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27/10/2013

ENFIN UN LIVRE SUR EXARCHEIA, L'INCROYABLE QUARTIER D'ATHÈNES

Un communiqué de Yannick Youlountas :
 
Il était temps ! Les francophones n'avaient rien ou presque à se mettre sous la dent pour découvrir ce lieu unique en Europe. C'est maintenant le cas, grâce aux conseils de Mimi et Vangelis, deux des intervenants du film Ne vivons plus comme des esclaves, qui habitent Exarcheia et proposent aussi la préface émouvante qui sert d'introduction à ce voyage en utopie. Ce livre est aussi le premier de Maud, ma compagne, qui est l'auteure des photos. J'ai pour ma part écrit les textes. J'espère que ce livre vous plaira et vous permettra d'aborder autrement la réalité présentée dans le film...
"Exarcheia la noire, au cœur de la Grèce qui résiste"
Résumé : "Paris a son Quartier Latin, mémoire de mai 1968. Athènes a Exarcheia, où s'écrit, en ce moment même, l'Histoire. Nouveau bastion de la révolte et des utopies, au crépuscule d'une Europe qui s'enfonce dans la tyrannie économique. Rempart fraternel contre le retour du nazisme qui rôde partout ailleurs en Grèce. Berceau du slogan Ne vivons plus comme des esclaves. Plus qu'un quartier désormais. Un mythe."
Format 19x19cm, 136 pages, imprimé par la coopérative ouvrière Imprimerie34 sur papier glacé recyclé 160g pour les Éditions Libertaires, 14 euros.
 
Pour soutenir le film ainsi que le dispensaire social d'Exarcheia, vous pouvez nous commander ce livre directement (ainsi que le DVD du film) en suivant ce lien :
Exemple : livre Exarcheia la noire + affiche 60x80cm + DVD Ne vivons plus comme des esclaves = 20 euros et port offert. Vous pouvez également vous procurer livres et DVD durant les projections-débats du film (lieux et dates ci-dessous).
 
 
 
UNE ALTERNATIVE À CE LIVRE SIGNÉE FRANCIS KUNTZ ET GROLAND
 

26/10/2013

Incident centrale Nucléaire du Tricastin

Le Scram (arrêt d’urgence) du réacteur n° 2 de la centrale nucléaire du Tricastin ce 24 octobre 2013 est une première mondiale qui n’avait jamais été prévue dans les scénarios d’incident ou d’accident nucléaire.

En effet l’affaiblissement du débit d’eau de refroidissement des réacteurs nucléaires peut être constaté par une obturation totale ou partielle des prises d’eau soit par des détritus, des plantes organiques invasives, des méduses, un manque d’eau, une panne mécanique ou une panne d’alimentation en énergie des pompes, etc … dans ce cas une intervention « physique » ou de substitution résout le problème de l’incident.

Tricastin_Reacteur_2_Scram_25_10_2013_DSCN0611

En en cas de baisse du débit d’eau disponible, l’arrêt d’urgence automatique est exécuté et le maintien de la source de refroidissement minimum nécessaire du réacteur est assuré.

Dans le cas du scram du réacteur n°2 du Tricastin, nous sommes dans un tout autre cas de figure, car c’est l’eau très chargée en limon (boue) destinée au refroidissement qui n’est plus apte à remplir son rôle, ce qui veut dire dans l’absolu qu’il ne peut plus y avoir de possibilité de refroidir les réacteurs puisque les pompes ne peuvent pas fonctionner soit en débit correct, soit elles sont bloquées !

En conséquence la situation constatée in situ dans la nuit du 24 au 25 octobre 2013 est conforme à cette analyse : l’exploitant est contraint d’évacuer en urgence par un impressionnant geyser de plus de 100 mètres de haut de « vapeur » le surplus d’énergie thermique du circuit secondaire qui ne peut être refroidi par la normalité du circuit primaire de refroidissement via les 3 échangeurs Générateurs de Vapeurs – GV pilotés par le pressuriseur, ceux-ci n’ayant plus la capacité d’assurer correctement leurs fonctions.

 

La gravité et la nouvelle spécificité de cet incident nucléaire inusité devront rapidement être intégrées dans les scénarios de sécurité post-Fukushima de compensation de perte d’eau de refroidissement des réacteurs des centrales nucléaires.
Ce scénario confirme et crédibilise l’analyse sur la possibilité de perte totale et brutale d’eau de refroidissement des 4 réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin par rapport à l’impressionnante hauteur manométrique (+ 22 mètres, la plus haute d’Europe) des prises d’eau dans le canal du Rhône de Donzère-Mondragon situées face à la centrale nucléaire du Tricastin et le barrage André-Blondel avec son écluse géante située juste en aval dont l’accident (porte qui s’est rompue) aurait pu impacter le système de refroidissement de la CN du Tricastin [PDF]

Photos associées libres de droit en PJ :
- Nuit du 24 au 25 10 2013 Centrale nucléaire du Tricastin :
-  Rejet de vapeur réacteur n°2.
-  Geyser de vapeur bâtiment réacteur n°2.

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Source: Communiqué de presse Next-up reçu par e-mail

Next-Up, mis en ligne e 26 octobre 2013

14:33 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

24/10/2013

Avis de Parution : Buk you!

 

Un hommage à Bukowski chez Gros Textes

 

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par Hervé Merlot

 

 

 

avec Hélène Dassavray (France) – Éric Dejaeger (Belgique) – Henry Denander (Suède) – Cathy Garcia (France) – Frédérick Houdaer (France) – Gerald Locklin (USA) – Patrice Maltaverne (France) – Adrian Manning (Royaume Uni) – Renaud Marhic (France) – Hervé Merlot (France) – Owen Roberts (Canada) – Thierry Roquet (France) – Ross Runfola (USA) – Marlène Tissot (France).
Poème-préface inédit de Dan Fante.
Traduction des six auteurs anglo-saxons : Éric Dejaeger.

 

Quatorze auteurs fans de Bukowski proposent des textes en hommage au grand Hank, non pas « à la manière de » mais plutôt « dans la mouvance de ».

 

Gros Textes (2013)
160 pages
14 € (12 € pièce à partir de deux exemplaires)
ISBN : 978-35082-233-4
L’avis de parution est ici
Le blog de l’éditeur

 

Au-delà de la fin du monde de Guénane

...Derrière, le continent est noir. À la proue du Yhagan, c'est Turner ce soir qui, de  sa palette audacieuse et fluide, peint le ciel. La lumière se dissout dans la mer, les nuages font de l'épate, vous feraient croire au Créateur de la première lueur. Le soleil n'en finit pas de finir, à bâbord des baleines bondissent, vous saluent et replongent. Une colonne de nuages épais monte, le détroit ne rougeoie plus. À minuit il fait jour encore sur une large part de ciel et de mer, vous ne pouvez vous résoudre à dormir, à ne pas regarder la nuit s'insinuer dans le jour.
          Le bout du monde peut être partout; mais s'il y eut un jour de la Création, le monde dut ressembler à ce dédale somptueux où les nuances se précipitent, s'affolent, s'éclipsent, resurgissent. Qui atomisa, qui foudroya cette fin d'un continent? On ne peut rêver plus éclatante, plus violente sauvagerie que ces canaux, ces bras d'eau, les reflets des ciels d'aquarelles ou le plomb fulgurant des tableaux de naufrages. Les derniers Indiens sont morts par la faute des hommes «roses» qui envahirent sans saisir leurs subtilités, sans respecter leur harmonie avec ces contrées indescriptibles où les mots de nos langues si étrangères échouent. Cette nuit sera la plus courte nuit australe de l'année. Sensation de ne plus savoir si l'on glisse vers sa fin ou sa naissance.
          Le ciel demeura bleu nuit, les canaux tour à tour furent agités ou paisibles. Un phare clignotant, une balise, rarement parlèrent de limites. À peine s'assoupir et déjà le jour s'immisce dans la nuit. Entre les îles, les vaguelettes frétillent, respirent, à plusieurs reprises je les ai prises pour des petits poissons brillants et les dauphins s'amusant à l'aube pour les crêtes de vagues fantaisistes. Parfois le  Yhagan glisse sur un long miroir qui tout soudain moutonne et menace si un courant d'air s'infiltre. Nous louvoyons entre des îles oblongues, étroites, des arbres poussent dans les anfractuosités; ou bien ce sont des îles pelées, des îles dentées, des îles à dos ronds, tout cela respire une indiscipline harmonieuse et vierge. Les grains nous accompagnent, ils aiment voyager, les grains d'étain qui éteignent l'eau pour mieux laisser cligner au loin une lueur inédite.
          Le Yhagan va son rythme imposé par le labyrinthe; rythme proche d'un chalutier breton qui vous laisse le temps de relever le chalut, le chahut des mots qui en vous naviguent et à peine se laissent prendre. À mesure que nous descendons, une rive reste dans le gris, dans le grain et l'autre en profite pour capturer un rayon. À bâbord, c'est la cordillère de Darwin, émoussée, des arbres s'accrochent à la roche; ou bien c'est une île qui se dore les bosses dans un cirque plombé; des chapelets d'îlots, des petits pois sur l'eau. [...]
          Un vent d'ouest se lève, le canal principal prend couleur et allure d'océan, nous sommes dans les Furious Fifties et la violente monotonie des superlatifs est une épreuve. Tout bouge, tout change, tout recommence, c'est une infinie répétition  de l'étonnement. Lassée de vous extasier vous fermez un instant vos yeux de nuit presque blanche et les rouvrez sur un cirque de canines pointues. Lumière, lumière, les nuages inventifs saturent les objectifs, le vent retrousse les vagues au pied des pics statiques. Démesure, démesure,  l'australité est un défi géographique où le temps n'a plus cours. [...]

            Sur les portulans d'autrefois, au-dessus de cet archipel insaisissable était écrit en grand: BROUILLARDS.  55° Sud, au-delà de la fin du monde.

 

                              Extraits inédits de Ma Boussole chilienne, 2012.

 

 

Lieu du larcin : la revue Recours au poème http://www.recoursaupoeme.fr

 

 

Initiative Citoyenne Européenne pour le revenu de base

 

Une initiative citoyenne européenne (ICE) en faveur du revenu de base a été officiellement lancée en janvier 2013 conjointement avec les réseaux militants et associatifs de 21 autres pays.

Concrètement, nous avons un an pour rassembler 1.000.000 (un million) de signatures en Europe, dont au moins 54.000 en France, afin que le revenu de base devienne un sujet de débat officiel de la Commission Européenne et du Parlement, et que ceux-ci prennent des mesures en ce sens. Pour en savoir l’essentiel en 3 minutes, nous vous invitons à visionner cette vidéo :

=> Pour signer l’initiative merci de suivre ce lien : sign.basicincome2013.eu

Qu’est-ce qu’une initiative citoyenne ?

Il s’agit d’un dispositif prévu dans le cadre du Traité de Lisbonne et que la Commission européenne a formellement mis en application en avril 2012. Concrètement, l’initiative citoyenne européenne permet à 1 million de citoyens européens issus d’au moins sept pays de l’UE d’inviter la Commission européenne à proposer des mesures législatives dans un domaine relevant de sa compétence.

Comment ça marche ?

1. Validation de la commission européenne

Une initiative citoyenne doit inviter la Commission européenne à présenter une proposition législative dans un domaine relevant de sa compétence. Par conséquent, avant même de lancer une initiative citoyenne (= collecte des signatures), la commission doit valider en amont les propositions d’initiatives. Les citoyens doivent donc envoyer leur texte avant même de commencer la collecte des signatures, et la commission doit répondre sous deux mois.

2. Collecte des signatures

La Commission ayant accordé son feu vert, nous disposons de 12 mois pour collecter 1 million de signatures, dont plus que le quota minimum dans au moins 7 pays de l’Union Européenne. Ce quota est fixé à 55 500 signatures en France (cf. image ci-contre).

3. Présentation de l’initiative à la commission

Si nous obtenons suffisamment de signatures, et que celles-ci sont authentifiées par les autorités nationales compétentes, alors le comité de citoyens de l’ICE peut présenter son projet devant la Commission.

La Commission dispose ensuite  de trois mois pour émettre un avis sur l’ICE. S’il est positif, une procédure législative commence. En cas de rejet, la Commission doit motiver sa décision.

Quelle est la demande formulée par l’ICE ?

