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04/12/2013

Genesis, la nouvelle exposition de Sebastião Salgado

par Joanna Eede de Survival    

Dans la Péninsule de Yamal en Sibérie, une femme nenets agenouillée sur le sol découpe la glace à l’aide d’une hache. Un chien de traîneau se tient à coté d’elle; devant eux, jusqu’à l’horizon lointain, l’immense étendue de neige gelée par le vent ne se distingue pas du ciel lourd et bas.

Les Nenets sont des éleveurs de rennes nomades; cette femme a été photographiée durant la transhumance, depuis les mélèzes de la taiga méridionale jusqu’aux vastes étendues du nord qui bordent la mer de Kara. Les Nenets vivent dans cette région depuis plus de mille ans, accompagnant leurs rennes sur ces routes très anciennes qui s’entrecroisent sur le pergélisol, brisant la surface gelée pour atteindre l’eau et se nourrissant de viande de renne bouillie, de saumon blanc et de canneberge.

Cette image est tirée de ‘Genesis’, une nouvelle exposition du photographe brésilien Sebastião Salgado, qui sera présentée à la Maison européenne de la photographie à Paris du 25 septembre 2013 au 5 janvier 2014. ‘Genesis’ est l’aboutissement de huit années de travail durant lesquelles, comme l’explique le catalogue de l’exposition, Salgado a photographié dans une trentaine de pays ‘ces régions vastes et lointaines où, intacte et silencieuse, la nature règne encore dans toute sa majesté’.

Les splendides images de la nature sauvage de Salgado montrent tour à tour des pingouins manchots glissant sur un iceberg; le vol des albatros en larges cercles au dessus de leur colonie dans les îles Malouines; l’amusant clin d’œil d’un gélada; une vague arrosant la queue d’une baleine tel un rideau de perles de verre et un babouin solitaire traversant les dunes de sable de Namibie.

L’exposition présente également des paysages à couper le souffle, bibliques dans leur grandeur : des nappes de brouillard se formant sur une rivière de Zambie; des chaînes de montagnes aux arêtes déchiquetées surgissant d’un champ de glace en Patagonie; la majesté d’un iceberg d’une blancheur étincelante dérivant lentement dans la mer de Weddell; une horde de zèbres vue du ciel soulevant des nuages de poussière dans leur galop à travers la plaine; des centaines de caïmans dans l’obscurité de la nuit brésilienne dont les yeux apparaissent comme des lucioles. Une photo cocasse prise depuis une jeep en Zambie, montre Salgado fuyant à toutes jambes pour échapper à un éléphant mâle en train de le charger.

Les peuples indigènes sont bien sûr à l’honneur dans cette exposition. On peut y voir un chasseur bushman faisant tournoyer des petits brins d’épineux pour allumer le feu; des membres de la tribu des Dinka avec leurs troupeaux de bovins à longues cornes ou des femmes mursi de la vallée inférieure de la rivière Omo en Ethiopie.

La profondeur du lien qui existe entre les peuples indigènes et leur environnement apparaît très clairement dans les photos de Salgado. Que ce soit dans les portraits d’Indiens waura du Haut Xingu, au Brésil, pêchant dans une rivière disparaissant dans la brume ou d’un Mentawai grimpant à un arbre sur un fond de palmiers géants et de lianes grimpantes ou encore des femmes yali de Papouasie occidentale portant des paniers tissés en fibres d’orchidées, cette intimité avec la nature est évidente. Tous ces environnements distincts ont non seulement permis la survie de ces peuples durant des siècles, mais ont contribué à façonner leur pensée, leurs langues et leur identité collective. ‘Sur cette terre, nous nous sentons chez nous, nous connaissons tout d’elle’, dit une femme akawaio du Guyana.

Ce n’est pas une surprise si 80% des zones les plus riches en biodiversité du monde sont les territoires de communautés indigènes qui, au fil des siècles, ont élaboré des méthodes ingénieuses pour répondre à leurs besoins tout en maintenant l’équilibre écologique de leur environnement.

Dans le discours qu’il a prononcé lors de l’inauguration de l’exposition ‘Genesis’ à Londres, l’ex-président brésilien Lula da Silva a déclaré : ‘Ceux qui connaissent son travail vont voir ici des photographies qui racontent vraiment une histoire’. Ces histoires inspirent l’émerveillement, exaltent notre imagination en nous rappelant que nous vivons dans un monde resplendissant de beauté. Faire naître de fortes émotions grâce à la puissance de l’art est un processus très précieux, surtout s’il agit comme catalyseur du changement de la conscience des êtres humains, et tout particulièrement si les politiques mises en place pour protéger les peuples vulnérables, les espèces et l’environnement sont le fruit de ces réactions.

Mais il existe un envers du décor accablant pour ces tribus représentées dans les images de Salgado. Il nous donne à voir ce que nous risquons de perdre si nous galvaudons la diversité humaine, si les espèces disparaissent et si la nature est continuellement avilie. Comme il l’a dit dans une interview : ‘Nous vivons aujourd’hui sur une planète qui peut mourir. Notre existence même est en danger’. Malheureusement, au vu de ses photos, il n’est pas possible de dire quels sont les peuples indigènes qui ont déjà tout perdu – leurs familles, leurs foyers, la santé et le bonheur – ou si la survie d’un grand nombre de peuples est menacée depuis bien longtemps. Il n’y a par exemple plus que cinq survivants de la tribu akuntsu au Brésil, après le massacre de leur groupe par les hommes de main de propriétaires terriens. Tragiquement, certains peuples ont complètement disparu : durant tout le XXe siècle, une tribu brésilienne a disparu en moyenne chaque année.

