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26/05/2014

l'oeil & la plume : complainte des mendiants de la Casbah & de la petite Yasmina tuée par son père ( fragment VI )

à lire sur : http://jlmi22.hautetfort.com/

casbah ismail-ait-djaferneg VII.jpg
texte de ismaël ait djafer  1951                                                                  collage jlmi  2014

 

Je vous insulte

Hyènes et chacals

Avec toutes les injures de mon

Alphabet

Et je vous jette au crâne

toutes les potiches de mon

impuissance

Car

Hyènes et chacals

Vous meublez le long tunnel de votre ennui

Des dimanches et des jours creux

Avec le casse-croûte des faibles

Et vous en tapissez les murs avec la chair

De poule des gens qui dorment dans les

 

Igloos des nuits d'octobre

Parlez-moi

De plaisirs quand les gens criant famine et

Désolation

Mettent en marche le phonographe de leurs plaintes

Et battent

Les tambours de leur misère

Sur une place publique

Personne

Ne s'arrête

Rien ne compte plus

Que ce vide des ventres

A combler qui résonne comme une orgue

Dans les crânes des abrutis satisfaits

Comment pouvez-vous vivre, gens de l'argent et de caviar avec ces poux

Que vous ne grattez pas?

Comment pouvez-vous avaler la pâtée

Gens de cravates et parfums que les cravates

N'étranglent

Pas et que le parfum

N'étouffe

Pas?

Comment pouvez-vous caresser vos femmes, lisser votre moustache,

Hausser les épaules, acheter un timbre, applaudir le Cid au théâtre

Des vies, distiller l'anis de vos satisfactions dans l'alambic de vos

Gosiers de pierre, marcher les pieds au sec et la tête dans un chapeau

Curer les ongles de vos chiens, avoir des enfants, tambouriner

Des doigts sans honte, aller la tête haute et le coeur lourd, rire du rire

Faux

Des gens sans conscience, mâcher le chewing-gum des ânes désabusés,

Décortiquer la croûte

D'un poème

Ou la coque d'une chanson pour en avaler sinistrement le fruit

Se dire comblé

Se dire ravi

Se dire heureux

Se dire bon

Se dire humain

Quand les saltimbanques de la misère

Chantent

Et dansent

Le ballet des petits pains devant des banquettes vides

Quand les clowns

poussifs

Epoumonés

Tuberculeux

De la charité

Soufflent dans le tube de leur intestin grêle

Pour bien vous montrer qu'il est

Vide

 

 

(d'après, Editions Bouchène, Alger, 1987. N° d'édition 001/87. Dépôt légal 1er trimestre 1987. Re-publié  par le n°10 de la revue Albatroz, Paris, janvier 1994).

 

Source   http://albatroz.blog4ever.com/ismaal-aat-djafer-complaint...

24/05/2014

Anaïs, 24 ans : un rêve, un combat.... (TV Rennes)

 

Anaïs a 24 ans. Elle vit seule dans une petite maison au milieu d’un champ en Bretagne. Rien ne l’arrête. Ni l’administration, ni les professeurs misogynes, ni le tracteur en panne, ni les caprices du temps, ni demain ne lui font peur. En accord avec ses convictions profondes, portée par son rêve de toujours : celui de devenir agricultrice et de faire pousser des plantes aromatiques et médicinales.

Le film accompagne cette jusqu’au-boutiste. Seule contre tous. Peu lui importe. Elle sait qu’elle gagnera.

 

 

23/05/2014

Comment penser une « prospérité sans croissance » ? par Jean Gadrey

Je mettrai l’accent dans cet article non pas sur des scénarios de transition (il en existe d’excellents dans certains secteurs : agriculture, énergie, bâtiments, transports…), mais sur les catégories de pensée et sur leur renouveau selon moi nécessaire. Je retiens pour commencer une hypothèse que je développerai peu, car je l’ai fait dans d’autres écrits, dont mon livre Adieu à la croissance : la voie d’une « prospérité sans croissance », en référence au titre du livre de Tim Jackson, est nécessaire, désirable, et crédible. Elle ne pourra pas être empruntée sans une forte réduction des inégalités.

Cette voie est nécessaire. De nombreux constats l’indiquent. D’abord, de fortes corrélations passées et récentes existent entre la pression écologique des humains et la croissance économique mondiale. Ensuite, d’autres résultats montrent que, indépendamment de l’écologie, la croissance n’apporte plus rien ou plus grand-chose dans les pays riches en termes de « développement humain », de bien vivre et de lien social [1].

Cette voie est, ou peut être, désirable. Le terme même de prospérité choisi par Tim Jackson correspond à cette conviction. Prosperare, en latin, c’est « rendre heureux ». C’est lié à l’espoir ou à la confiance dans l’avenir, sans connotation d’abondance matérielle.

Enfin cette voie est crédible, moyennant bien évidemment des réorientations profondes elles aussi crédibles. C’est ce que montrent les scénarios auxquels je faisais allusion. En passant, si une voie absolument nécessaire pour éviter le pire était inenvisageable, je ne sais pas ce qu’il faudrait en conclure sur notre avenir et celui de nos descendants…

Mais cette voie ne pourra pas être empruntée sans une forte réduction des inégalités, pas seulement les inégalités économiques. Je renvoie sur ce point à mon livre et, plus récemment, à ce papier d’Eloi Laurent, accessible en ligne, mais en langue anglaise : « Inequality as pollution, pollution as inequality » [2].

1. Quatre catégories pour penser autrement le « progrès » ou le bien vivre

Pour penser une « bonne société s’inscrivant dans la durée », mais aussi une bonne économie, il faudrait privilégier d’autres catégories, non économiques, relevant d’abord de la philosophie morale et politique et de disciplines autres que l’économie.

Je retiens quatre hypothèses, autour de quatre catégories non économiques : 1) prendre soin au-dessus de produire, 2) biens communs à préserver au-dessus de biens privés à accumuler, 3) qualités au-dessus de quantités, 4) sobriété matérielle plutôt que démesure. La question de la justice traverse ces quatre catégories, mais je ne l’évoquerai pas dans les limites de cet article.

Ces quatre catégories entretiennent de fortes relations et peuvent former l’ébauche d’un système ou cadre cognitif. Aucune des quatre ne supprime la catégorie « ancienne » à laquelle je l’oppose, mais chacune désigne un basculement des priorités, selon moi nécessaire pour penser et donc réussir la « transition ».

Pour résumer la façon dont les nouvelles catégories ont une priorité sur les anciennes sans les abolir, il faudrait selon mes hypothèses :

  1. mettre l’activité dite de production (économique ou non) au service du « prendre soin » ;
  2. conditionner la production et l’usage des biens privés à l’intégration de biens communs ;
  3. produire et consommer des quantités sous condition de qualités diverses, dont des qualités écologiques dites de soutenabilité ;
  4. conceptualiser la sobriété individuelle et collective comme exigence de recours mesuré à des ressources matérielles limitées, mais ne concernant pas des activités, plaisirs ou passions dans d’innombrables domaines autres que la consommation matérielle.

1.1. « Prendre soin » au-dessus de « produire »

Selon cette hypothèse, les économies et sociétés du futur seront non plus dominées par les catégories de production et de consommation croissantes de quantités, mais d’abord des économies et des sociétés du « prendre soin ». Je m’inspire très librement, en étendant sa portée, de la sociologie et de la philosophie du « care ». En voici cinq axes :

  • Prendre soin des personnes, de leur santé, éducation, culture, bien-être, avec le souci non seulement d’aider ces personnes mais surtout de favoriser leur autonomie et leur activité propre, leurs « capabilités ». Prendre soin du travail aussi, de sa qualité et de son sens. Prendre soin de soi aussi…
  • Prendre soin du lien social, à préserver et renforcer, de la solidarité de proximité à des solidarités plus globales, et de l’accès à des droits universels liés à des biens communs ;
  • Prendre soin des choses et des objets, pour les faire durer, les utiliser, les concevoir et les produire à cet effet, les recycler lorsque cela s’y prête ;
  • Prendre soin de la nature et des biens communs naturels, dans toutes les activités humaines, afin de rester dans les limites des écosystèmes et de transmettre aux générations futures des patrimoines naturels en bon état ;
  • Prendre soin de la démocratie, vivante et permanente, bien au-delà de la démocratie à éclipse des élections, souvent décevante ou trompeuse. C’est peut-être le premier des biens communs, ou le plus transversal. Il faudrait lui associer le « prendre soin des savoirs », en tout cas de ceux qui correspondent, ou devraient correspondre, à des biens communs.

