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26/12/2013

Les voeux d'Hamid Tibouchi

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 Les arbres frissonnent plus finement, plus amplement,
    plus souplement, plus gracieusement, plus infiniment
    qu'homme ou femme sur cette terre et soulagent davantage.
    Les peurs, les appréhensions, les soucis, la mélancolie,
    les tendresses, les émotions inexprimables, les arbres,
    pourvu qu'il y ait un souffle de vent, savent les accompagner.    
    Le précieux, le véritablement précieux est distribué sans
    le savoir et reçu sans contrepartie.

    Henri Michaux
    [Extrait de « Poteaux d’angle », Gallimard, 1981]
    __________________________________ 
 
 
 

Les voeux d'Alain Cotten (Zinzoline)

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Les voeux de Murièle Modély

Pas de morose, que du rose...

 
 
 
 

24/12/2013

Assortiments de crudités, passées à la presse

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20/12/2013

Jack et la mort de Tim Bowley

 

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illustration de Natalie Pudalov 


OQO éditions – octobre 2013.


32 pages, 15,50 €.

 

 

Cette histoire inspirée de La mort attrapée dans une noix, un conte traditionnel britannique, traite avec délicatesse d’un sujet lourd et grave comme la mort d’une maman pour un petit garçon, et recèle un trésor de sagesse qui permet aux petits comme aux grands de comprendre, très facilement, une leçon des plus essentielles : la mort fait partie de la vie, elles sont indissociables.

 

En effet, quand le petit Jack croise « une silhouette élancée, vêtue d’une cape noire et le visage caché sous une capuche », qui cherche où se trouve sa maison, Jack comprend aussitôt que c’est la Mort qui vient chercher sa maman malade. Quoi de plus inacceptable pour un petit garçon ? Laisser la mort lui enlever sa maman ! Aussi comme il est malin, il va faire perdre du temps à la Mort en la défiant de nombreuses façons jusqu’à trouver le moyen de l’enfermer dans une bouteille.

 

Et ça marche ! Quand Jack retourne chez lui sa mère est en pleine forme, elle chante et veut manger. Elle l’envoie donc chercher du bacon. Mais qu’elle ne fut pas la surprise de Jack arrivant chez le boucher, de voir celui-ci aux prises avec un cochon qu’il n’arrive pas à tuer. Les poulets, c’est pareil, impossible de les tuer. Le couteau rebondit sut le cochon et les têtes coupées des poulets reviennent aussitôt sur leur cous. Qu’importe, dit sa maman, et elle l’envoie chercher des légumes au jardin pour faire une délicieuse soupe. Mais au jardin, c’est pareil, impossible de sortir les carottes de terre, pas plus que les pommes de terre, sans parler de ramasser des haricots ou même une pomme.

 

  

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C’est comme ça que les jours passant, les villageois commencent tous à avoir très faim, et avec ça ils sont de plus en plus envahis de mouches, de puces, de moustiques… La maman de Jack se doute qu’il y est pour quelque chose et quand il lui raconte toute l’histoire, elle lui demande d’aller aussitôt libérer la Mort.

 

 

« Merci Jack, dit-elle aimablement,

 

Maintenant, tu comprends peut-être

 

que je ne suis pas l’ennemie de la vie.

 

Elle et moi, nous sommes les deux faces d’une même pièce.

 

Sans moi, la vie n’existerait pas. »

 

 

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Jack et la Mort est un livre à mettre entre toutes les mains, sans hésiter. Surtout que, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, les illustrations de Natalie Pudalov dans lesquelles s’insère le texte, sont absolument splendides, se déployant en double- page, elles font non seulement corps avec l’histoire, mais elles en racontent même un peu plus. Ce sont de véritables tableaux très originaux aux belles tonalités légèrement insaturées, qui mettent en valeur un rouge flamboyant, tel un fil rouge entre les doigts de la Mort, qui nous guide tout au long des pages. Vraiment, une réussite !

 

Cathy Garcia

 

  

 

Tim Bowley en plus d’écrire des livres de contes pour les enfants, voire pour les adultes, est surtout un conteur professionnel depuis 1984. Installé en Espagne, depuis son départ du Royaume-Uni en 2001.

 

Biblio : Historias de Ninguna Parte-Tales from Nowhere(Parablas del Candil) ; Semillas al Viento/Seeds on the Wind (Editorial Raices);El Rey Oso Blanco y Otros Cuentos Maravillosos(Kalandraka);No Escapatorio y Otro Cuentos Maravillosos(Kalandraka);Jamie planted an acorn/Jaime plantio una bellota (Kalandraka);Amelia wants a dog/Amelia quiere un perro(Kalandraka);I’m Scared/Tengo Miedo

(OQO)

 

 

pudalov_image.jpgNatalie Pudalov est née à Niznii Novgorod en Russie en 1980. Toute petite elle a émigré avec sa famille a émigré en Israel. Elle a étudié à " Bezalel " Academy of Art & Design de Jérusalem et obtenu un diplôme en design graphique. Elle a également étudié l'illustration à l’Akademie Der Bildenden Kunste, à Stuttgart, en Allemagne.


 

 

 

19/12/2013

ni mourir tout de suite

je ne vais pas continuer à écrire

"les vaches se tiennent debout sus la pluie"

par exemple

 

je ne vais non plus

sortir sous la pluie

ni me taire ni mourir tout de suite

 

Jean-Christophe Belleveaux


 

Lieu du larcin : Démolition aux Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, 2013

18/12/2013

Voeux de Jean-Louis Millet

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17/12/2013

ou on en fait un incendie

mais d'ici là,

tu connaîtras le goût de la passion et cela te manquera

                        dans d’autres bras et cela te tuera doucement

        toutes les nuits où tu ne m’appartiendras plus

mes caresses, c’est du feu bébé, du feu entre tes mains

crois moi quand je prétends n’aimer que la lumière

                si ma vie est un non-sens

                Il y a sûrement une déraison à ma folie

 On ne capture pas une flamme, on l’éteint ou on en fait un incendie


Vincent in on apportait bien des bières à Bukowski 


Lieu du larcin : Au hasard de connivences http://jlmi22.hautetfort.com/archive/2013/12/17/l-oeil-la...



 

16/12/2013

Chico Mendes, ne l'oubliez pas

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Le 22/12/1988, le syndicaliste Chico Mendes, qui était devenu un emblème international de la lutte contre la déforestation était assassiné. Le monde devrait lui rendre hommage aujourd'hui, mais tous l'ont oublié. Aujourd'hui, ceux qui luttent pour l'Amazonie risquent toujours leur vie. WAKE UP PEOPLE !

Greek crisis : Les lugubres

Quelques nouvelles de la Grèce via http://www.greekcrisis.fr/

samedi 14 décembre 2013

 

 

 


Cette semaine se termine comme tant d’autres. Les fêtes arrivent, c’est désormais certain car les rues du centre-ville sont bien animées, et... on y met de l’ambiance comme on peut. Le “gouvernement” y participe à sa manière nous prévenant que 1.676 lycées professionnels seront fermés ou fusionnés avec la nouvelle année, d’après les récents reportages. Notre aventure se poursuit et autant, certaines des dernières apparences ou alors survivances de l’ancien temps.