On ne peut pas deviner sur les photos des femmes mursi portant un labret dans la lèvre inférieure que leur avenir ainsi que celui des nombreuses autres tribus qui vivent le long de la vallée inférieure de l’Omo en Ethiopie est en péril. Les tribus de cette région, historiquement importante, ont toujours dépendu de la rivière pour assurer leur survie; mais un important barrage hydroélectrique actuellement en construction va bloquer la partie sud-ouest de la rivière, mettant ainsi fin au cycle naturel des crues, privant les tribus du précieux limon déposé sur les berges de la rivière par le long retrait des eaux. ‘Il n’y a plus ni chant ni danse maintenant le long de la rivière Omo’, déplore un Mursi, ‘Les gens ont trop faim. Les enfant restent silencieux. Si les crues de l’Omo disparaissent, nous mourrons’.

Les Zo’é, qui sont l’un des groupes les plus isolés du Brésil, ont vécu pendant des milliers d’années dans une région de forêts luxuriantes de la partie nord-ouest du pays. Ces dernières années, des chercheurs d’or et des missionnaires ont régulièrement envahi leur terre. Ils ont néanmoins continué à vivre selon leurs coutumes, mais ils sont extrêmement vulnérables aux maladies transmises par les gens de l’extérieur qui accaparent périodiquement leur territoire.

Comme les Zo’é et les Mursi, les Bushmen d’Afrique australe ne sont pas seulement un peuple vulnérable, mais aussi le peuple le plus victimisé dans l’histoire de cette région. Ils étaient des chasseurs-cueilleurs depuis des millénaires, mais lorsqu’on a découvert d’importants gisements de diamants sur leurs terres ancestrales dans la Réserve du Kalahari central, nombre d’entre eux ont été contraints d’abandonner leurs terres et leurs foyers. Ils ont été déportés dans des camps de relocalisation hors de la réserve, où prostitution, dépression, alcoolisme et sida – des problèmes sociaux qu’ils n’avaient jamais rencontrés – sont désormais monnaie courante. ‘Je ne veux pas de cette vie’, nous a confié un Bushman gana. ‘Ils nous ont d’abord rendus indigents en nous prenant nos vies et ensuite ils disent que nous ne valons rien parce que nous sommes indigents’. Les Bushmen se préparent aujourd’hui à engager un nouveau procès pour obtenir le droit de vivre en paix sur leurs propres terres. La terre qu’ils connaissent si bien, la terre qui fait partie intégrante de leur identité en tant que peuple. ‘Nous sommes faits comme le sable’, dit l’un d’entre eux. ‘Cet endroit est la terre du père du père de mon père’.

Il est donc important que dans l’appréciation des histoires extraordinaires que Salgado raconte visuellement, nous puissions aussi avoir accès à des informations sur leur situation : celles par exemple sur les territoires indigènes dévastés par la déforestation ou l’extraction minière par des gouvernements ou des compagnies qui ne s’intéressent qu’aux ressources qui se trouvent sous leurs territoires, aux arbres qui s’y épanouissent et à l’or qui gît dans leurs rivières; celles aussi sur le fait que les peuples indigènes sont rarement consultés sur les projets qui affectent leurs terres et qu’ils en sont souvent expulsés au nom du ‘progrès’; celles aussi qui rappellent que depuis les années 1960, environ 100 000 Papous ont été tués par les autorités indonésiennes ou bien que la désintégration sociale, les maladies chroniques, le suicide et l’espérance de vie réduite sont quelques-unes des conséquences des tentatives d’assimilation par la force des peuples indigènes à la société dominante.

La disparition des peuples indigènes du monde n’est pas une fatalité. Ils ne sont pas des sociétés condamnées, destinées à disparaître naturellement. Il existe des solutions, et ces solutions se trouvent dans la reconnaissance de deux droits fondamentaux : le droit à l’autodétermination et le droit à la terre. Depuis plus de 40 ans, Survival International a connu de nombreux succès dans son combat pour faire respecter ces droits.

Mais c’est seulement en étant conscient de la situation des peuples indigènes – en considérant aussi bien la triste réalité que la beauté de leurs cultures comme celle que Salgado a fixée en images – que leur histoire peut se comprendre dans son intégralité.

 

http://www.survivalfrance.org/

Indiens d’Amazonie : le dernier combat

A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme des Nations-Unies, Survival International (France) vous invite à la projection en avant-première du film de Laurent Richard : Indiens d’Amazonie : le dernier combat le 10 décembre 2013 à 21h à l’auditorium de la Maison d’Amérique latine 217 boulevard Saint-Germain 75007 Paris M° Rue du Bac ou Solferino

 

Entrée libre dans la limite des places disponibles

 

Ce film raconte le dernier combat mené par les Awá, une tribu amazonienne que Survival considère comme la plus menacée au monde. Les Awá sont l’un des derniers groupes de chasseurs-cueilleurs nomades du Brésil. Une centaine d’entre eux n’a toujours aucun contact avec le monde extérieur. Bien que la plupart des Awá vivent dans des territoires officiellement reconnus par le gouvernement brésilien, ils sont refoulés dans des zones de plus en plus restreintes en raison de l’invasion violente de bûcherons, d’éleveurs de bétail et de colons qui détruisent massivement leurs forêts. Sans leur forêt, les Awá n’ont aucun espoir de survie en tant que peuple. Mais leur forêt, c’est aussi notre histoire. Car ce bois coupé illégalement finit souvent chez nous, dans nos magasins ou dans nos appartements en lames de parquet… Un trafic qui rapporterait plus de 15 milliards par an dans le monde entier.

 

Le film sera diffusé le 7 janvier à 21h35 sur France 5.

 

Source : http://www.survivalfrance.org/

Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier

 

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Denoël, août 2013

205 pages, 16 €

    

 

Avec un titre pareil, on s’attend en commençant la lecture à se faire emporter par un certain lyrisme, il n’en est rien. L’écriture ici est plutôt dépouillée, rêche, comme en retrait, à l’image de ces vieillards retirés du monde dans des cabanes au fond de la forêt. Ceci jusqu’à l’arrivée de Marie-Desneige, qui infusera dans l’histoire une poésie aussi pure et fragile qu’elle.