Depuis plus de deux siècles, les idées économiquement et politiquement dominantes ont affirmé le primat de la production, entendue comme production dans la sphère économique et monétaire (il a fallu attendre 1976 pour que la production non marchande des administrations publiques soit intégrée dans le PIB, ce qui est légitime et important, mais donne une idée des présupposés initiaux du grand projet des comptes nationaux, si indispensables soient-ils à l’analyse). La richesse des sociétés a alors été assimilée à sa richesse économique, par la suite comptabilisée dans le PIB. La croissance des « volumes » est devenue une finalité ultime et le critère central de progrès, ou dans le meilleur des cas sa condition impérative. Ce mode de pensée a conduit à ne pas voir ce que l’on perd en route, les dommages collatéraux de la croissance de la production, dommages sociaux, écologiques et humains. Ils sont en train de devenir massifs et centraux.

1.2. Biens communs à préserver au-dessus de biens privés à accumuler

Ce que l’on perd en chemin, dans les sociétés de croissance, ce sont souvent des patrimoines ou des biens communs dont certains sont essentiels pour inscrire les sociétés dans la durée, et dont aucun n’est comptabilisé dans le PIB.

Les biens communs désignent [3] des qualités d’ordre collectif jugées d’intérêt commun, accessibles à tous, dont la gestion est commune et passe par la coopération d’acteurs multiples. Ils sont donc trois fois « communs » : intérêt collectif, accessibilité commune, responsabilité commune.

Prenons un exemple, celui de la qualité de l’air en ville. Ce n’est pas un bien public au sens usuel d’une infrastructure publique prise en charge par les pouvoirs publics. Il existe un grand nombre de parties prenantes de la « production » et gestion de cette qualité. Les citoyens, ménages, associations, entreprises, organismes divers sont amenés à coopérer comme « co-concepteurs, coproducteurs et coresponsables, y compris comme fournisseurs de ressources financières et non financières, aux côtés des pouvoirs publics comme financeurs partiels, coordinateurs, incitateurs, éducateurs, législateurs, etc. Il s’agit d’un bien commun, ni privé, ni public.

Cette catégorie est essentielle pour penser une transition écologique, énergétique, climatique, parce que, au-delà de cet exemple, presque tous les grands enjeux écologiques constituent des qualités d’intérêt général dont il faut « prendre soin » en commun par la coopération d’acteurs multiples. C’est vrai aussi d’enjeux sociaux majeurs, dont la protection sociale, l’égalité entre les femmes et les hommes, etc.

Les biens communs (écologiques et sociaux) ne s’opposent pas systématiquement aux biens privés. L’objectif d’une transition écologique et sociale bien menée devrait être non seulement de prendre soin des biens communs en tant que tels, comme la qualité de l’eau, de l’air, de la biodiversité ou de la protection sociale, mais surtout d’enrichir la production des biens privés (et publics) en biens communs écologiques et sociaux via notamment des normes plus exigeantes (haute qualité sociale et environnementale).

Dans d’autres cas toutefois, la préservation et la gestion coopérative des biens communs vont s’avérer incompatibles avec leur gestion capitaliste. La « déprivatisation » de l’eau, de l’énergie, de la finance, entre autres, ou le refus de la privatisation de la protection sociale, sont des exemples de combats nécessaires. L’accent mis sur les biens communs va dans le sens non seulement de la réduction de la sphère capitaliste, celle dont les acteurs visent à (presque tout) privatiser, mais aussi dans le sens de la démarchandisation (et parfois de la gratuité) de biens associés à des droits universels existants ou à conquérir. Il faudrait ajouter à ces considérations un bien commun économique et social central : la monnaie, aujourd’hui non seulement privatisée, mais dont la gestion est dominée par la loi de la « valeur pour l’actionnaire ». Aucune prospérité sans croissance n’adviendra vraiment, en dépit d’expériences partielles ou locales concluantes, sans une socialisation de la monnaie et du système financier, pouvant passer par une articulation de monnaies locales et de monnaies communes à de larges espaces.

1.3. Qualités plutôt que quantités (une extension de la catégorie précédente)

Les constats statistiques de découplage, dans les pays riches, entre la croissance économique et de multiples variables associées à l’idée de bien vivre conduisent tous à cette idée : ont été oubliées en route d’innombrables qualités sacrifiées sur l’autel des quantités produites et consommées sous contrainte de gains de productivité. Qualité de vie, du travail, de l’emploi, des écosystèmes, du climat, des biens et des services, etc. Une partie de ces qualités sont des biens communs, d’autres relèvent notamment de la « qualité de service », services des prestataires ou services rendus par des biens, leur « valeur d’usage » ou mieux leur valeur dans l’usage.

La prospérité sans croissance est une transformation de nature qualitative. Les quantités (produites, consommées, de travail…) n’y prennent sens que sous des conditions ou normes de qualité. L’économie elle-même (section suivante) y est pensée comme une économie des qualités, des qualités dont on ne peut juger qu’à l’aune d’une économie comme science morale et politique.

1.4. Sobriété matérielle plutôt que démesure ou ébriété matérielles

Je me permets de renvoyer à ce texte : « La sobriété : une riche idée ! » [4]. Il y est montré que, loin d’être seulement une injonction individuelle pouvant parfois se révéler culpabilisante, la sobriété regroupe nombre de priorités écologiques collectives presque unanimement admises : l’économie « de fonctionnalité » et tous les usages partagés, l’économie « circulaire », le recyclage et la réparation, les circuits courts, la valorisation des activités gratuites, le combat contre le culte de la vitesse, etc.

2. Cette voie implique de « faire de l’économie » avec d’autres concepts et catégories, au-delà du PIB, de la croissance et des gains de productivité

Dans les raisonnements économiques usuels, ceux qui fondent les scénarios des politiques à venir en reproduisant ceux du passé, la croissance est supposée fournir les « marges de manœuvre » de toute l’action publique et des stratégies privées. Elle dépend largement des gains de productivité du travail, mais ces derniers suppriment du travail à quantités produites identiques. Pour ajouter du travail dans l’économie, il faut donc que la croissance soit plus importante que les gains de productivité.

Compte tenu de la révision précédemment proposée des grandes catégories permettant de penser autrement le « progrès », ces concepts économiques clés vont devoir eux aussi passer au second plan au bénéfices d’autres concepts. En tenant compte de travaux existants et des quatre grandes catégories que j’ai mises en avant, je propose de premiers points d’appui pour une telle révision.

Il faut selon moi réformer le cœur du raisonnement, à savoir le triptyque croissance, gains de productivité, volume de travail requis. Il me semble inadapté à une économie des qualités, du prendre soin, des biens communs et de la sobriété énergétique et matérielle. Voici deux arguments liés entre eux. Le premier concerne le culte des gains de productivité, le second la relation supposée entre la croissance et l’emploi. La possibilité de scénarios de prospérité sans croissance passe par ces deux critiques et par des propositions alternatives.

2.1. Le culte des gains de productivité et le rendement décroissant du concept

Il s’agit d’une croyance forte et ancienne, traversant presque tous les courants de pensée et courants politiques, à l’exception des familles diverses de la pensée écologique, et encore... car même André Gorz faisait des gains de productivité un des leviers d’une quête de l’autonomie et d’une prise de distance avec la société « travailliste ».

Selon cette croyance, les gains de productivité du travail sont libérateurs car ils permettent par définition de produire autant ou plus avec moins de travail. Ils libèrent les humains des « corvées productives » parce qu’il y a « substitution du capital au travail ». Ils autorisent donc la réduction du temps de travail, la progression du temps libre, l’élévation du « niveau de vie » et/ou l’affectation de richesses économiques en expansion à des besoins collectifs, à la protection sociale, et même à la réduction des inégalités via « le partage des gains de productivité ». Ils résument donc le « progrès des forces productives ».

