19/03/2008
Manifestation en faveur des Bushmen du Botswana
le vendredi 21 mars 2008
de 8h à 10h30
Rendez-vous devant le siège du MEDEF
55, avenue Bosquet
75007 Paris
(M° Ecole militaire)
A l'occasion de la réunion de travail organisée par le MEDEF au cours de laquelle le Président du Botswana, M. Festus MOGAE, rencontrera des entreprises françaises, Survival International (France) organise une manifestation en faveur des Bushmen du Kalahari.
Après avoir gagné un procès historique au cours duquel leur expulsion a été jugée illégale par la Haute Cour du Botswana, les Bushmen avaient espéré pouvoir retourner dans leurs anciens villages.
Mais le gouvernement redouble d'efforts pour les empêcher de rentrer chez eux. Il refuse notamment de les autoriser à pratiquer la chasse et à accéder à un puits situé à l'intérieur de la réserve, les obligeant à parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour se ravitailler en eau.
Dans le même temps, un projet de mine de diamants d'un coût de plus de 2,2 milliards de dollars a démarré dans la réserve. La mine aura accès à toute l'eau nécessaire à son fonctionnement.
M. Festus Mogae doit également rencontrer Bernard Kouchner, membre du comité d'honneur de Survival France. Dans une lettre adressée lundi au ministre, Survival lui a demandé d'intervenir en faveur des Bushmen.
Venez nombreux manifester votre soutien aux Bushmen!
Pour en savoir plus sur les Bushmen :
http://www.survivalfrance.org/peuples/bushmen
Pour toute autre information, n'hésitez
pas à nous contacter
01 42 41 47 62 ou
info@survivalfrance.org
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Survival aide les peuples indigènes à défendre leur vie, protéger leurs terres et déterminer leur propre avenir.
Survival n'accepte aucune subvention gouvernementale et dépend exclusivement de ses membres et donateurs pour financer ses campagnes.
Pour en savoir plus ou apporter votre soutien :
http://www.survivalfrance.org
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17/03/2008
Du nouveau chez Homnisphères
Communiqué
Après 4 années d’existence, riches et intenses, et plus que jamais résolus à aborder toutes les thématiques politiques et sociales sous un angle contre-culturel, notamment en plaçant le projecteur hors du cadre, nous avons le plaisir de vous présenter 8 nouveaux essais critiques. Des essais décapants, dérangeants, stimulants, c’est selon, qui apportent tous à leur manière un éclairage pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. En espérant que cette nourriture de l’esprit un peu plus pimentée qu’à l’ordinaire vous mettra l’eau à la bouche…
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L’homme aux limites
Essais de psychologie quotidienne
de Roger Dadoun
Avec Dante, dressé face à l’Enfer, faut-il dire : « Vous qui entrez dans ce monde-ci, laissez toute espérance » ? Notre monde, frontières abolies dans le bruit et la fureur, s’impose à nous en gigantesque omnisphère, qui ingère tout, exténue tout repère - se règle et se dérègle au rythme d’un temps qui brûle les étapes, largue l’homme claudiquant à la traîne.
En dépit d’inventions majeures, l’homme d’aujourd’hui subit toujours affres et convulsions, legs d’un sanglant XXe siècle. Roger Dadoun en prend acte, avec passion et lucidité, pour analyser les agressions et limites - violences, harcèlements, incertitude, souffrances, « vie et mort » - auxquelles chacun se trouve confronté dans son existence quotidienne.
Contre terreurs et menaces, il ménage une place, insolite et superbe, à des notions devenues obsolètes telles que sérénité, utopie, tendresse. Il emprunte à Pelloutier, fondateur des Bourses du Travail, ce projet véritablement vital, éthique et politique à la fois : être « les amants passionnés de la culture de soi-même ».
Roger Dadoun, philosophe, psychanalyste, professeur émérite, Université Paris VII. Producteur à France Culture. Parmi ses dernières publications : La télé enchaînée, Utopies sodomitiques, Heidegger, le berger du néant et Sexyvilisation.
(Collection Savoirs Autonomes – 288 p. – 17.00 euros)
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La télé enchaînée
Pour une psychanalyse politique de l’image
de Roger Dadoun
Argent-Dieu-TV - triangle symbolique et concret pour une télévision d’épate et d’avilissement qui exploite et rabat le miracle du ciel sur la terre : ouvrir une boîte (Pont d’or), tourner une roue (Fortune), dire un mot un chiffre un nom (Sésame), et voici que tombe sur têtes en extase devant un public de croyants-voyants exultants la manne des euros.
Main basse sur toutes émissions « people » ou autres, les « producteurs-animateurs-présentateurs », « icônes » des temps modernes, font toujours plus fort dans le vulgaire, l’hilare et le vorace. Journalistes et chroniqueurs, petits malins à haut caquet, courent après tout ce qui renomme et rapporte. Le bouvard-et-pécuchet pullule, l’ignare se pavane, la frime triomphe.
Le monopole de l’imaginaire, lié au détournement des savoirs et au trafic d’informations, est chasse gardée pour l’obscène alliance entre patrons de chaînes (Fric), politiciens (Pouvoir), barons de production (Carrière), et cercles tournants de petits maîtres serviles agglutinés autour de « têtes » et « stars » préfabriquées.
Le « peuple des télécommandés », ébaubi, gobe – pour la gloriole éphémère et les durables profits cumulés des maîtres ès décervelage et forgerie de l’image.
Roger Dadoun, philosophe, psychanalyste, professeur émérite, Université Paris VII. Producteur à France Culture. Parmi ses dernières publications : La télé enchaînée, Utopies sodomitiques, Heidegger, le berger du néant et Sexyvilisation.
(Collection Savoirs Autonomes – 352 p. – 18.00 euros)
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Les misères des Lumières
Sous la Raison l’outrage
de Louis Sala-Molins
Avec Louis Sala-Molins, « le Code noir sous la main », remontons le temps jusqu’au XVIIIe siècle et parcourons cette période faste de l’histoire de France : celle des Lumières, de ses grands noms - Montesquieu, Rousseau, Diderot, Raynal, Condorcet… - et de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ».
Nous avons dit Lumières. Nous avons dit Droits de l’homme. Nous avons dit Egalité. Nous avons dit Justice et Humanité. Pour autant, il suffit de surprendre l’embarras d’un Montesquieu ou d’un Condorcet devant l’horreur de l’esclavage pour voir qu’il n’en est rien. Les Lumières biaisent, trichent et la Raison, ainsi outragée, cède devant les besoins du commerce et les nécessités de l’ordre public.
Avec Les Misères des Lumières. Sous la raison l’outrage, Sala-Molins nous livre une réflexion fondamentale sur la mémoire et l’histoire. Ce faisant, il dénonce un long, scandaleusement trop long silence de l’historiographie française sur un chapitre pluriséculaire de l’histoire de France.
Louis Sala-Molins, catalan, a enseigné la philosophie politique à La Sorbonne où il a succédé à Vladimir Jankélévitch, puis à l’Université de Toulouse. Parmi d’autres publications, on lui doit l’exhumation de deux textes incontournables dans l’histoire de la traite et de l’esclavage des Noirs : le « Code noir », édicté à Versailles par Louis XIV en 1685 (Le Code noir ou le calvaire de Canaan) et le « Code noir carolin », rédigé un siècle plus tard (1784) à la Cour des Bourbons d’Espagne pour les colonies espagnoles (L’Afrique aux Amériques. Le Code noir espagnol).
