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01/07/2013

La France nucléaire, tous concernés !

10:21 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

30/06/2013

YOURTES ET TIPIS RECONNUS PAR LA LOI COMME HABITATS PERMANENTS

Yourtes et tipis reconnus par la loi comme habitats permanents

 
Le nouveau projet de loi Alur de Cécile Duflot fait entrer l'habitat léger dans les règles d'urbanisme. Le développement et la diversification des alternatives au logement classique : yourte, tipi, roulotte, mobile home, caravane, etc. rendent aujourd'hui nécessaire de revoir la réglementation.

L'installation de ces formes d'habitat mobile ou léger peut poser question du fait d'un cadre juridique inadapté. Par exemple, aujourd'hui, il n'existe pas de réglementation concernant les yourtes. Ce vide juridique a conduit à une «judiciarisation» des relations entre porteurs de projets et collectivités locales, dont il faut sortir par le haut.

Le projet de loi présente des dispositions qui vont permettre de :

- reconnaître que les dispositions d'urbanisme ont vocation à prendre en compte l'ensemble des modes d'habitat installés de façon permanente sur le territoire ;

- sortir de l'instabilité juridique, l'habitat léger considéré comme lieu d'habitation permanent devant entrer dans le droit commun.

 

 

Pour sortir du dilemme juridique sur le besoin ou non d'un permis de construire, le Gouvernement va autoriser les documents d'urbanisme à définir les terrains où les résidences mobiles ou démontables, constituant l'habitat permanent de leurs utilisateurs, pourront être installées. Il suffira de soumettre ces terrains à un régime de déclaration préalable ou de permis d'aménager.

Si les résidences mobiles ont un statut connu, les résidences démontables, de formes diverses, devront répondre à un cahier des charges démontrant :

- la réversibilité de l'habitat : l'habitat est démontable, son installation est effectuée sans intervention d'engins lourds et aucun élément le composant, ou composant son aménagement intérieur, n'est inamovible ;

- l'autonomie vis-à-vis des réseaux d'eau, d'électricité et d'assainissements collectifs, pour ne pas impacter les budgets des collectivités locales via la création de nouveaux réseaux ;  la sécurité : l'usager de l'habitat devra veiller à la propreté, à la salubrité et à l'entretien des lieux pour éviter les incendies.

 

 

Dans le volet du projet de loi relatif à l'urbanisme, plusieurs dispositions prévoient donc que les résidences mobiles ou démontables, qui constituent l'habitat permanent de leur utilisateur (par opposition à une utilisation touristique), pourront être autorisées en zones urbaines mais aussi dans les « pastilles », ces secteurs de taille et de capacité d'accueil limitées, prévus par le règlement des plans locaux d'urbanisme (PLU) dans les zones agricoles ou naturelles, qui sont normalement non constructibles.

 

Un article de bati-journal.com,

29/06/2013

A saisir ! Esclaves européens en solde

Samedi 29 Juin 2013 à 14:00

http://www.marianne.net/A-saisir--Esclaves-europeens-en-s...
Nathalie Gathié


 

Ils viennent trimer sur les chantiers, dans les transports ou les abattoirs, pour 3 à 6 € l'heure, au mépris de toutes les règles de sécurité. Et le plus légalement du monde. Car ces travailleurs "low cost" sont tous européens.


20 MINUTES/SIPA
20 MINUTES/SIPA
Augusto de Azevedo Monteiro voulait gagner sa vie. Il l'a perdue. Maçon détaché en France par EYP, une boîte portugaise, cet ouvrier usinait sur l'air très en vogue de la sous-traitance à bas coût dans la gadoue d'un chantier de Spie Batignolles, à Villeneuve-la-Garenne. Le 6 décembre, il est mort écrasé par une dalle qu'un coffrage hâtif à force de cadences infernales n'a pas su contenir.

Enfant d'Esposende, ville voisine de Braga irriguée par la crise et ses misérables affluents, Augusto de Azevedo Monteiro avait 35 ans, une famille et plus un euro rouillé en poche. Les 565 € brut de son dernier Smic flambés, ses allocations chômage taries, il avait opté pour une mission en France. « Notre pays agonise et nous constituons une main-d'œuvre bon marché, confie une salariée francophone d'EYP. On sait que Spie fait appel à nous parce que nous coûtons moins que nos concurrents français. »

Roumaines, polonaises, espagnoles ou portugaises, les plaques d'immatriculation des camionnettes de société ou d'agences d'intérim alignées sur le parking de Villeneuve-la-Garenne disent la géographie de la crise. A en croire le communicant de Spie, pourtant, « EYP a été préféré à deux candidats hexagonaux pour des raisons de disponibilité, rien d'autre ! » Les Portugais parlent plus clair : « Nous n'avons presque plus de clients locaux et, quand c'est le cas, ils n'honorent pas leurs factures, tranche l'employée d'EYP. Spie au moins paie nos prestations : la détresse des uns fait les bonnes affaires des autres, c'est comme ça...»

L'(a)moralité de cette histoire, les bâtisseurs français l'ont bien comprise : faute de pouvoir délocaliser leurs chantiers, ils importent à grandes pelletées des ouvriers certifiés low cost par des entreprises sous-traitantes ou des agences d'intérim implantées dans des territoires où le coût du travail s'évalue en nèfles. C'est « malin », c'est légal, c'est européen.
 

En 1996, les crânes d'œuf de Bruxelles bétonnent une directive autorisant le « détachement temporaire de travailleurs » entre pays de l'UE. Alimentée par la disette qui sévit au sud, facilitée par les écarts de niveau de vie entre anciens et nouveaux entrants, la braderie tourne depuis le milieu des années 2000 à l'opération déstockage. Soldes à l'année, prix discount garantis. « Cette pratique est compétitive car ces salariés voyageurs restent assurés dans l'Etat d'établissement de leur employeur, avance Fabienne Muller, chercheuse en droit social à l'université de Strasbourg. Or, pour un non-cadre, les cotisations patronales varient de 38,9 % en France à 24,6 % en Espagne, 18,3 % en Pologne, pour tomber à 6,3 % à Chypre ! » Inutile de tyranniser les calculettes pour comprendre qu'entre le détachement et les employeurs français l'attraction est fatale.

De 10 000 en 2000, les pèlerins du turbin sont, selon le ministère du Travail, 145 000 aujourd'hui. « Ils permettent aux entreprises utilisatrices de réaliser une économie allant jusqu'à 25 % », note un inspecteur du travail. Juteux, oui, mais pas assez. En février 2011, un rapport parlementaire éclaire la face cachée du phénomène et porte le nombre de détachés à 435 000 : moult itinérants, dont un tiers tribulent dans le BTP, échappent en effet aux statistiques à force de magouilles. 
 

« Les Français avaient l'air de Playmobil tellement ils étaient protégés. »

Ouvriers, Bordeaux - PASTORNICOLAS/SIPA
Ouvriers, Bordeaux - PASTORNICOLAS/SIPA
En juin 2011, à l'issue d'une série d'accidents du travail non déclarés, Bouygues avait dû divorcer d'Atlanco : cette société de travail temporaire opportunément localisée à Chypre avait envoyé des brassées de Polonais sans couverture sociale sur le chantier de l'EPR de Flamanville, dans la Manche.

Dans la foulée de ce couac nucléaire, le parquet de Cherbourg a ouvert quatre enquêtes. Pas moins ! Car, si les nomades de la truelle sont détachés, c'est d'abord de leurs droits. « Les textes prévoient qu'ils bénéficient du noyau dur de notre législation, salaire minimum et horaires de travail en tête. Or, c'est rarement le cas », tonne Laurent Dias, responsable de la CGT construction en Auvergne.

« La plupart du temps, les employeurs étrangers présentent des déclarations de détachement dûment remplies, enchaîne Renaud Dorchies, chargé de la lutte contre le travail illégal à l'Urssaf de Basse-Normandie. Mais, entre les salaires mentionnés et les sommes réellement versées, il y a un monde : beaucoup d'ouvriers rétrocèdent une partie de leur obole en rentrant chez eux, se voient infliger des retenues pour l'hébergement ou la nourriture théoriquement pris en charge... Jamais ils ne s'en plaignent : dans cet univers vicié, c'est malheur à celui qui l'ouvre. Aujourd'hui, on a des Bulgares qui se bousculent pour 300 € mensuels... »

Le limier de l'Urssaf a récemment épinglé une famille roumaine, fournisseuse de bras pour une entreprise nationale : « Père et fils avaient créé une société boîte aux lettres en Roumanie. Contrairement aux règles en vigueur, elle était dénuée de toute activité sur ses terres et déversait chez nous des soutiers payés à peine plus que le Smic roumain [180 €]. C'est une entourloupe classique. » Classique aussi, l'empilement des prestataires façon mille-feuille. « Sur les gros chantiers, ajoute l'enquêteur, on peut recenser huit ou neuf rangs de sous-traitants : les salariés ne savent plus à qui ils appartiennent ! »

Passé les bornes, y a plus de limites ? « Il est urgent de démanteler les montages illégaux qui faussent les règles de la concurrence, avance le cabinet de Michel Sapin, occupé à une révision de la directive de 1996. Nous plaidons aussi pour renforcer la responsabilité civile et pénale des donneurs d'ordre. » Les politiques français aboient... Leurs confrères anglais, polonais et autres ayatollahs de la flexibilité, crient au combat d'arrière-garde. Annoncé fin février, le remaniement de la directive a été reporté à des calendes qui pourraient être grecques.

Tant pis pour le dumping social alors que, en 2012, les dépôts de bilan dans le BTP ont bondi de 6 % ; tant pis pour les 40 000 emplois menacés d'ici à fin 2013. « Tant mieux pour le marché aux esclaves ! » raille le cégétiste Laurent Dias. Sherlock des parpaings, ce fils de réfugiés politiques portugais s'évertue à débusquer les anguilles sous échafaudages et tonitrue que « la "bolkensteinisation" des masses trimbalées d'un pays de l'UE l'autre pour des clopinettes est actée ».

Et de brandir la fiche de prestation d'un plaquiste polonais : traduite par une interprète, elle indique 628,80 € pour 169 heures. Le contrat de détachement établi voilà quelques mois entre MPP, pointure de l'intérim portugais, et Alberto, vaut lui aussi le coup d'œil : prêté à Sendin SA, prospère armaturier français, Alberto a officié sur une grande œuvre de Bouygues, à Boulogne. Une collaboration couronnée par 610 € mensuels. Champagne ! Pour le DRH de Sendin, « s'il y a eu manquement, c'est de bonne foi ! Tous mes intérimaires étrangers sont déclarés au Smic, mais je n'ai pas accès à leurs fiches de salaire, le droit m'en empêche. Si je pouvais, je vérifierais ! Reste que nous ne bosserions pas pour Eiffage ou Vinci si nous étions des barbares !» A écouter Joaquim, 48 ans, la chose se discute.
 

Présentation des résultats, 2010 Eiffage. Jean-François Roverato Chairman et Pierre Berger - MEIGNEUX/SIPA
Présentation des résultats, 2010 Eiffage. Jean-François Roverato Chairman et Pierre Berger - MEIGNEUX/SIPA
Originaire de Porto, il s'est démené quatre mois, au printemps 2012, sur le chantier du Carré de Jaude, mégacomplexe immobilier édifié par Eiffage à Clermont-Ferrand. Ferrailleur, il s'activait pour l'armaturier tricolore ASTP via la défunte agence d'intérim lusitanienne Paulo SA. 

« Les Français avaient l'air de Playmobil tellement ils étaient protégés. Moi, j'œuvrais en suspension sans panoplie de sécurité. » Fruit de ses contorsions : « 600 € mensuels. Paulo SA en retenait 80 pour le mobil-home où je dormais, dans un camping. Les deux derniers mois, je n'ai rien touché. On m'a expliqué qu'ASTP était en redressement judiciaire. »

Précisons pour la bonne bouche qu'ASTP, experte ès détachements fumeux, est gérée par le frère du patron de Sendin SA. Une famille formidable ! « Quand j'ai signalé au chef de chantier d'Eiffage que mes sous étaient bloqués, poursuit Joachim, il a soupiré que c'était pénible. » Une empathie à la hauteur des positions du groupe : en septembre 2012, Michel Gostoli, président d'Eiffage Construction, écrivait ainsi à la CGT, mobilisée sur cette affaire : « L'entreprise ne peut être tenue responsable du non-paiement d'un quelconque salarié prêté. [...] Nous ne sommes pas en mesure d'exiger de nos sous-traitants qu'ils nous communiquent des éléments de rémunération de leurs personnels. » Ponce Pilate ne se serait pas mieux rincé les pognes.

