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16/09/2008

Des paysans et des militants pro-Morales assassinés en Bolivie

Crime contre l'humanité

Des paysans et des militants pro-Morales assassinés en Bolivie


AUTEUR:   Comissão Pastoral da Terra

Traduit par  Fausto Giudice


 

La crise en Bolivie a occupé pas mal d’espace dans les médias nationaux brésiliens, surtout à cause de la possibilité d’une coupure des fournitures de gaz naturel au Brésil. Mais la situation est beaucoup plus grave qu’il n’y paraît. Il y a eu un massacre de paysans dans la province de Pando, à la frontière avec le Brésil et le Pérou comme le relate très bien une note émise par le Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia (lire ci-dessous). Le massacre est pourtant présenté par la presse comme un affrontement entre partisans du gouvernement et opposants. Plus grave encore, les préfets de Beni, Tarija et Santa Cruz, États qui eux aussi s’opposent à Morales, chercher à imputer le massacre aux troupes de l’armée au service de Morales, comme l’a indiqué la Folha de São Paulo du samedi 13 Septembre.

 

 

Après l’assassinat d’environ 30 paysans dans la nuit de jeudi dernier, 11 Septembre, sur ordre de Leopoldo Fernández, préfet de Pando, le gouvernement d’Evo Morales a décrété l’état de siège dans l’État. Entretemps, Fernández a accepté le décret qui lui a été imposé le 14 Septembre, permettant à l’armée bolivienne de pénétrer dans l’État. Selon des témoignages d’habitants de la région et de survivants de l’attaque, le préfet du Pando avait pris sous contrat des mercenaires et des narcotrafiquants du Pérou et du Brésil pour effectuer cette attaque. Fernández nie cette accusation mais admet que des groupes armés ont participé au massacre des paysans.

Le gouvernement bolivien a promis, dans la nuit de ce dimanche, de faire condamner Leopoldo Fernández à 30 ans de prison pour crimes contre l’ humanité.Le vice-Ministre de la Coordination avec les mouvements sociaux de Bolivie, Sacha Llorenti, a délcaré que ce crime ne restera pas impuni. “Je tiens à être absolument clair : cette affaire ne va pas tomber dans l’impunité, car nous allons montrer que les institutions de l’État bolivien fonctionnent et que Leopoldo Fernández aura une condamnation incompressible à 30 ans de prison pour les crimes qu’il a commis”.

Llorenti a aussi affirmé que le crime avait été prémédité et planifié, vu que les principales cibles des pistoleros étaient les dirigeants paysans et que presque tous les morts avaient été atteints à la tête et au coeur.

Leopoldo Fernández est un politicien d’extrême-droite, membre, de Podemos [“Nous pouvons”], principal parti d’opposition au gouvernement Morales, et il faisait aprte du second gouvernement du généralHugo Banzer Suárez (1997-2001).

Lisez la note du Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia

 

 

 

Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia

Porvenir est une localité située à 30 km de la ville de Cobija, capitale du Département de Pando en Bolivie, l’un des cinq États qui se sont révoltés contre le gouvernement central de cette république. C’est là qu’a eu lieu, le 11 Septembre, ce qui est considéré comme le pire massacre de l’ère démocratique en Bolivie. On a déjà dénombré trente paysans morts et l’on estime qu’il y a eu au moins 20 morts de plus, en plus de dizaines de blessés. Des hommes, des femmes, dont certaines enceintes, des enfants et des personnes âgées.

Voici ce qui ressort d’une série d’interviews de survivants réalisées par le réseau de radio communautaires boliviennes Red Erbol, dans la nuit du 11, cinq véhicules avec des paysans se rendaient, sans armes, à une assemblée gouvernementale convoquée par la Fédération paysanne, dans la localité de Filadelfia, par une route traversant la jungle. À 8h30 du vendredi 12, ils ont été arrrêtés à mi-parcours par un détachement de la police de l’État de Pando. « Les policiers nous ont retenus là, nous déroutant pendant environ trois heures : peu après 11 heures, ont soudain surgi des véhicules transportant de 30 à 50 paramilitaires armés de fusils, de revolvers, de fusils de chasse et de mitraillettes, et ils ont commencé à tirer sur les paysans surpris. Les policiers se sont retirés, et les paysans qui ne sont pas tombés ont tenté de fuir dans la jungle, poursuivis par les paramilitaires. Quand ceux-ci en attrapaient un, ils le dépouillaient et le tuaient de sang-froid. Certains, quoique blessés, sont parvenus à rejoindre une rivière proche et se sont jetés à l’eau. Mais les assassins continuaient à les mitrailler et beaucoup sont morts dans ces circonstances. »

 

 

 

Les paramilitaires, liés au préfet de l’État de Pando M. Leopoldo Fernandez et au “Comité civique” de l’État ont tué sans distinction des femmes enceintes, des personnes âgées et des enfants, selon des rapports diffusés par la radio éducative captée ici à Brasilia par internet. Les véhicules des paysans ont été brûlés et leurs affaires volées. Il n’ya eu aucune résistance de la part des paysans, qui on été pris par surprise dans cette opération. La police de l’État a assisté à tout cela sans prendre de disposition et la tuerie s’est poursuivie jusqu’à cinq heures de l’après-midi.

De nombreux corps gisent encore en pleine jungle et dans la rivière et les autorités de l’État, en rébellion contre le gouvernement central, ne permettent pas l’entrée de secours dans la zone. Des organismes appartenant à diverses institutions ont tenté de parvenir sur les lieux, mais les autorités de l’État interdisent l’accès à la zone de conflit et les empêchent d’entrer dans la ville. Beaucoup de blessés se sont rendus dans les hôpitaux, mais d’autres n’ont pas eu le courage de chercher de l’aide par crainte de mourir, car il n’existe aucune sécurité dans la ville, qui vit dans le chaos, sans forces de l’ordre, et où même les blessés continuent à subir des menaces proférées impunément, tandis que la population se terre chez elle, craignant les saccages fréquents.
Le Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia se déclare solidaire des familles des victimes ; elle demande paix, justice, solidarité et dialogue en Bolivie. Il appelle tout le monde à protester contre cet acte de barbarie perpétré par les autorités du département de Pando et les groupes paramilitaires qu’elles protègent. Il exige que les autorités brésiliennes arrêtent M. Leopoldo Fernandez et toute autre personne responsable de ce crime au cas où ils entreraient dans le territoire national (brésilien), pour qu’ils puissent être jugés pour crime contre l’humanité.

Brasília, 14 Septembre 2008

Paulo Couto Teixeira
Secrétaire
fraternidade@solar.com.br

Conseil en communication
Commission pastorale de la terre
Secrétariat national - Goiânia, Goiás.
Tél. : 62 4008-6406/6412/6400

 

   


 

Source : www.cptnacional.org.br et http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10218

Article original publié le

Sur l’auteur

Fausto Giudice est membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5876&lg=fr

 

A voir absolument pour comprendre mieux (seulement en castillan hélas) : http://video.google.com/videoplay?docid=12178952921985631...

13/09/2008

Chroniques du hamac, lecture en suspension, mardi 16 septembre, au Garage Donadieu, Cahors

 

Le Garage Donadieu

arts visuels - arts vivants


CHRONIQUES DU HAMAC


Durant le temps de l¹été, le Garage Donadieu s¹est mis au vert avec une exposition-rencontre du peintre Utrel, du graveur Cambon et du sculpteur Feyt dans les Jardins du Bos à Mayrinhac-Lentour. En septembre, les portes vont de nouveau s¹ouvrir et les lumières briller au 15 Donadieu pour accueillir Cathy GARCIA, poète et éditrice de la revue de poésie «Nouveaux Délits»

Le mardi 16 septembre : lectures.
Le Garage Donadieu accueille Cathy Garcia pour la présentation publique de ses nouveaux textes poétiques «Chroniques du hamac» et pour la découverte de ses engagements d¹éditrice. Des textes extraits de «Chroniques du hamac» seront lus par le duo «Les Orteils Papillons» avec Céline Bourda et Laetitia Baborier. A cette occasion nous invitons tous celles et ceux qui nous rejoindrons pour cette soirée, à apporter un gros coussin pour bénéficier pleinement de ces lectures en suspension. Plusieurs hamacs seront installés pour celles et ceux qui le souhaiteront.
Le rendez-vous est fixé à 20 h00 afin d¹installer tout le monde pour 20 h30.

Le mercredi 17 septembre : découverte d'une éditrice.
La Médiathèque du Pays de Cahors reçoit le Garage Donadieu de 15h à 17h45 afin que les lecteurs de la Médiathèque puissent faire connaissance avec Cathy Garcia, éditrice de la revue de poésie vive et dérivés «Nouveaux Délits». Elle présentera ses différentes parutions et répondra à toutes les questions que le public voudra lui poser. Dans le courant de l¹après-midi, de courts extraits de «Chroniques du hamac» seront lus et Cathy Garcia parlera du sens de son engagement, de ses difficultés et de ses plaisirs d¹éditrice.
Un grand merci à la Médiathèque de nous accueillir.



Le Garage Donadieu - 15 rue Donadieu - CAHORS 05 65 21 14 47 - 06 33 50 25 12 - quinze-donadieu@quinze-donadieu.org
Venir : http://www.quinze-donadieu.org/garage-venir.jpg

Revue Agone 40 : L'invention de l'immigration

Revue Agone 40, 2008
      *L'invention de l'immigration*
http://www.agone.org/revueagone/agone40/

    SOMMAIRE
__Un travail collectif sur la fabrique des categories et l'invention de l'immigration, Choukri Hmed & Sylvain Laurens
__ L'immigration: naissance d'un "probleme" (1881-1883), Gerard Noiriel
__ Organiser l'immigration. Sociogenese d'une politique publique (1910-1930), Benoit Larbiou
__ La construction du probleme de l'emigration. L'elite etatique & l'emigration portugaises vers la France (1957-1974), Victor Pereira
__ "Sonacotra cedera !" La construction collective d'une identite collective a l'occasion de la greve des loyers dans les foyers de travailleurs migrants (1973-1981), Choukri Hmed
__ "Les Maliens a l'Elysee". Chronique d'une visite forcee, Sylvain Laurens
__ La mise en image du "probleme des banlieues" au prisme de la division du travail journalistique, Jerome Berthaut
__ "Meriter d'etre francais". Pensee d'Etat et experience de naturalisation, Sarah Mazouz
__ Les immigres du BTP a l'ombre de la "penurie de main-d'oeuvre", Nicolas Jounin

La Leçon des choses
__"Un monument unique". Introduction a la tetralogie d'Alfred Döblin Novembre 1918. Une revolution allemande, Michel Vanoosthuyse
__"Au commencement etait la presse." Le pouvoir des medias & la rebellion de Karl Kraus: une leçon de resistance pour notre temps?, Jacques Bouveresse


Parution : 12/09/2008
ISBN : 978-2-7489-0092-7
240 pages, 15 x 21 cm
20.00 euros
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Si vous ne desirez plus recevoir nos informations,
merci de simplement nous l'indiquer par retour d'email

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Editions Agone
BP 70072
F-13192 Marseille cedex 20
<http://agone.org>

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12/09/2008

Survie Info n° 36. Septembre 2008

Actualité

TCHAD

5 septembre 2008. TCHAD. Disparition d’Ibni : la France face à ses compromissions. Communiqué de Survie
Alors que la « Commission d’Enquête sur les événements survenus en République du Tchad du 28 janvier au 8 février 2008 et leurs conséquences » vient de rendre public son rapport, la France, qui par la voix de son président Nicolas Sarkozy avait demandé l’instauration de cette commission, ne peut se satisfaire d’un rapport qui vise à blanchir le régime Déby (...) Lire le communiqué : http://survie.org/5-septembre-2008-TCHAD-Disparition

FRANCE RWANDA
5 août 2008. Il est indispensable que la France crée une commission d’enquête parlementaire sur son implication dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.
Communiqué de Survie
La Commission Nationale Indépendante chargée de rassembler les preuves montrant l’implication de l’Etat français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 (dite commission Mucyo) a publié son rapport ce mardi 5 août. La commission, qui a débuté ses travaux en octobre 2006, avait remis ce rapport à Paul Kagamé le 16 novembre 2007
(...)
Lire le communiqué http://survie.org/5-aout-2008-Il-est-indispensable
A lire également "Une commission d’enquête s’impose" Interview
dans La Libre Belgique de Sharon Courtoux, vice présidente de Survie http://www.lalibre.be/actu/monde/article/437973/une-commi...

Le génocide rwandais questionne la démocratie française. Article de Isabelle Méricourt paru dans Billets d'Afrique et d'ailleurs (septembre 2008)
Au-delà de la simple interprétation politique et de l’instrumentalisation de la complicité de génocide, le contenu du rapport rwandais sur l’implication française dans cet événement impose à la France un large débat national. On ne peut imaginer pire trou noir médiatique qu’un début de mois d’août, veille des Jeux olympiques, pour communiquer le tant attendu rapport Mucyo sur l’implication française dans le génocide des Tutsi du Rwanda. Lire la suite : http://survie.org/FRANCE-RWANDA-Le-genocide-rwandais

A lire
Billets d'Afrique et d'ailleurs n° 172 (Septembre 2008)
Bulletin mensuel d'information alternative sur les avatars de la politique de la France en Afrique, Billets d'Afrique constitue l'un des piliers de la volonté de Survie de mieux informer.
Edito : Dénégation
Pas de repentance a dit et redit Nicolas Sarkozy, comme candidat puis comme président de la République. Même si tout ce qu’a fait la France n’est pas toujours très bien, elle l’a fait avec les meilleures intentions. La direction d’intention, théorisée au XVIIe siècle dans les traités de morale des casuistes jésuites, est capable de dissoudre absolument tous les crimes. Avec la publication, le 5 août, du rapport de la commission d’enquête rwandaise sur l’implication de la France dans le génocide des Tutsis rwandais en 1994, l’exercice est cependant particulièrement acrobatique. Plutôt que de se lancer dans une justification hasardeuse, la réaction a été une pure et simple dénégation.(...) Lire la suite : http://survie.org/Billets-no-172-septembre-2008
S’abonner à Billets d'Afrique : http://survie.org/Abonnement-a-Billets-d-Afrique-et

Au sommaire ce mois-ci :
- Brèves d’Afrique et d’ailleurs
- CONGO BRAZZAVILLE Une spécialité congolaise : « la municipalisation accélérée »
- Dossier FRANCE RWANDA La face cassée de la République
    Le génocide rwandais questionne la démocratie française
    Le rapport Mucyo dans les médias français
- TCHAD SOUDAN Déby et Al-Bachir, ex-aequo pour le prix du meilleur incendiaire
- FRANCE Mission d’info ou d’intox ?
- CAMEROUN Trois ans pour éviter le pire
- Le SENEGAL de tous les dangers

A (re)écouter
Emission Surpris par la nuit de France culture du 29 août 2008 sur les paradis fiscaux et judiciaires avec Xavier Harel, auteur de Afrique, pillage à huis clos, Daniel Lebègue,  président de Transparence Internationale, Jean Merckaert, chargé du plaidoyer sur le financement du développement au CCFD,...
Emission en ligne 1 mois : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissio...

A (re)voir
Armes, trafic et raison d’Etat, reportage de Paul Moreira et David André diffusé
sur Arte le 2 septembre 2008
Des milices qui sèment la mort au Congo au travail minutieux de citoyens unis dans la campagne Control Arms, des journalistes enquêtent au cœur des réseaux opaques de trafics d’armes. Un film haletant qui révèle cette face obscure de la mondialisation.
Présentation : http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/armes/2113672.h...
Visualiser le documentaire : http://www.dailymotion.com/video/x6myrx_armes-trafic-et-r...

Agenda
Projection débat Thomas Sankara l'homme intègre documentaire de Robin Shuffield
vendredi 12 septembre à Bordeaux
Organisée par Survie Gironde à 20h30 projection suivie d’un débat sur Thomas Sankara, son action, son bilan au plan économique, social, politique, son héritage dans l'Afrique d'aujourd'hui. avec Thierno Ibrahim Dia, chercheur en Arts, enseignant en cinéma à Bordeaux 3, Comi Toulabor, Directeur de recherche à Sciences Po Bordeaux, Dragoss Ouédraogo, cinéaste-enseignant (Universités de Bordeaux 2 et 3), témoin dans le film, et Benoît Le Moine, président de Survie Gironde
Renseignements : http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=326&a...

