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20/10/2006

THE FUTURE OF FOOD

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 Deborah Koons Garcia / 2005



Future of food est une enquête choc réalisée, après trois ans de travail, par Deborah Koons Garcia. Au départ, la réalisatrice avait conçu un film sur l’utilisation de pesticides dans l’agriculture américaine. Ses recherches l’ont conduite à des questions plus angoissantes ayant trait aux OGMs (organismes génétiquement modifiés), leurs effets inconnus et potentiellement catastrophiques sur la santé humaine et sur l’environnement. Le documentaire soulève également les questions éthiques que posent les brevets génétiques, le contrôle de l’alimentation par des sociétés comme Monsanto, multinationale de biotechnologie agricole, porte drapeau du génie génétique.
Future of food est le premier film d’importance sur l’histoire et la technologie du génie génétique. Il traite des conséquences multiples causées par des semences génétiquement modifiées sur l’environnement, et du danger pour les consommateurs.

Le documentaire raconte l’histoire personnelle de Percy Schmeiser, agriculteur dans la province du Saskatchewan, au Canada, poursuivi par le géant de l’agroalimentaire Monsanto, parce qu’avaient été retrouvés dans ses champs des plants de colza résistant au Round-up. Percy cultivait ses terres depuis 50 ans quand une lettre de menace lui a été adressée par la multinationale : celle-ci exigeait le paiement de graines qu’il n’avait jamais semées. Le film montre le harcèlement dont Percy et sa femme Louise ont été victimes. Nous rendons aussi visite à des fermiers d’Oaxaca au Mexique, qui ont découvert que leur maïs local avait été envahi par du maïs transgénique alors même que sa culture est interdite chez eux. Au récit des agriculteurs viennent s’ajouter des entretiens avec des défenseurs de l’environnement, des universitaires, et des spécialistes reconnus des questions alimentaires.

Deborah Koons Garcia dispose brillamment toutes les pièces du puzzle et nous montre ainsi avec quelle rapidité notre système alimentaire se transforme. Brevetage du vivant, faillite des instances de régulation et de chercheurs dépendants financièrement de l’industrie agro-alimentaire, va et vient dérangeant entre le gouvernement américain et les conseils d’administration des grandes firmes d’agro-chimie, le film dresse un portrait inquiétant de l’agriculture en Amérique du Nord.

Deborah Koons Garcia a également réalisé All About Babies, Poco Loco et Grateful Dawg, un documentaire sur son mari, Jerry garcia, des Grateful Dead, aujourd’hui disparu.

LES ENAWENE NAWE, écrivez pour les soutenir

Les Enawene Nawe sont un petit groupe d’Indiens d’Amazonie qui vivent de pêche et de cueillette dans l’Etat du Mato Grosso au Brésil.

Comment vivent-ils ?
Les Enawene Nawe, contactés pour la première fois en 1974, vivent dans un relatif isolement. Ils représentent aujourd'hui une population d'environ 420 personnes vivant dans des malocas, de grandes maisons communautaires.

Les Enawene Nawe sont réputés pour leurs techniques halieutiques. Durant la saison de la pêche, les hommes disposent des barrages aux mailles finement tressées sur les rivières. Ils passent plusieurs mois dans la forêt et capturent de grandes quantités de poissons qu'ils boucanent pour ensuite les transporter en canoë dans leur village. Les Enawene Nawe cultivent du manioc et du maïs et pratiquent la cueillette. La récolte du miel est célébrée lors du keteoko, la fête du miel : les hommes qui ont recueilli de grandes quantités de miel sauvage dans la forêt le cachent sur le chemin du retour au village ; ils ne le dévoileront qu'au moment où les femmes commenceront à danser. Contrairement aux autres peuples d'Amazonie, ils ne mangent pas de viande rouge.


A quels problèmes sont-ils confrontés ?
Depuis plusieurs décennies, les Enawene Nawe sont confrontés à l'invasion de leurs terres par les exploitants de caoutchouc, les chercheurs de diamants, les éleveurs et, plus récemment, les planteurs de soja. En 1997, le plus grand producteur de soja au Brésil, la compagnie Maggi, a construit illégalement une route sur leur territoire. La route fut finalement fermée sur décision d'un procureur fédéral. Bien que leur territoire ait été reconnu et ratifié par le gouvernement en 1996, une zone importante, celle du rio Preto, fut exclue du projet.

Cette région est extrêmement importante pour les Enawene Nawe, aux niveaux économique et spirituel - c'est là qu'ils construisent leurs barrages et leurs installations de pêche, et c'est le lieu où résident les esprits. Les Enawene Nawe demandent qu'elle soit inclue de toute urgence dans leur territoire pour la protéger de l'invasion des exploitants forestiers et des planteurs de soja qui détruisent la forêt à vive allure et polluent sols et rivières.

La campagne de Survival L'organisation fait pression sur le gouvernement brésilien pour qu'il reconnaisse de toute urgence la région du rio Preto comme partie intégrante du territoire enawene nawe. Survival soutient un projet de protection territoriale mené par les Enawene Nawe et l'OPAN, une organisation non gouvernementale brésilienne.


QUE POUVEZ-VOUS FAIRE ?

Écrivez une lettre brève et courtoise (en français ou en portugais) en vous inspirant du modèle ci-après ou écrivez librement. Il est préférable d'envoyer votre lettre par la poste, qui est sans aucun doute le moyen le plus efficace. Vous pouvez également l'envoyer par fax, mais les numéros sont souvent changés ou les fax déconnectés. Les adresses électroniques ne sont proposées que dans les cas où les emails ont des chances d'être lus.

Je suis très préoccupé par la situation des Enawene Nawe de l'Etat du Mato Grosso confrontés à la déforestation massive de leur territoire ancestral. La pollution et l'empoisonnement des eaux de la région du Rio Preto due aux pesticides utilisés pour le défrichage menacent gravement ces Indiens dont la survie dépend étroitement des ressources naturelles. Je vous prie instamment de charger la Funai d'envoyer une équipe technique sur place afin de procéder à la délimitation et à la démarcation de leur territoire avant qu'il ne soit trop tard.

Envoyez vos lettres à :

Dr Márcio Thomáz Bastos
Ministro da Justiça
Ministério da Justiça
Esplanada dos Ministérios, Bloco T
70064-900 Brasília DF
Brésil
Fax : + 55 61 224 2448/ 322 6817 /224 0954
Email : gabinetemj@mj.gov.br

Et si possible une copie à :

Dr Mércio Pereira Gomes
Presidente
FUNAI
SEP Quadra 702 Sul
Edificio Lex, Bl A, 3º andar
70390-025 Brasília DF
Brésil
Fax : + 55 61 226 8782
Email : mercio.gomes@funai.gov.br

L'affranchissement nécessaire pour le Brésil est de 0,85 € jusqu'à 20gr et 1,70 € jusqu'à 50gr.