Joaquim pourtant est résolu à porter son infortune devant les prud'hommes avec le soutien de l'inusable Laurent Dias. « Je veux récupérer mon argent, réagit-il. Au Portugal, avec mes 5,50 € l'heure, je m'en sortais mieux. Ici, je n'étais même pas à 4 €. » A peine plus qu'Hugo et ses 3,17 € : enrôlé avec deux camarades par un compatriote véreux, ce trentenaire déjà voûté veut lui aussi en découdre. « On n'a pas été payés, les prud'hommes de Draguignan doivent nous rendre justice, scande-t-il. Cinq cent cinquante euros mensuels pour 40 heures hebdomadaires, c'est un tarif de chiens et on nous l'a refusé ! Quand l'un de nous s'est sectionné le tendon avec une scie circulaire, il a été jeté à l'hôpital comme un déchet, personne n'a été alerté. On ne mérite pas ça...»

Derrière cette valse des pantins, plusieurs marionnettistes : un maître d'œuvre, Var Habitat, qui plaide l'ignorance. Un sous-traitant, La Valettoise, qui jure avoir « cédé au low cost pour surnager à l'heure où tous les coûts sont tirés vers le bas». Une boîte d'intérim, Proposta Final, dissoute après avoir été sanctionnée pour «non-versement des rémunérations»... mais dont Marianne a retrouvé l'agité fondateur.

« Moi, je m'en fous, de tout ça, braille-t-il. J'ai monté une autre affaire en France avec une filiale au Portugal : là-bas, mes cinq sœurs trouvent des candidats par petites annonces et me les ramènent. Y a qu'à ramasser ! » Et de fanfaronner : « En ce moment, j'ai 10 gars à Toulon, 15 autres à Grenoble. Avec moi, un patron français économise 800 € par tête d'ouvrier. Je fais mon beurre et le Portugais, il est content. » Ce parangon d'intégrité a baptisé sa nouvelle machine à asservir Pioneiros em marcha, soit « Pionniers en marche ». Pour qui considère l'espace économique européen comme un nouveau Far West, ce n'est pas mal vu...

« Nous sommes sans arrêt démarchés par mail, par fax ou de visu par des commerciaux très rentre-dedans, ronchonne Patrick Liebus, de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Ces rabatteurs se comportent comme des maquereaux ! » 
 

Illustrations par quelques échanges téléphoniques : « Le tarif de nos intérimaires est négociable, on fait des prix de gros, promet Eurokontakt, boîte de placement de personnel temporaire basée à Wroclaw, en Pologne. Plus vous me prenez d'hommes, plus vos coûts de production baisseront. Et, si l'un de nos gars ne vous convient pas, on vous le remplace sans frais. » Un modèle de service après-vente !

Variation sur le même boniment dans les rangs d'Operari, domiciliée à Varsovie : « Tout se marchande, c'est la mondialisation. Si un patron français attaque bien la masse et me recrute assez de types, je lui facture le mec 13 € l'heure, deux fois moins qu'un prolo français. En plus, le Polonais ne fait pas de chichis tandis que le Gaulois - je le sais, je suis français - exige une prime intempérie à la première averse.»

La toujours polonaise Budex, qui affiche ses partenariats avec Bouygues et Vinci, vante le « courage » et la « motivation » de ses poulains avec la délicatesse d'un éleveur flattant le cul de ses vaches au Salon de l'agriculture. Au sud, au Portugal, la foire aux bestiaux bat aussi son plein. « Nos ouvriers savent se faire mal sans se rebeller », plastronne un certain Laurentino. Fondateur d'une « compagnie » (sic), l'homme « repère les boîtes en faillite dans la presse portugaise, drague les futurs licenciés et les détache en France. Mes équipes triment jusqu'à 60 heures par semaine, au-delà, elles fatiguent : sur les contrats, je diminue les heures réellement effectuées, j'augmente artificiellement le tarif horaire, et ça passe ! »
 

Sarkozy salue les ouvriers oeuvrant à la construction du u nouveau siège de la direction générale de la gendarmerie nationale(DGGN) - LUDOVIC-POOL/SIPA
Sarkozy salue les ouvriers oeuvrant à la construction du u nouveau siège de la direction générale de la gendarmerie nationale(DGGN) - LUDOVIC-POOL/SIPA
Face à ces contournements, les organismes de contrôle tricolores sont priés de se mobiliser sans moyens. « Sarkozy nous a saignés, nous sommes à peine 1 200, râle un inspecteur du travail. De plus, notre organisation est territorialisée : comment tracer des dossiers transfrontaliers quand on ne peut intervenir au-delà de sa région ? » Pour l'efficace et entêté Renaud Dorchies, de l'Urssaf, « ces affaires peuvent décourager car nous nous heurtons à la résistance de certains pays, dont les administrations ne collaborent pas du tout ».

Et de prévenir que, « faute de contre-feux efficaces, ces pratiques vont tourner au drame économique ». Volubile leader de la Capeb, Patrick Liebus acquiesce : « A systématiquement privilégier le moins-disant, les cadors de la construction ont introduit le ver de la concurrence déloyale dans le fruit. Aujourd'hui, pour remporter les marchés, les sous-traitants attitrés des Eiffage, Bouygues et Vinci sont acculés au low cost, c'est dévastateur. »

Membre de la très libérale Fédération française des travaux publics jusqu'en juin 2012, Jean-Yves Martin aurait-il tourné casaque ? Dans un curieux revirement idéologique, il pourfend un « système délirant » : « Soit on s'adapte au train d'enfer mené par les majors elles-mêmes pressurées par les maîtres d'ouvrage, soit on coule. On est dans la même folie que celle qui convertit le cheval en bœuf. » Qui fait le cheval, qui fait le bœuf ? Jean-Yves Martin hésite.

Et pour cause : liquidée l'été dernier, Centrelec, son entreprise, a en son temps sollicité un sous-traitant polonais... Vous avez dit double langage ? Prompt à éreinter la « frénésie low cost », Didier Ridoret n'en préside pas moins la patronale Fédération française du bâtiment (FFB), qui draine les mammouths écraseurs de prix : « J'ai 57 000 adhérents parmi lesquels figurent certainement des moutons noirs, mais je défends l'avenir de l'activité. La directive de 1996, même appliquée à la lettre, est devenue intenable. Cette compétition biaisée nous tue. »

Déontologue autoproclamé, Ridoret se refuse à tancer les mauvais élèves de la FFB, au motif qu'il « ne dirige pas un ordre ». « Si j'évinçais ceux qui sont en délicatesse avec le fisc, l'hygiène ou les règles du prêt de main-d'œuvre... » Avec des adversaires de cet acabit, le détachement n'a pas besoin de partisans.

« En France, ce dispositif est perçu comme honteux, mais cette Europe-là, les politiques l'ont voulue. Il n'y aura pas de retour en arrière : Bruxelles y verrait un abus de protectionnisme », analyse Pierre Maksymowicz, créateur d'In Temporis, spécialiste des mobilités intra-européennes. De Lublin, où il développe honnêtement son business, il témoigne que Maurice Taylor is rich... de partisans.

A l'instar du patron de Titan, Pierre Maksymowicz conchie les ouvriers français « obnubilés par leurs pauses- cigarette et incapables de rivaliser avec nos Polonais et nos Roumains en termes de rendement ». Et de lâcher : « Tous mes clients français me disent que, chez eux, c'est "bonjour paresse". Ce refus de la pénibilité se traduit par une énorme pénurie : nos intérimaires ne font que colmater les brèches.» Avec 8 000 chômeurs supplémentaires recensés chaque mois dans le BTP, la pénurie sent l'alibi.

Patron du groupe Sesar, 160 salariés, Benoît Perret a sollicité une boîte portugaise pour rafler un appel d'offres d'Eiffage. « Ici, on manque vraiment de candidats dans les jobs d'exécution et, quand on trouve, il y a un déficit d'implication, commence-t-il par justifier. Je suis allé saluer mes intérimaires portugais et tous m'ont remercié de leur donner du travail. Chez nous, c'est impensable. »

Serait-ce la seule ingratitude de ses compatriotes qui l'aurait converti aux vertus du détachement ? « Aujourd'hui, admet-il, les donneurs d'ordre négocient prix et délais jusqu'au bout : le prêt de main-d'œuvre est la seule parade à leurs exigences. C'est tragique, mais tout le monde s'y met. » Kader, 56 ans, s'en désole. Chef de travaux pour un géant du secteur, il compare la déferlante low cost à « un virus qui ne profite qu'aux patrons. La misère de ces gars est utilisée pour nous démoraliser et nous convaincre que nos droits d'ouvriers vont régresser. Le pire, c'est qu'on n'arrive pas à expliquer à ces malheureux qu'ils nous précipitent vers le bas : ils sont dressés pour subir. Encore plus opprimés que nous, les Arabes, dans les années 60 ». A l'Europe, rien d'impossible.
 

 

QUAND L'EUROPE ÉTRANGLE SA MAIN-D'OEUVRE

Faute d'harmonisation sociale dans l'Union européenne, le recours à des «travailleurs détachés» menace des pans entiers de l'économie, s'alarme un rapport parlementaire rendu public fin mai. Le «détachement» consiste, pour un patron, à envoyer ses employés exercer temporairement leurs fonctions dans un autre Etat membre de l'Union. La manip ? Les charges sociales appliquées restant celles du pays d'origine, ces travailleurs low cost venus d'Europe de l'Est ou du Sud triment pour 3 à 6 € l'heure. Vive le dumping social made in Europe !
 
 


1,5

C'est, en million, le nombre de travailleurs détachés, selon la Commission européenne. Une grande partie d'entre eux n'est pas déclarée.
 

Grotte du Paradis, lecture-spéléo, le retour

Une création du Festival des Passagères 2012, autour de mes textes, qui vous est de nouveau proposée dans le cadre des Causeries du Parc Naturel des Causses du Quercy.

Descendez dans la grotte du Paradis avec la Cie Les Voix du Caméléon et vivez une expérience unique…

Le visible et le dissimulé, le dedans et le dehors, le présent et l’intemporel, l’éphémère et l’éternité, le minéral et le vivant. Une grotte, le Quercy, le Lot. Nous descendons, une comédienne, des musiciennes, des voix... poésie de l’étrange ! En collaboration avec les spéléologues de Limogne-en-Quer​cy, cette expérience pose des contraintes pour le public. Il s’agit de descendre, de se tordre physiquement... de ramper... un peu, de se salir, pour pénétrer dans les entrailles de la terre. Prévoir de bonnes chaussures, vêtements chauds et confortables, ainsi qu’une tenue de rechange (indispensable).

Dimanche 7 juillet à 11h et à 15h à Laramière, Grotte du Paradis Places limitées. Sur inscription au 06 14 11 24 24 - 06 11 91 85 91- Rdv place de l’église de Promihanes à 10h30 et 14h30.

 

 

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Photo (c)Samuel Cuadrado

 

 

Voir : http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2012/08/28/lect...

 

et http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2012/09/10/lect...

Diane Meunier expose à Jumilhac-le-Grand (Dordogne)

11:56 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

27/06/2013

Via Campesina lance l’appel de Jakarta : construire une nouvelle société fondée sur le souveraineté alimentaire et la justice

 

(Djakarta, 12 Juin 2013) Nous, à La Vía Campesina, en appelons à toutes les organisations rurales et urbaines et aux mouvements sociaux à construire une nouvelle société fondée sur le souveraineté alimentaire et la justice. Nous sommes rassemblés ici, honorant la mémoire de nos ami(e)s et dirigeant(e)s et de celles et ceux dont le courage et l’engagement nous inspirent. La Via Campesina, mouvement paysan international rassemble plus de 200 millions de paysan(e)s, petits producteurs, paysan(e)s sans terre, femmes, jeunes, autochtones, les migrant(e)s et les travailleurs et travailleuses agricoles et alimentaires, de 183 organisations provenant de 88 pays. Nous sommes ici en Asie, terre de la majorité des paysan(e)s du monde pour célébrer nos deux premières décennies de luttes.

Depuis notre rencontre de Mons (Belgique) en 1993 et celle de Tlaxcala (Mexique) en 1996, où nous avons élaboré notre vision radicale sur la souveraineté alimentaire, nous avons réussi à replacer les paysannes et paysans au centre de la résistance au modèle du commerce néo-libéral ainsi que du processus de construction d’alternatives. Nous, peuples de la terre, sommes des acteurs essentiels dans la construction non seulement d’un modèle agricole différent, mais aussi d’un monde juste, diversifié et égalitaire. Nous sommes celles et ceux qui nourrissons l’humanité et prenons soin de la nature. Les générations futures dépendent de nous pour protéger notre terre.