Survie à la Fête de l'Humanité
les 12, 13 et 14 septembre à Paris
L'association Survie
Paris-Ile-de-France sera présente comme chaque année à la fête de l'Humanité sur l'espace international Village du monde avec un stand tenu avec le CADTM.
Programme :

    - Exposition de la Commission d'Enquête Citoyenne, pour la vérité sur l'implication française dans le génocide des Tutsi, (http://cec.rwanda.free.fr)
* Vendredi 12
    - 15h-18h débat "La Françafrique ou la continuation du colonialisme par d'autres moyens" avec Odile Tobner (Survie) et compte-rendu de "l'Etrange Rencontre" au Burkina Faso avec Sébastien Alzerreca (Survie Paris), Ulysse Pérez du club "Thomas Sankara" et Bruno Jaffré (stand Résistances Multiculturelles)
    - Tiken Jah Fakoly au Stand Survie avant son concert
* Samedi 13
    - 14h-15h30 : débat "Dictatures, corruption et leurs dettes odieuses et illégitimes" organisé par le CADTM
(Stand Survie et CADTM)
    - 15h30-17h : conférence-débat "La Mafiafrique" avec Thierry Brugvin (Survie) (Stand Survie et CADTM)
* Dimanche 14
    - 14-16h : débat organisé par l’Humanité "Afrique: acteur politique indépendant ou arrière-cour occidentale?" avec Odile Tobner (Survie) (
salle débat du Village du monde)
    - 14h-15h30 : débat "Droits à l'alimentation, l'OMC,  Banques mondiale et consorts, APE...?" organisé par le CADTM (Stand Survie et CADTM)
    - 16h30-18h : débat avec Odile Tobner présidente de Survie et auteur de Du racisme français (Les Arènes) (Stand Survie et CADTM)
Programme complet :  http://www.survie-paris.org/

Journée mondiale de la paix. Croisière : Plaidoyer pour de nouvelles relations France Afrique le 21 septembre à Paris
Croisière sur la Seine de l’île Seguin à l’embouchure de la Marne de 9h30 à 17h
Avec à 11h, débat France – Afrique : plaidoyer pour de nouvelles relations. Démilitarisation – Développement – Démocratie avec Fabrice Tarrit, de la Plate-forme citoyenne France-Afrique du CRID, Augustin Nkundabashaka, pasteur, militant de la paix, Jean-Louis Sagot-Duvauroux, philosophe
Programme de la journée et inscription : http://survie.org/Journee-mondiale-de-la-paix

Les jeudis Africains à Paris, organisés par Survie Paris avec une conférence/rencontre chaque jeudi. Prochain évènement :
- Jeudi 9 octobre projection-débat autour du film L’Algérie dans l’Afrique avec Dalila Chérif, historienne, auteur d’un documentaire sur immigration Renseignements : http://www.lesjeudisafricains.net/

10:14 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (2)

11/09/2008

Effractions visuelles, expo photos, Nanterre

Dominique Feniès, poète, écrivain, dessinateur, musicien, comédien, danseur 
et photographe, membre fondateur, ancien trésorier et toujours membre du conseil d'administration d'Actes de présence, présente avec le soutien de notre association une exposition de photographies
 

 

Effractions visuelles

 

 
du mardi 23 septembre au dimanche 26 octobre 2008
de 10 h à 20 h

vernissage

avec la participation de

Marion Brizemur

alto, violon

 

 

le mardi 23 septembre

à partir de 18 h 30

à la galerie de l’hôtel Itinéraires

à la galerie de l’hôtel Itinéraires

19, rue Salvador-Allende

92000 NANTERRE
RER A (Nanterre-Préfecture)
entrée libre
renseignements : 01 47 25 91 34
 
ou

Dominique Feniès

74 bis, rue du Moulin
91430 IGNY

01 60 10 49 88 / 06 26 84 28 05

dominique@fenies.fr

 
Actes de présence
2 ter, passage de Clichy
F-75018   PARIS
Téléphones : +33 (0)8 71 79 61 37 (prix d'une communication locale depuis un poste fixe en France)
                    +33 (01) 42 93 61 37
Fax : +33 (0)1 42 93 61 37 (avertir avant l'envoi)
Courriel :
actesdepresence@free.fr
 

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Ed. HOMNISPHERES Nouvelles parutions

« On peut passer sa vie à mesurer les dimensions de sa prison ».

 

S’il y a bien un domaine où les sociétés dites post-industrielles renforcent sans cesse leur pouvoir via la technologie, c’est celui des idées et de leur diffusion. La puissance des institutions dans les sociétés technoscientifiques réside dans leur capacité à imposer des idées fortes au monde et donc à imposer leur monde, c’est-à-dire leur réalité sociale. Une colonisation de nos vies intérieures de plus en plus diffuse qui fait de nous à la fois des individus possédés, assujettis, et des individus dépossédés de leur véritable liberté d’imaginer et de penser.

 

Les deux essais critiques que nous vous proposons s’inscrivent, à leur façon, dans le rejet de cette réalité que l’on nous impose et ce, au sujet de deux thématiques majeures : la question de l’art dans notre société aujourd’hui avec « Aux arts citoyens ! » de Jean-Michel Djian et le véritable enjeu politique de l’invasion des OGM dans notre quotidien avec « OGM semences politiques » de Philippe Godard.

 

A paraître le 18 septembre 2008

  

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Aux Arts Citoyens !

De l’éducation artistique en particulier

de Jean-Michel DJIAN

  

« Bienvenue Lennon, bienvenue Warhol, bienvenue Kerouac, Debord, Godard et compagnie. Vous avez, sans le vouloir, réussi le tour de force de nous embrouiller l’esprit avec votre génie, mais vous n’avez pas répondu à la seule question qui compte aujourd’hui : que faire d’intelligent sur cette terre quand on a 15 ans sans avoir à subir la fascination énigmatique de la médiocrité ?

A cette question stupide mais lancinante, la conscience répond avant la science. C’est-à-dire qu’elle bredouille un vague désir d’expression avant de sombrer séance tenante dans la soumission. Pour autant, la tête, elle, continue, sur les bancs de la classe ou le soir à table avec ce qui reste de parents, à vouloir un autre chose bien plus consistant que la seule marchandise du savoir disponible en vrac sur la grande scène de la vie. Cette conscience en veille mais bouillonnante, perturbée comme jamais par les virus répétitifs de la société du spectacle, cherche tout bêtement de la reconnaissance ».

Dans ce coup de gueule argumenté, limpide et efficace, la plume de Jean-Michel Djian réveille les consciences. A lire d’urgence pour comprendre ce qui se trame entre l’art et les nouvelles générations.

 

Présentation de l'auteur

Jean-Michel Djian est journaliste et professeur associé à l’Université de Paris 8. Ancien rédacteur-en-chef du Monde de l’Education, il a notamment publié Politique culturelle, la fin d’un mythe chez Gallimard en 2006.

 

Collection Savoirs Autonomes, ISBN : 2-915129-38-X, 96 pages, Prix : 10 euros

  

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OGM, semences politiques

Vers un contrôle total du vivant

de Philippe GODARD

 

De même que la médecine de Mengele à Auschwitz était adaptée à la doctrine hitlérienne, ou que le lyssenskisme était la seule réalité scientifique compatible avec le stalinisme, la science « postindustrielle » produit une avancée conforme à la politique actuelle avec l’invention et la dissémination des organismes génétiquement modifiés.

Selon la propagande institutionnalisée, au même titre que l’atome qui, après Hiroshima, offrait la promesse d’une production d’énergie illimitée, les OGM permettront l’éradication de la faim dans le monde et de grandes avancées thérapeutiques.

Mais les OGM ne sont pas seulement porteurs d’un gène étranger introduit en eux par des scientifiques au service de multinationales et d’États. Les OGM sont surtout porteurs d’une politique et constituent une avancée vers un HGM, un humain génétiquement modifié.

 

Philippe Godard dirige plusieurs collections de livres documentaires, notamment aux éditions Syros (« J’accuse ! » et « Documents Syros », sur la politique). Il est l’auteur, chez Homnisphères, de Contre le travail (2005) et de Au travail les enfants ! (2007).

 

Collection Expression Directe, ISBN : 2-915129-37-1, 112 pages, Prix : 10 euros

 

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Editions Homnisphères

21 rue Mademoiselle 75015 Paris

Tél : 01 46 63 66 57 & Fax : 01 46 63 76 19

email : info@homnispheres.com

web site : www.homnispheres.com

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06/09/2008

Nouveau recueil : CHRONIQUES DU HAMAC

 

couverture.jpg

 

Préambule

(extraits)



*



« hamac hamac

        haut lieu de méditation…
»

C.G.



L’écriture est le chemin qui me conduit aux hommes.  Je comprends mieux ce
qu’ils écrivent que ce qu’ils disent.


C.G.



     Avoir dit une première fois mon admiration absolue pour la poésie de
Cathy Garcia, était sans doute on ne peut plus naturel : sous le choc de la
lecture de Salines, dans l’émotion de la découverte de sa façon de dire l’être
au monde, si proche de mon sentiment profond, dans la grâce et la violence
alternées d’un ruisseau des sous-bois que l’ondée peut changer en torrent,
pouvais-je ne pas vibrer ? Mais par ailleurs m’étais-je assez contenu comme
il se doit dans une première approche ?  Avais-je pris une suffisante
distance de vision ? Avais-je bien chaussé mes lunettes objectivantes ?

     J’avoue que non… j’avoue que je vais récidiver, me laisser emporter par
cet élan d’empathie profonde où je me plais bien mieux que dans la réticence
et la contorsion critiques. Et pourquoi, en fait, ferais-je la fine bouche à
lire et relire ces Chroniques du hamac, où Cathy Garcia confirme ce qui est
mieux que son talent, une touche reconnaissable comme la possède un peintre,
la sonorité singulière de son orchestre de chambre, son intelligence des
choses passée au crible d’une sensibilité fine mais dépourvue de toute
afféterie, sa sensibilité toute tendue vers la connaissance de soi-même et
du monde, et se mesurant à soi dans cette quête essentielle comme l’athlète
garde mesure dans son effort pour aller loin, pour ne pas s’épuiser avant la
fin de la course. Tout cela, comme l’évidence même de la lumière et de l’ombre,
traverse ces Chroniques du hamac à la manière de l’éclair blessant le ciel
avant de lui rendre son bleu pur, ses nuages, sa paix douce, ou de le
plonger dans la tourmente et l’ombre.

     Cette poésie est juste. Je veux dire que dans chacun de ses « sujets »
et registres, elle ne quitte jamais son cap ni ne dérape dans la fausse note
et l’inaudible, dans cet illisible que, sous les formes de l’hermétisme du
moi envahissant, de l’obscurité et de l’abstraction recherchées pour
elles-mêmes, lui ont donné la plupart des faux poètes et vrais cuistres de
la seconde moitié du XXe siècle.



(…)     C’est ce que j’appelle une poésie « juste ». Juste dans sa cohérence
profonde, juste par la lecture loyale (originelle, sans calculs de pôôhèèète
!) qu’elle propose d’elle-même.

     Vouant, comme dans Salines, un culte ouvert, solaire à la célébration
des sens et du monde, ces Chroniques cependant rendent un dû plus marqué,
non pas à l’inquiétude de l’être jeté dans le temps et l’espace, mais à l’humain
et à son indéchiffrable trajectoire, à cette si difficile confrontation de l’homme
avec lui-même, face à lui-même ou à l’autre.

(…)

     Poésie juste, disais-je… Poésie d’un sens total, pourrais-je dire aussi
bien, qui n’envisage pas le « moi » sans le « toi », sans le  « lui » ni le
« elle »…  Ni les hommes sans le monde, sans les formes du monde…  Ni l’inhumain
sans le souhait de l’humain… Y aurait-il, s’il en était autrement, cette
conscience d’un « ordre antédiluvien », ce désir du retour à « un immense
jardin », tout ce que je lis comme haute cohérence du Poème.

      Ce Poème qu’entreprend d’écrire Cathy Garcia n’est ni de contingence,
ni de circonstance. Il est grand comme sa vie. Il va comme elle marche, il
avance dans ses pas.



Michel Host

16 / IV / 2008





Sera présenté le mardi 16 septembre à 20h30

au Garage Donadieu à Cahors

par Les Orteils papillons



Une lecture en suspension…

 

 

BON DE COMMANDE

Le recueil sera disponible à partir du 15 septembre 2008

 

 

 

NOM :

Prénom :

Adresse :

 

 

 

 

 

 

 

 

CHRONIQUES DU HAMAC

Éd. à tire d’ailes (autoédition), 2008, 96 pages,

Préambule de Michel Host

14 €

 

Frais de port : 2 euros



Extraits :

 

Le hamac est à l’ombre

 

 

 

alors je le trompe

avec la terrasse

où le soleil goguenard

se prélasse

 

poète artiste

dénomination

une forme

d’incarcération

 

un être humain

est artiste poète créateur

et toujours con

bien plus que la lune

qui baigne dans le houblon

 

c’est l’automne

la poésie vole

c’est écrit partout

dans les cahiers d’école

 

la poésie

poudre de craie écrasée

auréole d’encre crotte de nez

a des tâches de rousseur

sur le cul et sur le cœur

 

la poésie il y en a qui l’écrivent

d’autres la peignent

en font des films

des sculptures

des musiques

 

d’autres n’en font rien

la dégustent simplement

 

la plupart oublient de la vivre

 

Hamac

 

 

 

envers et contre

ciel de poix

 

le soleil a fait le mur

sérénité bouillonnement

une soupe

avec quelques morceaux

de poésie dedans

 

les feuilles de certains chênes

sont criblées de rouille

l’automne tire à vue

mais nous endort tendrement                          

 

vivre en société

étonnant jeu de rôles

réussir chacun à la perfection

n’y a-t-il pas une autre voie ?

plus globale harmonieuse

ronde et riche ?

 

connectés

nous voilà connectés

au-delà de l’imagination

le mental ouvre des portes

en toutes directions

jusqu’aux plus inconcevables

 

mais le corps l’animal

trépigne fabrique

de la maladie

 

l’en-saignement

 

le froid me jette à bas

du hamac

 

 

 

Façon naturelle d’être, le hamac est une philosophie.

 

 

 

Les oiseaux s’approchent, son balancement est en harmonie avec la terre.

 

Je ne parle pas parce que j’ai été muselée il y a si longtemps.

J’écris parce que je suis en prison, il n’y a rien de grand ni de beau là-dedans.

Il n’y a qu’une nécessité impérieuse, irrépressible.

 

Fou : un sage en devenir ?

 

Sage : toujours en danger de devenir fou.

 

 

 

05/09/2008

Film-débat sur les Evenk à Vincennes et Journées amérindiennes à Neuilly !!!

Film - débat sur les Evenk de Sibérie
16 Septembre 2008 - Vincennes

"L'école nomade. Maîtresses de la Taiga"
Un film de Michel Debats

En Sibérie orientale, une école nomade évenk a vu le jour. Elle nomadise comme une famille nomade, ordinateurs, tables et chaises sanglés sur les traîneaux de rennes.
Avant l'école nomade, Andrei, Vittia et les autres étaient pensionnaires dans des villages pendant l'année scolaire. Ils perdaient leur langue et leur culture. A présent, ils n'ont plus à faire de choix entre un mode de vie traditionnel et l'accès à une certaine modernité. Ils poursuivent le cursus académique russe tout en conservant le mode de vie, la langue, les techniques et les rituels évenks.

La projection sera suivie d'un débat avec Alexandra Lavrillier, Henri Lecomte, Michel Debats, et Jean-Patrick Razon de Survival International.

Mardi 16 Septembre, à 20H30
Auditorium Jean-Pierre Miquel
98 rue de Fontenay
94300 Vincennes
Métro : Chateau de Vincennes
Rer A : Vincennes
Bus : 115


Journées amérindiennes
19 - 20 Septembre -  Neuilly-sur-seine

Un an après l'adoption par l'ONU de la Déclaration des droits des peuples autochtones, le groupe 147 d'Amnesty International organise un festival de documentaires suivis de débats, pour faire le point sur le continent américain.

Avec la participation des musiciens amérindiens de l'ensemble Yaku.
Avec le soutien de Survival France.

Théâtre de Neuilly
167, av. Ch. De Gaulle
92200 Neuilly-sur-seine
Métro : Pont de Neuilly-Sablons


Pour en savoir plus :
http://www.survivalfrance.org/agir/agenda

29/08/2008

Soirée poésie "Ouvrez le feu" à St Cirq-Lapopie avec Tristan Cabral, Majid Kaouah et Cathy Garcia

AFFICHE POESIE O MUERTE.jpg

*illustration de Joaquim Hock

 

 

Soirée poétique et musicale proposée en partenariat avec la revue Nouveaux Délits avec les poètes Tristan Cabral, Majid Kaouah et Cathy Garcia, accompagnés en musique par Serge Bouzouki. Vente et dédicace d'ouvrages en fin de soirée. Rencontre avec les auteurs autour d'un thé à la menthe.