J'ai lu La douce récolte des larmes d'Edwige Danticat

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 (Grasset 1999)

Amabelle a huit ans quand ses parents se noient devant elle. Recueillie sur la rive du fleuve par une famille espagnole, elle devient la servante de l'épouse d'un colonel de l'armée. Elle aime Sébastien, un coupeur de canne à sucre. Elle l'aime, malgré malgré les cicatrices sur son visage et ses mains calleuses. Elle veut devenir sa femme. Tous les deux sont Haïtiens, utiles pour les Dominicains, mais pas vraiment bienvenus. Des rumeurs courent : dans certaines villes, les Haïtiens sont persécutés voire tués. Ils décident donc, avec des amis, de retourner en Haïti, mais c'est l'horreur qui les attend. Comme des milliers d'autres, Amabelle survit à ce bain de sang, mais elle est épuisée, disloquée, lorsqu'elle parvient sur l'autre rive du fleuve. Un ami de Sébastien l'emmène dans sa famille : ils ne parviendront pas à s'aimer, le souvenir de Sébastien qui a disparu lors du massacre est bien trop fort. 

Ce roman se déroule en 1937, sur l'île des Caraïbes divisée entre Saint-Domingue d'une part, Haïti d'autre part. La partie orientale de l'île, qui porte le nom de République dominicaine, fut occupée par l'armée nord-américaine entre 1916 et 1924, armée qui laissa le pouvoir aux militaires dominicains, dont l'un des chefs, le général Trujillo, exerça une dictature féroce à partir de 1930.

Lorsque le roman commence, Trujillo vient de décréter que les immigrés haïtiens, travaillant dans les champs de canne à sucre de Saint-Domingue, sont trop nombreux. Ils menacent selon lui de dévoyer la culture espagnole des Dominicains puisque Haïti (occupée elle aussi par l'armée américaine entre 1915 et 1934) n'est qu'une île méprisable, déclare-t-il, seulement peuplée d'anciens esclaves noirs, ne parlant pas espagnol mais seulement créole. Trujillo excite alors la haine raciale contre ceux qui sont désormais désignés comme des étrangers à renvoyer chez eux, même s'ils vivent à Saint-Domingue depuis plusieurs générations. Il lâche ses escadrons de soudards pour ratisser les villages.

Qu'ils soient domestiques depuis de nombreuses années au service de grandes familles dominicaines, simples ouvriers agricoles vivant comme des bagnards sur les grandes exploitations de canne à sucre, prêtres, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, malades ou bien portants, les Haïtiens sont chargés de force dans des camions, entassés dans des prisons sommaires sous prétexte d'attendre qu'on les ramène à la frontière haïtienne. La plupart n'y parvinrent jamais, exécutés au cours du voyage, battus à mort dans les prisons, livrés au lynchage de la foule. Environ 20 000 Haïtiens, vivant et travaillant du côté dominicain de l'île, furent ainsi massacrés.


CE QUE J'EN PENSE :

La douceur, la lenteur de cette écriture sans heurts, m'a d'abord un peu déroutée. Une berceuse presque... mais si on se laisse bercer, c'est pour découvrir assez rapidement que la berceuse est empoisonnée. Faut dire que j'avais un léger à priori dû au titre, la traduction française ne rendant pas la force du titre original, The farming of bones (que l'on peut traduire grossièrement par "L'agriculture des os"), mais j'avais envie de lire Edwige Danticat depuis que j'avais découvert des extraits sur le net de We Are Ugly, But We Are Here. 
Son écriture ici, est comme de l'eau, qui coule, quoiqu'il arrive, comme le fleuve que l'on retrouve omniprésent dans le roman, presque comme un personnage à part entière. Fleuve qui tue, fleuve qui sauve, fleuve qui sépare, fleuve qui accueille. Et puis fleuve du temps que l'on n'arrête pas où les morts continuent pourtant de cotoyer les vivants.
Une écriture qui jamais ne déborde dans l'excès, pas de fièvre, mais des faits racontés à la première personne, avec un sens du détail presque chirurgical et cependant d'une très grande sensibilité. Une écriture douce et linéaire qui, au fur et à mesure que l'histoire bascule, n'en rend les faits que plus violents, brutaux, atrocement absurdes.
Un livre extrêmement digne, pudique et dont les divers goûts qu'il laisse en bouche demeurent longtemps après lecture.
Un livre auquel on continue à penser une fois refermé, un livre qui hante...

CG
 
 

 
 
Extrait : " Je suis dans mon lit et j'écoute la musique dans les arbres, les cosses des flamboyants qui s'entrechoquent et les oiseaux-mouches qui poussent des cris d'effroi. Ils connaissent le bruit des cosses des flamboyants en mouvement, mais c'est un bruit qui change sans cesse, assourdi ou aigu selon la force du vent.
Je ferme la porte et laisse dehors la douce brise nocturne qui atteint à peine mon corps dénudé, nu parce que Sébastien m'a fait croire que c'est comme une prière que d'être couché seul, sans vêtements, comme à la naissance, mais surtout parce que j'espère sentir la sueur se rassembler entre le sol de ciment et le creux de mon dos, de façon que, quand je me lèverai, il y ait un flot de transpiration qui roule sur mes fesses, devant, derrière et entre mes cuisses, le long de mes genoux, mes mollets, mes chevilles et ms doigts de pied, et qu'il n'y ait plus en moi une seule goutte de liquide pour pleurer."