L’illustration la plus éclatante serait la suivante : pour nourrir la population d’un pays, il fallait jusqu’au XIXe siècle que la grande majorité des individus travaille la terre, et la travaille durement. Aujourd’hui, dans les pays les plus « riches », 1 % à 2 % de la population active, soit moins de 0,5 % de la population totale, sont employés dans une agriculture devenue à 90 % industrielle et chimique, et suffisent en gros à répondre aux besoins alimentaires de toute la société, permettant même que 20 à 30 % de la nourriture achetée finisse dans les poubelles…

Pourtant, cet hymne puissant aux gains de productivité, ici agricoles, ailleurs industriels, s’accompagne de fausses notes devenues dissonances puis musique alternative. Ces gains s’accompagnent de pertes, et ces dernières deviennent massives. Pour une raison simple : pour produire plus de quantités avec autant de travail, ce qui est la définition des gains de productivité, il faut, sauf exceptions, plus de matériaux, d’eau, d’énergie, avec plus de pollutions et d’émissions. On pompe de plus en plus dans des biens communs disponibles en quantité limitée, dont les plus décisifs depuis les Trente Glorieuses ont été les énergies fossiles, pétrole en tête. Ce sont elles qui ont propulsé vers le haut les gains de productivité industriels et agricoles. Et qui ont de ce fait propulsé aussi vers le haut les émissions de gaz à effet de serre et quelques autres « dommages collatéraux » devenus des risques centraux.

Mais ce qui perturbe le plus les économistes, majoritairement indifférents aux enjeux écologiques, est le constat que les gains de productivité s’effondrent, décennie après décennie, depuis les « Trente Glorieuses » : 5 % par an en moyenne entre 1949 et 1973, 3 % entre 1973 et 1989, 2 % entre 1989 et 2009. Ils ont désormais retrouvé les niveaux du XIXe siècle, avant le pétrole et l’électricité, soit 1 % par an.

Or ce que, pour l’instant, ces économistes refusent d’admettre, c’est que le déclin des gains de productivité, tels qu’ils sont définis et mesurés, reflète essentiellement le déclin du concept, ses rendements intellectuels décroissants pour penser les transformations contemporaines des activités économiques et les grandes transformations à venir. Pourquoi le déclin du concept ? Plusieurs arguments interviennent, mais les deux plus importants sont les suivants.

D’abord, les économies contemporaines sont toutes caractérisées par le fait que les activités de service y occupent entre 75 % et 80 % de l’emploi. Or, les plus gros bataillons de cet emploi tertiaire sont constitués de services, publics, privés, ou associatifs où l’on ne peut pas, ou presque pas, réaliser de gains de productivité sans dégrader la qualité : éducation, santé, justice, services aux personnes âgées et à la petite enfance, services sociaux, recherche, etc. Mais c’est vrai aussi de services privés où la « relation de service » est déterminante et où la substitution du capital au travail a soit des perspectives limitées, soit des incidences négatives sur la qualité ou sur l’utilité sociale. On rejoint d’ailleurs ici l’une des dimensions du « prendre soin ».

Précisons encore, moyennant une brève incursion dans la technique : pour pouvoir définir et mesurer aussi bien la croissance « en volume » que les gains de productivité, il faut impérativement s’appuyer sur la notion d’unités produites et de prix unitaires, afin de construire des indices de prix, lesquels serviront à « déflater » les mesures en valeur monétaire courante. Or, depuis des décennies, les statisticiens rencontrent un problème insurmontable, à nouveau mentionné dans le « rapport Stiglitz » (2009) : personne ne sait définir, dans de très nombreux services qui ont connu une forte expansion, ce que sont les unités produites, donc les prix unitaires, donc les « volumes ».

Que sont les « unités produites » dans l’enseignement, la santé, la recherche, l’action sociale, les services aux personnes âgées, mais aussi les banques, les assurances, la protection sociale, le conseil, voire le commerce de détail ? On ne sait pas, et pourtant ces activités où « on ne sait pas » représentent désormais la majorité des activités et de la valeur ajoutée, donc du PIB. Comment définir des gains de productivité ou un taux de croissance en volume dans ces activités ? On ne sait pas plus. L’évaluation « à prix constants » perd son sens lorsqu’on ne sait pas répondre à la question : le prix constant de quoi ? Les comptes nationaux en volumes et les mesures des gains de productivité globaux ont été mis au point avec des références industrielles et agricoles dans une période particulière. Celles des activités de service qui résistent à la rationalisation industrielle, en dépit de tentatives pour y introduire des pratiques productivistes, résistent aussi à leur inscription dans cette conceptualisation d’origine industrielle. Les conventions retenues par les comptables nationaux confrontés à cette difficulté reviennent plus ou moins, faute de pouvoir disposer d’unités de produits séparables de leurs producteurs, à prendre des unités de prestations de services, soit très souvent… le temps de travail des prestataires (enseignants, aides à domicile, etc.). On met alors au numérateur du ratio de productivité presque la même chose qu’au dénominateur…

Le deuxième argument à l’appui du déclin du concept de productivité est écologique. Car ce qui est vrai de ces services et de leur qualité l’est aussi de la qualité écologique des produits et des processus, enjeu majeur de la période à venir. Les gains de productivité tels qu’on les mesure sont parfaitement indifférents aux « externalités environnementales ». Ils ne tiennent aucun compte par exemple des bilans carbone, des bilans de la consommation d’eau dans la production, de la déforestation liée à certaines productions ou des substances chimiques nocives embarquées dans d’innombrables produits de consommation courante, perturbateurs endocriniens, substances cancérogènes ou mutagènes, etc.

Au total, les gains de productivité passent, sauf exceptions, à côté des quatre exigences principales que sont la priorité au « prendre soin », l’attention aux biens communs, la qualité plutôt que la quantité, et la sobriété énergétique et matérielle. Ils ne sont plus émancipateurs.

Remarque : l’interprétation précédente d’un lien entre le déclin des gains de productivité et le déclin du concept lui-même fait l’objet de controverses parmi les économistes hétérodoxes, y compris ceux qui s’intéressent de près aux enjeux écologiques et qui partagent l’exigence d’une autre vision du « progrès ». Selon certains, on pourrait « sauver » le concept de gains de productivité, tout comme celui de croissance, moyennant des innovations méthodologiques et statistiques leur permettant de tenir compte des gains de qualité et de soutenabilité écologique. Je n’entrerai pas ici dans cette controverse, qui revêt des aspects très techniques. J’ai précisé mes convictions à plusieurs reprises sur mon blog [5]. Mais pour le dire de façon illustrée, il est selon moi illusoire et dangereux de vouloir faire entrer dans des prix fictifs ou corrigés toutes les externalités environnementales qui font qu’une fraise produite en Andalousie sur la base de la destruction de la qualité organique des sols, avec force pesticides et engrais azotés, une consommation d’eau considérable, des transports réfrigérés sur longue distance, et des conditions de travail indécentes, est différente (bien que moins chère sur les étals) d’une fraise de saison issue de l’agriculture biologique de proximité. Il s’agit d’une tentation de l’économisme prétendant pouvoir tout traduire en valeur monétaire.

2.2. La relation supposée entre la croissance et l’emploi

La question qui revient constamment dans les débats publics est celle de l’emploi dans un tel « modèle » ou dans la transition vers ce modèle. Créer des emplois sans croissance ? Les gens sont incrédules, mais ils le sont parce que presque tous les économistes et les responsables politiques affirment que c’est impossible. Ces économistes ont d’ailleurs raison s’agissant du passé : avec les gains de productivité des décennies passées, à une époque – celle des « Trente Glorieuses » de la « production de masse industrielle et agricole » – où la signification de ces gains était moins altérée qu’aujourd’hui, il était impossible d’ajouter des emplois sans croissance, sauf à réduire la durée du travail plus vite que les gains de productivité.