Maintenant plus que jamais un autre monde est nécessaire. La destruction de notre terre, provoquée par la surexploitation et la dépossession des peuples et par l’appropriation des ressources naturelles a engendré la crise climatique actuelle, et de profondes inégalités mettant en danger l’humanité et la vie. La Via Campesina refuse catégoriquement cette destruction menée par les grandes entreprises.

Nous construisons de nouvelles relations entre les peuples et la nature, basées sur la solidarité, la coopération et la complémentarité. C’est une éthique de vie qui anime toutes nos luttes. La Via Campesina s’engage à donner une visibilité à toutes les luttes locales dans le monde entier, s’assurant qu’elles soient comprises dans une perspective internationale. Elle s’engage également à intégrer dans un mouvement global pour la souveraineté alimentaire, le changement social et l’autodétermination pour les peuples du monde.

Nous appelons nos organisations, nos alliés, amies, amis, et tous ceux et celles qui œuvrent à un avenir meilleur, à rejeter ’l’économie verte’ et à construire la souveraineté alimentaire.

NOTRE MANIERE D’ALLER DE L’AVANT

La souveraineté alimentaire maintenant – transformer notre monde

La Souveraineté Alimentaire est l’élément central de la lutte pour la justice sociale, rassemblant de nombreux secteurs tant ruraux qu’urbains. La souveraineté alimentaire est le droit fondamental pour que tous les peuples, nations et États puissent contrôler leurs propres systèmes et politiques alimentaires et agricoles, garantissant à chacun une alimentation adaptée, abordable, nutritive et culturellement appropriée. Elle requiert le droit des peuples à définir et contrôler leurs modes de production, de transformation et distribution aux niveaux locaux et internationaux.

Depuis bientôt deux décennies notre vision de souveraineté alimentaire a inspiré une génération d’activistes engagé(e)s dans le changement social. Notre vision du monde passe par une révolution agricole ainsi qu’une transformation socio-économique et politique.

La souveraineté alimentaire articule l’importance cruciale de la production locale et soutenable, le respect des droits humains pour tous, des prix équitables pour les aliments et les produits agricoles, des échanges équitables entre pays, et la sauvegarde des communs contre la privatisation.

Aujourd’hui, nous sommes confronté(e)s à une crise majeure de notre histoire, qui est systémique. Les systèmes alimentaires, d’emplois, énergétiques, économiques, climatiques, écologiques, éthiques, sociaux, politiques et institutionnels s’effondrent dans de nombreuses parties du monde. La crise énergétique amplifiée par la raréfaction des énergies fossiles est traitée avec de fausses solutions allant des agrocarburants à l’énergie nucléaire ; cette dernière constituant l’une des plus grandes menaces de la vie sur terre.

Nous rejetons le capitalisme caractérisé par des mouvements destructeurs de capitaux financiers et spéculatifs dans l’agriculture industrielle, la terre et la nature. Il génère de vastes accaparements de terres et des expulsions brutales de paysannes et paysans de leurs territoires, détruit communautés, cultures et écosystèmes. Il crée un grand nombre de migrant(e)s et de sans emplois, augmentant les inégalités existantes.

Les transnationales, en connivence avec les gouvernements et les institutions internationales, imposent - sous prétexte du concept d’économie verte - des monocultures d’OGM, des projets miniers, des barrages et des exploitations de gaz de schiste par fracturation à grande échelle, de grandes plantations forestières et d’agrocarburants, ainsi que la privatisation de nos mers, fleuves et lacs et de nos forêts. La Souveraineté Alimentaire remet le contrôle des communs dans les mains des populations.

L’Agro-écologie est notre option aujourd’hui et pour l’avenir

L’agriculture paysanne, la pêche artisanale et le pastoralisme produisent la plus grande partie de l’alimentation. L’agro-écologie paysanne est un système social et écologique qui comprend une grande variété de savoirs et de pratiques ancrées dans chaque culture et zone géographique. Elle élimine la dépendance aux agrotoxiques et la production animale industrielle hors sol, utilise des énergies alternatives et garantit une alimentation saine et abondante. Elle renforce la dignité, honore les savoirs paysans traditionnels et innovants. Elle restaure la fertilité et l’intégrité de la terre. La production alimentaire du futur doit être basée sur un nombre croissant de personnes produisant de manière plus résiliente et diversifiée.

L’agro-écologie vise à défendre la biodiversité, refroidit la planète et protège nos sols. Notre modèle agricole peut, non seulement nourrir l’ensemble de l’humanité mais c’est aussi le seul moyen d’arrêter l’avancée de la crise climatique grâce à une production locale en harmonie avec les forêts, les cours d’eau ; l’amélioration de la biodiversité et en replaçant les matières organiques dans les cycles naturels.

Justice sociale et climatique, et solidarité

En nous basant sur notre diversité géographique et culturelle, notre mouvement pour la souveraineté alimentaire s’est renforcé en intégrant la justice sociale et l’égalité. En pratiquant la solidarité plutôtque la compétition, en rejetant le patriarcat, le racisme, le colonialisme et l’impérialisme, nous nous battons pour des sociétés participatives et démocratiques, sans exploitations d’enfants, de femmes, d’hommes ni de la nature.

Nous exigeons la justice climatique et sociale. Ceux qui souffrent le plus du chaos climatique et environnemental ne sont pas ceux qui en sont responsables. Ceux qui poussent aux fausses solutions de l’économie verte empirent la situation. C’est pourquoi la dette climatique et écologique doit être réparée. Nous exigeons l’arrêt immédiat des mécanismes de marché de carbone, géo-ingénierie, REDD, agrocarburants.

Nous maintiendrons de manière permanente notre combat contre les entreprises transnationales en manifestant notre opposition par un boycott de leurs produits et en refusant toute coopération avec leur pratiques d’exploitations. Les accords de libre échange et d’investissements ont crée les conditions de vulnérabilité extrême et des injustices pour des millions d’entre nous. Leur mise en œuvre engendre violence, militarisation et criminalisation de la résistance. Un autre résultat tragique est le déplacement massif des populations qui migrent pour ne trouver que des emplois faiblement rémunérés, précaires et dangereux où sévissent des violations de droits humains et la discrimination.

La Via Campesina a réussi à mettre les droits des paysan(ne)s à l’ordre du jour du Conseil des Droits Humains des Nations Unies, nous demandons donc à tous les gouvernements nationaux d’appliquer ces droits. Notre combat pour les droits humains est au cœur de la solidarité et inclut les droits et la protection sociale des travailleurs/ses migrants et des travailleurs/ses du secteur alimentaire.

Un monde sans violence et sans discrimination contre les femmes

Notre lutte vise à construire une société basée sur la justice, l’égalité et la paix. Nous demandons le respect de tous les droits des femmes. En rejetant le capitalisme, le patriarcat, la xénophobie, l’homophobie et les discriminations basées sur le genre, les races ou l’ethnicité, nous réaffirmons notre engagement pour la totale égalité des femmes et des hommes. Ceci implique la fin de toutes les formes de violences domestiques, sociales et institutionnelles contre les femmes en zones rurales et urbaines. Notre campagne contre les violences faites aux femmes est au cœur de nos luttes.

Paix et démilitarisation

Les guerres et conflits d’appropriations, prolifération de bases militaires, criminalisation des résistances augmentent. Ces violences sont intrinsèques au système capitaliste mortifère basé sur la domination, l’exploitation et le pillage. Nos engagements sont ceux du respect, de la dignité, de la Paix.

Nous pleurons et honorons les centaines de paysannes et paysans qui ont été menacés, persécutés, incarcérés ou même assassinés dans leurs luttes. Nous exigeons que tous ceux qui violent les droits humains et les droits de la Nature et qui perpétuent ces crimes soient poursuivis et punis. Nous exigeons la libéralisation immédiate des prisonniers politiques.

La terre et les territoires

Nous défendons une Réforme Agraire intégrale. Elle sécurise l’ensemble des droits fonciers, reconnaît les droits des peuples autochtones à leurs territoires , garantit l’accès et le contrôle des zones de pêche et écosystèmes aux communautés de pêcheurs, reconnaît les routes pastorales. Seules ces réformes garantissent un avenir pour les jeunes des campagnes.

La réforme agraire intégrale se caractérise par une distribution massive de terre, de ressources productives, assurant des conditions de vie satisfaisantes et garantissant un accès permanent aux jeunes, femmes, aux sans-emplois, aux sans-terres, aux personnes déplacées et à tous ceux et celles qui veulent s’engager dans la production alimentaire agro-écologique à petite échelle. La terre n’est pas une marchandise. Les lois et régulations existantes doivent être renforcées et de nouvelles lois sont nécessaires pour la protéger des spéculations et des accaparements.

Les semences, les communs et l’eau

Les semences sont au cœur de la souveraineté alimentaire. Des centaines d’organisations à travers le monde se joignent à nous pour mettre en œuvre le principe des « Semences comme Patrimoine des Peuples au Service de l’Humanité ». Notre défi est maintenant de continuer à garder nos semences de vie dans les mains de nos communautés, en multipliant les semences dans nos fermes et nos territoires. Nous continuons à lutter contre l’appropriation abusive des semences due à diverses formes de propriété intellectuelle et contre la contamination des stocks par la technologie OGM. Nous nous opposons à la distribution de paquets technologiques combinant semences OGM avec l’utilisation massive de pesticides.

Nous allons continuer à partager les semences sachant que notre connaissance, notre science, nos pratiques de gardiens de la diversité des semences sont cruciales pour l’adaptation au changement climatique.

Les cycles de la vie coulent au travers de l’eau. L’eau est un élément essentiel des écosystèmes et de toute vie. L’eau est un commun et donc elle doit être préservée.

MISER SUR NOS FORCES

Notre force est la création et le maintien de l’unité dans la diversité. Nous présentons notre vision inclusive, large, pratique, radicale et pleine d’espoir comme une invitation à se joindre à nous dans la transformation de nos sociétés et la protection de la Terre Mère.

- La mobilisation populaire, la confrontation avec les puissants, la résistance active, l’internationalisme et l’engagement local sont des éléments nécessaires pour effectuer le changement social.

- Dans notre lutte courageuse pour la souveraineté alimentaire nous continuons à bâtir des alliances stratégiques essentielles avec les mouvements sociaux, y compris avec les travailleurs/ses, les organisations urbaines, les immigrant(e)s, les groupes résistants aux méga-barrages et à l’industrie minière.

- Nos principaux outils sont la formation, l’éducation et la communication. Nous encourageons l’échange des savoirs accumulés concernant les méthodes et contenus de formation culturelle, politique, idéologique et technique. Nous multiplions nos écoles et nos expériences d’enseignement et nos instruments de communication avec notre base.

- Nous sommes déterminé(e)s à créer des espaces qui vont favoriser l’ émancipation des jeunes en milieu rural. Notre plus grand espoir pour l’avenir, c’est la passion, l’énergie et l’engagement pris par la jeunesse dans notre mouvement.

Nous allons de l’avant à partir de cette VIème Conférence Internationale de La Via Campesina, accueillant de nouvelles organisations, confiant(e)s en nos forces et rempli(e)s d’espoir pour l’avenir.

Pour la terre et la souveraineté de nos peuples ! Dans la solidarité et dans la lutte !

26/06/2013

Contes de la Terre Mère

 

par Rolande Causse, Nane et Jean-Luc Vézinet, illustrations Amélie Fontaine

 

9782070651757.jpg

Gallimard Jeunesse, avril 2013

42 pages, 14,50 €

    

Neuf contes pour faire le tour de notre Terre Mère, notre belle planète si précieuse que nous devrions aimer et protéger, comme elle aussi prend soin de nous. Neuf contes pleins de sagesse, qui s’achèvent chacun sur un petit poème de trois-quatre lignes qui en concentre l’essentiel. Neuf contes qui ouvrent l’esprit, parlent à notre cœur et chacun d’eux a un secret à nous confier.

Le secret du colibri, qui a insufflé à Pierre Rabhi le nom d’un mouvement écologique et citoyen, résonne encore au plus profond de l’Amazonie. Peu importe que l’on soit grand ou petit, ce qui importe c’est de participer à sa mesure au bien de tous, de faire sa part, ne serait-ce que d’apporter Une goutte d’eau pour éteindre un grand incendie.