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Edwidge Danticat est née à Port-au-Prince (Haïti) le 19 janvier 1969. Quand elle a deux ans, son père émigre à New York ; deux ans après, sa femme le rejoint. Danticat et un frère restent en Haïti chez un oncle et sa femme. À 12 ans, elle rejoint ses parents et s’installe dans une nouvelle langue et un nouveau pays. Aux Etats-Unis, elle découvre New-York et la communauté haïtienne de la diaspora. C¹est de cette rupture qu'Edwige Danticat tirera l'essentiel des thèmes abordés dans ses romans ; la relation entre la migration et la préservation d'une identité, le rôle des femmes dans la transmission des cultures d'origine, les questions liées à l¹apprentissage de la langue du pays d'accueil, etc. Dans la majeure partie de ses romans, les personnages sont des femmes qui se réapproprient leur histoire individuelle, leur personnalité, leur corps et leur sexualité. Cependant, même si l'auteur insiste sur le rôle des femmes dans les sociétés humaines en générale et haïtiennes en particulier, dans ses romans, les relations entre hommes et femmes ne sont pas conflictuelles. Les femmes qu¹elle raconte sont " souples et fortes comme des fleurs ". Une fois ses études secondaires terminées, Edwige Danticat entreprend des études de littérature française à Brown University. Elle obtient un Master of Fine Arts Degree et sa thèse de fin d¹études Breath, Eyes, Memory est déjà un véritable succès littéraire. Elle lui vaut l¹honneur d¹une publication en 1994 et constitue son premier roman traduit en français sous le titre, Le Cri de l¹oiseau rouge. Le réalisateur américain, Jonathan Demme a acheté les droits pour une adaptation cinématographique. Plusieurs romans suivront cette première publication dont La récolte douce des larmes qui obtient le prix Carbet de la Caraïbes en 1999. En parallèle de ses activités littéraires, Edwige Danticat a travaillé avec des réalisateurs tels que Jonathan Demme (Le silence des Agneaux, Philadelphia, La vérité sur Charlie, etc) ; notamment sur Beloved (adaptation cinématographique du roman de Toni Morisson) et Jean Dominique, the Agronomist, documentaire très remarqué dont la bande originale est signée Wyclef Jean, également haïtien immigré à New-York. Edwidge Danticat poursuit sa carrière d’écrivaine en se consacrant également à l’enseignement ("creative writing") – e.g., à New York University et à l’Université de Miami – et à de nombreux projets sur l’art et la culture haïtienne, comme l’indiquent ses collaborations avec les cinéastes Patricia Benoit et Jonathan Demme, et son engagement auprès de la National Coalition for Haitian Rights.

Oeuvres principales :

Romans / Novels:
Breath, Eyes, Memory. New York: Soho Press, 1994; New York: Vintage Books, 1995.
The Farming of Bones. New York: Soho Press, 1998; Penguin, 1999.
The Dew Breaker. New York: Knopf, 2004.

Récit:
After the Dance: a Walk through Carnival in Jacmel, Haiti. New York: Crown, 2002.

Nouvelles:
Krik? Krak! (recueil de nouvelles) New York: Soho Press, 1995; New York: Vintage Books, 1996.
"A Rain of Daffodils." Seventeen 53.4 (1 April 1994): 152- ; Literary Cavalcade 52.6 (March 2000): 4-9.
See also below – liens d’« île en île » – voir ci-dessous.

Anthologies:
The Butterfly’s Way: Voices from the Haitian Dyaspora in the United States. Edited with an introduction by Edwidge Danticat. New York: Soho Press, 2001.
The Beacon Best of 2000: Great Writing by Women and Men of All Colors and Cultures. Edited by Edwidge Danticat. Boston: Beacon Press, 2000.
Littérature pour la jeunesse:
Behind the Mountains: the Diary of Celiane Espérance. New York: Orchard Books, 2002.
Anacaona, Golden Flower. New York: Scholastic, 2005 (à paraître).

Distinctions littéraires:
1994 Fiction Award, The Caribbean Writer.
1995 National Book Award finalist, for Krik? Krak!
1995 Pushcart Short Story Prize.
1996 Best Young American Novelists Award, for Breath, Eyes, Memory by Granta.
1999 American Book Award, for The Farming of Bones.
1999 Prix Carbet de la Caraïbe, pour La récolte douce des larmes (The Farming of Bones).

Enregistrements / Recordings:
The Farming of Bones. Read by Rebecca Nicholas. Books on Tape, Inc., 1999. 

CLASH

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mon amertume
suce vertige au néant
jette des soleils à la benne
crache poussière à la nuit
se dissout
et se mêle à la lie
dans le pâle ordurier
de mon cœur

vieux linges tachés
des oiseaux pliés jetés
sur les machines
accélèrent l’arythmie
densifient l’encre
coulée dans le corps

le corps
qui s'étale
comme flaque
de plomb de chair
quelques larmes

19/10/2006

festival des mots

je nourris moi aussi
le frauduleux festival des mots
Benoît-Léon Rebichet
Lieu du larcin : Soleils et cendre n°79

Tracts

collés au torride

arrachés au trop des slogans

désarticulés

nous irons enfin

mais nulle part

A vouloir accrocher la sororité

à des points de suspension,

la fraternité n'a pas d'avenir

(affiché sur le ventre de mon frigo)

 

A 17h15 très précises,

l'AG distribuera les revendications

pour la lutte des claques.

Soyez absents !

(affiché au flanc gauche - à l'opposé du beurre donc - de mon frigo)

  

Evidons nos songes

ils ont trop souvent

bu nos entrailles

et recraché le silence

Eveillons nos rages

Elles sonnent l'heure

(affiché face à moi)

  

Lieu du larcin : Soleils en cendres n°76 "Tract " (les tracts ont été produits au cours d'ateliers d'écriture et de travaux du comité de rédaction)

je me suis brouillé

Moi tout craché
Le crachat surtout
Est ressemblant
Est frappant
De premier jet
On dirait
(...)
Chaque matin
Je me croise
Dans la salle de bains
On ne se salue plus
Je me suis brouillé

Claude Vercey
in autoportrait
Lieu du larcin : Contre-Allée n°15-16

TORD-BOYAUX

un vin sale
au fond du cœur
une histoire
au bord des lèvres

deux doigts pour la vomir

la noyer
haut et court
à des comptoirs
crasseux

quand tout se mélange
le cocktail dans mon sang
compagnon
se nomme feu de paille

18/10/2006

le fleuve des plus vives eaux

Au fond, la poésie est une sorte de magie opérative. Ce n'est pas une science, mais un art, un faire initiatique, un pouvoir d'autotransformation sans que l'on puisse en identifier la source. Le poète n'en est pas le maître ou le démiurge. Il n'est que l'instrument ou le porte-parole du silence qui le hante . Il est habité par ce qui le traverse et le dépasse. Le poète, disait Jean Carteret, est l'homme le plus troué du monde.


***

Le poète n'est pas le créateur. Il est porteur d'énigmes

***

on n'écrit pas, on est écrit, on est littéralement traversé
***

La part du oui qu'il y a dans le non
et la part du non qu'il y a dans le oui
sortent parfois de leur lit
et s'unissent dans un autre lit
qui n'est ni oui ni non
Dans ce lit court le fleuve des plus vives eaux.