Place de la Constitution. Athènes, le 13 décembre

Place de la Constitution c’est le traditionnel bateau décoré qui remplace le sapin “lequel ne fait pas partie des traditions grecques”, le maire d’Athènes a bien insisté sur ce dernier point, un argument suffisant pour que l'on retienne du moins son contexte. Nous observons les décorations de saison, l’aliénation de plus en plus mal contenue des dits achats de Noel à travers l’énervement généralisé, perceptible, à chaque recoin des relations interpersonnelles, fortuites ou pas.

Ils ferment 1.676 écoles” et “60% de la population active sans travail”. Presse du 12 décembre

Rue marchande. Athènes, le 14 décembre

Les fêtes se transforment autant et à leur manière ; avant “c'était de la folie douce”, suivant l’expression naïvement consacrée, désormais, même cette folie devient amère à son tour. Et les gens lorsqu’ils s’observent, ils examinent plutôt les emplettes d’autrui comme jamais auparavant, c’est une forme de sondage ou alors sinon, un jugement rapide quant au niveau de vie ou de la mort lente ou parfois rapide, une sentence claire et décisive sur l'avenir, c’est selon.

Abri de fortune, son occupant et sa bougie. Athènes, le 13 décembre

L'Acropole. Athènes, le 13 décembre

Les abris de fortune des délogés attirent autant les regards, tel celui d’un vieil homme qui s’éclaire ou qui se chauffe à la bougie au beau milieu d’un square près de l’avenue du Pirée, l’Acropole bien en face... sans doute pour ne rien oublier. Les passants adaptent leur allure pour peut-être... anticiper le ralentissement social, restant figés juste un moment bref devant le spectacle.

Certains feront leur signe de croix accompagné d’une grimace fort significative autant de soulagement, avant de trouver le réconfort et surtout le chauffage, à l’intérieur des magasins et dans les cafés. C’est tellement mieux que la rue, même si, nos appartements sont si insuffisamment chauffés depuis déjà l’hiver 2011. Le froid, c’est inlassablement le grand sujet de conversation en Grèce ce décembre.

Moyens de chauffage. Athènes, décembre 2013

Sur une chaîne de télévision, une journaliste... analyste, a tiré à sa manière la sonnette d’alarme: “Si la Régie d'électricité remettra le courant aux plus démunis pour éviter les nouveaux morts probables, qui alors va-t-il payer la facture ? Pensons-y, c'est tout de même une SA introduite en bourse, le cours de son action baissera, ce qui affectera autant les actionnaires que les futurs investisseurs” (cité de mémoire, extraits de la bande sonore de l’émission rediffusés sur la radio Real-FM le 11 décembre).

Tout le monde attend le redoux pour qu’un certain confort revienne enfin, tandis que dans le domaine des surprises qui ne relèvent pas visiblement du temps de crise, un train de voyageurs a déraillé au centre du pays après avoir heurté un troupeau de vaches heureusement sans victimes... du côté des bipèdes que nous sommes encore.

Le déraillement. Région de Lamia, décembre 2013

Sauf que c’est le pays entier qui a déjà déraillé. Alexis Tsipras a rencontré Olli Rehn à Bruxelles cette semaine, il a offert en cadeau de Noël au commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, le texte du “Livre noir du mémorandum en Grèce”, avant de lui souhaité bon courage.

Alexis Tsipras et Olli Rehn. Quotidien “Avgi” du 12 décembre

C’est vrai que le chaos grec serait bien prévisible ou peut-être que (presque) non. Toujours cette semaine, une grenade lancée contre un centre des Impôts à Glyfada au sud d'Athènes en plein jour, n'a pas explosé, heureusement. Une vingtaine d'individus cagoulés ont saccagé les bureaux de deux avocats d'affaires qui se spécialisent aux saisies pour dettes impayées, “Vous buvez le sang du peuple”, tel fut le message laissé sur place par les inconnus, ensuite cet acte a été revendiqué par un groupe se réclamant de l’anarchisme. Détail important, les deux jeunes avocats sont les fils de Dimitris Sioufas, ancien Président au Parlement et ancien ministre au gouvernement de la Nouvelle démocratie entre 2007 et 2009. Pavlos Sioufas, cousin de Dimitris, a aussitôt démissionné de son poste de député (Nouvelle démocratie), officiellement pour des raisons de santé. Certains, prétendent qu’il supportait mal l’immoralité flagrante de cette récente activité de ses neveux.

Puis, jeudi 12 décembre, un homme a foncé en voiture sur un bâtiment où se réunissait un comité du ministère de la Culture dans le cadre de la restauration décidée après bien longtemps d'une ancienne mosquée à Athènes. Les agents du ministère ont frôlé la mort d’après les reportages. L'individu auteur de l'acte a été aussitôt arrêté, il a revendiqué son action en ces termes: “Je suis le descendant de Kolokotronis” (héros de la Guerre d’Indépendance en 1821). D'après certains reportages “cet individu souffrirait de troubles mentaux”.

Athènes, le 13 décembre

Athènes, le 13 décembre

Enfin, vendredi 13 décembre après minuit, c’est une résidence secondaire appartenant à l’ancien chef du gouvernement du PASOK, Costas Simitis qui a été partiellement détruite par un attentat à l’explosif, l’engin fut actionné à distance, ensuite les auteurs de l’attentat auraient pris la fuite en passant par la plage, d’après la presse. Ces évènements à l'apparence hétéroclite, prouvent du moins que la société grecque est en ébullition comme on dit parfois.

Les fêtes alors passeront et nos moments demeureront si graves. En attendant, le juste-mot sur les marchés c’est celui de “bazar”, autrement-dit, produits soldés, dégriffes, seconde main ou alors d’échange. Parfois, il est possible que de déguster avec parcimonie un morceau de fromage ou deux olives de Crète.

Vitrine. Athènes, le 13 décembre

Dégustation. Athènes, le 14 décembre

Sauf que sur la grande île des oliviers alors vieux de plus de deux mille ans et évidement classés, sont abattus de nuit pour se transformer en bois de chauffage.

“On abat les arbres en Crète”. Kathimerini du 12 décembre

Nos monuments ne résisteraient pas à la rapacité de la dite “dette souveraine”. Mais il y a plus grave. Une toute récente loi troïkanne permet désormais “les investissements touristiques” sur les îles jusqu’alors inhabitées de la mer Égée ou Ionienne, en violation des conventions européennes et internationales sur la protection de la nature, par exemple, Natura 2000 notamment. L’eurodéputé Kriton Arsenis (PASOK), lors d’une intervention publique à Athènes il y a un an, avait déjà qualifié de crime une telle intention.