Au départ ils étaient trois, Ted, Tom et Charlie, plus leurs chiens, tous trois ont en commun d’avoir survécu il y a longtemps au Grand Feu de Matheson en 1916, un de ces violents incendies qui ont ravagé la région québécoise du Témiscamingue au début du XXe siècle. Tom avait ensuite brûlé sa vie dans l’alcool et Charlie, ancien employé des Postes et trappeur à ses heures, avait déjà été donné pour mort suite à une insuffisance rénale. Parti mourir dans la forêt, celle-ci lui avait offert une seconde vie. Ted, lui, son histoire est la plus mystérieuse. Après avoir perdu toute sa famille dans le Grand Feu, on a dit qu’il était devenu aveugle, puis fou… « Une blessure ouverte, disait-on le plus souvent ».

Tous trois avaient chacun leurs raisons et leur façon d’être épris de liberté jusqu’à l’absolu. Ils ont donc décidé de disparaître aux yeux du monde et rejoindre la forêt pour de bon. Ils y vivent coupés de tout, leurs besoins réduits au minimum étant assurés par une production de cannabis dont s’occupe Bruno, un marginal plus jeune, qui fait le va et vient entre le camp des disparus volontaires et le reste du monde. C’est lui qui leur apporte le strict nécessaire : nourriture et matériel divers. Il y a aussi Steve, qui tient un hôtel de luxe qui ne l’a jamais été, un caprice de riche Libanais qui avait fait fortune dans l’alcool frelaté, un immense hôtel vide au milieu de nulle part, et qui est devenu en quelque sorte l’avant-poste de garde du campement des vieux, veillant à ce que personne n’aille fouiner par chez eux. Steve, c’est le désenchantement absolu, un homme qui n’a ni ambition ni vanité. Il régnait sur un domaine avec une totale insouciance. L’hôtel ne lui appartenait pas. Le propriétaire lui avait laissé à sa gérance, autant dire à l’abandon.

Ted, 94 ans, Charlie, 89 ans et Tom, 86 ans, sont liés par une volonté de survie et un pacte de mort, chacun a sur une étagère dans sa cabane une petite boite de strychnine.

« Chacun avait sa boite de sel et s’il fallait un jour aider, chacun savait où était la boite de l’autre ».

Tout commence quand une photographe du Herald Tribune débarque sans crier gare dans le sanctuaire des vieillards disparus. Elle est sur les traces de Ted, Edward ou Ed Boychuck, l’homme aux plusieurs noms, le garçon qui avait marché dans les décombres fumants, dont la légende marche toujours dans la mémoire locale. La photographe veut prendre des photos de tous les survivants des Grands Feux et recueillir leur témoignage. Mais voilà, Ted est mort. Du moins, c’est ce que lui dit Charlie et il n’y a rien à dire de plus, mais la photographe, loin de se laisser intimider par la rudesse de Charlie, va au contraire s’attacher de plus en plus à ces vieux marginaux, comme elle s’attachera à Marie-Desneige, qui s’attachera à elle en la nommant Ange-Aimée en souvenir de la seule amie qu’elle avait eue à l’asile et de laquelle elle avait été séparée « pour leur bien ».

Marie-Desneige, c’est la fée de l’histoire. Une fée nommée Gertrude, qui fut internée abusivement par son père à l’âge de 16 ans et qui passera 66 ans, ignorée de tous, à l’asile. Marie-Desneige, c’est le nom qu’elle prendra pour disparaître et commencer à vivre. C’est la tante de Bruno. A la mort du frère de cette dernière et donc du père de Bruno, sa mère avait découvert l’existence de cette belle-sœur en retrouvant une lettre qu’elle avait envoyée, dans laquelle elle suppliait son frère de venir la sortir de là. Elle avait alors 37 ans. Il faudra 45 ans de plus pour que quelqu’un réponde à cette lettre. Bruno rencontre sa tante donc chez sa mère. C’était la première fois en 66 ans que quelqu’un la sortait de l’asile. « Sa mère, après sa première visite à sa belle-sœur, a entrepris de lui enjoliver la vie. C’est ce qu’elle disait, lui enjoliver la vie ». Elle l’avait donc invitée pour passer quelques jours chez elle « mais quelques jours seulement, la pauvre ne supporterait pas davantage ». Bruno tombé sous le charme de la vieille dame, qui paraît tout sauf folle, ne pourra se résoudre à la ramener entre ces quatre murs où elle a vécu toute une vie volée… Alors, il fera croire qu’elle s’est échappée sur le chemin du retour et va l’amener là où vont les disparus de son âge. L’arrivée de Marie-Desneige dans le camp des vieux de la forêt va bouleverser les habitudes. Avec elle arrive le désir de vivre et avec elle arrive l’amour le plus inattendu qui va illuminer Charlie. Charlie qui, à l’aube de ses 90 ans, va commencer ainsi sa troisième vie.

Ce serait dommage de trop en dire car l’histoire racontée ici est d’une telle délicatesse, qu’inexplicablement au fur et à mesure de la lecture, qui au départ peut sembler un peu sèche, on tombe sous le charme, on est pris aux tripes, on est parcouru de sensations, d’émotions. Il y a vraiment quelque chose de particulier qui opère malgré nous, l’auteur tisse sans en avoir l’air ses filets et nous voilà pris dedans, bouleversés. On a alors envie d’écouter du Tom Waits, de sentir l’odeur de la forêt, une odeur de terre, de fumée et de bois mouillé. On a le cœur qui bat un peu plus fort et on ne s’y attendait pas, mais on a vraiment basculé de l’autre côté, happé par le livre. C’est là sans aucun doute le talent discret mais terriblement efficace de Jocelyne Saucier.