Des Indes, le conte Maléfique ou bénéfique nous apprend que l’équilibre est essentiel et que croyant bien faire, on peut commettre parfois de fatales erreurs. Dans la nature, chaque chose a sa raison d’être et même parfois celles que l’on juge mauvaises.

Branche abattue

Équilibre rompu

L’arbre en mourut


Un conte aborigène australien, La montagne aux fleurs, montre que foi, persévérance et courage sont récompensés et que les vieilles légendes contiennent un noyau de vérité qu’il est bon de rechercher.

Du Venezuela, Calebasse, sarbacane et crécelle, un conte arekuna, prouve que générosité et respect apportent abondance alors que l’avidité et la concupiscence conduisent au désastre. La Terre Mère nous offre généreusement ses fruits, mais pour en bénéficier longtemps, nous devons être respectueux de ses limites et ne pas prendre plus qu’il n’en faut, même si nous avons la magie (ou la science) avec nous, sous peine de rompre un équilibre essentiel à notre propre survie. C’est le secret que nous confie ce conte.

Le grand déluge, est un conte amérindien de la vallée de Yellowstone, aux États-Unis. Il raconte la naissance du premier arc-en-ciel, en commençant par la création du monde par le Grand Esprit, et puis l’arrivée des hommes qui ne respectaient pas la Terre Mère, s’appropriaient les terres, coupaient les arbres, massacraient les bisons et les autres animaux… Alors le Grand Esprit, empli de tristesse devant toute cette désolation sur la Terre Mère « fit tomber une pluie diluvienne pour laver ses plaies et la débarrasser de la présence des hommes », mais grâce à la sagesse de son chef Ours Tacheté et d’un grand bison blanc, la tribu fut sauvée. Pour savoir comment, il faut lire le conte.

Puis nous faisons un tour en France, en Picardie, avec un conte rigolo, La malice des animaux, destiné aux chasseurs.

L’arbre à pluie, un conte colombien du désert de la Guajira, nous apprend que l’eau est une précieuse source de vie, et qu’il faut, pour le bien de tous, savoir en prendre soin et la partager équitablement.

Les trois frères et l’héritage nous emmène aux îles du Cap-Vert, et comme le conte vénézuélien, il montre comment malhonnêteté, avidité et concupiscence conduisent à la perte.

N’est point enviable

Le sort des insatiables

Si elle les juge coupables

Dame nature est redoutable

Et enfin, nous partons au Yémen, rejoindre Le vieil homme et le verger, un vieil homme sage et éclairé, qui plante des arbres fruitiers. Un conte qui nous apprend que prendre soin de la Terre Mère c’est aussi songer à ceux qui viendront après et que tout comme nous bénéficions des fruits de nos ancêtres, nous devons aussi planter pour ceux qui viendront après nous.

Voilà donc en quelques contes, une belle leçon d’écologie, une belle leçon de vie puisqu'au fond, c’est ça l’écologie, c’est le choix de la vie. Une vie en harmonie sur une planète en bonne santé, pour le bien de tous ceux qui sont là, aussi bien nous, humains, que les animaux et les plantes et pour le bien de tous ceux qui suivront. On dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, espérons-le.

Les illustrations d’Amélie Fontaine, dans des tons utilisant simplement les trois couleurs primaires et le noir donnent un cachet supplémentaire à ce bel album. On regrette simplement l’absence d’un conte chinois ou japonais, empreint de sagesse taoïste ou bouddhiste, qui aurait judicieusement complété l’ensemble.

 

Cathy Garcia

  

 

Rolande Causse est née en 1937. Elle a deux grandes passions dans la vie : l’écriture et la lecture. Elle écrit des romans et des poèmes pour la jeunesse et aussi des livrets d’opéra. Elle a créé des ateliers de Lecture-Écriture, en 1975, et le Salon du livre de jeunesse de Montreuil, en 1984. Rolande Causse a enseigné également la littérature dans le cadre de la formation permanente. Son association, La Scribure, regroupe des écrivains autour de la promotion de la littérature. Son roman Rouge Braise évoque un lointain souvenir et voudrait être un témoignage contre la guerre, et toutes les souffrances qu’elle engendre.

Nane et Jean-Luc Vézinet, auteurs et conteurs, ont cosigné avec elle Contes de la Terre-Mère.

Amélie Fontaine, illustratrice : http://www.ameliefontaine.fr/

 

 

 Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/contes-de-la-terre-mere-r...

 

25/06/2013

Jusqu’où peut-on manipuler le cerveau humain ?

En seulement quelques années, la connaissance neurobiologique et neurochimique de la structure et du fonctionnement de notre cerveau a fait de tels progrès que des scénarios qui auraient relevé, il y a à peine 10 ans, de la science-fiction sont aujourd’hui en train de se réaliser, sans que le grand public n’ait encore pleinement conscience des bouleversements médicaux mais également sociaux, politiques, juridiques et éthiques qui en résultent.

Si nous avons tous pu nous émerveiller devant les dispositifs d’interface et de commandes cérébrales qui fleurissent depuis quelques années dans de nombreux laboratoires et qui permettent à des personnes lourdement handicapées de commander directement par la pensée des ordinateurs ou des prothèses robotisées, nous devons toutefois nous interroger sur d’autres aspects de ces fulgurantes avancées scientifiques qui présentent un risque tout à fait réel de manipulation et d’asservissement de l’être humain.

En juin 2011, une étude réalisée par des chercheurs américains des Universités de Caroline du Sud et de Californie avait fait grand bruit. Ces scientifiques avaient en effet réussi à mettre au point un implant cérébral utilisé sur des rats de laboratoire qui a permis de rétablir des souvenirs perdus (Voir IOPSCIENCE).

Ces scientifiques, dirigés par Sam Deadwyler, avaient en outre montré que si l’implant était utilisé sur un rat n’ayant pas de problème de mémoire, le dispositif était capable de renforcer ou d’améliorer leur capacité de mémorisation.

En septembre 2011, une nouvelle étape est franchie quand des chercheurs japonais, dirigés par Shinji Nishimoto, parviennent, à l’aide un scanner et d’un ordinateur, à décrypter des signaux cérébraux et à retrouver les images d’un film visionné par trois sujets (Voir CELL).

En janvier 2012, une équipe de recherche américaine de l’Université de Berkeley, dirigée par Brian Pasley, va encore plus loin dans le contrôle du cerveau humain en décodant des mots, pensés par les participants à une étude.

En plaçant des électrodes à la surface du lobe temporal supérieur de 15 sujets, ces chercheurs ont pu enregistrer leur activité neuronale pendant qu’ils écoutaient des mots et phrases pré-enregistrés. Les scientifiques ont ensuite réussi à retrouver ces mots en analysant les ondes cérébrales de ces sujets à l’aide d’un logiciel spécifique (Voir PLOSBIOLOGY).

En septembre 2012, une autre équipe de recherches américaine a réussi à « greffer » des souvenirs artificiels à des portions de cerveau prélevées sur l’encéphale de rongeurs (Voir NATURE).

Dirigés par Ben W. Strowbridge et Robert A. Hyde, ces scientifiques de la Case Western Reserve University School of Medicine de Cleveland (Ohio), ont réussi pour la première fois à stocker des souvenirs artificiels à court terme dans l’hippocampe de plusieurs rats.

Les chercheurs ont pu montrer ensuite que les circuits neuronaux impliqués dans ce processus étaient capables de mémoriser l’information ainsi créée pendant plus de 10 secondes.

Ces travaux ont également pu montrer qu’un type particulier de cellules cérébrales, les « cellules granules semilunaires », jouaient un rôle-clé dans ce type de mémorisation.

Bien entendu, ces recherches présentent un grand intérêt sur le plan de la connaissance fondamentale du cerveau mais également en matière thérapeutique, pour essayer de proposer des traitements plus efficaces aux patients souffrant de graves troubles de la mémoire provoqués par des maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer.

Enfin, il y a quelques semaines, une autre expérience fascinante a été présentée par des chercheurs néerlandais de l’université d’Utrecht (Voir EUROJNLOFPSYCHOTRAUMATOL).

Ces scientifiques ont travaillé sur un contingent de soldats néerlandais qui ont rempli différentes missions en Afghanistan au cours de ces cinq dernières années. La finalité initiale de ces recherches était l’étude des facteurs provoquant le « stress post-traumatique », un état d’angoisse particulier qui s’installe chez certains militaires gravement affectés par les situations violentes qu’ils ont dû vivre sur le terrain des opérations militaires.

Dans le cadre de ce travail, les 200 soldats qui avaient fait l’objet d’un premier entretien avant leur départ en mission, ont été soumis à un « débriefing » quelques semaines après leur retour.

Officiellement, cet entretien était simplement censé permettre l’évaluation du niveau de stress ressenti par ces militaires. Mais en fait, tout au long de l’entretien, les chercheurs ont savamment distillé de fausses informations se rapportant à des événements qui n’avaient pas eu lieu mais qui auraient tout à fait pu se produire dans ce contexte de guerre. Ce « faux souvenir »  faisait mention d’une attaque terroriste du camp où se trouvaient basés ces militaires, la veille du Nouvel An.

Six mois après cet entretien, ces soldats ont à nouveau été convoqués au motif de passer une nouvelle évaluation de routine. C’est alors que les chercheurs ont été stupéfaits de constater que 26 % de ces militaires évoquaient spontanément cette attaque terroriste en étant manifestement persuadés qu’ils avaient bien vécu cet événement.

Cette expérience est réellement impressionnante car elle montre qu’un faux souvenir peut être instillé de manière judicieuse au moment opportun et peut-être mémorisé à long terme et approprié pleinement par le sujet.

Il y a quelques jours, dans la revue du MIT, un long article, intitulé « Modifier la mémoire » a fait le point sur les dernières recherches d’une équipe de neurobiologistes américains du  Mount Sinai School of Medicine, dirigée par Daniela Schiller (Voir MIT).

Cette équipe de recherches affirme, en s’appuyant sur ses derniers travaux, que les souvenirs, même les plus solides, ne sont pas fixés une fois pour toutes dans le cerveau et s’apparentent à des structures souples qui doivent être reconstruites à chaque fois qu’elles sont sollicitées.

Selon ces recherches, une modification programmée de certains souvenirs et même une production de souvenirs artificiels pourrait constituer une nouvelle voie thérapeutique très prometteuse pour prendre en charge de lourdes pathologies psychiques ou certains troubles plus communs mais néanmoins invalidants.

Ces chercheurs ont développé une théorie neurobiologique selon laquelle il est possible de modifier le contenu et l’impact émotionnel d’un souvenir en y ajoutant de manière soigneusement coordonnée, sur le plan temporel, certaines informations qui en transforment le contexte général.

Cette approche est  notamment développée dans un article de référence publié en janvier 2010 dans la revue Nature par  les chercheurs Daniela Schiller, Joseph E. LeDoux et Elizabeth A. Phelps. Ces scientifiques y développent leur thèse et montrent que les souvenirs, loin d’être figés, sont en fait reconstruits et réécrits à chaque fois qu’ils sont remémorés par le sujet (voir NATURE).

Ces chercheurs montrent également qu’il est possible d’atténuer, de modifier et parfois de supprimer le souvenir d’un événement traumatisant en instillant certaines informations dans une fenêtre temporelle étroite suivant la remémoration de cet événement.

Cette théorie s’appuie sur plusieurs décennies de recherche qui ont permis de défricher le mécanisme complexe et à niveaux multiples de la mémoire et de comprendre comment s’effectue la consolidation des souvenirs au niveau des réseaux de neurones et des échanges de protéines.

Selon ce nouveau cadre théorique, plusieurs types de mémoire coexistent et correspondent à différentes fonctions reposant sur différents mécanismes biologiques et utilisant des réseaux neurones spécifiques.

Il existerait ainsi une mémoire «épisodique», centrée sur le souvenir d’événements passés particuliers, une mémoire «procédurale», concernant pour sa part la capacité de se rappeler certaines séquences motrices très utiles dans la vie quotidienne (faire du vélo, effectuer un créneau en voiture, ouvrir un nouveau dossier sur son ordinateur, etc…) et une mémoire émotionnelle, liée à des expériences qui peuvent être physiquement ou psychiquement désagréables ou traumatisantes.

Mais ce qui est remarquable, c’est que ces recherches montrent qu’il est possible de leurrer la mémoire émotionnelle, même sans recourir à l’utilisation de molécules thérapeutiques qui vont bloquer la synthèse des protéines impliquées dans ces traces mémorielles.