(Collection Savoirs Autonomes – 272 p. – 17 euros)
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Tolérance répressive suivi de Quelques conséquences sociales de la technologie moderne
de Herbert Marcuse
« La tolérance est passée d’un état actif à un état passif, de la pratique à la non-pratique : laissez-faire les autorités constituées ! Ce sont les gens qui tolèrent le gouvernement qui, à son tour, tolère une opposition dans le cadre déterminé par les autorités constituées. La tolérance vis-à-vis de ce qui est radicalement mauvais semble bonne parce qu’elle sert la cohésion du tout qui est en route vers l’abondance ou vers plus d’abondance. Le fait qu’on tolère la crétinisation systématique aussi bien des enfants que des adultes par la publicité et la propagande, la libération des pulsions destructrices au volant dans un style de conduite agressif, le recrutement et l’entraînement de forces spéciales, la tolérance impuissante et bienveillante vis-à-vis de l’immense déception que suscitent le marchandisage, le gaspillage et l’obsolescence planifiée — toutes ces choses ne sont pas des distorsions ou des aberrations, elles sont l’essence d’un système qui n’encourage la tolérance que comme un moyen de perpétuer la lutte pour l’existence et de réprimer les alternatives. »
En écrivant Tolérance répressive en 1964, Herbert Marcuse bouleverse la philosophie en général et la théorie critique en particulier.
Herbert Marcuse (1898-1979), philosophe, fut l’un des principaux théoriciens de l’école de Francfort. Ses écrits traduits en français ont très largement inspiré le mouvement de Mai 68 et la Nouvelle Gauche européenne et américaine. Les travaux de Hegel, Marx, Freud, Lukács et Husserl constituent les fondements de sa critique radicale de la société.
(Collection Horizon Critique – 144 p. – 12.00 euros)
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Pierre de Coubertin, le seigneur des anneaux
Aux fondements de l’olympisme
de Jean-Marie Brohm
« Ô sport, tu es la Fécondité ! Tu tends par des voies directes et nobles au perfectionnement de la race en détruisant les germes morbides et en redressant les tares qui la menacent dans sa pureté nécessaire ».
« Il y a deux races distinctes : celle des hommes au regard franc, aux muscles forts, à la démarche assurée et celle des maladifs à la mine résignée et humble, à l’air vaincu ».
« Seul, le sport donnera aux jeunes Latins – comme il l’a donné aux jeunes Anglo-Saxons – la recette pour devenir homme sainement ».
« Le sport apportera à la famille, base de toute société viable, le renfort d’une santé reconquise et entretenue par le plaisir sain. […] Le sport est un facteur éminent des entreprises coloniales, à tel point que coloniser sans une vigoureuse préparation sportive constitue une dangereuse imprudence. […] Le sport épurera les lettres et tuera l’érotisme en lui enlevant ses lecteurs ».
Le baron Pierre de Coubertin, historien, pédagogue et promoteur des Jeux olympiques modernes, définit dans ces « litanies du culte sportif » l’ordre moral, familial, sexuel, politique, diplomatique, colonial, national et social. Coubertin, un homme au service de l’idéologie bourgeoise de son temps et du nôtre…
Jean-Marie Brohm est Professeur de sociologie à l’Université Paul Valéry, Montpellier III. Principal fondateur de la critique radicale du sport en France, il est notamment l’auteur de La Machinerie sportive. Essais d’analyse institutionnelle et de La Tyrannie sportive. Théorie critique d’un opium du peuple.
(Collection Horizon Critique – 144 p. – 12.00 euros)
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Tous propriétaires !
Du triomphe des classes moyennes
de Jean Luc Debry
A l’image des petits-bourgeois de La Noce de Bertolt Brecht, le monde des employés et des petits chefs de bureau domine le champ idéologique de l’ensemble du corps social et imposent ses valeurs. Le prolétariat semble avoir été dissous comme par magie dans cette opération. Il en a adopté les codes caractérisés par la tyrannie du même : même façon de produire, de consommer, de se divertir, de parler, de (sur)vivre.
Cette classe, moyenne en tout, est l’incarnation de la fin de l’histoire, c’est-à-dire de son effacement au profit de l’actualité la plus immédiate avec ce que cela comporte de sordide, d’amnésie et de malhonnêteté intellectuelle. Glorification de l’individualisme, des lieux communs, des non-lieux, du conformisme et du faux-semblant. Une victoire sans partage.
Signe des temps, le slogan Tous propriétaires ! fait florès. Simple et édifiant, il semble se suffire à lui-même et résonne comme un cri de ralliement. A lui tout seul, il résume l’utopie des marchés et désigne un lieu d’enfermement. Brandi comme un étendard, il tend à mettre sur un pied d’égalité le propriétaire d’un hôtel particulier à Neuilly, celui d’un deux pièces-cuisine en HLM et celui d’une maison de maçon.
Jean Luc Debry, employé modèle, s'intéresse à des sujets de réflexions que
son époque et sa condition sociale réprouvent. Il participe depuis plusieurs années à la revue d’histoire populaire Gavroche et est également l’auteur de récits historiques. Il a fait connaître la pièce de Georges Cavalier, La Commune à Nouméah, écrite et jouée à Fort Boyard le 1er janvier 1872 (Séguier, 2002).
(Collection Expression Directe – 176 p. – 14.00 euros)
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Ne plus perdre sa vie à la gagner
Pour un revenu de citoyenneté
de Baptiste Mylondo
La place du travail au sein de la société n’est ni une évidence, ni une fatalité. La prédominance de la « valeur travail » est une exception historique née du développement du capitalisme et de l’impératif de croissance qu’il implique.
Sous peine d’enfermer chacun dans ce bagne doré qu’est la société de surconsommation et de surproduction, le culte du travail doit impérativement être remis en cause. Au-delà de tout choix de société et de toute orientation politique, chaque individu doit pouvoir décider librement de la place qu’il entend accorder au travail dans son existence. Dans cette optique, la création d’un revenu de citoyenneté, qui répond à un idéal de justice sociale, prend tout son sens.
Même si cette idée n’est pas neuve - Thomas More y faisait déjà allusion au XVIe siècle - le revenu de citoyenneté s’appuie sur une justification philosophique forte, fondée sur la reconnaissance de l’utilité sociale de chaque membre de la société et de l’intérêt qu’a cette société à soutenir et promouvoir la richesse sociale que chacun contribue à créer.
Auteur de nombreux articles sur la question du travail, Baptiste Mylondo a publié Des caddies et des hommes (La Dispute, 2005) et dirigé un livre collectif, Pour une politique de décroissance (Golias, 2007). Cofondateur d’une société coopérative d’intérêt collectif spécialisée dans le commerce équitable local, il milite activement pour le revenu de citoyenneté et collabore au journal Sarkophage.
(Collection Expression Directe – 144 p. – 12.00 euros)
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Petit imprécis de voyage
A l’usage des navigateurs urbains
de Pierre Gras
Cet anti-manuel de voyage, interrogeant tour à tour le tourisme, la mobilité, le nomadisme et la modernité, mais aussi la quête de l’Autre et de l’ailleurs, n’a pas pour objectif de régler leur compte aux inepties touristiques ni aux idiots du voyage de toutes sortes, même si l’exercice pourrait être salutaire. Il se destine davantage, en évitant si possible les pièges de l’exploraseur, à créer ou entretenir chez chacun d'entre nous un désir de voyage. Et au final, faire mentir Samuel Beckett lorsqu’il affirmait : « On est tous cons, mais pas au point de voyager. »
Dans un monde presque entièrement urbanisé, interdépendant et balisé, l’aventure reste possible, pour peu qu’on la souhaite vraiment. Mais elle consiste surtout, pour le voyageur, à respecter l’Autre, c’est-à-dire à se respecter soi-même, quitte à bousculer les protocoles, les horaires, les acquis ou les certitudes pour y parvenir.
En acceptant d'abandonner pour quelque temps sa boussole et plus encore son GPS.
Journaliste et éditeur, Pierre Gras a dirigé pendant dix ans l’agence de presse Tramway. Il a travaillé auparavant au Progrès et au Monde Rhône-Alpes, et collabore aujourd'hui à la revue Urbanisme. Auteur d'essais et de récits de voyage consacrés au monde urbain, il a notamment publié Médias et citoyens dans la ville. Il vit et enseigne à Lyon.