Les invités :

Tristan Cabral, poète, est né à Arcachon, le 29 février 1944.
Etudes secondaires à Bergerac, puis faculté de théologie protestante à Montpellier. Il abandonne le pastorat, entreprend des études de philosophie. Nommé professeur de philosophie au lycée Daudet à Nîmes, il y exerça son métier durant trente ans.
Il fit une entrée fracassante en littérature " en portant son cadavre sur son dos " comme écrivit Roger Gilbert-Lecomte. En 1974, effectivement le professeur de philosophie Yann Houssin du lycée Daudet préfaça un recueil de poèmes intitulé : " Ouvrez le feu " d'un jeune poète de 24 ans, Tristan Cabral, qui s'est suicidé en 1972. La critique est élogieuse : " Qu'on se donne le temps d'écouter cette voix tourmentée, cette poésie convulsive, aux couleurs de feu dans le maquis des mots. " écrit François Bott dans le journal " Le Monde ". Nous apprendrons plus tard en 1977 que Tristan Cabral est bien vivant et que le préfacier Yann Houssin est en fait le poète Cabral. Il publie alors une avalanche de textes aux Editions Plasma à Paris qui rencontre un large public : " Du pain et des Pierres " 1977, " Quand je serai petit " 1979, " Et sois cet océan "1981. Le recueil "Ouvrez le feu" sera réédité à trois reprises. Nous assistons alors à un phénomène d'édition de poésie, depuis le texte " Paroles " de Jacques Prévert aucun recueil a eu un tel tirage. Cabral occupe une place singulière dans le paysage poétique contemporain. Aussi il écrira ses poèmes depuis des lieux où la vie peut se réconcilier avec la poésie, seule façon de surmonter la déchirure. Cabral voyage tous les étés et on le retrouve là où s'exerce le mal : Paris 68, Prague, les Cévennes, Montségur, Bagdad, Istanbul, Belfast, Mexico, Alger, Jérusalem, Kosovo, Bosnie, Auschwitz... partout où l'homme incendie son semblable. Cabral puise ses images dans l'agonie de notre monde. Il se lie à des mouvements révolutionnaires en Amérique du sud, en Irlande, en Turquie.
En 1976, il sera incarcéré à la prison de la Santé à Paris pour " participation à une entreprise de démoralisation de l'armée française. " Il vit toujours à Nîmes, continue son métier d'enseignant et publie ses chants de lutte qui évoquent le Tiers Monde, la Palestine, l'Irak. Il y exprime souvent ce moment d'espérance juste avant l'arrivée du désespoir. Comme l'écrit le poète Bernard Noël :" Cabral est un poète à la douceur impitoyable ". Cabral poursuit sa route insoumise, sans Dieu, sans parti, sans maître et il construit une œuvre : " la lumière et l'exil " ( anthologie) 1985, " le Passeur de silence " ( 1986), " le quatuor de Prague " ( 1990), " le Passeur d'Istanbul " ( 1992), " le Désert-Dieu " (1996), " Mourir à Vukovar " (1997). Cabral traverse de nombreux brasiers.
En 1997, sa poésie, expression d'une révolte pure évolue vers une poésie de la quête. Cabral nous révèle alors son identité secrète au travers de ses trois derniers recueils : " L’ Enfant d'eau " ( 1997), " La messe en mort " ( 1999) et " L'enfant de guerre " ( 2002). Le poète écrit : " Enfant illégitime de la Seconde Guerre mondiale, j'ai voulu montrer en suivant le Danube, de sa source à son embouchure sur la mer Noire que le monde lui-même ne cesse de naître et de renaître .... " Il a traduit entre autres Yannis Ritsos, Octavio Paz, Georg Trakl. Tristan Cabral a été publié dans le numéro 24 (juillet 2007) de la revue Nouveaux Délits.

Bibliographie

Testament Funambule, Actes Sud, 2008 à paraître
Requiem Océan, Bord à bord avec Xavier Grall, Voix d’encre, 2007
L’Enfant de guerre, Le Cherche-Midi, 2001
La Messe en mort, Le Cherche-Midi, 1999
L’Enfant d’eau, Livre I du Quatuor de l’Atlantique, Cahiers de l’Égaré, 1997
Mourir à Vukovar, Cheyne, 1997
Le Désert-Dieu, éditions De l’Alpha et Oméga, 1996
Le Passeur d’Istanbul, éditions Du Griot, 1992
La Lumière et l’exil, Le Temps parallèle, 1986
Le Passeur de silence, La Découverte, 1986
Et sois cet Océan ! Plasma, 1981
Demain, quand je serai petit, Plasma, 1979
Du pain et des pierres, Plasma, 1977
Ouvrez le feu !, Plasma, 1975

Abdelmadjid Kaouah est né le 25 décembre 1950 à Aïn-Taya, près d'Alger.
Il est journaliste de profession. Correspondant de divers journaux algériens et chroniqueur littéraire. La violence qui a frappé son pays dans les années 90 l'a poussé à l'exil en région toulousaine où il vit aujourd’hui.
Il publie depuis les années 70. Il a publié plusieurs plaquettes aux Editions du Stencyl notamment : Trois télégrammes d’amour et un poème pour les enfants, De toute manière... Son recueil Par quelle main retenir le vent, préfacé par Tahar Djaout en 1986 évoque ce qu'aurait pu être l'Algérie si les poètes avaient eu la parole. Par quelle main retenir le vent a été réédité suivi de La Jubilation du jasmin par les éditions Noir & Blanc ainsi que L'Ombre du livre. Il a publié en 1999 Le Nœud de Garonne (éd. Autres Temps, Marseille).
Titulaire d’une Maîtrise consacrée à la poésie algérienne de langue française, il a également animé en Midi-Pyrénées l’association CRIDLA (Cercle de recherches, d'initiatives des lettres algériennes et maghrébines de langue française).
Collaborateur littéraire (notamment à Notre librairie, Revue des littératures du Sud, Paris), il a produit durant plusieurs années des émissions radio de culture et de société (grands entretiens avec Amin Maalouf, Jean Pélegri, Boualem Sensal, Serge Pey etc. ...) et dans la presse écrite (Yasmina Khadra, Nouredine Saadi, Maïssa Bey...).
Il a obtenu le prix Sernet 1995 des Journées internationales de poésie de Rodez pour La Maison livide (préfacé par Serge Pey avec une couverture du peintre Hamid Tibouchi, (éd. Encres Vives, Toulouse).
Il a publié une anthologie Poésie algérienne francophone contemporaine (éditions Autres Temps, coll. "Temps poétique", 2004).
Et Le Cri de la mouette quand elle perd ses plumes (Encres Vives, mars 2006).
L'Ode à Katerina Angélàki suivi de Skärgarden (Encres Vives, 2008)
Il a pris part à de nombreuses rencontres poétiques, en France, en Grèce, en Espagne , en Allemagne, en Suède. A participé à divers salons et rencontres littéraires en France et animé de multiples lectures dans les librairies et les cafés-littéraires. Majid Kaouah a été publié dans le numéro 23 (mai 2007) de la revue Nouveaux Délits.

Et Cathy Garcia, née en 1970, poète fondatrice de la revue Nouveaux Délits. http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

Bibliographie

PANDEMONIUM 1 (poèmes) , Editions Clapàs Collec. Les Ami(e)s à Voix 2001
FRAGMENTS DE TOUT ET DE RIEN (prose), Editions Clapàs, Collec. Les Ami(e)s à Voix 2001 ;
PAPILLON DE NUIT, Ed. Clapàs dans la collection Franche-Lippée, 2001
GRIS FEU chez Ambition Chocolatée et Déconfiture, 2003
De larges extraits de CALEPINS VOYAGEURS - Journal intime en tournée 1997/2002 plus quelques poèmes, sur le cd-rom du poète Christian Erwin Andersen : L'EXORCISME DU SABLE (Pourquoi toujours dans le désert?) aux Ed. Profana Bellica, 2003 (Belgique)
La nouvelle histoire de Monsieur Seguin dans le recueil Nouvelles story n°2, Ed. Alpa. 2004;
JARDIN DU CAUSSE, éd. à tire d'ailes, 2004 
LES ANNÉES CHIENNES – Série autodigestion, éd. A Tire d’Ailes 2007
SALINES, éd. A Tire d’Ailes, 2007
OMBROMANIE, éd. Encres Vives, coll. Encre Blanche, 2007

et LES CHRONIQUES DU HAMAC, éd. A Tire d’Ailes 2008, nouveau recueil qui sera présenté par Les Orteils Papillons au Garage Donadieu, à Cahors, le mardi 16 septembre à 20h30, une lecture en suspension...

Infos pratiques
• Prévoir des vêtements adaptés en fonction de la météo
• Participation libre

 
Venez nombreux pour partager avec nous en ces temps frileux quelques étincelles de poésie !

27/08/2008

En hommage à Vassili NESTERENKO

Le Professeur Vassili NESTERENKO est mort le lundi 25 août à Minsk (Bielorussie).
 
Cet exceptionnel scientifique a consacré les 23 dernières années de sa vie à « réparer » les effets de la pollution radioactive sur les territoires contaminés par l’incendie du réacteur n°4 de la Centrale de Tchernobyl.
Vous trouverez un portrait sensible et juste sur le site :
http://www.enfantsdetchernobylbelarus.doubleclic.asso.fr/
 
Depuis une dizaine d’années la compagnie Brut de béton production accompagne celles et ceux qui refusent la désinformation systématique sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986.
En particulier elle a produit en France, en Suisse, en Biélorussie et en Ukraine, plusieurs adaptations de La supplication, le livre de Svetlana Alexievitch.
Le témoignage du Professeur Vassili Nesterenko est essentiel à la compréhension de cet événement.
 
Nous vous en livrons le texte en pièce jointe.
 
Ce mercredi à 15h, heure de son enterrement à Minsk, lui a été rendu un hommage devant le siège de l’OMS où le collectif INDEPENDENTWHO poursuit une manifestation pacifiste depuis un an et demi.
 
Nous souhaiterions que soit lu publiquement son témoignage dans les jours et semaines qui viennent.
Accepteriez-vous de prendre l’initiative d’une veillée, d’une soirée avec par exemple la projection du film Le sacrifice de Vladimir Tcherkoff ?
Pourriez-vous proposer à une radio locale d’en lire un extrait ?

Simplement informez-nous afin que dans une dizaine de jours, nous publions les dates et lieux des initiatives.
 
Veuillez agréer Madame, Monsieur, l’expression de notre considération.
                   
 
Pour Brut de béton production
Bruno Boussagol
 
PS : pour toutes informations relatives à l’action devant l’OMS, vous pouvez consulter le site www.independentwho.info

Monologue sur le pouvoir démesuré d'un homme sur un autre

 

« Je ne suis pas un homme de plume, je suis physicien. Voilà pourquoi je me bornerai à parler de faits ...

Pour Tchernobyl, il faudra bien répondre un jour... Le temps viendra où il faudra payer... Comme pour 1937. Même si ce n'est que dans cinquante ans! Même s'ils sont vieux! Même s'ils sont morts! Ce sont des criminels! (Un silence.) Il faut

préserver les faits... On les réclamera !

Ce jour-là, le 26 avril, j'étais à Moscou. En mission.

C'est là que j'ai appris pour la catastrophe.

J'ai aussitôt appelé Sliounkov, le premier secrétaire du Comité central de Biélorussie, à Minsk, mais on ne me l'a pas passé. J'ai renouvelé l'appel à plusieurs reprises, jusqu'à tomber sur l'un de ses assistants qui me connaissait très bien.

_ Je téléphone de Moscou. Passez-moi Sliounkov ! J'ai des informations urgentes.

Au sujet de l'accident...

J'appelais sur une ligne gouvernementale, mais l'affaire était déjà strictement confidentielle. Dès que j'ai mentionné l'accident, la liaison a été coupée. Bien sûr, tout était écouté. Inutile de préciser par qui. Les organes concernés. L'Etat dans l'Etat. Et le fait que moi, le directeur de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie, membre correspondant de l'Académie des sciences, je voulais parler au premier secrétaire du Comité central n'y changeait rien. Le secret s'étendait à moi aussi.

Il me fallut batailler pendant deux heures pour que Sliounkov daigne enfin se saisir du combiné.

_ C'est un grave accident. Selon mes calculs, j'avais déjà pu contacter un certain nombre de personnes à Moscou et obtenir des informations), le nuage radioactif avance vers vous. Vers la Biélorussie. Il faut immédiatement traiter préventivement à l'iode toute la population et évacuer ceux qui vivent à proximité de la centrale. Il faut évacuer les gens et le bétail dans un rayon de cent kilomètres.

- On m'a déjà fait un rapport, m'a répondu Sliounkov. Il y a bien eu un incendie, mais il a été maîtrisé.

Je n'ai pas pu me retenir.

"- On vous trompe ! C'est un mensonge. N'importe quel physicien vous dira que le graphite se consume à raison de cinq tonnes à l'heure. Vous pouvez déterminer vous-même combien de temps il va brûler !

J'ai pris le premier train pour Minsk. Après une nuit sans sommeil, au matin, j'étais chez moi. J'ai mesuré la thyroïde de mon fils : cent quatre-vingts microröntgens à l'heure ! La thyroïde est un parfait dosimètre. Il fallait de l'iode. De l'iode ordinaire. Deux à trois gouttes pour les enfants dans un demi-verre d'eau. Trois à quatre gouttes pour les adultes. Le réacteur allait brûler pendant dix jours, il fallait faire ce traitement pendant dix jours. Mais personne ne nous écoutait, nous autres, les scientifiques, les médecins. La science a été entraînée dans la politique... La médecine, dans la politique. Et comment donc! Il ne faut pas oublier dans quelle situation nous nous trouvions, il y a dix ans. Le K.G.B. fonctionnait, on brouillait les radios occidentales. Il y avait des milliers de tabous, de secrets militaires, de secrets du parti... De plus, nous avions été élevés dans l'idée que l'atome pacifique soviétique n'était pas plus dangereux que le charbon ou la tourbe. Nous étions paralysés par la peur et les préjugés. Par la superstition de la foi... Mais restons-en

aux faits ! Rien qu'aux faits...

Dès mon retour, le 27 avril, j'ai décidé d'aller constater par moi-même la situation dans la région de Gomel, à la frontière ukrainienne, dans les chefs-lieux de district de Braguine, Khoïniki et Narovlia qui se trouvent à quelques dizaines de kilomètres à peine de la centrale. J'avais besoin d'une information complète. J'ai emporté des instruments pour mesurer le fond. À Braguine : trente mille microröntgens à l'heure; à Narovlia: vingt-huit mille... Les gens travaillaient la terre, préparaient la fête de Pâques, peignaient des oeufs, faisaient des gâteaux... "Quelle radiation ? De quoi s'agit-il ? Il n'y a eu aucun ordre. La direction demande des rapports sur l'avancement et le rythme des semailles." On me prenait pour un fou. " De quoi parlez-vous, professeur ?" Röntgens, microröntgens... Un langage d'extraterrestre...

Retour à Minsk. Sur l'avenue principale, on vendait des pirojki farcis à la viande hachée, des glaces, des petits pains. Sous le nuage radioactif... Le 29 avril. Je m'en souviens avec exactitude... À huit heures du matin, j'attendais déjà dans l'antichambre de Sliounkov. Même si j'insistais, faisais du forcing, personne n'acceptait de me recevoir. À cinq heures et demie du soir, un célèbre poète biélorusse est sorti du bureau de Sliounkov. Nous nous connaissions bien.

_ Avec le camarade Sliounkov, me dit-il, nous avons abordé les problèmes de la culture biélorusse.

J'explosai :

_ Mais bientôt, il n'y aura plus personne pour développer cette culture. Il n'y aura plus de lecteurs pour vos livres, si nous n'évacuons pas d'urgence les environs de Tchernobyl. Si nous ne les sauvons pas !

_ Mais de quoi parlez-vous? On m'a dit que l'incendie a déjà été éteint.

Je suis finalement parvenu à me frayer un chemin jusqu'à Sliounkov et à lui décrire le tableau que j'avais vu la veille. Il fallait sauver tous ces gens ! En Ukraine (j'avais téléphoné), l'évacuation avait déjà commencé..._ Pourquoi est-ce que les dosimétristes de votre Institut courent partout dans la ville en semant la panique ? me demande-t-il. J'ai consulté l'académicien Iliné, à Moscou. Selon ses services, tout est normal, ici... Une commission gouvernementale est au

travail, là-bas. Et le parquet. L'armée, les moyens techniques militaires sont déjà sur place pour colmater la brèche.

Des milliers de tonnes de césium, d'iode, de plomb, de zirconium, de cadmium, de béryllium, de bore et une quantité inconnue de plutonium (dans les réacteurs de type RBMK à uranium-graphite du genre de Tchernobyl, on enrichissait du plutonium militaire qui servait à la production des bombes atomiques) étaient déjà retombées sur notre terre. Au total, quatre cent cinquante types de radionucléides différents. Leur quantité était égale à trois cent cinquante bombes de Hiroshima. Il fallait parler de physique, des lois de la physique. Et eux, ils parlaient d'ennemis. Ils cherchaient des ennemis !

Tôt ou tard, ils auront à répondre de cela.

- Vous allez vous justifier, disais-je à Sliounkov, en prétendant que vous êtes un constructeur de tracteurs (il avait dirigé une usine de tracteurs avant de faire carrière dans le parti) et que vous ne comprenez rien à la radiation. Mais moi, je suis physicien et j'ai une bonne connaissance des conséquences de la catastrophe.

Mais comment ? Un physicien quelconque osait donner des leçons au Comité central ? Non, ce n'étaient pas des criminels, mais des ignorants. Un complot de l'ignorance et du corporatisme. Le principe de leur vie, à l'école des apparatchiks: ne pas sortir le nez dehors. On devait justement promouvoir Sliounkov à un poste important, à Moscou. C'était cela. Je pense qu'il a dû recevoir un coup de fil du Kremlin, de Gorbatchev: Surtout pas de vagues, ne semez pas la panique, il y a déjà assez de bruit autour de cela en Occident. Les règles du jeu étaient simples: si vous ne répondez pas aux exigences de vos supérieurs, vous ne serez pas promu, on ne vous accordera pas le séjour souhaité dans une villégiature privilégiée ou la datcha que vous voulez ... Si nous étions restés dans un système· fermé, derrière le rideau de fer, les gens seraient demeurés à proximité immédiate de la centrale. On y aurait créé une région secrète, comme à Kychtyrn ou Semipalatinsk1. Nous sommes dans un pays stalinien. Il est encore stalinien à ce jour...

Dans les instructions de sécurité nucléaire, on prescrit la distribution préventive de doses d'iode pour l'ensemble de la population en cas de menace d’accident ou d'attaque atomique. En cas de menace ! Et là, trois mille microröntgens à l'heure...