Thomas Agren et ses collègues de l’Université d’Uppsala en Suède ont ainsi confirmé en 2012 qu’il était possible de modifier ou d’effacer certains souvenirs en utilisant le levier de la mémoire émotionnelle. Ces modifications de la mémoire au niveau de l’amygdale ont d’ailleurs été confirmées par l’imagerie cérébrale.

Des chercheurs chinois de l’université de Pékin, dirigés par Yan-Xue Xue, ont pour leur part réussis à manipuler la mémoire de certains toxicomanes, sans utiliser la voie chimique, dans le but de réduire leur addiction à la drogue et de leur permettre un sevrage plus efficace.

Daniela Schiller souligne avec beaucoup d’arguments et de conviction que nos souvenirs ne cessent d’être transformés et réactualisés à chaque fois que nous les évoquons, un peu à la manière d’un scénario de film qui serait sans cesse réécrit.

Cette scientifique reconnue insiste également sur la nature multidimensionnelle de la mémoire, un phénomène dynamique qui ne peut en aucun cas se réduire à des échanges biochimiques et comporte une dimension affective, émotive et symbolique irréductible qui nous conduit à refabriquer en permanence nos souvenirs en les inscrivant dans notre propre histoire relationnelle.

Nous rejoignons ici la théorie de « l’inscription corporelle de l’esprit » développée depuis plus de 20 ans par le grand neurobiologiste américain Antonio Damasio.

Mais ces recherches récentes, quoiqu’enthousiasmantes et fascinantes sur le plan de la connaissance fondamentale de notre cerveau, posent également de redoutables questions morales, sociales et politiques qu’il va nous falloir affronter sous peine de risquer des dérives de grande ampleur.

On voit bien en effet quel immense pouvoir de contrôle et de manipulation vont conférer ces techniques à ceux qui les maîtriseront, qu’il s’agisse de pouvoirs politiques autoritaires, de pouvoirs économiques, de pouvoirs religieux ou de pouvoirs médiatiques.

Ces techniques sont en effet d’autant plus redoutables qu’elles pourraient produire leurs effets à grande échelle sur certains groupes, ou même sur toute une population, sans que les personnes visées puissent en avoir clairement conscience.

Or, il devient non seulement envisageable, dans un futur relativement proche, de lire dans les pensées, à l’insu d’une personne, ce qui est déjà très inquiétant mais il sera sans doute également possible de modifier en profondeur ce qui constitue notre identité, c’est-à-dire nos souvenirs et notre mémoire.

De telles manipulations posent en outre des problèmes moraux et juridiques considérables : quelqu’un pourra-t-il être encore considéré comme responsable de ses actes à partir du moment où, à son insu, le souvenir de certaines de ses actions aura été modifié ou effacé ?

A contrario, en implantant chez certaines personnes fragiles certains types de souvenirs, on disposera d’un moyen de manipulation et de conditionnement absolument redoutable, dans l’hypothèse où ces techniques seraient utilisées en dehors d’un strict cadre thérapeutique et sans contrôle démocratique ou garde-fous éthiques.

Et même en restant dans la perspective d’une utilisation médicale, comment ne pas voir qu’il sera très difficile, en disposant de moyens aussi puissants de manipulation psychique, de ne pas succomber à certaines formes d’eugénisme visant à « améliorer » des performances mentales et cognitives.

Il faut bien entendu se garder de « jeter le bébé avec l’eau du bain » et ne pas tomber dans l’écueil d’une technophobie sans discernement qui pourrait conduire au rejet violent et global de ces nouveaux outils, même lorsqu’ils ont une réelle efficacité thérapeutique pour soulager de nombreuses pathologies très invalidantes.

Mais il faut également ne pas pécher par excès de naïveté et d’angélisme et être bien conscient que toutes les formes de pouvoir et tous les groupes d’intérêts voudront, avec les meilleures intentions du monde, disposer de ces nouveaux moyens.

Il y a plus de 12 ans, alors que ces techniques étaient encore balbutiantes mais qu’on pouvait néanmoins déjà en imaginer le potentiel, j’avais proposé (voir RT Flash) que soit mise en place, parallèlement au cadre de réflexion bioéthique, une réflexion « neuroéthique », destinée à permettre la création d’instruments de contrôle démocratique pour ces nouvelles technologies neuroactives et à réfléchir sur les conséquences éthiques de ces avancées scientifiques extraordinaires.

Les progrès qui ont été bien plus rapides que prévu, tant en matière théorique que  technique, dans la connaissance du cerveau humain et les moyens d’influer sur son fonctionnement, montrent que le moment est aujourd’hui venu d’ouvrir sans tarder cette réflexion autour d’un vaste débat démocratique et moral.

C’est à cette condition que nous parviendrons à rendre socialement et humainement acceptables ces avancées vertigineuses et à faire en sorte qu’elles demeurent au service de l’homme et ne deviennent jamais les outils de son asservissement.

 

Un article de René TRÉGOUËT, Sénateur Honoraire et fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

Avatar 2045, de Dmitry Itskov : ceci n’est pas un film

 Un article posté le 2 septembre 2012

Avatar 2045, de Dmitry Itskov : ceci n’est pas un film
 
PARIS (NOVOpress) — La frontière entre science et fiction devient de plus en plus ténue. Un nouveau projet « fou » (2045.com) vient de voir le jour en Russie, « Avatar 2045 ». Son but rien de moins que de créer les conditions scientifiques et technologiques de l’immortalité pour les hommes.

À l’origine du projet un jeune entrepreneur russe, Dmitry Itskov, dont l’idée, inspirée du film Avatar de James Cameron, est de transplanter un cerveau humain dans un corps robotisé.

Avatar 2045 comprend  quatre étapes échelonnées dans le temps :

  • 2015 : prototype de copie robotique de corps humain contrôlé à distance
  • 2025 : transplantation d’un cerveau humain dans le corps robotisé
  • 2035 : prototype d’avatar robotisé avec cerveau artificiel dans lequel on transplanterait une copie cybernétique d’un cerveau humain
  • 2045 : mise au point d’un hologramme intégral qui serait une copie « parfaite » de l’être humain d’origine.

Pour l’instant ce projet n’existe encore que sur le papier mais Dmitry Itskov y croit fermement. Il a contacté les milliardaires du monde entier pour récolter des fonds pour mener à bien les recherches.

Avatar 2045, de Dmitry Itskov : ceci n'est pas un film

Dmitry Itskov. – crédit photo : DR

L’objectif ultime, l’avatar holographique, présenterait selon D. Itskov de nombreux avantages, notamment l’extension des capacités de déplacements. Un hologramme intelligent pourrait en effet traverser les murs, se déplacer à une vitesse phénoménale.

Pour faire aboutir « Avatar 2045 », le DARPA (Defense Advance Research Projects Agency) américain va également être mis à contribution. Celui-ci travaille déjà sur des projets de recherche visant à créer des androïdes soldats dans lesquels on aurait téléchargé le cerveau des vrais soldats, qui eux resteraient en sécurité hors du champ de bataille.

L’idée de télécharger un cerveau humain dans une machine n’est pas nouvelle. Mais cette potentialité commence à se rapprocher de nous. Un autre chercheur, Ken Hayworth, spécialiste en neurobiologie à Harvard, veut faire une copie informatisée de son cerveau pour le raccorder à un robot. K. Hayworth est fermement convaincu que cette technologie sera totalement opérationnelle au tournant du siècle prochain : « le transfert d’un cerveau biologique à un système d’exploitation à base de silicium sera aussi commun que la chirurgie oculaire au laser aujourd’hui ». Convaincu au point d’être prêt à mourir physiquement pour le démontrer : il souhaite que son cerveau soit prélevé pendant qu’il est encore jeune pour pouvoir ensuite ressusciter sa conscience dans un ordinateur.

Qu’un scientifique poursuive une idée qui nous paraît folle ou inquiétante est une chose. La science avance aussi grâce à ces “doux dingues”. En revanche le projet Itskov est un petit peu plus inquiétant. Il veut en effet radicalement modifier l’humanité : “Les principaux objectifs sont les suivants : la création d’une nouvelle vision du développement humain, la réalisation de la possibilité d’une extension radicale de la vie humaine grâce à la technologie cybernétique, ainsi que la création d’une nouvelle culture associée à ces technologies.” Et libérer l’Homme “de la maladie, de la vieillesse et de la mort”.

La conscience de l’Homme étant ce qu’elle est, justement parce qu’il a conscience de mourir un jour, si cette finitude disparaît, que se passera-t-il ? Tous les repères moraux, métaphysiques et philosophiques de notre civilisation devraient être revus.

“Avatar 2045” est d’autant plus inquiétant qu’il est annoncé sur le site du projet la création d’un parti politique “Evolution 2045” dont le but avoué est de modifier l’humanité. Le projet est totalement messianique et délirant. Le manifeste du parti  (evolution.2045.com) indique clairement la volonté de créer une “nouvelle civilisation” par le biais des technologies cybernétiques. Pour parvenir à ce but, il est question de révolution culturelle auprès des masses, portée et favorisée par du lobbying intensif dans les grandes institutions internationales. Il y est bien question à ce propos de “notre idéologie du futur”. Il est question de constituer une nouvelle élite intellectuelle et de faire pression pour faire rentrer dans les législations “le droit à l’immortalité cybernétique”.

Nous sommes donc très loin d’un simple projet scientifique un peu farfelu. Il s’agit bien d’une nouvelle idéologie politique en germe, avec le transhumain comme horizon. En enrôlant l’hyperclasse mondiale pour financer ce projet délétère, il y a des chances qu’il aboutisse. Allons nous laisser faire ?

Spoutnik, pour Novopress

 

 

 

 

 

24/06/2013

Alors, je les remballe, et je regarde ceux qui savent kiffer

Moi, ce que je voulais, c’était un peu de tendresse, pas seulement baiser, c’est con mais au bout d’un moment, le sexe est triste, il ne te raconte plus rien, moi je voulais des bras et des sourires, que quelqu’un prenne le temps de faire semblant de me plaire, je voulais de la tendresse mais ça ne se fait plus. Peut-être parce qu’être tendre c’est compliqué, parce qu’on se livre plus en soutenant un regard ou en murmurant qu’en défonçant des culs, qu’il faut plus d’intimité pour être tendre que pour la plus profonde des sodomies, parce qu’on ne fait finalement que se masturber dans l’autre en attendant que le temps passe, et que c’est triste, tout ce vide. Je ne voudrais pas être vide, intéressant choix de mot pour une grosse dirait mon psy, je ne voudrais pas être vide et ne rien vivre que des bonheurs faciles et instantanés, figés en poudre humide comme ces soupes dégueulasses qu’on te refourgue à la cantine. La tendresse, ce mot à la con, loin des montages de cagoles enflammées qui déclarent par photo montages leur amour éternel au premier kéké, ce truc doux et dingue qui te pousse à te poser à côté de quelqu’un, juste pour être bien.

C’est peut-être ce qui fout tout le monde le cul par terre devant des vidéos de Free Hugs, ces inconnus qui proposent à d’autres inconnus de les serrer quelques secondes contre leur coeur, cette tendresse humaniste, gratuite, je te serre parce que je te reconnais, et que tu mérites d’être serré, c’est débile de le décortiquer, ca devrait être évident. Et pourtant, des millions de vues, de commentaires émus, juste parce que tu prends quelqu’un contre toi, sans penser un instant à lui sucer la bite ou à explorer son vagin, à lui tirer des tunes ou même à connaître son prénom, juste la force stupide du lien qu’on crée en s’autorisant à être tendre, pour rien. Bien sûr ça ne change pas le monde, je ne crois pas aux énergies décuplées par le frottement des corps, mais ça change le cours de la journée, un hug, un câlin, un coup de fil, un baiser. T’es pas obligé d’y croire, tu peux même trouver ça niais, à chier, mais ça fonctionne, méthode approuvée, quelques secondes de calme, la possibilité d’être soi, la chaleur de l’autre qui colle à ton pull quand tu t’en vas. J’aime poser ma main sur l’épaule de ma mère quand elle conduit, c’est mon truc à moi, ma tendresse, même si elle ne le sait pas. J’aime serrer mes amies contre moi, fort, jusqu’à ce qu’elles s’en aillent asphyxiée. Et j’aime être serrée.