(Collection Savoirs autonomes – 144 p. – 12.00 euros)
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Editions Homnisphères
21 rue Mademoiselle 75015 Paris
Tél : 01 46 63 66 57 & Fax : 01 46 63 76 19
email : info@homnispheres.com
web site : www.homnispheres.com
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11/03/2008
Litli soliquiétude
Litli Soliquiétude
Séverine Thevenet
Texte de Catherine Leblanc
Litli est le dixième livre d'Où sont les enfants ?
La dixième aventure. Avec ce drôle de mot, soliquiétude, qui mélange la solitude à la quiétude, le silence à la sérénité. Litli veut dire « petit », en islandais. C'est un petit bonhomme, dans une ville en noir et blanc, qui « marche toujours sur les mêmes lignes ». Mais il y a la couleur, ailleurs, sur les murs de la chambre et bientôt sous ses pas. « Si tu regardes longtemps, même une pierre finit par s'ouvrir ».
Un livre – un beau livre – c'est un voyage. On laisse les villes, et les pavés, et l'habitude et on « fait naître le monde », ailleurs. Les mots de Catherine Leblanc s'effacent lorsqu'il n'y a rien à dire de plus que ces géants dans le paysage. La dernière image montre Litli dans une chambre en couleur. La photo au mur est en noir et blanc. Entre la première et la dernière image, Litli a trouvé. Ce que l'on ne trouve peut-être que dans l'ailleurs et la solitude, ce que l'on ne trouve peut-être qu'en dehors de soi. L'invisible ?
Madeline Roth
Pour tourner les pages de Litli Soliquiétude : http://ousontlesenfants.hautetfort.com/album/litli_soliqu...
Editions Où sont les enfants ?
Derrière la rue - 46240 Vaillac
Courriel : osle@wanadoo.fr
Site : http://ousontlesenfants.hautetfort.com/
Tél : 05 65 31 13 42
Fax : 05 65 21 61 03
La photo a plein d'histoires à raconter aux enfants
12:23 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
10/03/2008
TOI MON AUTRE
toi mon autre
ma sœur mon frère
mon étranger
si semblable
si différent(e)
toi
adoré(e)
maudit (e)
cherché(e)
nié(e)
toi
l’espéré(e)
sans un passage
entre toi et moi
je ne peux vivre
sans toi l’autre
je ne peux exister
sans vous autres
les autres
qui me sortez de gré ou de force
de ma solitude de mon ignorance
de mon clan ma tribu mes préjugés
ma présumée identité
je ne peux vivre
sans vos mains vos sourires vos musiques
chaque objet que je touche
porte votre empreinte
vous autres, les autres
contre vous souvent je me cogne
et dans vos filets se prennent
tous mes espoirs
mes manques
mes craintes
mais sans vous comment saurais-je
l’amour le rire l’entraide
un peu de cette précieuse chaleur humaine ?
de chacune de nos rencontres
j’apprends
et avec toi
et avec elle
et avec lui
avec elle
avec lui
avec eux
diamant aux mille facettes
lotus aux mille pétales
trésor de nos différences
nous devenons
NOUS
nos sourires
nos mains
autour d’un verre
d’un moment
un silence
un rêve
une vie
partagés
nous toi moi eux
autres et si pareils pourtant
même chair
même sang
même cœur battant
sur cette unique terre
ensemble
17:11 | Lien permanent | Commentaires (3)
Salines par Jean-Marc Couvé
Salines de Cathy Garcia, Editions à tire d’ailes, 2007, 48 pages, 12 €.
Pas de mot non mûri, pour faire joli ; aucun terme obscur, pour pa-raître instruite : les fées « Salines » eussent fait saliver Messaline (revue par Jarry). Avec la complicité de Katy Sannier – aux fusains pour 14 des-seins et exquis(es) – Cathy Garcia * en se débraillant et embrayant (de façon 100 fois plus poétique que Breillat) nous régale de sa vitalité contagieuse ! Michel Host lui-même (prix Goncourt, 1986) est sous le charme ; mieux : il signe une post-face enflammée où il déclare à la femme son enthousiasme sur 4 pages (lits, en argot !), pas moins ; gageons que son analyse fouillée a caressé la poétesse dans le sens du poil, dans toute l’essence. Car ce livre de facture artisanale, imprimé sur papier recyclé, est TOUT chatte-houe : « Nous adultes avortés / faisons de l’art comme on cherche la surface ». Il ravira tous ceux/celles qui, tournant le dos aux régimes sans sel, goûtent la langue française, ici, fort s’aimant, si féminine ; une langue débridée, crue, montée à cru, voire en crue : « je suis le beurre / qui fond à (la) flamme (de l’amour) ». A déconseiller aux demi-sels et autres grenouilles de missels… Un seul regret : 20 poèmes – pas vain – joli nombre, oui, quand j’en eusse aimé 2, 5, 10 fois plus ! Mais « quand il n’y en a plus / y’en a-t-il encore ? » On est aux « anges », ah, la « diablesse » ! On pense aux meilleurs émois érotico-littéraires, du côté des Anaïs Nin et Lasker-Schüler ; ou, plus près de nous, à Mansour et à de Burine… Cathy se dit-elle « catin » ? que des passages de Jarry, Colette ou Lawrence, des toiles de Kahlo et Tanning, des notations de Miller ou Despentes, voire du meilleur Bukowski zèbrent notre mémoire ; tandis que cette « garce » (ya : dixit !) nous entraîne au zénith d’une liberté non feinte, farouche, inaliénable : « l’illusion est si belle / vaut bien la blessure / que tu ne manqueras pas / de me faire ». Une liberté par ailleurs aux abois, en recul, acculée à se rendre, traquée sur tous les fronts : littéraire, économique, politique, social… Ayant définiti-vement opté pour l’école buissonneuse (Mont de Vénus oblige !), elle détestera le mot et pourtant, CG nous donne une leçon d’amour. De vie. Qu’elle en soit remerciée – et que l’amour de la vie, vive, violente, indivise, individuelle nous fasse « ululer » avec elle : « désenchaînez / les pantins ! » « Le geste (d’amour) / toujours neuf », il me faudrait citer les 2 pages de « Sexe de Pan » intégralement : commandez donc Salines directement à l’auteure, les libraires habituels se laissant si facilement déborder par les vagues de best-sellers, les tsunamis d’art ripe hauteur : « tout va bien / l’amer est calme » et Cathy, elle, fait feu de toute ses forces, ne recule – pas même devant néologismes ou calembours, pour mieux atteindre la cible au cœur, prendre le lecteur à bras le corps : « Je suis femme / Unique Multiple » – à telle enseigne qu’on se prend à rêver pouvoir « danser (avec elle) la danse dissolue des algues amnésiques » !
Jean-Marc Couvé
* éditrice des délicieux Nouveaux Délits http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/
17:04 Publié dans CG 2007 - SALINES, à tire d'ailes | Lien permanent | Commentaires (0)
09/03/2008
Des nouvelles du Microbe
Premier coup : le n°46 de Microbe, préparé par Paul Guiot, est à l’impression. Au sommaire : Éric Allard, Alexandra Bougé, Sophie de Bellefroid, co errante, Dan Fante, Pascal Feyaerts, Paul Guiot, Isabelle Herbert, Joaquim Hock, Jean-Marc La Frenière , Thomas Vinau.
16:19 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (1)
06/03/2008
ÉLOGE DU FOU
Il existe sur cette terre un peuple dont on ne parle jamais mais ils se reconnaissent entre eux ; ils s’aiment ou se haïssent mais surtout, sans cesse, ils se renvoient la même question, la seule à leurs yeux qui mérite d’être posée. Ils cherchent, cherchent sans répit, sinon quelques plages de mensonges et certaines formes d’oubli.
Cette question murmurée, implorée, chantée, hurlée, ils s’en frappent la tête.
Ils s’en mettent le cœur à vif ! Ils la boivent tel un vin rare, se l’injecte comme un poison, se saoulent ou se régénèrent, la perdent pour mieux la retrouver jusqu’au bout des nuits blanches, des journées sans soleil. Ils la décortiquent, l’aspirent, la crachent et l’offrent parfois sans calcul comme un bouquet de fleurs à une âme de passage.