Dans le texte soumis (et accepté) à la Commission est écrit:

Titre de l’ICE :

Revenu de base inconditionnel - Explorer une voie vers des conditions sociales émancipatrices dans l’UE

Sujet :

Demander à la Commission d’encourager la coopération entre les états-membres (tel que spécifié par l’article 156 du TFEU) afin d’explorer le revenu de base inconditionnel comme un outil pour améliorer leurs systèmes de sécurité sociale respectifs.

Objectifs:

Dans le long terme, l’objectif est d’offrir à chaque personne dans l’UE le droit inconditionnel la sécurité de ses besoins matériels de base propre à lui assurer une vie en dignité selon les termes des traités de l’UE et à lui permettre la participation à la société, soutenue par l’introduction du RBI.

Dans le court terme, l’UE est demandée de promouvoir des initiatives telles que des études préliminaires (Art 156 TFEU), et d’examiner la faisabilité des differents modèles du RBI (résolution du PE 2010/2039(INI) §44).

Autrement dit, notre ICE ne demande pas à la Commission de mettre en place directement le revenu de base dans l’Union Européenne.

Ce choix a été longuement discuté entre les participants à l’organisation de l’ICE. Une proposition alternative avait été émise par certains organisateurs, qui tenaient à ce que nous demandions à la Commission d’écrire une directive européenne contraignant les gouvernements des états membres de l’Union Européenne à inscrire le revenu de base dans leur législation.

Mais cela n’était pas possible en vertu du fait que les politiques sociales sont encore du ressort des états-membres à ce jour (et non du Parlement ou de la Commission). D’où le premier rejet de notre ICE par la Commission. Par ailleurs, quelle serait la légitimité démocratique que la volonté d’un million de citoyens provoque l’instauration unilatérale d’un revenu de base dans toute l’Union Européenne (503 millions d’habitants) ?

De plus, en ne demandant pas directement la mise en place du revenu de base (mais l’étude de sa faisabilité), nous avons plus de chances de convaincre les « sceptiques » de signer l’ICE : pour qu’il y ait au moins un débat publique sur cette question.

Pourquoi le texte de l’ICE n’évoque-t-il que l’aspect social du revenu de base ?

Le texte de l’ICE vise à convaincre la Commission qu’il est de son ressort de s’intéresser au revenu de base, et non à la convaincre de la pertinence de l’idée sous tous ses différents aspects. C’est pourquoi le texte s’appuie sur les différents textes juridiques régissant l’UE et met en lumière la mission de l’Union de veiller à la lutte contre le chômage, l’exclusion, les discriminations, etc.

Pourquoi ne pas utiliser le site Avaaz?

Parce que les initiative citoyenne européenne (ICE) n’est pas une pétition normale. Il s’agit d’un processus officiel de l’union européenne extrèmement réglementé, qui exige un système de collecte des signatures très sécurisé, et, selon les règlementations nationales, des informations très sensibles comme des numéros de papiers d’identité. À ce jour, Avaaz ne propose pas ce genre de choses.

Quid d’une pétition pour la France ?

Cela existe déjà, via le site appelpourlerevenudevie.org lancé en 2009 par un groupe de citoyens soucieux de ne pas mélanger la politique avec une idée aussi importante que le revenu de base. Le site continue de récolter tes signatures pendant l’ICE. Une pétition de plus grande ampleur est envisagée, mais le collectif réuni autour du site revenudebase.info juge pour le moment risqué de lancer deux initiatives parallèles : cela pourrait semer la confusion. Par ailleurs, même une “pétition classique”, pour être couronnée de succès, doit être préparée longtemps à l’avance. Il a donc été jugé plus pertinent de se concentrer sur l’initiative européenne pour le moment.

Qui est à l’origine de cette ICE ?

La préparation de l’ICE a réuni des membres des organisations pour le revenu de base de 14 pays européens. Néanmoins, selon les règles de la commission européenne, seulement 7 personnes peuvent figurer officiellement dans le “comité de citoyens » de l’ICE. Ces sept personnes ont été désignés par consensus lors d’une réunion de préparation qui a eu lieu à Paris en juillet 2012 :

  • Klaus Sambor, organisateur principal (Autriche)
  • Ronald Blaschke, co-organisateur (Allemagne)
  • Stanislas Jourdan (France)
  • Olympios Raptkis (Grèce)
  • Anne Miller (Royaume Uni)
  • Sepp Kusstatscher (Italie)
  • Branko Gerlic (Slovénie)

Après plusieurs réunions à Vienne, Bruxelles et Paris, un texte a été soumis à la Commission le 8 juillet 2012. La Commission européenne a rejeté ce texte en septembre.

Réunis à Munich lors du Congrès du BIEN, les membres du comité de citoyens de l’ICE ont décidé de soumettre un nouveau texte à la commission et de se réunir à Florence en novembre pour trouver un consensus sur cette nouvelle tentative. Un nouveau texte a été soumis à la commission lors de cette réunion.

Le 14 janvier 2013, la Commission Européenne a accepté cette nouvelle requête, lançant donc officiellement la campagne européenne.

Où peut-on signer l’initiative ?

Le lien le plus direct est celui-ci : http://sign.basicincome2013.eu

Vous trouverez davantage d’informations en vous rendant sur le site officiel de l’initiative.

Combien de signatures ont été déjà récoltée ?

Cliquer sur chaque pays pour connaître le nombre de signatures électroniques récoltées :

Un compteur plus détaillé est également disponible sur le site basicincome2013.eu.

Ne sont pas incluses les signatures sur papier, qui seront transmises à l’issue du processus aux autorités nationales à fin de validation.

Comment participer à la collecte des signatures ?

La récolte de plus d’un million de signatures en Europe implique un campagne importante et toutes les volontés sont donc les bienvenues. Bien que les différents réseaux européens aient étroitement collaborés pour préparer l’ICE, il a été convenu que chaque réseau national s’occuperait en premier lieu de mener la campagne dans son propre pays, avec l’organisation qui lui convient.

Pour apporter votre pierre à l’édifice, nous vous invitons :

Autres ressources:

20/10/2013

Le plancher de Perrine le Querrec

Éditions Les doigts dans la prose, avril 2013.

 

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134 pages, 15 €.

 

 

 

Le plancher est un livre d’une densité singulière, qui au fur et à mesure confine à l’étouffement, et pour cause, l’histoire peinte ici raconte le basculement dans la folie de toute une famille. Peinte, car la langue dont use l’auteur est un matériau quasi organique qui est à elle toute seule, une œuvre d’art. La poésie n’y est pas un décorum, mais véritablement la seule langue possible pour formuler l’indicible, pénétrer l’intolérable et infuser la folie dans les tripes même du lecteur. Car si dans la première partie nous sommes encore dans la narration, dans la seconde nous culbutons du côté où la langue elle-même s’affole. Une langue pleine de terre, taillée au couteau, absolument magnifique cependant, flamboyante comme un crépuscule d’automne. Dans la troisième partie, elle nous immerge pour de bon dans un bourbier de démence.

 

La première partie est intitulée La souche. La souche, ce qui reste d’un arbre que l’on a coupé, les racines toujours plongées dans la terre, nourricière ou collet, c’est selon. Ici cette terre, cette terre de paysans, passera de nourricière à cocon toxique, jusqu’à ce que piège, elle se referme définitivement. Nulle métamorphose heureuse n’en sortira.

 

La famille, ils sont six. Le père, la mère et les enfants : Paule, Simone, Jeannot et Mortné.

 

L’histoire commence en 1930 quand Joséphine et Alexandre, le père et la mère, achètent une ferme dans le Sud, fuyant des problèmes avec les autres, là-haut dans le Nord. Joséphine, avec ses deux frères à l’asile, porte déjà en elle les germes d’une impossibilité de s’entendre avec qui que ce soit. Ils achètent donc une grande et belle ferme et en tant qu’estrangers, s’attirent immédiatement la haine et la jalousie des Deux-cents, les villageois d’à côté.

 

Dans cet univers déjà clos, trois enfants de plus viendront au monde. Paule était déjà née dans le Nord. Le dernier est mort né en plein champ.

 

Jean, qui ne sera jamais que Jeannot, est né en 1939, pour éviter au père la conscription, ce qui ne fait qu’alimenter sales murmures et jalousie du côté des Deux-cents. Quand aux six, « ils ont tous un air de famille, un air de désastre ».

 

La guerre passe et « Les années passent et avec elles les coups de hache, les éraflures, les entailles, les éviscérations. Les années avancent et elles essaient, les filles, de courir insouciantes, d’étudier bienveillantes, de grandir insouciantes. Les années passent et Jeannot tente de comprendre, d’aimer et de parler. Les années passent et les parents poursuivent l’œuvre de destruction, souterrainement aidés par les Deux-cents qui n’en finissent pas de maudire, de cracher, d’envier. 

 

(…)

 

Ce n’est pas un père, juste une forme de violence

Ce n’est pas une mère, juste une forme d’indifférence

Ce n’est pas une famille, juste une forme de récit

(…)

Une longue cohabitation avec l’inhabitable. »

 

(…)

 

Les parents ne sont jamais d’accord. Sur rien. Sauf pour persécuter les enfants. »

 

 

Et puis il y a ce jour funeste où Jeannot pénètre dans la grange et qu’il voit…

 

« - Tu n’as rien vu !

 

Je n’ai rien vu. Verrai rien. Jamais. Ni dans la grange, ni dans la chambre, ni dans le champ. La bête je la vois pas. La bête aux yeux dilatés de peur. »

 

Alors Alexandre, le père, le colosse, l’abuseur, deviendra l’ENNEMI. L’ENNEMI qui commande au cerveau de Jeannot. Ne rien voir.

 

« Alexandre bine et bêche et sillonne, brutalise. Passe et repasse sa charrue. Paule a de la terre plein la bouche, plein les yeux, jupe relevée sur son ventre neuf. »

 

Jeannot a dix-huit ans, il est amoureux. Amoureux de Destinée. Fille du village des Deux-cents qui ne voient pas cela d’un bon œil. Jeannot a dix-huit ans, son cœur sera pulvérisé. Il va partir, il part, ira verser plus de saloperie encore sur ses plaies. Il part pour l’Algérie.

 

Jeannot parti tuer, Simone partie avec un mari pour ne plus jamais revenir, Paule restée avec la graine de douleur que l’ennemi a semé en elle, l’EnfantX et les voix des Deux-cents qui vipèrent plus que jamais, jusqu’à l’agression physique. Paule, la labourée, commence à basculer. Le père rattrapé par le bouche à oreille, l’irracontable qui s’ébruite à tout va, le père : pendu dans la grange. Jeannot doit rentrer.

 

« Jeannot sera toujours le mutilé, suspendu au crochet, sur les murs épais de la ferme, blessé aux épines de silence cloués aux portes des granges pour éloigner le mal qui est le bien, mais qui le dit ? »

 

Nous entrons alors dans la deuxième partie, Les branches, où « s’ouvre le gouffre des douze longues années de solitude »

 

« Tout ce qui était au père, tout ce qui était le père, Jeannot le laisse pourrir. » Ce qui reste de la « famille » se referme sur elle-même, « mi-humains, mi-bêtes, ils n’existent plus, deviennent innommables, désintégrés, sauf à visser plus fort leur masque de fou. »

 

Tout ira alors crescendo dans le non-sens de la désintégration, de la dissolution, de la décomposition, jusqu’à la troisième partie, où la mère déjà enterrée sous le plancher, où Paule erre dans ce qui reste de la ferme envahie par la végétation et la putréfaction. Jeannot lui, ne décolle plus du plancher, à plat ventre, il grave dans les planches, au couteau, à s’en faire saigner les mains, il grave tout. Parce qu’il n’a pas trouvé un seul bout de papier dans toute cette désolation et qu’il doit conjurer trente-deux ans de silence. Il grave, saigne à blanc le plancher.

 

« Si Jeannot le veut, bois devient papier. »

 

« Ceci est malangue !

 

Allongé dans ma litière de copeaux je touche les lettres, je sais ce que je dis. Je dis que j’ai vu. Je dis que ma rétine, ma vue, mon œil et les images. Je dis les abus. Je dis noir sur noir. Je dis et ne vacille pas. Je dis ce qu’ils ne m’ont pas raconté. Leurs interdits. Je dis à leur place, je dis à leur faute, je dis à leur face, je dis à leur tête. Je dis ma puissance. C’est à vous de me regarder maintenant. »

 

Cinq mois de travaux forcés à plat ventre sur le plancher, à plat ventre sur le corps pourrissant de la mère. Jusqu’à la mort.