Je me demande ce qui merde à l’intérieur pour qu’on se refuse tout ça. Pour que certains aient peur de se montrer tendres, doux, parce que tu comprends, elle va s’attacher, elle va se faire des films, et puis je suis pas comme ça, la tendresse, on ne me l’a jamais donnée. Pour que certaines se blindent derrière des couches de béton armé, maquillées à l’acide, le cynisme d’abord, le doux, jamais, ou alors en privé, quand elles pleurent, quand elles se laissent enfin aller. Je me demande pourquoi je ne peux pas écrire de jolis billets amoureux parce que j’ai peur d’être traitée de romantique mongole, de niaise à tête de licorne. Pourquoi je ne suis pas cette fille qui organise de jolies surprises, pourquoi je préfère faire rire plutôt que de me laisser toucher. Y’a la peur, le manque de confiance en soi, la culture du LOL, l’impression de toujours tout faire foirer. Et puis le monde qui tourne mal, avec des cadenas sur les poubelles pour empêcher les pauvres de voler des produits périmés, ce genre de nouvelle hyper violente qui me fout des crampes, la boule au ventre, envie de dégueuler, de me mettre en colère, pas de m’attendrir ou de baisser ma garde. Tout me fait violence, sans exagérer, j’ai presque honte de mes envies de tendresse.

Alors, je les remballe, et je regarde ceux qui savent kiffer."

Daria Marx   http://dariamarx.com/

 

 

 

Lieu du larcin : partagée par Faste et Furieuse sur face de bouc

23/06/2013

Revue Nouveaux Délits : ouverture des Soliflores

 

Aujourd'hui s'ouvre sur le blog de la revue Nouveaux Délits

http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

une annexe à la revue papier :

Les Soliflores.

 

Il s'agit de textes uniques d'auteurs, qui seront publiés ici. Ceci pour répondre à l'afflux toujours plus important de propositions, qui déborde largement de ce que peuvent contenir trois numéros papier par an. Inutile cependant d'envoyer des textes uniques à cet effet, il s'agit d'abord de donner de la visibilité à d'innombrables auteurs déjà en attente, et qui ne seront peut-être pas publiés ou republiés ultérieurement dans la revue papier. Les Soliflores sont donc des clins d'oeil pour encourager la création poétique et ne pas l'émousser en la faisant attendre des mois, parfois des années, pour une publication papier.

 

Quant à la revue, elle continue son petit chemin, prochain numéro en octobre.

 

 

Pour ouvrir donc le bal, un poème de Stéphanie Voisin, qui fait écho à Nuage rouge de Jean Azarel, publié dans le denier numéro : un hommage à la chanteuse trop tôt disparue, Lhasa de Sela.

 

 

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Lhasa tu marches et tu appelles

Celui qui froisse tes pieds sur des chemins de ronces

Tes dents sont amoureuses ta bouche est sans racine

Le désert tombe et ressuscite quand tu vacilles

Quelqu’un vient

Tu nages sur des braises

C’est sûrement lui

Et tes mains sont immenses même percées par la pluie

 

Ton cri s’est allongé dans une roue de velours

Comme un  feutre fragile

Ta voix couleur de chair lève le pain de l’ombre

La terre grogne et remplit la magie des oiseaux

Qui redonne soif et faim

Serre les poings sur ta fièvre

La douceur et la pierre confondent leurs murmures

Il y a tant de clarté dans l’obscur de ta voix

Qu’un océan se glisse en travers de ma peau

 

Lhasa laisse le vent marcher sur tes chansons

Et convaincre la terre d’accueillir ta fraîcheur

Car la nuit ce matin s’est trompée de fenêtre

 

Sur la route ruisselle l’eau brève de ta vie

Tel un souffle qui chasse             

Lhasa laisse le vent dans l’étincelle des chats

Car la nuit ce matin s’est trompée de fenêtre.

 

 

Stéphanie Cousin 

 

 

 

 

 

et une des chansons de Lhasa que j'aime tout particulièrement

 

22/06/2013

EN INDE, MONSANTO ET UNILEVER ONT RECOURS AU TRAVAIL DES ENFANTS

Hindustan Lever Ltd, une filiale indienne de la multinationale Néerlando-britannique Unilever, ainsi que la multinationale américaine Monsanto ont recours, à grande échelle, au travail des enfants dans la production des semences de coton en Inde. Un nombre estimé à 25.000 enfants, surtout des filles, travaillent en moyenne de dix à treize heures par jour pour Hindustan Lever, et environ 17.000 enfants travaillent pour Monsanto et leur filiale indienne Mahyco.

Ces enfants ne reçoivent aucune éducation, gagnent moins de 40 centimes d'euro (Rs. 20) par jour et sont exposés à des pesticides toxiques (comme Endosulphan) pendant leur temps de travail. Plus de 11.000 enfants travaillent dans des conditions similaires pour les multinationales Syngenta (Suisse), Advanta (néerlando-britannique) et Proagro (détenue par le groupe Allemand Bayer).

Ce sont les conclusions de l'enquête effectuée par un chercheur indien, Dr. D. Venkateswarlu, pour le Comité indien des Pays-Bas.

Graines de coton: l'emploi principal des enfants

Dans le seul État indien de l'Andhra Pradesh, 247.800 enfants travaillent dans la production de coton et environ 450.000 dans toute l'Inde. La plupart des enfants travaillent pour des entreprises appartenant à des Indiens. Aucune autre industrie en Inde n'emploie autant d'enfants que celle du coton. Les entreprises de coton n'emploient pas les enfants directement.

Ce sont des agents intermédiaires appelés « organisateurs de semences » qui font travailler les enfants. Le prix du coton fixé (unilatéralement) par les entreprises est si bas, que les agriculteurs n'ont pas les moyens d'employer des adultes. Un enfant est payé 30% de moins qu'une femme et 55% de moins qu'un homme.

La production de coton est très laborieuse. Le secteur est « unique » en ce sens que neuf employés sur dix sont des enfants âgés de 6 à 14 ans. En général, ils sont obligés de travailler à cause des avances sur salaire qui sont consenties à leurs parents, eux-mêmes liés au même employeur. Selon les recherches du Dr Venkateswarlu, près de 30% des enfants sont recrutés par des intermédiaires pour travailler comme des « migrants », loin de chez eux.

Ces enfants travaillent 12 à 13 heures par jour et dorment dans l'étable d'un fermier ou dans un « camp pour enfants » où ils vivent à dix ou trente.

Narasamma a 12 ans. Elle travaille dans les domaines de graines de coton depuis trois ans. Elle dort dans une étable avec d'autres enfants migrants et travaille plus de 13 heures (incluant deux pauses) par jour. A cause des pulvérisation de pesticides, elle est régulièrement malade. Elle est payée Rs. 800 (16 euros) par mois.

Unilever et Hindustan Lever

Unilever a informé la presse néerlandaise qu'il souhaite contribuer à trouver une solution au problème du travail des enfants dans la production de coton en Inde. Pourtant, dans leur communiqué de presse du 5 mai 2003, ils rejettent l'accusation de recours au travail des enfants.

Dans ce communiqué, ils affirment que les ONGs n'ont pas cherché à contacter Hindustan Lever. Mais ceci est faux. En Février 2002, les représentants du Comité Inde des Pays-Bas (ICN), la Confédération des syndicats néerlandais (FNV), Novib, Amnesty International Pays-Bas et l'ONG Fondation MV de l'Andhra Pradesh ont discuté de la question avec Unilever.

Unilever avait promis de poursuivre ce dialogue entre Hindustan Lever et la fondation MV. Mais cette promesse n'a pas été tenue.

Le jeudi 15 mai 2003, les représentants de ces mêmes organisations vont à nouveau rencontrer les représentants d'Unilever à Rotterdam.

En Mars 2002, Hindustan Lever (HLL) a vendu sa « section semences » à sa filiale Paras Extra Seed Growth Seed (PEGS) et a formé une co-entreprise avec Emergent Genetics, une société de biotechnologie du secteur des semences basée aux Etats-Unis. Hindustan Lever détient 26% des parts de la société PEGS. Le reste est détenu par Emergent Genetics qui a aussi un accord de licence auprès de Monsanto pour l'utilisation de son gène BT terminator.

L'accès au produit BT Bolgard de Monsanto semble être indispensable commercialement pour le secteur de la semence de coton

 

Campagne européenne « Halte au travail des enfants – Leur place est à l'école »

Cette semaine, la campagne « Halte au travail des enfants – Leur place est à l'école » commence en Allemagne, en Hollande et en Irlande. Il s'agit d'une campagne de trois ans lancée par Concern en Irlande, Agro-Action en Allemagne, Hivos d'Inde et en Hollande le syndicats des enseignants, le Conseil indien de Hollande, la Confédération des syndicats.

La campagne s'inspire et travaille en étroite collaboration avec MV Foundation qui a oeuvré à ramener 150.000 enfants employés, à un enseignement à plein temps. L'Etat indien d'Andhra Pradesh a légiféré pour bannir le travail des enfants et se prononcer en faveur d'un enseignement à plein temps. La campagne demande aux Etats-Membres de l'Union Européenne de :

• Mettre en place une politique cohérente afin d'interdire le travail des enfants de moins de 14 ans et leur permettre d'être scolarisés.

• Veiller à ce que l'aide internationale européenne continue à oeuvrer ensemble et contribue au moins à 8% des dépenses pour le développement de l'éducation primaire et la poursuite de stratégies visant à intégrer tous les enfants non scolarisés dans le système éducatif.

• Prendre des dispositions en matière d'aide au développement pour s'assurer que les filles et les jeunes enfants issus de groupes vulnérables (y compris ceux qui vivent dans la pauvreté absolue) soient intégrés dans le système scolaire formel.

La Fondation MV est aussi fortement impliquée dans le combat pour sortir les enfants des sites de production de semence de coton. Des centaines d'enfants ont ainsi pu en réchapper pour aller à l'école primaire.

 

 

Le rapport complet « Child Labour and Trans-National Seed Companies in Hybrid Cotton Seed Production in Andhra Pradesh by Dr. Davuluri Venkateswarlu » est à télécharger sur : indianet.nl/cotseed.html

Le Comité Inde des Pays-Bas (CII) est une ONG indépendante qui informe le public des Pays-Bas sur l'Inde et l'influence de l'occident sur l'évolution économique, sociale, politique, et par conséquent sur la vie quotidienne de millions d'Indiens.

Le site web du CII est indianet.nl

 

Source anglophone

relayée par http://www.terresacree.org/actualites/module-mere-comment...

 

Mouztic d'Emmanuelle Eeckhout

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Voilà un album plein de tendresse et de malice qui fleure bon le printemps avec ses couleurs vives. L’auteur en est également l’illustratrice. Mouztic est une petite moustique d’un beau vert pomme, qui a beaucoup d’imagination car elle lit beaucoup de livres et tout le monde sait que lire beaucoup de livres, non seulement ça rend beau et intelligent, mais ça ouvre aussi et surtout les grands tiroirs de l’imaginaire que chacun a dans sa tête.

Seulement voilà, si les livres nourrissent bien le cœur et la tête, le ventre lui a besoin de nourriture un peu plus terrestre, et la petite Mouztic va devoir quitter le cœur d’une superbe et confortable fleur pour aller chercher pitance. Prêts pour l’envol ?

Nous suivons Mouztic, dont les lunettes lui donnent un air d’intellectuelle aviatrice, jusqu’au pied, c’est le cas de le dire, de merveilleux ronds et à croquer petits gros orteils, qui semblent somnoler à côté d’un joli ballon. Voilà un déélizieux repas en perspective quand zoudain une énooooorme main très effrayante se précipite, doigt en avant, sur la minuscule Mouztic ! Va-t-elle ze faire ratatiner ? Mais non, rappelez-vous, Mouztic a beaucoup d’imazination, cela dit on ne va pas tout vous dire, pour connaître la zuite, il faut lire ce zoli petit livre, drôle et rigolo, zi, zi, avec des zillustrations vraiment très, très zolies de fleur bien rouge, d’herbe bien verte, et d’un petit garçon qui pour une fois est le géant de l’histoire.

Grâce à ce livre, les enfants apprendront que l’on peut s’amuser avec la langue, inventer celle des moustiques, juste en changeant quelques lettres et comprendre tout aussi bien ce qui nous est raconté. Cela peut donner des idées pour inventer d’autres langues, par exemple celle du ssssssssssssserpent ou du chmiaouuu ou du ro-bo-t, bref, avoir comme la petite Mouztic beaucoup, beaucoup d’imazination !