Certains disent qu’ils sont fous. Et alors ?
Il en faut des fous pour exorciser nos démons, pour donner corps à nos monstres et nous permettre de dormir en paix ! Il en faut des fous pour se mettre à nu et se poignarder avec tous nos pieux mensonges ! Il en faut des fous pour se lancer dans ce vide que nous n’affrontons pas même du regard. Il en faut des fous pour aller décrocher les étoiles qui brillent derrière nos paupières cousues. Il en faut des fous pour accoucher le monde !
Fous ! Les fous battent la campagne et la breloque !
Fous ! désaxés ! détraqués ! dérangés !
Siphonnés, timbrés, piqués, cinglés, cintrés!
Maboul, marteau ! Toqué, tapé ! Tordu, toc-toc,
cinoque, louftingue, dingues et loufoques !
Z’ont perdu la raison,
La boule et la boussole,
Une araignée au plafond,
Mais qu’importe Monsieur, les fous travaillent et pas qu’un peu
Les fous travaillent du chapeau !
les fourres tout
les foutrement gais
les inspirés
chercheurs de vérité
fous téméraires
Et foutu bordel !
Les fous parlent à leur chien
Les fous n’ont pas de besoin
Les fous respectent la terre
les fous donnent tout
les fous ne mentent pas
Les fous flânent en chemin
nourrissent les oiseaux
les fous pleurent
la mort d’une fleur
les fous traversent les déserts
gravissent les montagnes
franchissent les mers
les frontières
à la nage ou à la rame
les fous disent paix et tolérance
brûlent leur carte d’identité
pour les sans-papier
Les fous refusent de s’alimenter
parce que d’autres sont affamés
les fous ne ferment jamais leur porte à clé
les fous vivent dans les arbres
les fous se couchent au sol
devant les tanks les bulldozers
les fous parlent d’amour quand on leur fait la guerre
les fous pardonnent à leurs tortionnaires
les fous s’opposent, luttent, militent
aiment et cultivent la différence
les fous défendent des idéaux
les fous écrivent des poèmes
Les fous refusent télé, supermarchés
refusent d’être vaccinés pucés
s’entêtent à ne pas se résigner
Les fous un jour partent sans se retourner
Les fous voyagent à pied
à dos d’ânes en roulottes
Les fous font de leurs rêves une réalité
les fous se méfient du progrès
prennent le temps de ne pas travailler
les fous crèvent plutôt que de capituler
Les fous s’aiment malgré tout
Les fous refusent le garde à vous
Les fous croient en la justice
et pensent pouvoir changer le monde
mais il y a d’autres fous encore plus fous
qui veulent que tout et tous soient parfaits
fous qui veulent rester entre eux
fous de fric de pouvoir
fous qui veulent tout diriger
fous qui veulent tout acheter
fous qui pensent qu’ils n’en sont pas
et qui disent :
Est fou celui qui ne pense pas comme nous…
Est fou celui qui n’est pas comme nous…
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05/03/2008
Printemps des poètes 2008 à Cahors
La Communauté de communes du Pays de Cahors et l’association quinze donadieu
vous invitent à découvrir
l’édition 2008 du Printemps des Poètes
DEDANS & DEHORS
Nous avons choisi cette année de faire circuler la poésie dans la ville et ses différents lieux, afin que le dedans et le dehors ne soient pas séparés, mais au contraire ouverts l’un vers l’autre. La poésie est affaire de langage : les poètes traduisent le monde, les émotions, sensations, questions qu’il provoque, avec leurs mots et cette traduction du monde en langage, c’est le poème que nous lisons.
L’éditeur invité, « Le Bleu du ciel », témoigne de cette volonté de déplacer la poésie, par sa revue murale de poésie qui s’affiche dans l’espace urbain, au dehors, et par les livres qu’il publie et que nous sommes conviés à lire.
La poésie investira la ville par des lectures publiques dans des lieux du dedans : hôpital, maisons de retraite, prison, espaces privés,… dans des lieux du dehors : rues, marché, espaces publics,… et dans ces lieux du passage de l’un à l’autre : halls d’immeubles, escaliers…
Mais cette thématique prend aussi en compte la voix qui va vers l'autre, l'intimité de la parole d'une personne à une autre, et le territoire, celui de la Communauté de communes du Pays de Cahors, celui des régions par les déplacements de Cahors à Brive-la-Gaillarde et vice-versa.
Période_ 4 - 15 mars 2008._
Territoires _: Cahors, la Communauté de communes du Pays de Cahors et Brive-la-Gaillarde.
Lieux de poésie
Le marché de Cahors et les rues, des halls et escaliers d’immeubles qui pourront pour l’occasion être accessibles, la Médiathèque du Pays de Cahors, le Garage Donadieu, la librairie Calligramme, la librairie ancienne Valérie Rapaud ainsi que les différents lieux « du dedans » : Maison d’arrêt de Cahors, Accueil des familles de détenus, accueil de jour accueil de nuit Centre hospitalier de Cahors, maisons de retraite (citer), bibliothèque d’Espère, de Pradines… et à Brive-la-Gaillarde : la bibliothèque, les rues, les cafés et le Théâtre de la Grange.
La Médiathèque du Pays de Cahors
Elle invite une maison d’édition de poésie contemporaine : Le Bleu du Ciel et 4 poètes : Didier Arnaudet, Ryoko Sekiguchi, Jérôme Mauche et Claude Chambard
Le Bleu du ciel
En 1990, Didier Vergnaud décide de créer une revue de poésie capable de trouver son lecteur de manière efficace. Il fonde « L'Affiche, revue murale de poésie », exposée dans les bibliothèques, les universités, les écoles, les centres d'arts, et dans la rue. Ceci pour affirmer un accès direct à la lecture, et restituer la création dans l'espace public.
Une page unique va réunir deux entités – un texte littéraire, une proposition plastique – pour former une œuvre nouvelle. « L'Affiche » constitue son propre espace poétique, à la manière d'un tressage, par le croisement de deux versants : le premier qui renvoie à ce qui est donné à voir, l'autre qui signale ce qui est écrit. En 2001 un catalogue d'édition sous l'enseigne « Le Bleu du ciel » est ouvert, parallèlement à « L'Affiche ».
Affichages dans la rue, exposition, livres, lectures publiques seront quelques unes des manifestations proposées.
Découvrir la poésie contemporaine à travers le Bleu du Ciel. Un beau programme de printemps
Le Garage Donadieu, arts visuels, arts vivants
Co-organisateur du projet « Dedans & Dehors », il initie des interventions dans la ville de Cahors, dans différentes structures (maison d’arrêt, maisons de retraite, hôpital, accueil de nuit…,) et à Brive-la- Gaillarde.
L’association quinze donadieu est née en octobre 2004 du désir du peintre Françoise UTREL et de Michel BRISSAUD d’avoir une structure qui soit un lieu de rencontres et d’expression pour des artistes plasticiens mais qui permette aussi de jeter des passerelles vers d’autres formes d’art, musique, poésie, théâtre. Afin de disposer d’un territoire pour organiser ses manifestations, quinze donadieu a réaménagé un inhabituel espace : le Garage Donadieu.
PROGRAMME DU PRINTEMPS DES POÈTES
Dedans & Dehors
Du Mardi 4 mars au samedi 15 mars : Expositions
>Le Bleu du Ciel : Médiathèque du Pays de Cahors, Librairie Calligramme.
Exposition de tapuscrits, livres et documents autour de la maison d’édition invitée.
Du mardi 4 mars au samedi 15 mars
>« L’Affiche : revue murale de poésie » : Ville de Cahors.
A voir dans les rues de la ville, sur le réseau municipal d’affichage public.
Du lundi 25 février au samedi 8 mars.
> Louis Chadourne : Bibliothèque Patrimoniale du Pays de Cahors.
exposition de manuscrits, livres et documents proposés par la bibliothèque de Brive-la-Gaillarde.
Du mardi 4 mars au samedi 15 mars.
>Altérité(s) : Garage Donadieu.