 

Restera Paule, SURVIVANTE, la première et la dernière.

 

Le plancher de Jeannot a été présenté lors de l’exposition Écriture en délire à la collection de l’Art Brut, à Lausanne, du 11 février au 26 septembre 2004. Ce plancher existe et il est placardé sur les murs de l’hôpital Sainte Anne, dans le 14è arrondissement de Paris, où il est toujours visible et rend justice à tous les Jeannot, toutes les Paule, tous les enfantsX et les Mortnés… On en trouvera des photos à la fin de ce livre.

 

Un livre d’une beauté saisissante, portrait choc d’une certaine réalité du monde rural d’antan, entre autre, un livre hybride dans sa construction, qui dissout les frontières entre prose et poésie et met comme le souhaite ses éditeur, les doigts dans la prose. Nous en ressortons absolument électrifiés, ébahis et profondément fouillés de l’intérieur.

 

Cathy Garcia

 

 

 

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Le plancher photographié par Martin d'Orgeval

 

 

 

 

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Perrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Elle hante les bibliothèques et les archives pour assouvir son appétit de mots et révéler les secrets oubliés. De cette quête elle a fait son métier : recherchiste. Les heures d’attente dans le silence des bibliothèques sont propices à l’écriture, une écriture qui, lorsqu’elle se déchaîne, l’entraîne vers des continents lointains à la recherche de nouveaux horizons. Perrine Le Querrec est une auteure vivante. Elle écrit dans les phares, sur les planchers, dans les maisons closes, les hôpitaux psychiatriques. Et dans les bibliothèques où elle recherche archives, images, mémoires et instants perdus. Dès que possible, elle croise ses mots avec des artistes, photographes, plasticiens, comédiens.

Bibliographie :

 

« Jeanne L’Étang »,  Bruit Blanc, avril 2013

« De la guerre », Derrière la salle de bains, 2013
« No control », Derrière la salle de bains, 2012
« Bec & Ongles », Les Carnets du Dessert de Lune, 2011
« Coups de ciseaux », Les Carnets du Dessert de Lune, 2007


Site :
http://www.perrine-lequerrec.com/
Blog: http://entre-sort.blogspot.com/

 

 

18/10/2013

L’Amour d’Amirat suivi de Né nu, Oiseaux mohicans, Kilroy was here, Daniel Biga

Préface de Jean Orizet, Cherche Midi, Collection Points Fixes, mai 2013

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 335 pages, 19,50 €

 

 

Dans la première partie, la plus cohérente on dira, L’Amour d’Amirat (1984), l’auteur a quitté la ville pour vivre, et accessoirement écrire, dans un hameau abandonné sur les hauteurs des Alpes du Sud. Il a quitté son métier d’enseignant pour aller y vivre quasi comme un ermite et y cultiver un jardin, aussi bien extérieur qu’intérieur.

 

ici à la montagne il n’y a que moi

qui tourne et pète dans mon couchage

il n’y a que moi et le froid

la nuit qui n’en finit pas

l’inondation des souvenirs

En totale osmose avec la nature qui l’environne, il demeure là-haut même en hiver, et on songe en lisant toutes les pensées et anecdotes qu’il confie au papier, à Thoreau, mêlé de Li Po, Nan Shan et Castaneda, avec des accents libertaires récurrents de ces années soixante-huitardes où le désir d’un retour à la terre était motivé par une critique virulente et pertinente d’un système, autant que par une attirance certaine pour une liberté absolue et donc fantasmée – ou presque, car l’utopie, encore une fois, n’est pas l’irréalisable mais ce qui n’est pas encore réalisé, dixit Théodore Monod.

 

On perd le sens du vivre quand La pensée s’emballe Le mental tournant à vide voudrait rentabiliser le moindre geste hiérarchiser chaque action Ainsi vient l’impression de « perdre son temps » alors qu’on perd seulement le sens du vivre


Cela dit, Biga n’a pas des rêves communautaires, c’est un individu pleinement affirmé, volontaire et il a parfaitement conscience que liberté égale indépendance et responsabilité.

 

Je ne serai jamais plus libre – je veux dire jamais plus indépendant je veux dire jamais plus responsable de moi je veux dire jamais plus individu je veux dire jamais plus seul qu’en ce moment


On se régale à la lecture de cet Amour d’Amirat et on se laisse entraîner par moments dans une sorte d’enfance intérieure, que seul le contact avec la nature sait aussi bien nous faire retrouver. Richesse du non-faire, plaisir de la contemplation.

 

Plusieurs fois par jour je découvre un insecte inconnu chaque fois c’est comme s’il était créé pour moi seul


On y goûte la solitude de l’auteur parfois si douce, si pleine et parfois angoissante, rongeuse.

 

Hier

je cherchais quelqu’un pour pleurer dans ses bras

et d’autres matins

je sors dans le monde et le monde m’appartient


Il y tant de vie tout autour d’Amirat, végétale, animale, et humaine parfois, d’autant plus généreuse qu’elle est rare. Le contact avec l’autre devient précieux, se goûte comme un nectar, un vin délectable, surtout si cet autre est du sexe féminin à peau douce et chaude. Car, que ce soit en solitude ou pas, ce qui revient sans cesse sous la plume de Daniel Biga, c’est le mot amour, mais pas n’importe quel amour, non, l’Amour avec un grand A, l’essence même du vivre, la Source de tout.

 

L’amour avec la peur l’amour stérile l’amour sans amitié l’amour injuste par manque insuffisance que ce soit dans un lit un nid dans les buissons l’amour s’il n’est pas expansion universelle dans chaque fibre de matière chaque rayon de conscience l’amour sans amour est inutile


Quand on passe aux parties suivantes, Né nu (1974-1983), et plus anciennes comme les Oiseaux mohicans (1966) et Kilroy was here (1972), nous sommes déjà familiarisés avec l’auteur. Le mot est exact, nous avons appris à mieux le connaître sur les hauteurs d’Amirat, alors on le suit plutôt avec plaisir dans ses pérégrinations mentales, ses élans poétiques, sensuels aussi bien que métaphysiques, dans un fourre-tout jovial où on croisera encore Castaneda aussi bien que des hexagrammes du Yi King.

 

Le pouvoir est du jour

mais la puissance est de nuit


Des films, de la musique, des livres, des rencontres, des souvenirs, des voyages, un concentré de vie distillé à la plume un peu froutraque de poète et toujours cet art de vivre, cette quête de simplicité qui tranche avec l’air confiné des années 80 où le consumérisme allait devenir roi, un roi toujours pas détrôné d’ailleurs, et mis à l’honneur, l’acuité des sens, la pas trop sainte trinité corps-cœur-âme dans une spiritualité ancrée à la terre, reliée aux plus anciens élans mystiques de l’humanité, en ces temps ou ces lieux où le prêtre s’appelait chaman.

 

Ce matin le simple fait de

Respirer l’air du monde

Est une éclatante aventure


C’est de cette respiration que naît la poésie de Daniel Biga, tout aussi naturelle, sans fioritures, sans ronds de jambes. La poésie du vivre, un point, c’est déjà beaucoup.

 

Tu es libre

Tu es vivant

avec ta souffrance et ta joie

tu es un immense regard


Une poésie qui questionne autant qu’elle se passe parfois du questionnement pour entrer directement dans le vif de l’expérience, mais une quête est là, toujours en filigrane. Celle du sens d’être au monde et on pense aussi aux portes de la perception qu’ont tenté d’ouvrir, voire de forcer parfois, toute une génération avide d’expériences à la fois fortes et transcendantes.

 

Si toute porte se ferme c’est qu’elle peut aussi s’ouvrir

Il faudra que j’aille jusqu’au bout

de celui que je ne suis pas

pour trouver celui que je suis vraiment

et seule la peur de perdre celui que

je ne suis pas

me freine et m’arrête

« cependant tu ne peux forcer le mûrissement d’un fruit sans en altérer la qualité : patience »


Cheminant vers la sagesse d’une part, on sent chez Biga également un amour constamment renouvelé pour la jeunesse, un amour qui frôle parfois la nostalgie. L’auteur est comme avide d’un éternel printemps, ce qui ne l’empêche pas de porter un regard lucide sur le monde, mais c’est cela sans doute qui lui a donné l’énergie nécessaire pour rompre avec certaines convenances, quand confort marche avec conformisme. Pas de résignation chez Biga, mais l’acte poétique comme acte de perpétuelle régénération, sans hésiter à user de provocation. C’est cela sans aucun doute qui lui a permis de connaître et de partager l’Amour d’Amirat, et qui fait de Daniel Biga, assurément, un poète, peintre également, que ne renierait pas la Beat Generation.

 

Cathy Garcia

 

 

Daniel_Biga_c_M__Durigneux.jpgDaniel Biga est né à Nice en mars 1940 où il est revenu vivre aujourd’hui. Après une enfance Varoise (Fayence puis Ste Maxime) il vit l’exil citadin et le « lycée buissonnier » (ou plutôt portuaire) dans sa ville d’origine où il découvre la poésie et l’art. Il poursuit ses études à l’École Municipale de dessin (Villa Thiole) à Nice puis accomplit son service militaire (en Algérie en guerre). À son retour à Nice, il pratique des dizaines de petits métiers et passe une licence de lettres. Il peint et expose dans « les marges » de l’École de Nice et publie en 1966 son premier recueil, Oiseaux Mohicans, qui, réédité à la Librairie St Germain des Prés en 1969, sera salué par la critique comme un événement poétique. Il enseignera ensuite à l’École Régionale des Beaux Arts de Nantes, puis sera président de la Maison de la poésie de Nantes. Il a publié plus d’une trentaine d’ouvrages.

Bibliographie :

Oiseaux Mohicans, autoédition en 1966, éd. Saint-Germain-des-Prés, 1969

Kilroy was here ! éd. Saint-Germain-des-Prés, 1972

Octobre, éd. Pierre-Jean Oswald, Paris, 1973

Esquisses pour un schéma du rivage de l’Amour Total, éd. Saint-Germain-des-Prés, 1975

Moins ivre, éd. revue Aléatoire, Nice, 1983

Pas un jour sans une ligne, Fonds École de Nice, 1983

Histoire de l’Air, éd. Papyrus, Paris, 1983

L’Amour d’Amirat, éd. Le Cherche-Midi, Paris, 1984

Né nu, éd. Le Cherche-Midi, 1984

Bigarrures, éd. Telo Martius, Toulon, 1986

Oc, Les Cahiers de Garlaban, Hyères, 1989

Stations du Chemin, éd. Le Dé Bleu, La Roche-sur-Yon, 1990

C’est l’été !, éd. Cadex, Montpellier, 1990

Sur la page chaque jour, entretiens avec Jean-Luc Pouliquen, Z’éditions, Nice, 1990

Eclairs entrevus, éd. Tarabuste, Saint-Benoît-du-Sault, 1992

Le bec de la plume, éd. Cadex, 1994

Carnet des refuges, éd. L’Amourier, Coaraze, 1997

Mammifères, livre d’artiste avec Gérard Serée, éd. L’Amourier, 1997

Sept Anges, éd. L’Arbre, Aizy-Jouy, 1997

La chasse au Haïku, éd. du Chat qui tousse, Cordemais, 1998

Détache-toi de ton cadavre, éd. Tarabuste, Saint-Benoît-du-Sault, 1998

Éloges des joies ordinaires, éditions Wigwam, Rennes, 1999

Le Chant des Batailles, 1ère éd. L’Amourier, 1999, 2ème éd. L’Amourier 2007

Dits d’elle, éd. Cadex, 2000

Arrêt facultatif, Gros textes, 2001

Cahier de textes, La belle école, Nantes, 2001

L’Afrique est en nous, éd. L’Amourier, 2002

Capitaine des myrtilles, éd. Le Dé Bleu, 2003

Le poète ne cotise pas à la sécurité sociale, éd. Le castor astral, 2003

Dialogues, discours & Cie, éd. Tarabuste, 2005

Poévie, éd. Gros Textes, 2005

L’apologie de l’animal, éd. Collodion, 2005

Le sauvage des quatre-chemins, éd. Le castor astral, 2007

Impasse du progrès, éd. Traumfabrik, 2008

Méli-Mémo, éd. Gros Textes, 2011

 

  

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/

17/10/2013

Le président de l’Uruguay, José Mujica, parle d’amour et d’aventure à l’assemblée générale de l’ONU

 

Il y a ceux dont la prestation était attendue et puis il y a celui que personne n’a vu venir : le Latino-américain qui a créé la surprise à New York a été José Mujica, le président de l’Uruguay, avec un discours au souffle poétique et prophétique. Le Brésil a ouvert le bal, comme d’habitude, à l’assemblée générale des Nations unies, mardi 24 septembre. La présidente Dilma Rousseff avait annoncé la couleur : Brasilia ne digère pas l’espionnage de l’agence américaine de sécurité nationale (NSA).