Mais les responsables ne se faisaient pas du souci pour les gens, ils s'en faisaient pour leur pouvoir. Nous vivons dans un pays de pouvoir et non un pays d'êtres humains. L'État bénéficie d'une priorité absolue. Et la valeur de la vie humaine est réduite à zéro. On aurait pourtant bien pu trouver des moyens d'agir ! Sans rien annoncer et sans semer la panique... Simplement en introduisant des préparations à l'iode dans les réservoirs d'eau potable, en les ajoutant dans le lait. Les gens auraient peut-être senti que l'eau et le lait avaient un goût légèrement différent, mais cela se serait arrêté là. La ville était en possession de sept cents kilogrammes de ces préparations qui sont restées dans les entrepôts... Nos responsables avaient plus peur de la colère de leurs supérieurs que de l'atome. Chacun attendait un coup de fil, un ordre, mais n'entreprenait rien de lui-même. Moi, j'avais toujours un dosimètre dans ma serviette. Lorsqu'on ne me laissait pas entrer quelque part (les grands chefs finissaient par en avoir marre de moi !), j'apposais le dosimètre sur la thyroïde des secrétaires ou des membres du personnel qui attendaient dans l'antichambre. Ils s'effrayaient et, parfois, ils me laissaient entrer.

- Mais à quoi bon ces crises d'hystérie, professeur? me disait-on alors. Vous n'êtes pas le seul à prendre soin du peuple biélorusse. De toute manière, l'homme doit bien mourir de quelque chose: le tabac, les accidents de la route, le suicide."

Ils se moquaient des Ukrainiens qui "se traînaient à genoux" au Kremlin en quémandant de l'argent, des médicaments, des dosimètres (dont on ne disposait pas en quantité suffisante). Notre Sliounkov, lui, s'est borné à faire un bref rapport: "Tout est normal. Nous surmonterons les problèmes par nos propres moyens." On le félicita: "Bravo, les petits frères biélorusses !"

Mais combien de vies ont-elles coûté, ces félicitations ? Je sais bien que les chefs, eux, prenaient de l'iode. Lorsque les gars de notre Institut les examinaient, ils avaient tous la thyroïde en parfait état. Cela n'est pas possible sans iode. Et ils ont envoyé leurs enfants bien loin, en catimini. Lorsqu'ils se rendaient en inspection dans les régions contaminées, ils portaient des masques et des vêtements de protection. Tout ce dont les autres ne disposaient pas. Et aujourd'hui on sait même qu'un troupeau de vaches spécial paissait aux environs de Minsk. Chaque animal était numéroté et affecté à une famille donnée. À titre personnel. Il y avait aussi des terres spéciales, des serres spéciales... Un contrôle spécial... C'est le plus dégoûtant... (Après un silence.) Et personne n'a encore répondu de cela...

Lorsque l'on a cessé de me recevoir et de m'écouter, je les ai inondés de lettres et de rapports. J'envoyais des cartes, des chiffres à toutes les instances. J'ai constitué un dossier: quatre chemises de deux cent cinquante feuilles chacune. Des faits, rien que des faits. J'en ai pris une copie. Je gardais l'un des deux exemplaires au bureau et cachais l'autre à la maison. C'est ma femme qui s'en est chargée. Pourquoi cette copie ? Nous vivons dans un pays bien particulier... Je fermais toujours personnellement mon bureau. Au retour d'une mission, mes dossiers avaient disparu... Mais j'ai grandi en Ukraine. Mes ancêtres étaient des Cosaques. J'ai le caractère cosaque. J'ai continué d'écrire. De faire des conférences. Il fallait sauver les gens. Les évacuer d'urgence ! Nous avons multiplié nos missions d'enquête.

Notre Institut a dressé la première carte des régions contaminées... Tout le sud de la république. Mais tout cela, c'est déjà de l'histoire... L'histoire d'un crime !

L'Institut s'est vu confisquer - sans explication - tous les appareils destinés au contrôle des radiations. On me téléphonait à la maison, pour me menacer:

- Arrêtez de faire peur aux gens, professeur. Nous allons vous exiler dans des contrées éloignées. Vous ne devinez pas où ? Eh bien , vous avez la mémoire courte.

On exerçait aussi des pressions sur les employés de l'Institut. On les intimidait de la même manière.

J'ai écrit à Moscou ...

Platonov, le président de notre Académie des sciences, m'a convoqué.

- Le peuple biélorusse se souviendra un jour de toi, car tu as beaucoup fait pour lui.

Mais tu n'aurais pas dû écrire à Moscou. Tu n'aurais pas dû ! Maintenant, on exige que je te limoge. Pourquoi as-tu écrit? Ne comprends-tu pas à quoi tu t'attaques?

J'avais des chiffres, des cartes. Et eux? Ils pouvaient m'interner en asile psychiatrique. En tout cas, ils m'ont menacé de le faire. Ils pouvaient organiser un accident de voiture. Ils m'ont prévenu de cela, aussi. Ils pouvaient également ouvrir

une information judiciaire pour activités antisoviétiques. Ou pour escroquerie, par exemple, à cause d'une caisse de clous qui n'avait pas été enregistrée par l'économe de l'Institut.

Une enquête a été ouverte... Et ils ont obtenu le résultat souhaité: j'ai été victime d'un infarctus... (Il se tait.)

J'ai tout marqué. Tout est dans le dossier. Rien que des faits...

Nous examinions les enfants dans les villages... Garçons et filles... Mille cinq cents, deux mille, trois mille microrëntgens... Plus de trois mille... Ces filles ne pourront jamais être mères. Elles ont des séquelles génétiques... Un tracteur labourait un champ. J'ai demandé au représentant du comité de district du parti, qui nous accompagnait:

- Le tractoriste est-il au moins protégé par un masque ?

- Non, ils travaillent sans.

- Pourquoi ? Vous n'en avez pas ?

- Pas du tout ! Nous en avons, en quantité suffisante au moins jusqu'à l'an deux mille. Mais nous ne les distribuons pas pour éviter la panique. Tout le monde s'enfuirait !

- Vous rendez-vous compte de ce que vous faites ?

- Bien sûr, pour vous c'est facile de discuter, professeur. Si on vous chasse de votre travail vous en trouverez un autre. Mais moi, où j'irais ?

Vous vous rendez compte de l'étendue de ce pouvoir ! Un pouvoir illimité d'une personne sur quelqu'un d'autre. Ce n'est plus de la tromperie. C'est une guerre. Une guerre contre des innocents !

Nous avancions le long du Pripiat. Des familles entières y passaient leurs vacances, en camping. Les gens se baignaient, bronzaient. Ils ignoraient que, depuis quelques semaines, ils se prélassaient sous un nuage radioactif. Il nous était strictement interdit d'entrer en contact avec la population, mais j'ai vu des enfants... Je me suis approché pour leur parler. Les gens étaient perplexes: "Et pourquoi personne n'en parle, à la radio et à la télé ?" Notre accompagnateur se taisait. Nous étions toujours escortés par un représentant des autorités locales. C'étaient les ordres ... Je pouvais voir sur son visage le dilemme qui se posait à lui: cafarder ou ne pas cafarder ?

Mais, en même temps je voyais qu'il avait pitié de ces gens. C'était tout de même un homme normal... Mais j'ignorais quel sentiment l'emporterait, à notre retour. Rapporterait-il ou non ? Chacun faisait son choix... (Il demeure silencieux).

Que devons-nous faire aujourd'hui de cette vérité? S'il y avait une autre explosion, tout recommencerait. Nous sommes toujours un pays stalinien... Et l'homme stalinien vit toujours... »

 

Vassili Borissovitch Nesterenko, ancien directeur de l'Institut de l'énergie

nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie.

 

 

1 En 1957, un accident nucléaire (une explosion chimique dans une cuve contenant des déchets

radioactifs) se produisit dans la ville secrète de Tcheliabinsk-40, près de la localité de Kychtym, dans

l'Oural, contaminant une zone de plus de mille kilomètres carrés. C'est notamment à Semipalatinsk, au

Kazakhstan, qu'étaient testées les bombes nucléaires et thermonucléaires soviétiques. (N.d.T.)

Source : La supplication, Svetlana Alexievitch, Éd. J’ai lu


 

 

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20/08/2008

Bulletin électronique de Survival International (France) - 20 août 2008

INDE : La Cour Suprême donne le feu vert à la mine
La Cour Suprême indienne a porté un coup foudroyant à la tribu des Dongria Kondh en autorisant la compagnie britannique Vedanta à exploiter une mine sur leur montagne sacrée. Les Dongria Kondh affirment que la mine détruira à jamais leur mode de vie.
Pour en savoir plus : http://www.survivalfrance.org/actu/3588
Agissez! http://www.survivalfrance.org/agir/lettres/dongria


BRESIL : Lancement d'une pétition urgente en faveur des Indiens
Les Indiens du Brésil et des ONG de soutien ont lancé une pétition urgente exhortant la Cour suprême à maintenir la ratification du territoire indigène de Raposa Serra do Sol, en Amazonie, au nord du pays.
Pour en savoir plus : http://www.survivalfrance.org/actu/3610
Agissez! http://www.petitiononline.com/rss408/petition.html


PEROU : Des Indiens isolés repérés par des ouvriers pétroliers
Selon une organisation indigène péruvienne, des Indiens isolés ont été repérés par les employés d'une compagnie pétrolière en Amazonie.
Pour en savoir plus : http://www.survivalfrance.org/actu/3542


AUSTRALIE : Victoire historique pour les Aborigènes
La Haute Cour australienne a reconnu aux Aborigènes des droits de propriété sur une grande partie de la côte nord de l'Australie.
Pour en savoir plus : http://www.survivalfrance.org/actu/3573


ROYAUME-UNI : Damien Hirst offre une de ses ouvres à Survival
L'un des plus célèbres artistes contemporains, Damien Hirst, a créé une ouvre unique 'Beautiful Love Survival', qui sera vendue au profit de Survival lors d'une vente aux enchères intitulée 'Beautiful Inside My Head Forever' chez Sotheby's à Londres le 15 septembre prochain.
Pour en savoir plus : http://www.survivalfrance.org/actu/3575

------------------------------------------------------------------------------------------
Survival aide les peuples indigènes à défendre leur vie, protéger leurs terres et déterminer leur propre avenir.
Survival n'accepte aucune subvention gouvernementale et dépend exclusivement de ses membres et donateurs pour financer ses campagnes.

Pour en savoir plus ou apporter votre soutien :
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info@survivalfrance.org

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09/08/2008

Survie Info n° 35. Août 2008

 août 2008. Il est indispensable que la France crée une commission d’enquête parlementaire sur son implication dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. Communiqué de Survie
La Commission Nationale Indépendante chargée de rassembler les preuves montrant l’implication de l’Etat français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 (dite commission Mucyo) a publié son rapport ce mardi 5 août. La commission, qui a débuté ses travaux en octobre 2006, avait remis ce rapport à Paul Kagamé le 16 novembre 2007 (...)
Lire le communiqué et retrouvez les liens vers le rapport de la commission rwandaise, ainsi que le rapport de la commission d’enquête citoyenne (CEC) : http://survie.org/5-aout-2008-Il-est-indispensable
A lire également "Une commission d’enquête s’impose" Interview
dans La Libre Belgique de Sharon Courtoux, vice présidente de Survie http://www.lalibre.be/actu/monde/article/437973/une-commi...

Actualité

1 août 2008. Les militants pour la démocratie et des droits de l'Homme au Gabon en danger. Lettre ouverte de Survie à Nicolas Sarkozy
Monsieur le Président, les excellents rapports que vous entretenez avec le président du Gabon sont de notoriété publique. Or, comme vous le savez, des responsables d’organisations de la société civile gabonaise - de longue date victimes d’innombrables harcèlements et menaces sur leurs personnes et leurs droits - sont à nouveau visés par le pouvoir gabonais en raison de leur combat contre la pauvreté, la corruption, l’opacité de l’utilisation des revenus miniers et le détournement de l’argent public
(...). Lire le communiqué : http://survie.org/1-aout-2008-Les-militants-pour-la
A lire également le communiqué de la Plate Forme Publiez ce que vous payez du 31 juillet 2008 : http://survie.org/31-juillet-2008-La-coalition


29 juillet 2008. Le combat contre la finance internationale dérégulée continue. Communiqué de la Plate Forme Paradis Fiscaux et Judiciaires
Les associations de la plate-forme paradis fiscaux et judiciaires saluent le courage de Denis Robert, contraint de jeter l’éponge Le combat contre la finance internationale dérégulée continue La Plate-forme contre les Paradis Fiscaux et Judiciaires a le regret de constater qu’un homme seul, aussi déterminé soit-il, ne peut lutter longtemps contre la finance dérégulée et son armada de juristes
(...). Lire le communiqué : http://survie.org/29-juillet-2008-Le-combat-contre

28 juillet 2008. Survie apporte son soutien aux auteurs et éditeur de "Noir Canada" et dénonce le SLAPP qu'ils subissent
Six millions de dollars. Rien de moins. Pour une petite maison d’édition cela fait beaucoup. C’est pourtant la somme réclamée par Barrick Gold, immense groupe minier canadien, à Ecosociété éditrice du livre d’Alain Deneault Noir Canada. Après être passé outre les menaces de B. Gold, le livre fut finalement édité à Montréal le 15 avril
(...). Lire le communiqué : http://survie.org/Survie-apporte-son-soutien-aux

16 juillet 2008. REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO. La RDC doit-elle seulement nous rapporter ? Communiqué de Survie
Dans les relations avec la République Démocratique du Congo, il ne faut pas oublier la question essentielle d’une population livrée sans défense à l’impuissance gouvernementale et aux exactions des armées ethniques, pour ne s’occuper que des liens d’affaires comme seul horizon politique. Aujourd’hui 16 juillet 2008, le président de la République française Nicolas Sarkozy, reçoit en visite d’Etat le président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila
(...). Lire le communiqué : http://survie.org/16-juillet-2008-REPUBLIQUE

A lire
Billets d'Afrique et d'ailleurs n° 171 (Juillet-Août 2008)
Bulletin mensuel d'information alternative sur les avatars de la politique de la France en Afrique, Billets d'Afrique constitue l'un des piliers de la volonté de Survie de mieux informer.
Edito : Salauds de pauvres
Le parlement européen vient d’adopter, le 18 juin 2008, ce qu’on appelle la « directive de la honte ». Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale on légalise des pratiques directement attentatoires aux droits de l’Homme. En France, la lutte contre les migrants a été le point du programme politique de Nicolas Sarkozy qui a le plus contribué à son élection à la présidence de la République. C’est aussi le point qu’il a mis le plus de zèle à mettre en œuvre par la création d’un ministère de l’immigration confié à Brice Hortefeux
(...).
Lire la suite : http://survie.org/Billets-no-171-juillet-aout-2008
S’abonner à Billets d'Afrique : http://survie.org/Abonnement-a-Billets-d-Afrique-et


Au sommaire ce mois-ci :
-  MAURITANIE Le jeu dangereux du terrorisme
-  ALGERIE Le retour en force du religieux
-  FRANCE Les huit plaies d’Alain Joyandet
-  DJIBOUTI Une partie à quatre
-  BURKINA FASO Les faux habits de Blaise
-  MALI Trains facultatifs
-  FRANCE NIGERIA Une coopération à courte vue
-  RWANDA Jeu de dupes
-  A FLEUR DE PRESSE
-  BREVES D’AFRIQUE ET D’AILLEURS

Mauritanie. Le jeu dangereux du terrorisme. Article paru dans Billets d’Afrique (juillet aout 2008)
Si les réseaux salafistes mauritaniens liés à la branche d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (BAQMI) ont été démantelés après les attentats terroristes qui ont frappé le pays en décembre dernier, le terreau économique et social ayant permis leur éclosion demeure... Lire la suite de l’article : http://survie.org/Mauritanie-Le-jeu-dangereux-du

L’Afrique de Sarkozy : un déni d’histoire Directeur Jean-Pierre Chrétien, Karthala, juin 2008
Le 26 juillet 2007, Nicolas Sarkozy prononçait dans les locaux de l’Université de Dakar un discours sur la culture africaine confrontée à la modernité, qui reprenait les clichés sur le «continent hors de l’histoire». Ce discours a suscité une vive émotion, notamment en Afrique. Cet ouvrage, rédigé par cinq universitaires africains et français (Jean-Pierre Chrétien, Jean-François Bayart, Achille Mbembe, Pierre Boilley et Ibrahima Thioub), représente une critique incisive de ce déni d’histoire, en en montrant à la fois l’absurdité scientifique et les motifs de sa survivance en France dans l’opinion publique et dans l’enseignement. Chacun des auteurs a choisi son angle d’attaque; la place de l’Afrique dans l’histoire universelle, la persistance de l’imaginaire colonial, les pesanteurs de la tradition raciste à l’égard des Noirs, l’absence remarquable de l’Afrique dans le contenu de l’enseignement en France et la richesse du débat historiographique en Afrique.