Estampes , eaux-fortes et monotypes de Pierre Cambon :un travail sur l’individu et le groupe…
mercredi 5 mars à 18h30 : avant-propos avec vernissage et « premiers mots »
jeudi 6 et vendredi 7 mars de 16h à 18h, samedi 8 mars à partir de 18h30.
>Livres d’artistes : Bibliothèque municipale de Brive-la-Gaillarde.
Mantra des réalités invisibles et des doigts troués de la vue , Métamorphose, Fortuna : une
exposition proposée par la Médiathèque du Pays de Cahors
Du mardi 4 mars au samedi 15 mars.
Vendredi 7 mars : Médiathèque du Pays de Cahors invite à découvrir "le Bleu du ciel"
18h : Didier VERGNAUD présente les éditions Le Bleu du ciel.
19h : inauguration officielle (entrée libre).
20h30 Lectures publiques et rencontres : Jérôme MAUCHE,
Ryoko SEKIGUCHI, Didier ARNAUDET, Claude CHAMBARD
Samedi 8 mars : Le Garage Donadieu propose des interventions poétiques du Dehors…
>9h30-11h30 : marché de Cahors
>11h30 : poetic-groom : Espace Congrès Clément Marot.
>11h30 – 12h30 : librairie Calligramme : lectures et rencontres avec
J. Mauche, D. Arnaudet, R . Sekiguchi et C. Chambard . Apéritif offert.
>14h-14h30 : Médiathèque du Pays de Cahors : lectures courtes.
>15h-18h : instants poétiques à voir et à entendre dans les halls et escaliers
15h : 14, rue Saint André.
16h : 165, rue Nationale.
17h : 13, rue des Carmes.
>18h30 : le Garage Donadieu ouvre ses portes: métissage poétique.
>Toute la journée : « De mal en pi » Intervention visuelle de Valéry Jamin en
relation avec l’univers carcéral, rue du Château du Roi, face à la Maison d’arrêt.
Mardi 04 à vendredi 14 : … et des interventions poétiques du Dedans
(Ces interventions ne sont pas ouvertes au public.)
Jeudi 6 mars de 9h à 10h30 : Maison d’Arrêt de Cahors : interventions poétiques dans les lieux de vie et de travail.
Jeudi 6 mars à 13h30 : Accueil des familles des détenus : brèves interventions poétiques.
vendredi 7 mars à 15h : Institut Camille Miret : lectures.
mardi 11mars à 15h : l’E.H P.A.D (maison de retraite) en collaboration avec la Médiathèque de Pradines : lectures et chansons.
lundi 10 mars à 14h : Accueil de Jour : interventions poétiques et musicales.
mardi 11 mars à 21h : Accueil de Nuit : interventions poétiques et musicales.
mercredi 12 mars de 14h à 16h : Centre hospitalier (services pédiatrie) : lectures.
mercredi 12 mars à 15h : Résidence de personnes âgées Maria Buggera :
lectures et chansons.
jeudi 13 mars de 14h à 15h : Centre hospitalier (service de long séjour) : lectures.
Mercredi 12 au jeudi 13 mars : Lectures
mercredi 12 mars à 18h30 : Galerie Carré d’art et Valérie Rapaud: LECTURES « Autour des écrivains voyageurs » Nicolas Bouvier, Jacques Lacarrière, Jack Kérouac, Victor Ségalen. Lectures par Claude Marcoux, Thierry Beernaerd, Jacques Jay et Jean-François Maurice.
jeudi 13 mars à 20h30 : Médiathèque du Pays de Cahors : « Peut-on aimer sans en mourir ? ou Le pays de l’Autre ». Lectures à partir du livre « L’homme-Jasmin » d’Unica Zürn, par Frédérique Camaret et Jean-Luc Axelrad.
Samedi 15 : Intervention à Brive-la-Gaillarde
Plusieurs lecteurs de Dedans & Dehors de Cahors ainsi que des représentants de la Médiathèque interviendrons à Brive-la-Gaillarde dans le cadre d’une autre manifestation du Printemps des Poètes organisé par la Théâtre du Cri : bibliothèque, rues, cafés, Théâtre de la Grange.
11:12 Publié dans CG - QUOI DE NEUF? QUE FOUS-JE ? | Lien permanent | Commentaires (0)
04/03/2008
Earthlings -Terriens
(Sous-Titres Français)
http://video.google.fr/videoplay?docid=409373021607406322...
10:46 Publié dans RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (0)
03/03/2008
lune et poètes - 18 ans
lune et poetes
rose de sables
les indiens-
poésie d'un militaire pendant la guerre d'indochine
la violence domestique en image
les statues meurent aussi photos
nageuses olympiques
gros cul
sexfun
veaux vache
eau de pluie bambou
essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée
la perle dans la poésie
menstrues photos x
la naissance de l'école anomaliste
symbole -18 ans
14:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
L'étoile de Joaquim Hock
«Le sultan a toujours aimé les choses merveilleuses. Il a, paraît-il, une vie onirique fort chargée. Il a en outre un orgueil de belle taille. C’est dire si l’idée de se retrouver soudain en possession d’une des étoiles du ciel avait tout pour le séduire, et le rendre encore plus enclin à la folie des grandeurs qu’à l’ordinaire.
Après avoir bien réfléchi à ce qu’il convenait de faire de cette nouvelle partie de son empire, il annonça de sa voix haute et claire qu’il avait l’intention de s’y rendre au plus vite…»
En couverture : illustration de Pierre Leroy
Le mot de l'Editeur :
La littérature a aussi pour fonction de se moquer de l'actualité et quand elle le fait comme ici, par l'intermédiaire de la fiction, c'est souvent une réussite.
Dans cette nouvelle, que pour moi-même je qualifie de «Conte moral et politique», Joaquim Hock nous raconte le caprice d'un sultan omnipotent.
Une nouvelle étoile apparait au ciel et le dirigeant assoiffé de toujours plus de grandeur non seulement se l'attribue mais décide de plus de s'y rendre.
Son entourage puis l'ensemble du pays est alors mis au travail pour exaucer ce souhait du souverain et permettre dans les plus brefs délais, l'extension extra-terrestre du royaume.
Qui autour de lui osera finalement lui remettre les pieds sur terre, c'est justement tout l'objet de cette histoire !
www.filaplomb.fr.
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01/03/2008
Une critique de Patrice Maltaverne
Comme c’est à la mode en ce moment, parlons-en, de la poésie féminine ! Le problème est que celle-ci manque de tranquillité. Alors, comme ce sont surtout eux, les discours empesés d’égalitarisme pieux et de lâcheté inimitable qui détonnent dans le paysage actuel, on sera d’autant plus tenté de passer sous silence les quelques textes composant « Ombromanie », pour ne pas déranger le sommeil des injustes.
Eh bien moi, je n’ai pas envie d’obéir à cette injonction facile, même si ma chronique, je le sais, se perdra à coup sûr dans le néant des écritures undergrund.
Cathy Garcia, par ailleurs créatrice de la revue « Nouveaux délits »[1] réussit, tout au long de ces dix sept poèmes en vers libres, à faire parler la vraie révolte, celle qui hélas, faute de pouvoir s’exprimer avec suffisamment de force pour être entendue, faute d’avoir pu identifier clairement le cœur de sa cible, se retourne contre elle-même : « appelez-moi donc stupide », « pathétique est mon nom ».
Les titres des textes composant « Ombromanie » sont déjà tout un poème, qu’ils soient caractérisés par la présence de néologismes, de jeux de mots : « Nasarde », « Aéropère », « Gallimafrée », « Pan urge !», par des énoncés lapidaires « Je n’irai même pas cracher sur vos tombes », « La collection automne-hiver sera terrible », ou encore par des titres d’albums du genre techno metal : « Last call / Before K-O », « Last rung / Burn the ladders ».
La description des violences, réelles ou imaginées, est continuelle dans cette apocalypse, comme s’il fallait conjurer le silence, bien plus effroyable, par de la folle agressivité qui s’exprime à travers une série d’images sans cesse renouvelées : « crever les temples ennemis / sortir leurs viscères / la bile le sang / produire toujours plus / de matière fécale / pour les étouffer ».