Le président colombien, Juan Manuel Santos, a défendu les négociations en cours avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Bogota demande que les conventions internationales et la Cour pénale internationale ne soient pas des obstacles à la paix. Les Colombiens peuvent-ils mettre fin au conflit armé interne, sans vérité, justice et réparation pour les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par les parties belligérantes ? C’est toute la difficulté.

La présidente argentine, Cristina Kirchner, a demandé au nouveau président iranien, Hassan Rohani, de ratifier l’accord signé par les deux pays en vue d’élucider les attentats antisémites commis à Buenos Aires en 1992 et 1994, attribués à des dignitaires de Téhéran. Cet accord avait provoqué un tollé en Argentine. Or, les pronostics ne sont pas bons pour la majorité présidentielle aux élections législatives d’octobre. Et sans une majorité introuvable des deux tiers, il n’y aura pas de troisième mandat pour Cristina Kirchner.

Le discours de Pepe Mujica évite la langue de bois onusienne

Tous ces propos étaient prévisibles.

Sans prétendre ravir la vedette à ses grands voisins, c’est le président uruguayen José Mujica qui a vraiment surpris à la tribune de l’ONU.

« Je viens du Sud, du carrefour de l’Atlantique et du Rio de la Plata ».

Avec ces mots, il a entamé une évocation lyrique et ironique du petit Uruguay, jadis considéré la Suisse de l’Amérique latine : « La social-démocratie a été inventée en Uruguay, pourrions-nous dire ». Ensuite, « les Uruguayens ont passé cinquante ans sans croissance, à remémorer leur victoire au stade du Maracanã, lors de la Coupe du monde de football de 1950 ». Du haut de ses 78 ans, l’ancien guérillero Tupamaro mêle histoire personnelle et histoire nationale : « Mes erreurs étaient le produit de mon temps, je les assume. Mais il y a des fois où j’ai envie de crier : si seulement nous avions la force de l’époque où nous cultivions autant l’Utopie ! »

Les mots de « Pepe » Mujica, plus débonnaire que jamais, ont sans doute réveillé l’assemblée générale. Dans un même élan, le président uruguayen a lié la dette sociale et la survie de la planète : « Au lieu de faire la guerre, il faudrait mettre en œuvre une politique néo-keynésienne à l’échelle planétaire, pour abolir les problèmes les plus honteux. » Comment ? « Le monde requiert des règles globales qui respectent les avancées des sciences », ajoute Mujica. Hélas, « l’ONU languit et se bureaucratise faute de pouvoir et d’autonomie, et de reconnaissance démocratique du monde fragile qui constitue la majorité ».

Reprenant à son compte l’inquiétude des écologistes les plus visionnaires, si ce n’est apocalyptiques, Pepe Mujica dresse un réquisitoire contre une civilisation mensongère, qui a érigé un idéal illusoire, insupportable pour les ressources de la Terre : « Civilisation contre la simplicité, contre la sobriété, contre tous les cycles naturels, et ce qui est pire, civilisation contre la liberté que suppose d’avoir le temps pour vivre les relations humaines, l’amour, l’amitié, l’aventure, la solidarité, la famille… » Les murs du siège de l’ONU résonnent encore des paroles prophétiques du président uruguayen.

 

 

 

Source : http://america-latina.blog.lemonde.fr/2013/09/25/les-dole...

15/10/2013

Prix Pinocchio du "développement durable" : votez !

En partenariat avecCRID Peuples Solidaires

Pourquoi les prix Pinocchio ?Pourquoi les prix Pinocchio ?

Pourquoi les prix Pinocchio ?
 
Les prix Pinocchio du développement durable, organisés par les Amis de la Terre France, en partenariat avec le CRID et Peuples Solidaires, ont pour but d'illustrer et de dénoncer les impacts négatifs de certaines entreprises françaises, en totale contradiction avec le concept de développement durable qu'elles utilisent abondamment.

Depuis l'émergence au niveau international du concept de Responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSEE), notamment lors du Sommet pour la Terre de Johannesburg en 2002, ce sont les approches volontaires qui prédominent : Pacte mondial des Nations unies, principes d'Equateur des banques, principes directeur de l'OCDE, chartes éthiques, etc.

Autant d'engagements juridiquement non-contraignants, et de ce fait inefficaces : tandis que les entreprises bénéficient de retombées positives en termes d'image auprès de leurs actionnaires, de leurs clients et des citoyens, elles ne s'engagent en contrepartie que sur des grands principes généraux peu opérationnels, et ne sont pas redevables de leurs actes en cas de non-respect de ces approches volontaires. Bien que soutenues au plus haut niveau par des pouvoirs publics qui privilégient souvent la compétitivité des multinationales aux droits de l'Homme et à la protection de l'environnement), ces approches volontaires ont aujourd'hui largement prouvé leur inefficacité.

Au niveau international, les multinationales profitent de vides législatifs pour mener leurs activités au détriment du respect des droits sociaux, sociétaux, ou de l'environnement dans les pays du Sud.
Des élus et de nombreux acteurs de la société civile, dont les Amis de la Terre, réclament désormais la mise en place d'un cadre juridique contraignant au niveau international, afin d'obliger les entreprises à assumer leurs responsabilités. La mise en place d'un cadre plus strict au niveau communautaire européen, et en France, est déjà une étape intermédiaire nécessaire.
 
 
Choisissez vos Pinocchios parmi trois catégories !

Afin de dénoncer publiquement ce décalage entre les "beaux discours" d'un côté, et la réalité des actes des entreprises de l'autre, les Amis de la Terre décerneront trois prix Pinocchio , en référence naturellement à la fameuse marionnette en bois et à sa très personnelle conception de la vérité :

cat 1- Catégorie « Plus vert que vert » : prix décerné à l'entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles. Les entreprises aiment surfer sur la vague du développement durable pour légitimer leurs activités. Mais la réalité est souvent bien moins verte !
 

cat 2- Catégorie « Une pour tous, tout pour moi ! » : prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles. 1 planète/7 milliards d’êtres humains, l’équation paraît simple. Pourtant certaines entreprises s’approprient une part excessive du gâteau, et dévorent celle des autres. Leur but ? Gaver une minorité au détriment du plus grand nombre.

 

cat 3- Catégorie « Mains sales, poches pleines » : prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d'approvisionnement. Certaines entreprises déploient des trésors d’imagination pour affaiblir ou contourner les normes environnementales et sociales existantes. Leur objectif ? Toujours plus de profit bien sûr, au détriment de l’environnement et des droits humains.

 

Ces prix seront décernés par les internautes, sur la base de trois nominés par catégorie. Ils feront l'objet d'une cérémonie de remise publique le mardi 19 novembre 2013 à partir de 19h, à La Java, 105 rue du Faubourg du Temple, 75010 Paris : pour plus d'informations.

 

Vous souhaitez assister à la cérémonie de remise des prix ? Merci de remplir le formulaire d'inscription.
 
Vous êtes journaliste et souhaitez assister à la cérémonie de remise des Prix Pinocchio ?  Merci d'adresser un mail avec vos coordonnées complètes à Caroline Prak : caroline.prak@amisdelaterre.org / 06 86 41 53 43
 
Pour télécharger des visuels des Prix Pinocchiocliquez ici. 

 

Je Vote !

19:09 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)

Les derniers herboristes - (document INA, 1977)

 

Cette émission est la dernière de la série consacrée aux médecines sauvages. Interviewes d'herboristes dans leurs boutiques, qui parlent de leur métier en voie de disparition, de leur difficultés pour se faire reconnaître (création d'un diplôme d'herboriste supprimé sous Vichy en 1942). Ils expliquent les vertus curatives des plantes médicinales.

 

14/10/2013

L'intelligence animale et végétale -Jean-MariePelt et Boris Cyrulnik

 

 

10/10/2013

Journée mondiale de la santé mentale : une épidémie de suicides dévaste les Guarani

 9 Octobre 2013

Fillette guarani devant son abri en bord de route - des champs sans fin ont remplacé la forêt luxuriante de son peuple. Beaucoup d'enfants se sont suicidé, la plus jeune n'avait que neuf ans.
Fillette guarani devant son abri en bord de route - des champs sans fin ont remplacé la forêt luxuriante de son peuple. Beaucoup d'enfants se sont suicidé, la plus jeune n'avait que neuf ans.

© Paul Patrick Borhaug

Attention : contient des images choquantes

A la veille de la journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre, Survival International révèle de nouvelles données sur le suicide qui affecte les Guarani du Brésil. Face à la perte de leurs terres ancestrales et aux attaques constantes des hommes de main armés, les Indiens affrontent un taux de suicide au moins 34 fois plus élevé que la moyenne nationale.

Les chiffres montrent qu’en moyenne, au moins un Guarani s’est suicidé chaque semaine depuis le début de ce siècle. Selon le ministère brésilien de la Santé, 56 Indiens guarani se sont suicidé en 2012 (les chiffres réels sont probablement plus élevés en raison du manque d’information). La majorité des victimes avaient entre 15 et 29 ans, et la plus jeune n’avait que 9 ans.

Rosalino Ortiz, un Guarani, a déclaré : ‘Les Guarani se suicident car nous n’avons plus de terre. Autrefois nous étions libres, mais aujourd’hui nous ne le sommes plus. Alors nos jeunes pensent qu’il ne leur reste plus rien. Ils s’assoient et pensent, ils se perdent et se suicident’.

Les Guarani ont perdu la majeure partie de leur terre ancestrale – avec laquelle ils possèdent une forte relation spirituelle – transformée en pâturages et en plantations de canne à sucre. Les Indiens sont forcés de vivre dangereusement et dans des conditions déplorables au bord des routes ou dans des réserves surpeuplées, ils souffrent de malnutrition et d’alcoolisme et leur santé est précaire.

La majorité des victimes avaient entre 15 et 29 ans.
La majorité des victimes avaient entre 15 et 29 ans.

© João Ripper/Survival

Les communautés qui tentent de retourner sur leur terre sont confrontées à une extrême violence, les fermiers employant des hommes de main pour les attaquer et, souvent, pour les tuer.

La démarcation des terres guarani devait avoir lieu il y a plusieurs années, mais le processus est aujourd’hui gelé et les hommes politiques brésiliens débattent actuellement sur un amendement constitutionnel qui donnerait au Congrès, influencé par le lobby agricole anti-Indien, davantage de pouvoir dans le processus de démarcation. Ce projet de loi serait désastreux pour les Guarani et leur lutte pour leur terre.

Survival International appelle le gouvernement brésilien à démarquer les terres guarani de toute urgence et exhorte les compagnies telles que la nord-américaine Bunge à cesser d’acheter de la canne à sucre en provenance des terres guarani.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Ces suicides sont un rappel brutal et déchirant de la dévastation que provoque pour les peuples indigènes le vol de leurs terres. Malheureusement, les Guarani ne sont pas un cas isolé – les peuples indigènes à travers le monde souffrent souvent d’un taux de suicide plus élevé que la population nationale. Le soi-disant ‘progrès’ détruit fréquemment les peuples indigènes, mais dans ce cas précis, la solution est claire : il faut démarquer les terres guarani avant que d’autres vies innocentes ne soient perdues’.

Note aux rédactions :

- Visionner la galerie photos sur la réoccupation courageuse d’une partie des terres ancestrales de la communauté guarani de Apy Ka’y

- Télécharger le rapport de Survival sur les Guarani (en anglais).

  

 

Agissez maintenant pour aider les Guarani

09/10/2013

Requiem de Marie-Josée Desvignes

avec 12 encres de l’auteur et des photos d’Hélène Desvignes

 

 L53.jpg
 
Cardère éditions septembre 2013
 
108 pages, 14 €

 

Requiem comme son nom l’indique est une pièce maîtresse et bouleversante. Il s’agit bien comme son titre l’indique d’un hommage à un défunt, une cérémonie du souvenir, mais aussi une pièce d’un puzzle jusque-là resté inachevé, qui vient donc combler un manque, refermer autant que possible une plaie béante, car le défunt, ici, n’a jamais eu d’existence, il n’a jamais été reconnu parmi les vivants et donc impossible de le compter parmi les morts.