Agenda

Etrange Rencontre de la jeunesse Europe-Afrique - Ouagadougou - Burkina Faso du 24 au 30 août 2008
L’Etrange rencontre est une rencontre pas comme les autres, un forum social autogéré en Afrique, réunissant pendant 6 jours la jeunesse consciente des deux continents, et même au delà.... Une rencontre d'acteurs militants associatifs d'Europe et d'Afrique en luttes, en résistances, à la recherche d'alternatives pour un autre monde possible.
Une rencontre pour échanger, créer des dynamiques communes autour de trois axes : "Jeunesse, et monde universitaire", "Usages militants des Nouvelles technologies" (Internet et Radios) et "Lutte contre la pauvreté et construction d’alternatives". Après une première édition au Bénin en août 2007, portée et construite autour d'un noyau dur informel de militants africains et français, qui se sont connus en Afrique au cours de forums sociaux et contre-sommets, la seconde édition, du 24 au 30 aout 2008 à Ouagadougou, devrait voir s'élargir la dynamique dans un contexte burkinabè très intéressant sur le plan politique avec une forte mobilisation de la société civile, autour d'une nouvelle plateforme revendicative contre la vie chère... Renseignements : http://www.etrangerencontre.org


Survie à la Fête de l'Humanité (12, 13 et 14 septembre 2008)
L'association Survie sera présente comme chaque année à la fête de l'Humanité sur l'espace international : "village du monde".
Cette année, Survie-Paris s'est mobilisé pour assurer une présence nombreuse et permanente de ses adhérents sur son stand, afin d'échanger avec le public militant de la fête de l'humanité. En plus des tables de presse, de nombreux moments de rencontres et de débats seront organisés, en présence d'Odile Tobner, la présidente de Survie et d'autres intervenants de notre association. Le programme complet de nos activités sera prochainement en ligne sur http://www.survie-paris.org/


A venir
17 - 18 octobre 2008. Sommet citoyen sur les migrations à Paris
Plus de soixante-dix organisations de la société civile appellent à une mobilisation de grande ampleur à Paris, les 17 et 18 octobre, pour une autre conception de l’immigration et un autre rapport entre l’Union européenne, l‘Afrique et le reste du monde. À l’heure où les pays de l’UE semblent s’accorder sur le pacte européen sur l’immigration et l’asile, qui devrait être adopté les 13 et 14 octobre, et avant la deuxième conférence interministérielle euro-africaine en matière de migration et développement (...)
Lire la suite... http://survie.org/17-18-octobre-2008-Sommet-citoyen

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Bolivie : Evo en danger ?

Mes impressions de Bolivie
MICHEL COLLON

La Bolivie a bien changé. A La Paz, j'assiste à une grande réception donnée par l'ambassadeur de Cuba. Mojitos, buffet, danses, grosse ambiance. Où sommes-nous ? Dans la salle des fêtes de... l'armée bolivienne. Oui, celle qui a tué le Che.
La Bolivie a bien changé, mais tout le monde ne lui veut pas que du bien. Nous sommes venus nous en rendre compte sur place avec quelques intellectuels progressistes d'une quinzaine de pays : Frei Betto, Ernesto Cardenal, Ramsey Clark, François Houtart, Luis Britto Garcia, Pascual Serrano... Quelques journées de rencontres et d'échanges avec des intellectuels boliviens, des représentants des communautés indiennes, des artistes...
Le moment est tendu. La droite essaie de provoquer une scission des riches régions de l'Est. Pour déjouer la manoeuvre, le président Evo Morales, à mi-mandat, appelle à un référendum révocatoire, ce 10 août. Une sorte de vote de confiance. Il remet son mandat en jeu, mais aussi celui des préfets de départements, y compris ceux tenus par l'opposition. La droite tente de saboter le référendum et on craint des incidents...
Nous allons voir qui est derrière ces incidents, quel rôle jouent ici les Etats-Unis, et la CIA, et un ambassadeur vraiment curieux, et aussi l'Europe...

Un Bolivien sur quatre doit émigrer
Impressions fortes. Physiquement, d'abord. La Paz est à 3.600 mètres d'altitude. Son aéroport à 4.000 mètres. Arrivés dans la nuit, à court d'oxygène, nous sommes au bord de l'évanouissement. Très prévenants, les jeunes qui nous accueillent, nous font asseoir au calme, s'occupent de nos bagages et nous laissent récupérer notre souffle.
Le premier jour sera consacré au repos, à l'acclimatation. Avec Luis, un ami vénézuélien, nous faisons un petit tour, à petits pas et de banc en banc, dans une des plus belles capitales du monde. Imaginez une immense cuvette, bordée par les grandioses montagnes Huayna Potosí (6.094 m) et Nevado Illimani (6.460 m), non loin du lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde. Ici, l'eau bout à 80°. Et toutes les rues sont en pente.
Ce qui frappe à La Paz, en hiver en tout cas, c'est la douceur du climat, ensoleillé et frais. Et la douceur des gens. Partout, on vous accueille avec gentillesse, avec une sorte de sérénité tranquille. Les Indiennes portent de lourds vêtements avec de superbes châles bariolés. Et de curieux petits chapeaux 'boule', noirs, bruns ou gris. Parfois, elles portent aussi des charges impressionnantes. Les Indiens représentent deux tiers de la population.

L'importance des communautés indiennes
« Un Indien président ? L'oligarchie blanche, raciste, ne l'accepte toujours pas. », nous confie Evo. En fait, j'ai commencé à comprendre toute la richesse de cet héritage indien en visitant avec des amis boliviens Tiwanaku, la capitale d'un ancien empire Inca...
Nous sommes sur le très haut plateau de l'Altiplano, bordé de montagnes. Ici, les Indiens vivent, dans des conditions difficiles, d'agriculture et d'élevage. Pas un nuage dans le ciel, un air incroyablement pur, on sent encore le froid de la nuit.
Tiwanaku fut une ville immense, les fouilles commencent à peine. Une centaine d'Indiens de la région sont occupés à restaurer le temple, une énorme pyramide en terrasses. C'était une civilisation très avancée qui construisait ses bâtiments en s'appuyant sur une connaissance poussée de l'astronomie. Elle avait créé une industrie métallurgique et textile. Elle cultivait plus de deux cents sortes différentes de maïs et quatre cents sortes de patates. Dont une espèce qui pouvait se congeler et rester comestible dix ans. Le système d'irrigation était très perfectionné avec une inclinaison très précise pour que les pierres réchauffent l'eau et l'empêchent de geler. Système si perfectionné qu'aujourd'hui, le ministère de l'Agriculture va le réutiliser pour développer l'agriculture en terrasses. L'eau est rare ici, un trésor.
Un vieil Indien opère avec notre petit groupe une cérémonie rituelle, une sorte de sacrifice de petits objets symboliques, pour célébrer l'union avec le Cosmos et rassembler les souhaits que nous formons. Emotion.
Il ne s'agit pas ici de glorifier le passé pour le passé, mais d'en préserver la mémoire et les valeurs pour les intégrer à la nouvelle société. Un journaliste bolivien nous explique l'importance que prend ici la communauté : « C'est un élément fort de la Bolivie. Tenez, selon les statistiques internationales, le paysan bolivien a un revenu moyen de cinquante dollars par an. Autant dire qu'il est mort ! Sauf si on comprend que l'économie communautaire est la base de notre vie ici. »
Bref, un héritage précieux qu'on ne peut pas perdre.

Le sort des Boliviens quand ils émigrent...
Impressions fortes aussi sur les réalités sociales de ce pays. A La Paz, les classes hautes vivent dans le bas de la ville, à 3.000 mètres, où on respire plus facilement. Les basses classes, par contre, à El Alto (pas besoin de traduire) : 4.000 mètres. Petits commerces, petits artisanats, un peu d'élevage dans les hauts plateaux... La vie est dure.
Deuxième pays le plus pauvre d'Amérique latine, la Bolivie a vu émigrer un sur quatre de ses enfants. Pourquoi ? Pendant des siècles, cette terre a été colonisée par l'Espagne. Et tous les bénéfices de ses richesses minières, extraites au prix d'un travail meurtrier dans un quasi-esclavage, ont été emportés en Europe. Pendant des décennies, son gaz et son pétrole ont profité à une poignée de riches, mais surtout à quelques multinationales, européennes notamment. Le Nord a bien saigné le Sud. Ne laissant sur place que la misère.
Et les conflits. Evo Morales, président depuis deux ans et demi, n'est pas tombé du ciel, il est le fruit de longues années de résistances ouvrières et paysannes. Les communautés indiennes ont toujours été exploitées, exclues, méprisées par une élite blanche et raciste, liée aux Etats-Unis et à l'Europe.
Voilà d'où viennent la pauvreté et le sous-développement. Mais quand les Boliviens, pour survivre, vont faire les ménages en Europe, celle-ci les traite comme des criminels et les emprisonne. Même des enfants ! Evo Morales a courageusement dénoncé la récente 'Directive de la Honte' qui permettra à tous les pays européens d'emprisonner jusqu'à dix-huit mois les délinquants, pardon : les immigrés.
Justement, avant de partir, je venais de rencontrer à Bruxelles des travailleurs immigrés, notamment latinos. En lutte depuis des mois pour obtenir des papiers, c'est-à-dire leurs droits, leur dignité. Face à des ministres complètement sourds, ils ont été obligés de mettre leurs vies en danger : grève de la faim, escalade de grues... Appréciant beaucoup la lettre d'Evo à l'U.E. ils m'ont chargé de remettre un petit message de gratitude au président bolivien. Je le lui ai remis. Sourire sur sa figure.
En fait, quand on voit ici la pauvreté, les salaires dérisoires, le manque d'industrie, on comprend pourquoi tant de Boliviens doivent émigrer. Mais, en allant plus loin, on comprend aussi que l'Europe est une sale hypocrite qui porte une lourde responsabilité dans cette émigration. Nous allons y revenir...

Qu'a réalisé Evo ?
Mais voyons d'abord ce qu'a réalisé Evo en deux ans et demi... Il a nationalisé le pétrole et le gaz. Vous voulez savoir pourquoi, dans nos médias, on dit du bien du président colombien Uribe et du mal d'Evo Morales ? Très simple. Le premier a fait passer les taxes sur les multinationales de 14% à... 0,4%. Pour faciliter l'installation de ces multinationales, ses paramilitaires ont chassé de leurs terres quatre millions de paysans. Le second a osé rendre à la nation bolivienne les richesses qui lui appartenaient afin de combattre la pauvreté.
En nationalisant les hydrocarbures, Evo a multiplié par cinq les revenus de l'Etat et s'est donné les moyens de soulager les maux les plus urgents : analphabétisme en baisse de 80%, retour à l'école d'une partie des enfants travaillant dans la rue, création d'écoles dans les langues indiennes aymara et quechua (vingt mille diplômés), soins de santé gratuits déjà pour la moitié des Boliviens, pension Dignidad pour les plus de 60 ans, crédit à zéro pour-cent pour des produits comme le maïs, le blé, le soja et le riz. Grâce à l'aide du Venezuela, six mille ordinateurs ont été offerts, surtout à des écoles. Grâce à l'aide de Cuba, deux cent soixante mille personnes ont été opérées des yeux. Ailleurs en Amérique latine, elles seraient condamnées à être aveugles, car pauvres.
En outre, les investissements publics ont fortement augmenté pour développer l'économie. La Bolivie a comblé son déficit fiscal, remboursé la moitié de sa dette extérieure (de 5 à 2,2 milliards de dollars), reconstitué une petite réserve financière, multiplié par quatre l'emploi dans les mines et la métallurgie, doublé la production et les revenus de ces industries. Le PIB industriel est passé de 4,1 à 7,1 milliards de dollars en trois ans. Mille tracteurs ont été distribués à des paysans. De nouvelles routes ont été construites.
Bref, la Bolivie avance. Pas assez vite, disent certains pour qui Evo n'y va pas assez fort contre la droite et les grands propriétaires. C'est un débat à mener entre ceux qui vivent sur place et peuvent apprécier la situation, ses possibilités, ses dangers. En sachant qu'il ne suffit pas de dire « Y a qu'à » pour sortir un pays de la pauvreté et de la dépendance. En sachant qu'il faut tenir compte du rapport de forces avec la droite qui s'agite beaucoup et sabote. En tenant compte de l'armée (Tous ses chefs seront-ils loyaux jusqu'au bout ?).
Autre facteur négatif : « La Justice demeure totalement corrompue », m'a confié... le plus haut magistrat de La Paz. « C'est une vieille caste qui se protège et protège les intérêts des riches. C'est un véritable business. Pourtant, nous avons menacé de révocation immédiate tout juge qui sera pris en flagrant délit. Mais c'est un combat difficile. »
Et justement, quand je me trouvais là, la Justice venait fameusement en aide à la droite en essayant d'empêcher par une bataille juridique la tenue du référendum. Mais il y a danger bien plus grand que la Justice...

Derrière la droite, les Etats-Unis préparent une guerre civile
C'est le nouveau truc des Etats-Unis. S'avérant incapable de gagner une guerre d'occupation, Washington recourt à la guerre indirecte, la guerre par intermédiaires. Actuellement, la stratégie de Washington est d'essayer de provoquer une guerre civile en Bolivie. Pour cela, les provinces contrôlées par la droite et qui contiennent les grandes propriétés agricoles liées aux multinationales ainsi que la majorité des réserves de gaz et de pétrole, ces provinces multiplient les provocations pour préparer une sécession.
Ayant personnellement étudié l'action secrète des grandes puissances pour faire éclater la Yougoslavie, j'ai tenu à attirer l'attention des Boliviens, lors de quelques interviews : aujourd'hui, Washington risque de transformer leur pays en une nouvelle Yougoslavie.
Voici les ingrédients de son action : 1. Des investissements massifs de la CIA. 2. Un ambassadeur spécialisé dans la déstabilisation. 3. Des fascistes expérimentés. Avec ces ingrédients, vous pouvez préparer un coup d'Etat ou une guerre civile. Ou les deux.
Premier ingrédient. Comme au Venezuela, la CIA investit beaucoup en Bolivie. A travers ses paravents habituels : USAID, National Endowment for Democracy, Institut Républicain International, etc. Les organisations de la droite séparatiste sont abondamment subventionnées. L'USAID a, par exemple, financé Juan Carlos Orenda, conseiller du Comité civique de Santa Cruz d'extrême droite et auteur d'un plan prévoyant la sécession de cette province.
Mais aussi des organisations plus discrètes chargées de semer la confusion et de préparer une propagande anti-Evo. A l'université San Simon de Cochabamba, la Fondation du Millénaire a reçu 155.000 dollars pour critiquer la nationalisation du gaz et défendre le néolibéralisme. Treize jeunes dirigeants boliviens de droite ont été invités à des formations à Washington : 110.000 dollars. Dans les quartiers populaires d'El Alto, USAID lance des programmes pour « réduire les tensions dans les zones sujettes à conflits sociaux ». Lisez : discréditer la gauche.
En tout, des millions de dollars ont été versés à toutes sortes d'organisations, des groupes étudiants, des journalistes, des politiciens, des magistrats, des intellectuels, des hommes d'affaires. Le parti populaire espagnol, autour de José Maria Aznar, participe aux manoeuvres.
Deuxième ingrédient. D'où vient Philip Goldberg, l'actuel ambassadeur des Etats-Unis en Bolivie ? De Yougoslavie. Où il a accumulé une riche expérience sur la manière de faire éclater un pays. De 94 à 96, il a travaillé en Bosnie pour l'ambassadeur Richard Holbrooke, un des stratèges de la désintégration. Puis, il a fomenté les troubles au Kosovo et la scission entre Serbie et Monténégro. Un expert, on vous dit.
Et pas inactif. Comme le raconte le journaliste argentin Roberto Bardini : « Le 28 juin 2007, une citoyenne américaine de vingt ans, Donna Thi, de Miami, a été détenue à l'aéroport de La Paz pour avoir tenté d'introduire dans le pays cinq cents balles de calibre 45 qu'elle avait déclarées aux douanes comme du 'fromage'. Au terminal, l'attendait la femme du colonel James Campbell, le chef de la mission militaire de l'ambassade US en Bolivie. L'ambassadeur US Philip Goldberg est intervenu immédiatement pour obtenir qu'on la relâche en disant qu'il ne s'agissait que d'une 'innocente erreur'. Les munitions, a-t-il déclaré, ne devaient servir qu'au sport et au spectacle. En mars 2006, un autre citoyen US, Triston Jay Amero, alias Lestat Claudius, un Californien de 25 ans, porteur de quinze documents d'identité différents, a fait exploser trois cents kilos de dynamite dans deux hôtels de La Paz. »
Pourquoi a-t-on exporté Goldberg des Balkans à la Bolivie ? Pour transformer, j'en suis sûr, ce pays en une nouvelle Yougoslavie. Le séparatisme est une méthode privilégiée par les Etats-Unis pour reprendre le contrôle de richesses naturelles ou de régions stratégiques lorsque des gouvernements se montrent trop indépendants, trop résistants aux multinationales.
Troisième ingrédient. Des fascistes expérimentés. En Bolivie, Goldberg a ouvertement soutenu et collaboré avec des hommes d'affaires croates à la tête de la sécession. Particulièrement, Branko Marinkovic, membre de la Fédération des entrepreneurs libres de Santa Cruz (province sécessionniste). Très grand propriétaire de terres, Marinkovic tire aussi les ficelles de Transporte de Hidrocarbures Transredes (qui travaille pour Shell). Il gère les six mille kilomètres de pipelines de gaz et de pétrole qui mènent au Chili, au Brésil et en Argentine.
Et quand ces gens sont-ils venus de Croatie ? Il faut rappeler que, durant la Seconde Guerre mondiale, Hitler a installé une Grande Croatie fasciste où ses collaborateurs, les Oustachis, ont mis sur pied des camps d'extermination (y compris un spécialement pour enfants !), perpétrant un génocide épouvantable contre les Serbes, les juifs et les tziganes. Après leur défaite, l'Eglise croate et le Vatican ont organisé, les Ratlines, filières d'évasion des criminels fascistes croates (et de Klaus Barbie). De la Croatie à l'Autriche, puis à Rome. Et de là vers l'Argentine, la Bolivie ou les Etats-Unis.
Quand on sait que Franjo Tudjman et les dirigeants de la 'nouvelle' Croatie née en 1991 ont réhabilité les anciens criminels croates de la Seconde Guerre mondiale, on aimerait savoir si Monsieur Marinkovic renie tout ce passé ou bien si, tout simplement, il emploie les mêmes méthodes là où il se trouve à présent. Quant aux Etats-Unis, on sait qu'ils ont récupéré et recyclé quantité de criminels et d'espions nazis de la Seconde Guerre mondiale. Les réseaux, ça sert toujours.