Les instruments de torture pleuvent de partout : seringues, serre-gorge, flèches, coups de poings, de couteaux, de ciseaux, poison etc.
C’est que, plus le temps passe, plus, en revanche, les armes de résistance paraissent élimées, face au raffinement de l’automutilation planétaire. Ainsi, l’âge des désillusions arrive tout naturellement : « et moi la ravie du ravi / je broute / au petit malheur / je cueille glane / plume effeuille / dans les champs utopiques / du sursis volé / à ceux qui croient / maîtriser ».
A la fin du recueil, l’ennemi, « ce besoin compulsif de faire d’avoir toujours plus toujours mieux », se montre en plein jour, même s’il demeure intouchable, car bien sûr, les pouvoirs en place et le monde du travail inculquent avec sadisme aux esprits fantasme de la réussite matérielle et culte de la performance auxquels ne peut s’opposer qu’une soif de justice, bien oubliée aujourd’hui.
Face à ce constat implacable, certains pisse-froid de service, qui n’aiment pas à être pris en flagrant délit d’absence de raison, ne manqueront pas de qualifier la poésie de Cathy Garcia d’exagérément noire, comme tend à le suggérer le titre du recueil.
Tout d’abord, je répondrai à ceux là que ces poèmes exagèrent surtout la vie, à travers leurs vers souvent courts, vite découpés, leurs fréquents passages en énumérations exclamatives : « chimique / métabolique / lunaison / feu ! ».
Enfin je leur ferai remarquer, à ces (trop) sages, qu’il n’y a pas dans ces mots là de manque de cœur. Voilà pourquoi la femme finit par devenir chienne, « animal / est le cœur / seule la raison / est froide », tout simplement pour transformer son impuissance à changer les choses en débordement d’énergie pure.
Après de telles preuves d’amour, pourquoi irait-on lui jeter la pierre de l’indifférence ?
Patrice MALTAVERNE
[1] Revue Nouveaux délits, http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/
19:03 Publié dans CG 2007 - OMBROMANIE (Encres Vives) | Lien permanent | Commentaires (0)
20/02/2008
Eglise de la très sainte consommation
Mes bien chers frères consommateurs, mes bien chères soeurs consommatrices, votre calvaire est enfin terminé !
Depuis la nuit des temps en effet, les religions nous ont aveuglé en promettant un paradis après la mort, mais le véritable Paradis est ici, dans le supermarché le plus proche et cela tous les jours !
Car je vous le dis en vérité, la Véritable Réponse, celle qui soulagera enfin votre âme et votre portefeuille, celle qui effacera vos doutes et vos peurs, celle qui occupera votre vie de la naissance à la tombe, cette réponse mes frères, cette unique voie, est celle de la Croissance Éternelle!
Et c'est pour cela que l'Église de la Très Sainte Consommation (TM) existe: pour vous aider, pour nous aider tous autant que nous sommes à répandre la parole du bonheur par la consommation.
Suivez nos guides: prions ensemble le Dieu Travail et la Déesse Croissance, car c'est pour et par eux que nous nous épanouissons!
Alors vous aussi, célébrez la Consommation en organisant vos propres actions prières devant les Temples urbains et répandez la Sainte Parole
11:19 Publié dans RÉSONANCES | Lien permanent | Commentaires (2)
pendant la morte saison
En France il y a un scandale dont personne ne se fait l’écho, sans doute pour de basses raisons politiques.
Il était donc du devoir de « Traction-brabant » de rompre ce silence pesant pour dénoncer le sort injuste fait au teckel dans notre société dite sans tabous.
Bien qu’il s’agisse, surtout dans sa déclinaison à poil ras, d’un chien noble par excellence, la plupart des gens continue à le dénommer boudin sur pattes, jugeant cet animal sur son apparence.
Jean-Marc Agrati lui-même, dans son recueil de nouvelles « Ils m’ont mis une nouvelle bouche »[1] écrit, je cite : « C’est un teckel femelle dont le nom veut dire source en tahitien. Une vraie loose. J’aurais voulu un vrai chien, un tueur, mais au lieu de ça, j’avais ce quart de portion qui me suivait partout ».
Et qui va s’occuper des cafards ? Le teckel pardi !
Je m’insurge contre de tels propos qui dénotent l’irresponsabilité de certains de nos concitoyens, laissant leurs enfants se faire dévorer par des dogues allemands. Un teckel, lui, ne peut gober un enfant, sinon son ventre raboterait la terre.
Il n’empêche… C’est un formidable chasseur de taupes. Et dieu sait qu’il y en a et qu’il y en aura de jour en jour davantage, des taupes, dans notre pays.
Si d’autre part, vous n’avez pas besoin de lui pour chasser les gros blaireaux, c’est votre affaire. Ça vous serait pourtant bien utile en maintes circonstances. Essayez de faire pareil avec un Saint Bernard. Il restera comme un con devant le trou.
Bref, je ne vois pas pourquoi le chien devrait être un signe extérieur de richesse énorme, le 4/4 du foyer en quelque sorte.
Et d’abord, si jamais votre teckel demeure improductif un temps, pour qu’il récupère de ses battues, vous pouvez le disposer le long de votre porte-fenêtre pour vous isoler des courants d’air pendant la morte saison.
P.M.
[1] Les Editions Hermaphrodite 30 rue Patton 54410 Laneuveville-devant-Nancy et http://hermaphrodite.fr
Lieu du larcin : Traction Brabant n°22 - Février 2008
10:55 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (2)
16/02/2008
Touche pas à mon fromage !
Ou comment en finir avec le fromage fermier ….et avec…les paysans ?
Les fromagers fermiers occupent, crime impardonnable, une part du marché : cela porte ombrage aux Lactalis, Lepetit, Danone et autre Président.
Interdire le fromage fermier soulèverait sans doute quelques remous, d’autant plus que l’image de ce dernier, via l’interprofession*, est utilisée par les industriels comme une vitrine.
Il faut donc trouver une solution : conserver le mot « fromage fermier » mais faire en sorte que celui-ci ne soit plus produit que par très peu de fromagers, fermiers de nom, mais industriels de pratique.
Allez vous trouver une solution à ce casse-tête, chers lecteurs ?
Je crains que non car, sauf vot’ respect, vous n’avez pas une imagination aussi fertile que la DGCCRF** (comprenez « les fraudes »).
Et cependant, c’est si simple : un tout petit morceau du « Décret Fromage » va permettre de tordre le coup à ces gêneurs, sans que cela provoque le moindre soulèvement populaire.
Pourquoi s’insurger quand on veut « informer le consommateur », « le rassurer » ? C’est sacré, l’information du consommateur ! (Sauf pour les résidus de pesticides et autres métaux lourds voir antibiotiques ou OGM inférieurs à 0,9% - ce serait là une mise en danger de l’agroalimentaire, de l’industrie chimique, grands bienfaiteurs de notre société).
Voici donc la solution à l’énigme :« La matière grasse d’un fromage doit être exprimée en teneur de matière grasse pour 100 grammes de produit fini. »(Applicable au1/12/07)
Mais, voilà le hic : le fromage fermier est un produit dont la composition varie selon les saisons, les animaux, le degré de dessiccation.
Quand tu as une usine à fromage, tu écrèmes ton lait (ou tu ajoutes de la crème) de façon qu’il ait un taux de matière grasse bien défini avant la fabrication du fromage.
Quand tu es éleveur fromager fermier (ce qui veut dire que tu transformes le lait produit sur ta ferme, selon des méthodes traditionnelles), tu transformes un lait qui varie selon les saisons, qui est différent d’un élevage à un autre. Bref, ton produit varie en fonction de la nature (quelle horreur ! stérilisez- moi ça !)
Le producteur fermier devra donc effectuer des analyses extrêmement fréquentes, posséder un jeu d’étiquettes innombrables : comment supportera t’il ce surcoût de frais et ce surcroît de travail ? Seules pourront résister les très grosses exploitations, fermière par l’image mais industrielles dans la pratique.