Roberto Juarroz
Michel Camus in "La main cachée" entre poésie et science
Lieu du larcin : Bulletin Interactif du Centre International de Recherches et Études transdisciplinaires n° 15 - Mai 2000

L'ORDRE MONDIAL DU COMMERCE

Voici la traduction d’un article de FW Engdahl, chercheur indépendant sur la mondialisation, exposant en détail la façon dont les géants de l’agrobusiness et des OGM ont créé un organe sur mesure pour répondre à leurs besoins : l’OMC. On y trouve aussi quelques explications sur le lobby OGM à Bruxelles.
Texte original en anglais : http://engdahl.oilgeopolitics.net/p...
L’ORDRE MONDIAL du COMMERCE
OMC, OGM et Domination à Spectre Total
Les règles de l’OMC placent le commerce libre de l’agro-business au-dessus des problèmes de santé nationale
Par F. William Engdahl
En Février, une organisation privée dotée de pouvoirs uniques sur l’industrie, l’agriculture et le commerce, a produit un Document Préléminaire de Règlement au sujet d’une poursuite datant de trois ans. La plainte avait été déposée par l’Administration Bush en Mai 2003 contre la réglementation de l’Union Européenne prévenant la dissémination de plantes et aliments génétiquement modifiés. Le verdict de l’OMC, qui sera rendu et final en Décembre, aura plus d’influence sur la vie et la mort sur cette planète que d’aucuns peuvent imaginer.
Le document a été produit par un tribunal spécial de l’OMC composé de trois hommes, à Genève en Suisse. La décision de l’OMC va ouvrir les portes au déferlement et l’introduction en force des plantes, aliments et produits génétiquement modifiés, les OGM tels qu’on les nomme, dans la région de production agricole la plus importante au monde, l’Union Européenne.
Le jugement de l’OMC est issu d’une plainte formelle déposée par les gouvernements des Etats-Unis, du Canada et de l’Argentine - trois des zones les plus polluées du monde par les OGM.
Le panel des trois juges de l’OMC, dirigé par Christian Haberli, un bureaucrate de niveau intermédiaire du Bureau de l’Agriculture Suisse, a décidé que l’UE avait appliqué un moratoire ‘de facto’ sur les autorisations de produits GM entre Juin 1999 et Août 2003, contredisant ainsi les affirmations de Bruxelles selon lesquelles il n’existerait pas un tel moratoire. Les juges de l’OMC ont soutenu que l’UE était ‘coupable’ de n’avoir pas suivi les décisions de l’UE et d’avoir ainsi pris ‘un retard indu’ dans sa soumission aux obligations de l’OMC.
Le tribunal secret de l’OMC a également établi, selon le document connu maintenant par une ‘fuite’, qu’en termes de mesures de produit-spécifique, la mise en œuvre de l’autorisation formelle des gouvernements européens de cultiver des plantes GM spécifiques avait également été retardée dans le cas de 24 des 27 produits GM spécifiques que la Commission Européenne devait traiter.
Le tribunal de l’OMC a recommandé que l’Organe de Règlement des Différents de l’OMC (DSB- Dispute Settlement Body), le policier du commerce mondial, exige de l’UE de rendre ses pratiques « en conformité avec ses obligations liées à l’accord SPS de l’OMC. En cas d’échec de cette mise en conformité, l’UE s’expose à des amendes annuelles qui se chiffrent en centaines de millions de dollars.
Le commerce pour tous
SPS signifie : Sanitary and Phytosanitary Measures - Mesures Sanitaires et Phytosanitaires. En apparence, cette appellation suggère que la santé fait partie intégrante des préoccupations de l’OMC. En réalité, c’est tout le contraire. Ne sont autorisées à être appliquées que les normes minimales de santé dans les règles de libre échange de l’OMC, et toute tentative d’une nation d’appliquer des règles plus strictes, telle que l’interdiction sur l’importation de bœuf aux hormones décidée par l’UE, peut être déclarée ‘coupable de restreindre les échanges de façon déloyale’.
Aujourd’hui, l’UE doit payer une amende annuelle de 150 millions de dollars pour maintenir son interdiction sur la viande de bœufs nourris aux hormones. Les règles de l’OMC en effet placent les intérêts du libre-échange de l’agrobusiness au-dessus des préoccupations de santé nationale. Cela signifie, de fait, que la Commission Européenne doit terminer son processus d’autorisation des 24 demandes de cultures de plantes GM en Europe une fois que la décision finale sera rendue.
Cela entraînera une invasion de nouveaux produits GM dans l’agriculture de l’UE. Monsanto, Syngenta et les autres multinationales des OGM ont déjà profité des lois nationales laxistes dans des états nouveaux membres de l’UE, comme la Pologne, pour introduire ‘un pied OGM dans l’embrasure de la porte’. Maintenant, cela va devenir beaucoup plus facile pour elles. Les gouvernements pro-OGM, comme celui d’Angela Merkel en Allemagne, peuvent désormais proclamer qu’ils ne font qu’obéir aux règles de l’OMC.
Quel est le sens de ce règlement de l’OMC, en retenant l’hypothèse qu’il demeure inchangé dans sa forme finale d’ici Décembre (2006) ?
C’est un tournant dangereux vers une agriculture largement génétiquement modifiée qui se profile, permettant aux puissantes multinationales de l’agrobusiness telles que Monsanto, Dow Chemicals ou Dupont de passer outre les efforts régionaux ou nationaux de freiner la marche des OGM. Pour cette raison, c’est potentiellement la décision la plus dommageable dans l’histoire des accords du commerce mondial.
Une affaire stratégique pour Washington
La plainte est d’abord arrivée à l’OMC par l’Administration Bush en Mai 2003, juste quand l’occupation militaire de l’Irak entrait dans une nouvelle phase. Le Président des Etats-Unis a tenu une étrange conférence de presse pour informer le monde que les Etats-Unis déposaient plainte officiellement contre l’UE, accusant le ‘moratoire’ sur les autorisations d’OGM de l’UE d’être la cause de la famine en Afrique. Selon cette logique tortueuse, tant qu’une région industrielle de l’importance de l’UE résisterait aux cultures d’OGM, cela inciterait les gouvernements africains sceptiques à durcir leur résistance à l’aide alimentaire américaine, consistant en surplus de cultures GM.
Briser les barrières de résistance de l’UE à la prolifération des cultures d’OGM a été une des priorités stratégiques des politiques de contrôle de Washington depuis 1992. Georges H.W. Bush, le père de l’actuel Président, avait en effet émis un Ordre Exécutif proclamant que les plantes GM, telles que le soja ou le maïs GM étaient « équivalentes en substance » au soja ou maïs conventionnel et, par conséquent, ne nécessitaient aucune étude ou test spécial de sécurité sanitaire.
Cette déclaration « d’équivalence en substance » de Bush père en 1992 a ouvert les vannes de la dissémination non réglementée des OGM dans le paysage agricole américain. Au nom des intérêts de Monsanto, Dow, Du Pont et autres, Washington a utilisé le fait que l’UE avait violé la doctrine américaine de l’équivalence en substance ( !) comme base de sa plainte à l’OMC contre l’UE en 2003.
Tant que la deuxième des plus puissantes régions d’échange agricole du monde, l’UE, résisterait fermement à l’introduction de plantes GM non testées, la dissémination mondiale des OGM resterait stratégiquement grippée. Briser le système de protection de l’agriculture domestique de l’UE centré autour de la PAC a donc été un objectif commercial et politique stratégique du gouvernement américain, et des firmes de l’agro-alimentaire basées aux Etats-Unis, durant ces dernières décennies. La création de l’OMC en 1995, un résultat des négociations de l’Uruguay Round du GATT dans les années 80, a ouvert la possibilité pour la première fois de contraindre l’UE à abandonner ses défenses sous la menace des sanctions Etats-uniennes.
Le processus secret derrière l’OMC
Quand la décision finale du Panel de l’OMC sera publiée et officielle en Décembre prochain, en assumant qu’aucun changement majeur ne survienne dans les 1050 pages de la décision préliminaire du 7 Février, une barrière essentielle contre la dissémination mondiale d’aliments génétiquement modifiés largement non-testés et instables aura été levée. On ne pourra pas stopper cela, comme on le voit aux Etats-Unis, à moins que la pression politique de la population européenne oblige la Commission Européenne à payer une amende, au lieu d’accéder aux exigences de l’OMC.