Ce roman va être prochainement adapté au cinéma, et on s’en réjouit d’avance.

 

Cathy Garcia

 

  

 

jocelyne_saucier.jpgJocelyne Saucier est une romancière canadienne née dans la province du Nouveau-Brunswick en 1948. Elle a fait des études de sciences politiques et de journalisme. Il pleuvait des oiseaux est son quatrième roman.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

03/12/2013

Ambrósio Vilhalva, chef Guarani et acteur de cinéma assassiné dans la nuit de dimanche

In 2008 Ambrósio attended the premiere of 'Birdwatchers' at the Venice Film Festival.
In 2008 Ambrósio attended the premiere of 'Birdwatchers' at the Venice Film Festival.
© Survival

Guarani Indian leader and film-star Ambrósio Vilhalva was murdered on Sunday night, after decades of campaigning for his tribe’s right to live on their ancestral land.

Ambrósio was reportedly stabbed at the entrance to his community, known as Guyra Roká, in Brazil’s Mato Grosso do Sul state. He was found dead in his hut, with multiple knife wounds. He had been repeatedly threatened in recent months.

Ambrósio starred as the main character in the award-winning feature film Birdwatchers, which portrays the Guarani’s desperate struggle for their land. He traveled internationally to speak out about the tribe’s plight, and to push the Brazilian government into protecting Guarani land, as it is legally obliged to do.

Police officials examine Ambrósio's body inside his hut.
Police officials examine Ambrósio's body inside his hut.
© Osvaldo Duarte

He said, ‘This is what I most hope for: land and justice… We will live on our ancestral land; we will not give up’.

The Guarani of Guyra Roká were evicted from their land decades ago by ranchers. For years they lived destitute on the roadside. In 2007 they re-occupied part of their ancestral land, and now live on a fraction of their territory, but most has been cleared for enormous sugar cane plantations. One of the principal landowners involved is powerful local politician José Teixeira. The Guarani are left with almost nothing.

Ambrósio spoke out passionately against the planting of sugar cane on his community’s land, and against Raízen, a joint venture between Shell and Cosan which used the sugar cane for biofuel production. His community’s campaign with Survival International forced Raízen not to use sugar cane grown on Guarani land.

Sugar cane plantations (in red) occupy most of the ancestral land (yellow outline) of Ambrósio's community.
Sugar cane plantations (in red) occupy most of the ancestral land (yellow outline) of Ambrósio's community.
© Tribunal Popular

A Guarani spokesman told Survival today, ‘Ambrósio fought hard against the sugar cane. He was one of our main leaders, always at the forefront of our struggle, so he was being threatened. He was an extremely important figure in the Guarani land campaign, and now, we’ve lost him’.

The police are investigating the killing, and two suspects have reportedly been detained.

Survival’s Director, Stephen Corry, said today, ‘The Guarani have one of the highest murder rates in the world and land theft is at the heart of all the violence. In spite of this, the land demarcation process is stalling – the authorities are doing far too little to challenge ranchers who have taken the tribe’s ancestral land. How many more gruesome killings must the Guarani suffer before their territory is mapped out and protected?

 

 

Source : Survival International

02/12/2013

Qu'est ce qu'on attend... par Alexandre Sarhe

 


 

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01/12/2013

Assortiment de crudités, recueil collectif de nouvelles érotiques

 

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Parution 10 décembre 2013

chez Cactus Inébranlable éditions

 

Les auteurs: 

Éric Allard – Massimo Bortolini – Styvie Bourgeois – Isabelle Buisson – André Clette – Hélène Dassavray – Éric Dejaeger – Cathy Garcia

Sylvie Godefroid – Gauthier Hiernaux – Ziska Larouge - Jean-Philippe Querton –  Thierry Roquet – Guillaume SiaudeauAndré Stas

Michel Thauvoye

 

Extrait de la préface (déclinée en termes de préliminaires):

Ce livre ne s’adresse pas aux culs serrés.

Ils sont impénétrables.

Pas le moindre orifice, la moindre ouverture pour y laisser passer un zeste de sensualité, un brin de fantaisie lascive.

Tant pis pour eux.

Affirmer que ce livre n’est pas né de l’idée de surfer sur la vague qui a amené plus de 65 millions de personnes à acheter les cinquante nuances qui ont défrayé la chronique serait un mensonge. Il y a aujourd’hui, semblerait-il, un public nouveau qui lit des livres érotiques dans le train, sur les plages, sans vergogne ni velléité masturbatoire.

Notre assortiment de crudités intéressera-t-il les lecteurs de madame James ? On verra. À tout le moins, notre ouvrage apporte-t-il seize nuances d’érotisme déclinées sur des modes bien différents : l’approche trash, la démarche sado-maso, l’intonation humoristique, la déclinaison anatomique, la variation pornographique, le ton vulgaire, l’inflexion surréaliste… et même quelques touches de poésie.

 

 

Pour les petits (et grands) cul-rieux, présentation de tous les auteurs ici : http://cactusinebranlableeditions.e-monsite.com/pages/cat...

 

 

25/11/2013

Dialogues de fous ? - « Malade de chez malade »

 


Face au psychanalyste, trois patients schizophrènes échangent en liberté sur leur maladie, dans une joute verbale hilarante et terrible.
Enumérations de médicaments, de psys rencontrés. Un air de Beckett ou de Ionesco pour une scène authentique : la folie racontée par ceux qui la vivent.

Enregistrements : novembre 06
Mixage : Christophe Rault
Reportage & réalisation : Claire Hauter

 

 

20/11/2013

Alternative concrète : Le Village Emmaüs Lescar-Pau.