Sur ces îlots, il subsiste un patrimoine naturel endémique, une richesse qui justement échappait à l’homme, dans la mesure où les îles plus grandes ont fini par ainsi bien connaître notre imposante présence depuis quelques milliers d’années. En cela (aussi et surtout), Antonis Samaras, Evangelos Venizélos et la Troïka (dont la Commission européenne) sont des criminels devant l’éthique planétaire et de civilisation, et de fait plus, qu’en détruisant les rapports sociaux car ces derniers nous ressemblent dans un sens et après-tout, ils seraient toujours transformables au gré des rapports entre les humains.

Antonis Samaras et Evangelos Venizélos, décembre 2013

Le pléonasme de l’austérité fait que nous sommes gouvernés par des inconscients criminels. J’observe alors cette image d’Antonis Samaras et d’Evangelos Venizélos prise sur un plateau de télévision il y a quelques jours. Ces pauvres gens paraissent alors bien sinistres, lugubres, c’est triste à regarder, on dirait même qu’ils en seraient bien malades, de leur vide... moins que du notre. C’est parfois ainsi que les pays “se terminent” autant que leurs “Unions”, au temps des lugubres et en dépit des apparences du politiquement mainstream.

Costas Arvanitis, radio 105,5, le 13 décembre

Mon ami Costas Arvanitis m’a invité vendredi 13 décembre pour une partie d’émission, en direct depuis le studio de la radio qu’il dirige, 105,5 FM “Sto Kokkino”, la radio de SYRIZA. J’ai présenté mon livre de “La Grèce fantôme”, et il a été aussi question de l’Union européenne et de l’euro.

J’ai remarqué depuis la dernière fois que les Syrizistes de la radiophonie rouge (“Sto Kokkino”, au rouge ou en rouge), ont adopté un jeune chat, “il serait probablement mort de froid et de faim dehors, ici, il est au chaud et... au rouge”. Donc tout ne serait pas encore perdu.

Animal désormais desposé (ayant un maître). Radio “Sto Kokkino”. Athènes, le 13 décembre





15/12/2013

Les Poètes, l'émission à écouter

Trente ans après son assassinat il faut lire librement Jean SENAC. Quarante neuf ans après son assassinat dans la chambre à gaz d'Auschwitz, il faut lire librement les poèmes de jeunesse de Benjamin FONDANE.

 

Et découvrir la voix d'Eric BARBIER, poète qui vit au pied des Pyrénées, en cliquant sur : 

 

 http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html

 

Le script de l'émission du jeudi 12 décembre 2013:

 

 

 

Christian Saint-Paul qui a participé à l’hommage rendu à Jean SENAC à la Maison des Diversités, 36 rue d’Aubuisson à Toulouse, fait entendre un poème de celui-ci mis en musique et chanté par Gilles MECHIN ; c’est Alain BREHERET, pianiste bien connu des toulousains et qui accompagne depuis longtemps le poète chanteur Bruno RUIZ qui est au piano dans cet enregistrement.

 

L’Algérie a fêté le cinquantenaire de son indépendance en 2012 et on célèbre cette année le centenaire de la naissance d’Albert Camus. Les cérémonies laissent toutefois dans l’ombre un des témoins incontournables de ce passé aux plaies ouvertes : son nom ? Jean Sénac. Écrivain et poète, pied-noir et indépendantiste, chrétien et révolutionnaire. Caillou dans les souliers de la France et de l’Algérie, Sénac bouscule les deux rives et les eaux troubles de la Méditerranée.

 

Fils spirituel d’Albert Camus - fêté par Lettres d’Automne, à Montauban pour son édition 2013 -, qui l’appelait affectueusement,  en espagnol, « mi hijo », il deviendra un « fils rebelle » à son endroit sur « la question algérienne ».Camus qui parmi dénonça le sort fait aux autochtones dans son célèbre reportage  « Misères en Kabylie » , qui initia Jules Roy, de son propre aveu, à l’anticolonialisme, après avoir prôné une « Trêve civique » pour mettre fin  aux violences  , récusée et dénoncée  par les « Ultras » sera fustigé par les activistes de sa communauté et ne trouvera pas grâce auprès des indépendantistes algériens à la suite de sa fameuse phrase sur sa  mère et la justice ? Etonnante coïncidence, en cette année 2013 : on commémore à la fois le centenaire de la naissance de Camus et le quarantième anniversaire de la mort de Jean Sénac, tout deux tragiquement disparus. Camus dans un accident et Sénac dans un meurtre. Tous les deux restent, à des degrés différents, des figures et des passeurs d’une double réconciliation qui tient ses fondements par une juste appréciation des brûlures de  l’histoire et  les nuances de la  mémoire entre les deux rives de Méditerranée. C’est à la fois un devoir et une urgence face aux remugles haineux et aux feux qu’attise un  racisme voué aux poubelles de l’histoire. Non loin de Toulouse, Jean Sénac avait trouvé écoute et solidarité chez l’éditeur Jean Subervie avec le soutien du poète Jean Digot (1912- 1995).                            Il passait ainsi  par Toulouse pour aller publier à Rodez, en région Midi-Pyrénées, ses adresses poétiques dont plus d’une avait  résonnance avec la poésie la Résistance française. C’est là qu’il publiera son manifeste poétique : « Le soleil sous les armes ». Il serait temps cinquante  après, les Accords d’Evian, la paix retrouvée,  l’indépendance de l’Algérie  de tendre à nouveau l’oreille sans manichéisme  à ces deux contemporains capitaux.

 

Max Leroy auteur de ‘Epitaphe pour Jean Sénac’ écrit :

 

 

 

« Fils d’une femme de ménage et petit-fils d’un mineur espagnol, le jeune Jean grandit dans les rues d’Oran, quelque part entre les appels à la prière du muezzin et les versets de Saint Paul que sa mère, fervente catholique, lui demande de réciter. Son enfance est sans-le-sou mais radieuse : le soleil d’Afrique rend les mois moins difficiles à finir. Les Arabes, les Berbères et les Kabyles ? Il ne les connait pas. Les Européens et les « indigènes », tel qu’on les nomme alors, se croisent sans vivre ensemble, chaque communauté « serrée dans son ghetto ». Mais sa mère n’entend pas prêter main forte au racisme quotidien qui charpente tout régime colonial : elle n’a de cesse de lui rappeler qu’il faut s’intégrer à la culture majoritaire, celle de ces millions d’âmes, souvent musulmanes, qui partagent leur quotidien depuis maintenant un siècle. « Maman ! Ce soir encore, apprends-moi à parler comme toi », écrira-t-il, quelques décennies plus tard, dans son roman Ébauche du Père…Sa rencontre avec les cercles nationalistes algérois dessillent ses yeux d’Européen : il prend la mesure des injustices qui meurtrissent ses compatriotes musulmans et s’engage sans délai aux côtés de tous ceux qui rêvent d’une Algérie nouvelle. « En Afrique du Nord, se taire c’est trahir. » Nous sommes en 1950 ; l’heure est encore au réformisme : Ferhat Abbas et Messali Hadj s’activent, par les voies légales, à faire entendre la voix de leur peuple. L’État français répond par le silence ou la matraque. Les répressions de Sétif, Guelma et Kherrata, durant le mois de mai 1945, ont marqué les cœurs : certaines franges de l’indépendantisme algérien envisagent désormais le recours à la lutte armée. Prendre le maquis, à l’instar des glorieux combattants de l’Indochine occupée, face aux fins de non-recevoir du gouvernement républicain ? C’est en tout cas ce qu’envisage le futur leader du FLN, Mohammed Larbi Ben M’Hidi, qui n’hésite pas à confier ses projets d’insurrection à son ami Jean Sénac. »

 

A lire l’anthologie de Jean SENAC publiée à Actes Sud.