Le problème est que l’usage des raisonnements économiques du passé est incompatible avec les exigences et les urgences du présent et du futur. Le mieux pour prendre conscience de cette impasse est de partir d’un exemple, celui de la production agricole, que j’ai déjà emprunté car c’est le secteur qui a connu depuis 60 ans les gains de productivité les plus énormes, plus que l’industrie, tout en multipliant les dommages collatéraux sur l’environnement et sur la santé.

Supposons qu’on remplace progressivement l’agriculture industrielle par de l’agriculture biologique ou agro-écologie de proximité. À production identique en quantités, il faudrait en moyenne 30 à 40 % d’emplois en plus. Les comptes nationaux actuels nous diraient alors que la croissance de ce secteur « en volumes » est nulle (mêmes quantités produites) et que la productivité du travail baisse fortement. Pourtant, on aurait créé de nombreux emplois, il y aurait plus de valeur ajoutée agricole, et surtout la qualité et la durabilité de la production auront été bouleversées positivement.

Passer à une économie des qualités, de la soutenabilité, du prendre soin et des biens communs écologiques et sociaux sous condition de justice est très probablement bon pour l’emploi, croissance ou pas, mais mauvais pour les chiffres de productivité, parce que ces derniers ignorent ces catégories nouvelles.

La liste est longue des productions et des secteurs où une stratégie de montée en qualité et en durabilité restera invisible dans nos comptabilités. Les grands gisements d’emploi et de valeur ajoutée du futur résideront dans des transformations qualitatives « hors croissance », dans une économie dont le principe sera de « prendre soin » des personnes (des services de bien-être sans visée de productivité), des biens, de la nature et de la cohésion sociale. La prospérité sans croissance mais riche en emplois et en biens communs (et « pauvre en injustices ») repose sur cette réorientation, couplée avec une poursuite du mouvement historique de réduction de la durée du travail (RTT). Cette dernière exigence doit être aujourd’hui politiquement et moralement dissociée de toute référence à la croissance et à la productivité, d’abord parce qu’il y a cinq à six millions de chômeurs, et parce que ce résultat, qui ronge la société, est le fruit de décennies où l’on a mis en avant la croissance (reposant essentiellement sur des gains de productivité) comme principale solution, au lieu du partage équitable. Un remède qui rend de plus en plus malade devrait être abandonné.

Deux chiffres sur la RTT : la durée annuelle moyenne du travail des salariés était d’environ 1800 heures en 1970. Elle a régulièrement diminué jusqu’en 2002, et, depuis, elle stagne autour de 1400 heures, tous types de salariés confondus, y compris les petits boulots à temps très partiel. Si on en était resté à la durée de 1970, il y aurait aujourd’hui des millions de chômeurs en plus des cinq à six millions actuels (si l’on compte tous les chômeurs, et pas seulement ceux au sens du BIT).

Deuxième chiffre. Si l’on divise le volume total de travail en France par la population active, chômeurs BIT compris, on obtient environ 31,5 heures par semaine, et moins de 30 heures en tenant compte des chômeurs « non BIT ». En Allemagne, ce chiffre est de 29 heures. En d’autres termes, un « partage du travail équitable » entre tous ceux qui ou bien ont un emploi ou bien aspirent à en avoir, aboutirait à une semaine de 30 heures environ. L’idée d’un autre partage du travail, plus égalitaire, sans perte de salaire pour l’immense majorité, sur « toute la vie », avec comme mesure phare la semaine de 32 heures, n’est peut-être pas à la mode, mais il va bien falloir s’affranchir de la mode de la pensée unique travailliste qui fait exploser le chômage bien plus surement que la « panne de croissance », laquelle, probablement, va s’installer dans la durée, s’agissant de la croissance quantitative ou « en volume ».

Enfin, au delà de l’éthique du partage, une telle réduction serait favorable, moyennant des dispositifs innovants, à la participation des citoyens à la vie démocratique et militante, à la vie associative, à la « croissance » des innombrables richesses non marchandes et souvent non monétaires issues du bénévolat coopératif. Ce serait bon également pour réduire la pression écologique, car une corrélation significative existe entre cette dernière et la durée du travail. [6]

Bien entendu, dans le même temps, l’emploi devra diminuer progressivement (mais avec des conversions négociées, limitant les réductions d’emplois et préservant la sécurité professionnelle des salariés sur leur territoire) dans certains secteurs à forte pression écologique ou haut niveau d’émissions et de pollutions : énergies fossiles, transports routiers, industrie automobile, etc. Mais ce que montrent les meilleurs scénarios dont on dispose, c’est que ces pertes d’emplois seraient plus que compensées par les créations dans les secteurs porteurs de la transition.

Notes

[1Voir, outre les livres déjà cités, celui de Richard Wilkinson et Kate Pickett, Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous, Les Petits matins, 2013, ainsi que mon livre Adieu à la croissance, op. cit.

[3Je m’inspire ici de réflexions collectives menées depuis plusieurs années dans la région Nord-Pas-de-Calais, plus que de travaux théoriques, quel que soit leur intérêt.

[4J. Gadrey, «  La sobriété : une riche idée    », 14 février 2014.

[6Devetter François-Xavier, Rousseau Sandrine, «  Working time and sustainable consumption  », Review of Social Economy, vol. 69, n° 3, 2011.

 

 

 

22/05/2014

Zapatisme: la rébellion qui dure

Vient de sortir de presse, un nouveau numéro de la collection "Alternatives Sud"

 

Points de vue du Sud
Éditions Syllepse - Centre Tricontinental
Volume XXI (2014), n°2, 208 pages

 
 
 
 
 

 

Deux longues décennies ont passé depuis le soulèvement armé des zapatistes du Chiapas dans le Sud-Est mexicain, le jour de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain. Aujourd’hui pourtant, à coup de mobilisations détonantes et de communiqués fleuris du sous-commandant Marcos, la rébellion des indigènes mayas encagoulés défraie à nouveau la chronique, sur fond de tensions palpables.

Guérilla guévariste, mouvement civil d’affirmation identitaire, forum altermondialiste, autogouvernement rebelle… la dynamique zapatiste a revêtu au fil du temps des formes diverses pour revendiquer d’abord, construire ensuite – sur ses propres territoires désormais «autonomes de fait» – la democracia, la libertad et la justicia.

La viabilité d’une telle expérience profondément émancipatrice et radicalement démocratique est questionnée. Fragmentation politique des régions indigènes, stratégies contre-insurrectionnelles et assistancialisme gouvernemental, pénétration des transnationales de l’industrie extractive, touristique, agroexportatrice… l’adversité du contexte est tangible. Tout comme les limites internes de la rébellion dont les logiques d’action, sociales et politiques, peuvent converger ou se heurter.

Comment se profilent aujourd’hui les perspectives du mouvement zapatiste? Quelle signification recèle cette critique en actes du modèle économique dominant et d’un certain rapport au politique? Au Mexique et au-delà, quelle est la portée de cette lutte, aussi atypique que légitime, pour la dignité, la redistribution et la reconnaissance?

 

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19/05/2014

Green, destruction of World

Son nom est Green, une femelle orang-outan, seule dans un monde qui ne lui appartient plus. C'est un voyage bouleversant à travers les yeux et les sentiments de l'un des derniers grands singes de Bornéo. Un témoignage puissant, une œuvre rare qui modifie pour longtemps le regard que nous portons sur la Nature et notre société. Green est le résultat du travail et de la volonté d'un seul homme : Patrick Rouxel, parti pendant plusieurs mois sans financement, seul avec une caméra dans la jungle de Bornéo. Un documentaire exceptionnel récompensé par 22 prix décernées aux quatre coins du globe. Une chose est sûre : impossible d'oublier les yeux de Green...

 

 

 

France: Mise en garde contre les nanomatériaux par l'agence française de sécurité sanitaire

Des nanotubes de carbone, utilisés comme additifs ou revêtements dans l'industrie, peuvent entraîner le développement anormal d'embryons, causer des cancers ou bien des maladies respiratoires.

Les effets des nanomatériaux sur l'homme restent largement méconnus, faute d'étude, relève un rapport de l'ANSES. Les effets à long terme des nanotechnologies, en pleine expansion, devraient être étudiés et leur usage réglementé. 