 

Cathy Garcia

 

AVT_Emmanuelle-Eeckhout_3783.jpgEmmanuelle Eeckhout, née en 1976 à Charleroi, en Belgique, dessine depuis toute petite sur le moindre morceau de papier trouvé. Après des études d’illustration à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, elle travaille dans une bibliothèque publique, section jeunesse, ce qui lui permet de regarder un nombre impressionnant d’ouvrages. Emmanuelle Eeckhout a reçu le prix SCAM Illustration/Littérature jeunesse 2009 à la Foire du livre de Bruxelles.

 

 

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/emmanuelle-eeckhout

Pucelles à vendre, Londres 1885 de William Thomas Stead

Présentation et notes de Dominique Kalifa

à paraître en août/septembre aux Editions Alma

1885. Scandale à Londres. Une « commission secrète » de journalistes enquête sur le trafic organisé – et légal… – de jeunes filles vierges dans lequel sont impliquées les élites victoriennes. Immédiatement traduit en français, Le tribut des vierges est le livre fondateur du journalisme moderne. En 1885, à 36 ans, le journaliste W. T. Stead a fait de la Pall Mal Gazette le pilier du parti libéral. Ses campagnes d’opinion et ses enquêtes bousculent l’Angleterre victorienne. La plus célèbre de celles-ci, The Maiden Tribute To Modern Babylon (le tribut des vierges de la Moderne Babylone) fut menée dans les milieux de la prostitution enfantine avec l’aide de collaborateurs du journal. À l’époque, la loi fixait à l’âge de 13 ans la majorité sexuelle des jeunes filles.

Avec ses enquêteurs, Stead décrit les filières qui permettent d’obtenir des fillettes vierges auprès de tenancières de maisons closes ou de respectables maquerelles indépendantes. Une visite et un certificat médical officiel garantissent la qualité du produit. Au-delà des faits l’enquête s’intéresse aux mentalités. Stead recueille des propos et des témoignages auprès de tous les acteurs de ce « labyrinthe » du crime. Ce reportage de la Pall Mall Gazette eut un retentissement international. La loi anglaise porta la majorité sexuelle des jeunes filles à 16 ans. W.T. Stead fut néanmoins condamné à trois mois de prison pour de prétendues diffamations. George Bernard Shaw s’inspira de l’affaire pour Pygmalion et Stevenson pour Dr Jekyll & Mr Hyde.

Cette réédition de la traduction française réalisée elle aussi en 1885, est précédée d’une passionnante étude de Dominique Kalifa.

Les auteurs

William Thomas Stead (1849-1912), fils d’un ministre de l’Église congrégationaliste du Northumberland vint précocement au journalisme. Il devint en 1871 rédacteur en chef du Nothern Echo, le plus jeune de la presse britannique. Arrivé en 1880 à la Pall Mall Gazette, il en fit l’un des quotidiens les plus populaires et les plus influents. Évincé en 1890 pour avoir mis en cause trop de personnalités, il poursuivit ses croisades en fondant un mensuel, la Review of Reviews dont le succès gagna les États-Unis et l’Australie. Il mourut dans le naufrage du Titanic.

Dominique Kalifa, professeur à l’université Paris I - Panthéon Sorbonne est spécialiste de l’histoire du crime et de ses représentations au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Il a notamment publié Biribi. Les bagnes coloniaux de l’armée française (Perrin, 2009) et Les Bas-fonds, histoire d’un imaginaire (Seuil, 2013).

20/06/2013

Justice divine ou connerie humaine ?

Entendu ce matin à la radio, une marchande sinistrée de Lourdes :

"Nous on vend des bougies, c'est foutu, il n'y a plus d'électricité"

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Moralité : En France on n'a pas de pétrole, mais on n'est pas non plus des lumières...

19/06/2013

Michel Host parle de la revue Nouveaux Délits

Dans sa Chronique le Scalp en Feu (IV) in Recours au poème

http://www.recoursaupoeme.fr/chroniques/le-scalp-en-feu-i...

 

 

NOUVEAUX DÉLITSrevue de poésie vive –

Numéros 44 (janv.-févr.-mars 2013) & 45 (avril-mai-juin 2013)

Cathy Garcia (cf. Scalp III, Le Poète) œuvre à plein temps, nous le savons, pour faire vivre la poésie entre Dordogne, Auvergne, Charentes et Pyrénées, et ailleurs encore j’imagine. Elle-même vit en poésie et, spirituellement du moins, de la poésie. Sa revue aussi bien que ses recueils en témoignent avec vigueur et constance. Parvenir à « fabriquer » soi-même plus de 40 numéros d’une publication sans la moindre subvention, lui trouver des abonnés fidèles, y rester fidèle à quelques orientations majeures suppose une admirable endurance personnelle et quelques qualités remarquables. Si Nouveaux Délits a un aspect quelque peu austère, c’est que ses pages sont tenues au respect de la planète et de ses ressources naturelles, et que par ailleurs elles mènent non des combats, mais une action continue par ce que j’appellerai l’action des mots. C’est d’ailleurs une tradition qu’ont maintenue bien des publications anciennes, parfois disparues… je pense à un titre comme Action poétique, par exemple… Cathy Garcia a, outre son immense talent de poète, toute l’énergie qu’il faut, et des dents et des griffes,  ce que nous laisse entendre son éditorial du N°44 : « Nos façons de penser, de vivre, de consommer, la façon dont nous entrons en relation avec l’autre et avec nous-mêmes, participent, qu’on le veuille ou non, à l’immonde. Personne ne peut, à elle, à lui tout(e) seul(e), changer ce monde, mais chacun(e) d’entre nous a la possibilité de réfléchir à sa façon d’en être et il est temps, il est urgence, de changements radicaux. Les alternatives, les solutions, elles sont là, à portée de main, de clic, de choix, qu’elles soient citoyennes, écologiques, spirituelles…  […] il nous faut stopper l’immonde avant qu’il ne nous dévore. » Voilà la dame ! L’idée ! Le songe ! la volonté ! Quoique n’étant pas le modèle à suivre dans ce combat, j’approuve et je comprends pleinement. L’immonde, je le combats avec d’autres armes, mais qu’importe, ce combat ne peut m’indifférer. Il n’envahit d’ailleurs pas la revue, elle n’en est pas le drapeau levé à chaque page. Cela est selon le poète, la poétesse, et son inspiration fait loi.

Dans ce numéro 44 (illustré par Jean-Louis Millet), j’ai aimé Le Locataire, de Fanny Shepper : « Un cendrier de béton / voilà son appartement / un plancher à échardes / un matelas molesté au sol… », et tout autant son Ange perché : « Mon petit cœur le fantôme / Mon amoureux le cinglé / Dans ton souffle les putains sont des reines égarées / et les ivrognes des capitaines de navires qui se brisent »… Et cette solitude à méditer : « Dans la nuit sans fond / je t’entends moi / parfois, tu fredonnes d’étranges complaintes / alors l’océan se calme / et il berce et il souffle doucement ». Qui ne trouve beauté et sens à ces mots, à ces vers ? Aimé aussi les fureurs de Pascal Batard, qui roule et tangue avec les pirates, « Pirates de soufre et de sang / brigands / de sable, de vent / sur l’océan / indien », aussi bien qu’il vacille en pensée regardant l’image d’un Christ dont les imbéciles, par conformisme et étroitesse de pensée, écartent jusqu’au nom : « Christ crucifié, / résistance du mort, dépossédé, / Stabat Mater / et renaît poussière, / riche du livre, / du savoir de ses pairs, / éteint. » J’aime que l’on rappelle qu’il y eut, après Socrate, ce grand philosophe de l’impossible amour. Et aussi que Jean Michel A Hatton nous raconte que le tort fut d’avoir laissé s’évaporer les antiques odeurs, « des odeurs d’étraves / et d’ancres, / quelques-unes oubliées / quelques-unes perdues. » Et non moins que Hosho Mccreesh, en anglais (mais avec traduction d’Éric Déjaeger), nous dise à nouveau que c’est par le « faire » d’abord que s’instaurent le poétique et sa puissante action : « BECAUSE VAN GOGH DIDN’T SIT IN THE ASYLUM WAINTING STARRY NIGHT TO PAINT ITSELF, BECAUSE MICHAEL ANGELO DIDN’NT SIT IN FLORENCE WAITING FOR THE PIETA TO CARVE ITSELF… It takes years for tree limbs to tear down powerlines, for roots to buckle concrete… … but they always do. » Il n’est pas inutile, loin de là, que cette “livraison” (quel mot, bien qu’il soit avéré !) que Cathy Garcia nous convie ensuite à goûter des proses romanesques grecques, chiliennes, Sud-Coréennes, et qu’elle nous gratifie de cette sentence aiguë d’Edgar Morin : « L’indifférence, ce gel de l’âme. » Nouveaux Délits ne tombe certainement pas dans ce vice majeur de notre temps, et peut-être d’autres temps… Qui sait ?

Au numéro 45 (avril-mai-juin 2013 ; illustrations de Corinne Pluchart) je lis des poèmes « combattants » : ceux de Samuel Duduit, « pas encore mort »  - et il a raison de nous le confirmer -, quoique parfois orientés vers ce moi haïssable dont la prégnance absolutiste nous empoisonne : « Je vais et viens passé déjà / touriste survivant à ma propre existence / et qui visite les ruines déjà ennuyé… » ;  ceux de Patrick Tillard, évoquant LES SURVENANTS : « Ils sont maintenant vaccinés / cachés dans des réserves / remplis à plein bords d’essence ou de colle / de crack et d’amphés / prêts à sombrer dans ces puits empoisonnés  […] Désaveu mécanique / statut de victimes / Lanière qui étrangle / une histoire épurée / souffle le silence ». C’est bien là poésie dans la vie : « La vie est une maison comparable / à bien d’autres / dépeuplée d’aspirations / elle éjecte des corps / incertains. » Cette incertitude des corps ne traduit pas l’entier désamour, le vide tragique de l’existence, car cette maison reste « habitée d’amour / côte à côte du vivant… » Et c’est sans doute ce qu’à sa façon nous dit le poète néocalédonien Frédéric Ohlen évoquant l’homme qui, embarqué clandestin dans une soute d’avion, sait, bien sûr, « qu’on gèle / là-haut chez les anges / alors il a mis // du papier sous son tee-shirt / feuilles de canards dont les gros titres / dégueulent sur lui. » Car, à la fin, « S’en aller / marcher jusqu’à / disparaître // surfer l’infinie / répétition / du mouvement », n’est-ce pas la destinée de chacun ?  Jean Azarel, revenant aux terres d’enfances (j’imagine), aux territoires « de lauze et d’air », aux amours et aux nostalgies d’autrefois, ne quitte personne, et même demeure avec nous tous qui l’avons connue cette « douce aux jambes d’airelle… au ventre de tourterelle… » qui ne laissa « aucune autre trace que le souvenir d’elle / assise sur une balançoire / l’amie qui le restera… » Quant à Nicolas Kurtovitch, lui aussi « calédonien », s’il connaît les sources de l’enlisement, il tente de s’en arracher et de nous en arracher avec lui : « Il ne faut pas s’arrêter / à la première embûche / et contempler les feuilles mortes / au sol elles y sont bien / en oublier le besoin de silence… » « Laissons à la porte de la forêt / les éternels déboires / d’un mot mal compris / d’une phrase assassine / et les fougères ici par milliers nous protégeront. » NOUVEAUX DÉLITS est bien l’île Utopia de poésie, le lieu qui avance dans nos têtes encombrées de récifs et d’écueils, le lieu de l’Autre-Soi, l’autre sans qui je ne suis pas grand chose, et l’autre qui sans moi se diminue ou s’ampute de son autre à lui. Revue de la générosité et de l’humanisme (je sais qu’il y eut des raisons de rejeter cette belle idée) renouvelé.        

Nouveaux Délits : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

 

 

aux enfers

L’âme dit au corps

j’ai besoin que tu cuises

ton argile crue

aux enfers

 

Elisa Parre

 

Lieu du larcin : Quotidiens surpris, Manosque 2004

18/06/2013

Chien pourri de Colas Gutman

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illustrations Marc Boutavant,
L'école des loisirs, mai 2013
55 pages, 8 €    

 

Que peut-on attendre de la vie, quand on est né dans une poubelle ? Des puces, des mouches, une terrible odeur de sardine et un affreux pelage, genre vieille moquette râpée ? Et bien oui, c’est ça la vie pourrie de Chien Pourri. Il est tellement pourri, qu’il fait fuir les enfants et qu’on n’en voudrait même pas pour paillasson. Chien Pourri n’a donc pas d’amis. Enfin si, un seul, c’est Chaplapla, autre estropié de la vie, passé sous les roues d’un camion à l’âge de trois mois. Chaplapla aime bien Chien Pourri mais malheureusement non seulement il est moche et il pue la sardine, mais Chien Pourri est aussi très bête…

On joue à chat ? Ben non, je suis un chien. Alors à chat perché ? Ben non, je ne suis pas un arbre.