Pas de pleurs, sauf les miens, en silence, toujours – loin des autres, quelque chose de honteux – faut cacher.

Il faut cacher et il faut oublier, lui a-t-on dit, et le silence est tombé comme une chape sur la mère. Cette mère qui ne l’a pas vu elle, seul le père l’a vu, l’enfant. Cet enfant non viable, lourdement handicapé, mort peu de temps après avoir été tiré du ventre, deux mois avant terme. Cet enfant qu’il fallait oublier, ne pas nommer, juste un blanc dans la lignée familiale.

Je peux le voir ?… veux le voir…

« … vaut mieux pas, c’est mieux pour toi… »

Pas même enterré. Impossible oubli, impossible deuil de celui qui pourtant avait un nom : Julien.

L’enfant subtilisé – en-volé – enfermé dans la salle des blouses blanches – curiosité monstrueuse, jouet pour la science, je l’ai nommé.

Requiem pour réparer, la mère et l’enfant qui a été, quoiqu’on en dise, qui a été, qui a connu sa mère, dans son ventre, sa mère qui l’a connu, senti, dans son ventre à elle, avec toute cette douleur en partage, elle et lui, lui et elle.

« Il n’y a rien eu – ne s’est rien passé – Vous oublierez – vous êtes jeune – vous en ferez d’autres – c’est mieux ainsi de toute façon – un enfant handicapé ».

Requiem pour dire enfin, pour parler, pour raconter. Requiem pour nommer, tout : l’enfant, la souffrance, la peur, le chagrin, la colère, la vie, la mort. Requiem pour recoudre le ventre-tombe et le lien, entre la mère et l’enfant, la mère et le père, la mère et le monde. Car une femme qui donne la mort en donnant la vie a elle aussi un pied dans la tombe, et elle vit ainsi, à cheval, ici pour les vivants, mais là-bas pour le défunt, elle vit et ravale, étouffée par le silence imposé, comme pour mieux… Mieux pour qui ? Mieux pour quoi ?

À défaut de l’enfouir dans la terre, c’est en moi que je l’ai enfoui, longtemps…

Pas de place pour un enfant qui n’a pas existé aux yeux de la société, une société qui se veut parfaitement organisée, qui ne reconnaît que les enfants officiellement nés, vivants, normaux. Il faut continuer à vivre et un enfant est déjà là, l’aîné, bien vivant. Mais l’aîné de qui ?

Le temps passe vite – occupé à faire grandir des enfants – raison contre folie du monde. Personne jamais ne viendra écouter sa douleur, personne – pas même l’homme qui vit près d’elle. Et lui – où sa peine ?

Requiem qui monte, prière et lumière pour éclairer tout ce noir, tout ce temps dans le noir, parler à cet enfant, qui lui aussi, et peut-être plus encore, a besoin d’amour.

Agrippée aux marches du temps,

je prends dans mes bras cet enfant de la nuit

et sa douceur tremblante

et mon cœur s’ouvre immense

sur un Amour infini

m’unit à la consolation ultime

Et on vibre profondément à l’unisson avec ce chant, cette voix de femme, de cœur de mère, qui vient dénouer un silence impossible, un silence toxique. La poésie ici prend toute sa signification, elle enrobe peu à peu la mémoire-douleur, pas pour l’oublier, bien au contraire, mais pour la reconnaître, l’accueillir et la transcender. Poésie guérisseuse qui vient faire le travail que la société des Hommes n’a pas fait, n’a pas permis, alors qu’elle aurait dû.

L’enfant porté sept mois, qui l’a connu ? – ceux qui l’ont vu ?… ses yeux fermés ont fermé ceux du monde, elle ne l’a pas vu, elle, seule l’a connu.

Requiem est une œuvre saisissante, poignante, dont on ne sort pas indemne et aussi une parole véritablement essentielle pour toutes celles et ceux qui, hélas, ont traversé ou auront à traverser cette épreuve.

 

Cathy Garcia

 

 

 

L53mariejosee.jpgMarie-Josée Desvignes, née d’un père sarde et d’une mère sicilienne, dans un quartier très cosmopolite du sud de la France. « Peu faite pour les lettres » au dire de ses professeurs, elle déserte la littérature pendant dix ans, durant lesquels elle porte ses cinq enfants comme aujourd’hui ses livres, avec amour et passion. Poète et formatrice en écriture, Marie-Josée Desvignes est également professeur de Lettres. Elle est l’auteur d’un essai sur les ateliers d’écriture, et nombre de ses poèmes sont parus en revues (Décharge, Arpa, Poésie première, Gros textes, Encres vagabondes, Encres vives, Friches, Filigranes, L’Échappée belle, Lieux d’être, Landes, Pan poétique des muses…). Requiem est son premier recueil publié.

 

Note parue sur La Cause Littéraire : http://www.lacauselitteraire.fr/requiem-marie-josee-desvi...

08/10/2013

Pierre Colin - Le Nord Intime et Les soleils de l'apocalypse

·         (« Le Nord Intime » Collection Equinoxe Ed. D’Autres Univers, Maison de la poésie Quimperlé, (108 Rue Terres de Vannes 293000 Quimperlé)  Prix : 8 € ;                          

 

·         « Les soleils de l’apocalypse » Encres Vives N° 416 Prix : 6 € 10 (Encres Vives, 2 Allée des Allobroges 31 770 Colomiers Prix : 6 € ).

 

 

Les soleils de l’apocalypse. Michel Cosem.

Il y a chez Pierre Colin une forme généreuse dans l'écriture elle-même et dans les thèmes qu'il veut faire partager. Cette générosité provient à mon avis du travail incessant de la langue mais aussi des choix hardis, hors des sentiers battus.  En lisant Pierre Colin on a un peu l'assurance  que quelque chose changera en vous. 

 

Le Nord Intime. Jacqueline Saint Jean.

Sous le signe de Taliesin se fait ici « l’adoubement de la parole ». Retour au Nord intime, celui de la mémoire, de l’enfance finistérienne, barques et bois sacrés, fous de Bassan, route du Vent Solaire, mythes celtes. Mais le Nord est aussi ce qui dit la route et le sens. Et le poème interroge le chemin. Apprivoisant la distance et la patience du soir. Quand « il faut tout renommer, amour, tendresse, désespoir »

Au bord de l’adieu, frôlé par « les grands froids de la terre et des mots », quand s’épaissit le crépuscule et la barbarie du siècle, s’élève ici le chant profond des métamorphoses. Naissant d’une écriture immédiatement identifiable, charnelle, foisonnante d’images audacieuses, musicale, adagio mêlant force et douceur, percussions de sursaut, reprises de motifs fondateurs, car « tout retourne au bercail des langues ».

Mais si les hommes « répètent sans fin leur leçon de ténèbres », le poème sans fin accueille  et suscite les éclairs de vie : passante de merveille,  odeur des orangers, rouge-gorge des reviviscences. Car il s’agit toujours de renaître, de se recréer dans « l’argile des mots ». De ne pas renoncer. De faire face. Nostalgie future. D’en appeler à la vie, au rêve fécond, à l’impossible, à la beauté. Et de garder, au cœur d’un final émouvant : « Seulement l’oiseau du sourire qui nous vient de si loin que l’œil est sans pays et la main sans rivage »

 

Le Nord Intime. Bruno Geneste.

En quête d’une présence aiguisée d’une direction dans l’errance où règne une  fulgurance de vent et d’écume.  Pierre Colin capte remue en lui l’espace intérieur qui le guide l’aimante et où  « du Nord Intime » monte le goût d’aimer ». L’enfance est là dans l’air de sel et la puissance des éléments lorsque ce poète d’origine bretonne respire cette «  cité qui cherche un coin sûr pour la nuit ». L’on chemine  alors dans ces poèmes solidement charpentés parfois énigmatique«  tout ce que l’on sait vient de la neige » comme dans une proximité de grand souffle qui transcende l’obscurité troue le réel le fait respirer dans un ici maintenant de haut vol là au bout du monde au plus près «  de vieux sémaphore qui agitent  le ciel.

 

Des chants telluriques. Le Nord Intime.  Les soleils de l’apocalypse. Cathy Garcia

La poésie de Pierre Colin puise dans le grand chaudron de l’inconscient universel, celui de la quête et du mythe. Celui qui a laissé depuis l’aube de l’humanité, des signes étranges et puissants dans le tissu du temps, afin que nous puissions, en acceptant le jeu de piste qu’ils nous proposent, remonter à la Source de laquelle profane et sacré s’écoulent, mêlés dans une même eau. Le souffle du Grand Cornu y terrasse Thanatos, et les femmes ont des traits, des gestes et des allures de déesses originelles. C’est une poésie d’une grande beauté, qui a du corps autant que du rêve et la sagesse de celui qui a dompté sa force pour la mettre au service d’une verticalité parfois vertigineuse. C’est une poésie qui ouvre aussi sur l’horizon, qui agrandit l’espace, gonfle les poumons et nous fait nous sentir plus vastes et plus humains, dans le sens le plus noble du terme, c'est-à-dire paradoxalement, chevaleresque. Et dans ce chaudron, que Dagda ne renierait pas, Pierre Colin nous concocte des élixirs de longue vie et de longue vue, on se sent réellement revigoré par ces alcools de langue, que ce soit cheminant vers « Le nord intime » ou dans les chants telluriques des soleils de l’apocalypse, on touche à l’essentiel et je puis dire sans m’égarer outre mesure, que Pierre Colin renoue avec la fonction première et la plus primitive du poète : celui qui voit, celui qui sent, celui qui trace le pont, transmet la parole des mondes invisibles et pourtant si proches, puisque à l’intérieur de nous-mêmes. (Une première version de Nord Intime a été créée - en 2 exemplaires - par Cathy Garcia sous la forme d’un livre d’Artiste : 

http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.h...)

 

 

Une musique de chambre qui va à l’essentiel,  Jean Luc Wauthier.

 J’ai été très sensible, autant à votre écriture qu’à votre climat poétique. Alors que tant de poètes élisent l’ellipse et l’abstraction, c’est avec un art très juste que vous pratiquez la modulation qui sert de support à une nostalgie qui reste secrète et pudique. C’est bien ici, entre le feu de la lave et la nuit existentielle, que s’éploient ces poèmes qui, musiques de chambre, vont à l’essentiel d’un désarroi que seule la parole peut exorciser. Jean Luc Wauthier, Directeur du Journal des Poètes( Bruxelles)

 

 

Les deux recueils sont parus au début de l’été 2013.

 

Fais de port.

 

Pour 1 recueil, 1€ ;

 

Pour 2 recueils , 2€ ;

 

Gratuit à partir de 4 recueils.

 

 

 

Si vous désirez un ou plusieurs recueils dédicacés, signalez-le lors de votre commande.

 

 

 

 

 

Pierre Colin « Le Nord Intime » Collection Equinoxe Ed. D’Autres Univers Prix : 8 € (108 Rue Terres de Vannes 293000 Quimperlé).

Pierre Colin « Les soleils de l’apocalypse » Encres Vives N° 416 Prix : 6 € 10 (2 Allée des Allobroges 31 770 Colomiers).

Fais de port. 1 recueil=1€ ; 2 recueils = 2€, Gratuit à partie de 4 recueils.G

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04/10/2013

Râpures de la nuit

 
Poèmes d'Odile Fix
accompagnés de 3 dessins de Françoise Cuxac
 
 
(tiré à 50 exemplaires)


 ..."piétinements
éraflures
caresses d'ombres"...

..."elle compte les cris
devenus feuilles mortes"...
 
 

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Fabriqué à Bélinay (Cantal) en Juin 2013 6 € l'exemplaire
Contact : francoise.cuxac.over-blog.com

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03/10/2013

Recours au poème : Basarab Nicolescu

par : Cristina Hermeziu        Source : http://www.recoursaupoeme.fr


« D’orgasme en orgasme, Dieu nait.»
Entretien avec le physicien et l’écrivain Basarab Nicolescu,
auteur des Théorèmes poétiques, Curtea Veche Publishing, 2013.

 

Née d’un « orgasme cosmique », l’humanité prend-elle la mesure de sa haute dignité ? Pourquoi les recherches transdisciplinaires prophétisent un monde futur encore vivable ?... Et bien d’autres réflexions inquiétantes et rassurantes à la fois rythment le dialogue avec le physicien et l’écrivain Basarab Nicolescu, l’un des penseurs les plus complexes de notre temps. A deux pas du CentQuatre, dans son appartement perché au sixième niveau d’une tour tranquille du XIXe arrondissement de Paris, l’amphitryon allume sa pipe et étale devant moi 12 carnets à couverture orange : le manuscrit des Théorèmes poétiques. Une écriture presque sans rature et des centaines de sentences, en français. Pourtant ce n’est pas sa langue natale.