Sommes-nous en train de jouer ave le feu? L'Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses) met en garde, ce jeudi, contre les dangers potentiels mais encore largement inexplorés des nanomatériaux. L'agence réclame, dans un nouveau rapport, une réglementation européenne plus stricte à leur égard. 


Les nanomatériaux sont des matériaux naturels ou manufacturés constitués de particules dont la taille se situe entre 1 et 100 nanomètres, soit 1 à 100 milliardièmes de mètre. Cette taille intermédiaire entre la taille des atomes et celle des matériaux classiques leur confère des propriétés physiques, chimiques et biologiques particulières. 


Un domaine de recherche scientifique et technique en pleine expansion 


« Les nanomatériaux représentent un domaine de la recherche scientifique et technique en pleine expansion » en raison de ces propriétés et de leurs applications industrielles, explique dans son rapport l'Anses. 


« L'utilisation des nanomatériaux est en plein essor et désormais, ils entrent dans la composition de nombreux produits de la vie courante disponibles sur le marché: cosmétiques, textiles, aliments, peintures, etc », indique l'agence. 


Absence d'études épidémiologiques 


Mais les effets de ces nanomatériaux sur l'homme restent encore largement méconnus, faute d'étude. « Il n'existe pas à l'heure actuelle de données » sur la toxicité directe de ces produits sur l'homme « en raison de l'absence d'études épidémiologiques », relève l'Agence. 


Plusieurs éléments plaident pour la prudence vis-à-vis de ces nouveaux matériaux. En premier lieu, la petitesse de leurs particules leur permet de franchir les barrières physiologiques, comme la peau ou les muqueuses qui constituent les protections naturelles du corps. Ensuite, des tests in vitro et in vivo sur l'animal indiquent une toxicité pour certains d'entre eux. 


En particulier, des nanotubes de carbone, utilisés comme additifs ou revêtements dans l'industrie, peuvent entraîner le développement anormal d'embryons, causer des cancers ou bien des maladies respiratoires, souligne le rapport. 


Ces mêmes nanotubes de carbone peuvent aussi avoir des effets toxiques sur l'environnement avec par exemple un effet antimicrobien lorsqu'ils sont dispersés dans le sol. 


Des études plus approfondies sur ces nanotubes de carbone et sur leurs effets à long terme seraient donc nécessaires, souligne l'Agence. 


De manière générale, l'Anses « recommande la mise en œuvre de projets pluridisciplinaires permettant de développer les connaissances sur les caractéristiques des nanomatériaux et de leurs dangers, tout au long du cycle de vie des produits ». 


« Renforcer la traçabilité »et de mieux contrôler l'exposition de la population aux nanomatériaux 


En attendant, l'Agence recommande la prudence et « appelle, dès à présent, à un encadrement réglementaire renforcé des nanomatériaux manufacturés au niveau européen, afin de mieux caractériser chaque substance et ses usages, en prenant en compte l'ensemble du cycle de vie des produits ». 


La règlementation européenne en matière de classification et d'étiquetage (CLP) et celle sur les produits chimiques (REACh) devrait s'appliquer au nanomatériaux afin d'en « renforcer la traçabilité » et de mieux contrôler l'exposition de la population, estime l'Anses. 


Selon un premier recensement officiel pour ce type de matériaux, publié en novembre, 282.000 tonnes de nanomatériaux ont été produites en France en 2012 et 222.000 tonnes ont été importées. 


Notes : 



Commentaire : Il faut bien prendre conscience qu'effectivement, l'action des nanoparticules se fait sentir jusqu'au niveau de notre ADN et qu'il peut être difficile de s'en prémunir. 



L'entrée des nanoparticules dans l'organisme par le tractus intestinal 


« La consommation des produits issus des nanotechnologies favorise l'entrée dans le corps des nanoparticules par voie intestinale. 


L'épithélium intestinal diffère des autres du fait de sa fonction primaire d'absorption des substances exogènes. Il est depuis longtemps connu que des particules peuvent passer à travers la barrière épithéliale de la lumière intestinale. 


Concernant les nanomatériaux, différents travaux ont été réalisés afin de faciliter l'absorption des médicaments. Une étude a montré l'importance de deux facteurs dans la pénétration des nanoparticules :leur taille et leur charge électrique. 


Ces nanoparticules peuvent donc franchir la barrière du mucus et une fois cette barrière franchie, les nanoparticules peuvent pénétrer dans les vaisseaux lymphatiques et les capillaires. Une étude de Jani et Al montre qu'en utilisant les nanotubes de carbone (diamètre moyen 1,4 nm, marqués à l'iode 125, 

administrés par gavage chez la souris), dès trois heures, on retrouve un marquage aux niveaux pulmonaire, rénal et osseux

Ceci revêt une importance particulière dans le cadre des effets potentiels des nanoparticules sur la santé. C'est le cas des pâtes dentifrices contenant des nanoparticules, déjà vendues sur le marché, qui sont utilisées par la population en général et certaines de ces nanoparticules peuvent être avalées. 


En plus, les produits alimentaires contenant des nanoparticules comme des huiles actives anticholestérol permettent aux nanos de se retrouver dans l'organisme via l'alimentation. »

 

Source : nature alerte

 

François Ruffin dans Fakir

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15/05/2014

Appel à souscription

Pour       

 

 

GUERRES

 

ET AUTRES GÂCHIS

 

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poèmes de Cathy Garcia

illustrations de JL Millet

 

 

A paraître en juin aux Ed. Nouveaux Délits

 

32 pages, agrafé et imprimé sur beau papier calcaire 100gr

et 250 gr pour la couverture (papier recyclé)

 

10 €  plus 1,20 de port

 

 

 

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"Il y aura bien comme de coutume des traîtres des lâches 

Des gens simplement comme vous et moi 

Il y aura comme toujours du sang de nombreux ossuaires 

Du sordide et une fleur peut-être nucléaire

 

 Pour que tout puisse recommencer les plus jamais ça ! 

Tout comme avant, au bon vieux temps. "

 

 

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 Les pères sont toujours en train de faire une guerre,

et quand ils en reviennent, les enfants ont grandi

et les mères sont mortes.


René Barjavel

in Colomb de la lune

 

 

 

 

Pour commander voir : http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/ 

 

 

12/05/2014

Ces Iraniennes qui retirent leur voile

 

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La page "Libertés furtives des femmes iraniennes" sur Facebook. Le rendez-vous de ces Iraniennes qui jettent le voile et qui se prennent en photo.

Ce sont des jeunes filles, des mères et parfois des grand-mères, toutes sans voile, obligatoire dans l'espace public en république islamique d'Iran. Elles sont au bord de la mer Caspienne ou du golfe Persique, à Persépolis, à Shiraz, dans une voiture, dans les montagnes au nord de Téhéran, sur l'autoroute qui mène à Khoramabad, dans le sud-ouest du pays ou même dans la ville religieuse de Qom. Elles jettent leur foulard et se prennent en photo et envoient ensuite les clichés à la page Facebook des Libertés furtives des femmes iraniennes.

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« Trois générations dans un seul cadre, écrit une jeune Iranienne qui a envoyé la photo publiée ci-dessus. Grand-mère, mère et fille, nous avons créé notre propre avenue Azadi [située à Téhéran, azadi voulant dire « liberté » en persan]. Que la prochaine génération puisse obtenir ses droits les plus basiques avant que ses cheveux deviennent tout blancs. Est-ce que cela est un rêve trop ambitieux ? »

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A Tabriz, au nord-ouest du pays.

L’administratrice de cette page est la célèbre journaliste iranienne Masih Alinejad, exilée au Royaume-Uni. Sur sa page Facebook, elle a d'abord proposé que les Iraniennes envoient les photos sur lesquelles elles ont osé jeter leur voile. « Toutes les filles et les femmes iraniennes ont affaire à des restrictions et ne peuvent pas choisir librement leurs tenues. Malgré ces limites, elles expérimentent parfois de brefs moments de liberté. Cette page a pour vocation d'enregistrer ces moments », écrit-elle dans la description de la page.