Juste une histoire d’éleveurs ?
Pas sur ! Un jour viendra où l’on fera analyser la teneur en sucre de vos grappes de raisin, grain par grain évidemment. Normal, un diabétique pourrait être incommodé ou un pèse–personne révéler un surpoids dont vous serez tenus pour responsables.
La saisonnalité ? Juste un mot pour les marketteurs !
Dans la réalité qui est là, devant nous, c’est la standardisation totale au profit de l’industrie agroalimentaire et de ses fournisseurs.
Ce n’est pas une histoire de bonne bouffe ou de malbouffe.
C’est l’histoire d’une déshumanisation, d’une dénaturation qui n’épargnera personne.
Marie-Hélène Chambrette
*Interprofession= ANICAP, Association Nationale Interprofessionnelle Caprine (association interprofessionnelle nationale).
** Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes
Selon une « Etude de la variabilité du taux de matière grasse des fromages fermiers de chèvre et de brebis en région PACA » menée par le Centre Fromager de Carmejane, les fourchettes observées en teneur de matière grasse varient de 15% à 45%
12:02 Publié dans QUAND LA BÊTISE A LE POUVOIR | Lien permanent | Commentaires (0)
Tchernobyl, la catastrophe continue
Pour les «liquidateurs» c'est déjà de 25 000 à 100 000 morts et plus de 200 000 invalides, et pour les populations exposées à la contamination un bilan qui sera selon les estimations de 14 000 à 560 000 morts par cancers, plus autant de cancers non mortels.
A la ferme du kolkhoze Petrovski, on m'a montré un porcelet dont la tête ressemblait à celle d'une grenouille: à la place des yeux il avait des excroissances tissulaires où l'on ne distinguait ni cornée ni pupille.
- C'est un de nos nombreux monstres - m'a expliqué Piotr Koudine, vétérinaire du kolkhoze - Ordinairement, ils meurent sitôt venus au monde, mais celui-là vit encore.
La ferme est petite: 350 vaches et 87 porcs. En cinq ans avant l'accident nucléaire, on n'y a enregistré que trois cas de monstruosité parmi les porcelets et pas un parmi les veaux. En un an après l'accident, il y a eu 64 monstres: 37 porcelets et 27 veaux. Dans les neuf premiers mois de 1988: 41 porcelets et 35 veaux. Ces derniers naissent le plus souvent sans tête ni extrémités, sans yeux ou côtes. Les porcelets sont exophtalmiques, ont le crâne déformé, etc.
- Et que disent les savants ? à Kiev, on a créé un institut spécial de radiologie agricole.
- Ils n'ont pas manifesté un intérêt particulier pour notre ferme, m'a répondu Piotr Koudine. Ils ont examiné plusieurs cadavres de nouveau-nés monstrueux et déclaré que ce phénomène pouvait être provoqué par des centaines de causes n'ayant rien à voir avec la radiation. Je suis vétérinaire, donc je le sais moi aussi, mais les statistiques de la monstruosité m'obligent à distinguer une cause bien déterminée. Car les fourrages sont produits par des champs contaminés par les radionucléides. Et puis, les responsables du stockage refusent notre bétail car les doses de radiations qu'il a reçues sont supérieures à la norme.
La porchère ayant sorti le porcelet monstre pour que je puisse le photographier, m'a dit, les larmes aux yeux:
- Ma fille vient de se marier. Comment sera mon petit-fils ?
Extrait de l'article «Les séquelles»,
Les Nouvelles de Moscou,
édition française du 19/2/1989.
Comment seront les enfants ?
- Des éléments de réponse avec le reportage de Paul Fusco "Les oubliés de tchernobyl" qu'aucun magazine à part Photo de septembre 2001, n'a eu le courage de publier:
1) Minsk, Biélorussie 1997. Scène quotidienne dans l'asile Novinski. Ce jeune garçon hurle tandis que ses amis jouent dehors.
2) Hôpital des enfants cancéreux, Minsk, Biélorussie 2000. Vova sait qu'il est gravement malade. Malgré l'amputation, son état ne s'est pas amélioré.
3) Foyer pour enfants, Minsk, Biélorussie 2000. Alla tient dans les bras un enfant de 2 ans dont le cerveau se trouve dans l'excroissance.
4) Asile Novinski, Minsk, Biélorussie 1997. Ces enfants ne peuvent pas se tenir debout et sont nourris par terre.
5) Asile Novinski, Minsk, Biélorussie 1997. Cet asile est le principal centre d'accueil pour enfants contaminés en Biélorussie.
6) Foyer pour enfant, Minsk, Biélorussie 2000. Cet enfant de 3 ans est là depuis sa naissance. Il est inopérable: l'excroissance contient ses reins
7) Orphelinat pour enfants abandonnés, Gomel, Biélorussie 1999. Sasha, 5 ans, souffre d'une quasi absence de système lymphatique. Son organisme produit des toxines que sont corps ne peut donc plus éliminer.
8) Asile Novinski, Minsk, Biélorussie 1997. Cet enfant est en état de terreur constant.
12:00 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)
15/02/2008
Atelier fer, poste du matin
Le vent déploie ses pansements de tulle gras
sur les blessures des songes métalliques.
Légers coups de burin
contre les roches friables de l’esprit
fissures érosion
rien ne persiste vraiment
des normes giratoires des simagrées sociales.
Ma vie coincée entre les mors de l’étau
je fraise l’angle des émotions
je serai mort depuis longtemps
sans cette précision de l’ajustage.
limailles de l’ébarbage des années
poussières amas du moi
entassées dans des caisses de conventions.
Le peu de soi écrasé par la frime
des non-dits condescendants
le peu de soi autre que point sur des graphiques idiots
le peu de soi autre que chiffre à sondage
le peu de soi assourdi par la si publicitaire normalité.
Ce peu de soi quotidien dans les salles d’attente
de l’extraordinaire et de la solidarité
comme un apprentissage du merveilleux
PARLE Camarade
Ne te tais plus
19:05 Publié dans LES MOTS DÉROBÉS DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0)
05/02/2008
J'ai lu la Supplication de Svetlana Alexievitch
Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse (Tchernobylskaïa molitva, Russie, 1997 – JC Lattes 1998)
Il faut lire ce livre, ces paroles de l'Après... Il le faut parce que dans un pays qui prêche, prône et vend à qui mieux mieux le nucléaire, il faut savoir, savoir la folie, la monstrueuse folie d'une telle technologie. Tchernobyl la ville des roses, Tchernobyl "réalité noire", Tchernobyl oubliée, les enfants de Biélorussie, cobayes d'un dantesque laboratoire à ciel ouvert, Tchernobyl, le grand mensonge, Tchernobyl miroir où l'on peut lire l'avenir... Parfois en lisant la Supplication, la conscience veut s'échapper, s'imaginer dans un roman d'anticipation, fiction démente... Mais il s'agit bien de réalité, une réalité pour des milliards d'années... Tchernobyl... Il faudrait lire la Supplication en buvant des litres de vodka pour tenter de croire encore en des lendemains meilleurs... C.G.
*
Extrait :
Monologue à deux voix pour un homme et une femme
Nina Konstantinovna et Nikolaï Prokhorovitch Jarkov. Il enseigne le travail manuel et elle, la littérature.
Elle : " J'entends si souvent parler de la mort que je ne vais plus aux enterrements. Avez-vous entendu des conversations d'enfants sur la mort ? En sixième, ils se demandent si cela fait peur ou non. Il n'y a pas si longtemps, à leur âge, ils voulaient savoir comment naissent les bébés. Maintenant, ils s'inquiètent de savoir ce qui se passerait après une guerre atomique. Ils n'aiment plus les oeuvres classiques : je leur récite du Pouchkine et ils me regardent avec des yeux froids, détachés... Un autre monde les entoure... Ils lisent de la science-fiction. Cela les entraîne, dans un monde différent, où l'homme se détache de la terre, manipule le temps... Ils ne peuvent pas avoir peur de la mort de la même manière que les adultes... Que moi, par exemple. Elle les excite comme quelque chose de fantastique.