Né en 1942 à Ploiesti, Basarab Nicolescu fuit la Roumanie communiste en 1968 pour s'établir en France. Il devient physicien théoricien au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et  fonde en  1987 le Centre international de recherches et études transdisciplinaires (CIRET). Il est notamment l’auteur de Nous, la particule et le monde (Le Rocher, 2002), Le tiers secrètement inclus (Babel Éditeur, 2003), La transdisciplinarité, manifeste (Le Rocher, 1996), L'homme et le sens de l'Univers - Essai sur Jakob Böhme, (Le Félin - Philippe Lebaud, 1988, 2e édition 1995).

Ses écrits témoignent d’une démarche transdisciplinaire structurée, censée penser le monde à travers le regard croisé du scientifique, du philosophe et du poète, à l’instar de ses Théorèmes poétiques (Le Rocher, 1994), œuvre inclassable. Les « vérités » qui ont traversé l’auteur se sont nouées dans un placenta de sens et de correspondances qui, tout en gardant intact le profond mystère de la trans-mission, se sont déployés dans des fragments littéraires limpides. Portés par un souffle poétique saccadé, les postulats renvoient à la mécanique incantatoire des psaumes, des sourates ou des versets.

A l’occasion de la parution en 2013 d’une nouvelle édition bibliophile et bilingue, illustrée par le graphiste Mircia Dumitrescu, chez Curtea Veche Publishing, Basarab Nicolescu revient sur la genèse mystérieuse de ce recueil atypique ainsi que sur les frontières tenaces qui rendent opaque la connaissance de l’humain. « L’œuvre d’un métapoète » (Michel Camus), les Théorèmes poétiques livrent dans un langage axiomatique les lois ineffables qui régissent l’univers et l’humain, la nature et la conscience, la physique quantique et la poésie. A portée de main, le fin fond des choses est transparent et pourtant l’éclat reste impénétrable, comme la profondeur lointaine des ondes trop claires. (Cristina Hermeziu)

 

Cristina Hermeziu : Comment est-il possible d’écrire, de continuer à créer, après avoir créé précisément « Les Théorèmes poétiques », un opus complexe qui semble dire Tout ? Avez-vous le sentiment que ce livre est votre destin ?

Basarab Nicolescu : Il fait partie de mon destin mais j’espère que mon destin soit encore plus riche. Il est vrai que ce livre est fondamental  dans mon itinéraire d’écriture. Mais cela dépend de ce qu’on entend par le mot « tout »…

CH : Cela veut dire que le livre est un placenta de sens, un concentré de significations, exprimé d’une façon définitive. Comment l’avez-vous écrit ?

BN : C’est une expérience d’écriture et aussi de transmission. Les vannes de l’imaginaire, les vannes du sentiment et les vannes du non-dit se sont ouvertes. Je crois qu’il y a beaucoup de non-dit dans ce livre et aussi beaucoup d’humour, moi-même j’en ai été étonné. J’ai écrit pas mal de livres mais celui-là reste unique parce que c’est apparu tout d’un coup, pendant une très courte période de deux mois, presque dicté, comme si j’avais essentiellement  une fonction de scribe. Les modifications on été minimes, malgré le fait que la langue française n’est pas ma langue maternelle et j’avais très peur qu’il puisse s’immiscer des erreurs. En ‘92-’93, quand le manuscrit a été prêt,  mon premier juge a été Michel Camus, mon grand ami, philosophe, éditeur et poète. Il m’a dit : « C’est une création de langue, ne change rien. » Et je n’ai rien changé.

Mon rôle a été de trouver un itinéraire parmi ces fragments qui sont apparus dans un désordre total. Je les ai notés sur des carnets dans des situations des plus rocambolesques : pendant mes voyages en métro, pendant les cours de physique, même sous la douche. C’étaient des textes extrêmement précis. En total cela fait 12 carnets. Ça a été tout dit, par moi, mais ce n’est pas moi qui a dit tout,  j’ai encore des choses à dire et des livres à écrire, je crois.

CH : En quoi cela reste pour vous, bien des années après, une expérience unique ? De quelle manière le mystère est toujours vivant ?

BN : C’est tellement unique que j’ai essayé d’imiter certains fragments et je n’ai pas réussi. C’est impossible à réécrire. Cela reste une expérience unique dans ma vie d’écrivain, non répétée. Je crois qu’elle ne peut pas se répéter. Mais ça a une position singulière dans le sens de l’expérience. Je vous donne une anecdote : j’étais, après la publication du livre par Jean-Paul Bertrand, aux éditions du Rocher, avec Michel Camus à Namur, à la Maison de la Poésie. Camus a parlé du livre et un acteur a fait un récital où il a mêlé des fragments de mon livre avec des poésies de Rûmi [poète persan, XIII è siècle]. Après le récital, une dame est venue me voir et m’a demandé : « C’est vous Monsieur Rûmi ? » Ça m’a fait énormément plaisir. Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui traverse le temps. Oui, parmi mes propres obsessions, la vie, la mort, Dieu, la transdisciplinarité, la poétique quantique, certaines choses n’auraient pu être dites par Rûmi  - par exemple la poétique quantique - mais l’essence, elle y est : il y a une intelligence, sublime, une intelligence qui n’est pas la mienne mais qui m’est transmise et qui s’est matérialisée par  des mots.

« La complexité est une mesure de la distance entre l’homme et Dieu. » (Théorèmes poétiques, La nature, 80)

CH : On a l’impression, en lisant ces fragments, qu’ils sont portés par un souffle poétique mais en même temps ce n’est pas que de la poésie. Sous votre plume, c’est une gnose. Vous savez plus que les poètes…

BN : Ce n’est pas que de la poésie. D’ailleurs j’ai trop de respect pour la poésie pour me considérer poète. Oui, ce n’est pas un travail sur la langue, mais c’est un travail d’entre les langues. Ce qui se trouve entre les langues, entre les mots, sorti de mon sentiment et non pas de ma pensée. Oui, c’est une gnose, si on comprend par la gnose une connaissance qui se révèle. Il y a multiples définitions de la gnose, le terme est très connoté. Ce n’est pas dans le sens des gnostiques chrétiens, mais dans le sens d’une connaissance qui est une évolution. Notre évolution intérieure dépend de nos efforts et de la connaissance, qui n’est pas donnée, ce n’est pas un état de grâce. Donc mes fragments, je préfère les appeler  des « fragments », sont effectivement une gnose qui met ensemble toutes mes expériences de vie et aussi quelque chose qui peut être transmis. J’ai dit quelque part dans les Théorèmes que la plus haute mission est la trans-mission,  ce qui est au-delà de toutes les missions possibles. 

Ce ne sont pas non plus des aphorismes. Un aphorisme résiste par lui-même mais ce qui est très étonnant dans ce livre - j’ai fait l’expérience parce que l’écriture a été complètement  chaotique du point de vue de l’ordre - c’est que pour trouver un cheminement je me suis rendu compte d’une propriété étonnante de ces théorèmes : chaque théorème dépend de tous les autres,  autrement dit il y a interaction entre les théorèmes. Qui s’est matérialisée d’ailleurs dans les 4 ou 5 variantes différentes que j’ai trouvées. Ce qui a été publié ce n’est qu’un cheminement possible, celui que j’ai estimé le plus convenable du point de vue du lecteur. De mon propre point de vue il y en a d’autres trajectoires possibles. Ce sont des fragments en interactions qui se réfléchissent les uns les autres un peu comme les monades.

Ce ne sont pas des théorèmes non plus. C’est comme des théorèmes dans le sens qu’une fois posées certaines idées qui se retrouvent dans divers chapitres, une fois données les bases, on peut littéralement découvrir les conséquences de ces idées. Je vous avoue que les choses m’intéressaient aussi sur le plan religieux. Il y a par exemple un chapitre sur Dieu où je parle de « l’orgasme de Dieu », ce qui a effrayé pas mal d’oreilles « vierges» et pudiques parmi les théologiens… à tel point qu’au moment de la traduction du livre en Roumanie -  par Leonid Arcade qui a dirigé pendant 30 ans dans les années 1950, un cercle littéraire où venait lire Eliade -, il m’a dit : il est impossible de les publier, il faut supprimer 30 - 40 théorèmes , sinon cela va faire un scandale immense surtout dans le milieu dogmatique orthodoxe roumain. Ça se passait dans les années ’90. J’avoue que j’ai accepté : toutes les éditions roumaines parues depuis sont incomplètes, elles ne comprennent pas les théorèmes sur l’orgasme de Dieu, jusqu’à l’édition publiée en 2013 par Curtea Veche, la première édition complète. Le graphiste Mircea Dumitrescu, qui travaillait sur l’illustration de cette édition, s’est rendu compte qu’il y avait des théorèmes qui manquaient. J’ai traduit moi-même les trente ou quarante théorèmes qui manquaient.

«Le but de la naissance de notre univers : l’auto-naissance de l’homme. Ce qui explique pourquoi la terre est si ridiculement petite et pleine et notre galaxie si désespérément grande et vide.» (Théorèmes poétiques, La vie - la mort, 2)

CH : Qu’est-ce que cela veut dire « l’orgasme de Dieu » ?

BN : C’est une expression de Stéphane Lupasco que j’ai  trouvée admirable. Cela n’à rien avoir avec le Dieu chrétien, c’est dans le sens d’un orgasme cosmique. Il ne s’agit aucunement de toucher la personne divine. A mon sens, il y a eu un besoin de connaissance de soi-même, de Dieu lui-même. Sa toute puissance, Son éternité a eu besoin à un moment donné, un besoin terrible, de se connaître Lui-même. Et Il a décidé de faire cette chose innommable, incontournable pour Lui mais innommable pour nous, c’est nous créer nous, des êtres évidemment inférieurs à Lui, de s’abaisser en quelque sorte en créant quelque chose qui n’est pas Lui et qui est en même temps Lui. Comme il s’agit d’une puissance, quel qu’elle soit, si vraiment il y a un créateur, qu’il soit de la religion égyptienne, chrétienne, mexicaine, islamique, ce n’est pas ça qui est important, ce qui est important dans ce monde quand vous avez une énergie infinie - Dieu probablement a une énergie infinie - l’explosion ne peut être que du type de Big Bang, que nous connaissons en cosmologie, en science. Si Dieu nous a créés, s’il a donné l’humanité, ce n’est que par amour. Je ne dis pas que Dieu avait une compagne, ce serait absolument impossible de le dire, mais je crois que l’on met trop de masculin dans ces choses. Il doit y avoir un force féminine dans toute cette histoire de création - que l’on appelle la sagesse, Sophia, ou autrement, ça dépend des époques, peut importe - mais cela ne se passe pas sur le plan du sexe, bien entendu, mais sur le plan des polarités : oui, on peut penser qu’il y a eu un orgasme divin, qui a déclenché  cette création inouïe.  En tant qu’homme de science, je l’avoue, c’est une chose inouïe : ce gaspillage de semences, on a créé des centaines de millions de galaxies et de galaxies, et pourquoi ? pour avoir une toute petite planète dans un système solaire tout à fait marginal, dans une galaxie qui n’a rien de spécial, pour créer l’être humain. Et pour ça on a eu besoin d’une quantité infinie d’énergie, d’espace, de temps, de matière. Eh oui, cela ressemble à une sorte d’orgasme que l’humain ne peut  pas prouver, il ne peut que le sentir. D’ailleurs, une parenthèse, cette idée qui semble très hérétique pour les gens superficiels, se retrouve chez des penseurs chrétiens, dont Jakob Böhme.

«L’aspect le plus magnifique et le plus effrayant de ce monde est le principe de maximalité : si on attend suffisamment longtemps, tout arrive. Même les miracles et même les pires horreurs.» (Théorèmes poétiques, La nature, 66)

CH : Il y a eu donc un gaspillage phénoménal d’énergie et voilà, nous, les humains, nous sommes là. Pourquoi ? Qu’est-ce que les humains sont appelés à découvrir  en étant appelés à la vie suite à cet orgasme cosmique ?