Succès inédit

Lancée le 3 mai, la page Libertés furtives des femmes iraniennes connaît un succès impressionnant : aujourd'hui, elle compte 93 000 abonnés. Cette soudaine popularité est d'autant plus parlante que Facebook est bloqué en Iran, tout en restant accessible par le biais de différents logiciels antifiltrage.

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"Dans le désert de Dasht-é Kavir, au centre du pays".

Sur cette page, certaines femmes se sont prises en photo devant des affiches prônant le bon respect du hidjab... Un explicite pied de nez aux autorités.

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« Sur ordre de la police, se promener sur la plage sans tenues dignes est interdit et passible d'une poursuite judiciaire », peut-on lire sur l'affiche devant laquelle ont posé ces deux Iraniennes, le foulard tombé sur les épaules, en train de faire un bras d'honneur à l'affiche en question (photo publiée ci-dessus).

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"Les sœurs! Respectez le hidjab islamique!", peut-on lire sur cette affiche.

Le commentaire qu'a envoyé une autre Iranienne pour accompagner sa photo (ci-dessus) sans voile devant une affiche invitant au respect du hidjab en dit long sur cette nouvelle tendance, en progression depuis quelques années parmi les Iraniennes. « Ma photo est bien parlante. Est-ce qu'ils se demandent pourquoi beaucoup de filles se prennent en photo sans voile devant les affiches moralisatrices sur le hidjab ? Le message est facile à comprendre », écrit-elle.

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Au bord de la mer Caspienne, dans le nord du pays.

 Manifestations pour plus de contrôles vestimentaires

Quelques jours après le lancement de cette page, l'agence d'information semi-officielle Fars, proche des gardiens de la révolution, s'en est prise à son initiatrice, Masih Alinejad, la qualifiant d'« antirévolutionnaire » qui cherche à « abolir le hidjab ».

Manifestation

Manifestation des bassijis contre le relâchement vestimentaire, à Téhéran, mercredi 7 mai.

Les plus conservateurs ont ensuite multiplié les actions en faveur d'une surveillance plus stricte des codes vestimentaires et du respect du hidjab. Mercredi 7 mai, un groupe de bassijis s'est rassemblé sur la place Fatemi, dans le centre de Téhéran, et a continué sa marche vers la place Valiasr. Les manifestants ont scandé des slogans tels que « Homme ! où est passée ta dignité ? Où est passé le hidjab de ta femme ? » ou « Mort à celles qui n'ont pas de hidjab ! »

Ils ont terminé leur rassemblement par un communiqué exigeant la poursuite judiciaire de celles ou de ceux qui ne respectent pas les règles vestimentaires, ainsi que le renforcement des actions de la police des mœurs, chargée du contrôle du hidjab des Iraniennes. Le nombre de manifestants a été estimé entre « des centaines », à en croire l'agence d'information officielle IRNA, et « quatre mille », selon le site très conservateur Serat.

Cette manifestation semble une mise en garde explicite à l'adresse du président modéré, Hassan Rohani, qui prône une approche plus souple en ce qui concerne les contrôles vestimentaires. Or, la réponse du gouvernement n'a pas tardé à tomber. « L'Etat n'est pas d'accord avec les manifestations sans autorisation, et celle qui s'est tenue mercredi était illégale », a annoncé le gouverneur de Téhéran, Hossein Hachémi.

A l'approche de l'été, chaud, la saison où les Iraniennes sont moins enclines à respecter les codes vestimentaires, la guerre est déclarée entre le gouvernement et les plus conservateurs.

 

Source : http://keyhani.blog.lemonde.fr/2014/05/10/ces-iraniennes-...

 

 

 

 

L’Anthologie de la Poésie mauricienne contemporaine d’expression française

vient de paraître aux éditions Acoria

 

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Textes réunis par Yusuf Kadel
Préface Eileen Lohka
Introduction Robert Furlong

Existe-t-il, comme pour la mesure du progrès humain, des paramètres, des indices permettant de mesurer le développement poétique ? Probablement pas, car la poésie transcende le temps et un poème d’il y a mille ans peut paraître plus contemporain qu’un poème tout juste accouché… L’outil pouvant faciliter à la fois une vision panoramique, voire une lecture diagonale d’échantillons d’une production littéraire tant romanesque que poétique reste l’anthologie. Même si celle-ci n’est jamais totalement exempte de directivité, l’anthologie reste un acte littéraire fondateur en soi, car, à travers elle, un auteur ou un collectif d’auteurs considère que telle ou telle somme de production littéraire est représentative d’un génie particulier et/ou reflète une maturité littéraire suffisante… En quelque sorte, elle est une vitrine rassemblant de façon quasi muséale ce qui mérite d’être pérennisé en bloc et qu’il convient de considérer comme emblématique.

 

Y figurent donc avec bien d 'autres à découvrir, trois auteurs publiés dans la revue Nouveaux Délits : Yusuf Kadel, Alex Jacquin-Ng et Umar Timol.

 

Pour commander : http://www.acoria.site-fr.fr/produit/210040/

 

 

 

 

11/05/2014

Question

Quand est ce qu'on va se décider à enseigner partout dans les écoles, l'histoire objective des religions, sans parti pris, sans dogmatisme, de toutes les religions et philosophies depuis les débuts de l'humanité et le fondement spirituel à dégager de tout ça, que certains peuvent appeler morale laïque si ça leur chante, mais surtout et avant tout les outils pour que chacun puisse avoir la capacité de choisir et de se forger sa propre morale ? Afin que nul intégrisme, quel qu'il soit, ne puisse prendre racine sans ce terreau là.

 

Cathy Garcia

 

 

 

08/05/2014

Fugitive lu par Laurence Biava pour la Cause Littéraire

 

Plasticienne autodidacte, elle compose ce qu’elle appelle des gribouglyphes, mélange de diverses techniques et de collages. Elle obtient un premier Prix de poésie à 18 ans. Ses premiers recueils sont publiés en 2001. Elle illustre plusieurs revues littéraires et des recueils d’autres auteurs. Elle crée en 2003 la revue de poésie vive Nouveaux délits. Son travail est présenté publiquement depuis fin 2008 et sur le net. Fin 2009, elle fonde l’association du nom éponyme Nouveaux délits. Elle s’exprime aussi à travers la photo, pas en tant que photographe professionnelle, mais en tant que poète ayant troqué le crayon contre un appareil photo :

Après Claques et boxons et Les mots allumettes, Cathy Garcia revient en ce mois de mars 2014 avec un recueil court de poésie prosaïque très intéressant qui fait à la fois la part belle aux souvenirs des tragédies antiques, aux flottements des corps en souffrance, à la beauté des matériaux. Il y a aussi de belles envolées sur les aurores, la lumière de la lune, d’où jaillissent fulgurances, contemplation, rédemption.

« Une tragédie antique ensevelie dans le jardin des masques… L’oiseleuse pleure dans les fumées de myrrhe. Un corps de femme à lapider, encore et encore… Juste un saccage de coquelicots. Conjuration du vide… La meute aime le rut ».

 

Chaque fragment hybride est court et complété par une illustration personnelle de l’auteur.

« Je marche… je dois marcher… Je cours et je danse ». Cette ode à la fragilité de la vie se déroule avec douceur sous nos yeux, et cette sensation est renforcée par la grande qualité de plume de Cathy Garcia. On y voit, on y sent, on imagine la vie d’un individu égaré en pleine nature. On lit et on regarde se dérouler, en petites en grandes attentes, la vie d’un personnage, qu’on imagine être une femme, croqué au trait noir. Les instants heureux ou douloureux de la vie sont là, esquissés en quelques traits et liés les uns aux autres, par les ressacs des histoires d’amour, de séparation ou de transition. On entend des cris sourds parfois et se dessine (et se devine) alors une couleur particulière, différente à chaque page, à chaque murmure souffrant. Et l’air, la lumière, le souffle reviennent vite pour combler les manques, les trahisons, les inépuisables toxicités. Animée de tourments intérieurs et d’observations éclairées sur la mémoire et la fuite, l’histoire de chaque scène se déploie sous nos yeux, on la regarde et on l’aide à son déroulé en touchant du doigt les mots qui sursautent et s’empilent, parsemés. Les mots qu’on aimerait remettre dans la main du personnage, pour ne pas la voir s’enfuir et souffrir. On devine des coupures entre les phrases, qui renforcent la narration de cette histoire, ode poétique au temps, à l’errance, à l’exil.