 

Une émission sera consacrée à Jean SENAC en 2014.

 

 

 

 

 

Saint-Paul salue ensuite le succès du travail de l’Atelier Imaginaire (http://www.atelier-imaginaire.com) animé à Lourdes et à Tarbes par Guy ROUQUET ; il signale la parution de deux livres qui rassemblent de fortes signatures qui s’expriment sur leur démarche d’écrivain et sur ceux qui a les ont déterminé dans leur passage à l’acte de la création. Il s’agit de :

 

Le livre d'où je viens

 

16 écrivains racontent

 

Préface de Guy ROUQUET

 

L'Atelier Imaginaire

 

Le Castor Astral

 

voir doc

 

 

 

et de :

 

 Mon Royaume pour un livre

 

16 écrivains racontent

 

Avant-propos de Guy Rouquet

 

Préface de Joël Schmidt

 

L'Atelier Imaginaire

 

Le Castor Astral

 

voir doc

 

Guy ROUQUET sera prochainement l’invité de l’émission « les poètes ».

 

Enfin, avant d’accueillir son invité, Saint-Paul incite à la lecture de Benjamin FONDANE « Comment je suis né » textes de jeunesse rédigés entre 1914 et 1922, traduits du roumain par Marlena Braester, Hélène Lenz, Carmen OSZI, Odile Serre et présentés par Monique JUTRIN, aux éditions Caractères collection cahiers latins, 110 pages, 18 €. Dans son « journal » de jeunesse, sorte d’autobiographie imaginaire, FONDANE se met à rêver sa propre vie, s’interrogeant sur sa venue au monde. Sous le masque de l’humour perce l’angoisse d’être, l’incertitude d’exister.

 

Benjamin FONDANE demeure l’un des grands poètes philosophes du XXème siècle et ce livre est indispensable pour appréhender cette œuvre majeure. Une émission lui sera consacrée en 2014.

 

 

 

Saint-Paul accueille alors son invité, le poète Eric BARBIER ; voici sa version brève de présenter sa biographie : « Voici donc une "presque biographie qui est presque de tout le monde", comme l'écrivait Antonio Porchia.

 

Je suis né en 1964 à Tarbes, d'un père cheminot et d'une mère employée à la sécurité sociale. Etudes interrompues peu après le bac; je travaille à la bibliothèque municipale. Marié depuis 2005, je sais l'indispensable qui nous unit et la chance de poursuivre de précieuses amitiés.

 

Engagé en écriture depuis 1997, grâce au travail de certains animateurs de revues et éditeurs des textes sont parus dans: Comme ça et Autrement, Rivaginaires, Multiples, Mange Monde, Nouveaux Délits, Salmigondis, Hématomes Crochus, Interventions à Haute Voix, Gros textes, Liqueur 44, les anthologies De Belles Palissades (Gros Textes/Décharge), Du Plus Nu de nos Voix (Rafael de Surtis). »

 

Eric BARBIER a publié :

 

Dans la Brève Terre  2003  Hélices

 

Le regard Chargé de Jours Différents     2009   Encres Vives

 

Regagner l'aube    2009     Rafael de Surtis

 

Quelle Ombre ?    2010   Rafael de Surtis

 

Promesse Achevée à Bras Nus    2011   Rafael de Surtis

 

Rouge Silence    2012   Rafael de Surtis

 

Dans son premier recueil, « Dans la brève terre », Eric BARBIER confie :

 

De la vie je suis perclus de créances

 

D’amantes d’amis de nuits échouées

 

Un nuage attaché au pied

 

La tête décomptée d’illusions

 

Toujours un éclat sous le pas

 

Un gravier de torrent inscrit

 

Un fragment sur la langue

 

Qui gêne l’échappée des mots

 

Comme ces gestes qui auraient pu

 

Accomplis de mains maladroites

 

Pressées et aimantes

 

Dessiner sur ton corps

 

La carte d’un avenir

 

 

 

A lire la poésie d’Eric BARBIER, nous comprenons selon l’expression de Misrahi que « toute création émerge, éclatante, d’une espèce de nuit qui la précédait ». Saint-Paul n’hésite pas à citer l’acteur écrivain Richard BOHRINGER : « Je crois savoir pourquoi les poètes sont malheureux. Parce qu’ils sont du signe de l’invisible. Que leur façon d’aimer est mystérieuse et souvent sans gloire. » La retenue dans le ton des poèmes de BARBIER dissimule à peine une mélancolie sourde dont il ne cesse de se débarrasser par une contemplation rassurante du monde, celui qui l’entoure, celui des fastes quotidiens de la nature, des montagnes au pied desquelles il vit. C’est en homme de la terre, que parle Eric BARBIER. Les villes et leur foisonnement humain l’ont épargné. Il règne dans une sérénité inquiète sur un for intérieur qui l’habite et il sort du silence par les bribes mesurées de ses textes. Et il va du silence à l’intensité de la langue et retourne au silence. Dans ce quasi sacrilège de rompre le silence, l’écriture arrive par effraction : « Ecrire, effraction dans la voix de l’autre » dit-il dans « Promesse achevée à bras nus ». Mais il vit dans cette pure attente :

 

La joie s’affiche   la peine demeure

 

chaque mai la mémoire hésite

 

devant la douceur du grand cèdre

 

 

 

L’oiseau même seul est un grand peuple

 

tu envies de sèches décharges d’églantiers

 

une longue chute nous espère

 

 

 

Seul soudain dans la langue où sombrent

 

les tentations au point du jour

 

la volupté de son attente

 

 

 

*

 

Ce qu’inscrivit dans la tête

 

La pointe de ce silex

 

L’anecdote n’y trouve place

 

 

 

La vie trame à même le jour

 

Le vêtement d’attente de l’amour

 

 

 

Là rien ne vieillit

 

Ni la soie ni même la mer

 

Une vigie aux distractions souveraines

 

Le corps le veilleur

 

 

 

Lecture d’extraits de ses recueils et d’inédits par Eric BARBIER et au cours de l’entretien lecture de quelques textes par Saint-Paul.