Ce qui se cache derrière le séparatisme
Voilà, tous les ingrédients sont prêts pour faire exploser la Bolivie... Les dollars de la CIA, plus des experts dans la provocation de guerres civiles, plus des fascistes recyclés en businessmen. Une guerre civile qui servirait bien les intérêts des multinationales, mais que l'opinion internationale doit absolument empêcher. Les Boliviens ont le droit de décider eux-mêmes de leur sort. Sans la CIA.
Car une sécession ne profiterait qu'à l'élite. L'écrivain brésilien Emir Sader vient d'écrire très justement : « Aujourd'hui, une des modalités qui renferme le racisme, c'est le séparatisme, les tentatives de délimiter les territoires de la race blanche, en s'appropriant et privatisant les richesses qui appartiennent à la nation et à son peuple. Nous connaissions déjà ces intentions sous la forme des quartiers riches qui cherchaient à se définir en tant que municipalités, afin que la part des impôts prélevée obligatoirement de leurs immenses richesses, reste dans leur escarcelle pour augmenter les bénéfices de leurs quartiers retranchés, derrière lesquels ils cherchaient à isoler et défendre avec une sécurité privée, évidemment, leurs styles de vie privilégiés ». (...) Le référendum séparatiste est une expression oligarchique, raciste et économique car ils veulent garder l'usufruit des richesses de Santa Cruz pour leur propre bénéfice et parce que les oligarques veulent, en plus, empêcher que le gouvernement d'Evo Morales poursuive son processus de réforme agraire et qu'il l'étende à tout le pays. »
Cette autonomie-là, en effet, ça veut dire que les Blancs riches qui ont contrôlé la Bolivie depuis toujours, refusent d'être gouvernés par la majorité, non blanche, de l'Ouest.
Quand on parle d'autonomie, Evo Morales répond : « Parlons d'autonomie, non pas pour l'oligarchie, mais pour les peuples avec qui nous luttons. Ces groupes séparatistes qui viennent de perdre leurs privilèges, ont été depuis longtemps dans le Palais, ils ont gouverné et ont permis que l'on pille notre pays, nos ressources naturelles, y compris les ressources de base, de même que la privatisation de nos entreprises, et maintenant ils envisagent de nouveau ce système qui démontre son véritable intérêt : le contrôle économique ».
Mais il n'y a pas que les Etats-Unis qui s'acharnent sur la Bolivie...

L'hypocrisie de l'Europe :
qui donc l'a causée, « toute la misère du monde » ?

Pourchassant les sans-papiers, l'Europe glisse dans un soupir de dame patronnesse : « Nous ne pouvons quand même pas accueillir toute la misère du monde ». Ah, bon ? Mais, en réalité, cette misère, c'est vous qui l'avez créée ! Vos Charles-Quint, vos Louis XIV, vos Elisabeth I et vos Léopold II ont allègrement massacré les 'sauvages' pour voler leurs richesses ! Le décollage économique du capitalisme européen s'est construit sur ce pillage. Et jusqu'à aujourd'hui, vos sociétés minières, agricoles et autres n'ont cessé de piller les matières premières sans les payer, n'ont cessé de dominer et déformer les économies locales et de bloquer leur développement ! N'est-ce pas vous qui avez une Dette à rembourser au Sud ?
Serait-ce du passé ? Dans les médias, les responsables européens aiment à raconter qu'aujourd'hui, ils ne veulent que du bien à l'Amérique latine et au tiers monde...
« Totalement faux », me confie avec indignation Pablo Solon qui représente la Bolivie dans les négociations commerciales entre l'Amérique latine et l'U.E : « La Bolivie l'a exprimé à l'U.E. Avant les négociations, nous avions dit que nous ne négocierions pas un traité style Libre Commerce. Et nous avions communiqué nos points de divergence sur les services, les investissements, la propriété intellectuelle et les biens publics. La Commission nous a promis qu'on discuterait ces points dans la négociation. Qu'à la différence des 'autres', on ne nous imposerait pas un format unique. Mais, lorsque nous nous sommes réunis avec Peter Mandelson, commissaire européen pour le Commerce, il nous a dit de façon catégorique et impérative : 'Ceci est un Traité de Libre Commerce. Ou bien vous l'acceptez, ou bien vous êtes hors des négociations.'. J'ai répondu personnellement que nous n'allions pas nous exclure et que nous allions défendre nos points de vue jusqu'au bout. Car la Bolivie a beaucoup d'industries qu'elle doit défendre : acier, plastique, papier, qui ont besoin de mécanismes de protection tout comme ce fut les cas pour les industries naissantes européennes à l'époque. »
Effectivement, l'Europe se montre hyper-dominatrice et arrogante. Elle prétend imposer à toute l'Amérique latine et aux Caraïbes l'arrêt des subventions qui aident à développer les produits locaux, la suppression des droits de douanes aux importations (mais elle refuse de faire de même chez elle !), la suppression de toutes limites pour les exportations européennes (refusant l'inverse), le transfert sans limites de la main d'oeuvre européenne qualifiée, la modification de toutes les lois protégeant les économies locales.
Et en plus, elle veut imposer la privatisation de tous les services, biens et entreprises des Etats. Alors qu'en 2000 déjà, sur les cinq cents plus grandes entreprises d'Amérique latine et des Caraïbes, 46 % appartenaient déjà à des entreprises étrangères.
Et en plus, l'U.E. prétend imposer des brevets sur le vivant (la Bolivie a une biodiversité très riche convoitée par les multinationales chimiques et pharmaceutiques). Mais le vivant, et l'eau aussi, ne sont-ils pas des biens essentiels à la survie, un patrimoine qui doit rester à ceux qui l'ont toujours protégé et utilisé à bon escient ?
En définitive, l'U.E. veut imposer des traités tout à fait déséquilibrés qui tueront les entreprises boliviennes. Tout ce qu'elle cherche, c'est que les entreprises européennes puissent envahir librement les marchés. Donc ruiner ces pays. Donc provoquer de l'émigration. Un système absurde, non ?

Qui 'choisit' l'immigration et pourquoi ?
J'ai écrit que l'Europe chassait les émigrés latinos. Ce n'est pas exact. Elle ne les traite pas tous de la même façon.
D'un côté, le patronat européen importe les meilleurs cerveaux du tiers-monde, et aussi des techniciens très qualifiés. Sous - payés pour grossir les bénéfices des sociétés. C'est ce que Sarkozy et d'autres appellent 'immigration choisie'. Le maître sélectionne ceux qui auront la chance de travailler pour lui. Mais ce vol des cerveaux prive le tiers-monde des gens qu'il a formés (à grand coût) et qui seraient nécessaires à son développement. Une nouvelle forme de pillage.
De l'autre côté, l'Europe accueille aussi une partie des non qualifiés. En les laissant sans papiers, donc sans droits, elle les oblige à vivre dans la peur, à accepter des salaires et des conditions de travail qui constituent un recul social. Bon moyen de diviser et de faire pression sur les autres travailleurs. Voilà comment se fabrique la 'compétitivité' de cette vertueuse Europe. La façon de traiter les sans-papiers n'est pas une bavure, elle est un rouage essentiel d'un système économique égoïste.
Résumons. L'Europe a volé l'Amérique latine. L'Europe continue à voler l'Amérique latine. Elle l'empêche de nourrir ses enfants. Mais quand ceux-ci sont forcés d'émigrer, elle les emprisonne. Ensuite, elle donne des leçons de démocratie et de moralité au monde entier.

Le temps est venu
Je n'ai pu rester longtemps en Bolivie, mais ce peuple m'a profondément impressionné. Je me rappelle ces milliers de manifestants qui descendaient, ce dimanche-là, vers le centre de La Paz, dans leurs minibus, leurs autos ou leurs taxis bondés, Indiens et Blancs, du plus clair au plus foncé..
Avec un calme étonnant, bien moins de bruit que dans n'importe quelle manif du monde. Avec une détermination simple et noble. Et dans leurs yeux, une évidence : le temps est venu de mettre fin à des siècles d'humiliations, le temps est venu de la dignité pour tous, le temps est venu de faire disparaître la misère.
Et je repensais à ces amis sans-papiers de Bruxelles, manifestant eux aussi pour leur avenir et pour leur dignité. Le problème est évidemment le même, à Bruxelles et à La Paz : à qui doivent servir les richesses d'un pays ? Et si ce problème ne se résout pas à La Paz, des millions de sans-papiers continueront à frapper aux portes de l'Europe.

Et demain ?
Comment cela évoluera-t-il ? Pour le 10 août, un institut de sondage pro-US annonce une victoire d'Evo par 60%. Comme la plupart de mes interlocuteurs à La Paz. Certains craignaient, par contre, l'influence du problème de l'inflation et du renchérissement de la vie. D'autres craignent que la droite lance des provocations violentes pour empêcher le référendum.
Quoi qu'il en soit, le référendum ne résoudra rien, ni dans un sens, ni dans l'autre. Evo Morales sera toujours devant le même problème : le gouvernement est à gauche, mais ne contrôle pas l'économie du pays, ni les médias (aux mains des gros propriétaires et de la multinationale espagnole Prisa), ni les universités, ni l'Eglise qui est aux côtés des riches, comme d'habitude dans ce continent. On ne peut pas tout faire en deux ans et demi. Mais, pour avancer, Evo devra réussir à mobiliser plus avant les masses populaires. Sa seule force.
De toute façon, après le référendum, la question restera la même : les richesses du pays doivent-elles servir à enrichir les riches et les multinationales ou bien à développer le pays et à vaincre la pauvreté ?
Pour trancher cette question à leur avantage, les Etats-Unis sont prêts à tout. Et le mouvement progressiste international ? Comment réagira-t-il contre la désinformation et la préparation d'une guerre civile ?
La réponse dépend de nous tous.

Michel Collon
La Paz - Bruxelles
Août 2008

18/07/2008

Pour obtenir l’abandon du fichier EDVIGE

Sans débat public préalable, le gouvernement, par un décret publié au Journal officiel du 1er juillet 2008, a considérablement accru les capacités de fichage de nos concitoyens. Ce fichage sera assuré, à l’avenir, par la Direction centrale de la sécurité publique (fusion des Renseignements Généraux et de la DST).A cette fin, un nouveau fichier policier sera mis en place sous le nom d’EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale). Il recensera, de manière systématique et généralisée, toute personne « ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». Sans exception, toutes les personnes engagées dans la vie de la cité sont donc visées.En outre, ce fichage vise à permettre la collecte de renseignements identitaires sur les « suspects » (personne mais également groupe) simplement considérés, par la police, comme susceptibles, à l’avenir et de manière totalement hypothétique, de porter atteinte à « l’ordre public ».Il permettra de compiler toutes les notes de renseignements telles que : état civil, photographie mais aussi fréquentations, comportement, déplacements, appartenance ethnique, vie sexuelle, opinions politiques, philosophiques, religieuses, appartenances syndicales et associatives …La police sera autorisée à consulter ce fichier en cas d’enquêtes administratives pour l’accès à certains emplois.Les mineurs ne seront pas épargnés puisque fait sans précédent dans notre République et particulièrement choquant, leur fichage sera autorisé dès l’âge de 13 ans et cela sans qu’aucune infraction n’ait été commise et sur la seule base de leur dangerosité présumée.Cette initiative gouvernementale, porteuse à l’évidence de nombreuses dérives, s’inscrit résolument dans le cadre de la mise en place d’une politique sécuritaire ouvertement revendiquée.Le gouvernement est passé outre aux réserves émises par la Commission nationale Informatique et Libertés concernant ce fichier qui, dès sa parution, a suscité les plus vives réprobations de multiples organisations associatives, syndicales et politiques.C’est pourquoi les organisations et les personnes signataires de cet appel : exigent le retrait du décret autorisant la mise en place du fichier EDVIGE qui institue un niveau de surveillance des citoyens totalement disproportionné et incompatible avec une conception digne de ce nom de l’état de droit, sollicitent le soutien et la signature de tous nos concitoyens et de toutes les organisations attachées aux libertés publiques, au respect de la vie privée et des droits de l’enfant, s’engagent à se constituer, dès le mois de septembre 2008, sous forme de Collectif afin de prendre toute initiative utile visant à obtenir des pouvoirs publics qu’ils renoncent à la mise en place du fichier EDVIGE.Les collectifs, associations, syndicat et partis peuvent apporter leur soutien et leur signature en écrivant à contact@nonaedvige.ras.eu.org


SIGNER L’APPEL

http://nonaedvige.ras.eu.org/petitions/?signe=oui

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13/07/2008

Les Extras à St Cirq-Lapopie

Dans le cadre des Mardis de St Cirq, je vous invite à venir voir à deux spectacles de la compagnie Les Extras, le mardi 15 juillet, à 18h et 22h au Théâtre de la Fourdonne, St Cirq Lapopie, Lot.
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IL CIRCO ALEGRIA – spectacle jeune et tout public

 

 

18h – Théâtre de la Fourdonne ou Foyer rural de Tour de Faure en cas de mauvais temps

 

Entrée gratuite

 

 

 

Voici venir le plus grand petit cirque au monde, Il Circo Alegria !
 
 L'installation est minimale: deux valises contiennent les artistes, la
 ménagerie, quelques instruments de musique et une superbe piste de cirque.

 


 Sur cette piste, les numéros se succèdent sous l'oeil attentif du directeur,
 monsieur Ziliano.
 Seuls les deux garçons de piste sont à taille humaine.  Malgré leur
 incompétence, ils tirent les ficelles, ce qui ne plait pas forcément à
 Ziliano, ni aux artistes.

 

 Même si  les numéros vous semblent improbables ou farfelus, n'en parlez pas
 à Ziliano, il pourrait se fâcher !
 Malgré tout, les numéros s'enchaînent...

 


le  dressage des éléphants savants, aux ordres de Zampanounours,
l’agilité de Zampanono en monocyclo, gare au tremplin de la muerto …
Les évolutions de la souperbe Eleonore au-dessus de nos têtes, oune merveilleuse founamboule, comme le dit Ziliano...
Zampanic, le dompteur aux nerfs d'acier, dont la devise est:
Je reste stoïque quand tout le monde panique !
Et enfin, plus fort qu'à la Paramount , la véritable histoire de king-kong !

 

Egalement quelques surprises…
 La version actuelle dure environ 50mn.

 


 Il Circo Alegria vient à vous, pas besoin de vous déplacer ! Voici le cirque
 de proximité...

 

 

 
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AVANT LA CHUTE … - tout public mais plutôt adultes

 

 

22 H – Théâtre de la Fourdonne ou Foyer rural Tour de Faure si mauvais temps

 

Tarifs : 5 et 3 €

 

 

Le Résumé

 

 

Voilà un émigré dont l’histoire

 

N’est pas banale :

 

Voulant goûter à la liberté, 

 

Wolf passe à l’Ouest.

 

Son seul bien est une armoire,

 

Il décide donc de l’emmener… A sa façon !

 

A l’Ouest, il rencontre un chasseur de scoop.

 

Celui-ci  comprend aussitôt le profit qu’il peut tirer de ce drôle de fait divers…

 

La naïveté de son  protégé sera sans limite !

 

 

Avant que le mur qui séparait Berlin en deux ne soit détruit, un habitant de l’Est, Woulf, rêve d’évasion….Hélas, comment passer par les égouts quand votre seule fortune est une armoire, reçue en héritage, dont vous ne voulez vous séparer ? Il décide alors de la manger ! Petit à petit, morceau après morceau. Lorsque tout est avalé, il  part vers l’Ouest.

 

           

 

Dans sa quête de liberté, Woulf découvre un univers fascinant, à la fois débordant de richesses et terrible pour celui qui n’en possède pas les clés.

 

           

 

Un journaliste de la télévision de l’Ouest à la recherche de sensationnel,  comprend aussitôt le profit qu’il peut tirer de cet homme naïf.

 

           

 

Les medias colportent cette histoire partout dans le monde, l’armoire devient le symbole de la recherche désintéressée de la liberté et rapporte beaucoup d’d’argent. . . Sauf à Woulf !

 

Woulf médite sur le monde ‘’libre’’ et ses illusions, s’interroge : a-t-il vendu son âme ?

 

 

La Cie Les Extras

 

           

 

            Patrice Carpentier est un circassien marionnettiste touche-à-tout, jean-philippe Hemery est son compère comédien conteur, amateur de marionnettes itou. Ajoutez LiLi Zancanaro, Costumière accessoiriste pleine de ressources , et saupoudrez du talent d’Elise Lagalle , conteuse cuisinière tout terrain…

 

 Laissez fermenter l’envie de repas animés, de petits spectacles à base de contes revus et corrigés, pouvant se produire partout, pour les curieux de tous ages... Agrémentez de dispositifs scéniques originaux, et dégustez où vous voulez, dans la rue ou en salle.