Il est pertinent de s’interroger sur la nature de cet organisme, l’OMC, qui exerce un pouvoir tellement énorme sur les lois des nations. Quel est son mandat et qui contrôle ses mesures ?
Les négociations sur le commerce mondial, depuis la création du système monétaire de Bretton Woods après la deuxième guerre mondiale, se sont poursuivies à travers l’Accord Général sur les Tarifs et le Commerce (GATT), une série de rencontres commerciales sur des problèmes spécifiques des pays membres. En Septembre 1986, sous la pression des Etats-Unis, l’Uruguay Round du GATT fut lancé à Punta del Este. Le résultat fut la création d’une nouvelle agence privée internationale, l’OMC.
A la fin de 1994, le Congrès américain vota pour faire partie de l’OMC, le nouvel organe permanent de commerce établi par l’Uruguay Round du GATT. Il n’y eut pour ainsi dire pas de débat. Pour Washington, la question de savoir qui allait dominer ce nouvel organe était claire. Contrairement au GATT qui n’avait pas de pouvoir exécutif, et qui requérait l’unanimité pour voter des sanctions, l’OMC allait être dotée de pouvoirs forts de sanctions et d’application de ces sanctions. Plus important, la façon dont l’OMC prendrait ses décisions devait rester secrète, sans aucun contrôle démocratique. Les problèmes les plus vitaux de la vie économique de la planète devraient être décidés derrière des portes closes à Genève au siège de l’OMC ou à Washington ou Bruxelles. L’OMC pourrait choisir ses ‘experts’ à son gré et ignorer les preuves selon son bon vouloir. Dans le différent avec l’UE sur les OGM, trois des quatre experts scientifiques choisis initialement viennent d’institutions des Etats-Unis ou de Grande-Bretagne, deux pays largement en faveur des OGM (1).
Deux ans plus tôt, en 1992, à la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) à Rio, 175 gouvernements membres des Nations Unies signèrent la convention sur le traitement sécurisé des OGM, un vote majeur de la communauté mondiale pour examiner les impacts économiques et sanitaires de la culture des OGM avant qu’ils ne puissent être autorisés dans un pays. Le gouvernement de Georges Bush Sr. s’opposa agressivement à la CBD, soutenant que le Protocole de Biosécurité était inutile. Sous l’accord de la CBD, un pays pouvait interdire les importations d’OGM.
L’industrie des OGM, Monsanto, Du Pont et Dow US en tête, sabotèrent cet accord. Un groupe de six pays contrôlant le monde et le marché Biotech - Canada, Argentine, Uruguay, Australie, Chili et Etats-Unis- firent passer en force une clause dans le texte de la CBD qui plaçait le Protocole de Biosécurité en position de subordination vis à vis de l’OMC. Ils stipulèrent que la limitation du commerce basée sur des préoccupations de biosécurité ‘non prouvées’ seraient considérées comme un ‘obstacle à l’échange’ tombant sous les règles de l’OMC !
Traditionnellement, la loi affirme qu’un nouveau produit doit faire la preuve de son innocuité avant d’être autorisé sur le marché. Cette règle de l’OMC place la responsabilité de la preuve non sur le producteur d’un nouveau produit GM, mais sur les victimes potentielles. Finalement, les Etats-Unis ont détruit le Protocole de Sécurité en refusant d’inclure le soja et le maïs, 99% de tous les produits GM, rendant le Protocole quasiment inutile concernant les problèmes sanitaires liés aux OGM.
L’OMC sert d’arme pour la puissante coalition de Washington et les puissants géants privés des OGM, Monsanto en tête. En 1992, Bush, sous les conseils de Monsanto et des firmes américaines géantes émergeantes, a décrété que les organismes génétiquement modifiés étaient « équivalents en substance » aux semences conventionnelles pour le soja, le maïs, etc.. En tant « qu’équivalentes en substance », les semences GM n’avaient besoin d’aucun test spécial ou de contrôle d’impact sur la santé avant d’être mises sur le marché. Ceci a été crucial pour le futur de Monsanto et des autres lobbies OGM.
Par Ordre Exécutif Présidentiel, les Etats-Unis ont défini les semences GM comme inoffensives et ne nécessitant par conséquent aucun contrôles de santé et de sécurité. Les Etats-Unis s’assurèrent que ce principe soit transposé dans l’OMC naissant sous la forme de l’Accord Phytosanitaire et Sanitaire (SPS). Dans cet accord il est affirmé que ‘Les normes et mesures sur l’alimentation visant à protéger les gens ou les animaux des épidémies peuvent potentiellement être utilisés comme des obstacles délibérés à au libre-échange’. La plainte des Etats-Unis contre l’UE dans le différent présent sur les OGM porte sur la violation par l’UE de l’accord SPS de l’OMC.
D’autres règles de l’OMC comprises dans l’Accord sur les Obstacles Techniques à l’Echange (TBT) interdisent aux pays membres d’utiliser des normes ou des tests domestiques, des lois sur la sécurité alimentaire, des normes sur les produits, considérés comme des "obstacles déloyaux à l’échange ".
L’impact de ces deux dispositions de l’OMC mandatées par les Etats-Unis a été que Washington a pu poser la menace suivante : n’importe quel gouvernement restreignant les importations d’OGM, au nom des dangers possibles pour la sécurité et la santé de leur population, pourra être considéré agir en violation des règles de concurrence libre et non faussée de l’OMC !
C’est ce qu’a fait le gouvernement américain, au nom de ses firmes privées de l’agrobusiness, contre les restrictions de l’UE sur les OGM.
A l’abri de l’Accord sur les Obstacles Techniques à l’Echange (TBT), les Etats-Unis ont affirmé que l’étiquetage des produits contenant des OGM n’était pas requis, puisque les plantes n’ont pas été « substantiellement transformées ». Cette affirmation feignait d’ignorer que dans le même temps Washington insistait pour faire admettre que les OGM, en raison du processus de génie génétique, sont suffisamment transformés, et donc ‘non-équivalents’, pour être brevetés comme des ‘originaux’, et protégés par les droits des brevets sur la propriété intellectuelle (TRIPS) de l’OMC (2).
L’Accord sur l’Agriculture
Le cœur de la machinerie de l’OMC est l’Accord sur l’Agriculture (AoA), sous lequel la laine du mouton du ‘libre échange’ cache le loup du pouvoir de l’agrobusiness OGM privé. Sous l’égide de l’AoA, les pays pauvres en voie de développement ont été forcés d’éliminer les quotas et les tarifs de protection, alors qu’au même moment l’Administration Bush votait un accroissement de ses subventions à l’agriculture américaine de 80 milliards de dollars.
L’effet brut a été d’autoriser le puissant monopole détenu par cinq semenciers commerciaux géants - Cargill, ADM, Bunge, Andre (anciennement) et Louis Dreyfus - à accroître extraordinairement le dumping sur les produits alimentaires, ruinant ainsi des millions de familles dans le monde, tout en maximisant leurs profits privés.
L’AoA de l’OMC ne tient pas compte de la réalité des marchés de l’agriculture qui sont qualitativement différents de, disons, le marché des voitures ou des CD. L’agriculture et la sécurité alimentaire nationale sont au cœur de la souveraineté d’une nation, et du devoir de celle-ci envers ses citoyens de subvenir à leurs besoins essentiels. A cet égard, l’agriculture est unique, de même que les droits liés à l’eau.
L’AoA a été rédigé par des géants de l’agrobusiness dominés par les Etats-Unis comme Cargill, ADM, Monsanto et Du Pont, pour servir les plans de ces firmes privées supranationales, dont le seul objectif est de maximiser leurs profits et d’assurer leur monopole sur les marchés, au mépris de toutes les conséquences humaines. Leur but est la domination du marché mondial du commerce de l’agriculture - 1000 milliards de dollars. L’auteur de l’AoA de l’OMC était Daniel Amstutz, un ancien Vice Président de Cargill Semences, qui était à l’époque au Bureau des Représentants du Commerce US de Washington, avant de retourner au commerce des semences (3).
Qui contrôle l’OMC ?
Le contrôle essentiel des décisions de l’OMC, décisions qui ont le pouvoir de lois internationales et peuvent contraindre les gouvernements à renier des lois locales de protection de santé et de sécurité, est détenu par des intérêts privés, par un cartel de l’agrobusiness centré aux Etats-Unis. Il n’y a aucun contrôles démocratiques sur le pouvoir de l’OMC.