 

Le souffle est repérable dans la poésie de BARBIER, et il signe l’authenticité du poète. Sa posture pourrait se rapprocher d’une des définitions de la poésie de Maurice BLANCHOT : « la poésie n’est pas donnée au poète comme une vérité et une certitude dont il pourrait se rapprocher ; il ne sait pas s’il est poète, mais il ne sait non plus ce qu’est la poésie, ni même si elle est ; elle dépend de lui, de sa recherche, dépendance qui toutefois ne le rend pas maître de ce qu’il cherche, mais le rend incertain de lui-même et comme inexistant ».

 

Les six recueils publiés constituent déjà un parcours à suivre, à la recherche de l’être véritable, fraternel avec le monde robuste qui habite Eric BARBIER.

 

A lire !

 

14:19 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

12/12/2013

LA FABRIQUE DE PAUVRES, un documentaire de Lourdes Picareta

 


11 millions en Allemagne, 9 millions en France : c'est le nombre de personnes, comprenant de nombreux enfants, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté dans ces deux pays, pourtant parmi les plus riches d'Europe. Cette misère n'est ni un choix ni une fatalité. Elle est le produit d'un changement de paradigme économique et politique ayant débouché sur un nouveau système. En Allemagne, des mères de famille jonglent entre des allocations chômage dérisoires et des "minijobs" à 400 euros. Dans les cités françaises, l'ascenseur social est en panne. En Espagne, les services sociaux sont asphyxiés par la baisse des crédits et des familles endettées se retrouvent à la rue alors même que les banques ne parviennent plus à vendre les logements vacants qu'elles ont saisis. Autant de témoignages qui illustrent une pauvreté "héritée" dès l'enfance et le sentiment d'impuissance et de honte de ceux qui en sont victimes. Sociologues et politologues mettent en garde : dans des sociétés européennes "en situation d'urgence", le démantèlement de l'État providence pourrait bien être une bombe à retardement.


(Allemagne, 2012, 52mn)

 

 

Avis de parution : Assortiments de crudités

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Dès lundi (si tout va bien), Assortiment de crudités, le recueil que vous attendez tous sera disponible chez quelques libraires (ceux qui nous font une confiance aveugle): La dérive à Huy, Decallonne à Tournai, Le comptoir à Liège, Littérath à Ath, Librairie Volders (rue Volders) à Bruxelles, DLivre à Dinant...

Sinon, les auteurs pourront vous en fournir et il reste la possibilité de commander en envoyant un petit mail à l'éditeur: cactus.inebranlable@gmail.com...
On se fera un plaisir de vous l'envoyer.


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Les auteurs du recueil #8: Cathy GARCIA

Femme de plume et femme de chair, elle brasse tous les éléments dans un grand creuset de création, pour en tirer substance vive. Éros s'y baigne aussi nu que Thanatos, le noir plaît autant que la couleur, l'essentiel étant de dissoudre les frontières, noyer les préjugés, décoller les étiquettes. Artiste indisciplinée, poète aux courbes certaines, elle n'a pas froid à la langue et ne craint pas d'y mettre les mains, cœur, corps et âme.

 

et tous les autres :

http://cactusinebranlableeditions.e-monsite.com/pages/cat...





Sous les fleurs de la tapisserie de Marlène Tissot

 
L'association "Le Citron gare" vous annonce la publication de "Sous les fleurs de la tapisserie" de Marlène Tissot, avec des illustrations de Somotho cliquez sur :  FlyerMarlèneSouslesfleurs.pdf 
 
Si vous souhaitez vous procurer ce recueil, vous pouvez faire un tour sur le blog du Citron Gare et écrire à Patrice Maltaverne. 

"Marlène Tissot c'est la fragilité et de la vraie douleur déguisées en pied de nez, en pirouette, en "soyons désinvolte, n'ayons l'air de rien". Comme un chat, la poésie de Marlène retombe toujours sur ses pattes, non sans avoir au passage donné quelques bons coups de griffes au lecteur qui confondrait sieste et poésie. Ancrée dans un quotidien décortiqué comme une crevette plus trop fraîche, elle a cependant  la légèreté de ces flocons de neige que l'on regarde tomber du ciel, nez collé à la vitre, tout en sachant qu'ils ne tiendront pas au sol, et que si on baisse la tête on ne verra que des trottoirs trop gris, du bitume trop sale et des passants trop tristes".

Cathy Garcia  . 

 

  
Patrice Maltaverne et l'association Le Citron Gare

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Japan’s New ‘Fukushima Fascism’

Harvey Wasserman | December 11, 2013 7:57 am | 

Fukushima continues to spew out radiation. The quantities seem to be rising, as do the impacts.

 

The site has been infiltrated by organized crime. There are horrifying signs of ecological disaster in the Pacific and human health impacts in the U.S.

 

But within Japan, a new State Secrets Act makes such talk punishable by up to ten years in prison.

 

 

Taro Yamamoto, a Japanese legislator, says the law “represents a coup d’etat” leading to “the recreation of a fascist state.” The powerful Asahi Shimbun newspaper compares it to “conspiracy” laws passed by totalitarian Japan in the lead-up to Pearl Harbor, and warns it could end independent reporting on Fukushima.

 

Prime Minister Shinzo Abe has been leading Japan in an increasingly militaristic direction. Tensions have increased with China. Massive demonstrations have been renounced with talk of “treason.” 

 

But it’s Fukushima that hangs most heavily over the nation and the world.

 

Tokyo Electric Power has begun the bring-down of hot fuel rods suspended high in the air over the heavily damaged Unit Four. The first assemblies it removed may have contained unused rods. The second may have been extremely radioactive.

 

But Tepco has clamped down on media coverage and complains about news helicopters filming the fuel rod removal.

 

Under the new State Secrets Act, the government could ban—and arrest—all independent media under any conditions at Fukushima, throwing a shroud of darkness over a disaster that threatens us all.

 

By all accounts, whatever clean-up is possible will span decades. The town of Fairfax, CA, has now called for a global takeover at Fukushima. More than 150,000 signees have asked the UN for such intervention.

 

As a private corporation, Tepco is geared to cut corners, slash wages and turn the clean-up into a private profit center.

 

It will have ample opportunity. The fuel pool at Unit Four poses huge dangers that could take years to sort out. But so do the ones at Units One, Two and Three. The site overall is littered with thousands of intensely radioactive rods and other materials whose potential fallout is thousands of times greater than what hit Hiroshima in 1945.

 

Soon after the accident, Tepco slashed the Fukushima workforce. It has since restored some of it, but has cut wages. Shady contractors shuttle in hundreds of untrained laborers to work in horrific conditions. Reuters says the site is heaving infiltrated by organized crime, raising the specter of stolen radioactive materials for dirty bombs and more.

 

Thousands of tons of radioactive water now sit in leaky tanks built by temporary workers who warn of their shoddy construction. They are sure to collapse with a strong earthquake.

 

Tepco says it may just dump the excess water into the Pacific anyway. Nuclear expert Arjun Makhijani has advocated the water be stored in supertankers until it can be treated, but the suggestion has been ignored.