Alors que peut-on bien attendre de la vie dans de telles conditions ? Un maître ! Le jour ou Chaplapla lui apprend que les chiens ont des laisses parce qu’ils ont des maîtres, Chien Pourri n’a plus qu’un rêve en tête, en avoir un, lui aussi. Alors, il quitte son ami et sa poubelle, pour se lancer dans le vaste monde, disons la vaste ville, à la recherche d’un maître. Il ne doute pas une seconde de pouvoir en trouver un, car Chien Pourri est certes puant, moche et bête mais il est aussi doux, serviable et affectueux.

Hélas, ce n’est pas le cas de bon nombre d’humains dans ce vaste monde, disons cette vaste ville… De péripéties en péripéties, ou disons de vilains pièges en encore plus vilains pièges, Chien Pourri, sans jamais perdre ne serait-ce qu’une seconde son incroyable naïveté, finira par retrouver son ami Chaplapla au Musée des Horreurs, et avec lui d’autres malheureuses créatures, prêtes à être vendues par de méchants bandits, à des collectionneurs empailleurs ou pire… Heureusement, la petite fille aux chaussures sans lacet et aux croquettes qui font dormir n’est pas si méchante, elle aussi a été enlevée par les méchants bandits. Alors Chien Pourri, moche, puant, bête, doux, serviable et affectueux, va faire preuve également de flair et de bravoure et peut-être en fin de compte, trouvera-t-il le maître de ses rêves, voire bien mieux que ça !

Un livre à lire en famille, mais aussi tout seul pour les enfants qui aiment déjà le faire. De belles illustrations de qualité, dont certaines s’intègrent dans la lecture, ce qui est plutôt original. Une histoire drôle et plein de rebondissements, où on comprend si on ne le savait pas déjà que ce qui compte dans la vie, ce n’est pas de quoi on a l’air mais ce qu’on a dans le cœur et que grâce à l’entraide et l’amitié, tout le monde peut se surpasser. C’est vrai quoi, ce n’est pas parce qu’on est né dans une poubelle, qu’on ne peut pas voir ses rêves se réaliser ! Parole de Chien Pourri !

 

Cathy Garcia

  

colas gutman.gifColas Gutman est né en 1972 Paris. Il a fait une école de théâtre dans laquelle il a rencontré un metteur en scène qui quittait un poste de rédacteur à France 5. Au culot, il l’a remplacé et a pris goût, peu à peu, à l’écriture. C’est un garçon constant qui écrit ses romans exactement dans les conditions où, plus jeune, il faisait ses devoirs : allongé sur son lit ou assis, avec une BD en guise de sous-main. Comme quoi, inconfort et précarité sont les père et mère d’hilarité.

Bibliographie :

Roi comme papa Gay, Mouche, 2006

Rex, ma tortue, Deiss Mouche, 2006

Inséparables (Les), Neuf, 2007

Mon frère est un singe, Neuf, 2007

Chaussettes de l’archiduchesse (Les), Poussier, Mouche, 2007

Il va y avoir du sport mais moi je reste tranquille, (collectif), Medium, 2008

Journal d’un garçon, Médium, 2008

Aventures de Pinpin l’extraterrestre (Les), Deiss, Mouche, 2008

Rose, Neuf, 2009

Je ne sais pas dessiner (auteur et illustrateur), Mouche, 2009

Vie avant moi (La), Perret, Mouche, 2010

Super-héros n’ont pas le vertige (Les), Neuf, 2010

Enfant (L’), Perret, Mouche, 2011

Vingt-cinq vies de Sandra Bullot (Les), Médium, 2012

Princesse aux petits doigts (La), Boutavant, Mouche, 2012

 

Marc Boutavant, né en 1970 à Dijon, est auteur, illustrateur, graphiste, auteur de bande dessinée. Il a illustré un grand nombre d’ouvrages chez différents éditeurs. Il est notamment le créateur de la série Mouk (Mila éditions) et avec Emmanuel Guibert de la bande dessinée Ariol et ses amis (Bayard, J’aime lire).

 

 

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/chien-pourri-colas-gutman

 

 

 

Supermarché de l'art de Carmaux

 

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La seconde édition du supermarché de l’art  »A Fleur d’Art » de Carmaux aura lieu les 22 et 23 juin 2013 dans le cadre du festival "A Fleur de Peau !

 

Invité d’honneur:  Christine Barres

 

 

J'y participe avec 13 gribouglyphes !

samedi de 14h à 21h et dimanche de 10h à 19h

Au Centre Culturel Jean-Baptiste Calvignac, salle Pendariès 24 avenue Bouloc Torcatis

L’esprit : parler art, supermarché, provocation ? … ou pas, mais l’essentiel, c’est de mettre l’art a la portée de tous.

Cette exposition-vente artistique existe déjà depuis longtemps et dans plusieurs pays sous différentes formes, avec toujours le même esprit.

Provoquer des rencontres entre le public et les artistes, échanger, faire découvrir de nouveaux talents, et d’ autres moyens d’expression en proposant des créations originales.

Mettre l’art a porté de main, et au plus prés des visiteurs tout en donnant la possibilité d’acquérir, des travaux d’artistes à des prix allant de 1 à 180 euros. Tel est le but de cet évènement.

Peintures, dessins, gravures, livres d’artistes, art textile, petites sculptures et créations en verre (maxi 40cm/50) y seront présentés.La Salle Pendariès (Centre Culturel JB Calvignac) accueille les œuvres sélectionnées par un jury. Le public peut « faire ses courses » et choisir des œuvres qu’il souhaite acquérir ! Le tout entreposé dans des chariots de supermarché ou dans des cartons.

Pour la seconde édition du supermarché de l’art « A Fleur d’Art » un « troc » est également organisé comme en 2012. Une œuvre par artiste n’est pas vendue mais « troquée ». Pendant la durée de l’évènement, le public peut proposer quelque chose en échange de l’œuvre (un objet, un service…) et à la fermeture du supermarché, chaque artiste qui a décidé de troquer une œuvre, choisit la proposition de troc qui lui plait le plus !

 

http://www.a-fleur-de-peau.org/

15/06/2013

BRÉSIL • Le "nouveau Far West"

 

La mort d’un Amérindien tué par la police dans une grande propriété occupée du Mato Grosso do Sul a déclenché une vague d’indignation. Le journaliste et universitaire Felipe Milanez va jusqu'à parler de "terrorisme d’Etat".
 
Un dessin de Kazanesvky
Un dessin de Kazanesvky
              
La crise de la question amérindienne a pris ces dernières semaines une tournure dramatique. Des conflits anciens sont en train de ressurgir partout au Brésil, du Sud à l’Amazonie.

Que ce soit sur le chantier du mégabarrage de Belo Monte, sur les lieux de la future centrale hydroélectrique de São Luiz do Tapajós [le Tapajós est un des affluents de l’Amazone], ou bien dans les fazendas [grandes propriétés rurales] du Mato Grosso, du Mato Grosso do Sul, du Paraná, du Rio Grande do Sul, de Santa Catarina et du Pará [Etats du sud et de l’ouest du pays], ou bien encore dans les terres convoitées par les compagnies forestières des Etats du Rondônia et d’Amazonas. Brusquement, la campagne a pris des airs de "nouveau Far West". Les protestations des Amérindiens sont suivies par l’action de tueurs à gages.

Les grands propriétaires en appellent même à l’armée. La mort d’Adenilson Kirixi Munduruku [le 7 novembre 2012] et celle d’Oziel Terena [le 30 mai 2013], tous deux tués par la police fédérale, sont la face visible d’un problème que le gouvernement est non seulement incapable de résoudre, mais qu’il attise à travers notamment les déclarations de plusieurs ministres soutenant l’action de la police, tout en s’en prenant à la Fondation nationale de l’Indien [Funai, organisme gouvernemental mettant en application les politiques liées aux peuples indigènes], et le silence de la présidente Dilma Rousseff. Une des raisons de l’aggravation des conflits est la volonté de la part des Amérindiens et de leurs soutiens de répondre [aux agressions] et de se montrer.

Une inversion des rôles

La violence à leur encontre, dictée par le groupe ruraliste présent au Congrès [véritable lobby de l'agrobusiness, il compte près de la moitié des sièges au Parlement] et au gouvernement, a explosé. Aussi bien en milieu rural que dans les médias où se développent attaques racistes et inversion du rôle de la victime, celle-ci devenant l’agresseur. "Les Indiens envahissent des fazendas", peut-on entendre au journal télé. Mais n’est-ce pas plutôt les fazendas qui ont envahi les territoires amérindiens en conflit ? Ces derniers jours, les pires moments de la dictature semblent de retour au vu des déclarations du gouvernement – qui voit l’Embrapa [organisme de recherche sous tutelle du ministère de l’Agriculture] comme l’institution la plus apte à faire des recherches anthropologiques – et des réactions des intellectuels et des mouvements sociaux dénonçant la violence.

Quand le pouvoir mobilise les forces de l’ordre pour attaquer les plus faibles, c’est qu’une situation de terrorisme d’Etat est à l’œuvre. C’est ce qui se produit actuellement au Brésil à l’égard des Amérindiens. Si les ruralistes sont interviewés, écrivent des articles et sont présents partout, les Amérindiens n’ont pas la chance de pouvoir s’exprimer. Ils leur restent uniquement les réseaux sociaux pour manifester leur indignation. Ils mettent en ligne des manifestes qui ne trouvent aucun écho dans les médias, mais qui circulent et provoquent le débat.

"Guerre juste"


Leurs critiques et celles de leurs soutiens ciblent les ruralistes et même Dilma Rousseff : "Comment cette femme arrive-t-elle à dormir en sachant que la frange la plus fragile du peuple brésilien, les peuples autochtones, est en train d’être assassinée par la police fédérale dans leurs villages et que leurs enfants sont assassinés par des hommes de main de l’agrobusiness sur leurs terres envahies par des soi-disant propriétaires terriens ?" se demande ainsi sur Facebook Cláudio Romero, qui travaille depuis près de quarante ans à la Fondation nationale de l’Indien (Funai).

Le démantèlement des droits amérindiens va de pair avec la destruction des droits en matière d’environnement, à l’instar d’un Code forestier vidé de sa substance, qui sert moins à protéger les forêts qu’à favoriser les cultures productrices de matières premières à grande échelle. Par le passé, le gouvernement s’est dit "otage" du lobby ruraliste. Mais ce dernier est sorti de l’opposition et a décidé de soutenir le pouvoir depuis la campagne électorale de Dilma Rousseff en 2010. Pour une meilleure gouvernance, le gouvernement s’est donc allié à ce secteur. Une alliance qui s’inscrit de plus en plus dans un contexte de "guerre juste".

Les Amérindiens subissent une déculturation, une déterritorialisation, une déshumanisation. Ils doivent ouvrir la route au soja, à la canne à sucre, à l’élevage bovin et aux barrages sans opposer de résistance. Dans le cas contraire, toute la violence à leur égard est justifiée et soutenue par l’Etat. Comme du temps de la colonisation où les "guerres justes" étaient utilisées comme justification à l’esclavage des Amérindiens – un esclavage auquel ils n’échapperont pas s’ils se retrouvent dans les champs de canne à sucre du Mato Grosso do Sul.

CONTEXTE — Le triste sort des Guaranis-Kaiowás

La mort le 30 mai d'Oziel Gabriel sur
des terres revendiquées par son peuple, les Terena, une ethnie présente pour
l'essentiel dans le Mato Grosso do Sul, a une nouvelle fois mis sous les
projecteurs ce riche Etat du centre-ouest du Brésil. Outre les Terena, 43 000 Guaranis-Kaiowás,
la deuxième population amérindienne du pays, vivent encerclés par des fermes d'élevage
et de vastes champs de soja et de canne à sucre. Les enfants souffrent de
malnutrition et les leaders communautaires sont tués. Selon le CIMI, une organisation
catholique de défense des populations autochtones, sur les 503 Amérindiens
assassinés au Brésil entre 2003 et 2011, 279 étaient des
Guaranis-Kaiowás - auxquels il faut rajouter les suicides : un
Guarani-Kaiowá se donne la mort tous les six jours et demi, précise
le CIMI, un taux record en Amérique du Sud.

 

Source : http://www.courrierinternational.com/article/2013/06/10/l...