Sur le papier, les décisions de l’OMC sont prises au consensus par les 134 pays membres. En réalité, quatre pays, menés par les Etats-Unis, décident de toutes les questions importantes liées à l’agriculture ou au commerce. Comme au sein du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale, Washington exerce un contrôle décisif derrière la scène. Et ce contrôle est exercé dans l’intérêt du cartel privé de l’agrobusiness.
Les quatre pays contrôlant l’OMC, connues sous le nom des QUAD, sont les Etats-Unis, le Canada, le Japon et l’Europe. Au sein du QUAD, chacune à leur tour, les multinationales de l’agrobusiness exercent une influence et un contrôle, le plus clairement à Washington.
L’OMC est conçue pour imposer les volontés des firmes privées géantes au détriment de la volonté démocratique légitime de nations entières et de gouvernements dûment élus. L’OMC a une mission : faire appliquer les règles de ‘libre échange’, un agenda qui n’est en aucune façon ‘libre’ mais correspond plutôt aux besoins des géants de l’agrobusiness.
Sous l’égide des règles secrètes de l’OMC, des pays peuvent mettre au défi les lois de restriction de leurs échanges d’autres pays. Le cas est alors entendu par un tribunal ou une cour de trois bureaucrates commerciaux. Ce sont souvent des avocats de firmes influentes, acquis aux thèses du ‘libre-échange’. Les avocats n’ont pas de règles de conflits d’intérêts auxquelles ils devraient se plier, de telle façon que l’avocat de Monsanto peut instruire la plainte d’un intérêt matériel de Monsanto.
De plus, il n’y a pas de règle indiquant que les juges de l’OMC doivent respecter aucunes lois nationales d’aucun pays. Les trois juges se rencontrent en secret sans révéler le lieu ni la date de leur rencontre. Tous les documents du jugement sont confidentiels et ne sont pas publiés à moins qu’une partie ne les révèle. C’est la vision moderne de l’Inquisition Espagnole, mais avec beaucoup plus de pouvoir.
L’UE a interdit l’importation de viande de bœuf traité avec des hormones de croissance et autres hormones, et les Etats-Unis ont déposé une plainte officielle. Il y eut un long rapport émanant de scientifiques indépendants qui montrait que les hormones ajoutées à la viande de bœuf étaient des ‘causes de cancer’. Le panel des trois juges de l’OMC décida que l’UE n’avait pas présenté une argumentation scientifique ‘valide’ pour refuser les importations, et l’UE fut forcée de payer 150 millions de dollars annuels pour compenser la perte des profits américains (4).
Les puissants intérêts privés qui contrôlent la politique agricole de l’OMC préfèrent demeurer à l’arrière-plan en tant qu’ONG non médiatisées. Une des plus influente dans la création de l’OMC est une petite organisation peu connue du nom de IPC- le Conseil des Mesures sur les Echanges Agricoles et Alimentaires, surnommé le Conseil des Mesures Internationales (International Policy Council).
L’IPC a été créé en 1987 pour mener un lobbying pour le GATT, lors des négociations de l’Uruguay Round, en faveur des règles de l’OMC sur l’agriculture. L’IPC demanda le retrait des barrières ‘haut tarif’ dans les pays en voie de développement, passant sous silence les subventions gouvernementales massives à l’agrobusiness aux Etats-Unis.
Un coup d’œil à la liste des membres d’IPC explique ce qui intéresse ses représentants. Le Directeur d’IPC est Robert Thompson, ancien Secrétaire Assistant du Département de l’Agriculture US et ancien conseiller économique du Président. On trouve aussi Bernard Auxenfans, Membre du Bureau de l’Agriculture Mondiale de Monsanto et ancien Directeur de Monsanto Europe S.A. ; Allen Andreas de ADM/Toepfer ; Andrew Burke de Bunge (US) ; Dale Hathaway ancien fonctionnaire de l’USDA et patron de IFPRI (US).
IPC compte aussi dans ses rangs Heinz Imhof, directeur de Syngenta (CH) ; Rob Johnson de Cargill et du Conseil des Mesures Agricoles d’UDSA ; Franz Fischier, ancien commissaire à l’Agriculture de la Commission Européenne ; Guy Legras (France), ancien Directeur Général à L’agriculture de l’UE ; Donald nelson de Kraft Foods (US) ; Joe O’Mara de USDA ; Hiroshi Shiraiwa de Mitsui§Co Japan ; Jim Starkey, ancien Assistant au Commerce US ; Hans Joehr, directeur de l’Agriculture de Nestlé ; Jerry Steiner de Monsanto (US) ; Les membres émérites incluent Ann Veneman, ancienne Secrétaire à l’Agriculture de l’Administration Bush et ex-membre du bureau de Calgene, créatrice de la tomate génétiquement modifiée Flavr Savr.
IPC est contrôlée par les géants de l’agrobusiness implantés aux Etats-Unis qui bénéficient des règles qu’ils ont écrites pour l’OMC. A Washington même, l’UDSA ne représente plus les intérêts des petits agriculteurs. C’est le lobby de l’agrobusiness mondial. L’UDSA est une porte tournante pour ces géants privés qui leur permet d’obtenir des mesures en leur faveur. Les mesures sur les OGM en sont l’exemple le plus probant.
Bruxelles est également dominée par le lobby OGM
Le pouvoir de ces géants des OGM et de l’agrobusiness basé aux Etats-Unis s’étend au contrôle des mesures clé de la Commission Européenne à Bruxelles. Il est typique par exemple que l’ancien Commissaire à l’Agriculture de l’UE, Franz Fischler, soit un membre de la puissante IPC pro-OGM.
Pendant des années, tous les experts agricoles de l’UE savaient que les mesures sur les semences n’étaient pas établies par les gouvernements nationaux mais par les cinq grands marchands privés de semences, chapeautés par Cargill et ADM. Actuellement, le poids considérable de Monsanto, Du Pont, Syngenta et du lobby OGM s’est ajouté. Ceci apparaît clairement dans l’annonce récente d’un nouveau programme de l’UE, SAFEFOODS, un successeur du controversé projet pro-OGM ENTRANSFOOD. ENTRANSFOOD a été mis en place pour faciliter l’introduction des OGM sur le marché européen et engager ainsi l’industrie européenne (sic) dans une position de compétition.
ENTRANSFOOD, appelé maintenant du nom plus rassurant de SAFEFOODS, déclare combiner différents points de vue sur les OGM. En réalité, son Groupe de Travail n°1, responsable des ‘Tests de Sécurité des aliments OGM’ consiste en représentants non pas des associations indépendantes de consommateurs, mais de Monsanto, Unilever, Bayer Corp., Syngenta et BIBRA International, un organe consultant proche de l’agrobusiness et de l’industrie pharmaceutique. Le Dr Harry Kuiper, un scientifique néerlandais membre du groupe de sécurité des aliments OGM de SAFEFOODS à Bruxelles, est le Coordinateur de SAFEFOODS. Kuiper préside le Panel OGM de l’Autorité de Sécurité Alimentaire de l’UE. Il est aussi celui qui a mené la campagne d’attaques vicieuses pour discréditer le scientifique généticien, Dr Arpad Pusztaï, qui avait osé dévoiler au public les preuves alarmantes de dommages sur les organes des rats nourris avec des pommes de terre OGM et qui fut licencié après intervention de Monsanto (5). (Dr Pusztaï a été réhabilité depuis, NdT).
L’OMC aujourd’hui n’est rien d’autre que le policier mondial au service du puissant lobby OGM et des firmes de l’agrobusiness qui lui sont rattachées.
Avec le nouveau gouvernement allemand de coalition présidé par la Chancelière Angela Merkel et le Ministre de l’Agriculture Horst Seehofer supportant maintenant officiellement le rôle de l’Allemagne comme future leader des cultures biotech et des OGM, l’impact de la dernière décision de l’OMC en matière de sécurité alimentaire sur l’UE et au-delà a placé l’Europe, et donc la sécurité alimentaire du monde entier, en danger."
F. W. Engdahl, 29 Mars 2006
Traduction bénévole, S. Escazaux 22 Juin 2006
Notes :
1 : Abreu, Marcello de Paiva, "Brazil, the GATT and the WTO : History and Prospects", September 1998, Dpt f Economics, PUC, Rio de Janeiro, N°392.
2 : GMOS and the WTO : Overruling the Right to say NO, by "World Development Movement", November 1999, www.wdm.org.uk
3 : Murphy Sophia, "WTO Agreement on Agriculture : Suitable Model for a Global Food System?", Foreign Policy in Focus, v.7, n°8, June 2002.
4 : Montague Peter, UAW Local 1981/AFL-CIO, The WTO ant Free-Trade, Environmental Research Foundation in www.garynull.com
5 : "PR Operation on GM Foods again exposes EFSA industry-bias", Press Release, 29.12.2004.
www.gmwatch.org