BN : La réponse à cette question ce serait un livre de philosophie, pas un livre poétique. Je crois que ces théorèmes nous apprennent d’une manière magnifique  - parce que, encore une fois, je ne me sens pas vraiment l’auteur de ce livre, plutôt le scribe -, que le mystère on peut jamais l’épuiser, on peut l’approfondir. Le grand poète Lucian Blaga [poète roumain, 1895-1961] parlait de ça et je suis de son avis.

CH : Ce n’est pas à l’explication ultime que je vous provoque, plutôt formuler le mystère. Qu’est-ce que, d’après vous,  nous ne savons pas ?

BN : Il y a deux types de choses que nous ne savons pas. Il y a, d’un coté, les énigmes. En science il y a des énigmes qui s’éclaircissent avec le temps. Il n’y a pas de questions formulées scientifiquement, sur la base d’une méthodologie scientifique, auxquelles on ne puisse pas répondre. On répond. Mais ce que la révolution quantique du début du XXe siècle nous a montré c’est qu’il y a des questions auxquelles nous ne répondrons jamais. Il y a donc un autre type de vrai mystère; le mystère c’est quelque chose d’inconnaissable pour toujours. La science opère sur l’inconnaissable mais pour un certain temps, cela fini toujours par s’éclaircir, et je crois que l’aventure magnifique de la science dans le XXe siècle est de faire entrer en dialogue l’inconnaissable et le connaissable. Ces théorèmes poétiques, pour moi, c’est  le témoignage de cet inconnaissable pour toujours. Qui n’est pas du déni, qui n’est pas une faillite de l’humain, c’est tout le contraire, je dirais, c’est donner la dignité la plus haute de l’humain, c’est-à -dire son propre mystère irréductible. Et à ce moment là,  peut-être, nous apprendrons à respecter l’Autre, à avoir de la vraie tolérance.

CH : Vous êtes physicien, écrivain et philosophe et vos livres témoignent de cette triple vocation. Est-ce que vous êtes également un mystique ?  Michel Camus parlait, dans votre cas, d’une métaphysique expérimentale. La pratiquez-vous ?

BN : Le mot « mystique » je le rejette complètement. La mystique dénote, de mon point de vue, une fusion avec l’inconnu. Dans mon cas il ne s’agit pas du tout de cela. Il s’agit d’un dialogue avec l’inconnu, avec le mystère, avec  Dieu ou Dieux au pluriel, peut importe, mais dialogue. Dans ce sens là, on peut parler, en revanche, comme l’ont si bien dit Michel Camus et René Daumal, on peut parler d’une métaphysique expérimentale. Vous savez, s’il y a une famille spirituelle de laquelle je me réclame c’est justement la famille du Grand Jeu. Ce mouvement, apparu en 1930 en France, rivale du surréalisme, réunissait des jeunes incroyables de Reims - René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte, Roger Vailland - qui étaient intéressés, oui, par la mystique, par  René Guenon, par André Breton mais en même temps ils rejetaient tout ça  au nom d’une métaphysique expérimentale. 

CH : Qu’est-ce que c’est, au juste, la métaphysique expérimentale ?

BN : La métaphysique expérimentale déplace l’accent de la pensée raisonnante, la pensée qui pense, qui associe sans cesse, à un autre type de pensée,  sans nom. Une pensée que j’ai éprouvée -  je sais de quoi il parle, puisque pour René Daumal [1908-1944] j’ai organisé un colloque à l’occasion de son centenaire, et c’est une figure de mon Panthéon à moi. La métaphysique expérimentale c’est déplacer  la connaissance sur le plan de l’éprouvé, du vécu. La connaissance de l’inconnaissable. C’est un oxymore qui dit beaucoup sur la progression de l’Etre.

« L’antigravitation poétique est aussi universelle que la gravitation physique.» (Théorèmes poétiques, La Nature, 133)

CH : Vous avez créé et théorisé la démarche de la transdisciplinarité. Qu’en est-il aujourd’hui de cette théorie, dans une époque de plus en plus spécialisée, surtout technologiquement ? La transdisciplinarité arrive-t-elle à fédérer les approches ou cela reste, en quelque sorte, une théorie marginale ? En quoi le monde qui nous attend sera vivable grâce à la transdisciplinarité ?

BN : Je vais vous répondre par un théorème, pas par un discours philosophique. « Equation magique : Science + Amour = Poésie.». Je crois que cela dit les défis que l’on a actuellement dans cette multiplication de la connaissance : on a 8000 disciplines différentes, 8000 réalités différentes et le défi c’est de les réunir pour comprendre ce monde où nous sommes. On a une chance extraordinaire : une avancée fabuleuse de la science mais qui seule ne peut rien faire. On a la chance d’une civilisation – une suite de civilisations - qui nous ont laissé un trésor de sagesse, mais la sagesse par elle-même ne peut rien faire non plus. Parce que les forces qui sont face à notre techno-science sont trop grandes, sont irrationnelles. Donc, ce lieu de rencontre qui est la transdisciplinarité est justement entre science et poésie. Un dialogue qui peut fonder une civilisation vivable et durable. On peut l’imaginer. C’est pour ça que l’une des affirmations des théorèmes, qui a fait « scandale » parmi mes collègues, c’est « Les poètes sont les chercheurs quantiques du tiers secrètement inclus. La rigueur de l'esprit poétique est infiniment plus grande que la rigueur de l'esprit mathématique. ». Je ne parle pas d’une écriture formelle, vide, écriture pour ne rien dire, jeu de mots, pour moi  l’écriture poétique c’est pour apprendre, pour comprendre. Pour moi, admirateur de la poésie, la poésie est une connaissance. Mais cette connaissance en dialogue avec la connaissance scientifique peut donner naissance à quelque chose de nouveau que j’appelle de tout mon être. Mes efforts sont concentrés depuis longtemps sur cela, c’est-à-dire cette connaissance transdisciplinaire, transreligieuse, transnationale, transculturelle, quelque chose qui finit une fois pour toute avec les douaniers : les douaniers de la réalité, les douaniers de la connaissance, les douaniers qui nous imposent d’être des gens limités, bornés, et qui prennent des décisions qui mènent toujours à des conflits.

Cette prise de conscience est partout : je l’ai constaté en Roumanie, en Brésil, au Costa Rica, au Mexique, dans beaucoup de pays du monde. Il y a une faim incroyable de quelque chose de nouveau et de vivable. On en a marre de la langue de bois, on en a marre de la vérité unique, on en a marre de tous ces parachutages de vérités qui sont données comme des vérités absolues qui ne sont que des constructions, pour tromper le peuple. On a besoin de cette ouverture. Je ne serais pas appelé aux tous les coins du monde s’il n’y avait pas ce besoin. Si cette prise de conscience va se matérialiser ou non dans une autre type de civilisation - c’est ça peut-être derrière votre question - on ne le sait pas  parce que l’homme est imprévisible.

« La Vallée de l’Etonnement est une vallée quantique : la contradiction et l’indéterminé guettent le voyageur.» (Théorèmes poétiques, La Nature, 99)

CH : Au Salon du livre de Paris 2013, où la Roumanie a été pays invité d’honneur, vous avez animé  une table ronde autour du thème « Les coulisses de l’écriture : le principe d’incertitude.» Quel rôle joue dans nos vies, dans nos réflexions, dans nos créations, l’incertitude ?

BN : J’ai dialogué avec des invités extrêmement compétents. Il y avait Solomon Marcus, un mathématicien et sémioticien roumain très ouvert, l’essayiste et traducteur Bogdan Ghiu et  Houria Abdelouahed, non seulement psychanalyste, mais également  traductrice du grand poète arabe Adonis. Elle a travaillé sur ce chef d’œuvre qui s’appelle Le Livre, en trois tomes et chaque tome fait 600-700 pages ! Comment trouver des équivalences entre l’arabe et le français dans le cas d’une grande poésie ? 

Nous sommes des êtres d’incertitude. Il y a toujours des accidents, de l’incertitude dans nos vies. De grands créateurs, même en France, l’ont très bien compris. En esthétique il y a un courant,  l’esthétique quantique, où on essaie de mettre ensemble tous les principes, dont le principe d’incertitude, dans le jeu d’acteur, et je vais vous donner le grand nom de référence, celui de Claude Régy. Il a écrit un magnifique livre sur l’incertitude, sur le plan de la mise en scène, sur le plan de la parole dite en scène par les acteurs, sur l’interaction avec le spectateur [L'Etat d'incertitude, Les Solitaires intempestifs, 2002].

Cette incertitude a apparu premièrement dans le domaine de la science pure, de la physique quantique, par le principe de Heisenberg qui disait que si on veut mesurer très précisément la position d’une particule, à ce moment là la dispersion de l’énergie ou de la vitesse est infinie. Donc l’impossibilité de mesurer simultanément deux choses que la pensée classique croyait que l’on peut mesurer. Heisenberg, qui était aussi un grand philosophe, a senti que son principe peut s’étendre à beaucoup d’autres phénomènes. Personnellement, j’ai fait un travail d’extension de ce principe d’incertitude dans le domaine de l’information physique et de l’information spirituelle, et j’ai essayé de formaliser cela dans mes travaux transdisciplinaires. C’est-à-dire, quand nous nous concentrons trop dans les domaines de la vie courante, on éclipse, on met en potentialité, toute l’information spirituelle qui existe là depuis toujours, à notre disposition ; ou bien si on se concentre seulement sur l’information spirituelle, par la méditation, par la prière, le silence des mots, à ce moment là c’est le monde de tous les jours  qui disparaît. Donc il y a un jeu de contradictions entre cette information spirituelle et cette information physique qui nous donne une clé là-aussi pour notre évolution future en tant qu’individu et en tant que collectivité.

                                                                                 

 

Propos recueillis par Cristina Hermeziu

 

02/10/2013

Le désespoir des anges d’Henri Kénol

 

 

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Actes Sud, avril 2013

326 pages, 21,80 €

 

 

Ce roman qui se déroule à Haïti est un roman coup de poing, sans concession, qui nous plonge au cœur de la Cité, ces quartiers à la périphérie de Port-au-Prince, ville qui ne sera jamais cité autrement que par le terme de centre-ville, en opposition à ces ghettos tombés entre les mains de gangs d’une violence qui n’a d’équivalent que la misère dont ils sont issus. Peu importe la qualité de la graine, pour survivre dans ce terreau-là, elle ne pourra devenir que mauvaise. Des gangs qui maintiennent leur pouvoir tout en servant, chef après chef, car les têtes tombent vite, le Président et ses sbires, y compris leurs intérêts étrangers, chez qui là aussi, sinon plus, trafic, violence et corruption sont les maîtres mots. Ainsi les gangs fournissent d’innombrables mains sales et promptes à faire parler fusils et machettes, les malheureusement trop fameuses « chimères » d’un président dont le nom ne sera pas cité. Qu’importe, l’histoire se répète à Haïti comme ailleurs. Des hommes de mains pour semer la terreur dans la population, faire taire des opposants et manifestants gênants. En échange, les zotobrés, les notables, ferment les yeux sur les abominations commises dans les territoires-prison qui sont sous contrôle des gangs, ces quartiers miséreux et cette population dont personne ne veut ailleurs, ils y envoient parfois discrètement des bulldozers pour enterrer les morts et cacher les charniers quand ils sont trop nombreux…

 

Ceci pour le contexte général, mais dans ce roman, narré à la première personne du singulier, il s’agit avant tout d’une histoire au féminin, et principalement celle de la narratrice, dont on ne saura jamais le prénom. Une jeune fille dont la mère travaillait sans relâche au service d’une maison de maîtres, pour permettre à sa fille d’avoir une bien meilleure vie qu’elle, dans un monde où l’on ne peut compter que sur soi et surtout pas sur les hommes. Et c’est aussi ça, le thème principal du roman, la violence et la prédation des mâles. La narratrice était une fille brillante, une élève modèle à l’école, une école côté que Winsor Pierre-Louis avait réussi à créer au cœur même de la cité, à laquelle il avait consacré sa vie, bien avant qu’il ne soit sauvagement assassiné par des enfants devenus grands et violents. C’était le premier et quasi le seul qui avait osé leur tenir tête, sa fin fut atroce. Et les années qui suivirent plus atroces encore.

 

« Je ne me rappelle pas le jour précis où l’ennemi à investi la Cité.