Ces fragments d’une femme naufragée renforcent les émotions que l’on ressent, en résonance, à l’écoute et au visionnage de cette vie, notre vie, qui passe entre douceurs et tristesses. C’est vrai ! Comme le dit l’auteur, « notre bonheur est bossu ».

« Je marche et glisse dans la nuit, je compte les spectres. Un spectre, deux spectres, trois spectres… Quatre spectres… Les violoncelles saluent la vanité des cérémonies… Tout brûle, irrattrapable capharnaüm ».

 

Laurence Biava

 

http://www.lacauselitteraire.fr/fugitive-cathy-garcia

07/05/2014

L'érotisme arabe de Malek Chebel

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Malek Chebel, anthropologue et philosophe vient de faire paraître un ouvrage baptisé "L'érotisme arabe" (Robert Laffont). Il présente dans cet entretien la réalité des rapports entre islam et sexualité, des interactions complexes et nuancées, transcendant les préjugés religieux et sociétaux :

 

 

 

L'érotisme arabe est le fruit d'une tradition millénaire qui a pris son essor bien avant l'arrivée de l'islam. Malek Chebel a rassemblé dans cet ouvrage un florilège des meilleurs textes issus de cette veine littéraire méconnue.
Le Kama-sutra arabe, en premier lieu. Conçu comme un manuel de savoir-vivre amoureux et d'éducation sexuelle, il traite des questions relatives à l'art de la séduction, de la jouissance et de la sensualité. Cet hymne à l'amour physique sous toutes ses formes, sans complexe ni tabou, est ici illustré par le traité de psychologie amoureuse d'Ibn Hazm l'Andalou, Le Collier de la colombe, par le torride Jardin parfumé de Nafzaoui, et par Les Cimes du savoir dans le domaine de la copulation de Sheikh Suyûti, théologien et auteur d'une dizaine de traités d'érotologie.
Le lecteur pourra aussi s'initier à la poésie épistolaire qui a marqué la culture arabe classique, une poésie métaphorique qui use du langage comme d'une arme subversive, la littérature devenant ainsi le meilleur paravent pour parler librement de sexe et d'érotisme. Deux auteurs parmi les plus importants à cet égard ont été repris intégralement dans ce volume : Jahiz, à travers son épître Éloge des éphèbes et des courtisanes, et Ibn Fûlayta avec son Instruction de l'amant en vue de la fréquentation intime de l'aimé(e), traduit pour la première fois en français pour la présente édition et qui relève de l'érotologie pure.
Malek Chebel clôt cet ensemble par un « Dictionnaire culturel de l'érotisme arabe », dans lequel s'expriment en toute liberté la diversité amoureuse comme l'audace d'une tradition aux antipodes de tout intégrisme.

 

 

 

 

06/05/2014

Odessa : incendie ou massacre ?

http://reseauinternational.net/odessa-un-simulacre-dincen...

http://www.marianne.net/Pourquoi-le-massacre-d-Odessa-a-t...

http://rue89.nouvelobs.com/2014/05/05/ukraine-les-innomme...

à comparer avec d'autres articles de presse....

 

 

 

 

Entretien avec Monique et Michel Pinçon-Charlot, autour de leur livre «La violence des riches - Chronique d'une immense casse sociale» (Editions Zones - La Découverte 2013)

 

 

Les Aryens, un documentaire de Mo Asumang

En Allemagne, certaines localités, rebaptisées « zones nationales libérées », sont désormais sous le contrôle du NPD (Parti national-démocrate), qui a fait fuir les étrangers et imposé un climat de terreur. Aux États-Unis, les groupuscules d’extrême droite prolifèrent dans le sillage du Ku Klux Klan ou de suprématistes blancs tels que le fondateur de la White Aryan Resistance, qui affirme sans détours : « Notre religion, c’est notre race. » Si leurs dénominations et leurs méthodes diffèrent, ces mouvements reposent sur une idéologie commune : la croyance en la supériorité de l’homme blanc, et plus particulièrement de l’Aryen, qui fut glorifié par les nazis pour mieux rayer de la communauté nationale les juifs, les étrangers et tous les individus jugés inférieurs. Mais que signifie être aryen ?

 

Descendant de grands-parents enrôlés dans la SS d’un côté, d’aïeuls ghanéens de l’autre, la réalisatrice, présentatrice et actrice Mo Asumang (The ghost writer) est confrontée depuis l’enfance à la haine raciale. De manifestations publiques en entretiens en tête-à-tête, bravant les intimidations et les silences obstinés, elle part à la rencontre des néonazis pour décrypter leurs motivations et les confronter à leurs incohérences. Au fil de son enquête, elle interroge le sens du mot « Aryen », popularisé au XIXe siècle par Joseph Arthur de Gobineau. Elle met ainsi en lumière l’instrumentalisation du terme, qui désigne en réalité une peuplade de bergers du IIIe millénaire avant J.-C., installée sur les hauts plateaux de l’Iran actuel. Une vérité anthropologique irréfutable qui ébranle les postulats nazis toujours en vogue aujourd’hui, qualifiés de « sinistre plaisanterie » par un archéologue persan.

 

A voir en ce moment sur Arte :

A l'ami Pierre Colin, belle route vers Avalon...

 

 

Voyage, vers telle ou telle éternité.
 
  
Perçant et expugeant l’alphabet de la fièvre, craquements, mandibules,

 

Ordre et désordre du chant d’amour,

Goutte à goutte que plume,

Perle à perle que dieux.

 

(…)

 

brûle, ondule, l’œil pullule !

l’à l’endroit, là l’envers, tout est rues d’univers.

Garde l’or. Garde l’œil.

Ce qui vient entre nous sur terre.

Xam ! Xam ! C’est un rêve surnuméraire.

Il fait lèvre. Il fait froid. Sur ta peau d’hortensia.

Dans la rue du vagin, chevelure et brûlure.

O mon corps, loup de joie.

Fais-moi signe dans l’ici-bas.

 

(…)

 

Nous savons témoigner des mots lovés dans

les terriers de chair. Mots désastres du corps perdu.

Mots qui n’ont plus leur place dans la bouche…

 

Nous sommes des brûleurs d’eau froide.

L’aube est sans laisse, et le cœur est immense.

L’âge du monde est notre voie.

 

(…)

 

Le cœur descend de tout, échassiers des chimères.

 

(…)

 

Les mots sont l’océan de nos barques de pierre.

Nous avons mis des siècles à dépouiller la nuit de nos chimères.

 

Car nous avons gagné le droit du large, chacun

Dans son manteau d’écailles et d’horizons.

Chacun dans le gisant des mots, l’étoile au sec.

 

La nuit dort sur le flanc, vieux chien de nos poitrines.

 

(…)

 

Nos mains s’agitent, cages intimes, où sont les anges fous, nos sibylles vaincues. Voyage dans la blancheur du corps, voix délicieuses, premières perce-neiges au-delà du pubis. Premières étoiles sur la peau. Les sexes fusent. Fatigues des maquis de bouches, des jardins sous l’aisselle. Fatigue des parfums en déroute. La perle du matin sur son dernier rivage.

 

(…)

 

Autant de hanches, autant de gorges sur l’horizon. Autant de tailles cernées par l’océan, l’ambre et la pulpe des mots. La mer s’est retirée, découvrant l’étendue de la nuque, les halos de l’échine, la lune attardée des yeux dans les saules. Ce quelque chose qui fait de nous des puits, des corps tourbillonaires dans le chaos des rêves. Ecrire c’était hier, renaître c’était demain. L’océan quelquefois se noie ans nos suaires.

 

(…)

 

Les passereaux emportent les destins, frères aux jabots de feu, fées aux longs yeux d’amantes, pluies sacrées. L’étreinte à l’âge des clavicordes.