 

 

 

 

Qui tire les ficelles ?

 

 

Patrice et Jean-Philippe ,ces deux obsédés du polichinelle,

 

Sont ensemble depuis 98 , dans la rue, en salle, dans tout endroit se prêtant au jeu théâtral, à l’improvisation. Lili vient maintenant leur prêter main forte à la manipulation des marionnettes d’ « Avant La Chute  ».Trois anges gardiens pour tous les personnages qui peuplent leurs histoires .

 

 

 

Pourquoi des marionnettes ?

 

 

Elles sont prêtes à tous les excès, à toutes les cascades…

 

Faites de mousse, de papier ou de bois

 

Elles sont nos acteurs préférés, ne se plaignent jamais (ou si peu), acceptent de voyager dans des boites,

 

 D ’être réparées à coup de marteau.

 

En échange de quoi,

 

 Nous nous engageons à ne pas les abandonner au bord de la route,

 

A ne pas en faire du bois de chauffage,

 

Mais surtout à les rendre célèbres… (Si si !) Auprès de tous.

 

Et puis, qui a dit que les marionnettes ne s’adressaient qu’aux enfants ?

 

Survie Info n° 34. Juillet 2008

La brochure Les biens mal acquis des dictateurs africains en France vient de paraître. 3€. Juin 2008
Survie publie une nouvelle brochure pédagogique qui décode les dessous de la criminalité économique de la Françafrique à travers les mécanismes des biens mal acquis. La restitution des fonds aux populations spoliées serait un signe fort pour tous ceux qui réclament une réforme de la politique de la France en Afrique.
Présentation de la brochure et bon de commande :
http://survie-france.org/article.php3?id_article=1175

En outre, Survie se réjouit de voir qu’à la suite de la première plainte visant les biens mal acquis déposée par elle avec Sherpa et la Fédération des Congolais de la Diaspora en 2007, cette procédure est aujourd’hui relancée par des contribuables congolais et gabonais (qui peuvent se prévaloir d’un préjudice) ainsi que par Transparence International dont le mandat est spécifiquement la lutte contre la corruption. Lire le communiqué des deux associations du 10 juillet 2008 : Transparence International France et Sherpa relancent une plainte visant les biens mal acquis détenus en France par cinq dictateurs africains : http://survie-france.org/article.php3?id_article=1184

Actualité

11 juillet 2008. Prolongation des travaux de la Mission d’information parlementaire sur les relations France-Afrique :
un sursaut salutaire qui doit se confirmer.
Communiqué du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, Survie, Secours catholique, Réseau Foi et Justice Afrique Europe (Antenne France), Mouvement de la Paix, Peuples solidaires
Le Rapport de la mission d’information parlementaire sur la politique de la France en Afrique qui devait être rendu public le mercredi 9 juillet n’a pas été validé par les députés, qui ont décidé de prolonger les travaux de la mission de 6 mois. Cette décision est le résultat du caractère parcellaire et « orienté » d’un rapport qui aborde la relation France-Afrique quasi-exclusivement sous l’angle économique et occulte les aspects politiques ou militaires de la politique de la France en Afrique. Lire le communiqué http://survie-france.org/article.php3?id_article=1185
A lire également l'interview de Jean Louis Christ, président de la mission, sur le jdd.fr : http://www.lejdd.fr/cmc/international/200828/france-afriq...

2 juillet 2008. Bongo plus fréquentable que Mugabe. Prime à la Françafrique ! Communiqué de Survie.
Aujourd’hui, 2 juillet, le Président français Nicolas Sarkozy reçoit à l’Elysée le Président du Gabon, Omar Bongo. Ce dernier, interviewé par RFI en marge du 11ème Sommet de l’Union Africaine (qui s’est achevé hier en Égypte), vient de déclarer à propos du président zimbabwéen Robert Mugabe, dont l’élection est contestée par la communauté internationale en raison des violences qui l’ont accompagnée : « Il a été élu, il a prêté serment, il est là avec nous, alors il est président ; on ne peut pas lui demander plus. Ils ont fait des élections, je crois qu’il les a gagnées ». Lire le communiqué : http://survie-france.org/article.php3?id_article=1178

25 juin 2008. Indignation des ONG suite aux propos d’Alain Joyandet. Le profit est-il la seule ambition de la France en Afrique ? Communiqué de presse de la plate forme citoyenne France Afrique
Les ONG de la plate-forme citoyenne France-Afrique [1] s’indignent de la multiplication des dérapages verbaux du secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, qui démontrent une conception cynique et dévoyée de l’aide au développement. Lire le communiqué : http://survie-france.org/article.php3?id_article=1177

12 juin 2008. La France, terre de villégiature des criminels internationaux ? Communiqué de Survie et du Collectif des parties civiles pour le Rwanda
A l’occasion de l’adoption par le Sénat du projet de loi adaptant le droit pénal français à l’institution de la Cour Pénale Internationale, un amendement voté par la majorité sénatoriale vide la compétence universelle de sa substance. Si cet amendement était entériné par l’Assemblée Nationale, la France deviendrait l’un des rares pays à permettre aux criminels contre l’humanité, criminels de guerre et responsables de génocide de circuler en toute liberté sur son territoire. Lire le communiqué : http://survie-france.org/article.php3?id_article=1171

A lire
Billets d'Afrique et d'ailleurs n° 171 (Juillet-Août 2008)

Bulletin mensuel d'information alternative sur les avatars de la politique de la France en Afrique, Billets d'Afrique constitue l'un des piliers de la volonté de Survie de mieux informer.
Edito : Salauds de pauvres
Le parlement européen vient d’adopter, le 18 juin 2008, ce qu’on appelle la « directive de la honte ». Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale on légalise des pratiques directement attentatoires aux droits de l’Homme. En France, la lutte contre les migrants a été le point du programme politique de Nicolas Sarkozy qui a le plus contribué à son élection à la présidence de la République. C’est aussi le point qu’il a mis le plus de zèle à mettre en œuvre par la création d’un ministère de l’immigration confié à Brice Hortefeux.
Lire la suite : http://survie-france.org/article.php3?id_article=1179
S’abonner à Billets d'Afrique : http://www.survie-france.org/article.php3?id_article=65

Au sommaire ce mois-ci :
-  MAURITANIE Le jeu dangereux du terrorisme
-  ALGERIE Le retour en force du religieux
-  FRANCE Les huit plaies d’Alain Joyandet
-  DJIBOUTI Une partie à quatre
-  BURKINA FASO Les faux habits de Blaise
-  MALI Trains facultatifs
-  FRANCE NIGERIA Une coopération à courte vue
-  RWANDA Jeu de dupes
-  A FLEUR DE PRESSE
-  BREVES D’AFRIQUE ET D’AILLEURS


A voir
Documentaire Paradis fiscaux, la grande évasion de Frédéric Brunnquell, 52 min
" Le monde n’'a jamais accueilli autant de richesses. La vente de produits de luxe bat tous les records, le nombre de milliardaires progresse sans cesse... Pourtant, les déficits publics s’accumulent et se creusent dangereusement. Mais où est passé l’'argent de nos Etats ? C’'est en citoyen que je me suis posé la question et que j’ai enquêté pour ce film. J’'ai découvert qu’'il s’'évadait vers des petits pays sans impôts : les paradis fiscaux. À l’'heure de la globalisation de l’'économie, ils abritent plus de 11.000 milliards de dollars."Frédéric Brunnquell.
Documentaire diffusé sur France 2 le 15 mai et visualisable sur dailymotion en 4 parties a partir de l'adresse  http://www.dailymotion.com/relevance/search/paradis%2Bfis...


Agenda
Didier Awadi présente son album "Présidents d’Afrique" le 12 juillet à Paris
Au cours du
festival "Afrique(s)" à La Villette à 21h30
Renseignements, réservations : http://survie-france.org/article.php3?id_article=1176

Festival Africajarc du 24 au 27 Juillet 2008
Des concerts, des conférences, des débats, un village associatif... en présence de Tiken Jah Fakoly et d'un stand du groupe Survie Midi Pyrénées
Programme complet sur : http://www.africajarc.com/


A venir :

Université citoyenne d’Attac du 22 au 26 août 2008 à Toulouse

Survie est l'un des membres fondateurs d’ATTAC en 1998, et sera présente lors de plusieurs ateliers
sur le thème des biens publics mondiaux à l’occasion de la 9ème université d’été qui se déroulera à l'Université du Mirail sur le thème « l’altermondialisme aujourd’hui » a.
Programme et infos sur : http://www.france.attac.org/spip.php?rubrique1065


Etrange Rencontre de la jeunesse Europe-Afrique - Ouagadougou - Burkina Faso du 24 au 30 août 2008

L’Etrange rencontre est une rencontre pas comme les autres, un forum social autogéré en Afrique, réunissant pendant 6 jours la jeunesse consciente des deux continents, et même au delà.... Une rencontre d'acteurs militants associatifs d'Europe et d'Afrique en luttes, en résistances, à la recherche d'alternatives pour un autre monde possible.
Une rencontre pour échanger, créer des dynamiques communes autour de trois axes : "Jeunesse, et monde universitaire", "Usages militants des Nouvelles technologies" (Internet et Radios) et "Lutte contre la pauvreté et construction d’alternatives". Après une première édition au Bénin en août 2007, portée et construite autour d'un noyau dur informel de militants africains et français, qui se sont connus en Afrique au cours de forums sociaux et contre-sommets, la seconde édition, du 24 au 30 aout 2008 à Ouagadougou, devrait voir s'élargir la dynamique dans un contexte burkinabè très intéressant sur le plan politique avec une forte mobilisation de la société civile, autour d'une nouvelle plateforme revendicative contre la vie chère... Renseignements, participation, toutes les informations sur : http://www.etrangerencontre.org

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06/07/2008

Déclaration de la coordination populaire colombienne à Paris

Ingrid Bétancourt est libre.  

La Coordination populaire colombienne (CPCP) à Paris s’en  réjouit pour elle, pour sa famille, ses amis, et tous les comités qui l'ont soutenue. C'est un épilogue heureux après plus de six ans d'attente.

Le peuple colombien est toujours otage.  

Le « triomphe » des militaires et du gouvernement d'Uribe n'est pas une bonne nouvelle pour nous : C'est une légitimation de la logique guerrière et des pratiques totalitaires. Une bulle médiatique de plus qui permet d'occulter la para militarisation du régime, la violation quotidienne des Droits de l'Homme, les assassinats systématiques des opposants politiques, syndicalistes, journalistes, défenseurs des Droits de l'Homme.

Nous ne pouvons oublier que, en Colombie, près de quatre millions de personnes ont été déplacées de force à l'intérieur du pays, en majorité à cause des groupes paramilitaires. Ces groupes, qui agissent seuls ou avec des membres des forces armées, ont fait disparaitre au moins 15.000 personnes ; ils les ont enterrées dans plus de 3.000 fosses communes ou ils ont jeté leurs cadavres dans les fleuves. Ils ont assassinés plus de 1.700 indigènes, 2.550 syndicalistes et plus de 5.000 membres de l'Union Patriotique. Régulièrement, ils torturent leurs victimes avant de les tuer. 

Entre 1982 et 2005, les paramilitaires ont perpétré plus de 3.500 massacres et ils ont volé plus de six millions d'hectares de terres. Depuis 2002 et leur supposée "démobilisation", ils ont assassiné 600 personnes chaque année. Ils ont réussi à contrôler 35% du Parlement. De 2002 à aujourd'hui, des soldats de l'Armée régulière ont commis plus de 950 exécutions, la plupart en "maquillant" des paysans en guerrilleros. Récemment, en janvier 2008, les paramilitaires ont commis 2 massacres, 9 disparitions forcées, 8 homicides alors que l'Armée a perpétré 16 exécutions extra-légales. Depuis le début de cette année, 28 syndicalistes ont été assassinés. 

En Colombie, les agents de l'Etat et les paramilitaires violent les Droits de l'Homme et le droit humanitaire. De nombreux groupes paramilitaires ne se sont pas démobilisés. Maintenant ils se font appeler "Aigles Noirs". De nombreux parapolitiques ont des charges publiques ou diplomatiques. En septembre 2007, il y avait 39 affaires. Aujourd'hui, en juillet 2008, il y a plus de 60 parlementaires et hauts fonctionnaires mis en cause dont bon nombre sont en prison). Le président Alvaro Uribe lui-même et son entourage sont mis en cause. L’élection présidentielle de 2006 menace d’être invalidée  par une sentence de  la Cour suprême de justice après qu’une parlementaire ait été reconnue coupable de subornation par cette même cour.

 

Avec la libération d'Ingrid Betancourt par les militaires, c'est "La Mano Fuerte" qui gagne. Nous ne pouvons que regretter que la guerrilla n'ait pas libérés plus tôt tous les otages. Ou mieux, qu'elle n'ait jamais eu recours aux enlèvements. Cette victoire est un coup très dur pour les guerrilleros, mais c'est surtout un coup terrible pour l'opposition politique démocratique.

 

Il va être encore plus difficile de faire entendre une voix divergente dans ce pays en faveur d’une solution politique du conflit, de l’échange humanitaire des prisonniers, en faveur de la vérité, de la justice et de la réparation intégrale pour les victimes.

 

Alors oui : Bravo pour Ingrid. Mais nous pleurons pour la Colombie, sans pour autant baisser les bras.

  

Paris, 3 juin 2008.

http://coordinadora.popular.googlepages.com:80/home

Version espagnole : http://coordinadora.popular.googlepages.com/coordinadorap...

03/07/2008

Goss expose en Bretagne


Prochaines expositions


"Regards sur les Arts en Bretagne"

Du samedi 20 septembre au Dimanche 12 octobre 2008
"Du réalisme à l'imaginaire"

Collégiale Notre-dame
Lamballe - Côtes d'Armor

Vernissage le Vendredi 19 septembre 2008

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"REGARDS SUR LES ARTS"
est une exposition de niveau national et très certainement une des toutes premières expositions françaises d’Arts Figuratifs Contemporains avec maintenant plus de vingt mille visiteurs sur trois semaines dont plus de 20 pour cent non domiciliés en Bretagne.


Oeuvres de Goss exposées à Lamballe :

Entrée gratuite
Pour tous renseignements :
Pendant le salon ~ 02 96 50 86 47 ~ lasne.jacques@wanadoo.fr

L'exposition a également un très beau site Internet :
www.regards-sur-les-arts.com

Office du Tourisme : 02 96 31 05 38
Mairie de Lamballe : 02 96 50 13 50
Lamballe Communauté : 02 96 50 13 55

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C'est beau la Bretagne
et c'est tellement mieux de voir les originaux.

Mais si vous ne pouvez pas vous rendre à cette exposition
vous pouvez visiter l'expo-virtuelle sur le site officiel.

www.goss-artiste-peintre.com

Ou venir visiter l'atelier de beauregard
(c'est beau le Lot aussi)

Merci de prendre rendez-vous
05 65 24 70 65

 

 

 

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18:50 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

02/07/2008

Traits caractéristiques des expériences en cours au Venezuela, en Equateur et en Bolivie

18 juin 2008 
par Eric Toussaint

En Amérique Latine, si l’on excepte Cuba, il y a en ce moment trois grandes catégories de gouvernements. En premier lieu, les gouvernements de droite, alliés de Washington, jouent un rôle actif dans la région et occupent une position stratégique : le gouvernement d’Alvaro Uribe en Colombie, Alan Garcia au Pérou et Felipe Calderon à Mexico. En deuxième lieu, les gouvernements prétendument « de gauche », qui poursuivent une politique néolibérale et soutiennent leurs bourgeoisies nationales ou régionales dans leurs projets : le Brésil, l’Uruguay, le Chili, le Nicaragua et aussi le gouvernement de Cristina Fernando Kirchner des péronistes argentins. Ce sont des gouvernements qui mènent une politique néolibérale favorable au grand capital teintée de quelques mesures d’assistance sociale. En effet, ils adoucissent un peu la pilule néolibérale en appliquant des programmes d’assistance. Par exemple, au Brésil, des familles pauvres reçoivent un peu d’aide du gouvernement, ce qui assure un appui populaire dans les régions les plus pauvres du pays.

Certains de ces gouvernements essaient d’améliorer leurs relations avec Washington, notamment en concluant des accords de libre échange avec les Etats-Unis. Le Chili en a signé un et Lula, au Brésil, cherche aussi un accord avec Washington autour d’une série de thèmes politiques. Mais en même temps, de fortes divergences d’opinion continuent à exister entre le gouvernement Lula et les Etats-Unis. Ces divergences concernent la défense des intérêts de la bourgeoisie brésilienne au niveau de l’agriculture et d’une série de secteurs industriels, en particulier les secteurs tournés vers les exportations qui n’acceptent pas le protectionnisme des Etats-Unis. Dans la troisième catégorie de pays se trouvent le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur. Ils doivent compter avec une opposition active d’importants secteurs de la classe capitaliste locale et de Washington. Cuba forme à lui tout seul une quatrième catégorie.