 

Ils étaient venus de nulle part, crachés d’une nuit sans lune. À peine plus haut que des enfants, avec des armes plus grandes qu’eux. Certains adultes disaient avoir prédit ce malheur. Ils les avaient vus dans leurs cauchemars des temps d’orage, dans des ténèbres si opaques qu’elles anéantissaient même l’espoir d’un lendemain. (…) Ils avaient grandi sous le soleil et les étoiles sans jamais connaître la douceur d’une berceuse, les murmures de chants d’enfant, encore moins les caresses d’une mère ou la chaleur d’un foyer. »

 

A ce moment là, notre jeune narratrice, l’élève modèle que Winsor Pierre-Louis appelait son étoile, celle qui se rêvait médecin, était déjà devenue la petite amie de Mario, le Suprême, le chef de ceux qui s’étaient emparés de la Cité et l’avaient fait basculer dans l’horreur et le sang. Elle avait 15 ans et elle aussi fêtera la mort de Winsor Pierre-Louis.

 

Pour comprendre, il faut remonter à ce viol, dont elle a été victime quelques temps auparavant, un viol ultra violent perpétré par Mr Ronald, le fils des maîtres de la maison dans laquelle sa mère travaille, lui et plusieurs de ses amis. Une scène banale en fait, sur laquelle il faudra poser le silence, pour que sa mère puisse continuer de travailler, pour qu’elle puisse avoir une meilleure vie, devenir médecin… Seulement voilà, de ce viol poussera un enfant, puis une fausse couche à 4 mois lui laissera une longue cicatrice tout au long d’un ventre qui ne pourra plus jamais porter de fruits…. La colère qui naîtra suite à ce viol jamais puni ne quittera pas la narratrice, elle fera définitivement basculer sa vie pour le pire, mais lui donnera aussi suffisamment de rage pour survivre à d’innombrables violences. D’autres viols suivront, elle-même sera complice d’abominations par le fait d’être la « putain » de celui qui fera régner la terreur sur la Cité : Mario, qui lui aussi était il y a longtemps un gentil garçon, aimé de trop près par le curé auquel il faisait confiance, confiance violée également, qui fera de lui un tueur, un tueur qui à son tour sera tué par plus féroce que lui.

 

Quand Mario tombera, remplacé par Stivans, encore plus fou et bien plus ambitieux, la narratrice devra s’enfuir, se cacher. Une femme l’aidera, Soledad, une « chimère » qu’elle avait déjà rencontrée, qui joue double-jeu et cache des « intouchables », enfants dont les familles ont été exécutées et dont nul ne doit s’occuper, dans l’ancienne maison de la mère de la narratrice. Sa mère morte sans avoir pardonné sa fille, mais en priant pour que dieu l’épargne « quand sa colère balayera toute cette racaille ! ».

 

Toute la trame du roman est bâtie sur la spirale, forme typique de la littérature haïtienne. Quand la narratrice commence à se remémorer, elle a toutes ces années de violence derrière elle, elle a quitté le bordel de madame Rosie, havre de paix et d’amour comparé à sa vie dans la Cité, et on dirait qu’elle a vécu déjà plusieurs vies, alors qu’elle a à peine 25 ans. Elle travaille pour une famille bourgeoise et sert bien évidemment de maîtresse à l’homme de la maison, ce qu’ignore son épouse qui vit dans un autre monde et qui est bien loin d’imaginer celui d’où vient la narratrice.

 

« Moi, ton homme, il suffit  qu’il vienne me visiter, rien qu’une fois, et que le tonnerre m’écrase si après ça il a envie de voir ailleurs.

 

Parce qu’à l’intérieur aussi, je suis marquée. Profond, dans mon ventre labouré toutes ces années par tant de sexes ennemis. Mon corps est le terrain sur lequel des centaines d’hommes m’ont livré bataille sans jamais avoir réussi à me réduire. Ceux qui m’ont possédée s’accordent à dire qu’il y a dans mon ventre des fibres qui décuplent leur plaisir. Ce qui fait qu’à l’époque où je faisais la pute, j’étais considérée comme la meilleure. »

 

La narratrice, tout au long de cette remémoration, se trouve devant sa patronne, prête à s’entendre dire qu’elle est renvoyée suite à un plateau de verroteries qu’elle a laissé tombé et tout  s’est brisé et c’est là que ça lui remonte. Tout, toute son histoire, celle qu’elle voudrait balancer à la figure de cette femme, pas méchante non, mais dans son rôle légèrement condescendant de patronne bourgeoise, alors qu’en fait la narratrice à bien vu… Elle a vu les marques, elle a vu ce que cette femme cache et qui la relie à elle bien plus profondément que n’importe quoi d’autres : la trace des coups. Les deux femmes viennent de deux univers qui n’ont rien à voir l’un avec  l’autre et pourtant cette violence masculine va les réunir et au final inverser les rôles. Une violence qui balaie toutes frontières, franchit tous les niveaux de la société.

 

Ce roman se dévore, la crispation au ventre, parfois les larmes aux yeux, mais l’auteur ne joue pas avec l’émotion. C’est du brut, une fiction qui est et a été la réalité d’innombrables filles et femmes dans les bidonvilles de la planète. Cela se passe à Haïti mais l’auteur a réussi à donner une dimension bien plus vaste à ce récit, qui laisse lui aussi après lecture, des traces de coups.

 

 

Cathy Garcia

 

 

 

 

Henri Kénol.JPGDiplômé d’Économie Commerciale et de Gestion ainsi de l’École Normale Supérieure en Sciences Sociales, Henry Kénol travaille actuellement en tant que cadre de gestion dans une entreprise haïtienne. Outre Le désespoir des Anges, publié aux Éditions de l’Atelier Jeudi Soir en 2009, Henry Kénol a publié textes et nouvelles dans le cadre de projets collectifs publiés par des éditeurs d’outre-mer, tels que Rives Neuves Continents ou Actes Sud (il signe l’un des textes qui figurent dans Haïti parmi les Vivants, recueil de témoignages paru après le séisme qui ravagea l’île le 12 janvier 2010). Il a aussi produit de nombreux textes, nouvelles ou poèmes pour les cahiers de l’Atelier Jeudi Soir ou pour le journal haïtien « Le Nouvelliste ».

 

 

 

Article publié sur : http://www.lacauselitteraire.fr/le-desespoir-des-anges-he...

 

La Barbacane et Kahel lues par Jacmo pour Décharge

 

La revue du mois pour septembre :

LA BARBACANE n° 95/98 :

La revue de Max Pons fête ses cinquante ans ! Une paille… Et à tout seigneur tout honneur, l’ouverture de la publication lui est longuement consacrée. La Barbacane est sous-titrée « Revue des pierres et des hommes » et le fait que Max Pons fut guide au château de Bonaguil pendant 38 ans n’y est pas pour rien. A la fois « guide, chercheur, archéologue et historien ». C’est là qu’il organise les « Rencontres de Bonaguil », où il rencontra des poètes aussi importants que Jean Follain ou Pierre Albert-Birot. Ce numéro précisément est dédié à Arlette Albert-Birot disparue récemment. Passionné par l’Espagne, il donne, en outre, une étude intéressante sur Lorca, ainsi distingue-t-il quatre univers dans sa poésie : Un monde réel, un monde céleste, un monde procédant des forces obscures, et un monde d’origine littéraire. Le reste de la livraison est entièrement consacré à des œuvres de création. Et l’on pourrait différencier deux écritures qui font bon ménage au long des pages. Une écriture assez classique, soit dans la forme, soit dans le traitement avec des auteurs comme Paul Placet, Sylvestre Clancier, Francis Denni, Jacques Simonelli, Jean-Yves Masson, ou encore Michel Host, clairement dans la forme choisie : l’onzain (a b a b c c d d e d e), mais avec un contenu sur les jeunes amours nettement moins conventionnel, et même plutôt coquin. De l’autre, une écriture très actuelle avec Cathy Garcia (Ce qui trouble les anges, est-ce un parfum de foudre ou de foutre ?), Louis Bertholom, extrait de son « Bréviaire de sel », Guénane (l’aube shunte l’ombre / goutte à goutte elle suinte / s’insinue dans nos sinus…), ou bien Guy Allix (Il n’est de vrai que la déchirure qui nous relie). Je mettrais à part Colette Davilès et Hugues Labrusse, ni d’un côté ni de l’autre, à mi-chemin peut-être. Un cahier photos rappelle aussi le parcours de ces cinquante années autour de Max Pons avec encore Jean Rousselot et Guillevic, non encore cités. Enfin une revue (imprimée par Le Lérot à Tusson) dont il faut découper les pages, c’est hors norme, de la belle ouvrage décidément. Respect !
Cette parole d’orfèvre tirée de l’éditorial : « Une revue de poésie – même erratique – est un défi en soi. Que peut-elle être d’autre, sinon une publication touchant quelques centaines d’adeptes et sans doute vouée à l’oublieuse poussière. »

15 €. Montcabrier – 46700 Puy-L’Évêque.

 

 

et dans le VRAC

 

KAHEL n° 1 :

Une nouvelle revue papier ! Ce n'est plus depuis belle lurette tous les jours que ça arrive ! « Revue littéraire du voyage ». L'édito de Karim Cornali essaie d'expliquer ce qu'il entend par là. On frôle un peu le paradoxe entre « les voyageurs au long cours » et « les promeneurs du dimanche », d'autant qu'il y est de surcroît question de voyage intérieur, de dimension spirituelle et d'élévation. Mais c'est un premier numéro et il faut se lancer sur des bases assez larges quitte à ce qu'elles soient un peu floues à la limite. On pourra rectifier plus tard, si besoin se fait sentir. Au sommaire, on pourra noter une ouverture à des groupes déjà constitués, ainsi venant du site « Recours au poème » Matthieu Baumier et Gwen Garnier-Dupuy, ou bien de Spered Gouez : Marie-Josée Christien, Marilyse Leroux, Eve Lerner ou Louis Bertholom, enfin des revuistes qui donnent leur contribution comme caution : comme Cathy Garcia (Nouveaux délits) ou Patrice Maltaverne (Traction Brabant)... Kahel propose aussi bien des poèmes que des nouvelles ou des récits. Elle sera trimestrielle.

7 €. 206, avenue de la République – 78500 Sartrouville.

 

 

Source : http://www.dechargelarevue.com/

 

Décharge qui en plus d'un site est surtout et avant tout une revue de poésie incontournable et de qualité, à l'esprit curieux, alerte, voire facétieux. Faut dire qu'elle a de la bouteille aussi ! Jacques Morin (alias Jacmo) et Claude Vercey en sont les principaux maîtres d'œuvre.

11:45 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

01/10/2013

Vient de paraître : POÈMES FOLLETS & CHANSONS FOLLETTES POUR GRAND PETITS & PETITS GRANDS

 


                 

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aux Ed. Nouveaux Délits


 

 Un recueil qui s’adresse avant tout aux enfants

 de 9 mois avant la naissance  à 99 ans et demi après



 

la ronde du chat small.jpg

 

« Dès fois on est content

Dès fois on ne l’est pas

Dès fois on est gentil

Dès fois on ne l’est pas

 

C’est la vie

Et c’est comme ça

C’est comme ça la vie

 

(…)

La vie c’est bien

Et parfois ce n’est pas bien

Mais c’est toujours beau la vie

Mais parfois on l’oublie. »

 
 

  

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LA PREUVE

 

Une petite araignée court

Sur un peignoir de soie décoiffée

 

Un hippocampe s’étouffe

En avalant une étoile filante

 

Si les poissons

Embrassaient les fenêtres

Ce serait la preuve irréfutable

De la montée des eaux

variation sur la grenouille small.jpg


37 poèmes de Cathy Garcia
  12 illustrations originales en couleur  de  Joaquim Hock
 

http://joaquimhock.blogspot.com



Tirage sur papier recyclé limité et numéroté  

56 pages,  15 € 


Bon de commande ci-joint : ÉDITIONS NOUVEAUX DÉLITS BON DE COMMANDE.docx
 

  http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/

   

27/09/2013

Escrava Anastácia, Santa Anastácia

 

escrava anastacia.jpg

 

Anastácia était le fruit du viol d'une femme bantou déportée et mise en esclavage au Brésil et d’un homme blanc européen. Son histoire marque la résistance des déportés qui ont été mis en esclavage. Elle a osé dire à "ses maitres" qu'elle n'était pas leur esclave et qu'elle était née libre. Victime de plusieurs viols et de la jalousie des femmes à cause de sa beauté, elle a été obligée de porter un masque pour avoir refusé les avances du fils de ses maîtres. Un masque qui lui était enlevé seulement pour qu'elle se nourrisse. Elle devient par la suite une figure importante dans la dévotion catholique populaire partout dans le Brésil.