L'accueil est l'essence même d'une communauté Emmaüs, le dessein pour lequel elle a été créée. Le Ramassage , la Recyclerie sont les moyens mis en place pour permettre au Village Emmaüs Lescar-Pau d'autofinancer son projet. Par effet induit, cette indépendance financière offre une large liberté : celle de défendre l'accueil inconditionnel, celle d'avoir une parole politique forte, celle de combattre les causes de la misère. Il est né de la richesse des rencontres et des échanges. Aujourd'hui, plus que jamais, fort d'une totale indépendance financière, nous affichons une singularité propre : être un village alternatif qui prend appui sur une Economie Sociale Solidaire Collective axée autour de l'Homme . Qu'il soit en difficulté matérielle et morale ou qu'il désire donner du sens à sa vie, tout Homme peut être accueilli au Village Emmaüs Lescar-Pau.

 

http://www.emmaus-lescar-pau.com/

Alerte : un sanctuaire gallo-romain cadurcien perdu pour un hôtel de luxe ?

 

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http://www.societedesetudesdulot.org/

11:26 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

19/11/2013

Supermarché de l'art de Rignac 2013

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Vingt de mes gribouglyphes vous y attendent

et seront ravis de repartir avec vous !

14/11/2013

Un privé à bas bilan d'Éric Dejaeger

Cactus Inébranlable éditions, coll. Cactus Noir – mai 2013

 

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218 pages, 15 €.

 

 

Vous connaissez un privé à Babylone ? Voici le privé à bas bilan ! Frédo Loup et Kiki-la-zigue, voilà un duo des plus attachants, voire un peu tachant, pour ce polar décalé, plein d’humour  -  meilleur bien-sûr grinçant, voire un peu saignant. Un polar doté de toutes les qualités du genre : une bonne intrigue, un peu de violence (aïe !), du sucepince, un peu de sexe et d’alcool. Enfin, pas mal d’alcool et beaucoup de sexe, mais quand on est un privé qui débute dans le métier, grâce à un ticket à gratter gagnant et sans vouloir s’embarrasser de formalités administratives et autres légalités, finalement un priapisme chronique ça peut servir, et Kiki le fameux, participe pleinement et vaillamment, et plutôt deux fois qu’une, à l’aventure. Une enquête triquée donc et drôlement bien menée, entre bar à danseuses pas trop habillées et chaine porno cryptée, de villa à partouze à snoeuf mou-vit, le sujet est sérieux mais pas le livre, et notre Priape autoproclamé détective, puisque à plus de 28 ans, il se voyait sur le point d’être expulsé du domicile parental, comme il l’avait été du chômage, de glandeur né, plutôt alcoolo et qui entrave queue dalle à l’anglais, Frédo Loup, va se révéler en fait plutôt doué pour démêler entre ouisqui, pastis et les états dames de Kiki, les écheveaux d’une double enquête : retrouver une jeune strip-teaseuse disparue et prendre un mari volage en flagrant délit. Bref, couilles du diable, selon l’expression favorite de notre privé, un bon polar pour l’apéro, on ne s’ennuie pas une seconde, et il y a certainement d’autres Kikis qui apprécieront le talent de l’auteur pour les descriptions de faciès en tout genre, en contre plongée, vue de dos, du dessus, du dessous, bref du sérieux, excitant mais jamais vulgaire, qui détend autant les zygomatiques, que les orpions, voire les croupions. Et en plus c’est bien écrit. Peut se déguster avec une Chimay bleue.

 

Cathy Garcia

 

 

 

Éric Dejaeger (1958-20**) continue son petit mauvaishomme de chemin dans la littérature, commencé il y a plus de trente ans. Il compte à ce jour près de 700 textes parus dans une petite centaine de revues, ainsi qu'une trentaine de titres chez des éditeurs belges et français. Refusant les étiquettes, qui finissent toujours par se décoller et valser à la poubelle, il va sans problème de l'aphorisme au roman en passant par le poème, le conte bref, la nouvelle, voire le théâtre. Sans parler de l'incontournable revue Microbe, qu'il commet depuis de nombreuses années, de mèche avec Paul Guiot.

 

Derniers titres parus :


Buk you ! – Ouvrage collectif autour de Charles Bukowski – Éd. Gros Textes (France, 2013)

Les cancans de Cancale et environs (recueil instantané 3) – Autoédition – Tirage strictement limitée à 64 exemplaires (2012)

La saga Maigros – Cactus Inébranlable éd. (Belgique, 2011)

NON au littérairement correct ! – Éd. Gros Textes (France, 2011)

Un Grand-Chapeau-Noir-Sur-Un-Long-Visage in Banlieue de Babylone (ouvrage collectif autour de Richard Brautigan), Éd. Gros Textes (France, 2010)

Je ne boirai plus jamais d’ouzo… aussi jeune (recueil instantané 2) – Autoédition – Tirage strictement limitée à 65 exemplaires (2010)

Le seigneur des ânes – maelstrÖm réÉvolution (Belgique, 2010)

Prises de vies en noir et noir – Éd. Gros Textes (France, 2009)

Trashaïkus – Les Éd. du Soir au Matin (France, 2009)

De l’art d’accommoder un prosateur cocu à la sauce poétique suivi de Règlement de compte à O.K. Poetry et de Je suis un écrivain sérieux – Les Éd. de la Gare (France, 2009)


Blog de l’auteur : http://courttoujours.hautetfort.com/

 

 

 

 

08/11/2013

La première vidéo de l’ourse Hvala avec ses oursons nés en 2013, filmés en plein jour le 17 octobre

 

Mise en ligne par le réseau ours brun de l’ONCFS.

Les images ont été faites en Haute-Garonne.

http://www.ferus.fr/actualite/hvala-et-ses-oursons-un-hym...

 

06/11/2013

Le billet de François Morel: C'est pour qui la banane...

 

 


 

05/11/2013

Ulzhan de Volker Schlöndorff (2007)

04/11/2013

Les Hamacs de carton, une enquête du capitaine Anato en Amazonie française de Colon Niel.