17/10/2006

sauter en paix

Malbrought s’en va t-en guerre pendant que Dame Malbroutée se fait sauter en paix

Jean-Sébastien LEMEY

Lieu du larcin : Comme un terrier dans l’igloo dans la dune n°84

Un raté dans le cœur

Au mariage de mes prunelles, j’ai chaussé mes beaux souliers de passion, le cul en colimaçon et du désir plein les mamelles ! Sur le magma frais de la nuit, toutes les étoiles formaient une mosaïque éclatée pour ma tête balbutiante. L’odeur de l’aventure m’enivrait !
Il y avait au fond de ma valise, un vieux brouillon, une veste d’homme, une bouteille, quelques fantômes et leurs bleus désirs de méharées. C’est de bon cœur que je m’apprêtais à les suivre, hélas, monsieur, en guise de départ, j’entendis pleurer les bombes et je vis l’automne passer sous les rails ! Oui Monsieur ! J’ai donc ôté mes souliers et j’ai même ôté mes pieds avant de me glisser, sans rien de plus à dire, sous cet atome de soupir où vous m’avez trouvée.
2001

Si l’aspirateur pouvait aussi avaler les mensonges…

La vie est le couvercle d’une casserole bleue. L’amour est un vélo sans selle. Le mariage est le chemin le plus court entre deux points. Et alors ?
Qu’est-ce que l’ignorance ? Se poser la question est y répondre.
Qu’est-ce que l’hypocrisie ? C’est étonnamment simple.
Qu’est-ce qu’une roue étoilée ? la première étape vers un réveil brutal
Qu’est-ce qu’une femme en chaleur ?
C’est peut-être la fin du monde.