Je réfléchis à cela. La mort tout autour oblige à penser beaucoup. J'enseigne la littérature russe à des enfants qui ne ressemblent pas à ceux qui fréquentaient ma classe, il y a dix ans. Ils vont continuellement à des enterrements... On enterre aussi des maisons et des arbres... Lorsqu'on les met en rang, s'ils restent debout quinze ou vingt minutes, ils s'évanouissent, saignent du nez. On ne peut ni les étonner ni les rendre heureux. Ils sont toujours somnolents, fatigués. Ils sont pâles, et même gris. Ils ne jouent pas, ne s'amusent pas. Et s'ils se bagarrent ou brisent une vitre sans le faire exprès, les professeurs sont même contents. Ils ne les grondent pas parce que ces enfants ne sont pas comme les autres. Et ils grandissent si lentement. Si je leur demande de répéter quelque chose pendant le cours, ils n'en sont même pas capables. Parfois, je dis juste une phrase et leur demande de la répéter : impossible, ils ne la retiennent pas... Alors, je pense. Je pense beaucoup. Comme si je dessinais avec de l'eau sur une vitre : je suis seule à savoir ce que représente mon esquisse. Personne ne le devine, ne l'imagine.
Notre vie tourne autour... autour de Tchernobyl. Où était Untel à ce moment-là ? À quelle distance du réacteur vivait-il ? Qu'a-t-il vu ? Qui est mort ? Qui est parti ? Pour où ? Je me souviens que, dans les premiers mois après la catastrophe, les restaurants se sont de nouveau remplis. Les gens organisaient des soirées bruyantes... "On ne vit qu'une seule fois...", "Quitte à mourir, autant que ce soit en musique". Des soldats, des officiers sont venus. Mais Tchernobyl est désormais tout le temps avec nous... Une jeune femme enceinte est morte soudain, sans cause apparente. Le pathologiste n'a pas établi de diagnostic. Une petite fille de onze ans s'est pendue. Sans raison. Une petite fille... Et quoi qu'il arrive, les gens disent que c'est à cause de Tchernobyl. On nous dit : "Vous êtes malades parce que vous avez peur. À cause de la peur. De la phobie de la radiation." Mais pourquoi les petits enfants sont-ils malades ? Pourquoi meurent-ils ? Ils ne connaissent pas la peur. Ils ne comprennent pas encore.
Je me souviens de ces jours... J'avais la gorge irritée et me sentais lourde. "Vous vous faites des idées sur votre santé, m'a dit le médecin. Tout le monde se fait des idées à cause de Tchernobyl." Mais non, je me sentais réellement mal, avec des douleurs partout et les forces qui m'abandonnaient. Mon mari et moi étions gênés de nous l'avouer l'un à l'autre, mais nous commencions à perdre l'usage de nos jambes. Tout le monde autour de nous se plaignait, même nos amis, de ne plus avoir la force de marcher, d'avoir envie de s'allonger au milieu de la route. Les élèves étaient avachis sur les tables et perdaient connaissance pendant les cours. Tout le monde était devenu sombre. On ne rencontrait plus de gens souriants, de visages sympathiques. Les enfants restaient à l'école de huit heures du matin à neuf heures du soir. Il leur était strictement interdit de jouer dehors, de courir dans la rue. On leur avait distribué des vêtements : une jupe et un chemisier aux filles, un costume aux garçons, mais ils rentraient chez eux dans ces vêtements et l'on ne savait pas où ils traînaient avec. Normalement, les mères devaient laver ces vêtements chaque jour, de manière à ce que les enfants aillent tous les matins à l'école avec des habits propres. Mais on n'avait pas distribué de vêtements de rechange. De plus, les mères avaient leurs tâches domestiques. Elles devaient s'occuper des poules, des vaches, des cochons... Elles ne comprenaient pas pourquoi elles devaient se charger de ce surcroît de travail. Pour elles, des vêtements sales devaient porter des taches d'encre, de terre, de graisse et non des isotopes à courte période. Lorsque j'essayais d'expliquer la chose aux parents d'élèves, j'avais l'impression de leur parler en bantou. "Qu'est-ce que c'est que cette radiation ? On ne l'entend pas, on ne la voit pas... Mais moi, je n'ai pas assez d'argent pour finir le mois. Les trois derniers jours avant la paie, nous ne mangeons que des pommes de terre et du lait. Laissez tomber..." Et la mère faisait un geste las de la main. Or, justement, on a interdit de boire le lait et de manger les pommes de terre de la région. Les magasins étaient approvisionnés en conserves chinoises de viande et en sarrasin. Seulement, les villageois n'avaient pas assez d'argent pour se les payer. Les consignes étaient destinées à des individus cultivés. Elles supposaient une certaine éducation. Or cela manquait cruellement ! Le peuple pour qui les instructions étaient rédigées n'existe pas chez nous. Et il n'est pas si simple d'expliquer la différence entre un röntgen et un rem... De mon point de vue, je qualifierais ce comportement de fatalisme léger. Par exemple, la première année, il était interdit de consommer ce qui poussait dans les potagers. Et pourtant, non seulement les gens en ont mangé, mais ils en ont même fait des conserves. De plus, la récolte était extraordinaire ! Comment expliquer que l'on ne peut pas manger ces cornichons ou ces tomates... Cela veut dire quoi : on ne peut pas ? Leur goût est normal et ils ne donnent pas mal au ventre... Et personne ne "brille" dans l'obscurité... Pour changer leur plancher, nos voisins ont utilisé du bois local. Ils ont mesuré : la radiation était cent fois supérieure à la normale. Vous croyez qu'ils ont démonté ce parquet pour le jeter bien loin ? Pas du tout, ils ont vécu avec. Les gens se disent que tout cela va se calmer et finir par s'arranger tout seul. Au début, certaines personnes apportaient des produits alimentaires aux dosimétristes. Le niveau de radiation dépassait systématiquement la norme des dizaines de fois. Mais l'habitude a été vite perdue. "La radiation, on ne la voit pas, on ne l'entend pas. Ce sont des inventions des scientifiques !" Les choses ont repris leur cours : les labours, les semailles, la récolte... L'impensable s'est produit : les gens se sont mis à vivre comme avant. Renoncer aux concombres de son potager était plus grave que Tchernobyl. Pendant tout l'été, les enfants ont été forcés de rester à l'école. Les soldats l'ont lessivée à fond et ont enlevé une couche de terre autour d'elle. Mais, à la rentrée, on a envoyé ces écoliers récolter les betteraves, ainsi d'ailleurs que des étudiants et des élèves des écoles techniques. Ils étaient tous forcés d'y aller. Tchernobyl était moins grave que de laisser des légumes non récoltés dans les champs...
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30/01/2008
variations édéniques
16:14 | Lien permanent | Commentaires (1)
29/01/2008
Merci pour la musique de Patrice Maltaverne
Avis de parution
Patrice Maltaverne
MERCI
POUR LA MUSIQUE
Illustration : Patrice VIGUES
Aux éditions associatives
Gros Textes
Les matins en allant à Paris nous sommes attirés par un trou noir, tous d’accord pour affirmer qu’aucune catastrophe n’explique l’écoulement des mémoires. Une fois parvenue au centre de la terre la vérité semble reculer. Nous ne sommes là que pour nous tenir en équilibre précaire.
Cet ouvrage de 60 pages au format 13 x 21 sera disponible à partir du mois de janvier 2008.
On peut le commander auprès des éditions associatives Gros Textes pour la somme de 8 euros (plus 2 euros de frais de port)
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Merci pour la musique de Patrice Maltaverne, au prix de 8 € (plus 2 € de port – port gratuit à partir de l'achat de deux exemplaires) et verse ……. € (chèques à l'ordre de Gros Textes)
A Gros Textes
Fontfourane
05 380 Châteauroux-les-Alpes
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