 Actes Sud, juin 2013 (première édition aux Ed. du Rouergue en 2012)

 

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380 pages, 8,80 euros.

 

 

 

 

Une intrigue dense et bien ficelée, des personnages consistants, pour cette enquête policière dans laquelle on se laisse volontiers embarquer. Son originalité est sans conteste l’univers dans lequel elle se déroule, peu exploré habituellement dans ce genre de littérature : la Guyane française, et plus particulièrement les communautés de Noirs-Marrons qui vivent le long du fleuve Maroni.

 

Le capitaine Anato mène l’enquête, fraîchement débarqué de la capitale métropolitaine, de la nécropole, comme certains Guyanais appellent la France. Anato est lui-même d’origine ndjuka, l’une de ces communautés de Noirs-Marrons, mais de ses origines, il ne connait pas grand-chose, car ses parents avaient quitté la Guyane pour la France alors qu’il était encore enfant. Il a donc passé la majeure partie de sa vie à Paris. Mais le jour où ses deux parents, retournés en Guyane pour la première fois depuis tout ce temps, y meurent tous deux dans un accident de voiture, le capitaine Anato ressent le besoin de se rapprocher de ses racines. Il postule donc pour un poste à Cayenne, sans trop savoir ce qu’il espérait retrouver là-bas. Il y retrouvera des membres de sa famille, mais se sentira au départ, véritablement étranger, ne connaissant rien ou presque de la culture ndjuka d’une part, et d’autre part à cause de son métier, car une des premières enquêtes qui lui sera confiée, le plongera de plain-pied dans ces communautés qui vivent au bord du fleuve.

 

Les victimes sont une mère et ses deux enfants, d’origine ndjuka comme lui, retrouvés mort du jour au lendemain dans leurs hamacs. Une famille qui vivait un peu à l’écart du village et donc le père souvent absent, travaille sur des chantiers d’orpaillage. Il y avait aussi déjà une jeune fille assassinée à Cayenne pour un portable, puis une fonctionnaire française qui sera retrouvée morte et salement amochée, au fond d’un ravin, dans une partie de forêt plutôt fréquentée près de Cayenne, où elle faisait régulièrement du jogging. Trois histoires à priori non liées, mais qui petit à petit vont laisser apparaître des ramifications très entremêlées, jusqu’à impliquer un membre de la famille même du capitaine Anato : une jeune nièce, Monique, qui sort avec un français de 20 ans plus âgé qu’elle, au passé trouble. Anato va se retrouver dans une position plutôt inconfortable, mais qui au final va s’avérer un atout majeur, alors que son adjoint, Vacaresse, est guyanais, mais sort peu de Cayenne et ne connait pas grand-chose de ces communautés Noirs-Marrons du bord du fleuve. Entre les deux hommes, la communication ne sera pas des plus faciles.

 

Dans ce polar à l’ambiance très particulière, c’est tout un visage méconnu de la Guyane que nous fait découvrir l’auteur, au-delà de la violence urbaine de Cayenne et des problèmes causés ailleurs par l’orpaillage. Là, nous sommes vraiment plongés au cœur du quotidien et de la culture noirs-marrons d’un part, déjà complexe car sous cette dénomination,  se regroupent différentes communautés : les Ndjukas, qui furent les premiers à gagner leur liberté, reconnu dès 1760, et puis les Alukus ou Bonis, les Saramakas, les Paramakas, qui bien que partageant une même origine identitaire, ont entre elles parfois un passé de conflit. Cette enquête du capitaine Anato met en lumière ces histoires d’identité, de territoire et surtout les problématiques de papiers avec l’administration française, selon que l’on soit né côté Guyanais ou côté Surinam du fleuve, qui est pour les Noirs-Marrons un seul et unique territoire, et puis des histoires de corruption et comment chacun lutte pour exister et pour réaliser ses rêves. L’enquête elle-même se suit avec intérêt, mais ce n’est pas vraiment l’intrigue ou le style de l’écriture qui rend ce roman attachant, mais bien la découverte des dessous d’un territoire à la fois lié à la France et tellement éloigné d’elle à tous points de vue, ainsi que l’histoire lourde d’un multiculturalisme, avec beaucoup de plaies pas encore refermées.

 

Cette enquête est la première d’une série où on pourra retrouver le capitaine Anato et son adjoint Vacaresse, toujours en Guyane, aux Ed. du Rouergue, coll. Rouergue Noir.

 

 

Cathy Garcia

 

 

 

 

 

colin-niel-1.jpgNé en 1976 en banlieue parisienne, Colin Niel vit aujourd’hui en Guadeloupe. Ingénieur en environnement, spécialisé dans la préservation de la biodiversité, il a quitté la métropole après ses études pour travailler en Guyane durant six années qui lui ont permis de côtoyer les nombreuses cultures de la région et notamment les populations alukus et ndjukas du fleuve Maroni. Il a voulu faire partager, sous la forme d’un roman policier profondément social et très documenté, le destin parfois tragique d’une partie des habitants de Guyane qui l’ont tant marqué.

 

 

Film-débat : D'Athène à Cahors, 20 novembre

D'Athènes à Cahors, la solidarité internationale ça existe !

infolot-cahors-yannick-youlountas.jpgContre l'austérité et la misère, le peuple Grec résiste et s'organise. Réservez votre soirée du mercredi 20 novembre : à la Bourse du Travail à Chors, à partir de 18h, expo photo suivie de la projection du film de Yannis Youlountas "Ne vivons plus comme des esclaves", en présence du réalisateur, puis débat et buffet convival Grec !