L’importance des mobilisations populaires…

Insistons sur la troisième catégorie de pays : le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur. Nous ne pouvons comprendre la politique de ces pays que si nous prenons en compte les très importantes mobilisations populaires qui jalonnent leur histoire récente. En Equateur, quatre présidents de droite ont été renvoyés à la maison entre 1997 et 2005 grâce à de grandes mobilisations de la population. En Bolivie, il y a eu une bataille importante contre la privatisation de l’eau en avril 2000 et à la fin de l’année 2004. Les mobilisations autour du gaz en octobre 2003 ont fait tomber et s’enfuir (vers les Etats-Unis) le président Gonzalo Sanchez de Lozada. Le Venezuela a connu dès 1989 d’importantes mobilisations qui inauguraient les grandes luttes sociales contre le Fonds monétaire international qui se sont développées à l’échelle planétaire dans les années 1990. Mais il y a encore eu plus spectaculaire avec les énormes mobilisations populaires du 12 avril 2002, manifestations spontanées de protestation contre le coup d’Etat pour renverser Hugo Chavez. Ces mobilisations ont eu directement pour effet le retour d’Hugo Chavez au palais présidentiel Miraflores le 13 avril 2002. Les grandes mobilisations populaires sont un facteur décisif dans l’existence et la survie des gouvernements au Venezuela, en Bolivie et en Equateur.

… et de l’adoption démocratique de constitutions nouvelles

Un deuxième point important est la révision de la Constitution. En 1999, durant le premier mandat de Hugo Chavez, une nouvelle Constitution démocratique a été adoptée par voie référendaire (elle avait été rédigée par une Assemblée constituante). Cette Constitution, toujours en vigueur aujourd’hui, a garanti davantage de droits culturels, économiques et sociaux à la majorité de la population. Elle a également instauré un mécanisme démocratique qui permet de révoquer à mi-mandat des élus à tous les niveaux (y compris le président de la République). L’adoption d’une nouvelle Constitution au Venezuela a inspiré ultérieurement les gouvernements de Bolivie et d’Equateur. La Bolivie a adopté une nouvelle Constitution en 2007 et, en Equateur, une Assemblée constituante élue en septembre 2007 est en train de rédiger un projet de nouvelle Constitution qui sera soumise à un référendum en septembre 2008. Ce sont effectivement des réformes profondes ! Ces changements politiques démocratiques en cours dans ces trois pays sont systématiquement passés sous silence dans la presse des pays les plus industrialisés et au-delà. Au contraire, une campagne de dénigrement est systématiquement orchestrée afin de présenter les chefs d’Etat de ces trois pays sous l’image repoussante de dirigeants populistes autoritaires.

Les expériences de ces trois pays andins, en terme d’adoption de nouvelles Constitutions, sont très riches. Elles devraient inspirer les peuples et les forces politiques des autres pays. Il suffit de comparer la situation en Europe avec l’absence de procédure démocratique en matière d’adoption du Traité constitutionnel. Bien sûr, les expériences en cours au Venezuela, de Bolivie et en Equateur sont aussi traversées par des contradictions et des limites importantes qu’il faut analyser. En Equateur, le processus de réforme en cours mobilise de larges couches de la population. Le président actuel, Rafael Correa, a été élu fin 2006 avec une grande majorité sans avoir un parti politique ou des parlementaires derrière lui. En dépit de la forte opposition de la droite et de tous les médias – en Equateur, il n’y a aucun canal public étatique de télévision et de radio –, Correa a gagné le referendum afin de convoquer une Assemblée constituante avec 82% des suffrages exprimés. Le mouvement politique que Correa a construit de manière improvisée dans le courant de 2007 a gagné plus de 70% des voix lors des élections à la Constituante. Si on y ajoute ses alliés, il bénéficie d’une majorité de plus de 80%. Il y a aujourd’hui en Equateur une Assemblée constituante à laquelle les mouvements sociaux sont invités de manière permanente, afin qu’on puisse mieux tenir compte de leurs propositions. De cette façon, la nouvelle Constitution pourrait être portée par une large majorité de la population. C’est donc un processus très ouvert et très intéressant. Nous connaîtrons le résultat final fin juillet quand le projet de nouvelle Constitution aura été adopté par l’Assemblée constituante afin d’être ensuite soumis aux électeurs fin septembre. Il est probable que le texte qui sera soumis aux suffrages sera critiquable sur plusieurs aspects (l’absence du concept de pluri-nationalité pour caractériser le pays –comme le demande les principales organisations indiennes-, l’absence du droit à l’avortement, l’absence d’interdiction des OGM).

En Bolivie, le processus de révision va de pair avec beaucoup plus de conflits. Le parti d’Evo Morales, le MAS, a bien gagné la majorité des parlementaires (55%), mais n’a pas la majorité des deux tiers. Cela complique la situation. Finalement, la nouvelle Constitution a été adoptée en décembre 2007 malgré les obstructions parfois violentes de la droite et des classes dominantes. Par la suite, la situation s’est polarisée à l’extrême à cause d’une mobilisation très agressive du camp réactionnaire. La droite est entrée en action avec une campagne raciste et la menace d’une séparation territoriale de la partie occidentale du pays où elle occupe une situation dominante. Cette agitation réactionnaire a réussi à empêcher jusqu’ici la tenue du referendum sur la nouvelle Constitution.

Retour au contrôle public sur les richesses naturelles

Un troisième point important : les gouvernements du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur ont pris des mesures pour renforcer le secteur public et obtenir un contrôle des ressources naturelles. Au Venezuela, l’Etat a pris le contrôle de la grande compagnie pétrolière (PDVSA) qui, bien que publique, favorisait les intérêts privés et déclarait la plupart de ses revenus aux Etats-Unis. Cela ne s’est pas fait sans bataille et sans heurts. La classe capitaliste a organisé un coup d’Etat en avril 2002 suivi d’un lock-out qui a paralysé l’entreprise en décembre 2002-janvier 2003. Le Produit intérieur brut du Venezuela s’est effondré dans les premiers mois de 2003, mais finalement le gouvernement a repris la situation en main avec le soutien de la majorité du peuple. L’année dernière, l’Etat vénézuélien a aussi pu prendre en main le contrôle d’un important champ de pétrole, la falla del orinoco. Au Venezuela, les deux tiers du pétrole sont produits par l’Etat et un tiers par les grandes compagnies pétrolières. Mais aujourd’hui, le pétrole est exploité dans le cadre de nouveaux contrats négociés, où l’Etat décroche plus de revenus que précédemment. Il faut y ajouter d’autres nationalisations : la production et la distribution électrique, les télécoms (CANTV), la sidérurgie (SIDOR qui compte 15.000 travailleurs), le secteur du ciment, des entreprises de production alimentaire. Sans oublier la réforme agraire qui vise à donner la terre à ceux qui la travaillent. La Bolivie a nationalisé le pétrole et la production de gaz en 2006. Evo Morales a envoyé l’armée pour contrôler les champs pétroliers, mais les multinationales restent actives car ce sont elles qui extraient le pétrole et le gaz. L’Etat est bien propriétaire des richesses naturelles, mais ce sont les grandes multinationales qui exploitent le pétrole et le gaz. D’où l’importance stratégique des accords entre le Venezuela et la Bolivie qui permettront à la Bolivie de renforcer une compagnie pétrolière publique pour exploiter et raffiner elle-même le pétrole et le gaz. La Bolivie n’a pas de raffinerie, l’Equateur n’en a pas assez. La Bolivie et l’Equateur exportent du pétrole et importent du combustible et d’autres produits raffinés. Ici aussi, l’importance d’accords stratégiques entre le Venezuela, l’Equateur et la Bolivie pour renforcer l’autonomie de ces deux derniers pays. Ce que le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur ont de commun avec la deuxième catégorie de pays (le Brésil, l’Uruguay, le Chili, l’Argentine), c’est une certaine politique de programmes d’assistance publique. Il ne s’agit pas de rejeter purement et simplement ces mesures, mais il faut absolument promouvoir la création des postes de travail, augmenter fortement les salaires, garantir davantage de droits sociaux et économiques pour les salariés, les paysans, les artisans, les vendeurs de rue, les retraités et autres allocataires sociaux. Le Venezuela et la Bolivie ont avancé dans cette direction mais il y a encore beaucoup de chemin à faire.

Equateur : Correa suspendra-t-il le paiement d’une partie de la dette ?

L’Equateur a pris une importante initiative concernant la dette publique. Rafael Correa a créé, en juillet 2007, la Commission d’audit intégral de la dette publique interne et externe (CAIC). C’est une commission composée de douze membres des mouvements sociaux et d’ONG d’Equateur, six membres de campagnes internationales pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde (je fais partie de cette commission en tant que représentant du CADTM) et quatre délégués de l’Etat (le Ministère des Finances, la Cour des Comptes, la Commission anti-corruption et le parquet général). Ce qui est intéressant, c’est qu’on ne parle pas ici de représentants de la société civile (ce qui inclut les associations patronales par exemple), mais bien de délégués des mouvements sociaux, comme le mouvement indigène (la CONAIE) et d’autres mouvements sociaux radicaux d’Equateur. L’idée de Correa et d’un secteur de son gouvernement est d’essayer de ne pas rembourser une partie importante de la dette publique. Si Correa réussit dans son intention, cela signifie une confrontation directe avec sa propre bourgeoisie nationale, parce que c’est la bourgeoisie équatorienne qui tire le plus grand profit du remboursement de la charge de la dette publique. Cela signifie également une confrontation avec les marchés financiers internationaux et avec la Banque mondiale. La droite du gouvernement et les grands groupes financiers, sans compter la Banque mondiale et les capitales des pays les plus industrialisés, exercent une forte pression pour convaincre le gouvernement de Correa de ne rien faire. Celui-ci devrait prendre une décision mi-juillet 2008 lorsque la CAIC remettra son rapport. Rien n’est garanti et il est possible que Correa décidera d’éviter l’affrontement.

Stratégie des Etats-Unis et des capitalistes locaux : confrontation et séparation

La stratégie des Etats-Unis et de la classe capitaliste locale est clairement axée sur la confrontation : le coup d’Etat contre Chavez en 2002, le lock-out patronal de décembre 2002-janvier 2003, la campagne des médias en Bolivie, en Equateur et au Venezuela contre le gouvernement. Mais le thème fondamental est une nouvelle stratégie de partage du pays. La classe capitaliste de Bolivie organise la séparation de la partie occidentale du pays. Ils appellent cela Media Luna avec Santa Cruz comme centre économique important. Les grands propriétaires terriens, les patrons d’entreprises d’exportation (notamment le soja transgénique) incitent la population à proclamer l’indépendance vis-à-vis de l’Etat national. Ils recourent à des actes racistes de manière régulière. Il faut dire clairement que la population de cette région riche ne constitue pas une nation qui aurait le droit à l’autodétermination. Le gouvernement répond à la droite qu’il est prêt à accorder une autonomie plus grande des régions mais pas la séparation, et dans ce cas-ci il a raison. En Equateur, le centre économique se trouve à Guayaquil sur la côte pacifique, tandis que Quito – qui est aussi importante économiquement – est la capitale politique située à 2800 mètres d’altitude dans la cordillère des Andes. La classe capitaliste de Guayaquil veut proclamer son indépendance sous la direction du maire local de droite. Au Venezuela, le gouverneur de l’Etat occidental de Zulia (qui a une frontière commune avec la Colombie) brandit la menace d’une séparation. Ceci constitue sans aucun doute une stratégie continentale consciente de Washington, qui essaie de soutenir la bourgeoisie capitaliste locale dans un processus de scission des pays qui vivent des expériences de gauche. Cela rappelle la politique de la Belgique, des Etats-Unis et d’autres puissances à l’égard de la province du Katanga en République démocratique du Congo. Rappelons-nous que les capitales occidentales avaient soutenu le séparatisme du Katanga contre le premier ministre Patrice Lumumba. Quand le dictateur pro occidental Mobutu a pris le pouvoir (après l’assassinat de Lumumba amené de force au Katanga et livré à ses pires ennemis), les grandes puissances ont abandonné le soutien aux séparatistes… Cela me semble un thème important, parce que certains au sein de la gauche considèrent ce partage des pays comme l’expression automatique du droit des peuples à l’autodétermination. Dans le cas de la Bolivie, c’est manifestement la réaction de la bourgeoisie capitaliste locale contre les droits de la majorité indienne de la nation. Par-dessus le marché, ils manient souvent un langage de droite raciste. Le maire de Santa Cruz, Percy Fernández, a déclaré le 9 décembre 2007 en commentant l’adoption par l’Assemblée constituante du projet de nouvelle Constitution : « Dans ce pays, bientôt, il faudra se peindre et se mettre des plumes pour exister ! » . Depuis lors, des ratonnades ont été organisées par ses partisans contre les Indiens qui constituent, faut-il le rappeler, la majorité de la population du pays et sont victimes depuis plus de cinq siècles de la domination exercée par l’Europe puis par ses descendants. La stratégie de Washington et de certaines capitales européennes comprend encore un autre aspect. Il s’agit du différend entre la multinationale ExxonMobil et la compagnie pétrolière nationalisée du Venezuela PDVSA, le différend entre Occidental Petroleum des Etats-Unis et PetroEcuador qui est une entreprise publique en Equateur, le conflit entre Telecom Italia et la Bolivie, etc. De grandes multinationales (sans oublier Petrobras du Brésil) s’opposent aux décisions des trois gouvernements de gauche de restaurer le contrôle public sur les richesses naturelles. Ces multinationales utilisent le tribunal de la Banque mondiale (le CIRDI, Centre international de règlement des différends liés à l’investissement) pour résoudre les différends concernant des investissements. Ils ont aussi recours à des tribunaux de commerce, comme le tribunal de commerce de Londres, d’Amsterdam ou de New York. Un conflit en matière de contrat risque d’éclater dans les mois qui viennent entre deux gouvernements latino-américains. En effet, le nouveau président du Paraguay qui prendra ses fonctions en août 2008, Fernando Lugo, a déclaré qu’il remettait en cause le contrat léonin imposé par le Brésil à son pays, du temps où les deux pays vivaient sous des dictatures militaires (le contrat Itaipu remonte à 1973). Effectivement, à l’heure où le prix de l’énergie augmente très fortement, le Brésil paie un prix ridicule pour l’électricité produite au Paraguay . Le Paraguay et le Brésil pèsent un poids économique totalement différent et le Paraguay a tout à fait raison s’il demande la révision du contrat ou son abrogation. Ce type de situation conflictuelle met en évidence la nécessité pour les pays d’Amérique latine de sortir du CIRDI, ce qu’a fait la Bolivie, et de créer un organisme latino-américain pour régler les litiges qui surgissent entre des Etats et des multinationales (qu’elles soient du Nord ou du Sud) ou qui opposent des Etats latino-américains les uns aux autres. Bien sûr, dans ce dernier cas, il faut d’abord chercher un accord bilatéral avant d’avoir recours à un organisme multilatéral.

Les Traités de commerce entre les peuples

En opposition aux traités de libre commerce que signent certains pays d’Amérique latine avec les Etats-Unis ou l’Union européenne, les nouveaux accords qui ont été passés entre les gouvernements du Venezuela, de la Bolivie et de Cuba méritent d’être soulignés. Citons par exemple les 20.000 médecins cubains qui vont travailler volontairement au Venezuela pour fournir une médecine gratuite, en priorité dans les quartiers pauvres, ou les 40.000 opérations de la cataracte ou d’autres problèmes de la vue dont ont bénéficié gratuitement des citoyens vénézuéliens dans des hôpitaux cubains. En échange, principalement sous forme de troc, le Venezuela fournit du pétrole à Cuba. Le même type d’accords s’applique entre le Venezuela et la Bolivie.

En conclusion, les expériences en cours dans ces pays sont très différentes de l’image caricaturale et négative qu’en donne la majorité des medias. Les processus en cours sont complexes et parfois contradictoires, des reflux sont possibles, même probables, les gouvernements n’iront peut-être pas assez loin dans les transformations politiques et sociales favorables au peuple. La déstabilisation orchestrée par les classes dominantes locales et Washington peut réussir à infléchir le processus en cours. Avec l’agression de la Colombie contre l’Equateur en mars 2002, on voit bien que Bogota et Washington sont prêts à utiliser l’arme de la guerre contre les régimes de Quito et de Caracas. Une des dimensions marquantes qui n’ont pas pu être abordées ici, c’est la faiblesse du contrôle des producteurs sur l’ensemble du processus de production (ce qu’on appelle, dans la tradition du mouvement ouvrier, le contrôle ouvrier et l’autogestion).

Source :  http://www.cadtm.org/spip.php?article3476

 

Aglaé vous invité

"On ouvre !

 

 

Une petite rétrospective rigolote de mes tableaux depuis une quinzaine d’années vous attend de pied ferme. Comme toujours, des nanas un peu déjantées, aux doudounes généreuses, des amoureux, des bisous nombreux et… nombreux, des visages,( je les adore) compensent comme ils peuvent un dessin  insuffisant et approximatif. Et bien entendu, de la couleur, encore de la couleur…et parfois de la colère .Que ça pète, que ça arrache les yeux, que ça éclabousse ,bordel !!! C’est presque mieux de ne pas être un pro pour que surgisse la spontanéité tant vantée et si rarement présente  dans les œuvres classiques… Pardonnez-moi :je  me console comme je peux….

 

 

La construction de la galerie en ligne est due à Tam, concepteur et réalisateur dont j’admire le travail et que j’embrasse très fort . Travail à deux, dans l’amitié et la rigolade, tout ce que j’aime.

 

Aglaé

 

 

PS Je vous attends. Attention à la peinture !

 

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Adresse

 

http://aglagalerie.leforumbleu.net

 

 

Je ne me souviens pas du métro le plus proche…Etoile peut-être."

 

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