.
Solitude et destin (Gallimard-Arcades 2004), 434 p.
Exercices négatifs : En marge du précis de décomposition (Gallimard 2005), 227 p.
De la France, traduit du roumain par Alain Paruit (Éditions de L’Herne 2009), 94 p.
Bréviaire des vaincus II, traduit du roumain par Gina Puic
ǎ et Vincent Piednoir (Éditions de L’Herne 2011), 116 p.
Lettres à Armel Guerne,1961-1978, préfacé et annoté par Vincent Piednoir (Éditions de L’Herne 2011), 386 p.
Œuvres (Gallimard-Bibliothèque de la Pléiade 2011), 1658 p.

 

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