C'est la Troïka européenne (UE, BCEet FMI) qui impose sans cesse à la Grèce des mesures d'austérité qui saccagent un pays aujourd'hui prisonnier de leurs desiderata, la Grèce devenant le laboratoire des politiques d'austérité en Europe.
La Grèce n'est pas à vendre à ces créanciers qui jouent de la dette ni à ces politiciens qui font preuve d'incapacité et de corruption, conduisant le pays à la misère et à une austérité sans fin.
Le peuple grec résiste : antiracistes et antifascistes contre les néo-nazis d'Aube dorée (dépassant les 25% dans les sondages) qui assassinent les immigrés (et dernièrement Pavlos Fissas, jeune rappeur très connu), associatifs et alternatifs contre les expulsions et licenciements en s'emparant des quartiers délaissés et des entreprises bradées, installant des cantines populaires, des centres autogérés pour la santé...
Les liaisons dangereuses entre certains secteurs de l'armée, police "spéciale" qui développe un "racisme institutionnel" et le groupe nazi viennent d'être mises à jour. Le gouvernement Samaras a été contraint d'agir, arrêtant plusieurs membres d'Aube dorée (grillée, elle a depuis chuté de 6%)... mais c'est dans toute l'Europe que l'extrême-droite relève la tête, profitant des désarrois qu'entraîne la crise.

Ce qui se passe ici nous concerne, les mêmes phénomènes économiques et sociaux entraînant la même spirale. Après la Grèce, à qui le tour ?

Le film de Yannis Youlountas Ne vivons plus comme des esclaves a le mérite non seulement de montrer la réalité en Grèce aujourd'hui mais de donner la parole à la génération de la résistance (rouge et noire), de l'espoir (vert) qui porte des projets alternatifs concrets, humains et subversifs.
C'est un voyage militant, un tourisme solidaire, un engagement pour les libertés et "la Démocratie" ici et là-bas, que la Grèce a toujours représentée et alimentée malgré les terribles années de dictature militaire.
C'est aussi une vision pleine d'enthousiasme et de promesses d'émancipation générale.

Un collectif ouvert à toutes les bonnes énergies et aussi aux assoces et orgas (pour l'instant : Attac, LEA, Dalp, etm, asso pour l'autogestion, npa, fase, mcfdg, Sénaillac en transition, Sud éduc...) se met donc en place dans le Lot et vous invite à cette première initiative.
 
On a besoin de soutiens (contact Libraithèque Dalp 68 rue Louise Michel ex rue St-James à Cahors ou 06 20 38 24 79).
Yves Quintal du collectif '46' Solidarité avec le peuple grec.

30/10/2013

Messagers de la vie

 

 

À quelques mois des commémorations marquant le vingtième anniversaire du génocide des Tutsis rwandais, Théophile Kagabo et Norbert Nsabimana ont suivi trois rescapés, Déo Mazina, Marie Niyonteze et Révérien Rumangwa. À travers leur film, « Messagers de la vie », réalisé pour l’association Ibuka mémoire et Justice, tous trois non seulement se sont relevés mais font preuve d’une force et d’un rayonnement extraordinaires, nous offrant un message de foi en l’avenir.
 

 

Marie Niyonteze est l’auteur du livre remarquable « Retour à Muganza, récit d’un avant-génocide », paru aux éditions M.E.O. Voir : NIYONTEZE-MUGANZA.pdf

 

29/10/2013

Etes-vous prêt à aimer ? (Le film de la Journée de la Compassion)

Expo et lecture à Limogne-en-Quercy

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Sâdhu – seeker of truth de Gaël Métroz (2013)

 

Comment vivre une ascèse du cœur sans que l’écho de l’humanité ne rebondisse constamment contre nos murs ? Comment contourner la dictature du mental, sortir du fonctionnariat de notre ego ? Sommes-nous capables de rester dans ce monde sans être emportés par lui, de vivre cette société qui s’attache davantage à la cohérence d’un parcours qu’à la vérité d’un être ? Comment passer de la méditation à la médit-action ?
« Sadhu – seeker of truth », dernier long-métrage du réalisateur Suisse, Gaël Métroz, est avant tout la rencontre entre deux hommes en quête intérieure, le réalisateur et son protagoniste. Fidèle à sa démarche de cinéaste pratiquant l’immersion solitaire, généreux, jamais intrusif, le Valaisan a marché pendant 18 mois sur les pas de Suraj Baba, un ermite indien en rupture, au terme de huit années d’isolement consacrées à la méditation, dans une grotte aux sources du Gange. Caméra à l’épaule, épousant tous les détours du chemin, perdu dans l’immensité minérale, dans un décor ample jamais montré à l’écran (cols de l’Himalaya, Kumbh Mela à Haridwar, vallée du Mustang, les lacs sacrés du Tibet …), ce film s’annonce déjà comme un formidable rendez-vous céleste avec soi-même. C’est l’histoire d’un silence que l’on cultive comme une plante, à l’abris du vent, au plus près de la lumière … et des images en parfaite harmonie avec le sujet. Alors que le monde bouge à une vitesse vertigineuse, ici la nature, majestueuse, s’impose comme le béton de la vie et le voyage se poursuit à l’intérieur, à l’écoute d’une voix immatérielle, dans un dialogue juste et réfléchissant où l’on ressent une filiation avec tout ce qui vit.