 

Chants de nos cygnes intimes, trouvés morts dans l’aurore, quand le ciel lentement se défait de ses linges de femmes sur le seuil.
 
  
  Ce goût de vieux futur dans la bouche indécise.

 

(…)

 

Nous cherchons Aphrodite, elle est dans nos poussières. Sa taille et son nombril, les sources de sa nuque. Le matin n’a plus d’âge, l’oiseau quitte nos laines. Notre étoffe de chair se froisse sur la berge.

 

Nous traquons l’éphémère, le ventre du ciel pur. L’oubli ne nous sied plus. Un jour, nous renaîtrons de ses restes barbares. Rien ne sera trop pur, trop loin, trop improbable.
 
  
  Ce que nous avons fait, nous savons le défaire.



(…)

 

Ecrire est un pays qui n’a plus d’horizon.
 
  
   
 
(…)

 

Tout l’eau n’est que ruine et caresse. Il faut faire allégeance à ces femmes de source et d’estuaire. Il faut plonger en soi dans les vagues et la fièvre des poissons vainqueurs.

 

Tout cela, tu le sais, mais tu nages en eau blême, frère du chêne et du houx. Quand tu es arrivé n’aies pas peur, le rivage est une frontière de soi à soi, laissé dans l’or et l’éblouissement du corps.

 

Après l’amour, nous parlerons. Après l’amour obscur.

 

(…)

 

Tout revient pour germer. Tout revient pour gémir.

 

Le corps enchevêtré du monde est sur nos pas, brûlant ses hanches, mendiant sa nuque, tirant les oripeaux du sexe sur la route. Etreinte aux ailes de grand froid.

 

Peut-être saurons-nous un jour qui est l’âme du bleu ? Des mots, des rêves, d’autres mots, d’autres rêves, des écorces, des branches, l’en marche du désir, l’en marche de la pluie, les horizons errants sur chaque lèvre…

 

Tout l’impensé du monde est sur nos traces.
 
  
 
   
(…)

 

Le grain des rêves est humide. Sable et rêve génèrent la même eau, la même femme à la voix de ténèbres. Il faut sans fin lever sa peau entre les sables de la nuit, effacer cette trace de ciel dans nos poitrines.

 

(…)

 

Dans la cour, les guerriers mangent la chair des tours. Buvez, mangez. Anne est nue dans sa tour.

 

Anne au genou fier, aux chevilles légères. Anne du vent. Mais de la nuit, que savons-nous, bergère des ifs blancs ?



(…)

 

La nuit entre par tous les mots. Car la nuit trompe ses vieux amants.

 

(…)

 

S.o.s. à la mer. S.o.s. à la pluie. Au suaire du vent qui nous colle à la peau.

 

Nous savons tous que les mots sont fossiles.

Ecailles d’un autre âge.

 

Il ne reste presque plus rien des rêves. Seulement l’inachèvement des tempêtes, le bleu déchu du ciel dans nos vertèbres.

 

Chaque jour le judas du temps montrant ses traces.
 
  
 
  (…)

 

Depuis toujours, je polis l’airain noir de ton corps

De tous mes mots, je pèse sur le fléau des villes

Tout ce qu’on peut tirer d’un arbre au crépuscule

 

 

Pierre Colin, extraits de Je ne suis jamais sorti de Babylone

 

 

* * * * *

 

 

Pierre s'en est allé, emportant avec lui sa fougue, ses élans  et sa passion de l'Autre qui, j'en suis certaine, sauront éclairer sa route. Sa présence et ses mots demeurent, à jamais gravés dans le cœur de ses proches et amie(e)s et tous celles et ceux qui ont et auront la joie de lire sa poésie puissante comme le granit de cette Bretagne qu'il aimait tant et lumineuse comme l'écume à la crête des vagues. Les hommes vont, les paroles restent et à travers elles, le poète nous convie au banquet d'une immortelle liberté.

 

 

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Librairie des Beaux Jours, Tarbes, Avril 2012

 

 

 

 

Et un grand et du fond du cœur MERCI !! Pierre Colin et sa compagne Maïté font partie de ceux qui n'ont jamais cessé de soutenir et encourager mon travail autant poétique qu'artistique et qui m'ont généreusement invitée à plusieurs reprises dans le cadre des cafés littéraires de leur association Thot'M. Ce sont des choses qui comptent et ne s'oublient pas. 

 

Cathy Garcia, 6 mai 2014

 

 

 

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Accouchement à domicile : soutien Krista Guilliams, sage-femme, une lettre d'Audrey Barbes

"Bonsoir à tous,
 
je ne savais pas comment intituler ce mail pour vous donner envie de l'ouvrir et de le lire. J'espère que j'ai bien choisi et que vous aurez eu de l'intérêt à le lire jusqu'au bout!! :)
 
Pour celles et ceux qui ne le savaient pas, nos deux enfants, Jasmin et Amande, sont venus au monde à la maison. C'était un CHOIX DÉLIBÉRÉ de notre part, en toute connaissance de cause et avec toutes les précautions nécessaires bien entendu.
En 2010, pour la venue du premier, nous avons sonné à la porte d'une sage-femme libérale qui pratiquait donc l'accouchement à domicile (AAD). Son nom Krista Guilliams. C'est la personne la plus importante dans la création de notre famille. Elle a bien voulu nous guider dans cette aventure et cela fût un bonheur inexplicable (enfin si je pourrais l'expliquer mais je veux faire court!). Tout s'est bien sûr très bien passé, un beau bébé, qui a bien grandi depuis, a été accueilli dans un environnement paisible, en toute sécurité.
Et nous avons réitéré deux ans après avec l'arrivée de la petite sœur. Et cette fois encore Krista (assistée d'une deuxième sage-femme que nous connaissons bien et que nous avons contacté car elle était plus proche de chez nous mais ne pratiquait pas l'AAD) est venue. Et cette encore ce fût un succès!
 
Pourquoi cette histoire?
 
Krista est actuellement "attaquée par l'Ordre Départemental des Sages-Femmes. Aucune plainte de parents n'a été déposée contre elle. Il n'y a aucune conséquence grave dont elle est à l'origine (décès ou séquelles)... Et pourtant l'Ordre Régional a prononcé à son encontre la radiation définitive au terme d'une procédure longue et coûteuse pour Krista, financièrement et psychologiquement.
Aujourd'hui, Krista a décidé de ne pas se laisser abattre et de faire appel. Pour ça, elle a besoin du soutien de tous : financier, moral et médiatique." (cf. le site de soutien )
 
 
Il est inutile de vous dire que nous nous ne sommes jamais senti en danger d'aucune manière que se soit en nous laissant guider par cette professionnelle en qui nous continuons d'avoir une entière confiance. Nous avons bien la tête sur les épaules, les yeux en face des trous et les pieds sur Terre.
 
Ce procès n'est PAS JUSTE, et sa radiation encore moins!!!!!
 
C'est pourquoi, nous soutenons Krista dans son combat pour défendre ses droits et ceux de toutes les sages-femmes qui pratiquent l'AAD. Mais ce combat est également celui des parents doivent toujours avoir le choix d’accueillir son enfant dans les meilleurs conditions qui leurs sont propres. Il ne s'agit pas de promouvoir l'AAD mais de soutenir et laisser ce choix dans un pays dit démocratique.
 
Je vous redonne le lien du site que le comité de soutien créé autour de Krista a mis en ligne où vous pourrez trouver toutes les informations concernant le procès, toutes les actions mises en place pour soutenir Krista financièrement, moralement et médiatiquement.
www.leetchi.com/c/comite-soutien-krista (pour un soutien financier)
 
1000 mercis pour votre(vos) soutien(s). Libre de diffuser le mail !"
 
 
 
 

13:28 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (1)

05/05/2014

Everything Is Permitted: Tinkebell at TEDxAmsterdam 2012

A écouter avant de signer des pétitions ou de raconter n'importe quoi à propos de cette artiste activiste hollandaise :

 

ou la chasse aux sorcières à l'époque du net.

Eloquent !

 

 

 

 

Jeff - Unhappily Ever After - Dysney série

disneyunhappilyeverafter.jpg

 

http://disneyunhappilyeverafter.tumblr.com/