 

Hundreds of tons of water also flow daily from the mountains through the contaminated site and into the Pacific. Nuclear engineer Arnie Gundersen long ago asked Tepco to dig a trench filled with absorbents to divert that flow. But he was told that would cost too much money.

 

Now Tepco wants to install a wall of ice. But that can’t be built for at least two years. It’s unclear where the energy to keep the wall frozen will come from, or if it would work at all.

 

Meanwhile, radiation is now reaching record levels in both the air and water.

 

The fallout has been already been detected off the coast of Alaska. It will cycle down along the west coast of Canada and the U.S. to northern Mexico by the end of 2014. Massive disappearances of sea lion pups, sardines, salmon, killer whales and other marine life are being reported, along with a terrifying mass disintegration of star fish. One sailor has documented a massive “dead zone” out 2,000 miles from Fukushima. Impacts on humans have already been documented in California and elsewhere.

 

Without global intervention, long-lived isotopes from Fukushima will continue to pour into the biosphere for decades to come.

 

The only power now being produced at Fukushima comes from a massive new windmill just recently installed offshore.  

 

Amidst a disaster it can’t handle, the Japanese government is still pushing to re-open the 50 reactors forced shut since the melt-downs. It wants to avoid public fallout amidst a terrified population, and on the 2020 Olympics, scheduled for a Tokyo region now laced with radioactive hot spots. At least one on-site camera has stopped functioning. The government has also apparently stopped helicopter-based radiation monitoring.

 

A year ago a Japanese professor was detained 20 days without trial for speaking out against the open-air incineration of radioactive waste.

 

Now Prime Minister Abe can do far worse. The Times of India reports that the State Secrets Act is unpopular, and that Abe’s approval ratings have dropped with its passage.

 

But the new law may make Japan’s democracy a relic of its pre-Fukushima past.

 

It’s the cancerous mark of a nuclear regime bound to control all knowledge of a lethal global catastrophe now ceaselessly escalating.

 

Visit EcoWatch’s NUCLEAR page for more related news on this topic.

 

——–

 

Harvey Wasserman edits www.nukefree.org, where petitions calling for the repeal of Japan’s State Secrets Act and a global takeover at Fukushima are linked. He is author of SOLARTOPIA! Our Green-Powered Earth.



08:58 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

09/12/2013

La musique comme instrument de torture de Tristan Chytroschek

 

Merci à Arte ainsi qu'à Voix Dissonantes pour le relai   http://jlmi.hautetfort.com/

 

06/12/2013

Le moine Ikkyû Sôjun, par Agnès Giard

Peut-être connaissez-vous cette série en BD :Ikkyû, Sakagushi, publiée chez Glénat. Voici donc un bel article pour en savoir plus sur ce moine "fou" du Japon  :

 

Trouver l'éveil entre tes lèvres

Au 15e siècle, un célèbre moine bouddhiste appelé Ikkyû affirma que si une belle femme l’embrassait, il ne résisterait pas au contraire : il goûterait l’instant. Il partagerait l’émotion pure de ce désir sans songer ni aux conséquences, ni au lendemain. Faudrait-il abolir demain pour qu’on se mette à devenir sage ?

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L’esprit du zen se définit comme le désir d’entrer en résonance avec la nature, y compris sa propre nature humaine… Il s’agit de percevoir la beauté cachée des instants et de vivre, avant tout, de vivre. Telle est la leçon de choses proposée par Pascal Fauliot - conteur et adepte d’arts martiaux - qui, dans Contes des sages zen, consacre un grand nombre de pages au moine Ikkyû Sôjun (1394-1481), un personnage resté célèbre dans l’histoire du Japon : il s’accordait toutes les libertés. C’était une sorte d’anar et de libre-bandeur qui décrivait son pénis comme une longue corde rouge, suivant la métaphore du fil de la vie, ou comme un arbre chargé de sève (1).

Alors que des générations de bouddhistes s’étaient cassé la tête sur le kôan de la vieille femme,  le moine Ikkyû  lui régla joliment son compte sous la forme d’un poème  : «Si ce soir une belle femme m’embrassait, le printemps gagnerait mon saule desséché et ferait naître de nouveaux bourgeons». Il mit ce poème érotique dans la préface du Kyôun-shû̄ (Recueil des nuages fous), accompagné des vers suivants : “Le cœur de la vieille femme ? / Comme si elle donnait une échelle à un voleur / elle a offert une femme à un moine pur !” (2). Pour Ikkyû, en vérité, la vieille femme était un Bouddha déguisé. Mettant le feu à la hutte, ne désirait-elle rien d’autre qu’”éclairer” ce moine trop soucieux de sa réputation ? Ikkyû l’avait bien compris, lui qui, refusant de se soumettre aux règles de chasteté, fréquentait les bordels et composait des poèmes iconoclastes : «Si vous me cherchez, rendez-vous chez le poissonnier, le marchand d’alcool ou la prostituée».

Mais ses plus célèbres poèmes sont des poèmes d’amour. Vers la fin de sa vie, Ikkyû composa de superbes déclarations pour sa compagne… Elle s’appelait Shin. On la surnommait Shin-nyô ou Shin-jô, “mademoiselle Shin”. C’était une musicienne aveugle. Ils ont vécu ensemble jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’il meurt à l’âge de quatre-vingt-huit ans, d’une crise aigue de malaria, sur les blancs genoux de son amoureuse… C’est là qu’il situait le paradis. A cette époque, beaucoup de récits bouddhistes, émanant des écoles révolutionnaires zen et tao, vantaient la voie de l’amour comme un des chemins possibles vers l’illumination. Tous les moyens étaient bons pour parvenir à l’éveil, y compris le sexe. Mais on avait rarement vu quelqu’un prôner dans une langue aussi crue les vertus du plaisir ni signifier aussi clairement qu’il n’existe pas d’accomplissement spirituel sans «abandon», dans tous les sens du terme. Ikkyû eut donc ce courage. Le vrai sage n’a cure de la bonne ou mauvaise opinion qu’on peut avoir de lui. Il se contente d’être ce qu’il est.
  
Etant ce qu’il était, avec une pointe d’arrogance mêlée de pessimisme, Ikkyû n’en a jamais fait qu’à sa tête. Peut-être avait-il trop conscience d’être un intouchable. Fils caché de l’empereur Gokomatsu et d’une femme du clan Fujiwara, il a bénéficié toute sa vie d’une certaine licence et sa tombe, dissimulée derrière une lourde porte ornée de chrysanthèmes à seize pétales (par privilège impérial), invisible au commun des mortels, est gérée par l’agence de la famille impériale elle-même. Même sa statue est cachée au public. On sait seulement qu’elle fut sculptée par son disciple Bokusai après sa mort et que l’artiste y colla des poils de moustache, ainsi que des cheveux prélevés sur son cadavre, afin, peut-être, d’en perpétuer la scandaleuse apparence… Ikkyû avait en effet si peu cure de son image qu’il ne se rasait jamais vraiment. Sa biographie est donc celle d’un cas presque unique dans l’histoire du bouddhisme au Japon : celle d’un homme tourmenté, sévère, qui vivait de la façon la plus frugale et qui, vêtu de haillons, courait les filles et composait sans arrêt des poèmes sur la beauté du monde. Son portrait, au Musée National de Tôkyô, également signé par Bokusai, laisse peu de doute sur le caractère angoissé de cet hérétique notoire qui vit pourtant, l’instant d’un croassement de corbeau, le visage souriant d’un Buddha émerger d’une aurore… Voici brièvement sa biographie.