Né à Darjeeling, en Inde, Suraj Baba est issu d’une famille bourgeoise. Il a tout quitté, pour mener la vie dépouillée de renonçant. Cela faisait huit ans qu’il s’isolait dans une grotte, vivant de méditation et d’offrandes à 3200 mètres dans l’Himalaya lorsqu’il a rencontré Gaël. « La première fois que je l’ai vu, il réparait le chemin qui menait de sa grotte au Gange (…) On a roulé des pierres ensemble, on s’est apprivoisé pendant un mois. Au fil des semaines, je me suis installé dans sa grotte voisine. J’ai compris qu’il se sentait piégé par son érémitisme et n’osait plus revenir au monde après tant d’isolement ». Les premiers jours il parlait si peu que Gaël ignorait même qu’il connaissait l’anglais. Le temps passant, il a eu la chance de devenir lentement son confident, la caméra aussi …
Véritable éloge du rien, une fois de plus, c’est le déshérité qui nous comble. La force du personnage tient aussi dans son grand tourment : un homme divisé entre la marche pieds-nus et ses baskets, entre l’eau des glaciers et l’alcool des bars de Katmandou, à la recherche d’un équilibre entre occident et orient, entre société de consommation et dépouillement, entre vie familiale aisée et solitude austère, entre réussir dans la vie et réussir sa vie.
Depuis six ans, Gaël Métroz a rencontré bon nombre de sâdhus sur les routes d’ Inde et du Népal, il a effectué plusieurs pèlerinages à leurs côtés tant cette philosophie du dépouillement le captivait. Durant les trois mois qu’il a effectué à la recherche du personnage principal de son film, sa fascination pour ces ascètes est devenue affection. A la poursuite du sâdhu trop idéal, il a finalement croisé le chemin de Suraj Baba qui détruisait en lui-même le mythe du sâdhu. « En doutant même de son statut de saint homme, il est devenu pour moi le vrai sage. Un homme en quête », confie le Suisse. Un être d’une candeur curative, qui s’exprime ici les paumes ouvertes, devenant malgré lui un maître à penser à l’endroit, à panser en soi …

 

Durant ces longs mois de tournage, ils dorment tous deux au bord des rivières, se nourrissant d’offrandes des pèlerins, Suraj voyageant avec sa petite besace, sa guitare et ses sachets de thé, Gaël le suivant avec ses 30 kg de matériel à travers les plaines gangétiques. Leur rencontre, renforcée par l’occasion unique de se rendre à la Kumbh Mela, l’un des plus grands maelström religieux de la planète (70 millions de pèlerins) a finalement décidé Suraj à réaliser son vieux rêve et à faire face définitivement à tous ses démons. Un pélerinage qui allait devenir le plus long de leurs vies. « Le scénario de mes documentaires, c’est la vie. Et la vie est beaucoup plus avare de scénari que nos esprits, il faut donc attendre que les nœuds se fassent, se défassent, cela prend du temps. Là, il a fallu 18 mois, s’il en avait fallu 18 de plus et bien je les aurais passés ». – G.M.
Arrivés à la Kumbh Mela, dans une promiscuité étouffante, les images tentent de capter cette effervescence floutée par les fumées de chillum et d’encens. Les sâdhus, réunis par chapelles, ont de la peine à comprendre ce duo excentrique, formé d’un jeune occidental et d’un sâdhu qui refuse tout attachement à une quelconque école. Et c’est à ce moment aussi que le film bascule : … l’ouverture aux larmes du chemin, lorsque tout ce que l’on savait sur le monde éclate en morceaux. La désillusion n’en est que plus violente et ouvre de nouveaux questionnements. Véritable crise de foi. Comment préserver cet embryon de « zénitude » ? Comment accueillir l’autre en soi, tout en étant conscient des frontières que sont nos propres épidermes et l’air qui les séparent. « C’est le voyage personnel qui m’intéresse, plus que l’Inde mythique – je voulais faire un film moins instructif, qu’affectif » – G.M. Et ce n’est pas le moindre avantage de ce film, servit par une bande originale sublime, une élévation superbe où cithare et guitare bluesy fusionnent sans s’observer. Un glissement progressif qui donne la réplique à un gracieux silence qui en dit long. Des moments de mutisme souvent plus éloquents qu’un flot de paroles.

Un film qui ramasse dans ses filets tous les tourments spirituels de notre condition, mesurant au passage le pouls de notre propre humanité et relançant enfin ce cœur dilaté, tendre, vulnérable et neuf qui, à lui seul, peut transformer le monde. On en ressort chargé de cette précieuse confiance en la texture du monde et dopé par un sens nouveau du pèlerinage : offrir une sépulture à son passé et voyager, le coeur à tout, la tête à rien … sans maux inutiles.
Avec cette perle, Gaël Métroz plane loin au-dessus du lot.
Sortie en salle, le 6 novembre prochain.

 

 

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 « L’esprit créé le gouffre, le cœur le franchit » – Sri Nasargadatta

 

 


Gaël Métroz en quelques mots
Né le 28 novembre 1978 à Liddes (Suisse), Gaël Métroz obtient une licence en littérature française, philosophie et histoire de l’Art à l’Université de Lausanne, en 2004 avant d’être récompensé par plusieurs prix littéraires, dont le Prix de la Sorge en 2004 et le premier Prix Nicolas Bouvier en 2008. Après avoir écrit et mis en scène la pièce L’Enfant Déchu, il décide de se focaliser sur les métiers d’auteur-réalisateur et de journaliste.

Il tournera autour du monde afin de donner le temps au voyage de s’exprimer en parcourant plusieurs pays, comme l’Ethiopie, le Soudan, l’Egypte, la Birmanie, la Turquie, l’Iran, le Pakistan, l’Afghanistan, la Chine, l’Inde, le Népal… En qualité de journaliste, il publie ses carnets de route autant à la télévision (Passe-Moi les Jumelles, TSR), à la radio (Un Dromadaire sur l’Epaule, RSR), que dans la presse écrite (Le Nouvelliste, La Liberté, L’Express, L’Impartial, Le Journal du Jura, Le Courrier, L’Illustré…). En 2008, il réalise son premier long métrage cinéma « NOMAD’S LANDsur les traces de Nicolas Bouvier », primé entre autres par le prestigieux Golden Gate Award pour le meilleur documentaire au Festival international du film de San Francisco. Aujourd’hui, il présente son deuxième long métrage intitulé « SADHU – SEEKER OF TRUTH », portrait d’un saint homme hindou qu’il a suivi pendant 18 mois dans l’Himalaya.