2001

Poupée du soir, poupée placard

Une poupée pleure de rage le sot caprice de ce sang transparent, qui s’écoule dans ses veines plastifiées. Elle pleure sa chute dans le précipice à balais où seule une araignée fêlée lui lit les nouvelles du soir, espoir : la cirrhose du pic vert escarpé, les méfaits des maîtres-chien, l’anémie du vampire... Pensez donc, si les chapeaux clochent !
La poupée sent la poussière, elle a peur dans le noir ! Elle pense au croque-guillotine, la lame à trancher les certitudes. Elle a peur des coins où se tassent les habitudes, alors elle griffe les murs de ses ongles en caoutchouc, elle cogne sa petite tête de poils synthétiques et elle hurle sa rage à l’araignée du soir, qui n’a pas d’oreille, qui sait seulement lire les nouvelles et qui se fout de savoir si quelqu’un les comprend !
2001

plus personne ne pense

A la télé, comme un peu partout, tout est fait pour nous faire dépenser et dépenser.  Ne pas s’étonner alors que presque plus personne ne pense…  Georges Cathalo

Lieu du larcin : Traction Brabant 14

16/10/2006

THE YES MEN

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Réalisé par Chris Smith, Dan Ollman, Sarah Price
Documentaire américain / 2004
Distribué par Rezo Films

Les "Yes Men", un petit groupe d'activistes, après avoir créé un faux site de Bush, créent un faux site internet affilié à l'Organisation Mondiale du Commerce. Leur ruse fonctionnant au-delà de leurs espérances, ils parviennent à intégrer les rangs de l'OMC, alors qu'ils sont politiquement opposés à la dite organisation. Les voilà invités à de conférences internationales en conférences internationales, ils profitent alors de leur nouveau statut pour défendre leurs "points de vue" et égratigner les manières du libre-commerce mondial, en attendant une réaction...

A voir pour y croire, édifiant, grotesque, terrifiant...

le site des Yes men : http://www.theyesmen.org/

MEMOIRE D'UN SACCAGE

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Réalisé par Fernando E. Solanas   Documentaire argentin, français, suisse / 2003
Titre original : Memoria del saqueo
Distribué par Ad Vitam
Durant ces 25 dernières années, de la dictature militaire à aujourd'hui, l'Argentine a subi l'un des effondrements économique et social les plus brutaux qu'un pays ait pu connaître en temps de paix. Ce pays riche et sa population ont vécu l'ensemble des traumatismes dénoncés par les altermondialistes. Tout cela avec l'aide et la connivence de multinationales occidentales et sous le regard complice des institutions internationales.
Cette politique de la terre brûlée a abouti à un véritable génocide social, un cataclysme inouï fait de famine, de maladies et de vies humaines sacrifiées. 
ce film dénoue un à un les mécanismes qui ont conduit à cette catastrophe. Il est dédié à tous ceux qui résistent avec dignité et courage.

THE CONSTANT GARDENER

 

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The Constant Gardener,

sorti en 2005, de Fernando Meirelles

Inspiré du roman de John Le Carré, ce film raconte l'histoire tirée de faits réels d'une firme pharmaceutique qui a testé sur des Kenyans un médicament contre la tuberculose. Un médicament qu'elle savait mortel, parce que pas encore au point. Une tragédie que le réalisateur brésilien retranscrit parfaitement dans un film qui révolte, attriste, écoeure, mais qu'il faut absolument voir.

 Au départ, « La Constance du Jardinier », était un livre : celui de John Le Carré, publié en 2001. L'écrivain voulait dénoncer les activités criminelles d'une société pharmaceutique qui, au Kenya, testait un médicament contre la tuberculose sur des gens pauvres. Rien de mal a priori, si ce n'est que, pour éviter trop de dépenses, les tests ont été effectués alors que la molécule n'était pas au point. Et des gens sont morts. C'est ce drame qu'a adapté avec brio Fernando Meirelles, qui a tourné au Kenya, pays où le livre a été interdit apparemment par crainte de débordements.


« Ces gens seraient morts de toute façon »

Le réalisateur brésilien Fernando Meirelles avait tout pour faire un bon film : une histoire poignante, des acteurs convaincants et une bande son qui n'a rien à envier à la beauté du reste. Restait à ouvrer pour captiver le spectateur et mettre en place une intrigue dynamique sans court-circuiter la force du message. L'auteur de l'excellent Cité de Dieu a réussi, en misant sur les flash-back, à tenir le spectateur en haleine et à laisser monter la révolte, la tristesse et l'écourement. Surtout lorsque Sandy, un « ami » de Justin Quayle, explique que ces meurtres n'ont pas d'importance puisque, vu « le taux de mortalité », ces gens seraient morts de toute façon...

Encore plus révoltant quand on sait que cette histoire est vraie et qu'elle n'est sans doute pas la seule du genre. On en entend peu parler, mais les cobayes africains existent. Pas qu'Africains d'ailleurs. Les plus pauvres font les frais des pratiques criminelles de firmes qui veulent se faire de l'argent en mettant en danger la vie de ceux qui n'ont pas grand-chose. The Constant Gardener est donc un film excellent pour montrer jusqu'où ceux qui sont sensés sauver des vies sont prêts à aller parce qu'ils estiment que toutes les vies n'ont pas le même prix.


NO MAN'S LAND

 
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Réalisé par Danis Tanovic / 2001  
Avec Branko Djuric, Rene Bitorajac, Filip Sovagovic
Film français, britannique, italien, belge.
Durant la guerre de Bosnie, en 1993, Ciki et Nino, deux soldats ennemis, l'un Bosniaque et l'autre Serbe, échouent dans une tranchée en plein no man's land spérant les deux fronts. Nino et Ciki s'efforcent tant bien que mal de négocier le prix de leur vie au coeur des atrocités de la guerre.
Excellent jeu d'acteurs, un zoom efficace redoutablement sur les absurdités de la guerre, en Bosnie comme partout ailleurs, avec cet humour qui permet une certaine distanciation et qui ne donne que plus de force au fond qui reste sans issue possible...

LE CHEMIN DE LA LIBERTE

 

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Rabbit Proof Fence = Le chemin de la liberté
Australie / 2003 / Réalisation : Phillip Noyce

En Australie dans les années 1930, les autorités politiques confisquent les enfants aborigènes pour les placer en institut. ce qu'on appelera plus tard the stolen generation. Trois petites filles refusent de se soumettre à ce diktat. Elles parcourent plus de 2000 Km à pied en suivant la clôture à lapins, pour retrouver leurs mères. La traque engagée par le gouvernement pour récupérer les enfants sera sans merci...

Ce film splendide et bouleversant, est tiré d'une histoire vraie, le reportage sur le tournage est à voir aussi absolument.