Né pendant la période trouble de Muromachi sous le nom de Senguikumaru, il entra au monastère à l’âge de cinq ans. Il grandit au temple Ankoku puis au Kennin-ji dans la province de Kyotô, mais dès seize ans –ne supportant plus la bêtise, l’arrivisme et l’hypocrisie de ses pairs–, il se mit à chercher désespérement un homme digne de devenir son maître. Aucun ne lui convenait. “Il régnait à l’époque un grand désordre, explique Frank Brinkley, dans une Histoire du peuple japonais. Les maîtres de la secte zen avaient été élevés par le gouvernement des Ashikaga aux plus haute dignités”. Alors que partout régnait le tumulte, une galaxie de prêtres zen affirmaient que les choses de ce monde étaient vaines et sans valeur. Certains donnaient l’exemple en pratiquant la méditation au milieu de la solitude. D’autres violaient sciemment les dogmes de leur propre foi. Ils avaient des femmes, des gitons et des enfants, polissaient des lances dans l’enceinte des temples, entretenaient des milices et géraient des fortunes de magnat. Il était alors commun qu’un homme se rase la tête et porte des vêtements bouddhiste tout en continuant à mener des armées. Les soldats se confondaient avec les moines. Les monastères s’affrontaient même, par les armes et par le feu, pour la possession de beaux garçons…

Dans ce contexte troublé, qualifié de gekokujô (littéralement “l’inférieur renverse le supérieur”, autrement dit n’importe qui peut devenir l’égal d’un noble), la civilisation japonaise connut paradoxalement un essor artistique intense. Sous l’impulsion des seigneurs de la guerre, à la recherche probablement d’un ordre strict au milieu du chaos, l’art des jardins, du thé, de la calligraphie et des parfums se développa avec un raffinement poussé. Il fallait une discipline extrême pour prétendre au statut d’homme de goût. Il n’est pas étonnant que dans ce contexte Ikkyû se soit rapidement distingué. Excentrique et radical, il se mit à composer des vers iconoclastes et passa de temple en temple, sans cesser jamais de les critiquer, jusqu’à ce qu’il rencontre Ken’O, un ermite solitaire, survivant dans une hutte aux environs de Kyôto, qui lui apprit à méditer.

Il  n’y avait rien à gagner auprès de ce prêtre mendiant, rien d’autre que la sagesse. Ce qui explique pourquoi Ikkyû devint son unique disciple et, à la mort de Ken’O, tenta de se suicider par noyade… Ikkyû avait vingt ans. Après avoir brûlé le corps de son maître, il se retrouva seul, désespéré. Quel homme serait désormais capable de le guider ? Il entendit alors parler d’un nommé Kasô, austère adepte du zazen, qui, pour échapper à la corruption ambiante, vivait sur les bords du lac Biwa et faisait faire à ses disciples des vêtements pour poupées qui assuraient de maigres revenus à leur communauté. Ikkyû, enthousiaste, resta cinq jours et cinq nuits à la porte de leur ermitage, mangeant à peine. Pour le dissuader, les moines jetèrent sur lui leurs eaux sales, mais en vain. Kasô l’autorisa finalement à se joindre à eux et lui donna des kôan à résoudre, entre deux vêtements de poupée…

En 1418, Ikkyû eut sa première expérience spirituelle. Il méditait sur le kôan intitulé “les 60 coups de Tozan”. Une troupe de musiciennes aveugles faisait alors résonner ses chants dans les environs. Porté par la musique et les accents joyeux des tambourins, il sentit brusquement son corps se dilater, son esprit ne faire plus qu’un avec le monde… Une vague de bonheur le submergea. Kasô alors lui donna son nom - Ikkyû (“un repos”) -, par allusion à cet espace de liberté parfaite, une pause dans la vacuité, que représente la voie vers l’illumination. Pascal Fauliot note que Ikkyû s’écrit avec deux idéogrammes : le premier est un trait unique qui signifie le chiffre 1. Le deuxième représente «un homme appuyé contre un arbre, signifiant ainsi qu’il se repose entre deux mondes». Est-il possible que la musique des aveugles lui ait ouvert cette porte entre les mondes ? Il eut une deuxième expérience d’illumination, en entendant un corbeau croasser. En 1428, à la mort de Kasô, Ikkyû se fit vagabond sous le nom de “nuage fou”, Kyôun.

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Sa vie errante ne l’empêchait pas de fréquenter les cercles d’artistes et de poètes, de boire en quantité et de se rendre chez les filles en tenue monastique qu’il invitait d’ailleurs, pionnier du genre, à faire partie de ses disciples… Ikkyû “pratiquait” le sexe comme une expérience spirituelle, avec la même assiduité que ses exercices de méditation. Et lorsqu’il fit la connaissance d’une belle aveugle nommée Shin, il s’éprit d’elle passionnément, sans faire la différence entre leurs plaisirs, les jeûnes et sa quête spirituelle. Ikkyû ne distinguait pas le zen de l’amour. C’était une ascèse aux allures excessives. Quand il faisait l’amour à Shin, il fallait que cela soit “dans les trois existences à venir, au cours de soixante kalpa”, c’est-à-dire  un nombre infini de fois, jusqu’à ce que le temps se fige. De leur relation, on ne sait pratiquement rien d’autre que quelques maigres faits. Ils se rencontrèrent durant l’hiver 1470, au temple Yakushido. Shin-nyô était une jongleuse et artiste aveugle née à Tango, âgée de trente ans. Elle battait du tsuzumi, un petit tambour en forme de diabolo, et ses yeux morts émurent Ikkyû. Il avait soixante-seize ans. Personne ne sait vraiment ce qu’il se passa entre eux. Ils se retrouvèrent au même endroit un an plus tard. Leur liaison devint officielle et l’année suivante, à l’automne 1472, Shin-nyô vint s’établir chez Ikkyû, qui avait élu domicile dans un petit temple à l’écart de Kyôto, le Shuon-an. Moins de deux plus tard, malgré le scandale, Ikkyû fut nommé à la tête d’un des plus importants complexes zen de la capitale  : il devint le chef du Daitoku-ji qui avait été rasé pendant les guerres d’Onin et que de nombreux bienfaiteurs contribuaient à reconstruire. Les dons affluaient en masse. Il fallait un homme intègre pour diriger ce nouveau centre du pouvoir religieux. Presqu’à regret, Ikkyû accepta ce poste qui faisait de lui un des hommes les plus importants de son temps, mais il refusa de s’y établir et préféra achever la reconstruction du Shuon-an, afin d’y vivre en concubinage avec sa jeune amie.

Le Shuon-an, surnommé Ikkyû-ji (temple d’Ikkyû) se situe à  environ 20 kilomètres de Kyôto. On peut encore y voir le grossier palanquin de bois sur lequel Ikkyû, alors âgé de quatre-vingt ans, se faisait transporter pour rejoindre la capitale. Sur les routes glissantes et pierreuses de l’époque, l’aller-retour devait être particulièrement long et douloureux. Malgré tout, c’est à ce temple isolé qu’Ikkyû resta fidèle, jusqu’au bout. C’est là qu’il fit bâtir la minuscule maison, semblable à un pavillon de thé, où il vécut avec Shin. On l’appelle Kokyuan. Ses murs sont en torchis, son toit de chaume et ses ouvertures de bois et de papier laissent passer la bise glaciale d’hiver aussi bien que les chaleurs lourdes de l’été… Fermée aux visiteurs en raison de son extrême fragilité, cette modeste hutte n’est maintenant accessible qu’au prix fort  : il faut la louer, l’espace d’une cérémonie de thé, pour pouvoir contempler, par l’ouverture des cloisons coulissantes, le jardin orné de pierres et d’arbustes qu’Ikkyû et Shin devaient voir chaque matin, serrés l’un contre l’autre. Leur vie était ascétique, mais s’il faut en croire les poèmes qu’Ikkyû écrivit alors et qui furent édités en 1480, un an avant sa mort, ils n’ont presque jamais cessé de s’y aimer. Dans son Recueil de nuages fous, il écrit  :

«Je suis fou de la belle Shin, elle vient des jardins célestes / Allongé sur les oreillers, la langue dans l’étamine de sa fleur / Je remplis ma bouche du parfum pur de sa source / Le crépuscule vient, puis des ombres du clair de lune, alors que nous chantons les chansons fraîches de l'amour.»

Il écrivit aussi  : «Ma main ne vaut pas celle de Shin / Cette femme est maître en jeux de l’amour / Quand ma tige se fane, elle la fait reverdir». Ikkyû trouvait sa délivrance dans le printemps de sa bien-aimée. Lui que les passions violentes et la colère n’ont jamais quitté, en quête constante du "vide véritable", il n’était plus avec Shin que des fleurs qui «s’ouvrent par centaines, puis tombent» dans une sorte de rêve transcendental et embaumé.

«Tu es venue, telle un printemps sur l’arbre desséché. Verts bourgeons, fleurs vibrantes, fraiche promesse… Shin, si jamais j’oubliais tout ce que je te dois, si profondément, amour, Laisse-moi brûler en enfer à jamais».

"Les gens me prennent pour un dément / Mais je n'en ai cure : / Si je suis déjà un démon sur terre, / Plus besoin de craindre les enfers ! / Chaque jour, les moines / Commentent à l'infini le dharma / Et chantent inlassablement / Les précieux soutras. / Ils feraient mieux d'apprendre / Comment déchiffrer / Les lettres d'amour envoyées / Par la pluie, la neige, la lune et le vent." (Traduction de Pascal Fauliot, page 140, Contes des sages zen)

Pour en savoir plus : Contes des sages zen, Pascal Fauliot, éd. du Seuil.

Note 1/ Faut-il le préciser ? Les moines zen n'avaient absolument pas le droit d'épouser une femme. La chasteté était une règle absolue. Ikkyû a donc brisé un interdit majeur.

Note 2/ Traduction de Pascal Fauliot : "La vieille grand-mère a tenté en vain / De donner une échelle à ce vaurien / En lui offrant une jeune beauté. / Si j'avais été à sa place, / Le vieux tronc de saule / Aurait fait de nouveaux bourgeons". (page 65, Contes des sages zen)

 

 

Source : http://sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/page/4/

Poème de la cassure - Roger Arnould-Rivière (1930~1959)

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Je sais la cassure du petit matin, l’aplomb brutal de midi, la sournoise inversion du soir

Je sais le vertigineux à-pic de la nuit et l’accablante horizontalité du jour

Je sais les hauts et les bas, les hauts d’où l’on retombe à coup sûr, les bas dont on ne se relève pas

Je sais que le chemin de la douleur n’a de stations qu’en nombre limité

Je sais le souffle haché, le souffle coupé, l’haleine fétide, les effluves d’air cru et les émanations du gaz de ville 

Je sais les étreintes vides, la semence crachée par dépit sur la porcelaine

Je sais la face du mot qui vous sera renvoyée comme une gifle

Je sais que l’amitié et l’amour n’ont pas d’aubier

Je sais que les amarres rompues, le cou brisé, la semelle usée ont pour commun dénominateur la corde

Je sais que la détonation contient le même volume sonore que les battements de cœur qui bâtissent toute une vie

J’ai vécu pour savoir et je n’ai pas su vivre.

(Septembre 1959)

 

 

 

Lieu du larcin : http://bernardlherbier.unblog.fr/

 

 

 

Ernest Pépin - Pour Mandela...


A bras d'homme l'histoire, les émeutes, la prison
l'insolence aux assises de l'ombre
A bras d'homme le temps d'un pays emprisonné et qu'il faut débarbeler
J'ai dit
le temps de modeler d'un seul vœu
Graffiti des mots que l'on massacre à Soweto
Le temps
d'une seule parole pure...
d'une seule goutte d'eau pure à la pointe obscure du temps
J'ai dit
Ce temps végétal qui pousse sans bruit au fond même des barreaux
et dans le lit du prisonnier
et sur les murs de l'apartheid
et se répand dans les bantoustans
Les gens de Soweto
Les gens de Soweto
jonglent avec la mort en livrant bataille aux murailles des couleurs
Aux molosses
Aux rapaces
Aux hommes à figure d'hommes
A bras d'homme et précieuse la liberté de la terre
malgré meurtrie
malgré prison
La flamme des sans papiers
Et ce fut une longue marche de fantômes marchant sans peur
La longue marche des orages brisant le cou des barreaux
Du sang
Oui, du sang
c'est ça même que je dis
Inexorable sang
du sang du pardon
Sabotage
Sabotage de toute vie
de toute gamme de beauté
Tu fus la tête froide des matins
très haut perché sur l'arc-en-ciel à venir
sur les cent mille collines de l'horizon
Forgeron des vents
et libre avec tous les autres
libérateur de la liberté
Homme de toute urgence
Homme de beau matin
Amandla!
Amandla!
L'ombre du prince déplace les montagnes
Honneur et Respect
MANDELA !

 

 

 

 

Nelson Mandela par Marco Cianfanelli - Monument in Howick, Natal, RSA - 2012

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"Etre libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres".

 

Nelson Mandela (18 juillet 1918- 5 décembre 2013)